souad massi - salamnews

SOUAD MASSI« J’aime l’islam qui m’a appris le respect et la tolérance »

DOSSIER SPÉCIAL ZAKÂT SOLIDARITÉ ET JUSTICE SOCIALE

QUESTIONS PRATIQUES

LA PHILOSOPHIE DE LA ZAKÂT

N° 53 – JUILLET-AOÛT 2015

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INTERVIEW EXCLUSIVE DE BERNARD CAZENEUVE

À l’occasion du lancement de l’instance de dialogue avec l’islam de France

L a journée du lundi 15 juin 2015 qui a lancé l’instance de dialogue avec l’islam

constitue un jalon de taille dans l’historio-graphie de l’islam de France. Il aura fallu beaucoup de conviction tein-tée d’idéal républicain et de courage face à la montée de tous les populismes qui vient renforcer les préjugés antimusulmans. En effet, la démagogie est désormais par-tout. Dans les discours électoralistes tenus par les candidats permanents mais aussi dans certains recoins de la muslimsphère où l’on prêche l’entre-soi musulman.Alors, oui, l’instance de dialogue avec l’islam est une heureuse initiative. Elle est couronnée de succès pour une raison très simple : l’État, sous l’impulsion du ministre Bernard Cazeneuve, n’a pas cher-ché, contrairement à ses prédécesseurs, à s’ingérer dans la désignation des représen-tants musulmans dans l’optique de dési-gner un islam de France idéal à ses yeux. Au contraire, il a composé avec la réalité, avec les hommes et les femmes (encore in-suffisamment représentées) qui font vivre au quotidien l’islam de France. Du plus libéral au plus fondamentaliste tant que la pratique prônée n’entrave pas les lois républicaines. C’est donc une forme de re-connaissance bienveillante à l’égard de ces acteurs en lien permanent avec les musul-mans de France. C’est aussi la mise en œuvre d’une laïcité inclusive dans la droite ligne de Jean Jaurès et d’Aristide Briand à l’origine de la loi de séparation des Églises et de l’État. Et c’est surtout un coup de génie qui a permis de légitimer à nouveau le CFCM tant décrié. L’institution, que l’on croyait expirée, est en bonne voie de survivre à ses hommes. n

Mohammed Colin

SALAMNEWS N° 53 / juillEt-août 2015

SOMMAIRE ÉDITO

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Un coup de génie

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HORIZONS4 Pour une France apaisée

ACTU6 Le CFCM change de main L’Observatoire de la laïcité publie

son 2e rapport Accord historique entre la Palestine

et le Vatican8 Bernard Cazeneuve : « La laïcité

est une valeur trop belle pour qu’on la frelate »

TÊTE D’AFFICHE16 Souad Massi : « J’aime l’islam

qui m’a appris le respect et la tolérance »

LIVRES18 Musulmans au quotidien –

Les pompiers pyromanes – L’inconscient de l’islam – Des voix derrière le voile

BEAUTÉ20 Kenza : « L’aura fait la beauté »

DE VOUS À NOUS22 Déception et autodestruction

Salamnews est édité par Saphir Média, SaRl de presse au capital de 10 000 euros.Saphir Média : 113-115, rue Danielle-Casanova – 93200 Saint-Denis Directeur de la publication : Mohammed Colin. N° ISSN : 1969-2838. Dépôt légal : juillet 2015 Directeur commercial : Mourad latrech. Directeur de la rédaction : Mohammed Colin.Rédactrice en chef : Huê trinh Nguyên. Journalistes : Mérième alaoui, Hanan Ben Rhouma, Fatima Khaldi, Karima Peyronie.Ont participé à ce numéro : Mohamed Bajrafil, abdallah Deliouah, Chams En Nour. Rédaction : [email protected] – www.salamnews.fr Conception graphique : Pierre-andré Magnier.Mise en pages : Muriel Harivony andriamihaja.Imprimé en France. Photo de couverture : © jean-Baptiste Millot.

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10 Associations et ONG sur le pont pour Ramadan

12 La doctrine économique islamique : d’essence spirituelle et de profondeur sociale

14 Tout savoir sur la zakât15 La philosophie de la zakât

FOCUS SPéCiAL ZAKâT eT SOLiDARiTé

je ne sais pas

HORIZONS4SALAMNEWS N° 53 / juillEt-août 2015

Par Mohamed Bajrafil

Mohamed Bajrafil, docteur en linguistique, chargé de cours d’arabe à l’université Paris-XII, est imam à la mosquée d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Il est l’auteur de L’Islam de France, l’an I, à paraître aux Éditions Plein Jour, en septembre 2015.

Pour une France apaisée

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gens. Le Prophète a reçu l’ordre de transmettre seulement. Pourquoi ses suiveurs, que nous souhaitons être, auraient-ils le droit de l’imposer ? Dieu lui apprend dans le Saint Coran que s’il avait été grossier, d’un cœur lourd, personne ne l’aurait suivi. Pourquoi et comment allons-nous réussir à appeler à la religion de Dieu, en commettant les erreurs dont Il a mis à l’abri son Prophète ? Parler d’amour de l’autre, de miséricorde à l’endroit de mon semblable humain ne doit pas être un signe de faiblesse.Si nous tous ne bougeons pas, l’édifice de ce pays est menacé par des conflits communautaires et civils.

Or je vOis l’éclOsiOn d’une nOuvelle France, FOrte de tOus ses enFants. Une France qui donne la même chance à tous ses enfants et qui reçoit en retour la considération que mérite un parent. Une France qui ne se perd pas dans des jérémiades censées définir son identité, ayant compris que celle-ci est aujourd’hui multiple. La djellaba n’étant pas moins française que le costume, Mamadou n’étant pas moins français que Paul. Une France apaisée dans laquelle Mohamed et Ali, aux côtés de Françoise et Jean-Marc, ne se sentiront pas d’un autre bled que la France, parce que, de fait, c’est leur bled. Une France pour laquelle tous ses enfants se battront, convaincus que c’est leur patrie.

j’en appelle à la récOnciliatiOn des cOnsciences et des cœurs. Dire qu’une contextuali-sation de la compréhension de nos sources est nécessaire n’est pas un travestissement de l’islam. Le propre de l’islam et son uni-versalité viennent de ce qu’il s’est toujours adapté partout où il est arrivé. L’islam est une religion de France, au même titre que les autres religions. Il n’a pas besoin de lois d’exception pour être pratiqué, mais il n’a pas non plus à souffrir de traitement de seconde zone. n

nnOus vivOns depuis les attentats de janvier une situatiOn sOciO-pOlitique dont la tentation est on ne peut plus palpable. Tout le monde a les nerfs à vif. D’une part, la composante musulmane de France en a assez qu’on l’assimile, direc-tement ou indirectement, aux crimes commis prétendument au nom de la religion et prend un peu trop à cœur tout sujet lui ayant trait, y voyant quasi systématiquement une stigma tisation de plus. D’autre part, les autres composantes françaises s’interrogent sur l’islam, sa relation avec la République, son incompatibilité supposée avec la démocratie, et ont des inquiétudes légitimes face à la montée d’actes dont l’inhumanité réduit à quia tout orateur.

nOtre religiOn de paix, d’aMOur, d’Ouverture à l’autre, d’altruisMe est perçue par un nombre non négligeable de terriens comme une bête immonde. Son image est plus qu’entachée. Sauf, bien sûr, à être aveugle. Un discours de haine émane de nos propres rangs, d’abord à l’encontre de musulmans, ensuite à l’endroit d’autres personnes de confessions différentes et/ou sans confession. Toute une littérature de rejet, de haine de l’autre s’est développée, faisant référence à ce que le musulman que je suis a de plus cher au monde, à savoir le Coran, et le modèle humain d’incarnation de ce dernier, le Prophète Muhammad, puisse Dieu lui adresser salut et miséricorde.

l’islaM ne nOus a pas été envOyé pOur être iMpOsé aux

“Chacun doit apporter

sa pierre à l’édifice

de ce pays »

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faisance et de Secours aux Palestiniens

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POLITIQUE. Le 26 juin, les autorités palestiniennes et le Vatican ont signé un accord his-torique sur les droits de l’Église catholique dans les Territoires palestiniens. L’accord a été si-gné au Saint-Siège par le secré-taire pour les relations avec les États, l’équivalent du ministre des Affaires étrangères, l’évêque britannique Paul Richard Gal-lagher et Riyad al-Maliki, son homologue palestinien. Cet accord est l’aboutissement de 15 ans de négociations entre les deux parties. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) estime que cette signature équi-vaut à « une reconnaissance de facto » de leur État et fait du Vatican le 136e pays à avoir re-connu l’État de Palestine.Cet accord contient « des clau-ses sans précédent qui portent sur le statut spécial de la Pales-tine comme lieu de naissance du christianisme et comme ber-ceau des relations monothéis-tes », « encourage la présence et les activités de l’Église catholique dans l’État de Palestine » et ga-rantit « le statut et la protection des lieux saints » chrétiens, a déclaré Riyad al-Maliki.Aucun accord de ce type n’exis-te entre Israël et le Saint-Siège, chaque rencontre se soldant par un échec. Pour l’État hé-breu, « une telle décision [avec la Palestine, ndlr] ne fait pas avancer le processus de paix et éloigne la direction palestinien-ne de la table des négociations bilatérales ». Un « processus de paix » qui n’est pas d’actualité dans la région.

