schwartz alfred - la vie quotidienne dans un village guéré
TRANSCRIPT
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
1/202n des i djon
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
2/202
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
3/202
L VI QUOTI I NN
NS
UN
VILL GE GUR
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
4/202
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
5/202
lfred s hw rtz
l
vie quotidienne
d ns un vill g gur
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
6/202
Cette tude est
un
condens d une thse de 3
e
cycle prpare
sous
la
direction
du
Professeur Georges
Balandier
et
soutenue
en Sorbonne le 28 janvier 1969. Le travail de terrain fut ralis
sous l gide de l Office de
la
Recherche Scientifique
et
Technique
Outre-Mer organisme dont relve l auteur. Le lecteur qui dsi
rerait en savoir
davantage
sur les Gur peut se reporter au
texte de l ouvrage primitif paru sous le
titre
radition
changements dans la socit gur
mmoire ORSTOM 52
Paris 1971.
Tous droits de reproduction
d adaptation
et de traduction
rservs pour
tous
les
pays.
INADES 1975.
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
7/202
TABLE DES MATIRES
Petit vocabulaire ethno-sociologique
Avant-propos IS
INTRODUCTION 2 l
CHAPITRE
l - L UNIVERS MATRIEL
DE
LA VIE
QUOTIDIENNE
. 29
1 - Le village 29
l
Histoire de Ziombli
29
a mise
en
place des Nidrou
.
30
b Ziombli des origines nos
jours
.
3
2 - Structure actuelle du village 36
a
Population
.
36
b Morphologie 4
I l - Le terroir
SI
l
L univers conomique traditionnel SI
a Les types d activit
SI
b L organisation de la production. S6
2 - De l conomie d autosubsistance
l agriculture commerciale. 60
a
Le nouveau systme
de
produc-
tion. 60
b
Les limites d u systme actuel. 64
CHAPITRE 2 -
L E S GRANDES
TAPES DE LA V I E 7
1 - Naissance
7
-
Initiation
74
l
Le droulement des
oprations
74
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
8/202
8 LA V IE Q UO TID IE NN E DANS UN VILLAGE
GUR
2 -
Le sens et
la porte
de
l institu
tion.
77
- Mariage . 79
1 -
Monogamie et polygamie 8
2 -
Les rgles d exogamie 84
3 - La sphre des changes
matrimo
niaux . 86
4 La
dot.
87
La nature
de
la
dot
b
L origine du paiement 9
c La signification de la
dot
92
5 - Les diffrentes formes de mariage.
Les formes classiques .
b Les formes exceptionnelles
6 - Le rituel de mariage 2
7 - Le divorce
3
- Mort .
6
1 - Les chemins de
la mort
6
2 - Du dcs
l inhumation 8
3 -
L enterrement
. I IO
4 - Le deuil .
5 - Les courants d changes funraires I I 2
6 -
L hritage
I I 4
CHAPITRE
3 - L A RGULATION D E L ORDRE
VILLA
GEOIS II9
1 - Les fondements de l ordre. II9
1 - Le systme des interdits.
2
Les interdits
de
tribu . 2
b
Les interdits de village
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
9/202
TA B LE
DES MATIRES
9
Les interdits e clan 123
d
Les interdits e lignage 124
e
Les
interdits
e
personne 124
2 L organisation du pouvoir .
2 5
Les fondements e l autorit 126
b
L exercice e l autorit 128
II La perturbation de l ordre
3 2
l La transgression des rgles 3 2
2 La sorcellerie
3 3
Le
sorcier 133
b
L acte e sorcellerie 137
c
La porte e la sorcellerie 139
L E S
MCANISMES D E
M AI N TI EN OU
D E
RTABLISSEMENT
DE
L O R D R E
4 2
l
Le
systme de prvention
4 2
Les protecteurs . 4 2
b Les rites propitiatoires 147
wi
149
2 Le systme d intervention
S
Rglement pacifiq tte es conflits:
l appareil judiciaire .
5
b Rglement es conflits par la
force: l guerre 154
c Les thrapeutiques e lutte contre
le
mal
159
3 Le
systme
de rpression 6 3
L amende 163
b Le
chtiment corporel 163
c Le
bannissement 164
CONCLUSION . 6 9
lments
de bibliographie
sur la
socit gur .
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
10/202
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
11/202
Agnat
Avunculolocal
Agnatique
Allochtone
PETIT VOCABULAIRE
ETHNO-SOCIOLOGIQUE
Toute
discipline a son
vocabulaire.
Celui
de
l ethno-
sociologie
est
parfois
sotrique.
Mme en
simplifiant
au
maximum il n est
pas
toujours possible
d viter certains
termes techniques.
Ces termes
nous
avons
estim utile
d en
donner -
ou
d en
rappeler l
dfinition.
A ussi recomman-
dons nous trs vivement de commencer la lecture
de
etouvrage
p r un examen attentif u vocabulaire ci dessous.
Il
est bien
entendu que seuls les termes utiliss dans le prs ent texte
sont dfinis. Par
simple
commodit et afin
de permettre
ventuellement
au
lecteur
de
retrouver
facilement
en c ours
de lecture
l un ou l autre
de
ces termes
nous
les avons
classs par
ordre alphabtique.
: descendant d u ne mme souche mascu
line.
: voir patrilinaire.
: d une origine diffrente de celle de la
population autochtone, et installe tardi
vement dans le pays. Synonyme
d allo-
gne
: qualifie le
statut
de rsidence auprs de
l oncle maternel. statut est fonction
des rgles qui rgissent
l
mariage.
La
rsidence peut ainsi tre patrilocale chez
le pre du mari), virilocale chez le mari,
celui-ci pouvant ne pas
habiter
chez son
pre), uxorilocale chez l pouse), avun
culolocale chez l oncle maternel) ...
Chasseur de sorciers: ancien sorcier qui a fait amende hono
rable
et
a dcid de mettre son savoir
au
service de la socit. Communment - et
improprement - appel galement
fti
cheur
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
12/202
1 2
LA VIE QUOTIDIENNE
DANS
UN
VILLAGE
GUR
Clairvoyant
Clan
Classificatoire
Devin
Exogamie
Ftiche
Fticheur
voir devin.
groupe constitu
par
tous
les
individus
qu i
se
rattachent
soit
par
descendance
agnatique patriclan ,
soit
par
descen
dance utrine matriclan un anctre
fondateur lointain, quelquefois mythique.
Le clan se diffrencie du lignage en ce
qu il est impossible
de
raccorder cet
anctre
au
groupe
par
une
connexion
gnalogique prcise.
qualifie
un e
nomenclature
de
parent qui
utilise un mme
terme
pour dsigner un
ensemble
de
parents
regroups en
cat-
gories ou classes exemple: les frres du
pre, les cousins
du
pre, ainsi
que
tous
les parents de la
gnration
du
pre
sont
appels
pres
; par opposition
au
pre
rel
ces pres sont dits classifi
catoires La terminologie de parent
classificatoire permet l existence
de
sys
tmes de parent
tendus. Elle s oppose
la
terminologie
descriptive, qu i dcrit
le
lien
de
parent
par
combinaison
de
termes
lmentaires exemple :
l oncle
maternel est a ppel frre
de la
mre
n
personne
c apable de
dcouvrir ce
qui est
cach, de deviner l avenir, par de s
moyens
appels techniques
divina-
toires et
relevant
d une connaissance
magique. Communment appel gale
ment clairvoyant ou
encore fti
cheur
n
obligation
de
se marier
l extrieur
d un
groupe
donn,
qui
peut
tre
plus
ou
moins
tendu.
Chez les Gur, l entit
exogame correspond tantt au clan,
tantt au lignage, tantt au segment de
lignage. S op pose endogamie.
voir
protecteur.
voir
homme-mdecine, devin,
chasseur
de sorciers.
-
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13/202
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
14/202
lfred s hw rtz
l
vie quotidienne
d ns un vill g gur
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
15/202
Cette tude est
un
condens d une thse de 3
e
cycle prpare
sous
la
direction
du
Professeur Georges
Balandier
et
soutenue
en Sorbonne le 28 janvier 1969. Le travail de terrain fut ralis
sous l gide de l Office de
la
Recherche Scientifique
et
Technique
Outre-Mer organisme dont relve l auteur. Le lecteur qui dsi
rerait en savoir
davantage
sur les Gur peut se reporter au
texte de l ouvrage primitif paru sous le
titre
radition
changements dans la socit gur
mmoire ORSTOM 52
Paris 1971.
Tous droits de reproduction
d adaptation
et de traduction
rservs pour
tous
les
pays.
INADES 1975.
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
16/202
TABLE DES MATIRES
Petit vocabulaire ethno-sociologique
Avant-propos IS
INTRODUCTION 2 l
CHAPITRE
l - L UNIVERS MATRIEL
DE
LA VIE
QUOTIDIENNE
. 29
1 - Le village 29
l
Histoire de Ziombli
29
a mise
en
place des Nidrou
.
30
b Ziombli des origines nos
jours
.
