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Establishment of a Forestry Research Network for ACP Countries (FORENET)
9 ACP RPR 91#1
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES PRODUITS FORESTIERS NON
LIGNEUX (PFNL) : CAS DU GABON
ALFRED NGOYE
CONSULTANT
RESUME
La revue sur les PFNL au Gabon s’inscrit dans le cadre du projet «Establishment of a Forestry
Research Network for ACP Countries» (ACP-FORENET) qui vise à établir un réseau de collaboration
pour l’Afrique centrale des Institutions de recherche en sciences forestières entre les trois régions du
groupe des Etats des ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). L’étude répond à une recommandation du
comité de pilotage de ce projet en rapport avec la mise en œuvre de la troisième thématique de ce
projet qui a trait à «l’optimisation des revenues tirées de l’exploitation de la forêt et de tous les
services qu’elle procure». Les principaux objectifs visés par cette revue sont les suivants : de
rechercher et actualiser les informations existantes sur l’utilisation et la commercialisation des PFNL ;
d’établir une liste des PFNL (végétaux et animaux) prioritaires, de réaliser une mise à jour de la
description des espèces prioritaires et critiques ; d’estimer les volumes, les valeurs et les productions
associées au commerce des PFNL et de proposer une approche méthodologique de suivi des PFNL
dans le contexte de l’OFAC.
Cette revue a été réalisée sur la base d’une synthèse bibliographique de la littérature disponible
sur les PFNL, sur la consultation de personnes ressources, des administrations, et sur quelques
interviews réalisées auprès des acteurs de la filière (récolteurs, transformateurs, transporteurs,
commerçants, consommateurs etc.). La littérature consultée a permis de définir les PFNL comme des
biens et services, autres que le bois d’œuvre, tirés des ressources forestières renouvelables et qui
permettent aux populations de subvenir à leur besoins essentiels (alimentaires, santé, construction,
artisanat, socioculturels, etc) et dont la commercialisation profite prioritairement aux communautés
villageoises. Cette définition intègre les composantes animale, végétale et mycologique de la forêt
ainsi que les services qu’elle procure à l’Homme. La description de la situation des PFNL au Gabon
est faite sur la base de la catégorisation suivante : (i) les PFNL d’origine végétale ; (ii) les PFNL
d’origine animale ; (iii) les PFNL d’origine fongique.
-Les PFNL d’origine végétale apparaissent plus nombreux tant la diversité floristique au
Gabon est très importante. Cette catégorie se subdivise en trois sous-catégories :
� les PFNL destinés à l’alimentation qui regroupent les espèces qui procurent aux populations
différents produits destinés à leur consommation parmi lesquels on peut citer : les fruits ; les
graines ; les feuilles ; les tiges ; les tubercules ; les condiments, etc. Plusieurs espèces sont
consommées directement ou après transformation : l’Amvout Trichoscypha acuminata ;
Dacryodes edulis, Coula edulis (Olacaceae). l’Andok Irvingia gabonensis ; le Moabi
Baillonnella toxisperma. Nkumu, qui regroupe deux espèces Gnetum africanum et G.
bulchhozianum et Begonia sp.
� les PFNL destinés à la santé : Les plantes médicinales contribuent de façon significative à la
vie des populations surtout rurales et à l’équilibre social une très grande partie de la population
de Libreville ne peut pas se permettre d’acheter les produits pharmaceutiques d’importation en
raison de leur prix trop élevé. Les forêts gabonaises fournissent une gamme très variée de
produits médicinaux qui soulagent parfois de nombreuses familles dont les revenus ne leur
permettent pas d’accéder aux soins de santé et aux médicaments importés. On note dans cette
sous- catégorie quelques espèces utilisées par les populations : Rauvolfia vomitoria ;
Pycnanthus angolensis ; Plagiostyles africana ; Annickia chlorantha ; Anthocleista vogelii ;
Alchornea cordifolia ; Erythrophleum ivorensis ; Adenia lobata ; Piper umbellatum ;
Psychodria peduncularis ; Monodora myristica ; Picralima nitida ; Lophira alata. Ces
espèces sont administrées pour soigner diverses pathologies notamment le paludisme, les
maux de dents, les vers intestinaux.
� les PFNL destinés à des services tels que la construction et l’artisanat. De nombreux PFNL
sont utilisés par les populations pour procurer différents services utiles à l’homme dans
l’artisanat et la vannerie avec comme principaux produits le rotin et le raphia ; dans
l’emballage d’aliments, ce sont les feuilles de Marantacées qui sont les plus exploitées alors
que dans la construction des cases et d’autres structures de soutien ce sont principalement
l’Okala et d’autres Annoncaeae aux écorces fibreuses se détachant en lanières qui sont par
ailleurs utilisés comme bois de chauffe.
� D’autres PFNL d’origine végétal ont été répertoriés dans le cadre de cette étude le palmier à
huile qui sert à la production du vin de palme, le miel et les résines exploitées dans le cadre
des industries cosmétiques
-Les PFNL d’origine animale se compose principalement de la viande de brousse (mammifères,
oiseaux, reptiles) ; des poissons d’eau douce et des insectes (chenilles et larves de coléoptères).
Cependant les préférences alimentaires varient en fonction de la disponibilité de la ressource, du type
de population, de la nature de l’écosystème et des préférences alimentaires.
� Les PFNL animaux alimentaires, il s’agit principalement du gibier ou viande de brousse qui
constitue une source de protéine pour les populations. Les principales espèces chassées sont
les Atherures (porcs-épics) ; les Céphalophes bleus ; les Cercopithèques et les potamochères ;
On distingue également dans cette sous-catégorie les poissons d’eau douce, les oiseaux et les
reptiles qui sont chassés par les populations;
� Les PFNL animaux utilisés dans la pharmacopée traditionnelle : l’offre de soins à partir des
PFNL animaux est diverse même si la pharmacopée traditionnelle reste majoritairement
dominée par l’utilisation des plantes, il n’en demeure pas moins que de nombreux
tradipraticiens, utilisent les animaux pour guérir différentes pathologies notamment : les
hémorroïdes ; les douleurs musculaires ; les rhumatismes etc.
� Les PFNL animaux utilisés dans l’artisanat : de nombreux animaux sont utilisés par les
populations dans le cadre de l’artisanat et qui peuvent parfois rapportés des revenus non
négligeables. Dans ce registre on note que ce sont principalement les peaux d’animaux qui
sont prisés car elles servent à la fabrication de chaises traditionnelles, des tam-tams, des sacs
et chaussures mais également dans l’habillement. En ce qui concerne la bijouterie, ce sont
principalement les dents qui sont utilisées.
-Les PFNL d’origine fongique sont très nombreux et ils sont utilisés principalement au niveau
alimentaire par les populations. Cependant il existe de nombreux champignons utilisés en
pharmacopée traditionnelle. Il convient de signaler que bibliographie sur les champignons au Gabon
est très pauvre. Toutefois, la thèse de doctorat soutenu récemment par un jeune chercheur gabonais sur
la systématique et la taxonomie des champignons comestibles du Gabon va permettre de valoriser
cette discipline.
� Les PFNL fongiques alimentaires, avec ses multiples espèces comestibles, constituent dans
bien des sociétés une nourriture succulente, un produit prestigieux avec des recettes propres à
chaque région. Une enquête ethno mycologique réalisée au nord du Gabon a permis de dresser
une liste de trente-neuf taxons de champignons consommés dont les plus courantes
appartiennent au genre Cantharellus, qui présente la plus grande diversité au Gabon, suivi des
genres Termitomyces et Lentinus.
� Les PFNL fongiques utilisés en pharmacopée traditionnelle sont essentiellement bien connus
des Pygmées qui sont dépositaires de ce savoir. Il existe quelques champignons signalés
comme d’intérêt médicinal et appartenant aux genres Daldinia et Pycnoporus.
En ce qui concerne la commercialisation des PFNL, il s’agit d’une activité rémunératrice de
revenus bien que majoritairement exercée dans l’informelle. Ils assurent aux populations rurales, les
conditions de subsistance et améliorent leur cadre de vie en apportant des revenus significatifs aux
ménages. Cependant, au Gabon il a été noté qu’aucune structure n’est capable de fournir des données
statistiques fiables liées à la commercialisation des PFNL bien que pour certains produits comme le
Rotin, l’Andok, le Gnetum, il existe une certaine organisation qui, le plus souvent, comprend : les
collecteurs, les détaillants et les consommateurs.