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actuSALAMNEWS N° 53 / juillEt-août 2015

SOCIÉTÉ

MONDECULTE

Laïcité : « un besoin criant de formations »

Accord entre la Palestine et le Vatican

Le CFCM change de mainEXPOSITIONS

Les maîtres de la sculpture de Côte d’IvoireDerniers jours pour voir cette superbe exposition de 330 pièces et chefs-d’œuvre de Côte d’ivoire, pays christianisé à 44 % et islamisé à 37 % mais qui a réussi à conserver son patrimoine religieux traditionnel dont les sculptures (statues, masques, objets…) sont les témoins. loin de n’être que de simples pièces d’artisanat, ces œuvres révèlent une puissance esthétique de toute beauté, qui, plus tard, inspireront les artistes occidentaux contemporains.w jusqu’au 26 juilletMusée du quai Branly, Paris 7e

Jean Besancenot : photographies MarocÀ découvrir : 21 photographies de parures marocaines réalisées par jean Besancenot entre 1934 et 1939, à l’époque du protectorat français au Maroc. Son travail photographique est devenu, depuis, une référence pour l’histoire du patrimoine vestimentaire et des bijoux marocains. w jusqu’au 13 septembreMusée du quai Branly, Paris 7e

www.quaibranly.fr

Traces… Fragments d’une Tunisie contemporaineCinq ans après la chute du régime de Ben ali, photographies, vidéos, installations et arts numériques témoignent du foisonnement artistique de la tunisie d’aujourd’hui. w jusqu’au 28 septembreMusée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), Marseillewww.mucem.org

AGENDA

BILAN. Depuis le 1er juillet, Anouar Kbibech, à la tête du Rassemblement des musulmans de France (RMF), est le nouveau président du Conseil fran-çais du culte musulman (CFCM), succédant ainsi à Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP). De quel CFCM hé-rite-t-il ? Si les querelles intestines entre les fédérations observées par le passé se sont amoindries, l’actua-lité y a certainement contribué. Une période rythmée par l’essor specta-culaire de l’État islamique (EI) qui a eu des répercussions en France. De communiqués en colloques, la lutte contre le radicalisme religieux fut le thème sur lequel le CFCM s’est par-ticulièrement penché. Avant « L’Ap-pel de Paris » en faveur des chrétiens d’Orient à l’automne 2014, l’ins-tance avait espéré marquer les esprits avec sa Convention citoyenne des musulmans de France pour le vivre-ensemble, mais celle-ci est vite tom-bée dans l’oubli. Côté finances, « il a fallu que des fé-dérations mettent la main à la poche pour faire fonctionner le CFCM », nous dit Abdallah Zekri, nouveau secrétaire général du CFCM, qui en fut le trésorier lors des deux der-

RAPPORT. Le 30 juin, l’Obser-vatoire de la laïcité a rendu public son 2e rapport annuel. Il y relève un dévoiement de la laïcité qui « trans-formerait ce principe de vivre- ensemble et de coexistence harmonieuse en “laï-cité d’exclusion” ». Les conclusions du rapport révèlent le besoin « criant » de formations à la laïcité. Dans les services publics, bien que des ini-tiatives de formations locales inté-

ressantes aient été observées dans les préfectures, l’Observatoire déplore une « application fluctuante de la laï-cité », ce qui l’a conduit à impulser de nombreuses formations de terrain en 2013. Du côté du secteur privé, la nécessité d’un enseignement à la « gestion du fait religieux pour les ma-nagers » est soulignée.

Mérième Alaoui

w Pour plus d’actu, saphirnews.com, le premier quotidien musulman d'actualité

nières années. Mais pas assez pour le faire fonctionner correctement. Alors, quel bon point du CFCM ? L’Observatoire national contre l’islamo phobie, pourrait-on consta-ter : désormais intégré dans le pay-sage institutionnel, il s’est renforcé depuis sa création en 2011 avec plu-sieurs procès portés à son actif.Pour sa mandature de deux ans, Anouar Kbibech, directeur des systè-mes d’information au sein de l’opéra-teur SFR, qui a reçu l’Ordre national du mérite en 2014, espère apporter un vent de fraîcheur au CFCM. Le chantier auquel il dit vouloir s’at-teler : celui de la communication, car le CFCM « n’a pas suffisamment valorisé ses actions ». Et « toucher les jeunes ».

Hanan Ben Rhouma

Anouar Kbibech est le nouveau président du CFCM, jusqu’en 2017.

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actuSALAMNEWS N° 53 / juillEt-août 2015

Quel bilan faites-vous de la réunion inaugurale de l’instance de dialogue avec l’islam ?Bernard Cazeneuve : Nous avons mis en place une instance qui va permettre pour la première fois à l’État de dialoguer avec les re-présentants du culte musulman pour traiter de questions telles que la transparence dans la construction et la gestion des mosquées, les fêtes rituelles, la formation des imams, la lutte contre les actes antimusulmans. Tout cela concerne directement la vie du culte.Nous avons préparé méticuleusement qua-tre tables rondes qui nous ont permis d’en-gager le débat avec les représentants du culte musulman, et pour longtemps parce que ce sont des sujets que nous avons à traiter au cours des prochains mois et qui doivent permettre de trouver des solutions.Ma volonté est d’apaiser, de créer des condi-tions pour que la République puisse prendre dans ses bras tous ses enfants. Cela veut dire le respect du principe de la laïcité et le res-pect des Français de confession musulmane qui, dans la République, veulent exercer et vivre librement leur religion, et nous avons besoin d’échanger dans la confiance. De ce

point de vue-là, la séance d’aujourd’hui est très prometteuse.

Quels ont été les critères qui ont présidé au choix des participants, outre le fait d’y intégrer les membres du CFCM et les présidents des CRCM ? → Premier critère, ce sont d’abord les idées et les volontés qui se sont manifestées à l’occasion des instances de dialogue qui ont été créées localement avec les préfets et les représentants du culte musulman. Ces représentants émanent de la base, ils ont été dési-gnés par une grande partie des organisa-tions qui sont localement implantées. Deuxième critère, c’est le respect des valeurs de la Républi-que. L’instance de dialogue va au-delà du Conseil français du culte musulman (CFCM) : elle inclut en son sein des ac-teurs qui ne sont pas représentés au sein du CFCM. En même temps, le CFCM est un acteur absolument central et restera un interlocuteur privilégié.

Vous interdisez-vous d’utiliser le mot « islamophobie » pour qualifier les actes « antimusulmans » ?→ Je suis absolument déterminé à lutter contre tous les actes antimusulmans. Ces actes sont abjects, les musulmans souffrent énormément et la République ne saurait les tolérer. Le terme « islamophobie » est un terme qui est utilisé dans une double circonstance. C’est pour cela que je ne l’utilise pas, parce qu’il a sa part d’ambiguïté : pour condam-ner des actes antimusulmans, mais aussi de la part d’un certain nombre de personnes qui

considèrent, par exemple, que la liberté d’expression les caricatu-

res relèvent de l’islamophobie, ce qui n’est pas le cas à mes yeux. Mais le fait que je ne l’utilise pas ne signifie pas que je ne suis pas déterminé à lutter contre tous les actes qui viendraient à atteindre les musulmans ou leurs lieux de culte en France. Je le fais de façon résolue comme je le fais d’ailleurs pour l’ensemble des cultes. C’est ma responsabilité de ministre des cultes de le faire. Et c’est un

w Pour plus d’actu, saphirnews.com, le premier quotidien musulman d'actualité

À l’occasion du lancement de l’instance de dialogue avec l’islam de France, qui a eu lieu le 15 juin, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a accordé une interview exclusive à Salamnews afin d’expliquer sa démarche.

« La laïcité est une valeur trop belle

pour qu’on la frelate »

« la RépublIque doIt pRendRe dans ses bRas tous ses enFants »

actuwww.salamnews.fr

5 000 Plus de 5 000 personnes engagées dans l’islam de France ont participé aux réunions organisées en régions à l’initiative des préfets, en vue de la préparation des thématiques de travail de l’instance de dialogue avec l’islam impulsée par le ministère de l’Intérieur.

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devoir d’État pour moi que d’assurer cette protection.

Au cours de la rencontre, le 6 juin, que vous avez eue avec les lecteurs de huit médias, dont Saphirnews.com, vous avez reconnu l’instrumentalisation de la laïcité qui est, dites-vous, « préemptée contre les musulmans »…→ Parfois ! La laïcité est, au contraire, une manière de dire aux Français de confession musulmane ce que nous disons aux repré-sentants de tous les cultes : « L’exercice libre de vos cultes dans le respect des valeurs de la République oblige la République à vous protéger lorsque vous êtes susceptibles de subir des actes de violence quand vous prati-quez votre religion. » En revanche, il ne faut pas détourner la laïcité de son sens. Si l’on va au-delà de ce que les textes préconisent en détournant la laïcité de ses fondements originels, on lui rend un mauvais service.

Par exemple, la laïcité n’impose pas qu’on interdise les menus de substitution [dans les cantines scolaires, ndlr]. Si on fait cela, c’est un travestissement de la laïcité. Une valeur qui a vocation à permettre à tout le monde d’être dans la République devient une arme que l’on tourne contre certains. Je ne saurais l’accepter. La laïcité est une valeur trop belle pour qu’on la frelate.

Ne pensez-vous pas que, à partir de la loi de 2004 d’interdiction des signes religieux au sein de l’école, il y a eu une accélération de cette instrumentalisation de la laïcité ? → Je suis très favorable à la loi de 2004, par-ce qu’elle est en cohérence avec ce qu’ont été les principes posés par les pères fondateurs de la laïcité. Ces derniers voulurent que l’école soit un lieu à la porte duquel on laissait tou-tes ses croyances pour être libre d’apprendre. Et cette accession à la connaissance dans la liberté qu’était l’école était la garantie de la possibilité d’exercer son libre arbitre et, par conséquent, de pouvoir choisir par soi-mê-me sa religion. La loi de 2004 n’a pas été le début d’un problème, elle a été l’aboutisse-ment d’un processus de tolérance et de res-pect. En revanche, lorsqu’on interdit à des femmes voilées d’aller sur les plages, on est complètement à côté de la laïcité. La laïcité, c’est l’apaisement et non la confrontation.

Et concernant les mères voilées qui veulent accompagner les sorties scolaires ?→ Il faut être là aussi très pragmatique. Pour les mamans qui veulent accompagner les enfants en sorties scolaires, si le voile n’est assorti d’aucun discours d’endoctrinement, le voile ne pose aucun problème. Beaucoup de mamans participent à la vie des écoles et c’est très bien. Si cela s’accompagne

de comportements agressifs, ils n’ont pas leur place dans l’école, mais ce n’est pas lié au voile. Le problème se poserait pour n’im-porte quelle autre religion qui préconiserait un prosélytisme sectaire.

Et les jeunes filles à l’université qui portent le voile ?→ À titre personnel, je ne suis pas favora-ble à ce qu’on interdise le voile à l’université, parce que, quand on arrive à l’université, on a déjà exercé son libre arbitre. Ne créons pas les conditions de crispations supplémentaires. Il faut être ferme sur les principes ; et sur la laï-cité j’ai des positions très fortes. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas besoin de sombrer dans une espèce de laïcisme aussi sectaire.

Quelle est votre vision sur l’avenir de la situation des musulmans de France ?→ En tant que ministre de l’Intérieur, j’ai la volonté de faire en sorte que ce ministère soit aussi celui de la réconciliation de la Répu-blique avec elle-même, avec ses principes et ses valeurs. Quand je constate qu’au sortir de la première réunion de l’instance de dialogue avec l’islam il y a de l’apaisement, du respect, de la reconnaissance mutuelle, de la confian-ce qui naît et que l’ensemble des acteurs qui sont là a vocation à diffuser cela dans les quartiers, je me dis que nous contribuons à faire un travail utile. Ce que je souhaite, c’est, encore une fois, que la République soit plus forte, que ses valeurs soient confortées et que les discours républicains réoccupent la totalité de l’espace public, là où il y a beau-coup de dérapages verbaux et d’amalgames. Des emballements et des visions qui peuvent permettre de faire des voix mais en abîmant la République. Moi, je préfère la République au clientélisme électoral, viscéralement.

Propos recueillis par Huê Trinh Nguyên

Les mesures Protection des mosquées 1 000 mosquées font l’objet d’une protection par les forces de l’ordre et les forces armées. Sur les trois prochaines années, 9 millions d’euros seront consacrés au financement d’équipements de sécurité (caméras de vidéoprotection…).