3
2 - Structure actuelle du village 36
a
Population
.
36
b Morphologie 4
I l - Le terroir
SI
l
L univers conomique traditionnel SI
a Les types d activit
SI
b L organisation de la production. S6
2 - De l conomie d autosubsistance
l agriculture commerciale. 60
a
Le nouveau systme
de
produc-
tion. 60
b
Les limites d u systme actuel. 64
CHAPITRE 2 -
L E S GRANDES
TAPES DE LA V I E 7
1 - Naissance
7
-
Initiation
74
l
Le droulement des
oprations
74
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
17/202
8 LA V IE Q UO TID IE NN E DANS UN VILLAGE
GUR
2 -
Le sens et
la porte
de
l institu
tion.
77
- Mariage . 79
1 -
Monogamie et polygamie 8
2 -
Les rgles d exogamie 84
3 - La sphre des changes
matrimo
niaux . 86
4 La
dot.
87
La nature
de
la
dot
b
L origine du paiement 9
c La signification de la
dot
92
5 - Les diffrentes formes de mariage.
Les formes classiques .
b Les formes exceptionnelles
6 - Le rituel de mariage 2
7 - Le divorce
3
- Mort .
6
1 - Les chemins de
la mort
6
2 - Du dcs
l inhumation 8
3 -
L enterrement
. I IO
4 - Le deuil .
5 - Les courants d changes funraires I I 2
6 -
L hritage
I I 4
CHAPITRE
3 - L A RGULATION D E L ORDRE
VILLA
GEOIS II9
1 - Les fondements de l ordre. II9
1 - Le systme des interdits.
2
Les interdits
de
tribu . 2
b
Les interdits de village
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
18/202
TA B LE
DES MATIRES
9
Les interdits e clan 123
d
Les interdits e lignage 124
e
Les
interdits
e
personne 124
2 L organisation du pouvoir .
2 5
Les fondements e l autorit 126
b
L exercice e l autorit 128
II La perturbation de l ordre
3 2
l La transgression des rgles 3 2
2 La sorcellerie
3 3
Le
sorcier 133
b
L acte e sorcellerie 137
c
La porte e la sorcellerie 139
L E S
MCANISMES D E
M AI N TI EN OU
D E
RTABLISSEMENT
DE
L O R D R E
4 2
l
Le
systme de prvention
4 2
Les protecteurs . 4 2
b Les rites propitiatoires 147
wi
149
2 Le systme d intervention
S
Rglement pacifiq tte es conflits:
l appareil judiciaire .
5
b Rglement es conflits par la
force: l guerre 154
c Les thrapeutiques e lutte contre
le
mal
159
3 Le
systme
de rpression 6 3
L amende 163
b Le
chtiment corporel 163
c Le
bannissement 164
CONCLUSION . 6 9
lments
de bibliographie
sur la
socit gur .
-
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19/202
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8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
20/202
Agnat
Avunculolocal
Agnatique
Allochtone
PETIT VOCABULAIRE
ETHNO-SOCIOLOGIQUE
Toute
discipline a son
vocabulaire.
Celui
de
l ethno-
sociologie
est
parfois
sotrique.
Mme en
simplifiant
au
maximum il n est
pas
toujours possible
d viter certains
termes techniques.
Ces termes
nous
avons
estim utile
d en
donner -
ou
d en
rappeler l
dfinition.
A ussi recomman-
dons nous trs vivement de commencer la lecture
de
etouvrage
p r un examen attentif u vocabulaire ci dessous.
Il
est bien
entendu que seuls les termes utiliss dans le prs ent texte
sont dfinis. Par
simple
commodit et afin
de permettre
ventuellement
au
lecteur
de
retrouver
facilement
en c ours
de lecture
l un ou l autre
de
ces termes
nous
les avons
classs par
ordre alphabtique.
: descendant d u ne mme souche mascu
line.
: voir patrilinaire.
: d une origine diffrente de celle de la
population autochtone, et installe tardi
vement dans le pays. Synonyme
d allo-
gne
: qualifie le
statut
de rsidence auprs de
l oncle maternel. statut est fonction
des rgles qui rgissent
l
mariage.
La
rsidence peut ainsi tre patrilocale chez
le pre du mari), virilocale chez le mari,
celui-ci pouvant ne pas
habiter
chez son
pre), uxorilocale chez l pouse), avun
culolocale chez l oncle maternel) ...
Chasseur de sorciers: ancien sorcier qui a fait amende hono
rable
et
a dcid de mettre son savoir
au
service de la socit. Communment - et
improprement - appel galement
fti
cheur
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
21/202
1 2
LA VIE QUOTIDIENNE
DANS
UN
VILLAGE
GUR
Clairvoyant
Clan
Classificatoire
Devin
Exogamie
Ftiche
Fticheur
voir devin.
groupe constitu
par
tous
les
individus
qu i
se
rattachent
soit
par
descendance
agnatique patriclan ,
soit
par
descen
dance utrine matriclan un anctre
fondateur lointain, quelquefois mythique.
Le clan se diffrencie du lignage en ce
qu il est impossible
de
raccorder cet
anctre
au
groupe
par
une
connexion
gnalogique prcise.
qualifie
un e
nomenclature
de
parent qui
utilise un mme
terme
pour dsigner un
ensemble
de
parents
regroups en
cat-
gories ou classes exemple: les frres du
pre, les cousins
du
pre, ainsi
que
tous
les parents de la
gnration
du
pre
sont
appels
pres
; par opposition
au
pre
rel
ces pres sont dits classifi
catoires La terminologie de parent
classificatoire permet l existence
de
sys
tmes de parent
tendus. Elle s oppose
la
terminologie
descriptive, qu i dcrit
le
lien
de
parent
par
combinaison
de
termes
lmentaires exemple :
l oncle
maternel est a ppel frre
de la
mre
n
personne
c apable de
dcouvrir ce
qui est
cach, de deviner l avenir, par de s
moyens
appels techniques
divina-
toires et
relevant
d une connaissance
magique. Communment appel gale
ment clairvoyant ou
encore fti
cheur
n
obligation
de
se marier
l extrieur
d un
groupe
donn,
qui
peut
tre
plus
ou
moins
tendu.
Chez les Gur, l entit
exogame correspond tantt au clan,
tantt au lignage, tantt au segment de
lignage. S op pose endogamie.
voir
protecteur.
voir
homme-mdecine, devin,
chasseur
de sorciers.
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
22/202
PETIT VOCABULAIRE ETHNO SOCIOLOGIQUE 1 3
Homme-mdecine
Interdit
Lignage
Ligne
Matricentrique
Matriclan
Matrilignage
Matrilinaire
Neveu utrin
ou maternel)
Ordalie
Patriclan
Patrilignage
Patrilinaire
Polyandrie
Polygamie
personnage capable de gurir en recou
rant la fois aux plantes mdicinales
gurisseur) et
la
psychothrapie cha-
m n
.
Prtre
galement de certains
cultes. Communment - et impropre
ment
- appel
fticheur n Dans
la
vision manichenne du
monde
des Gur,
l homme-mdecine
est
par excellence
l agent du Bien.
prohibition de type alimentaire interdit
cultuel) ou social interdit social). Syno
nyme
de totem,
terme
d origine indienne.
groupe constitu
par tous
les individus
qui se
rattachent
soit
par
descendance
agnatique patrilignage), soit par descen
dance utrine matrilignage)
un
anctre
fondateur connu. Subdivision du clan.
enchanement de filiations.
centr
sur
la mre. Caractrise
la
cellule
que constituent da ns
la
famille polygy
nique
la
mre et ses enfants.
voir clan.
voir lignage.
caractrise
une
filiation qui se fait
par
les femmes et
partir
d une mme aeule.
Synonyme d utrin e).
fils du frre de la mre.
preuve judiciaire
dans
laquelle Dieu est
cens tre l seul juge.
voir clan.
voir lignage.
caractrise un e filiation qui se fait par
les hommes et partir d un mme anctre
mle. Synonyme d agnatique. S oppose
matrilinaire.
voir polygamie.
situation
d un
homme
mari
plusieurs
femmes polygynie)
ou
d une femme
marie
plusieurs hommes polyandrie).
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
23/202
LA V IE Q UOT ID IE NN E DANS UN VILLAGE GUR
Polygynie
Protecteur
Segment de lignage
Sorcier
Totem
Utrin
voir polygamie
objet auquel on reconnat un pouvoir
magique de protection Communment
appel ftiche
subdivision du lignage
personnage malfique qui agit
toujours
de manire occulte Dans la vision
mani-
chenne du
monde
des Gur le sorcier
est
par excellence
l agent
du Mal
voir interdit
descendant d une mme souche fminine
Voir aussi matrilinaire
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
24/202
V NT PROPOS
Toute
recherche a
sa petite
histoire. L anecdote que je
rapporte
ici ne
fut
certes pas dcisive
dans
le choix de mon
terrain quand, en 1964, l RST:M m envoya comme socio
logue en Cte-d voire. Elle y contribua cependant incontes
tablement.
