seine-saint-denis les soirées du réaap p a r e n t a l i t é s

124
J E suis heureuse de vous présenter ce soir, dans l’enceinte du lycée Voillaume dont je remercie le proviseur, monsieur Montgenie, pour son accueil, la rencontre intercommunale sur le thème Être parent aujourd’hui. Je remercie aussi mes col- lègues du Blanc-Mesnil, de Clichy-sous-Bois, de Rosny-sous-Bois, de Montfermeil, de Sevran, de Tremblay-en-France et de Villepinte, ainsi que tous les représentants des administrations, des associa- tions et les habitants présents ici qui ont contribué à la réussite de cette manifestation. La DDASS 93 qui en est à l’origine, le Conseil général de la Seine- Saint-Denis, la CAF qui nous soutient dans de nombreuses actions en faveur des familles, la Fédération des centres sociaux, qui a été sollicitée par Profession Banlieue pour sa connaissance des quar- tiers sensibles, en ont été les principaux acteurs. Si vous avez choisi Aulnay-sous-Bois pour accueillir cette ren- contre, ce n’est pas par hasard. Depuis de nombreuses années, la ville développe une action globale et diversifiée en direction des familles pour encourager les parents dans leur rôle d’éducateurs, rendu plus difficile que jamais par les temps qui courent. Et je sais que chacune des villes, des administrations, des associations pré- sentes avec nous ce soir poursuit les mêmes objectifs. Chaque jour, les parents font appel à la compétence des profes- sionnels de la petite enfance, aux animateurs, aux éducateurs, aux enseignants, aux personnels de santé. Et cette confiance doit nous rendre modestes et ambitieux à la fois. Modestes parce que, sauf confrontés à des situations graves où l’enfant est en danger, nous ne pouvons et nous ne voulons pas nous substituer aux parents, notamment parce que nous savons ô combien leur tâche est déli- cate. Ambitieux, parce que tout simplement en tant que citoyens adultes, responsables associatifs, professionnels ou élus, nous pouvons apporter aux parents un soutien, qui est payé de retour lorsque l’enfant réussit son parcours d’intégration dans la vie so- ciale et professionnelle. Je vous souhaite des échanges fructueux qui devraient être élar- gis, dans un avenir proche, à l’ensemble des habitants. Jeanne Renault adjointe au maire d’Aulnay-sous-Bois, déléguée aux affaires sociales, aux retraités et aux personnes âgées L A décision de lancer ces réseaux d’écoute, d’appui et d’accom- pagnement des parents a été prise au cours de la Conférence de la famille du 12 juin 1998. La Délégation interministérielle à la famille a concrétisé cette volonté par deux circulaires : celle du 9 mars 1999, assortie d’une charte qui fixe les principes d’action, et celle du 20 mars 2001. L’objet est d’impulser et de soutenir des initia- tives visant à reconnaître le rôle essentiel des parents, à favoriser le développement de leurs compétences et à faire valoir leurs droits. En Seine-Saint-Denis, le comité de pilotage départemental du Réaap est installé le 25 mai 1999 lors d’une réunion présidée par Monsieur le Préfet. Il est piloté par la DDASS et est composé de re- présentants de la Caisse d’allocations familiales, du Conseil géné- ral, de l’Inspection académique, de la Fédération des centres so- ciaux, de la FCPE 93, de la Protection judiciaire de la jeunesse et de l’Union départementale des associations familiales de Seine- Saint-Denis. L’animation de ce réseau est confiée à Profession Banlieue. Depuis sa création, le Réaap a à son actif la création d’une lettre de la parentalité triennale pour favoriser la circulation d’informa- tions et l’échange d’expériences, l’organisation d’une première manifestation départementale à Rosny-sous-Bois en octobre 2000, qui a réuni, avec succès, tous les acteurs de la parentalité, et cette rencontre à Aulnay-sous-Bois qui est un prélude d’autres à venir. Notre présence, aujourd’hui, est le signe que le réseau est actif et que la reconnaissance de la famille dans son rôle d’éducateur et d’autorité est un enjeu essentiel tant pour les professionnels que pour les parents. Les travaux que vous allez engager devraient en faire la démonstration. Jean-Charles Vincent Chef de service, responsable du pôle social, DDASS 93. P a r e n t a l i t é s Aulnay-sous-Bois octobre 2002 Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap QUELQUES MOTS D’ACCUEIL AULNAY-SOUS-BOIS

Upload: others

Post on 22-Jun-2022

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

J E suis heureuse de vous présenter ce soir, dans l’enceinte dulycée Voillaume dont je remercie le proviseur, monsieurMontgenie, pour son accueil, la rencontre intercommunale

sur le thème Être parent aujourd’hui. Je remercie aussi mes col-lègues du Blanc-Mesnil, de Clichy-sous-Bois, de Rosny-sous-Bois,de Montfermeil, de Sevran, de Tremblay-en-France et de Villepinte,ainsi que tous les représentants des administrations, des associa-tions et les habitants présents ici qui ont contribué à la réussite decette manifestation.La DDASS 93 qui en est à l’origine, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis, la CAF qui nous soutient dans de nombreuses actionsen faveur des familles, la Fédération des centres sociaux, qui a étésollicitée par Profession Banlieue pour sa connaissance des quar-tiers sensibles, en ont été les principaux acteurs.Si vous avez choisi Aulnay-sous-Bois pour accueillir cette ren-contre, ce n’est pas par hasard. Depuis de nombreuses années, laville développe une action globale et diversifiée en direction desfamilles pour encourager les parents dans leur rôle d’éducateurs,rendu plus difficile que jamais par les temps qui courent. Et je saisque chacune des villes, des administrations, des associations pré-sentes avec nous ce soir poursuit les mêmes objectifs.Chaque jour, les parents font appel à la compétence des profes-sionnels de la petite enfance, aux animateurs, aux éducateurs, auxenseignants, aux personnels de santé. Et cette confiance doit nousrendre modestes et ambitieux à la fois. Modestes parce que, saufconfrontés à des situations graves où l’enfant est en danger, nousne pouvons et nous ne voulons pas nous substituer aux parents,notamment parce que nous savons ô combien leur tâche est déli-cate. Ambitieux, parce que tout simplement en tant que citoyensadultes, responsables associatifs, professionnels ou élus, nouspouvons apporter aux parents un soutien, qui est payé de retourlorsque l’enfant réussit son parcours d’intégration dans la vie so-ciale et professionnelle.Je vous souhaite des échanges fructueux qui devraient être élar-gis, dans un avenir proche, à l’ensemble des habitants. ■

Jeanne Renaultadjointe au maire d’Aulnay-sous-Bois,

déléguée aux affaires sociales, aux retraités et aux personnes âgées

L A décision de lancer ces réseaux d’écoute, d’appui et d’accom-pagnement des parents a été prise au cours de la Conférencede la famille du 12 juin 1998. La Délégation interministérielle à la

famille a concrétisé cette volonté par deux circulaires : celle du9 mars 1999, assortie d’une charte qui fixe les principes d’action, etcelle du 20 mars 2001. L’objet est d’impulser et de soutenir des initia-tives visant à reconnaître le rôle essentiel des parents, à favoriser ledéveloppement de leurs compétences et à faire valoir leurs droits. En Seine-Saint-Denis, le comité de pilotage départemental duRéaap est installé le 25 mai 1999 lors d’une réunion présidée parMonsieur le Préfet. Il est piloté par la DDASS et est composé de re-présentants de la Caisse d’allocations familiales, du Conseil géné-ral, de l’Inspection académique, de la Fédération des centres so-ciaux, de la FCPE 93, de la Protection judiciaire de la jeunesse et del’Union départementale des associations familiales de Seine-Saint-Denis. L’animation de ce réseau est confiée à ProfessionBanlieue.Depuis sa création, le Réaap a à son actif la création d’une lettrede la parentalité triennale pour favoriser la circulation d’informa-tions et l’échange d’expériences, l’organisation d’une premièremanifestation départementale à Rosny-sous-Bois en octobre 2000,qui a réuni, avec succès, tous les acteurs de la parentalité, et cetterencontre à Aulnay-sous-Bois qui est un prélude d’autres à venir. Notre présence, aujourd’hui, est le signe que le réseau est actif etque la reconnaissance de la famille dans son rôle d’éducateur etd’autorité est un enjeu essentiel tant pour les professionnels quepour les parents. Les travaux que vous allez engager devraient enfaire la démonstration. ■

Jean-Charles VincentChef de service, responsable du pôle social, DDASS 93.

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sA

ulna

y-so

us-B

ois

•oc

tobr

e 20

02S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapQ U E L Q U E S M O T S D ’ A C C U E I L

A U L N A Y - S O U S - B O I S

Page 2: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

2

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sA

ulna

y-so

us-B

ois

•oc

tobr

e 20

02L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

■ ANIMATION : Claudie Cheboldaeff, psycho-pédagogue, et Annie Agbo, directrice del’école de la Croix-Saint-Marc à Aulnay-sous-Bois.■ RAPPORT : Tidiane Koïta, directeur de la PIMà Aulnay-sous-Bois, et Sophie Blondeau,conseillère technique service social scolaire.

L E premier thème abordé fut laséparation ou plutôt les sépa-rations entre l’enfant et ses

parents. L’aide et le soutien qu’ap-portent les structures de la petiteenfance aux familles pour faciliterla première séparation, après cellede la naissance, faciliteront les sé-parations ultérieures, tout au longdu développement de l’enfant jus-qu’à l’âge adulte. Pour se préparerà ces séparations, souligne leRAM, il est primordial de tra-vailler le lien qui unit la mère àl’enfant. Le CERPE ajoute la né-cessité de mettre en confiance leparent, mais aussi l’enfant, vis-à-vis de la structure d’accueil. Selonles constats des personnes pré-sentes, l’entrée à l’école est mieuxvécue par les enfants et les parentslorsqu’une préparation a eu lieuau sein des haltes-accueil, des ac-cueils parents-enfants, comme entémoigne une mère qui fait lacomparaison entre l’un de ses en-fants qui est passé directement dufoyer à l’école, tandis que le se-

cond a connu plusieurs étapesavant l’école.Comment les parents peuvent-ilss’impliquer dans la vie scolaire deleurs enfants ? L’équipe de Mikadoprésente ses activités essentielle-ment extra-scolaires et son soucid’être en contact régulier avec lesfamilles. À titre d’exemple, la dif-ficulté des parents à venir à la ren-contre de l’école est à l’origine dela création récente du Café des pa-rents. Des représentants du col-lège sont intervenus au sein de cecafé pour rencontrer les familles.Alors que, la première année, l’af-fluence des parents était faible,l’action a été renouvelée et cetteannée les parents furent plus nom-breux à cette rencontre. Grâce àun travail de mise en confiance,l’investissement des parents est deplus en plus important.Autre exemple, une directriced’école maternelle intervient pourapporter un témoignage d’élève :« Je suis née là, madame la direc-trice, y arriverai-je, dans mesétudes, dans ma vie ? », lui aconfié une élève. La peur de nepas pouvoir réussir est présentechez les enfants et les parents, et,plus particulièrement, parmi ceuxqui sont issus des banlieues. Lestigmate de certains quartiers estfort pesant. Cette peur interroge

les professionnels et les parents.Comment chacun, de sa place,peut-il tenter d’atténuer, voired’enrayer la souffrance née decette angoisse ? Comment les pro-fessionnels peuvent-ils aider lesparents à affronter cette question ?Comment travailler ensembledans l’intérêt de l’enfant/élèvepour qu’il accède à des connais-sances et plus tard à un métier ?L’association O’Ludoclub, elle, in-cite les parents à participer à sesactivités après la classe, le mercrediet pendant les vacances. En effet,même si les parents adhérents ren-trent tard de leur travail, il est dessoirs où leur emploi du temps leurpermet d’apporter leur aide (pourles devoirs, la lecture, le range-ment), ou simplement pour dis-puter une partie de « Uno » etautres jeux de société. Leur parti-cipation aux sorties et animationsinter-générations qui favorisent lesrencontres entre parents renforcele sentiment des enfants d’êtreécoutés et rassurés. Les parents présents lors de cettesoirée-rencontre ont fait la compa-raison entre le fonctionnement del’étude surveillée et l’accueil du soirassuré par les associations. Il en res-sort un besoin d’être simplementaccueilli au sein de l’école, en tantque parent, premier éducateur de

De parents d’enfants à parents d’élèves AVEC LA PARTICIPATION DE :• L’accueil parents-enfants du Relais assistantes maternelles (RAM), 77 rue Jules-Princet, à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 48 19 85 56. Lieu qui

permet de préparer le passage du milieu familial au milieu extra-familial, lieu de rencontre pour les parents et les enfants.• Halte-accueil du Centre d’études et de recherches pour la petite enfance (CERPE), 1 allée Anatole-France à Clichy-sous-Bois, tél. : 01 43 32 91 54.

Lieu qui permet de préparer le passage du milieu familial au milieu extra-familial, accompagnement des parents dans la parentalité.• Maison pour tous Mikado, 4 allée Claude-Chastillon à Tremblay-en-France, tél. : 01 48 60 72 69. Lieu de médiation sociale, culturelle et édu-

cative.• Association O’Ludoclub, 48, avenue du Quatorze-Juillet à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 48 79 34 71. Animations intergénérationnelles, rencontres

parents, activités extra-scolaires, aide aux devoirs, ludothèque itinérante.

Les parents sont concernés par l’éducation des enfants, comment les aider à rester parents de la famille à l’école ?4

Page 3: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

son enfant, encouragé et valoriséplutôt que critiqué. Ils sont sen-sibles à l’écoute, à la disponibilité età la confiance qu’ils perçoiventdans ces associations. « Ce genred’activité devrait être institutionna-lisé, il devrait exister dans chaqueécole ! », s’est exclamé un père.

Quelques pistes de travail :• La question d’un parent d’élève,« Qu’attendons-nous d’un parentd’enfant, d’un parent d’élève ? »,pourrait être une première piste.

« Être parent d’élève renvoie à untravail de fourmi », a dit une di-rectrice d’école maternelle. Il fau-drait arriver à instaurer un climatde confiance entre les parents,l’école et les associations, pour lebien-être de l’enfant et celui desparents. Car il ne faut pas oublierqu’un élève est d’abord un enfant.• Il faudrait pouvoir travailler surles modes de transmission quisont différents suivant les cul-tures, pour les comprendre et ex-pliciter certains décalages qui

sont source de nombreuses ten-sions.Au terme de cet atelier, les mis-sions effectuées par les associa-tions et les professionnels à desti-nation des enfants et des parentsont mis en lumière leur rôle demédiateur et de créateur de liensocial, ce qui fait écho au rôle demédiateur rempli par l’assistantesociale scolaire entre l’institutionscolaire, les élèves et les parents.

■ ANIMATION : Nicole Gloaguen, responsablede la prévention ASE, CG 93.■ RAPPORT : Pascal Aubert, président de la fé-dération des centres sociaux.

D ES expériences présentées enlien avec ce postulat émergele constat suivant :

• La difficile relation entre jeuneset adultes dans l’espace public.• La difficulté rencontrée par tousles professionnels de faire cohabi-ter les adultes et les jeunes dans lesmêmes actions et les mêmes lieux.• L’absence des adultes dans cet es-pace public.• Une des régulations de cet es-pace public est celle des trafi-quants pour assurer leurs trafics.

• Les situations de danger quepeuvent rencontrer les très jeunesenfants et/ou les personnes âgées.Les différents intervenants ont faitétat de ces difficultés qui ren-voient, au-delà même de la ques-tion des parents, à la question dela présence et du rôle des adultesdans l’espace public et, singulière-ment, vis-à-vis des jeunes. Il appa-raît malaisé pour les parents dejouer un rôle dans cet espace pu-blic, en atteste la difficile mobili-sation d’un groupe de femmes surdes actions ouvertes en directionde jeunes du quartier (la biblio-thèque de rue par exemple) ou desparents dans le cadre d’un espacede régulation des activités jeunes

au centre social Albatros. Cepen-dant, les expériences d’animationsde quartier ou de travail partena-rial à partir d’actions de préven-tion tracent quelques repères pourdes démarches visant à dépasserces difficultés : • Il faut partir des besoins desparents (des adultes) tels qu’ilsexistent et de leurs compé-tences. Les actions ne doiventpas être préconçues, mais élabo-rées par les parents à partir deleurs questionnements et deleurs savoirs.• Il est préférable d’aborder lesquestions liées à l’autorité vis-à-visdes jeunes de manière globale etcollective ; ce sont tous les adultes

Rue des parentsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Arrimages, club de prévention spécialisée, 278 avenue Aristide-Briand aux Pavillons-sous-Bois, tél. : 01 48 02 07 74. Expérience de matchs de

foot et de repas au pied des immeubles.• Association Saddaka, 9 allée de Londres à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 48 66 15 38. Expérience d’une bibliothèque de rue.• Maison pour tous Mikado, 4 allée Claude-Chastillon à Tremblay-en-France, tél. : 01 48 60 72 69. Expérience d’une bibliothèque de rue.• Le centre social Albatros, 23 allée de la Bourdonnais à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 48 79 07 60. Expérience du Festival Transit : festival intercul-

turel des pratiques artistiques amateurs (musique, danse, arts plastiques, théâtre…). Expérience d’animation de rue auprès des 6-13 ans : leséducateurs vont à la rencontre des enfants qui sont dans la rue pour les ramener petit à petit dans une vie de groupe.

• Le centre social Les Tilleuls, 34 square Maurice-Audin au Blanc-Mesnil, tél. : 01 45 91 97 00.

Comment l’espace de la rue peut-il être investi par les parents ? La rue n’appartient pas qu’aux jeunes.4

3

Page 4: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Jocelyne Nicot, présidente del’association des femmes-relais d’Aulnay-sous-Bois.■ RAPPORT : Dorothée Lamarche, bureau pré-vention ASE, CG 93.

PLUSIEURS réflexions ont étéémises à partir d’exemplesdonnés par les participants

concernant des difficultés et desincompréhensions avec les parentsdans le cadre de l’école ou encoredans le cas d’enfants placés parl’aide sociale à l’enfance (ASE). Laquestion de l’origine culturelle desfamilles apparaît comme une causerécurrente des incompréhensionsentre professionnels et parents. Lescoutumes, les modes de vie, les tra-ditions des familles d’origineétrangère arrivées en France don-nent lieu à des comportementsparfois incompréhensibles vis-à-

vis des enfants, notamment pourles professionnels, ce qui peutparfois conduire à des situationsdramatiques. De la même façon,les familles étrangères ne sont pasfamiliarisées au fonctionnementdu système éducatif français ainsiqu’aux lois qui prévalent enFrance, le plus souvent du fait dela langue mais également de leurcomplexité. En Afrique, parexemple, l’éducation des enfantsse fait à partir du lieu dans lequelils se trouvent : à l’école, c’estl’école qui doit prendre en chargela totalité de l’éducation de l’en-fant ; dans la rue, la communautédes adultes s’occupe des enfants.Cela peut expliquer parfois queles parents ne s’impliquent pasdans la scolarité de leurs enfants.Autre cas de figure : ce qui est in-terdit en France ne l’est pas forcé-

ment dans un autre pays, et lesparents ne comprennent pas tou-jours pourquoi ils sont sanction-nés pour une attitude envers leurenfant alors qu’ils ont cru bienfaire.Face à ces situations, les profes-sionnels et le système éducatiffrançais ne donnent pas toujoursles clés aux familles pour qu’ellespuissent mieux intégrer les règleset codes en France. À l’inverse, lesprofessionnels n’ont, eux-mêmes,pas tous les éléments pour com-prendre ces fonctionnements cul-turels. Il apparaît, par ailleurs, queles mêmes difficultés et incompré-hensions peuvent survenir entreprofessionnels et familles de« souche » française.Au regard des différentes situa-tions présentées, le dialogue pa-raît souvent la condition d’un dé-

d’un quartier qui ont une respon-sabilité vis-à-vis de ces enfants.Cela interroge donc la cohérencedes différents dispositifs entre euxet en relation avec les habitants duquartier.L’élaboration du travail en parte-nariat prend du temps et saconstance peut seule garantirqu’un minimum de confiances’établisse entre les différentes par-ties prenantes.

La mobilisation de tous les profes-sionnels et des parents s’inscrivantdans une démarche globale néces-site un travail quotidien et réclameune assise et une permanence auniveau micro-local.Elle requiert également quechaque type d’intervenant soit au-tonome et en situation d’acteur.En conclusion, sur le quartier, ilfaut travailler avec tous les acteurset si possible avec toutes les géné-

rations sur des projets globaux(événements, productions…).Une autre piste réside dans la miseen place et l’animation d’espace derégulation et de débat sur desquestions communes.Enfin, les actions collectives et desolidarité constituent toujours unedes pistes de mobilisation desadultes sur un quartier et peuvent,potentiellement, réguler l’espacepublic. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Aul

nay-

sous

-Boi

s •

octo

bre

2002

4

Éducation familiale et regards professionnels, quelle reconnaissance mutuelle ? AVEC LA PARTICIPATION DE :• Association des femmes-relais d’Aulnay-sous-Bois, 25 allée de la Bourdonnais à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 48 69 59 86. Médiation sociale et

culturelle, aide aux devoirs.

Quelle reconnaissance mutuelle entre professionnels et parents ? Quelle place les professionnels accordent-ils auxparents ? Quelles représentations les parents ont-ils des institutions ?

4

Page 5: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

5

■ ANIMATION : Fernande Pouillard, conseillèretechnique, DDASS 93.■ RAPPORT : Patricia Bertin, secrétaire adminis-trative au pôle social, DDASS 93.

1. Action sur la notion de mal-être/bien-être réalisée au collègeVictor-Hugo et au lycée Évariste-Gallois à Noisy-le-Grand :Le décès d’un jeune, la prise deconscience du mal-être d’autresjeunes et les difficultés des pa-rents à appréhender ce mal-êtrepour pouvoir y répondre ont

alerté une équipe pluridiscipli-naire du lycée. Il fallait sortir del’individuel et répondre au plancollectif. Un partenariat impor-tant avec les associations de quar-tier et des personnes relais s’esttissé pour faire le lien avec les pa-rents lors du lancement de l’invi-tation « Être parents, parlons-en ».C’est ainsi qu’un espace de ren-contre pour tous les parents a ou-vert un samedi matin par mois.Deux axes de travail ont été rete-nus : les relations parents-écoles

et les relations internes à la fa-mille. Ce lieu réservé aux parentsa fonctionné sans intervenants ex-térieurs hormis la présence del’assistante sociale scolaire et d’unmédecin scolaire. Le climat deconfiance instauré a favorisé unebonne circulation de la parole. Lechoix des thèmes abordés a étéfait par les parents, comme lesquestions de l’adolescence, de lasexualité. Un groupe de pilotage(éducatrice ASE, assistante so-ciale, éducatrice de La Sauve-

passement qui permet de résoudreles difficultés. La question qui sepose alors est de savoir commentcréer les conditions de ce dia-logue ? Sachant qu’il ne s’agit nipour les professionnels d’aller àl’encontre de la loi, ni pour les pa-rents de ne pas faire valoir leurplace et leur rôle. Comment fairecomprendre aux parents quelssont les interdits et leur significa-tion ?Un des points forts qui est ap-paru en réponse à ces difficultésest d’abord la nécessité de ne ja-mais dévaloriser les parents,quelles que soient leurs incom-préhensions. Il s’agit toujours de

veiller à leur laisser une placedans les processus mis en œuvreet de maintenir le lien entre pa-rents et enfants. La possibilité dereconnaissance mutuelle setrouve dans la place qui sera lais-sée aux parents, même dans dessituations très complexes.Pour tenter de mieux comprendrecertains réflexes culturels, les pro-fessionnels doivent pouvoir êtreaccompagnés, de même qu’il fautaccompagner les parents dans unemeilleure compréhension du sys-tème éducatif. Les expériences demédiation, grâce aux adultes-re-lais, sont dans ce cadre riches etconstructives, car on constate

qu’en faisant le lien entre institu-tions et familles de manièresouple, ces expériences permettentsouvent d’avancer dans une com-préhension mutuelle.Enfin, les lieux d’échange où pa-rents et professionnels peuvent serencontrer de manière neutre,apaisée, et mieux se connaître,sont à développer, car ils peuventaider à une meilleure reconnais-sance des uns et des autres. Ainsi, toutes les actions concou-rant à établir ce dialogue et à trou-ver de nouvelles formes de com-munication entre parents et pro-fessionnels doivent être multipliéeset valorisées. ■

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

Questions de santé ? Questions de parents ? AVEC LA PARTICIPATION DE :• ARIFA, association des femmes-relais, 14 rue Utrillo à Montfermeil, tél. : 01 43 88 18 31. Médiation sociale et culturelle.• Brigitte Bureau, assistante sociale scolaire.• Association Saddaka, cité de l’Europe à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 48 66 15 38.• La plate-forme d’insertion multiservices (PIM), 119 galerie Surcouf à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 48 79 83 18. Dispositif d’insertion sociale et

professionnelle des jeunes.

La santé est abordée difficilement, car elle est vue comme une question intime ou comme une affaire de spécialistes(médecin, infirmière… ). Comment les professionnels intervenant dans le champ social travaillent-ils sur les ques-tions de santé avec les parents ? Comment permettre aux parents de mieux appréhender des questions de santé et/oudes sujets tabous ? C’est sur ces questions posées que les quatre expériences présentées tentent de répondre de ma-nière tout aussi diversifiée qu’intéressante.

4

Page 6: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

garde, parents d’élèves...) a tra-vaillé sur ce projet et continue dese réunir. Le bilan de cette actiona montré la satisfaction des pa-rents (pères et mères) de pouvoirse rencontrer et d’échanger entreeux, facilitant ainsi, par la suite,le dialogue avec leurs enfants. Undes intérêts de ces lieux réservésaux parents de cultures diffé-rentes est qu’ils puissent se ren-contrer entre eux. Le développe-ment de ces lieux d’échangespourrait être une piste de travailpour les professionnels.

2. Action partenariale menée parle collège Jean-Jaurès à Montfer-meil et l’association de femmes-relais ARIFA :Dans l’objectif de redonner leurplace aux parents au sein del’école, le proviseur du collègeJean-Jaurès à Montfermeil inter-vient dans les locaux de l’associa-tion de femmes-relais ARIFA pourprésenter l’école aux familles.Cette expérience dure depuismaintenant quatre ans. Ce parte-nariat a permis une approche com-plètement nouvelle sur le thème dela santé. Avec la situation d’unélève en grande difficulté médicaleet en risque d’exclusion, s’est poséela question de comment permettreaux parents d’appréhender la ma-ladie de leur enfant et de la gérer.Un important travail d’écoute etd’accompagnement a été assurépar l’ARIFA. Ce lien entre la famille, l’école et lesecteur médical a favorisé la priseen charge de cette difficulté fami-liale grâce à un partenariatconstructif entre l’établissementscolaire, l’ARIFA et le centre socialintercommunal. Les parents, face à la maladie deleur enfant, peuvent se sentir trèsseuls. Ils peuvent s’entraider, maiscela ne suffit pas. Des relais sont

alors nécessaires pour leur per-mettre de mieux comprendre lesinterventions des professionnels,des médecins. Les institutions ontun cadre d’intervention, donc deslimites. Aussi, il est intéressant devoir comment un professionnels’ouvre vers l’extérieur. Il s’agit là d’une démarche inno-vante dans un cadre institutionneldont la qualité dépend beaucoupdes personnes.

3. Action de prévention au lycéeBlaise-Cendrars à Sevran :Cette expérience, soutenue par laFondation 93, et menée il y adeux ans dans le cadre d’une ac-tion de prévention vers les jeunes,avait pour thème Parlez-moid’amour. Les élèves regroupés enateliers ont mis en scène leurs tra-vaux sous forme théâtrale et les ontjoués en présence des parents, desenseignants, de médecins. Ce travail de plusieurs mois a euun impact très positif sur la vie desélèves dans l’établissement. Les pa-rents sollicités pour la confectiondes costumes se sont sentis plus in-vestis. Cette expérience est à re-nouveler. Depuis, un groupe de jeunes estparti au Bénin pour reproduirecette action de prévention.

4. Action de prévention menéepar l’association Saddaka et laplate-forme d’insertion multiser-vices (PIM) d’Aulnay-sous-Bois :L’association Saddaka et la PIMont réfléchi à un outil de préven-tion sur le tabac, l’alcool et ladrogue pour les jeunes. L’idée d’unjeu sous la forme d’un monopolyde la santé est apparue afin qu’en-fants et parents puissent s’informermutuellement sur les dangers en-courus par la consommation deproduits licites et/ou illicites. Huitjeunes travaillent sur la création de

ce jeu. Un comité de pilotage a étémis en place pour encadrer leurtravail. Après validation par leCentre d’information et de res-sources sur la drogue et les dépen-dances (CIRDD 93), il est envi-sagé de diffuser largement ce jeucomme outil de prévention pri-maire.

***

Au cours de cet atelier a prédo-miné le caractère imaginatif desactions mises en place et le besoinde passer par un tiers pour parlerdes questions de santé, que ce soitune personne, un jeu ou une piècede théâtre. Toutes les personnes en tant queparents sont concernées par cesquestions de santé, d’où l’intérêtde se servir de ces différents outilsqui sont des soutiens.Les parents attendent que les pro-fessionnels mettent en place desactions leur permettant d’abordercertains sujets entre parents et avecleurs enfants, comme la sexualité,la drogue, mais ils souhaitentavant tout garder la maîtrise deleur vie de parents. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Aul

nay-

sous

-Boi

s •

octo

bre

2002

6

Page 7: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

7P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

■ ANIMATION : Marie-Claire Mériaux, psycho-logue, CAF.■ RAPPORT : Béatrice Dumont, responsabled’unité action sociale, CAF.

A PRÈS le rappel de la défini-tion de l’autorité parentaleselon l’article 371-1 du

code civil de la loi du 4 mars 2002et le rappel de l’évolution de celle-ci, de la toute-puissance paternelleau partage de l’autorité entre lesdeux parents, différentes actionssont présentées.

1 – Le groupe de paroles de pa-rents du centre social Albatros ac-cueille des parents, sans limitesd’âge. C’est un lieu d’échange, dediscussion. Les thèmes ne sont pasfixés par les professionnels, ce sontles parents qui apportent leurs pré-occupations, expriment leurs be-soins. Les professionnels ne sontpas là pour donner des solutions,mais interviennent en fonction deleurs expériences personnelles, deleurs connaissances. Cette action acréé du lien social entre les habi-tants.

2 – Le Fil d’Ariane est une associa-tion nationale fondée en 1998dont les objectifs sont d’aider lesparents dont les enfants sont pla-cés (en organisant des rencontresavec les parents tous les quinzejours), d’éviter la rupture entre les

enfants et leurs familles et demettre fin le plus rapidement pos-sible au placement. Durant le pla-cement des enfants, les parentsconservent l’autorité parentale,l’association est là pour faire res-pecter ce droit. Le placement nedoit pas être vécu comme unehonte.

3 – Des expériences complémen-taires ont également été évo-quées : l’association de solidaritédes Africains de Montfermeil etClichy-sous-Bois organise desrencontres entre les parents et lesprofessionnels de différentes ins-titutions : service social, police,tribunal pour enfants... L’objectifest de permettre une plus grandecommunication entre les parentset les professionnels. En effet,l’absence de communication estsouvent un facteur d’agressivité.Les centres d’information etd’orientation d’Aulnay-sous-Boiset de deux collèges ont mis enplace un groupe de discussionpour soutenir les parents dansleur aide à la réussite scolaire deleurs enfants.

Ces expériences ont permis de dé-gager quelques réflexions :• Les institutions, notammentl’école, doivent reconnaître l’auto-rité parentale. Cette autorité pa-rentale doit pouvoir s’exercer leplus tôt possible, d’où l’impor-

tance du temps privilégié entre lamaman et l’enfant à la maternitéet, aussi, du nouveau congé pater-nité.• Les parents peuvent être démunisface à l’école ; ils n’osent pas ren-trer dans l’école. • Quand les professionnels parlentde l’éducation des enfants, ils doi-vent tenir compte de la dimensionculturelle.• La difficulté pour les parents,c’est l’isolement : « Il manque lesgrands-mères. » « Personne n’estun parent parfait », « C’est pas fa-cile d’être enfant », « C’est pas fa-cile d’être parent ». Ces quelquestémoignages en attestent.

En conclusion, le thème de lacommunication et surtout de ladifficulté à communiquer a été aucœur des débats : l’absence decommunication dans les familles,entre les familles, avec les institu-tions, rend souvent les situationsagressives. Mais les expériences re-latées montrent que, lorsque desparents et des professionnels dialo-guent, on arrive à dépasser le « Àqui la faute », pour échanger et,ensemble, proposer des pistes detravail. Il est nécessaire, voire es-sentiel, de démultiplier les lieux deparole entre familles, entre familleset institutions. ■

L’autorité parentale, c’est quoi aujourd’hui ? AVEC LA PARTICIPATION DE :• Le Fil d’Ariane : 3 allée des Aubépines à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 43 84 78 87. Association de parents d’enfants placés.• Le centre social Albatros, 23 allée de la Bourdonnais à Aulnay-sous-Bois, tél. : 01 48 79 07 60.• L’association de solidarité des Africains de Montfermeil et de Clichy-sous-Bois (ASAMC), 16 rue Utrillo à Montfermeil, tél. : 01 43 32 14 53.

« L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. Elle appartientaux pères et aux mères jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant, pour le protéger dans sa sécurité, sa santéet sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. »

4

Page 8: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

J’ AI entendu des chosestrès humaines pendantces ateliers : « C’est dur

d’être parent, c’est le plus durmétier du monde, les enfants nenous obéissent plus. » Beaucoupde messages sont remontés de lapart des parents et des profession-nels, qui attestent de ce besoin deparler et de l’espoir mis dans cesrencontres qu’il faudra donc re-nouveler. J’ai noté également lafaçon dont chacun comprenait leterme de parent ou de parenta-lité. De toute évidence, c’est unmot qui ne renvoie pas à la mêmenotion chez les uns et chez lesautres et je crois que, là aussi, ilest tout à fait indispensable quenous puissions échanger pourbien comprendre ce que nousvoulons dire par là, les parents –de toute culture – et les institu-tionnels. Nous avons beaucoupde traductions à faire entre nouspour définir ce que c’est qued’être parent.

On attend de moi que je donnedes axes sur lesquels il serait bienque l’on continue à se voir et àéchanger.

Le premier pourrait être la ques-tion des relations entre les pa-rents, les institutions en généralet l’école en particulier. Ungroupe de parents d’origine afri-caine travaille dans ce sens, puis-qu’il essaye de mettre en place desrencontres avec la justice, la po-lice, les travailleurs sociaux de lacommune… Les professionnelsou les institutions et les parentsdoivent pouvoir se rencontrer, car

il existe une peur réciproque, lesparents ont peur de l’institutionqui a peur des parents. J’ai pu leconstater au travers de réactionstrès vives de professionnels quin’étaient pas mis en cause direc-tement, mais devant lesquels oncritiquait d’autres professionnels.Le besoin de connaissance réci-proque est flagrant.

Une autre piste de travail pour-rait être la question de l’exercicede l’autorité parentale, un sujetque l’on ne peut pas éviter quandon parle d’être parent. L’autorité,il ne s’agit pas de la contester ici,il s’agit de savoir comment onl’exerce, comment on la met enœuvre dans des contextes chan-geants. Dans notre société, la cel-lule familiale a évolué, elle remeten cause les modèles classiques.On constate que beaucoup de fa-milles recomposées ou mono-pa-rentales ont un problème d’exer-cice de cette autorité. Cette ques-tion de l’autorité peut égalementexister dans des familles qui vien-nent de l’étranger où, dans leurculture, le rôle du père ne s’exercepas de la même façon qu’enFrance. Ou encore, ce que lesgens considèrent comme allantde soi dans un certain environne-ment, ici choque ou fait pro-blème. Comment exercer l’auto-rité parentale dans ces condi-tions ? Comment l’exercer quandon a un statut social différent decelui que l’on avait là-bas ouailleurs ?

Enfin dernière piste, celle de laco-éducation, c’est-à-dire ce tra-

vail, ensemble, des parents et desinstitutions, pour mettre enœuvre cette parentalité. C’esttoute la question de ne pas laisserles parents seuls, de travailler aveceux sans se substituer à eux, decomprendre leurs attentes sansleur imposer notre modèle.

Cette réunion aura au moinsservi à renforcer les liens de ceuxqui en avaient déjà et, pourd’autres, à en créer de nouveaux.C’est cela un réseau, ce sont desliens, des nœuds. C’était l’objetdu Réaap lorsqu’il s’est créé. Au-jourd’hui, il existe puisqu’il orga-nise ces réunions qui sont faitespour qu’il se développe, se solidi-fie et finisse par couvrir le plusgrand territoire possible. De cepoint de vue-là, cette soirée estune réussite et il y en a d’autresprévues, d’ores et déjà. C’est ceque nous souhaitons tous. ■

ConclusionPHILIPPE BLANCHARD, DIRECTEUR DÉPARTEMENTAL DE LA DDASS DE SEINE-SAINT-DENIS.

Page 9: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sPi

erre

fitt

e-su

r-Se

ine

•oc

tobr

e 20

02S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapQ U E L Q U E S M O T S D ’ A C C U E I L

P I E R R E F I T T E - S U R - S E I N E

est devenu un fait désormais reconnu, la parentalité re-cueille de nos jours autant d’attention que de questions,comme l’insertion et l’emploi, la veille sociale, la préven-

tion, l’accès aux droits, l’égalité et la citoyenneté. Ce n’est doncpas un sujet mineur qui est abordé aujourd’hui.

Votre présence ce soir, parents et professionnels, les neufs com-munes que vous représentez, le nombre et la diversité de vos ins-titutions et de vos associations en attestent.

La parentalité est également un axe fort de la politique de la ville,signe d’une reconnaissance officielle de l’État.

Bien sûr, la fonction parentale est essentielle au développementharmonieux de la structure familiale qui est nécessaire au déve-loppement de l’enfant, mais la famille est, elle-même, en perma-nente évolution. Personne ne se risquerait à dire qu’aujourd’hui,dans ses formes et dans ses implications, la famille est la mêmequ’il y a un siècle ou même cinquante ans quand on regarde lenombre de divorces et de naissances hors mariage, le dévelop-pement des familles dites recomposées, monoparentales voirehomo parentales et des couples ayant contractés un pacs. Toutcela témoigne de transformations réelles qui ne se traduisent pasde la même manière car chaque famille est unique et vit selondes conditions sociales, historiques, culturelles différentes etspécifiques qui lui sont propres et qui appellent, donc, des ré-ponses concrètes et adaptées.

Aussi, aider au rétablissement des compétences parentales,contribuer à la création d’espaces d’écoute et de soutien aux fa-milles en difficulté représentent certainement une manièred’étayer les rapports sociaux contemporains et contribuent àcombler les multiples fractures provoquées par la société danslaquelle nous vivons. Cela représente aussi une tentative de di-minuer les souffrances engendrées par la vie et le travail. C’estune action solidaire qui contribue à retisser le lien social. En in-tervenant dans les multiples domaines qui sont les vôtres, vousfaites donc œuvre utile. C’est d’ailleurs une des particularités dutravail sur la parentalité qui permet, dans les multiples mailles deses filets, de nous confronter à un nombre impressionnant dequestions sociales, de préoccupations individuelles, de souci

collectif et ainsi de déboucher sur des questionnements allantjusqu’à l’organisation de la cité.

En fait, les réponses concrètes à des cas concrets qui permettentle travail sur la parentalité sont une invitation à des réflexionsplus larges et plus philosophiques sur les évolutions de la sociétéoù, à mon sens, la valeur la plus chère reste bien l’homme avecun grand H, ce qui implique bien de le mettre au cœur de tous leschoix sociaux et économiques autant que culturels et politiques.

Je ne soulignerai jamais assez combien l’existence et l’impor-tance du travail des réseaux d’appui et d’accompagnement desparents sont décisives dans la création de liens de proximité etsont de nature à conforter les parents dans leur rôle. C’est bienlà leur objectif prioritaire. ■

Catherine Hanriotmaire de Pierrefitte-sur-Seine

C’

Ce numéro a été réalisé par les membres actifs du comité de pilotage du Réaap 93 (DDASS, Conseil général, Caisse d’allocations familiales, Éducation nationale, Union départementale des associations familiales – UDAF –, Fédération des centres sociaux, Profession Banlieue)et coordonné par Profession Banlieue.Rens. : DDASS 01 41 60 71 09 ou Profession Banlieue 01 48 09 26 36.

Page 10: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

2

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sPi

erre

fitt

e-su

r-Se

ine

•oc

tobr

e 20

02L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

■ ANIMATION : Anne-Marie Couffrant, directricedu centre social Ambroise-Croizat.■ RAPPORT : Brigitte Barou, médiatrice, et GuyCharrier, directeur de la petite enfance et de lavie scolaire à Pierrefitte-sur-Seine.

L’expérience du collège Fabiende Saint-DenisÀ partir du constat des difficultéset de l’incompréhension entre lesparents et le corps enseignant, l’as-sistante sociale scolaire, le chefd’établissement et des représen-tants de l’équipe pédagogique ontdécidé d’organiser des réunions, lesamedi matin, en direction des pa-rents pour insister sur la nécessitéde l’implication des parents dansleur rôle éducatif. Des contactssont pris par courrier avec les pa-rents, des groupes de paroles s’or-ganisent sur différents thèmes etdes actions plus spécifiques sontmenées en direction des parents,comme la création d’un cours d’al-phabétisation au sein du collège.Ces réunions et ces actions ontpermis aux parents de s’approprierle collège et de tisser des liens.

Le Conseil de famille du quartier des poètes de Pierrefitte-sur-SeineDans cette expérience, ce sont lesparents qui sont allés vers l’écoleafin de tisser des liens avec le corpsenseignant. Le reportage diffusé

en mai 1993 sur France 3 qui pré-sentait la cité comme un lieu dehaute délinquance a été le déclen-cheur d’une prise de conscience dela communauté africaine qui a dé-cidé de réagir et de reprendre leschoses en main pour changerl’image de leur lieu de vie et assu-rer un avenir autre à leurs enfants.Les parents ont alors décidé decréer le Conseil de famille qui estune association loi 1901. Elle apour objectif d’être un médiateurentre les familles de culture afri-caine et les différents organismeset structures, en particulier l’école.C’est ainsi que se sont organiséesdes rencontres entre les parents,les directeurs d’écoles primaires,les instituteurs et le collège ; unevéritable médiation s’est mise enplace. Par ailleurs, le soir, les pèresde famille sillonnent le quartierpour discuter avec les jeunes et ra-mener, chez leurs parents, les en-fants qui jouent jusqu’à une heureavancée sur les places.

L’expérience de l’école Joliot-Curie de StainsLa direction et l’équipe ensei-gnante constatent que certains pa-rents d’origine étrangère ont unereprésentation de l’école qui necorrespond pas à ce qu’est l’écolefrançaise. Ils ne connaissent ni sonfonctionnement, ni son organisa-tion. L’équipe décide, alors, d’or-

ganiser des rencontres pour pré-senter l’école à ces parents dansleur langue et d’expliquer l’impor-tance des apprentissages et le ca-ractère obligatoire de l’école. Denombreux parents ont participé àces réunions et fréquentent, au-jourd’hui encore, l’école Joliot-Curie. Ces rencontres ont permis,également, à certains parents dene plus avoir peur de l’institution.

Le débat a porté sur les différencesculturelles qui existent dans l’ap-proche de l’école et la nécessité decomprendre les autres codes so-ciaux et culturels. Il s’agit donc,grâce à l’échange, de trouver desmodes de fonctionnement com-pris par tous qui permettent d’ins-taurer un climat de confiance etde complicité dans la relation quise crée entre les adultes qui entou-rent l’enfant. Il a été évoqué la né-cessité de faire vivre les culturesd’origine afin que chaque parentait quelque chose à communiqueret à transmettre à ses enfants. Unintervenant a regretté que l’on neprenne pas en compte les savoirsculturels des autres pour les inté-grer, quand ils sont pertinents, ànos propres codes.On a aussi souligné l’originalité etla réussite des actions qui étaient àl’initiative des parents et quicontinuent à fonctionner notam-ment dans les écoles. ■

Éducation et ÉcoleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Le collège Fabien, rue Prairial à Saint-Denis, tél. : 01 48 22 24 30. Expérience de réunions organisées pour débattre avec des parents d’élèves

sur des thèmes qui les intéressent.• Le Conseil de famille, centre social et culturel Georges-Brassens, 7 bis place Georges-Brassens à Pierrefitte-sur-Seine, tél. : 01 48 29 53 23. Ex-

périence de rencontres avec l’école.• Le collège Joliot-Curie, 2 avenue Vaillant-Couturier à Stains, tél. : 01 48 21 32 03. Expérience de rencontres avec des parents turcs et sri -an-

kais pour expliquer l’école. Ces rencontres ont débouché sur des cours d’alphabétisation.

Les relations entre l’école, les parents et les associations de quartiers4

Page 11: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

3

■ ANIMATION : Fernande Pouillard, conseillèretechnique, DDASS 93.■ RAPPORT : Dorothée Lamarche, bureau de laprévention, ASE, Conseil général 93.

L es débats se sont engagés à par-tir de la présentation des expé-

riences suivantes :• l’action menée par la Maison desparents de Stains, en collaborationavec l’APEIS, qui a permis, durantplusieurs mois, un travail d’écri-ture avec des parents au chômagedont le bénéfice a été de les redy-namiser et de les revaloriser,• l’action proposée par la Maison desparents du centre social Georges-Brassens de Pierrefitte-sur-Seine quia créé et favorisé de nombreux es-paces et moments d’échanges entreparents mais également avec desprofessionnels,• celle conduite par la PMI ou laMaison de la petite enfance de Pier-refitte-sur-Seine qui ont organisédes temps d’accueil parents-en-fants,• ou encore le travail mené par leclub de prévention spécialisée Jeu-nesse Feu Vert sur un quartier d’É-pinay-sur-Seine auprès des jeuneset de leurs familles.On constate, au travers de toutesces actions que, lorsque les condi-tions sont créées pour aider les pa-

rents à se rencontrer et à échangersur leurs expériences, émergent, leplus souvent, une mobilisation etune revalorisation des parents. Ilssortent de leur isolement en réali-sant qu’ils ne sont pas seuls à vivrecertaines difficultés avec leurs en-fants. Ils ont plus de courage pourse battre et résoudre leurs pro-blèmes et ils sont prêts à aiderd’autres parents lorsqu’ils ont sur-monté leurs difficultés. Par ailleurs,lorsque les professionnels se ren-dent disponibles, s’ouvrent au dia-logue avec convivialité, changent decadre sans changer de compétences,interviennent dans une approchecollective, voire font passerelle avecd’autres professionnels, les nœudset les tensions se dénouent, les liensdeviennent plus faciles, non seule-ment entre les parents pour s’aider,mais également entre les parents etles professionnels. La fréquentationtrès forte des lieux, constatée aucours des discussions, et les tempsoù cet échange est facilité par lesprofessionnels sont la preuve que cetype de démarche répond à des be-soins réels des parents. Les profes-sionnels ont, eux aussi, beaucoup àapprendre de ce que les famillespeuvent dire dans ces moments-là.Ces structures dont les profession-nels sont souvent à l’origine, sont

des lieux qui favorisent une ap-proche différente, comme en té-moigne une mère de famille fré-quentant une maison des parents :« Lorsque nous allons en tant queparents vers une institution pourêtre aidés ou accompagnés, on a tou-jours une certaine crainte de ce quiva se passer. Tandis que lorsque cesont les professionnels qui viennentvers nous, c’est plus facile, car ilsviennent chez nous, dans notre mai-son ». Ces structures, en permettantdes rencontres dans un cadre diffé-rent, sans que les professionnels per-dent leurs compétences, aident à dé-mystifier l’image des institutions au-près des familles qui, de ce fait, vontpouvoir s’adresser à elles plus facile-ment. L’ensemble des participants atoutefois plaidé fortement pour queces structures ne soient pas des lieuxuniquement destinés à des famillesdites en difficulté, mais s’adressent àl’ensemble des parents pour que desexpériences différentes puissent êtreéchangées et que s’instaurent des so-lidarités.Les professionnels doivent doncaider à favoriser ces momentsd’échanges entre parents, de mêmequ’ils doivent offrir des possibilitésde rencontres avec les parents dansune relation qui ne soit pas uni-quement du face à face. ■

Être parent, pas si simple…Ne pas hésiter à s’entraider AVEC LA PARTICIPATION DE :• La Maison des parents, centre social et culturel Georges-Brassens, 7 bis place Georges-Brassens à Pierrefitte-sur-Seine, tél. : 01 48 29 53 23.• La Maison des parents, 30 avenue Louis-Bordes à Stains, tél. : 01 48 26 65 71.• L’Association pour l’emploi et la solidarité (APEIS), 5 boulevard Maxime-Gorki à Sains, tél. : 01 48 29 05 22.• La Maison de la petite enfance, 76 boulevard Charles-de-Gaulle à Pierrefitte-sur-Seine, tél. : 01 49 40 11 73.• Jeunesse Feu Vert, club de prévention spécialisée, 9 rue du Maréchal-Maison à Épinay-sur-Seine, tél. : 01 48 23 34 42.

Comment reconnaître et faire valoir les compétences éducatives de tous les parents ? Comment épauler ceux qui de-mandent de l’aide ? Comment les parents peuvent-ils s’entraider au quotidien que ce soit dans les moments difficilesou à d’autres moments ? Comment les professionnels peuvent-ils aider à favoriser cette entraide ?

4

Page 12: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Pier

refi

tte-

sur-

Sein

e•

octo

bre

2002

4

■ ANIMATION : Micheline Batu, animatrice aucentre social Ambroise-Croizat.■ RAPPORT : Nicole Gloaguen, responsable dela prévention, ASE, Conseil général 93.

L es échanges se sont organisésautour de deux expériences.

La première relatait le lien quar-tier-école-famille à partir du par-tenariat entre le collège GustaveCourbet et le centre social Am-broise Croizat à Pierrefitte-sur-Seine. Cette expérience avait deuxobjectifs : une plus grande lisibilitédu système scolaire pour les pa-rents et une meilleure connais-sance des familles pour les ensei-gnants. Une commission de parte-naires se met, alors, en place ausein du collège Courbet, composéede l’ensemble des acteurs interve-nant sur le quartier (Éducation na-tionale, centre social, club de pré-vention…). Il s’agit, ainsi, de créerune communauté éducative au-tour d’une idée partagée par l’en-semble des acteurs, « le rapport ausavoir et à la citoyenneté ne peuts’établir pour les enfants et lesjeunes que grâce à la transparenceet la lisibilité de la relation école-famille ». La mise en place de cetteinstance partenariale et la concer-tation entre les différents acteursont eu des effets positifs. Tous lesparents sont venus au moins unefois au collège et une meilleurecommunication s’est établie. Pourles différents acteurs, il s’agit bien

de donner sens aux missions del’école afin que celle-ci soit recon-nue comme un lieu de transmis-sion du savoir articulé à l’éduca-tion et à la citoyenneté.Pour cela, le collège a su approfon-dir sa connaissance des familles etleur faire confiance en s’appuyantsur le centre social qui a un lien ex-trêmement fort avec elles.

La seconde expérience était cellede la Protection judiciaire de lajeunesse qui a proposé aux pa-rents des jeunes suivis par elle,soit en assistance éducative, soitdans le cadre pénal, un groupe deparole. Celui-ci repose sur l’adhé-sion des parents. Il se réunit envi-ron tous les deux mois. Il s’agitpour l’équipe éducative de com-prendre la famille pour aider l’en-fant. Par ailleurs, à travers legroupe, l’enjeu est aussi de dépas-ser la situation individuelle pourréfléchir, échanger et s’entraider.Le groupe de parents permet uneréflexion collective. Les parentsprennent peu à peu consciencedes difficultés éducatives et fami-liales et de la diversité de leurscauses. Ils prennent une place ac-tive dans la formalisation de leursproblèmes. L’équipe fait alors lebilan suivant : peu de parents sontdémissionnaires, tous sont sou-cieux de leur enfant mais ne sa-vent pas toujours comment faire.Alors, échanger c’est aussi savoirque d’autres sont confrontés aux

mêmes situations, c’est chercherdes solutions ensemble.

Les deux expériences ont fait appa-raître :– l’affaiblissement des références

éducatives,– la forte attente et la demande des

parents d’être soutenus,– les grandes incertitudes des pa-

rents face à leurs enfants et leursadolescents (scolarité, argent depoche, portables, sorties…),

– leurs difficultés dans le rapportà l’autorité (quelles limites po-ser ?),

– l’affaiblissement des différencesdes générations (notamment enréférence aux grands frères quiprennent la place des parents), etc.

À partir des échanges fructueux dugroupe, et en conclusion, « Êtreparent dans son quartier » c’est :– habiter dans un quartier, mais

appartenir à une ville,– se connaître pour rompre l’isole-

ment,– participer à une association de

locataires, à une activité ducentre social ou à une associationde parents d’élèves.

– être en lien avec l’école pour y êtreaccueilli, car certains momentssont sensibles comme, parexemple, le passage de CM2 en 6e,

– avoir des valeurs, sachant quetous les parents n’ont pas lesmêmes valeurs, et les trans-mettre,

Être parent dans son quartier AVEC LA PARTICIPATION DE :• Le Centre d’actions éducatives de la Protection judiciaire de la jeunesse, 19 rue de Paris à Pierrefitte-sur-Seine, tél. : 01 48 29 05 84.• Le collège Gustave-Courbet, 17 rue François-Mitterand à Pierrefitte-sur-Seine, tél. : 01 48 26 30 13. • Le centre social Ambroise-Croizat, rue Nungesser-et-Coli à Pierrefitte-sur-Seine, tél. : 01 48 29 05 84.

Comment le quartier peut-il interférer dans la relation parent-enfant ? Quelles sont les influences du voisinage surl’éducation de ses enfants ? Quel est le rôle de l’adulte dans le quartier ?

4

Page 13: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

5P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

– enfin, être grand-mère et pou-voir accueillir ses petits-enfants.

Mais être parent, ce n’est pas tou-jours facile. Il faut pouvoir s’entrai-der dans des périodes comme cellede l’adolescence qui est un momentde déstabilisation pour les jeunesmais aussi pour les parents. L’his-toire des familles est complexe, ilexiste des séparations, des conflits,

des ruptures, de la souffrance quiont des incidences sur l’éducationdes enfants. Les institutions, les pro-fessionnels doivent faire attention àne pas stigmatiser les parents maisplutôt à ouvrir des pistes possibles.

Quelles sont les attentes des parentsenvers les professionnels ?– avoir des espaces de dialogue,– se connaître, se reconnaître,

– pouvoir s’appuyer sur des profes-sionnels, avoir des personnes res-sources, comme les responsablesdu centre social Ambroise-Croizat.

– rompre l’isolement par la parole.Tout le monde ne doit pas toutfaire mais savoir qui fait quoi…

Pour construire ce dialogue, il est né-cessaire de construire des réseaux etd’être cohérent vis-à-vis des jeunes. ■

■ ANIMATION : Anissa Leymarie, Associationpour la formation, la prévention et l’accès audroit (AFPAD), Pierrefitte-sur-Seine.■ RAPPORT : Marie-Claire Mériaux, psycho-logue, CAF 93.

E n préambule, une série dequestions ont été posées.

Comment communiquer sur dessujets sensibles et complexes, surdes situations de souffrance où lespratiques éducatives sont interro-gées, mises à mal ? Mal-être del’enfant, mal-être du parent.Que signifie être à l’écoute ? Com-ment être à l’écoute de son enfant ?Comment entrer dans le dialogue ?Quel soutien peut-on espérer ? Àqui demander de l’aide ?Comment identifier les situationsde souffrances, les nommer ?Comment l’enfant s’exprime-t-il ?Avec des mots, avec son corps, àtravers des comportements ?

Notre réflexion s’est appuyée surdeux actions :• « À l’écoute de Julien ». Il s’agit d’unspectacle monté à la demande desparents de Pierrefitte-sur-Seine. Il estcomposé de cinq saynètes qui met-tent en scène des comédiens et desmarionnettes. Il s’adresse aux enfantsde cinq à sept ans et il aborde des si-tuations de maltraitance, abussexuels ou psychologiques. Ces say-nètes suscitent l’expression des en-fants. Que veut dire l’enfant lorsqu’ildit qu’un adulte « l’a embêté » ? Quefaire de la parole d’un enfant ?• Une psychologue et une média-trice familiale de l’APEC 93/Afcccont présenté le travail de leur asso-ciation et en particulier celui effec-tué auprès des enfants et des ado-lescents confrontés à des difficultésdans une crise familiale.La discussion a été très riche et apermis de dégager plusieurs axesde réflexion.

Nous nous sommes interrogéssur ce qu’on risquait à oser écou-ter un enfant : se sentir agressé,être déstabilisé ou même êtreobligé d’écouter quelque choseque l’on n’a pas forcément envied’entendre, surtout quand on nese sent pas très bien soi-même.Ensuite, nous avons insisté surl’importance de montrer à l’en-fant que l’on a le temps del’écouter, de s’intéresser à lui.Souvent quand on est parent, ons’attache à la forme et ce n’est pasfacile de décrypter ce que veutdire un enfant. On peut égale-ment oser écouter son enfant enpassant par des relais : des pro-fessionnels de l’éducation maisaussi des spécialistes de la psy-chologie. En bref, pour être à l’écoute, il nefaut pas attendre d’arriver à des si-tuations difficiles. Il nous sembleque les approches de ce temps

Osons écouter les enfantsAVEC LA PARTICIPATION DE :• L’Association pour l’enfant et le couple en Seine-Saint-Denis (APEC 93/Afccc), 5 rue Anatole-France à La Courneuve, tél. : 01 48 35 41 41.• L’Association d’aide à l’enfance et à la famille au moment du divorce ou de la séparation (AADEF médiation enfance famille), 4 avenue Paul-

Éluard à Bobigny, tél. : 01 48 30 21 21.

« Osons écouter les enfants » et notamment dans les situations douloureuses où il y a maltraitance, abus sexuels,violence, délinquance, racket, toxicomanie, crises d’adolescence, divorce…

4

Page 14: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

d’écoute peuvent se situer à troisniveaux :• Un niveau collectif de préven-

tion qui nécessite la médiationde supports comme le spectacleÀ l’écoute de Julien ou celui deMon corps, c’est mon corps quidoivent être adaptés à l’âge desenfants et des jeunes.

• Un niveau individuel ou familial,où il est parfois souhaitable defaire appel à un spécialiste commeun psychologue, un thérapeute fa-

milial. Cependant, la démarched’aller consulter n’est pas facile àfaire. Deux associations de média-tion familiale existent en Seine-Saint-Denis : l’AADEF médiationenfance famille et l’APEC93/Afccc.

• Enfin, dans des situations trèsdifficiles vécues par l’enfant, ilnous semble important que tousles adultes qui l’entourent, les pa-rents, les enseignants, les éduca-teurs, soient à l’écoute des chan-

gements qu’ils ont pu observerchez lui pour essayer d’y trouverun sens et de mieux l’aider.

En conclusion, les parents présentsqui fréquentent une maison des pa-rents ont dit que c’est un lieu où ilspeuvent se retrouver, échangerentre eux sur leurs différentes expé-riences, ne pas se sentir seuls face àleurs difficultés et trouver une aideautre qu’institutionnelle. Proposque l’on retrouve dans l’atelier Êtreparent, pas si simple … ■

■ ANIMATION : Francine Rudel, chargée de mis-sion, Protection judiciaire de la jeunesse 93.■ RAPPORT : Bernard Topuz, responsable duservice départemental de PMI, Conseil général93.

L’atelier a porté sur une expériencemenée à Stains pour rendre les en-

fants acteurs d’une recherche surl’identité de leurs familles et de leurstrajectoires à partir d’un questionne-ment sur leurs nom et prénom. Zo-rika Korazevic qui anime cette expé-rience l’a présentée au sein de l’atelier.

Qui sont les acteurs de cette expérience ?L’initiative est issue de l’Associationpour la promotion culturelle inter-communautaire de Stains. Cette asso-ciation anime des ateliers de soutienscolaire dans lesquels elle a développéune approche interactive des enfantsintitulée Raconte moi ton nom. Onpourra se référer au reportage passé en2002 à la télévision dans l’émissionSaga Cités disponible en cassette vi-déo auprès de l’association. La popu-

lation touchée par Raconte moi tonnom est celle des élèves de Stains duCP à la terminale. Ils sont inscrits parleurs parents à des ateliers compre-nant quinze à vingt enfants, l’un pourles enfants du primaire, l’autre pourceux du secondaire. Ce sont essentiel-lement des parents originaires duMaghreb et d’Afrique noire qui ontinscrit leurs enfants à cet atelier.

Dans quel contextecette expérience est-elle née ?La ville de Stains, comme beaucoupde villes de Seine-Saint-Denis, estmarquée par les arrivées successives depopulations immigrées originaires detelle ou telle région du globe. La stra-tégie politique visant à inscrire lesnouveaux habitants dans la citoyen-neté n’a de chance de prendre du sensque si, au préalable, ces populationsont une conscience vivante de leursracines. Dans les années quatre-vingt-dix, il y avait eu une mobilisationd’intégristes islamistes dans le quar-tier. Des initiatives d’enseignants laïcsde la langue arabe avaient vu alors lejour pour offrir des alternatives aux

personnes de langue arabe. C’est dansce contexte qu’un responsable de laFCPE a émis l’idée de faire un travailsur l’origine des noms de chaque en-fant en rendant les enfants journa-listes-enquêteurs.

Quels sont les objectifs ?Chaque personne vit une successionde transformations (bébé - enfant -adolescent - jeune adulte - adulte -personne âgée). À chaque étape, l’in-dividu retravaille son identité au re-gard de ses origines. L’expériencemontre chez les enfants un déficit im-portant de connaissances sur leursorigines. Dans ce contexte, l’associa-tion va faire en sorte que les enfantstentent de mieux comprendre la tra-jectoire de leurs parents à travers ledialogue. Les différentes étapes deleur vie, les raisons de leur immigra-tion, l’histoire du choix des noms etprénoms, leur arrivée à Stains, l’his-toire sociale du quartier… sontquelques unes des facettes que les en-fants exploreront dans les ateliers. Àterme, ce travail pédagogique surl’inscription familiale dans le temps et

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Pier

refi

tte-

sur-

Sein

e•

octo

bre

2002

6

Mémoires familiales AVEC LA PARTICIPATION DE :• L’Association pour la promotion culturelle intercommunautaire stanoise (APCIS), 8 square Molière à Stains, tél. : 01 48 22 47 95.

Histoire sociale de la famille, liens intergénérationnels, autorité parentale et transmission des savoirs4

Page 15: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

7P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

l’histoire doit pouvoir déboucher surle développement d’une solidaritéentre les peuples.

Avec quelle méthode ?Les enfants vont se transformer en dé-tectives et l’atelier jouera le rôle degroupe de parole. Toutes les restitu-tions sont possibles : écrite, parlée, col-lage, conte… Des rencontres avec leservice des archives du département,des recherches sur les caractéristiquesdémographiques et économiques duquartier sont aussi effectuées. Aprèsun premier temps de suspicion, les pa-rents sont très contents. Les enfantssont de leur côté fiers de mieuxconnaître leurs parents. L’atelier s’ins-crit dans le cadre du soutien scolaireporté par la valeur de la réussite sco-laire. La durée moyenne de fréquenta-tion de l’atelier est variable, en généralune année, avec une restitution créa-tive faite aux parents en fin d’année. Cette recherche sur l’identité de la fa-mille peut parfois mettre à jour des si-tuations difficiles où l’intervention de

mesures de protection de l’enfancepourrait être envisagée. La situationsera alors discutée dans le réseau par-tenarial spécialisé de la protection del’enfance qui déterminera la conduiteà tenir.

Nature des réactions et évocation d’autres expériencesayant une finalité semblableLes institutions médico-sociales etéducatives observent et analysent laplace de l’enfant dans sa famille etconstatent que c’est souvent doulou-reux s’il y a eu un deuil, une recom-position familiale et/ou un secret.Mais, elles œuvrent rarement pourque les jeunes deviennent « acteurs »de cette appropriation de leurs ori-gines et de la dynamique de leurs fa-milles. Elles encouragent simple-ment les parents à expliquer aux en-fants la place qu’ils ont au sein deleurs familles. Pour les tout-petits, lerôle de l’album photo est souligné. La discussion a fait émerger un ob-jectif important : rendre à chacun

sa place, qu’il soit parent ou en-fant, et aider les parents à surmon-ter leur peur de l’école. Pour cela,les participants soulignent l’im-portance de la qualité de l’accueil àl’école qui passe par le respect dunom de chacun sans écorchure.La CAF de la Boissière à Rosny-sous-Bois a présenté une autre ex-périence qui consiste à interviewerles parents migrants sur un objetqui a du sens pour eux, en lien avecleurs origines. Elle en a fait un livreintitulé : Objets du destin, Mémoiredes parents de la Boissière1.La transmission du patrimoine fa-milial peut prendre d’autresformes à travers, par exemple, desrecettes culinaires.Le point commun de toutes ces ex-périences est de développer un in-térêt et une reconnaissance des fa-milles par les professionnels. ■

1. On peut se procurer cet ouvrage au prix de 10 eu-ros en écrivant à la CAF, 17, rue Jean-Pierre-Tim-baud, 93110 Rosny-sous-Bois, tél. : 0149356303.

■ ANIMATION : Patrice Gauthier, directeur del’UDAF 93.■ RAPPORT : Bernard Eschalier, inspecteur,Jeunesse et Sports 93.

L es échanges ont porté principa-lement sur :

Le fonctionnement des clubs sportifs

Il y a une pénurie de plus en plusimportante de bénévoles souhai-tant s’investir dans le fonctionne-ment des associations, notam-ment sportives. Celles-ci sont sou-

vent perçues comme de simplesprestataires de services, du mêmeordre que les centres de loisirs.Dans ces conditions commentconduire les parents à s’engager ?Plusieurs pistes ont été évoquéespour améliorer la situation :• Valoriser le rôle des dirigeants et

des bénévoles par une meilleurereconnaissance de leur investis-sement (créer un véritable statutdu dirigeant, rembourser lesfrais engagés, inciter les clubs àse doter d’un véritable projet dedéveloppement…) permettantde fédérer les énergies.

• Analyser les attentes et besoins desparents qui confient leurs enfantsaux clubs : que recherchent-ilsvraiment en confiant leurs fils oufilles aux clubs sportifs ? Ne pro-jettent-ils pas sur leurs enfantsune réussite sportive qu’ils n’ontpas eue eux-mêmes ? On a ainsisouligné la nécessité d’avoir uneplus grande diversification desmodèles de la réussite sportive, carceux qui existent sont presquetous basés sur ceux des championsdans les sports les plus médiatisés.