� Le commerce de Gnetum se subdiviser en deux : le commerce de subsistance rurale où le
collecteur est à la fois le détaillant qui vend directement les feuilles de Gnetum en des petits
tas sur les étales des marchés sous la forme découpée finement ou alors entièrement. Dans le
deuxième cas, il s’agit d’une véritable organisation qui collecte les produits pour les revendre
dans les grands centres urbains. Les collecteurs sont à la base de la chaîne car ils procèdent à
la première opération de commercialisation des produits collectés sous deux formes : la forme
découpée en lamelles fines, les collecteurs vendent à des commerçants qui, à leurs tour, les
revendre à des détaillants ; -la forme non découpée, les collecteurs vendent à des grossistes qui
vont par la suite les revendre à des détaillants. A Libreville c’est surtout les marchés d’Akébé
Poto et d’Akébé pleine qui sont spécialisés dans la vente de feuilles Gnetum. Un paquet de
feuilles entière de Gnetum est vendu à 200 Fcfa alors que découpées en fines lanières
produisent 4 tas de 100 FCFA chacun. Ainsi la valeur ajoutée générée par la transformation
est de 200 FCFA
� Le commerce des Rotin : la filière Rotin met en relation plusieurs acteurs, des récolteurs de
cannes, des revendeurs, des artisans qui assurent la transformation et les consommateurs qui
achètent les produits finis. Certains récolteurs peuvent jouer plusieurs autres rôles dans la
filière. Parmi les quatre espèces de rotin utilisées, les deux plus commercialisées sont du genre
de Laccosperma, résistant et de gros diamètre adapté à la fabrication des meubles. Les autres
plus fins et moins flexible servent aux travaux de lianage, vannerie et de tissage. Ils sont tous
répartis dans l’ensemble du territoire. Après exploitation, des fagots de 10, 14, 17 cannes sont
constituées. Les prix varient en fonction de la distance entre les sites de récolte et le lieu
d’écoulement des produits, de l’état de la route pratiquée et le nombre élevé des contrôles
policiers qui taxent arbitrairement ces produits et dont les taxes échappent à l’Etat. Le fagot de
10 cannes est vendu par les récolteurs à 3000f CFA, par les grossistes à 4000f CFA et l’unité
est à 400f CFA La transformation de rotin en meubles (salons, des salles à manger, des
meubles de séjour et immobilier de jardin, commodes etc.) est urbaine et c’est la plus
intensive, la plus élaborée dans la valorisation du rotin. Le prix du meuble après
transformation est fonction du type d’ouvrage réalisé. Il est souvent lié au prix du fagot de
rotin, au nombre de canne contenus dans le fagot rapporté au nombre de canne utilisé par
ouvrage. Par exemple le prix d’un salon en rotin simple coûte 106 090f CFA à la fabrication et
vendu 250 000f CFA soit un bénéfice de 143 910f CFA En général, deux exemplaires de ce
salon sont vendus par mois, sur l’année le bénéfice est de 3 453 840f CFA
� Le commerce des feuilles de Marantacées : littérature consultée révèle que les feuilles
d’emballage, Megaphynium macrostachyum de la famille des Marantacées, sont fortement
exploitées. Cette exploitation est réalisée de façon anarchique étant donné que l’objectif
demeure le maximum de revenus. L’activité est réalisée à 80% par des femmes dont la
majorité 70% est de nationalité Gabonaise dont 93% exercent cette activité pour un but
commercial. Il arrive que les récolteurs jouent également le rôle de grossistes et même de
détaillant. Les prix de ces feuilles d’emballage sont assujettis au transport, assez cher malgré
la distance (500F CFA/ballot). Le ballot de 1000 feuilles coûte environs 12000Fcfa.
� Le commerce des écorces de Garcinia kola (bois mer). Les enquêtes sur l’identification des
différents circuits d’approvisionnement de cette espèce très sollicitée pour ses multiples
usages notamment pour la fermentation des vins locaux (vin de palme, de canne à sucre, de
miel) et pour le traitement de certaines maladies (maux de têtes, accès palustres et fièvre,
impuissances sexuelles, douleurs de l’enfantement, maladies de la prostate, nettoyage de la
vessie). Ces enquêtes font apparaître que les femmes sont les plus impliquées dans la filière de
commercialisation qui se compose d’exploitants primaires (récolteurs), des grossistes, des
détaillants qui sont, en fait, des revendeurs. Les ventes en gros peuvent être effectuées non
seulement par des récolteurs qui se rendent eux même sur les marchés pour écouler leur
produit à des coûts se situant entre 40 000 f CFA à 55 000 f CFA le sac, mais également via
des détaillants ou revendeurs pou des prix allant de 500 à 2000 F CFA le tas. Racines et
écorces sont les plus vendues et très souvent, les techniques d’exploitation utilisées, vont
souvent jusqu’au dessouchage (arrachage de la plante) de la plante. Cette activité est utilisée
très souvent pour diversifier leur source de revenus.
� Le commerce des amandes d’Irvingia gabonensis (Andok), bien que informelle, apparaît
relativement structurée car elle implique non seulement des gabonais mais également des
équatoguinéens et des camerounais. Ces trois nationalités se partagent le commerce de gros et
de détail sur les principaux marchés de Libreville principalement. Selon Ampele (2002), les
importateurs grossistes assurent deux fonctions essentielles : l’importation et la vente en gros
auprès des détaillants et demi-grossistes. Ces derniers vendent les amandes dans des sceaux de
5 à 10 kg. Les détaillants vendent les amandes en tas, sous deux formes : les amandes non
préparées et les galettes préparées et prêtes à être utilisées. Les prix pratiqués par les
commerçants sont variables et surtout tiennent compte de la disponibilité du produit sur les
marchés. En période de production, un tas de 200g est vendu à 500 FCFA alors qu’en période
basse, le tas de 100 g est vendu à 500 FCFA Afin de réguler les ventes sur les différents
marchés, Ampele (2002), dans une enquête sur la vente des amandes d’Irvingia, précise que
des mesures standarts de vente ont été mises en place par les commerçants. En effet, ces
derniers utilisent les sacs de 100 kg pour la vente en gros, les sceaux de 2,5 litres ou 5 litres
pour la vente en demi-gros, les tas d’amandes de différents poids, le pain d’odika et la cuillère
à soupe pour la poudre d’odika dans la vente en détail. Le pain d’Odika de 4 kg est vendu à
20000 CFA alors que 6 kg d’amandes sont vendus à 6000 CFA et 400 kg de cuillères de
poudre coûtent 40000 CFA
� Le commerce de la viande de brousse : le gibier prélevé est généralement commercialisé sous
deux formes. Il est vendu frais, entier ou dépecé en gigots, en cotés ou en morceaux dans les
villages, les campements de chasse et les marchés locaux : c’est la forme la plus courante
destinée à la consommation directe. La deuxième forme est le gibier boucané. Cette dernière
forme est plus pratiquée par les chasseurs car c’est le seul moyen dont ils disposent pour
conserver la viande pendant longtemps. Les grandes carcasses (éléphants, gorilles, buffles,
bongo etc…) sont dépecées en plusieurs morceaux, les carcasses moyennes en deux ou quatre
pièces (cas
Dans cette étude les contraintes liées à l’exploitation des PFNL ont été abordés, elles sont de
plusieurs ordres :
-Les contraintes commerciales elles sont nombreuses parmi lesquelles : � l’insuffisance de ressources financières oblige les commerçants à vendre à crédit pour un
écoulement rapide des stocks. Les coûts liés aux opérations d’importation augmentent les
charges de commercialisation de même que les différentes taxes prélevés sur les marchés et le
long des routes. Par ailleurs, l’inaccessibilité des zones de production due à l’absence
d’infrastructures routières praticables en toutes saisons demeure une préoccupation
importante ;
� le problème de la qualité du produit exposé sur les étales des marchés qui ne sont pas toujours
entourées de toutes les garanties de sécurité alimentaires. Selon la FAO (2007), leur qualité
hétérogène ne permet pas de standardiser la fixation des prix, ni d’industrialiser le
conditionnement ou la transformation de ces produits. L’absence de technologies appropriées
de stockage, conservation, conditionnement et transformation entraîne la perte d’importantes
quantités de PFNL alimentaires.
� Les difficultés d’accès aux zones de récoltes au regard du relief et les moyens de transport
entre les lieux de collecte et les principaux marchés ne sont pas toujours réguliers voir même
inexistants retardant ainsi l’arrivée des produits sur les marchés et augmentant le prix de vente.
Le manque de données ou de statistiques sur les PFNL rend difficile la mise en place d’un
plan de développement des PFNL et l’absence de cadre de concertation et d’échange entre les
différents acteurs notamment les communautés locales qui ignorent parfois les possibles
revenus que pourraient générer l’exploitation de nombreux produits de leurs forêts.
-Les contraintes sociales et culturelles
� Les populations restent fortement liées à leurs écosystèmes car comme il a été déjà indiqué,
les forêts contribuent énormément à la vie des populations en leur fournissant non seulement
les produits alimentaires mais également de nombreux biens et service. C’est pourquoi, bien
que susceptibles de générer des revenus, tous les PFNL ne peuvent être exploités parce qu’ils
relèvent pour certains du sacré et pour d’autres de la pharmacopée traditionnelle. Les espèces
utilisées dans le cadre de la circoncision dans la région de Makokou ou dans les rites Bwiti ou
Ndjembé à travers le Gabon ne sont pas accessibles aux profanes. Généralement, les sites de
prélèvement de ce type d’espèce appartiennent aux forêts sacrées et ou toute exploitation
requière une autorisation préalable.
� les populations riveraines ne sont pas toujours informées des opportunités qu’offre la
commercialisation de certains PFNL. Le manque d’information et l’absence de démonstrations
concrètes sur l’avancée dans le domaine de l’élevage et de domestication de certaines
ressources fournissant les PFNL alimentaires empêchent que les populations commencent à
mieux les valoriser. De nombreux tabous et préjugés constituent des freins pour l’élevage ou
la domestication. Certaines espèces animales (serpents, tortues, chauves-souris, etc.) feraient
difficilement l’objet d’élevage sans que l’éleveur ne soit taxé de sorcier.
-Les contraintes juridique et réglementaire � Le cadre juridique et réglementaire gabonais n’est pas suffisant pour encadrer et surtout
promouvoir le développement des PFNL aujourd’hui. La réglementation actuelle présente de
nombreuses limites allant de la définition même du mot PFNL jusqu’aux détails liés à
l’exploitation de chaque PFNL. Il est aussi à noter que les dispositifs juridiques et
réglementaires au niveau sous-régional présentent des lacunes en matière de PFNL en dépit de
nombreux échanges qui se font.
� les limites dans la réglementation des PFNL, on note d’abord la difficulté à réaliser des
inventaires pour estimer les stocks disponibles et l’harmonisation même des méthodologies à
appliquer pour ces inventaires, compte tenu de la grande diversité des PFNL, de leurs
systèmes de production, de leurs différentes méthodes de collecte ou de récolte, de leur
saisonnalité, etc. Devant ce manque de données de base fiables (exigences de croissance,
niche de régénération, production, techniques de récolte appropriée), il est très difficile
d’établir les quotas d’exploitation.