Nous sommes en aot 1959. j accompagne une quipe de
gographes, dirige
par
le Professeur
Tricart,
et
charge
d tablir
un
bilan des problmes de
transport sur
l ensemble
du
territoire ivoirien. C est mon
premier
contact avec
l Afrique. Nous sillonnons mthodiquement le pays, compul
sons systmatiquement les rapports conomiques des chefs
lieux de cercle
et
de subdivision, enqutons auprs des
planteurs, des commerants, des
transporteurs
...
Il
fait
particulirement
chaud en cette fin d aprs-midi de
septem
bre
sur
les berges
du
Cavally.
En attendant
l arrive
du
bac,
j arpente,
torse nu, les abords du dbarcadre de
Sahibli,
petit
village une dizaine de kilomtres l est de
Toulpleu. Le passage d une voiture est encore un vne
ment
en cette rgion recule de l Ouest. Les commentaires
vont bon train, quand, brusquement, je vois arriver moi
Dominique, mon chauffeur, visiblement mu:
Patron,
eux dire toi bon gros, bon gras, eux vouloir manger toi.
Le
propos me laisse pantois.
Eux
ce
sont
les Gur.
Quand, cinq ans plus tard, le Professeur Balandier, alors
patron des sociologues de l ORST:M,
me
propose de
faire un travail de sociologie rurale en Cte-d voire, sur
un
terrain
dfinir par moi-mme, l incident du bac de
Sahibli me revient instantanment
la
mmoire. onchoix
est fait: je retournerai
sur
les bords
du
Cavally, chez les
Gur, et je chercherai en savoir davantage
sur
le bien
fond de leur
rputation
d anthropophages.
acuriosit faillit
tre
satisfaite ds la premire nuit
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
25/202
1 6 LA V IE Q UO TI DI EN NE
DANS
UN
VILLAGE
GUR
passe au village
dans
lequel j avais choisi de m tablir
le village de Ziombli - quelques kilomtres seulement en
a val de
Sahibli
dont
le
bac avait entre-temps t
remplac
par un magnifique
pont.
Le chef
m avait
install dans
l unique case toit de tle de
la
localit. J avais
comme
voisin un
vieux
q ui s av ra
par la
suite
tre
l un
des
principaux
hommes-mdecine de la
communaut.
Il tait
miraculeusement sorti indemne quelques jours aupara
vant d un
grave accident de voiture.
Une
trs forte mi
graine l assaillait depuis tous les soirs et l e mp c ha it d e
dormir.
Je
lui offris quelques
comprims
d aspirine
avant
de mettre fin notre premire veille.
Il
tait
tard
et
je
m endormis r apidement.
Je
n ai
pas
l habitude
de me
rveiller
en
pleine
nuit.
Aussi crus-je
tout
d abord rver.
Le tam-tam
appelait
trs ostensiblement
la
fte. Des bruits
lointains de chants t de danses lui rpondaient.
Un
cortge
semblait
se former
qui
parcourut d abord le village puis
se
rapprocha.
Quand il se mit tourner frntiquement
autour
de
ma
case
je
compris
que
je
ne
rvais pas.
J allumai
ma lampe-torche
pour consulter ma
montre:
il tait
2
h
du
matin. J avoue que pendant
quelques instants il
n y eut
aucun doute
d ans m on esprit
sur l enjeu
de la fte.
J essayais
vainement de chasser de ma
tte
une image o bsd an te d e
chaudron
en
train de bouillir. Je me trouvais misrable sur
mon petit lit de camp sous une
immense
moustiquaire.
J tais
ce point paralys par la peur
que
pendant tout le
temps infini
que
dura
cette
ronde
je restai
fig
sur mon
lit.
Quand j entendis enfin le cortge s loigner et progressive
ment se disloquer
je
me remis respirer.
Je
pris aussi
conscience de tout
le
ridicule de mon
comportement.
Il
tait 4 h. Je ne refermai pas l il
du
reste de la
nuit.
Le
jour
tait peine lev
que
je
me prcipitai
chez
mon
voisin
p ou r m e nq ur ir d u
sens de
l trange
crmonie
dont
j avais
t
gratifi.
Il
m expliqua que
mon mdicament
lui
avait
fait
un
tel bien que
pour
me remercier il
avait
song
bon de convier sur-le-champ tout le village la danse ...
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
26/202
V NT PROPOS
Quatre
ans plus
tard au moment
de quitter dfinitive
ment Ziombli, mon dpart fut peru comme un dcs,
celui de l arrire-petit-fils
du
fondateur
du
village,
dont
j tais la
rincarnation blanche
Je
vcus mes propres
funrailles: elles se droulrent selon le modle traditionnel,
durrent
quatre jours
et furent l occasion de festivits
mouvantes.
Sur
les pratiques anthro pop hag ique s de mes htes, je
n avais, entre-temps, appris que
peu
de chose. Suffisam
ment
cependant
pour
comprendre
sur
quoi
tait
fonde
leur rputation.
Une premire explication peut tre fournie par l existence
effective d une forme d anthropophagie rituelle, jadis pra-
tique l issue d engagements
militaires entre groupe
ments ennemis.
Sur
l adversaire tu, le
vainqueur
prlevait
le cur
et les parties gnitales.
s
organes taient consom
ms rituellement pour acqurir du guerrier dfunt la force,
le courage, la gnrosit dont le cur est le sige, la virilit
dont
les
parties
gnitales
sont
les
attributs.
Jamais
il
n tait
touch
au
reste
du
corps, que l on
enterrait
dans une termi-
tire... En fait, la littrature ethnographique nous apprend
que de telles pratiques taient autre fo is courantes chez de
nombreux peuples.
Une seconde explication rside
dans
l ambigut
du
terme
gur
di qui
signifie
m nger
la fois
au
sens propre
et au
sens figur. Ainsi dit-on du sorcier qu il mange sa victime.
En
fait, ce
n est
que
l me
qu i l mange -
en
d autres termes
qu il s approprie -
dans
son acte malfique, provoquant
ainsi la
mort
de
sa
victime. Comme les agissements en
sorcellerie
sont
frquents, il
n est
effectivement pas
tonnant
que les mangeurs d mes - et partant
d
h o m m e s -
soient nom breux en pays gur...
Une troisime explication, enfin, repose
sur
un prjug
tenace
qui veut
que l homme soit
un
peu
l image
du
milieu
naturel
dans lequel il volue.
La
nature
qui sert
de support l existence quotidienne du
paysan
gur est
2
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
27/202
I8 LA
VIE
QUOTIDIENNE DANS UN VILLAGE
GUR
incontestablement hostile. C est le domaine de
la
grande
fort, difficile pntrer, encore plus difficile matriser.
Une
fort peuple
d animaux
redoutables,
qui
constituent
un
danger permanent. Un tel milieu fait d emble peur
et
ne peut servir de refuge qu des tres pas
tout
fait comme
tout
le monde, aux
murs
barbares, aux pratiques inhu
maines. Or quoi de plus in-humain que de
manger
de
l humain?
Il est d ailleurs significatif, cet gard, de cons
tater que tous les habitants de la grande fort de l Ouest
et du
Sud-Ouest ivoiriens sont galement taxs - moins que
les Gur
il
est vrai - d anthropophages ...
Ces explications n ont bien sr, aucune valeur de
preuves. Il est cependant un domaine de l anthropophagie,
la ncrophagie
ne reproche-t-on pas aussi
aux
Gur de
n avoir pas de cimetires ? o l accusation
est
en parfaite
contradiction avec la
pratique
sociale. Le rituel fun
raire gur exige que ce soient les parents maternels
du
dfunt - plus prcisment les
neveux -
qui procdent
toutes
les oprations matrielles de
l inhumation:
toilette
funbre, creusement de
la
tombe, enterrement. En d autres
termes, une fois le dcs constat,
part
les neveux utrins
plus personne
n a
le droit de toucher
au
corps. Les seuls qui
seraient donc, ventuellement, susceptibles de se livrer
la
ncrophagie seraient ces neveux, c est--dire les enfants de
la propre
sur
du dfunt. Cela parat absolument impossible
quand
on sait l importance que r evt dan s la socit gur
la
prohibition
l inceste.
Manger le frre de
sa
mre qui
vau drait, e n effet, non seulement manger sa propre mre,
puisque tous
deux
sont issus
du
mme ventre, mais aussi
coucher
avec celle-ci, le mme terme,
di
signifiant manger
et copuler. On peut certainement reprocher beaucoup de
choses aux Gur, mais srement
pas
d entretenir avec
leurs mres des relations coupables. L inceste est ce qu il
a
de pire.
troitement
associ la sorcellerie, il symbolise
le mal,
partant
la
mort.
Les pages qui suivent ne fournissent nullement une image
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
28/202
V NT PROPOS
idalise de la socit gur. Elles
cherchent
simplement
montrer
comment vit un peuple travers les grandes pr-
occupations de son existence quotidienne. Existence faite,
comme partout, d vnements heureux et malheureux,
souvent
profondment rythme encore par la
tradition,
quelquefois fortement empreinte
dj
de changemenP.