• Modifier l’environnement en per-mettant aux adultes de se rencon-

L’éducation, c’est aussi autour du terrain de sportLa place des pratiques sportives dans l’éducation et dans les loisirs4

Page 16: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

J’ai le plaisir de conclure cettesoirée, avec Maghnia Ka-chour qui représente les pa-

rents, au nom du comité de pilotagedu Réaap. Cette soirée est une im-mense réussite si j’en juge seulementpar le nombre de participants, envi-ron 150, dont de très nombreux pa-rents. Il y a maintenant un an etdemi, nous avions organisé unejournée de la parentalité à Rosny-sous-Bois où nous étions sans douteplus nombreux, mais où nous étionssurtout entre professionnels. Il y a,aujourd’hui, une évolution tout àfait caractéristique, les parents sesont déplacés et se sont largementexprimés dans les ateliers.La restitution qui a été faite de ma-nière synthétique a permis de mettreen évidence la quantité de réflexions,la quantité de thèmes qui ont étéabordés et qui pourront être repris etretravaillés comme celui des représen-tations que l’on a quand on est parent,quand on est professionnel. Dans tousles cas, le dialogue était au rendez-vous.Les objectifs de cette rencontre ontété atteints. Il s’agissait pour le Réaap

de créer un réseau. Ce réseau existeaujourd’hui puisque vous êtes là,puisqu’il y a eu une manifestationdu même ordre en début de semaineà Aulnay-sous-Bois qui a mobiliséégalement une forte participation etqu’une troisième rencontre est pré-vue au début de l’année 2003.Autre objectif, celui d’encouragerl’échange d’expériences. On a en-tendu ce qui se fait ici et là, quelleaction a été engagée, comment desparents ou des professionnels peu-vent être à l’origine d’un projet au-tour de l’école, autour du sport. Cequi est enrichissant, c’est cet échanged’expériences qui prouve que l’onpeut s’y prendre de différentes fa-çons tout en avançant ensemble.Le réseau d’écoute d’appui et d’ac-compagnement des parents a égale-ment le souci de favoriser le déve-loppement de ces lieux d’expé-riences. Il en existe ici et là mais il enmanque sans doute ailleurs, dans lescentres sociaux, dans les haltes-gar-deries, dans les quartiers, là où viventles familles, les jeunes, les enfants. Leréseau est très attentif à ce que lesinitiatives soient soutenues, accom-

pagnées par les professionnels, parles parents, par les institutions et queles financements soient mobilisés.L’approche des institutions et des ad-ministrations est parfois compli-quée. Le réseau peut faciliter le mon-tage de ces projets et la recherche definancements. C’est aussi son rôle.Tout ce qui a été dit durant cette soi-rée sera repris par le comité de pilo-tage et servira pour repérer les pistesde travail et de réflexion pour l’an-née 2003. ■

Maghnia Kachour, un parent.« Bonsoir à tous. Je suis mère de septenfants et je connais bien le problèmeque pose l’éducation. Pourtant demain,ce seront nos enfants, les citoyens, lesfemmes, les hommes acteurs de nosvilles. C’est pourquoi il est importantd’élargir l’action que nous tous avonsentrepris. Nous, nous savons que,dans notre quartier sud de Pierrefitte-sur-Seine, nous continuerons. Au nomde tous les parents du quartier sud dePierrefitte-sur-Seine, je tiens à remer-cier Anne-Marie Couffrant pour tout cequ’elle nous apporte au sein du centresocial Ambroise-Croizat. »

trer autour de la pratiquesportive : on peut, par exemple, fa-voriser une plus grande convivia-lité en organisant des évènementstels des fêtes, des repas, des sorties,qui facilitent les échanges et quisont, en même temps, gratifiantspour les membres de l’association.

Les équipements et le cadre de la pratique sportive

Les équipements actuels ont, dansleur majorité, été conçus exclusive-ment pour une pratique sportivede compétition, ce qui ne favorise

pas la création de lien social ou laconvivialité. Il serait sans douteutile pour les propriétaires des ins-tallations (les villes) et pour les uti-lisateurs (les associations sportives)de mieux prendre en compte lesévolutions sociales récentes, no-tamment :– en aménageant les lieux et les

équipements annexes des instal-lations : clubs houses, vestiaires,espaces publics voisins…,

– en reconsidérant le rôle des fédé-rations sportives qui sont les pres-cripteurs principaux des normestechniques des installations,

– en diversifiant les équipementspour répondre aux vœux de tousles publics : équipements deproximité plus rustiques, instal-lations modulables.

En tout état de cause, si la volontéexiste au plan local, il est déjà pos-sible d’améliorer la situation de ma-nière importante grâce à certainespetites modifications : pourquoi pasun goûter après un match de rugby,un aménagement des vestiaires favo-risant les échanges entre les équipes,des horaires permettant aux diversesgénérations de se rencontrer ? ■

Conclusion ÉLISE SALÈRES, DIRECTRICE ADJOINTE, DIRECTRICE DE L’ACTION SOCIALE DE LA CAF 93.

Page 17: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sR

om

ai

nv

il

e•

jan

vie

r 2

00

4S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapL E S M O T S D ’ A C C U E I L

R O M A I N V I L L E

ESt avec plaisir que la ville de Romainville vous accueille ausein du Palais des fêtes pour cette troisième soirée ren-contre des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagne-

ment des parents (Réaap) en Seine-Saint-Denis. Un plaisir d’autantplus grand que le soutien à la parentalité est au cœur des actionsmises en œuvre par la ville.

L’ouverture, le 8 octobre 2002, de la Maison des parents, qui est au-jourd’hui de plus en plus connue et fréquentée par les Romainvil-lois, en est un exemple concret. Ce projet a été porté par un comitéde pilotage réunissant des parents, des associations, des institu-tions (conseil général, DDASS, préfecture de la Seine-Saint-De-nis), que vous représentez ce soir. Les séances de travail du comitéde pilotage ont favorisé les rencontres et les échanges entre lesdifférents membres qui se sont enrichis du savoir-faire, desconnaissances des uns et des autres. C’est pour que ces échangespuissent se poursuivre que la ville de Romainville a accepté devous recevoir aujourd’hui.

La transversalité, le travail en réseau peuvent prendre des formesdiverses comme de dépasser le cadre d’une ville. C’est le cas au-jourd’hui. Je remercie tous ceux qui nous ont permis la réalisationde cette rencontre. Je vous souhaite des échanges fructueux…■

Corinne Vallsmaire de Romainville

E remercie la mairie de Romainville d’avoir permis la réalisa-tion de cette journée. L’assistance que vous êtes témoigne del’intérêt que vous portez à la question de la parentalité dans

cette commune et dans ce secteur du département plus particuliè-rement. En effet, c’est le plus impliqué dans les actions de soutienaux parents, puisque, sur les quarante projets financés en 2003 parle comité de pilotage du Réaap, environ la moitié émanent de lacommune de Romainville et des communes voisines.

Le soutien aux actions de parentalité est un sujet extrêmement im-portant et de plus en plus identifié comme tel par tous les acteursde la vie publique. C’est pourquoi votre travail au quotidien, àl’échelon local, est la bonne façon d’aborder la question en termes

d’échelle et de variété d’action. Ce qui caractérise les projets ins-crits dans les Réaap, c’est leur diversité ; et pourtant, dans cettehétérogénéité, une constante demeure : au cœur du sujet se trouvela relation parent-enfant, quels que soient la porte d’entrée ou lechemin choisi pour aborder la question.

Je me félicite à ce stade de l’engouement dont vous témoignezpour ces initiatives. J’ai conscience que, pour les associations no-tamment et pour les organismes ou les communes qui portent cesactions, il n’est pas toujours simple en termes de financements oude ressources humaines de faire avancer les projets. Certaines as-sociations ont rencontré des difficultés, mais ce n’est la volonté depersonne qu’il en soit ainsi. Un vieux proverbe dit : « Ce qui carac-térise le pionnier, ce sont les flèches qu’on lui plante dans le dosparce qu’il est le premier en avant. » Vous êtes les pionniers de laparentalité et je suis le premier à regretter les difficultés qui peu-vent se présenter. Nous en tirerons les conséquences afin que lesmêmes causes ne produisent pas les mêmes effets cette année oules années à venir. La parentalité a trouvé sa reconnaissance ins-titutionnelle ; logiquement, le dispositif devrait être pérennisé, maiségalement plus structuré, ce qui est souvent la contrepartie de lapérennité.

Je vous souhaite des travaux fructueux lors des tables rondes.Pour ma part, je ferai ce que je peux à mon niveau pour essayerd’apporter les moyens qui sont nécessaires aux propositions ouaux projets qui seront esquissés ou produits à l’issue de cette soi-rée. Tous mes remerciements et mes félicitations pour votre impli-cation. Ne croyez pas que, en raison de la modestie des moyens fi-nanciers que l’État met à disposition sur cette question et des dif-ficultés que d’aucuns peuvent rencontrer, il y ait un désintérêt dela part de la DDASS. Je viens ici vous témoigner du contraire etvous encourager dans la direction que vous avez choisie. ■

Philippe Blancharddirecteur départemental des affaires sanitaires et sociales

C’

J

Page 18: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

E vous remercie d’avoir invité ce soir la Délégation intermi-nistérielle à la famille. Il y a maintenant cinq ans, le 9 mars1999, une circulaire1 instituait les réseaux d’écoute, d’appui et

d’accompagnement des parents (Réaap), un dispositif nationald’incitation au développement d’actions par et pour les parents.Cette toute première circulaire mettait l’accent sur la mise en ré-seau de l’ensemble des acteurs intéressés par cette question.Entre 1999 et 2003, le dispositif s’est beaucoup développé puisquele nombre d’actions a été multiplié par deux.

Dans l’ensemble de la France, la mobilisation des acteurs de ter-rain intéressés par les questions du rôle des parents et du soutienaux familles dans la tâche difficile d’éducation des enfants a ététrès forte. Une mobilisation des acteurs qui s’est traduite non seu-lement par une grande créativité dans les types d’actions dévelop-pées et des modalités d’intervention nouvelles, mais également parl’obtention d’un soutien financier qui a permis que des actionspuissent naître, se développer et vivre. La mobilisation des parentsinitiateurs et animateurs d’actions est également à souligner. EnSeine-Saint-Denis, par exemple, le nombre d’actions à l’initiative etanimées par des parents est assez conséquent au regard du totaldes actions développées. Ce rapport est assez inégal d’un dépar-tement à l’autre, mais il est en progression et doit être renforcé.

Si l’on retrouve les mêmes structures d’organisation d’un départe-ment à l’autre, il n’y a pas deux Réaap qui les ont animées de lamême façon ; chacun a fait en fonction des acteurs et des réalitésde terrain. Ainsi, à partir de la circulaire nationale de 1999, les dé-partements ont pu mettre en œuvre ces dispositifs comme ils l’en-tendaient, en faisant preuve d’une très grande créativité dans lesmodalités de réalisation. C’est la raison du dynamisme des ré-seaux.

Pour l’année 2004, une circulaire est en préparation, elle ne prévoitpas d’innovations fondamentales, la philosophie et la logique res-tent les mêmes. Néanmoins, la circulaire devra insister pour quesoit renforcée la place effective des parents dans les Réaap à tra-vers des stratégies d’animation départementale du réseau, la créa-tion de réseaux locaux et la mise en place de formations, non seu-lement pour les bénévoles qui interviennent dans les actions, maiségalement pour les parents afin qu’ils puissent être initiateurs etanimateurs d’actions et devenir eux-mêmes bénévoles du réseau.La circulaire devra également mettre l’accent sur le développe-ment d’une réflexion active sur les relations entre parents et pro-fessionnels ; il est important que les professionnels revisitent leurs

pratiques professionnelles et leur positionnement vis-à-vis des pa-rents, qui sont également des habitants et des citoyens, pour lesaider à mieux gérer leur vie quotidienne et les difficultés qu’ils ren-contrent. Il y a une nouvelle adéquation de relations à trouver entreles parents et les professionnels.

Les réseaux sont en phase de maturité, il faut donc apporter uneattention toute spécifique à l’évaluation des actions en posant lesquestions suivantes : a-t-on bien fait réseau, comment le réseaufonctionne-t-il, qu’est-ce qui a été mis en réseau, quels sont lespoints du réseau à renforcer ?

À propos de la Conférence de la famille 2004

Le thème retenu est l’adolescence. Trois groupes de travail fonc-tionnent actuellement pour préparer la Conférence de la familleautour de la notion d’« engagement des adolescents », de leur« santé » et du thème « familles et loisirs ». Ils doivent rendre leurrapport au ministre à la fin du mois de février 2004 et la Conférencede la famille devrait se tenir au printemps. ■

1. Cosignée par la Délégation interministérielle à la famille, la Délégation interministérielle àla ville et au développement social urbain, la Direction de l’action sociale et la Direction de lapopulation et des migrations.

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

nu

ro

3

•ja

nv

ier

20

04

2

Michèle Le Gauyer-Rossi, chargée de mission, Délégation interministérielle à la famille

J

Page 19: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Mireille Fouqueau, responsableprévention, Pantin.■ RAPPORT : Fernande Pouillard, conseillèretechnique, DDASS 93.

U NE cinquantaine de personnes,professionnels et parents, étaient

présentes pour écouter les exposés detrois expériences et en débattre. Lesdirectrices des structures ont fait unexposé rapide concernant le fonc-tionnement de leur structure et ontprécisé leur champ d’intervention etde compétence.• La Maison des parents de Ro-mainville est le fruit d’un partena-riat local important. Son comité depilotage regroupe l’ensemble desinstitutions de la ville concernéespar la thématique et les actions au-tour de la parentalité. Aujourd’hui,la Maison des parents peut se mo-biliser autour de projets collectifs,mais aussi de la résolution de pro-blèmes individuels pour des fa-milles.• L’équipe de Repères a décrit l’en-semble de ses activités. Le projet dela maison des parents est conçupour un accès facile à tous les pa-rents et offre différentes pos-sibilités : atelier cuisine, Café desparents, sorties culturelles et fami-liales, groupes de parole, rencontresà thèmes… Toutes ces activités ontdes objectifs précis, mais elles onttoutes en commun l’expression et laparticipation des parents.• L’association PAR en TAGE estcelle qui a l’expérience la pluslongue. Elle a démontré comment

les enfants, les adolescents ainsi queles jeunes majeurs pouvaient avoirune place dans une maison des pa-rents et comment ce type de lieudevenait un espace de médiation etde réflexion intergénérationnelles.

Il ressort des échanges et des diffé-rents exposés un certain nombre deconstats qui peuvent caractériser lesmaisons des parents :➢ Ce sont des structures jeunes, demoins de trois ans, animées par depetites équipes de un à quatre sala-riés. Un accueil chaleureux et infor-mel est privilégié pour des parentsqui cherchent un espace de parole.«On y vient, on parle, on repart.C’est convivial, ce n’est pas un pro-blème» dit un parent.➢ Dans un premier temps, ces lieuxsont plutôt fréquentés par desfemmes. Les hommes sont moinsnombreux, mais, quand ils décidentde participer, ils sont très investis. Unpublic d’adolescents est égalementprésent. Les heures d’ouverture sontamples: des rencontres peuvent êtreorganisées en soirée et le samedi.➢ En général, les objectifs poursui-vis par les maisons des parents sontles suivants :– offrir un lieu, un temps pouréchanger et parler. La parole, untemps et un lieu sont des termes quireviennent le plus souvent commeune préoccupation des profession-nels et comme un acquis pour lesparents ;– construire un lieu neutre qui nesoit pas marqué institutionnelle-

ment, mais qui peut rassembler lesénergies autour des problèmes indi-viduels ou collectifs des parents ;– faire de la médiation et mobiliserle réseau autour des parents et parles parents.➢ La maison des parents seconstruit par étapes : les parentsviennent d’abord seuls, puis inves-tissent le lieu et enfin organisent desactions plus collectives. Une profes-sionnelle, durant le débat, a inter-rogé l’assemblée sur les facteurs quifavorisent une mobilisation plusimportante des parents dans ceslieux qui, ailleurs, est plus difficile àobtenir. La réponse se trouve enpartie dans les constats précédents.➢ Les professionnels des maisonsdes parents ont affirmé la nécessitéabsolue de pouvoir relayer vers lesinstitutions spécialisées en cas debesoin, notamment pour des prisesen charge trop lourdes pour elles.La maison des parents est un lieu demédiation où tout peut être abordémais où tout ne peut pas être traitépour des questions de limite d’in-tervention, de déontologie.L’avenir dira comment ces struc-tures jeunes qui sont surtout deslieux d’écoute et d’échange entreparents vont évoluer.

En conclusion, il peut être rapportéune phrase d’un parent participant :«Un lieu où on vient, où on re-vient, où on parle de tout, d’unproblème, puis d’autres choses, puison passe à des moments de convi-vialité, rien n’est figé.» ■P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s3

Maison des parentsAVEC LA PARTICIPATION DE :• La Maison des parents, 105, rue Gabriel-Husson à Romainville, tél. : 01 48 45 59 06.• Association Repères, maison des parents, 13, rue Béthisy à Noisy-le-Sec, tél. : 01 48 40 51 93.• Association PAR en TAGE, maison des parents, 46, avenue Édouard-Vaillant à Pantin, tél. : 01 48 91 16 25.

La maison des parents, c’est un lieu de repos, un lieu neutre où la parole est possible, un lieu d’articulation4

Page 20: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Marie-Claire Mériaux, psycho-logue, CAF 93.■ RAPPORT : Evelyne Wannepain, médecin, PMI,conseil général 93.

E N préambule, les participants àl’atelier se sont interrogés sur

l’intitulé de la table ronde «Deve-nir parents ». On peut penserqu’on est parent de fait, mais l’est-on toujours de la même façon avecchacun de ses enfants, ou quandon travaille loin de son domicile,ou quand les parents sont séparés,ou si l’on a un enfant différent desautres, ou encore au fil des événe-ments familiaux ?Le groupe a ensuite tenté de défi-nir quels étaient les besoins desparents quel que soit l’âge des en-fants, sans oublier la petite en-fance. L’accent a été mis surl’écoute et l’échange dans un lieuneutre avec d’autres parents pourfaire part d’expériences, dedoutes, de difficultés sans êtrejugé, sans avoir peur du regard del’autre. Ce premier besoin n’estpas sans lien avec le désir de ren-contre et d’échange souvent évo-qué par les parents. Connaîtreson quartier pour rompre l’isole-ment et sortir de chez soi a égale-ment été cité. Puis des parentsont rappelé la nécessité deprendre plaisir à être avec leursenfants, certaines mères ont évo-qué le besoin d’enrichir leur sta-tut de mère au foyer et d’ap-prendre par elles-mêmes.

Pour répondre à ces attentes, il existebien sûr quelques structures, commecelles que nous présentons ici.

■ LA LUDOTHÈQUE,lieu d’accueil et d’échange pour parents et enfants– Jeux Créativité PartageQuand on pousse la porte, les pa-rents et les enfants qui arrivent sontaccueillis par une animatrice quiprend le temps de les présenter augroupe déjà constitué. Les enfantsdécouvrent alors des jeux, desjouets, des livres qu’ils utilisententre eux ou avec leurs parents. Cene sont pas des professionnels quiencadrent les activités mais des pa-rents bénévoles qui assurent l’ani-mation et qui ont appris au fur et àmesure des besoins à structurerl’activité. L’association s’est ainsipenchée sur la question des cré-neaux horaires d’ouverture enfonction du public (âge des en-fants, présence des pères) pour pro-poser une ouverture le samediaprès-midi, ou le vendredi matin,ou après la classe…, ou sur celledes partenariats à engager avec lesassistantes maternelles, la PMI, lesécoles et la bibliothèque du quar-tier, le service social. Une participa-tion à des formations d’Enfance etMusique a également été envisagée.La ludothèque est une structure enconstante évolution, les projets sesuccèdent, s’enchaînent. « On yentre pour faire jouer ses enfants,on y reste pour autre chose…» ditun parent.

■ L’ACCUEIL PARENTS-ENFANTS

– centre de PMI, RomainvilleDeux demi-journées par semaine,un accueil est proposé aux jeunes en-fants non scolarisés du quartier. Ilsdoivent être accompagnés d’unadulte qui peut être un parent ouune assistante maternelle. Dans unespace aménagé pour eux, les enfantsse rencontrent et partagent des mo-ments de jeu, expérimentent, créent,apprennent à faire seuls. Dans lemême temps, les adultes se rencon-trent, découvrent leur enfant parmiles autres, l’observent en activité etconstatent son autonomie. L’enca-drement des séances est assuré pardes professionnels de la PMI (éduca-trices de jeunes enfants et auxiliairesde puériculture). Les objectifs de cetaccueil sont d’une part l’accompa-gnement de la parentalité par laconsolidation de la relation parent-enfant en s’appuyant sur les compé-tences des parents et des enfants etd’autre part l’autonomie de l’enfantfavorisée par le contact avec ses pairs.

■ « PARENTS, PARLONS-EN » – Maison du Bas-Montreuil - Lou-nès MatoubLe centre social est ouvert depuis sep-tembre 2002. C’est une initiative desparents, des habitants et des profes-sionnels. Dès l’ouverture, un groupeparentalité s’est mis en place. Il est àl’origine de l’organisation d’un ac-cueil, chaque jeudi matin, autourd’un petit-déjeuner qui se veut convi-vial pour la population du quartierfréquentant ou non le centre social.

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

nu

ro

3

•ja

nv

ier

20

04

4

Devenir parentsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Association Jeux Créativité Partage, 317, boulevard de la Boissière à Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 55 50 52.• L’accueil parents-enfants, centre de PMI, 3, rue du docteur Parat à Romainville, tél. : 01 49 15 92 53.• Maison du Bas-Montreuil - Lounès Matoub, centre social municipal, 4-6, place de la République à Montreuil-sous-Bois, tél. : 0148513512 ou 0141727790.

« Pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village »4

Page 21: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

La discussion est libre. Le groupe detravail sur la parentalité a égalementdonné naissance à un lieu d’écoute«Parents, parlons-en», lieu de parolespour les parents qui se tient une foispar semaine, le vendredi de 17 heuresà 19 heures. Les thèmes abordés sontdéterminés par les parents eux-mêmes: élever seul son enfant, vio-lence sur enfant… Une réflexion esten cours sur la place des profession-nels (PMI, crèche, école mater-nelle…) dans ce groupe de parole.

À l’issue de cette présentation d’expé-

riences, les participants ont tenté defaire un inventaire de ce qui leurmanquait, étant entendu que beau-coup d’actions ne sont pas portées àleur connaissance : d’autres lieuxd’écoute et d’échange pour les pa-rents, des informations sur l’existantqui seraient faciles d’accès et pour-raient prendre la forme d’un guide lo-cal des ressources ou de sites internetdocumentés et actualisés… Les parti-cipants ont également réclamé de lasouplesse pour créer des lieux d’ac-cueil. C’est ainsi qu’ils ont lancé unesérie de questionnements: ils se sont

demandé pourquoi la forme associa-tive était un passage obligé pour lacréation d’un lieu par et pour les pa-rents? Pourquoi les parents ne pour-raient-ils pas être présents dans lesstructures institutionnelles? Et s’ils yétaient, comment serait prise encompte leur parole dans ces struc-tures? Un parent a évoqué la possibi-lité qu’ils soient des médiateurs.Néanmoins, pour tous ces projets, cesactions, il faut donner du temps auxparents pour qu’ils puissent s’investir.Les congés parentaux et de paternitésont déjà une première étape. ■

■ ANIMATION : Michèle Delatorre, directrice,centre d’action éducative de Pantin, PJJ 93.■ RAPPORT : Mustapha Saadi, avocat, Associa-tion des juristes berbères de France.

CET atelier a réuni une trentainede participants, essentiellement

des professionnels. Deux expé-riences ont été présentées.

■ « LA JUSTICE ET MOI » – service prévention-sécurité, RomainvilleCette action répond aux manques deconnaissance des circuits judiciairespar les jeunes. Elle s’adresse à douzeclasses de CM2, soit la quasi-totalitédes écoles de Romainville. Cette ac-tion, mise en place en lien avec l’ins-pection académique et plus particuliè-rement avec la coordinatrice REP, de-vra, à terme, être relayée entièrementpar les professeurs des écoles sans l’in-tervention du service municipal.

La justice et moi se déroule duranttrois demi-journées.La première demi-journée s’articuleautour de jeux ludo-éducatifs (jeuxde questions-réponses, puzzles…)dont la plupart ont été créés par leservice prévention-sécurité. Ils per-mettent d’échanger sur le systèmejudiciaire français, d’aborder sonfonctionnement et la justice des mi-neurs. À l’issue de cette demi-jour-née, une bande dessinée est distri-buée aux élèves. Elle relate une af-faire, de l’infraction jusqu’à la déci-sion de justice. On demande ensuiteaux élèves de concevoir un jeu derôles autour d’un procès imaginairequ’ils joueront durant la deuxièmedemi-journée. La troisième demi-journée est en option: il est prévudes échanges avec les élèves, ou unevisite au tribunal de grande instancede Bobigny ou la simulation duprocès qu’ils ont imaginé dans unevraie salle d’audience. L’ensemble de

ces activités est animé par deux ju-ristes. Cette action revêt diverses di-mensions à la fois sur le fond et surla forme: initier les enfants au droitet à la connaissance de l’institutionjudiciaire, favoriser l’apprentissagede l’échange et du débat, les familia-riser à la terminologie juridique etsusciter leur expression.Le souhait du service prévention-sécurité est de faire venir les pa-rents dans l’école pour qu’ils assis-tent au procès imaginé par leursenfants, qu’un débat s’engage surdes questions de droit et qu’ils de-viennent les porteurs du projet à laplace du service municipal.Cette expérience a soulevé denombreuses questions : la premièreest celle du partenariat établi avecl’institution scolaire. L’adhésiondes équipes éducatives, leur impli-cation dans la mise en œuvre del’action ont créé une dynamiquequi a permis la réussite de l’action.P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

Droits et devoirsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Le service prévention-sécurité, mairie, 4, rue de Paris à Romainville, tél. : 01 49 15 56 82.• L’Association des juristes berbères de France (AJBF), 4, avenue Salvadore-Allende à Bobigny, tél : 01 45 88 09 09.

Quels sont les droits et les devoirs des jeunes et des parents ?4

Page 22: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Marie-Chantal Duru, déléguée dépar-tementale de la Fédération des centres sociaux 93.■ RAPPORT : Élisabeth Usclade, éducatrice spéciali-sée, ADSEA 93.

UNE soixantaine de personnes ontparticipé à cet atelier réunissant

des parents et des professionnels. Trois expériences ont été présentéesafin d’amorcer le débat.

■ L’ACCOMPAGNEMENT

À LA RÉUSSITE SCOLAIRE – Le CheminL’accompagnement à la réussite sco-

laire est l’une des actions éducativeset sociales mises en place par l’asso-ciation Le Chemin. Elle est destinéeaux enfants de six à seize ans habi-tant le quartier de la Boissière et sesalentours. Les enfants, en échec sco-laire, sont de toutes origines socio-culturelles, de parents travaillanttard, ou de familles monoparentales,ou analphabètes, ou de familles re-composées en grande difficulté; ilssont inscrits directement par les pa-rents ou recommandés et orientéspar les assistantes sociales scolaires,les institutrices ou la principale du

collège Albert-Camus avec lequell’association collabore.Les enfants sont reçus en groupe les sa-medis matin de 10 heures à 12 heuresau centre social de la Boissière. En de-hors de cette séance collective, ils sontpris en charge individuellement dansleur milieu de vie pour les aider àmieux s’organiser. Au domicile, l’auto-nomie de l’enfant, ses conditions detravail, ses difficultés sont évaluées. Unsoutien personnalisé et adapté àchaque enfant est mis en place souventavec la collaboration et l’aide des insti-tuteurs et des professeurs. L’association

La question a été posée de savoir sila qualité des partenaires, tous ins-titutionnels, n’a pas été détermi-nante. Autrement dit, une associa-tion extérieure aurait-elle reçue untel concours ? La seconde questiona concerné les compétences des in-tervenants. Les initiateurs du pro-jet sont juristes de formation. Leurconnaissance du droit leur a per-mis d’aborder des thématiquesayant trait à la justice et à la loi. Ilsont su utiliser une dynamique pé-dagogique basée sur l’interactivité(jeu de questions-réponses), lesjeux (puzzle et mise en scène d’unprocès) et l’apprentissage (les no-tions et le langage juridiques).Les promoteurs de cette expé-rience qui entendaient impliquerles parents regrettent que cet ob-jectif n’ait pas été atteint. L’engage-ment des parents n’a pas pu seconcrétiser et la volonté que les pa-

rents se substituent aux initiateurset prennent le relais au sein del’école a échoué. En dehors de ladifficulté de mobiliser des parentsd’élèves pour des actions au profitdes élèves et de l’école, cette expé-rience soulève une autre difficulté :indépendamment des problèmesde pédagogie, elle nécessite descompétences juridiques que seulsdes parents maîtrisant le droit peu-vent proposer. De plus, les équipeséducatives seraient-elles enchan-tées de voir des parents empiétersur leur territoire et leur savoir ?

La présentation suivante constitueun élément de réponse.

■ LE RÉSEAU D’ÉCHANGES

AVEC LES PARENTS AUTOUR

DU DROIT – AJBFL’objectif de cette action est dedonner aux parents des notions

de droit autour de trois thèmes :le règlement intérieur d’un éta-blissement scolaire, l’autorité pa-rentale et le droit des mineurs.Un quatrième thème émerge dela plupart des rencontres : la na-tionalité. Au départ, l’associationsouhaitait que l’action se dérouledans ses locaux à Bobigny. Fina-lement, l’action s’est délocaliséedans des structures partenairesde l’AJBF (clubs de prévention,maison de quartier…) quiavaient déjà engagé une réflexionsur ces thèmes avec des groupesde parents. Les groupes sont ouverts et com-posés de quatre à quinze per-sonnes, essentiellement desfemmes. Ils sont animés par unprofessionnel de la structure hé-bergeante et un juriste de l’AJBF.Les interventions ont lieu unefois par mois. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

nu

ro

3

•ja

nv

ier

20

04

6

Être parents d’adolescentsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Association Le Chemin, 317, boulevard de la Boissière à Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 55 10 47.• L’Arc-en-Ciel du Londeau, 6, rue Paul-Verlaine à Noisy-le-Sec, tél. : 01 48 91 75 46.• Association Rues et Cités, 24, boulevard Paul-Vaillant-Couturier à Montreuil-sous-Bois, tél. : 01 41 72 02 81.

Les adolescents, les parents et leurs rapports à l’école4

Page 23: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

joue un rôle de relais, de passerellevoire de médiateur entre d’une partl’école, le collège, les assistantes socialeset d’autre part les parents. Elle encou-rage ainsi les parents à aller vers l’écoleet à s’impliquer plus dans la scolaritéde leurs enfants. Elle aide aussi l’insti-tution scolaire à mieux comprendre laposition des parents.L’association développe un vrai par-tenariat en travaillant en réseau avectous ceux qui de près ou de loin sontconcernés par l’enfant. Ainsi, unefois par mois sinon plus, si la situa-tion l’exige, elle fait le point avec lesassistantes sociales scolaires, les fa-milles chez elles, les instituteurs et lesprofesseurs.Au début de l’année scolaire, une ren-contre collective est organisée avec lesparents et les enfants pour écouter lesdoléances des uns et des autres et pro-jeter ensemble le déroulement de l’an-née. À la fin des premier et deuxièmetrimestres a lieu une réunion-bilan,ainsi qu’à la fin du troisième, pourclore l’année. Mais, tout au long del’année, des rencontres sont organiséesavec les parents pour échanger des ex-périences quant à leur implicationdans la scolarité de leurs enfants, ladifficulté d’être parent.

■ FAMILLE/ÉCOLE

– L’Arc-en-ciel du LondeauCette association a été fondée, il y avingt ans, par les mères de famille duquartier, françaises et étrangères, pourla promotion des femmes et l’accom-pagnement éducatif des enfants. L’action Famille/École est destinéed’une part aux élèves en difficultéauxquels l’association propose dusoutien scolaire et d’autre part à leursparents pour les aider à suivre la sco-larité de leurs enfants. Lors de l’ins-cription de leurs enfants au modulede soutien scolaire, les parents s’enga-gent par écrit à suivre leur assiduité.Cette action est menée en partenariatavec le collège Olympe de Gouges.

Elle concerne plus particulièrementles classes de 6e et de 5e. Environ170 jeunes ont pu, ainsi, bénéficierdu soutien scolaire. Une aide spéci-fique existe également pour les classesde 4e et de 3e pour préparer le passageet l’arrivée des enfants au lycée. L’action à destination des parents se dé-cline différemment selon leurs besoins:aide ponctuelle, échanges et recherchede solutions avec eux et les enseignantspour les élèves perturbés, rencontresavec des professionnels de l’enfance,participation au conseil d’école… Les mères sont souvent plus impli-quées que les pères, mais les deux pa-rents ressentent souvent un fort senti-ment de dévalorisation face à l’école.

■ MAÎTRISE DES CODES SCOLAIRES

– Rues et CitésC’est une action qui s’est développée àpartir de la demande des mères quisouhaitaient comprendre le fonction-nement du collège. Comment aiderles enfants quand les parents ne com-prennent pas bien la langue? Partantde ce constat, des contacts ont été prisavec le collège pour mettre en placedes outils d’alphabétisation, car lesliens entre le collège et les parents pas-sent la plupart du temps par l’écrit.Une formatrice d’Astrolabe travailleavec les mères sur des documents telsque le carnet de correspondance, lesbulletins de notes trimestriels ou lesbulletins d’absences pour les aider à lescomprendre. Des rencontres ont lieuégalement avec des professeurs. Cetravail favorise les contacts des parentsavec le collège et a des effets positifssur la relation des parents avec leursadolescents. Ces derniers sont fiers del’engagement de leurs mères.

La présentation de ces trois expé-riences a permis de mettre en lumièreplusieurs points essentiels.➢ L’évidente amélioration des rela-tions entre l’école et les parents lors-qu’il existe une médiation qui permet

à chaque partie en présence de faire unpas vers l’autre. Les relations col-lège/parents restent plus difficilesquand cette médiation n’existe pas; lesparents se sentent dévalorisés par lesenseignants et ils considèrent queleurs enfants le sont également.➢ Le rôle des mères est primordial.Comme elles souhaitent que leursenfants réussissent à l’école, elles s’in-vestissent pour s’en approprier lescodes. Il faut souligner l’importancedes efforts qu’elles réalisent et le mo-dèle fort que cela renvoie à leurs en-fants. Les participants se sont alorsinterrogés sur le rôle des pères. Cer-taines mères estiment que ce sontelles les éducatrices. Elles gèrent lequotidien et les pères interviennentdans des circonstances plus offi-cielles. Toutefois, des projets com-mencent à voir le jour avec les pères.➢ En redonnant du pouvoir aux pa-rents, on permet aux jeunes de seconstruire: si le parent est réinvestidans son rôle de parent, le jeune peutse remotiver et reprendre sa placed’enfant ou d’adolescent.

Les participants sont revenus à plu-sieurs reprises sur la notion de parentsdémissionnaires/démissionnés qui amarqué le débat. Pour une principalede collège, quand les familles ne profi-tent pas de ce qui leur est proposé,quand on leur donne toutes les chancesmais qu’il n’y a aucun résultat, on peutalors parler de parents démissionnaires.Georgette Kano, la présidente de l’as-sociation Le Chemin, préfère parler deparents démissionnés. D’autres partici-pants ont tenté de donner une défini-tion: être démissionnaire résulteraitd’une volonté, être démissionné d’unétat. En tout état de cause, c’est souventla honte qui empêche les familles de sedéplacer. Elles sont «convoquées» etnon conviées quand leurs enfants po-sent problème. Un travail de longuehaleine est donc nécessaire pour chan-ger les représentations de tous. ■P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s7

Page 24: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

nu

ro

3

•ja

nv

ier

20

04

8

IL faut reconnaître la réussite de cesdifférentes soirées rencontres du

Réaap sur le département depuis déjàquelques années: un succès assez ra-pide qui perdure, une participationcroissante à la fois des parents et desprofessionnels, et, enfin, une coordi-nation efficace de Profession Ban-lieue. C’est la preuve que le Réaapreste dynamique après cinq ansd’existence, qu’il fonctionne et vittout en se déployant sur le départe-ment et en s’enrichissant des diffé-rentes approches des partenaires etdes acteurs de terrain avec la coopéra-tion des parents. Pour le conseil géné-ral, c’est aussi une manière originaleet vivante de décliner le projet dépar-temental «Vivre ensemble en Seine-Saint-Denis».Je souhaite dessiner quelques perspec-tives qui sont en lien avec les travauxqui nous réunissent aujourd’hui etavec les missions du conseil général àtravers la protection de l’enfance, laprotection maternelle et infantile et sapolitique des modes d’accueil.Comme il l’a fait en 2003, le conseilgénéral continuera à soutenir l’aideaux projets et en particulier ceux spé-cifiques à la parentalité pour pour-suivre le travail de coopération engagé.Néanmoins, je voudrais rappeler uncertain nombre de critères qui fontparfois débat quand on instruit lesprojets. En premier lieu, il s’agit de laparticipation des parents, qui doit semanifester sous une forme de plus enplus active ou citoyenne dans ce typede projets. Puis, l’ancrage dans lequartier ou dans la ville doit être si-gnificatif: le projet doit être élaboré enlien avec les acteurs de terrain, les as-sociations et la ville. Ensuite, sans re-mettre en question l’implication desprofessionnels, une place importante

doit être laissée aux bénévoles qui in-terviennent dans ces actions tout enleur assurant une possibilité de forma-tion. Enfin, chaque projet devra fairel’objet d’un cofinancement.Au-delà de ces aides aux projets lo-caux, de nombreuses actions font ap-paraître le désir d’une modificationde la place des parents dans nos insti-tutions, que ce soit à l’école, à la PMI,à la crèche, au service social. Cettequestion a d’ailleurs été largementévoquée dans l’atelier sur les familleset les adolescents, et toutes les expé-riences présentées aujourd’hui avaientcette volonté commune. Mais com-ment prendre en compte cette évolu-tion? J’ai pour ma part repéréquelques lignes de force: toutes lesformes d’interventions actives avec lesparents sont à rechercher, les profes-sionnels venant eux en appui pour fa-ciliter les relations d’échange entre pa-rents, pour soutenir, parfois techni-quement, et pour accompagner lesinitiatives dans des approches à la foisindividuelles et collectives. La recon-naissance et la mobilisation des res-sources des parents sont des enjeuxessentiels en prévention pour éviterdes interventions trop normalisées,trop extérieures aux personnes outrop contraignantes. Toutes les ac-tions doivent s’appuyer sur les res-sources que les parents eux-mêmespeuvent mobiliser pour remédier àleurs difficultés.Je voudrais également dire quelquesmots sur les nouvelles pratiques quiapparaissent et qui traversent les ser-vices du conseil général. C’est notam-ment le développement de liens di-rects avec les parents par le biais desfonctions de médiation ou de relais.Des actions de groupe sont égalementproposées avec en appui des sorties

culturelles, du sport, des activités ditesculinaires et aussi une fonctiond’échange de savoirs entre parents.La connaissance de toutes les res-sources locales a été améliorée et le ré-seau fonctionne mieux: il s’agit desservices partenaires, des associations,des personnes relais, avec une placelaissée à la notion de voisinage et de fa-mille élargie. Cette meilleure connais-sance permet d’activer le réseau desoutien autour des familles ou des pa-rents qui peuvent être en difficulté.Les conditions d’accueil et d’échangeont été revues pour développer uneécoute attentive, confiante et respec-tueuse du point de vue des parents.Autre modification, celle du change-ment de posture des professionnelspar une valorisation systématique descompétences des parents au lieud’une mise en avant de leurs lacunes,de leurs manques, de leurs déficits,voire de leurs incompétences. Enfin,l’association même des parents, dansune approche plus citoyenne, à laconduite et à l’élaboration des projetsconstruits par les professionnels, ycompris dans les actions d’évaluation.Dans cette évolution, le Réaap joueun rôle non négligeable, et toutes lessoirées rencontres participent à cetterichesse d’échange de savoir-faire, decompétences. En ce début d’année2004, je souhaite des vœux de pros-périté à cette démarche. Que nouslui apportions tous notre soutien,notre enthousiasme, dans une pé-riode où il est plus que nécessaired’affirmer la force de l’action éduca-tive et des actions de solidarité ainsique la nécessité de poursuivre le tra-vail interinstitutionnel, qui est faitdans le cadre du Réaap, du travailpartenarial et du travail de coopéra-tion intensive avec les familles. ■

Conclusion ÉLIETTE MADEIRA, ADJOINTE À LA DIRECTION DE L’ENFANCE ET DE LA FAMILLE, CONSEIL GÉNÉRAL 93

Page 25: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sC

lic

hy

-so

us

-Bo

is•

nove

mbr

e 20

04S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapL E S M O T S D ’ A C C U E I L

C L I C H Y - S O U S - B O I S

EST avec plaisir que j’introduis cette soirée avec une doublecasquette, celle de maire et de pédiatre. Ainsi, à doubletitre, la parentalité est au cœur de mes préoccupations. Ce

que les parents apportent aux enfants au sein de la famille estirremplaçable. Cela peut paraître un truisme, néanmoins, quand lesfamilles dysfonctionnent, les enfants ont bien des difficultés à seconstruire. Et, malgré leurs efforts, les professionnels qui lesaccompagnent, n’arriveront pas à pallier totalement les manque-ments des parents, tout en reconnaissant également que la paren-talité est un exercice difficile. Françoise Dolto disait : « Il ne fautjamais disputer les parents, ils font ce qu’ils peuvent. »

Quand on observe les problèmes qui se posent dans les villes deClichy-sous-Bois et de Montfermeil, les stratégies et les politiquesélaborées pour tenter d’y remédier, la parentalité est au cœur despropositions. Il n’y a pas de solution ou de progrès qui puisse s’éla-borer sans elle. C’est la raison pour laquelle vous avez eu raison dechoisir ce sujet. L’idée de confronter les actions que les profes-sionnels ou les parents réalisent dans un cadre institutionnel ouassociatif est une bonne idée, car les parents ont bien souventbesoin de réfléchir à leur condition de parents. Au nom de lacommunauté d’agglomération, je vous souhaite de bons travauxpour cette soirée. ■

Claude Dilain, président de la communauté d’agglomération

de Clichy-sous-Bois/Montfermeil, maire de Clichy-sous-Bois

IENVENUE à cette cinquième soirée rencontre du réseaud’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents(Réaap) de la Seine-Saint-Denis. Les Réaap ont été créés à

la suite de la conférence de la famille du 12 juin 1998. Le comité depilotage du Réaap de la Seine-Saint-Denis a été installé par lepréfet le 25 mai 1999. Il est piloté par la Ddass et animé parProfession Banlieue. Il est composé de représentants de l’Éduca-tion nationale, de la Protection judiciaire de la jeunesse, du conseilgénéral, de la caisse d’allocations familiales, du Clicoss 93, del’Union départementale des associations familiales et de la Fédé-ration des centres sociaux de la Seine-Saint-Denis.

La première soirée rencontre a eu lieu à Rosny-sous-Bois en 2000,les deux suivantes à Aulnay-sous-Bois et à Pierrefitte-sur-Seine enoctobre 2000, puis à Romainville en janvier 2004 et ce soir à Clichy-sous-Bois.

Ces soirées rencontres ont pour objectif de valoriser l’initiative desprofessionnels et des parents. Elles sont l’aboutissement d’un tra-vail de préparation de tous les acteurs d’un territoire donné qui, aucours de séances de travail, se rencontrent, échangent et peuventélaborer de futures collaborations.

Remercions le centre social de La Dhuys qui nous accueille ce soir etqui, outre l’aspect logistique, s’est fortement investi dans lapréparation de certains ateliers. En effet, pour cet équipementcomme pour tous les centres sociaux, la question de la parentalité estun enjeu quotidien au travers des actions menées en direction desfamilles. Aux côtés du développement social local, du lien social, lelien familial est au cœur du projet des centres sociaux. ■

Marie-Chantal Duru, déléguée départementale,

Fédération des centres sociaux de la Seine-Saint-Denis

C’

B

Page 26: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Antoinette Montaigne, ADSEA 93.■ RAPPORTEUR : Annick Teinturier, centre socialintercommunal de La Dhuys.

■ ARIFA

L’association a été créée en 1989 àl’initiative d’un médecin de PMIqui voulait faire reconnaître par leconseil général le travail réalisébénévolement par quelques femmesqui accompagnaient leurs voisinesdans sa consultation. Très vite, ellesont été appelées les femmes-relais etsont devenues des incontournablessur le quartier. Au départ, leur tra-vail envers la population portaitessentiellement sur l’acquisition desdroits, mais le manque d’actionsculturelles est vite apparu. Souvent,les conflits surviennent de nos diffé-rentes visions du monde ; touttourne autour des conflits de valeur.L’association a fait l’hypothèsequ’un travail dans le champ culturelpourrait apaiser les tensions. 1999marque le début du projet de visitedes musées : aller vers les œuvresd’art a permis d’aborder la questiondes valeurs, des représentations, descodes. La visite du musée Picasso aengendré un travail d’écriture (écrirepermet de fixer la pensée). Treizechansons sont nées de ce travail. Lesœuvres de Picasso ont suscité demultiples questions sur sa vision dela femme. De grands sujets d’actua-lité ont également été abordés. Lesfemmes-relais ont élaboré uneméthode de travail, afin de pouvoirdevenir elles-mêmes guides : l’objec-

tif était que les mères puissent trans-mettre à leurs filles. Le travail s’estpoursuivi au musée du Louvre sur lathématique de la Méditerranée, unlien important dans l’histoire dechacune, pour se terminer par unvoyage à Istanbul (courant 2004)dont le travail de restitution est encours.

■ UNE DÉMARCHE DE SOUTIEN

À LA PARENTALITÉ

AU CENTRE DE LOISIRS

DE LA JEUNESSE

Le CLJ, créé en 1990 et géré par laPolice nationale, organisait à l’ori-gine des loisirs sportifs pour lesjeunes. Mais, petit à petit, il adéveloppé des actions sociocultu-relles à destination des parents, lesanimateurs constatant qu’ilsavaient du mal à les mobiliser pouraccompagner les enfants. En 1993,le CLJ travaille en partenariat avecles femmes-relais de l’Arifa pouramener les jeunes filles, trop peuprésentes dans les activités, à fré-quenter le CLJ. Des ateliers leursont réservés, qui deviendrontmixtes par la suite. En 1997, leCLJ déménage dans les locauxactuels et complète ses activités pardes séances d’information sur laviolence, la toxicomanie, la citoyen-neté… En 2001, les animateursremarquent que les pères partici-pent de plus en plus souvent auxactivités. Ils viennent au CLJdemander une aide administrativeet cette démarche permet d’enta-

mer un dialogue avec eux sur leursdifficultés en France. Beaucoupd’idées « toutes faites » sont véhi-culées qui nécessitent un travailimportant de décodage réaliségrâce au partenariat des femmes-relais. Il est important de les rassu-rer, de leur montrer que les diffi-cultés sont communes à tous lespères, quelle que soit la nationali-té, et que les règles et la loi sontpour tout le monde. Il faudraitpeut-être des « papas-relais » !

■ L’ACAN

L’association a été créée en 2002par des pères, pour et à cause desenfants. En effet, les pères de fa-mille ont plus de difficulté à assu-mer leur rôle en France que dansleur pays d’origine. Ils ont rarementpréparé la venue de leurs familles et,par manque de connaissances, la vieici est plus compliquée à gérer : laplupart des pères ne sont pas allés àl’école, ils ne savent rien de la so-ciété dans laquelle ils arrivent etvont vivre. Souvent, ils viennentd’un village et la confrontation avecla société française urbaine est bru-tale. Néanmoins, l’éducation desenfants demeure leur préoccupa-tion : au pays, ceux-ci sont éduquésà la fois par la mère et les vieux,mais ici comment reproduire cemodèle ? L’Acan propose donc desactivités, des discussions, desregroupements filles/garçons etadultes/jeunes/enfants pour tenterde reproduire les modes d’habiter

Parents du monde, ce qui nous rassembleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Centre de loisirs de la jeunesse (CLJ), 9 rue Carnot à Montfermeil, tél. : 06 83 67 63 23.• Arifa (Archives de l’immigration familiale), 14 rue Utrillo à Montfermeil, tél. : 01 43 88 18 31.• Association pour la promotion de la culture africaine (Acan), 13 allée de la Noiseraie à Noisy-le-Grand, tél. : 01 43 04 05 74.

Comment transmettre un certain nombre de valeurs de son pays d’origine ? Il est important de retisser les liens pourcréer la confiance, la solidarité, la responsabilité collective.

4

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

nu

ro

4

•n

ov

em

bre

20

04

2

Page 27: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

ensemble du village. L’objectif estde faire en sorte que tout le mondese sente concerné par la vie duquartier, responsable de l’autre, enparticulier des enfants, et contribueainsi à l’apaisement des tensions.Après deux ans d’existence de l’as-sociation, les habitants ont faitconnaissance entre eux. Le senti-ment d’insécurité a régressé.

Les débats ont porté sur la diffi-culté de transmettre quand on neconnaît pas bien le pays danslequel on vit. Les témoignages ontmis en avant la place que repren-nent les pères petit à petit et lanécessité de les mobiliser pourqu’ils retrouvent de l’autorité surles enfants. Les participants ontsouligné l’importance des actions

de proximité. Il leur paraît égale-ment indispensable de constituerun socle de valeurs communes àtous les parents. Ils ont en outrerevendiqué la mise en place d’uneévaluation des actions au plus prèsdu terrain.Être parent aujourd’hui, c’estcomplexe, mais pas seulement dansles quartiers dits « difficiles ». ■

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

3

■ ANIMATION : Hélène Langlais, Conseil généraldu 93.■ RAPPORTEUR : Anne Savarit, Amica.

■ LA MOUS ET LE TRI SÉLECTIF

Pour lutter contre un environne-ment immédiat jonché de détritus,d’ordures ménagères, d’encom-brants de toutes sortes parfois jetéspar les fenêtres, un programme detravaux d’urgence et de sécurité adébuté en décembre 2002 dans larésidence de La Forestière. Il a per-mis de fermer les sous-sols et lesconduits de vide-ordures, avecpour conséquence l’externalisationdes ordures ménagères. L’équipe dela Mous propose alors de mettre enplace le tri sélectif. Ce projetrépond à une préoccupation ma-jeure : l’amélioration des condi-tions sanitaires et environnemen-tales de ce quartier en y associantles habitants. Cette action a été l’occasion derétablir du dialogue avec les élus dela ville. Aujourd’hui 50 % deshabitants trient leurs ordures

ménagères et 90 % descendentleurs sacs poubelles dans les contai-ners, ce qui est un succès, car le trisélectif dans des immeubles collec-tifs reste une réelle difficulté.

■ ARRIMAGES

L’action « pause-vacances » duclub de prévention Arrimagesconsiste à permettre à des famillesde partir en vacances. « Pause-va-cances » s’inscrit dans un projetplus global de travail avec les pa-rents dont le but est de réunir lesgénérations et de favoriser les liensentre les familles. La première année, treize famillessont parties ensemble en vacancespendant une semaine. Les parentsprésents ont témoigné que le sé-jour avait été l’occasion de prendredu temps avec leurs enfants etavait favorisé la rencontre etl’échange avec des familles voisinesqui ne se connaissaient pas avant.Au retour, les contacts se sontmaintenus et élargis à d’autres fa-milles. Après différentes réunions

autour de quatre thèmes (l’ur-bain, la scolarité, les loisirs, la jus-tice), une association de locatairesest née.

■ DÉBAT

« Comment être parent dans untel contexte urbain ? », se sont de-mandé les participants, qui ontsouligné les points suivants : lesparents ne sont pas que des pa-rents, ils sont aussi des habitants,des adultes, des employés… Ici,les gens sont des parents et deshabitants et les deux se croisentsur la question de la rénovationurbaine. Être informé, par exemple d’unprojet de renouvellement urbain,permet aux parents de se projeterdans l’avenir, de répondre auxquestions de leurs enfants et de sepositionner comme parent pro-tecteur envers eux. Tout ce quipermet aux adultes d’être acteurs,tout ce qui permet de les valoriseraméliore leur lien avec leurs en-fants. ■

Éducation et transformation urbaineAVEC LA PARTICIPATION DE :• Mous de La Forestière, 5001 résidence de La Forestière à Clichy-sous-Bois, tél. : 01 43 30 24 16.• Arrimages, 6 allée Paul Langevin à Montfermeil, tél. : 01 43 51 89 34.

Dans un contexte urbain particulièrement dégradé où 1 500 logements doivent être démolis dans le cadre de larénovation urbaine, comme éduquer son enfant, réinventer des solidarités et améliorer les conditions sanitaires ?

4

Page 28: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Marie-Chantal Duru, Fédérationdépartementale des centres sociaux.■ RAPPORTEUR : Annick Teinturier, centre socialintercommunal de La Dhuys à Clichy-sous-Bois.

■ L’ASTI mène depuis des annéesdes ateliers périphériques à l’écolepour des enfants de Clichy-sous-Bois ne fréquentant pas les struc-tures municipales faute de moyensou par méconnaissance. L’associa-tion travaille sur une sensibilisa-tion, une ouverture d’esprit despetits et de leurs parents à ce qui sepasse sur la ville et ailleurs, grâce àdiverses initiations : le conte, lesjeux, les sorties, les découvertes...Autant d’occasions pour les en-fants d’être valorisés autrementque par l’école.

■ LE CENTRE SOCIAL DU BAS CLI-CHY DÉNOMMÉ L’ORANGE BLEUE aouvert ses portes en août 2004.Très vite, pour répondre à la de-mande des parents, l’idée de lacréation d’un centre de loisirs pourles 6-12 ans est évoquée. L’origina-lité du projet va être de s’appuyersur les parents pour concevoir leprojet éducatif. Cette participationdes adultes souvent difficile à obte-nir va ici bien fonctionner. Ungroupe de mamans a en effet com-pris l’enjeu de la participation deleurs enfants à une structure de cetype. Une dizaine de réunions per-

mettent d’expliquer le rôle, l’ob-jectif, les règles qui régissent uncentre de loisirs… Les parents pro-posent de faire partager leur sa-voir-faire (activité manuelle, parexemple). Le projet met l’accent surla convivialité, le lien entre les per-sonnes, les communautés, condi-tion essentielle pour favoriser l’ex-pression. La responsable du projetsouligne la nécessité pour les per-sonnels animateurs de prendre encompte la participation effectivedes parents et pas uniquementcelle des enfants, ce qui sera peut-être difficile car cette façon de fairen’est pas prévue dans les cursus deformation.

■ L’ÉQUIPE CAF a présenté « Espacevacances », monté en lien avec leCSID et l’association VacancesFamilles 93. De mars à juin 2004,la Caf a organisé chaque lundiaprès-midi des rencontres pourtoute personne ou famille souhai-tant s’informer sur des possibilitésde vacances collectives ou indivi-duelles. Les personnes sont rensei-gnées sur les aides possibles pourpartir en vacances, comme le coûtou l’accompagnement au départ.En effet certains d’entre eux n’étantjamais partis, le départ peut êtreune source d’appréhension et né-cessiter une préparation psycholo-gique. 123 familles ont été reçues et

68 familles ont pu voyager durantl’été 2004. C’est un chiffre élevésurtout pour un public qui est peufamiliarisé avec la notion de va-cances en France. Une majorité deces familles sont parties avec l’asso-ciation Vacances Familles 93 qui adéveloppé un système d’héberge-ment dans d’autres familles dans di-verses régions françaises pour unprix relativement modique. Au re-tour, une dynamique positive s’ins-talle : les adultes se sentent mieuxcomme adultes, comme parents,comme conjoints, ils font le projetde repartir l’année prochaine, cettefois par leurs propres moyens. Ilsenvisagent une formation, un em-ploi au retour, ce qui est très favo-rable à un meilleur fonctionnementde toute la cellule familiale.Les autres modes de départ sont ledispositif de bourses solidaritévacances et les colonies de vacancesde la Caf et des villes. Le problèmede budget est l’obstacle majeur audépart de certaines familles, maiségalement les difficultés quoti-diennes auxquelles elles sont enbutte qui les empêchent de se pro-jeter dans l’avenir, d’où leurimpossibilité à s’impliquer dans cetype de projet.

■ LE CENTRE SOCIAL INTERCOMMU-NAL DE LA DHUYS complète le dispo-sitif. Il permet aux familles les plus

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

nu

ro

4

•n

ov

em

bre

20

04

4

Les loisirs,un temps pour l’éducation des enfantsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Centre social intercommunal de La Dhuys (CSID), 13 bis allée Anatole-France à Clichy-sous-Bois, tél. : 01 45 09 62 42.• Centre social de l’Orange bleue, centre commercial du Chêne pointu, 6 allée Victor-Hugo à Clichy-sous-Bois, tél. : 01 43 88 81 54.• Service social Caf, 1 résidence du Stade à Clichy-sous-Bois, tél. : 01 43 51 26 05.• Association solidarité avec les travailleurs immigrés (Asti), 4 allée de l’Aqueduc à Clichy-sous-Bois, tél. : 01 43 32 51 66.

Comment les loisirs peuvent-ils contribuer à l’éducation des enfants ? Quelle est la plus-value dans la relationparent-enfant ?

4

Page 29: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

en difficulté de s’évader aussi, en leuroffrant des sorties à la mer ou des sé-jours découvertes à la journée.

Le constat commun à ces diversesexpériences est que les loisirs et lesvacances ont un impact positif surles relations parents-enfants, sur le

quotidien : sentiment de mieux-être général par rapport au vécud’ordinaire pesant (logement enmauvais état, environnementdégradé, soucis financiers). Pources personnes en difficulté et sou-vent exclues des possibilités desortir ou de se changer les idées,

ces sorties ponctuelles, ces va-cances ou ces loisirs pour les petitssont une opportunité majeure dedécouvrir la société dans laquelleelles vivent sous de nouveauxaspects, ce qui est facteur d’unemeilleure intégration des adulteset des enfants. ■

■ ANIMATION : Christine Peix, Éducation natio-nale.■ RAPPORTEUR : Josette Covilloud, collègePablo-Picasso, à Monfermeil.

■ LA MATERNELLE VICTOR-HUGO

est une école de la cité des Bos-quets. L’entrée à l’école et la sépa-ration avec son enfant sont sou-vent une source d’angoisse pour lesparents. Les actions mises en placepour l’accueil des familles tententd’y remédier. La préoccupation del’équipe pédagogique est égale-ment la réussite de tous, avec uncentrage sur les apprentissages fon-damentaux, la prise en compte desdemandes des familles et de leurssavoirs. Les actions rendent plus li-sible le fonctionnement de l’école,insistent sur le respect mutuel et lavalorisation de chacun.

■ LE CLUB COUP DE POUCE permetun accompagnement en dehors dela classe. Les élèves qui ont des fai-

blesses en apprentissage de l’écri-ture et de la lecture sont pris en pe-tits groupes (5 maximum) dansleur école. Le temps d’accompa-gnement est réparti entre le goûter,l’aide individualisée (20 minutes)et la lecture. La participation desparents est indispensable. Uncontrat moral est passé entre lesenfants, les parents et les ensei-gnants. Il existe six clubs sursix écoles. Les enfants qui ont pubénéficier de ce coup de poucepassent en CE1 et se retrouventparmi les bons élèves.

■ L’ÉCOLE SANS MURS ET BOSPHORE

se sont associés en mettant à dispo-sition un éducateur et deux ensei-gnants pour offrir un accueil à desenfants non scolarisés et un soutienà des familles pour la réussite sco-laire de leurs enfants. Il faut consi-dérer cette action comme une pas-serelle, une alternative momenta-née qui permettra à l’enfant de re-

joindre sa classe. L’action concerneles enfants de 5 à 15 ans, parmi les-quels beaucoup de tziganes, nonfrancophones, pour qui l’intégra-tion scolaire à leur niveau d’âge estdifficile. Certains ne remplissentpas les conditions de régularité, devaccination, de domicile…

■ LE COLLÈGE JACQUES-PRÉVERT

ET L’ADSEA 93 mettent en placepour la deuxième année consécu-tive un groupe de parole où les pa-rents évoquent leurs difficultés vis-à-vis de l’école et de la vie en géné-ral. L’objectif est de faire évoluerles représentations des parents surl’école et réciproquement. Les ren-contres ont lieu une fois par moissur des thèmes choisis par les pa-rents en présence de l’assistante so-ciale du collège et d’un éducateurde l’Adsea 93. Les enseignants nesont pas invités, volontairement,pour laisser toute liberté de paroleaux parents. ■P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

École-famille, construire le dialogueAVEC LA PARTICIPATION DE :• Maternelle Victor-Hugo, 60 bd Bargue à Montfermeil, tél. : 01 45 09 28 40.• Bosphore, 3 allée Fernand-Lindet à Clichy-sous-Bois, tél. : 06 16 95 10 39.• École sans murs, école Fénelon, 1 rue Montauban à Vaujours, tél. : 01 49 63 62 18.• Club Coup de pouce, école primaire Jean-Baptiste-Clément, 14 rue Degas-Mout à Montfermeil, tél. : 01 45 09 29 80.• Collège Jacques-Prévert, 22 rue Butte-Verte à Noisy-le-Grand, tél. : 01 43 03 02 74.• Adsea 93 (Association départementale de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence), 2 Grande-Allée-du-Champy à Noisy-le-Grand,

tél. : 01 43 05 67 37.

La réussite scolaire est une préoccupation des parents. Comment les aider dans l’accompagnement de leurs enfants ?4

Page 30: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Marie-Claire Mériaux, Caf 93.■ RAPPORTEUR : Patrice Gautier, Udaf 93.

• LA PMI DE MONTFERMEIL

Le projet d’accueil parents-enfants au sein de la PMI a étéconstruit par toute l’équipe dansle cadre de ses missions et sedéroule dans la PMI du centreville et dans celle du quartier desBosquets. Cet accueil est indé-pendant des consultations. Il neconcerne pas seulement lesfamilles de Clichy-sous-Bois et deMontfermeil, mais toutes cellesqui fréquentaient déjà la PMI. Ilne s’agit pas de leur délivrer unsavoir-faire mais de les soutenir àpartir de leur propre approcheculturelle (Afrique subsaharienne,Turquie, Pakistan…). Les familles isolées peuventretrouver des relations et de laconvivialité. Le groupe en tantque tel devient « soutenant ». Lesmamans organisent des sortiesentre elles. Une dynamique secrée, permettant aux familles deszones pavillonnaires de rencon-trer celles d’autres quartierscomme les Bosquets. Les bénévoles soutiennent etaccompagnent les familles dansleurs difficultés éducatives. Lesparents en participant favorisentle mélange des cultures et l’inté-gration. Des aménagementsludiques sont à disposition destout petits qui permettent auxparents et aux enfants de jouerensemble.

■ UN TEMPS ENTRE PARENTS

ET ENFANTS : LA PRÉÉCOLE (MOU-VEMENT ATD QUART MONDE)Sur le plan de l’histoire, le campdes sans-logis de Noisy-le-Grand aété complètement résorbé dans lesannées 1970 pour laisser la place àune cité HLM. Le MouvementATD a voulu que dans ce lieu secrée une cité de promotion fami-liale qui offre aux familles la possi-bilité de se poser et d’accéder à unevie familiale plus sereine, car beau-coup d’entre elles ont vécu deschoses très dures. Le MouvementATD Quart Monde a toujourspensé qu’il était important de s’ap-puyer sur le petit enfant pour aiderles familles à se construire. Les familles accueillies aujourd’huiont habité dans la rue, dans unevoiture, parfois à l’hôtel ou dansdes accueils d’urgence. On peutimaginer ce que changer en perma-nence de lieu d’accueil peut repré-senter pour le petit enfant. Lesrepères disparaissent. Souvent lesfamilles accueillies insistent sur lavie difficile dans les structures d’ur-gence où les enfants assistent à dessituations qui peuvent les troubler.Comment peut-on soutenir lafamille dans ces conditions ? Lesfamilles ont souvent perdu égale-ment les liens avec les autres et unefamille ne peut pas élever desenfants sans lien.L’action communautaire s’organisedonc autour du petit enfant et pro-pose une action avec d’autres parentspour recréer du lien : c’est la pré-

école, un lieu qui accueille lesenfants de 0 à 3 ans et leurs parentsqui les accompagnent dans les activi-tés. C’est un lieu où ils peuvent dis-cuter de leurs enfants et de leurs sou-cis dans un environnement convi-vial. Ils apprennent à être attentifsaux besoins de leurs enfants.L’animatrice sert de lien entre lesfamilles. Toute une vie communau-taire s’est organisée autour de la pré-école (sorties, anniversaires…). Lesparents s’y sentent soutenus et peu-vent en soutenir d’autres, l’écouteétant un élément primordial pourdonner aux autres l’envie de parler.

■ LE JARDIN DES ENFANTS

ET DES PARENTS (CENTRE CAF), UNE AUTRE FAÇON DE TRAVAILLER

AVEC LES PARENTS

Dans la halte-jeux de la Caf, lesprofessionnels avaient constaté ladifficulté pour certaines mères dese séparer de leurs enfants et leurbesoin de parler pour dissiper leurinquiétude. De ces constats est néle projet du Jardin des enfants etdes parents (Jep) dont l’approcheest pluridisciplinaire. Il existedepuis quatre ans. L’accueil se faitune fois par semaine, le mercredide 10 à 12 heures pour les enfantsde 0 à 6 ans. La mère, le père, par-fois les grands-parents viennent.C’est un moment d’accueil impor-tant. Les activités de jeux se fontavec les parents dans un lieu amé-nagé spécifiquement. Ceux-ci ontplaisir à prendre le temps de regar-der leurs enfants. Pour une maman

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

nu

ro

4

•n

ov

em

bre

20

04

6

Accueillir les jeunes enfants autrementAVEC LA PARTICIPATION DE :• Les accueils adultes/enfants, PMI de Montfermeil, 12 rue Utrillo à Montfermeil, tél. : 01 43 32 92 47.• La préécole communautaire, mouvement ATD Quart Monde, 77 rue Jules-Ferry à Noisy-le-Grand, tél. : 01 48 15 53 70.• Le jardin des enfants et des parents, centre social Caf, 17 allée Clémencet au Raincy, tél. : 01 43 81 40 34.

Comment réinventer l’accueil et l’écoute des familles isolées ou en difficulté ?4

Page 31: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

qui s’est arrêtée de travailler depuisdix-sept ans, fréquenter le Jep àl’arrivée de son troisième enfant luia permis de garder des liens avec

l’extérieur et de ne pas rester enfer-mée. Accompagner l’enfant au JEP,c’est découvrir un nouvel espacepour échapper aux contraintes de

la maison. Cela permet égalementà l’enfant de rencontrer des enfantsde son âge et aux parents de seposer, de prendre le temps. ■

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

7

E N Seine-Saint-Denis, 29,05 % de la population a moins de20 ans. Ce chiffre place la Seine-Saint-Denis au troi-sième rang des départements métropolitains, derrière le Val-

d’Oise, avec 29,27 %, et la Seine-et-Marne, avec 31,08 %. Lamoyenne nationale, tous départements confondus, est de 25,68 %.La question de la parentalité est donc une question importante dansce département. Pour la répartition des crédits affectés aux actionsde soutien à la parentalité, rappelons que la circulaire de mars 1999prend comme référence la population des moins de 20 ans.

Fin 1999, 1 500 actions déjà existantes sont recensées par lesRéaap départementaux qui témoignent de l’existence d’une prisede conscience par les acteurs de terrain et d’une prise encompte par les textes nationaux d’une problématique de société.En 2002, ce sont 3 200 actions recensées au niveau national quiont été financées et mises en réseau par les Réaap, et en 2003,4 000. En 2003, les départements ont été interrogés sur le tauxd’actions nouvelles dans les actions financées. Il se situe autourde 15 %, variant d’un département à l’autre de 0 % à 40 %. Ce quidénote une certaine vitalité. L’évaluation des actions des réseauxdans chaque département se réalise chaque année à partir d’unquestionnaire qui recense les actions financées et coordonnéespar les Réaap. Ces retours permettent de suivre l’évolution dudispositif sur plusieurs années. Ce dernier, quant à lui, a faitl’objet d’un audit de la part de l’Inspection générale des affairessociales (Igas) à la demande de Christian Jacob, alors ministredélégué à la Famille. En mars 2004, les conclusions du rapportposent les Réaap comme un dispositif national pertinent et effi-cace au regard de ces objectifs. Les inspecteurs soulignent quele dispositif a participé à la transformation du regard de la so-ciété sur les familles et modifié les relations entre parents et pro-fessionnels. En 2003, la conférence de la famille a proposé lacréation de points info famille (Pif), lieux d’information sur lesservices existants pour les familles (les jeunes enfants, les acti-

vités de loisirs, les vacances, les enfants handicapés, les parentsvieillissants…). Ils bénéficieraient d’un label et d’un logo etseraient équipés d’outils informatiques. Aujourd’hui, ce dispositifse met en place et la liste des Pif de la Seine-Saint-Denis devraitêtre disponible prochainement.