� la réglementation existante sur les PFNL s’avère difficile à appliquer sur le terrain. Non
seulement les organes de contrôle manquent cruellement de moyens, mais aussi les
populations concernées font face à une pauvreté élevée et sont de ce fait dépendantes des
ressources naturelles principalement pour leur alimentation et pour leurs revenus.
-Les contraintes biologique et écologique � L’absence au Gabon de programme de recherche spécifique axé sur les PFNL constitue une
lacune majeure car, la connaissance biologique et écologique des espèces est une condition
essentielle permettant d’assurer la durabilité de la ressource. Comment entrevoir le
développement des PFNL au Gabon sans un programme scientifique qui permettrait de
développement des modes ou des techniques de collectes durables, des techniques de
domestication des espèces et la diffusion de l’information nécessaire aux acteurs des PFNL
� L’absence d’inventaires ou de données sur la nature de la ressource, la biologie de l’espèce,
type morphologique, les caractéristiques écologiques de l’habitat des espèces ainsi que la
répartition géographique et l’évaluations des stocks sont des éléments nécessaires à la gestion
durable de la ressource. Il s’agit d’un handicap qui pénalise le développent des PFNL au
Gabon.
L’impact de la collecte des PFNL sur la durabilité de la ressource a été abordé car La collecte
des PFNL est pratiquée depuis longtemps par les populations qui habitent dans ces milieux. Cette
exploitation à des fins essentiellement de subsistance n’a, à priori jamais posé de problèmes
écologiques surtout en ce qui concerne la durabilité et l’existence de la ressource. L’impact de
l’exploitation des PFNL sur la durabilité de la ressource semble être étroitement lié à plusieurs
paramètres notamment le mode de collecte et la pression exercée sur la ressource, liée à la forte
demande des populations, surtout urbaine.
Concernant les modes de collectes des PFNL, il apparaît que deux types de prélèvement
peuvent être observés pour les PFNL végétaux surtout alimentaire, il s’agit : du prélèvement sur pied
et de l’abattage des arbres ou l’arrachage de certaines espèces végétales, notamment dans le cas des
espèces herbacées. Plus la demande d’un PFNL est grande, plus la pression sur la ressource est
importante. L’impact de cette exploitation sur la structure et la composition de la forêt est étroitement
lié, non seulement à cette intensité de prélèvement, mais aussi à l’organe végétal prélevé.
(i) pour le prélèvement des organes productifs, tels que les fruits et les noyaux, l’attention doit
être donnée à la capacité de l’espèce à se reproduire et à l’impact de la récolte sur éventuellement les
animaux qui se nourrissent de ces produits. C’est le cas des fruits d’Andok Irvingia gabonensis, de
Baillonnella toxisperma, Coula edulis Dacryodes edulis, etc, qui sont courtisés à la fois par les
animaux (éléphants, céphalophes, etc) et l’homme.
(ii) en ce qui concerne les structures végétatives, il est à noter que leur prélèvement peut
engendrer la mort de la plante, comme les racines ou l’écorce. Dans la région de Makokou, Penianthus
longifolius est un petit arbuste de sous bois dont l’écorce et surtout la racine sont très prisé par les
populations pour ses effets aphrodisiaques. Sa récolte malheureusement consiste à arracher l’arbuste
ou à couper la partie souterraine car selon les récolteurs c’est dans cette partie où se concentrerait la
« molécule active». Si ce rythme de récolte se poursuit, la disparition de l’espèce est garantie pour les
prochaines années. C’est pourquoi, une bonne compréhension des stratégies de reproduction, de la a
structure, de la densité et de la distribution de la population est nécessaire pour une bonne gestion.
(iii) concernant le prélèvement des structures végétatives, qui ne cause pas nécessairement la
mortalité de la plante, telles que les feuilles, il convient de réaliser une évaluation du taux de
récupération, l’impact physiologique de la récolte et des techniques de récoltes. Dans ce registre, on
peut inscrire le Gnetum africanum, les feuilles de Marantacée;
(iv) pour ce qui est des exsudats et des résines, leur exploitation durable necessite une
évaluation des procédures de prélèvement, les taux de récupération, ainsi que des effets secondaires de
l’extraction sur la croissance, la reproduction, la résistance aux maladies et attaques d’insectes, et la
perte des nutriments importants. L’Okoumé Aucoumea klaineana et l’Aiélé Canarium schumfurti dont
les résines sont exploités en raisons des demandes de plus en plus croissantes des firmes cosmétiques.
La technique d’extraction repose sur une entaille qui permet de recueillir l’exsudat. A ce jour, au
regard de la méthode de collecte de ces résines, la littérature en notre possession ne permet pas
d’indiquer des conséquences à court terme de ce mode de prélèvement des résines au Gabon.
En ce qui concerne l’extraction de la sève de palmiers à huile et de raphia qui se fait selon
deux méthodes : palmier sur pied «vin du haut » ou abattu «vin du bas». La sève extraite par la
première méthode, bien que moins appréciée que celle obtenue «par le haut», est en effet plus
abondante. Toutefois, le palmier à huile est une espèce que l’on peut considérer comme cultivée ou
sub-spontanée. Elle n’est pas un composant naturel des forêts et est étroitement liée à la présence
humaine actuelle ou passée. Compte tenu de son importance commerciale internationale pour l’huile
de palme, elle est largement cultivée et n’est donc pas menacée.
La collecte des PFNL animaux quant à elle se fait principalement de deux manières la
chasse et la pêche qui utilisent des méthodes qui varient en fonction de la nature de la chasse ou de la
pêche, commerciale ou de subsistance.
L’impact de la chasse au fusil est négatif sur les ressources fauniques car l’utilisation des fusils
expose la faune car ils permettent de tuer non seulement tous les types d’animaux mais aussi plusieurs
animaux à la fois. L’impact de cette activité est déterminé par la nature de la chasse qui est pratiquée.
La chasse de subsistance est pratiquée par les populations rurales pour satisfaire leur consommation
quotidienne. Les animaux chassés sont de petites tailles et plus souvent préalablement sélectionnés, les
techniques utilisées sont le piégeage orienté souvent pour la capture d’espèces précises. La chasse au
fusil, pratiquée par les populations locales, n’utilise pas des armes de guerres dévastatrices, car il s’agit
d’un mode de capture pour satisfaire la consommation familiale.
Par contre, la chasse commerciale ou braconnage est préjudiciable à la stabilité et à la
durabilité de la ressource vue que l’objectif est le profil commercial dans ce type de chasse, toutes les
méthodes de capture, sont utilisées : le piégeage à l’aide du câble métallique, la chasse au filet, la
chasse à l’assommoir et parfois des armes à feu. La chasse commerciale pour le ravitaillement des
grandes villes est la plus destructrice. Elle pénètre de plus en plus en profondeur dans les forêts,
suivant les voies d'exploitation forestière.
Le prélèvement des PFNL aquatiques apparaît moins préjudiciable car il est pratiquée dans
différents cours d’eau et il n’utilise pas des méthodes aussi destructrices que la chasse au gibier
sauvage.
Il est difficile de proposer une méthode pertinente qui permettrait de concilier la recherche
croissante de profil sur les PFNL et de minimiser l’impact d’une telle activité sur la durabilité de la
ressource. Au Gabon, bien que peu d’études significatives et globales sur la problématique des PFNL
n’est disponible, il apparaît, au regard de la littérature que la dimension économique des PFNL n’est
pas encore pris en compte dans l’activité économique globale du pays. L’exploitation durable des
PFNL nécessite une approche intégrée qui implique l’ensemble des acteurs. .
Cependant, dans une optique commerciale le choix des ressources est guidé par l’intérêt
économique. Ce sont les ressources ayant un meilleur potentiel commercial et une capacité à se
régénérer de façon à assurer une durabilité de l’espèce qui pourraient concilier l’exploitation des
PFNL et leur impact sur l’environnement. Il convient de développer des méthodologies de récolte des
PFNL à faible impact. Dans le même ordre d’idées, la détermination des quotas d’exploitation et de
délivrance de permis autorisant l’exploitation d’un PFNL donné, permettra de contrôler son taux de
prélèvement, de manière à préserver sa productivité et sa pérennité.