Par
souci
de
simplification, nous
n avons pas
recouru
un
alphabet
phontique
spcial
pour
transcrire
les
termes
gur. Ces
termes se prononcent donc selon les rgles de
la
prononciation
du
franais.
Le g
est
cependant
toujours
dur
gare , sauf quand il
est suivi d un n, auquel cas il se nasalise agneau ; le
se prononce
toujours
y yeux ; le u se prononce ou genou . Les n om s p ro pr es
lieux, pe rso nne s ou a ut re s sont
purement et
simplement
trans-
crits selon l orthographe en u sa ge d an s
l administration
ivoirienne.
Au seuil de
cet
ouvrage, je
tiens
remercier tout particulire-
ment
R. Deniel, qui a
contribu
la correction d u m an us cr it .
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
29/202
L S ROUP M NTS
W N T IVOIRE
i l l ge de iom l i
z
t
o
o
z
7
R
8
o
km
1:;
=== = =====: ::==l
L
6
O
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
30/202
INTRO U TION
Le voyageur qui se serait
aventur
dans
la
grande fort
de
l Ouest
ivoirien
dans
la premire dcennie de ce sicle
n aurait
eu que trs peu de chances de rencontrer de vrais
J
Gur. Ceux-ci ne constituaient alors, sous le nom de ua
qu une toute
petite
partie du
vaste complexe humain auquel
ils allaient donner
leur
nom, l ensemble w ou wnian les
hommes
qui
pardonnent
facilement
es
Guo
habitaient
la
rive gauche
du l une
des frontires naturelles
entre
le pays
dan
au nord
et
le p ay s
w
au sud. Or, ce fut
par cette
frontire,
p ar ti r d u
poste de Logoual, cr
en 9I I
que
se fit
la
pntration militaire du pays w. Quand, parvenu
sur
les bords
du
l officier commandant l unit de paci
fication s enquit
du nom
des poplliations habitant de
l autre
ct de
la
rivire il lui fut rpondu qu il s agissait
des umin
terme
par
lequel les
Dan
dsignaient leurs
voisins Guo. Pensant
que
ce terme s appliquait l ensemble
des poplliations au
sud
des Dan, et ignorant
jusqu
l exis
tence du terme W le capitaine Laurent, alors administra
teur du
cercle
du
Haut-Cavally,
retint
officiellement pour
dsigner ces mmes poplliations
la dnomination
Gur l,
corruption de Gumin, les hommes de Guo
Les poplliations w les plus septentrionales, conquises
la
mme poque mais
par
un
autre
itinraire,
furent
un pe u
plus heureuses J
en
ce qui concerne
la
prservation de
leur nom. A l officier qui voulut s avo ir
comment
s appe
laient
les poplliations chez lesquelles il allait pntrer,
l interprte rpondit
en
dioula
1
:
W-b.
L-bas? e
Le terme dioula dsigne communment, en Cte-d Ivoire, les
ressortissants du
groupe
culturel
dit
mand du nord
ou manding
tabli au n or d- ou es t d u
pays. Par le
biais de
l activit commer
c ia le, les Manding
ont
diffus progressivement leur parler sur l en
semble
du
territoire.
Ce
parler,
le
dioula
est a uj ou rd h ui l a
langue
vhiculaire pa r excellence
de la
Cte-d Ivoire.
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
31/202
2 2 LA VIE QUOTIDIENNE
DANS
UN VILLAGE GUR
sont
les W. W-b
donna
Wob... L usage administratif
allait faire le reste pour consacrer la terminologie nouvelle,
alors que
l u n e t
l autre
termes dsignent incontestablement
une seule
et
mme
entit
humaine,
l entit
w. Au
fil
des
annes, les intresss devinrent eux-mmes plus royalistes
que le roi, le Gur se disant bien Gur et le
Wob
bien
Wob, les W
n existant
plus que dans
la
mmoire des vieux.
Les W relvent aujourd hui des dpartements
de
Guiglo
et
de Man: les Gur, des sous-prfectures de Toulpleu,
, Blolequin, Guiglo, Ta, Dukou, Bangolo et
Logoual;
les Wob, des sous-prfectures de
Kouibly
et
de
Fakobly.
Les premiers comptent quelque I3 ressortissants, les
seconds
5 pour un
territoire
de I 4 km
2
environ.
La densit du peuplement est cependant trs ingale
d un
bout
l autre
de ce
territoire:
forte
en
pays wob, au nord,
et sur l interfluve Nuon-Cavally, l ouest, - 4 habitants
au km
2
elle
est plutt
faible
dans la
majeure
partie
de
l immense bloc forestier qui constitue, du Cavally au
Sassandra, le
cur
du
pays gur - moins de
IO
habitants
au
km
2
La fort, dense, chaude et humide, la grande fort
guinenne est en effet l lment fon dam en ta l
du
milieu
naturel dans lequel vivent les W. La temprature relati
vement constante,
s y
situe autour de 25 oC tandis qu e la
moyenne
annuelle des prcipitations est presque
partout
suprieure l 7 mm. Les pluies, qu accompagne une trs
forte nbulosit,
sont
souvent prcdes de tornades
et
d orages particulirement violents. Leur rgime, qui rythme
la vie agricole, dtermine en gros
quatre saisons:
grande
saison sche de novembre fvrier, petite saison des pluies
de mars juillet,
petite
saison sche de fin juillet fin aot,
grande saison des pluies de septembre
novembre.
\ Les W appartiennent au groupe culturel
dit
rou qui
--
s tend
presque galit de part et
d autre
de la frontire
ivoiro-librienne. Les
Krahn du
Libria
- au nombre de
5 environ - ne sont d ailleurs que le prolonge men t
vers le sud-ouest des Gur de Cte-d Ivoire. Nous
ne
savons
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
32/202
INTRODUCTION
que peu de chose de l histoire de la mise en place des popu
lations krou. Tout ce que
l on p eut
avancer, c est que d une
part
le peuplement actuel
est
issu
d un
fond incontestable
ment
autochtone - en tmoignent les plus anciens crits
que nous connaissions sur la cte, ainsi que les donnes
de la tradition orale
d autre part le territoire jadis
occup
par
ces populations autochtones s tendait beau
coup plus au nord
et
au nord-est - en tmoignent les tra-
ditions d origine de
nombreux
clans,
notamment
de clans
w, qui font venir leurs anctres de la savane. Les Krou
auraient
donc
subi
un
rtrcissement progressif de leur
espace traditionnel,
partant
un
tassement dans la fort,
contre le littoral. Comment expliquer ce tassement ?
Trois sries de pressions, trs nettement distinctes,
semblent avoir prsid la mise en place du peuplement
actuel: la
pousse
mand
au
nord,
l attrait
de
la
cte
au sud, l clatement du royaume ashanti l est. Ce que
les historiens appellent
la
pousse
mand
provoqua de
nombreux dplacements
du
nord vers le
sud
- dplace
ments qui n ont jamais eu l allure
d une
vritable migra
tion, mais se
traduisaient
par de simples dparts
de
micro
units, voire d individus isols lis essentiellement aux
politiques imprialistes des
tats qui
se succdrent, du
e
au IS e sicle,
sur
les bords du Niger invasions,
contraintes
militaires, assujettissements de toutes sortes...).
Cette pousse amena vers la fort les populations krou les
plus septentrionales - les
W
en particulier
apparem
ment
dj
allergiques toute forme de coercition, et sans
doute aussi des lments mand. Le mouvement s accentua
partir de
la
fin du
IS e
sicle, quand les caravelles prirent
la relve des caravanes, avec l attrait de plus en plus fort
que le commerce ctier se mit exercer sur l intrieur.
L clatement, partir du I
e
sicle, du royaume ashanti
-
dont
le berceau est
l actuel
Ghana
suivi
de
l arrive
en Cte-d Ivoire,
au
dbut
du
ISe
sicle, des Agni
et
des
Baoul, qui refoulrent vers l ouest des groupements moins
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
33/202
24 LA V IE Q UO TID IE NN E
DANS UN
VILLAGE GUR
puissants contribua enfin peupler directement
ou
indi
rectement soit par
apport
de populations nouvelles soit
par
refoulement de populations autochtones les marches
krou orientales.
Le pays
w
se subdivisait jadis en territoires l l bloa
groupements socio-politiques
rsultant
de l alliance des
fins la fois matrimoniales et militaires de
deux ou
de
plusieurs patriclans tk Le bloa se dfinissait
avant
tout
comme une aire privilgie d change matrimonial pouvant
le cas chant se transformer en groupement de guerre
quand
l un
quelconque des
patriclans
le composant se
trouvait en difficult.
La
taille de ces groupements
tait
trs variable. Les plus simples taient issus d une alliance
directe entre patriclans.