Lors de mes déplacements, j’ai l’occasion de participer à des ren-contres comme celle de ce soir ; le plus souvent, elles ont lieu dansun centre social et, de fait, 25 % des actions des Réaap se dérou-lent dans leurs locaux qui sont souvent le lieu où l’initiative des pa-rents peut prendre forme.

Des questions reviennent régulièrement. Tout d’abord, une certi-tude : la famille est affectée de changements importants, dans lesrelations entre ses membres et dans sa forme. Dans beaucoup dedépartements se pose la question de la place des pères dans lafamille, de leur faible participation dans les actions du Réaap.

La question des loisirs et de leur place dans la vie des familles,temps privilégié des relations entre les parents et les enfants, faitécho, pour moi, aux travaux de la Conférence de la famille de 2004sur l’adolescence. Plus particulièrement dans le groupe de travailconsacré à « Adolescence, famille et loisirs », Patrice Huerre,pédopsychiatre, confiait le conseil qu’il donnait aux parents desadolescents qu’il recevait : « Prenez le temps de vous asseoir àcôté d’eux pour regarder la télévision avec eux, puis parlez-enavec eux. Le temps pris à “faire” avec les enfants est le moment oùla relation se construit. »

La place des parents et des professionnels dans le réseau parrapport à l’éducation des enfants est une question centrale. LaCharte des Réaap affirme les orientations dans ce domaine : laprésence des parents dans l’initiative et l’animation des actions.Il reste beaucoup à faire dans ce domaine pour que les parentsprennent la place qui leur revient ; toutefois, beaucoup a déjàété réalisé. ■

ConclusionsMICHÈLE LE GAUYER-ROSSICHARGÉE DE MISSION, DÉLÉGATION INTERMINISTÉRIELLE À LA FAMILLE

Page 32: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

nu

ro

4

•n

ov

em

bre

20

04

8

L ES débats ont permis de rappeler que la posture des profes-sionnels est essentielle. Il faut trouver la bonne distance entretrop de savoir et trop de convivialité. Les parents n’attendent

ni l’un ni l’autre, mais souhaitent avant tout échanger, être écoutéset soutenus. Le lieu choisi n’est pas neutre. Son aménagement, sesconditions d’ouverture... doivent être étudiés pour favoriser aumaximum la réussite d’un projet d’accueil.Les parents viennent dans ces lieux poussés par des raisons très va-riées, mais avant tout ils souhaitent trouver une situation différentede celle de tous les jours. Ainsi, un autre rapport se construit avecl’enfant. Ces lieux favorisent le lien intergénérationnel et intercultu-rel, la rencontre et l’échange autour de coutumes très différentes. J’adresse les remerciements de la Ddass aux organisateurs decette rencontre : les villes de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil,le centre social de La Dhuys et Profession Banlieue, qui ont permisque nous soyons réunis pour cette cinquième soirée. C’est la troi-sième fois que j’interviens lors d’une soirée rencontre et je resteimpressionné par le dynamisme du mouvement qui s’est créé au-tour de ce dispositif d’aide et de soutien à la parentalité. C’est unegrande joie pour moi de constater que ce mouvement semble êtreen pleine croissance, en pleine expansion. Personnellement, jesouhaite qu’il continue à se développer dans ce département quien a bien besoin. Je remercie également le conseil général quiaide financièrement beaucoup de projets représentés ce soir. Je vais vous faire part de quelques réflexions qui me sont venuespendant que je participais à l’atelier n°2 : Parents du monde, ce quinous rassemble. Tout d’abord, il serait intéressant de mesurer l’effi-cacité du travail réalisé ensemble, de vérifier que notre actionchange la société. C’est une question qui traverse non seulement lechamp de la parentalité, mais également celui de l’action publiquedans son ensemble ; c’est pour cela que je m’en suis fait le porte-parole. Aujourd’hui, l’action publique se veut plus professionnelledans sa démarche pour être plus efficace, malgré des moyens deplus en plus limités ; elle veut connaître ce qui ne va pas pour secorriger. La Ddass souhaite continuer à approfondir l’action de sou-tien à la parentalité avec vous et construire les moyens de son éva-luation avec vous. Deuxième remarque : je voudrais contredire une idée assezrépandue du manque d’aides financières. La Ddass et les autrespartenaires ont soutenu le seul sujet de la parentalité à hauteur de250 000 euros en 2004. C’est plus que ce que l’État français a donnéà la Ddass pour la reconstruction de la Guadeloupe après le trem-blement de terre. Ce financement est certainement insuffisant, mais

il est conséquent. Il nous appartient de l’utiliser le plus efficacementpossible. C’est pourquoi je souhaite que, avec vous, nous nous don-nions les moyens de vérifier les effets de notre travail.Troisième remarque : un des défis que nous devons relever est ce-lui d’arriver à intéresser les pères à cette démarche. Certains sontprésents dans cette salle, mais leur nombre est insuffisant. Diffé-rents pays du monde sont représentés, mais les pères originairesdes pays du sud de la Méditerranée sont absents. Il faut donc sedemander pourquoi il est plus difficile de les attirer que les autrespères. Que peut-on faire pour qu’ils nous rejoignent pourconstruire le Réaap et qu’il n’y ait pas uniquement les femmes quis’intéressent à cette question? On a besoin d’être tous ensemble,quelles que soient nos origines géographiques ou culturelles, pourrétablir cette relation entre les parents et les enfants.Il ne faut pas non plus que l’on se trompe de cible : toute la sociétéconnaît des difficultés dans la relation parents-enfants. Cette pro-blématique ne peut être réduite aux seuls quartiers en difficulté ouau département de la Seine-Saint-Denis. La relation parents-enfants a changé pour l’ensemble de la société. L’action du Réaapdoit suivre les évolutions de la société pour agir de la façon la plusefficace. Quatrième remarque : la Ddass souhaite mieux coordonner les ac-tions de l’ensemble des acteurs dans un département qui est richeen initiatives. Une des solutions retenues est de mettre en réseaules initiatives locales. Un réseau informatique, en cours d’élabo-ration, regroupera toutes les structures qui émargent à ce dispo-sitif. Elles seront ainsi rendues plus visibles, l’échange d’informa-tions sera favorisé ainsi que la valorisation des expériences réus-sies.Enfin, l’information des familles est un vrai sujet. Ainsi, la Ddassest maître d’œuvre du nouveau dispositif point info famille (Pif)pour lequel elle a lancé un appel à projets. Elle a obtenu quinze ré-ponses de structures qui souhaitent obtenir le label. Notre objec-tif est que ces Pif se mettent en place là où le besoin existe, dansdes zones géographiques où les familles n’ont pas accès à l’infor-mation. Les Pif ne doivent pas faire concurrence à des structuresqui interviennent déjà dans ce champ et qui sont bien implantées.Si je suis là ce soir, c’est pour témoigner de l’intérêt que la Ddass porteà ces démarches collectives. Notre attente est de faire mieux encoreavec ce que nous avons. Nous n’aurons pas forcément beaucoup plusde financements dans les années qui viennent ; les difficultés, parcontre, continueront de s’accumuler. C’est le défi qui nous est donnéde faire toujours mieux avec parfois un peu moins. ■

PHILIPPE BLANCHARDDIRECTEUR DÉPARTEMENTAL DE LA DDASS 93

Page 33: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sP

an

ti

n•

no

ve

mb

re 2

00

5S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapL E S M O T S D ’ A C C U E I L

P A N T I N

IENVENUE au Réaap de Seine-Saint-Denis et dans cette mai-son de quartier des Courtillières. Je voudrais remercier lesorganisateurs, la Fédération des centres sociaux et la CAF

avec laquelle nous travaillons à la transformation des autres mai-sons de quartier de la ville (Quatre-Chemins, Haut et Petit Pantin) encentres sociaux.

La parentalité est une question bien difficile! Comment réussir notremission éducative en direction de nos enfants? Je suis père depuispeu de temps et je commence à mesurer la difficulté de l’entreprise.

Je voudrais, en guise de propos introductif, signaler mon refus d’uncertain nombre de rapports ou de dispositions en cours d’élabora-tion qui font suite aux événements qui se sont déroulés ces der-nières semaines en Seine-Saint-Denis. Les violences, les dégrada-tions sur les biens et les atteintes aux personnes sont inadmissibles.L’assassinat d’Épinay-sur-Seine est un crime odieux ; la mort desdeux jeunes à Clichy-sous-Bois, dans des circonstances non encoreélucidées, est intolérable et injuste. Ces faits graves ne justifient pas,à eux seuls, que l’on en arrive aux extrémités auxquelles s’est livréeune minorité d’individus de la Seine-Saint-Denis.

En janvier 2006, un projet de loi sera mis en discussion à l’Assembléenationale. Il propose la suppression des allocations familiales auxparents qui n’assumeraient pas la « fameuse» parentalité et qui sontpointés du doigt par les derniers événements, alors qu’il existe déjàdes dispositifs pour les parents défaillants, comme la mise soustutelle. Refus également d’un rapport parlementaire rédigé par undéputé UMP qui préconise de déceler les signes de la délinquancedès la crèche.

Dans le même temps, les crédits de la politique de la ville destinés aufonctionnement des associations dans les quartiers ont été diviséspar deux en trois ans, alors que la ville de Pantin cofinance des ac-tions dans ce cadre: les femmes-relais, les Engraineurs, la maisondes parents (actuellement fermée, mais qui va renaître sous la formed’un café des parents), par exemple, en ont subi les conséquences.

Mais ce n’est pas parce que ces actes se produisent ou parce quel’on sent qu’une partie des quartiers échappent à l’ordre républicain

qu’il faut stigmatiser les jeunes en les traitant de voyous. Au risquede laisser penser que 98 % des jeunes de ce pays sont des vauriens– y compris ceux qui habitent Les Courtillières –, et que les parentssont des personnes irresponsables qu’il faut pénaliser ou ne plusaider. Comme le disait un père lors de la précédente soirée ren-contre, à Clichy-sous-Bois : «Est-ce que vous connaissez un père ouune mère qui ne veut pas que son enfant réussisse?» Moi, je n’enconnais pas! C’est pourquoi la simultanéité des événements et decette soirée prévue depuis plusieurs semaines place les débats dece soir au cœur de l’actualité. Il est important que, lors des ateliers,vous puissiez débattre de ces solutions faciles, décidées àl’emporte-pièce, où l’on condamne les parents.

Je refuse de laisser dire que c’est l’échec du modèle d’intégrationrépublicain. Il est peut-être en panne actuellement, mais il continuede fonctionner pour certains, de plus en plus nombreux, quoi qu’onen dise. Issue de la cité des Courtillières, Faïza Guène, rebaptisée la«Sagan des cités» par les médias avec son livre «Kiffe, Kiffe, de-main»! (Hachette littérature, 2005), est un formidable exemple d’in-tégration et de réussite. Et il y en a d’autres, à Pantin et ailleurs.

Dans des villes comme Pantin, une partie de la population est issuede l’immigration. Elle est arrivée avec sa culture d’origine. Ses en-fants ont été élevés à l’école de la République. Ils parlent françaisalors que parfois les parents ne le parlent pas. Ces enfants jouentalors le rôle de traducteurs vis-à-vis du maire, de l’élu ou de l’admi-nistration. Ils prennent de fait une position prédominante dans lecadre de la relation entre les institutions de la République et la fa-mille et cette place est parfois difficile à remettre en cause quand ilsgrandissent. Cette notion de parentalité est encore plus ardue pources personnes qui arrivent de l’étranger pour s’installer en France,mais leurs enfants s’intègrent malgré tout.

Je conclurai en disant : aidez-nous à apporter des réponses, à faireque demain on arrive avec les parents à réussir l’éducation de nosenfants . ■

Bertrand Kern, maire de Pantin

B

Page 34: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

5•

no

ve

mb

re 2

00

5

EST avec plaisir que je vous souhaite, au nom du comité depilotage du Réaap, la bienvenue à cette soirée rencontredes acteurs de la parentalité.

Je tiens tout d’abord à remercier Bertrand Kern, maire de Pantin,qui nous a permis d’accueillir, à la maison de quartier des Cour-tillières, tous les acteurs de la parentalité des villes d’Aubervilliers,de Bobigny, Drancy, La Courneuve, du Pré-Saint-Gervais, des Lilas,de Pantin et Romainville. Je remercie également le comité de pilo-tage de cette soirée rencontre pour son organisation.

Je vous propose un bref rappel historique pour situer le cadre denotre démarche de réseau qui fonctionne depuis six ans déjà.

Le dispositif du Réaap a été défini par la circulaire du 9 mars 1999signée par la Délégation interministérielle à la famille, la Directionde l’action sociale, la Délégation interministérielle à la ville et laDirection de la population et des migrations. Il s’est développé ra-pidement en Seine-Saint-Denis dans un cadre partenarial. En effet,grâce à un partenariat tissé de longue date, cette volonté de l’Étata rencontré, dans notre département, le souci partagé du conseilgénéral, des communes, des associations partenaires, de s’adres-ser à toutes les familles indistinctement et de valoriser les compé-tences des parents.

Cette dynamique se maintient depuis six ans. Elle s’est enrichie etdiversifiée au gré des deux circulaires qui ont suivi celle de 1999.Les projets sont toujours nombreux : quarante-huit en 2004, pour239 449 euros, et quarante-quatre projets en 2005, pour un montantde 219 946 euros. Cependant, les financements n’ont pas évoluédepuis 1999 et mériteraient d’être plus conséquents.

Le principal objectif du Réaap est de susciter des occasions derencontres et d’échanges entre les parents et les professionnels. Ils’agit également de mettre en lien les services et les relais néces-saires pour permettre aux parents d’assumer pleinement leur rôleéducatif et faciliter la circulation des informations entre les diversterritoires du département. Les soirées rencontres précédentesorganisées à Pierrefitte-sur-Seine, Aulnay-sous-Bois, Romainvilleet Clichy-sous-Bois ont répondu avec succès à ces objectifs. Ellesont en effet permis aux acteurs de terrain de se rencontrer,d’échanger les expériences, de rompre l’isolement, de renforcer leréseau et de valoriser les actions de proximité, parfois méconnues.

Pour ouvrir ce temps de réflexion, je voudrais partager avec vousdeux idées fortes.

Je souhaiterais tout d’abord que, dans le contexte préoccupantactuel de violences urbaines qui remet sur le devant de la scènemédiatique, sociale et politique, la prétendue incompétence, pourle coup « conjointe », des parents et des institutions éducatives et

sociales en instaurant « l’état d’urgence », nous affirmions la placepremière de l’éducation. Celle-ci est fondée sur des valeurs de di-gnité, de respect des personnes, de justice, et la parole partagéeet échangée est fondamentale à l’établissement et au maintien dulien familial et social.

Nous allons durant cette soirée rencontre en démontrer l’efficacitéet faire vivre cette capacité d’échange et de valorisation de nossavoir-faire.

La seconde idée concerne notre propre regard et notre investisse-ment en tant qu’institution parmi les acteurs du réseau.

De nombreuses actions font apparaître la place différente donnéeaujourd’hui aux parents dans nos institutions, que ce soit à l’école,en PMI, à la crèche, au centre social, à l’Aide sociale à l’enfance.Cette modification est rendue possible par le changement de pos-ture des professionnels. Quelle richesse nouvelle a émergé de cesactions et quel bénéfice parents et professionnels peuvent-ils par-tager ? Ces questions seront au cœur des débats des ateliers.

Peut-être également faudrait-il oser parler plus du plaisir d’édu-quer en insistant sur le bonheur que l’on peut éprouver à aller à ladécouverte de l’enfant et, dans le cadre de nos actions, du plaisird’être ensemble, d’échanger et de confronter nos idées en recon-naissant la différence ?

Peut-être avons-nous trop interrogé, dans les actions de soutien àla parentalité, les difficultés, les incompréhensions et les lacunes,en oubliant cette part de bonheur qu’offre l’éducation ?

Les cinq ateliers seront l’occasion d’en tester la faisabilité et deprendre le risque du plaisir partagé. ■

Éliette Madeira, adjointe à la Direction de l’enfance et de la famille

au conseil général de la Seine-Saint-Denis

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

C’

Page 35: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

3

■ ANIMATION : Isma Zalambani, service socialmunicipal, Pantin■ RAPPORT : Marie-Chantal Duru, Fédérationdépartementale des centres sociaux

En Seine-Saint-Denis, 17 % de lapopulation, soit 196 000 per-sonnes, vivent sous le seuil depauvreté. Ce sont les premièrestouchées par la problématique dulogement. Des familles pauvresvivent souvent dans un logementsurpeuplé et elles sont nom-breuses à être contraintes de trou-ver refuge chez un tiers ou à l’hô-tel.Les familles de six personnes etplus représentent 4,7 % desménages, soit le taux le plusimportant de la petite couronne.D’autres familles, bien que dispo-sant de ressources suffisantes pourêtre logées, rencontrent, ellesaussi, beaucoup de difficultéspour accéder à un logementdécent.

Les témoignages des effets de l’in-salubrité ont été nombreux : lesaturnisme, cette «maladie de lamisère » provoquée par d’an-ciennes peintures au plomb, quitouche essentiellement les enfantsde moins de six ans et qui entraînedes troubles irréversibles sur le sys-tème nerveux ; l’environnementmalsain, cause de tuberculosenotamment chez les plus jeunes ;l’absence de coin cuisine qui renddifficile la confection de repaséquilibrés et incite les enfants à descomportements alimentaires quiprovoquent carences ou obésité.

Une assistante sociale se reprochede « trop traiter la question dulogement sous l’angle économique(impayés, dossiers d’aide…) et passuffisamment sous celui que pro-voque le mal-logement au quoti-dien dans la famille ». Une de sescollègues, assistante sociale sco-laire, confirme : «À l’école, le mal-logement est une question quiétait complètement occultée. Deplus, beaucoup d’enfants onthonte et n’osent pas dire les condi-tions dans lesquelles ils vivent. »

Une responsable d’un service d’aideà domicile raconte à quoi sontconfrontées les travailleuses socialesqui entrent dans l’intimité desfamilles : «des familles de six en-fants, sans eau chaude, avec destrous dans le plancher et des filsélectriques reliés à une seule prise decourant». Elles se sentent démuniestout autant que les familles. Dansces conditions, «envoyer un enfantpropre à l’école est un effort extraor-dinaire ! Le temps nécessité par lamoindre tâche est multiplié par dixet il en reste peu pour passer unmoment agréable avec son enfant».

Une mère de famille s’est longue-ment exprimée, provoquant unevive émotion dans l’assistance. Ellea vécu dans un logement«normal », mais, à la suite d’uneséparation, elle habite désormaisdans une pièce insalubre avec deuxenfants. Elle évoque la promiscui-té : « Je dois partager mon lit avecmon fils et ma fille dort dans sapoussette. […] On me dit d’être

une bonne mère, mais on ne m’endonne pas les moyens. […] Je suissous curatelle et suivie par tout lemonde. Certes, les travailleurssociaux m’aident, mais rien nebouge ! », ajoute-t-elle dans un cride colère.Les débats n’escamotent pas le pro-blème de fond : l’insuffisancecriante de logements sociaux.

À défaut d’apporter des solutionsconcrètes, des professionnelsadoptent une démarche qui sedécline en trois phases : d’abordreconnaître la souffrance de cespersonnes et ne pas la banaliser,leur dire : «Oui, c’est insuppor-table ce que vous vivez et vousn’avez pas à avoir honte, ni à culpa-biliser. » Puis les aider à retrouverdes réseaux pour sortir de leur iso-lement, les engager à se battre etles encourager à rejoindre des asso-ciations de locataires ou Droit aulogement (DAL). Enfin, fournirde l’information, redonner dupouvoir aux familles et renforcer lemaillage entre les professionnelssemblent à tous une nécessité vi-tale pour enrayer les conditions devie dégradées des familles qui fontde l’éducation des enfants uneprouesse au quotidien.

Pour conclure cet atelier, onretiendra cette remarque forted’une participante : «Aujourd’hui,on a pu entendre le vécu, le débatpolitique, le positionnement desprofessionnels, et c’est extraordi-naire d’être tous ensemble pour enparler, de façon décloisonnée. » ■

Éducation et habitatAVEC LA PARTICIPATION DE :• Aide aux mères de famille à domicile (AMFD), 16 rue Marseille, Épinay-sur-Seine, tél. : 01 48 41 75 43.

Habitat insalubre : quelles incidences sur l’éducation des enfants ?4

Page 36: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

5•

no

ve

mb

re 2

00

5L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

■ ANIMATION : Sophie Cuadros, Étape parents,La Courneuve■ RAPPORT : Yvette Leroux-Thioux, Aide socialeà l’enfance, Pantin

■ LA MAISON DES PARENTS

DE BOBIGNY

Lieu convivial où les parents viennentprendre des conseils, tentent de trou-ver des solutions, se préparent à êtreparent… la maison des parents a ou-vert ses portes le 1er octobre 2005. Elleest le fruit d’une réflexion entamée en2002 entre différents partenaires:l’Aide sociale à l’enfance du conseil gé-néral, la CAF, l’Éducation nationale,les services municipaux et, bien en-tendu, des parents bénévoles impli-qués dans le projet. Cette dynamiquese poursuit à travers un travail en ré-seau qui se traduit par une allianceentre les professionnels et les parentsautour du thème de la parentalité.

■ LES RÉUNIONS DE PARENTS

PROPOSÉES PAR LA CAF

Ces réunions, initiées en octo-bre 2004 par Étape parents (la maisondes parents de La Courneuve) et laCAF en collaboration avec l’associa-tion AR-Jeux, qui propose du soutienscolaire, se déroulent une fois par moisdans le centre social de la CAF. Ellesconcernent le public des quartiersnord de La Courneuve, qu’il soit celuidu centre social ou celui de la maisondes parents. L’objectif est de créer surle quartier un espace de dialogue et depermettre aux personnes d’aborderdes thèmes de la vie quotidienne: la

place du père, celle de l’éducation, lesjalousies (dans le couple, entre les en-fants…). Chaque réunion est animéepar un intervenant extérieur spécia-liste de la question.

■ LA MÉDIATION ETHNO-CLINIQUE

À DOMICILE MENÉE PAR AHUEFA

Association loi 1901 créée le 22 fé-vrier 1996, l’AHUEFA a pour ob-jectif d’apporter une aide psycholo-gique à domicile aux familles en si-tuation de rupture, en état de crise etde précarité induisant des déborde-ments psychiques, physiques et so-ciaux. Elle a développé des interven-tions de médiations ethnocliniquespour venir en aide aux profession-nels des secteurs médical et social etdes institutions administratives et ju-diciaires lorsqu’ils sont confrontés àdes difficultés particulières dansl’exercice de leur mission auprès defamilles elles-mêmes en souffrance.L’AHUEFA intervient donc endeuxième intention, en présence duprofessionnel qui est à l’initiative de lademande, dans les situations ayantdes conséquences psychiques. La mé-diation s’effectue dans la langue d’ori-gine du sujet par un binôme composéd’un psychologue thérapeute et d’uninterprète référent culturel.

■ LA CONSULTATION FAMILIALE

PRATIQUÉE PAR SAGA

En décembre 2002, SAGA a ouvertune consultation familiale quis’adresse aux familles qui rencontrentdes difficultés dans l’éducation des en-

fants. L’association propose un travailsur les relations entre les parents et lesenfants avec l’aide d’intervenants in-terculturels. Elle porte une attentionparticulière à la place des pères, parfoistrès vulnérables, mais qui, accompa-gnés, peuvent devenir de véritablesmoteurs du changement lorsqu’ilss’autorisent à reprendre une place. Leséducateurs de SAGA travaillent enlien avec l’Aide sociale à l’enfance et leservice de protection maternelle et in-fantile du conseil général.

À travers ces différentes expériences,on observe que des professionnels(assistants sociaux, éducateurs, psy-chologues, animateurs…) de Bobi-gny, de Pantin et de La Courneuvese sont engagés dans une dynamiqueéducative envers des parents investisdans des associations en tant qu’élusou bénévoles, ou encore en tantqu’usagers des structures, et en direc-tion d’autres professionnels, afin desoutenir l’exercice de la parentalité.Ces professionnels se sont investisdans différentes pistes de réflexion etde travail pour favoriser l’avancéedes réseaux parents-professionnelscomme la nécessité d’avoir en préa-lable un cadre de travail, un change-ment de posture des accompagnantsqui s’appuie sur les compétences pa-rentales, une formation par les pairs,des groupes de parole, des associa-tions de professionnels tournées versles partenaires socio-éducatifs quitravaillent au mieux-être de la fa-mille… ■

Une éducation partagéeAVEC LA PARTICIPATION DE :• La maison des parents, 32 rue Hector-Berlioz, Bobigny, tél. : 01 48 45 85 98.• La CAF, 22 avenue du Général-Leclerc, La Courneuve, tél. : 01 48 36 65 99.• AHUEFA international France, 13 rue Courtois, Pantin, tél. : 01 48 46 38 99.• SAGA, 19 rue René-Canier, Bobigny, tél. : 01 41 50 16 69.

Des initiatives pour que les parents et les professionnels se rencontrent.4

Page 37: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

5

■ ANIMATION : Claudine Joubert, coordonnatricedu réseau d’éducation prioritaire, Pantin■ RAPPORT : Madeleine Raillard, principale de col-lège, référente Éducation nationale politique de laville, Pantin

■ Une directrice d’école mater-nelle a confié un jour aux femmesmédiatrices du quartier des Cour-tillières, à Pantin : « Il y a beaucoupde travail pour que les parents serapprochent de l’école. » À l’école maternelle et élémentaire,les femmes médiatrices relaient lesmessages éducatifs de l’école versles parents (importance du som-meil, du petit-déjeuner, rôle desparents) en faisant parfois duporte-à-porte. En retour, ellesapportent aux enseignants laconnaissance des codes culturelsdes pays d’origine.Au collège, c’est la volonté duprincipal de travailler avec les ac-teurs locaux qui a permis l’ouver-ture de l’institution aux parents.La remise des bulletins en mainspropres, par exemple, avec la pré-sence des femmes médiatricespour expliquer dans la langued’origine, a permis de passer de41 % de parents présents lors desdifférentes rencontres organisées à85 %.En conclusion, l’école peut s’ou-vrir aux familles s’il y a conjonc-tion de la présence active d’associa-tions de proximité et de la volontédes directions d’établissement.

■ L’association Cultures etCitoyenneté relate l’action desclubs de soutien scolaire à la mai-son de quartier des Quatre-Che-mins, à Pantin. Ces clubs sont nésen 1998 pour répondre à la de-mande des parents qui souhai-taient voir leurs enfants réussir àl’école. Ils se sont appuyés sur lesmères de famille qui suivaient descours d’alphabétisation. Cette ac-tion d’accompagnement scolaireest soutenue par la CAF et la mu-nicipalité. L’objectif est aussi d’ex-pliquer aux parents les attentes del’école, le rôle qu’ils peuvent jouerauprès de leurs enfants.Cette action a été un succès pourtrois raisons : le besoin est né desfamilles elles-mêmes, l’action sedéroule en partenariat avec l’écoleet d’autres associations ; enfin, ellepermet aux parents de revaloriserleur image et de réinvestir leur rôlevis-à-vis de l’école.

■ Les clubs Coups de pouce, re-présentés par l’APFÉE, ont étéconçus par Gérard Chauveau,chercheur au CRESAS (INRP),pour favoriser la réussite au courspréparatoire : des groupes consti-tués de cinq enfants sont proposéspar les enseignants après accorddes parents pour travailler après laclasse à la maîtrise de la lecture etde l’écriture. Ils sont encadrés parun animateur formé. Les parentss’engagent à participer à l’action en

étant présents trois fois dans l’an-née et en valorisant ce qui est fait àl’école et au club.Les actions réussissent quand lesintervenants, plutôt que de dicterleur conduite aux parents, dialo-guent avec eux, font des sugges-tions pour réfléchir ensemble à lamanière d’accompagner la scola-rité des enfants. Ces intervenantssont également plus efficacesquand ils connaissent la réalité dela vie des familles.

■ L’atelier de peinture de l’écolematernelle Jaurès se déroule le sa-medi matin. Il est une réponse auconstat que les parents n’investis-saient pas l’école en dehors desfêtes traditionnelles. Les parents,en participant à cet atelier, peuventdécouvrir l’importance des activi-tés éducatives et continuer à lamaison à inciter les enfants à créer.

■ L’inspecteur de l’Éducation na-tionale rappelle qu’autrefois les pa-rents n’investissaient pas l’école,soit par timidité, soit par une tropgrande confiance accordée àl’école. Ces rapports ont évolué. Ilconstate que la contradiction entreles parents et l’école ne permet pasun accompagnement optimal del’élève en difficulté et qu’un terrainde rencontre est nécessaire pourdialoguer.Tous les parents désirent la réussitede leur enfant, mais tous ne sont

Les relations dans la familleAVEC LA PARTICIPATION DE :• L’Association des femmes médiatrices de Pantin, maison de quartier des Courtillières, avenue des Courtillières, Pantin, tél. : 01 49 15 37 00.• L’APFÉE (Association pour favoriser une école efficace), 18 rue Joseph-Serlin, Lyon, tél. : 06 73 53 33 29.• L’Inspection de l’Éducation nationale, 2 rue Sadi-Carnot, Pantin, tél. : 01 48 4 06 39.• L’atelier peinture de l’école maternelle Jaurès, rue Édouard-Renard-Prolongé, Pantin, tél. : 01 49 15 37 51.• L’association Cultures et Citoyenneté, maison de quartier des Quatre-Chemins, 42 avenue Édouard-Vaillant, Pantin, tél. : 01 49 15 39 10.

Comment aider les parents dans leur relation avec l’école ?4

Page 38: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

5•

no

ve

mb

re 2

00

5L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

pas en capacité d’apporter une aidescolaire à leur enfant. Par contre, ilspeuvent montrer qu’ils attachentde l’importance à la scolarité.

Les participants au débat sont desparents, des membres d’associa-tions de parents, des travailleurssociaux, une directrice d’école.Certains parents jugent les rap-ports avec les enseignants infanti-lisants, ressentent un malaise etont impression d’être mis en

cause. L’ouverture de l’école auxfamilles existe en maternelle, puiselle semble diminuer à l’école pri-maire et surtout au collège, vécucomme fermé aux parents. Une assistante sociale scolaire rap-pelle que les conseillers princi-paux d’éducation et les assistantssociaux sont là pour initier lesrencontres entre les familles etl’institution et pour établir la rela-tion avec des interlocuteurs mul-tiples.

Un intervenant rappelle que l’éco-le, lieu des apprentissages, permetà l’enfant de vivre en dehors de safamille, avec ses pairs.Si les relations entre école et famillessont complexes, les volontés dedépasser les difficultés n’en existentpas moins. Mais les outils sont en-core à inventer pour que les profes-sionnels de l’éducation et les parentssoient de véritables partenaires, cha-cun respectant le rôle de l’autre dansl’éducation de l’enfant. ■

■ ANIMATION : Fatiha Ibrahim, maison de quar-tier des Courtillières, Pantin■ RAPPORT : Catherine Mayen, Aide sociale àl’enfance, conseil général de la Seine-Saint-Denis

■ PARENTHÈQUE

À l’origine, un réseau de profes-sionnels organisait des sorties etdes réunions avec des parents surl’éducation des enfants. Lesparents se sont autonomisés et ontcréé une association qui poursuitles mêmes activités.

■ SOLIDARITÉ PARENTS-JEUNES

Cette association a été créée enavril 2005 par des habitants à lasuite de bagarres ayant éclaté entrejeunes dans le centre commercialLeclerc, situé dans le centre-ville dePantin. L’association est composéede jeunes adultes (18-20 ans), dont

certains font partie du bureau del’association, et de parents. Elle seveut un lieu de rencontre entre lesdeux. L’association soutient lesparents perdus devant la complexi-té du fonctionnement de l’école,bien différent de celui de leur paysd’origine. Elle soutient égalementles jeunes en leur faisant découvrirles dispositifs de droit communqui peuvent les aider pour leuravenir professionnel. Par ailleurs,elle aide les jeunes à conceptualiseret à réaliser des projets pour deschantiers de coopération interna-tionale.

■ L’ASSOCIATION DES FEMMES

MÉDIATRICES DE PANTIN

Cette association souhaite soutenirl’intégration des parents étrangers,la scolarisation des enfants et lelien social. Elle assure des perma-

nences dans des collèges, descentres sociaux, le bureau de poste.Elle intervient également à l’hôpi-tal Avicenne, à Bobigny, participeaux manifestations municipales,organise des ateliers (couture, etc.)et des moments conviviaux.

■ L’ASSEC

Créée en 1996, cette association depères africains s’intéresse à l’éduca-tion des jeunes. Elle fait de lamédiation familiale en partenariatavec l’association des femmesmédiatrices de Pantin. Elle parti-cipe aux fêtes de quartier et estcofondatrice d’une fête annuellebaptisée «Fête de la réussite sco-laire », renommée depuis un an«Fête de toutes les réussites». Lespères assurent également des rondesde nuit pour prévenir les incidentset entrer en contact avec les jeunes.

Les parents s’engagentAVEC LA PARTICIPATION DE :• L’Association de solidarité, d’entraide et d’échanges culturels (ASSEC), maison de quartier des Courtilières, avenue des Courtillières, Pantin,

tél. : 01 49 15 37 00.• L’association Solidarité parents-jeunes, maison de quartier du Petit-Pantin, 210 avenue Jean-Lolive, Pantin, tél. : 06 23 42 83 38.• L’Association des femmes médiatrices de Pantin, maison de quartier des Courtillières, avenue des Courtillières, Pantin, tél. : 01 49 15 37 00.• L’association de parents Parenthèque, 23 rue de l’Union, Aubervilliers, tél. : 06 86 82 32 64.

Différentes actions à l’initiative des parents.4

Page 39: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

7

Au cours de la discussion, les par-ticipants se sont interrogés sur lerôle des pères. Les associations pré-sentes ont constaté la difficulté deles rencontrer. Difficulté à laquelleéchappe l’ASSEC, qui a uncontact facile avec eux : on peut sedemander si le fait d’être une asso-ciation de pères n’est pas un élé-ment « facilitateur » – les hommesne parlent-ils pas plus aisémententre eux ?

Les participants ont égalementévoqué les différences de concep-tion et de pratique dans l’éduca-tion des enfants entre les paysd’origine et la France, qui déstabi-lisent certains parents : comment

dire non à son enfant, sanctionnersans être mal jugé et sans avoirpeur du placement des enfants ?Comment être reconnu commepilier de l’éducation ?

Ils ont également rappelé la diffi-cile relation entre les parents etl’école, notamment pour les pa-rents qui ne lisent pas le français etqui dépendent de leurs enfantspour traduire les courriers et lesbulletins scolaires, avec les effetspervers qui en découlent. Lesparents ne se sentent pas reconnuspar l’école, jugée parfois sévère etpeu encourageante vis-à-vis deleurs enfants. Ils attendent beau-coup d’elle – et réciproquement –,

mais la rencontre est difficile. Lesrapports sont facilités quand uneassociation reconnue joue un rôlede tiers. Il est préconisé d’organiserdes activités pour les parents ausein de l’école pour la démystifieret faire participer les parents à desmoments positifs et valorisantspour eux et leurs enfants, pourqu’ils n’aient pas le sentimentd’être interpellés seulement lors dedifficultés.

Les participants ont enfin soulignéque les enfants et les jeunes étaientdans une forte attente d’encoura-gement de l’école : ils veulent êtreentendus et écoutés, y compris parleurs parents. ■

■ ANIMATION : Catherine Kettler, maison dequartier des Haut et Petit Pantin, Pantin■ RAPPORT : Ange Andongui, maison de quar-tier des Quatre-Chemins, Pantin

■ LES RENCONTRES MUSICALES

PARENTS-ENFANTS DE PANTIN

Il s’agit d’offrir un espace d’échan-ge entre les parents, entre lesparents et les enfants et entre lesparents et les professionnels, à par-tir de pratiques musicales ludiques(chants, percussions, jeux musi-caux divers…).L’action a démarré en 2001, enpartenariat avec la PMI et lesparents du quartier, avec le soutientechnique et pédagogique de l’as-

sociation Enfance et Musique, spé-cialisée dans les actions tournéesvers la petite enfance à partir d’unsupport musical. Elle a ensuite étéreprise en 2002 par une associa-tion de parents issus de ces ate-liers : DE SI DE LA.

La projection d’un court-métrageprésentant différents témoignagesde parents sur l’activité a permisd’engager la discussion entre lesparticipants de l’atelier : « J’ai démé-nagé, mais je reviens ici » ; « Je viensapprendre des chansons pour monenfant» ; «On ne chante plus beau-coup, on est dans la transmission,ça fait une mémoire»… Avec ces

phrases extraites du film, on noteque le public, essentiellement fémi-nin, continue à se voir au-delà desrencontres musicales qui sont orga-nisées et participe aux actions pro-posées par la maison de quartier.Depuis que le projet a été reprispar l’association DE SI DE LA, ils’est progressivement structuréautour d’une rencontre par mois –chorale parents-enfants, choraleparents-professionnels du quartieret d’ailleurs… –, en fonctionnantsur le principe de l’auto-encadre-ment par les parents. Aprèsquelques tâtonnements, un cadreformel a été élaboré et a fait l’objetd’une charte. Un stage réunissant

Les actions culturelles créatrices de lien socialAVEC LA PARTICIPATION DE :• L’association Enfance et Musique, 17 rue Étienne-Marcel, Pantin, tél. : 01 48 10 30 00.• Le service enfance, hôtel de ville, 58 avenue Gabriel-Péri, La Courneuve, tél. : 01 49 92 60 00.• La bibliothèque Elsa-Triolet, 4 rue de l’Union, Bobigny, tél. : 01 48 95 20 56.• Vie et Cité, 11 rue Jean-François-Lemaître, Bobigny, tél. : 01 41 50 04 14.

Avec une activité, qu’elle soit culturelle ou sportive, on peut créer du lien social et familial.4

Page 40: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

5•

no

ve

mb

re 2

00

5L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

les parents a été organisé parEnfance et Musique. Il a permisaux parents de s’impliquer et de seresponsabiliser. « J’ai appris à avoirconfiance en moi », dit l’un d’eux.«Plus on donne un cadre, plus onpermet l’improvisation », ajouteune des bénévoles, responsable del’association. Ce cadre a permisd’asseoir l’exigence de qualité quepartageait l’ensemble des partici-pants, avec le souci, entre autres,de ne pas tout centrer autour del’enfant, mais de laisser leur placeaux parents « observés » par lesenfants. Exigence également sur lecontenu et dans la démarche d’ac-cueil. Notamment pour lesmamans primo-arrivantes, pourqui le support musical est trèsaccessible.Le déroulement du projet a cepen-dant rencontré quelques difficul-tés : les parents ont eu, à unmoment, un sentiment d’isole-ment, d’abandon, parce que leprojet n’était pas piloté par desprofessionnels. Ils ont eu des diffi-cultés pratiques, comme lacontrainte des horaires des salles.Cela renvoie à la question de lareconnaissance des parents par lesinstitutions.

■ LA BROUETTE

DE LA COURNEUVE

Une «brouette » remplie de diversjeux de société est installée auxpieds des immeubles afin que lesenfants puissent jouer ensemble etapprennent ainsi à gérer leurtemps libre. Après avoir pilotécette action, la mairie deLa Courneuve a créé un lieu d’ac-cueil : « le Pôle jeu », que lesfamilles se sont appropriées. Lesfemmes y jouent entre elles et avecleurs enfants. Le jeu est librementconsenti, mais les joueurs ont lapossibilité de modifier collective-

ment les règles du jeu. Le jeu estune occasion pour partager ettransmettre du patrimoine cultu-rel, « de plaisir ». Les parents seretrouvent facilement parce que lesjeux sont universels.Le passage d’une brouette installéeen pied d’immeuble à une struc-ture formelle, « en dur », question-ne les professionnels, qui ont lesentiment que cette évolution apu contribuer à une forme de« dessaisissement » des habitants.En effet, la création du lieu d’ac-cueil est une initiative de la mai-rie, ce qui les interpelle sur la priseen compte et la légitimation deshabitants en tant que réels parte-naires, face à une institution. Ils sedemandent comment, en tant queprofessionnels, ils peuvent accom-pagner les projets qui marchent enlaissant toute leur place auxparents.

■ L’HEURE DU CONTE

DE LA BIBLIOTHÈQUE ELSA-TRIOLET

Cette action destinée aux parentset aux enfants donne aux habitantsla possibilité de venir librementraconter et se raconter dans leurlangue natale si besoin est, la tra-duction simultanée étant assurée.Cette heure est préparée par deshabitants, qui sont tout à la foisnarrateurs et traducteurs, et desprofessionnels.Suite au départ du principal ani-mateur de l’action, des incerti-tudes pèsent sur sa poursuite.«Qu’importe si les actions conti-nuent ou non, les expériencesvalent d’être vécues par elles-mêmes ! », lance un participantdans la salle.

■ L’ATELIER D’ART PLASTIQUE

DU FRANC-MOISIN, À SAINT-DENIS

Cette action, intitulée «À traversles fenêtres », a été mise en place en

1989, six mois avant la démolitionde la barre B3. Il s’agissait pour leshabitants, adultes et enfants, depeindre ou de dessiner une scènede la vie quotidienne vue à traversle prisme de la fenêtre de l’im-meuble qui allait être démoli.Soixante-dix tableaux ont été réali-sés et exposés dans le salon d’hon-neur de la mairie de Saint-Denis.À travers cette action, c’est un tra-vail d’accompagnement et de pré-paration des habitants à la trans-formation du quartier qui a étéentrepris. L’atelier d’art plastique acontinué à fonctionner et ladémarche est de nouveau utilisée àBobigny dans le cadre du projet derénovation urbaine.

En conclusion, les participantsont reconnu que l’intérêt d’unsupport culturel simple est qu’ilrenvoie et interpelle chacun danssa dimension individuelle. Ce quipermet que les habitants, lesparents et les professionnels seretrouvent, « sans être jugés, niévalués », avec un langage com-mun qui n’est pas et ne doit pasêtre spécifiquement le jargon desseuls professionnels. Les porteursde projets ont fait part égalementde leurs interrogations et inquié-tudes sur la capacité des institu-tions d’accompagner et de recon-naître ces projets qui fonctionnentgrâce à des individus-parents quisavent faire sans et aussi bien queles professionnels.Les échanges ont mis en évidencequelques points forts : le souci deconsidérer autant les parents queles enfants dans les actions misesen place ; la part de liberté créatricepermise par les actions artistiques ;enfin les notions de plaisir etd’échange, de transmission, d’ac-cessibilité engendrées par cesactions. ■

Page 41: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sG

ag

ny

•n

ove

mb

re 2

006

S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapG A G N Y

JE suis heureux de vous accueillir dans ce centre Jacques-Prévert, le principal centre socioculturel de Gagny, quiaccueille de nombreux jeunes et beaucoup d’adultes. Nous

sommes réunis dans le cadre du Réaap pour parler du rôle desparents. C’est un sujet qui pourrait mobiliser pendant des mois. Eneffet, de tout temps, le rôle des parents a été une question impor-tante : depuis l’époque romaine, où le père était le « pater familias »,détenteur du droit de vie et de mort sur ses enfants, jusqu’àaujourd’hui, où certains parents s’interrogent sur les droits qu’ilspeuvent encore exercer sur les leurs.

Son rôle envers ses enfants est pour tout parent une questionimportante. La confrontation des générations a toujours été unedonnée centrale dans nos sociétés, parce que l’individu seconstruit de sa naissance jusqu’à sa vie d’adulte. Et cetteconstruction se fait par des confrontations avec les adultes, et enparticulier avec les tenants de l’autorité que représente ou quereprésentait pour le moins le parent il y a peu de temps encore.

Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est la difficulté que rencontrentun certain nombre de parents pour arriver à se situer dans ce rôled’éducateurs, c’est-à-dire en charge de transformer un jeuneenfant en adulte cultivé, citoyen, respectueux de son environne-ment et des êtres humains qui l’entourent. C’est un travail ardu.L’enfance n’est pas un statut social, c’est un moment de passagedifficile dans la vie, parce que le corps de l’enfant se transforme etque sa mentalité évolue. C’est dire combien vos réflexions sontmalaisées, mais importantes.

Aujourd’hui, un certain nombre d’enfants n’ont plus de repères géogra-phiques, parce qu’ils sont issus de pays hors des frontières françaiseset que leur culture d’origine est difficilement transportable. On dit tou-jours que l’on emporte un peu de la terre de son pays à la semelle deses chaussures… On emporte peut-être un peu de terre, mais on n’em-porte pas toute la culture, qui est centenaire, voire millénaire.

Les parents ont du mal à s’approprier la culture française, parceque l’on ne s’approprie pas une culture en quelques mois, ni mêmeen quelques années. Dans cette situation, les familles exercent dif-ficilement leur responsabilité de parents, parce que l’enfant parleparfois le français mieux qu’elles, parce que l’on ne peut exercerune autorité que lorsque l’on fait mieux que celui sur lequel on acette autorité, parce que le rapport des parents avec les institu-tions n’est pas toujours simple, parce que l’on rencontre aujour-d’hui une génération de parents qui, ayant été elle-même en échecscolaire, ne considère pas l’école comme un lieu de chance, maiscomme un lieu où leurs enfants vivront des moments difficiles.C’est dire que les questions sont multiples.

C’est pourtant dans les réponses que l’on pourra apporter à cesquestions que nous arriverons à trouver, non pas la solution, maisune des solutions pour améliorer le fonctionnement de notresociété, le mode de vivre ensemble, de façon à ce que chacunpuisse trouver sa juste place dans nos institutions, dans la vie dela cité, dans la vie de tous les jours.

J’espère que le fruit de vos travaux permettra aux parents et auxprofessionnels de s’enrichir mutuellement et aux différents repré-sentants des pouvoirs publics présents de s’enrichir de vosréflexions pour pouvoir mettre en œuvre des projets qui ferontavancer la problématique. Dans ce domaine, il faut être modeste :personne n’a la clef, la réflexion partagée est une opportunité pourfaire avancer les choses.

Je vous remercie d’avance pour le travail que vous allez meneraujourd’hui pour le bien des enfants, de leurs parents, et de lasociété. ■

Michel Teulet, maire de Gagny

L E S M O T S D ’ A C C U E I L

Page 42: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

no

vem

bre

200

6

IL y a une dizaine d’années, la Délégation interministérielle à lafamille (DIF) et la Direction des populations et des migrations(DPM) se posaient déjà un certain nombre de questions sur le

soutien à la parentalité. Ce n’est donc pas un sujet que j’ai décou-vert en arrivant en Seine-Saint-Denis : c’est un sujet porté par l’Étatet soutenu par le monde associatif, les parents, le Conseil généralet sa mission globale d’aide sociale à l’enfance. Ainsi, communes,Conseil général, Caisse d’allocations familiales (CAF), État sommesréunis aujourd’hui, avec vous, les parents et les professionnels,pour réfléchir à ce dispositif du Réaap, pour nous interroger surson avenir et ses améliorations potentielles, chacun avec ses res-ponsabilités respectives.

Depuis vingt ans, par la prise de conscience des difficultés querencontrent un certain nombre de quartiers et de territoires, la poli-tique de la ville a développé des actions d’insertion, d’améliorationdu logement, d’aide à la scolarité, de renforcement des zonesd’éducation prioritaires (ZEP), d’accès aux soins, à travers les ate-liers santé ville, de lutte contre la violence, les discriminations.

Au-delà de ces politiques, la reconnaissance des parents dansleur rôle éducatif reste centrale. La Direction départementale desaffaires sanitaires et sociales (DDASS) a toutes les raisons d’affir-mer que la situation sociale, les problèmes de suroccupation delogements, les problèmes de langue, dus à l’immigration récentepour certains, les confrontations si ce n’est de valeurs, du moinsde cultures, les images que les enfants, qui ont parfois du mal à sesituer entre deux sociétés, peuvent avoir de leurs parents… toutcela ne favorise pas spontanément la reconnaissance et l’exercicede la fonction parentale.

Dans le même temps, les services publics ne sont pas forcémentles premiers propagateurs de l’idée que les parents ont un rôlecentral dans le processus éducatif de leurs enfants. Pourtant, larelation enseignant/parent, par exemple, paraît primordiale dansles questions de régularité du suivi scolaire, de civisme, d’orienta-tion. Ainsi, revaloriser l’image des parents est crucial.

Aujourd’hui, une cinquantaine de structures sont financées par laDDASS, parfois cofinancées par les communes et la politique de laville, le Conseil général, la Région, la CAF. Il existe aussi des actionsde soutien à la parentalité qui ne sont pas dans le Réaap. Il est doncintéressant de confronter, au-delà du seul Réaap, toute l’expériencede terrain en matière de reconnaissance de la fonction parentale etd’accompagnement dans le renforcement de cet exercice.

Ce que j’attends de vous, qui êtes en première ligne, c’est que, àtravers les thèmes de ce soir et d’autres rencontres à venir, l’onpuisse se demander si ces cinquante actions sont suffisantes, sielles sont bien calibrées, si elles accueillent assez de monde, sielles se déroulent sur les bons territoires, si aucune population n’aété oubliée.

Ce ne sont pas les 250 000 euros de la DDASS qui bouleverseront laculture des partenaires locaux, mais les multiples expériencesmenées sur le terrain, la présentation et les constats que vous pou-vez en faire afin que vos réflexions éclairent l’État sur les politiquesà mener.

Le ministre en charge de ces questions cherche, avec un budget2007 extrêmement tendu, à augmenter la part des crédits affectéeaux Réaap. La CAF, le Conseil général et les communes restent deséléments stratégiques. En effet, si l’on veut que, dans le cadre dela politique de la ville, de promotion de la citoyenneté, de préven-tion de la délinquance, tous les territoires aient une chance égale,il faut arriver à couvrir les territoires, les populations et les famillesles plus exposées et que le résultat des actions soit communiquéaux décideurs. Aujourd’hui, l’argent est cher, mais il nous fautconvaincre de l’avantage de ce soutien à la parentalité dans notredépartement. ■

Hubert Valade, directeur départemental

des affaires sanitaires et sociales

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

L E S M O T S D ’ A C C U E I L

Page 43: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

3

■ ANIMATION : Patrizio Ballirano, ADSEA 93,Noisy-le-Grand■ RAPPORT : Catherine Mayen, ASE, Conseil général 93

■ LE SIOAE, À GAGNY

Ce service intervient sur décisiondu juge pour enfants et mène desactions éducatives pour les enfantset les adolescents en situation derisque. Une de ses actions spéci-fiques concerne des adolescents engrande difficulté, déscolarisés oudésocialisés ou très isolés et/ou enconflit grave avec leurs parents.Quatre éducateurs accompagnentdouze jeunes qu’ils rencontrentune ou deux fois par semaine pourtenter de construire avec eux unprojet.Le service s’adapte au rythme dujeune qui y trouve toujours uninterlocuteur ; il est dans une posi-tion d’écoute, de disponibilité,d’accompagnement et de valorisa-tion du jeune.Il mène également un travail avecles parents pour faire évoluer leurrelation avec leur enfant, leur faireaccepter l’idée que leur projetd’avenir n’est pas forcément celuide leur enfant, qu’un adolescents’exprime souvent plus par desactes à décoder que par des paroleset qu’il a besoin de se sentir digned’intérêt.

■ ACAN, À NOISY-LE-GRAND

L’association a été créée en 2000par des familles africaines qui sou-haitaient mieux investir leur rôleparental et aider les jeunes à dépas-

ser leurs conflits avec l’école, lapolice ou leurs parents. L’asso-ciation organise du soutien sco-laire, des sorties et des activités.Ces actions sont animées par desjeunes du quartier, filles et gar-çons.L’association joue également unrôle de conseil aux parents et desoutien dans leurs liens avec lesadministrations et l’école. Elle tra-vaille en partenariat avec d’autresassociations à l’occasion de jour-nées d’animation et de fêtes dequartier.

■ DÉBAT

Au cours de la discussion, les par-ticipants se sont interrogés sur lameilleure façon de faire émergerdes repères et des valeurs com-munes aux parents et aux enfants.

De nombreux professionnels ontinsisté sur la notion de temps : letemps passé avec les parents et lesenfants pour les aider à élaborerdes projets de vie et le tempsnécessaire pour que les adolescentsse construisent et pour que s’ins-taurent des relations de confianceentre adolescents et parents, ado-lescents, parents et professionnels.

Des débats se sont engagés sur laconception de l’éducation, plus oumoins autoritaire, et sur l’in-fluence des médias sur les jeunesdans une société de consommationqui exerce une pression excessivesur les parents.

Les participants ont relevé despoints fondamentaux pouraccompagner les jeunes durantcette période complexe qu’estl’adolescence : les écouter et êtreprésents auprès d’eux pour leurtémoigner toute l’importancequ’ils ont, être toujours là malgrétous les mouvements de turbu-lence qui marque cet âge.L’adolescent doit sentir qu’il peutcompter sur les adultes même s’ilest en conflit avec eux. Éduquerun enfant, ce n’est pas seulementlui dire « tu dois faire ceci oucela », c’est surtout l’écouter, faireavec lui, montrer, prouver qu’onmet en œuvre les valeurs que l’onsouhaite lui transmettre.

La discussion s’est achevée sur laresponsabilité des adultes : lesparents sont les principaux éduca-teurs de leurs enfants, mais tous lesadultes, à l’école, dans la rue, doi-vent être garants des valeurs de lavie sociale : le respect, l’attentionde l’autre… ■

Familles et adolescentsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Le service d’investigation, d’orientation et d’action éducative (SIOAE), ADSEA, 3, rue Guillemeteau, Gagny, tél. : 01 56 46 93 93• L’ACAN (Association pour la promotion de la culture africaine), 13, allée de la Noiseraie, Noisy-le-Grand, tél. : 06 26 29 04 14

Du temps pour accompagner les adolescents.

Page 44: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

no

vem

bre

200

6L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

■ ANIMATION : Christelle Fouchet, mairie, Noisy-le-Grand■ RAPPORT : Françoise Archer, DPAS, Conseilgénéral 93

■ LE GROUPE DE PAROLE

DE L’HÔTEL SOCIAL, À GAGNY

Ce groupe de parole a été créé il ya deux ans pour des parents quivivent dans l’hôtel social et quisouhaitent avoir un logement indi-viduel. L’idée est, à partir de cettesituation spécifique, de valoriserleurs compétences, même si ceux-ci vivent dans un centre d’héberge-ment.Accueillant six à huit parents unefois par mois, le groupe leur per-met d’échanger sur leur expérienceet leur vécu. L’animateur dugroupe est un professionnel de lastructure. Il doit, au sein dugroupe, faciliter et réguler lesprises de parole. Fonctionnant defaçon fermée, le groupe s’estdonné des règles de confidentialitéet de neutralité.Les parents hébergés à l’hôtelsocial se rendent également aux« Infos débat » organisées par lecentre social Jacques-Prévert deGagny.

■ « UN TEMPS POUR VOUS », À GAGNY

L’espace de parole «Un temps pourvous » mis en place par la halte-jeux existe depuis 2002. C’est unmoment informel qui prend laforme d’un petit déjeuner. Il setient une fois par trimestre et est

ouvert à toutes les personnes pré-sentes au centre social ce jour-là.L’objectif est de rompre l’isole-ment et de faciliter l’ouverture àune vie sociale.Les questions abordées ont permisl’émergence d’une autre action en2004 : les « Infos débat ». En effet,quand les animateurs sententqu’un thème nécessite un appro-fondissement, celui-ci est reprislors d’une réunion animée par unspécialiste de la question. Ainsi, lesommeil, la nutrition, la consom-mation, entre autres, ont fait l’ob-jet de séances spécifiques.Les professionnels qui animent cesactions ont également repéré lesouhait de certains parents de s’in-vestir dans un groupe de paroleplus formalisé pour développer laréflexion et le partage d’expé-riences. Ce projet devrait voir lejour en 2007-2008.

■ CULTURE ET SOLIDARITÉ :« PAUSE CAFÉ », À NOISY-LE-GRAND

Ayant constaté que des parents seretrouvaient régulièrement devantl’école pour discuter, l’associationCulture et Solidarité a ouvert sesportes autour d’une «Pause café ».Ainsi tous les vendredis matindepuis 2000, des habitants et desprofessionnels, en moyenne douzeà quinze personnes, sont accueillispar deux animateurs et échangentautour d’un café.Pour traiter plus en profondeur dessujets qui revenaient régulièrement,l’association a monté un groupe

«Parentalité » d’une douzaine depersonnes qui se réunit une fois parmois, le mercredi. Des intervenantssont invités sur des thèmes particu-liers. Certains points évoqués dansle groupe «Parentalité » peuventêtre restitués aux participants de la«Pause café ». Ces deux actionscomplètent le champ d’interven-tion de l’association

■ DÉBAT

Ces trois exposés ont donné lieu àun débat riche et dense où beau-coup de participants de l’atelieront confronté leurs expériences etinterrogé leurs projets. De ceséchanges ressortent un certainnombre de constantes, commeautant de points forts.

• Les bénéfices des groupes deparole pour les parents : lesgroupes leur permettent derompre l’isolement, de s’ouvrir oude se réouvrir aux autres. Ils favo-risent la solidarité, les échangesentre «pairs », y compris au planinterculturel, et déculpabilisent lesparents. Une maman présentedans l’atelier dira : «C’est récon-fortant de sentir que l’on n’est passeul à vivre des difficultés. »Par la revalorisation de soi, lesparents se réapproprient leur his-toire, se responsabilisent et trou-vent leurs solutions.

• Les professionnels : ils notentque le changement de posture

La paroleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Hôtel social, 28-30, chemin des 22-Arpents, Gagny, tél. : 01 43 81 76 41• Un temps pour vous, la halte-jeux, centre social Jacques-Prévert, 63, rue du 18-Juin, Gagny, tél. : 01 43 32 08 12• Culture et Solidarité, 2, place Pablo-Picasso, Noisy-le-Grand, tél. : 01 43 05 24 60

Que faire de la parole reçue ? Qu’apporte le groupe de parole aux parents ? Qu’en attendent-ils ?

Page 45: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

généré par les groupes de parentspermet davantage de « faire avec »ou de « laisser faire ».Certains ont souligné l’importancede bénéficier d’un accompagne-ment, telle l’analyse des pratiques,pour se ressourcer professionnelle-ment.

• Les règles instituées permettentd’instaurer de la confiance entre lesparents et les animateurs de cesgroupes. Par exemple, ce qui se ditne sort pas du groupe ; les profes-sionnels présents sont là comme destiers régulateurs, comme des«contenants», vigilants à ce qu’iln’y ait pas de dérive ou de déborde-

ment pouvant mettre le groupe àmal. Il est également souligné lerôle important de «passerelle» quejouent ces acteurs lorsqu’ils orien-tent les parents vers telle action outel service, ce qui nécessite de bienconnaître le réseau local partenarial.Les participants ont par ailleurspointé la difficulté, voire le danger,de vouloir absolument formalisersous la forme d’un groupe deparents une réunion de parentsapparemment informelle, mais quifonctionne.

• La convivialité est souvent citéecomme un point d’appui nonnégligeable du fonctionnement

des groupes, quelle qu’en soit laforme (les petits déjeuners deGagny par exemple) et qu’ilssoient portés par les animateurs oupar les parents.

Dans tous les cas, qu’il s’agissed’un groupe constitué ou d’unespace informel, l’importance de la« co-production » revient dans tousles témoignages, c’est-à-dire le« faire avec » les habitants, avec lesparents, en étant à leur écoute etau plus près de leurs besoins et deleurs demandes. L’idée de diagnos-tics partagés entre les parents et lesprofessionnels comme préalablesaux projets est ainsi évoquée. ■

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

ÊTRE PARENT AUJOURD’HUI, UNE AVENTURE AU QUOTIDIEN

Bénédicte Goussault, maître de conférences en sciences de l’éducation, université de Paris XII-Créteil.

Être parent n’a sans doute jamais été facile, mais, pendantlongtemps, on élevait « naturellement » ses enfants comme

on avait été élevé. Aujourd’hui, l’évolution de la société et de lafamille rend souvent obsolète l’éducation que les parents ontreçue et impossible sa transmission sans réaménagements. Les parents issus de l’immigration, face aux différences cultu-relles et aux conflits de valeurs, sont d’autant plus confrontés àces ajustements. Enfin, la multiplication des « modèles familiaux » empêche depenser une seule façon de « faire famille ».

Des parents et des professionnels de deux cités de la Seine-Saint-Denis, à Aulnay-sous-Bois et àPierrefitte-sur-Seine, ont longuement réfléchi aux difficultés qu’il y a à être parents aujourd’hui et auxrapports entre parents et professionnels. Cet ouvrage, fruit de leurs échanges, lutte contre les idéesreçues et réaffirme les parents dans leur rôle. Il souligne également l’importance des liens sociaux etdes réseaux de proximité. Enfin, il montre qu’il est possible d’inventer au quotidien de nouvellesmanières d’être père et mère.

Collection « Les savoirs de la ville », dirigée par Profession Banlieue, Éditons de l’Atelier, Paris, 2005.160 pages – 21 euros

Page 46: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

no

vem

bre

200

6L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

■ ANIMATION : Marie-Chantal Duru, Fédérationdes centres sociaux 93■ RAPPORT : Jean-Pierre Sévère, DDASS 93

■ LE CENTRE SOCIAL

DE LA BOISSIÈRE, À ROSNY-SOUS-BOIS

Le centre social a présenté le parte-nariat qu’il entretient avec l’associa-tion Après l’école depuis 2001. Desparents du quartier de la Boissièrese sont regroupés en associationdans le souci de pouvoir concilierleurs vies familiale et profession-nelle. Les écoles primaires n’offrantpas d’accueil avant et après le tempsscolaire, les parents ont décidé d’enouvrir un « Après l’école », quipuisse recevoir les enfants qui nesont pas en mesure de rentrer seulschez eux le soir.

Cette association accueille une tren-taine d’enfants, le matin avant l’ou-verture de l’école et après l’étude dusoir, pour un temps de loisirs et dedétente. Chaque parent est force deproposition pour animer les séances.Le centre social soutient l’associa-tion en mettant à disposition troisanimateurs (BAFA). L’intérêt de cepartenariat est de favoriser l’implica-tion des parents bénévoles pour uneanimation co-partagée avec les pro-fessionnels du centre. De plus, lesparents ont un rôle éducatif, nonseulement envers leur propreenfant, mais aussi à l’égard desautres.

Lors du débat, l’intérêt de propo-ser deux types d’activités aux

parents dans les structures a étésouligné :• Des activités « imposées » aux

parents, dans lesquelles le profes-sionnel apporte un savoir-faire etdes techniques d’animation auxparents.

• Des activités non imposées danslesquelles les parents peuvent àleur tour apporter des savoir-faire aux professionnels et sedécouvrir des talents d’anima-teur qu’ils se ne soupçonnaientpas.

■ LE JARDIN DES ENFANTS

DU CENTRE SOCIAL, AU RAINCY

Le jardin des enfants existe depuis2000. Il est ouvert tous les mercre-dis matin et durant les vacancesscolaires. Des accueillantes, profes-sionnelles de la petite enfance ettravailleurs sociaux, sont présenteset reçoivent les familles – pères,mères, grands-parents – ainsi queles assistantes maternelles.Le jeu est le moyen d’expression del’enfant. Tous les premiers appren-tissages se font à travers lui. Ainsi,une grande salle a été aménagéeavec différents espaces : des coinsjeux, des distractions variées tellesun toboggan, des vélos… À traversles activités motrices, l’enfant vaalors acquérir son schéma psycho-moteur. Les travaux manuels, eux,vont lui permettre d’acquérir unepsychomotricité fine. Enfin, ledessin, les histoires, le langage, leslivres vont développer ses capacitésintellectuelles.

Du côté des parents, le jeu permetà l’adulte d’avoir un regard positifsur l’enfant. Il facilite également laséparation des parents avec l’en-fant, quand celui-ci, par exemple,a l’âge d’aller à la maternelle.

■ LA MAISON POUR TOUS, À NOISY-LE-GRAND

Un atelier parents/enfants estouvert depuis octobre 2006 à lademande d’une association d’assis-tantes maternelles, « Boutchou »,qui souhaitaient bénéficier d’inter-ventions spécialisées telle la psycho-motricité. Un atelier d’éveil musicalet corporel a donc été créé pour lesenfants avec leurs assistantes mater-nelles. Par la suite, des mamans ontaussi souhaité en bénéficier.

Actuellement deux groupes se suc-cèdent pendant une heure, soitvingt-quatre familles, trois matinspar semaine. Les parents disent yvivre des temps forts de découverteet d’émotion. Il existe égalementun autre lieu, la ludothèque, où larencontre parents/enfants peut sepoursuivre. Quinze familles y sontdéjà inscrites.

■ DÉBAT

Les échanges ont porté sur lepublic accueilli, la place des pères,le rôle des travailleurs sociaux, lesparents qui ne savaient pas jouerou n’osaient pas jouer avec leursenfants.

Pour grandir, il faut jouerAVEC LA PARTICIPATION DE :• Le centre social CAF, 17, allée Clémencet, Le Raincy, tél. : 01 43 81 40 34• Le centre social de la Boissière, 317, boulevard de la Boissière, Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 12 16 80• La Maison pour tous, 9, allée du Bataillon-Hildevert, Noisy-le-Grand, tél. : 01 43 03 19 08

En quoi le jeu peut-il favoriser les relations parents/enfants ?

Page 47: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

7

Les échanges se sont poursuivisavec la présentation par plusieursaccueillantes de PMI de leur tra-vail, notamment celles de Noisy-le-Grand, Montfermeil et Gagny.Comme dans les soixante PMI dudépartement ayant des lieux d’ac-cueil, ces espaces sont ouverts àtous les parents, pour le temps

qu’ils veulent. Une règle s’impose :ce qui se passe et se dit dans legroupe de parents ne doit pas sor-tir de ce groupe.

En conclusion, les fonctionsprincipales du jeu ont été souli-gnées : la valorisation, la média-tion et l’aide à la séparation

mère/enfant. Tous les partici-pants ont insisté sur le respect desconditions du soutien à la paren-talité dans ces lieux d’accueilparents/enfants : offrir un espaceet un temps repérables par lesparents, mettre ceux-ci en posi-tion d’acteurs, proposer un cadrequi n’émette pas de jugement. ■

■ ANIMATION : Patrice Gauthier, UDAF 93■ RAPPORT : Cécile Tamburini, centre socialJacques-Prévert, Gagny

■ JEUX, CRÉATIVITÉ, PARTAGE, À ROSNY-SOUS-BOIS

Jeux, Créativité, Partage est uneassociation de parents qui existedepuis 1999 et dont les locauxsont situés dans le quartier dela Boissière, à Rosny-sous-Bois, unquartier qui connaît une grandemixité sociale et qui est isolé detous commerces ou services pu-blics. L’école devient alors le seullieu où les habitants peuvent serencontrer : «Heureusement, il y al’école », disent-ils.Le souhait de l’association était dedévelopper les liens entre lesparents et les enfants par l’intermé-diaire du jeu, de faciliter leur créa-tivité au moyen de la mise en placed’ateliers artistiques (qui ontdébouché sur la réalisation d’expo-sitions) et de favoriser le partaged’expériences entre parents. Pour yrépondre, l’association crée doncune ludothèque.

