sommaire boléro de ravel chorégraphié par odile duboc | 5 a trois boléros – spectacle...
TRANSCRIPT
Sommaire
4 Préface
5 Arborescence du DVD
6 Place dans les programmes
7 Le Boléro
Comprendre l’œuvre
7 Le Boléro de Ravel, anatomie d’un « tube »
13 L’effet Boléro : loin du cliché, une ode au plaisir de la danse
18 La transmission d’autre chose
22 Odile Duboc : parcours
Entrer dans l’œuvre avec ses élèves
25 Musique et danse dans trois boléros d’Odile Duboc
41 Travailler autour des fondamentaux d’Odile Duboc
65 Références
Le Boléro de Ravel chorégraphié par Odile Duboc | 5
A trois boléros – spectacle intégral d’Odile Duboc (60 min)
Création La Filature, scène nationale de Mulhouse, 1996 – Captationpublique au Centre national de danse contemporaine à Angers en 2007
Autour d’Odile Duboc
A La genèse de trois boléros – interview audio d’Odile Duboc (13 min)
A Neuf esquisses pour la danse – diaporama de croquis de Bruno Danjoux
A Matières à danser : les fondamentaux d’Odile Duboc – vidéo (25 min)
Autour du Boléro
A Huit chorégraphes, huit visions – interview vidéo de Thomas Hahn (18min)
A Le boléro de Nya – spectacle d’Abou Lagraa (25 min)Compagnie La Baraka – Captation publique au Transbordeur à Lyon, octobre2010
A À propos de Nya – interview d’Abou et Nawal Lagraa (8 min)
Arborescence du DVD
6 | Arts au singulier | danse | musique
Place dans les programmes
Ce DVD peut être investi à de nombreux niveaux. Si les textes proposés posent davantage les problématiques sous l’angle culturel et artistique que disciplinaire, quelques pistes en danse et éducation musicale les enrichissent (sous forme d’encarts : « Avec les élèves »). Ils sont porteurs de sens dans une démarche inter-arts et permettront une construction pédagogique commune.
Disciplines- Enseignements de l’éducation physique et sportive et des disciplines artistiques
de collège et lycée : éducation à l’image et à l’audiovisuel, danse, éducation musicale, histoire des arts.
- Éducation artistique et culturelle.- Enseignement d’exploration, enseignements artistiques de la série
« Techniques de la Musique et de la Danse », TPE et autres dispositifs éducatifs interdisciplinaires.
Quelques références aux programmes- Enseignements de détermination et optionnel facultatif de la classe de seconde
générale et technologique en danse : un chorégraphe contemporain.- EPS en collège : danse niveau 1 et 2 (ex : « Engager les élèves dans un processus
de création, pour créer et composer une chorégraphie collective à partir d’un module dansé ou d’un spectacle »).
- Éducation musicale du collège : « Percevoir la musique, construire une culture » (« Écouter, explorer et caractériser le sonore et le musical » - « Écouter et étudier les œuvres pour construire une culture musicale et artistique : établir des relations entre les œuvres et leurs contextes, étudier une œuvre en lien avec une problématique Musique et arts du spectacle vivant »).
- Histoire des arts : « arts du son » et « arts du spectacle vivant » en cycle 1, 2 et 3, en 3e (xxe siècle) et terminale (xxe siècle).
- Enseignement de danse pour les classes à horaires aménagés danse ou musique (CHAD-CHAM) dans les écoles élémentaires et les collèges (particulièrement « La danse en relation à la musique »).
Si les niveaux collège et lycée sont à privilégier, un travail à partir des fondamentaux d’Odile Duboc (bonus Matières à danser) peut parfaitement s’envisager avec des élèves de cycle 1 (« agir et s’exprimer avec son corps »), decycle 2 et de cycle 3 (ex : « Danse : construire à plusieurs une phrase dansée pour exprimer corporellement des personnages, des images, des sentiments et pour communiquer des émotions sur des supports sonores divers »).
Le Boléro de Ravel chorégraphié par Odile Duboc | 25
Entrer dans l’œuvre avec ses élèves
Musique et danse dans trois bolérosd’Odile DubocClaire Dolibeau et Marie-Thérèse CorbatProfesseurs agrégées d’éducation musicale et chant choral en lycée.