Lutte contre Les actes antimusuLmans Enquête de victimisation réalisée chaque année par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Publication annuelle du bilan des condamnations prononcées à raison de tels actes.

FaciLitation Pour L’édiFication de mosquées Mise en place d’un groupe de travail rassemblant des responsables musulmans et ceux des autres cultes, l’Association des maires de France (AMF) et les administrations concernées afin d’évaluer l’application des diverses règles (urbanisme, gestion, fiscalité…). Publication d’un guide pratique.

Formation des cadres reLigieux Création de trois nouveaux diplômes universitaires (DU) de formation « civique et civile » en septembre 2015 à Paris-Sud, Lille et Toulouse et trois autres en 2016. Formation obligatoire pour le recrutement des aumôniers dans les prisons, les hôpitaux et les armées.

La journée inaugurale de l’instance de dialogue avec l’islam a réuni plus de 150 personnalités musulmanes venues de tout le territoire autour du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et en présence de Manuel Valls. Une journée rythmée par des discours et quatre ateliers qui se voulaient concrets.

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Qu’elle soit locale, nationale, internationale ou à destination des pays en guerre, la solidarité des musulmans est toujours aussi importante.

Comment les associations et ONG optimisent-elles « le droit du pauvre » ?

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Associations et ONG sur le pont pour Ramadan

Le mois de Ramadan a toujours été synonyme de générosité. Ici, une distribution de colis alimentaires au Liban réalisée par le Secours islamique France. Chaque colis pèse 25 kg et permet à une famille d’au moins 5 personnes de rompre le jeûne dignement pendant 15 jours.

SALAMNEWS N° 53 / juILLEt-août 2015

SpéCial zakât et SOlidarité

SSi la solidarité est une valeur fondamen-tale et commune à toutes les religions, la particularité de l’islam, c’est qu’il s’agit d’une obligation, instituant « le droit du pauvre ». Ainsi, avant la fin du mois de Ramadan, les musulmans doivent obliga-toirement s’acquitter de la zakât al-Fitr. Pour les associations et ONG musul-manes, le Ramadan constitue donc une période cruciale pour sensibiliser leurs donateurs. Pour cela, des campagnes de communication spéciales sont menées, d’autant que la zakât peut, selon certains savants religieux, être donnée dès le pre-mier jour de jeûne.

« Le Ramadan est la période la plus importante en termes de collecte, elle per-met de rassembler des dons pour les projets du mois, d’acheter les colis alimentaires par exemple, mais également pour tous les projets exécutés durant le reste de l’année. Globalement, près de 25 % de la collecte annuelle se fait pendant le Ramadan », résume Imed El Qouqi, responsable marketing adjoint au Secours islami-que France (SIF). En 2014, le SIF a pu redistribuer l’équivalent de plus de 4 millions d’euros représentant les deux zakât (zakât al-maal et zakât al-Fitr ; lire les caractéristiques p. 12-14). Les

dons globaux pour la même année sont estimés à 23 millions d’euros. La plupart des musulmans réservent encore souvent leur don à un proche. « J’ai beaucoup de membres de ma famille dans le besoin au Maroc, c’est à eux que je pense en priorité », explique Abderrahmane, retraité et père de huit enfants, pour qui la proximité est le premier critère.

Des dons en natureMais qui dit solidarité locale ne dit pas forcément cercle familial. Il s’agit égale-ment de penser à des voisins, à des col-lègues, à des sans-abri de son quartier…

Par Mérième Alaoui

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Des personnes bien identifiées comme tra-versant une mauvaise passe.Pour la 6e année consécutive, le SIF organise ainsi les Tables du Ramadan, un immense chapiteau implanté à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où sont cuisinés chaque jour plus de 700 repas et qui accueille plus de 20 000 bénéficiaires. De leur côté, de plus en plus d’associations de quartier s’activent, elles aussi, organisant des aides alimentaires ou des offres de repas pour rompre le jeûne. Si certaines, très connues, comme Chorba pour tous, à Paris, sont rodées à l’exercice, de jeunes structures comme Autour de la foi, à Amiens (Picardie), parviennent à offrir un iftar (repas de rupture du jeûne) chaque soir : « Pour nous aider à organiser cette action, il suffit de faire un don. La somme de 2 € au minimum équivaut à un repas », explique Karim Elghachi, président de l’association, qui convie chaque soir 30 personnes. Les structures locales sont aussi preneu-ses de produits de première nécessité : riz, pâtes, farine, semoule... Les bénévoles de l’association Des maraudes et des ailes, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), peuvent ainsi confectionner des colis ali-mentaires à destination des sans-abri et, plus récemment, pour les migrants, sou-vent africains, venus chercher refuge dans la capitale. Des dons en nature de plus en plus courants car perçus comme étant plus proches de la zakât authentique telle qu’elle fut préconisée au temps du Prophète.

De plus en plus de cashMais, concrètement, cela n’arrange pas for-cément les ONG qui ont avant tout besoin de cash. Si, pour les Tables du Ramadan, les dons en nature sont les bienvenus (équiva-

lent de 15 tonnes de produits reçus), le SIF opte pour la pédagogie et la transparence quant aux dons destinés à l’étranger. « On explique qu’envoyer des dons en nature à l’in-ternational, et même en France, est très com-pliqué et, au final, contre-productif pour des raisons de transport, d’habitudes de consom-mation au niveau local, etc. Cela engendre également plus de frais, avec des besoins non couverts de façon optimale », détaille Imed El Qouqi. Pour s’épargner toute polémique, l’ONG évite le débat religieux. « On ne met volontairement pas l’accent sur les avis reli-gieux qui divergent sur la question. Si la ques-tion nous est posée, on répond en expliquant que c’est l’intérêt du bénéficiaire qui prime. » Un pragmatisme assumé à l’attention des quelque 100 000 donateurs actifs du SIF comptabilisés en 2014.

Gaza, cas exceptionnelPour les ONG, cette sensibilisation au besoin d’argent est primordiale en temps de guerre. Dans les moments de crise huma-nitaire, les musulmans peuvent se montrer rapidement très généreux. L’exemple le plus récent et le plus marquant fut l’offen-sive d’Israël sur Gaza ‒ qui avait fait plus de 2 000 morts, 10 000 blessés et 460 000 sans-abri ‒ en juillet et août 2014, en plein mois de Ramadan. « Nous avons récolté 200 000 € de plus sur la période de l’attaque à Gaza. Un élan de solidarité extra ordinaire », se rappelle Youcef Benderbal, responsable communication du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP). Et de préciser que les dons annuels sont esti-més à environ 500 000 €. Même bilan pour le SIF : « Gaza fut un cas exceptionnel, nous avons enregistré + 30 à 40 % de dons supplé-mentaires. »

Encore plus que pour les autres pays, aider la Palestine en dons en nature n’a aucun sens au vu de la situation géopolitique. « Il est impensable pour nous d’acheminer des colis compte tenu du double blocus sur Gaza, côté israélien et côté égyptien. Nous envoyons les sommes aux partenaires locaux qui savent mieux que nous à qui adresser les colis. C’est la meilleure façon de venir en aide aux familles », explique Youcef Benderbal.

Contribuer toute l’annéeComme tous les ans, l’ONG lance égale-ment une campagne de communication pour le Ramadan en espérant rassembler la zakât al-Fitr dès le début du mois. Les pays en guerre comme la Syrie, l’Irak touchent particulièrement les donateurs, mais « la particularité de la Palestine, c’est qu’on donne toute l’année, pas seulement pour le Ramadan. La Palestine est dans le cœur des musulmans aussi pour des raisons religieuses », souligne Youssef Benderbal. Ainsi l’ONG peut se permettre de lan-cer des opérations d’envergure comme « L’eau, c’est la vie », destinée à financer le dessalement de l’eau dans la région est de Gaza, où vivent 200 000 personnes. Coût estimé : 103 000 €. Le CBSP compte sur ses 60 000 donateurs réguliers. Depuis quelques années, les ONG histori-ques et bien installées comme le SIF et le CBSP voient l’arrivée en France de nou-velles structures pour la plupart venues de Grande-Bretagne, et très axées sur la com-munication via les réseaux sociaux. De quoi séduire les nouvelles générations, qui, elles aussi, veulent donner leur quote-part à l’élan de solidarité.

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25 % Pour une ONG comme le Secours islamique France (SIF), le mois de Ramadan représente, à lui seul, 25 % de la collecte annuelle de dons.

Zakât al-Fitr Objectifs : purifier des éventuels péchés commis ou mauvaises paroles proférées

durant le jeûne du mois béni de Ramadan ; nourrir les pauvres ; partager la joie de la fête de l’Aïd al-Fitr avec les plus démunis.

ObligatiOn : elle est obligatoire pour tout musulman, homme ou femme, riche ou pauvre, adulte ou enfant (obligatoire pour le bébé qui naît avant le coucher du soleil du dernier jour de Ramadan, recommandée pour le fœtus qui a plus de 120 jours).

MOntant : 5 € par personne à charge (équivalent à 2 176 g de blé).

PériOde : versement à partir du 15e jour de Ramadan et jusqu’au jour de l’Aïd avant le début de la prière de l’Aïd al-Fitr.

bénéficiaires : ils sont les mêmes que pour la zakât ordinaire [voir p. 14]. Mais il est préférable de ne la donner qu’aux pauvres et aux nécessiteux.

Gaza étant sous blocus, impossible d’y acheminer des dons en nature. Le CBSP, qui fête cette année ses 25 ans, consacre 500 000 € à la campagne Ramadan.

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Instrument de lutte contre la pauvreté, la zakât, forme d’impôt social instaurée dans le Coran, a un véritable impact économique dans nos sociétés, qu’elles soient à majorité musulmane ou non. Décryptage avec Abderrahmane Lahlou*, consultant en management et en finance islamique.

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Par Huê Trinh Nguyên

« La doctrine économique islamique est d’essence spirituelle et de profondeur sociale »

En quoi la zakât, inscrite dans le Coran, est-elle au fondement de ce que l’on appellera plus tard, dans la période contemporaine, l’économie islamique ? Abderrahmane Lahlou : La zakât est effecti-vement l’un des piliers de l’économie islami-que, pas le seul. L’objectif économique direct qui la sous-tend est la redistribution des reve-nus entre les membres de la communauté. L’objectif indirect que la zakât atteint, si elle est correctement appliquée, est de promou-voir la création de richesses par la consomma-tion. L’argent dépensé en zakât par les croyants passe des mains d’une catégorie socioprofessionnelle (CSP) qui atteint ou dépasse le seuil de consommation de base pour lui substituer des dépenses de luxe aux mains d’une CSP qui se caractérise par une forte propension à consommer les denrées de base, généralement productrices d’emplois et d’activité économique. Or ce transfert se fait sur une base très large, car les assujettis sont très nombreux et ne se limitent pas aux riches. Par ailleurs, le paiement de la zakât est impulsé par la foi et la conviction, car l’élé-ment de motivation est la recherche de puri-fication de l’âme et des biens possédés.