TABLE DES MATIERES
1. Introduction ..................................................................................................................................... 11 1.1 Contexte général ............................................................................................................................ 11 1.2 Contexte de la présente étude ....................................................................................................... 12 1.3 Objectifs et attentes de l’étude ..................................................................................................... 13
2. Généralités sur le Gabon ................................................................................................................ 14 2.1 Caractéristiques biophysiques et socioéconomiques .................................................................. 14 2.2 Les ressources forestières ............................................................................................................. 14 2.3 Le Cadre légal et institutionnel sur l’exploitation de la ressource forestière au Gabon ......... 15 2.3.1 Les Conventions Internationales ............................................................................................... 15 3.2.2 Le Code de l’Environnement ..................................................................................................... 15 2.3.3 Le Code forestier ........................................................................................................................ 16 2.3.4 Le décret 001029 du 01 décembre 2004 réglementant, la transformation et la commercialisation des produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFAB). ............................ 16 2.3.5 Le Décret n°137 du 4 février 2009 ............................................................................................ 17
3. Approche méthodologique .............................................................................................................. 18 3.1 Définitions ...................................................................................................................................... 18 3.2 Méthode .......................................................................................................................................... 18
4. Description des PFNL par catégories ............................................................................................ 20 4.1 Les PFNL d’origine végétale ........................................................................................................ 20 4.1.1 Les PFNL végétaux alimentaires ou de consommation .......................................................... 21 4.1.2 Les PFNL destinés aux soins de santé des populations ........................................................... 22 4.1.3 Les PFNL destinés à des services tels que la construction et l’artisanat ............................... 24 4.1.3.1 L’artisanat et vannerie ............................................................................................................ 24 4.1.3.2 Emballages ............................................................................................................................... 25 4.1.3.3 Construction de case ............................................................................................................... 26 4.1.3.4 Bois de feu et charbon ............................................................................................................. 26 4.1.4 Autres PFNL d’origine végétal ................................................................................................. 26 4.1.4.1 Le vin de palme et de raphia .................................................................................................. 26 4.1.4.2 Le miel ...................................................................................................................................... 27 4.1.4.3 Les résines ................................................................................................................................ 27 4.2 Les PFNL d’origine animale ........................................................................................................ 27 4.2.1 Les PFNL animaux alimentaires ............................................................................................... 28 4.2.1.1 Le gibier ou viande de brousse ............................................................................................... 28 4.2.1.2 Les poissons d’eau douce ........................................................................................................ 30 4.2.1.3 Les oiseaux ............................................................................................................................... 31 4.2.1.4 Les reptiles ............................................................................................................................... 31 4.2.2 Les PFNL animaux utilisés dans la pharmacopée traditionnelle ........................................... 31 4.2.3 Les PFNL animaux utilisés dans l’artisanat ............................................................................ 33 4.3 Les PFNL d’origine fongique ....................................................................................................... 34 4.3.1 Les PFNL fongiques alimentaires ............................................................................................. 34 4.3.2 Les PFNL fongiques utilisés en pharmacopée traditionnelle ................................................. 35
5. Commercialisation des PFNL au Gabon ....................................................................................... 36 5.1 Commercialisations de quelques PFNL principaux au Gabon ................................................. 36 5.1.1 Le commerce de Gnetum ........................................................................................................... 37 5.1.2 Le commerce des Rotin .............................................................................................................. 37 5.1.3 Le commerce des feuilles de Marantacées ................................................................................ 38 5.1.4 Le commerce des écorces de Garcinia kola (bois mer) ........................................................... 38
5.1.5 Le commerce des amandes d’Irvingia gabonensis (Andok) .................................................... 39 5.1.6 Le commerce de la viande de brousse ...................................................................................... 39 5.2 Les contraintes à l’exploitation des PFNL .................................................................................. 40 5.2.1 Les contraintes commerciales .................................................................................................... 40 5.2.2 Les contraintes sociales et culturelles ....................................................................................... 40 5.2.3 Les contraintes juridique et réglementaire .............................................................................. 41 5.2.4 Les contraintes biologique et écologique .................................................................................. 41
6. Impact de la collecte des PFNL sur la durabilité de la ressource ............................................... 43 6.1 Les modes de collectes des PFNL ................................................................................................. 43 6.1.2 La collecte des PFNL végétaux .................................................................................................. 43 6.1.2 La collecte des PFNL animaux .................................................................................................. 45 6.2 Comment concilier la recherche croissante du profil économique généré par les PFNL et la nécessité de minimiser l’impact de leur collecte sur la durabilité de la ressource ........................ 46
7. Priorisation des PFNL au Gabon ................................................................................................... 47 7.1 Méthode de collecte des données sur la priorisation des PFNL au Gabon .............................. 47 7.1.1 Les PFNL végétaux alimentaires .............................................................................................. 47 7.1.2 les PFNL végétaux destinés aux soins de santé ........................................................................ 49 7.1.3 Les PFNL d’origine animal ....................................................................................................... 50
8. Recommandations et méthodologie de collectes des PFNL ......................................................... 53
9. Bibliographie.................................................................................................................................... 55
1. Introduction
1.1 Contexte général
Les forêts du massif forestier du bassin du Congo recouvrent une superficie de 2,8
millions de Km2. De ce fait, elles constituent, après l’Amazonie, la plus grande étendue de
forêts tropicales dans le monde (Wilkie, 2000). Ces forêts abrient de nombreux écosystèmes,
qui hébergent une importante diversité biologique constituée d’espèces animales et végétales
d’une grande richesse. Elles jouent un rôle majeur dans la régulation du climat mais
également dans la vie quotidienne des populations qui habitent ce massif forestier, car elles
sont sources d’aliments, d’abris, de médicaments, de l’artisanat, de la culture, des rites
traditionnels et de revenus pour plusieurs millions de personnes qui vivent autour de ce massif
forestier.
En effet, les civilisations humaines ont développé une multiplicité de manières
d’exploiter les ressources et l’espace forestier. Il s’agit notamment de l’exploitation des
surfaces forestières pour la culture agricole, de l’exploitation du bois d’œuvre et l’exploitation
des produits forestiers non ligneux, objet de la présente étude.
En raison de la globalisation des économies mondiales et de la croissance de la
demande, Wilkie (2000) notait déjà que le taux d’exploitation des produits forestiers non
ligneux (PFNL) s’est accru à une vitesse que l’on avait jamais connu auparavant. Il signalait
aussi que la surexploitation des ressources et le risque de disparition des PFNL menaçaient les
revenus, voire les possibilités de subsistances des familles dépendant de la forêt et la diversité
génétique essentielle à production et au maintien de la diversité biologique.
Cependant, il est de plus en plus admis que les PFNL ont un rôle important à jouer
dans la subsistance et la création de revenus pour les populations locales. C’est pourquoi, la
FAO (2001), dans une compilation statistique des PFNL en Afrique, a mis en évidence, le rôle
prépondérant joué par ces produits dans la vie des populations, en fournissant des produits-
clés, de substances et des revenus. Ils sont constitués des denrées alimentaires, des plantes
fourragères, des plantes médicinales, des exsudats, du gibier et beaucoup de services. De ce
fait, l’approche socio-économique préconisée par Kabuye (2000), pour le développement des
PFNL pourrait réellement contribuer à réduire la pauvreté des communautés rurales. Elle
recommande, en effet, la prise en compte : des connaissances traditionnelles de chaque
communauté afin de déterminer les ressources utiles, celles destinées à la consommation
locale et celles faisant l’objet de troc ou de vente dans les marchés ; des systèmes de gestion
locaux régissant l’usage, la récolte, la transformation et la conservation des produits y compris
la substitution des produits et la domestication des ressources ; des besoins de subsistance des
populations locales et l’influence des lois du marché sur leur mode de vie, ainsi que les
conflits possibles ; les cadres institutionnels traditionnels pour l’appui et la prise de décision,
la gestion des affaires, les systèmes de valeurs sociales et la répartition du travail selon le
sexe ; les droits traditionnels d’accès aux ressources, régissant le droit de propriété, son accès
et son contrôle, ainsi que le partage des bénéfices potentiels dérivés des activités génératrices
de revenus.
Aujourd’hui, le marché des PFNL est fort développé et de nombreux efforts sont
entrepris, notamment par la COMIFAC et la FAO qui disposent de programme spécifique sur
les PFNL, pour promouvoir l’exploitation de ces ressources. Le potentiel économique des
PFNL attire de plus en plus l’attention : on s’efforce de développer le marché pour certains
produits, de transformer les produits localement, d’utiliser les stratégies de transformation
locale et de valorisation des produits, et de garantir une redistribution plus équitable des
revenus (Peters, 2000). Mais tout ceci reste tributaire de la durabilité de la ressource qui
commande une exploitation rationnelle et durable, compte tenu de la pression que les
populations exercent dans l’exploitation de ces PFNL, le souci de les gérer durablement se
pose de plus en plus dans la sous région d’Afrique Centrale avec des répercussions au niveau
internationale (Clark et Sunderland, 2004).
C’est dans ce cadre que le Programme Régional pour l’Environnement en Afrique
Centrale (CARPE) et la FAO ont organisé en 1998 au Cameroun un atelier international sur
les PFNL afin d’identifier des actions à court et à moyen terme susceptibles de mieux
comprendre le rôle potentiel des PFNL dans l’aménagement durable des forêts d’Afrique
Centrale. Au cours de cet atelier qui a réunit de nombreux spécialistes de la problématique des
PFNL, plusieurs présentations de la situation des PFNL ont été faites pour différents pays
dont le Gabon.
1.2 Contexte de la présente étude La présente étude s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet
«Establishment of a Forestry Research Network for ACP Countries» (ACP-FORENET) qui
vise à établir un réseau de collaboration pour l’Afrique centrale des institutions de recherche
en sciences forestières entre les trois régions du groupe des Etats des ACP (Afrique, Caraïbes
et Pacifique). Le projet est financé par l’Union Européenne à travers le Secrétariat Général du
Groupe des Etats des ACP. L’Agence de coordination est assurée par le Centre pour la
Recherche Forestière Internationale (CIFOR) qui s’appuie pour son exécution dans les trois
régions par trois Organisations Points Focaux Régionaux (RFPO). L’Institut de Recherche en
Ecologie tropicale du Gabon assure pour l’Afrique Centrale la coordination sous-régionale.
Le projet se caractérise par trois principales activités : l’octroi de bourses pour des
formations diplômantes ; l’appui à des formations ad hoc ; l’appui à des projets de recherche
associant les institutions de recherches sous-régionales. C’est justement, dans le cadre de cette
dernière activité que s’inscrit la présente étude.
En effet, le projet ACP FORENET a identifié quatre thématiques prioritaires
susceptibles de bénéficier d’un financement :
-La première porte sur «Les forêts tropicales et l’atténuation des changements
climatiques avec un accent particulier sur la dégradation de la forêt». ;
-La seconde a trait à «l’impact des changements climatiques sur les pratiques et les
moyens de subsistances des populations locales». ;
- La troisième est relative à «l’optimisation des revenus tirés de l’exploitation de la
forêt et de tous les services qu’elle procure» ;
-Enfin, la dernière thématique porte sur «l’accroissement de la capacité des
populations locales et des institutions à gérer leur écosystème forestier».