Elle a par ailleurs rencontré ladirectrice de l’école maternelleRaspail de Rosny-sous-Bois pourlui proposer un projet d’animationporté par les parents durant lesmoments où les institutrices sontdans la ludothèque avec lesenfants. Le but était de faireprendre conscience aux parents deleur capacité d’animateurs, d’édu-cateurs, alors même qu’ilsn’avaient «pas fait d’études » (audépart, il leur a été difficile deprendre cette place).Le projet se déroule sur le tempsscolaire, mais l’association a sou-haité qu’il ne soit pas inscritcomme un projet pédagogique del’école, alors même qu’il a été éla-boré avec les enseignants, pourgarder une indépendance dans sagestion et pour que les parentsdemeurent les animateurs de ceprojet.

■ LE COLLÈGE JACQUES-PRÉVERT, À NOISY-LE-GRAND

Le collège Jacques-Prévert estimplanté dans le quartier du

Champy. L’expérience présentéefait partie d’un ensemble de pro-jets engagés sur le thème de laparentalité. Cette expérience a vule jour, il y a trois ans, pourrépondre au désir des éducateursspécialisés de la Sauvegarde del’enfance et de l’adolescence, quisouhaitaient permettre aux parentsd’échanger sur les questions qui lespréoccupent : qu’est-ce quel’école ? la gestion des relationsconflictuelles avec leurs enfants aumoment de l’adolescence, l’orien-tation scolaire, le soutien scolairedes enfants à la maison…Les parents se rencontrent dansune salle conviviale. L’assistantesociale du collège et les éducateurssont présents. Ils veillent à la dis-tribution de la parole. Les profes-seurs peuvent venir, il faut alorsveiller à ce qu’ils apparaissentcomme des facilitateurs del’échange et non comme desdétenteurs de bonnes pratiques, desavoirs, ou des porte-parole de la« bonne éducation ». Ils doiventdonc rester dans une position

École/famillesAVEC LA PARTICIPATION DE :• Jeux, Créativité, Partage, 317, boulevard de la Boissière, Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 55 50 52• Le collège Jacques-Prévert, 22, rue de la Butte-Verte, Noisy-le-Grand, tél. : 01 43 03 02 74

Comment les parents peuvent-ils se réapproprier l’école ?

Page 48: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

d’écoute et de partage. Il s’agit éga-lement de permettre une réconci-liation entre les parents et les pro-fesseurs.Là encore, il s’agit de valoriser laparole des parents.L’information se fait par l’intermé-diaire du carnet de correspon-dance, les professeurs sont alorspartie prenante de la réussite duprojet.Les parents isolés sont très deman-deurs de ces moments d’échange.La rencontre, l’échange d’expé-riences leur permettent de se ras-surer, de rompre leur isolement.Les professionnels restent vigilantsà ce que les problèmes personnelsne « s’invitent » pas lors de cesmoments et font alors le relaisauprès de partenaires extérieurspour que les personnes puissenttrouver une réponse plus appro-priée.

■ DÉBAT

Le débat s’est articulé autour dequatre grandes questions.

• Ces expériences favorisent-ellesla participation des parents à la vie de l’école ?

Au-delà de la participation, cesactions permettent surtout à desparents très différents de s’inves-tir ou d’« entrer » dans l’école.Ces actions diffèrent totalementde celles menées par les associa-tions de parents d’élèves. L’in-vestissement de l’école par lesparents se fait sur un autremode, plus informel. Ces projetspermettent aux parents d’échan-ger entre eux et avec les ensei-gnants, des moments où lesparents peuvent restaurer leurestime de soi en montrant qu’ilssont capables de transmettred’une part des compétences et

des savoirs à leurs enfants,d’autre part des expériences auxautres parents.

• Comment faciliter la compréhension du fonctionnement de l’école ?L’école s’ouvre-t-elle suffisamment sur le quartier ?

À la rentrée, notamment au col-lège, une attention particulière estportée pour présenter et expliqueraux nouveaux parents les différentsintervenants au sein de l’établisse-ment, leurs missions et fonction-nement. Toutefois, le travail enréseau avec les associations dequartier est indispensable, car il y atoujours une différence entre l’in-formation que l’on pense avoirtransmise et la compréhensionréelle de celle-ci.Cependant, l’ouverture de l’écolesur le quartier reste encore insuffi-sante. En effet, si l’école accueillevolontiers des partenaires exté-rieurs, elle ne va pas forcément àleur rencontre en dehors du lieu etdu temps scolaire.Le travail en réseau avec les asso-ciations de quartier est très impor-tant pour favoriser le lien avec lesfamilles qui ne viennent pas àl’école par peur ou par «honte » dene pas comprendre, en raison,entre autres, de la barrière de lalangue…Il est nécessaire que les établisse-ments scolaires prennent lamesure de leur inscription sur unterritoire, dans un quartier, s’ou-vrent vers celui-ci, que les ensei-gnants ne restent pas enfermésdans l’école.Il conviendrait de considérer lemétier d’enseignant autrement,d’en redéfinir les missions, pourqu’il ne soit pas uniquement cen-tré sur les acquisitions, mais aussisur le lien avec l’extérieur.

• Les parents désertent-ilsl’école ?

On ne peut pas dire que lesparents désertent l’école, d’autantque, au collège Jacques-Prévert,ceux-ci sont dans l’obligation devenir chercher le bulletin scolairede leur enfant au moins une foisdans l’année.C’est plutôt la différence qui existeentre l’école primaire et le collègequi pose problème. Le rapport àl’école et la facilité pour y interve-nir ne sont pas les mêmes. Diversesraisons sont en cause, notammentl’organisation de l’institution. Enprimaire, les parents peuvent allerchercher leurs enfants dans laclasse et rencontrer l’enseignant àla fin des cours, ou s’investir lorsdes temps festifs tels que les ker-messes. À partir du collège, lesélèves acquièrent une certaineautonomie, ils ont des emplois dutemps spécifiques et l’heure de lasortie est bien souvent différentechaque jour. Il en est de mêmepour les enseignants. Les rencon-trer devient alors plus difficile, caril faut faire coïncider les emploisdu temps des parents et ceux desenseignants. Il devient égalementplus difficile de rencontrer d’autresparents à la sortie des cours.

• N’est-il pas utopique de demander aux parents de s’investir dans la vie de l’école ?

L’école est vécue comme un lieuformel, institutionnalisé, associé àl’échec ou à la réussite scolaire.Quand les enfants n’ont pas dedifficulté, pourquoi serait-ilnécessaire de s’y rendre ? Et quandles enfants en rencontrent, lesparents ont alors peur d’y entreret d’être jugés comme de mauvaisparents.

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

no

vem

bre

200

6

Page 49: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

Il faudrait faire en sorte que lesparents puissent s’approprier cetteinstitution sur des temps moinsformels. Les deux expériences pré-sentées, la ludothèque et le collègeJacques-Prévert de Noisy-le-Grand, sont des pistes, maisd’autres peuvent être recherchées,comme de proposer de vivre «unejournée au collège » pour per-mettre aux parents de vivre uncours, les interclasses, le CDI, lespermanences, la cantine…Autre problème : les évaluationsdès la maternelle sont mal vécues

par les parents qui ont peur queleurs enfants n’aient plus detemps devant eux pourapprendre, qui craignent que, s’ilsn’ont pas acquis tel apprentissageà tel moment, ils soient considé-rés en échec, entraînant undécouragement ultérieur. Lesparents considèrent que l’enfantporte une étiquette dès son plusjeune âge.Il faut veiller à ne pas confondre lanotion d’évaluation avec celle desélection. L’évaluation est unequestion importante qu’il faut tra-

vailler avec les parents. Ces der-niers ne doivent pas la considérercomme un jugement de valeur del’enfant. Il faut les rassurer sur letemps accordé aux apprentissages :les enfants n’apprennent pas tousau même rythme, et cela n’aaucune influence sur leur intégra-tion sociale future.L’accueil réservé aux parents ausein de l’école est important, laforme tout autant que le fond. Ilfaut qu’ils se sentent bienvenus,c’est essentiel pour qu’ils aientenvie de s’investir. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s9

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

JE me situerai, dans mon propos, résolument du côté del’école : c’est ce que je connais et c’est pour cela que je suisici. Je remercie le Réaap d’apporter son soutien à l’école, car,

si par sa mission il est aux côtés des parents, par la relation quil’unit aux parents il est de fait dans l’aide et l’accompagnement desétablissements scolaires. Ce travail tiers entre certains parents etcertains établissements scolaires peut amener beaucoup au bonfonctionnement de l’ensemble d’un système qui a pour seule pré-occupation la promotion des jeunes qui lui sont confiés. Chacun,de ce point de vue, admet que la réussite scolaire est une compo-sante non unique mais importante de la réussite personnelle. Aufond, notre préoccupation est de dire que la réussite scolaire estun élément qui vient harmonieusement permettre la réussite per-sonnelle de chaque jeune. En effet, au-delà du scolaire, le jeunedoit se développer dans un environnement qui est le sien et réus-sir son insertion dans la société et dans une profession. Toute l’ac-tion de l’école est tendue vers cet objectif, même s’il n’est pas sisimple d’y parvenir.

L’école essaye d’améliorer ses pratiques et, grâce aux échanges,tels ceux qui ont lieu lors des soirées rencontres du Réaap, ellepeut encore les améliorer. La demande à l’endroit de l’école est

évidemment très forte. À chaque instant, les familles et la sociétése tournent vers elle en lui demandant plus. Et c’est normal qu’il ensoit ainsi. On lui demande, par exemple, d’être plus exigeante etplus volontariste par rapport à l’enseignement de l’écrit dans lesmaternelles. En effet, les parents reprochent souvent à l’écolematernelle d’être un endroit où l’on joue au lieu d’être un endroit oùl’on apprend ! Et pourtant, les parents souhaitent aussi que leursenfants aient l’occasion de se développer par le jeu. La société aainsi vis-à-vis de l’école une sorte d’hésitation qui la fait balancerentre d’une part une demande d’épanouissement personnel dujeune, qui doit être heureux, bien dans ses baskets, souriant enpermanence, celui qui sans aucun doute n’existe nulle part, celuien tout cas que nous ne rencontrons pas nécessairement dans nospropres familles, et d’autre part une demande d’en faire un êtrehyper performant scolairement, c’est-à-dire pointu dans toutes lesdisciplines qui demandent des efforts intellectuels, un entraîne-ment qui n’est pas toujours épanouissant.

L’école se trouve ainsi en tension par rapport à une double exigencede la société : une volonté de performance, de compétences, deconnaissances toujours plus importante d’un côté, de l’autre unedemande pour que les jeunes aillent bien, soient bien dans leur

C o n c l u s i o n s

MARC BABLET, INSPECTEUR D’ACADÉMIE ADJOINT, EN CHARGE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE, INSPECTION ACADÉMIQUE DE LA SEINE-SAINT-DENIS

Page 50: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

peau. Or ce modèle n’existe nulle part et, si nous nous regardons entant qu’adultes, nous savons bien que nous ne sommes jamais plei-nement épanouis et heureux, ni non plus jamais pleinement compé-tents dans ce que nous avons à faire, même si nous le sommes laplupart du temps suffisamment et que nous y réussissons bien.

Il est vrai que l’école peut rencontrer des problèmes de lisibilité.Elle est certes une institution stable qui est apparue dans l’histoirede l’humanité en même temps que l’écrit et le droit, au moment oùdes besoins précis se manifestaient dans l’évolution des sociétés.Mais l’école fait partie d’une société qui évolue et elle essaye des’adapter aux évolutions de celle-ci tout en ayant un décalage deretard par définition, puisque, comme institution, elle doit porter lastabilité et la continuité.

Nous sommes ainsi confrontés à une sorte de tension entre uneécole institution, qui devrait assurer de la permanence, et une écolequi change et qui du coup peut perturber des parents, parfois mêmedes enseignants qui sont confrontés à des changements dont lesenjeux ne leur apparaissent pas toujours avec une très grande lisi-bilité au premier abord. Je pense notamment ici au passage de lanotation à l’évaluation par compétences, qui est désormais, dans lecadre européen, une de nos obligations. Le système éducatif vaprogressivement évoluer pour passer de la traditionnelle évaluationpar jugement sur des productions d’élèves à des jugements decompétences. L’élève dispose-t-il ou non de telle ou telle compé-tence ? Est-il en train de l’acquérir ? Nous développons actuelle-ment cette pratique en langue vivante et pour l’informatique dans lecadre du brevet informatique et Internet (B2i). Pour des parents quiont été habitués à des systèmes de notation traditionnels, cela posedes problèmes de lisibilité, parfois de compréhension.

En même temps, nous avons la conviction que cette évolution estune exigence pour que l’école soit plus efficace vis-à-vis desjeunes qui lui sont confiés, et quelquefois plus juste, la question dela notation étant une question complexe qui suscite débats et dis-cussions. Sur ces questions, professionnels et parents ont« du pain sur la planche », mais du pain à partager.

On trouve également un écart intéressant sur la question de l’écolequand on étudie les sondages dont elle fait l’objet. Quand ondemande aux parents d’élèves si l’école va bien en France, 80 %répondent que cela ne va pas bien. Quand on leur demande sil’école de leurs enfants va bien, 80 % disent que cela va bien. Il y adonc une contradiction entre les discours sur l’école considéréecomme une entité abstraite et ceux sur l’école réelle du quotidien.Heureusement, la représentation des parents est globalement pluspositive, et l’école a à améliorer des situations concrètes, ce quenous pouvons faire ensemble.

Je tiens donc à vous remercier de la façon dont vous pourrez nousaider à donner de la lisibilité à l’école en général, mais aussi unebonne image de l’école du quartier ; car, toute seule, elle aura unpeu de mal à le réaliser.

À l’inspection académique, nous plaidons pour le travail tangible,sur le terrain, car l’école ne peut être reconnue et pleinementacceptée par les élèves et les parents que si elle est d’abord leurécole. Elle n’est plus aujourd’hui inscrite, comme l’école duXIXe siècle, dans une dynamique de rupture qui devait la libérer desemprises de la religion, du quartier, des parents et des pouvoirspolitiques et économiques. Elle est aujourd’hui une école laïqued’État, avec des programmes nationaux, bien assise sur sa baseinstitutionnelle ; en même temps, elle est nécessairement aujour-d’hui une école dans son quartier et, dans le cadre de la décentra-lisation, pour ses bâtiments et pour ses aspects matériels, uneécole municipale, un collège départemental et un lycée régional.Les citoyens attendent de l’école qu’elle soit performante là où ellese trouve, pour leurs enfants, qu’elle soit adaptée à leurs besoins.L’école doit donc être à la fois cette institution abstraite et enmême temps ce lieu proche des parents qui lui confient leursenfants.

Nous souhaitons travailler avec tous ceux qui peuvent nous aidertout d’abord à mieux expliciter ce que nous faisons, à être mieuxcompris – d’autant plus que nous sommes dans une période d’évo-lution. Nous souhaitons aussi mieux comprendre nos élèves, nosquartiers, et les situations que chacun peut vivre, afin de nous ymieux adapter et d’entretenir le juste dialogue avec chacune desfamilles.

Faire en sorte qu’ensemble enseignants et parents s’apprennentmutuellement ce qu’ils peuvent s’apprendre, l’école peut tout à faity adhérer. Cela suppose que chacun se respecte pour ce qu’il est,reconnaisse les compétences de l’autre, pour échanger demanière efficace et constituer le meilleur dialogue possible. Uneinitiative comme celle de ce soir et, d’une manière générale, lesactions du Réaap y contribuent fortement. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

1 0

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

no

vem

bre

200

6

Page 51: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

JE savais que le Réaap de la Seine-Saint-Denis était dyna-mique, j’en ai une illustration très concrète ce soir. Je suis trèsadmiratif, constatant le nombre de personnes présentes à

cette heure de la soirée pour échanger sur des thèmes aussiimportants. Je rebondirai sur deux mots qui ont été utilisés ce soirpar les rapporteurs : « temps » et « appropriation ».

Le terme temps a été utilisé ce soir pour évoquer le temps néces-saire à la construction d’une relation entre deux individus. Pour mapart, je parlerai plutôt du temps administratif et de la nécessité dedonner du temps aux dispositifs.

Le Réaap existe depuis 1999 en Seine-Saint-Denis. C’est un dispo-sitif qui s’est progressivement enraciné et qui a produit de nom-breux fruits. L’enseignement que l’on doit en tirer est que, sur dessujets aussi complexes, il faut se donner le temps, il faut avoir unobjectif de long terme. Dans ce domaine, vous avez été des pré-curseurs, en considérant qu’il y avait un tryptique parents/-enfants/enseignants et qu’il n’y avait pas deux types de relationsséparées – les parents et leurs enfants dans leurs familles, les en-seignants et les élèves dans l’école –, et qu’il fallait essayer d’avoirune vision globale de l’ensemble.

Vous avez été des pionniers, parce que cette vision globale de laparentalité est désormais unanimement partagée, à travers diffé-rents dispositifs : les actions du Réaap, mais aussi celles des pro-grammes de réussite éducative. Ces actions ne seront un véritablesuccès que si le problème de la parentalité est pris à bras le corps.

Les rapporteurs ont à plusieurs reprises fait référence à la difficultéde ce problème, notamment dans un département comme celui de laSeine-Saint-Denis, confronté à une multiculturalité. C’est tout à lafois une richesse et une source de difficultés. C’est dans les pro-blèmes liés à l’éducation des enfants que les antagonismes de cul-ture sont parfois les plus vifs et les plus douloureux. Il est nécessairede continuer à utiliser durablement tous les dispositifs possiblespour permettre de continuer à développer le soutien à la parentalité.

Je ne sais pas si être parent est un art ou un métier, ce doit être unpeu des deux, mais, incontestablement, c’est très difficile…

Quant au terme « appropriation », j’ai noté l’idée de l’appropriationde l’école par les parents et celle du quartier par les enseignants.C’est une idée très riche, qui est à creuser et à développer. L’Étatest en train de négocier avec trente et un maires de la Seine-Saint-Denis les contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) qui pren-nent la suite des contrats de ville. Ces CUCS pourraient être unmoyen d’affirmer cette appropriation du quartier par les ensei-gnants. Nouvellement arrivés dans un quartier, par exemple, ilspourraient rencontrer les élus, les fonctionnaires territoriaux, lesassociations qui y travaillent et qui leur donneraient une idéeconcrète et pratique du contexte dans lequel vivent leurs élèves.C’est particulièrement important pour des enseignants qui n’habi-tent pas dans le quartier.

Quant à l’appropriation de l’école par les parents, il pourrait s’agir,par exemple, de mettre à disposition des salles au sein des éta-blissements scolaires pour que les parents puissent se retrouver etdiscuter entre eux.

Voilà quelques propositions, en ayant bien conscience que monpropos n’est pas à la hauteur de la richesse des débats qui se sontdéroulés entre vous. Je veux simplement affirmer la volonté del’administration de ce département de continuer à vous appuyer fi-nancièrement de telle sorte que nous puissions, de plus en plus ef-ficacement, bâtir ensemble des dispositifs aussi utiles, aussiéprouvés que possible, et faire en sorte que, dans ce domainecomme dans beaucoup d’autres, la Seine-Saint-Denis puissecontinuer à ouvrir des voies nouvelles où d’autres s’engouffrerontaprès nous. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i sP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s C o n c l u s i o n s

HERVÉ MASUREL, PRÉFET DÉLÉGUÉ POUR L’ÉGALITÉ DES CHANCES

1 1

Page 52: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

no

vem

bre

200

6

maqu

ette

clair

e pér

aro –

avril

2007

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

1 2

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ABÉCASSIS Janine, L’enfant à l’épreuve de la famille, Éditions Érès, Collection: Hypothèses, 191 p., 2004.Cet ouvrage traite de la place occupée par l’enfant au sein de la famille et des conséquences sur l’enfant del’évolution du rôle de la famille et des modèles parentaux. Peut-on dire que l’enfant est au centre de la familleou plutôt que ce qui est central, c’est le lien entre les différents membres ? En quoi les thérapies peuvent-ellesconstituer une réponse à la dépersonnalisation sociale et parentale de notre modernité et à la déstructurationde l’enfant ou de l’adolescent, qui en découle?

AUTÈS Michel, MAUREL Élisabeth, ZECCA Marine, Maisons des parents en Seine-Saint-Denis, ProfessionBanlieue, 68 p., 2006.

Les maisons des parents de la Seine-Saint-Denis représentent une expérience originale pour permettre auxparents de reprendre confiance dans leurs compétences éducatives. Comment ces lieux d’observation sociale,d’élaboration partagée du savoir à partir de l’expérience, contribuent-ils aux changements de représentationsréciproques entre professionnels et parents ? En quoi participent-ils aux transformations des pratiques dansle travail social ?

CADART Marie-Laure, Des parents dans les crèches, utopie ou réalité ? Accueillir la diversité des enfants etdes familles dans le réseau des crèches parentales, Éditions Érès, Collection: Petite enfance et parentalité,239 p., 2006.

À une époque où trop de voix exhortent à « rééduquer les parents démissionnaires» et à dépister les futursdélinquants en couches-culottes, où la « logique du marché» s’immisce dans les rapports humains jusque dansle domaine de la petite enfance, l’auteur témoigne de l’aventure de l’association des collectifs enfants-parents-professionnels (ACEPP) pour montrer qu’il est possible de penser et d’agir autrement.

DAMON Julien, Les politiques familiales, Presses universitaires de France, Collection: Que sais-je ?, 127 p.,2006.

Les politiques publiques en faveur des familles recouvrent une grande diversité de prestations, de méca-nismes, d’équipements, d’acteurs, de financements. Elles reposent sur des conceptions de la famille et de l’en-fant qui ont évolué dans le temps et divergent suivant les pays. Or, face aux mutations récentes des structureset des aspirations familiales, ces politiques sont invitées à la réforme, ou tout au moins à l’adaptation.

MASCLET Olivier, ROZIER Sabine, «Se livrer pour se délivrer». Les groupes de parole de parents animés parles Écoles des parents et éducateurs, Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs, 130 p., 2000.

Depuis plusieurs années des groupes de parole de parents offrent l’opportunité à des parents de réfléchir surles relations avec leurs enfants, les difficultés éducatives et les événements qui font la vie de la famille. Il aparu important pour l’EPE de prendre du temps pour évaluer l’apport de ces groupes, les conditions de leurmise en œuvre…

Familles et professionnels: travailler ensemble, Centre ressources Enfance-Famille-École Ain-Rhône, 69 p., 2004.Le partenariat entre la famille et les travailleurs sociaux apparaît comme un gage de réussite dans l’acte édu-catif. Les pratiques professionnelles et le regard sur la parentalité doivent pour cela évoluer. Actes des 4es jour-nées famille organisées à Vaulx-en-Velin les 30 et 31 mai 2002.

Familles et professionnels, Informations sociales – CNAF, n° 133, 138 p., 2006.Que ce soit dans le domaine de la santé, de l’enseignement, de l’accueil des enfants ou de la justice, chacunréclame de l’autre, comme en miroir, participation, partage, écoute, compréhension. Malgré les appréhen-sions mutuelles, des professionnels et des familles réussissent sur le terrain à mettre en œuvre une responsa-bilité partagée et une réciprocité dans la prise d’initiative. Un dossier à l’écoute du terrain.

Paroles de parents, Association des collectifs enfants-parents-professionnels (ACEPP), n.p., 2005.Pendant dix-huit mois, des parents de différents lieux d’accueil de la petite enfance situés dans des quartiersde la région parisienne, du Nord et du Rhône, venant de milieux socioculturels différents, ont travaillé autourdes thèmes suivants : la cohérence éducative dans le couple, les parents face aux institutions, parents citoyens,la place des pères. ■

Page 53: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sS

ta

in

s•

ce

mb

re 2

00

7S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapL E S M O T S D ’ A C C U E I L

S T A I N S

OYEZ LES BIENVENUS dans la salle de la Luciole du théâtre Paul-Éluard, au cœur de la cité Jardin. Bienvenus à tous les parti-cipants institutionnels et associatifs, à tous les habitants.

Le choix d’organiser cette soirée à Stains est une reconnaissancedu travail mené par les services de la ville et différents partenaires.Nous pouvons nous enorgueillir d’avoir développé de nombreusesactions positives en termes de parentalité.

Il était particulièrement opportun de tenir un débat sur ce thème. Onassiste, en effet, à un déferlement de textes et de dispositifs qui sonttous, autant les uns que les autres, culpabilisants, stigmatisants,pour les familles des quartiers populaires. Il y a d’autres façons d’ap-procher ces questions, notamment en soutenant les familles dansl’exercice de leur parentalité et de leur autorité parentale. Exercicedifficile à notre époque. Mais, en mettant les parents en situation, enleur octroyant des moyens, on peut être efficace sur ces questions.

À Stains, une Maison des parents existe depuis maintenant quelquesannées. 2000 personnes y sont entrées en 2007, c’est dire qu’elle a main-tenant une activité qui tourne à plein régime et qui augmentera proba-blement grâce à son déménagement dans des locaux plus vastes.

En 2007, la Maison des parents a mis l’accent sur les violences conju-gales, une question qui complexifie, voire aggrave les problèmes deparentalité. Elle a multiplié les occasions, tout au long de l’année, dedévelopper un travail avec les parents sur ces questions, dans diffé-rentes circonstances, avec les centres de loisirs, les centres devacances. Ce travail municipal ne pourrait se faire sans l’implication,l’investissement d’un grand nombre de partenaires institutionnels etassociatifs et sans un travail en réseau, riche et efficace. Je voussouhaite d’excellents travaux. Michel Beaumale

maire de Stains ■

U NOM DES SERVICES DE L’ÉTAT et plus particulièrement de laDDASS, je suis heureux d’être parmi vous.

La DDASS est investie dans le suivi des actions de soutien à laparentalité, sous le label Réaap (réseau d’écoute, d’appui et d’ac-compagnement des parents) depuis 1999. C’est une démarche à

long terme. Environ 7 000 parents ont été concernés par ces actionsdurant l’année 2006, grâce à une soixantaine de porteurs de projetrépartis sur tout le département, dont 95 % sont concentrés dansdes communes bénéficiant d’un contrat urbain de cohésion sociale.

Le Réaap est un outil de la politique de cohésion sociale de l’Étatmenée en partenariat avec des collectivités locales, le Conseilgénéral, la CAF, les associations et d’autres services de l’État.

Depuis l’origine, la DDASS cherche à favoriser l’échange d’expé-riences et le travail en réseau des porteurs de projet. Il est extrê-mement important d’offrir aux parents un soutien dans leur fonctionéducative. La DDASS exerce cette mission avec le concours d’uncomité de pilotage qui regroupe des administrations déjà citées etdes partenaires, et l’appui technique du centre de ressourcesProfession Banlieue qui assure l’animation de ce réseau, notam-ment par le biais de ces rencontres. On voit ainsi fleurir de plus enplus d’initiatives dont les villes sont souvent les porteurs de projet.

La parentalité est une fonction très investie et considérée commetrès importante pour la cohésion de notre société aujourd’hui. Ilfaut également s’intéresser à la philosophie de ce dispositif.

La tendance est bien souvent de stigmatiser les « mauvaisparents ». Or la qualité de l’action menée par le Réaap depuis plu-sieurs années déjà est de reposer sur une philosophie qui posi-tionne les parents dans une démarche d’acteurs recherchant eux-mêmes des solutions à leurs problèmes, avec le concours de pro-fessionnels. Il ne s’agit pas de leur apporter la bonne solution pourêtre « de bons parents ». C’est en s’appuyant sur eux-mêmes, surleurs propres ressources, en s’aidant les uns les autres qu’ils pour-ront répondre à la difficile question qui est le thème de cette soi-rée : qu’est-ce qu’être parent aujourd’hui ?

C’est dans cet esprit qu’a été préparée cette soirée à Stains. Jesouhaite qu’elle soit pour vous l’occasion d’échanges fructueux,de manière à vous apporter des réponses en tant que parent et àenrichir l’expérience du Réaap. Jean-Pierre Sévère

chef de service des politiques sociales, DDASS 93 ■

S

A

Page 54: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

ce

mb

re 2

00

7L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

■ ANIMATION : Vanessa Attia, programme deréussite éducative, Stains■ RAPPORT : Aïcha Bouyanna, association desparents d’élèves, collège Gustave-Courbet, etCéline Piton, AFPAD, Pierrefitte-sur-Seine.

LES POINTS D’ACCUEIL

DES PARENTS (PAP),À PIERREFITTE-SUR-SEINE

Les points d’accueil des parents sontnés de la réflexion des associations deparents d’élèves, de l’Association pourla formation, la prévention et l’accès audroit (AFPAD) et de l’Éducationnationale. Leur objectif est de per-mettre aux parents de mieux connaîtrele fonctionnement du collège.Les trois collèges de Pierrefitte-sur-Seine – Pablo-Néruda, Gustave-Courbet et Lucie-Aubrac – ont adhé-ré au projet. Cependant, les modesde fonctionnement et les sujets abor-dés sont assez différents d’un établis-sement à l’autre.Le PAP du collège Pablo-Neruda aété créé en novembre 2006. Il se tientchaque jeudi après-midi au foyer ducollège. Outre les parents, l’assistantesociale, la médiatrice ainsi que despartenaires extérieurs participentrégulièrement aux rencontres. L’AF-PAD a un rôle de coordination pource PAP. Les thématiques sont choisiespar les parents (par exemple: lessanctions disciplinaires, l’applicationdu règlement intérieur, les comporte-ments violents des adolescents…).Des repas avec les professeurs, dessorties sont également organisés.

Le constat général marque à la fois lepoint de départ et la limite du dispo-sitif: l’implication d’une minorité deparents tout au long de l’année et ladifficulté à mobiliser les parents lesplus en difficulté. Au sujet de l’impli-cation des parents, on peut rappelerque les portes des établissements neleur sont toujours pas ouvertes; iln’est donc pas étonnant qu’ils hési-tent à entrer et que les PAP aient dumal à «décoller».Deux médiatrices sociales et cultu-relles (en contrat adulte-relais) inter-venant dans les collèges Lucie-Aubrac et Pablo-Neruda expliquentleur rôle au sein des PAP et leurfonction dans le collège. Des ques-tions sont posées sur la formation etle mode d’intervention des adultes-relais : quelle est l’articulation avecles assistantes sociales, notammentau niveau des visites à domicile?Qu’en est-il du secret professionnelauquel elles sont tenues? Les situa-tions sont ainsi étudiées en équipeavec l’assistante sociale et lesconseillers principaux d’éducation,dans le respect du rôle et des com-pétences de chacun.Les visites à domicile que les média-trices peuvent être amenées à effec-tuer ont pour objet de prendrecontact avec des parents qui n’osentpas se présenter au collège et de lesrapprocher de celui-ci. Les média-trices se disent conscientes des limitesde leur intervention et de la nécessitéd’échanger avec l’assistante sociale del’établissement.

Le PAP du collège Gustave-Courbetexiste depuis le mois d’octo-bre 2007. Il a un mode de fonction-nement différent: l’accueil est assurépar roulement entre des délégués deparents d’élèves et d’autres parents.Ceux-ci se mobilisent plutôt bien.La vie scolaire est régulièrement sol-licitée pour intervenir à la demandedes parents, ainsi qu’un certainnombre d’autres partenaires: le clubde prévention spécialisée Canal, lecentre social Ambroise-Croizat,l’AFPAD.Un certain nombre de thèmes choi-sis par les parents ont déjà été abor-dés: le fonctionnement du collège, lesystème de notation.Un professeur du collège Pablo-Neruda se félicite de la présence desparents dans le collège: «Le PAP estun espace qui permet de comprendreles crises dans la famille.» Ce disposi-tif a également permis que desparents se mobilisent aux côtés desprofesseurs lors des manifestationscontre les suppressions de postes en2007.Enfin, des projets se montent avec lesprofesseurs à l’initiative et avec la par-ticipation des parents.

L’ASSOCIATION

DES RESSORTISSANTS

DE DIOGOUNTOURO (ARD)

L’association témoigne de la réflexionengagée en partenariat avec l’associa-tion Jeunesse Feu vert, du quartierd’Orgemont, à Épinay-sur-Seine.

Comment les parents peuvent-ils soutenir les enfants dans la scolarité ?AVEC LA PARTICIPATION DE :• Les points d’accueil des parents, AFPAD, Pierrefitte-sur-Seine, tél. : 01 49 71 56 91.• L’association des ressortissants de Diogountouro (ARD), section française, 1 rue de Labruyère, Épinay-sur-Seine.• Les comités de prévention des conseils de discipline, centre social Ambroise-Croizat, rue Nungesser-et-Coli, Pierrefitte-sur-Seine,

tél. : 01 48 23 40 43.

La place de chaque acteur au sein de l’institution scolaire.4

Page 55: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

3

L’ARD, grâce au soutien de l’associa-tion de prévention spécialiséeJeunesse Feu vert, souhaitait aider àla scolarité des enfants, à la sensibili-sation et à la responsabilisation desparents.Depuis 1994 sont menées desactions de soutien scolaire et d’ac-compagnement à la scolarité au seinmême du collège et en primaire, enconcertation avec le principal et ladirectrice de l’école élémentaire. Cesont les parents eux-mêmes qui enca-drent le soutien scolaire. D’autresparents ont la fonction de parentsrelais, chargés de la médiation entreles parents et les professeurs.Un accompagnement des parents a étémis en place pour la remise des bulle-tins trimestriels. Cette action a drainébeaucoup de parents au collège.Enfin, à l’extérieur du collège, desateliers de couture et de tresses ontété créés au centre socio-cultureld’Épinay-sur-Seine. Ils permettentde traiter d’autres sujets, tels que l’ali-mentation… Et des sorties cultu-relles, de sensibilisation, ont été orga-nisées pour que les parents migrantsdécouvrent le pays qu’ils habitent.L’objectif commun à toutes cesactions est la valorisation des parents,possible même dans l’aide auxdevoirs. Il s’agit de faire comprendreaux parents qu’ils peuvent accompa-gner leurs enfants dans leur appren-tissage.L’association s’est finalement retiréedu collège en 1998, mais les actionsse poursuivent en dehors de l’établis-sement. Malgré tout ce travail, unconstat s’impose: il existe une ruptu-re entre les parents et l’institutionscolaire. La relation est très dégradée.De leur côté, les parents refusent sou-vent de voir les difficultés de leursenfants. D’où la nécessité d’un véri-table accompagnement des parentsdans l’institution.Intervention d’une enseignante: «Larelation aux parents ne fait pas partiede la formation initiale des ensei-gnants. Pour les professeurs, il peutêtre difficile d’aller vers les parents. Ilest nécessaire d’expliquer aux parents

ce qu’est l’école et ce qu’elle attend, carl’institution scolaire est très complexe.Il faudrait avoir une réflexion sur lelangage de l’institution, il faut accom-pagner les familles pour qu’ellesdécouvrent ce qui se fait au collège.»

LES COMITÉS DE PRÉVENTION

DES CONSEILS DE DISCIPLINE, AU COLLÈGE GUSTAVE-COURBET, À PIERREFITTE-SUR-SEINE

Le recours au conseil de discipline,exceptionnel jusque dans les années1980, connaît une progressiondepuis les années 1990.Or, dans l’immense majorité des cas,le conseil de discipline se traduit parune exclusion définitive de l’élèvesans que cette sanction ait une valeuréducative. Le problème lié auxconduites inadaptées de l’élève estdéplacé, sans être résolu, vers le collè-ge chargé de l’accueil de l’élève exclu,quand il est âgé de moins de 16 anset en obligation scolaire. Le recours àce type de sanction disciplinairereprésente un échec sur le plan édu-catif, autant pour les élèves qui enfont l’objet que pour les établisse-ments scolaires qui l’utilisent.Le collège Gustave-Courbet et lespartenaires locaux se sont interrogéssur la manière d’enrayer ce phéno-mène en créant une alternative àcette sanction vécue par les parents etles élèves convoqués comme unmoment douloureux assimilé à untribunal, où la défense n’est pas pré-sente. Il paraissait important de réflé-chir à la manière de restaurer le lienavec le collège en associant lesfamilles et les élèves les plus fragilisés,en mutualisant les expériences desdifférents acteurs de terrain œuvrantsur le quartier.Le centre social et culturel Ambroize-Croizat, le programme de réussiteéducative de Pierrefitte-sur-Seine, leclub Canal, l’AFPAD, l’associationdes parents d’élèves et le servicemunicipal de la jeunesse, présents ausein du collège, ont organisé dans unpremier temps, avec le chef d’établis-sement et l’équipe pédagogique, une

cellule de veille destinée à penser lesmoyens à mettre en œuvre pour pré-venir en amont le risque de cettesanction.La cellule de veille s’est réunie unefois par mois depuis février 2007. Enconcertation avec les enseignants,l’équipe de la vie scolaire et les diffé-rents partenaires, la situation desélèves relevant de cette cellule a étéévoquée et les problématiquesposées. Un bilan des actions à préco-niser a été envisagé. La pertinenced’agir en amont, avant que la désco-larisation ne soit effective, s’estconfirmée. Il s’agissait de repérer,grâce à un ensemble de signes pré-curseurs (troubles du comporte-ment, de l’apprentissage, difficultésrelationnelles…), les élèves vulné-rables et susceptibles, à plus oumoins long terme, d’être exclus dusystème scolaire.

Les deux premières réunions ontporté sur la levée de l’anonymat desélèves, de manière à donner unecohérence à cette commission de tra-vail. Les élèves en question devantpouvoir faire l’objet d’un suivi plusspécifique des partenaires, il parais-sait effectivement difficile d’en parlersous X. Enrayer un processus d’exclu-sion demande d’acquérir une connais-sance plus approfondie des élèves et deleurs problématiques en rendantcompte des besoins et difficultés desélèves et/ou des parents. Les règlesdéontologiques concernant le «secretpartagé» ont été rappelées. Cette cel-lule de veille s’est transformée en grou-pe de prévention validé par le comitéd’éducation à la santé et à la citoyen-neté à travers une convention signéeen mai 2007 avec les différents parte-naires participant à cette action.Ce groupe de prévention travaille surdes solutions concrètes. Il n’y a pas dejugement sur les «insuffisances» sup-posées ou les conduites «inadaptées»des jeunes, mais une logique pluspositive de soutien et d’accompagne-ment sur leurs potentialités. Leconseiller principal d’éducation réfé-rent, chargé du suivi plus spécifique

Page 56: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

des élèves concernés, fait le bilan desactions initiées à l’intérieur du collè-ge afin que les membres du groupede prévention puissent disposer del’ensemble des éléments concernantles élèves. Il s’agit d’assurer en perma-nence le lien entre l’établissementscolaire et les partenaires concernéspour un suivi individualisé efficace.Le travail du centre social consistenotamment à entrer en contact avec lesfamilles les plus vulnérables et à revalo-riser le regard des élèves sur eux-mêmes.Il travaille sur le projet personneld’orientation, car il est nécessaire que cedernier soit valable et viable pour faireémerger le potentiel des enfants.

En 2007, dix familles ont bénéficiéde cet accompagnement qui nécessi-te leur adhésion. Ce sont elles quidoivent décider de participer à ce tra-vail ou non.Cette stratégie d’accompagnementvise à trouver des solutions concrètesdans les meilleurs délais et à êtrerelayé par d’autres acteurs sociauxselon le contexte.

Un débat s’installe avec la respon-sable du service social des établisse-ments scolaires du département :«L’école ne peut pas répondre à tousles problèmes.» Mais, surtout, ilconviendrait de faire attention aux

fonctions de chacun, afin d’éviter lesmalentendus. La spécificité de cha-cun ne doit pas être négligée.Attention également au respect de lavie privée des parents.

Deux problématiques majeures sontapparues en filigrane tout au long decet atelier: la place des différentsprofessionnels amenés à intervenirdans le parcours éducatif de l’enfantet auprès des familles, ainsi que lalégitimité de l’intervention de cer-tains; la difficulté de toucher lesparents les plus en difficulté malgréla diversité des propositions qui leursont faites. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

ce

mb

re 2

00

7

■ ANIMATION : Sophie Cuadros, Étape Parents,La Courneuve■ RAPPORT : Marie-Chantal Duru, Fédération descentres sociaux de Seine-Saint-Denis

À LA COURNEUVE, DES PARENTS

CRÉENT UNE ASSOCIATION

Depuis octobre 2004, un groupe deparole de parents de la cité des 4000,à La Courneuve, se réunit une foispar mois. Il a été initié par le centresocial CAF, l’Étape Parents et l’asso-ciation Ar’jeux (qui mène des actionsde soutien à la parentalité et fait del’aide aux devoirs) avec l’objectif decréer, dans le quartier, un espace dedialogue et de rencontre entre parentsautour de préoccupations éducatives.Parmi les thématiques abordées :conflits entre adultes et répercussionssur les enfants, banlieues sous l’effetdes médias, habillement des jeunes,transmission des coutumes et des tra-ditions (mariages forcés, excision),

conflits dans les fratries… Y partici-pent en moyenne une quinzaine depersonnes. Les thèmes sont choisisavec les parents et il est fait appel à desintervenants spécialisés et à des parte-naires du territoire. Parallèlement, dessoirées et des sorties au théâtre, aucinéma ou encore dans des muséessont organisées.De nombreux parents, présents danscet atelier, témoignent. L’un expri-mera le besoin d’échanger avec lesautres sur l’éducation des enfants:«Par rapport aux problèmes de lacité, on est des acteurs impuissants, ilfaut qu’on en parle ensemble. »«C’est agréable, on n’est pas jugé et lefait qu’on ait les mêmes problèmes,ça donne du courage» renchérit unefemme; elle ajoute: «Il n’y a pas quedes problèmes, on parle éducationensemble.»Une autre précise: «J’apprends deschoses, ça m’ouvre les yeux sur com-ment ça se passe ici par rapport à

mon pays, c’est bien de trouver à quiparler.»À la question «le groupe de parolepermet-il de trouver des solutions?»,une mère témoigne: «Oui, on repartparfois avec la solution, on ne le ditpas forcément, personne ne le sait,ça chemine et on se dit qu’on vaessayer cela.»Progressivement, est venue à cesparents l’idée de créer une associa-tion. L’une des professionnelles,montrant combien il est toujours dif-ficile d’avoir spontanément confian-ce dans les capacités des gens, avoue-ra que «des relations que l’on n’ima-ginait pas se sont établies entre lesparents du groupe. Elles se passent endehors de nous…».Pour l’un des parents, l’associationdoit permettre aux habitants de sor-tir du quartier: «Je suis passé par là[la CAF et l’Étape Parents], je veuxque d’autres en profitent.» Un autrecomplète: «Jusqu’à maintenant, on

Des parents se mobilisentAVEC LA PARTICIPATION DE :• Des parents du centre social CAF, 22, rue du Maréchal-Leclerc, La Courneuve, tél. : 01 48 23 34 42.• Des parents participant au comité technique de la maison des parents Étape Parents, 5, passage de La Croix-Blanche, La Courneuve,

tél. : 01 48 36 21 85.• Vers le Pacifique, Bertrand Boula, FCPE, 2, rue Samson, Saint-Denis.

Contrairement aux idées reçues, les parents savent se mobiliser et s’investir quand il s’agit de leurs enfants.4

Page 57: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

■ ANIMATION : Yvon Le Hérissé, mission Famille,Saint-Ouen■ RAPPORT : Nicole Quenesh’Du (un parent),Saint-Ouen

L’ATELIER a été introduit par laprojection du film Histoirespartagées, réalisé par la ville

de Saint-Ouen, dans lequel septfamilles audoniennes témoignent dubienfait des pratiques partagées entreles parents et les enfants au sein des

familles: importance du faire en-semble, contribution de chacun desmembres de la famille à l’activité,disponibilité des parents, découvertede l’enfant, moment de dialogueentre tous les membres de la familleen dehors des obligations du quoti-dien et, surtout, moment de plaisirpartagé.

Trois questions ont été successive-ment abordées.

L’INÉGALITÉ SOCIALE D’ACCÈS

AUX PRATIQUES PARTAGÉES

ENTRE PARENTS ET ENFANTS

Beaucoup d’enfants ne pratiquentaucune activité périscolaire. Ils n’ontni jeux, ni jouets, et ne bénéficientd’aucune stimulation des parents à lamaison. Les conditions de vie et d’hé-bergement ne permettent pas d’acti-vités communes entre parents etenfants. Aussi ces familles sont-elles

avait un cadre, on était assisté. Après,on sera autonome, on ne sera pasdigéré par les professionnels» (sansdoute voulait-il dire dirigé, joli lap-sus!). Ainsi ces parents comptent-ils,via l’association, pouvoir organiserplus de sorties.Une mère, sollicitée pour participer aucomité technique d’Étape Parents, quidéfinit les actions à mettre en œuvre,a raconté ses premiers pas dans cetteinstance. Avec beaucoup d’humour,elle se souvient des premières réunionset de l’étrangeté des professionnelsréunis, avec leur jargon, leur façon deconsidérer les choses. Elle se deman-dait si elle avait sa place, car elle nes’était jamais posé les questions sousles angles choisis pas ces profession-nels. Progressivement, avec des effortsde part et d’autre, elle a compris leurlogique, a découvert de nouvelles pro-blématiques et est devenue partie pre-nante de ce comité.

DES PARENTS DE LA FCPE

DE LA COURNEUVE S’ENGAGENT

CONTRE LA VIOLENCE

Une trentaine de parents d’élèves seréunissaient régulièrement. Leurséchanges portaient sur l’école, l’édu-

cation des enfants. Les approches desuns et des autres leur permettaient dedébattre. Puis, durant une période,les échanges se sont focalisés sur laquestion de la violence. «On ne par-lait plus que de ça, cela devenait unphantasme», a expliqué un desparents. «S’il y avait un fond de véri-té, on ne savait plus quoi faire!» C’estalors que l’un d’entre eux, connais-sant un programme développé auCanada sur la gestion des conflits,«Vers le Pacifique», proposa qu’il soitutilisé au sein de l’école primaire.Des ateliers destinés aux parents etaux enseignants ont alors vu le jour,financés par la DDASS, dans le cadredu Réaap, et la ville de La Cour-neuve. Ensuite, les enseignants ontanimé des ateliers avec les enfants.L’expérience s’est déroulée durant uneannée, mais une nouvelle directriceest arrivée et il a fallu que les parentsdéploient beaucoup d’énergie pourobtenir la poursuite de ce program-me. En effet, ce type de démarchen’est pas toujours bien perçu par l’ins-titution qui se sent interpellée par lemanque de formation des ensei-gnants sur ces questions.Le débat s’est alors engagé entre tousles participants et l’atelier s’est

presque transformé en groupe deparole! Des parents ont témoigné deleur rapport avec l’école:«Celle-ci ne veut pas des parents,sauf pour les élections» dira l’un. Unautre d’expliquer, au sujet desréunions organisées par l’école :«Lors des premières réunions, on sedemande à quoi ça sert, puis lesenseignants se rendent comptequ’on peut parler; alors après, onobtient des choses, mais c’est tou-jours difficile.» Une mère se demande pour sa part«pourquoi ne peut-on pas faire uneréunion par mois avec l’école?».

Les débats sont ensuite revenus surles rapports entre enfants etparents : «On n’écoute plus les en-fants» dira une mère ; puis uneautre, à l’égard des adolescents :«On parle de la crise des adoles-cents, en fait, ce sont plutôt lesparents qui sont en crise ! »

Pour conclure cet atelier, dominé parla parole des parents, on retiendraque ceux-ci, pour peu qu’ils soientsoutenus au départ, s’impliquent,s’engagent, tout à la fois avec etcontre les professionnels. ■

Histoires partagéesAVEC LA PARTICIPATION DE :• La mission famille-parentalité, 17 rue Claude-Monet, Saint-Ouen, tél. : 01 49 45 77 83

En quoi le fait de partager, entre parents et enfants, des activités régulières communes contribue-t-il au bien-être familial et à l’éducation des enfants ?4

Page 58: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

ce

mb

re 2

00

7L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

bien différentes de celles du film, quisemblent ne pas connaître de pro-blèmes, même s’il existe, parmi elles,un père séparé et au chômage.Le reportage donne une «vision idyl-lique» de la situation des familles. Enréalité, de nombreux parents avec les-quels les professionnels travaillentdoivent consacrer toute leur énergie àsatisfaire leurs «besoins primaires».Aussi, selon une participante, com-ment la «place du jeu peut-elle exis-ter dans ces familles» où «les priori-tés vitales ne sont pas satisfaites?».Pour une autre participante, le publicqu’elle accueille n’est pas «dans cetteproblématique d’activités partagéesparents/enfants».Par ailleurs, la question du temps dis-ponible se pose lorsque, pour repren-dre l’exemple cité par une participan-te, la mère passe quatre heures parjour dans les transports en communpour se rendre à son travail. En bref, la pratique partagée du loisirest-elle accessible aux familles quin’ont ni le temps ni les moyens de s’yconsacrer?

PRIVILÉGIER

LA NOTION

D’EXPÉRIENCES PARTAGÉES

Il ne faut pas limiter la définition des«activités partagées» à la culture (lireun livre, etc.) ou aux loisirs… Cetype d’activités ne correspond-il pasaux standards éducatifs de la sociétéet de l’époque (parents et enfantsjouaient-ils ensemble dans lesfamilles populaires françaises il y aune trentaine d’années?), comme aumodèle des familles issues descouches moyennes et privilégiées?D’ailleurs, ne tendons-nous pas àdévelopper la «suractivité» des en-fants? interroge un participant quimet également en avant le droit àl’ennui, qu’il considère comme unmoment éducatif favorisant le déve-loppement de la personnalité de l’en-fant. Pour autant, ce même partici-pant note la richesse de l’échange aucours d’activités avec son enfant.Une autre participante ajoute qu’ilfaut «faire attention» à «la manière

dont on regarde les familles» accueil-lies, car, bien souvent dit-elle, on leurapplique nos propres schémas depensée et d’action.Dans le même esprit, un participantinterroge les commandes institution-nelles qui fixent les bonnes pratiquesparentales, qui culpabilisent lesfamilles qui n’y répondent pas et fixentun cadre normatif aux professionnels.Or, pour reprendre l’exemple cité parun participant qui évoque lesmoments de partage entre parents etenfants autour de la cueillette desolives, le partage se fait également aucours de nombreuses autres actionsauxquelles l’ensemble de la familleparticipe et qu’il faut mettre toutautant en valeur que les activités cul-turelles et récréatives auxquelles nousnous référons.C’est pourquoi ce participant privilé-gie la notion de partage d’expériencesplutôt que celle de partage d’activi-tés. Il importe donc de prendre encompte et de valoriser ces autres pra-tiques au sein des familles, pratiqueségalement à forte dimension cultu-relle au sens large du terme.Un participant remarque en outreque la notion de partage a toujoursexisté dans les familles populaires.

PARTIR DE L’EXPÉRIENCE

DES FAMILLES

Qu’est-ce qui favorise une expériencepartagée? Deux notions principalesont été mises en avant, celle del’échange et celle du plaisir.

Le plaisir de l’échangeTous les parents ressentent le besoinde transmission auprès de leursenfants: ainsi, la mère qui chante unechanson à son enfant. Il y a alors plai-sir et échange entre elle et son enfant.Aussi, il importe de mettre en valeuret de rechercher tous les moyens quifavorisent cet échange en partant dessavoirs et des savoir-faire des parents.C’est pourquoi tous les participantsont insisté sur l’importance de valori-ser les acquis des parents et de s’yappuyer ainsi que de prendre encompte leurs attentes.

Le travail des professionnels neconsiste-t-il pas alors à favoriser lesmoments qui permettent cette com-munication, ce dialogue entre parentset enfants? Plusieurs exemples ont étécités: organiser un pique-nique, unesortie, accompagner les familles aubibliobus du quartier ou dans lesbibliothèques de quartier.

Tisser le lien socialUn deuxième axe de travail pour lesprofessionnels a été mis en avant:aider à faire du lien social. Une parti-cipante a ainsi mis en valeur lesmoments partagés de jeu entre mèreset enfants dans la salle d’attente de laPMI. Pour autant, une autre partici-pante a fait remarquer que n’existentpas, dans sa ville, les structures quifavorisent ce lien social, que les fa-milles restent sans contact les unesavec les autres et qu’il y manque desprofessionnels pour aider à établir celien social entre familles.

À partir de l’idée force de l’atelier,développer la notion d’expériencespartagées, et en lien avec le Réaap,trois perspectives d’actions découlentde cet atelier, qui sont l’expression durapporteur:• Il serait intéressant de mieux faire

connaître les ressources disponi-bles, dans chaque ville et dans ledépartement, qui aident à la réali-sation d’expériences partagées entreparents et enfants.

• Ne faudrait-il pas également re-censer, pour les mettre en valeur,des expériences partagées desfamilles qui ne se limitent pas auxactivités culturelles et de loisirs?

Sans que cela soit contradictoireavec la question précédente, il fau-drait aussi favoriser l’échange entreles familles qui ont une attente d’ac-tivités culturelles et de loisirs. Eneffet, comme l’a montré le film pro-jeté en début d’atelier, les rencontresentre parents permettent un échan-ge, une confrontation d’idées sur lafaçon de conduire de telles activitéset sur les bienfaits que l’on peut entirer. ■

Page 59: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

7

■ ANIMATION : Catherine Mayen, Conseil général 93■ RAPPORT : Juelande Estimé, Accion Artistica,Saint-Denis

L’ATELIER S’EST DÉROULÉ enprésence de nombreux pa-rents, d’adolescents et de pro-

fessionnels.

LE CYCLE ADOS DE LA MAISON

DES PARENTS D’ÉPINAY-SUR-SEINE

Le cycle ados s’est mis en place enfévrier 2007 à raison d’une fois parmois jusqu’en décembre 2007. Legroupe, composé de quatre ou cinqparents, est animé par un psychiatredu GRAPE (Groupe de recherche,d’action pour l’enfance et l’adoles-cence). Il est axé sur les probléma-tiques parfois très lourdes que lesparents rencontrent avec leurs ado-lescents. Malgré des sujets souventtrès intimes et douloureux, la parolea circulé assez librement et facile-ment au cours de ce cycle. Lesparents n’ont pas eu peur de s’expo-ser. Il va de soi que la confidentialitéétait de mise et que les parents se sontsentis rassurés. À l’issue de chaquerencontre était décidé le thème de lasuivante.La présentation du cycle ados de laMaison des parents d’Épinay-sur-Seine et le témoignage d’une mèresur son expérience et ses difficultés demère ont permis de soulever la com-plexité des relations entre parents etadolescents. L’implication des pa-rents et l’écoute des enfants apparais-sent essentielles. La présence d’unepsychologue au sein de la Maison desparents permet aux parents de libérerla parole, d’aborder des sujets diffi-ciles et d’être guidés dans leurs choix

de vie et d’actions à mener dans lecadre familial.

JEUX DE RÔLES,ACCION ARTISTICA, SAINT-DENIS

Après une brève présentation del’approche de la question de laparentalité au sein de l’associationAccion Artistica de Saint-Denis, desparents et des adolescents fréquen-tant l’association ont pu montrer, aumoyen de jeux de rôles, que semettre parfois à la place de l’autre,afin de pointer les incohérences dansson comportement, permettait unemeilleure compréhension et unmeilleur dialogue entre parents etadolescents. Les différents thèmesabordés dans les jeux de rôles (quisont improvisés) étaient les suivants:ranger sa chambre, le téléphonemonopolisé trop longtemps, l’argentde poche, les conflits autour de latélévision, le maquillage, l’aspectextérieur des adolescents, les notesau cours de la scolarité.Cet outil, issu du théâtre, prend encompte les personnes, sans aller dansun excès pouvant mettre à nu leurintimité et les toucher dans leurimage de soi.Les réactions du public présent ontété très enthousiastes dans l’atelier,car on pouvait y saisir le reflet d’uneréalité bien connue de tout un cha-cun et vivre ainsi une catharsis libéra-trice. À travers ces jeux, on a puobserver que les parents n’expli-quaient que très rarement pourquoiils disaient non à leurs enfants.

Ces jeux avaient également la parti-cularité de pointer ce qui pouvaiténerver les uns et les autres. Une ado-

lescente est intervenue durant lesexposés, mettant en exergue le faitque les adolescents étaient «habi-tués» à obéir (pour les moins re-vêches) sans recevoir d’explication deleurs parents.

Par rapport à la thématique de l’ate-lier et des échanges qui l’ont alimen-té, nous retiendrons que les diffi-cultés entre les parents et leurs ado-lescents peuvent survenir quand laparole, les échanges n’ont plus leurplace au sein de la famille. Or lesarguments d’autorité peuvent êtredépassés et laisser place à une négo-ciation qui doit permettre à l’enfantde devenir responsable. Les parentset leurs enfants ne sont pas figés dansdes rôles immuables; ceux-ci évo-luent. Et changer ses représenta-tions, en se mettant à la place del’autre, peut aider à surmonter lesdifficultés inhérentes à l’apprentissa-ge de son rôle de parent responsableet impliqué.

Comme l’a souligné CatherineMayen, dans un dernier jeu de rôles,une parole a retenu l’attention dugroupe: «Maman, je t’aime», a ditune adolescente, après une longuediscussion avec sa mère, pour luiexprimer son amour.

Une des premières démarches en tantque parent ne serait-elle pas de faireen sorte que l’adolescent se senteaimé? Les actions à mettre en placene devraient-elles pas privilégier lesmoments de retrouvailles, de compli-cité avec son enfant? Faire des chosesensemble, pour arriver à une meilleu-re compréhension des uns et desautres. ■

Les parents et leurs adosAVEC LA PARTICIPATION DE :• La Maison des parents, 1, place René-Clair, Épinay-sur-Seine, tél. : 01 49 71 42 67.• Accion Artistica, 1, allée de l’Isle-Adam, Saint-Denis, tél. : 01 48 23 93 49.

Comment améliorer les relations entre parents et adolescents et accéder ainsi à une meilleure compréhension de chacun au sein des différentes structures présentes ?4

Page 60: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sn

um

ér

o

6•

ce

mb

re 2

00

7L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

La place des pèresAVEC LA PARTICIPATION DE :• Solidarité, formation, mobilisation – Accueil et développement (SFM-AD), 7, rue Lamartine, Stains, tél. : 01 48 21 85 74.• Association des ressortissants de Diogountouro (ARD), section française, 1, rue de Labruyère, Épinay-sur-Seine.

Comment fait-on pour être père chaque jour ?

■ ANIMATION : Anh-Tu Duong, SFM-AD, Stains■ RAPPORT : Patrice Gauthier, Udaf

À Stains, une rencontre organisée parSFM-AD a permis de réunir unique-ment des pères de famille de 20 à50 ans, pour débattre librement sur lethème «Nous papas, face à nos respon-sabilités». Diverses questions ont étéposées, mais trois ont retenu leurattention: 1) Faut-il éduquer l’enfant àl’image de son père? 2) Quels parentssommes-nous pour nos enfants? 3)Quelle est l’influence de l’environne-ment dans l’éducation de nos enfants?Les pères constatent que l’éducationn’est pas facile: ils ne peuvent éleverleurs enfants comme ils ont été édu-qués sans risquer de créer des conflitsde valeurs.En bas âge, le rôle de parent est essen-tiellement dévolu à la mère, le pèrepeut alors avoir l’impression d’êtreécarté de l’éducation de son enfant. Lerôle du père serait plus présent à l’ado-lescence, quand l’enfant est au collègeou au lycée.Mais pourquoi les pères ne se sentent-ils pas responsables de leur enfant enbas âge? Les mères s’accaparent-ellestrop le bébé en oubliant de laisser uneplace au père?

Dans le quartier d’Orgemont, à Épi-nay-sur-Seine, l’environnement et lesrelations entre habitants sont difficiles,les nouveaux habitants ne cherchentpas particulièrement à lier des relationsavec les anciens. C’est un quartier degrands ensembles HLM au milieu des-quels se trouvent les établissementsscolaires. Les interventions des associa-tions sont très difficiles. Après plu-sieurs agressions dans le quartier, dontles médias se sont fait l’écho, il fallaitréagir. Trop d’échecs scolaires, trop dejeunes parents perdus, trop de traficsde drogue ont eu raison d’une collecti-

vité dont les relations se sont raréfiéesau point d’oublier l’idée de commu-nauté éducative. Malgré, ou à cause detous ces problèmes, les parents n’assis-tent pas aux réunions pour débattre, serapprocher les uns des autres, et pourreconstituer un tissu social encadré.En 2005, une marche a été organiséepar l’ARD à la suite de l’agression d’unpapa dans la cité. Un «conseil despères» a été créé pour les habitants duquartier d’Orgemont, mais il ne fonc-tionne pas encore pleinement.L’association de prévention spécialiséeJeunesse Feu vert soutient cette initia-tive, trop isolée.

À partir d’un témoignage d’une habi-tante de la cité Clos-Saint-Lazare, àStains, sur la fonction éducative dupère au sein de la famille, le débat s’en-gage sur l’investissement des pères dansl’éducation de leurs enfants. La généra-tion des nouveaux pères est-elle prête àconsacrer plus de temps à ses enfants,et ce dès la naissance?Cela étant dit, des femmes seules avecleurs enfants réussissent très bien àtenir leur rôle de parent. Un seul adul-te peut-il jouer le rôle des deux parents,celui du père comme celui de la mère?Dans la répartition des rôles, celui del’autorité est classiquement dévolu aupère. Peut-il toujours l’assumer? En casde séparation, les mères ont tendance às’accaparer l’enfant, ce qui conduitparfois le père à se désinvestir, puis àdémissionner de son rôle. On viendrale rechercher plus tard lorsque l’enfant,devenu adolescent, posera des pro-blèmes de comportement. Est-ce ainsiqu’un père peut réussir, non seulementà se faire accepter, mais aussi à éduquerson fils ou sa fille?La place du père se gagne dès la nais-sance, voire même dès la grossesse; et ilfaut que le couple se mette d’accordsur l’éducation des enfants.

Dans le quartier d’Orgemont, il y atrente-cinq ans, les pères étaient pré-sents, leur autorité était reconnue;aujourd’hui, elle est bafouée. Des pèresde 30 ans ont du mal à s’occuper deleur enfant, leur image s’est dégradée,le chômage et son corollaire, l’oisiveté,y ont largement contribué.La question du partage des tâches dansl’éducation traverse toutes les couchessociales. Pourtant, l’essentiel n’est peut-être pas dans le partage «sexué» destâches, mais plutôt dans l’investisse-ment de chacun pour une relationéducative de qualité; la quantité et larépartition du temps consacré à l’en-fant ne sont pas les seuls gages de réus-site dans l’éducation, la qualité rela-tionnelle entre le parent et l’enfant estégalement un facteur déterminant.L’éducation consiste en un équilibresubtil dans lequel chacun des parentsapporte sa contribution à la construc-tion de l’individu enfant.Il y a des souffrances à être parent et lefait d’en parler peut les soulager. Enl’absence des pères, la place est souventprise par les grands frères. Rôle qui estrenforcé par les médias et les institu-tions. Ne vaudrait-il pas mieux confor-ter la place des pères?Être parent implique de consacrer dutemps à ses enfants; si les enfants sesentent aimés, leurs relations avec l’en-vironnement, l’école, la famille s’entrouveront améliorées. Mais les pèresont parfois du mal à exprimer leur sen-timent d’amour paternel… Questiond’éducation!

On ne peut que constater que les pèresévoluent dans leur attitude d’«éduca-teur», preuve en est le succès grandis-sant du congé d’éducation réservé auxpères. Mais les vieilles habitudes ont«la peau dure» et il y a encore beau-coup de progrès à accomplir au servicedes enfants. ■

4

Page 61: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sR

osn

y-so

us-

Bo

is•

ce

mb

re 2

00

8S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapL E S M O T S D ’ A C C U E I L

R O S N Y - S O U S - B O I S

oyez les bienvenus à Rosny-sous-Bois pour cette soirée duRéseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des pa-rents. Je remercie les professionnels de leur venue, mais

plus encore les parents, car c’est principalement à eux que cettesoirée est destinée.

« Être parent aujourd’hui » est un sujet de réflexion qui nous a tou-chés, nous touche ou nous touchera tous un jour. Pourtant, que cesoit dans les programmes scolaires ou les programmes universi-taires, je n’ai jamais trouvé de formation à la parentalité. Certaine-ment parce que chaque cas est unique. On peut néanmoins déga-ger des problématiques communes, qui seront abordées ce soirdans les ateliers. Toutefois, à mes yeux, un problème se pose avantmême la réponse aux questions de parentalité : les services muni-cipaux disent régulièrement combien il est difficile de mobiliser lesparents sur certaines actions qui leur sont destinées ou quis’adressent à leurs enfants, en particulier les parents connaissantde grandes difficultés. Aussi avant de répondre aux questions liéesà la parentalité, je souhaite simplement attirer votre attention sur lanécessité de multiplier les occasions de rencontrer les parents etde se montrer inventifs afin de renouer le dialogue.

Par ma délégation, je croise tous les jours des parents qui sont dépas-sés par leurs enfants, qui ne les comprennent plus. Pourtant, être parent,ce n’est pas un travail que l’on peut abandonner, c’est un devoir, une res-ponsabilité. C’est pourquoi il faut que l’ensemble des partenaires ici pré-sents puissent soutenir les parents et les aider à restaurer leur autorité.

La ville de Rosny-sous-Bois a multiplié les initiatives dans le but derencontrer les parents et les enfants, notamment en créant deslieux tels que la Maison des parents, ceux destinés à la petite en-fance, les lieux d’accueil parents-enfants, ou encore en soutenantde nombreuses actions associatives œuvrant dans ce sens… Ce-pendant, ce travail municipal n’aurait pas de sens sans l’implicationd’un grand nombre de partenaires institutionnels et associatifs queje souhaite remercier ce soir. Je vous souhaite d’excellents travaux.

Claude Capillon, maire adjoint chargé de la politique de la ville,de la jeunesse et des sports, Rosny-sous-Bois ■

e suis heureux d’être parmi vous ce soir pour cette ren-contre des acteurs de la parentalité et de constater qu’elleconnaît une fois de plus une grande affluence.

Je rappellerai que, depuis la constitution du Réseau d’écoute,d’appui et d’accompagnement des parents de la Seine Saint-Denisen 1999, le soutien à la parentalité a toujours été une priorité del’État dans ce département. Il constitue une composante impor-tante pour la cohésion sociale de ce territoire.

Ce qui fait la caractéristique des modalités d’action de cette poli-tique de soutien et d’accompagnement à la parentalité, c’est le tra-vail en réseau. Dans ce dispositif, la DDASS exerce un rôle d’ani-mateur qui vise à favoriser l’échange d’expériences et le travail enréseau des porteurs de projets afin d’offrir un soutien aux parentsdans leur fonction éducative. Elle exerce cette mission avec leconcours du comité de pilotage du Réaap et du centre de res-sources Profession Banlieue. Ce travail de longue haleine, qui as-socie les services de l’État, du Conseil général, des communes, dela CAF, les centres sociaux et les associations, a permis de créerune véritable dynamique dans le département.

J’insiste enfin sur le fait que ce qui constitue la philosophie duRéaap, à laquelle la DDASS est très attachée, est l’idée que, danscette démarche, les parents doivent être des acteurs à part entièreet chercher ensemble, par l’échange et avec l’aide de profession-nels, si nécessaire, les réponses à cette si difficile question :« Qu’est-ce qu’être parent aujourd’hui ? »

C’est dans cet esprit qu’a été organisée et préparée cette soiréede Rosny-sous-Bois pour laquelle je remercie le maire et ses ser-vices de leur accueil et de leur investissement dans l’organisationde cette soirée.