Quel est le principe de la zakât ? La zakât, instituée dans le Coran (s. 9,

v. 60), est un mécanisme de distribution des revenus entre deux communautés qui cohabitent entre elles. Le critère de

proximité dans le choix de la population récipiendaire est fortement recommandé. Il y a, d’une part, ceux qui sont bénéficiaires de la zakât majoritairement composée de la communauté des pauvres et des indigents et, d’autre part, tout le reste de la communauté qui est déterminé par le critère de la possession de biens marchands ou de la possession d’un quota monétaire qui excèdent leurs besoins usuels. C’est donc un véritable impôt de solidarité, ou impôt social. C’est l’État musulman qui l’applique et le distribue aux nécessiteux durables ou passagers.

Qu’en est-il de la zakât al-Fitr ? Il s’agit d’une seconde forme de zakât

obligatoire et circonstanciée, celle qui est

due à l’occasion de la fête de fin du mois de Ramadan. La zakât al-Fitr (littéralement, « purification de la fin du jeûne ») est un versement obligatoire attribué aux indigents par chaque chef de famille, quel que soit son revenu, d’un montant calculé per capita sur tous les membres à charge de la famille et dû une fois par an. Le montant est tellement minime ‒ l’équivalent monétaire de 2 kg de grains ou de farine par personne à charge ‒ qu’il s’applique à une très large partie de la population, même celle qui est éligible à recevoir la zakât régulière.

Quelles différences trouve-t-on dans le mode de distribution de la zakât en pays musulmans et en pays où l’islam est minoritaire ?


SpéCIal zakât et SolIDarIté

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32 En arabe, la zakât englobe plusieurs sens : « purification », « croissance » et « bénédiction ». Troisième pilier de l’islam et obligation financière pour ceux qui en ont les moyens, elle est citée 32 fois dans le Coran et souvent conjointement à la salât (prière).

Dans certains pays musulmans, c’est l’État qui se charge de la collecte et de la distribution de la zakât. C’est bien cela la règle d’origine. Mais, avec la colonisation, cette centralisation par l’État ou ses organes s’est perdue dans la majorité des pays musulmans. Aussi, ce sont les croyants qui, eux-mêmes, se chargent de calculer leur zakât et de la distribuer directement, ce qui se fait sans efficacité ni ciblage rationnel. Dans les dernières décennies, des associations caritatives et de bienfaisance se sont multipliées dans les pays musulmans et s’alimentent de plus en plus de l’argent de la zakât, ce qui rationnalise un peu les dépenses. Dans les pays à minorité musulmane, l’assiette n’est pas assez large : généralement, toute la zakât ne peut y être redistribuée par défaut de population pauvre et démunie ; les transferts se font à travers des associations internationales.

A-t-on une estimation du montant financier que représente la zakât ?

La zakât est une forme d’impôt social, destiné à lutter contre la pauvreté et la vulnérabilité, et pas à financer les besoins de l’État. Compte tenu de son mode de calcul, son impact économique est estimé être positif par la majorité des économistes qui se sont penchés sur la question. L’indicateur le plus usuel chez les analystes de la zakât est le rapport des recettes au PIB. Une première évaluation contemporaine a été faite sur le cas de l’Égypte en 1973, et établit le ratio à 6,1 % du PIB. Une autre estimation pour le Soudan établit le chiffre à 3 % du PIB.

Quelles sont les caractéristiques qui distinguent la zakât et le waqf ?

Le waqf correspond dans la terminologie moderne au legs pieux. Sémantiquement, c’est la mise en statut d’inaliénabilité, au profit d’une cause ou d’une postérité, ou autre population désignée, d’un actif identifié, dont on se dépossède par conséquent, et ce à titre perpétuel. À l’origine de la pratique du waqf, cet actif était à dominante ou à exclusivité immobilière.La zakât est obligatoire alors que le waqf est facultatif. Ce dernier a pour but de faire perdurer la sadaqa (aumône) sur plusieurs générations. La zakât revient à des catégories identifiées par la sharia, alors que le waqf est beaucoup plus ouvert à toutes les actions

caritatives. Tandis que la zakât est un outil de solidarité intragénérationnelle, le waqf est, quant à lui, un outil intergénérationnel.

Qu’est-ce qui distingue la zakât de l’aumône au sens chrétien ?

L’institution de la zakât dans le système économique islamique est une parfaite application de la vision sociale de l’islam et de la centralité de l’être humain dans notre religion. De nombreux auteurs s’accordent à l’appeler l’aumône légale. Cette appellation syncrétique provient de l’homologie avec l’aumône dans le registre chrétien, à laquelle on rajoute l’adjectif « légale » pour signifier que, dans le système islamique, la zakât a force de loi et qu’elle est collectée par l’État, contrairement aux aumônes versées volontairement par les fidèles aux indigents ou versés à l’Église, sous forme d’offrande. Notons que l’homologie s’étend au judaïsme, qui reconnaît ces actes de charité et de piété sous l’appellation de la tsedaqa. Aussi bien en hébreu qu’en arabe, le nom renvoie au sens de la justesse et de l’authenticité (de la foi), au-delà du sens de la solidarité.

En quoi peut-on mettre en parallèle les principes islamiques de solidarité et de justice sociale avec l’encyclique du pape François qui en appelle à une « écologie humaine » ?

Je pense que la toute récente encyclique du pape François sur l’environnement et l’écologie est une excellente ouverture de l’Église, autrefois distante du temporel et des affaires des États et de la société. La substance de l’encyclique a été élargie à l’« écologie humaine », ce qui est un large domaine où

l’Église se veut de plus en plus présente. Cette ouverture vient confirmer le mouvement de préservation de la Création, né auparavant chez les protestants. En communion avec cette ouverture, l’islam a encore moins d’efforts à accomplir pour s’inviter dans le champ de l’économie, de la finance et du développement durable, comme je le rappelle dans mon ouvrage sur l’économie et la finance en islam*. L’islam est par essence de nature globale : normalisation du spirituel et réglementation du temporel.

Quels sont les apports de la finance islamique à l’économie juste et participative que prônent aujourd’hui un certain nombre d’économistes en cette période de crise ?

Je peux les résumer en deux idées. La première est la stabilisation de l’économie, par la redistribution des revenus, le respect de l’éthique dans les transactions et dans la moralisation des biens et services produits. La seconde est la résilience du système bancaire et financier, qui ne court pas le risque de la bulle financière et de l’envolée des crédits au-delà de la production réelle de richesses. Cependant, la vision islamique et la vision économique s’accordent sur les objectifs, mais pas sur la finalité théologique et spirituelle.

* Abderrahmane Lahlou est fondateur-directeur d’ABWAB Consultants, vice-président de l’Association marocaine d’économie islamique, expert agréé auprès de la Banque islamique de développement. Il est l’auteur d’Économie et finance en islam. Une éthique pour stabiliser l’économie et recadrer les finances (Éd. Al Madariss, 2015).

Mesures d’aumône (mudd) au nom du sultan mérénide Abu al-Hasan, Fès (Maroc) : à g., 1795/1209H, musée des Arts et Traditions, Fès ; à dr., 1697/1180H, musée national des Bijoux, Rabat.

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MÉMO. Pas assez connue ni correctement pratiquée, la zakât est pourtant une obligation pour les croyants qui dépassent un certain seuil de revenus. Questions-réponses pour ne plus y déroger.

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Par Abdallah Deliouah

Tout savoir sur la zakât

La zakât, une « taxe sociale purificatrice » ?

La zakât englobe trois dimensions que nous pouvons rendre par la formule : taxe

sociale purificatrice. Sur le plan économique, la zakât est une taxe (ou un impôt) à prélever annuellement sur ses biens. Elle est sociale, car c’est un acte de partage et de solidarité principalement destinée aux pauvres et aux nécessiteux. Elle a une dimension spirituelle parce qu’elle purifie les cœurs de l’avarice et de l’attachement au matériel.

Quels sont les différents types de zakât ?

La zakât al-maal englobe la zakât al-an’am (sur le bétail), la zakât al-zourou’ (sur

les récoltes agricoles), la zakât al-ma’adin wal- kenouz (sur les métaux et des trésors en-fouis), la zakât des marchandises et la zakât de l’argent que nous traitons dans cet article. La zakât al-Fitr, quant à elle, est l’aumône de rupture du jeûne du mois de Ramadan.

Quels biens sont imposables ?

Le bien est imposable si les conditions suivantes sont réunies : la possession

complète et légale, la disponibilité du bien, la fructification ou la possibilité de fructifi-cation et le surplus. Ainsi ne sont pas sou-mis à la zakât les bijoux d’ornement pour


SPécial zakât et Solidarité

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les femmes, la maison, le terrain, la voiture, les meubles, les outils de travail, l’argent non accessible, l’argent gagné illégalement, l’argent qui va servir à vivre ou à rembour-ser une dette…Sont imposables les biens et sommes prove-nant de l’héritage, de donations, les salaires, les primes, les honoraires des professions libé-rales, la location de biens, les avoirs détenus en espèces et dans tous ses comptes bancaires, les titres bancaires (actions…), l’argent qu’on a prêté à une personne pour une courte durée et dont le remboursement est sûr.

Qu’est-ce que le nissab ?

C’est le niveau de revenu à partir duquel on doit s’acquitter de la zakât al-maal.

Les biens imposables doivent avoir dépassé un seuil (nissab). Ce seuil de richesse mini-mal est à hauteur de 85 g d’or, soit environ 3 200 € actuellement.

Quel est le taux d’imposition ?

Il est de 2,5 % sur les avoirs que l’on pos-sède depuis une année. Vérifier annuelle-

ment à la date anniversaire l’argent possédé et en déduire les factures et les prêts qu’on doit rembourser dans une courte durée. Si la somme dépasse le nissab, la zâkat est due et s’élève à 2,5 % de cette somme.

Quand doit-on s’acquitter de la zakât al-maal ?

La période de calcul est celle d’une an-née hégirienne (hawl). Toutefois, si né-

cessaire pour des raisons de comptabilité, il

est possible de payer la zakât selon l’année grégorienne pour correspondre à l’année fiscale : dans ce cas, il faut donner 2,57 % au lieu de 2,5 % (0,07 tient compte des 10 jours de différence entre l’année solaire et l’année lunaire).

Quels sont les bénéficiaires de la zakât ?

Le verset 60 de la sourate 9 désigne huit ca-tégories de personnes : les pauvres (ceux

qui n’ont pas la faculté de survivre par leurs propres moyens) ; les nécessiteux (ceux qui ont tout juste le minimum vital) ; ceux qui sont chargés de la collecte et de la redistribu-tion de la zakât ; ceux dont les cœurs sont à gagner (à l’islam) ; les esclaves que l’on af-franchit ou qui veulent racheter leur liberté ; ceux qui sont lourdement endettés ; ceux qui se consacrent à la cause de Dieu (financer un projet d’intérêt général, par exemple) ; les voyageurs (coupés de toutes ressources). On ne peut donner la zakât à ceux qui sont sous notre responsabilité financière (parents, enfants, épouse). Mais donner à un proche (cousin, sœur, frère, oncle…) n’est pas inter-dit : la zakât consolide les liens de parenté.

