sir walter scott - vie de napoleon buonaparte (7.1) a

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  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

    1/354

    VIE

    DK

    NAPOLON BUONAPARTE,

    EMPEREUR DES FRANAIS;

    PRCDER

    D'UN TABLEAU PRLIMINAIRE

    DE LA RVOLUTION FRANCAISE;

    PAR

    SIR WALTER SCOTT.

    TOME SEPTIME.

    PARIS

    TREUTTEL ET WRTZ, RUE DE BOURBON, N" 17.

    CHARLES GOSSELIN, RUE Sr-GERMAIN-DES-PRS, ? 9.

    STRASBOURG

    TREUTTEL ET WORTZ, RUE DES SERRURIERS.

    1827.

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    VIE

    NAPOLONBUONAPARTE.

    TOME VII.

    DE

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    Sed non in C~M

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    AVIS DES DITEURS.'

    LESditeurs de la Fie de Napolon Buonaparte

    par sir Walter Scott avaient promis de publier, avecles trois derniers volumes de cet ouvrage, un Errata

    des fautes qui devaient invitablement chapper l'auteur dans un travail de si longue haleine. La

    rigueur (quelquefois excessive) avec laquelle les cri-

    tiques ont accueilli cette production importantenous impose l'obligation de vrifier avec plus de soinencore les erreurs reproches avec tant d'amertume l'historien cossais. Nous avons donc prfr re-tarder la publication de l'Errata plutt que celle de

    l'ouvrage mme. L'Errata sera livr gratis aux

    souscripteurs ds qu'il sera complet nous osons r-clamer de nouveau l'attention des critiques sur lesderniers volumes de l'histoire de Napolon qui noussemblent offrir plusieurs faits nouveaux. Quant auxerreurs qu'ils peuvent contenir encore, nous ne nous

    chargeons nullement de les dfendre mais on nous

    permettra de leur appliquer ce que disait Voltairedes histoires

    contemporaines Si vous avez crit une histoire de votre temps

    ~u relieur: Le prsent fenillet sera ptac en face dn faux-titre do

    tome VII de la ~te de Napolon Buonaparte.

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    AVIS DES EDITEURS.

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    I'

    VIEDEE

    NAPOLON BUONAPARTE.

    CHAPITRE PREMIER.

    Changement qui eut lieu dans la vie domestique de Napolon

    aprs la paix de Vienne. Causes qui l'amenrent.

    Son dsir d'avoir un hritier. IIjette les yeux sur un fils

    de son frre Louis mais l'enfant meurt en bas ge. Ca-

    ractre et influence de Josphine. Attachement mutuel

    de Josphine et de Napolon.Fouch fait Josphinel'ouverture d'un plan de divorce. Chagrin extrme

    qu'elle en prouve. Son sort lui est annonc le 5 d-

    cembre par Napolon. Leur sparation formelle a lieu lei5 devant le Conseil Imprial, Josphine conservant te'etitre d'Impratrice pendant sa vie. Les pousailles; de

    Buonaparte et de Marie-Louise d'Autriche sont clbres

    Vienne, le i mars iSio.Comparaison et contraste entre

    Josphine et celle qui la remplace. Les rsultats de cette

    union diffrent de ceux qu'on en attendait.Hssontprvus

    par l'empereur Alexandre.

    iL n'est peut-tre aucune partie de la vie sivarie de l'homme tonnant dont nous crivons

    l'histoire, qui offre plus d'intrt que l'poqueVin Dtt NAP.BuON. Tome 7.

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    2 VIE DE NAPOLON BUONArARTE.

    du changement qui eut lieu dans son existence

    domestique peu de temps aprs la paix deVienne. Les principales causes de ce chan-

    gement furent ces motifs qui jettent de profon-des racines dans le cur de l'homme en gn-ral maisil en existait d'autres qui pr ovenaientde la situation particulire de Napolon. Ledsir de laisser une postrit, d'tre reprsentslong-temps aprs que notre carrire terrestreest termine par ceux qui tiennent de nous la

    vie et le rang qu'ils occupent dans la socitest un sentiment caractristique de l'espcehumaine. Dans tous les sicles, dans tous les

    pays, les enfans ont t compts au nombredes faveurs du ciel; n'en pas avoir a t re-

    gard, sinon comme une maldiction, du moinscomme un malheur. Ce dsir de conserver avec

    ce 'monde des liens qui nous survivent par lemoyen, de nos descendans, s'augmente encore

    quand nous devons leur transmettre une for-

    tune ou un rang; et, quelle que soit la vanitde cette ide, il en est peu auxquelles les hom-mes s'attachent avec une passion plus sincre

    que l'esprance de laisser aux enfans de leurs

    enfans les biens qu'ils ont reus de leurs presou qu'ils doivent a leur propre industrie. Cesentiment est inspir par la tendresse aussi-bien que parTamour-propre car l'attachement

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    CHAPITRE I. 3

    que nous avons pour nos enfans, que nous

    voyons et que nous aimons, se reporte natu-rellement sur leurs descendans, que nous neverrons

    peut-tre jamais.L'amour de notre

    postrif-loigne est en quelque sorte l'idalde l'aHection naturelle.

    Il tait impossible que le fondateur d'un vaste

    empire, tel que celui de Napolon, ft insen-sible un sentiment qui est grav si profond-ment dans nos curs, qu'il fait prouver son in-

    fluence au plus petit propritaire d'une maisonet de quelques acres de terre. Cesentiment estd'autant plus vif qu'il s'agit d'un hritage plusconsidrable or, il n'exista jamais sur la.terre,et l'on doit vivement esprer que la Provi-dence ne permettra pas qu'il existe jamais dansle monde un pouvoir aussi tendu et aussi for-

    midable que celui de Napolon d'ailleurs,quelque immense qu'il fut, il tait l'oeuvre deson propre gnie, et, par consquent, Napo-lon devait songer avec d'autant plus de douleur

    qu'un difice, ciment par tant de sang et de

    travaux s'croulerait' la mort de celui qui'l'avait lev ou que les rnes de. l'empire,

    aprs cet vnement, seraient saisies parquelque main trangre sa race .

    The ?Me

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    VIE DE NAPOI~ON BUONAPARTE.4"~yb~O/!q/M~KCCe

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    CHAPITRE1 5

    seur, en usant des pouvoirs illimits dont l'avait

    investi la constitution impnale. Elle chercha

    naturellement .fixer les ides de Napolon sur

    Eugne Beahrnais, fils issu de son premiermariage, et, par consquent, beau-fils de l'Em-

    pereur; mais ce choix ne put obtenir l'appro-

    bation de Buonaparte. Un 'fils' de son frre

    Louis et d'Hortense Beauharnais, parut, pen-

    dant sa courte existence, plus probablement

    destin recueillir cet immense hritage. Na-

    polon semblait attach cet enfant; et, un

    jour en le voyant se livrer sa vivacit emao-

    tine,s'amuser du son du tambour et prendre

    plaisir regarder des armes ebl'image dela

    guerre, il s'cria, ;dit-on Voila un enfant fait

    pour me succder, et peut-tre pou~ me sur-

    passer. ))

    Le choix d'un hritier qui lui tenait de si prs

    elle-mme, aurait assur l'influence de Jos-

    phine autant quelle pouvait l'esprer, puis-

    qu'elle taitprive d'en donner un de son propre

    sang son, poux mais elle nejouit pas long-

    temps de cette perspective. Le fils de Louiset

    d'Hortense mourut victime d'une maladie de

    l'enfance;. et' ainsi fut bris ce frle arbrisseau,

    qui, s'il avait atteint sa croissance, aurait pu

    tre regard comme le soutien futur d'unem-

    pire. Napolon nf clater le plus profond cha-

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    VIE DE NAPOLON BtJON APARTE.6

    grin;. mais Josphine se dsola en femme quin'avait plus d'esprance.

    Cependant, l'exception du malheur qu'elle

    avait de ne pas avoir donn d'enfant sonpoux, Josphine avait sur son affection au-tant de droits qu'une femme -en peut avoir.Elle avait partag sa fortune plus humble, et,par sa conduite adroite pendant son expdi-tion en gypte elle avait prpar les succsbrillans qu'il avait obtenus son retour; elle

    avait aussi beaucoup contribu -rendre songouvernement populaire, en temprant lesaccs soudains. de colre auxquels son humeurnaturelle le portait s'abandonner. Personne

    nepouvait comprendre, comme Josphine, tousles secrets de ce caractre personne n'osait,comme elle s'exposer son mcontentement,

    plutt que de ne pas lui donner un avis qu'ellecroyait utile personne ne pouvait avoir plusd'occasions pour pier le moment favorabled'une intercession;,et il est universellement re-connu que personne ne pouvait mettre plus deprudence et de bienveillance profiter de l'oc-casion. Buonaparte, violent par temprament,soldat par ducation, et dou par la fortune dupouvoir le plus despotique, avait besoin plusqu'aucun prince de l'innuenc d'un esprittel que celui de Josphine, qui pouvait inter-

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    CHAFrrAK 1. 7

    venir sans importunit~ et faire une remontrance

    sansonenser.

    Pour cette influence sur son mari, Josphinefit les

    plus grands sacrifices personnels,et

    elleles fit non seulement sans regret, mais avec em-

    pressement. Dans tous les voyages rapides qu'il

    faisait, elle tait sa compagne. L'tat des routes

    et celui du temps ne mettaient jamais obstacle

    son dpart; quelque subit qu'il ft ,1'imp-ratrice tait toujours prte; quelle que pt tre

    l'heure, sa voiture tait attele en un instant:L'influence qu'elle conservait par le sacrifice

    de ses gots personnels, elle l'employait pourservir les vritables intrts de son poux,

    pour soulager ceux qui taient dans l'amiction,et pour dtourner les suites des rsolutions

    prcipites, prises par Napolon dans un mo-

    ment d'emportement ou d'humeur.Indpendamment de ses grands talens et de

    son caractre vritablement bienfaisant, Jos-

    phine s'tait attach le cur de son mari pard'autres nuds. Si la passion mutuelle qui avaitexist entre eux pendant tant d'annes s'tait

    .ralentie il semble qu'elle avait laiss aprs

    elle des souvenirs d'affection et d'estime rci-

    proques..La grce et la dignit que dployait

    Josphine dans les ftes d'apparat de la cour

    taient faites pour satisfaire l'orgueil de Napo-

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.8

    lon~ qui aurait pu tre bless s'il l'avait vu

    jouer le rle d'impratrice avec moins d'aisance

    et-d'adresse car, habitue de bonn heure la

    socit de personnes ayant de l'influence dansle monde politique, son caractre et ses ma~mres la'mettaient en tat de se conduire avec

    une ~dextrit singulire dans la cour splendideet active dont'elle tait un .personnage si im-

    portant. En&i, iljest.certain-que puonaparte

    qui, commeun grand.npmbre'de ceux qui af-

    chent le mpris de'la superstition, y cdait unpeu au :fbnd.de son; cur,croyait que sa ibrtune.tait unie manire indissoluble celle de

    Josphine l'aimant cotnmeelle mritait d'tre

    aime, il'regardait~son union avec elle comme

    d'autant plus. intime;,qu'il lui semblait y voir

    attach le talisman, de sa propre destine' qui

    avait toujours paru prendre plus d'ascenda.ntsous rinnuene efficace de la prsence de Jo-

    sphine.