D autres instauraient
une alliance
un
second niveau
entre
groupements de patriclans dj
allis. Les plus complexes enfin tablissaient un troisime
niveau d alliance entre les units prcdentes et abou
tissaient de vritables confdrations d alliance entits
particulirement redoutables en cas de guerre.
Ce
sont
ces
groupements de type bloa au
nombre
d une cinquantaine
pour l ensemble du
pays
w
que nous qualifierons de
tribus ll
Nous avons vu que le bloa
tait
toujours dans
un
pre
mier temps le rsultat de l alliance de deux ou de plusieurs
patriclans tk Que sont ces patriclans Le tk peut se
dfinir comme un groupe de descendance constitu par
l ensemble des
individus
se rfrant
en
ligne
agnatique
un
mme anctre. Le patriclan constituait autrefois l unit
organique de la socit
w
Il s identifiait
au
village ulo
qui fonctionnait par consquent plus comme
un
groupe de
parent que comme une communaut de rsidence. Village
et
patriclan
taient
en fait confondus.
Ce modle d organisation sociale ne rsista cependant ni
aux vicissitudes des luttes tribales qui l branlrent dj
srieusement bien avant la pntration franaise ni la
mise en place de l appareil colonial qui fut avant tout
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
34/202
INTRODUCTION
5
synonyme d clatement des cadres traditionnels. C est de
9 II 1913 que se fit
la
conqute
du
pays w selon la
mthode
d action l ent e
dite de
la
tache d huile
prconise
par
le go uve rn eur An goulvant. Cette mthode
consistait tablir des postes fixes
partir
desquels des
units mobiles et lgres rayonnaient. Furent ainsi successi
vement
crs en
9II
les postes de Bou Dukou
et
Smien
en
1912 les postes de Guiglo Dieya
et
Kouibly
en
1913
le po ste de Toulpleu. La rsistance si elle fut orga
nise partout
ne fut nulle
part
trs
importante.
L occupa
tion
du
pays
w
donna
lieu
en
effet
beaucoup
moins d effu
sion de sang que celle de
la
plupart des autres rgions de
Cte-d Ivoire. Cette relative facilit de pntration n em-
pcha
cependant pas
la
mise en uvre
d une
politique
parti-
culirement coercitive de regroupement des villages.
La
consquence la plus directe en fut un important exode de
populations vers le Libria pays alors sous aucune domi
nation trangre et
libre par dfinition. Rares
furent
les
tk
qui
parvinrent
conserver
leur
intgrit
physique.
La plupart se fra ctionn rent e n units plus petites uu u
qui se dispersrent gographiquement.
Ce
sont ces units
disparates que nous appellerons
lign ges
qui constituent
la
base des villages w d aujourd hui.
Du point de vue de leur organisation sociale les W
apparaissent premire vue comme
trs
peu diffrents de
leurs voisins patrilinaires de la fort ouest-ivoirienne
qu ils soient krou comme les Bt ou les Dida tudis
par
D.
Paulme
et
Terray
ou mand comme
les Gouro
connus
grce
aux travaux
d A. Deluz et Cl. Meillassoux.
Ce
qui
caractrise cependant plus particulirement le pays w
c est l ext rme isolement da ns lequel resta plonge
cette
contre de
par sa
position gographiquement marginale
et
les difficults de pntration qui en rsultrent jusqu une
poque toute rcente. Mme l accession de
la
Cte-d Ivoire
l indpendance nationale
n a
pas rduit
l cart
qui se
creuse de plus
en
plus profondment
entre
zones proches de
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
35/202
26 LA
VIE
QUOTIDIENNE
DANS
UN VILLAGE GUR
la capitale bnficiant
du
ple privilgi de croissance
qu est Abidjan
et
zones loignes qui ne
subissent que
plus
lentement
les
gnrateurs
de
changement.
Si les
W
russirent
donc
mieux
protger
leur patrimoine
culturel
que
leurs voisins de l est
et
du sud-est le mouve me nt de
transformation qui par le biais de la diffusion de l conomie
montaire branle l heure actuelle l Afrique tradition-
nelle n a pas manqu d affecter
galement
leurs struc-
tures
sociales les plus fondamentales.
C est
l impact de
cette confrontation que nous nous proposons de mesurer
ici
partir
de
l approche de
la
vie
quotidienne dans un
village
la
fois dans
une optique statique
de reconsti
tution du pass de recherche des invariants
et
dans
une perspective
dynamique
d analyse des processus de
changement.
Le village
dont
nous avons partag la vie pendant prs
de
4 ans - de janvier 1965 octobre 1968 - se situe dans
la
sous-prfecture de Toulpleu
l extrmit
ouest
du
pays
gur
aux
confins
du
Libria.
Il porte
le
nom
de
iombli
chez Zion Zion en tant le fondateur
et
la dsinence
bli que l on retrouve dans de nombreux
noms
de localits
rappelant bien qu l origine le village s identifiait
au
patriclan reprsent par
son
ain. Le village
est
implant
sur la rive droite du Cavally 3 km envir on du fleuve
qui
trace la l imite orientale de
son
terroir. Ziombli
est
6 km
au
sud de la
route
Guiglo-Toulpleu laquelle une piste
plus ou moins carrossable relie le village depuis 1962 et
km
par cette
piste - 5 seulement
par
un
sentier
de
brousse -
du
chef-lieu de sous-prfecture Toulpleu.
L actuel village
est
issu du
regroupement
de trois localits
plus petites : l ancien Ziombli Guiriambli - install
Ziombli
depuis
1961 - et Klabo
en
cours
d installation
lorsque nous commencions notre
enqute. La population
des trois villages regroups s levait au 1
er
mars 1965
736 personnes rparties
en huit
lignages ou segments de
lignages d ingale
impor tance. Sept
de ces
huit
lignages
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
36/202
INTRODUCTION
le huitime tant d implantation rcente appar-
tie nn en t au
lo ni rou
De
la
vie
quotidienne
Ziombli
nous
brosserons
tout
d abord le cadre matriel:
prsentation
du village
et
de son
terroir. Nous suivrons ensuite l individu
dans
les
tapes
dcisives de son
existence:
naissance initiation mariage
mort. Nous
essaierons
enfin
de pntrer les ressorts la fois
politiques
et
magico religieux
sous jacents
la rgulation
de l ordre villageois.
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
37/202
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
38/202
h pitre
L UNIVERS MATRIEL
E
LA
v
QUOTI IENNE
a
littrature
ethnographique en
accordant
la vie
rituelle une place
souvent
dmesure donne volontiers
l image d un
paysan
africain plus proccup de spirituel que
de temporel.
Mre Afrique
ne facilite pourtant pas
l existence de ses enfants. Le
rite
est effectivement
important pour
qui
veut s attirer
les bonnes grces des divi
nits mais le
paysan
sait bien que sans recours
l
outil
les greniers resteront dsesprment vides.
r mum
viv r Aussi commencerons-nous
par
prsenter
l univers matriel
du p ay san
gur : le village
tout
d abord
cadre privilgi de
sa
vie sociale le
terroir
ensuite
support
principal de son activit conomique.
1 - LE
VILL GE
1
Histoire
de Ziombll
Un village c est d abord une histoire. Celle de Ziombli
est
particulirement significative
de
la manire dont sont
ns
la
plupart
des villages gur. Voici quelles
en
furent
les grandes tapes.
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
39/202
LA VIE QUOTIDIENNE
DANS
UN VILLAGE GUR
mise en place des Nidrou
Rappelons
que
Ziombli
a pp ar ti en t a u
traditionnel
grou
pement - ou bloa - nidrou. L histoire
du
village com
mence donc avec l implantation des Nidrou sur les berges
du Cavally vnement
que nous
situons d aprs les
donnes gnalogiques vers le milieu
du
I8
e
sicle.
Selon une
premire
version les tk
qui
c on st it ue nt a u
dpart le lo nidrou seraient
partis
de
l actuel
pays wob
o ils occupaient la frange forestire
l est
de Man. Certains
d entre
eux
en
qute
de gibier
avaient l habitude
de
s en
foncer trs profondment dans la fort en
direction
du
sud et
du
sud-ouest. C est ainsi que des hommes du clan
guiro au nombre de cinq atteignirent le Cavally. Sur les
bords
du
fleuve ils r enco ntr rent une
p op ula ti on aut o
chtone
les Fan Baon agriculteurs sdentaires avec qui
ils pratiqurent pendant un certain temps une sorte de troc
la muette
: le
nouvel arrivant puisait
dans
les
r n i r ~
des
Fan-Baon
le
mas dont
se
nourrissait
et en
retour
dposait devant
leurs
cases du gibier. Ces changes
qu i
ne
se faisaient jamais en prsence
des
intresss se poursui
virent sans accroc
jusqu au j ou r o
une famille autochtone
s estimant lse en profita
pour
attaquer
l tranger: un
chasseur guiro
fut
tu mais les
quatre
autres
parvinrent
s chapper et s en furent donner
l alerte
dans leur pays
d origine. Les
autres
clans se
dclarrent
solidaires des
Guiro et
pour venger
le chasseur
tu
s rigrent
en
grou-
pement
de
guerre sous l gide d un guerrier clbre Ki
Bosran
titulaire
de ni koinhi littralement
mdicament
de l eau
>J
Ce ftiche
>J
qui tait t remp
dans
l eau
chaque
matin
avait
une double fonction :
port
par le chef de
guerre indiquait
la
direction de
l ennemi;
parvenu
proximit
de celui-ci
djouait sa
surveillance
en
dclen
chant u ne pluie diluvienne ce
qui p erm ett ait
de le sur
prendre
et
de l craser. Conduits
par
ni koinhi
les hommes
de Ki-Bosran parvinrent ainsi jusqu au pays des Fan-Baon.