La zakât peut-elle être versée à un non-musulman ?

Il est permis de donner la zakât à un musulman qui n’observe pas son culte et

qui commet des péchés, à condition qu’il n’utilise pas l’aide accordée dans une acti-vité illicite. La zakât, étant une obligation cultu elle, ne peut être donnée aux non-mu-sulmans (sauf dans le cas de « ceux dont les cœurs sont à gagner »). En revanche, la sadaqa (aumône) peut être versée aux non-musul-mans.

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w Abdallah Deliouah est imam à la mosquée de Valence (Rhône-Alpes) et auteur de La Zakât sur les salaires (Maison d’Ennour, 2012).

La philosophie de la zakât

En langue arabe, le terme zakât englobe plusieurs sens : il signifie à la fois la purification, la croissance et la bénédiction. La zakât est la part déterminée dans un bien, revenant de droit aux ayants droit. Elle consiste à partager annuellement avec les ayants droit un pourcentage de la richesse sous toutes ses formes : les produits agricoles, le cheptel, l’argent, les métaux (l’argent, l’or)…

La zakât est le troisième pilier de l’islam. C’est une obligation finan-cière que chaque musulman riche doit observer. La richesse est évaluée à partir d’un seuil spécifique pour chaque type de bien. Il est légitime de se demander le pour-quoi de cette place importante. Le partage ne doit-il pas être un choix personnel qui découle naturellement de la bonté de l’homme ? Pourquoi en faire un impératif religieux ?

L’islam réglemente et institutionnalise la zakât. En revanche, il laisse l’aumône (sadaqa) comme un choix personnel lié à la générosité et à la piété du croyant. Il n’est pas envisageable en islam de jouir avec excès des bienfaits de Dieu pendant que ceux qui n’en possèdent pas se contentent d’observer. « Par Dieu n’est pas croyant celui qui dort rassasié alors que son voisin a faim » : ainsi le Prophète ‒ paix et salut de Dieu sur lui ‒ fait-il de la solidarité une exigence de la foi. Il nous confirme aussi que la famine qui touche les pauvres n’est que la conséquence logique de l’excès, du gaspillage et de la cupidité des riches. Alors quelle est la philosophie de la zakât ?

La zakât est avant tout une éducation de l’âme, c’est un acte spirituel par excellence. La finalité principale de la zakât est d’apprendre à se détacher de ce qu’on aime naturellement et à en donner une partie aux pauvres qui n’ont pas eu la chance et la facilité d’en avoir. C’est un signe tangible de gratitude et de reconnaissance envers Dieu.La zakât est un remède pour les maladies du cœur comme l’amour excessif de l’argent et l’avarice. L’argent n’est qu’un moyen, il doit

le rester et ne jamais devenir un objectif ni une finalité. L’argent doit être dans la main et non dans le cœur, il faut le manipuler et ne pas le laisser manipuler nos vies et nos relations.

La zakât a une finalité sociale pro-fonde. L’argent de la zakât est destiné essentiel-lement aux plus démunis. En recevant la zakât, le pauvre prend conscience que son frère riche qui a travaillé avec assiduité et acharnement, en prenant des risques, est capable de partager ses biens avec lui. La fraternité devient une action concrète et non un slogan vide de sens.

La zakât est aussi un très bon moyen pour dynamiser l’économie, combattre la thésaurisation et faire circuler l’ar-gent entre les différentes classes de la société. Le

Coran (s. 59, v. 7) le dit clairement : « […] afin que les biens ne soient pas partagés entre les seuls riches parmi vous. » La zakât due sur l’argent thésaurisé s’élève à 2,5 % annuellement, c’est un mon-tant peu élevé pour la classe moyenne, mais il peut représenter des sommes importantes pour les riches. La zakât pousse le riche à faire fructifier son argent et à prendre le risque pour le faire travailler et ne pas le laisser « dormir ».

La zakât est le modèle qui s’oppose foncière-ment au modèle usuraire. En islam, l’argent ne produit pas l’argent sans prise de risque et sans une activité réelle. Le droit de posséder est garanti, mais le devoir de partager est imposé. En France, la zakât ne remplace pas les impôts. Elle est un devoir reli-gieux, alors que les impôts sont un devoir citoyen. Les deux n’ont pas les mêmes finalités ni les mêmes utilisations.

La zakât est un moyen non pas d’entretenir la pauvreté, mais de la combattre efficacement. C’est pour cette raison qu’en la distribuant une stratégie à moyen et à long terme doit être établie. Cette stratégie doit prendre en considération l’ave-nir de l’islam dans notre pays et favoriser l’éducation des nouvelles générations.

Par Abdallah Deliouah

“La zakât est un signe tangible

de gratitude envers Dieu »

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El Mutakallimûm, qui veut dire « les orateurs » en arabe, est votre 5e album. C’est un hommage aux poètes du monde arabe. Pourquoi ce choix ?Souad Massi : Quand je ne suis pas bien, je me réfugie dans la poésie. Cela me fait du bien de m’immerger dans une autre épo-que, de découvrir d’autres sen-sations, d’autres atmosphères. Cela me procure un sentiment d’apaisement. J’avais surtout envie de partager cela : si ça me fait du bien, c’est que ça peut le faire à d’autres ! Je l’ai fait aussi parce que j’en ai assez qu’on nous stigmatise, qu’on nous associe à l’ignorance et à la sauvagerie ou au terrorisme. Le plus grand

médecin qui a inspiré tous les contemporains est Avicenne ; le plus grand mathématicien qui a inventé l’algorithme et l’algèbre est Al-Khwârizmî ; et les plus grands scientifiques ont travaillé sur des œuvres de chercheurs ara-bes, idem pour les philosophes.

Vous êtes venue en France en 1999 pour un concert et vous êtes restée…

Oui, j’étais venue pour trois jours et on m’a fait une belle pro-position. Je ne pensais pas que j’allais rester en France. La plupart des jeunes rêvaient de ce pays ; moi, je n’y pensais pas du tout. Ce n’était pas un pays qui m’atti-rait, même si j’ai toujours adoré la langue française et sa culture.


Tête d’affiche16 Souad MaSSi

« J’aime l’islam qui m’a appris le respect et la tolérance »Mondialement connue pour son titre Raoui et la douce mélancolie présente dans chacun de ses albums, Souad Massi nous présente El Mutakallimûm, un nouvel album qui cède la place aux sonorités andalouses et à la grande poésie arabe. Rencontre.

BIO EXPRESSNée le 23 août 1972 à Alger, Souad Massi est issue d’une famille de six enfants où musique et poésie régissaient leurs longues soirées. En 1989, elle commence à arpenter les scènes algéroises en poursuivant des études d’urbanisme. Peu de temps après, la chanteuse rejoint le groupe de hard rock Atakor, avec qui elle enregistre un premier album en 1997, qui rencontre un grand succès. L’année suivante, elle quitte le groupe et sort un mini-album aux sonorités country. En 1999, elle est invitée à participer au festival « Femmes d’Algérie » au Cabaret sauvage, à Paris. Frappé par son charisme et son talent, le directeur artistique du label Island-Mercury lui propose de signer.Souad reste à Paris et sort deux ans plus tard son premier album Raoui. Avant de réaliser son 2e opus, elle collabore avec la crème de la variété française : Paris avec Marc Lavoine et Savoir aimer avec Florent Pagny. Sort enfin Deb, album nominé aux Victoires de la musique en 2004, suivi de Mesk Elil qui décroche la Victoire du meilleur album de musiques du monde en 2006. Son 4e album Ô Houria paraît en 2010 : coréalisé par Francis Cabrel, il est entièrement chanté en français. « Un hommage à mes fans français qui ne comprennent pas l’arabe », dit-elle. De retour cinq ans après, le temps des hommages est aux poètes arabes, cette fois avec un magnifique album El Mutakallimûm sorti en avril 2015.

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Je suis une grande fan de Victor Hugo, j’ai grandi avec ses textes. Mes parents francophones m’ont transmis cet amour de la poésie et de la culture française. Lorsqu’on m’a proposé de rester, j’en ai parlé avec ma famille et elle m’a dit : « Tente ta chance ! » car, à cette période, je pensais arrêter la chanson.

On trouve beaucoup de nostalgie dans votre musique, est-ce le mal du pays ?

En Algérie, j’ai vécu dans une grande famille et, en venant ici, je me suis retrouvée toute seule dans un studio. Cela me faisait penser à mon grand-père qui était venu seul ici et qui a travaillé dans le bâtiment et le chemin de fer. Il est mort dans d’étranges circons-tances. Quand j’ai fait Paris avec Marc Lavoine, je pensais à lui qui était perdu dans les rues de Paris et économisait pour envoyer au bled. Je pense aussi aux chibanis d’aujourd’hui qui vivent dans des chambres d’hôtel pourries où ils paient 500 € et d’où l’on veut les virer. Ils sont obligés de rester ici six mois pour toucher leurs retraites et s’ils rentrent chez eux on leur coupe tout. Ils ont servi la France comme chair à canon. Pourquoi n’y a-t-il pas de recon-naissance ? C’est un manque de respect. Ils ont travaillé honnê-tement, paient leurs impôts : ils méritent de vivre dignement. Dans cet album, je suis passée à autre chose, avec moins de nos-talgie. Les titres sont plus philo-sophiques et plus politiques.

Vos parents étaient très attachés à la culture et à la musique. Pouvez-vous nous confier des souvenirs d’enfance ?

J’ai grandi dans un quartier populaire d’Alger, qui s’appelle Bologhine, sur les hauteurs d’Alger, en haut de Notre-Dame d’Afrique. J’ai grandi avec les sonorités des musiques chaâbi. Mes cousins jouaient tous les soirs des reprises d’El Hachemi Guerouabi ; et moi, j’étais là, j’écoutais et j’ai grandi comme

ça. Mon père, lui, tous les soirs aussi, faisait tourner ses vinyles de musique chaâbi ou de musi-que française. On écoutait beau-coup Jacques Brel.

C’est ce qui vous a donné envie de faire de la musique ?

Non, pas du tout ! Cela m’est venu plus tard, vers 17 ou 18 ans. J’aimais la poésie, l’écriture, la lec-ture. Je rêvais de devenir metteur en scène ou réalisatrice. J’écrivais des scénarios, je me faisais des films. C’est seulement plus tard que je me suis mise à compo-ser des chansons sans me rendre compte, puis j’ai commencé à chanter. J’ai fait une école tech-nique, j’ai passé ma vie avec du ciment, du bâtiment, des calculs, des dosages… Lire et écrire étaient mon refuge. Je refusais tellement mon quotidien que j’avais besoin de m’évader.