    Malgr tous ces. nudsmutuels il tait pro-bable et mme vident, pour les politiques des

    Tuileries, que, quelque attachement et quelquevnration que Napolon pt montrer et

    prouver pour l'impratrice, il cderait lalongue au dsir d'avoir des hritiers en ligne

    directe,.auxquels il pt lguer son'splendide

    hritage. A mesure~que l'ge avanait, chaque

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    CHAPITRE I. '9

    anne affaiblissait, quoique par des _degrsim-

    perceptibles, l'influence de l'impratrice, et

    devait rendre plus ardent le dsir de son poux

    de former une nouvelle alliance, tandis qu'iltait encore a une poque de la vie o il pou-vait esprer de diriger jusqu' l'ge mur cet

    hritier tant souhaite

    F ouch .ministre de la police le plus auda-

    cieux intrigant politique de son temps,dcou'-vrit promptement le point auquel'l'Empereur

    devait d~dvementarriver~ilsemble.q~'iilprojeta d'assurer la continuation de~on pouvoir

    et de son crdit, en prenant l'initiative dans une

    question sur laquelle Napoldn pouvait avoir

    quelques scrupules de rompre la glacelui-mme.

    Ayant sond ayec adresse les.dispositionsde son

    matre, Fouh reconnut que l'Empereur hsi-

    tait encore, parce, que d'une part, taient les

    avantages politiques supposs qui rsulteraient

    d~minouveau mariage, et, de l'autre, son aSe.c-

    tion pour Josphine, les habitudes sociales

    qui l'attachaient particulirement a elle, ~t

    l'espce de superstition dont nous avons dj

    parl. Ayant ainsi form ses conjectures sur,les

    dispositions secrtes de l'Empereur, le rusconseiller rsolut de faire en sorte que Jos-

    phine suggrt elle-m.me aBuonaparte la me-

    sure 'de son propre divorce et d'un second

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    10 VIE DE NAPOI~ON BUNAPARTE.

    mariage, comme un ~acrmce ncessaire pourconsolider l'empire et complter le bonheur del'Empereur.

    Un~matin, Fontainebleau, comme l'im-pratrice revenait de la messe, Fouch la re-

    tint dans l'embrasure d'une croise dans lagalerie, et, avec une audace presque inconce-vable, il lui expliqua, en usant de tous les

    mnagemens que son esprit put lui suggrer,la ncessit' d'un sacrifice qu'il lui reprsenta

    commeaussi sublime qu'invitable. Les yeuxde Josphine se remplirent de larmes; elle

    changea plusieurs fois de couleur seslvres segonflrent; et le moins qu'eut craindre leconseiller fut que son avis ne caust une vio-lente attaque d nerfs. Elle matrisa pourtantassez son motion pour demander Fouch

    s'il avait reu ordre de lui tenir un pareillangage. Il rpondit ngativement, et ajoutaqu'il ne s'tait hasard lui parler ainsi queparce qu'il avait prvu avec certitude ce quidevait infailliblement arriver, et qu'il dsirait

    l'engager fixer son attention sur ce qui tou-chait de si prs sa gloire et son bonheur.

    En consquence de cet entretien, une scneintressante etpassionne eut lieu, dit-on, entre

    l'Empereur etson pouse. Buonaparte dsavoua

    naturellement, et avec vrit, tout ce qu'avait

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    CHAPITRE I. 11

    dit Fouch, et fit sage de tous les moyens qui

    taient en son pouvoir pour dissiper ls appr-

    hensions de Josphine mais il refusa d chasser

    Fouch, quandelle lui demanda son renvoi

    comme la punition due l'audac de ce minis-

    tre, qui avait os se jouer de sa sensibilit; et

    ce refus seul aurait d la c.onvaincre que quoi-

    que l'habitude d'une ancienne aNection pt

    encore maintenir quelque temps son influnce

    dans la chambre nuptiale, elle cderait a la fin

    aux suggestions de la politique, qui ne pou-vaient manquer de l'emporter dans le cabi-

    net. Dans le fait, quand cette ide eut t une

    fois mise sur le tapis, la plus forte objection

    s'vanouit; et Buonaparte se trouvant dlivr

    de l'embarras de faire directement Josphineune proposition qui'mettait en doute sa ten-

    dresse et sa gratitude, il n'eut plus besoin quede lui laisser le temps de se familiariser avec

    l'ide d'un divorce, tel que celui que la poli-

    tique rendait invitable.

    La communication de F ou ch~Dfaite avant

    le commencement des oprations'de Napolon

    enEspagne; et, l'poquedel'entrevued'Erfurt,

    le divorce semblait tre une affaire dtermine,

    puisqu'on y reparla d'un mariage entre Buo-

    naparte et une des 'grandes-duchesses, mariage

    dont la possibilit avait t prvue ds le trait

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    12 VIE DE NAFOmON BUQNAPARTE.

    deTilsit: il enfutmme question srieusement;et ce projet, si la famille impriale de Russie

    .ne l'accueillit pas avec empressement, elle futloin de le

    rejeter dfinitivement. L'impra-trice rgnante et l'impratrice-mre y taient

    pourtant galement opposes. Le motif osten-sible tait, comme nous l'avons dit ailleurs,. la

    diffrence de religion; mais ces princesses d'un

    esprit lev, repoussaient cette alliance princi-

    .plement a cause,du caractre personnel de ce-

    lui qui la sollicitait. Quoiqu'on ait d y mettrele plusgrand secretpossible; il semble probableque. Fide de substituer une archiduchesse

    d'Autriche celle dontla. main tait refuse a

    Buonaparte, fut mise en avant pendant les n-

    gociations de Schnbrunn, et .qu'elle produisit

    quelque effet en faisant obtenir. des conditions

    plus favorables la partie la plus faible. Napo-lon dit lui-mme qu'il renona a son~prjetde

    -dmembrer l'Autriche quand son mariage fut

    dcid; mais les conditions ;d,e;'paixfurent si-

    gnes le l4 octobre, et par consquent le motif

    qui dtermina Napolon les accorder doit

    avoir exist antrieurement cette ppque.

    Cependant on a assur positivement le con-traire. On prtend que l'ide de ce mariage fut

    suggre par le gouvernement autrichien une

    poque p0$trieure, en apprenant qu'il s'tait

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    CHAPITRE I. i3

    prsente des difficults dans'ies ngociations de

    Napolon pour s'allier la fa~nilled'Alexandre.

    Fouch attribue le tout l'adresse de son pro-

    pre agent,

    le comte de Narbonne, franais de

    l'ancienne cole, homme spirituel, souple, ai-

    mable, ayant des manires agrables et insi-

    nuantes, et qui tait ambassadeur Vienne en

    janvier 1810.

    Mais soit qu'on et dj dtermin, ou non,'

    par qui serait remplace Josphine, auprs de

    l'homme l'lvation duquel

    elle avait contri-

    bu, et qu'elle aimait d'un attachement si v-

    ritable, les ngociations qui devaient aboutir

    au divorce, furent ouvertement reprises peu de

    temps aprs que l'Empereur fut de retour de.la

    campagne de Wagram. Le 3 dcembre, Buona-

    parte assista au service solennel o l'on chanta

    le Te Deum en action de grces de ses victoires.Il tait vtu avec une magnificence extraordi-

    naire., portait le costume espagnol, et avait sur

    son chapeau un norme panache. Les rois de

    Saxe et de Wurtemberg, qui taient comme

    ses satellites en cette occasion, taient placs a

    ses cts en, grand costume, et ils restrent la

    tte dcouverte pendant la crmonie.En sortant de la cathdrale, Napolon alla

    ouvrir la session du Corps Lgislatif. Dans son

    discours il vanta les victoires qu'il:.avait rem-

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.i4

    portes et les trophes qu'il avait conquis, il se

    glorifia mme ravoir runi la Toscane rem-

    pire, comme si dpouiller sans rsistance la

    veuve et l'orphelin pouvait jamais tre unsujet lgitime de triomphe. Il ne pouvait trou-

    ver, dans l'tat o taient alors les affaires en

    Espagne, aucun sujet d'orgueil; mais quand

    Napolon ne pouvait tirer vanit du prsent,il tait libral de promesses pour annoncer un

    changement prompt et heureux, et il parlait en

    prophte quand il cessait d'tre le narrateur defaits agrables.

    Quand je me montrerai de l'autre ct des

    Pyrnes, dit-il, le lopard pouvant se prci-

    pitera dansl'Ocan pour viter sa honte, sa d-

    faite et sa ruine. Le triomphe de mesarmes sera

    celui du gnie du bien sur le gnie du mal, de

    la modration, de l'ordre et de la morale sur laguerre civile, l'anarchie, et toutes les passionsmalveillantes. C'est sous ces beaux dehors quel'ambition et l'injustice cherchent colorer

    leurs projets. Dans un discours potique, M. de

    Fontanes rpondit l'Empereur que tout ce quitenait lui devait s'lever sa grandeur, et quetout ce qui tait soumis a quelque autre in-fluence tait menac d'une chute prochaine. Il est donc ncessaire, continua-t-il, de se

    soumettre votre ascendant, puisque vos con-

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    CHAPITRE I. l5-

    avaient donc eu pour but de prparer d'immn-ses~magasins de provisions, et de s'assurer des

    moyens de les faire marcher avec l'arme. Son

    gnie aussi vaste qu'ardent s'tait occup de cet

    important objet plusieurs mois avant l'expdi-

    tion; et c'tait avec la plus grande sollicitude

    qu'il en faisait sentir la ncessit ses gnraux.