Je souhaite à toutes et à tous que cette rencontre soit l’occasiond’échanges fructueux, propres à apporter des réponses aux pa-rents présents et à enrichir l’expérience de notre réseau.

Jean-Pierre Sévère, inspecteur principal, chef du service des politiques sociales à la DDASS 93 ■

S J

Page 62: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sR

osn

y-so

us-

Bo

is•d

éc

em

bre

20

08

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

e suis très heureux de représenter le Conseil général de laSeine-Saint-Denis, ainsi que son président, Claude Barto-lone, à l’occasion de cette rencontre qui constitue un mo-

ment important, à la fois pour les parents, mais aussi pour l’en-semble des professionnels qui œuvrent quotidiennement sur ceterritoire en faveur du soutien à la parentalité.

Je tiens ici à souligner tout l’intérêt et toute l’attention qui doiventêtre accordés aux initiatives conduites ou soutenues par le Réseaud’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents.

Notre société a en effet connu de profondes évolutions au coursde ces dernières décennies, qui ont largement contribué à com-plexifier l’exercice de la fonction et de la responsabilité parentales.Pour ne citer que quelques exemples, je dirai que la montée encharge de l’activité des femmes ou encore les modifications desstructures familiales – avec notamment l’accroissement dunombre de familles monoparentales et recomposées – ont faitémerger de nouveaux besoins, ainsi que de nouvelles difficultés,avec lesquels il n’est pas aisé de composer.

À ce contexte très général viennent s’ajouter d’autres facteurs denature à bouleverser le bon déroulement de l’éducation des en-fants et auxquels les familles séquano-dyonisiennes peuvent êtreplus particulièrement confrontées. La dégradation de l’environne-ment scolaire, l’insuffisance de l’offre d’accueil de la petite en-fance, le développement des phénomènes de délinquance et deviolence chez les plus jeunes font à ce titre partie des préoccupa-tions quotidiennes de tous les parents qui élèvent leurs enfants surce territoire.

Il est ainsi tout à fait essentiel de pouvoir compter sur un réseau deprofessionnels investis, soucieux d’intervenir en faveur d’unmeilleur accompagnement des familles, au moyen d’actions perti-nentes, loin de toute approche tendant à stigmatiser et à culpabili-ser les parents.

Le Réaap s’attache à œuvrer en ce sens par l’apport d’un soutienfinancier à diverses initiatives associatives ou institutionnelles, parl’organisation de moments d’échange, à l’image de la soirée ren-contre qui nous réunit aujourd’hui, mais également en favorisantl’émergence de synergies et de partenariats autour des questionsliées à la parentalité.

Il s’agit d’une démarche que le Conseil général de la Seine-Saint-Denis a souhaité pleinement appuyer. D’abord, en tant que membrede droit du comité de pilotage du Réaap 93, il participe directementà l’élaboration de ses orientations, en lien avec les autres parte-naires institutionnels. Il a, dans ce cadre, à cœur de promouvoirdes dispositifs qui laissent une large place à la parole des parents,à l’écoute et au dialogue, et qui traitent de questions d’éducation

d’ordre très général, mais aussi d’enjeux plus spécifiques, tels queceux pouvant se poser aux familles adoptantes ou encore aux fa-milles concernées par une mesure de protection de l’enfance. LeDépartement représente enfin l’un des principaux financeurs desactions soutenues par le Réaap, avec une contribution qui s’estélevée à près de 270 000 euros au titre de l’année 2007.

Au-delà de ce dispositif, je souhaiterais rappeler l’engagementplus global du Conseil général de la Seine-Saint-Denis en faveur dusoutien à l’exercice des responsabilités parentales. Ses compé-tences directes et obligatoires en matière de politiques publiquesà destination de l’enfance et de la famille lui confèrent en effet unrôle très important dans ce domaine. Plus spécifiquement, les ser-vices de l’Aide sociale à l’enfance et de la Protection maternelle etinfantile – qui disposent d’antennes locales accessibles à la popu-lation sur tout le territoire départemental – ont précisément voca-tion à créer les conditions d’un meilleur accompagnement des pa-rents, au profit du bien-être et de l’épanouissement des enfants.

Dans l’exercice des missions qui lui incombent en la matière, leConseil général a pris le parti d’accorder une attention particulièreaux actions de prévention de toutes natures, qu’elles soientd’ordre social ou sanitaire. Il entend ainsi agir le plus en amontpossible des problèmes liés à l’éducation des enfants, afin d’éviterle recours à des formes d’intervention plus « radicales ». Je n’en-trerai toutefois pas ici dans le détail des nombreux dispositifsconduits en ce sens, pour prendre le temps d’évoquer plus avantles nouvelles mesures adoptées par le Conseil général en directiondes familles et qui dépassent largement le cadre de ses seulesobligations légales.

La première concerne le développement des modes d’accueil de lapetite enfance. Cette responsabilité ne relève pas d’une préroga-tive directe, mais y contribuer constitue un enjeu éducatif pour lesenfants et un enjeu social et économique pour les parents, parfoiscontraints de renoncer à leur activité professionnelle faute de so-lution de garde. Au moyen d’un investissement financier consé-quent, de l’ordre de 10 millions d’euros annuels, et de nouveauxdispositifs constitutifs du plan de relance des modes d’accueil, leConseil général entend œuvrer à la création de 3 500 places sup-plémentaires d’ici à 2011. Le versement d’une allocation départe-mentale d’accueil du jeune enfant destinée aux familles ayant re-cours à une assistante familiale, le développement du multi-ac-cueil au sein des crèches gérées par le Conseil général, la revalo-risation du concours financier accordé aux structures d’accueilcollectif sont à ce titre autant d’éléments qui permettront d’at-teindre l’objectif fixé. Au regard du contexte budgétaire particuliè-rement tendu dans lequel se situe notre collectivité, il s’agit d’uneffort très important qui témoigne de la volonté de l’exécutif dé-

J

Page 63: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

3

partemental de répondre aux préoccupations et aux besoins desfamilles séquano-dyonisiennes.

La seconde concerne le renforcement des actions d’accompagne-ment scolaire à destination des collégiens. Il a en effet été décidéde faire de l’éducation l’une des priorités du mandat en cours, ens’attachant à aller au-delà du rôle de bâtisseur et de bailleur defonds qui est le rôle du département en matière de collèges. Denouveaux dispositifs tels que l’augmentation des crédits pédago-giques ou encore l’aménagement de temps « extra-scolaire », du-rant lequel les équipements de l’établissement resteront acces-sibles aux élèves, font à ce titre l’objet d’une expérimentation ausein de 20 collèges du département.

Dans le même temps, dans le cadre des prérogatives en matière deprotection de l’enfance, le Conseil général souhaite s’engager plusactivement en faveur de la prévention des actes de violence et des

conduites à risques, de l’amélioration des relations entre la com-munauté éducative et les parents d’élèves et de la lutte contre lesdécrochages scolaires. De manière très concrète, cela devrait setraduire par le renforcement de l’intervention des associations deprévention spécialisée à l’intérieur et aux abords des collèges etpar la mise en place de différentes actions en concertation avecles collèges. Ce projet a été voté par l’Assemblée départementaleà la fin octobre 2008 et une convention entre l’Inspection acadé-mique et le Département sera soumise à son vote très prochaine-ment. Par souci de cohérence, cette initiative sera testée au seindes collèges déjà concernés par les autres mesures éducatives.

Voilà pour ce qu’il en est des nouvelles mesures proposées par leConseil général de la Seine-Saint-Denis en direction des familles. Jevous souhaite à tous d’excellents échanges et une très bonne soirée.

Pascal Popelin, vice-président du Conseil général ■

■ ANIMATION : Marie-Chantal Duru, Fédérationdes centres sociaux de Seine-Saint-Denis.■ RAPPORT : Josette Boone, Espoir du Londeau,Noisy-le-Sec.

L E TOUR DE TABLE à peine ter-miné, on entend du bruit àl’entrée de la salle, des voix

très fortes et véhémentes qui cou-vrent celles des participants…

C’est une maman, furieused’avoir trouvé des flyers sur lasexualité et un préservatif dans lecartable de son fils ! Passé lemoment d’hésitation, l’auditoirecomprend qu’il s’agit d’une miseen scène, en guise d’introductionà l’atelier…

Marie-Chantal Duru en rappellel’objet : il s’agit d’une réflexion surla façon dont les parents s’adres-sent à leurs enfants à propos de lasexualité et la façon dont on peutaborder le sujet. Deux associa-tions, l’Espoir du Londeau (Noisy-le-Sec) et le Chemin (Rosny-sous-Bois) évoquent comment la ques-tion a été abordée, notamment ence qui concerne la transmission, ausein d’un groupe de paroles defemmes.

Elsa Barros-Soares, psychologue àl’Espoir du Londeau, situe l’ac-tion : les réunions se tiennent dansune salle commune, relativementpetite, sorte de salon, implantée en

plein milieu de la cité, le jeudi soir,après les nombreuses obligationsfamiliales. Ce groupe de paroles,aussi appelé «débats permanents »,regroupe environ 10 à 15 femmes,une fois par mois, sur différentsthèmes ; ces femmes sont parfoisaccompagnées par leur(s) fille(s).Lors d’un regroupement, un desthèmes a traité du mariage, elles ensont venues à parler de « sexuali-té », de tradition… tout naturelle-ment. C’est ainsi que les ren-contres sur la sexualité sont nées,permettant aux jeunes filles deconfronter leur vision de la ques-tion avec celle de leurs mères.Débats parfois difficiles, mais trèsriches. Certaines femmes veulent

Parler de sexualité aux enfants ?AVEC LA PARTICIPATION DE :• Espoir du Londeau, 17 rue Paul-Verlaine, Noisy-le-Sec, tél. : 01 48 45 65 78.• Le Chemin, centre social de la Boissière, 317 boulevard de la Boissière, Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 55 10 47.

Comment aborder la question de la sexualité au sein des groupes de parents ?4

Page 64: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sR

osn

y-so

us-

Bo

is•d

éc

em

bre

20

08

respecter la tradition ; les filles veu-lent plus de liberté. De fait, cesdébats ont donné lieu à d’autreséchanges non institutionnalisés,souvent le vendredi, auxquels lesgarçons s’invitent. Les jeuneshommes ont dit combien il étaitdifficile de parler sexualité et ilsont évoqué « l’ignorance » desparents en la matière.

Très rapidement, les participants àl’atelier sont entrés dans le vif dusujet, apportant différents témoi-gnages et interrogations. Une parti-cipante a rapporté son expérienceen insistant sur le fait qu’il fauttenir compte de l’histoire familiale :«Ainsi, sans aucune information, jesuis devenue maman à 16 ans. Pourque ma fille ne connaisse pas la mêmesituation, j’ai décidé d’en parler trèstôt avec elle. Et si je n’aborde pas lesujet de moi-même, je réponds auxquestions. À l’époque, nous vivions enAlsace, je me suis fait rappeler àl’ordre par les religieuses parce quej’avais remis un livre sur la naissanceà ma fille. Elles voulaient que je luidise “les enfants naissent dans lesroses” ! N’empêche que tous mes en-fants, ainsi avertis (garçons et filles),n’ont eu leurs propres enfants que versleurs 30 ans. C’était aussi l’époque dela découverte du Sida…»

Du coup, les participantes onttenté de se rappeler comment onleur avait parlé de sexualité dansleur enfance et ont constaté queles jeunes étaient aujourd’hui plusà l’aise, que les enfants étaient trèsouverts et parlaient de sexualitésans aucune gêne, alors que lesmères étaient gênées d’en parleravec eux… Certaines ont évoquédes stratégies : « Moi, j’utilise latélévision comme support : on nediscute pas, on regarde ensem-ble… » « Doit-on forcément en par-ler avec des mots ? Il y a desmanières différentes de parler : leslivres, la télé, les indices sont aussides façons de parler… »

Même s’il n’y a pas discussion direc-te, la présence de la mère donne« l’aval » et permet le débat ulté-rieur… «Ma petite fille de 4 ans poseplein de questions : je voudrais savoirce que je peux dire… Nous regardonsensemble une petite encyclopédie, cequi favorise les questions. Elle abesoin de concret et, quand elle nepose plus de questions, c’est probable-ment que les réponses reçues lui suffi-sent pour le moment.» À la Maisondes parents de Bondy, les mèresposent elles-mêmes les questions ;les enfants ont pas mal de connais-sances et font le tri d’eux-mêmes.

Au sein de l’association le Chemin,implantée à Rosny-Sous-Bois,Corine Mélis propose des consul-tations de PMI et de conseilconjugal ; une psychologue assureégalement des prestations. Ungroupe de paroles de femmes a misen place un travail participatif surle mariage forcé et les comporte-ments sexistes.

Georgette Kano, femme-relaismédiatrice au sein de l’association,évoque la colère d’une mamandécouvrant le flyer «Garçons etfilles » ainsi que des préservatifsdans le sac de son garçon de 11 ans(anecdote qui a introduit l’atelier).Cette mère, qui ne veut pas en par-ler avec son fils, ne veut pas nonplus que d’autres le fassent… OrGeorgette Kano, très préoccupéepar l’accroissement du nombre desavortements, a décidé d’en parleravec les femmes au sein d’un grou-pe de paroles. Elles ont tenté defaire le point sur leurs connais-sances respectives, la façon donton leur avait transmis les informa-tions… Au collège, les professeursde sciences de la vie et de la terre(SVT) sont chargés de parler de lareproduction, mais cela peut resteracadémique ! D’où l’idée de fairevenir des professionnels du plan-ning familial… Du coup, face auxrisques liés à l’ignorance, les parti-

cipantes au groupe de paroles ontégalement décidé d’aider lesenfants à se protéger, à être auto-nomes, à les accompagner, pourqu’ils vivent des relations épa-nouissantes ; c’est ainsi qu’a étémontée une exposition «L’affaireest dans le sac à mains », dont lecontenu a été photographié et adonné l’occasion de commentairesécrits à partir des photos.

La relation de cette seconde expé-rience relance les prises de parole.Un participant témoigne de la diffi-culté d’évoquer le sujet avec samère : «Je ne suis pas père, mais jesuis fils pour toute ma vie… Mamanen parle différemment, qu’il s’agisse degarçons ou de filles ! Elle n’a jamaisabordé le sujet directement… et moi,je n’osais pas lui en parler… Tout pas-sait par des indices laissés dans lachambre ! » Or, ne pas parler à sesenfants peut les conduire à prendredes risques : «Moi, je suis de la“génération Sida”, on nous rabâchaitque l’amour est dangereux ! Or, il estd’autant plus important de parler dela sexualité qu’actuellement lesenfants ont accès au sujet par diffé-rents moyens, ce qui, sans accompa-gnement, peut les entraîner sur deschemins périlleux…» Ou à passer àcôté de l’amour : «On parle desexualité, mais on ne parle pasd’amour, de plaisir ! Certes, une pré-vention s’impose, mais il est trèsimportant de parler de plaisir,d’amour… de préliminaires… »«On peut parler plaisir quand on ena eu, mais pas quand on a été mariéede force à 14 ans…»

L’important est que le jeune sentequ’il peut en parler à ses parents ouà qui il veut ! S’il n’en parle pas àses parents, ceux-ci n’en seront pasfâchés. C’est le sentiment de laliberté de parole qui autorise àposer des questions… En parlerentre adultes est déjà important…Et un organisme tel qu’une PMIpeut aider les parents. ■

Page 65: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

■ ANIMATION : André Mvogo, centre social de laBoissière, Rosny-sous-Bois.■ RAPPORT : Brigitte Boureau, Famille et Cité, Paris.

MARIE-LUC MENEZ, de l’asso-ciation Arc-en-Ciel duLondeau, a exposé le tra-

vail d’accompagnement à la scola-rité mené par l’association, quin’est pas uniquement de l’aide auxdevoirs, mais bien une aide à laréussite scolaire de chacun. Cette présentation a mis en évi-dence plusieurs idées clefs.L’accompagnement à la scolaritépasse, premièrement, par l’accom-pagnement des parents, pour qu’ilsprennent toute leur place. Ensuite, la construction d’unerelation de confiance entre tous lesadultes – parents, enseignants,associations – œuvrant à la réussi-te de chaque enfant est une condi-tion indispensable. Cependant,elle exige du temps pour que cha-cun puisse apprendre à seconnaître, se reconnaître, afind’être en capacité de travaillerensemble.

Les deux associations, Arc-en-Cielet Léa, ont également présentéleur action de théâtre forummenée avec des enfants et desfamilles en lien avec des établisse-ments scolaires. Le théâtre forum est un outil quiouvre un espace différent d’échan-ge, de confrontation, d’élaborationde solutions entre parents, enfantset enseignants.

Fatima Berrahia, de l’associationLéa, a présenté le principe de

l’atelier théâtre forum mis enplace par l’association : après avoirregardé le spectacle, le public pro-pose des solutions qu’il vientjouer sur scène. L’enfant peutjouer le rôle du parent dans lasituation présentée, et le parent,le rôle de l’enfant. Cette formed’expression permet de se décen-trer de ses propres représenta-tions, de mieux comprendre lepoint de vue de chacun, d’ouvrirdes pistes concrètes de réponse.Les familles qui fréquentent l’as-sociation ont ainsi participé à15 séances avant de présenter leurspectacle. Elles ont choisi demettre en scène des situationsvécues qui portaient sur deuxthèmes : comment gère-t-on larumeur et comment faire pourtravailler dans une classe trèsbruyante ?

Les échanges ont porté sur lesenfants en difficulté durant leurscolarité et sur les réponses à ap-porter. Certains ont témoigné desolutions déjà mises en place : ladiminution du nombre d’élèvespar classe, le soutien scolaire.D’autres participants ont faitpart d’incompréhensions, no-tamment sur la question desredoublements. Ils se sontdemandé s’il fallait laisser lechoix aux parents dans certainessituations. Face aux nombreuses questionssoulevées, le groupe a exprimé uncertain désarroi.

Du côté des parents, leur manqued’aide en cas de problème, du côté

des enseignants, leur démoralisa-tion face aux difficultés rencontrées :«Comment faire avec un enfant dematernelle qui ne comprend pas ceque je dis?»

Les solutions ? Trois mots lesrésument : expliquer, informer,dialoguer. Il ne s’agit pas unique-ment de multiplier les lieux desoutien scolaire – « ne pas fairel’école après l’école » –, mais plu-tôt de favoriser le dialogue, laconfiance entre l’école et lesparents. Les associations ont unrôle de médiation, de facilitateur,pour accompagner, permettre àchacun de se rencontrer et de seconnaître.

En fin de débat, les participantsont exprimé la nécessaire mobili-sation de chaque adulte : « Il fauty aller, être présent ; c’est pour lebien-être de l’enfant ; parents etenseignants doivent être soli-daires ! » ■

Les relations parents-enseignantsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Arc-en-Ciel du Londeau, 6 rue Paul-Verlaine, Noisy-le-Sec, tél. : 01 48 91 75 46. • Léa, 233 boulevard Aristide-Briand, Montreuil-sous-Bois, tél. : 01 48 18 76 04.

Constuire une relation de confiance4

Page 66: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sR

osn

y-so

us-

Bo

is•d

éc

em

bre

20

08

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

■ ANIMATION : Dominique Levet, Inspection aca-démique, Bobigny.■ RAPPORT : Yvette Gomaz, Femmes créatrices,Pantin.

ISABELLE DOMERC présente l’asso-ciation Les Femmes de la Boissièrequi accueille des personnes qui

viennent apprendre le français et quipour la plupart n’ont pas été scolari-sées. L’association travaille en parte-nariat avec les écoles et le collège duquartier, dans le souci constant queles relations avec les partenairessoient équilibrées, que la transmis-sion soit à double sens. Pour valoriserun travail mené sur le thème du dé-racinement, elle a réalisé récemmentun court-métrage avec les familles. Un exercice anodin réalisé au seinde l’association est à l’origine duprojet. Chacun devait dire ce qu’ilconnaissait de son quartier, de saville, de son département, de sarégion, de son pays.À la question «C’est quoi pour toi,ton pays ? », certaines personnesrépondaient d’abord la France : «Cepays (la France) m’a prise, m’a laisséeentrer dans sa terre, m’a respectée, c’estmon pays» ; d’autres, le pays d’origi-ne : «Mon pays, c’est là où j’ai descopines d’enfance, mes parents, mesgrands-parents, mes racines» ; d’au-tres, encore, «Mon pays, c’est là oùmes enfants grandissent, c’est là où jepaie mes factures» ; ou bien : «Moi,quand je suis ici, je me sens chez moi,et quand je suis là-bas, je me sensaussi chez moi.» «Au pays, on nousappelle les immigrés, nos enfants, lesenfants des immigrés. » « Ici, quandon part, on nous dit “Au revoir lesAfricains” et là-bas quand on arrive“les Parisiens sont venus”.» « Je me

dis, j’ai grandi en Algérie, où est-ceque je vais vieillir ? En France ?»«Est-ce que, quand on a la nationa-lité française, on nous considère tou-jours comme un immigré ?»Les femmes ont résumé leurréflexion par un proverbe : «L’arbrequi n’a pas de racines ne peut pasporter de fruits. » Puis, chacune adessiné son arbre. Elles ont ensuitecréé ensemble un grand collagemettant en scène et en valeur lesréflexions et les productions dechacune (avec des jolies boîtes àouvrir, des messages dans des enve-loppes ou des bouteilles à la mer).Ce collage a été exposé à la biblio-thèque, à l’école, au collège, dansles fêtes de quartier. Les parents ontanimé, lors de ces rencontres, desateliers où les enfants se sont, à leurtour, exprimés sur ce thème. Ce travail a abouti au court-métra-ge «C’est où chez moi?» porteur dela parole et des réalisations desfemmes et des enfants. Ce film a étédiffusé dans des classes, à la biblio-thèque… Il initie un dialogue, ilmet des mots et des images entre lesparents et leurs enfants sur la déchi-rure du déracinement, mais aussisur la complexité et la richesse de ladouble culture.

Mustapha Saadi souligne que l’asso-ciation AJBF travaille également surla valorisation culturelle des parents,essentielle à une relation construiteavec leurs enfants. Dans un moduleintitulé «Transmission des valeurs»,il essaie de comprendre et d’atténuer(tout en apportant son soutien auxparents) l’origine des conflitsparents-enfants quant à la culture*dite d’origine et la culture du pays

d’accueil. Le manque de dialogue etde compréhension dans ces famillesconduit parfois les parents à s’éloi-gner des lieux et des instances quiparticipent à l’éducation de leursenfants (écoles, centres culturels,clubs sportifs, monde associatif, etc.).Ce conflit culturel trouve son originedans le manque de connaissance desvaleurs et de la culture des uns et desautres. Cela se traduit par desréflexions du type: «On n’est pascomme eux», ou encore «On n’est pasdes Français». Connaître l’autre n’estpas aisé : «On ne se comporte pascomme eux. On ne leur ressemble pas.»Pour ces hommes et ces femmesimmigrés, certaines valeurs ont uncaractère universel, comme le respectdes enfants pour leurs parents, la soli-darité intrafamiliale. Lorsqu’il s’agitde la famille française, ils pensent quece n’est plus vrai: «Le petit a un sta-tut de contestataire, souvent irrespec-tueux.» «La solidarité interfamilialen’est plus: c’est chacun pour soi.» «Onabandonne les vieux !» «Les femmes etles filles sont trop libres…» Le travaileffectué dans le groupe de parents«Transmission des valeurs» consisteà éliminer ces préjugés, nés d’unmanque de contact réel entre lesfamilles immigrées et françaises. Ilfaut objectiver les réalités en les ins-crivant dans leurs contextes poli-tiques, sociaux, culturels et histo-riques. Faire connaître ces réalitésaidera chacun à prendre consciencedu destin commun de nos sociétés,de l’appartenance à des valeurscommunes partagées, respectueusesde la dignité humaine. ■

* Le terme culture est utilisé comme unensemble de références religieuses et historiquessymboliques, politiques et identitaires.

Transmettre son histoire, ses valeurs…AVEC LA PARTICIPATION DE :• Association des juristes berbères de France (AJBF), 25 avenue Salvador-Allende, Bobigny, tél. : 01 45 88 09 09.• Les Femmes de la Boissière, 76 rue Georges-Méliès, Montreuil-sous-Bois, tél. : 06 76 34 72 39.

Que transmettre et comment transmettre ?4

Page 67: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

7

■ ANIMATION : Annalisa Mossang, Jeux CréativitéPartage, Rosny-sous-Bois.■ RAPPORT : Amélie Rodot, Maison des parents,Bobigny.

CET ATELIER a été l’occasion deprésenter deux expériencesassociatives qui ont permis

l’ouverture de crèches parentales.Ces initiatives de parents sont par-ties d’un besoin réel pour pallier undéficit d’offre adaptée à la demande.

L’une, constituée en 1998, estdevenue une ludothèque, JeuxCréativité Partage, à Rosny-sous-Bois. Les parents, à l’origine duprojet, ont suivi des stages dans ledomaine de la gestion associative,la petite enfance et l’élaborationd’un projet. Ils ont dorénavantcomme partenaires la PMI, le ser-vice enfance, l’école, des structuresmunicipales. L’association s’est structurée pro-gressivement. Elle a à son actifd’autres initiatives, un groupe deparole et des ateliers parents-enfants, et elle peut dorénavantsalarier une éducatrice pouraccueillir un public divers :parents, enfants, assistantes mater-nelles, grands-parents.

La seconde est une jeune associationcréée il y a un an, La Dent de lait, àBobigny, qui compte 13 parentsactifs. Après différentes démarchesauprès de la CAF et du Conseilgénéral et l’accompagnement par laMaison des parents de Bobigny, l’as-sociation est actuellement confron-tée à la difficulté de trouver deslocaux pour l’accueil d’une quinzai-ne d’enfants (environ 150 m2).

L’animatrice de cet atelier a cité unarticle du magazine Enfance évo-quant un rapport de la Cour descomptes du 10 septembre 2008 quise montre très critique à l’égard de lapolitique d’accueil de la petite enfan-ce. La Cour a observé, en effet, uneaugmentation de 7 % des enfantsgardés par leurs parents à cause dumanque de places en crèche et ungrand déficit de personnel dans lesecteur de la petite enfance.

Autre inquiétude pointée au seinde l’atelier : elle concerne le projetgouvernemental de transformer lapremière année de maternelle enjardin de l’enfant, projet sur lequelaucune information quant aucontenu n’a été précisée.Néanmoins, l’idée des micro-crèches, avancée par le Conseilgénéral, pour une dizaine d’en-fants encadrés par cinq assistantesmaternelles, a été plébiscitée.

Les parents quant à eux se sontbeaucoup interrogés sur la placequ’ils ont dans la «communautééducative». En effet, la rencontreentre parents et professionnels estsouvent difficile. Les parents sedisent souvent découragés par desprofessionnels réticents à recon-naître leurs compétences. Chaqueparent, dans l’éducation desenfants, a une richesse à apporter,mais c’est encore peu admis par lesprofessionnels de la petite enfanceet les institutionnels en général,tout comme leur capacité à être debons gestionnaires, que ce soit dansles tâches quotidiennes ou dans ladirection d’un projet… Les parentsaimeraient que les professionnels

acceptent de leur reconnaître cetteplace de co-éducateur, surtout auregard des besoins immenses quegénère la petite enfance.

Au sein de cette nouvelle associa-tion, La Dent de lait, on constateune solidarité entre les parents quiont décidé de continuer à s’investirdans la réussite du projet au profitd’autres parents, même s’ils saventqu’au moment de l’ouverture de lacrèche leurs enfants ne seront plusen âge d’en bénéficier. JeuxCréativité Partage a eu le mêmecheminement. On souhaiteraitvoir autant de solidarité naîtrechez les professionnels. Or pourl’instant, force est de constater que« les professionnels ne se mettent pasà la portée des parents ». ■

Quand les parents s’organisent…AVEC LA PARTICIPATION DE :• Jeux Créativité Partage, 317 boulevard de la Boissière, Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 55 50 52.• La Maison des parents, 32 rue Hector-Berlioz, Bobigny, tél. : 01 48 45 84 63.

Des parents à l’initiative de structures qui répondent à leurs besoins4

Page 68: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sR

osn

y-so

us-

Bo

is•d

éc

em

bre

20

08

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

■ ANIMATION : Ange Andongui, centre socialBalavoine, Bondy.■ RAPPORT : Ana Cislaghi, Maison des parents,Bobigny.

F ELLA DALI, de l’associationLéa, a présenté l’atelier danslequel des pères fabriquent

des jouets avec leurs enfants et lesraisons qui ont conduit à sa miseen place.

Des jeunes parlaient souvent dumanque de communication avecleurs pères et les collèges se plai-gnaient de la difficulté à contacterces derniers. Au sein de Léa, cesont plutôt des mères qui venaientparticiper aux activités. L’équipede Léa a alors émis l’hypothèse demonter un atelier de fabricationde jouets qui réunirait des parentset des enfants et qui permettraitaux pères de se sentir plus à l’aisepour venir. La communicationserait alors favorisée par le biais decette activité et les pères pour-raient ainsi transmettre leursavoir, leur expérience, leur his-toire à leurs enfants.

Léa a fait appel aux mères afinqu’elles sollicitent les pères et lespoussent à y participer. Mais il afallu également les convaincre etfaire en sorte qu’elles acceptent delaisser leur place aux pères. Lesfemmes ont aussi fini par participer.

Les parents et les enfants, âgés de6 à 15 ans, partagent ainsi desmoments d’échange et de plaisirautour du jeu une soirée par mois,le samedi, dans les locaux de Léa et

une soirée par mois dans les locauxde la ludothèque, Jeux CréativitéPartage. Ces soirées connaissentun vif succès.

Lors des réunions parents-enfants,les pères se sont dits surpris de l’in-térêt qu’on leur manifestait.Léa perçoit des changements dansles relations : des échanges facilitésau sein des familles et des pères quiaccompagnent plus aisément leursenfants. Cette activité a facilité la transmis-sion et le maillage culturel.

Après cette présentation, le débats’est ouvert.

Un père affirme qu’il suffit decréer le cadre pour que les chosesse fassent d’elles-mêmes. Pour lui,la mise en place d’un espace favo-rise le fait de se sentir à l’aise et laparticipation de tout un chacun.

Un représentant de la ludothèqueréaffirme l’intérêt d’un espace de jeucomme facilitateur de la communi-cation et de l’apprentissage de règles.

«Dans le travail socio-éducatif, lesfemmes sont en surreprésentation.Comment les pères le vivent-ils ? »demande une participante. «EnFrance, en matière d’éducation desenfants, tout appartient à la femmeet les hommes sont obligés de faireprofil bas », dit un homme. «Maisaujourd’hui, on constate des change-ments progressifs. »

Une mère constate que les enfantsont beaucoup de liberté en France.

Un père lui répond que ce quichange c’est l’environnement :« En Afrique, les enfants jouentdehors, ici ce n’est pas possible. EnAfrique, il est l’enfant du village,ici il est l’enfant du père. »

Un père se demande si ce n’est pasà cause de la pédophilie que l’onconfie plus facilement un enfant àla mère qu’au père.

Ainsi, il semble difficile que cha-cun trouve sa place et son rôle ausein de la famille aujourd’hui,étant donné les bouleversementsqu’elle a connus ces dernièresannées.

Les mères doivent faire de la placeaux pères et les pères se déculpabi-liser. Un travail important doitêtre mené sur les représentations,sur la connaissance mutuelle entrehomme et femme. Il faut commu-niquer sur le partage des tâches etdes responsabilités et faire tomberles tabous. Mais soyons opti-mistes, les choses sont en mouve-ment ! ■

Et les pères ?AVEC LA PARTICIPATION DE :• Léa, 233 boulevard Aristide-Briand, Montreuil-sous-Bois, tél. : 01 48 18 76 04.• Jeux Créativité Partage, 317 boulevard de la Boissière, Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 55 50 52.

Des papas fabriquent des jouets avec leurs enfants et participent à un groupe de parole de pères4

Page 69: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sLe

Bla

nc-M

esn

il•

décem

bre

2009

S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapL E S M O T S D ’ A C C U E I L

L E B L A N C - M E S N I L

A ville du Blanc-Mesnil est très heureuse d’accueillir le réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parentsdans la Maison pour tous Jean-Jaurès pour cette soirée de

rencontres, de débats autour de la parentalité.

Il y a encore quelques années, tout le monde ou presque s’accor-dait à présenter la parentalité comme étant du strict ressort de lavie privée. Au fil du temps, chacun s’est aperçu qu’il s’agissait d’unenjeu fondamental de cohésion sociale, d’un espace de la vie quo-tidienne insuffisamment pris en compte par le débat public.

Débat fondamental en effet, car, au-delà des parents, c’est de lajeunesse, donc de l’avenir de la société, dont il est question.

Pour de très nombreux parents en proie à des difficultés socialeset économiques, les enjeux de l’éducation paraissent parfois in-surmontables. Trop d’enjeux en découlent, et beaucoup de souf-france pour les parents et pour une jeunesse aux repères de moinsen moins stables.

Ces difficultés, la Seine-Saint-Denis les connaît peut-être encoremieux qu’aucun autre département dans ce pays. Au Blanc- Mesnil, avec un tiers de jeunes de moins de 20 ans et 20 % de familles monoparentales, la municipalité a décidé de mettre enplace des outils lui permettant d’appréhender cette réalité en s’ap-puyant sur la mission d’aide à la parentalité et la mission droits desfemmes. On peut citer quelques exemples : le travail mené auprèsdes parents d’élèves de l’école Jean-Macé au cœur du grand en-semble des Tilleuls, celui des groupes de parole de femmes… Biend’autres exemples menés par les services municipaux pourraientêtre cités.

Une chose est sûre – on le voit à travers les ateliers qui se tiennentce soir –, la parentalité recouvre des champs très divers. Maisl’école et la famille sont les deux principaux espaces d’éducation.Les enseignants et les parents d’élèves constituent avec la ville etles associations locales ce que nous aimons appeler la coéduca-tion. Une coéducation reconnue institutionnellement, mais mal-heureusement rarement mise en pratique.

Au Blanc-Mesnil, nous avons pris le parti d’associer le plus étroi-tement possible les parents d’élèves, les enseignants et les diffé-rents acteurs de l’éducation dans l’organisation de la vie scolaireet les débats autour de l’éducation. Cette démarche porte chaqueannée ses fruits, j’en veux pour preuve le rôle actif des parentsd’élèves dans les conseils d’école et la commission de secteursscolaires qui émet un avis sur les effectifs de chaque école.

Voilà la voie que nous souhaitons tracer au Blanc-Mesnil, celled’une dynamique qui puisse permettre aux parents de se sentirsoutenus dans leur lourde tâche, à l’école bien sûr, lieu del’émancipation et de la formation à la citoyenneté des enfants,mais aussi dans leur vie quotidienne de plus en plus écrasée parla précarité.

Par-delà l’école, je veux aussi saluer l’ensemble des profession-nels qui agissent dans le champ de la parentalité et les nom-breuses familles qui se sont mobilisées pour participer à cette soi-rée de débats, de rencontres et d’échanges qui témoignent de laréelle importance de cette question de la parentalité aujourd’huidans la société.

Il existe un discours lancinant tendant à culpabiliser les parentssous couvert de responsabilisation. Un discours qui, dans certainspays comme l’Angleterre et les États-Unis, a déjà trouvé deconcrètes applications : suppression des allocations familiales etmême emprisonnement des parents d’élèves déscolarisés ou ab-sentéistes. Qui voudrait nous faire croire que le travail mené ici dé-responsabiliserait les parents? Il en va bien évidemment tout au-trement.

Quand la précarité s’immisce à tous les niveaux de la vie, notam-ment chez les femmes, la puissance publique se doit d’être en mesure de proposer aux parents un soutien leur permettant juste-ment d’assumer leur responsabilité. C’est parce que les parentssont au cœur de l’éducation des enfants qu’il est nécessaire queles politiques publiques puissent leur venir en soutien, les aider àappréhender et surmonter leurs difficultés souvent nombreuses.

L

Page 70: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Le B

lanc-M

esn

il•

décem

bre

200

9L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

Je crois au travail fondamental que nous menons : observer la réa-lité, comprendre et analyser les phénomènes, apporter des solu-tions à la racine des maux qui frappent notre société tout en s’abs-tenant des réflexes répressifs aussi inefficaces que dangereux.Nous devons nous détourner du discours simpliste qui vise, in fine,à culpabiliser les couches les plus populaires de notre société et,

au contraire, leur affirmer notre plus total soutien. La ville duBlanc-Mesnil affirme son attachement à promouvoir le dialogue etle débat sur ces enjeux cruciaux et vous souhaite une soirée riched’échanges et de partages.

Didier Mignot, maire du Blanc-Mesnil ■

EST avec un grand plaisir que j’ouvre cette 9e soirée ren-contre du réseau d’écoute, d’appui et d’accompagne-ment des parents (Réaap) dans la maison de quartier du

Blanc-Mesnil que je remercie pour son accueil.

Cette année, la soirée rencontre concerne les acteurs des com-munes d’Aulnay-sous-Bois, du Blanc-Mesnil et du Bourget, deDrancy et Dugny, des Pavillons-sous-Bois, de Sevran, Tremblay-en-France et Villepinte.

La DDASS, qui est à l’origine de ce réseau sur le département,avec le Conseil général et la CAF, a permis le développement denombreuses actions en faveur des familles. L’animation du réseau, pour sa part, est effectuée par Profession Banlieue.D’autres acteurs participent au comité de pilotage, comme la Fédération des centres sociaux, pour sa connaissance des quar-tiers sensibles, ou l’Éducation nationale, afin de favoriser les articulations avec les établissements scolaires et les associa-tions. C’est là le signe de la richesse de ce réseau qui permet auxparents et aux professionnels d’échanger et de progresser ensemble.

Le Réaap, depuis 1999, accompagne et favorise le développementde ces expériences dans les centres sociaux, dans les maisonsdes parents, dans les quartiers, là où vivent les familles.

Le comité de pilotage est très attentif à ce que les initiatives soientsoutenues, accompagnées par les parents, par les professionnelset les institutions, et à ce que les financements soient mobilisés.

La CAF de la Seine-Saint-Denis est particulièrement sensible àcette démarche d’accompagnement de la fonction parentale quiest inscrite dans les finalités de l’action sociale des CAF commeune nécessité contemporaine forte, pour permettre à l’enfant de seconstruire dans de bonnes conditions.

La circulaire d’orientation d’action sociale pour la période 2009-2012précise que « l’action sociale des CAF dans le domaine de la parenta-lité contribue au maintien des liens entre parents et enfants. Elle favo-rise l’épanouissement de chacun des membres de la famille, valoriseles compétences parentales et leurs responsabilités éducatives ».

Depuis 2009, la CAF s’implique plus fortement dans le comité de pilotage et le comité de financement du Réaap. Elle finance cetteannée 46 structures proposant des actions en direction de la petiteenfance, des actions sur le lien entre les familles et l’école et desactions de théâtre-forum. Elle a également soutenu les porteurs deprojet pour la création de nouveaux lieux d’accueil enfants/parentssur le département, 107 actions d’accompagnement à la scolarité,et financé 3 associations de médiation familiale.

Je remercie les différents acteurs qui ont rendu possible cette manifestation, les parents au cœur de cette soirée, les profession-nels ainsi que les membres du comité de pilotage du Réaap. Jenous souhaite des échanges dynamiques et constructifs.

Jean-Pierre Tourbin, président de la CAF de la Seine-Saint-Denis ■

C’

Page 71: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

3

E voudrais vous dire le plaisir que j’ai à me retrouver parmivous sur un thème qui est fondamental pour la vie de chacunede nos familles de l’ensemble des communes de ce départe-

ment, la parentalité.

C’est un élément fondamental, qui est au cœur de plusieurs pro-blématiques : en premier lieu la réussite scolaire des enfants. Il n’ya pas de suivi scolaire de qualité sans l’affirmation de la présencede parents auprès d’eux : la relation est au cœur de la réussite desenfants. Elle est également au cœur des apprentissages sociaux –qu’est-ce que l’autorité, la fraternité, le respect de l’autre ? Rien demieux que la famille pour ces apprentissages, et une famille danslaquelle la parentalité s’épanouit.

Mais la parentalité a également à voir avec l’émancipation desfemmes. Il n’y a d’hommes et de femmes émancipés que dansle cadre de couples équilibrés et d’une parentalité bien affir-mée.

Je voudrais rappeler enfin que les actions de Réaap sont cofinan-cées aussi bien par la CAF que par le Conseil général et l’État. Noussommes partenaires, et c’est là l’intérêt d’un dispositif comme celui-ci. Ce réseau que vous faites vivre depuis dix ans maintenantnous permet à la fois de poser des questions et d’apporter des réponses.

Claude Morel, préfet délégué à l’égalité des chances ■

■ ANIMATION : Marie-Chantal Duru, Fédérationdes centres sociaux de la Seine-Saint-Denis.■ RAPPORT : Quitterie de La Noé, maison de quar-tier, Sevran.

L ES ACTIVITÉS MENÉES À PARTIR

DE PRATIQUES DE JARDINAGE

constituent des leviers intéres-sants pour travailler la questiondes relations parents/enfants. C’estce qu’ont permis de montrer lestrois expériences présentées danscet atelier.

Ainsi, Karima Senni (Maison pourtous Jean-Jaurès du Blanc-Mesnil)a relaté l’histoire de la création del’atelier jardinage en expliquantque, dans un premier temps, cetatelier s’était développé sur un ter-

rain vague, avec des enfants etquelques mamans. Il se poursuitaujourd’hui sur une terrasse, dansdes bacs.

L’atelier permet aux enfants depratiquer une activité en extérieuret valorise le savoir-faire defamilles qui ont acquis ce savoir etces compétences au pays et quiapprennent à jardiner à l’anima -trice.

Dans une ambiance familiale sedéroule ainsi une activité permet-tant aux parents de renouer avecun savoir qu’ils avaient mis de côtéet de le transmettre à leurs enfants,mais également de créer des liensentre les familles.

Ce constat est partagé par JoëlHumbert (service parcs et jardinsde Sevran) qui a travaillé notam-ment sur la mise en place de jardinspartagés dans la ville de Sevran.

Un travail de concertation menéavec les habitants du quartier adébouché sur l’attribution à desfamilles de parcelles de 10 à 30 m2.La concertation portait notam-ment sur le mode de gestion dujardin et a abouti à la création d’unconseil de jardin. Avant la créationde ce nouvel équipement et enattendant de pouvoir jardiner enpleine terre, un jardin provisoireavait été mis en place dans descaisses de bois remplies de terre,avec des animations hebdoma-

Aux jardins de la parentalitéAVEC LA PARTICIPATION DE :• La Maison pour tous Jean-Jaurès, 2 bis, avenue Jean-Jaurès, Le Blanc-Mesnil, Tél. : 0148668986.• Le service parcs et jardins, 21, avenue Pierre-Curie, Sevran, Tél. : 0632073380.• La régie de quartier, 11-13, allée Pierre-Montereau, Le Blanc-Mesnil, Tél. : 0148678343.

Un jardin pour valoriser les savoir-faire des parents.4

J

Page 72: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Le B

lanc-M

esn

il•

décem

bre

200

9

daires pour les adultes et les en -fants.

Parmi ses conclusions, JoëlHumbert fait remarquer que cetteactivité connaît une participationdes pères plus importante qu’àd’autres types d’activités : elle leurpermet de transmettre un savoir àleurs enfants. Ces derniers sontd’ailleurs très demandeurs et cesont parfois eux qui incitent leurpère à venir jardiner.

Cette dernière réflexion est parta-gée par Carole Ferrini (régie dequartier du Blanc-Mesnil) qui tra-vaille depuis plus de quatre ans à lamise en place de deux jardins

pédagogiques, pour les enfants etles adultes : les enfants viennentsans difficulté, mais elle a eu plusde mal à mobiliser les adultes.

Enfin, quelle que soit la forme deces ateliers autour du jardin, lesparticipants constatent que cesespaces sont plutôt respectés par leshabitants, et valorisés. Ils notentque la mise en place de ce typed’activité au sein d’un quartier per-met de changer le rapport entre lesenfants et les adultes, ces dernierss’autorisant à intervenir auprès desenfants s’il y a des dégradations.

Les adultes sont également ici desvecteurs de transmission de savoirs

non seulement techniques – le tra-vail de la terre –, mais aussi cultu-rels, quand il s’agit par exempled’utiliser les produits de la récolte(à travers l’échange de recettes decuisine).

Ces ateliers permettent aussi lavalorisation des notions de travailet d’effort. Ils développent lapatience nécessaire au jardinier quidoit attendre la croissance de sesplantations et vivre au rythme dessaisons.

Ils permettent enfin la fabricationd’un récit sur l’histoire de la fa -mille, les souvenirs liés au pays et àl’enfance. ■

■ ANIMATION ET RAPPORT : Martine Charbonnier,CAF, Rosny-sous-Bois.

IL A ÉTÉ RAPPELÉ TOUT D’ABORDque le moment du repas peutêtre une porte d’entrée pour

parler avec son enfant, partager unmoment de plaisir avec lui et l’in-former sur les bienfaits d’unebonne alimentation. Deux expé-riences ont été présentées.

Les ateliers sur l’alimentation du centre social Albatros

Chaque jeudi matin, Valérie Poliniorganise au sein du centre socialun petit-déjeuner destiné aux en-fants des écoles maternelles du

quartier de La Rose des vents, oc-casion d’aborder les principesd’une alimentation équilibrée.

Suite à cette animation, les mèresqui accompagnaient les enfantsont pensé préparer des goûtersplus diversifiés et plus équilibréspour leurs enfants inscrits aux ac-tivités éducatives périscolaires éga-lement mises en place au sein ducentre social. Elles ont créé une as-sociation pour fournir au centresocial cette prestation rémunérée.

Les activités périscolaires se dérou-lent dans un climat familial et cha-leureux. C’est un sas pour les en-fants, avec la découverte de nou-veaux goûts, de nouvelles textures.Les échanges permettent de mieux

appréhender les devoirs et l’am-biance est sereine. Les enfants sontfiers de leurs mères qui préparentle goûter.

Ce moment de plaisir a égalementété l’occasion de financer un séjourau ski pour quatre familles. En ef-fet, « partir au ski » était le rêve decertaines femmes. En plus desgoûters, les mères ont préparé desrepas durant le Ramadan. Et lerêve est devenu réalité.

Le centre social Edmond-Michelet

Le centre social a choisi la nutritioncomme cheval de bataille et a su entirer profit en développant plu-sieurs projets autour de cette thé-

Bien se nourrirAVEC LA PARTICIPATION DE :• Le centre social Albatros, 22, allée de la Bourdonnais, Aulnay-sous-Bois, Tél. : 0148790760.• Le centre social Edmond-Michelet, 1, allée des Lilas, Sevran. Tél. : 01 43 83 26 44.

Préparer un repas, un goûter : des moments conjuguant plaisir et éducation.4

Page 73: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s matique : « L’Atelier santé », avecl’école maternelle, et « La Semainedu pain et du goût ».

Pour Virginie Petit-Charles, cesmanifestations ouvertes aux parentset à leurs enfants, qui voient uneforte mobilisation des parents, ontpermis de déclencher une dyna-mique et d’investir un secteur duquartier peu présent jusque-là dansles actions précédentes.

La préparation des plats, le partagede la nourriture avec les enfants etles adultes sont des moments privi-légiés pour parler de son histoire etde sa culture. Les ateliers de cui -sine sont également des momentsriches où les compétences des unset des autres sont valorisées.

Les débats ont montré que lethème « Bien se nourrir » était unsupport d’activité intéressant pour

faire passer des messages et entraî-ner des dynamiques au sein desquartiers. Il a beaucoup été ques-tion de partager avec les parents etleurs enfants des moments de plai-sir. Les échanges des uns ontdonné des idées aux autres. C’estainsi que des rencontres entre lesprofessionnel(le)s – assistantessociales, responsables de centressociaux – et les parents seront pro-grammées. ■

■ ANIMATION : Évelyne Davy, service socialdépartemental, Conseil général.■ RAPPORT : Bouchra Hamsé, service des inter-ventions sociales territoriales, CAF.

La mise en place d’auxiliaires d’intégration, à Aulnay-sous-Bois

La mission handicap, composéed’une chargée de mission, d’un psy-chologue, d’un secrétaire et de vingtet un auxiliaires d’intégration, existedepuis vingt ans. La fonctiond’auxiliaire d’intégration, quant àelle, a été créée il y a treize ans.

Muriel Hassani a présenté le rôle etla mission de ces derniers : accueillir,écouter, informer et orienter les per-sonnes ou les familles confrontéesau handicap de leur enfant.

Les auxiliaires d’intégration tra-vaillent en lien étroit avec les struc-tures de la petite enfance, les écolesmaternelles et primaires.

80 % des enfants pris en chargepar la mission handicap souffrentde troubles d’ordre psychique.

Face à ce constat, la mission a signé,en 2005, pour faciliter la prise encharge des enfants souffrant de cestroubles, une convention de parte-nariat avec l’inspection académiqueet l’hôpital Ballanger.

Concrètement, cette conventionpermet de faciliter l’accueil de l’en-fant en structure petite enfance ouen établissement scolaire, deconstruire un projet l’année quiprécède l’entrée à l’école afin depréparer et de favoriser l’intégra-tion en milieu scolaire, d’appuyeret de conseiller les parents, sachantqu’ils sont au cœur du projet etque rien ne peut se faire sans leurparticipation et leur accord.

La psychologue clinicienne per-met à l’équipe de s’exprimer surles pratiques professionnelles à

travers un temps de supervisionpar petits groupes. Elle met enplace des temps de formation, parexemple sur la violence chez l’en-fant. Elle anime un groupe deparole de parents : des échangesriches entre des parents confrontésaux mêmes difficultés. À lademande des auxiliaires d’intégra-tion, la psychologue peut égale-ment se rendre sur le terrain pourobserver l’enfant et proposer dessolutions adaptées.

Un réseau de parents d’enfants autistes, au Blanc-Mesnil

La prise en charge des enfantsautistes est une préoccupationmajeure du département de laSeine-Saint-Denis. Sophie Beau -villain a ainsi rappelé que l’absencede structure adaptée sur le départe-ment provoque une déscolarisa-tion massive de ces enfants et le

Des parents et des enfants handicapésAVEC LA PARTICIPATION DE :• La mission ville handicap, 5, rue Émile-Kalun, Le Blanc-Mesnil, Tél. : 0145917022.• La mission handicap, CMES Pasteur, 8-10, avenue Coullemont, Aulnay-sous-Bois, Tél. : 0148796270.• Association « Fais-moi une place », 3, allée des Marguerites, Sevran, Tél. : 0143835402.

Soutenir les parents dont les enfants sont en situation de handicap.4

Page 74: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Le B

lanc-M

esn

il•

décem

bre

200

9L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

sentiment pour leurs parents, faceà l’absence de solutions du côté despouvoirs publics, d’être totalementdémunis. C’est pourquoi troismissions handicap (sur les dix quecompte le département de laSeine-Saint-Denis) se sont forte-ment engagées sur ce sujet.

Les missions handicap d’Aulnay-sous-Bois, d’Épinay-sur-Seine etdu Blanc-Mesnil ont ainsi été asso-ciées à différentes instances deréflexion afin d’échanger sur cettethématique, de mutualiser leursconnaissances et de monter desprojets.

Ces échanges ont donné lieu à unpremier constat partagé :– le dépistage précoce est indis-pensable pour une meilleureprise en charge des enfants ;

– il manque des réponses adaptéesaux enfants ou aux jeunesadultes ;

– enfin, les professionnels ne sontpas assez formés.

À la suite de ces échanges, une ren-contre débat s’est tenue enavril 2009, « Autisme en Seine-Saint-Denis », qui a permis dedégager des pistes de réflexionpour la création d’un réseauautour de l’autisme.

En novembre 2009, une nouvellerencontre a permis la mise en placed’un groupe pilote. Son premierobjectif est de dresser un état deslieux de l’existant dans le départe-ment, de faire remonter les diffi-cultés rencontrées par les familleset les professionnels, mais égale-ment de repérer ce qui fonctionne.Ce groupe est composé de diffé-rentes associations, de représen-tants de l’Éducation nationale, desinstituts médico-éducatifs, de laprotection maternelle et infantile,de l’inter-secteur de psychiatrie.D’autres rencontres et réunions detravail sont à venir.

Handicap et temps libre : « Fais-moi une place », à Sevran

Laurence Beauvironnet a présentél’association « Fais-moi une place »qui a été créée il y a douze ans.L’association est composée d’unecoordinatrice, d’une adjointe et dedeux secrétaires. Son objectif estde permettre à des enfants souf-frant de troubles du comporte-ment d’être accueillis pendant leweek-end ou les vacances scolaireset d’avoir accès aux loisirs, tout endéchargeant les parents pendantun temps.

Deux types d’accueil sont propo-sés :– un accueil ponctuel, de typecentre de loisirs, sur rendez-vous, une fois par mois, le same-di après-midi. Les parents sontassociés sur le temps du goûter,moment festif et convivial. Cetype d’accueil ne peut excédercinq séances ;

– un accueil durant le week-end,du vendredi soir au dimanchesoir, à Montlignon, dans le Val-d’Oise, pour un groupe decinq en fants encadrés parcinq ani mateurs.

D’autre part, l’association organisedes séjours d’une semaine pendantles « petites vacances » et de deuxsemaines durant les vacances d’été,pour une dizaine d’enfants, avecautant d’adultes accompagnateurs.Les enfants retenus pour le séjoursont des enfants ayant déjà bénéfi-cié d’une expérience « week-end »positive.

Une fois par mois, l’associationorganise la « Fête de la diffé -rence », qui donne la parole auxparents. Laurence Beauvironnetrapporte le témoignage de deuxd’entre eux : « C’est enrichissant derencontrer d’autres parents quivivent la même chose que nous, on

se soutient, on se comprend, on sedit que l’on n’est pas seul, il y ad’autres personnes comme nous » ;« On apprend de l’expérience desautres… Entre parents, on échangeet on se conseille sur ces choses queles professionnels ne peuvent pasvoir : on a une expérience que lesprofessionnels n’ont pas. »

Débat

Les parents présents à l’atelier ontpu prendre ensuite la parole et évo-quer leurs difficultés face à l’ab -sence de réponses des pouvoirspublics et au manque de solutionsproposées à leur enfant.

Plusieurs parents et professionnelssont revenus sur la prise en chargeadministrative de la MDPH*, par-fois source d’incompréhension.L’un des intervenants précise lescircuits de la MDPH: cette der -nière notifie les structures, mais lanotification ne vaut pas entrée : il ya aujourd’hui entre 100 et150 enfants en attente.

Le groupe était interactif, leséchanges nombreux. Si chaquesituation évoquée était unique, lesentiment de désarroi, de ne pasêtre entendu, était identique etpalpable chez tous les parents pré-sents.

Le manque de moyens, de parte-naires, de solutions… sont de véri-tables freins à une prise en chargeadaptée de l’enfant en situation dehandicap. Il est indispensable queles pouvoirs publics se mobilisentpour tenter d’y répondre. L’ur -gence est là ! ■

* La loi du 11 février 2005 crée un lieu unique destiné à facili-ter les démarches des personnes handicapées : la Maison dépar-tementale des personnes handicapées (MDPH). Celle-ci offre,dans chaque département, un accès unifié aux droits et presta-tions prévus pour les personnes handicapées et « exerce unemission d’accueil, d’information, d’accompagnement et deconseil des personnes handicapées et de leur famille ainsi que desensibilisation de tous les citoyens aux handicaps ».

Page 75: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

7

■ ANIMATION : Dominique Levet, inspection aca-démique, Bobigny.■ RAPPORT : Olivier Canzillon, Maison des Tilleuls,Le Blanc-Mesnil.

L’amicale des parents de l’école Maurice-Audin, au Blanc-Mesnil

À la Maison pour tous du CheminNotre-Dame, l’amicale des parentsde l’école Maurice-Audin, créée en2009, propose des rencontresconviviales entre parents sur laquestion de l’éducation des enfants.Florence Husson a rappelé que lesréunions se tiennent une fois parmois et portent toujours sur unthème précis.

À l’occasion d’une rencontre à laquelle le principal du collègeRené-Descartes était invité pouraborder la question du passage en6e, des parents d’élèves ont évoquédes incidents survenus entre élèvesaux abords du collège. Les ensei-gnants de l’école élémentaire Mau-rice- Audin faisant également état deviolences et d’agressions aux abordsde l’école, la mise en place d’une se-maine de présence des parents sur letrajet de l’école est organisée.

Lors de cette semaine, l’amicaleMaurice-Audin, les parents pré-sents et les partenaires ont pu dia-loguer avec les parents des groupesscolaires et du collège du secteurNord, mais également avec les col-légiens, sur ces incidents et la viequotidienne. Il a été suggéré un re-nouvellement de l’opération pourl’année scolaire 2010/2011.

Les ateliers sociolinguistiques, à Sevran

Les ateliers sociolinguistiques (ASL*)de Sevran ont été créés dans le butde soutenir des parents rencon-trant des difficultés dans leur rela-tion à l’école du fait de leurméconnaissance de la langue fran-çaise et de leur incompréhensiondu système éducatif.

Constance Gozlan a présenté leursobjectifs qui sont notamment d’ai-der les parents à mieux comprendreles enjeux de l’orientation scolaire,la situation de leur enfant…

Deux ateliers de trois heures se tien-nent chaque semaine, l’un au col -lège, permettant la rencontre avecl’équipe éducative (professeurs,CPE, etc.), l’autre dans le centresocial. La collaboration entre leséquipes du collège et celles ducentre social, l’existence d’un réfé-rent dans chacune des structures, laparticipation d’un professeur de laclasse d’accueil sont autant d’élé-ments clés de la réussite de cetteaction qui s’appuie sur desexemples concrets : la lecture d’unbulletin de notes, du carnet de cor-respondance, de l’emploi du temps.

Ainsi, ces ateliers permettent la dis-parition progressive de la « barrièreinvisible » qui jusqu’alors empêchaitla communication avec le collège enfacilitant le dialogue des parentsavec les membres de l’établissement.Les personnes accueillies au sein ducollège à l’occasion des ASL s’y sen-tent désormais plus à l’aise.

Le groupe de parole de femmesdu quartier Chemin Notre-Dame, au Blanc-Mesnil

Isabelle Tramoni a rappelé que cegroupe de parole mensuel mis enplace avec l’appui de l’associationSAGA (Soutien aux générations etavenir), avec comme premier ob -jectif la préparation d’une ren-contre avec le collège, devait sacréation aux femmes du quartierqui avaient manifesté leur envie dediscuter et d’échanger sur les rela-tions parents/école.

Débat

Durant l’échange entre les partici-pants, la mère d’un adolescent de15 ans témoigne de sa détressequand le collège lui a demandé devenir chercher son fils suite à desfaits de violences.

Elle indique qu’aucun des profes-sionnels sollicités au sein de l’éta-blissement n’a pu lui apporter deréponses pour trouver de l’aide.La situation dramatique qu’elleexpose suscite l’écoute attentivedes participants. L’échange avecd’autres parents lui est alors propo-sé par le collectif des parents del’école Maurice-Audin.

Les questions de sécurité quiétaient le point de départ des dis-cussions entre les parents et les éta-blissements scolaires ont débouchésur des questions éducatives pluslarges, posant la question des rela-tions entre les adultes et les enfantset les adolescents.

Parents d’enfants, parents d’élèvesAVEC LA PARTICIPATION DE :• La maison de quartier Rougemont, 13, rue Pierre-Brossolette, Sevran, Tél. : 0143848626.• Le service parentalité, hôtel de ville, place Gabriel-Péri, Le Blanc-Mesnil, Tél. : 0148674580.• La mission droits des femmes, hôtel de ville, place Gabriel-Péri, Le Blanc-Mesnil, Tél. : 0145913058.

� Comment rapprocher les familles de l’école?4

Page 76: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Le B

lanc-M

esn

il•

décem

bre

200

9L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

Le débat se poursuit sur la nécessitéde mettre en place des instances dediscussion entre parents pour déve-lopper la confiance en soi avant dedemander aux représentants de l’Éducation nationale de venir yparticiper. L’exemple est ainsi donnéd’une mère de famille qui n’envisa-geait pas de prendre la parole, maisqui, entre parents, s’est sentie à l’aisepour le faire. Au cours des échanges,les parents ont manifesté le désird’une ouverture des établissementsscolaires à leur égard « dès la mater-nelle ». La place des pères dans cesdémarches met en lumière la diffi-

culté de les mobiliser. À l’inverse, laparticipation d’un père de famille àl’amicale des parents de l’écoleMaurice-Audin est soulignée.

Les expériences présentées démon-trent l’importance des initiativesprises par les parents, qui leur per-mettent de prendre toute leurplace dans l’action conduite(exemple de l’amicale des parents).Sollicitée, l’Éducation nationaleest à même de se mobiliser autourd’une action (exemple des ASLconduits à Sevran et proposés parl’inspection académique).

Enfin, de nombreux parents dé -montrent concrètement une im -pli cation exceptionnelle pour laréussite de leurs enfants :– une mère amenée à aller cher-cher son fils collégien quotidien-nement pour le protéger ;

– des parents présents sur le che-min du collège pour tranquilliserles collégiens et engager le dia-logue avec les adolescents ;

– deux demi-journées consacrées àdes ateliers sociolinguistiquescentrées sur les enjeux de la sco-larité. ■

* Les ASL ont un site Internet : www.aslweb.fr

■ ANIMATION : Anny Baclet, service PMI, Conseilgénéral.■ RAPPORT : Stéphanie Zurecki, centre socialEspace Gros-Saule, Aulnay-sous-Bois.

LA LUDOTHÈQUE est un lieud’accueil des familles, des pa-rents et des enfants. Pour Pas-

cal Decampe, qui la dirige, ce n’esten rien un lieu de garde, mais unlieu d’échanges ! Pascal et sonéquipe organisent cet espace sur leprincipe de l’invitation : c’est unespace dans lequel aucun range-ment n’est imposé, un terrain dujeu pour tous !

La majorité des échanges de cetatelier a été constitué de témoi-gnages de parents fréquentant celieu ou d’autres ludothèques.

Ainsi, la plupart des parents pré-sents étaient venus dire l’impor-tance de ce lieu pour les aider dansleur rôle de parents. Pour lesparents en effet, un tel espace per-met à l’enfant de découvrir et d’ac-

quérir des compétences ou desconnaissances, d’échanger avecd’autres enfants… Mais il permetégalement et surtout – ce fut là lepoint maintes fois souligné danscet atelier – aux parents de se res-sourcer. En effet, selon leurstémoignages, la ludothèque favo -rise le détachement physique del’enfant et de l’adulte, position-nant l’adulte en tant qu’observa-teur de l’enfant : « Je peux constaterl’évolution de mes enfants, ils chan-gent de jeux… » Le lieu favoriseainsi le développement d’un tempsde confiance entre l’enfant etl’adulte, en permettant à ce dernierde mieux connaître son enfant,comme en témoigne l’un des pèresprésents. Les activités proposéespréparent à l’autonomie et soula-gent ainsi les relations entre leparent et son enfant.

Enfin, la ludothèque permet de seposer entre adultes, de jouer oud’échanger entre adultes, de faire« société », de se soutenir et de par-

tager. Ainsi, ces temps d’accueilont permis à un groupe d’adultesde se constituer. Ces adultes seréunissent désormais en dehors dela ludothèque pour échanger etréfléchir ensemble à leur rôle deparent.

À l’issue de cet atelier durantlequel l’ensemble des échanges etdes témoignages était extrême-ment positif, tous les participantsétaient d’accord pour dire leurenvie de créer le même type destructure permettant l’apaisementdes relations parents/enfant dansleur quartier. ■

La ludothèque est ouverte au public le mardi et le jeudi de16 heures à 18 heures et le mercredi de 10 heures à midi.Deux créneaux horaires sont réservés aux tout-petits (0-3 ans) accompagnés de leurs parents : le jeudi et le ven-dredi de 10 heures à 12 heures.Le jeudi matin est une plage horaire réservée spécifique-ment à une activité axée sur la motricité qui se dérouledans le dojo de la Maison pour tous, sur un tapis qui offreune bonne élasticité, pour prévenir les blessures en casde chute. Un matériel spécifique est installé : module pourgrimper, tunnel, balle, tapis d’éveil pour ceux qui ne mar-chent pas encore…

1, 2, 3 parents !AVEC LA PARTICIPATION DE :• La Ludothèque, Maison pour tous Jean-Jaurès, 2 bis, avenue Jean-Jaurès, Le Blanc-Mesnil, Tél. : 0148661703.

Jouer : un moment à privilégier pour les enfants et les parents !4

Page 77: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Neu

illy

-sur

-Mar

ne•

décembre

201

0S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapN E U I L L Y - S U R - M A R N E

A ville de Neuilly-sur-Marne est heureuse d’accueillircette 10e rencontre du Réseau d’écoute, d’appui et d’ac-compagnement des parents (Réaap) de la Seine-Saint-

Denis. En effet, la municipalité a toujours été attentive à favoriserl’aide aux familles dans leur tâche d’éducation. Cette aide prenddifférentes formes : avec les partenaires institutionnels que sont laCaf et le Conseil général dans les centres de protection maternelleet infantile, avec les services municipaux dans les crèches où lesparents sont impliqués dans les conseils d’administration, avec lecentre social Louise-Michel qui accueille cette rencontre ce soir,où les activités destinées aux adultes et aux familles et le renfor-cement du dialogue parents-enfants font partie des grands axes deson projet social depuis sa création il y a quinze ans. Depuis 2003, le centre social bénéficie d’un deuxième agrément dela Caf, l’« animation collective familles », pour lui permettre de par-ticiper à l’amélioration de la vie de famille, notamment par le biaisd’actions d’accompagnement de la fonction parentale. Un poste deréférent familles a ainsi été créé pour coordonner et développerles actions spécifiques pour les familles.

Le centre social a ainsi développé différentes actions de soutien àla parentalité dans l’objectif de faire ensemble, de vivre ensemble :• La halte-jeux, lieu de jeu, d’éveil, de socialisation, où l’on apprendprogressivement à se séparer de ses parents. Ce lieu accueille, partranche horaire, 13 enfants de 3 mois à 3 ans dont un des parentsne travaille pas. Elle fonctionne 26 heures par semaine. 38 jeunesenfants y sont accueillis depuis le mois de septembre.• Un lieu d’accueil parents-enfants nommé « Premiers pas », lieud’écoute, d’échange et de jeu autour du jeune enfant, qui touchede nombreuses familles nocéennes. Il fonctionne chaque vendredimatin et est fréquenté par près de 100 familles par an.• Le relais assistant(e)s maternel(le)s (Ram), qui propose un ac-cueil jeux une fois par semaine à destination des 20 assistantesmaternelles inscrites et des enfants qu’elles accueillent. Une per-manence d’information est organisée une fois par semaine en di-rection des parents et des assistantes maternelles. Une soirée àthème mensuelle est également programmée pour les assistantesmaternelles.