Voici ce qu’Odile Duboc disait de son œuvre trois boléros en décembre 2008 :
« Je créais mes spectacles précédents dans le silence et, lorsque la chorégraphie
était trouvée, j’ajoutais la musique. Pour ce spectacle, j’ai eu envie de renouer
avec la musique. J’ai choisi instinctivement le Boléro de Ravel car tout le monde
connaît cette musique. Je trouve que la rythmique du morceau de Ravel est très
intéressante. La musique est très répétitive et permet de proposer trois couleurs
différentes. Dans le premier boléro, dix danseurs évoluent dans une ambiance
jubilatoire. Le deuxième est interprété par deux danseurs. La chorégraphie est
plus fusionnelle. Enfin, dans le troisième boléro, on retrouve 21 danseurs dans
un jeu de glissement. » 31
La structure chorégraphique et musicale de l’œuvre peut être abordée en
explorant les partis pris corporels pour chaque boléro, ainsi que les procédés de
composition et l’écriture de l’espace et du temps.
Premier avantOdile Duboc parle d’avant pour désigner les passages qui introduisent chaque
boléro. Nous avons gardé cette appellation peu conventionnelle pour les musiciens.
Début Brouhaha de voix, forte.
Mouvements de l’ensemble des danseurs sur la scène, qui créent ainsi de
micro-univers juxtaposés.
Une danseuse installe progressivement les patrons en un morceau des
costumes de Dominique Fabrègue qui vont ensuite délimiter un espace
scénique rectangulaire.
La lumière évolue, passant d’un état « doux » à un état plus soutenu
qui donne des couleurs pastel (jaune pâle, rose, vert clair...) au blanc des
vêtements. Les ombres portées des danseurs donnent une profondeur
aux mouvements.
31. Dossier de diffusion du spectacle consultable au Centre national de la danse / archives Odile Duboc.
26 | Arts au singulier | danse | musique
02’42 Silence soudain.
Des danseurs quittent l’espace scénique, d’autres s’installent pour
former les couples du premier boléro. La lumière change totalement
pour devenir plus blanche.
premier boléro (version de Pierre Monteux et du London Sym-phony Orchestra)
Structure musicale
Nuances Orchestration Localisation et commentaire
Intro pp 3’04
Début du Boléro de Ravel. Sur l’osti-nato initial se termine la mise en place des 5 couples, dans l’espace délimité par les patrons. Ils se déplacent en marchant simplement, selon des tempi différents en fonction de la distance à parcourir pour atteindre leur place, et indépendamment de la pulsation de la musique.
Thème A ppflûtetraversière
3’15
Grâce à l’écoute musicale, les danseurs semblent ralentir leur pas pour faire concorder le premier temps chorégra-phique avec le premier temps du thème de Ravel. Les couples se placent, filles face public, garçons profil public. Les garçons commencent la phrase chorégra-phique au moment où la flûte apparaît, dans la continuité du geste d’installation des danseurs. À 3’57, sur l’ostinato, les filles commencent à leur tour la phrase chorégraphique, en même temps que les garçons. On peut parler d’unisson choré-graphique. Odile Duboc dit « qu’il est important au début que les garçons soient avec les garçons et que les filles soient avec les filles ». Dans la version filmée du DVD, les rôles sont inversés pour l’un des couples.
Th A p clarinette 4’04
Th B p basson 4’53 Les danseurs fonctionnent en groupes 2 + 3 couples, comme une polyphonie choré-graphique.
Th B ppetiteclarinette mib
5’42
Focus : musique et geste dansé du début jusqu’à 4’53
Pour prendre conscience de la phrase chorégraphique – un enchaînement de
mots / gestes –, de la carrure de cette phrase chorégraphique par rapport à la
carrure musicale.
Analyse musicale :
1re phrase du thème, en deux sections de 8 mesures (soient 24 temps), jouée
d’abord par la flûte traversière puis par la clarinette (de nouveau deux fois 8
mesures, soient 24 temps) après un ostinato de 2 mesures (soient 6 temps).
Le basson (à 4’53) commencera la seconde phrase du thème qui obéit à la même
structure.