    Pour des masses telles que celles que nousallons faire mouvoir, nul pays ne peut fournir

    assez de grains, si l'on ne prend pas des pr-cautions ?, dit-il dans une partie de sa corres-

    pondance et il ajoute ailleurs Tous les cha-

    riots de provisions doivent tre chargs de fa-

    rine, de riz, de pain, de lgumes et d'eau-de-vie,

    indpendamment de ce qui est ncessaire pourle service des hpitaux. Le rsultat de mes

    mouvemens runira quatre cent mille hommes

    sur un seul point. Il n'y aura rien 'attendre du

    VtEHNAF.BuoN.Tomey. 16

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

    247/354

    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.2~a

    pays, et il faudra que nous tirions tout de nos

    propres ressources. ))Ces vues, dont la justesse tait incontestable,

    furent suivies de prparatifs qui, en eux--mmes, taient gigantesques. Les chariots etles fourgons, dont le nombre tait presque in-

    calculable, furent diviss en bataillons et enescadrons. Chaque bataillon de chariots lgerspouvait transporter six mille quintaux de fa-

    rine, et chaque escadron de voitures pesantes,

    prs de quatre mille huit cents, indpendam-ment du nombre immense de fourgons destinsau service du gnie et des hpitaux, et chargsde transporter les pontonset le matriel pour les

    siges.Cet aperu doit convaincre le lecteur que

    Napolon avait prvu ds l'origine les diffi-

    cults de l'approvisionnement de son arme, etqu'il avait employ toutes les ressources de son

    esprit pour russir les surmonter par des pr-paratifs faits temps. Mais toutes ses prcau-tions se trouvrent insuffisantes. On reconnut

    que c'tait une vaine tentative que de vou-loir introduire la discipline militaire parmi des

    conducteurs de voitures; et_lorsque des routesdtestables furent encombres de chevaux mortset de chariots briss, quand les soldats et leschefs d'attelage commencrent piller les con-

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

    248/354

    CHAPITRE VIII. s43

    vois qu'ils taient chargs d'escorter et de pro-

    tger, la confusion devint irrparable. Bien

    loin d'atteindre la Lithuanie, o leur arrive

    tait si ncessaire, peu de ces voitures pesantestouchrent les rives de la Yistule, et presqueaucune n'avana jusqu'au Nimen. Pendant les

    semaines et les mois qui suivirent le passage de

    l'arme, on vit arriver quelques voitures l-

    gres et quelques troupeaux de btail, mais

    comparativement en petitnombre, et dans l'tat

    le plus misrable. Les soldats furent donc obli-

    gs ds le commencement de la campagne, de

    recourir leur mode ordinaire d'approvision.

    nement en mettant le pays contribution.

    Tant qu'ils restrent en Pologne, fimmense fer-

    tilit du sol put sumre leur subsistance; mais

    il s'en fallut de beaucoup qu'ils trouvassent les

    mmes ressources dans la Lithuanie, d'o les

    Russes,avaient pralablement cherch enlever

    tout ce qui aurait pu servir aux Franais.

    Ainsi, ds la premire marche au-del du

    Nimen et de la Wilia, en traversant un pays

    qu'on regardait comme alli et avant d'avoir

    aperu l'ennemi, l'immense arme de Napolonfaisait elle-mme de grandes pertes, et occa-

    sionnait un dommage infini au pays sur lequelelle vivait franches rations, en dpit de toutes

    les mesurs qu'avait prises Buonaparte, et de

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

    249/354

    VIE DE NAPOLEON BUONArARTE~44

    tous ses efforts pour en assurer l'appr ovision-

    nement.

    Cette manire incertaine de pourvoir la

    subsistance des troupes, tait commune toute

    l'arme, quoique les circonstances en fussent

    particulirement dsastreuses pour certains

    corps. M. de Sgur nous informe que les

    Ici et ailleurs nous citons, comme un ouvrage mri-

    tant toute croyance, la relation de cette mmorable exp-

    dition par le comte Philippe de Sgur. L'auteur, ce que

    nous avons toujours entendu dire, est un homme d'hon-

    neur, et son ouvrage prouve que c'est un homme de talent.

    Plusieurs officiers de haute rputation, qui avaient eux-

    mmes servi dans cette campagne, nous ont dclar que

    quoiqu'il puisse, sans contredit, avoir commis quelques

    erreurs de dtail, et qu'en certains endroits l'auteur puisse

    avoir cd la tentation de broder une description, ou de

    produire del'effetparun dialogue, cependant sanarration,

    au total, est franche, impartiale et librale. La critique

    hostile du gnral Gourgaud accuse le comte de ~gur de,e

    n'avoir pas eu l'occasion de connatre les faits qu'il rap-

    porte, parce que sa charge ne l'appelait pas dans la ligne

    de bataille, o il aurait pu voir de ses propres yeux les

    vnemens militaires. Nous pensons, si on nous permet

    de le dire, que, comme historien, le comte de Sgur se.

    trouvait dans une positionplus

    favorable pour s'instruire

    des faits que s'il avait fait partie de l'arme active; nous

    parlons d'aprs une haute autorit en disant que, sous un

    rapport, une bataille ressemble un bal. Chacun se rap-

    pelle le lendemain avec quels partenaires il a dans et

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

    250/354

    CHAPITRE VIII. 245

    armes sous Eugne et Davoustmettaient de

    la rgularit dans le systme delever des con-.

    tributions et d'en faire la rpartitionentre leurs

    soldats,de sorte

    queleur

    systme

    de maraude

    pesait moins sur le pays, et leur tait plusavan-

    tageux eux-mmes. Mais, d'une autre part,

    les Westphaliens .et autres auxiliairesalle-

    mands, sous les ordres du roi Jrme, ayant

    pris des Franais des leons de pillage,et

    n'ayant pas, suivant Sgur, lesmanires l-

    gantes de'ceux qui leur avaient servi de mai-

    tres, pratiqurent la science qu'ils avaient

    apprise avec une rapacit grossire quifit rou-

    ce qui s'est pass entre eux mais nul autre qu'un specta

    teur ne peut tracer le tableau gnral de toute l'assemble.

    Or, le comte de Sgur tait ce spectateur, dans les occa-

    sions qu'il avait de recueillir des renseignemens surtous

    les vnemens de la campagne. Ses fonctionstaient de

    distribuer des billets de logement au quartier-gnral;il

    tait donc rare qu'un officier y arrivt ou en partt sans

    avoir quelque communication avec le comte de Sgur; et

    mditant dj alors son ouvrage, il ne serait pas l'homme

    de talent qu'il parait tre s'il n'avait obtenu de ceux qui

    entraient au quartier-gnral ou qui le quittaient toutes les

    informations qu'ils pouvaient donner. Comme il n'avait

    pas remplir des devoirs militaires pressans, rienne

    l'empchait de consigner par crit et de mettre en ordre

    les renseignemens qu'il recevait. Et quand le gnerai Gour-

    gaud fait valoir l'impossibilit que l'historien ait assist

    quelques uns des plus secrets conseils, il oubli'; que beau-

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.s46

    gir tesFranais de leurs lves imitateurs. Ainsi,les Lithuaniens, enrays~ dgots et alins

    par les injustices qu'ils souHraient, furent loin

    d'couter les promesses de Napolon, et devouloir faire cause commune avec lui contrela Russie, qui les avait gouverns avec bont,et en montrant beaucoup de respect pourleurs habitudes et leurs usages.

    Mais ce ne fut pas la- le seul mal. La perte

    directe que souffrit Tanne franaise fut trs

    considrable. Dans le cours des premires jour-

    nes au-del du. Nimen et de la Wilia, non

    moins de dix mille chevaux et un grand nom-

    bre de soldats restrent morts sur la route.

    Parmi les jeunes conscrits surtout, beaucoup

    coup de secrets semblables passent du cabinet dans les.

    cercles.mieux informs qui t'entourent, mme avant quele sceau du secret soit lev; mais surtout, comme dans le

    cas dont il s'agit, quand un changement total de circon-

    stances fait que ce secret cesse d'tre ncessaire. Il ne nous

    reste ajouter que, quoique l'Idoltrie du comte de Sgur

    pour l'Empereur ne soit pas suffisant pour satisfaire son

    cririque, doit, aux yeux de tout autre, passer pour un'

    admirateur de Napolon et que ceux qui ont connu l'ar-

    me franaise ne trouveront pas de motif pour le soup-onner d'tre un faux frre.

    Nous pouvons ajouter :') cettenote de sir Walter Scott, quela belle histoire. de M. de Sgur n'a pas eu moins de succs en

    Angleterre qu'en France. (dit.)

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    CHAPITRE VIII. 247

    moururent de faim et de fatigue. On en vit

    .quelques uns recourir au suicide plutt que de

    se livrer au cruel systme de pillage, qui pou-

    vait seul les faire subsister. D'autres prirent lemme parti dsespr, pousss par le remords

    d'avoir particip de telles cruauts. Des mil-

    liers de trameurs ne vivaient que de brigan-

    dage. Le duc de Trvise,. qui suivait la marche

    de la Grande-Arme, rendit compte Napo-lon que, depuis le Nimen jusqu' la Wilia,

    il n'avait vu que des habitations ruines et

    abandonnes des chariots renverss, ouverts

    et pills, des cadavres d'hommes, et de che-

    vaux en un mot, tout le spectacle horrible

    qui se prsente aux yeux sur la route d'une

    arme vaincue.

    Ceux qui dsiraient flatter Buonaparte, attr-i-

    burent cette porte l'orage qui avait clat au

    moment de son entre en Lithuanie mais une

    pluie d't, quelle qu'en soit la violence, ne

    fait pas prir les chevaux d'une arme par cen-'

    taines et par milliers. Ce qui les dtruit et ce

    qui met ceux qui survivent presque hors de

    servicepour

    lacampagne,

    et hors d'tat de

    supporter les rigueurs de l'hiver, c'est un tra-

    vail pnible, ~les marches forces, le manquede grains ou de fourrages secs et la ncessit

    de les nourrir de la moisson encore verte des

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    VIE DE NAPOUON BUONAPARTE.248

    champs. C'tait alors la saison o un gnralqui veut maintenir son arme en tat de ser-

    vice, doit viter les entreprises qui exigent de

    sa cavalerie un travail pnible et des marchesforces. De mme les orages et les pluies d'tne sont pas plus funestes aux soldats d'infanterie

    qu'aux autres hommes qui y sont exposs;mais des marches forces sur de mauvaises

    routes, dans un pays qui ri'offre aucun abri, et

    sans provisions, doivent, dtruire l'Infanterie,

    puisque chaque soldat qui, soit par fatigue,soit parce qu'il a t forc de s'carter trop loin

    pour chercher sa nourriture, est laiss en ar-

    rire, reste expos sans abri aux effets du cli-

    mat et s'il ne peut suivre son corps et le re-

    joindre, il n'ad'autre ressource que de s'tendre

    par terre et de mourir.

    Les mesures prises pour le dpartement deshpitaux furent aussi prcaires que celles de

    l'approvisionnement de Harme. Les hpitauxde Wilna ne pouvaient contenir que six mille

    malades, proportion trop faible pour une ar-

    me de quatre cent mille hommes, quandmme elle aurait tabli ses quartiers dans une

    contre saine et paisible o l'on peut compter,

    d'aprs un calcul trs modr, qu'il y aura un

    malade sur cinquante hommes, mais complte-ment insuffisante pour le nombre de ceux qui

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAFITRE VIII. ~49

    avaient besoin de secours, tant cause des ma-

    ladies occasionnes par une mauvaise nour-

    riture et l'insalubrit de l'air, que par suite

    des vnemens de laguerre. Quoiqu'on

    n'et

    pas livr de bataille, et qu' peine il y et

    eu une escarmouche vingt-cinq mille ma-

    lades encombraient les hpitaux de Wilnaet les villages taient remplis de soldats qui

    mouraient faute de recevoir les secours de

    l'art. On doit excepter de cette censure g-

    nrale le roi de Westphalie son arme taitbien pourvue d'hpitaux, et elle perdit moins

    de monde que les autres. Ce service imparfait

    des hpitaux tait un dfaut radical dans le

    plan de cette expdition, et l'influence fatale

    s'en nt sentir depuis le commencement jusqu'.

    la fin.