• Un atelier jeux à la ludothèque, espace du centre social qui ac-cueille tous les publics à partir de 3 ans. La ludothèque participeainsi au renforcement des liens parents-enfants mais aussi au dé-veloppement des échanges entre adultes et adolescents. 58 fa-milles nocéennes sont adhérentes de la ludothèque.• Un atelier Cuisine et astuces parents-enfants, qui, en périodescolaire, fonctionne en direction des adultes, mais que les enfantsrejoignent pendant les vacances scolaires : les participants vien-nent alors y cuisiner avec leurs enfants. • Des sorties, notamment culturelles, qui sont régulièrement pro-posées aux familles adhérentes de la ludothèque. Le centre socialet ses partenaires organisent également tous les étés des sortiesfamiliales au bord de la mer pour les familles nocéennes qui n’ontpas l’occasion de partir en vacances.• Le projet vacances familles, grâce auquel, chaque année, envi-ron 10 familles nocéennes mettent en œuvre avec le centre socialleur projet de vacances en famille. La phase de construction duprojet permet le rapprochement des familles et l’instauration d’unedynamique de groupe, les vacances sont l’occasion de renforcerles liens familiaux.• Des manifestations festives, qui ponctuent l’année, sont l’occa-sion d’organiser, de participer ou d’assister en famille à des spec-tacles, à des expositions et à des animations.• L’accompagnement à la scolarité, au centre social, qui associeles parents afin qu’ils soutiennent et suivent la scolarité de leursenfants (réunions trimestrielles, restitution des travaux des enfantslors des manifestations festives…).• Un atelier de savoirs partagés, basé sur l’échange de techniquesartistiques et la convivialité entre femmes du quartier, qui est sou-vent l’occasion pour les participantes de parler de leurs enfants,de leur vie de famille.• Le Café des parents, action qui fut mise en œuvre duranttrois ans (de mai 2007 à juin 2010) au centre social avec denombreux partenaires locaux. Le Café proposait aux parentsd’ados et de pré-ados de se retrouver pour échanger sur desthèmes en lien avec la parentalité et d’être informés par desprofessionnels. Cette action a bénéficié d’un financement duRéaap 93.

LL E S M O T S D ’ A C C U E I L

Page 78: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r e

n

t a

l i t é

s

Neu

illy

-sur

-Mar

ne•

décembre

201

0L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

À côté des actions développées par le centre social, la ville deNeuilly-sur-Marne est également impliquée, pour la 4e annéeconsécutive, dans le programme de réussite éducative (Pre) dontla mission est d’aider les enfants en difficulté scolaire par plusieursactions en direction des parents :• Une écoute attentive et une aide personnalisée. Deux tra-vailleurs sociaux sont disponibles pour recevoir, avec ou sans ren-dez-vous et autant de fois qu’ils le désirent, les parents des enfantsqui sont adressés par l’Éducation nationale. À ce jour, de nombreuxparents, essentiellement des mères, y trouvent régulièrement aide etréconfort.• Des cours d’alphabétisation. Mise en place depuis quatre anségalement, cette formation permet à 15 parents d’acquérir lesbases et de mieux maîtriser la langue française, ce qui facilite l’ac-compagnement scolaire de leurs enfants et améliore les relationsavec l’Éducation nationale. • Une écoute familiale. Un psychologue est à la disposition des pa-

rents et des familles qui souhaitent être aidés. Le Pre offre ainsiaux familles qui le souhaitent la possibilité de parler ponctuelle-ment de leurs difficultés familiales ou personnelles.• Un suivi psychologique, proposé aux parents ayant de grossesdifficultés ou ayant vécu des drames familiaux.• Diverses aides qui peuvent être apportées selon les besoins et enfonction de la situation familiale. Au total, ce sont 203 familles qui sont concernées par au moins unedes actions du programme de réussite éducative.

L’ampleur des actions mises en place témoigne de la volonté de laville de Neuilly-sur-Marne de placer les enfants et leur famille aucentre de ses préoccupations.

Marie-José Tardif,vice-présidente du centre communal d’action sociale,

maire adjointe en charge des affaires sociales ■

EST toujours avec le même plaisir que je suis présentparmi vous pour ouvrir cette soirée rencontre du réseaud’écoute d’appui et d’accompagnement des parents

(Réaap) dans ce centre social Louise-Michel de Neuilly-sur-Marne. Je remercie son équipe pour son accueil chaleureux quicontribue à la réussite de cette rencontre. L’action de la Caisse d’allocations familiales (Caf) de la Seine-Saint-Denis se situe au cœur des solidarités familiales et sociales.Elle contribue à assurer l’épanouissement et le bien-être de l’en-fant et de toute la famille, en aidant à concilier vie familiale, vie pro-fessionnelle et vie sociale, en accompagnant les parents dansleurs responsabilités éducatives.C’est dans ce sens que la Caf est impliquée dans différents dispo-sitifs d’appui à la parentalité : le Réaap, les contrats locaux d’ac-compagnement à la scolarité (Clas), les lieux d’accueil enfants- parents (Laep).Pour ma part, je souhaite que la mise en place, au niveau national,du Comité national de soutien à la parentalité puisse voir sa décli-naison départementale avec la parution de l’arrêté, permettantainsi un renforcement de la coordination des partenaires et desactions au niveau local.Cette 10e soirée rencontre concerne les acteurs de la parentalitédes communes de Clichy-sous-Bois, Gagny, Gournay-sur-Marne,Le Raincy, Montfermeil, Neuilly-Plaisance, Neuilly-sur-Marne,Noisy-le-Grand, Rosny-sous-Bois et Villemomble.Depuis 1999, la Ddass, aujourd’hui Ddcs (Direction départementalede la cohésion sociale), qui est à l’origine de ce réseau sur le dé-

partement de la Seine-Saint-Denis avec le Conseil général et la Caf,a permis le développement de nombreuses actions en faveur desfamilles. L’animation du réseau est effectuée par Profession Ban-lieue, dont je salue l’engagement et le sérieux du travail réalisé.D’autres acteurs participent au comité de pilotage, comme la Fédération des centres sociaux, pour sa connaissance des quar-tiers, ou l’Éducation nationale, afin de favoriser les articulationsavec les établissements scolaires et les associations.C’est là le signe de la richesse de ce réseau qui permet aux parentset aux professionnels d’échanger et de progresser ensemble.Le Réaap accompagne et favorise le développement de ces lieuxd’expérience dans les centres sociaux, dans les maisons des pa-rents, dans les quartiers, là où vivent les familles.Le réseau est très attentif à ce que les initiatives soient soutenues,accompagnées par les parents, par les professionnels et les insti-tutions, et à ce que les financements soient mobilisés.La Caf de la Seine-Saint-Denis est particulièrement sensible à cettedémarche d’accompagnement de la fonction parentale qui est ins-crite dans les finalités de l’action sociale des Caf comme une néces-sité contemporaine forte, pour permettre à l’enfant de se construiredans de bonnes conditions. La circulaire d’orientation d’action so-ciale pour la période 2009-2012 précise que « l’action sociale des Cafdans le domaine de la parentalité contribue au maintien des liensentre parents et enfants. Elle favorise l’épanouissement de chacundes membres de la famille, valorise les compétences parentales ».La Caf s’implique plus fortement dans le comité de pilotage et lecomité de financement du Réaap et finance cette année plus de

C’

Page 79: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Rachel Knoerr, centre socialLouise-Michel, Neuilly-sur-Marne.■ RAPPORT : Brigitte Bouquet, Caf, Neuilly-sur-Marne.

Apprendre aux mères à « faire àmanger » en intégrant d’autres pra-tiques, valoriser leurs savoirs et leurscompétences, les aider à s’organiseren fonction de leur budget, à prévoiret à se projeter, partager enfin… telssont les objectifs des deux actionsprésentées lors de cet atelier.

Atelier Ratatouille, centre social du Pré-Gentil

L’atelier se compose d’un groupede parents d’âges et d’origines trèsdivers. Pendant les vacances sco-laires, les enfants peuvent égale-ment y participer. Le support de laséance est une recette de cuisinechoisie par le groupe, à partir delaquelle les échanges s’engagent

autour de thèmes très variés : lesaccidents domestiques, le com-portement à la maison, les garçonset les filles en cuisine, les relationsparents-enfants et bien d’autres.Les moments les plus porteurs sontceux liés aux fêtes – Noël, Pâques…– car ils génèrent une joyeuse effer-vescence autour des recettes. Laphase de dégustation du plat resteun moment convivial de plaisirspartagés et d’échanges. Un livre esten cours d’élaboration afin de par-tager des « trucs et astuces » etd’aborder l’aspect économique.Les ateliers qui réunissent parentset enfants se déroulent une fois parmois le mercredi pour les mamanset les enfants du centre de loisirs.C’est l’occasion de préparerensemble un repas équilibré, depermettre des échanges entre lesenfants et les parents.Après le repas, la journée se terminepar la projection d’un film suivi

d’un débat et d’un jeu. Le sujet dufilm est la recette du jour et le jeuest en rapport avec la recette. Legagnant repart avec un cadeau. Lesgroupes sont composés d’une ving-taine de personnes à chaque séance.Cet atelier éducatif et ludique favo-rise le lien social dans le quartier.

Atelier Cuisine et astuces, Amfd

Cet atelier qui accueille les mères etles enfants se déroule dans le local del’association Amfd, à Pavillons-sous-Bois. Les mères vont au marché avecune technicienne de l’interventionso ciale et familiale (Tisf), préparentle repas, déjeunent, puis font la vais -selle et nettoient la salle ensemble.La confection du repas et son parta-ge sont le moyen de faire progresserleurs savoirs linguistiques. La dégus-tation permet de ressentir le plaisirde partager un repas (ce qui néces siteP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s3

50 structures proposant des actions en direction de la petite en-fance, des actions sur le lien entre les familles et l’école, les mai-sons des parents et des actions de théâtre-forum.Elle a également soutenu les porteurs de projet pour la créationde nouveaux lieux d’accueil enfants-parents sur le département,109 actions d’accompagnement à la scolarité ainsi que le finan-cement de 3 associations de médiation familiale. Son budget pour2011 prévoit la poursuite de cet effort, avec la création de 5 nou-veaux lieux d’accueil enfants-parents et de 5 centres sociaux.

Je remercie les différents acteurs qui ont rendu possible cettemanifestation, les parents au cœur de cette soirée, les profes-sionnels, ainsi que les membres du comité de pilotage du Réaap.Je nous souhaite des échanges dynamiques et constructifs lorsde nos travaux.

Jean-Pierre Tourbin,président du conseil d’administration de la Caf

de la Seine-Saint-Denis ■

• • • A T E L I E R S • • •

Être gourmands ensembleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Eddy Cyrilla, centre social du Pré-Gentil, 2 allée de Colmart, Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 12 60 30.• Christine Hie, Caf, Neuilly-sur-Marne (atelier Cuisine et astuces, Pavillons-sous-Bois).

Préparer un repas, un moment conjuguant plaisir et éducation4

Page 80: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

de rester assis le temps du repas, parexemple…). Ce temps de repas par-tagé permet également de dédrama-tiser certaines situations, notam-ment lorsqu’un enfant ne veut pasmanger, par les échanges qu’il occa-sionne. Les femmes prennent alorsconscience qu’elles peuvent agir surleur situation, et le regard qu’ellesportaient sur les professionnels esten outre modifié par ce cadre d’in-tervention différent.Ces ateliers permettent à certainesfemmes de sortir de leur isole-ment. Ils permettent également dedonner des repères dans le tempsaux mères de famille et de les aiderà se projeter dans l’avenir en pro-grammant ce qu’elles pourrontfaire la semaine suivante.Quant aux Tisf, elles découvrent lessavoir-faire des participantes endehors de leur cadre de vie habituel.

DÉBAT

Lors du débat, une femme apporteun témoignage sur ce type d’ate-liers organisés en résidence sociale :

les repas partagés sont des prétextespour discuter et aborder des sujetsimportants, comme la santé, lacontraception… Ces momentspermettent également aux femmes,qui n’ont pas de vraie cuisine dansleur logement, de changer d’es -pace. D’autre part, explique-t-elle,les hommes et les femmes de larésidence sociale sont d’originestrès différentes. Ils ont tous des his-toires de vie difficiles. Malgré leurproximité au sein de la résidence,les occasions de se rencontrer etd’échanger sont relativement rares,d’où l’importance de ces momentsde convivialité pour créer du lien.

Les échanges se sont poursuivisautour de l’intérêt de cuisiner avecses enfants : on peut apprendre larigueur aux enfants à travers unerecette de cuisine. Une femme faitalors remarquer que « l’on est sou-vent plus patient avec les enfants desautres qu’avec ses propres enfants ».Une autre fait remarquer que man-ger avec ses enfants très jeunes n’estpas facile (ils aiment jouer avec lanourriture) et que les repas peuvent

être des moments de stress lorsquel’on est face à des enfants qui refu-sent la nourriture. Comment fairepour gérer au mieux sa nervosité etson anxiété dans de tels moments ?La nourriture et l’affect sont trèsliés, c’est la raison pour laquelle cequi se passe autour du repas est siintense ; avec du plaisir pour cer-tains et de l’angoisse pour d’au -tres… D’autre part, cuisiner uni-quement par contrainte n’est pasagréable, alors que cuisiner avecles autres, c’est échanger.

Les mots clés à retenir des échan gesdans ces ateliers entre professionnels,adultes et enfants sont : Convivialité– Plaisir – Valorisation – Lien social– Rencontre – Échange – Faireensemble – Se retrouver ; maisaussi : Stress – Anxiété – Contrainte.Ces ateliers, qui adoptent desmodes d’intervention différents,sont l’occasion de faire émerger ungrand éventail d’émotions, posi-tives et négatives, et d’échangerafin de tenter de mieux les gérer.Le savoir être y trouve autant saplace que le savoir-faire. ■

■ ANIMATION : Renaud Bonami, centre social duPré-Gentil, Rosny-sous-Bois.■ ANIMATION : Isabelle Fabre, Aide aux mères defamille à domicile (Amfd), Les Pavillons-sous-Bois.

Échange et convivialité,centre social L’Orange bleue

L’ouverture du centre social associa-tif L’Orange bleue a été progressive.

Le centre existe maintenant depuisplus de deux ans. Les parents yparticipent à un atelier « ouvert »le mardi de 14h00 à 16h00, danslequel ils échangent sur des thèmeschoisis par les participants. L’importance est donnée à l’ex-pression en langue française, aurespect de la parole de chacun et àl’échange de conseils.

Différents thèmes ont été abor-dés : la diététique, la vie quoti-dienne (banque, assurance,Edf...), la santé (contraception,gynécologie, prévention du can-cer du sein…). Ils ont pu donnerlieu à des expositions ou à desdébats plus larges.Des échanges autour de l’adoles-cence ont été à l’origine d’un pro-

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

P a

r e

n

t a

l i t é

s

Neu

illy

-sur

-Mar

ne•

décembre

201

0

Échanger et développer des projetsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Véronique Batisse, centre social L’Orange bleue, 22 allée Fernand-Lindet, Clichy-sous-Bois, tél. : 01 45 09 77 30. • Catherine Kerzerho, association Aide aux mères de famille à domicile, 3-5 allée Paul-Lafargue, Les Pavillons-sous-Bois, tél. : 01 48 50 33 90.• Stéphanie Aubriel, centre social de La Boissière, 317, bd de La Boissière, Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 12 16 80.

Des espaces pour favoriser le dialogue et l’entraide, et développer des projets4

Page 81: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

jet spécifique sur la relation entreparents et adolescents.

Espace Parenthé, centre social de La Boissière

Un atelier d’échanges culinairesfavorisant l’échange entre partici-pants existait à l’origine au centresocial. À partir de celui-ci, des demandesont vu le jour pour qu’un tempsdifférent soit réservé à des discus-sions. C’est ainsi qu’est né l’EspaceParenthé.

Cet espace fonctionne une fois parsemaine. Les adultes se rencon-trent autour d’un café ou d’un théet discutent de manière spontanéesans thème prédéfini. Deux sala-riées sont présentes : une psycho-logue et une animatrice.

De cet Espace Parenthé ont émer-gé des idées et des projets qui ontpu être concrétisés :– des « Mamans parties », soiréesmères-enfants organisées par lesfemmes et soutenues par les pro-fessionnelles (soirée karaoké unefois par trimestre où les femmescompilent des musiques de dif-férents pays) ;– le montage d’un spectacle d’om -bres chinoises ;– l’ « Atelier brico-déco », qui apour but l’échange de techni -ques.

Un accueil parents-enfants, Amfd

Deux activités en direction desparents existent au sein de laMaison des enfants et des parentsde Pavillons-sous-Bois :– le lieu d’accueil enfants etparents (Laep) le mardi après-midi et en journée durant lesvacances scolaires ;– « Activités Adultes » le jeudiaprès-midi et en journée durantles vacances scolaires.

Ces activités de groupe ont étémises en place par les techni-ciennes de l’intervention sociale etfamiliale (Tisf ) dans l’optique decompléter le travail fait au domi -cile des familles. Les familles quiparticipent à ces activités sontaidées dans le cadre de la politiquede prévention de l’Aide sociale àl’enfance.L’objectif est de proposer un cadreaccueillant et convivial afin que lesfamilles puissent exprimer leursdifficultés, échanger autour de leurquotidien, partager leurs savoirs etexpériences, expérimenter desmoments ludiques avec leursenfants (notamment dans le cadredes Laep), développer leurs com-pétences.

Dans le cadre des journées, dessorties sont organisées en fonctiondes centres d’intérêt de chacune(actions « Activités adultes »). Une réunion bimensuelle avec lesparticipantes est organisée pourconstruire en semble le programmed’activités. Des débats peuvent être organisésà l’initiative des professionnelset/ou des participantes.

DÉBAT

Les questions des participants ontpermis de préciser différents points.

• Le rôle de l’animateur

Lors de la création d’un atelierpar un groupe, il faut être attentifà ce que les initiateurs du projetne soient pas exclusifs vis-à-vis depersonnes extérieures qui pour-raient vouloir rejoindre le groupe.Le travail de l’animateur est depermettre que chacun puissetrouver sa place ; l’animateurrégule et veille à la mixité socialeet culturelle. Il paraît par ailleurs importantqu’il y ait au moins deux per-

sonnes pour animer le groupe,notamment lors des discussions-débats, les sujets abordés pouvantsoulever beaucoup d’émotion oude controverse.

• Le coût des activités

Pour les centres sociaux, une adhé-sion pour l’année d’environ5 euros est demandée et restenégociable. Les activités sont gra-tuites pour l’Amfd. Une participa-tion financière pour des activitésspécifiques (sorties) peut parfoisêtre demandée.

• Le public accueilli

Les participants à l’atelier ontvoulu savoir si des adultes non-parents pouvaient participer auxactivités. Les centres sociaux deLa Boissière et de L’Orange bleueaccueillent les jeunes femmes etles grands-parents. Ce qui ne cor-respond pas au public de l’Amfd,qui est constitué uniquement demères.

• Le choix des thèmes

Il faut être à l’écoute de ce qui sedit durant les ateliers et se saisir dusujet qui semble faire consensuspour l’exploiter. Les débats peuvent être organisésdurant un atelier, mais souvent, lesparents qui viennent pour partici-per à un atelier spécifique (cuisineou autre) ne souhaitent pas quedes débats soient organisés sur leurtemps d’activité. Ils préfèrent queces temps de débat thématiqueaient lieu à un autre moment. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Page 82: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Dominique Levet, coordonnateurpédagogique, Inspection académique de laSeine-Saint-Denis.■ RAPPORT : Jean-Paul Espié, Direction de l’édu-cation, Conseil général de la Seine-Saint-Denis.

Trente-cinq personnes ont parti -cipé à cet atelier, dont de nom-breux parents. Parmi les profes-sionnels : une assistante socialescolaire, une conseillère en écono-mie sociale et familiale, des asso-ciations, dont le centre social.

L’atelier socio-linguistique (Asl) avec l’Asticollège Romain-Rolland

Treize collèges de Seine-Saint-Denisont ouvert des ateliers socio-linguis-tiques spécifiques « Parent d’enfant –Parent d’élève » destinés aux parentsdes enfants scolarisés dans ces col-lèges. Le projet est porté parl’Inspection académique de la Seine-Saint-Denis en partenariat avec desassociations ou des centres sociaux.Les objectifs de ces Asl sont derendre les parents plus autonomesvis-à-vis de l’école et d’améliorerleur connaissance et leur pratiquede la langue française. Ces ateliers doivent ainsi per-mettre aux parents de « décoder »la vie du collège. Il s’agit que cesparents d’enfants soient aussiparents d’élèves, qu’ils puissentsuivre au mieux la scolarité de leurenfant et s’engager à terme dans lesinstances de décision du collège. Les thèmes abordés sont divers etvariés : du déroulement d’unconseil de classe (à quoi cela sert-il ?

qui peut y assister ?) jusqu’à laquestion de l’orientation, incluantl’explicitation d’un bulletin sco -laire, qui représente un enjeu spé-cifique, et la présentation des dis-ciplines enseignées. Dans le collège Romain-Rollandde Clichy-sous-Bois, l’accueil sefait deux demi-journées par semai-ne, une demi-journée au collège,une demi-journée dans la struc turepartenaire (association ou centresocial). L’horaire tient compte dutemps nécessaire aux parents pourdéposer préalablement leursenfants à l’école. Le choix d’orga-niser les ateliers durant le tempsscolaire a pour objectif de per-mettre aux parents de participer àla vie du collège.Une quinzaine de parents partici-pent à l’Asl du collège Romain-Rolland. L’Association de soutienaux travailleurs immigrés (Asti) estpartenaire. Son implantation dansle quartier et sa proximité du col -lège sont des atouts. Il n’a pas étésimple cependant de faire entrerpartenaires et parents au collège.Mais aujourd’hui, la place de l’Aslest acquise. Au sein du collègeRomain-Rolland, les mères quiparticipent à l’atelier sont très bienaccueillies et acceptées.Au niveau départemental, uncomité de pilotage et un comitépédagogique permettent de fairepartager à l’ensemble des anima-teurs (enseignants et formateurs)des treize ateliers les expériences etles supports mis en place. Chaquemois, tous les binômes, ensei-gnants et formateurs, qui animent

conjointement l’atelier sont invitésà faire part de leurs difficultés et deleurs questions éventuelles, à com-muniquer sur leur organisation età construire une culture profes-sionnelle commune.

Mon ado au quotidien, avec la Confédération syndicale des familles

Mon ado au quotidien est le nomd’un groupe de parents d’adoles-cents qui se réunit tous les premierslundis du mois au centre socialJacques-Prévert de Gagny pourpartager leurs expériences. C’est unespace convivial de rencontres etd’échanges où chacun peut venirparler de son vécu dans le but demettre en commun ses pratiques,ses réflexions, ses interrogations etde trouver, grâce à l’entraidemutuelle entre parents, des solu-tions, du soutien, un enrichisse-ment personnel et de la solidarité.Le groupe est en outre à l’originede la création d’une médiathèquesur le thème de l’adolescence ausein du centre social Jacques-Prévert. Il propose également plu-sieurs ateliers thématiques avec l’ai-de de différents supports : lectures,débats/vidéos, écritures, réflexions,sorties information/détente etthéâtre-forum ; cela avec la colla-boration de la psychologue du col-lège, de l’assistante sociale, de laréférente famille du centre socialJacques-Prévert, qui font égale-ment partie du Gpag (Groupeparentalité adolescence de Gagnyréunissant des professionnels).

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

P a

r e

n

t a

l i t é

s

Neu

illy

-sur

-Mar

ne•

décembre

201

0

Accompagner l’école ensembleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Romain Kieffer, professeur au collège Romain-Rolland, Clichy-sous-Bois.• Nikol Bevis-Surprise, Confédération syndicale des familles, centre socioculturel Jacques-Prévert, 63 rue du 18-Juin, Gagny, tél. : 01 43 30 05 57.• Salima Saghraoui, Les Amis de Bénoni, centre social Caf, 17 allée Clémencet, Le Raincy, tél : 01 40 81 40 34.

La réussite scolaire est une préoccupation des parents. Comment les aider dans l’accompagnement de leurs enfants ?4

Page 83: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

La réussite scolaire est l’une despréoccupation première desparents de Mon ado au quotidienqui souhaiteraient une collabora-tion entre l’école et les famillesplus active pour soutenir lesenfants et les conforter dans leursapprentissages. En collaboration avec les deux col-lèges du quartier, le groupe orga -nise des séances de théâtre-forumau collège Théodore-Monod,séances financées par le Réaap. Cesdeux dernières années, deux sujetsont été abordés : « Le vague del’âme » (mal-être et suicide) et« Les relations parents/ ensei -gnants ». À partir des témoignagestransmis par les parents, la troupede théâtre Entrées de jeu a créé depetites saynètes sur leurs relationsavec les enseignants. Le but de ces pièces est d’aborderde manière ludique les problé-matiques rencontrées pour favo-riser les échanges entre lesparents et l’équipe éducativeautour de l’éducation et la scola-rité de l’enfant. À la fin de la pré-sentation, le meneur de jeu pro-pose de rejouer la situation eninvitant les membres du public(les parents et les enseignants) àintervenir à des moments clés oùils pensent pouvoir dire ou fairequelque chose qui changerait lecours des événements en positif.Grâce à cet outil, il est possiblede relier les deux univers biendistincts que sont l’école et lafamille, univers qui se côtoientmais qui, malgré leur objectifcommun, ont beaucoup de mal àcommuniquer...Dominique Levet rappelle quehuit séances de théâtre-forum des-tinées à favoriser les liens entrel’école et les parents ont été finan-cées au titre du Réaap durant l’an-née scolaire 2010. Le niveau departicipation des parents et desprofesseurs est très variable, lesparents étant entre 20 et 60 àchaque séance.

L’aide aux devoirs, Les Amis de Bénoni

L’association Les Amis de Bénonine sait pas si elle intervient dans lecadre de l’aide aux devoirs ou danscelui du soutien scolaire, cettebataille sémantique ne l’intéressepas ; ce qui l’intéresse est d’interve-nir. Son action est structurée de lafaçon suivante : le soutien scolaireapporté aux élèves de primaire parun adulte et deux collégiens tous lessoirs de la semaine et, en échangede l’aide apportée par les collégiens,la présence d’une bénévole tous lesmercredis après-midi pour aider cescollégiens dans leurs devoirs. Unpartenariat a été noué avec la Caf, lecentre social, l’Oph et le Ccas, etc’est ainsi une bénévole de la Caf quiparticipe à ce soutien scolaire. Lecentre social du Raincy met à la dis-position de l’association deux sal les,l’une pour le soutien scolaire, l’autrepour des jeux de société.La participation des parents n’estpas acquise et reste difficile malgréles moyens que l’association met àdisposition. Pour Les Amis deBénoni, faire se rencontrer l’insti-tution scolaire et les parents resteune difficulté réelle.

DÉBAT

Lors du débat a été souligné le faitque le parent convoqué au collègeest bien souvent perdu, intimidé parla structure scolaire, et ce d’autantplus s’il ne parle pas français. Maisl’impact de l’Asl dépasse le seul cadreéducatif. Ainsi, lors des questionsautour de la vaccination, certainsparents ont pu se rendre compte deleurs propres besoins de vaccination(contre le tétanos par exemple).Il a également été souligné que laprésence des parents lors desconseils de classe était importante.Quand les parents élus sont indis-ponibles, en accord avec le chefd’établissement, des parents peu-vent être désignés par les associa-

tions de parents. C’est ainsi quedes parents du collège Romain-Rolland issus des ateliers Asl quin’étaient pas inscrits sur les listesont pu participer à des conseils declasse. L’élection des parentsd’élèves est une élection trèsimportante en nombre d’électeurs,car elle concerne tous les parentsde toutes nationalités ; mais c’estmalheureusement une élection quiest très peu médiatisée : les pou-voirs publics ne l’évoquent jamaiset n’incitent pas les parents à allervoter. Il a été pointé que, lorsquedes Asl existent dans les centressociaux, les parents vont plus faci-lement voter aux élections organi-sées dans les écoles primaires.Des participants ont fait remar-quer que quelques collèges sem-blent particulièrement fermés vis-à-vis de l’extérieur et que certainschefs d’établissement semblentpeu connaître leurs partenairespotentiels. La mise en place d’Aslpermet alors une ouverture.Un participant a fait remarquer que,dans son centre social, la soirée bilande l’accompagnement scolaire réunitbon nombre de parents et, parmiceux-ci, une moitié qui parlent trèspeu français et viennent avec leursenfants. Pour faire participer lesparents à ce bilan, l’équipe du centresocial a mis en place des activitésludo-éducatives (animations artis-tiques, scientifiques…), dont : ungoûter pour clôturer le bilan (tra-vailler à plus de convivialité) ; unpré-accueil dans le local de l’associa-tion ou du centre social, suivi d’undéplacement collectif (ensemble) aucollège ; la mise à disposition d’unesalle dans le collège destinée àaccueillir les parents pour favoriserdes échanges avec les professeurs, lesinfirmières, les assistantes sociales.Enfin, il a été noté que tous lesélèves ne sont pas favorables à lavenue de leurs parents au collège ;certains se demandent ainsi pour-quoi on souhaite absolument lesfaire venir dans leur école ! ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s7

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Page 84: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r e

n

t a

l i t é

s

Neu

illy

-sur

-Mar

ne•

décembre

201

0L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

Atelier Bricol’âge, centre social du Pré-Gentil

Favoriser la présence des pères…c’est dans cet objectif que le centresocial s’est appuyé sur Driss Hitmi,agent de maintenance et habitant duquartier de longue date, pour propo-ser une fois par mois, le samedimatin, un atelier bricolage ouvertaux parents avec leurs enfants.Depuis maintenant un an, pères etenfants fabriquent ensemble billardschinois, tangram… Les enfants tra-cent, les pères découpent et chacunemporte son jeu une fois terminé.Des réalisations collectives naissentaussi : châteaux forts, maisons auxfenêtres éclairées… une dizaine departicipants rivalisent d’ingéniosité etles enfants sont épatés par leur père..

Atelier Les Petits Lapins, centre social L’Olivier

La halte-jeux Les Petits Lapinsaccueille les enfants de 18 mois à3 ans. Les parents souhaitaientpartager des activités avec leursenfants ; ont alors été organisés unéveil musical, des expériences scien-tifiques, des sorties découverte de lanature, la fabrication de décora-tions de Noël… Aujour d’hui, lesparents proposent des activités etune dynamique s’est créée. Ce sontenviron 35 familles qui participentactivement à cet atelier (7 enfants et5 adultes par séance en moyenne).Tous habitent le quartier et sedécouvrent, échangent, discutentde l’éducation des enfants. Les enfants aussi changent d’attitu-de, notamment en fonction de laprésence ou pas de leurs parents.

Lors de l’atelier, un père confia avecbeaucoup d’émotion comment ilavait vu sa fille se transformer sousses yeux. Il se sentait désormaisconfiant pour sa prochaine intégra-tion à l’école maternelle. Les anima-trices soulignèrent cependant queles pères étaient peu nombreux à semobiliser, tout en reconnaissant queles horaires d’ouverture de la halte-jeux ne leur étaient guère favorableset qu’elles ne savaient pas exacte-ment, d’autre part, quelle place leurdonner. En écho : à l’atelierBricol’âge, tous les participants ontconvenu que le recours au stéréo -type « le bricolage, c’est pour leshommes ! » avait le mé rite de fonc-tionner.

Atelier Tout conte fée, centre social du Pré-Gentil

Lors de l’atelier Tout conte fée,c’est autour du livre que le centresocial du Pré-Gentil accueille lesfamilles et leurs enfants jusqu’à6 ans, une fois par mois le samedimatin, autour d’un petit déjeuner.Une comédienne y fait vivre leshistoires de mille façons : décors,marionnettes en cartons, instru-ments de musique… sortent deslivres comme par magie.En famille, se familiariser avec leslivres, libérer la créativité… tousles moyens sont bons pour désa-craliser le livre. Les enfants qui nesavent pas encore lire sont incités àraconter une histoire à partird’images, à se lancer dans unechanson. Ils apprennent ainsi às’exprimer en public, incités etsoutenus par leurs parents qui, àleur tour, apprennent comment

exploiter un livre à partir desimages, même s’ils ne maîtrisentpas bien la langue.

DÉBAT

À partir de ces expériences, ledébat sur la participation des pèresa ressurgi : implication différenteselon les milieux sociaux, maisaussi importance des plageshoraires choisies (les pères vien-nent plus facilement le samedi,seuls ou en couple, le mercredi neviennent que des mères). D’autres aspects ont également étémis en avant : le milieu profession-nel socio-éducatif est très féminiséd’une part, « faire ensemble », par-ticiper à une activité commune neva pas de soi dans une société plu-tôt habituée à ce qu’enfants etparents aient leurs activitéspropres, d’autre part. Selon l’expé-rience de l’Amfd avec les mèrestrès isolées vivant en hôtel, il fautd’abord permettre à ces femmesd’être ensemble dans un lieu cha-leureux où elles se sentent enconfiance, avant de leur proposerde « faire ensemble » avec leursenfants. Il faut donc avancer dou-cement pour construire petit àpetit quelque chose ensemble.

On retiendra de ces débats quel’activité support pour la relationparent-enfant importe peu, l’es-sentiel étant qu’elle permette valo-risation, transmission et créativité. Faire sous le regard de l’autre –celui de l’enfant, du parent ou duprofessionnel – nous révèle àl’autre ; ainsi s’enclenche une rela-tion nouvelle. ■

Faire ensembleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Sahela Khelil et Barara Puyot, centre social L’Olivier, 17, allée Clémencet, Le Raincy, tél. : 01 40 81 40 34.• Driss Hitmi, Céline Chocat et Monique Zaki, centre social du Pré-Gentil, 2, allée de Colmart, Rosny-sous-Bois, tél. : 01 48 12 60 30.

Des actions pour créer du lien social et familial4

Page 85: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sS

ain

t-D

enis•

ce

mb

re

2011

S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapS A I N T - D E N I S

e voudrais avant tout remercier les partenaires, la CAF aveclaquelle nous menons une réflexion sur les modes d’accueil,la ville de Saint-Denis qui accueille cette soirée « Être pa-

rents aujourd’hui » de présentation et d’échange d’expériences, lecomité de pilotage du Réaap, un espace important qui permet deréinterroger les politiques publiques qui sont à l’œuvre, ProfessionBanlieue qui anime le réseau et, bien entendu, les associations,toutes les structures et surtout les parents qui sont le cœur de l’ini-tiative.

On peut déjà noter un symbole assez fort au sujet de cette ren-contre, car sont réunies ce soir toutes les villes qui composerontdemain la future communauté d’agglomération, Saint-Ouen étantla dernière à la rejoindre.

Se retrouvent également ce soir les 3 circonscriptions de servicessociaux départementales, les services municipaux, les associa-tions intéressées et des parents d’Aubervilliers, La Courneuve,L’Île-Saint-Denis, Épinay-sur-Seine, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Saint-Ouen, Stains, Villetaneuse.

Dans toutes ses activités en direction des enfants et des familles(crèches, protection maternelle et infantile, aide sociale à l’en-fance, éducation et service social), le Conseil général entend aiderles parents à exercer leurs responsabilités parentales, apportantun soutien tout particulièrement à ceux dont les conditions de vieet les difficultés sociales rendent encore plus difficile le rôle de pa-rents – y compris en tenant compte des évolutions des structuresfamiliales marquées par les divorces, les recompositions fami-liales, l’accroissement du nombre de familles monoparentales, etdonc de femmes seules élevant des enfants.

Face à toutes ces situations, ce n’est pas de stigmatisation dontont besoin les parents, les femmes, les enfants et les adolescents,mais bien plutôt de soutien, de reconnaissance et de propositions,dans le respect des principes de la circulaire de 1999 qui ont donnénaissance au Réaap : favoriser les échanges et les relations entreles parents dans des lieux où les professionnels ne se situent pascomme experts mais jouent plutôt un rôle d’animateur et de régu-lateur ; valoriser les rôles et compétences des parents : responsa-

bilité et autorité, confiance en soi, transmission de l’histoire fami-liale, élaboration de repères, protection et développement de l’en-fant ; travailler sur la base de la libre adhésion et de la confidentia-lité.

D’où l’émergence de toute une série d’initiatives, de soutien à deslieux de partage et de rencontre, au plus près du foyer familial,dans les quartiers.

Je voudrais également profiter de cette rencontre pour évoqueravec vous quelques éléments de bilan. En 2010, 5 000 parents ontparticipé aux actions soutenues par le Réaap. Le Conseil général a soutenu financièrement 27 actions, pour un budget de 228000 € : 10 actions menées par des communes, dont 8 Maisons des parents, avec 2 projets, l’un à Saint-Denis et l’autre à Aubervilliers ;11 actions menées par des associations épaulées par des profes-sionnels ; 6 actions de portée départementale, comme le soutienaux parents adoptant et l’École des parents et des éducateurs. LaCAF, quant à elle, a soutenu 54 actions, pour un montant de284000 €. L’État enfin a soutenu 11 actions, pour un budget de50000 €.

La soirée qui nous est proposée permettra sans doute de poser desconstats, mais également de s’enrichir mutuellement. Mais j’y voisune autre nécessité, dans l’échange d’expériences, dans la re-cherche et la concrétisation de pratiques nouvelles innovantes, ils’agit de mieux coller aux évolutions de la société.

Pour un élu de ce secteur, une telle soirée est une aide précieuseet nécessaire pour adapter, faire évoluer les structures et les ré-ponses afin d’être au plus près des besoins et des attentes.

Les 4 ateliers de ce soir (Cuisiner en famille, Des parents et des en-fants handicapés, Je ne suis pas qu’un parent ! Accompagner lestransitions scolaires) doivent nous y aider.

Encore merci à tous, bon travail mais aussi bon moment de détenteet de partage.

Bally Bagayoko, vice-président chargé de l’enfance et de la famille,

Conseil général de la Seine-Saint-Denis ■

JL E S M O T S D ’ A C C U E I L

Reaap11_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 19/04/12 14:39 Page1

Page 86: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Sain

t-D

enis•

ce

mb

re

2011

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

out d’abord, je voudrais remercier tous ceux qui ont permisla tenue de cette soirée. L’ensemble des thématiques quisont évoquées au travers des ateliers préoccupent la ville

de Saint-Denis depuis un certain temps. Elles ont pu être repéréesau travers de différentes rencontres organisées avec la populationdans des cadres divers et variés.

Ces rencontres ont fait cheminer la ville vers le projet de créationd’une Maison des parents qui, après un long mûrissement, ouvrirases portes début janvier.

Les axes qui seront abordés ce soir sont aussi ceux autour des-quels nous avons beaucoup travaillé parce que, notamment, êtreparent, ce n’est pas un métier, cela ne s’apprend pas. Même si lesconseils de ses propres parents, de ses amis, les échanges intra-familiaux peuvent permettre d’aborder un certain nombre de ré-ponses aux questions auxquelles tout parent est confronté, il estaussi très enrichissant et fondamental de pouvoir partager avecd’autres, dans un cadre plus neutre.

Il est tout aussi important de pouvoir recevoir les conseils de pro-fessionnels sur des problématiques plus précises. Toutes ces ré-flexions ont conduit à l’ouverture de la Maison des parents.

La famille d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier (familles recompo-sées, familles monoparentales…), des questions diverses la tra-versent qui amènent à se réinterroger en permanence sur ce quifait famille aujourd’hui.

C’est aussi bien sûr les questions d’immigration – tout le monde n’apas le même rapport aux enfants. Il est donc primordial de s’inter-roger, de comprendre l’autre et son rapport aux enfants, son rap-port à ses propres enfants.

Toutes ces questions sont fondamentales dans la société d’aujour-d’hui qui est une société en pleine mutation, où la crise qui noustouche ajoute encore à la complexité. La précarité n’est pas làpour arranger les choses, bien au contraire.

Aussi, la réflexion de tous, les points de vue et les positionnementsde chacun peuvent permettre d’avancer pour imaginer etconstruire des actions très concrètes qui concourent au mieuxêtre du plus grand nombre. Je souhaite donc que cette soirée per-mette à chacun de s’enrichir mutuellement.

Fabienne Soulas, maire adjointe en charge des solidarités ■

■ ANIMATION : Dominique Levet, Inspection aca-démique de la Seine-Saint-Denis.■ RAPPORT : Sabrina Azib, chargée de missionParentalité, Aubervilliers.

Ce groupe était composé de 18 per-sonnes : 15 professionnels et 1 parentaccompagné de 2 adolescents.

Maison des parents

La Maison des parents de Saint-Denis doit ouvrir ses portes en jan-vier 2012. Durant la mission depréfiguration, en juillet 2011, lesresponsables de la future structureont été interpellés par une directrice

d’école afin de mettre en place unespace chaleureux, au sein de l’éta-blissement, pour les parents d’en-fants entrant en petite section dematernelle. L’objectif était d’échan-ger entre adultes sur les questions deséparation parents-enfants, de jugu-ler les inquiétudes des parents…

• • • A T E L I E R S • • •

Accompagner les transitionsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Messaouda Benamar, Maison des parents, 2 place du Caquet, Saint-Denis. Tél. : 0149336474.• Martine Dubail, Maison de quartier La Plaine, 5 rue Saint-Just, Saint-Denis La Plaine. Tél. : 0183722050.• Ahn Tu Duaong, SFM-AD, 7 rue Lamartine, Stains. Tél. : 0148218574.• Vanessa Attia et Safiatou Sagot-Duvaurou, PRE, 14 rue Jean-Durand, Stains. Tél. : 0149714018.

L’entrée à la maternelle, au CP, au collège… Autant de passages, de transitions difficiles pour les enfants, qui génè-rent du stress et de l’angoisse chez les parents.

4

T

Reaap11_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 19/04/12 14:39 Page2

Page 87: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

Les parents ont pu être reçus dansla salle des maîtres, deux matinéesde la première semaine de classe.Au total, 12 parents ont étéaccueillis dont 2 papas. L’objectifde ces rencontres n’a pas été force-ment atteint, car les famillesavaient d’autres enfants déjà scola-risés et, pour ceux-ci, leur préoccu-pation majeure était plutôt centréesur la rentrée scolaire des enfantsentrant en 6e (dans quel collègescolariser mon enfant ? collège desecteur ou collège privé ? problèmede racket, de violence…). Enrevanche, d’autres échanges ont eulieu sur l’isolement des femmes etles modes de garde.

PRE de Stains, SFM-AD

Le programme de réussite éduca -tive (PRE) est un dispositif natio-nal qui s’inscrit dans le volet « éga-lité des chances » de la loi de pro-grammation pour la cohésionsociale du 18 janvier 2005. Ils’adresse prioritairement auxenfants et aux adolescents de 2 à16 ans scolarisés dans des établisse-ments des premier et seconddegrés relevant des zones d’éduca-tion prioritaires et/ou habitantdans des quartiers inscrits dans lagéographie de la politique de laville. Le programme de réussite éduca -tive de Stains a été mis en place en2007 et s’attache particulièrementà lutter contre le décrochage sco-laire en développant une attentionparticulière aux phases de transi-tion (entrée en maternelle, élé-mentaire, collège, lycée).L’association Solidarité, formation,mobilisation, accueil et développe-ment (SFM-AD) est à la fois uncentre de formation (notammentlinguistique) et un centre social. Lecentre social de Stains a développédifférents axes de travail, en parti-culier autour de la famille.Proposant une halte-garderie et unmulti-accueil, il a mis en place un

atelier « Devenir grand » dans lecadre du PRE dès le démarrage dudispositif pour pouvoir aborder3 problématiques : la séparationparents-enfants – dans le but dedévelopper l’autonomie de l’enfant(temps d’adaptation…) –, la socia-lisation des petits, le langage. Ces ateliers ont lieu 2 heures parsemaine. Les professionnels ac -cueillent de 5 à 6 enfants, âgés de 2à 3 ans, n’ayant jamais fréquenté lavie en collectivité. L’atelier est pro-posé à des enfants repérés par leséducatrices de l’es pace multi-accueil parce qu’ils présentent desdifficultés particulières. Ce peutêtre aussi le PRE qui propose à desmamans accompagnées par la réfé-rente de parcours cette prise encharge de leurs enfants qui vontentrer à l’école maternelle et pourlesquels ce type de préparationsemble pertinent. Les parents dont les enfants partici-pent à l’atelier « Devenir grands »sont rencontrés collectivement audébut et à la fin de l’atelier afin derecueillir leurs attentes, leurs appré-hensions et leurs avis autour del’évolution de leurs enfants. Ce sontdes temps d’échange entre parentset professionnels qui peuvent abou-tir parfois à des actions complé-mentaires en direction des parents.Un travail de mise en lien avec lesécoles maternelles quelques moisaprès la rentrée scolaire est effectuépour s’assurer de l’adaptation posi-tive des enfants en petite section.Au vu du bilan positif pour lesenfants, leurs parents et la relationainsi préparée avec l’école, uneextension de ces ateliers a été miseen place en 2011 dans un autrequartier de la ville, au sein mêmed’une école maternelle. Cetteaction se déroule donc désormaissur deux sites.

Maison de quartier La Plaine

Pour la troisième année consécutive,le collège Iqbal-Massi et le coor-

donnateur du réseau d’éducationprioritaire (Rep) ont mis en placeun espace de parole au sein del’établissement pour conjurer lesangoisses des parents à l’entrée en6e. L’action s’intitule « Mon enfantva entrer au collège, quelque choseva changer ». Les inquiétudes sont diverses : desprofesseurs en plus grand nombre,le rythme scolaire, le changementde statut de l’élève (les CM2 sontles plus « grands » de l’école etdeviennent en 6e les plus « petits »du collège), les devoirs, l’emploidu temps, la crise de la pré-adoles-cence, l’accompagnement desparents, l’autonomie… Une fois par mois, les parentschoisissent donc une thématique(l’argent de poche, l’attirance de larue, les addictions, les jeux surInternet, la place du jeune…). Lessujets sont préparés en comité depilotage en présence del’Association départementale desauvegarde de l’enfance et de l’ado-lescence (Adsea), du coordonna-teur Rep, etc. L’objectif de cetteaction est de « faire entrer lesparents au collège ».Par ailleurs, pour favoriser la liai-son école-collège, un protocole aété défini : le principal invite lesparents des élèves de CM2 sur dutemps scolaire (2 heures de fonc-tionnement) afin de prendreconnaissance des différents espaceset professionnels du futur établis-sement de leur enfant (présenta-tion de l’équipe éducative, de lacour, des couloirs, du temps derécréation…).Un travail avec les élèves est égale-ment réalisé. Chaque enseignantde CM2 accompagne ses élèves ausein du collège afin qu’ils y viventune « journée de collégien ». Lesélèves rencontrent également lepersonnel de la vie scolaire, ladirection, le personnel médico-social… durant les mois de janvierou de février. Au total, 8 classessont accueillies, soit 200 élèves.P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s3

Reaap11_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 19/04/12 14:39 Page3

Page 88: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

Inspection académique

Dominique Levet rappelle que,depuis cinq ans, des ateliers socio-linguistiques (ASL) sont en placedans certains collèges. Ce disposi-tif est géré en partenariat avec leConseil général. Les ASL sontencadrés par un professeur et unformateur, les ateliers ont lieu4 heures par semaine, 2 fois dans lasemaine. Pour le 1er degré, Domi -nique Levet précise que le disposi-tif s’intitule « Ouvrir l’école auxparents ». Il évoque aussi le« théâtre forum » (parents-profes-seurs) qui intervient dans le cadredu Réaap. Il s’agit d’un spectacleinteractif : une courte pièce de15 minutes présente différentessituations problématiques sur unthème donné. Les situations sontalors jouées une deuxième fois et le

spectateur peut interrompre le jeuà tout moment pour proposer unesolution et venir l’expérimentersur scène en remplaçant un per-sonnage ou en ajoutant le person-nage de son choix.

Café des parents Allende, Saint-Denis

L’objectif de ce dispositif est derenseigner les parents sur le fonc-tionnement du collège et derépondre à leurs interrogations.Environ une dizaine de parents, lesCPE du collège, le principal et cer-tains professeurs participent à cetatelier. Dans ce quartier, lesparents ont peur de l’échec, cer-tains mettent en place des straté-gies d’évitement en inscrivant leursenfants dans des établissementsprivés.

Association Accion Artistica,Saint-Denis

Cette association organise desréunions mensuelles autour de laparentalité qui réunissent enmoyenne entre 10 à 12 parents.Deux groupes de parole sont misen place, l’un à destination desparents, l’autre à destination desadolescents. Les thématiques évo-quées portent sur la violence, lesrésultats scolaires…

Conclusion

La réussite scolaire existe, mais lesacteurs sont en difficulté pour ledémontrer. Pour accompagner lesparents et les élèves, il faut créerune réelle proximité avec eux. Ilfaut également une réelle volontéd’ouverture des collèges. ■

■ ANIMATION : Élise Longé, Mission parentalité,Saint-Ouen.■ RAPPORT : Laure Guettaï, responsable, bureaude prévention ASE, et Céline Piton, agent dedéveloppement, AFPAD, Pierrefitte-sur-Seine.

21 participants étaient présents à cetatelier : 11 parents dont 1 père defamille, des professionnels de centressociaux et du service de l’ASE duConseil général de la Seine-Saint-Denis et des représentants des asso-ciations de parents.

La Maison de quartier Pasteur

Pendant les vacances scolaires, laMaison de quartier Pasteur ac -cueille des parents pour une activi-té de cuisine encadrée par une dié-téticienne. De nombreux en fantsâgés de 4 à 12 ans sont égalementprésents, c’est un moment sympa-thique pour s’initier à une cuisineéquilibrée. À chaque séance, unmenu est proposé par une famille,il est discuté et réalisé par lesparents et les enfants présents.

Cette activité est pensée en lienavec une activité de jardinage quipermet de savoir d’où vient ce quel’on mange : on apprend à semer,on surveille la pousse, on récolte eton cuisine.

La Maison de quartier Floréal

Cette structure a mis en place desateliers cuisine pendant lesvacances scolaires à destination desparents et des enfants à partir de6 ans. Les organisateurs propo-

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Sain

t-D

enis•

ce

mb

re

2011

Cuisiner en familleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Aurélie Chartrain et Virginie Perbal,Maison de quartier, centre social Pasteur, 6 rue Pasteur, Saint-Ouen. Tél. : 0141663620.• Monique Gache, Maison de quartier Floréal, 3 promenade de la Basilique, Saint-Denis. Tél. : 0183722062.• Karine Farcy et Isabelle Maucuit, Accueil de jour, ASE, 139-147 avenue Paul-Vaillant-Couturier, La Courneuve. Tél. : 0148355370.

Parents et enfants se retrouvent pour préparer ensemble le repas : échanges de recettes, de savoir-faire, mais aussiconseils en diététique.

4

Reaap11_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 19/04/12 14:39 Page4

Page 89: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

sent les menus et parfois des ate-liers thématiques pour apprendre,par exemple, à faire de la confi ture,des glaces… Puis vient la phasedégustation, pour laquelle on n’apas besoin d’apprentissage ! C’estun temps de partage et de convi-vialité qui permet d’aborder desnotions de diététique.

Le Service d’accueil de jour

Le SAJ est un lieu d’accompagne-ment des parents dans leur rela-tion avec leurs enfants. Les per-sonnes accueillies ont souvent uneimage très dégradée d’elles-mêmes. Les objectifs sont de leurredonner confiance, de valoriserleurs compétences et de favoriserle partage. Dans le cadre de samission de soutien à la fonctionparentale, le SAJ propose depuisdeux ans, une fois par mois, unatelier cuisine qui a été créé à lademande des parents. Cet atelierest organisé avec les parents, lesenfants peuvent y participer unefois sur deux. Il permet la convi-vialité, les échanges culturels, etconstitue un moment fédérateur.

DÉBAT

Des discussions qui ont eu lieu, ilest d’abord ressorti que ces ateliersde cuisine permettaient l’échangeentre les parents d’origines diffé-rentes, entre les parents et leursenfants, mais aussi entre lesparents et les professionnels. Lacuisine est une activité convivialeet fonctionne comme un prétextepour se rencontrer. On se fait plai-sir (« bonheur de manger ce quel’on a préparé »). Tous les sens sonten éveil : le goût, le touché. Onéchange et on découvre sans cesse.C’est une activité qui rapproche,entraîne des discussions.Pour les professionnels, l’objectifde ce type d’atelier est de créer unmoment privilégié où les parentset les enfants passent un bon

moment ensemble, en dehors desrôles attribués à chacun.Les ateliers cuisine permettentaussi la transmission de savoir-faire entre adultes mais aussi del’histoire familiale et de la cultureentre les générations. Ce momentpartagé permet d’évoquer les tradi-tions familiales : « chaque plat rap-pelle une image de son enfance ».Les ateliers sont également l’occa-sion d’aborder des questions édu-catives. Dans le cadre des activitéscuisine, on apprend à faire avec lesenfants, même très jeunes. On res-pecte le temps de l’enfant. On faitdonc ce que l’on ne s’autorise pas àla maison par manque de temps,par crainte de salir ou d’un acci-dent.Une maman a parlé de sa peurd’encourager ses enfants à cuisinerseuls et du risque qu’un accidentne se produise à cette occasion. Cetémoignage a permis de rappelerque les ateliers cuisine sont aussides moments où l’on apprend àrespecter des règles, où l’onexplique aux enfants qu’il y a desinterdits car il y a des dangers pos-sibles. Les professionnels insistentsur le fait qu’il vaut mieux expli-quer qu’interdire strictement ; carl’interdit provoquera sûrement latransgression et la mise en dangersera alors plus grande.Les animateurs des ateliers fontremarquer que les enfants ne fontpas tout, ils effectuent des tâchessimples, à leur portée, et ludiques(éplucher les légumes, décou-per…). C’est un moyen de leurapprendre à s’autonomiser. Il fautleur montrer qu’on leur faitconfiance et il ressort des échangesque ce n’est pas toujours facilepour les parents.D’autres vertus éducatives sontévoquées lors de la discussion. Lesateliers cuisine permettent d’abor-der des notions de calcul, à traversla mesure des quantités, d’ap-prendre du vocabulaire, de tra-

vailler la lecture et l’écriture desrecettes.Une maman explique que, pourelle, la cuisine c’est de l’art, cer-tains plats ressemblent à destableaux. Pour une professionnel-le, certaines recettes, certainstermes de cuisine sont très poé-tiques.Enfin, c’est une manière ludiqued’apprendre aux enfants les diffé-rents goûts…Un père raconte que c’est lui quia appris à ses enfants à cuisiner.Ainsi, chacun de ses enfants, filleet garçons, cuisinent seuls depuisqu’ils ont 12-13 ans et un de sesfils a même ouvert un restaurantà Paris. Ce témoignage a orientéla discussion sur la place despères. Le discours de ce pèred’origine africaine semble en effeten décalage avec ce que consta-tent dans l’ensemble les profes-sionnels, à savoir que la cuisinen’est en principe pas le lieu oùl’on retrouve les pères, sauf pourdes tâches spécifiques (exempledes barbecues).Une mère explique que c’estpourtant son père qui lui a donnéle goût de cuisiner. Mais d’autresmères avouent que c’est une ques-tion d’éducation, que cela tientau fait qu’elles sollicitent peu lesgarçons pour les tâches ménagèresen général et qu’elles leur fontmoins confiance qu’aux filles. Lesparticipants s’accordent sur le faitque la cuisine reste encore ledomaine de la mère. Les profes-sionnels admettent de leur côtéqu’ils ont quelques stéréotypes etvont peu vers les pères pour cetype d’activité.Les ateliers donnent cependant lapossibilité de faire autrement quechez soi, tout le monde y effectueles mêmes tâches, fait la vaisselle…Et chacun s’accorde pour conclureque la question de savoir « com-ment faire une place aux pères ? »devrait donner lieu à une réflexionplus approfondie. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Reaap11_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 19/04/12 14:40 Page5

Page 90: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Réda Karroum, Centre social etculturel Maroc/Chatenay/Poètes, Pierrefitte-sur-Seine.■ RAPPORT : Thomas Demière, Centre social etculturel Ambroize-Croizat, Pierrefitte-sur-Seine.

Le groupe était constitué d’une tren-taine de personnes : des parents, desprofessionnels, des bénévoles associa-tifs, des élus. Un groupe très vivant ettrès animé qui a brillé par sa mixitédans la prise de parole et a affirméavec force la nécessité de ces espaces derencontre où exprimer le vécu et lesbesoins spécifiques des parents d’en-fants handicapés.

Le Souffle de l’amour

Cette association a été créée endécembre 2009 pour soutenir lesparents dont les enfants sont por-teurs d’un handicap. Elle donne desconseils aux parents et aux prochesd’enfants atteints de handicap etleur apporte un soutien moral. Ellea également un rôle auprès des pou-voirs publics en intervenant pourobtenir des budgets suffisants et laconstruction de structures médica-lisées permettant aux enfants desuivre leur scolarité tout en étantentourés de spécialistes. L’asso -ciation organise également des sor-ties de loisirs ou culturelles enfamille. Mais le président constatequ’il y a pour l’instant peu dedemandes pour les sorties. L’asso -ciation est récente et se faireconnaître auprès des familles et despartenaires prend un certain temps.

CAMSP Les Comptines

Le CAMSP a pour mission dedépister et de proposer une cureambulatoire et une rééducationpour des enfants présentant tousles types de handicap (déficit sen-soriel, moteur ou mental). Ilaccueille des enfants de 0 à 6 ans.Le CAMSP mène actuellementune réflexion sur la constitutiond’un groupe de parole de parents.L’idée serait d’organiser ce groupede parole en dehors des structuresde soin pour permettre aux parentsde s’approprier un espace au-delàdu soin.

DÉBAT

Un jeune couple suivi par leCAMSP a fait part de la démarchequ’il a initiée : des rencontres régu-lières entre parents accompagnésde leurs enfants atteints de triso-mie 21 au sein du centre social dePierrefitte-sur-Seine. Un travailqui porte sur des échanges et desrencontres entre parents pourrompre l’isolement et les question-nements, qui permet d’élaborerdes tables rondes avec des interve-nants extérieurs ou des partenairesdu département. Cette action estinscrite dans les axes du projetsocial du centre social Ambroise-Croizat.La question « Comment vit-onavec un handicap ? » a suscité denombreux témoignages parmi lesparticipants. Une maman a évoqué

l’expérience douloureuse qu’avécue alors son foyer et expliquéqu’elle s’était retrouvée bien seulepour tout assumer.Les personnes handicapées et leurfamille se sentent exlues de lasociété. Elles ne voient pas quelleest la priorité donnée aux per-sonnes handicapées dont on parleet vivent plutôt dans un sentimentde culpabilité. Ainsi, par exemple,le coût de la consultation médicalepour une demande de mise soustutelle et de curatelle est de 160 €

et n’est pas remboursable. Untémoignage poignant partagé parun silence dans la salle.Le constat a été fait égalementd’un déficit de prise en charge dequalité dans les transports ainsique dans les structures de soin, etde la difficulté de lien avec laMaison départementale des per-sonnes handicapées (MDPH),dont les procédures et les files d’at-tente sont trop longues.La question de l’organisation dessorties a ainsi été posée à la CAFet aux centres sociaux. RédaKarroum a affirmé que c’était unepréoccupation de toutes leséquipes et a rappelé la loi defévrier 2002 sur la place des usa-gers au sein des institutions. Lesdeux directeurs des centressociaux de Pierrefitte-sur-Seineont expliqué leur choix de la miseen place d’un accueil dédié auxrencontres et aux échanges entreparents d’enfants porteurs dehandicap.

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Sain

t-D

enis•

ce

mb

re

2011

Parents d’enfants handicapésAVEC LA PARTICIPATION DE :• Franck Tourchon, association Le Souffle de l’amour, Centre communal culturel de Pierrefitte (CCCP) Maurice-Utrillo, place Jean-Jaurès,

Pierrefitte-sur-Seine. Email : [email protected].• Christine Pesle et Florence Colomb, Centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) Les Comptines, cité des Cosmonautes, 1 place Youri-

Gagarine, Saint-Denis. Tél. : 0142354810.

Les parents d’enfants handicapés ont besoin de se retrouver en dehors des structures spécialisées pour se ressour-cer, échanger entre eux et avec d’autres parents.

4

Reaap11_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 19/04/12 14:40 Page6

Page 91: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

Ainsi, le centre social et culturelAmbroise-Croizat accueille lefoyer d’aide médicalisée, quiprend en charge des adultes trau-matisés crâniens les mardis matinau Club habitants. Instance parti-cipative partagée par et avec leshabitants, l’équipe professionnel-le et les bénévoles, le Club habi-tants est un espace de concerta-tion et de rencontre, mais aussid’échange sur les projets et les sor-ties du centre.Bally Bagayoko, conseiller général,a rappelé les difficultés que ren-contraient les parents face à la sco-larisation de leurs enfants, notam-ment par manque d’agents de viescolaire pour accompagner lesenfants, difficultés également pourla garde des enfants à la maison…

Autant de difficultés qui entraî-nent des « bidouillages » pour larecherche de structures.Ces problèmes se retrouvent auniveau national. Les équipementssont effectivement insuffisants parrapport à la demande. Les aspectsadministratifs également devraientêtre allégés.Face à ces constats, le département aengagé une réflexion sur les coûts deprise en charge et sur l’accompagne-ment des familles, pour tenternotamment de freiner l’exode desfamilles vers la Belgique où les struc-tures sont beaucoup plus adéquates.

Conclusion

Le constat est partagé sur lesbesoins et les difficultés d’accès

notamment aux loisirs pour lespersonnes handicapées. Le département de la Seine-Saint-Denis est cependant cité commeun laboratoire d’expériences posi-tives au niveau national : les expé-rimentations, les synergies, lesiniatives de terrain sont couron-nées de succès et d’espoir.Les professionnels ont insisté surla nécessité d’un travail de carto-graphie qui recenserait tous lespartenaires œuvrant dans le sec-teur médico-social du départe-ment. Cela permettrait une meilleurevisibilité de toutes les offres desoin et d’accompagnement dudépartement, des rôles, des mis-sions, des actions de chaque parte-naire. ■

■ ANIMATION : Martine Charbonnier, CAF.■ RAPPORT : Oriane Delivré, Maison des parents,Saint-Denis.

Le groupe était constitué d’une tren-taine de personnes dont de nombreuxparents.

Le Salon des femmes

Depuis plus d’un an, l’antenne jeu-nesse du centre ville de Saint-Denisouvre ses portes une fois par semai-ne aux habitantes du quartier. Lesprofessionnels de l’antenne jeunes-se et de CANAL, association de

prévention spécialisée travaillant delongue date sur le quartier, avaientidentifié le besoin pour les femmesdu quartier de se retrouver etd’avoir un temps pour elles.L’accueil des mères a été finale-ment rebaptisé « Salon desfemmes ». Il permet à ces dernièresde parler de leur quotidien,d’échanger des secrets de beautéou encore d’organiser des sortiesentre femmes, sur les bateaux-mouches parisiens ou au cinémad’art et d’essai du quartier… Aumoins une fois dans l’année, l’an-tenne jeunesse accueille ces

femmes sur des temps festifs, ensoirée, autour de plats préparés parles unes et les autres, avec musiqueet danse à la clé.

Un espace réservé aux femmes

Le centre social et culturel Maroc/Chatenay/Poètes propose des ate-liers hebdomadaires aux femmes.Le projet émane de la demandedes habitantes, qui choisissent lesthèmes des séances. Un ateliermusical et un atelier bien-être, avecrecettes, massages, etc., sont organi-sés toutes les semaines. Ces temps

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s7

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Je ne suis pas qu’un parentAVEC LA PARTICIPATION DE :• Nabila Mankour, Démarche quartier centre ville, 2 place Victor-Hugo, Saint-Denis. Tél. : 0158346623.• Farida Galou, Centre social et culturel Maroc/Chatenay/Poètes, 104 rue Jules-Chatenay, Pierrefitte-sur-Seine. Tél. : 0149511803.

Les parents veulent s’échapper de temps en temps de leur rôle de parents qui parfois les enferme, pour souffler unpeu, avoir un temps pour eux.

4

Reaap11_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 19/04/12 14:40 Page7

Page 92: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Sain

t-D

enis•

ce

mb

re

2011

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

permettent aux femmes de se relaxer,mais aussi de ne pas rester seules avecleurs enfants et de rencontrer d’au -tres femmes du quartier.

DÉBAT

Le débat qui a suivi les présenta-tions a porté d’une part sur lesbénéfices pour les parents d’avoiraccès à des activités qui ne lesconsidèrent pas seulement commedes parents et, d’autre part, sur lesfreins qui empêchent les parentsd’avoir accès aux actions qui leursont destinées.

• En termes de bénéfices, ces actionspermettent aux parents de prendredu temps pour se relaxer, penser à

eux, voire améliorer l’estime de soi.Elles permettent aussi une certaineprise de conscience du besoin dechacun de se centrer parfois sur soiet pas seulement sur les enfants. Cesactions ont aussi sans doute desbénéfices pour les enfants quivoient leurs parents dans un autrerôle que celui d’éducateur.

• Concernant les freins à la parti-cipation à de telles activités, plu-sieurs aspects ont été évoqués :1. Les habitants peuvent avoir dumal à pousser la porte d’uncentre social ou d’une antennejeunesse qu’ils ne connaissentpas, ne sachant pas ce qu’ilsvont y trouver. C’est souventpar le bouche à oreille que les

parents ont connaissance de ceque proposent les structures ;

2. La situation de précarité socialequi touche nombre de famillesdu département est égalementun frein à la participation desparents, ces derniers ayantd’autres priorités qui ne laissentsouvent pas la place pour s’oc-cuper de soi ;

3. Par ailleurs, certains maris n’es-timent pas nécessaires ces tempspour leurs femmes et essaient deles dissuader d’y aller ;

4. Enfin, les mères sont souventconfrontées à un problème degarde de leurs enfants et peu-vent culpabiliser de laisser leursenfants seuls alors qu’elles pren-nent du temps pour elles. ■

Disponible en mai 2012

Excellence et politiques éducatives

DEPUIS quelques années, la notion d’excellence est au cœur des politiques publiques. Lapolitique de la ville n’est pas épargnée, notamment en matière éducative dans les quar-tiers populaires, puisque se développent différents dispositifs : dès 2007, les réseaux

ambition réussite, puis les Cordées de la réussite, les internats d’excellence en 2008…Certes, il est important de donner des opportunités aux jeunes des quartiers prioritaires ;certes, il est nécessaire de leur offrir des accompagnements spécifiques ; certes, les figuresd’excellence peuvent susciter la motivation des jeunes… Mais on peut aussi s’interrogersur l’articulation entre des filières d’excellence et l’objectif de réussite de tous.Si les politiques éducatives privilégient certains, qu’en sera-t-il de ceux qui n’auront pasaccès à ces filières? Cette volonté d’excellence est-elle une pièce majeure d’une politiqueéducative ambitieuse pour tous? Ou, à l’inverse, une telle conception et la politique qui endécoule ne risquent-elles pas de renforcer la ségrégation territoriale et l’exclusion sociale?

LES ANALYSES DE CHERCHEURS

• MONIQUE CRINON, philosophe, sociologue, chercheure associée d’ACT Consultants• JEAN FOUCAMBERT, ancien chercheur à l’INRP, membre de l’Association française pour la lecture• JEAN-YVES ROCHEX, enseignant-chercheur, ESCOL-CIRCEFT, université de Paris VIII

LES TÉMOIGNAGES DE PROFESSIONNELS

• AÏCHA AMGHAR, proviseure du lycée Auguste-Blanqui, à Saint-Ouen• MARIE-CÉCILE BLOCH, enseignante, cofondatrice du Clept, à Grenoble• NATHALIE BROUX, coordinatrice du micro-lycée Jacques-Brel, à La Courneuve

Actes de la Rencontre du jeudi 19 mai 2011. À commander

sur le site de Profession Banlieuewww.professionbanlieue.org

Reaap11_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 19/04/12 14:40 Page8

Page 93: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sB

ondy•

ce

mb

re

2012

S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapB O N D Y

Je voudrais avant tout remercier les organisateurs de cettesoirée, la Fédération des centres sociaux, la Direction dépar-tementale de la cohésion sociale (DDCS), la Direction de l’en-

fance et de la famille (Def), la Direction de la prévention et de l’ac-tion sociale (DPAS) du Conseil général, la Caisse d’allocations fa-miliales (Caf), le centre de ressources politique de la ville Profes-sion Banlieue et les services de la ville, plus particulièrement la co-ordination des centres sociaux de Bondy.