Notre étude s’inscrit dans la mise en œuvre de la troisième thématique qui a fait l’objet
de la rédaction et de la soumission au comité scientifique d’ACP FORENET d’un projet
relatif aux Produits Forestiers non ligneux (PFNL). En réponse à cette soumission, le comité
de pilotage, organe de gestion et de prise de décision, du projet ACP FORENET, en
s’appuyant sur les recommandations du comité scientifique, a recommandé au RFPO Afrique
Centrale d’identifier des consultants dans chaque pays de l’espace du projet pour réaliser un
état de l’art sur la problématique des produits forestiers non ligneux dans cette région. C’est
dans ce cadre que nous avons été identifiés sur la base de notre Curriculum vitae pour
conduire cette étude au Gabon, à partir des termes de références qui nous ont été
communiqués par le RFPO-AC.
1.3 Objectifs et attentes de l’étude
Les principaux objectifs visés par cette revue sont les suivants :
-rechercher et actualiser les informations existantes sur l’utilisation et la
commercialisation des PFNL
-Etablir une liste des PFNL (végétaux et animaux) prioritaires, c’est-à-dire utilisés
couramment et plus commercialisés au cours des 5 dernières années
-Réaliser une mise à jour de la description des espèces prioritaires et critiques
-Estimer les volumes, les valeurs et les productions associées au commerce des PFNL
-Proposer une approche méthodologique de suivi des PFNL dans le contexte de
l’OFAC
2. Généralités sur le Gabon
2.1 Caractéristiques biophysiques et socioéconomiques Le Gabon, pays de l’Afrique Centrale, a une superficie 267 667 km
2. Il est limité au
Nord par la Guinée Equatoriale et le Cameroun ; à l’Est et au Sud par le Congo. L’ouest du
Gabon est une zone côtière bordée par l’Océan Atlantique. Le pays, à cheval sur l’équateur est
caractérisé par un climat chaud et humide de type équatorial marqué par un régime
pluviométrique se répartissant de façon équitable en deux cycles de pluies séparés par deux
saisons sèches. La proximité du littoral et la topographie influent considérablement sur le total
pluviométrique annuel dont les valeurs extrêmes sont de 1200 m au sud est dans la région de
Tchibanga et de près de 3000 mm aux environs de la capitale Libreville. Sa population, selon
les chiffres fournis par la Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques
(DGSEE) en 2008, est estimée à 1,3 millions d’habitants en 2005, pour une densité moyenne
de 5 habitants au km2. La répartition de cette population est loin d’être homogène car la
majorité de celle-ci réside à la capitale et dans les principaux centres urbains de l’intérieur du
pays. Cette faible densité de population laisse une large partie du pays inhabitée et l’incidence
humaine sur la végétation forestière est comparativement faible (Sosef et al., 2006).
L’économie gabonaise continue de s’appuyer sur une exploitation des ressources naturelles, la
faible densité de population et la générosité de la nature restent à l’origine de ce type
d’activité qui se caractérise par les secteurs pétrole, forêt et mine qui contribuent
respectivement à 42,4 %, 6,0 % et 1,9 % du PIB (Nguimbi et al., 2006).
2.2 Les ressources forestières Avec près de 85 % de la superficie totale du pays, la forêt constitue la principale
formation végétale du Gabon. Celle-ci se décline selon De Saint-Aubin (1963) et Caballé et
al. (1978) en trois types physionomiques majeurs : la forêt dense humide sempervirente du bassin sédimentaire côtier qui comprend la forêt littoral à Aucoumea klaineana, Saccoglotis
gabonensis, Dacryodes buettneri,Erismadephus exsul ; la forêt dense humide sempervirente des reliefs et des plateaux de l’intérieur comprenant outre l’Aucoumea klaineana,
Desbordesia glaucescens, Aphanocalyx spp ; Bikinia spp mais également Paraberlinia
bifoliolata, Scyphocephalium ochocoa et Pentaclethra eetveldeana ; la forêt dense humide des plateaux de l’intérieur marquée par Scyphocephalium ochocoa, Gilbertiodendron
dewevrei, Triplochiton scleroxylon, Terminalia superba. D’autres formations existent, bien
que peu représentées, parmi lesquelles la savane côtière qui longe la côte gabonaise, les
savanes de l’intérieur ; les mangroves, les jachères agricoles, les formations marécageuses,
inondables, etc.
Comme l’ensemble du bloc forestier du Bassin du Congo, la biodiversité des forêts
gabonaises demeure mal connue. Cependant, des efforts importants sont entrepris par les
centres de recherche, pour ce qui est de la caractérisation, l’évaluation et de l’identification de
la ressource, et l’administration, pour l’inventaire des ressources ayant un impact économique
important. C’est dans ce dernier aspect que s’inscrit la filière exploitation forestière qui
correspond en réalité à l’extraction, de la forêt, du bois d’œuvre qui comprend de nombreuses
essences dont l’Okoumé. Il s’agit d’une activité importante de par son poids socio
économique, politique et écologique. En effet, le secteur forestier, jusqu’à un passé récent,
décembre 2009, était la deuxième source de recettes d’exportations et le deuxième employeur
bien que sa contribution au PIB demeure faible. La décision d’interdire l’exportation des
grumes prise par les nouvelles autorités gabonaises dès décembre 2010 pourrait
naturellement, faire changer cette tendance.
L’extraction du bois d’œuvre a donc constitué l’activité principale et la plus connue de
l’exploitation des ressources forestières du pays. Pourtant, depuis l’aube des temps, l’homme
a toujours utilisé toutes les ressources de son environnement pour assurer sa subsistance.
Ainsi, les populations vivant dans ces forêts puisent dans celles-ci, les ressources nécessaires
à leur alimentation, les produits médicinaux utiles à leurs soins de santés, les éléments
essentiels à la construction de leur case et à la fabrication d’outils essentiels à leur vie
quotidienne. Elles trouvent dans ces forêts le cadre idéal à l’expression de leurs coutumes et
rites traditionnels.
Fort de ce qui précède, en dehors de l’exploitation du bois d’œuvre et des terres
agricoles, les populations rurales et urbaines du Gabon, de manière prépondérante, dépendent
pour leurs besoins de base (santé, alimentation, construction, revenus) de l’exploitation
d’autres ressources qu’offrent les forêts et qui ne nécessitent pas obligatoirement une haute
technologie (machinerie, bulldozer, tronçonneuse, camions, grumier, etc) pour leur extraction.
Cependant, au regard de l’intérêt de plus en plus croissant pour ces produits de la forêt, il va
sans dire qu’à terme, cette activité artisanale pourrait se développer et générer beaucoup plus
de revenus mais également impacter sur la durabilité de la ressources. Dans cette approche,
plusieurs définitions ont été données pour qualifier ce type de produit. Certaines les
regroupent dans l’appellation de produits forestiers non ligneux (PFNL) alors que d’autres les
rangent dans les produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFAB) comme c’est le cas au
Gabon. D’autres, en revanche, n’intègrent pas la composante animale dans la définition de ces
produits.
2.3 Le Cadre légal et institutionnel sur l’exploitation de la ressource forestière au Gabon
L’exploitation des ressources forestières au Gabon est régie principalement par trois
types de texte : le code forestier, le code de l’environnement et les conventions internationales
auxquelles le Gabon a souscrit.
2.3.1 Les Conventions Internationales
Les conventions qui s’appliquent aux ressources forestières sont les suivantes :
-La Convention sur les zones humides (RAMSAR), adoptée en 1971, a été ratifiée par
le Gabon en 1997 ;
-La Convention sur le Commerce International des espèces de faune et de flore
sauvage menacée d’extinction (CITES), adoptée à Washington en 1973, a été ratifiée en 1987.
-La Convention sur la Diversité Biologique (CDB), rédigée à Rio en juin 1992, a été
ratifiée par le Gabon en juin 1996. Cette convention issue de Rio ainsi que les deux autres ont
inspirée le cadre juridique relatif aux Codes de l’Environnement et Forestier gabonais.
3.2.2 Le Code de l’Environnement
Le Code de l’Environnement ou loi N°16/93 du 26 août 1993 relative à la protection et
à l’amélioration de l’environnement détermine les principes généraux qui doivent fonder la
politique nationale en matière de protection et d’amélioration de l’environnement. Elle vise
notamment : la préservation et l’utilisation durable des ressources naturelles ; la lutte contre
les pollutions et nuisances ; l’amélioration et la protection du cadre de vie ; la promotion de
nouvelles valeurs et d’activités génératrices de revenus, liées à la protection de
l’environnement ; l’harmonisation du développement avec la sauvegarde du milieu naturel.
Dans son chapitre cinq, le code dispose que la faune et la flore sont gérées de façon
rationnelle et équilibrée, en tenant compte notamment de la nécessité d’éviter leur
surexploitation ou leur extinction, de préserver le patrimoine génétique et d’assurer le
maintien des équilibres écologiques. Les activités susceptibles d’atteintes à la faune et à la
flore ou de dégradations de leurs biotopes (exploitation, commercialisation, exportation ou
recherche scientifique) sont interdites ou soumises à autorisation.
Un décret pris en 2002, en application du code de l’environnement, réglemente les
études d’impact sur l’environnement, imposant de ce fait à tout projet économique important
la réalisation d’une étude d’impact environnemental. Il s’agit au sens de ce décret de
l’évaluation des incidences directes et indirectes d’un projet sur l’équilibre écologique, la
qualité et le cadre de vie des populations vivant dans la zone de projet sur l’équilibre
écologique, le cadre de vie des populations vivant dans la zone d’implantation du projet et
dans les zones adjacentes.