    Tantt Napolonmurmurait contre ces perteset ces calamits, tantt il cherchait y rem-

    dier par des menaces contre les maraudeurs, et

    quelquefois il cherchait s'endurcir- contre

    l'ide de la dtresse de son arme, en l'envisa-

    geant comme un mal qu'il fallait endurer jusqu'

    ce que la victoire y mt fin. Mais les menaces

    contre les maraudeurs ne pouvaient raison-nablement tre mises excution contre des

    hommes qui n'avaient que la maraude pour

    tout moyen de subsistance, et il tait impos-

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.a5o

    sible de remporter une victoire sur un ennemi

    qui ne voulait pas risquer une bataille.

    Naturellement, le lecteur peut ici demander

    pourquoi Buonaparte, quand il vit que les ap-provisionnemens qu'il avait regards commeessentiels pour maintenir son arme n'avaient

    pas atteint la Vistule, marcha en avant, au lieude suspendre sonentreprise, jusqu' ce qu'il etruni tous les,moyens qu'il avait jugs nces-saires pour en assurer le succs. Il aurait perdu

    du temps, mais il aurait pargn des hommes etdes chevaux, et vit de rpandre la dsolationdans unpays qu'il dsirait se concilier. La vritest que Napolon avait laiss garer son juge-ment sain et son sang-froid en n'coutant queson vif dsir de terminer la guerre par une seule

    bataille, suivie d'une victoire brillante. L'espoir

    de surprendre l'empereur Alexandre Wilna,de dfaire sa grande-arme, ou du moins de cou-

    per quelques uns des corps qui la, composaient,avait trop d'analogie avec plusieurs de ses an-ciens exploits, pour ne pas avoir quelque chosede sduisant pour lui. D'aprs ce dessein, etdans cette attente, il fallait faire des marches

    forces depuis la Vistule jusqu' la Dwina et auDniper. Les voitures, les chariots, lesbestiaux,furent laisss derrire les diSicults de l'entre-

    prise furent oublies, on ne songea plus qu'

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAPITREVIII. s5i

    l'esprance de trouver l'ennemi hors de gardeet de rexterminer d'un seul coup. Nous avons

    relev les consquences fatales de ces marches

    forces; mais ce qui peut .paratre plus trange,c'est que Napolon, qui n'avait eu recours

    cette prcipitation tmraire que pour sur-

    prendre son ennemi, y perdit plus de temps

    qu'il n'en gagna, quoiqu'il eut fait de tels sacri-

    fices pour se procurer cet avantage. C'est ce

    qu'expliquera la suite de ce rcit.

    L'arme, dont les quartiers avaient t ta-blis sur la Vistule, en partit vers-le l" juin', et

    s'avana, sur diffrentes colonnes t a marches

    forces, vers les bords du Nimen, o elle ar-

    riva sur diSrens points, mais principalement

    prs de Kowno, le 28 du mme mois, et elle

    commena le 2~ le passage de ce fleuve. De la

    Vistule au Nimen, on compte environ deuxcent cinquante verstes, qui font deux cent

    trente-cinq a deux cent quarante milles d'Angle-terre. De Kowno, sur les bords du Nimen,

    jusqu' Witepsk sur la Dwina, la distance est

    peu prs la mme. Tout cet espace peut tre

    travers, par une arme marchant avec ses ba-

    gages,. dans le cours de quarante journes,

    raison de douze milles par jour. Cependant,

    malgr les marches forces, il fallut, pour fran-

    chir cette distance, quatre jours de plus que

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    Vm DE NAPOLON BUONAFARTE.s5a

    n'en aurait employ une arme marchant au

    pas ordinaire et sans se fatiguer, et conduisant

    avec ses colonnes tous ses approvisionnemens.

    La cause de ce retard s'explique, et parla grandemasse de troupes auxquelles il fallait fournir

    des vivres d'aprs les principes d'un systme de

    maraude, et par la situation du pays qui tait

    malheureusement destin les fournir peut-tre aussi par les circonstances politiques qui

    retinrent Napolon pendant vingt jours bien

    prcieux Wilna. La premire raison est trop

    vidente pour avoir besoin de preuves; car

    une arme de vingt mille hommes ne fait com

    parativement qu'emeurer les ressources d'un

    pays, et peut le traverser la hte. Mais ces

    immenses colonnes, dont les besoins taient sans

    bornes,ne

    pouvaientni marcher

    rapidementni se procurer trs promptement ce qui leur

    tait indispensable. D'ailleurs, dans un pays

    comme la Lithuanie, la marchene pouvait tre

    rgulire, et il tait souvent ncessaire de la

    suspendre, ce qui faisait perdre en certains

    endroits le temps que de grands efforts avaient

    gagn en d'autres. Il tait ncessairede traver-

    ser avec la plus grande hte les dserts et les

    forts o nul sentier n'tait trac, car ils n'of-

    fraient rien aux maraudeurs, de qui dpendaitla subsistance de l'arme. Pour parer a cet in-

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    CHAPITRE VIII. 3 53

    convnient, il fallait faire halte pour un jouret mme davantage, dans les cantons les plus

    riches, et dans le voisinage des grandes villes,

    afin d'avoir le loisir etl'occasion de se

    procurerdes vivres aux frais du pays. Ainsi le temps

    gagn par des marches forces se perdait en d-

    lais invitables; et cette prcipitation, quoique

    suivie de consquences si tragiques pour le sol-

    dat, n'assurait pas l'avantage qui tait le but du

    gnral.

    En arrivant Wilna, Napolon eut la mor-tification d'apprendre que, quoique l'empereur

    Alexandre 'n'et quitt cette ville que deux

    jours aprs qu'il avait lui-mme pass le

    Nimen cependant les Russes avaient fait leur

    retraite avec la plus grande rgularit, et avaient

    pralablement dtruit un nombre de magasins

    et une quantit considrable d'appro vision-nemens, dont l'ennemi aurait pu profiter.

    Tandis que les gnraux de Napolon avaient

    ordre de marcher rapidement sur leurs traces

    l'Empereur resta lui-mme Wilna, pour di-

    riger quelques mesures politiques qui sem-

    blatent de la plus haute importance pour les

    vnemens de la campagne.L'abb de Pradt avait excut avec habilet

    la tche qui lui avait t confie d'animer les

    Polonais du grand-duch d~ Varsovie, en leur

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    VTE DE NAPOljON BUONAPA~TE.254

    faisant concevoir l'espoir du rtablissement g-nral de la libert polonaise. Ce brave maismalheureux pays, destin, pourrait-on croire,

    verser son sang pour toutes les causes,except la sienne, avait, dans la partie quiappartenait autrefois la Prusse et qui formaitalors le grand-duch de Varsovie, gagn bien

    peu de chose son indpendance nominale. Le

    duch, dont la population n'tait que d'environ

    cinq millions d'habitns entretenait pourtant,

    pour le service de la France plutt que pour lesien, une force arme de quatre-vingt-cinqmille hommes. Dix-huit rgimens furent incor-

    pors dans l'arme de l'Empereur, et pays parla France; mais,la formation et l'entretien desautres excdaient de beaucoup les revenus du

    duch, qui ne montaient qu' quarante millions

    de francs tandis que les dpenses s'levaient plus du double de cette somme. Le systmecontinental de Buonaparte avait aussi fait sup-porter au grand-duch sa part de dtresse. Lesrevenus de la Pologne dpendent de la ventedes grains que produit son sol fertile, et ces

    grains, pendant les annes prcdentes, avaient

    pourri dans lesmagasins. La misre des indigenstait extrme; l'opulence des classes riches s'-tait vanouie, et celles-ci ne pouvaient soula-

    ger les autres 1811 avait t une anne de di-

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    CHAPITR.t; VII. 266

    sette en ce pays comme ailleurs; et, au lieu que

    pendant les annes prcdentes, les Polonais

    avaient des grains qu'ils ne pouvaient trouver

    vendre, ils n'avaient, dans le moment ac-tuel, ni grains ni moyens d'en acheter. A tous

    ces dsavantages, il faut ajouter le pillage et la

    misre dont le duch 'avait t le thtre pen-dant la marche des forces nombreuses de Buo-

    naprt, de la Yistule au Nimen.

    Cependant le patriotisme des Polonais tait

    si ardent, que le nom seul d'indpendancesuffit pour l'enflammer, malgr tant de cir-

    constances qui tendaient l'amortir. Quanddonc on eut convoqu une dite du duch de

    Varsovie, o les nobles s'assemblrent suivant

    les anciennes formes, tous dsiraient se confor-

    mer aux souhaits de Napolon, mais une mal-

    heureuse insinuation de l'Empereur, relative-ment la longueur du discours par lequel la

    dite devait s'ouvrir, porta le digne comte

    Mathechewitz, dont le'devoir tait d'en pr-

    parer la proraison, l'tendre cinquante

    pages d'criture trs serre.

    Toute l'assemble s'tant rcrie contre la

    prolixit de cette mortelle harangue, l'ambas-sadeur de France, l'abb de Pradt, fut invit

    y substituer quelque chose plus conforme ala circonstance. En consquence, il composa

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.256

    un discours plus bref, plus dans le got de son

    pays, et, nous n'en doutons pas, plus chaud'

    et plus loquent que celui du comte' Mathe-

    chewitz. La dite l'accueillit avec des applau-dissemens d'enthousiasme. Cependant, quandil fut envoy Napolon, qui tait alors

    Wilna, l'Empereur le dsapprouva, comme

    tant trop videmment crit dans le style de

    composition franaise, et il dit, en termes fort

    clairs, que le langage d'un. ancien Polonais,

    exprimant ses sentimens nationaux avec lesfigures orientales de sa langue nationale, aurait

    mieux convenu.

    Cette,expression de mcontentement dessilla

    les yeux de l'abb de Pradt, comme il nous

    l'apprend lui-mme. Il prvit que l'infatuation

    et le manque de got que montrait l'Empereur

    en dsapprouvant sa harangue, annonaient unhomme conduit sa perte par le destin il fit

    dater de cette poque la chute du pouvoir de

    Napolon, et il fut tellement anim de l'espritde prophtie, qu'il ne put s'empcher de faire

    ses prdictions, mme devant les jeunes gensattachs son ambassade.

    Mais un prsage plus fatal que celui que l'au-teur seul pouvait tirer de la dsapprobation de

    son discours, se trouva dans sa rponse l'a-

    dresse de la dite du grand-duch.