Si la famille se vit plus qu’elle ne se réfléchit, il est parfois bon etnécessaire de prendre du temps et du recul pour revisiter nos ap-proches parentales, tous autant que nous sommes, et de réinterro-ger ce qui fait sens pour nous dans l’acte d’éduquer nos enfants.

Si la relation parentale relève du domaine de l’intime et de l’individuel,nous sommes tous cependant les dépositaires dans l’espace public dela chaîne éducative; cette chaîne qui veut que chaque enfant, à partirdu moment où il est dans l’espace public, est aussi un peu le nôtre.

Que l’on soit élu local, professionnel de l’éducation ou bénévoleassociatif dans un quartier, il nous faut assurer cette responsabi-lité éducative entre l’espace privé familial et l’espace public quinous oblige et nous engage les uns envers les autres. Pour cela,quoi de mieux que de se rencontrer, de se confronter, d’échangerles points de vue, les témoignages, les vécus, les approches dansun lieu où la parole est libre et où l’on peut proposer sa propre ex-périence d’éducateur, d’éducatrice, de parent tout simplement.Pour cela, rien ne vaut non plus la force d’un réseau d’acteurscomme l’est le Réaap et comme le sont tous ces microréseaux for-mels et informels de nos villes, de nos territoires.

À Bondy, ce réseau est particulièrement dense. Il fourmille d’ac-teurs, d’actrices divers : les partenaires municipaux comme lestrois centres sociaux (Georges-Brassens, Sohane et Balavoine) etleur mille familles adhérentes à l’échelle de Bondy, la Maison desparents et de la famille, les associations locales comme Rayons de

L E S M O T S D ’ A C C U E I L

(Clas), la médiation familiale et, particulièrement, le dispositif Réaap,celui qui nous intéresse aujourd’hui et qui est la raison d’être decette soirée. L’objectif du réseau est de favoriser le développementde ces lieux d’expériences, et notamment au sein des centres so-ciaux dans les quartiers, là où vivent les familles. Il doit veiller, d’unepart, à ce que les initiatives soient soutenues par les professionnelset par les institutions et, d’autre part, à ce que les financementssoient mobilisés. Le réseau porte une attention particulière aux ac-tions mises en œuvre avec une forte implication des parents. Il aégalement pour vocation de faciliter le travail entre les différents ac-teurs intervenant auprès des familles.

Je tiens à remercier vivement tous ceux qui ont rendu cette mani-festation possible – les parents, les professionnels et les membresdu comité de pilotage du Réaap.

Philippe Scarfogliero,administrateur de la Caisse d’allocations familiales

de la Seine-Saint-Denis n

C’est avec un réel plaisir que j’ouvre cette douzième soiréerencontre du Réseau d’écoute, d’appui et d’accompagne-ment des parents (Réaap) et je remercie la ville de Bondy de

nous accueil lir au sein du centre social Georges-Brassens. LaCaisse d’allocations familiales de la Seine-Saint-Denis est particu-lièrement sensible à cette démarche d’accompagnement de lafonction parentale qui est inscrite dans les finalités de l’action so-ciale des caisses pour permettre à l’enfant de se construire dansde bonnes conditions. La circulaire d’orientation de l’action socialepour 2009-2012 précise en effet que « l’action sociale des Caf, dansle domaine de la parentalité, contribue au maintien des liens entreparents et enfants, elle favorise l’épanouissement de chacun desmembres de la famille, valorise les compétences parentales et leurresponsabilité éducative».

C’est dans ce sens que la Caf est impliquée dans les différents dis-positifs d’appui à la parentalité que vous connaissez par vos travauxou actions sur le terrain, c’est-à-dire les Lieux d’accueil enfants-pa-rents (Laep), les Contrats locaux d’accompagnement à la scolarité

V2 Reaap12_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 15/06/13 09:16 Page1

Page 94: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Bondy•

ce

mb

re

2012

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

• • • A T E L I E R S • • •

soleil ainsi que Soleil, Solidarité, Vacances et Iris, toutes dirigéespar des femmes, les acteurs de l’Éducation nationale, les parentsd’élèves. Citons également les associations des villes voisines(l’Association des juristes berbères de France ; l’Aide aux mères defamille à domicile et l’Association pavillonnaise pour la jeunesse etla culture des Pavillons-sous-Bois ; Jeux, Créativité, Partage etMédiation Culture et Vie de Rosny-sous-Bois ; Musique en herbede Noisy-le-Sec).

Comment trouver des espaces pour favoriser le dialogue, comments’investir en tant que parents, comment réussir à faire de la préparation

du repas un moment conjuguant plaisir et éducation ou aider dansl’accom pa gnement scolaire, comment échanger entre parents d’en-fants handicapés en dehors des structures spécialisées? Autant d’ate-liers proposés ce soir et qui offrent la perspective d’une soirée enri-chissante pour chacun et chacune d’entre vous. Je suis fière d’accueil -lir cet événement à Bondy. Très bonne soirée à toutes et à tous.

Sylvine Thomassin,maire de Bondy,

vice-présidente du Conseil général en charge de l’habitat et de l’égalité des territoires n

Quand les parents s’investissentAVEC LA PARTICIPATION DE :• Fouzia Bouharassa et Hakima Kabri, centre social Le Village, 2 rue de Savoie, Bobigny. Tél. : 0148374319.• Souhad Khirani, association Soleil, Solidarité, Vacances (centre social Georges-Brassens), 152 avenue Gallieni, Bondy. Tél. : 0148470479.• Guerlande Guerrier, association Rayons de soleil, 27 bis avenue Jean-Moulin, Bondy. Tél. : 0664867902.• Amina Belabbes, association Bouquet de loisirs (centre social Le Village), 2 rue de Savoie, Bobigny. Tél. : 0615041513.

Des parents sont à l’initiative de nombreuses actions qu’ils conduisent.4

n ANIMATION: Ange Andongui, coordinateur descentres sociaux, Bondy.n RAPPORT: Ali Aidoudi, coordinateur interquar-tier, Bondy.

Environ 32 personnes, à majoritéféminine, étaient réunies dans cetatelier (parents, élus, représentantsde la Caf, associations de parentsd’élèves, professionnels du social et de l’animation, responsables associatifs).

Association Soleil, Solidarité,Vacances, Bondy

Cette association a été créée en2011 par des femmes qui fréquen-taient le centre social Georges-Brassens, avec l’appui de ce dernier

et de la Caf. Et c’est ensemble quele nom Soleil, Solidarité, Vacancesa été choisi. Les instigatrices duprojet avaient des parcours divers,plutôt marqués par des accidentsde la vie qui les empêchaient departiciper à toute sortie ou de par-tir en vacances. Elles se sont ren-contrées au sein du centre social, sesont réunies en dehors de ses murs,puis se sont décidées à créer uneassociation pour promouvoir etencourager le lien social et fami-lial, les projets de loisirs des fa-milles, les échanges et les ren-contres culturelles, artistiques etfamiliales entre habitants. Soleil, Solidarité, Vacances vienten aide aux gens du quartier et

parfois même aux autres associa-tions. La secrétaire et la trésorièreont dû choisir entre le besoin detravailler et leur implication dansl’association, ce qui est bien sou-vent une contrainte car la diffi-culté financière se fait fréquem-ment ressentir. Mais elles considè-rent que la gratitude exprimée parles familles qui ne bénéficient,elles, « de pas grand-chose » est unerécompense bien plus grande en-core. Les autres membres sont éga-lement bénévoles.L’association ne dispose, pour lemoment, d’aucune subvention,seule la RATP met des cars à sadisposition. Ce qui est un premierpas.

V2 Reaap12_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 15/06/13 09:16 Page2

Page 95: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

3

L’association Bouquet de loisirs,Bobigny

Cette association a vu le jour en2010, elle est hébergée par lecentre social Le Village de Bobi-gny. Les membres de l’associationsont d’anciennes adhérentes ducentre (pour certaines depuis dixans) qui ont vu peu à peu les ac-tions existantes disparaître en rai-son, notamment, du non-rempla-cement de 7 intervenants (re-traite, etc.). Afin de combler cemanque, un groupe s’est constituéet a décidé de se transformer en as-sociation, en partenariat avec la di-rection du centre social. Son ob-jectif est de permettre à tous lespublics de se rencontrer en propo-sant toutes sortes d’animations,telles que des ateliers gymnastique,couture, poterie…Pour répondre à une demande deparents qui avaient besoin de res-pirer un peu et de se retrouver sansenfants, Bouquet de loisirs a orga-nisé deux voyages, dont un qu’ellea entièrement financé, ainsi qu’unweek-end en Normandie. L’asso-ciation est devenue un prestatairede services chargé de monter desprojets pour le centre social. Sonactivité est en expansion mais ellene peut répondre aux demandestrop importantes du public et desautres associations…

L’association Rayons de soleil,Bondy

Rayons de soleil a été créée en2009 dans la zone nord de la villede Bondy. L’association constate ladifficulté et le manque de contactavec les parents, la complexité dela situation des enfants sans re-pères ; retisser le lien familial resteun enjeu très important pour que

la structure puisse atteindre ses ob-jectifs. Elle participe d’ores et déjà,en partenariat avec la municipalitéet les centres sociaux, à de nom-breux projets, tels que les fêtes dequartiers, les brocantes, le tri sélec-tif…Par son implantation en zone ur-baine sensible, l’association bénéfi-cie de subventions au titre de lapolitique de la ville et de la Caf.Elle a également déposé un dossierpour obtenir un agrément jeunesseet sports qui donne droit à dessubventions complémentaires et lemoyen d’offrir aux famillesquelques avantages. En attendant,l’association souhaite s’agrandir etavoir ses propres locaux plutôt qued’être hébergée.

Le jardin partagé, Bobigny

Le centre social Le Village est situéà Bobigny. Son nom et son logosont issus d’un concours organiséauprès des habitants. Il y a deuxans, le centre a créé un jardin par-tagé qui a permis de développer lelien parents-enfants. Le samedi, lesfamilles peuvent y venir avec leursenfants encadrés par un bénévole.Les papas s’orientent généralementsur l’atelier bricolage pour fabri-quer des cabanes abritant le com-post. Le mercredi, le jardin est in-vesti par les enfants du centre deloisirs qui découvrent la joie dujardinage et la nature. De leurcôté, les mamans ont travaillé laterre et ont fait des plantations degraines et de salades. Toutes ces ac-tions ont suscité des momentsconviviaux autour du partage, del’échange et du jardinage.Le terrain a été financé par lebailleur social, et le centre est encours de négociation pour unagrandissement de la parcelle afin

de pouvoir y planter poiriers, fi-guiers et ibiscus. Le projet a été,dans un premier temps, porté parun animateur en stage de BP-JEPSpuis transmis à une bénévole pas-sionnée de jardinage. Le jardin estapprécié et respecté par l’ensembledes habitants (parents et enfants).Il est vrai qu’un travail de sensibi-lisation avait été effectué enamont. Les portes du jardin res-tent ouvertes et tout le mondepeut le visiter à tout moment.Un projet de récolte d’eau de pluieest en cours d’élaboration afin desensibiliser les habitants à l’écolo-gie en général, à l’importance del’eau, de la terre, en particulierpour préserver la planète. Des ré-unions festives sont organisées parles « jardiniers en herbe » qui ap-portent victuailles, thé et café auprofit de cette petite communauté.Les enfants qui participent au pro-jet depuis sa création mènent cer-tains ateliers comme la décorationdes pots en complément des activi-tés de jardinage. Les animateursont constaté que cela développeleur patience, leur méthode et leurtechnicité. Afin de compléter leursconnaissances, le centre fait appelà des partenaires, Les Petits Dé-brouillards, par exemple, pourmettre en place des ateliers de sen-sibilisation sur la nature.Ce projet qui était, à l’origine, unprojet du centre social est aujour-d’hui entièrement pris en main parles habitants. Le centre se donnedeux ans pour céder le jardin engestion complète aux habitants.À ce jour, le jardin partagé de Bo-bigny participe aux concours desjardins fleuris et les fruits et lé-gumes récoltés ont déjà été utili-sés pour l’organisation d’ungrand repas pour les habitants duquartier. n

V2 Reaap12_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 15/06/13 09:16 Page3

Page 96: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Bondy•

ce

mb

re

2012

Des petits plats dans les gantsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Camille Hugues,Maison des parents, 32 rue Hector-Berlioz, Bobigny. Tél. : 0148458463.

Partager un moment autour du plaisir de la cuisine.4n ANIMATION : Céline Rémy-Bossard, centresocial Le Village, Bobigny.n RAPPORT : Françoise Claude, Associationpavillonnaise pour la jeunesse et la culture, LesPavillons-sous-Bois.

Une vingtaine de personnes(parents, grands-parents, responsables de centres sociaux,représentants d’associations et,parmi cette gent féminine, un papa) étaient réunies dans cet atelier pour écouter et dialoguerensemble.

«La cuisine des parents»

La Maison des parents organise desrencontres entre parents par le biaisde groupes de parole animés pardes professionnels de la famille.Chaque parent peut ainsi parler deson vécu, de son expérience, de sesdifficultés comme de ses réussites.Ces échanges se font dans un cli-mat d’écoute et de respect mutuel,tant de la part des professionnelsque des participants.Au-delà de ces rendez-vous théma-tiques, lors d’ateliers et de momentsinformels, les parents peuvent égale-ment se retrouver autour d’un repaspris en commun qui se déroule sansaccompagnement. Ainsi, un petit-déjeuner a lieu tous les mardis ma-tin depuis quatre ans. Chacun y ap-porte des douceurs à partager et l’onparle souvent cuisine, on échangedes recettes et des astuces…De cet intérêt particulier pour lacuisine, de ce désir de préparer desplats en commun en discutant et entransmettant son coup de main, a

émergé la création d’un atelier cui-sine il y a un an et demi. Une mèreest à l’origine de ce projet : sa téna-cité et son obstination ont portéleurs fruits. «La cuisine des pa-rents» se tient deux fois par mois, levendredi après-midi, et est pilotéepar les parents eux-mêmes (choixdes recettes, du parent qui animeraet des achats des ingrédients). Lapersonne qui propose la recetteanime l’atelier en enseignant auxautres son savoir-faire. L’estime desoi s’en trouve renforcée, le plaisirpartagé, les papilles émoustillées…Il arrive que des jeunes, dans lecadre de la Mission réussite solidairequi accompagne des publics de tousâges dans la construction de leurprojet, viennent apporter leurcontribution (confection de pâtisse-ries, par exemple). Les parents sontdemandeurs de nouvelles recettes ettechniques et de trouvailles, mais ilsapprécient surtout de se retrouverentre eux et de partager ce momentde convivialité. Les mains dans la fa-rine, les langues se délient, les confi-dences se font, les plaisanteries et lesrires fusent. Cet atelier est une pa-renthèse de sérénité, notammentpour les mamans, car il leur permetde sortir de chez elles, de se rencon-trer, de rire, de se confier, bref deprendre du temps pour elles, cequ’elles oublient souvent de fairedans leur quotidien. «La cuisine desparents » n’a pas pour vocationl’éducation nutritionnelle ou latransmission culinaire aux enfantsmais le plaisir, sans d’autre enjeuque celui de se faire du bien.

Dans le cadre de la Journée inter-nationale de la femme, le 8 mars2012, la Maison des parents de Bo-bigny a également mis en place unatelier «Cuisine et beauté». Lesfemmes y apprennent à fabriquerdes produits cosmétiques avec desingrédients alimentaires (miel, lait,concombre, sucre, entre autres).L’idée est de leur permettre deprendre soin d’elles et de leurcorps. Les mamans ont souvent desconnaissances transmises par leursmère et grands-mères, cette activitéles réactive et leur donne aussi l’en-vie et le goût de le faire pour elles.

L’art de bien cuisiner comme art de vivre

Une jeune maman, seule avec sestrois enfants en bas âge, relate qu’ilest difficile pour elle de cuisinerautre chose que du riz, des pâtesou des pommes de terre. Les en-fants ne veulent rien manger dedifférent et ne cherchent pas à dé-couvrir de nouvelles saveurs. Il luia été suggéré de s’installer avec sesenfants et de cuisiner avec euxpour leur faire découvrir et appré-cier le goût de nouveaux légumes.Pour faciliter la transmission del’art culinaire aux plus jeunes, lecentre Sohane de Bondy a créé l’ac-tivité «Équilibre des plats » pourapprendre à cuisiner avec des ingré-dients appropriés (cuisiner sansgraisse, avec des légumes verts etdes fruits). De nombreuses recettesétrangères (Sénégal, Mali, SriLanka) sont ainsi étudiées avec les

V2 Reaap12_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 15/06/13 09:16 Page4

Page 97: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

À l’écoute des parentsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Viviane Étenna, association Iris 93, 4 cours République, Bondy. Tél. : 0148473461.• Georgette Kano, association Médiation Culture et Vie, 4 allée des Écoles, Rosny-sous-Bois. Tél. : 0951586453 ou 0698206806.

Des espaces pour favoriser le dialogue et l’entraide.

n ANIMATION: Marie-Chantal Duru, Fédérationdes centres sociaux, 93.n RAPPORT: Martine Charbonnier, Caf 93.

Le groupe était constitué d’une trentaine de personnes dont une dizaine de parents.

L’association Iris 93

L’association a illustré sa présenta-tion par un clip vidéo pour mettreen scène ce lieu d’écoute anonymequ’elle anime où le conte est utilisécomme outil de médiation, notam-ment dans le travail de la relationparent-enfant. Le conte permet decréer un climat propice à l’appro-

fondissement et à l’épanouissementde leurs échanges. C’est un momentconvivial de partage d’émotions, decontacts qui libère les mots.Pour les mères, le conte favorise laprise de parole et le partage d’ex-périences autour de leur proprevécu. Pour les enfants, des instru-ments de musique, essentielle-ment des percussions, laissés àportée de leur curiosité, leur per-mettent de créer un accompagne-ment musical.La psychologue conteuse qui animeces moments laisse un support auxparents (comptine, chanson, recettede cuisine…) pour que l’histoirecontinue en dehors de ce cadre.

L’association Médiation Cultureet Vie

L’association a été créée en 2012 pourpromouvoir les valeurs de la solidaritéet de la citoyenneté, faciliter les rap-ports écoles-familles au bénéfice de laréussite scolaire ainsi que les ren-contres, les échanges, les liens sociauxdans le respect de la diversité culturelle.L’action a démarré au sein d’uncollège avec des élèves souvent ex-clus des cours, accueillis par la mé-diatrice dans le cadre de ses per-manences. Ces jeunes présentaientdes troubles du comportement,étaient parfois violents et en diffi-culté scolaire. Le sociologue de

mamans et des modifications sontproposées pour alléger les plats.Le centre social Le Village deBobigny a développé une activitébaptisée « Sport et animation »pour susciter l’envie des parents etdes enfants de bien cuisiner et defaire du sport. L’objectif est decréer les conditions favorables àune alimentation saine, plus légèreet de faire réfléchir les parents surles habitudes alimentaires. En per-manence, un animateur du centresocial reste à leur écoute afin qu’ilss’y sentent bien.De son côté, le centre social desMarnaudes à Rosny-sous-Boispropose un atelier « Jardinage »,qui fait la jonction entre le jardinet les produits de la cuisine : parexemple, avec des carottes, les par-ticipants ont confectionné un gâ-

teau ; avec des tomates vertes–puisque cette année, il y a eu unemauvaise récolte, mildiou et pour-rissage des plants–, ils ont fait desconfitures.L’association Aides aux mères defamilles à domicile (AMFD),quant à elle, utilise la préparationde repas ou de pâtisseries commeoutil de communication et de liensocial. Le repas du mercredi de l’ac-tivité «Loisirs et soutien scolaire»s’adresse aux enfants de 6 à 11 anset est préparé par les intervenants,mais les enfants peuvent y être asso-ciés. C’est un levier dans l’appren-tissage de l’équilibre alimentaire,une manière d’introduire les no-tions de goût et de curiosité pourles aliments. Le temps du repas estun moment clé de la vie familiale etde l’apprentissage de la convivialité.

Pour les adultes, il existe le «Lieud’accueil parents et enfants » et les«Activités adultes » qui se dérou-lent en journée complète durantles vacances scolaires et sont régu-lièrement consacrées à la prépara-tion collective de repas. Laconnaissance de la culture culi-naire des différents pays ou régionsd’origine des participants est unélément moteur dans la dyna-mique de ce lieu d’apprentissages,d’échanges, de motivation et deconvivialité apprécié de tous. Ungrand nombre de personnes ontparticipé à cet atelier qui a permisd’échanger des connaissances aussibien sur le plan culinaire que cul-turel. Il valorise les compétences etles talents de chacun, en parta-geant des moments d’humanité etla découverte d’autres cultures. n

4

V2 Reaap12_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 15/06/13 09:16 Page5

Page 98: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

l’association Médiation Culture etVie a libéré l’expression des pa-rents inquiets de la situation deleurs enfants par la mise en placed’un groupe de parole.Des problèmes d’isolement, degrande détresse, de maladie, de sé-paration, de décès ont été repéréset le travail avec ce sociologue apermis d’interroger les peurs, lesangoisses pour essayer de com-prendre les histoires des jeunes et« faire sortir ce qui bouillonnait ».L’orientation vers des profession-nels et un lien avec les responsablesadministratifs de l’établissement

scolaire ont résolu certaines diffi-cultés, apportant la preuve que lerelais était passé.Le groupe de parole est composé desix parents qui se réunissent réguliè-rement. Ils apprennent ainsi à seconnaître, à mieux comprendre leursblocages, à mieux gérer leur souf-france. Différentes thématiques sontabordées lors de ces séances, commela transmission de l’histoire des fa-milles, les parcours migratoires.Un travail avec le conseiller princi-pal d’éducation a également per-mis aux parents d’avoir un autreregard sur les enseignants.

DÉBAT

Plusieurs questions relatives à l’ac-cueil des parents, à la difficulté detrouver des lieux et des personnesressources qui créent une relationde confiance étaient au cœur du dé-bat. En effet, les parents ont besoind’espaces de rencontre pour s’expri-mer librement, ils recherchent uneoreille attentive et affirment qu’ilest difficile de parler directement deleurs difficultés. Il ressort des dis-cussions que les échanges doiventêtre basés sur l’écoute et le partaged’expériences et de savoirs. n

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Bondy•

ce

mb

re

2012

Bienvenue à l’écoleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Marie Lazaridis, «Ouvrir l’école aux parents», DSDEN 93, Bobigny. Tél. : 0143937315.• Philippe Amini, Association des juristes berbères de France, 19 avenue Karl-Marx, Bobigny. Tél. : 0148308139.• Chantal Grosléziat, association Musique en herbe, 60 rue Brément, Noisy-le-Sec. Tél. : 0148406619.

Comment aider les parents dans l’accompagnement scolaire de leurs enfants?4

n ANIMATION : Dominique Levet, DSDEN 93,Bobigny.n RAPPORT : Pierre Vergnolle, centre socialGeorges-Brassens, Bondy.

Lors de cet atelier, une douzaine de personnes, majoritairement des professionnels, étaient présentes.

Ouvrir l’école

L’opération «Ouvrir l’école aux pa-rents pour réussir l’intégration »existe dans le département depuisquatre ans. Ce dispositif est financépar la Direction de l’accueil, del’intégration et de la citoyenneté(DAIC). Ce sont 27 ateliers im-plantés dans 27 écoles de 16 com-munes. L’opération s’adresse priori-tairement aux parents immigrés ex-tracommunautaires qui n’ont pasbénéficié du contrat d’accueil etd’intégration à leur arrivée en

France. En 2012, près de 400 pa-rents y participaient. Le premierobjectif demeure de concourir à laréussite scolaire des enfants en ai-dant les parents, notamment lesmères, à accompagner leurs enfantsdans leur scolarité tout en leur per-mettant de progresser dans la maî-trise de la langue française. Pourcela, dans chaque école, un ensei-gnant et un formateur d’adulte,ayant une qualification et unecompétence en Français langued’intégration (FLI), langue étran-gère (FLE) ou langue seconde(FLS), animent chacun un atelierde deux heures par semaine tout aulong de l’année scolaire. Cette rela-tion privilégiée permet souvent defaire bouger durablement les repré-sentations de part et d’autre. Pourles parents immigrés qui n’ont pasune expérience personnelle de

l’école en France, c’est leur per-mettre de comprendre le travail del’école, de la rendre accessible, deles encourager à participer à la viede l’école et de les conforter dansleur statut de parents d’élèves.Cette action permet aussi de rendrelisible le fonctionnement des insti-tutions, de faire vivre au quotidienet en pratique les valeurs de la Ré-publique, l’accès aux droits, lacompréhension des devoirs et defaciliter la connaissance et la recon-naissance du rôle de chacun.

L’Association des juristes berbères de France au sein du collège Jack-Jorissende Drancy

Il est plus facile pour des parentsqui maîtrisent les codes de la so-ciété et savent faire valoir leurs

V2 Reaap12_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 15/06/13 09:16 Page6

Page 99: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s7

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s droits de se mobiliser et d’être pré-sents au sein des associations deparents d’élèves. Pour les autres,c’est plus compliqué ; en effet, àtitre individuel, des parents (vo-lontaires ou contraints) répondentprésents lorsqu’ils sont sollicitéspour le suivi de la scolarité de leurspropres enfants. Cependant, ilsn’investissent pas les associationsde parents d’élèves, devenues in-existantes ou réduites à l’activité dedeux ou trois militants. Cette dé-sertion collective se traduit notam-ment par la difficulté de constituerdes listes aux élections des repré-sentants des parents d’élèves, par letrès faible taux de participation et,bien sûr, par leur absence dans lesinstances de l’établissement. C’estpour lutter contre cet état de faitque Mme George-Marie Yerro,principale du collège Jack-Jorissen,situé dans un quartier populaire deDrancy, a décidé d’agir. Elle s’estdonc appuyée sur des profession-nels du droit : l’Association des ju-ristes berbères de France, chargéepar la ville de Drancy d’aider lesfamilles à mieux comprendre lefonctionnement des institutions(l’institution scolaire entre autres).Au terme d’un long travail, menépatiemment pendant quatre ans, lesuccès est là. Il se traduit par laprésence des représentants des pa-rents d’élèves dans toutes les ins-tances du collège et par une plusgrande participation des parentsaux élections de leurs représen-tants. En 2009, ils étaient à peine45 votants sur 993 inscrits, en2010, 67 votants pour 1046 ins-crits.En 2011, ils étaient 341 sur 990inscrits à exercer ce droit, soit uneaugmentation de 29%. La dyna-mique est lancée. L’image du col-lège a d’ailleurs changé.

L’association Musique en herbe

Depuis 2000, Musique en herbe réa-lise des actions musicales dans plu-sieurs écoles primaires du départe-ment de la Seine-Saint-Denis. Lesparents participent en collectant leschansons de leur enfance, danstoutes les langues, pour les partagerensuite avec les enfants. Ces activitésinscrites dans les orientations glo-bales de l’association visent à déve-lopper et à promouvoir des actionsartistiques innovantes impliquant lesenfants, leurs familles et les profes-sionnels de la culture et de l’éduca-tion.Certains enfants d’origine étran-gère ou de parents français issus demilieux défavorisés présententd’importantes difficultés d’intégra-tion à l’école (langues différentes,difficultés dans l’expression oraleet corporelle…). La relation avecles familles est souvent insuffi-sante, ce qui bloque une évolutionpositive. Afin de valoriser le rôleparental et de conforter la relationdes familles avec les enseignants etle vécu de l’enfant à l’école, la mu-sique constitue, parmi les arts, unematière très riche, tant sur le planindividuel que collectif, capable decréer un lien extra-ordinaire entreenfants, enfants et parents, parentset grands-parents, parents et ensei-gnants.L’objectif est également de privilégierl’oralité et l’expression artistique, enparticulier pour des familles en diffi-culté linguistique, comme dyna-mique d’expression et de communi-cation.Le projet se déroule chaque annéedans deux écoles maternelles ouélémentaires du département de laSeine-Saint-Denis situées en ZEP.Il touche 120 enfants et leurs fa-milles.

Synthèse des échanges

Comment intégrer les parents dansla «communauté éducative »? L’im-plication des enseignants semble im-portante pour fidéliser la participationdes parents (souvent liée à la personna-lité d’un chef d’établissement). Il fautobserver comment sont accueillis lesparents au sein des écoles et quelleplace ils ont au sein des instances. Il estnécessaire que les enseignants pren-nent conscience des difficultés des pa-rents (appréhension, peur, langage in-connu, difficulté de compréhensiondu fonctionnement…). L’enjeu estque les enseignants sensibilisés à cesquestions fassent partager leurs expé-riences aux autres enseignants (forma-tion à l’interculturalité, partage des sa-voirs, des bonnes pratiques…). Toutesles actions pour rapprocher les parentsde l’école pourraient être intégrées auprojet d’établissement pour assurer la pérennité des actions.Présentation du projet « La rentréedes parents » mis en place par le dis-positif de réussite éducative deBondy. Cette rencontre entre parentset enseignants, d’une part, et parte-naires éducatifs de l’école, d’autre part,semble, pour les participants, être unebonne idée à mettre en œuvre dans lesquartiers: il s’agit de répondre concrè-tement aux inquiétudes des parents enfavorisant le dialogue avec les ensei-gnants, en les mettant en contact avecde nombreux acteurs éducatifs pou-vant les soutenir, en déconstruisant, sibesoin, la mauvaise image d’un éta-blissement… Pour tous les acteurs, ils’agit de prendre conscience que lesparents sont les premiers éducateursde leurs enfants et qu’ils doiventprendre toute leur place au sein del’école. L’idée est aussi que l’école en-tende et prenne en compte ce que lesparents ont à dire! n

V2 Reaap12_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 15/06/13 09:16 Page7

Page 100: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Bondy•

ce

mb

re

2012

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

n ANIMATION: Tania Mayale, association Aideaux mères de famille à domicile, Les Pavillons-sous-Bois.n RAPPORT: Évelyne Davy, service social dépar-temental, Bobigny.

Ce groupe était composé majoritairement de professionnels.Deux associations ont présenté leur activité dans ce domaine.

Jeux, Créativité, Partage

Ce lieu d’accueil se veut être unlieu de valorisation des capacitésde chaque enfant en privilégiantdes approches axées sur le dévelop-pement du bien-être. La diversitédes situations des personnes fré-quentant la structure doit per-mettre de favoriser des interactionspositives dans une optique de tolé-rance susceptibles de mobiliser descompétences méconnues de l’envi-ronnement familier de l’enfant.Lors d’un groupe de parole, des pa-rents d’enfants porteurs de handicapont exprimé leur difficulté à trouverdes lieux, en dehors des structures mé-dicalisées, où ils pourraient se rendrepour que leur enfant soit intégré et ac-cueilli sans un regard de curiosité ou depitié. Jeux, Créativité, Partage, qui gèrela ludothèque de Rosny-sous-Bois, adonc sélectionné une série d’activitésludiques adaptées aux enfants concer-nés, mais a également mis en place unaccompagnement pour que l’enfantparticipe à la vie de la structure, à l’ins-tar de n’importe quel autre enfant.

Les trois caractéristiques du jeu(libre, gratuit, fictif ) autorisent pa-rents et professionnels à lâcherprise, le temps du jeu, nonobstantla rééducation exigeante, le but àatteindre ou la recherche systéma-tique de performances. Les jouetset les jeux choisis sont non spécia-lisés. Ils permettent aux joueursvalides et moins valides de trouverleur place dans cette activité.

Association Aide aux mères de famille à domicile, Les Pavillons-sous-Bois

L’AMFD propose l’intervention audomicile des familles de travailleusesen intervention sociale et familiale.Ayant constaté que des parentsd’enfants porteurs de handicap seretrouvaient sans solution d’accueilspécialisé pour ces derniers et qu’ilsdevaient les prendre en charge demanière continue au prix de leuréquilibre personnel, une action col-lective «Naître en corps» a été miseen place pour tenter de pallier a mi-nima le dénuement de ces parents.C’est un projet d’accueil parents/en-fants qui s’est peu à peu transforméen un accueil d’enfants non accom-pagnés afin de permettre aux pa-rents, particulièrement aux mères,de disposer de temps pour eux. Lesactivités menées avec les enfantssont centrées sur le bien-être. Lesobjectifs sont d’accompagner et desoutenir le dé veloppement harmo-

nieux de l’individu, en fonction duhandicap (moteur ou mental) oudes troubles du comportement, defavoriser ses expériences sensori-mo-trices et de développer ses capacitésd’adaptation et de socialisation.Même si, dans cet atelier, la pré-sence des parents est restée mo-deste, leurs témoignages ont étéintenses, rapportant des expé-riences souvent douloureuses. Lesdifficultés qu’ils ont pu rencontrerpour trouver des réponses adaptéesaux handicaps de leur enfant ont,une nouvelle fois, été soulignées.«Je vais où?», «je fais quoi?» demeu-rent des expressions qui résument ledilemme des parents quand leurs dé-marches actives ne débouchent suraucune perspective concrète d’ad-mission dans des structures spéciali-sées, les laissant face à une responsa-bilité accrue qui les submerge parfois.Il a été également souligné com-bien la question des grands adoles-cents pouvait se révéler délicate enraison des discontinuités dans lesprises en charge – le plus souventdéterminées par des logiques declasses d’âge. Pour les parents, il estsouvent fait mention de combat etde mobilisation intense d’énergie.Les personnes présentes dans l’ate-lier ont souligné qu’il serait impor-tant que les structures locales d’ap-pui aux parents aient le souciconstant de la prise en compte dela question du handicap dans leurprogramme de travail. n

Handicap et différencesAVEC LA PARTICIPATION DE :• Ana-Lisa Mossang, association Jeux, Créativité, Partage, 317 boulevard Aristide-Briand, Rosny-sous-Bois. Tél. : 0148555052.• Camille Hamedi, association Aide aux mères de famille à domicile (AMFD), 3-5 allée Paul-Lafargue, Les Pavillons-sous-Bois. Tél. : 0148503390.

Les parents d’enfants handicapés ont besoin de se retrouver en dehors des structures spécialisées pour se ressour-cer, pour échanger entre eux et avec d’autres parents.

4

V2 Reaap12_Saint-Denis:Reaap8_Rosny BAT 15/06/13 09:16 Page8

Page 101: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sM

ontr

euil•

10 d

éc

em

bre

2013

S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapM O N T R E U I L

ienvenue à Montreuil pour cette soirée et ces travaux quis’annoncent riches si j’en juge le programme. Bienvenueaussi au sein du centre social Lounès Matoub qui a fêté ses

10 ans l’année dernière. Le centre est en plein renouvellement deson projet social et la question de la parentalité sera un volet à partentière de son projet.

Il est important de développer et de faire connaître les actions quel’ensemble des acteurs inscrits dans le Réaap réalisent au quoti-dien en Seine-Saint-Denis. Et ce soir sont réunies bien évidemmentdes structures de Montreuil mais également des villes avoisi-nantes.

Cette initiative encourage les échanges et les actions du Réaap,qui développe le lien social, le vivre ensemble si nécessaires dansl’ensemble des quartiers de la Seine-Saint-Denis. Les actions quisont mises en œuvre au quotidien par des professionnels maisaussi avec l’aide des bénévoles et des habitants sont essentielles,dans la mesure où elles associent tout le monde, libèrent la paroleet l’échange. Il s’agit bien de dépasser la posture de l’expert don-neur de leçons qui dirait ce qu’il faut faire ou ne pas faire. L’en-semble des actions développées permet aux habitants, aux usa-gers et aux parents de parler de leurs difficultés au quotidien et detrouver ensemble des solutions. La participation et l’implicationdes personnes par rapport aux problématiques qu’elles peuventconnaître ou rencontrer sont capitales en matière de parentalité,comme dans bien d’autres domaines évidemment.

Je voudrais souligner également l’importance de l’échange sur lespratiques et les expériences, les bonnes et les moins bonnes, pourpouvoir continuer tous ensemble à mettre en œuvre dans la proxi-mité et au quotidien, dans les associations, dans les centres so-ciaux et dans beaucoup d’autres lieux, ces actions auprès des ha-bitants qui permettent vraiment de mieux vivre et de mieux vivreensemble.

Muriel Casalaspro, adjointe au maire de Montreuil, déléguée aux affaires sociales et solidaires ■

est avec un réel plaisir que j’ouvre cette soirée rencontredu réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des pa-rents (Réaap). Je remercie la ville de Montreuil de nous

accueillir au sein du centre social Lounès Matoub.

La Caf de la Seine-Saint-Denis est particulièrement sensible àcette démarche d’accompagnement de la fonction parentale quis’inscrit dans la politique d’action sociale des Caf comme moyende favoriser l’épanouissement de chacun des membres de la fa-mille. Le Réaap appuie et valorise les compétences des parentsdans leur rôle éducatif, facilite les relations parents/enfants et im-pulse la mise en réseau des acteurs de la parentalité. C’est dansce sens que la Caf est engagée dans une offre diversifiée de sou-tien à la parentalité visant à permettre à un maximum de parentsd’accéder à des actions adaptées à leurs besoins grâce aux dif-férents dispositifs d’appui à la parentalité, tels que les lieux d’ac-cueil enfants/parents (Laep), les contrats locaux d’accompagne-ment à la scolarité (Clas), la médiation familiale et le Réaap. La Cafa le souci d’encourager ces lieux d’expériences au sein descentres sociaux, dans les quartiers, là où vivent les familles. LeRéaap porte une attention particulière aux actions mises enœuvre avec une forte implication des parents et suscite l’élabora-tion de nouvelles initiatives parentales développées localementen prenant appui sur un réseau de parents, soutenu par les pro-fessionnels et les institutions.

Pour la période 2014/2017, le soutien à la fonction parentale seraune priorité d’actions pour les Caf en général dans la mesure où laCnaf l’a prévu dans son contrat d’engagement avec l’État. La Cafde la Seine-Saint-Denis, déjà très impliquée sur cette thématique,poursuivra et approfondira ses travaux en la matière. La richessedu réseau y oblige. Je remercie les différents acteurs qui ont rendupossible cette manifestation, les parents au cœur de l’action, lesprofessionnels et les membres du comité de pilotage.

Philippe Scarfogliero, administrateur de la Caisse d’allocations familiales de la Seine-Saint-Denis ■

BL E S M O T S D ’ A C C U E I L

C’

Page 102: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Mon

treuil•

10 d

éc

em

bre

2013

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

■ ANIMATION : Véronique Guéneau, Direction desservices départementaux de l’Éducation natio-nale.■ RAPPORT : Catherine Mayen, Conseil général 93.

L’ASSOCIATION DULALA

Dulala signifie « D’une langue àl’autre » et, en sanscrit, « le bien-aimé ». Dulala soutient les famillesdans la transmission de leur languematernelle et accompagne les pro-fessionnels dans la mobilisation dela diversité linguistique au sein deleur structure. L’association met enparticulier l’accent sur le « bilin-guisme invisible » quelle que soit lalangue familiale. Dulala valorisecette langue auprès des parents etdes enfants concernés et incite lesparents à la parler devant leursenfants.L’association contribue à faire vivreles langues à l’extérieur de la famil-le, dans les crèches, les Pmi, lesécoles. Elle a mis en place un pro-gramme global s’adressant à la foisaux enfants, aux parents et auxprofessionnels : groupes de jeu enlangue maternelle, ateliers d’éveilaux langues, groupes de discus-sion, ateliers comptines, confé-rences et formations.L’association est convaincue que leplurilinguisme est un atout pourchaque personne et pour la sociététout entière.

L’ASSOCIATION DES FEMMES

MALIENNES DE MONTREUIL

L’association des femmes malien -nes de Montreuil a été créée endécembre 1996. Elle répondait àune demande de femmes souhai-tant sortir de leur isolement. Laplupart d’entre elles ne sachant nilire ni écrire, elles étaient souventconfrontées aux mêmes pro-blèmes : difficultés d’entreprendredes démarches, difficultés de ren-contrer les enseignants de leursenfants, difficultés d’aller à laposte, à la mairie, à la préfecture…parfois même obligées de se faireaccompagner par leurs enfantspour les aider. Désormais, l’asso-ciation accueille aussi des femmesd’autres pays (Côte d’Ivoire,Sénégal, Chine…).Le but est de « se connaître, sereconnaître et vivre ensemble dans lerespect des différences ». L’as -sociation mène diverses activités :cours d’alphabétisation, médiationparents-écoles, participation auxassociations de parents d’élè ves,aux événements festifs, réu nionsentre mères et entre mères etenfants sur divers sujets, sortiesculturelles.

DÉBAT

Tous les participants constatentque de nombreux parents, soucieuxde la réussite de leurs enfants, crai-gnent de leur nuire et de les déso-rienter en leur parlant leur langue.Cette crainte est liée aux discoursmartelés à certaines époques auplus haut niveau de l’Éducation

nationale : les parents parlant leurlangue à la maison seraient respon-sables de l’échec scolaire de leursenfants. Certains enseignants lecroient et incitent donc les parentsà parler uniquement français. Ortous les spécialistes de l’enfancesavent qu’être baigné dans salangue maternelle n’empêche pasl’apprentissage de la langue d’ac-cueil et contribue au développe-ment équilibré de l’être humain.La langue des parents s’imprimesur le corps et l’esprit de l’enfantpar sa musique, sa résonance. Demême que la musique touche toutle monde, tout le monde peut êtretouché par la langue de l’autre.Il ne s’agit pas, pour les profession-nels, d’apprendre les langues maisde s’en approcher, d’y être sensible.Demander à un enfant commenton dit bonjour dans sa languematernelle suffit à valoriser cettelangue, donc l’histoire qu’elleporte. Pour bien vivre ensemble, ilfaut être curieux des autres, deleurs différences.Des participants soulignent com-bien il est important pour tous lesenfants de se situer dans leur his-toire familiale, de faire vivre desallers-retours entre le présent et lepassé, entre l’endroit où ils viventet celui où leurs parents ont vécu.Les parents disent qu’ils transmet-tent leur histoire, leur culture enracontant ce qu’ils vivaient dansleur pays ou région d’origine, encommentant le sens ou l’utilisationde certains objets de la maison, enretournant dans leur lieu d’origineavec leurs enfants, en expliquantpourquoi ils sont venus ici.

Mémoire en partageAVEC LA PARTICIPATION DE :• Éva Gutjahr, D’une langue à l’autre (Dulala), 7 rue des Caillots, Montreuil. Tél. : 0668933748.• Lydie Périllaud, Association des femmes maliennes de Montreuil, 29 rue du Sergent-Bobillot, Montreuil. Tél. : 0148701115.

Transmettre son histoire, ses valeurs, sa langue.4

Page 103: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

Ainsi, la Maison des parents deRomainville travaille à partir desarbres généalogiques sur troisgénérations. Bien souvent, lesenfants savent ou pressentent cequ’il s’est passé dans la famille,mais ils ont besoin de l’entendrede la bouche de leurs parents.Parfois les parents, confrontés àd’autres valeurs, d’autres règles,taisent ou dévalorisent ce qu’ilsont vécu, y compris des points trèspositifs. Par exemple, dans certainspays, c’est toute la communautéqui veille sur les enfants, pas seule-ment le père et la mère. Or, à leur

tour, les enfants, devenus adultes,transmettront une nouvelle cultu-re à leurs enfants ; et plus elle seraconstituée d’apports multiples,plus elle sera riche.La question a été posée auxfemmes maliennes de la réactionde leurs maris quand elles ontappris à se débrouiller. Réponse :ils ont eu peur qu’elles partent dèsqu’elles seraient plus indépen-dantes. [Rires].Cependant, il n’est pas toujoursfacile de transmettre sa langue, saculture, son histoire. C’est cequ’exprime une mère, pourtant

persuadée que c’est important :« Je suis convaincue que je doistransmettre ma langue et ma cultu-re, mais je n’arrive pas à le faire. »Cette mère a demandé à sa propremère de jouer ce rôle. Ce témoi-gnage, fort, montre à quel point latransmission ne va pas de soi. Ellefait appel à des ressentis très pro-fonds et peut faire craindre auxparents de mettre leurs enfantsmal à l’aise dans leur pays d’ac-cueil.Chacun fait comme il peut et c’esttoute la société qui doit jouer cerôle de passeur. ■

■ ANIMATION : Céline Heitzmann, Fédération descentres sociaux 93.■ RAPPORT : Mélanie Cayrac, centre socialEspéranto, Montreuil.

LE COMITÉ DE PARENTS

DU CENTRE SOCIAL ESPÉRANTO

(MONTREUIL)

Le comité est un collectif de parentsusagers du centre social qui se réunitpour proposer des sorties et des ani-mations pour les familles du quar-tier. En 2013, les parents du comitéont participé à l’organisation de laJournée internationale pour la luttedes droits des femmes, notammenten utilisant un outil de participationdes habitants, le Porteur de paroles,qui permet le recueil et l’expositionde paroles d’habitants, de passants,d’usagers : une question est inscritesur un grand format, puis accrochée

à un endroit visible, elle invite lesparticipants à réagir autour d’unthème donné. On note les avis surdes panneaux dans le lieu ou l’espa-ce public choisi.Les parents du comité ont égale-ment proposé deux week-ends,l’un au Futuroscope, à Poitiers,l’autre en Seine-et-Marne. Pourfinancer ces séjours, les membresdu comité de parents ont mené desactions d’autofinancement : prépa-ration d’un buffet lors du festivalTransit, porté par les centressociaux, qui valorise les pratiquesartistiques amateures des habi-tants ; stand buvette lors d’unefête de quartier, stand de barbes àpapa lors d’une fête d’école. Enfin,ils ont également bénéficié d’uneformation par une infirmière etune nutritionniste sur l’impact del’équilibre alimentaire et du som-meil dans la réussite scolaire des

enfants, pour pouvoir à leur toursensibiliser les parents du quartier.

À L’ÉCOUTE DES PARENTS

(MONTREUIL)

L’association Ensemble notre quar-tier a mis en place un lieu d’accueilparent/enfant baptisé « À l’écoutedes parents ». L’accueil se déroule endeux temps: d’abord, les parents par-ticipent à une activité avec leur en -fant (jeux, lecture, activités manuel -les…) – cela nécessite parfois untemps d’adaptation des parents, cer-tains parents n’osant pas ou nevoyant pas l’utilité de ce moment.Puis les en fants s’occupent seuls et lesparents se réunissent pour discuter.L’équipe a en effet observé que lesparents avaient besoin de se retrouverpour échanger entre eux. L’association a mis dix-huit moispour mener à bien ce projet d’ac-P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s3

Les parents à l’initiativeAVEC LA PARTICIPATION DE :• Jean-Paul Karat, comité de parents du centre social Espéranto, 14 allée Rolland-Martin, Montreuil. Tél. : 0141585092.• Jacqueline Rémi, À l’écoute des parents, association Ensemble notre quartier, 88 avenue du Président-Salvador-Allende, Montreuil.

Tél. : 0681704176.

Comment des parents peuvent-ils se regrouper pour proposer des initiatives?4

Page 104: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

cueil parent/enfant. Il fallait sefaire connaître et créer un climatagréable. L’équipe s’est aussi ques-tionnée sur les méthodes pourfidéliser le public. Elle a organisédes portes ouvertes pour deman-der aux parents ce qu’ils souhai-taient faire au sein de l’association.Se questionner sur la fréquentationde l’accueil parent/enfant a permisd’être au plus près des besoins dupublic. Les participants constatentqu’un espace dédié aux parents leurpermet de se sentir mieux, et celaaméliore le bien-être des enfants.Le cadre sécurisant permet deconstruire peu à peu une relationde confiance avec les équipes.

L’IMPORTANCE

D’UN CADRE RASSURANT

Tous les participants de cet atelieront souligné l’importance d’untemps d’accueil des parents pour leurpermettre de se rencontrer, d’échan-ger et de parler avec les équipes.Il arrive que certaines personnescraignent de sortir dans leur quar-tier. Les activités parent/ enfant leurdonnent une occasion de sortir etoffrent un cadre sécurisant où ellespeuvent passer leurs loisirs. Une mère qui participe aux activitésde l’accueil parent/enfant témoi -gne : cet espace lui a permis de fairedes choses avec ses enfants qu’elle nepeut pas faire chez elle. « On pose lesmanteaux et tout ce qu’on a dans latête. » Les mères ont la sensationd’avoir davantage de temps et d’êtreplus à l’écoute de leur enfant. Enplus, les activités sont adaptées àtous les âges. Cela permet égale-ment aux enfants d’avoir d’autresréférents adultes que leurs parents.

LES PRATIQUES ÉDUCATIVES

INTERROGÉES PAR LES PARENTS

ET LES ÉQUIPES

Dans ces espaces, il est importantde laisser les parents libres de leursmanières d’éduquer leur enfant, de

respecter leur culture et leursfaçons de faire, héritées de leursparents. Certains pères craignentpar exemple que jouer avec leurenfant sape leur autorité.Une professionnelle rapporte quecertains parents ne veulent pasfaire des activités avec leur enfant,pensant qu’il s’agit d’une perte detemps, que cela ne sert à rien, n’envoient pas le sens. Il faut alors lesrassurer pour qu’ils parviennent àprendre ce temps.Dans certaines familles, les mèresse chargent des activités quoti-diennes avec les enfants et les pèress’occupent des relations avec lesinstitutions, des sorties avec lesenfants. La mère est le relais entreles enfants et le père.Un participant note l’existence debeaucoup de stéréotypes sur lesrôles parentaux chez les travailleurssociaux. Pour intégrer les pèresdans les activités parent-enfant, ilfaudrait partir des centres d’intérêtde ces derniers (sport, bricolage,etc.) et peut-être aller dans les lieuxqu’ils fréquentent.Les sorties familiales ou les séjoursfamiliaux collectifs offrent la possi-bilité aux parents de discuter entreeux des difficultés éducatives qu’ilsrencontrent, ils peuvent être ame-nés à modifier leurs façons de faire.Ces échanges entre parents etenfants permettent d’équilibrercertaines relations fusionnelles.

LES MOTIVATIONS DES PARENTS

QUI S’ENGAGENT

Les membres du comité de parentsexpliquent qu’ils s’impliquent dansce collectif car ils souhaitent partici-per à la vie du quartier. Pour uneparticipante fidèle de l’accueilparent/enfant, il s’agit davantage derendre ce qu’elle a reçu. Cet accueilest très important, car il lui permetde transmettre à ses enfants cequ’elle a appris de sa propre mère.Progressivement, elle a proposéd’animer des activités. Elle cherche

sans cesse des idées d’activités quipourraient plaire aux parents et auxenfants et se demande comment lesmotiver. Ces parents impliquésveulent donner envie de participeraux autres parents.

DES DIFFICULTÉS

À FIDÉLISER LE PUBLIC

L’association de prévention Rues etCités a organisé des sorties familialesdans le quartier Bel Air à Montreuil,aucune structure n’ayant cette mis-sion. Un premier objectif a été defaire découvrir des activités auxparents et aux enfants. L’autre objec-tif était de travailler sur le vivreensemble: réunir les habitants etaméliorer les relations de voisinage.L’équipe a dû préciser le cadre dessorties familiales: les parents sont res-ponsables de leurs enfants à toutmoment. Quelques parents se sontinvestis pour accompagner les sorties,mais ils n’étaient pas assez réguliers.La Maison des enfants et desparents (Pavillons-sous-Bois) pro-pose chaque semaine des activitéspour adultes aux familles qu’elleaccompagne. Cela permet auxparents de « se décharger du quoti-dien ». La difficulté réside dans larégularité. Parfois, il n’y a aucunadulte aux ateliers. L’équipe sedemande s’il n’est pas stigmatisantde réunir des personnes qui fontface aux mêmes problèmes. L’idéeserait d’ouvrir ces ateliers à d’autrespublics ou de travailler en partena-riat avec d’autres structures.

DES PARENTS POUR MOTIVER

D’AUTRES PARENTS ?

Un participant demande si lesmembres du comité de parents ducentre social Espéranto font lerelais auprès des familles du quar-tier. Les membres du comité deparents précisent qu’ils invitent lesfamilles à venir aux ateliersparent/enfant du centre social.Mais il ne faut pas négliger le poids

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Mon

treuil•

10 d

éc

em

bre

2013

Page 105: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

des commérages dans les quartiers.Certains parents craignent le regardque les autres porteront sur eux. Celapeut s’éviter en favorisant les ren-

contres des populations de différentsquartiers et des publics de différentesstructures. Un participant proposede s’inviter entre structures pour faire

part des bonnes pratiques. L’accentest mis sur l’importance du parte-nariat entre les professionnels, lesparents et les associations. ■

■ ANIMATION : Lolita Maupou, Aide aux mères etaux familles à domicile (Amfd), Les Pavillons-sous-Bois.■ RAPPORT : Isabelle Fabre, Aide aux mères etaux familles à domicile (Amfd), Les Pavillons-sous-Bois.

LE LIEU D’ACCUEIL ENFANTS

ET PARENTS (LAEP) DE L’AMFD

Dans un environnement ludiqueet convivial, le Laep est un espacede socialisation et d’écoute quis’adresse aux familles bénéficiantd’une prise en charge dans le cadrede l’aide sociale à l’enfance duConseil général. Pour compléter letravail fait au domicile par la tech-nicienne d’intervention sociale etfamiliale (Tisf ), ce lieu a pourobjectif l’observation et l’accom-pagnement des interactions pa -rents et enfants, et l’éveil de cesderniers. C’est également un es -pace qui permet aux parents d’ac-quérir, de restaurer ou de renforcerleur capacité de parents, de valori-ser leurs compétences. Il leur per-met aussi un accès à l’information.La pluridisciplinarité des interve-nants (éducateur de jeunesenfants, psychologue, psychomo-tricienne, Tisf ) permet des regardscroisés sur une même situation,enrichit l’observation et l’évalua-

tion et offre une variété de straté-gies au service de la famille.L’accueil des familles se faitautour d’une boisson qui marquele début de l’activité par unmoment d’échange et de partage.Les enfants s’approprient trèsrapidement l’espace et les jeux dulieu d’accueil de manière indivi-duelle.De manière plus ou moins rapide,et chacun à sa manière, les parentsinvestissent l’activité de leur enfantavec le soutien et l’accompagne-ment des intervenants.L’enfant est sous la responsabilitéet le regard de son ou ses parents.Il est libre de jouer dans l’espacequi lui est proposé. Avec l’aide desadultes (parents et professionnels),il est amené à respecter les règlesde vie dans le lieu.Le parent soutient l’activité de sonenfant à travers un regard bien-veillant et assure ses soins. Les pro-fessionnels accompagnent leparent, l’aident à se positionner età trouver ses propres réponses sansfaire à sa place. Ils favorisent égale-ment le bon développement psy-chomoteur de l’enfant à traversl’observation et l’aménagementd’un espace adapté.Chacun est invité à participer autemps de rangement (parents etenfants).

Après l’accueil, un temps est réser-vé aux échanges entre profession-nels sur le déroulement de l’activi-té et la préparation de la prochainerencontre.

ÉCODROM93

Écodrom93 est une associationcomposée d’habitants du quartierBranly-Boissière, à Montreuil, réu -nis pour mettre en place un projetbasé sur l’écologie et l’économiesolidaire : « Éco » ; et « Drom », duGrec et du Romanès, signifiant « lechemin ». Le quartier accueille unepopulation migrante constituéed’une cinquantaine de famillesrroms sédentarisées, venues d’unerégion agricole de l’ouest deRoumanie, « le judet d’Arad ».En lien avec le centre socialSolidarité Français Migrants (Sfm)de Montreuil, Colette Lepage (béné-vole) a soumis aux familles rroms lapossibilité de participer au lieu d’ac-cueil parents et enfants mis en placepar Sfm, et leur a présenté la possi-bilité d’intégration de leurs enfantsau multi-accueil organisé par l’asso-ciation pour les jeunes enfants.Colette Lepage a cependant évoquéles différents obstacles auxquels ellea été confrontée. Les familles vivantdans des cabanes, toutes les tâchesménagères sont très compliquées et

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Se mêler de ce qui nous regardeAVEC LA PARTICIPATION DE :• Colette Lepage, Écodrom93, 15 rue du Capitaine-Dreyfus, Montreuil. Tél. : 0148707531.• Valérie Bauche, Maison des enfants et des parents, Aide aux mères et aux familles à domicile (Amfd), 3-5 allée Paul-Lafargue, Les Pavillons-

sous-Bois. Tél. : 0148503390.

Inviter les parents à participer aux activités de leurs enfants.4

Page 106: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

prennent beaucoup de temps. Lesfemmes ont d’autres priorités vitaleset la participation au lieu d’accueilparents/enfants de Sfm est un luxe.D’autre part, la prise en charge de lapetite enfance n’appartient pas àleur cul ture : en Roumanie, les jar-dins d’enfants existent, mais ils sontpayants et l’école ne débute qu’àl’âge de 7 ans.Deux enfants rroms ont pu intégrerle multi-accueil. Cependant, la sépa-ration a été compliquée, provoquantla souffrance de la mère, et l’adapta-tion a été très longue. Le constat aposteriori est celle d’une adaptationplus facile à l’école maternelle etdans les apprentissages.Les enfants sont cependant de -man deurs. Écodrom93 travaille

ainsi à un projet de création d’unatelier mobile consacré à l’enfance,aux jeux d’éveil et aux activitéspériscolaires qui ira à la rencontredes familles sur leurs lieux de vie.

DÉBAT

Plusieurs questions ont été soule-vées, relatives à la difficulté qu’ontles parents, et notamment lesmères, à participer aux activités deleurs enfants. Les femmes sont peudisponibles, trop préoccupées parun quotidien souvent angoissant.Elles ne savent pas jouer, il estcompliqué pour elles de partager,de se laisser aller à jouer avecleur(s) enfant(s), alors que l’en-fant, lui, est demandeur.

Il y a un travail préalable à faireavec les mères sur l’estime de soi, laconfiance en soi, afin qu’elles puis-sent se rendre disponibles et acces-sibles et prendre du plaisir avecleur enfant.C’est en évoquant, en mettant àjour, en accentuant, en favorisantl’expression des besoins spécifiquesde l’enfant que peut se créer unedynamique d’alliance avec le parentplacé dans un rôle de compétences.Différentes situations particulièresont été évoquées où l’enfant adaptesa conduite aux problématiquesfamiliales, d’où la conclusion d’unenécessaire prudence des interven-tions dans la relation mère/enfant,qui nécessitent la compréhensiondu fonctionnement familial. ■

■ ANIMATION : André Kutemba-Descamp, centresocial Lounès-Matoub, Montreuil.■ RAPPORT : Dominique Levet, Direction des ser-vices départementaux de l’Éducation nationale.

La rencontre a débuté par la pro-jection de l’extrait d’un film docu-mentaire réalisé dans l’atelier« Ouvrir l’école aux parents »animé par Monique Turini, profes-seure des écoles à Pierrefitte-sur-Seine, autour de thèmes et dequestionnements liés à la scolarité.

L’ATELIER SOCIO-LINGUISTIQUE

Anne Largeaud, formatrice, a pré-senté l’atelier socio-linguistique(Asl) « Parent d’enfant/Parent d’é -lève » implanté dans le collège

Politzer de Bagnolet : le partenariatavec le centre social Toffoletti, lescontenus pédagogiques et les objec-tifs de l’atelier. Depuis maintenantsept ans, treize collèges de Seine-Saint-Denis ont ouvert des atelierssocio-linguistiques spécifiques « Pa -rent d’enfant/Parent d’élève » desti-nés aux parents migrants desenfants scolarisés dans ces collèges.C’est un projet porté par Directiondes services départementaux del’Édu cation nationale de la Seine-Saint-Denis, le Conseil général et laDirection départementale de lacohésion sociale, en partenariatavec des associations ou des centressociaux.Les objectifs de ces Asl sont derendre les parents plus autonomesvis-à-vis de l’école et d’améliorer

leur connaissance et leur pratiquede la langue française.Ces ateliers doivent ainsi per-mettre aux parents de décoder lavie du collège. Il s’agit que cesparents d’enfants soient aussiparents d’élèves, qu’ils puissentsuivre au mieux la scolarité de leurenfant et s’engager à terme dans lesinstances de décision du collège.

Les thèmes abordés sont divers etvariés : l’explicitation d’un bulletinscolaire, la présentation des disci-plines enseignées, la lecture d’unemploi du temps, la préparationde la rencontre avec un professeur,le déroulement d’un conseil declasse (à quoi cela sert-il ? qui peuty assister ?) jusqu’à la question del’orientation, etc.

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Mon

treuil•

10 d

éc

em

bre

2013

Apprivoiser l’écoleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Margot Thiam, centre social Les Coutures, 37 rue Jules-Ferry, Bagnolet. Tél. : 0141585540.• Anne Largeaud, centre social Toffoletti, 43 rue Charles-Delescluze, Bagnolet. Tél. : 0148574843.

Les transitions, l’accompagnement des parents, le soutien scolaire.4

Page 107: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

L’ACTIVITÉ ÉDUCATIVE

PÉRI-SCOLAIRE (AEPS)

Margot Thiam, référente Aeps, aexplicité l’organisation de l’offredu centre social Les Coutures, àBagnolet, et les différences entreaccompagnement scolaire (aideaux devoirs) et remédiation sco-laire.Cette action est destinée auxenfants qui ne bénéficient pas dansleur environnement immédiat desressources nécessaires à leur réus -site scolaire. Elle intègre un objec-tif d’appui à la parentalité dans lecadre de la scolarité de l’enfant etdes apports culturels nécessaires àla réussite scolaireL’activité est destinée aux élèves duprimaire et du collège après leurscours. Pour le primaire, après untemps de goûter, les élèves fontleurs devoirs. Commencent en -suite les animations éducativespériscolaires (initiation au jeud’échecs, à la lecture, à la musique,sport, etc.).Les collégiens, eux, arrivent à par-tir de 16h30 selon leurs emploisdu temps. Ils signent un cahier deprésence avec heures d’arrivée etde départ. Les animateurs ne fontpas de soutien scolaire mais del’accompagnement à la scolarité.Les animateurs étudiants peuventégalement organiser des sortiesculturelles et sportives, soit pen-dant les heures d’accompagne-ment à la scolarité, soit les mercre-dis ou les week-ends.Selon les difficultés rencontréesauprès des jeunes, une rencontreavec les parents et/ou les ensei-gnants peut être envisagée afin demieux cerner les problèmes et agirplus efficacement.

DÉBAT

Les participants à cet atelier ontinsisté sur la nécessité de dévelop-per les possibilités de participationdes parents à la vie de l’école. Cela

passe par une modification desregards que chacun peut porter sureux, pour les associer aux grandesdécisions et pour les amener àmieux comprendre la culture sco-laire. Il serait également intéressantd’ouvrir l’école aux partenairesextérieurs pour créer une véritableco-éducation. A été évoquée lapossibilité de mettre en place desformations à destination des ensei-gnants afin qu’ils améliorent leurcommunication avec les parentsd’élèves.La question des devoirs à la mai-son dans le premier degré estvenue sur le devant de la scène.Une directrice de maternelle, quipar ailleurs témoigne de l’expé-rience de décloisonnement desclasses qu’elle a mise en place dans

son école, rappelle que les devoirsécrits à faire le soir sont interdits,même si les parents en sontdemandeurs.Il a également été rappelé l’impor-tance des activités ludiques, senso-rielles et scientifiques, qui peuventêtre tout à fait bénéfiques pour lesélèves qui rencontrent des diffi -cultés scolaires. Si leurs résultatsscolaires ne sont pas très bons, ilspeuvent en revanche avoir desréussites dans ces activités. Il peut dès lors s’opérer un change-ment du regard de l’enfant sur lui-même lorsqu’il bénéficie de cesactivités et qu’il y est bon ; c’estune façon de travailler sur l’estimede soi. Cela permet également deredonner du sens aux apprentis-sages. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s7

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

A télécharger sur le site

de Profession Banlieue :www.professionbanlieue.org

Page 108: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

Montr

euil•

10 d

éc

em

bre

2013

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

eLLes�L’oNt�vécu�:�Les�feMMes�MaLieNNes�de�MoNtreuiL�téMoigNeNt.

Emprunté à la bibliothèque de Montreuil

il y a quelques semaines un livre

au format rectangulaire, avec pour photo

de couverture un visage de femme

en gros plan dont les yeux me sourient.

« Elles l’ont vécu » est le titre

de cet ouvrage. Passionnant recueil de

témoignages des maliennes de Montreuil,

j'en recommande chaudement la lecture.

Ces quelques pages m’ont donné envie

d’en savoir plus sur l’association des

femmes maliennes de Montreuil (AFMM).

Dans le local de la rue Bobillot, ce sont

Lydie Périllaud et Hawa Camara qui

m’accueillent un mercredi matin

et répondent à mes questions.

«��elles�l’ont�vécu�»,�un�projet�de�longue�dateCe livre a été réalisé pour les 15 ans de

l’association m'explique Lydie, présidente

de l'AFMM. Il a fallu plus de 6 mois pour

mener à bien ce projet avec l’aide d’une

journaliste. Ce n’est pas anodin

de coucher sur le papier des témoignages

qui sont autant d’histoires de vie…

Les femmes qui ont participé avaient

envie d’exprimer ce qu’elles avaient

ressenti à différents moments de leur par-

cours –le départ du pays, l’arrivée en

France, le travail, la culture… L’important

c’était de rester fidèle à leur parole, de ne

pas trahir leurs propos, précise Hawa.

Autre objectif ajoute- t-elle, que les gens

nous connaissent mieux. C’est important

de décloisonner, de changer le regard.

Cet ouvrage nous rappelle que la vie

c’est un combat. Pas toujours facile ! Mais

il donne surtout envie d’aller de l’avant.

Je ne suis pas la seule à avoir trouvé

ce livre formidable… Lydie me montre

en effet un pan de mur couvert de lettres

et de petits mots reçus d’anonymes ou

de personnalités qui témoignent, félicitent,

encouragent après leur lecture du livre.

Organisé autour de plusieurs thèmes liés

au parcours migratoire (Le mariage,

le jour du départ, l’adaptation/l’immigra-

tion /le travail /la religion, la tradition,

les coutumes/ la culture…), et autant

de questions (Se battre et essayer

de comprendre/ Envie de rentrer ou

envie de rester…), l’ouvrage donne suc-

cessivement la parole à Tata, Fatoumata,

Hawa, Fanta… C’est souvent émouvant,

parfois drôle, instructif et… illustré

par de très belles photographies.

Je ne vous en dis pas plus…

L’association�des�femmes�maliennes�de�MontreuilL’association est née en décembre 1996,

il y a 17 ans .Cette association, Hawa

en avait l’envie depuis longtemps.

Rompre l’isolement, mettre en lien, voilà

ce qu’elle avait déjà commencé à faire

de manière informelle. J’aime le contact,

j’aime les gens. Nous avons toutes

le même vécu, précise- t-elle. Elle constate

en effet depuis longtemps que de nom-

breuses femmes maliennes sont isolées,

avec des problèmes de langue, confrontées

à des démarches administratives difficiles.

Et puis le cap a été franchi après un voya-

ge de Lydie au Mali. Une découverte.

Les deux femmes, qui habitent dans

le même immeuble, décident de franchir

le pas et créent l’association des femmes

maliennes de Montreuil.

Au départ il avait 25 à 30 femmes, raconte

Lydie. Aujourd’hui ce sont environ

160 femmes et leurs familles qui fréquen-

tent l’association. Les femmes viennent

de tous les quartiers de Montreuil.