Pourquoi être passée d’ingénieure à chanteuse ?

Le choix d’ingénieure est psychologique car on avait beaucoup de problèmes dans ma famille. On était toujours en mouvement. Et si mes deux frères et moi sommes ingénieurs en bâtiment, c’est parce qu’on cherchait quelque chose de solide. On cherchait la stabilité parce que mon père était expert-comptable et qu’on n’arrêtait pas de déménager. Cela nous a tous perturbés. Inconsciem-ment, on est parti vers le génie civil, vers la construction, vers les fondations parce qu’on avait envie de stabilité. Je ne pensais même pas en rêve à la musique ! Il n’y avait aucune femme artiste dans ma famille, c’était mal vu à l’époque.

Quel regard portez-vous sur les événements qui touchent les pays musulmans (Syrie, Tunisie, Irak…) ?

Je ne suis pas politologue, je ne suis pas visionnaire, mais je suis une femme, citoyenne du monde, qui s’intéresse à la politique. Je pense qu’il y a une vraie crise mondiale, économi-

que, et qu’on cherche des faux problèmes pour masquer tout cela. Plein de pays européens ont puisé leurs richesses en Afrique ; et maintenant qu’ils ne peuvent plus le faire, ils sont obligés de créer des guerres pour aller cher-cher le pétrole et l’argent ailleurs. Nous devons faire attention à ne pas consommer les informations comme des moutons.

On vous retrouve aussi au cinéma dans Eyes of a Thief (2014) réalisé par la Palestienne Najwa Najjar. Racontez-nous.

J’ai incarné Lila, une femme qui a deux enfants et qui tra-vaille comme couturière. Elle se bat pour garder son atelier. En parallèle, il y a un jeune résistant qui cherche sa fille adoptée par Lila. C’est une histoire d’amour et aussi un message de tolérance : on ne règle aucun problème avec les armes. On y dénonce des militaires israéliens qui brû-lent un village palestinien. C’est malheureusement un film qui ne sera jamais diffusé en France. Le film a pourtant été nominé aux Oscars aux États-Unis, il y a eu des projections en Égypte, en Algérie, en Palestine, mais c’est tout. En Angleterre, il y a eu des projections mais pas de distri-bution : il y a une censure.

Quel est votre rapport à la religion ?

J’ai la foi, bien sûr. Elle m’a beaucoup aidée à surmonter des obstacles dans ma vie. Je suis pra-tiquante et ouverte d’esprit. Je pratique le jeûne du Ramadan et fais la prière. Je respecte toutes les religions. J’aime l’islam qui m’a appris à respecter les gens, à les aimer et à être tolérante. Quel-qu’un qui va m’insulter ou dire que ma religion est une religion de sauvages, je ne l’accepte pas. Parce que dans toutes les religions les hommes ont fait des erreurs. À une époque, c’était les juifs qu’on détestait ; aujourd’hui, c’est peut-être notre tour. n

Propos recueillis par Fatima Khaldi

« Je ne pensais même pas en rêve à la musique. Il n’y avait aucune femme artiste dans ma famille, c’était mal vu en Algérie. » 17

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Abcédaire

A comme Amour

On associe toujours le mot amour au sexe ou à la relation homme-femme. Mais on oublie l’amour filial et l’amour entre frères et sœurs comme si c’était tabou. C’est à 42 ans que j’ai dit à mon frère que je l’aimais.

C comme CréAtion

Plus jeune, je rêvais de devenir metteur en scène ou réalisatrice. J’écrivais des petits scénarios. C’est plus tard que je me suis mise à composer des chansons sans me rendre compte, puis j’ai commencé à chanter.

E comme énergie

C’est avec l’âge qu’on apprend qu’il ne faut pas trop donner d’importance au physique, qu’il y a plus beau que l’enveloppe charnelle. Il faut retrouver notre énergie intérieure et ressentir les choses.

I comme instinCt

Je me souviens d’une belle rencontre avec Paul Weller, célèbre musicien et chanteur anglais, à qui j’ai confié que j’avais du mal à écrire à cause des conseils différents. Il m’a dit : « Suis ton instinct, tu n’es pas obligée d’écouter les autres, si tu es contente de ton travail, si tu ne veux pas mixer un titre et que tu le préfères spontané, fais-le. »

V comme Verbe

J’étais très bonne élève. J’ai eu la chance d’avoir de bons professeurs qui étaient comme des parents. L’un d’entre eux m’a dit : « Fais attention au verbe parce qu’il a beaucoup de pouvoir. » Cela m’est resté dans la tête.

livres18Par Huê Trinh Nguyên

Lire aussi w Pari(s) d’amies, une BD de Rokhaya Diallo et Kim Consigny (Éd. Delcourt, 2015, 144 p., 17,95 €), où l’on suit les aventures de Cassandre, de Mariame, d’Aminata, de Minh-Chau et de Claire avec la capitale en toile de fond. Une comédie très « génération Y ».

MUSULMANS AU QUOTIDIEN. Une enquête européenne sur les controverses autour de l’islamNilüfer Göle

Synthèse des résultats issus d’une enquête de recherche-action menée de 2009 à 2013 auprès de ce que l’auteure appellent des « musulmans ordinaires » et de leurs concitoyens non musulmans dans 21 villes européennes,

cet ouvrage de la sociologue Nilüfer Göle s’avère indispensable pour qui veut comprendre les dynamiques qui traversent nos sociétés. À travers les débats qui ont émergé autour du voile, du halal, des minarets ou encore des caricatures, l’auteure montre que les musulmans européens vivent leur foi de façon plus consciente qu’ils ne le feraient en pays musulmans et la refaçonnent du fait de leur environnement séculier. Quand bien même les extrémistes (jihadistes ou islamophobes) refusent l’insertion des musulmans dans toutes les strates de la société, c’est un métissage culturel qui est à l’œuvre désormais en Europe. Un ouvrage à lire absolument. nw Éd. La Découverte, 2015, 296 p., 20 €.

LES POMPIERS PYROMANES. Ces experts qui alimentent l’antisémitisme et l’islamophobiePascal Boniface

Le succès de Les Intellectuels faussaires (2011) n’aura pas suffi à faire taire les « serial-menteurs » dont Pascal Boniface dressait les portraits au vitriol. Voici donc Les Pompiers pyromanes, où l’on constate

que les mêmes (Caroline Fourest, Frédéric Encel, Bernard-Henri Lévy) continuent d’opérer sur les scènes médiatiques en s’emparant de grandes causes nationales (la lutte contre l’antisémitisme, les droits humains…) à des fins de carrière personnelle. L’analyse faite quant au positionnement de l’« imam » Hassen Chalghoumi, grand défenseur d’Israël, n’apporte pas un éclairage nouveau à ceux qui connaissent bien le fait musulman. En revanche, le parallèle posé entre Alain Soral et Frédéric Haziza comme étant les deux faces d’une même médaille est particulièrement intéressant. nw Max Milo Éd., 2015, 256 p., 18,90 €.

L’INCONSCIENT DE L’ISLAM. Réflexions sur l’interdit, la faute et la transgressionMalek Chebel

Il est de notoriété publique que l’anthropologue des religions Malek Chebel obtient difficilement les faveurs des plus fervents musulmans tant ces derniers croient en une société idéale sur Terre qui serait

régie par des principes islamiques immuables et empreints de justice divine. Comment alors comprendre, en plein XXIe siècle, que l’on assassine les « infidèles », chasse les chrétiens de leurs terres s’ils ne se convertissent pas, enlève des jeunes filles pour les marier de force, tout cela au nom de la religion ? Dire que « ce n’est pas l’islam » ne suffit pas. Mêlant psychanalyse culturelle du monde arabe et plongée historique, en cinq chapitres (« La guerre pour les femmes », « Idéologies du kamikaze ordinaire », « Livres interdits et autodafé »…), l’auteur montre comment le « projet spirituel initial » s’est transformé en « un simple festin céleste avec ses récompenses ici-bas » au profit de « la classe au pouvoir ». nw CNRS Éd., 2015, 128 p., 15,90 €.

DES VOIX DERRIÈRE LE VOILEFaïza Zerouala

Le voile, cette étoffe qui recouvre la chevelure des femmes musulmanes, est devenu le point focal sur lequel se cristallise le laïcisme d’exclusion. À travers les dix récits de vie recueillis par la journaliste Faïza

Zerouala, le lecteur comprend mieux l’intentionnalité de chacune de ces femmes. Depuis la blogueuse-modeuse à la femme de chambre, en passant par une professeure de l’Éducation nationale ou encore une auto-entrepreneuse, on découvre le chemin qui les a menées à porter le voile, les incompréhensions de leur entourage, la mise au ban de la société… L’on se dit alors que le voile, qu’elles considèrent comme une prescription impérative du Coran, apporte son lot de souffrances dans un pays qui ne l’accepte pas, même si celles qui le portent estiment être heureuses parce qu’étant plus proches de Dieu. Des témoignages à la lecture desquels on sort assez bouleversé. nw Premier Parallèle, 2015, 258 p., 15 €.

SALAMNEWS N° 53 / juiLLEt-août 2015

PROGRAMME TV 19

Risalat Al IslamLa 3e saison inédite de Risalat Al Islam présentée par le Pr Tariq Ramadan est de retour pendant ce mois sacré. Comme toujours, la foi est placée au cœur de chaque épisode, durant lequel le vrai sens de l’islam se révèle. Chaque jour, à 19 h 30

Les Fruits du RamadanUn programme qui nous montre comment tirer le meilleur parti de ce mois béni en discutant de la prière, des tarawih, de la zakât et de beaucoup d’autres sujets religieux.Chaque jour, à 22 h 30

La santé du musulman durant RamadanLe Dr Anny, médecin britannique ayant 50 ans d’expérience, vous donne des conseils pour profiter du Ramadan et jouir d’une meilleure santé.Chaque jour, à 15 h

La vie des prophètesHishem Bella, Tariq Sheikh et Said Al-Kadi nous racontent les histoires des prophètes qui ont été envoyés par Allah pour guider l’humanité, ainsi que les aspects et les avantages que nous pouvons utiliser pour bénéficier d’une vie meilleure.Chaque jour, à 00 h 30

Découvrez la programmation complète sur :www.bouquet.musulman.tv

Alf Lila Wa LilaUne belle histoire sur les deux personnages de l’époque, Shahrazad et Shahrayar, qui raconte les 1 000 nuits qu’ils ont passées ensemble. Cette série dramatique va vous éblouir par ses beaux scénarios historiques.Chaque jour, à 11 h 15

Khawater 11Rendez-vous pour la dernière saison de Khawater présentée par le talentueux Ahmed Al Chakiri. Il incite les gens à laisser une meilleure Terre à nos enfants, en leur proposant des astuces simples mais effectives.Chaque jour, à 16 h 50