Dans chaque couple, l’un est face au public et l’autre, qui initiera le mouvement,
est de profil. La phrase chorégraphique consiste à un pas glissé du pied droit
suivi d’un appui sur ce pied tandis que la jambe gauche fléchit, puis d’un retour
à la position initiale. Le bas du corps et la tête sont dans le sens du mouvement,
tandis que le torse se place face au partenaire, dos au public. Cette phrase sera
présentée 8 fois mais avec une durée, une longueur, un nombre de temps diffé-
rents.
62 | Arts au singulier | danse | musique
A
« On chante le corps »
Dans cet exercice, la « musicalité » du corps qui danse est nommée, les temps
de suspension deviennent plus évidents. Si besoin, il permet également de faire
comprendre aux élèves qu’un corps n’est pas nécessairement mis en mouvement
par de la musique, puisque dans ce cas elle est d’abord générée par le corps
dansant 56.
Deux actions quasi simultanées sont en jeu : un soliste dansant et un chœur
chantant. Pour le bien fondé de l’exercice, penser à évaluer (et développer si
besoin) les compétences nécessaires pour ces deux actions.
Un élève va proposer « sa danse » avec le paradoxe suivant : il danse sans « se
mettre en avant », sans faire son show devant ses camarades. En effet le groupe
chœur, assis, n’est pas en situation de spectateur, il participe à la danse par
empathie vocale. Pour aider le chœur, l’enseignant, comme il a déjà évoqué les
paramètres du mouvement, va évoquer ici les paramètres du son :
- La durée : la longueur du son (de court à long).
- La pulsation : découpage régulier du temps. Le tempo : vitesse de la pulsation,
qui est donnée par le métronome.
- La hauteur : aigu, medium ou grave.
- L’intensité, la nuance : le volume sonore de très doux à très fort (de pianissimo
à fortissimo).
- Le timbre (paramètre qui nous permet de reconnaître un instrument) : c’est la
couleur du son d’un instrument ou de la voix (de basse à soprano).
Lors d’une séance préparatoire, on peut aussi faire écouter aux élèves diverses
musiques vocales dans lesquelles le sens des mots est oublié au profit de la
musique de la langue : le scat (forme d’improvisation vocale où des onomato-
pées sont utilisées plutôt que des paroles), les glossolalies (mots inventés dans
un langage imaginaire ou mots existants déformés)… Et emprunter également
quelques éléments techniques de la « human beat box » : percuter les lèvres
pour faire la grosse caisse / fermer la bouche en utilisant seulement les cordes
vocales / aspirer dans le creux de la main / etc.
En filigrane de ce cheminement à travers les fondamentaux d’Odile Duboc,
gardons à l’esprit cette pensée de Marcelle Bonjour : « Je retrouve le même
56. Voir aussi une autre interprétation de « On chante le corps » dans le DVD Rien ne laisse présager de l’état de l’eau (CRDP de Franche-Comté / Contre Jour - CCN de Franche-Comté, Belfort, 2006) : captations du spectacle et de la « parole dansée » d’Odile Duboc, présentation originale de l’œuvre, des intentions de la chorégraphe et des apports des danseurs. http://crdp.ac-besancon.fr/catalogue
Le Boléro de Ravel chorégraphié par Odile Duboc | 63
chant intérieur... Le phrasé d’Odile Duboc, sa portée musicale est un ” arc mélo-
dique entre deux suspensions ”, qui inscrit les micro suspensions dans l’apnée
aspiratoire, et libère des mini vertiges et micro lâcher, dans l’expiration. C’est
la signature, la petite chanson qui investit ou retient des espaces dans le corps
et à l’extérieur, génère des rythmes et des dynamiques, crée ou évite des rela-
tions. C’est la musicalité de ses créations et le rituel organique et poétique de
sa transmission. »
Et en points de suspension de ce cheminement, nous proposons un critère d’éva-
luation de leur intégration par les élèves : observer la détente de leur visage et la
justesse des équilibres de leur corps. Si une impression de plénitude transparaît,
alors on pourra penser qu’être soi-même, au sein d’un groupe en accord, est un
bel enjeu éducatif.