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    CHAPITRE VIH. 35y

    La dite de Varsovie, allant, comme elle le

    supposait, au-devant des dsirs de Napolon,avait dclar le royaume tout entier libre et

    indpendant dans toutes ses parties, comme sinul trait de partage n'et jamais exist et

    nulle personne doue .d'un jugement sain ne

    rvoquera en doute le droit'qu'elle avait d'agirainsi. Elle forma une confdration gnrale,dclara le royaume de Pologne rtabli, somma

    tous les Polonais de quitter le service de Russie,

    et enfin envoya des dputations au grand-ducroi de Saxe, et Napolon, pour leur an-

    noncer son dsir d'acclrer la rgnration

    politique de la Pologne, et son espoir d'tre

    reconnue par toute la nation polonaise, comme

    le centre d'une union gnrale. Les expressionsadresses Buonaparte respiraient un ton d'ido-

    ltrie. La Pologne demandait la protection duhros qui dictait son histoire au sicle, et en

    qui rsidait la force dela Providence langageordinairement rserv pour la Divinit. Que

    le Grand Napolon, ajoutait-elle, prononce seu-

    lement son dcret pour que la Pologne existe,

    et elle existera sur-le-champ. Les habitans de

    la Pologne s'uniront l'instant pour se dvouer

    au service de celui pour qui l'espace n'est qu'un

    point, et les sicles ne sont qu'un moment. En.

    toute autre occasion, cette loquence exagre

    VtEDBN.tP.BuON.Tome~. 1~

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.258

    aurait pu jeter quelque doute sur la sincrit

    de ceux qui remployaient mais les Polonais,comme les Gascons, auxquels on les a com-

    pars, aiment les superlatifs, et se plaisent prendre un ton d'exaltation et d'enthousiasme

    qu'au surplus on les a vus, dans tous les sicles,soutenir par leur conduite sur le champ de

    bataille.La rponse de Buonaparte cette adresse

    ampoule fut pleine de froideur, de doute et

    d'indcision. Ce fut probablement alors qu'ilsentit tout le poids des engagemens qu'il avait

    pris antrieurement avec l'Autriche et qui

    l'empchaient de se rendre sur-le-champ aux

    dsirs de la dputation des Polonais. Il aimait

    la nation polonaise, rpondit-il; et s'il et t

    la place de la dite de Varsovie, il aurait agi

    comme elle l'avait fait.'Mais il avait bien desintrts concilier, bien des devoirs remplir.S'il avait rgn quand la Pologne fut injuste-ment victime de ces partages qui lui avaient

    ravi son indpendance, il aurait pris les armes

    pour elle et, dans l'tat actuel des choses,

    aprs avoir conquis Varsovie et les territoires

    environnans, il y avait sur-le-champ rtabli lalibert. Il applaudissait ce que les Polonais

    avaient fait; il autorisait leurs efforts futurs~il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour

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    CHAPITRE VIU. 25g

    seconder leur rsolution. Si leurs efforts taient

    unanimes, ils pouvaient forcer leurs oppres-seurs reconnatre leurs droits mais la rali-

    sation de cesesprances

    devait tre l'oeuvre

    de la population du pays. )) Ces vagues et

    froides ssurances de l'intrt gnral qu'il pre-nait la cause des Polonais, furent suivies de

    la dclaration expresse qu'il avait garanti

    l'empereur d'Autriche l'intgrit de ses do-

    maines, et qu'il ne pouvait accorder sa sanc-

    tion aucune manoeuvre, ni au moindre mou-vement qui tendrait le troubler dans la pos-session paisible de ce qui lui restait des pro-vinces polonaises. )) Quant celles qui avaient

    t annexes la Russie, il se contenta d'as-

    surer que, pourvu qu'elles fussent animes

    du mme esprit que montrait le grand-duch, la

    Providence couronnerait du succs leur bonnecause. ))

    Cette rponse, si diffrente de celle laquelleles Polonais s'taient attendus, remplit l dpu-tation de doute et de dcouragement. Au lieu

    de favoriser la runion totale de la Pologne,

    Napolon venait de dclarer qu' l'gard de la

    Gallicie, il ne pouvait ni ne voulait intervenir

    pour dtacher cette province de l'Autriche, et,

    quant aux provinces polonaises annexes la

    Russie il exhortait les Polonais tre una-

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.a6o

    mines, auquel cas, au lieu de les assurer deson assistance puissante, il se contentait de lesrecommander aux soins de cette Providence

    sur le trne de laquelle les expressions exaltesde leur adresse semblaient le placer lui-mme.Les Polonais commencrent donc douter desintentions de Napolon relativement au rta-blissement de leur indpendance, d'autant plusqu'ils remarqurent qu'il n'employait aucune

    troupe franaise ou polonaise -soit en Volhi-

    nie, soit en tout autre canton o leur prsenceaurait pu encourager les habitans, et qu'il n'yenvoyait que des Autrichiens, qui, cause de

    l'exemple, n'taient pas plus disposs exciterles provinces russes de Pologne se dclarer

    pour la cause de l'indpendance, qu'ils ne l'au-raient t aprcher la mme doctrine dans celles

    qui appartenaient l'Autriche.Par la suite, Napolon regretta bien des fois,

    et avec amertume, le sacrifice qu'il avait fait en

    cette occasion aux dsirs de l'Autriche, et ce

    regret tait d'autant mieux fond, qu'il sem-blait avoir commis une erreur gratuite. Il estvrai qu'en pressant l'Autriche de rendre la li-

    bert la Gallicie polonaise, c'tait courir lerisque de la jeter entre les bras de la Russie;mais il tait probable que ce danger aurait putre vit par la cession des provinces Illy-

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    CHAPITRE VIII. a6i

    riennes titre d'indemnit. Et si cet change

    n'avait pu devenir agrable PAtriche, en

    jetant dansla balance Trieste et mme Venise,

    Napolon aurait d reconnatre que l'impossi-bilit de rtablir l'indpendance de la Pologne

    devait tre pour lui un motif de ne pas en-.

    treprendre sa fatale guerre contre la Russie.

    Le dominateur de la France choua aussi

    dans une tentative pour exciter une insurrec-

    tion dans la Lithuanie, quoiqu'il eut nomm

    un gouvernement provisoire dans cette pro-vince, et qu'il et dclar ce pays dlivr du

    joug des Russes. Mais les Lithuaniens, peupledont le caractre est moins ardent que celui

    des Polonais, n'taient pas en gnral trs m-

    contens. du gouvernement de la. Russie; et au

    contraire, la conduite des armes franaises

    sur leur territoire les alinait de Napolon. Ils

    remarqurent aussi la rponse vasive qu'il

    avait faite aux Polonais, et ils en conclurent que

    si l'empereur des Franais trouvait occasion

    de faire la paix avec Alexandre, il n'hsiterait

    pas la faire aux dpens de ceux qu'il encou-

    rageait alors a,l'insurrection. Ainsi l'effet moral

    que Napolon s'attendait produire sr la fron-tire de la Russie fut entirement prvenu et

    paralys, au point que, d'une garde d'honneur

    que les Lithuaniens avaient propos de placer

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.262

    prs de la personne de l'Empereur, on ne vit,

    jamais que trois individus paratre la parade,Enfin le pays en gnral ne fit aucune dmar-

    che publique ou individuelle qui annont qu'ilprit un intrt national aux oprations de cette

    guerre, et il sembla s'en rapporter entirementaux vnemens.

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    a63CHAPITMl; IX

    CHAPITRE IX.

    Oprations de l'arme sous le prince Bagration'Manuvresde Napolon contre lui. Jrme, roi de Westphalie, est

    disgraci sous prtexte d'inactivit. Bagration est dfait

    par Davoust mais il russit gagner l'intrieur de la

    Russie, et rtablir ses communications avec la Grande-

    Arme qui se retire Drissa.- Barclay et Bagration se

    rencontrent Smolensk, le 20juillet. Les gnraux fran-

    aisdsirent

    que Napolon termine la campagne Witepskpour cette saison. II persiste marcher en avant.-Ma-

    nuvres des deux armes l'gard de Smolensk. Bar-

    clay de Tolly vacue cette place aprs y avoir mis le feu.

    ,Affaiblissement de l'arme franaise et accroissement de la

    force de celle de Russie. Paix entre la Russie et l'An-

    gleterre, la Sude et la Turquie. Napolon se dtermine

    marcher sur Moscou.

    NApoi~ON continua, pendant dix-huit jours,du 28juin au i6 juillet, occuper son quartier-

    gnral de Wilna. Il -n'tait pas dans l'habitude

    de faire de si longues haltes; mais Wilna tait

    son dernier point de communication avec l'Eu-

    rope, et il avait probablement bien des arran-

    gemens prendre avant de s'enfoncer dans les

    forts et les dserts de la Russie d'o toute

    communication l'extrieur ne pouvait tre

    que partielle et prcaire. Il nomma Maret, duc

    de Bassano gouverneur de la Lithuanie et

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.264

    chargea ce ministre de toute'la correspondanceavec Paris et les armes le rendant ainsi lecentre de toutes les communications adminis-

    tratives, politiques et mme militaires entrel'Empereur et ses domaines.

    On ne doit pourtant pas supposer que cesdix-huit jours se soient passs sans quelquesmanuvres militaires de haute importance. Lelecteur doit se rappeler que la grande-armerusse tait divise en deux portions ingalescelle qui tait commande, sous l'Empereur,par Barclay de Tolly, avait occup Wilna et

    les environs jusqu'au moment de l'entre des

    Franais en Lithuanie. Alors, par une retraite

    concerte d'avance et bien excute, elle s'tait

    retire vers le camp fortifi de Drissa. L'armemoins considrable, qui marchait sous le princeBagration, tait beaucoup avance du ct du

    sud-ouest, et continuait occuper une partiede la Pologne. Le quartier-gnral du princetait Wolkowisk Platoff, avec sept mille

    cosaques, campait Grodno; et, de mme que

    Bagration, il tait en communication avec l'ar-me

    principale, parle

    moyende son aile

    gau-che, qui, sous Dorokholf,. s'tendait jusqu'Lida. L'arme de Bagration avait t ainsiavance vers le sud-ouest, afin que, lorsque

    Napolon aurait pass le Nimen, elle se trou-

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAPITRE IX. a65

    vt place sur ses derrires tandis qu'il mar-

    cherait sur Wilna. Il dvint impossible d'ex-

    cuter ce plan, tant l'arme d'invasion tait plus

    nombreuse qu'on ne l'avait prvu. Au con-traire, les Franais taient en tat de protger

    le flanc de leur marche sur Wilna, par une

    arme de trente mille hommes,. sous le roi de

    Westphalie, place entre eux et cette-seconde

    arme. Bien loin d'tre dans la possibilit d'in-

    quiter l'ennemi, Bagration tait tellement

    avanc, qu'il courait grand risque d'tre coup,et entirement spar du principal corps d'ar-

    me. En consquence le prince russe reut, de

    Barclay de Tolly, l'ordre de tirer son arme de

    cette position dangereuse; et, le i3 juillet,Alexandre lui fit donner celui de marcher vers

    le camp de Drissa.