Ostaz We Ra’is KesmLa série tourne autour des effets politiques en Égypte en 2011. Le célèbre Adel Imam incarne le rôle principal. Une comédie assurée !Chaque jour, à 20 h

SelfiUn humoriste qui porte un œil critique sur les problématiques arabophones, dans une ambiance conviviale et en envoyant un message équilibré.Chaque jour, à 17 h 45

Ramez Wakel El JawDes caméras cachées inoubliables qui nous permettent, entre autres, d’observer la réaction des personnes piégées lors d’un dysfonctionnement dans un avion. Ne le ratez pas !Chaque jour, à 13 h

Alahouma Takabal 2Le Dr Abla Kahlawi revient durant ce mois de Ramadan pour sensibiliser les jeunes sur divers sujets d’actualité. Chaque jour, à 22 h 30

Chef HassanSoyez prêts pour des recettes inédites où le chef Hassan revisite la cuisine orientale et les desserts, afin que vous puissiez gâter votre famille. Chaque jour, à 14 h

Waley Al ‘AhdUne affaire d’héritage entre frères déclenche beaucoup de débats au sein d’une famille. Regardez Waley Al ‘Ahd avec les meilleurs acteurs égyptiens pour une bonne dose de drame.Chaque jour, à minuit

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PROGRAMME TV 21

Les meilleures femmes du mondeCe programme met à l’honneur ces femmes qui ont marqué notre Histoire ! Découvrez les traits de personnalité de grandes femmes et leurs rôles dans différents domaines au service de la religion.Tous les jours, à 12 h 30

FatawaL’émission incontournable où un cheikh et des invités de renom répondent en direct à toutes vos questions fondamentales sur la religion. Envoyez vos questions à : [email protected] les jours, à 13 h

Vers une famille heureuse« Je veux me marier mais je ne sais pas comment trouver la bonne personne. » « Mon couple rencontre des dif�cultés. » « J’ai peur de ne pas transmettre les bonnes valeurs à mes enfants. » Sheikh Hichem Elarafa répond à toutes vos inquiétudes sur ce programme !Chaque samedi, à 20 h 30

Le choixSuivez dans cette émission le parcours courageux de plusieurs convertis, dont Julie Breen, une femme britannique qui s’est convertie à l’islam à l’âge de 50 ans !Mercredi, à 20 h 30, et jeudi, à 17 h

Direct de la MecqueEt, bien sûr, suivez les prières quotidiennes en direct de La Mecque comme si vous y étiez ! Tous les jours, à l’heure des prières de La Mecque


X FactorPrêts pour de nouvelles aventures ? X Factor revient dès le 14 mars pour une saison explosive ! Le jury composé de Donia Samir Ghanen, de Raheb Alama et d’Elissa vont parcourir les grandes villes arabes pour dénicher LE talent musical de demain.Exclusif : en ce moment, gagnez des places de concert pour la chanteuse et membre du jury Elissa !Plus d’infos sur www.bouquet-arabia.tv Chaque samedi, à 19 h

Saraya AbdeenUne série historique égyptienne pleine de rebondissements ! Con�its, avidité et histoires d’amour se mêlent à l’intérieur des palais. Du dimanche au jeudi, à 23 h 15

Khaliha A’allinaLa chanteuse Arwa présente le tout nouveau programme « Khaliha A’allina », où elle reçoit des célébrités du monde arabe pour passer un bon moment dans la bonne humeur.Lundi, à 22 h, et mardi, à 13 h

JoelleL’émission qui vous donne les meilleures astuces et les conseils beauté pour entretenir votre look ! Chaque samedi, à 22 h

Anta qalbiSuivez l’histoire d’amour d’un jeune couple qui fait face aux dif�cultés de la vie. Continueront-ils à être heureux, même après la mort de leur �ls ? Tous les jours, à 20 h

Oyoun Al QalbUne série dramatique et romantique, dans laquelle une femme prétend être aveugle dans le but de découvrir les problèmes existant dans un organisme de charité.Du lundi au samedi, à 17 h

Sakar QuraychCe nouveau programme raconte la vie d’un des émirs les plus charismatiques du Moyen-Orient, Abd al-Rahman Ier, qui est parvenu à perpétuer la dynastie omeyyade jusque dans la péninsule Ibérique.Tous les jours, à 21 h

Ahla Ma TashUne émission alliant comédie et humour avec des invités prestigieux. Attention, fous rires garantis ! Tous les jours, à 19 h

Tasali Ahla AlamJeux en direct pour tester l’intelligence de vos enfants. Des cadeaux à gagner et beaucoup de plaisir et de bon temps à passer lors de cette émission.Du lundi au vendredi, à 14 h

TelescopeBienvenue dans le programme TV qui fait voyager les enfants aux quatre coins de la planète ! Suivi d’ateliers qui leur apprendront à faire des choses très intéressantes.Chaque vendredi, à 19 h 30

Mad animalsRetrouvez dans cette émission des vidéos de nos amis les animaux dans des situations hilarantes. Tous les jours, à 16 h 30

Dessins animésDes programmes pour tous les goûts, �lles et garçons de tous âges. Tous les jours

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X FactorPrêts pour de nouvelles aventures ? X Factor revient dès le 14 mars pour une saison explosive ! Le jury composé de Donia Samir Ghanen, de Raheb Alama et d’Elissa vont parcourir les grandes villes arabes pour dénicher LE talent musical de demain.Exclusif : en ce moment, gagnez des places de concert pour la chanteuse et membre du jury Elissa !Plus d’infos sur www.bouquet-arabia.tv Chaque jeudi, à 19 h


Khaliha A’allinaLa chanteuse Arwa présente le tout nouveau programme « Khaliha A’allina », où elle reçoit des célébrités du monde arabe pour passer un bon moment dans la bonne humeur.Chaque lundi, à 22 h










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Risalat Al IslamLe Pr Tariq Ramadan nous invite à plonger avec lui au cœur du message de l’islam. Revenons ensemble à l’essentiel, réapprenons la spiritualité du message divin.Lundi, à 20 h 30

Les grandes � gures de l’islamDécouvrez l’histoire des grandes � gures de l’islam à travers des documentaires originaux et pertinents.Tous les jours, à 12 h

D’hier et d’aujourd’huiLe présentateur Frank Amin traite des principes essentiels de l’éducation à travers les histoires coraniques et les hadiths du Prophète (SWS).Vendredi, à 20 h

Minorité musulmaneLaura Zahra McDonald nous parle des dé� s rencontrés par les musulmans vivant dans les pays occidentaux. Elle essaye de trouver des solutions permettant aux musulmans de s’intégrer au sein des populations occidentales sans perdre leur identité musulmane ni oublier leur identité culturelle.Tous les jours, à 12 h 30

Direct de La MecqueEt bien sûr, suivez les prières quotidiennes en direct de La Mecque comme si vous y étiez ! Tous les jours, à l’heure des prières de La Mecque

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Arab’s Got TalentLa saison 4 du programme inédit « Arab’s Got Talent » revient pour nous livrer les meilleurs talents du monde arabe. Entre chant, danse, magie et autres exploits, les juges vont devoir choisir LE meilleur de tous !Samedi, à 19 h

20 DakikaL’histoire d’une femme innocente accusée de meurtre et condamnée à 20 ans de prison. Son mari essaie de l’aider à s’échapper : va-t-il réussir à sauver sa femme ? Du dimanche au jeudi, à 21 h

Khaliha A’allinaLa chanteuse Arwa présente le tout nouveau programme « Khaliha A’allina », où elle reçoit des célébrités du monde arabe pour y passer un bon moment dans la bonne humeur.Lundi, à 22 h

Saheb Al Sa’adaLe grand acteur et comédien Adel Imam revient pour nous éblouir avec sa nouvelle série « Saheb Al Sa’ada », où il joue le rôle d’un homme retraité qui prend soin de ses petits-enfants. Une série à ne pas manquer !Du lundi au vendredi, à 15 h 45

Oyoun Al Qalb« Oyoun Al Qalb », série dramatique et romantique, raconte l’histoire d’une � lle qui prétend être aveugle dans le but de découvrir les problèmes existant dans un organisme de charité.Du lundi au vendredi, à 18 h

Cash or SplashPour la première fois en Égypte, un programme de compétition et de divertissement interactif dans une atmosphère de comédie et de plaisir !Mardi et mercredi, à 21 h

Chef HassanIntéressées par la cuisine et ses secrets ? Chez « Chef Hassan », vous allez trouver les meilleurs plats et de délicieux repas ! Il propose d’uniques douceurs orientales ainsi que des variétés de l’Orient et de l’Occident.Chaque jour (sauf le vendredi), à 14 h

AdranaleenComme son nom l’indique, « Adranaleen » est un programme d’action et de combats qui propose aux célèbres acteurs arabes d’accomplir une mission spéciale pleine de rebondissements. Une expérience unique !Samedi, à 13 h ,et lundi, à 21 h

Tell me howCe programme qui répond à toutes les questions des plus petits revient avec une saison unique. Muhannad vous invite à faire avec lui le tour de l’Asie en 30 jours ! Chaque vendredi, à 13 h 30

Eish Safari L’émission téléréalité que tous les jeunes attendent : aventure, compétition et surtout beaucoup d’émotions pour ces 16 participants.Tous les jours, à 18 h

Dream jobsLes jeunes téléspectateurs sont invités à réaliser la profession de leurs rêves le temps d’une journée… Comment vont-ils s’en sortir et que vont-ils apprendre ? Lundi, à 17 h

Dora l’exploratriceRetrouvez le célèbre dessin animé éducatif et bien d’autres � lms d’animation sur la chaîne préférée des enfants ! Du lundi au vendredi, à 17 h

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Iqraa InternationalLe Bouquet Musulman sur la chaîne 664 chez Free, la chaîne 536 chez SFR et la chaîne 653 sur Numericable.

MBC, dans le Bouquet Arabia de Free, SFR, Orange, Bouygues Telecom et chez Numericable.

Découvrez la programmation complète sur : www.bouquet-arabia.tv

MBC Masr, dans le Bouquet Arabia de Free, SFR, Bouygues, Darty et Virgin.

MBC 3, dans le bouquet Arabia de Free, SFR, Orange, Bouygues, Darty et Virgin.


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MBC Dans le Bouquet Arabia de Free, SFR, Orange, Bouygues Telecom et chez Numericable.


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MBC DramaDans le bouquet Arabia de Free, SFR, Bouygues Telecom et chez Numericable.

MBC 3 Dans le bouquet Arabia de Free, SFR, Orange, Bouygues, Darty et Virgin.


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MBCDans le Bouquet Arabia de Free, SFR, Orange, Bouygues Telecom et chez Numericable.


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MBC 3 Dans le bouquet Arabia de Free, SFR, Bouygues, Darty et Virgin.