-
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L UNIVERS MATRIEL
D E LA
VIE QUOTIDIENNE
Selon certains informateurs,
la
guerre n clata pas tout
de suite. Les Fan-Baon ayant fait amende honorable, il fut
conv enu que
les
Nigri
c est
ainsi
que
les
Fan-Baon
appelrent les adeptes de
ni koinhi
- dirigeraient le pays,
et qu en signe d allgeance les premiers prsenteraient au
chef du clan guiro offens toute bte noble tue
par eux
la chasse lphant, panthre buffle). En gage d alliance
et
d ami ti , le chef des Guiro donna mme une de ses filles
en mariage au chef des Fan-Baon. Mais ces derniers ne
tardrent pas violer le pacte. Les Nigri les sommrent
alors de
quitter
le pays, sous peine de guerre. Les
Fan-Baon
ne se firent pas prier et se rfugirent derrire la rivire
Nuon actuelle frontire entre Cte-d Ivoire et Libria).
Selon d autres informateurs,
la
guerre clata
tout
de
suite. Elle fut rude et longue. Les Nigri
remport rent l a
victoire et refoulrent les
Fan-Baon
derrire le Nuon.
Un e seconde version de
la
migration nidrou
veut
que les
clans
du futur bloa
aient
t
chasss par un envahisseur
d un
pays
qu ils
situent
en
savane.
La
crainte
d tre
pour
suivis les
aurait
fait fuir dans la fort, vers le sud-ouest,
jusqu au
Cavally. L ils se heurtrent aux Fan-Baon, qu ils
vainquirent et refoulrent de
l autre
ct du Nuon.
A l issue des hostilits, les Nigri -
dont
l administration
coloniale fera plus tard
par
erreur de transcription, les
Nidrou
-
s ta blir en t s ur l espace conquis
et
commen
crent l organiser. Le gr oup ement de guerre, son rle
termin, se dissolut de lui-mme, mais l alliance
entre
les
familles se maintint en permanence par le biais de l change
matrimonial.
b
Ziombli des origines nos jours
La
priode prcoloniale
:
village lignage
Au terme
de cette guerre victorieuse, les clans nidrou
organisent leur territoire de faon quasi militaire.
L unit
de base de
cette
organisation est le tk chaque clan difiant
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
41/202
32
LA
VIE
QUOTIDIENNE DANS UN VILLAGE
GUR
son village en fonction des possibilits stratgiques du
territoire dont il a la responsabilit. Ainsi les premiers
tablissements s difient-ils tous
sur
des
hauteurs
faciles
dfendre. Les guerriers les plus valeureux installent leurs
campements en
postes avancs
face aux quatre points
cardinaux. Leur mission est de
prmunir
le groupe
contre
toute
attaque
surprise. Le gros des effectifs se
rpartit
le
long du fleuve. Chaque clan est investi d une fonction
spciale: dfense extrieure clan de guerriers), fabrication
de l armement et des instruments aratoires clan de forge
rons), fourniture de l approvisionnement clans de pcheurs
et d agriculteurs) ... Les sept clans nidrou dont les lignages
sont prsents dans l actuel Ziombli s implantent en sept
emplacements diffrents. Village
et
lignage, c est--dire
groupe de rsidence
et
groupe de descendance,
sont
ce
niveau, parfaitement confondus.
Ds
la
priode prcoloniale
cependant
se pr odui sent des
clatements de
tk
Les raisons en sont multiples: abandon
du
village
au
dcs de l anctre
fondateur
ou
d un
parent
proche, dissensions
entre
branches ane et cadette, dcou
verte
d un site
stratgiquement
plus facile dfendre,
excution des recommandations
d un devin conseillant de
s tablir ailleurs, puisement des terres, etc. Trs souvent
les segments dissidents,
uunu
se regroupent avec
d autres
lignages ou segments de lignages,
pour
former des commu
nauts
de rsidence qui ne sont
dj
plus fondes
sur
la
seule parent.
En
1913,
anne de
conqute du
pays nidrou,
les sept lignages de notre village n occupent plus que cinq
emplacements.
priode coloniale: clatements regroupements
La pntration franaise en pays gur ne suscite
que
des rsistances
sporadiques: devan t la
puissance de feu de
l envahisseur, l ancien jeu des alliances militaires reste
inoprant.
La
premire raction de
la
population est de
chercher refuge
dans
les profondeurs de la fort et
d chap-
Vieux Kla chef
de
Ziombli
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
42/202
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
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. .
.
-
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L UNIVERS MATRIEL D E LA
V IE Q UO TID IEN NE
33
per
aux militaires par
une
dispersion extrme. Le lignage
clate et donne naissance des
units
plus lgres plus
mobiles centres sur
la
famille lmentaire tablies dans
des
campements
de
fortune
aux endroits les plus reculs
et prtes s vanouir dans la nature la moindre
alerte.
L implantation
coloniale marque galement le
dbut
d un
vritable exode vers le Libria : il suffit de franchir le
Cavally pour tre tranquille n
La
frontire
est
des plus
permables
et
les
autorits
libriennes encouragent mme
le
mouvement.
Des familles isoles des segments de lignages
quelquefois des villages entiers traversent le fleuve. De
1914 1918 le recrutement de tirailleurs
pour
la guerre
en Europe acclre encore les dparts. Cet exode
durera
une dizaine d annes et mme par la suite ne pourra
jamais tre totalement enray.
L organisation administrative qui accompagne l occupa-
tion
coloniale est
l origine de
nouveaux
clatements.
Le
canton
base
du
dcoupage territorial essaie de se calquer
sur
l ancien
blo
mais
par
suite de
l extrme
dispersion des
lignages
n y
russit
qu imparfaitement. Par
ailleurs
la
mise en place de chefs
qui
ne sont pas
toujours
admis
par
la
totalit
de la population constitue souvent un sujet de
mcontentement
qui peut aller jusqu au dpart de familles
entires hors du canton. L individu choisit
plus qu il
n accepte l autorit par laquelle va tre rgi: il fuit la
tutelle de tel chef
trop
zl pour se rfugier
auprs
de tel
autre plus complaisant. Ceci entrane une remise en ques-
tion
du vieux
groupement
d alliance
et
avec la disparition
de ses frontires
n
une dispersion gographique encore plus
prononce des segments de lignages.
Aprs le mouvement d parpillement gnral suscit
par
l arrive du colonisateur le calme se rtablit peu peu.
Mais
comment
contrler une poussire de
campements
dissmins travers
la
fort?
L autorit
militaire essaie de
constituer des entits administrativement viables Elle
Vieux Bassahon chef de lignage
3
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
45/202
34
LA VIE QUOTIDIENNE
DANS
UN
VILLAGE GUR
incite les campements regrouper. Quelques villages se
reforment mais sur des bases
entirement
nouvelles. Les
liens de
parent
et
les affinits d alliance qui
prvalaient
dans la constitution
du
groupement de rsidence tradi-
tionnel cdent le pas aux
motifs
de
l administration.
Un
type
nouveau de village apparat
et disparat
aussi
rapidement: l village regroupement
Les multiples ten-
tatives
des administrateurs coloniaux pour regrouper les
populations aboutissent
pratiquement
toutes l chec. Elles
ont
mme tendance acclrer le mouvement de disper
sion chaque dplacement
tant
accompagn
d une
srie
d clatements du lignage.
Un
tel part s installer avec sa
famille dans un campement en pleine fort o chappera
tout contrle de l administration - le but du regroupe
ment tant prcisment de faciliter la tche administra-
tive un tel prfre rejoindre un village
plutt qu un
autre etc.
Le cadre villageois traditionnel constitu par le lignage
se dsagrge ainsi progressivement
et
cde le
pas
une
unit de rsidence base de
segments
de lignages dispa
rates. En
1960
lorsque la Cte-d Ivoire accde l indpen
dance les
sept
lignages nidrou de notre village auxquels
tait venu se joindre en 1928
un
lignage d un
bloa
voisin
n occupent dj plus que trois emplacements : Ziombli
Guiriambli Klabo.
priode post coloniale
:
stabilisation t fixation
Au lendemain de l indpendance
la
politique de regrou
pement des villages est immdiatement reprise par les
autorits
ivoiriennes. Le but
est
de constituer des entits
villageoises
peuplement
optimum
de manire
justifier
les amnagements collectifs lmentaires dont toute com
munaut
devrait
tre
pourvue:
cole dispensaire piste
carrossable qui en permette l accs en toute saison etc.