    Lorsque Napolon arriva Wilna, le dangerde Bagration devint imminent; car le camp re-tranch de Drissa tait le rendez-vous de-tous

    les corps russes, et Buonaparte. tant plus prs

    de Drissa que Bagration, de cent cinquante

    verstes, c'est--dire de sept jours de marche,

    jamais ni lui-mme, ni aucun autre gnral,

    n'avait eu une si belle occasion de mettre a

    excution lamanuvre favorite de l'Empereur,de couper la ligne de l'ennemi, qui tait incon-

    testablement trop tendue.

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    S 66 VIE DE NAPOLON BUONAPARTE,

    Ce ne fut que le 3o juillet que Napolon futcertain de l'avantage qu'il possdait, et il se htad'en profiter. Il avait dpch la plus grande

    partie de sa cavalerie, sous Murat, la pour-suite de la grande-arme russe qui battait en

    retraite; le second corps sous Oudinot, et letroisime sous Ney, avec trois divisions du pre-mier corps furent envoys sur la Dwinapour le

    mme service; ce qui composait une force tropconsidrable pour que l'arme de Barclay de

    Tolly pt s'y opposer. Sur la droite de l'arme,le roi de Westphalie reut ordre de pousser le

    prince Bagration, et de le rejeter sur l'arme de

    Davoust, qui devait s'avancer de flanc et d'ar-rire. On concluait que Bagration, spar dela Grande-Arme, et attaqu en .mme tempspar Jrme et par Davoust, devrait ncessai-

    rement se rendre, ou serait cras.

    Ayant ainsi dtach des forces trs sup-rieures contre les deux seules armes russes quilui fussent opposes, Buonaparte lui mme,avec ses gardes, l'arme d'Italie, celle de Ba-

    vire, et trois divisions du corps d'arme de

    Davoust,tait libre de marcher en avant sur

    Witepsk, en occupant l'intervalle entre le corpsde Murat, qui suivait les traces d'Alexandre etde Barclay de Tolly, et celui de Davoust, quipoursuivait Bagration. En avanant ainsi sur

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    CHAPITRE rx. 267

    un terrain o nulle force ennemie ne s'opposait lui, Napolon aurait pu pntrer entre les

    deux armes russes chacune desquelles une

    arme suprieure tait

    oppose;

    s'ouvrir un

    chemin entre elles, occuper Witepsk, menaceren mme temps Saint-Ptersbourg et Moscou,

    ou, s'il se dcidait marcher'contre cette der-

    nire capitale, s'avancer jusqu' Smolensk. S-

    gur nous assure que Buonaparte avait form ce

    plan de campagne Wilna le 10juillet, mais il

    tait alorstrop

    tardpour

    le mettre excution.

    Cependant une autre semaine fut encore per-due Wilna. Chacun semble avoir remarquune lenteur extraordinaire dans les mouvemens

    de Napolon en cette occasion importante, et

    Sgur l'attribue un dprissement physique

    prmatur, dont pourtant on ne voit aucune

    trace dans les campagnes de i8i3 et 181~.Mais le dsordre terrible d'une arme, les ma-

    lades et les trameurs qui remplissaient la Li-

    thuanie, et l'immensit de cette arme, exi-

    geaient un temps considrable pour la reformer

    et la rorganiser; et ce malheur, inhrent

    l'entreprise; suffit seul pour expliquer la halte

    de Wilna.Cependant Bagration, dans une situation pr-

    caire, se dfendit avec autant d'habilet que de.

    bravoure. La route directe de Drissalui tant

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    268 Y1E DE NAPOliON BUONAPARTE.

    interdite, son projet fut de faire sa rtraite enarrire du ct de l'est, au lieu de marcher versle nord par son flanc droit, et de s'ouvrir ainsi

    un chemin vers laDwina, soit par Ostrowno etMinsk, soit par la ville de Borizoff. Quand ilaurait gagn les bords de la Dwina, Bagrationse flattait de pouvoir oprer sajonction avec la

    Grande-Arme, d'ontil tait alors spar d~tmemanire si effrayante. La force actuelle de sonarme tait cependant augmente, non seule-

    ment par l'hettmannPIatofFet ses cosaques, quitant avancs au sud-ouest jusqu' Grodno, fai-saient dans le fait partie des troupes sous lesordres de Bagration, ~t l'aidrent matrielle-ment dans sa retraite, mais encore par la divi-sion du gnral Dorokhoff, qui, formant l'ex-trme gauche de la grande-arme russe, en

    avait t spare pendant la retraite sur Drissa,par la marche des Franais, et se trouvait parconsquent aussi en communication avec Ba-

    gration. Le prince pouvait alors avoir sous sesordres de quarante cinquante mille hommes.

    Le terrain que Bagration avait a traversertait le plateau lev de la Lithuanie, o pren-nent leur source les fleuves qui suivent diverses

    directions.pour aller se jeter dans la mer Noireou dans la Baltique. Le sol en est extraordinai-rement marcageux, et travers par de longues

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAPITRE IX. a6t)

    chausses, ce dont les Russes profitrent pourse dfendre contre les attaques de l'avant-gardee

    de Jrme. Mais tandis que Bagration luttait

    contre les ennemis qu'il avait de front, Da-

    voust, ayant occup tous les postes sur le flanc

    droit des Russes, et russi l'empcher de

    prendre le chemin le plus court pour se rendre

    a Drissa, commena lui couper la route plusdtourne qu'il avait suivie du ct de l'est, en

    occupant la ville de Minsk, et les dfils par

    lesquels Bagrationdevait sortir de,la

    Lithuanie,pour gagner Witepsk et la Dwina.

    L'occupation de Minsk gna considrable-ment la retraite de Bagration, au point que les

    Franais pensrent que si le prince russe n'avait

    pas t rejet sur Davoust, et si son arme n'a-

    vait pas t anantie, il ne fallait l'attribuer

    qu'au manque d'habilet et.de hardiesse de J-rme, roi de Westphalie, qui n'avait pas, di-

    sait-on, press les Russes avec assez de vigueur.

    Quoi qu'il en soit, coupable ou non de lenteur

    dans ses mouvemens, Jrme, suivant la ma-

    nire dont, comme chef de sa dynastie,Napolontraitait les princes indpendans qu'il appelait a

    la souverainet, fut renvoy disgraci dans sesdomaines de Westphalie, sans tre mme ac-

    compagn par un de ses gardes, auxquels Na-

    polon avait assez de besogne donner.

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    VIE DE NAPOLEON BUONAPARTE.syo

    Plusieurs escarmouches, dont l'vnement

    fut douteux, eurent lieu entre le corps de Ba-

    gration et les'troupes qui lui taient opposes.

    Platoff et ses cosaques remportrent plus d'unsuccs distingu sur la cavalerie des Polonais,

    qui, malgr leur courage imptueux, ne con-

    naissaient pas encore bien la guerre de parti-

    sans, qu'on disait tre le mtier naturel des Scy-thes modernes. Pendant ce temps Bagration,continuant ses efforts pour tirer d'embarras son

    arme, fit une autre marche dtourne versle sud, et vitant les troupes qui le poursui-

    vaient, il effectua le passage de la Brsina

    Bobruisk. Le Dniper, autrefois le Borysthne,tait un autre obstacle surmonter; et pour

    regagner le terrain qu'il avait perdu, Bagra-tion remonta ce fleuve jusqu' Mohiloif. L

    il se trouva encore prvenu par Davoust, quifut galement surpris quoique moins ds-

    agrablement, en se voyant en face de Bagra-tion prt s'ouvrir un chemin les armes

    la main. Le combat fut d'abord l'avantage des

    Russes, mais ils furent enfin repousss et per-dirent la bataille, quoique sans en souffrir beau-

    coup, mais trs contraris de cet chec. Voyantainsi manquer son entreprise, Bagration, avec

    une activit infatigable, changea encore une

    fois sa ligne de retraite, descendit le Dnieper

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    CHAPITRE IX. S~l

    jusqu' Nevoi-BikoH'; le passa en cet endroit,

    gagna l'intrieur de la Russie, et eut le moyende se mettre eh communication avec la grande-arme

    russe,dont il avait t si

    prsd'tre

    coup.C'tait certainement un vnement nouveau

    dans l'histoire des guerres de Napolon, que de

    voir les oprations de deux grandes armes

    franaises dconcertes par les manuvres d'un

    gnral tranger. Et cependant, c'tait ce qui

    venait d'arriver car, en admettant que lesRusses avaient primitivement commis la grandefaute d'tendre leur ligne une trop grande dis-

    tance deDrissa, le point d'union projet; et quoi-

    que, par suite de cette faute, l'arme de Bagra-tion eut couru grand risque d'tre coupe, cepen-dant les manuvres par lesquelles il rendit inu-

    tiles les efforts de l'ennemi, en tirant sa proprearme .d'un mauvais pas, prouvrent la sup-riorit des talens militaires-de ce gnral, et

    l'excellente discipline de ses soldats.

    Revenons la grande -arme commande par

    l'empereur Alexandre, ou pour mieux dire par

    Barclay de Tolly, qui, quoique presse par

    Murat la tte de la plus grande partie de la ca-valerie franaise, par Oudinot, et par Ney, tous

    impatiens de combattre, fit avec succs une re-

    traite rgulire jusqu'au camp retranch de

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.2~2

    Drissa, point sur lequel il avait t dcid que

    l'arme russe se concentrerait. Les troupes fran-

    aises, d'une autre part, s'approchrent de la

    rive gauche de la Dwina, cette rivire formala

    ligne de sparation des armes ennemies, et il

    ne s'y p'assaque des actions partielles entre des

    corps dtachs, avec des succs varis. Mais

    le gnral russe Wittgenstein, qui commenait

    se distinguer par sa conduite et son esprit

    entreprenant, observant que l'avant-garde d

    la cavalerie de Sbastiani avait occup avec

    peu de prcaution la ville de Drissa, traversa

    la rivire l'instant o l'ennemi ne s'y atten-

    dait pas, pendant la nuit du 2 juillet, attaquales quartiers de Sbastiani, et remporta un suc-

    cs complet dans l'escarmouche qui s'ensuivit.

    Desentreprises

    semblablesindiquent

    un carac-

    tre ferme et nergique; Napolon commena

    ouvrir les yeux sur les difficults qui com-

    menaient pour lui, et sur la ncessit d'avoir

    recours aux ressources de son gnie dans cette

    campagne.