Les activités de l’association sont nom-

breuses : Soutien scolaire, alphabétisa-

tion, couture, informatique, sorties fami-

liales, rencontres débats autour thèmes

liés à la santé, la parentalité, mercredis

convivialité, un projet de cours de cui -

sine… Sans oublier le jardin partagé, créé

en 2009, coup de cœur d’Hawa. Les activi-

tés fonctionnent aussi grâce à des béné-

voles, aujourd’hui au nombre de 25. Mais

depuis 15 ans ce sont plus de 100 per-

sonnes qui se sont investies, ajoute Lydie.

L’association est parfaitement intégrée

à la vie montreuilloise et partie prenante

des manifestations organisées par la ville:

Elle participe ainsi aux fêtes de quartier,

à des rencontres avec les enseignants,

s’inscrit aussi dans la problématique

des jumelages (notamment avec le cercle

de Yélimané). L’association met en effet

en exergue les démarches citoyennes

et la participation à la vie locale. Hawa

remarque d’ailleurs que les femmes

sont devenues plus autonomes (elle fait

aujourd’hui beaucoup moins d’accompa-

gnements physiques qu’il y a quinze ans).

Les femmes ont pris de l’assurance

et aujourd’hui, beaucoup travaillent. C’est

aussi grâce aux échanges et à l’entraide

qui règnent à l’association. Ici, la solida -

rité est en effet vécue au quotidien.

PS : Elles l’ont vécu est en vente,

au prix de 20€, au local de l’association :

29, rue du Sergent-Bobillot,

93100 Montreuil. Tél : 01 48 70 11 15

Propos recueillis par Lorraine�Nicolas,le 14 février 2014.

Article en ligne sur le site du Citron vert :

http://www.lecitronvertmontreuil.fr/

8

LecturePar�Lorraine�NicolasReproduction de l’article en ligne sur le site du Citron vert,

avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Page 109: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

sL’

Île-

Sain

t-Den

is•

9 dé

cem

bre

2014

S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapL ’ Î L E - S A I N T - D E N I S

tre parent est certainement l’une des expériences les pluspartagées au monde et l’une des plus difficiles. À L’Île-Saint-Denis, cette expérience est commune à un très grand

nombre d’habitants, puisque 70 % des Îlodionysiens vivent au seind’une famille avec enfant(s).

La ville intervient depuis de nombreuses décennies en directiondes enfants, pour les aider à grandir en autonomie. Ainsi, dès 1912,des séjours en colonies de vacances ont été proposés aux jeunesÎlodionysiens, choisis parmi ceux qui étaient, à l’époque, considé-rés comme les plus chétifs. En effet, on mettait en avant les bien-faits du grand air dans une perspective d’hygiène préventive. Cettepréoccupation envers les plus jeunes ne date donc pas d’hier.

La plupart des parents font ce qu’ils peuvent pour élever leurs en-fants dans des conditions difficiles. Plus de la moitié des ménagesde L’Île-Saint-Denis vivent avec moins de 1000 euros mensuels etles familles monoparentales représentent un tiers des familles. Orêtre parent ne s’apprend pas à l’école. Il était donc nécessaire decréer des lieux et des temps de rencontre, d’échange, de débat, dedécouverte, de détente entre parents et professionnels.

Depuis 2003, la mission parentalité offre aux familles de la ville unlieu d’échange, d’information et d’apprentissage. Groupes de pa-rents autour de thématiques diverses, sorties familiales, aides audépart en vacances, maîtrise de la langue française, accès à laculture et à l’informatique… sont quelques-unes des actions pro-posées. La plus symbolique est certainement celle menée en 2012avec l’enregistrement d’un CD des berceuses du monde, chantéesen vingt langues par des Îlodionysien-ne-s.

Je suis donc très heureuse d’accueillir ce soir à la Maison des ini-tiatives et de la citoyenneté les parents et les acteurs de la paren-talité des villes d’Épinay-sur-Seine, de L’Île-Saint-Denis, de Saint- Denis, de Saint-Ouen et de Villetaneuse. Ces temps d’échange sontpropices à l’amélioration des réflexions et des actions en directiondes habitants du territoire.

Muriel Chesa, conseillère municipale déléguée à la parentalité, à la réussite éducative et à la restauration scolaire,

L’Île-Saint-Denis ■

est avec un grand plaisir que j’ouvre cette soirée ren-contre du réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnementdes parents (Réaap) et je remercie la ville de L’Île-Saint-

Denis de nous accueillir au sein de la Maison des initiatives et dela citoyenneté.

La Caisse d’allocations familiales (Caf) de la Seine-Saint-Denis estparticulièrement sensible à cette démarche d’accompagnementde la fonction parentale, qui s’inscrit dans la politique d’action so-ciale des Caf comme moyen de favoriser l’épanouissement de cha-cun des membres de la famille. Le Réaap valorise les compétencesdes parents dans leur rôle éducatif, facilite la relation enfants- parents et impulse la mise en réseau des acteurs de la parentalité.

C’est en ce sens que la Caf est engagée dans le développementd’une offre diversifiée de soutiens à la parentalité, visant à per-mettre à un maximum de parents d’accéder à des actions adaptéesà leurs besoins, dans le cadre des différents dispositifs d’appui à laparentalité, tels que :

– les Laep (lieux d’accueil enfants-parents),– les Clas (contrats locaux d’accompagnement à la scolarité),– la médiation familiale,– le Réaap.

Le Réaap a le souci de favoriser le développement de ces projetsau sein des structures de proximité dans les quartiers, là où viventles familles.

Il porte une attention particulière aux actions mises en œuvre avecune forte implication des parents et suscite l’élaboration de nouvellesinitiatives parentales développées localement en prenant appui sur unréseau de parents soutenu par les professionnels et les institutions.

La Caf développe également de nouveaux partenariats avec lesdifférents porteurs de projet identifiés dans le département.

C’est dans cet objectif qu’un schéma départemental petite enfanceet parentalité a été signé le 25 novembre 2014 par les représen-tants de l’État, du Conseil général et de la Caf.

La Seine-Saint-Denis a, en effet, été sélectionnée pour préfigurerun tel schéma partenarial, sous l’égide du préfet, avec la Caf, le

ÊL E S M O T S D ’ A C C U E I L

C’

Page 110: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

L’Îl

e-Sa

int-

Den

is•

9 dé

cem

bre

2014

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

Conseil général, les maires des communes du département, l’Édu-cation nationale, la Direction départementale de la cohésion sociale, l’Union départementale des associations familiales et laMutualité sociale agricole.

L’objectif de ce schéma est de faciliter la conciliation de nos tra-vaux, d’améliorer les articulations entre nos actions et enfin de développer le lien entre les thèmes de la petite enfance et du sou-tien à la parentalité.

Le schéma donnera lieu à des actions nouvelles sur lesquellesnous aurons l’occasion de communiquer.

Je tiens à remercier vivement les différents acteurs qui ont rendupossible cette manifestation : les parents au cœur de cette mani-festation, les professionnels et également les membres du comitéde pilotage.

Philippe Scarfogliero, administrateur de la Caisse d’allocations familiales de la Seine-Saint-Denis ■

e suis heureux que le Conseil général soit à nouveau pré-sent ce soir comme il l’est régulièrement depuis la créationdu réseau d’écoute et d’accompagnement des parents

(Réaap), il y a quinze ans déjà. Cette soirée constitue un momentimportant qui permet de rappeler les différents travaux du Conseilgénéral. Le Réaap, dans lequel s’est historiquement engagé leConseil général, ce sont des actions de soutien à la parentalité quifont partie, comme d’autres, d’actions menées par le Conseil gé-néral à destination des parents : les centres de protection mater-nelle et infantile (Pmi) et de planification familiale implantés danstout le département, les crèches départementales qui existent surune grande partie des villes, ainsi que l’ensemble des services del’Aide sociale à l’enfance ou du service social départemental : unensemble d’acteurs qui, au quotidien, est au contact des enfants etdes familles. Pour réaffirmer son rôle en matière de soutien à la pa-rentalité en lien avec l’ensemble des acteurs, et principalementdes acteurs associatifs, qui chaque jour contribuent au maintiendu tissu et du lien social en Seine-Saint-Denis, le Départements’est engagé avec la Caf et l’État à poursuivre et amplifier son ac-tion grâce à la signature du schéma départemental de la petite en-fance et de la parentalité pour la période 2014-2017. Celui-ci prévoitde nouveaux projets pour les prochaines années.

Le Conseil général adhère pleinement aux principes qui ont été po-sés à l’issue de la constitution du Réaap, c’est-à-dire favoriser leséchanges et les relations entre les parents dans des lieux où les

professionnels ne se situent pas comme experts ou donneurs deleçons. Il s’agit pour eux d’avoir plutôt un rôle d’animateur et d’aideaux liens qui peuvent être noués entre les familles et au sein desfamilles. Le but de ce réseau est aussi de valoriser les rôles et lescompétences des parents en matière de responsabilité et d’auto-rité, de confiance en soi, en termes de transmission de l’histoire familiale, d’élaboration de repères, et de tout ce qui peut contri-buer à la protection et au développement de l’enfant.

L’un des éléments important de ce réseau, et dans l’ensemble desactions qui y sont menées, est le principe de libre adhésion et deconfidentialité. En effet, les familles qui participent à des actionsne sont pas là à la suite d’une demande ou d’une mesure qui seraitprise et qui les obligerait à être présentes ; elles sont là volontaire-ment. Les actions sont aussi basées sur la confidentialité : ce quiest dit n’a pas vocation à être enregistré, ni même reproduit.

La libre adhésion, le fait d’être accueilli sans rendez-vous, de déci-der des sujets à aborder sont au fondement même des actions duRéaap. Il n’y a pas de modèle ou de norme à imposer aux familles.Les acteurs sont là pour les écouter, les accompagner, lescompren dre, avec toutes les spécificités de leur parcours et deleur situation.

Par ailleurs, tout ce qui peut permettre d’échanger, de dialoguerentre les parents et leurs enfants est aujourd’hui essentiel, tant lesrelations entre générations évoluent fortement à l’heure des nou-velles technologies, de la mutation des valeurs et des représenta-tions sociales. C’est pourquoi le Conseil général est totalement en-gagé et solidaire du Réaap, animé par Profession Banlieue, et lesoutient.

Ludovic Lamy, directeur adjoint de l’enfance et de la famille, Conseil général de la Seine-Saint-Denis ■

J

Page 111: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Élisabeth Faye Barry, Sfm-Ad,L’Île-Saint-Denis.■ RAPPORT : Karin Lusher, La Sauvegarde, Épi-nay-sur-Seine.

L’ATELIER CUISINE-CULTUREDE LA SAUVEGARDE DE L’ENFANCEET DE L’ADOLESCENCE(ÉPINAY-SUR-SEINE)

Dans le cadre de la protection del’enfance et de l’adolescence, La Sau-vegarde exerce des mesures éduca-tives, ordonnées par les juges des en-fants, ou des mesures contractuali-sées avec l’Aide sociale à l’enfance(Ase) du Conseil général. Elle nes’adresse donc pas à tous les publics.Parmi ses activités, La Sauvegarde afavorisé la constitution d’un groupede femmes qui se réunit depuisplusieurs années dans ses locaux, àÉpinay-sur-Seine. Le groupe est composé de huitfemmes, toutes des mères un peuisolées et ayant besoin de sortir et dese retrouver entre femmes. C’est legroupe qui décide du programmeannuel et, durant l’année 2013/ 2014, il a décidé de fonction ner enatelier cuisine-culture. Cet atelier seréunit deux fois par mois : une foispour l’activité cui sine, durant la-quelle l’une des participantes cuisi-ne avec les autres un plat de sa ré-gion. La confection de la galette desrois a, par exemple, permis de par-ler du goût, de la valeur nutrition-nelle, de ce qui fait plaisir aux en-fants, etc. La deuxième fois permetune sortie culturelle (des sortiesorganisées au restaurant, ou dans deslieux culturels comme par exemplel’Institut du monde arabe…).

Apport de ce groupe (en échange avec la salle) :• Les femmes ont du plaisir à être en-semble, elles se font belles pour ve-nir. « Ne plus penser aux gosses, celafait du bien » – et ce bien-être a desrépercussions positives sur la fa-mille. Une femme témoigne qu’elleavait pris beaucoup de poids,qu’elle ne sortait plus de chez elleet que c’est son mari qui l’a pous-sée à venir participer au groupe. Lesfemmes ont des liens amicaux et setéléphonent entre deux séances.• L’objectif de retrouver de laconfiance en soi, de s’exprimer etd’écouter l’avis d’autres parents estatteint. L’activité « cuisine » est fi-nalement relativement secondaire.

BOUGER : LA PROMOTION

DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE

PAR LA MAISON DE QUARTIER

FLORÉAL-SAUSSAIE-LA COURTILLE(SAINT-DENIS)

Ce projet a été subventionné par leministère de la Santé. C’est un pro-jet expérimental de la Maison de lasanté de Saint-Denis. Le constat estle suivant: pour rester en bonne san-té, il est recommandé de pratiquerl’équivalent d’au moins 30 minutesde marche rapide par jour (au moins1 heure pour les enfants et les ado-lescents). Or la population de cestrois quartiers marche peu, et en toutcas moins que recommandé, surtoutles femmes. Pourquoi ?

Méthode d’analyseLe projet « Pour ma santé, je bougedans mon quartier » est une re-

cherche-action qui a pour objectifd’augmenter de 20 % la proportiond’habitants du quartier Floréal-Saussaie-La Courtille pratiquantquotidiennement au moins 30 mi-nutes d’activité physique. Ce projeta débuté par une phase de recherchede six mois (janvier à juin 2013) quiavait pour double objectifs de re-censer les freins et les leviers à la pra-tique d’une activité physique dans lequartier et d’évaluer le niveau d’ac-tivité physique de la population.Pour ce faire, des évaluations quali-tative et quantitative ont été réaliséeset 500 questionnaires ont été ren-seignés (interviews). Il en est ressortique, pour les femmes, le facteur prin-cipal tenait à un problème d’horaires.Sur la base de ce diagnostic, des ac-tivités sportives sont désormais pro-posées à des horaires compatiblesavec la vie de famille. Des activitésgratuites sont organisées : renforce-ment musculaire (37 inscrits), mini-parcours sportifs, randonnées auparc de La Courneuve. Des cours deyoga, payants, sont également pro-posés. Des petites machines d’en-traînement sont également en libreaccès à Saint-Denis. Quant auxpanneaux pour piétons indiquant ladestination et le temps de marche né-cessaire pour y parvenir, ils serontbientôt installés.Ce projet prendra fin en 2015, uneévaluation sera faite et il est à espé-rer que l’expérience pourra être ré-pétée dans d’autres communes.

RésultatsUne participante témoigne du bé-néfice de l’activité sportive accom-pagnée. Elle a été victime d’un ac-

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s3

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s Manger, bougerAVEC LA PARTICIPATION DE :• Marie-Laure Sinzelet, La Sauvegarde, 36 avenue du Maréchal-De-Lattre-de-Tassigny, Épinay-sur-Seine. Tél. : 0148266574.• Nora Zontone et Paul Daval, maison de quartier Floréal-Saussaie-La Courtille, 3 promenade de la Basilique, Saint-Denis. Tél. : 0183722060.

Prendre soin de soi, pour le bien-être des parents et des enfants4

Page 112: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

cident vasculaire cérébral (Avc) et adû réapprendre à bouger et à parler.Ayant encore des difficultés à s’ex-primer de façon fluide, elle est par-fois le sujet de moqueries qui la fontbeaucoup souffrir. L’ambiance bien-veillante et le soutien d’un profes-

sionnel dans le groupe de sport luiont redonné confiance en elle et luiont permis de persévérer (« la pre-mière fois, elle a eu mal, la troisièmefois, cela lui a fait du bien »). L’ob-jectif semble atteint : la populationdu quartier participe aux activités

proposées et utilise les machines« sportives ». On constate aussi quele contact avec les habitants par lebiais de l’enquête préalable et l’am-biance du groupe sont des facteurstrès importants pour que l’activitésoit investie. ■

■ ANIMATION : Walid Sahli, maison des parents,Saint-Denis.■ RAPPORT : Évelyne Davy, service social dépar-temental 93.

INITIATION AUX CONTES

À LA MAISON DE QUARTIER

ROMAIN-ROLLAND (SAINT-DENIS)

La maison de quartier Romain- Rolland travaille en collaborationavec la médiathèque du centre-ville, située à proximité. C’est ainsique le projet d’atelier de contes aémergé.Les familles ont été invitées à choi-sir un conte parmi les livres quileur ont été proposés. Elles ont en-suite préparé avec leur enfant la représentation publique du conte retenu.L’atelier collectif, qui programmesept à huit séances de travail, vientsoutenir la démarche et faciliter lapréparation de cette représentation.Il faut donc se distribuer les rôles enfamille, s’apporter une aide mu-tuelle et travailler ensemble. Mêmeles jeunes enfants peuvent apporterleur concours.La conclusion de cette aventure seconcrétise lors d’une soirée convi-viale.

BERCEUSES DU MONDE

(L’ÎLE-SAINT-DENIS)

La mission parentalité a cherché àmettre en valeur la richesse cultu-relle des parents fréquentant son ser-vice en proposant la collecte de berceuses issues des quatre coins duglobe, en lien avec leurs souvenirsd’enfance. Les contacts se sont alors multipliésbien au-delà du public fréquentantle service (mission parentalité etréussite éducative) et des parentsmusiciens présents dans la ville ontproposé de les accompagner musica -lement.À l’issue de nombreuses séances derépétition, un CD a été enregistré enstudio : il est désormais remis auxparents à chaque nouvelle naissancesur la commune. Un spectacle a puêtre présenté quelques temps aprèset a connu un grand succès.

***

Ces deux projets ont en commund’avoir été très investis par les pa-rents participants qui y ont vu uneoccasion de s’engager dans une créa-tion partagée avec leurs enfants. Laproposition initiale a été le support

d’une belle expérience familiale. Il afallu vaincre sa timidité, sa retenue,et se faire confiance.Les enfants ont vu leurs parents semobiliser pour que leur famillevienne apporter sa contribution àune production collective dont ilstiraient eux-mêmes beaucoup defierté. Le travail de préparation apermis de beaux moments de com-plicité, d’efforts et de plaisir par-tagé.Dans un cas comme dans l’autre, lespropositions ont eu un effet mobi-lisateur et rassembleur. Les famillesse racontent à travers les supportschoisis et face aux autres.Ces deux projets ont permis de tra-vailler la question de l’expression etdu maniement de la langue : dansl’atelier conte, cela a été un exerciceexigeant pour certains ; dans l’atelierberceuses, les familles, en se réap-propriant des chansons de leurpropre enfance, ont pu revivre unpassé familial exprimé dans uneautre langue que celle de l’environ-nement quotidien des enfants.Si les mères ont été mises en avantdans ces deux expériences, les pèresont pu montrer leur soutien au pro-jet en facilitant la participation deleur famille aux séances de répéti-tion. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

L’Îl

e-Sa

int-

Den

is•

9 dé

cem

bre

2014

Il était une fois… la familleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Nathalie Heuzey, maison de quartier Romain-Rolland, 2 place Victor-Hugo, Saint-Denis. Tél. : 0149337020.• Émilie Pastant, relais d’assistant-es maternel-les, hôtel de ville, L’Île-Saint-Denis. Tél. : 0155876227.

Des parents racontent à leurs enfants4

Page 113: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Brigitte Parot, Maison des parents,Épinay-sur-Seine.■ RAPPORT : Stella Grosjean, association AccionArtistica, Saint-Denis.

Une quarantaine de personnes ontparticipé à l’atelier, dont plusieursparents venant de la cité Allende deSaint-Denis. Le thème de l’atelierportait sur l’importance de la prisede parole des parents quand ils seretrouvent autour d’une action oud’un atelier.

ACTIONS PARENTALITÉ, ASSOCIATION ACCION ARTISTICA(SAINT-DENIS)

L’association Accion Artistica a dé-veloppé différentes actions de sou-tien à la parentalité :

• Le projet vidéoL’association, basée dans la cité Allende, à Saint-Denis, a projeté desextraits d’un film réalisé par le groupede parents dans le cadre d’un projetvidéo. Les parents sont réunis pourparticiper à des jeux de rôles qui sontfilmés. Ce projet permet aux famillesd’améliorer leur cohésion grâce à unemeilleure compréhension de l’autre.Il s’inscrit dans une action plus vastesur la parentalité.La sélection des images montraitdes scènes jouées par un parent etun adolescent : il s’agissait d’impro-visations sur des thèmes du quoti-dien, tels l’apparence vestimentaire,le respect de l’espace personnel,l’identité et la double culture, letemps passé sur Internet et notam-ment Facebook…

Le public a apprécié ces images trèsvivantes, sources d’idées et de ques-tionnements autour du rôle de cha-cun au sein de la famille, de la com-munication, du respect, etc.

• Le groupe de discussionLe groupe de parents d’adolescentsde l’association, qui se réunit unefois par mois, a voulu mettre enévidence les incompréhensions etles difficultés de communication,souvent sources de tensions entreparents et adolescents. Les réunions du groupe parentalitétournent autour de thèmes liés àl’éducation des enfants et à leursdifficultés. Les parents peuventéchanger sur leurs expériences ettrouver dans celles des autres despistes d’amélioration, tout en tis-sant des relations d’entraide.L’association offre cet espace de co-construction entre parents où lesdifficultés trouvent des solutions,bien souvent grâce à la réflexioncollective.D’autres thèmes travaillés par lesparents concernent leur histoire familiale, son impact sur leurs en-fants et sa transmission ; la re-cherche d’informations liées à l’édu-cation, à la scolarité et l’orientationprofessionnelle…

• L’atelier massage bébé Cet atelier est destiné aux parentsdes tout-petits (0 à 6 mois). Il per-met de renforcer les liens mère/ père-enfant, dans un objectif de sor-tie de l’isolement, de soutien auxparents et de prévention précoce.

• L’accueil de proximité Cet accueil consiste en un accom-pagnement et une écoute des pa-rents dans leurs démarches admi-nistratives.

Les participants aux réunions paren-talité de l’association Accion Artisticaémettent régulièrement des retourspositifs : ils témoignent des change-ments dans leur situation, commepar exemple un plus grand recul faceaux conflits du quotidien avec leursenfants adolescents. Une mamanprésente lors de la soirée a exprimé satrès grande satisfaction vis-à-vis desactions auxquelles elle a participéavec sa propre mère et ses enfants.

MICRO-CRÈCHE LA FARAND’ÎLE,SFM-AD (L’ÎLE-SAINT-DENIS)

La Farand’Île est une micro-crèchede 10 places créée à l’initiative de l’as-sociation Sfm-Ad à L’Île-Saint-De-nis. Cette petite structure a pour ob-jectif de participer à l’éveil du jeuneenfant et à son apprentissage de l’au-tonomie. Elle encourage l’implica-tion et la participation des parents.Elle organise des réunions avec lesparents pour leur présenter la crèche,ainsi que des rencontres sur desthèmes choisis par les parents, en lienavec leurs questionnements. La mi-cro-crèche organise également dessorties festives qui permettent aux parents d’échanger en dehors de lastructure. Les professionnels soutien-nent et accompagnent les parents auquotidien. Une psychologue inter-vient également à la crèche en super-vision ou à la demande des parents.P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

Paroles de parentsAVEC LA PARTICIPATION DE :• Ghislaine Prevet, crèche départementale du Moutier, 11 rue du Moutier, Saint-Ouen. Tél. : 0140114631.• Annie Freulon, association Accion Artistica, 1 allée de L’Îsle-Adam, Saint-Denis. Tél. : 0148239349.• Amandine Arrami, crèche La Farand’Île de Sfm-Ad, 14 rue Arnold-Géraux, L’Île-Saint-Denis. Mail : [email protected]

�Quand les parents se retrouvent4

Page 114: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

La moitié des places sont réservées àdes personnes en situation d’inser-tion, l’autre moitié à des parentslambda issus de la sélection de lacommission d’attribution des modesd’accueil.

LE CAFÉ DES PARENTS, CRÈCHE DÉPARTEMENTALE

DU MOUTIER (SAINT-OUEN)

La crèche départementale du Mou-tier a mis en place un café des pa-rents qui permet de passer un mo-ment entre adultes pendant lapériode d’accueil progressif (l’adap-tation) des tout-petits. Une éduca-trice de jeunes enfants et la directrice

accueillent les parents autour d’uncafé. C’est une action novatrice dansla façon d’accueillir les parents ausein des crèches et de leur donnerainsi une place.Pour l’un des pères présents, ce mo-ment est l’occasion de rencontrerles autres parents et les profession-nels de la crèche, il permet d’avoirun retour sur l’accueil progressif(l’adaptation) de son enfant à lacrèche, d’échanger et de partagerses idées avec les autres adultes pré-sents. Une des éducatrices a pré-senté ce café des parents comme unmoyen pour les parents de ne pas seretrouver seuls face à leurs ques-tionnements, de tisser des liens et

ainsi de se sentir moins perdus dansl’établissement le matin et le soir.Bref, la convivialité est au pro-gramme.

***

Les idées fortes de ces trois présen-tations étaient l’échange et le par-tage d’expériences entre parents. Lesparents deviennent ainsi, enquelque sorte, des prescripteurspour les autres parents, ils s’enri-chissent mutuellement. L’accent aégalement été mis sur l’importanceque chaque structure accorde à l’ac-compagnement des parents dansl’éducation de leurs enfants. ■

■ ANIMATION : Sabrina Bousekkine, centre socio-culturel Clara-Zetkin, Villetaneuse.■ RAPPORT : Céline Heitzmann, Fédération descentres sociaux du 93.

L’ASSOCIATION DES FEMMES

DE L’ÎLE (L’ÎLE-SAINT-DENIS)

Créée en 2010, l’association a pourambition de développer le lien, la solidarité et l’émancipation desfemmes. Aussi développe-t-elle desactivités telles que des ateliers cou-ture, des cafés des femmes, des ciné-goûters, qui ont toutes pour objec-tif de faire sortir les femmes de chezelles et de créer un réseau de solida-rité entre femmes et mères. De ma-nière indirecte, les Femmes de L’Îletravaillent sur la parentalité: leurs ac-tions permettent d’interroger le rôledu père face aux difficultés, les liensavec les parents sur le quartier…

Pour permettre aux mères de parti-ciper aux ateliers auxquels elles sou-haitent consacrer du temps, l’asso-ciation a tenté de développer unsystème de garde des enfants, ceux-ci étant pris en charge par les mèresà tour de rôle (co-responsabilité) ;mais cette action n’a pu être péren-nisée. En effet, c’était tellement im-portant pour les femmes de se re-trouver entre elles, de parler, d’avoirun lieu où se sentir libres qu’ellesavaient du mal à respecter leur en-gagement concernant la garde desenfants.Cependant, le mercredi, pendantl’atelier couture, une bénévoleprend en charge les enfants et leurpropose des jeux de société oud’autres activités. Il ne s’agit passeulement de libérer les mamans deleurs enfants pour qu’elles puissents’investir pleinement dans leurs ac-

tivités, mais de mettre en place unvéritable espace de parole pour trai-ter de la question de la parentalité,de l’éducation, de la responsabilitédes parents dans l’éducation deleurs enfants, de la répartition desrôles parentaux.La dimension intergénérationnelleest très présente dans l’association,mais aussi la dimension intercultu-relle, qui se manifeste par des actionsvisant à mieux appréhender d’autrescodes culturels, à mieux comprendreles institutions françaises et à luttercontre les stéréotypes.Comme beaucoup d’autres associa-tions, les Femmes de L’Île se po-sent la question de la mobilisationdes pères : ne faut-il pas sensibiliserles mères à l’éducation de leurs fils,qui deviendront des pères à leurtour ? Si, au lancement de l’associa-tion, les Femmes ne parlaient pas de

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

L’Îl

e-Sa

int-

Den

is•

9 dé

cem

bre

2014

Des parents en mouvementAVEC LA PARTICIPATION DE :• Lorette Dorgans, Association des femmes de L’Île, 1 bis rue Mechin, L’Île-Saint-Denis. Mail : [email protected]• Mickaël Goubin, association des parents d’élèves de l’école Jules-Verne, 31 rue Édouard-Vaillant, Villetaneuse. Mail : [email protected]• Aurélie Chartrain et un collectif de femmes, centre social Pasteur, 6 rue Pasteur, Saint-Ouen. Tél. : 0141663626.

�Des parents proposent des initiatives4

Page 115: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

féminisme, c’est tout de même biende cela dont il s’agit : un travail surl’éducation, le genre, l’égalité, via laparentalité.L’association est membre de laConférence mondiale des femmes.

LE COLLECTIF DE FEMMESDU CENTRE SOCIAL PASTEUR(SAINT-OUEN)

Un collectif de femmes fréquentantle centre social Pasteur avait le pro-jet de partir en vacances ; mais sesmoyens étaient insuffisants. Des fa-milles se sont donc investies pouraccroître les moyens de finance-ment du projet en organisant douzeactions d’autofinancement en troismois. Toutes les trois semaines, unrepas était organisé pour les parte-naires et les salariés municipaux,dans un restaurant éphémère, à rai-son de 7 euros minimum le repas.En 2013, 16 familles ont pu partirgrâce au bénéfice récolté.Les femmes présentes lors de l’ate-lier ont dit s’être bien amusées pen-dant ces initiatives, avoir été heu-reuses également des moments devie partagés avec leurs enfants quiont été très moteurs dans l’organi-sation et la mise en place de ces ac-tions. Celles-ci ont permis auxfemmes de nouer des liens d’amitiéet, durant le séjour, elles se sontsenties « comme une famille ». Leséjour s’est déroulé pendant le Ra-madan et, chaque soir, musulmanset non-musulmans ont partagé larupture du jeûne.

Quelles sont les suites de cette aventure ?Les femmes du groupe parlent au-tour d’elles d’organiser un nou-veau projet l’année prochaine.Elles se retrouvent de temps à autrepour des activités, comme la gym-nastique. Cette première expé-rience collective leur a permis de semettre en mouvement, de se don-ner des moyens pour arriver à leursobjectifs, de développer un senti-

ment de fierté et l’impression deproposer à leurs enfants un mo-dèle à suivre, un sens des respon-sabilités.Le séjour a été un temps fort du col-lectif, avec une veille collective surles enfants, du partage, des échangessur la co-responsabilité et le vivre-ensemble.

L’ASSOCIATION DES PARENTS

D’ÉLÈVES (VILLETANEUSE)

L’association des parents d’élèves(Ape) s’est développée il y a troisans dans une école enclavée de Vil-letaneuse. La communication entreenseignants et parents n’était alorspas bonne. Un noyau dur de pa-rents s’est organisé pour se consti-tuer en Ape avec l’aide du centresocial. Sa première action a été l’or-ganisation d’une fête de Noël, avecla distribution de 300 cadeaux auxenfants, au sein de l’école. Certainsparents n’étaient jamais entrés dansl’école.À partir de ce premier succès, lesliens avec le directeur et les ensei-gnants de l’école se sont peu à peurenoués et deux projets importantsont été développés :• des jeux olympiques parents-en-fants, organisés durant deux jours,avec une cérémonie d’ouverture,de nombreuses disciplines et unprincipe phare : un binôme pa-rent-enfant pour chaque activité.Une manière de renforcer lesliens, la solidarité et la compli-cité ;• la mise en place d’un café des pa-rents (financements Réaap,Cucs…), qui se tient les mardismatins, avec un petit déjeuner of-fert. Les habitants contribuent à ladécoration du lieu qui accueillele petit déjeuner pour mieux sel’approprier, et aux thèmes abor-dés : les mots qui assassinent, lespunitions… 30 à 35 personnessont présentes chaque semaine etquelques temps forts sont orga-nisés les samedis.

Une forte demande de créer du lienexiste dans le quartier et le présidentde l’Ape – un père, devenu cetteannée conseiller municipal – estimeque développer le lien social dans lequartier est très important pouraborder les questions de parenta-lité. Ainsi, l’association ne se limitepas à travailler les liens avec l’école,elle s’investit beaucoup sur des ac-tions du quartier : comités de quar-tier, fêtes de la ville, etc.En trois ans d’activité, l’Ape ob-serve que le nombre des votants auxélections de parents d’élèves a dou-blé. Il a fallu que l’Ape fasse lapreuve de sa réussite avant que le di-recteur de l’école ne s’implique vé-ritablement. L’école s’est ainsi ou-verte sur le quartier et le directeurde l’école est devenu une « interfacebienveillante » entre les parents et laville. Aujourd’hui, le dialogue estconstructif et se poursuit via desinstances plus officielles.

***

Le contact humain, la rencontre,l’écoute, la convivialité sont des no-tions primordiales. Elles sont sou-vent un préalable pour agir ensuitesur des questions telles que la co-éducation, l’évolution du rapportavec les institutions.Faire AVEC les gens, tisser du lien,permettre la mobilisation, créer unmouvement collectif ; ensemble, onpeut aller plus loin que ce que l’onaurait fait seul, ou que ce que l’onaurait imaginé. Il est donc important de créer desespaces pour que la parole circule,pour permettre et favoriser le chan-gement de regard des uns sur lesautres, pour valoriser les dimen-sions interculturelles et intergéné-rationnelles dans les échanges et lesrencontres. Autant d’éléments quiconstituent un levier pour per-mettre des prises de conscience quifont bouger plus facilement les per-sonnes. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s7

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Page 116: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r

e

n

t a

l i t é

s

L’Îl

e-Sa

int-

Den

is•

9 dé

cem

bre

2014

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

Pour aller plus loin……quelques publications de Profession Banlieue

• Collection L’École et la Ville

n° 9 • Pierre PÉRIER

École et familles populaires. Définir des règles d’échange explicites et partagées

Les relations entre « École de la République » et familles sont marquées par une histoire longue et plus récemment par des phénomènes accentués de ségrégation sociale et spatiale, la massification de l’enseignement et un discours tendant à individualiser les difficultés de chacun, qui mettent au jour l’inéquité de la relation entre école et famillespopulaires. L’école doit aujourd’hui se transformer pour expliciter ses attentes, travailler à la complémentarité des pratiques scolaires et familiales et innover afin d’atténuer le différend qui nuit au parcours scolaire de trop nombreux enfants.

n° 12 • Françoise LORCERIE

L’école au défi de la diversité. De l’état des lieux aux pistes d’action

Le terme de diversité, avec le sens spécifique qu’il a pris récemment, a peu pénétré le discours formelde l’institution scolaire. En revanche, les sociologuesrepèrent dans l’école des formes de gestion ethniquequi ne sont pas forcément nouvelles. N’est-ce pas dès lors une manière de jeter un voile sur les questionsd’ethnicisation et de discrimination dans les rapportsscolaires ? La situation actuelle à cet égard est complexe, il faut prendre le temps de l’examiner finement.

n° 14 • Stéphanie RUBI

Violence entre pairs à l’école. Une structuration sexuée ?

Quand les garçons sont poussés à être combatifs, agressifs, courageux et dominants, les filles sont encouragées à se dévoiler dans des relations intimes qui sont parfois utilisées ensuite contre elles. C’est,entre autres, ce que semblent montrer les enquêtes s’intéressant aux types de violences entre pairs subies à l’école par les filles et par les garçons. Comment les socialisations sexuées différenciées participent-elles de la structuration des violences à l’école primaire puis au collège ?

n° 17 • Christine BORDES, Marie GILLOOTS, Patricia NDOZANGUE, Élisabeth PASCOT

La lutte contre le décrochage scolaire

Sont présentées dans ce numéro deux expériences de travail avec des élèves en difficulté scolaire :

à l’initiative du secteur de pédopsychiatrie, en particulier de l’équipe du centre médicopsycho -logique (Cmp), et grâce à un partenariat avec l’Éducation nationale et la politique de la ville,une conception novatrice du traitement du décrochagescolaire a vu le jour à Nanterre en 2005 : l’atelier pédagogique ; les difficultés scolaires concernant également les élèves qualifiés d’« intellectuellementprécoces », un dispositif d’accueil a été mis en place en Seine-Saint-Denis depuis 2010.

• Collection Les Textes

Intervention de Charles DI, psychologue clinicien, pour le Réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement

des parents de la Seine-Saint-Denis.

Parents d’ailleurs venus ici, enfants d’ici venus d’ailleurs

Que se passe-t-il lorsque l’on est parent, que l’on vient d’ailleurs et que l’on a des enfants qui,eux, sont d’ici ? Est-on parent partout de la mêmemanière ? Aime t-on partout de la même manière ?Certaines manières d’être parent sont-elles supérieuresà d’autres ? Ou bien, n’y a-t-il simplement que des manières différentes d’être parent, qui correspondent à un environnement ?

Texte rédigé par Françoise PETITOT et les responsablesdes Maisons des parents de la Seine-Saint-Denis.

Il était une fois… les Maisons des parents

Ce travail a pour objectif de faire le point sur l’évolution des Maisons des parents depuis leur création et depuis le rapport de 2005. Il est en effet nécessaire et intéressant, de faire, après quelques années de fonctionnement, le point sur la fonction, les objectifs et les effets de ces structures innovantes. Quelles sont les conséquences de l’institutionnalisation des Maisons des parents ? En quoi l’accueil des enfants a-t-il fait bouger les pratiques ?

8

Ces textes sont téléchargeables au format pdf sur le site de Profession Banlieue dans la rubrique Publications.

www.professionbanlieue.org

Page 117: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a

r e

n

t a

l i t é

s

Trem

blay

-en-

Fran

ce•8

déc

embr

e 20

15S e i n e - S a i n t - D e n i s

Les Soirées du RéaapT R E M B L A Y - E N - F R A N C E

a ville de Tremblay-en-France est heureuse d’accueillir cette soirée rencontre du réseau d’écoute, d’appui et d’accompa-

gnement des parents (Réaap). Je souhaiteégalement la bienvenue à nos voisins de Coubron, Vaujours, Villepinte, Sevran, Livry-Gargan et Aulnay-sous-Bois.

Être parent est un grand bonheur, mais aussiune responsabilité, une mission, un devoir.C’est surtout une tâche de plus en plus difficileà accomplir dans un contexte social de crise.

Pourtant, tous les parents ont des compé-tences et des savoir-faire, en plus de l’amourqu’ils donnent à leurs enfants. Pour ne pasqu’ils l’oublient, il faut pouvoir valoriser cescompétences, les partager, les échanger. C’estle rôle d’une soirée comme celle-ci.

C’est également le but de nombreuses actionsque mène la ville de Tremblay-en-France autravers de ses différentes structures : maisonsde quartier, centre social Louise-Michel, pro-gramme de réussite éducative (Pre), contratlocal d’accompagnement à la scolarité (Clas),points Info familles. Ces initiatives qui renfor-cent ou recréent du lien social sont impor-tantes pour apporter des clefs et la confiancequi manquent parfois à des familles fragili-sées : près d’un quart des familles sont, ici,mono parentales ; et un quart des Tremblay-siens vivent avec moins de 1000 euros parmois.

Les parents ne doivent pas avoir peur de sesaisir de leur rôle éducatif. Les enfants en ontbesoin pour grandir, se construire, parfoismême contester. Il est indispensable pour eux

d’évoluer dans un cadre qui leur transmette lescodes et les valeurs essentielles à leur éman-cipation et à leur future identité d’adultes res-ponsables et citoyens. Ce cadre est essentiel-lement dessiné par les parents. Voilà pourquoices derniers ne doivent pas s’interdire d’assu-mer pleinement leur statut d’acteur éducatif,aux côtés, notamment, de l’École républicaine.

Dans une société où les repères deviennentflous, quand ils ne viennent pas à manquer, lepère et la mère restent la référence premièredes enfants. Même si la vie de parent n’est pasun long fleuve tranquille, si elle est parfoisrude et émaillée de conflits avec les garçonsou les filles, cette phrase du psychanalysteBoris Cyrulnik nous invite à nous rassurer :

« Un enfant n’a jamais les parents dont il rêve.Seuls les enfants sans parents ont des parentsde rêve. »

Les échanges de ce soir, comme ceux qui ontlieu toute l’année, sont une source d’enrichis-sement mutuel, je n’en doute pas. Je remercietous les participants d’avoir répondu présentsà l’invitation de la ville de Tremblay-en-Franceet du Réaap.

François Asensi, député de la Seine-Saint-Denis, maire de Tremblay-en-France ■

LL E S M O T S D ’ A C C U E I L

Page 118: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

est avec grand plaisir que j’ouvre cette soiréerencontre du réseau d’écoute, d’appui et

d’accompagnement des parents (Réaap), et jeremercie la ville de Tremblay-en-France del’accueillir au sein du centre social Louise- Michel – Mikado.

La caisse d’allocations familiales (Caf) de laSeine-Saint-Denis est particulièrement sen-sible à cette démarche d’accompagnement dela fonction parentale, qui s’inscrit dans la poli-tique d’action sociale des Caf comme unmoyen de favoriser l’épanouissement de cha-cun des membres de la famille. C’est pourquoila Caf soutient et finance le Réaap. Le Réaapvalorise les compétences des parents dansleur rôle éducatif, facilite la relation enfants-parents et impulse la mise en réseau des actions menées sur le territoire de la Seine-Saint-Denis pour que les bonnes pratiquespuissent être échangées, que les parents puis-sent entendre ce qui se fait dans d’autres villespour donner envie de développer de nouvellesactions.

C’est en ce sens que la Caf est engagée dansle développement d’une offre diversifiée desoutien à la parentalité visant à permettre auplus grand nombre de parents possible d’accéder à des actions adaptées à leurs be-soins dans le cadre des différents dispositifsd’appui à la parentalité, tels que les Laep (lieux d’accueil enfants-parents), les Clas (contratslocaux d’accompagnement à la scolarité), lamédiation familiale et, particulièrement, le Réaap.

Le Réaap a le souci de favoriser le développe-ment de ces lieux d’expériences au sein descentres sociaux, dans les quartiers, là où viventles familles. Il est très attentif à ce que les ini-tiatives soient soutenues par les profession-nels, par les parents et les institutions, et à ceque les financements soient mobilisés. Le Réaap, en effet, porte une attention particulièreaux actions mises en œuvre avec une forte im-plication des parents et souhaite susciter l’éla-boration de nouvelles initiatives parentales

développées localement en prenant appui surun réseau de parents soutenu par les profes-sionnels et les institutions.

La Caf est ainsi amenée à développer de nou-veaux partenariats avec les différents porteursde projet identifiés sur le département.

C’est dans cet objectif qu’un schéma départe-mental petite enfance et parentalité a été si-gné le 25 novembre 2014 par les représentantsde l’État, du Conseil départemental et de la Caf.L’objectif de ce schéma est de faciliter laconciliation de nos travaux, d’améliorer lesarti culations entre nos actions et enfin de développer le lien entre les thèmes de la petiteenfance et du soutien à la parentalité. Leschéma donnera lieu à des actions nouvellessur lesquelles nous aurons l’occasion de com-muniquer.

Avant de laisser la place aux échanges, je re-mercie les différents acteurs qui ont rendupossible cette soirée rencontre : les parents,au cœur de cette manifestation, les profes-sionnels ainsi que les membres du comité depilotage.

Julia Colombat, sous-directrice en charge du développement territorial,

caisse d’allocations familiales de la Seine-Saint-Denis ■

est toujours un plaisir, pour les administrateursde la Caf, de venir dans les centres so-ciaux rencontrer les structures munici-

pales et associatives, les parents et les profes-sionnels, qui sont la Seine-Saint-Denis et quifont vivre les quartiers.

La question du vivre-ensemble est aujourd’huimalmenée. Aussi le rôle des centres sociaux etleur mobilisation au quotidien auprès de la po-pulation sont-ils d’autant plus importants.

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

2

P a r e n t a l i t é s

Trem

blay

-en-

Fran

ce•8

déc

embr

e 20

15

C’

C’

Page 119: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

En Seine-Saint-Denis, le Réaap est un adoles-cent, il a 15 ans ; il est né à la suite de la confé-rence nationale sur la famille de 1998. À15 ans, on est un peu remuant, on bouge et onfourmille d’idées…

Un des sujets de l’atelier « Osons prendre letemps, mère et père » est une question de so-ciété, et elle intéresse la Caf à ce titre, notam-ment autour des congés parentaux et de laplace de chacun entre le travail et la famille.Pour les pères qui travaillent – qui sont pré-sents ici –, c’est un vrai combat. C’est aussi uncombat qu’ont mené les femmes il y a des an-nées pour faire respecter leur droit à la mater-nité. Le droit doit continuer à avancer et les parents doivent combattre pour faire respec-ter ce droit à la parentalité, nécessaire aux familles et aux enfants.

Je vous souhaite de bons travaux.

Philippe Scarfogliero, administrateur, caisse d’allocations familiales

de la Seine-Saint-Denis ■

ette assemblée diverse et nombreuse est un si-gnal d’espoir dans le contexte particulière-ment difficile que nous traversons en cette

fin d’année 2015. Il est ainsi plutôt réjouissant devoir des femmes et des hommes aussi nombreuxréunis autour d’un sujet qui peut apparaître am-bitieux – « Être parents aujourd’hui » – et qui esten soi tout un programme. Votre présence etvotre investissement sont autant de petites lu-mières dans un monde relativement sombre.

Aux côtés de la Caf et des partenaires que sontl’Éducation nationale, la Fédération des centressociaux, l’Union départementale des associa-tions familiales (Udaf), le Conseil départementalest pleinement engagé dans le Réaap parcequ’il considère que la démarche d’accompa-gnement des parents à cette tâche assez indé-finissable qu’est la parentalité (quand on estjeunes parents au moins) est un élément fonda-mental, comme l’est la place de la famille dansle parcours de l’enfant, de façon plus générale.Le Conseil départemental poursuivra donc sonsoutien à l’ensemble de ces démarches.

On imagine souvent qu’on est seul à rencontrerdes difficultés dans l’exercice de la parentalité.Or les questionnements et/ou les difficultés nesont pas réservés à quelques personnes austatut défini. On les rencontre toutes et tous. Onimprovise, on commet des erreurs, parfois, onne sait tout simplement pas comment faire. Ilest également important de reconnaître que,aux côtés de professionnels qui ont une exper-tise, les parents ont eux-mêmes une expertiseen la matière. C’est en échangeant sur les ex-périences que chacun grandira dans son rôlede parent et fera grandir ses enfants le mieuxpossible dans ce monde parfois difficile.

Merci encore d’être ici. Nous veillerons, avecl’ensemble des partenaires réunis ce soir, à pour-suivre le soutien du Conseil départemental initiédepuis des années, afin qu’il reste un partenaireconstant et fiable à vos côtés.

Frédéric Molossi, vice-président, conseil départemental de la Seine-Saint-Denis ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s3

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s C

Page 120: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

P a r e n t a l i t é s

Trem

blay

-en-

Fran

ce•8

déc

embr

e 20

15L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

4

■ ANIMATION : Benjamin Liévoux, associationAide aux mères et aux familles à domicile,Livry-Gargan■ RAPPORT : Henriette Didon et Annick Miget,association Aide aux mères et aux familles àdomicile, Livry-Gargan

L’ATELIER SOCIOLINGUISTIQUE

Au sein du centre social et socio-culturel Jacques-Prévert, à Gagny,des ateliers sociolinguistiques (Asl)sont mis en place depuis plus detrente ans. Ces ateliers ont pourobjectif principal de favoriser l’au-tonomie des habitants du quartierdans leur vie quotidienne.Soixante personnes y participent etsont réparties en quatre groupes deniveaux différents. Les participantssont principalement des femmes.Elles souhaitent approfondir leurscompétences linguistiques en fran-çais pour trouver du travail et/ouparticiper à une formation, suivrela scolarité de leur(s) enfant(s) etne pas dépendre d’une tierce per-sonne pour effectuer leurs dé mar -ches administratives.Un programme est établi en fonc-tion des acquis et des besoins desparticipants. C’est une action quiprend en compte l’hétérogénéitédes différents groupes. Une péda-gogie différenciée est mise en placeafin de favoriser l’apprentissage detous.Six bénévoles et la coordinatricedes Asl animent les ateliers. Dessorties culturelles et un partenariat

avec la bibliothèque et le centre desanté municipal viennent complé-ter ce dispositif.

« LANGAGE ET DÉCOUVERTES »

L’association Aide aux mères et auxfamilles à domicile (Amfd) deLivry-Gargan est une associationoù exercent divers professionnels :une éducatrice de jeunes enfants,des techniciennes d’interventionsociale et familiale (Tisf ), une psychomotricienne, un éducateursportif, une monitrice-éducatrice,une psychologue, une aide médico - psychologique, une auxiliaire devie sociale, un assistant de vie auxfamilles et des aides ménagères. LeTisf est un travailleur social quiintervient au domicile des familles,sur une mission émanant soit de laCaf, soit de l’Aide sociale à l’en-fance (Ase). Les missions princi-pales de tous ces professionnelssont de soutenir et de favoriser lafonction parentale, et de favoriserl’autonomieAu sein de l’Amfd, la Maison desenfants et des parents propose plu-sieurs activités pour compléter lesinterventions à domicile. L’atelier« Langage et découvertes » a étémis en place en 2015. Les profes-sionnel(le)s de terrain, les Tisfentre autres, révèlent des besoinsau sein des situations familiales etconseillent ou accompagnent prin-cipalement les mères de famille àcet atelier, avec pour objectif pre-mier d’aider à la fonction parentale.

L’atelier « Langage et décou vertes »a lieu tous les jeudis matin de9h00 à 12h00. Le groupe estcomposé de cinq à six personnesde tous niveaux, principalementdes femmes, mères de famille. Cetatelier permet de travailler dansune ambiance agréable et convi -viale, avec des échanges inter -culturels pour aborder les bases del’apprentissage de la langue fran-çaise, de consolider les connais-sances, de faciliter les contacts etles démarches administratives. Dessorties sont également organiséespour découvrir la culture française,ses usages, sa cuisine. Outre l’ap-prentissage ou la consolidation dela langue française, l’atelier per-met, par le biais de jeux de rôles,de favoriser la confiance et l’estimede soi.Durant l’atelier du Réaap, deuxmères de famille ont témoigné.L’une a expliqué : « J’ai moins peurde sortir seule avec mes enfants, cetatelier m’a permis de prendreconfiance en moi. » La seconde aprécisé que ses apprentissages auxateliers sociolinguistiques lui avaitpermis d’accéder à une formation.

Langage et découvertes : apprentissage de la langueAVEC LA PARTICIPATION DE :• Ferroudja Abdi, association Aide aux mères et aux familles à domicile, 8 allée Courbet, Livry-Gargan. Tél. : 0148177850.• Nadine Duclain, centre social Jacques-Prévert, 63 rue du 18-Juin, Gagny. Tél. : 0143300557.

L’apprentissage de la langue, un outil vers l’autonomie4

Page 121: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

■ ANIMATION : Bruno Franchitto, maison de quar-tier du Vert Galant, Tremblay-en-France■ RAPPORT : Céline Heitzmann, Fédération descentres sociaux 93

Dans un premier temps, les parti-cipants ont donné leur définitiondu bien-être. Pour les uns, il s’agitde sortir du quotidien et de sa soli-tude, d’oublier ses difficultés. Pourles autres, le bien-être, c’est êtreensemble, faire des projets et desdécouvertes, se dépayser.

LE PROGRAMME

DE RÉUSSITE ÉDUCATIVE, TREMBLAY-EN-FRANCE

Le programme de réussite éducative(Pre), créé nationalement en 2005,doit permettre la prise en chargeindividualisée d’enfants, à partir de2 ans, en « fragilité », repérés la plu-part du temps plus tard, en milieusco laire, sur la base de critères mul-tiples (état de santé physique, déve-loppement psychique et psycho -logique, contexte familial, facteurssocio-économiques et environne-mentaux). Il s’agit d’une approcheglobale des difficultés rencontréespar les enfants ainsi que d’unedouble volonté de placer la familleau centre de l’action et d’amener lesdifférents acteurs du champ éducatifà coopérer. Ainsi, dans bon nombrede Pre, des actions de soutien à laparentalité sont mises en place. C’estle cas des journées bien-être pour lesmères organisées par le Pre deTremblay-en-France autour de lacoif fure, du maquillage ou de ladanse. L’objectif est d’inciter les

femmes à prendre du temps pourelles et à décompresser un peu. Ellesseront alors plus patientes, plus dis-ponibles pour leurs enfants.En complément, chaque année estorganisée une journée au bord dela mer ou dans un parc d’attrac-tion avec les parents et les enfants.Cette journée, en permettant uneparenthèse dans le quotidien, per-met de poser un autre regard surson enfant, de passer un bonmoment ensemble, et de fabriquerde bons souvenirs.

LE CENTRE SOCIAL

LOUISE-MICHEL – MIKADO

Le secteur famille du centre socialmet aussi en place des ateliersbien-être, les parents fréquentantle centre social devant bien souvent faire face au quotidien àde nombreuses difficultés socio- économiques. Ces moments dedétente organisés pour eux-mêmesleur offrent une soupape. Endehors des sorties, cela peut êtrel’occasion de faire venir une diété-ticienne, un éducateur sportif, etc.Une participante témoigne de l’aide de son mari, qui l’a inscriteau centre social à son arrivée enFrance pour qu’elle assiste à unatelier sociolinguistique. Elle aensuite participé à des activitéssportives et, enfin, s’est inscrite auxactivités du secteur famille.

DES FREINS ?

Pour les parents, s’organiser pourse rendre disponibles sur des tempscomme ceux-ci n’est pas toujours

simple, ils sont parfois dépasséspar les urgences du quotidien. Ilsdonnent ainsi souvent la prioritéaux enfants avant de penser à eux.S’occuper de soi peut égalementgénérer un sentiment de culpa bi -lité. Les parents se sentent égoïstesde penser à eux d’abord !Se décider est également parfoisdifficile, notamment lorsque leparent n’a pas le moral. L’effet degroupe est d’une aide précieuse.Le coût financier (des sorties, parexemple) peut également être unfrein. En général, dans des struc-tures comme les centres sociaux, lescoûts sont néanmoins relativementfaibles, pour permettre la participa-tion du plus grand nombre.

DEUX INGRÉDIENTS

INDISPENSABLES

Travailler la confiance en soi estindispensable, de même que se don-ner du temps: ne faut-il pas « perdre »du temps pour en gagner après? se sontdemandé les parents, ce qui a suscitéde nombreux échanges.

QUELS EFFETS ?

Toutes ces activités montrent queles parents peuvent se permettredes loisirs avec des moyenssimples. Ils apprennent alors àfaire des choses qu’ils peuventreproduire chez eux, ce qui encou-rage leur autonomie.Les participants étaient d’accordpour reconnaître que le bien-êtredes parents aide à celui de la famille – du couple comme des en -fants –, car les enfants ressententP

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s5

Le bien-être pour soi et en familleAVEC LA PARTICIPATION DE :• Sandra Deschamps, Programme de réussite éducative, Mairie, 18 bd de l’Hôtel-de-Ville, Tremblay-en-France. Tél. : 0149637184.• Rami Hanane, centre social Louise-Michel – Mikado, 4 cour de la République, Tremblay-en-France. Tél. : 0148607269.

Femme ou homme, osons prendre du temps !4

Page 122: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

tout ce qui se passe, le bien commele moins bien. Tous les types d’ac-tivités amènent à un bien-être dèslors qu’elles permettent le partage,la rencontre, l’expérimentation.Le groupe aide à sortir de chez soi, àrompre l’isolement et à créer denouveaux liens sociaux – qui se pro-longent parfois en dehors de lastructure.Les femmes ont reconnu que celales aidait à se sentir femmes, et pasuniquement « mères de », « femmesde », « filles de »…

EN CONCLUSION

Le groupe s’est accordé pour direqu’accepter de prendre du tempspour soi relève d’un processus, afinde s’autoriser progressivement à…Ce qui n’empêche pas de culpabi-liser, mais permet d’avancer enregardant les choses de manièreplus paisible. Il s’agit d’être endynamique, avec ce que l’on est, lesdifférences, l’histoire, la culture,et souvent avec l’appui de profes-sionnels, qui permettent de « mettre

un pied à l’étrier ». C’est un proces-sus d’individuation, qui aide àfaire émerger l’individu en soi, à sedistancer de la famille, des enfants,pour mieux les retrouver après.Dans ce processus, la réflexion surla transmission est très impor -tante.« Parents, quels adultes souhaiteriez-vous que vos enfants soient ? » –« Libres et heureux, utiles pour lasociété, épanouis, qu’ils fassentmieux que nous, indépendants etautonomes. » ■

■ ANIMATION : Yasmina Sidi-Moussa, centresocial André-Malraux, Villepinte■ RAPPORT : Marie-Thérèse Gaudier, Mission métropolitaine de prévention des conduites àrisques 93

Par le jeu, les parents transmettentleur histoire, leur jeunesse. Il s’ins -taure par ce biais une complicitéentre parents et enfants, source debien-être. Les règles des jeux sontpar ailleurs à l’image des règles quirégissent notre société. Par le jeu,on peut aussi accompagner lesenfants dans leur scolarité.

L’ESPACE PARENTS-ENFANTSAUTOUR DU JEU, CENTRE SOCIAL

ANDRÉ-MALRAUX

La mise en place de cet espace ausein du centre social a été réalisée enpartenariat avec deux acteurslocaux, la Caf 93 et la circonscrip-tion de service social du Conseildépartemental. Le projet fait suite àun diagnostic réalisé dans les quar-

tiers de Villepinte qui a établi unmanque de lieux d’accueil parents-enfants dans la commune. Lesobjectifs de ce projet sont mul-tiples : créer un espace de rencontreentre parents (échange…), organi-ser un espace de jeux (jeux de rôles,jeux de motricité, jeux sensoriels,jeux de mémoire…), favoriser destemps de sensibilisation sur dessujets liés à l’éducation des enfantspar l’intermédiaire de profession-nels, mais de manière lu dique (parexemple, un spectacle de marion-nettes, Les Aventures de Trompinou,permet de raconter des histoiresautour du sommeil et de l’autorité).Durant l’année 2014, huit séancesont été organisées et 160 per-sonnes en ont bénéficié.

LE JEU POUR ANIMER UN GROUPE,CENTRE SOCIAL ANDRÉ-MALRAUX

Le jeu a été au centre de l’animationde cet atelier, afin de donner enviede reprendre cette technique d’ani-mation dynamique et participative.

Chacun s’est présenté en se serrantla main, la consigne étant de nelâcher la main de son partenairequ’après avoir pris la main d’uneautre personne. L’animatrice aensuite présenté le jeu de cartesDixit1, et a demandé aux parti -cipants de choisir deux cartes illus-trant leurs réponses à deux ques-tions: Que représente le jeu pourvous? Que vous apporte-t-il à vouset à votre enfant?Les réponses ont été variées :• Avant tout, pour jouer, il faut êtredisponible. Le jeu, c’est le par tage,c’est être avec l’autre. Il permetd’apprendre à travers l’autre, decréer du lien, de s’oublier. Le jeupermet la découverte de cultu res,de pays différents… mais il favo-rise aussi la transmission;• Le jeu fait travailler l’imaginaire.On peut jouer des rôles, c’est uneévasion. Dans le jeu, tout estpossible ;• Dans le jeu, il y a des règles qui permettent de se contrôler, deconnaître ses limites. Le jeu favorise

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

6

P a r e n t a l i t é s

Trem

blay

-en-

Fran

ce•8

déc

embr

e 20

15

Jouons ensemble !AVEC LA PARTICIPATION DE :• Nadia Sallai, centre social André-Malraux, 1 avenue André-Malraux, Villepinte. Tél. : 0143838958.

�Le jeu c’est génial ; il ne faut pas s’empêcher de jouer avec son enfant4

Page 123: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

le dépassement de soi, aide à trouverses forces. Il favorise l’estime de soi;• Le jeu, c’est l’imaginaire. Il permetd’être hors du temps, dans unebulle. Cette expérience partagéepeut servir d’ancrage à la relation;• Le jeu fait exister l’enfant à l’ins-tant présent ;• Le jeu favorise le bien-être, ladétente et l’épanouissement. Onpeut éprouver de nombreusessensations, transmettre des émo-tions, partager des émotions ;• Chaque jeu correspond à un âge ;• Le jeu permet d’apprendre la com-passion, d’apprendre à perdre, ilfavorise le désir de faire ;• Le jeu, c’est construire du « je » ;• Avec le jeu, la vie des uns et desautres s’éclaire. C’est un momentde cohésion de la famille.

On peut synthétiser les échan -ges ainsi : le jeu, c’est pour lesadultes et pour les enfants, onl’adapte en fonction de l’âge ; lesrègles du jeu permettent decadrer ; le jeu est l’occasion denouvelles expériences, il permetde découvrir l’autre, de créer dessouvenirs communs à tous lesmembres de la famille ; le jeu estune manière de vivre ensembleavec des règles, il permet à cha-cun de trouver sa place et de par-tager des moments en famille. Lejeu, c’est oser se dévoiler, allervers l’autre. Il permet d’appren -dre sur soi et sur les autres. On yexerce la socialisation, l’appren-tissage de la logique, de règles,mais aussi la découverte de l’ima-ginaire. ■

1 Il s’agit d’un jeu de Jean-Louis

Roubira, illustré par Marie Cardouat

et édité par Libellud (2008). Le jeu est

composé de 84cartes illustrées et sans

texte, toutes strictement différentes.

On distribue 6 cartes à 4 joueurs (7 à

3 joueurs). À chaque tour, l’un des

joueurs est conteur : c’est lui qui lan-

cera une phrase en rapport avec l’une

de ses cartes. Il pose ensuite sa carte

face cachée sur la table ; les autres

joueurs doivent trouver parmi leurs

propres cartes 1 illustration qui leur

fasse penser à la phrase énoncée par le

conteur, puis la poser également sur la

table face cachée. Le conteur ramasse

ensuite toutes les cartes, les mé lange et

les étale face visible les unes à côté des

autres, chacun devant retrouver qu’elle

était la carte tirée par le conteur.

■ ANIMATION : Dominique Levet, direction desservices départementaux de l’Éducation natio-nale■ RAPPORT : Hélène Ayres, centre social Louise-Michel – Mikado, Tremblay-en-France

Lors de cet atelier, les parents ontexprimé leurs inquiétudes sur lepassage des enfants du collège aulycée, sur le décrochage scolaire –dont on parle beaucoup –, sur lerecrutement des professeurs enSeine-Saint-Denis, dont ils saventque ce sont bien souvent les plusjeunes, ceux qui débutent… Ils sesont demandé comment partagerleurs difficultés en tant que parents

et s’il y avait assez d’initiatives pourouvrir le collège aux parents.D’autant qu’ils ne se sentent pastoujours bien accueillis dans les éta-blissements scolaires, ce qui raviveles souvenirs de leur propre expé-rience scolaire, parfois douloureux.Une des réponses est le partage :éduquer ensemble, trouver dessolutions grâce aux échanges, audialogue. L’enfant est au centre del’institution scolaire, il y est en -touré d’adultes qui constituent lacommunauté éducative. Les col-lèges et lycées sont des lieux de vie.Mais il est important de pouvoirrepérer les professionnels au seindes établissements.

LE LYCÉE LÉONARD DE VINCI,TREMBLAY-EN-FRANCE

Le dernier vendredi soir de sep-tembre est organisée depuissept ans dans ce lycée « La rentréedes parents ». Cette action initiéeen 2009 par les conseillers princi-paux d’éducation (Cpe), les assis-tante sociale et conseillère d’orien-tation psychologue (Cop) de l’éta-blissement, a pour objectif de créerdu lien avec les parents d’élèves deseconde générale et technique etseconde professionnelle, et de lesimpliquer dans la scolarité de leurenfant et dans la vie de l’établisse-ment.

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s7

P

a

r

e

n

t

a

l

i

t

é

s

Rencontrer l’école autrementAVEC LA PARTICIPATION DE :• Nadège Sevilla (assistante sociale scolaire) et Laurence Khloyan (conseillère d’orientation psychologue), lycée Léonard de Vinci, 115 route

des Petits-Ponts, Tremblay-en-France. Tél. : 0141511920.• Nora Ourzzouq, maison de quartier du Vieux-Pays, 15 place du Colonel-Henri-Rol Tanguy, Tremblay-en-France. Tél. : 0148615163.• Mohamed Djeroudi, centre social Louise-Michel – Mikado, 4 cour de la République, Tremblay-en-France. Tél. : 0148607269.

�L’école doit être attentive aux demandes des parents4

Page 124: Seine-Saint-Denis Les Soirées du Réaap P a r e n t a l i t é s

Souhaitant favoriser les échanges,il a été convenu de donner uncaractère convivial à cette soirée.Après avoir présenté le lycée, sonfonctionnement, ses personnels, etrépondu aux questions desfamilles, la rencontre se prolongeautour d’un buffet garni de metsapportés par les parents et les dif-férents intervenants.Ces échanges permettent d’abor-der des questions pratiques tellesque : emplois du temps, carnet deliaison, règlement intérieur, bulle-tin, le logiciel Pronote (logiciel degestion de la vie scolaire), vie aulycée et autres questions d’ordrepédagogique.Durant l’année scolaire 2014-2015, cette initiative a réuni80participants.Sur la problématique du décrocha-ge scolaire, l’équipe du centre d’in-formation et d’orientation (Cio)de Tremblay-en-France a rappeléqu’elle était présente, avec la mis-sion de lutte contre le décrochagescolaire, pour prévenir le décro-chage. Le maillage construit à par-tir du centre social Louise-Michel– Mikado et de l’Office municipalde la jeunesse permet aux jeunesd’être accueillis individuellement,suivis, encouragés et orientés.Le dispositif d’accompagnementdes collégiens temporairementexclus (Acte) mis en œuvre en2008 par le conseil départementalde la Seine-Saint-Denis permetd’apporter une réponse aux élèvesen situation d’exclusion, afin qu’ilsne se trouvent pas livrés à eux-mêmes pendant cette période. ÀTremblay-en-France, le dispositifpermet de les accueillir dans lesmaisons de quartier et les centressociaux. Au centre social Louise-Michel – Mikado, l’accueil de cesjeunes permet de créer du lien avecleurs parents, avec le collège : lejeune participe aux activités ducentre social avec les adultes, réflé-chit sur la notion de sanction avecla psychologue et ses parents, et

prépare son retour au collègeaccompagné d’un référent pédago-gique.

LA MAISON DE QUARTIER

DU VIEUX-PAYS, TREMBLAY-EN-FRANCE

À la maison de quartier du Vieux-Pays, des tables rondes sont pro-posées aux parents d’enfants quifréquentent l’accompagnementscolaire. Différents thèmes en lienavec leurs préoccupations leursont proposés, comme : « accom-pagner son enfant durant sa scola-rité », « comment éveiller sa curio-sité ? », « le harcèlement à l’école »,« l’usage des réseaux sociaux »…Selon les thèmes, ces tablesrondes sont animées par des pro-fesseurs, des professionnels ou lesanimateurs eux-mêmes. Trenteparents ont participé cette annéeà ces différentes rencontres. Pourterminer l’année scolaire, unegrande dictée collective parents-enfants est organisée lors du bilande fin d’année des actions d’ac-compagnement scolaire. Parentset enfants se confrontent alorsautour d’une dictée façonBernard Pivot. Cette grande dic-tée permet aux parents et auxenfants de partager un temps à lafois pédagogique et ludique. C’estune grande première pour lamajorité des parents : avoir à faireune dictée en même temps queleurs enfants et se corriger mu -tuellement dans la bonne humeurpermettent aux parents de s’im-pliquer et d’aborder en suite autre-ment la scolarité. ■

L e s S o i r é e s d u R é a a p d e l a S e i n e - S a i n t - D e n i s

8

P a r e n t a l i t é s

Trem

blay

-en-

Fran

ce•8

déc

embr

e 20

15