L emplacement
du
nouveau village est fix
par
l autorit
administrative le lotissement est obligatoire et les mesures
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
46/202
L UNIVERS
MATRIEL
DE LA VI E Q UOT ID IEN NE
35
mises
en uvre
pour
assurer
le succs de
l opration
sont
radicales.
La
dcision de
regrouper
les
trois
villages de Guiri
ambli Klabo et
Ziombli - les distances
qui
sparent
Guiriambli
et Klabo
de Ziombli
tant
r es pectivement de
2 et 3 km sur le
site
de Ziombli
est
prise
en
1961.
Guiriambli effectue le
dplacement l anne
mme.
Il en
va
tout autrement de Klabo dont
l a p op ul at io n oppose une
passivit
extraordinaire aux
i nj onc ti ons de
l administra-
tion
et pratique jusqu en
1965 une
politique
de
tempori-
sation
jouant
sur
le
changement
des
administrateurs
et
sur les priodes de
flottement
qui
en
rsulte nt pour
gagner
du temps
et
esprer
voir le
projet
abandonn
dfinitivement.
Au dbut
de 1965
personne n a
encore boug.
L administra-
tion
se fait
menaante
et
l preuve
de force est
imminente.
Le chef de
Klabo dtruit
alors
symboliquement
sa
case
et
vient
s installer Ziombli avec
sa
famille.
Le
sous-prfet
adresse u n u ltim atu m la p op ul at io n: la
date
limite est
fixe
au
30
avril.
Il
reste 15
jours
peine
pour
dmnager.
Le
village
s agite
fivreusement et le
dplacement
commence.
A
la
fin
du
mois
la
destruction
s avre inutile.
L adminis-
tration
triomphe:
les
trois
villages sont
enfin
regroups.
Ds 1966
cependant mettant
profit les
incitations
la
modration
prnes
en matire
de
politique
de
regroupe
ment par le Prsident de
la
Rpublique lui-mme
une
partie des
dguerpis
se rinstalle
sur
le
site
de
l ancien
village.
Sur
les 23 chefs de mnage originaires de Klabo
n en
reste
plus que
12
en
1968 Ziombli.
E n
1974
le
village est
quasiment reconstitu
dans sa
totalit.
C omme nt c arac t ri se r
la lumire
de
l histoire
de
Ziombli le village
gur actuel? Il
ne se mbl e pas possible
ici de
parler
de
communaut
villageoise :
une commu-
naut suppose l existence d une unit d une cohsion d une
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
47/202
36 LA
VIE QUOTIDIENNE
DANS UN VILLAGE
GUR
homognit interne. L htrognit des groupes en pr
sence est telle qu il serait plus
exact
de dfinir
un
tel
village comme
un
agglomrat de lignages
ou
segments de
lignages juxtaposs, ayant chacun son autonomie propre
Cette juxtaposition est,
par
ailleurs,
purement
artificielle:
le plus souvent r s ul ta t d un e
intervention administrative
coercitive, le manque d unit
du
village s en t rouve encore
accru.
2
tructure ctuelle
du
vill ge
Comment le village
de
Ziombli se prsente-t-il aujour-
d hui?
Quelle est sa population? Quelle est sa morpho-
logie ?
opulation
partition par units lignagres
Ziombli compte,
au
1
mars 1965, 736
habitants.
5 seule
ment sont allochtones : 2 Dioula, installs
au
village
depuis une dizaine d annes 3 Dan le
matre
de l cole,
sa
femme et leur
petite
fille). Les 731 autochtones se
parta-
gent entre 8 lignages ou segments de lignages, dont l im-
portance
respective est,
par
ordre dcroissant,
la suivante:
Glao
Doueyakon
Kpao
Kpahon
Souandi
Zaha
Dakon
Welao
211
2 0 0
II3
1 0
4
44
27
19
13
Ainsi les de ux
premiers
lignages dominent-ils
t r s n et te-
ment
les autres.
Un
tel dsquilibre, qui reflte tout fait
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
48/202
L UNIVERS MATRIEL DE
LA
V IE QUOTIDIENNE 37
les conditions dans lesquelles s est constitu le village, n est
pas sans consquences sur sa gestion interne.
tructure
p r
sexe
p r
ge
Les femmes sont sensiblement plus nombreuses Ziombli
que les hommes: 386
contre
350. Cet excdent des effectifs
fminins s explique uniquement par l existence
d un
important mouvement migratoire qui attire les adultes,
entre
5 et
40
ans, vers
la
Basse-Cte-d Ivoire (Abidjan,
Sassandra,
plus
rcemment
San
Pedro), et mme
la
cte
librienne (Monrovia).
Le
migrant laisse
en
effet toujours,
dans un premier temps, sa - ou ses - femme(s) au village,
en attendant
que sa
situation se
stabilise.
Ce
n est que
beaucoup
plus
tard
qu il en
fait venir une -
rarement
plus - auprs de lui.
La structure
par ge est,
quant
elle, celle
d une popula-
tion jeune 46,1 de moins de 5 ans, 3,6 seulement de
plus de
65
ans. Elle est caractristique de
cette
dmographie
galopante
que connaissent
aujourd hui
la
plupart
des
socits africaines.
ctivit
A Ziombli,
tout
individu capable
de
travailler participe
en fonction de son ge, de son tat physique de son statut
social au systme de production. L enfant est intgr
l appareil
avant
l ge de 5
ans: pour
les garons, travaux
de dbroussement des
champs
de riz, dsherbage des
cafires, confection des
cases;
pour les filles, semis,
surveillance et rcolte
du
riz. Quant aux personnes ges,
elles
ne
se
retirent du
systme que
lorsque
les forces physi-
ques ne leur permettent plus d aller aux champs.
Encore
continuent-elles alors de
vaquer
au village de multiples
tches productives.
Dans
la
socit traditionnelle,
la
population
active
correspond
donc
en gros
la
population
susceptible de
travailler
l s
seuls empchements
tant
lis
l infirmit
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
49/202
38 LA
VIE
QUOTIDIENNE DANS UN
VILLAGE
GUR
ou
l extrme vieillesse. Il n en est
cependant
plus tout
fait ainsi depuis
l introduction
de
la
scolarisation. Le poten
tiel productif se trouve
en
effet
amput
non
seulement de
tous les jeunes d ge scolaire qui vont
l cole, mais aussi
de tous ceux qui, aprs
l ge
de 5 ans - ge thorique
limite de
la
scolarit primaire ne l ont
pas
encore quitte.
A Ziombli, ils ne
s on t p as
moins de
26
jeunes tre
dans
ce
dernier cas -
dont
4 seulement
dans
l enseignement
secondaire
soit 15,3
du
potentiel
productif
masculin
thorique.
En
quoi consiste
l activit
du
paysan
gur
?
Les femmes
s adonnent
exclusivement au travail agricole; quelques
unes seulement se livrent, en plus, une
activit
commer
ciale : achat-revente de riz, sel, vin, ptrole, savon, tabac
en poudre. L actif masculin, pour sa part exerce souvent,
paralllement
son activit principale, une activit secon
daire, correspondant quelquefois une
formation
profes
sionnelle acquise par le pass,
la
connaissance d un mtier,
qui n est
pas (ou plus) exerc.
L activit prin ip le
des 134 actifs masculins de Ziombli
se ventile comme suit :
- 88
planteurs
chefs d exploitation indpendants
p ra ti qu an t a u moins
une
culture prenne - caf
ou
cacao - en plus
de
la
culture
vivrire
tradi
tionnelle;
- 35 aides familiaux)l, jeunes gens
n ayant
pas encore
acquis leur
autonomie;
5
cultivateurs
,
chefs d exploitation ne
produisant
que du vivrier;
2
moniteurs d enseignement,
instituteurs
de
l cole clandestine
2 maons;
1
manuvre agricole,
l un
des deux Dioula installs
au
village;
1 trafiquant
de
diamants.
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
50/202
L UNIVERS
MATRIEL
DE LA
VIE QUOTIDIENNE 39
22 de ces
actifs
exercent en plus, occasionnellement, une
activit secondaire
: 5
sont
chasseurs, 3
chauffeurs
ou
apprentis-chauffeurs,
3 employs
de
maison,
2
gurisseurs,
2 cordonniers, l commerant, l
maon,
l forgeron, l
vannier
l
pcheur,
l cultivateur, l manuvre agricole. A cette
catgorie
bnficiant de revenus d appoint, rguliers ou
sporadiques,
peuvent
enfin
tre
rattachs 3
militaires
retraits, qui touchent, chaque trimestre, une
substantielle
pension
d ancien combattant.
L agriculture
continue
donc occuper la quasi-totalit
des actifs
du
village:
IOO
des femmes, 96
des
hommes.