    Cependant Barclay de Tolly se dcida chan-

    ger de plan, quand il apprit le danger auquelle prince Bagration tait expos. Le camp de

    Drissa devint un point dejonction trop loign,et il y avait tout craindre que le corps entier

    de l'arme franaise, qui se mettait alors en

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAPITRE IX. 273 3

    i8

    mouvement ne fort le passage de la Dwina

    Witepsk, beaucoup plus haut que Drissa, et

    tournant ainsi le flanc gauche de Barclay de

    Tolly,ne le

    spartentirement du

    corpsd'ar-

    me de Bagration. Dans cette crainte, Barclayde Tolly vacua le camp, et commena a re-

    monter lariaM~oite delaDwina, par Polotsk,du ct de Witepsk. Ce mouvement dcrivait

    une ligne qui convergeait avec celle de la re-

    traite de Bagration, et il servit essentiellement

    favoriser lajonction dsire des deux armesrusses. Wittgenstein fut laiss prs de Drissa

    pour observer l'ennemi, et couvrir la route de

    Saint-Ptersbourg. L'arme arriva d'abord a

    Polotsk, et l'empereur Alexandre la quitta pourse rendre la hte Moscou, afin de recom-

    mander les mesures nergiques et les sacrifices

    pnibles que l circonstance exigeait. Barclayde Tolly continua sa marche sur Witepsk, es-

    prant se mettre en communication avec Ba-

    gratipn, qui il avait envoy ordre de des-

    cendre le Dniper, jusqu' Orcsa (ou Orcha),

    qui est a environ cinquante-six verstes de Wi-

    tepsk.

    A cette poque, Napolon dirigeait sur*lemme point de Witepsk toutes les forces qu'ilavait en rserve autant inquiet d'empcherla jonction des deux armes russes, queBar-

    VtKDBNAp.BuoN.Tomey 7

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    2~4 VIE DE JSAFOJjON BUONAPARTE.

    clay de.Tolly Ftait d~excuter ce mouvement

    important. Si Napolon se ft mis en march

    plus tt on ne peut douter que, partant de

    Wilna, il n'et atteint la position contesteayant que Barclay et pu y arriver en remon-tant la Dwina depuis Drissa. En quittant Wilnale 4, il.aurait aisment atteint ~N~psk

    le 20, et

    ljilse serait trouv avec une arme d'lite decent vingt mille hommes, sans un ennemi enface de lui, plac entre deuxarmes dont cha-

    cune tait poursuivie par des forces suprieu-res, et ayant leurs flancs et leurs, communica-tions sa merci. Au lieu de cette positionavantageuse, Buonaparte trouva en front la

    grande-arme russe dans une situation o iln'tait pas facile de la forcer au combat, quoi-que des escarmouches vives et sanglantes eus-

    sent lieu entre la cavalerie des deux armes.De son ct, Barclay n'tait rien moins qu'

    son aise. Il tait sans nouvelles de Bagrationqu'il attendait par la route d'Orcsa; et, pluttque de l'abandonner son destin par une re-

    traite, il forma, le 14 juillet, la rsolution

    presque dsesprede

    risquerune action

    g-nrale contre des forces trs suprieures, com-mandes par Napolon; mais comme il venaitde faire ses dispositions pour la bataille, un

    aide- de-campdu prince lui apporta des nou-

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    CHAPITRE IX. 2~5

    velles qui le firent changer de rsolution il

    sa grande joie. L'chec que Bagration avait

    prouv Mohiloff l'avait oblig, comme nous

    l'avons dj dit, changer sa ligne de retraite,qui se dirigeait alors sur Smolensk. Renonant

    aussitt . son projet de bataille, Barclay de

    Tolly battit lui-mme en retraite vers le mme

    point arriva le 20 Smolensk, et y fut joint

    par Bagration deux jours aprs. Le rsultat deces manuvres avait t un' dsappointement

    complet pour l'empereur des Franais. Lesdeux armes russes s'taient runies sans avoir

    prouv aucune perte matrielle, et s'taient

    places en ligne de communication. Aucune

    bataille n'avait t livre et quoique Napo-lon se fut empar du camp fortifi de Drissaet ensuite de la ville de Witepsk, ce n'taient

    que des positions que l'ennemi n'avait plus in-trt conserver.

    Les marchaux et les gnraux qui entou-

    raient Napolon commencrent dsirer qu'il

    termint Witepsk la campagne de cette an-

    ne et ils esprrent ,que, mettant ses troupes

    en quartiers d'hiver sur les bords de la Dwina,

    il.y'attendrait des approvisionnemens et l'eSet

    de l'influence que pourrait avoir son invasion

    sur l'esprit des Russes, jusqu'au printemps sui-

    vant. Mais Buonaparte traita cet avis avect

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    2~6 VIE DE NAPOLON BUON APARTE.

    mpris, et demanda ceux qui s'y montraient

    favorables, s'ils pensaient qu'il ne ft venu si

    loin que pour conqurir quelques misrables

    huttes. Si donc il songea jamais srieusement s'tablir en quartiers d'hiver Witepsk, ce que

    Sgur affirme et ce que Gourgaud nie positi-vement, ce ne put tre qu'une ide passagre.Dans le fait, son orgueil devait se rvolter la

    seule pense de s'entourer de redoutes et de

    retranchemens au milieu de l't, et d'avouer

    son tat de faiblesse toute l'Europe, en s'arr-tant tout coup au milieu d'une campagne dans

    laquelle il avait perdu un tiers .de. la portionactive de sa Grande-Arme, sans avoir livr une

    bataille gnrale, encore moins sans avoir rem-

    port une victoire dcisive.

    Cependant les Russes, voyant leurs deux

    ailes runies, et au nombre de cent vingt mille

    hommes, n'taient pas disposs a rester dans

    l'inaction. L'arme franaise, Witepsk, tait

    beaucoup plus disperse que la leur, et ils con-

    urent le projet de surprendre Napolon par unmouvement subit avant qu'il et pu concen-trer ses

    troupes.Dans cette

    vue,le

    gnralBarclay de Tolly fit marcher une partie consi-drable dela grande-arme sur Rudneia, positionqui tait environ mi-chemin entre Witepsk

    et Smolensk, et qui formait peu prs le centre

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    CHAPITRE IX. 277

    des lignes franaises. La marche commena le

    26 juillet; mais le lendemain, Brclay de Tolly

    reut de ses avant-postes des avis qui le port-rent a croire

    que Napolonfortifiait son flanc

    gauche dans le dessein de tourner l'aile droite

    des Russes et d'attaquer la ville de Smolensk

    sur leurs derrires. Pour prvenir cet accident,

    Barclay de Tolly suspendit sa marche de front,

    et, par un mouvement de flanc, commena

    tendre son aile droite, afin de couvrir Smo-

    lensk. Cette erreur, car c'en tait une, fut causeque son avant-garde, qui n'avait pas t in-

    forme de ce changement de plan, se trouva

    en quelque danger Inkowo, place situe

    environ ~deux verstes de Rudneia cependantPlatoff eut l'avantage dans l'escarmouche de

    cavalerie qui s'ensuivit. Le gnral russe par

    suite de l'tendue donne son flanc dcou-vrit qu'il n'y avait pas de forces franaises sur

    sa gauche, et il reprit son premier plan de

    presser les Franais Rudneia. Mais tandis que

    'Barclay de Tolly perdait ainsi quatre jours en

    marches et contre-marches inutiles, il apprit

    enfin que la plus prompte retraite sur Smo-

    lensk serait indispensable pour qu'il vitt le

    danger qu'il avait vritablement apprhend

    quoiqu'il se fut mpris sur le ct d'o ce dan"

    ger devait se prsenter.

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

    283/354

    278 VIE M; NAPOLON BUONAPARTE.

    Tandis que Barclay de Tolly concevait l'es-

    prance de surprendre Napolon, celui-ci avaitform un projet d'une nature singulirement

    audacieuse, pour effectuer la surprise dont ilavait t lui-mme menac. Sans laisser sus-

    pendre l'excution de son plan par l'escar-mouche qui avait eu lieu sur son front, il rso-lut de changer entirement sa ligned'oprationsde Witepsk sur la Dwina, de concentrer son

    arme sur le Dniper, en faisant d'Orcsa le point

    central de ses oprations et tournant ainsi lagauche des Russes au lieu de la droite, comme

    Barclay l'avait cru, il esprait gagner leurs der-

    rires, s'emparer de Smolensk, et agir sur leurs

    lignes de communication avec Moscou. Dansce dessein Napolon retira ses forces de Wi-

    tepsk et de la ligne de la Dwina, avec autant

    d'habilet que de promptitude, et en jetantquatre ponts sur le Dniper, il lefit traverser parNey, le vice-roi d'Italie, et Davoust le roi de

    Naples les accompagna la tte de deux grandscorps de cavalerie; Poniatowski et Junot s'avan-crent par diffrentes routes pour soutenir cemouvement. Ney et 'Murat, qui commandaient

    l'avant-garde, nrent tout plier devant eux jus-qu' leur arrive, le i~ aot, prs de Krasnoi,o une action remarquable eut lieu. Cette ma-

    nuvre, qui transporta la ligne d'oprations de

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAPITRE IX. S~g

    Buonapatt de la Dwina au Dniper, a t fort

    admire par les tacticiens franais et russes,

    mais elle n'a pas chapp la critique mili-

    taire.

    1

    Le gnral de Newerowskoi avait t post Krasnoi, avec plus de six mille hommes, fai-

    sant partie de la garnison de Smolensk, d'o on

    l'avait fait partir pour faire une.forte reconnais-

    sance mais, attaqu par un corps d'infanterie

    plus fort que le sien, et en outre par dix-huit

    mille hommes de cavalerie, le gnral russe semit en retraite s.ur la route de Smolensk. L'es-

    pace qui l'en sparait tait un terrain plat, d-

    couvert et favorable uneattaque de ~Valrie.

    Murat, qui conduisait la poursuite, et qui, l'air

    et au costume qu'il affectait d'un chevalier de

    roman, joignaitl'intrpiditbouillante ncessaire

    pour en bien jouer le rle, envoya quelquesescadrons lgers pour l'inquiter en front, tandis

    qu'avec sa cavalerie pesante il harcelait les

    flancs de son ennemi et tonnait sur son arrire-

    garde. Pour ajouter aux difficults des Russes,

    leurs colonnes taient composes de.recrues qui

    n'avaient pas encore vu le feu, et qu'on aurait

    pu s'attendre voir reculer devant une charge

    furieuse de cavalerie. Ils se conduisirent pour-

    Voyez l'Appendice de ce volume.

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    VIE DE NAPOLEON 'BUONAPARTE.a8o

    tant avec bravoure, et profitrent d'une double

    range d'arbres qui borde la route de chaquect jusqu' Smolensk pour rendre efficace leur

    propre mousqueterie, etpour se dfendre contreles charges rptes de la cavalerie franaise.

    Newerowskoi, protgeant sa retraite par un

    feu bien soutenu, et combattant comme un lion,arriva Smolensk, aprs avoir perdu quatre,cents hommes, principalement dans les chargesde cavalerie, et cinq pices de canon, mais

    recevant de ses ennemis, comme de ses amis,les suffrages d'estime dus un mouvement con-

    duitavec

    autant de talent que de bravoure.

    Le i~ aot, le jour mme de cette escar-

    mouche, Napolon arriva Rasassina, sur le

    Dniper, et il continua, le i5 sa marche vers

    Smolensk, en arrire de Ney et de Murat.