2.3.3 Le Code forestier La loi n°016/01 du 31 décembre 2001 portant code forestier en République gabonaise
qui fixe les modalités de gestion durable du secteur Eaux et Forêts en vue d’accroître sa
contribution au développement économique, social, culturel et scientifique du pays. Cette loi
s’inscrit clairement dans le cadre de la gestion durable car elle vise à concilier une
exploitation soutenue avec la conservation des écosystèmes et la prise en compte des usages
de la forêt par les populations locales. Il s’agit précisément d’appliquer une stratégie
d’aménagement et de gestion durable des forêts, de prévoir une fiscalité incitant la bonne
pratique de la gestion durable et d’aider au développement d’une industrie de transformation
(Nguimbi et al, 2006). Pour y parvenir, les exploitants forestiers sont assujettis à un plan
d’aménagement de leur concession forestière.
L’aménagement des concessions s’inscrit sur une durée de 20 à 30 ans en garantissant
la durabilité de l’exploitation et le renouvellement de la ressource. Cette démarche structurée
conduit à réaliser de nombreux inventaires qui permettent de caractériser l’habitat, la
ressource et ses particularités (rareté, endémisme, richesse spécifiques, habitats spécifiques et
espèces particulières). Par la suite les conclusions de ces différentes études vont permettre de
retirer les sites sensibles du point de vue écologique, et social et culturel des zones
d’exploitations pour les intégrer plutôt dans des zones de conservation.
Le code forestier répartit le Domaine forestier en deux, le Domaine forestier
permanent de l’Etat et le Domaine rural. Le premier est constitué des forêts domaniales
classées et des forêts domaniales productives enregistrées. Ces forêts sont destinées à la
production, à la protection et constituent l’habitat de la faune sauvage. En ce qui concerne le
Domaine rural, il est constitué des terres et des forêts dont la jouissance est réservée aux
communautés villageoises.
En ce qui concerne l’exploitation des PFNL, le Code forestier n’est pas très explicite,
cependant, il précise en son article 14 que : nul ne peut, dans le domaines des eaux et forêts se
livrer à titre gratuit ou commercial à l’exploitation, à la récolte ou à la transformation de tout
produit naturel, sans autorisation préalable de l’administration. Toutefois, en vue d’assurer
leur subsistance, les communautés villageoises jouissent de leurs droits d’usages coutumiers.
2.3.4 Le décret 001029 du 01 décembre 2004 réglementant, la transformation et la commercialisation des produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFAB). Le décret 001029 est pris en application de la loi 016/01 du 31 décembre 2001 portant
code forestier. Il est relatif à la réglementation, l’exploitation, la transformation et la
commercialisation des produits forestiers autres que le bois d’oeuvre. Dans ce décret, il n’est
pas fait mention explicitement de produits forestiers non ligneux (PFNL) mais plutôt de
produits forestiers autres que le bois d’oeuvre. Au sens de ce décret, cette désignation
recouvre l’ensemble des biens commercialisables et de substitution issus des ressources
renouvelables de la forêt. Les produits visés dans cette désignation sont contenus dans le
tableau ci-dessous issu de l’article 3 du décret cité précédemment.
Produits forestiers autres que le bois d’oeuvre Unité de mesure
- bois de chauffage (Okala, Macaranga, etc) Stère
- perches et bois d’éclaircies Stère ou M3
- bois pour la fabrique du charbon M3
- tous les rotins ml*
- les marantacées (feuilles et tiges) Kg
- le Garcinia klaineana (bois amer) Kg
- les bambous Kg
- les champignons Kg
- les palmiers raphia (tiges et feuilles) Kg
- les plantes médicinales Kg
- les résines des arbres (Okoumé, Agba, Aïélé, etc) Kg
- les gommes Kg
- les fruits et graines sauvages Kg
- le Gnetum africanum (Nkumu) Kg
- le Garcinia manï (arbustes à cure et brosse à dents) Kg
- les écorces Kg
Ml* : mètre linéaire
Dans ce décret, l’exploitation et l’utilisation des produits forestiers autre que le bois
d’oeuvre sont soumises à une réglementation spécifique visant à assurer leur pérennité ;
favoriser l’élaboration des stratégies de conservation et de gestion ainsi que la mise en place
d’une cellule spéciale permettant un contrôle en amont et en aval des activités de la filières
desdits produits ; garantir une application des accords internationaux, notamment la
convention sur la biodiversité citée précédemment.
Il apparaît au regard de ce décret, bien qu’il prévoie la révision en tant que de besoin
de la liste, deux observations :
-la première est relative au fait que la liste des produits ne comporte pas de
composante animale.
-le décret ne prend en compte et ne protège pas:
• les savoirs traditionnels sur ces produits c’est à dire les systèmes de gestion
locaux régissant l’usage, la récolte, la transformation et la conservation de ces
produits y compris la substitution des produits et la domestication des
ressources ;
• les besoins de subsistance des populations locales et l’influence des lois du
marché sur leur mode de vie, ainsi que les conflits possibles ;
• les cadres institutionnels traditionnels pour l’appui et la prise de décision, la
gestion des affaires, les systèmes de valeurs sociales
• les droits traditionnels d’accès aux ressources, régissant le droit de propriété,
son accès et son contrôle, ainsi que le partage des bénéfices potentiels dérivés
des activités génératrices de revenus.
2.3.5 Le Décret n°137 du 4 février 2009 Ce décret porte sur la mise en réserve de certaines espèces végétales à usage multiples
de la forêt gabonaise à savoir : l’Afo (Poga oleosa), Andok (Irvingia gabonensis), Douka
(Thieghemella africana), Moabi (Baillonnella toxisperma), Ozigo (Dacryodes buettneri). Ces
espèces sont interdites d’abattage, classées non exploitables et non commercialisables pour
une durée de vingt et cinq (25) ans. Cette démarche vise à protéger ces espèces qui subissent
une pression de nombreux exploitants.
3. Approche méthodologique
3.1 Définitions
De par la diversité qu’ils présentent et du fait qu’ils englobent aussi bien les produits
ligneux que non ligneux, les PFNL sont difficiles à définir. De plus, avec le temps, certaines
définitions ont évoluées. Ainsi plusieurs termes et définitions sont utilisés dans la sous région
pour désigner les PFNL. La FAO (1992) définit les PFNL comme «l’ensemble des biens et
services pouvant être vendus, autoconsommés ou utilisés par l’industrie comme source de
matière première, et qui proviennent des ressources renouvelables et de la biomasse
forestière ».
Chabot (1997), définit les PFNL comme des biens et services commerciaux ou de
subsistance destinés à la consommation humaine et industrielle et provenant des ressources
renouvelables et de biomasse des forêts de la forêt. Elle poursuit en indiquant que ces PFNL
doivent favoriser l’accroissement des revenus réels et des emplois des ménages ruraux. Il peut
s’agir d’aliments d’origine végétale ou animale, de combustibles, de médicament des produits
issus d’animaux qui peuvent être utiles comme les plumes, les fourrures, le miel, la résine ou
encore le latex mais aussi de services de conservation et de loisir fournis par la terre.
Pour Tabuna (1997), ils constituent le plus souvent des produits tels que : pour les
végétaux, les écorces, les racines de bois, les tubercules, les bulbes, les feuilles, les fleurs, les
graines, les fruits, la sève, la résine, le miel, les champignons ; pour les animaux, la viande, la
peau, les os, les dents et bien d’autres. Ils sont souvent utilisés pour des raisons, alimentaire,
médicinale, de construction par les populations locales. Ils peuvent aussi être considérés
comme «toute ressource biologique, et tout service marchand, excepté toutes les formes de
bois d’œuvre, issus des forêts ou de tout autre écosystème ayant des fonctions similaires ».
Selon Tchatat (1999), les PFNL constituent l’ensemble des autres ressources forestières autres
que le bois d’œuvre dont l’exploitation ne nécessite pas d’investissement particulier et dont
l’usage ou la commercialisation profite directement aux riverains
Sur le plan de la législation des pays d’Afrique Centrale, les codes forestiers proposent
des termes différents pour désigner les PFNL. Le code forestier camerounais parle de
Produits spéciaux ou produits forestiers secondaires alors qu’en Guinée équatoriale il s’agit
bien de produits forestiers non ligneux (productos forestales non maderales). En République
centrafricaine, il s’agit de fruits et produits de la forêt naturelle tandis qu’en République
démocratique du Congo, on parle plutôt de PFNL. Au Congo, l’expression utilisée est
produits forestiers accessoires cependant, au Gabon on parle de produits forestiers autres que
le bois d’œuvre (PFAB).
En s’appuyant, sur ces différentes définitions, il ressort que, les PFNL sont des biens
et services, autres que le bois d’œuvre, tirés des ressources forestières renouvelables et qui
permettent aux populations de subvenir à leur besoins essentiels (alimentaires, santé,
construction, artisanat, socioculturels, etc) et dont la commercialisation profite prioritairement
aux communautés villageoises. Cette définition intègre les composantes animale, végétale et
mycologique de la forêt ainsi que les services qu’elle procure à l’Homme.
3.2 Méthode
La méthode utilisée pour conduire cette étude repose sur :
-une synthèse bibliographique de toute la littérature disponible sur les PFNL et sur tout
autre document se rapportant directement ou indirectement à la problématique des PFNL ;
-la consultation de personnes ressources, des administrations ;
- des interviews réalisées sur les acteurs de la filière (récolteurs, transformateurs,
transporteurs, commerçants, consommateurs etc.) à partir de guide d’entretien dans la
périphérie de la capitale gabonaise, Libreville.