Cette
conclusion
n a rien
de
surprenant puisqu il
s agit
d un
village situ
au
fin
fond
de
la fort
ouest-ivoirienne : elle
confirme simplement
l isolement de Ziombli, encore
trs
largement cart
de toute forme
d
urbanisation
en
1965.
omposition t ille du mn ge
Par mn ge nous entendons
l entit forme
par
un
homme
mari,
sa
(ou ses) femme(s), ses
enfants et,
ventuellement,
ses
dpendants. C est
le groupe ainsi dfini
qui
semble
l heure actuelle constituer l unit de base
de la socit
gur.
72 mnages sur les 102 que
compte
Ziombli se rduisent
la
famille conjugale, mono- ou
polygynique. 30
chefs de
mnage
seulement ont donc, en plus de
leur propre
famille,
des
dpendants.
Ces derniers, au
nombre
de 60, soit 2
en
moyenne
par
mnage, se
situent
comme
suit
par
rapport au
chef de famille :
20 ascendants: pres et mres rels ou classificatoires;
37 collatraux : 15 frres et surs rels ou classifi-
catoires, 21 neveux
ou
nices
patrilatraux,
neveu utrin
;
3 allis.
La
taille
moyenne
de
la
famille
conjugale
s tablit
ainsi
6,5 personnes, celle du mnage 7 2
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
51/202
40 LA VIE QUOTIDIENNE DANS UN VILLAGE GUR
lph btis tion
En
1965, le village de Ziombli
ne
possde encore
qu une
cole clandestine - l tablissement officiel
n ouvrira
ses portes qu en 1967. Les coles clandestines thorique
ment
interdites
par
les autorits, mais tolres dans la
pratique, runissent alors
couramment,
dans les villages
o
n existe
pas
d cole reconnue, une centaine d lves,
rassembls sous un abri de
fortune
et enseigns
par un
(1 matre
recrut
et
pay
par
les villageois eux-mmes.
Pour qu
cette
poque une cole soit reconnue
et
bnficie
d instituteurs
rmunrs
par
le Ministre de
l ducation
Nationale, des conditions draconiennes
sont
exiges:
bti-
ment en dur, difi selon
un
plan rglementaire, ainsi que
des logements, conformes galement des normes fixes,
pour le directeur et les
matres
adjoints. La ralisation
d un
tel complexe
demandait
de
la
part des villageois
un
investissement minimum de 1,5 million de francs CFA.
En
1965, Ziombli compte 167 enfants
d ge
scolaire
6
14 ans) : 89 garons
et
78 filles.
Sur
ces effectifs, 99
vont l cole, soit un
taux
de scolarisation de prs de 60
64 frquentent l cole (1
clandestine
du village,
qui
assure
alors les CPI, Cpz et
CEr.
35 sont inscrits
extrieur
:
9 Toulpleu, 8
dans
les coles d autres villages
de
la sous
prfecture, 18 un
peu
partout en Cte-d Ivoire -
dont
4 seulement
dans
des tablissements secondaires
souvent
au
gr de l affectation
d un
parent
fonction
naire. Pour
importante
qu elle soit pour l poque, cette
scolarisation reste encore 70 le privilge
du
sexe
masculin.
Sur les 405 adultes
5
ans
et
plus) du village, 36 seule
ment savent lire et crire, dont une seule femme. Sur cet
effectif, z7
sont
encore en cours de scolarit, dont 4 dans le
secondaire. Le
taux d alphabtisation
des adultes n atteint
donc que 8,2
,
ce qui est faible. 43 hommes
p rlent
en
plus le franais, ce qui porte 79 le
total
des hommes,
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
52/202
L UNIVERS MATRIEL DE LA VIE QUOTIDIENNE
soit 45 sachant s exprimer dans cette langue. Si ce
rsultat
est
encore modeste la
langue
franaise
l emporte
cependant
notoirement
sur
la langue vhiculaire ivoirienne
le dioula parl
par
moins de 70 adultes
du
village. Ce
dernier
trait
est par ailleurs significatif de la faible perma
bilit
du
Gur au monde de l Islam.
ppartenance confessionnelle
Les religions universalistes -
Islam et
Christianisme
malgr un tr s long contact avec les colporteurs dioula
et
une
trentaine
d annes de prsence missionnaire
n ont
encore que
trs
faiblement
pntr la
socit gur. A
Ziombli deux hommes seulement
ont
t baptiss selon
le rite catholique -
l un au
cours
de
son service militaire
en France l autre au cours d un sjour prolong sur la
Basse-Cte
mais
ont
abandonn depuis longtemps
toute
pratique. Cela n empche pas personnes de se dire
catholiques
et
protestantes. Quant
l Islam
nous
n avons no t
qu un
seul cas de
conversion:
il
s agit
d un
apprenti-chauffeur qui aprs avoir vcu plusieurs annes
au voisinage permanent de son
employeur
dioula a fini
par embrasser la confession de celui-ci.
Morphologie
Deux questions
retiendront
ici notre
attention:
comment
la population
de Ziombli se projette-t-elle
dans
l espace ?
Comment conoit-elle son habitat?
Occupation
l espace
t
structure lignagre
L histoire prcoloniale de Ziombli a mis en vidence
l existence quasi gnralise
du
village-lignage. Le regrou
pement coercitif des populations
qui
suivit la conqute
militaire
donna
naissance une double occupation
de
l espace:
ct des villages de regroupement imposs
par
l administration et runissant des lignages souvent htro-
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
53/202
42
LA V IE Q UO TID IE NN E DANS UN VILLAGE GUR
clites, se multiplirent les campements,
groupements
homo
gnes
et
fonctionnels, fonds
sur la
seule
parent.
Nous
examinerons ici successivement les
rapports
entre
occupa
tion de l espace et structure lignagre au niveau du village
d une
part, au niveau du campement d autre
part.
Village
et
lignage
Nous avons dfini ci-dessus le village actuel comme un
agglomrat de communauts claniques juxtaposes. L occu
pation de l espace villageois reflte-t-elle cette htro
gnit
?
Prcisons
tout
d abord que la plupart des villages gur
ont fait l objet, ces dernires annes, d oprations de lotisse
ment. L intervention, qui poursuivait un but d assainisse
ment, consista essentiellement
tracer des axes se coupant
angle droit
et
faisant office de rues,
et
dlimiter, de
part
et d autre de ces voies, des carrs de
40
mtres de ct.
C est sur ces lots )l , rpartis
entre
les chefs de mnage, en
fonction de leurs besoins, que
s est
re constitu le nouvel
habitat.
La topographie actuelle de Ziombli, loti en 1964, ne
traduit donc plus une occupation
spontane
de l espace.
La
structure
de la
communaut
est le rsultat direct des
oprations de regroupement qui, dep uis 1961, affectent les
diffrents lignages qui la constituent. Le village est form
de trois quartiers nettement distincts: Ziombli, Guiriambli,
Klabo, les
deux
derniers
s tant
simplement
juxtaposs,
comme nous
l avons
vu, l un en 1961, l autre en 1965,
l ancien Ziombli. Ces trois
qua rtie rs c ontinuent
tre
perus par
la population
comme des villages diffrents et,
tout en reconnaissant
thoriquement
un chef unique,
conservent dans la
pratique
une
totale
autonomie. Cela se
traduit notamment, sur le plan politique moderne, par
l existence de trois comits
du
PDCI-RDA
Parti
Dmocra
tique
de Cte-d Ivoire, Section ivoirienne
du
Rassemble
ment
Dmocratique
Africain ,
dont l action
est
souvent
-
8/9/2019 Schwartz Alfred - La Vie Quotidienne Dans Un Village Gur
54/202
L UNIVERS MATRIEL
DE LA V IE
QUOTIDIENNE 43
loin d tre concerte, ce
qui
a pour consquence comme
nous le verrons plus loin)
de
rendre la gestion du village,
sinon impossible,
du
moins particulirement difficile.
En
juin 1968, le quartier Klabo n avait pratiquement plus
d existence officielle,
la
moiti
environ de la population,
le chef en tte,
s tant
rinstalle
sur
l ancien site.
L examen
de la structure interne du
qua rtie r perm et d e
faire les remarques suivantes:
- le quartier, village l origine,
est
le rsultat
d une
conjoncture historique donne. Si, pas plus que le village,
il ne se caractrise
par
l h omognit des groupes e n
pr-
sence, ceux-ci ont en revanche
et
de faon gnrale toujours
librement choisi de vivre
ensemble;
- le quartier s articule autour
d un
lignage-leader, fonda
teur de l ancien
village:
Glao pour Ziombli, Kpahon
pour
Guiriambli, Doueyakon pour Klabo. Dans l orbite de ces
noyaux
gravitent
les segments de lignages que le groupe
ment
dominant
a attirs
lui au
cours
de
l histoire. Parfois
ceux-ci lui
ont
t
imposs. Mais,
de toute
faon, ces
segments cont inue nt de conserver une totale autonomie,
sauf en ce qui concerne l administration
du
quartier;
- le dcoupage interne
du
quartier s effectue grosso modo
sur la base
du
segment de lignage gbowon . Mais cette
rgle