« L’aura fait la beauté ! »

Au sAut du lit, quel est votre réflexe beAuté ? Je me rince le visage avec de l’eau fraîche, puis je complète avec le gel frais nettoyant pureté thermal de Vichy [1], c’est ma gamme du moment. Je ne suis pas très fidèle à une marque, j’en essaye beaucoup pour mon blog. Je privilégie les odeurs simples et je suis sensible aux textures pas trop grasses pour ma peau mixte. C’est pourquoi je préfère utiliser les sérums comme le hydro-plumping de Kiehl’s [2] qui est hydratant comme il faut.

Avec tous les produits que vous recevez pour les tester, quels sont les critères qui obtiennent vos fAveurs ?Déjà il faut qu’ils me soient adaptés. Quand je reçois des produits capillaires pour les blondes ou des crèmes SPF 50, ce n’est pas trop ma cible ! Je fonctionne au feeling puisque je ne suis pas très vigilante sur les composants, je ne sais pas lire les étiquettes. Mes routi-nes beauté diffèrent le soir et

le matin. Ainsi, en ce moment, je termine la journée avec l’eau micellaire Bioderma [3] puis le baume réparateur Skin Sleep de Vichy [4] qui régénère les cellules pendant la nuit, c’est un vrai coup de cœur : depuis, j’ai une peau parfaitement nickel.

côté mAquillAge, êtes-vous tout AutAnt bAsique ? Je n’aime pas les maquillages soutenus, ce n’est pas dans ma culture, ma maman n’a jamais été sophistiquée. Mais je travaille mon teint avec soin, notamment avec le fond de teint Lancôme [5] et un blush MAC. Le soir, je me permets quelques excentricités avec un beau rouge à lèvres mat bor-deaux. Mais, pour les ongles, je retourne à la sobriété d’une manucure nude, beige ou

blanc, qui apporte une touche d’élégance subtile. êtes-vous plutôt beAutystA ou modeuse ?Je préfère définitivement la mode ! Pour moi, le vêtement est le prolongement d’une person-nalité. Je fais attention aux cou-pes, aux matières, à la silhouette. Je ne cours pas les fashion week pour autant, je n’aime pas leur côté surfait, je suis plutôt « casual ». J’aime bien jouer avec les accessoires, comme une belle paire de boucles d’oreilles [6] ou de chaussures pour trans-former une tenue jean/tee-shirt blanc le soir. Là aussi, je tiens ce sens du détail de ma mère.

votre mère est dAns lA mode ? Elle était productrice dans la photographie de mode pendant

longtemps. En ce moment, elle est en train d’ouvrir le premier dépôt-vente de vêtements de luxe à Marrakech, un concept inédit là-bas !

vous postez des photos de vous sur les réseAux sociAux, quel rApport Avez-vous Avec lA pudeur et votre corps en générAl ? Je ne m’exhibe pas à outrance. Les gens commentent mon phy-sique en permanence, j’ai appris à me blinder, c’est aussi le jeu d’un blog. Et puis, finalement, la majorité est bienveillante, ils savent que je suis une passion-née et que ma démarche est sincère.

quelle est, pour vous, lA définition d’une femme belle ?Une femme qui a confiance en elle, peu importe son physi-que ou son style. L’aura fait la beauté !


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Kenza fait partie du cercle fermé des golden bloggeuses. Des milliers de followers suivent

ses conseils et les marques se bousculent devant elle. Pourtant, cette jeune femme d’origine

marocaine a su garder la fraîcheur de sa simplicité.

[1]Gel frais nettoyant Vichy, 14 €

[2]

Crème de nuit Idéalia Skin Sleep

Vichy, 31 €

[4]

[5]

Boucles d’oreilles Oprah Noir, by Zia, sur www.my-fashionlab.com, 29 €©

Matt

hieu

Kha

laf

Tous les conseils beauté de Kenza sur www.larevuedekenza.fr

Sérum hydro-plumping Kiehl’s, 49 €

Par Karima Peyronie

[3]Eau micellaire

Bioderma, 10,50 €

[6]

Phot

os p

rodu

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D. R

.

Belle de teint Lancôme, 45 €

Confidences de Kenzabeauté

Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes Par jour - www.mangerbouger.fr

C’est bon d’avoir le choix de

bien manger

Faites cuire au four sur une plaque de cuisson huilée les aubergines coupées en 2 dans le sens de la longueur (45 min à 130°).

Retirez la chair et mélangez-la avec le mascarpone et la coriandre ciselée. Assaisonnez.

Faites dorer les blancs de dinde coupés en petits dés pendant 2 min à la poêle. Déposez dans chaque verrine : 1 gressin concassé avec un filet d’huile d’olive, 1 c à soupe de poivrons Piquillos émincés, la mousse d’aubergines, 1 autre c à soupe de poivrons émincés. Finissez par les dés de blanc de dinde, les pignons de pin et quelques herbes pour décorer.

Ma recettede verrines d ’aubergines et blanc de dinde

façon Tiramisu

Ma recetteMa recettede verrines d ’aubergines

ü 4 tranches de Blanc de dinde Halal Fleury Michon

ü 2 aubergines ü 1 boîte de poivrons Piquillos

ü 125 g de mascarpone

ü Des gressins ü 1 c à soupe de : pignons de pin, menthe ciselée, coriandre ciselée

ü 2 c à soupe d’huile d’olive

ü Sel, poivre du moulin

Pour 4 personnes, il vous faut :

rcs la rocHe-sur-Yon b 340545441. création : Partie De camPagne, agence fooDcentric® - PHotos : matton - recettes : PHiliPPe asset

CREA-ANNONCE-HALAL-V16.indd 2 12/03/15 12:17

22 Vous traversez un moment difficile ? Vos réactions et celles des autres vous surprennent ? Vous avez l’impression d’être dans une impasse ? Quelle décision prendre ?…À partir du bel islam et d’une lecture appliquée du Coran, des solutions peuvent toujours être trouvées. Posez vos questions à [email protected]


Par Chams en Nour, psychanalyste

« MARIÉ DEPUIS SIX MOIS, je vis un quasi enfer de par la déception que j’ai eue avec mon épouse (26 ans). Avant le mariage, quelques signes montraient que ma femme était gâtée et capricieuse. Le jour du mariage, j’ai eu droit à un mini numéro de sa part qui m’avait encore une fois démontré que nous n’avions pas la même manière de voir les choses. Pendant le voyage de noces, j’ai eu droit à un tel comportement agressif que j’en ai été déprimé. Une fois rentrés chez nous, les choses se sont calmées mais j’ai eu à découvrir une autre facette insoupçonnée de ma femme : extrême jalousie + agressivité gratuite envers autrui + méchanceté. Je suis dans un tel choc que j’en suis arrivé à penser au divorce car je ne me fais pas à l’idée que cette femme pourra transmettre les bonnes valeurs à nos enfants. Et nous sommes en décalage intellectuel des fois très pesant. » Moncef, 35 ans

Chams en Nour. Plutôt que de vous morfondre en imaginant un futur qui ne vous appartient pas, ne pensez-vous pas que votre rôle d’époux est justement d’ouvrir les yeux à votre femme pour lui permettre de découvrir l’éthique, le respect que l’on doit à l’autre ? Votre rôle est de patiemment l’aider, si elle est d’accord pour évoluer. Toutefois, vous vous placez comme un juge et vous supposez que vos valeurs sont parfaites : attention ! Que sont la miséricorde, la bienveillance, la capacité de pardon ? Sinon les attributs de l’amour que le couple permet d’expérimenter comme un apprentissage de l’amour divin. C’est cela le sens spirituel du couple. Vous avez des choses à apprendre l’un de l’autre.

« JE RESSENS CES PULSIONS autodestructrices qui datent de mon enfance. Mes parents ont toujours veillé à ma sécurité et m’ont transmis certaines valeurs. Mais tout n’est pas idyllique : mon papa consomme énormément de tabac et de cannabis. Le dos de ma maman en a souvent payé les frais. Un soir, il avait décidé de la battre jusqu’au sang. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : j’ai voulu ce soir-là commettre ma première tentative de suicide, à 11 ans, en avalant plusieurs gélules. Depuis, j’ai une confiance en moi proche du zéro absolu. Je sens qu’une partie de moi a été détruite. Je me rabaisse à longueur de journée. Sans compter que mon père ne manquait jamais de nous insulter quand il était en manque. Pour le moment, j’essaie de refouler mes envies d’autodestruction. Mais j’ai peur de retomber dans mes travers. » Jasmine, 23 ans

Chams en Nour. Ma seule réponse ne suffira pas à vous tirer d’affaire : il est nécessaire de vous faire accompagner par un professionnel qui vous aidera à comprendre comment vous dégager de ces tristes conditionnements. Je suis certaine que vous le pouvez, à condition d’en prendre la décision intime. Le regard d’un père, si oublieux de son devoir de respect et de protection, n’a pas pu vous permettre de vous construire en confiance. Vous pourriez être aux prises avec une double loyauté : envers votre père tel que vous voudriez qu’il soit, envers votre besoin de vous respecter vous-même… Le chemin que vous feriez pour essayer de comprendre le processus qui vous amène à vouloir vous détruire vaut la peine d’être vécu : il vous offrira l’occasion d’une expérience intérieure où s’enracinera votre transformation.

Déception et autodestruction

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AKHENATON« Les artistes doivent prendre des risques »

SANTÉLES SECRETS DE LA NATUROPATHIE

DÉBATDATES DU RAMADAN, ENTRE CALCULS ET VISION

SOCIÉTÉCONSOMMONS RESPONSABLES

N° 52 – MAI-JUIN 2015

SPÉCIAL RAMADAN

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REPORTAGELE SURSAUT DE LA FRANCE

ANALYSESOYONS TOUS RESPONSABLES

DÉCRYPTAGELES ENJEUX À VENIR

ÉDITION NATIONALEN° 5

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201

5

« Tout donner pour l’Algérie »ISLAM SLIMANI

SPÉCIAL APRÈS-CHARLIE

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N° 5

1 M

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2015

« Pour réussir, pars d’un kiff »BOODER

CONSOLE COCOONiNg

EN famiLLE

BEaUTÉ LES CONSEiLS

D’aLONzO

aCTUCOExiSTER,

LaURÉaT DE « La fRaNCE

S’ENgagE »

DOSSiER SPÉCiaL : La SOLiDaRiTÉ NORD-SUD



QUESTIONS PRATIQUES



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0 J

AN

V. –

FÉV.

201

5

« Tout donner pour l’Algérie »ISLAM SLIMANI

REPORTAGELE SURSAUT DE LA FRANCE

ANALYSESOYONS TOUS RESPONSABLES

DÉCRYPTAGELES ENJEUX À VENIR

SPÉCIAL APRÈS-CHARLIE

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ACTUUN MÉMORIAL DU

SOLDAT MUSULMAN

POLITIQUELES ÉLUS DE

LA DIVERSITÉ

AMEL BENT


7 M

ARS

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RIL

2014

« Se battre et croire que c’est possible. Voilà la clef de la réussite »

DOSSIER SPÉCIAL : FAMILLE, LE GRAND CHAMBOULEMENT ?

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souad massi - salamnews

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