    Pendant ce temps, le prince Bagration jeta le

    gnral Raefskoi dans Smolensk, avec une forte

    division, pour renforcer Newerowskoi, et

    s'avana lui-mme vers le Dniper, sur la rive

    gauche duquel il marcha avec toute la rapidit

    possible pour s'approcher de la ville menace.

    Barclay de Tolly reconnut alors, comme nous

    l'avons dj dit, que, tandis qu'il s'occupait de

    fausses manuvres sur sa droite, sa gaucheavait t tourne, et que Smolensk tait dans

    le plus grand danger. Ainsi les deux gnraux

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAM'i'RE IX. 281

    russes arrivaient la hte de diffrons points

    poursecourir'cette ville, tandis que Napolonfaisait tous ses efforts pour l'emporter avant

    leur arrive.Smolensk, ville importante dans l'empire, et

    honore, comme Moscou, du nom de sacre

    ou sainte, et du titre de clef de la Russie con-

    tient environ douze mille six cents habitans.

    Elle est situe sur les hauteurs de la rive gauchedu Dnieper, et elle tait alors entoure de forti-

    fications de l'ancien genre gothique. Un vieuxmur, ruin en quelques endroits, tait dfendu

    par une trentaine de tours qui semblaient en

    Manquer les crneaux, et il y avait un ouvragemal excut, appel le Bastion Royal, qui ser-

    vait comme d'une espce de citadelle. Cepen-dantlesmurs ayant dix-huitpieds d'paisseursur

    vingt-cinq de hauteur, et tant bords par unfoss assez profond, la ville, quoique impos-sible dfendre contre une attaque rgulire,tait en tat de rsister a un coup de main. Le

    plus grand inconvnient venait des faubourgsde la place, qui, attenant aux remparts, met-

    taient les assaillans a l'abri du feu des assigs

    quand ils en approchaient. Raefskoi', a la tted'environ seize mille hommes se disposa d-

    fendre Smolensk, et il fut renforc, le 16

    aot, par une division de grenadiers sous le

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    VIE DE NAPOLEON BUONAPARTE.sSs

    prmce Charles de Mecklembourg, que Bagra-

    tion dtacha cet effet.

    Ney arriva le premier sous les murs dela

    ville, et commena l'instant mme l'attaquede la citadelle. Il choua compltement, fut

    bless lui-mme, et les deux tiers des assaillans

    furent coups. Une seconde tentative nerussit

    pas mieux, et enfin il fut oblig de bornerses

    efforts une canonnade, que la place luirendit

    avec autant de vivacit. Plus tard, dans la mme

    journe, on vit s'avancer les troupes de Napo-lon du ct de l'est, sur une rive du'Dniper,

    tandis que, presque au mme instant,des

    nuages de poussire enveloppaient de longues

    colonnes qu'on voyait se mouvoir surl'autre

    rive, et arriver de diSrens points avecune

    rapidit peu commune.'C'tait la grande-arme

    .russe sous Barclay de Tolly, et les troupes. de

    Bagration, qui marchaient la hte etavec

    inquitude pour secourir Smolensk.

    Enfin, dit Napolon en les voyant s'avan-

    cer de l'autre. ct enfin je les tiens! Il ne

    doutait pas que le dessein des Russes ne futde

    .traverser laville,

    de sedployer

    en avant des

    portes et de lui offrir sous les murailles cette

    bataille gnrale qu'il dsirait tant, et de la-

    quelle tant de choses dpendaient. Il prit toutes

    les mesures ncessaires pour disposer sa ligne.

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAPITRE IX. 283

    Mais le prudent Barclay de Tolly tait bien

    dcid, ne pas mettre en danger le)Salut d'une

    arme~siindispensable .ala dfense de l'empire,

    mme pour protger la ville sacre. Il envoya Ellnia son collgue plus impatient, le prince

    Bagration, qui aurait volontiers livr bataille,

    furieux comme il l'tait, de voir les villes de

    Russie saccages, et son territoire dvast, sans

    avoir la satisfaction queprocurent la rsistance

    ou la vengeance. Cependant Barclay entra dans

    Smolensk, mais uniquement pour couvrir lafuite des habitans et vacuer les magasins.

    Les derniers regards de Buonaparte se por-trent sur les champs encore vides qui spa-raient son arme de Smolensk. Rien n'annon-

    ait que l'ennemi se dispost en sortir. Murat

    prdit que les Russes n'auraient pas envie de

    combattre; Davoust fut d'un avis diffrent; et

    Napolon, continuant croire ce qu'il dsirait,s'attendit voir au point du jour les Russes

    rangs en bataille entre son arme et les murs

    de Smolensk. Le jour parut, et le terrain sur

    lequel il comptait voir l'ennemi tait dsert

    comme auparavant. Mais, d'une autre part, la

    grande route, sur l'autre rive du Dnieper, taitcouverte de troupes et d'attillerie, ce qui prou-

    vait que la grande-arme russe tait en pleineretraite. Courrouc d'tre tromp dans son

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    s8~ VIE DE NAPOLON BUONAPARTE.

    attente, Napolon prit sur-le-champ des 'me-sures pour l'assaut de la ville, voulant s'en em-

    parer le plus tt possible, afin de profiter du

    pont qui s'y trouyait pour traverser le Dniper,et poursuivre les Russes dans leur fuite. Il y a

    des momns o des hommes d'une capacit or-

    dinaire peuvent donner le meilleur avis. Muratfit remarquer Buonaparte que les Russes s'-tant retirs, Smolensk, abandonn son destin,succomberait ncessairement sans qu'il ft be-

    soin de s'exposer la perte que pouvait occa-sionner un assaut; il alla mme jusqu' faire

    sentir assez clairement qu'il serait imprudentde pntrer plus avant dans la Russie cette

    poque de l'anne. La rponse de Napolondoit avoir t presque une insulte,

    car Murat

    s'tant criqu'une

    marche sur Moscouserait la

    destruction de l'arme, fit partir son cheval au

    galop, courut en dsespr vers les bords de la

    rivire, dans un endroit o l'artillerie russetablie sur l'autre rive, canonnaitune batterie

    franaise, et s'y plaa sous un feu terrible,comme s'il et cherch la mort. Ce ne fut pas

    sans peine qu'on parvint l'loigner dece

    point dangereux.Cependant l'attaqua de Smolensk commena;

    mais cette place se dfendit avec la mme vi-

    gueur que la veille. L'artillerie de campagne

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    CHAPITREIX. a85

    ne pouvait suffire contre ses remparts,et les

    Franais perdirent quatre ou cinq mille hommes

    en revenant plusieurs reprises, l'assaut. Mais

    le succs de cette dfense ne changea pas larsolution prise par Barclay de Tolly d'vacuer

    cette place. On aurait pu sans doute la d-

    fendre quelques jours de plus; mais le gnral

    russe craignit qu'une rsistance prolonge sur

    ce point avanc ne donnt le temps Napolonde s'assurer de la route de Moscou, de repous-

    ser les Russes sur les provinces striles et pui-ses du nord-est, et de se placer entre eux et

    l'ancienne capitale de la Russie. En cons-

    quence, vers le milieu de la nuit, .tandis queles Franais jetaient quelques bombes dans la

    place, ils y virent des feux qui commenaient s'allumer avec plus de rapidit et d'tendue

    que leur bombardement ne pouvait l'occasion-ner. C'tait l'ouvrage des troupes russes, qui

    ayant achev leur tche d'vacuer ou de d-

    truire les magasins, et de couvrir la fuite des

    habitans, leur avaient donn l'exempleterrible

    de brler leur propre ville plutt quede souf-

    frir que les maisons et les murailles fussent de

    quelque utilit leurs ennemis. `Quand les Franais entrrent: dans Smolensk,

    ce qu'ils firent le lendemain [natin, 18 aot, une

    grande partie de la ville, dont la plupart des

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    286 VIE'DE NAPOLEON BUONAPARTE.

    maisons taient construites en bois, tait encore

    en proie aux flammes et ils ne trouvrent par-tout que du sang et- des cendres. Les soldats

    franais furent saisis d'horreur en voyant l'ani-mosit invtre des Russes, et la rsistance

    dsespre qui leur tait oppose; tous commen-

    crent dsirer la fin d'une guerre o l'ennemi

    qui se retirait ne leur laissait qu'une perspectivede longues marches, travers des dserts in-

    hospitaliers, des marcages et des forts de pins,

    sans provisions, sans abris, sans hpitaux pour

    les malades,sans avoir dequoipanser les blesss,

    sans un hangar sous lequel le soldat puis ptse reposer et le bless mourir.

    Buonaparte hsita lui-mme; et l'on assure

    qu'il parla alors de terminer la campagne

    Smolensk, qui serait, dit-il, une excellente

    tte de cantonnemens. L, ajouta-t-il, les

    troupes pourraient 'se reposer et attendre des

    renforts. On avait fait assez de choses pour une

    campagne. La Pologne tait conquise, ce qui

    semblait un rsultat sumsan~ pour une anne.

    L'anne suivante, ils auraint la paix, o ils

    iraient la chercher Moscou. Mais dans l'in-

    trieur de ses conseils, il tenait un langage tout

    diffrent, et cherchait couvrir des dehors de

    Ip. prudence le caractre orgueilleux et opi-

    nitre qui ne lui permettait pas de s'arrter

  • 7/31/2019 Sir Walter Scott - Vie de Napoleon Buonaparte (7.1) A

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    CHAPITRE IX. 287

    tout coup dans une entreprise o ~trouvait

    la fortune encore st avare pour lui de l'a gloire.Il'insista auprs de, ses gnraux sur- Ftt d'-

    puisement du. pays-, dans lequel ses soldats vi-vaient au jour le )our sur les dijncults qu'on

    prouverait, et les risques qu'il faudrait courir

    pour fire venir des approvisionnemens de

    Dantzick et de la Pologne, par les mauvaises

    routes de Russie et pendant fhiver. Il fit valoir

    Ftt de dsorganisation de l'arme, qui pouvait

    avancer, quoiqu'elle ft incapable de s'arrter.'

    Le mouvement, dit-il', pouvait en maintenir

    l'ensemble; une halte ou une retraite-en opre~rait la dissolution. C'tait une arme d'attaque,et non de dfense; une arme d'opration, et

    non de position. Il en rsultait qu'il fallait mar-

    cher sur Moscou, s'n emparer, et la dicter la

    pais. .

    Le langage que Sgur a plac dans la bouche

    de l'Empeieur n'exagre nullement l situa-

    tion fcheuse de l'arme franaise. Quand Na-

    polon tait entr dans le pays, seulement six

    semaines auparavant, le corps qui formait son

    arme'd'oprationmoritait deux cent

    quatre-vingt-dix-sept mille hommes, et le 5 aot,quandil se prparait partir de Witepsk, il n'en avait

    plus que centquatre-vingt-cinqmille~ c'est--dire

    moins des deux tiers du nombre primitif, et H

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    VIE DE NAPOLEON BUONAPRTE.a88

    avait souffert d'autres grandes pertes dans