Dans le document qui va suivre, une description de la situation des PFNL au Gabon
est faite sur la base de la catégorisation suivante : (i) les PFNL d’origine végétale ; (ii) les
PFNL d’origine animale ; (iii) les PFNL d’origine fongique. Par la suite sera décrite la
commercialisation suivie de l’impact de la collecte de ces PFNL sur la ressource.
4. Description des PFNL par catégories
4.1 Les PFNL d’origine végétale
Les PFNL d’origine végétale apparaissent plus nombreux tant la diversité floristique
au Gabon est très importante. La FAO (2001) dans une compilation statistique sur les PFNL
précise que, ces derniers jouent un rôle prépondérant dans la vie de la population car ils
fournissent des produits-clés, de substances et de revenus. Des exemples des PFNL sont les
denrées alimentaires, les plantes fourragères, les plantes médicinales, les exsudats et beaucoup
de services. Au Gabon, c’est Raponda et Sillans (1960) qui établissent le premier répertoire
des plantes utilisées par les populations pour différentes raisons qu’il s’agisse du domaine
alimentaire ou de la pharmacopée traditionnelle.
Etoughe Effe et al. (2002) ont réalisés une enquête sur les PFNL d’origine végétale sur
trois provinces l’Estuaire, le Haut Ogooué et le Woleu-Ntem. Au terme de cette enquête, ils
ont mis en évidences cinq produits phares : Garcinia kola (bois amer), Megaphrinium
macrostachyum (feuilles d’emballage ou de construction), Gnetum africanum (Nkumu),
Irvingia gabonensis (odika), Laccosperma sp. (Rotins). Cette étude a révélé également,
l’existence possible de filières relativement structurées autour des trois dernières espèces
citées.
Les utilisations des PFNL d’origine végétale sont multiples, le plus souvent, variables
d’une région à une autre. Sassen et Wan (2006) dans leur rapport sur l’étude relative à la
biodiversité et aux priorités locales des communautés vivant dans les environs du parc
national de l’Ivindo, précisent que certaines espèces sont particulièrement importantes pour
une communauté, surtout si elles présentent multiples usages telle que le Moabi, Baillonnella
toxisperma. Parfois, une espèce est unique pour un usage particulier. C'est-à-dire que pour cet
usage, seule cette espèce peut être utilisée. La plupart de ces espèces non remplaçables
appartiennent aux catégories médicinales et rituelles. Le Padouk, Pterocarpus soyauxii, pour
ces communautés, est l’espèce la plus importante en raison de son utilisation dans les rituels
de la circoncision. Dans le tableau, ci-dessous, établit par Sassen et Wan (2006), présentent
les 20 espèces d’intérêt majeur pour ces populations.
Ces travaux conduisent à distinguer au sein de chaque communauté ou dans chaque
région des PFNL prioritaires c’est-à-dire, présentant un intérêt essentiel pour la population, et
que l’on pourrait distinguer en trois catégories :
(i) les PFNL destinés à l’alimentation ;
(ii) les PFNL destinés à la santé ;
(iii) les PFNL destinés à des services tels que la construction et l’artisanat.
4.1.1 Les PFNL végétaux alimentaires ou de consommation Dans cette catégorie, il s’agit des espèces qui procurent aux populations différents
produits destinés à leur consommation parmi lesquels on peut citer : les fruits ; les graines ;
les feuilles ; les tiges ; les tubercules ; les condiments, etc. Pour Christy et al. (2003) les
plantes alimentaires sont culturellement importantes en tant qu’élément des plats traditionnels
ou nutritionnellement comme sources de vitamines, de lipides (graisses et huiles), de
protéines et de minéraux. Il s’agit, pour la plus part de ces produits, de plantes dont l’apport
est essentiel à l’équilibre nutritionnel de l’alimentation des populations.
Selon la FAO (1999), les fruits sauvages sont essentiels pour un équilibre alimentaire
chez l’homme, surtout chez les enfants. Bourobou-Bourobou et al. (1995) donne un aperçu
sur l’importance des arbres fruitiers sauvages au Gabon à travers une description botanique de
plusieurs espèces d’arbres de forêt producteurs de fruits comestibles de la famille des
Anacardiaceae qui regorgent principalement des fruits sucrés, acides à acidulés tels que :
l’Amvout Trichoscypha acuminata ; T. abut ; Pseudospondias longifolia ; Onzabili
Antrocaryon klaineana ; Sorindea. D’autres fruits sucrés à oléagineux existent il s’agit des
Saffou avec Dacryodes edulis, D. macrophylla, D. buettneri.
Il convient de souligner que le Saffou est l’une des espèces très prisée par les
populations. Il s’agit d’un arbre de 10 à 20 m de hauteur qui se rencontre dans les vieilles
forêts mais également dans les jardins de case, les jachères et les sites des anciens villages.
Selon Bracke et al. (2008), l’attrait des populations pour les fruits de Saffou est lié au
caractère charnu du fruit, riche en acide gras, acides aminés, sels minéraux et vitamines. Il
peut être consommé grillé ou cuit dans de l’eau chaude. Les matières grasses qu’il contient
sont susceptibles d’être utilisées dans l’industrie agroalimentaire notamment en huilerie, en
pâtisserie ou encore en cosmétique.
D’autres fruits sont consommés, pour la plupart, sur les lieux même de récolte, c’est le
cas d’Aframomum spp. (Zingiberaceae), Myrianthus arboreus (Moraceae), Landolphia
owariensis (Apocynaceae), Cola acuminata (Sterculiaceae) et Coula edulis (Olacaceae). La
graine de ce dernier est très brisée par les populations.
Christy et al. (2003) précisent qu’il existe une diversité considérable de nourriture
d’origine végétale qui peut être regroupée en espèces produisant des substances oléagineuses
et des huiles végétales telles que : l’Andok Irvingia gabonensis ; l’Afo Poga oleosa ; l’Afane
Panda oleosa ; le Moabi Baillonnella toxisperma. Yembi (2002), dans le cadre de la FAO, a
réalisé une enquête préliminaire sur les produits forestiers non ligneux sur les marchés de
Libreville qui montre que les amandes de l’Andok sont disponibles toute l’année et qu’il
constitue le PFNL d’origine végétale le plus répandu dans les trois marchés étudiés.
L’andok est arbre de 35-40 m de haut avec un diamètre d’environs 70 cm en maturité.
Les feuilles, denses et luisantes, sont simples et alternes. Il est pourvu de grands contreforts
minces ave un tronc gris jaunâtre et écailleux. Le fruit charnu de couleur jaune en maturité,
héberge des graines aplaties. L’espèce est répandue dans le bassin du Congo du Cameroun en
angola. Au Gabon, l’espèce se repartit du nord au sud et de l’est à l’ouest principalement dans
des vieilles forêts secondaires et dans des anciennes plantations car le plus souvent laissée par
les populations lors des défrichements.
Le fruit est comestible (peu prisé par les populations) alors que les graines, séchées et
écrasées servent à la fabrication d’une patte alimentaire. Généralement, lorsque les fruits sont
matures, ils tombent permettant ainsi, aussi bien aux populations environnantes mais
également aux animaux tels que les éléphants, potamochères de prélever et d’en consommer.
Les animaux vont consommer sur place essentiellement la composante charnue la chaire
jaune du fruit alors que les populations vont, pour certaines, consommer la chaire alors que
pour la majorité d’entre elles, les fruits seront ramassés et transportés au village. C’est de là
où naît une industrie artisanale qui va consister dans un premier temps à :
(i) casser le fruit pour extraire les graines ;
(ii) sécher les graines
(iii) broyer les graines afin d’obtenir une patte qui est stockée dans des pots pour
être solidifiée ;
(iv) consommer ou commercialiser par les populations sous la forme d’amande ou
de pain d’Odika. Les amandes d’Irvingia transformées en pain se conservent
pendant longtemps.
Toutefois, il convient de signaler que la disponibilité permanente sur les marchés de
l’Andok n’est pas seulement liée à la production locale mais également aux importations du
Cameroun et de la Guinée Equatoriale (Yembi, 2002).
On distingue également des espèces, signalées par Raponda Walker et Sillans (1960)
mais également par Yembi (2002) et Christy et al. (2003), utilisées comme condiments ou
épices telles que : Essesseng Ricinodendron heudelotii (graines), Divida Scorodophloeus
zenkeri (écorce), Ovita Afrostyrax lepidophyllus (graines et l’écorce). Yembi (2002) signale
qu’au Gabon, on a fréquemment recours aux graines de l’Ovita en substitution de l’ail alors
que les graines de l’Essesseng sont plus souvent utilisées comme condiment. Il précise en
outre que les expatriés africains particulièrement ceux provenant de l’Afrique de l’ouest,
utilisent Monodora myristica comme condiment alors que les gabonais l’attribuent des
propriétés medicinales.
Au titre des légumes deux espèces sont caractéristiques le Nkumu, qui regroupe deux
espèces Gnetum africanum et G. bulchhozianum et Begonia sp. Mais c’est le Nkumu qui
constitue le légume très prisé des populations gabonaises. En effet, les feuilles de l’espèce,
bien connue des populations, sont consommées par celle-ci. Les feuilles sont découpées
finement, par la suite, consommées après cuisson par les populations ou alors vendues sur les
marchés locaux. Il s’agit d’une espèce dont spectre de répartition large qui couvre toute
l’Afrique centrale allant de l’Angola au Cameroun en passant par les Congo, le Nigeria et la
Centrafrique. L’espèce qui est une liane souvent très longue à fruits rouge (arille rouge et
charnu) avec une graine blanche colonise les formations forêts primaires et secondaires. Au
Gabon, elle se rencontre quasiment dans tout le pays et particulièrement au sud, à l’ouest et au
nord est, dans les formations. Au sud est, l’espèce colonise les galeries forestières et les îlots
forestiers en savane, principalement dans les plateaux Batékés où les populations en raffolent.
Les PFNL alimentaires sont nombreux et très variés, certains sont bien connus et
inventoriés sur le plan systématique alors que une bonne majorité demeure inconnu par le plus
grand nombre. Leur utilisation peut varier d’une région à l’autre ou d’une communauté à une
autre. Tout comme pour une même espèce plusieurs usages sont enregistrés toujours selon le
type de communauté, la région ou même le pays.
4.1.2 Les PFNL destinés aux soins de santé des populations
Dans l’Afrique sub-saharienne, la médecine traditionnelle est restée depuis des siècles
le système de santé le plus accessible et le moins cher. Les plantes médicinales contribuent de
façon significative à la vie des populations surtout rurales et à l’équilibre social (PROTA,
2008). Selon Yembi (2002), une très grande partie de la population de Libreville ne peut pas
se permettre d’acheter les produits pharmaceutiques d’importation en raison de leur prix trop
élevé. Les forêts gabonaises fournissent une gamme très variée de produits médicinaux qui
soulagent parfois de nombreuses familles dont les revenus ne leur permettent pas d’accéder
aux soins de santé et aux médicaments importés.
Les plantes médicinales sont utilisées par les populations pour soigner de nombreuses
maladies. Certaines d’entre elles ne sont pas exclusivement utilisées pour les soins médicaux
humains mais également appliquées en médecine vétérinaire, comme plantes toxiques
utilisées comme pesticide, poison de flèche ou de pêche, ou encore comme narcotique
(PROTA, 2008). Il apparaît que la plupart des espèces ont plusieurs usages et pour un pays
comme le Gabon qui est couvert à près de 85 % de forêt, la majorité des espèces rencontrées
dans les forêts gabonaises et utilisées par les populations présentent un intérêt pour la
pharmacopée traditionnelle. Selon PROTA (2008), environs deux tiers des espèces de plantes
utilisées en Afrique tropicale ont un usage médicinal documenté, mais le nombre actuel est
probablement plus élevé.
De nombreux travaux visant à répertoriés les espèces médicinales ont été réalisés au
Gabon d’abord par Raponda Walker et Sillans (1960) dans leur études sur les plantes utiles du
Gabon. Cet ouvrage dresse une liste non exhaustive de plantes utilisées en pharmacopée
traditionnelle et présente également les différentes recettes en fonction des pathologies
traitées. Cette étude va se poursuivre par une contribution aux études ethnobotaniques et
floristiques au Gabon, réalisée par l’Agence Coopération Culturelle et Technique (ACCT) en
1984 par des équipes internationales sur la conduite du professeur Adjanohoun, en
collaboration avec l’Institut de Pharmacopée et de Médecine traditionnelle (IPHAMETRA).
Par la suite, PROTA, dans ses publications sur les ressources végétales de l’Afrique
tropicale, va produire en 2008 un ouvrage consacré aux plantes médicinales. Dans ce dernier
ouvrage, 131 espèces importantes de plantes médicinales font l’objet de description complète
comprenant notamment, pour l’espèce étudiée : le nom botanique, l’origine et la répartition
géographique, les usages, les propriétés, la description botanique, l’écologie, etc. Plusieurs
espèces citées dans cet ouvrage de référence avaient déjà été signalées ou décrits comme
espèces médicinales au Gabon par de nombreux auteurs cités précédemment mais également
par d’autres tel que Nziengui (2006).
En effet, dans son enquête ethnobotanique dans la région forestière de Waka, au sud
du Gabon, auprès des populations Tsogo et Pygmées, Nziengui (2006) établit une liste de 65
espèces tirées de la forêt et utilisées par les populations dans le cadre de la pharmacopée
traditionnelle et dont les plus importantes sont : Rauvolfia vomitoria ; Pycnanthus angolensis
; Plagiostyles africana ; Annickia chlorantha ; Anthocleista vogelii ; Alchornea cordifolia ;
Erythrophleum ivorensis ; Adenia lobata ; Piper umbellatum ; Psychodria peduncularis ;
Monodora myristica ; Picralima nitida ; Lophira alata. Ces espèces sont administrées pour
soigner diverses pathologies notamment le paludisme, les maux de dents, les vers intestinaux.
Akagha et al. (1994) dans leur étude portant sur les plantes gabonaises utilisées en
médecine traditionnelle comme hépato protecteur, répertorient dix espèces : Annickia
Chloranta ; Ageratum conyzoides ; Bidens pilosa ; Cassia alata ; C. occidentalis ; Kalanchoe
crenata ; Ocimum gratissimum ; Solenostemon monostachys ; Sida acuta ; Lantana camara.
Selon Christy et al. (2003) un grand nombre de ces produits issus des plantes sont bien connus
et semblent être utilisés pour la même maladie dans tout le pays ou même à travers leur
répartition en Afrique, comme par exemple, «Cassia alata» des zones secondaires, pour
soigner les mycoses de la peau. Cette même assertion s’applique à Annickia chloranta qui est
utilisée pour soigner le paludisme, les ulcères, la bille, aussi bien dans les différentes régions
du Gabon mais également au Cameroun, en Guinée Equatoriale, au Congo.
Dans ce registre, on peut aussi citer l’Endone Pausinystalia johimbe qui est une
Rubiaceae forestière qui se rencontre dans les forêts primaires du Bassin du Congo. Il s’agit
d’un arbre d’aspect rugueux sans exsudat pouvant atteindre 30 m de hauteur pour un diamètre
moyen de 25 cm. Cette espèce est bien connue des populations comme puissant
aphrodisiaque, stimulant, antihypnotique. L’espèce, au Gabon, est très marquée dans la région
de Gamba proche d’un site pétrolier appelé Rabi, d’où l’appellation Bois de Rabi. Elle est très
prisée des populations, est menacée en raison de l’écorçage pratiqué mais également à la
commercialisation qui est faite sur cette espèce. Garcinia kola tout comme l’Endone sont
réputés renfermer des effets stimulants et aphrodisiaques.
Il convient de préciser que l’écorce du Garcinia kola (bois amer) est utilisée quasiment
à l’échelle nationale comme additif au vin de palme. En fait, l’espèce est un arbre d’environs
20m de hauteur et de 10 à 15 cm de diamètre en maturité. Elle est caractérisée par son
écoulement jaune. Les fruits sont jaunes à rougeâtres avec un calice persistant, avec 2 à 4
graines. L’espèce colonise les vieilles forêts où elle est parfois classée comme émergeant en
raison de sa hauteur et son diamètre. Outre l’écorce qui est utilisé dans le vin de palme, les
graines quant à elles, sont commercialisées comme tonifiant. Cette double utilisation
compromet naturellement l’avenir de cette espèce qui est largement écorcée par les
populations.
D’autres produits constituent des secrets des guérisseurs et tradipraticiens bien
qu’abondamment cités comme des plantes médicinales, certaines sont en réalité des drogues
utilisés dans des pratiques mystiques ou fétichistes pouvant contribuer à soigner certaines
maladies telles que : écarter les mauvais esprits, soulager de la stérilité, etc. En fait, il s’agit
des plantes médico-magiques qui sont rarement communiquées aux profanes. Dans ce
registre, on peut noter l’Iboga Tabernathe iboga ou bois sacré. Il s’agit pour les populations
gabonaises d’une espèce mythique car l’iboga est utilisé lors des rites initiatiques du bwiti,
pratique culturelle répandue du nord au sud du pays. La plante est un arbuste de la famille des
Apocynaceae de 1 à 2 m mais pouvant atteindre plus de 5 m de haut surtout, sur la côte ouest,
dans la région de Gamba. Elle produit des fleurs jaunes-claires et des fruits jaune-orangés.
Selon Christy et al (2003), l’iboga est un stimulant et aussi un hallucinogène qui a été utilisé
aux Etats- Unis, dans les cures de désintoxication des consommateurs d’héroïnes. L’iboga, en
lui-même, n’entraîne pas, chimiquement, de dépendance.
4.1.3 Les PFNL destinés à des services tels que la construction et l’artisanat
Depuis très longtemps, les populations forestières ont toujours exploités tout ce que la
forêt pouvait offrir pour assurer les besoins essentiels. Raponda Walker et Sillans (1960) dans
leur ouvrage sur les plantes utiles du Gaon indiquent que: ce n’est pas se répéter que de faire
ressortir ici avec quelle ingéniosité les noirs du Gabon tirent partie de tout ce que le monde
végétal met à leur disposition. Chaque partie du végétal, chaque produit et même chaque
sous-produit trouve son emploi dans les besoins de chaque jour.
De nombreux PFNL sont utilisés par les populations pour procurer différents services
utiles à l’homme. Dans ce registre on peut noter :
(i) l’artisanat et la vannerie ;
(ii) l’emballage d’aliments ;
(iii) la construction des cases et d’autres structures de soutien.
4.1.3.1 L’artisanat et vannerie
Le produit le plus connu des gabonais dans l’artisanat est le Rotin. Ce produit
regroupe principalement deux espèces de lianes épineuses, Laccosperma secundiflorum et
Eremospatha macrocarpa qui appartiennent toutes à la famille des Palmae. Il s’agit d’espèces
forestières rencontrées dans toutes les régions du Gabon. Elles sont bien connues des
populations de Poubara dans la région du Haut Ogooué et de Mimongo dans la province de la
Ngounié où elles sont utilisées comme supports ou câbles de passage pour les ponts en lianes.
Le rotin a plusieurs domaines d’usages certaines communautés l’utilisent dans la fabrication
des paniers, des nasses servant à la pêche, etc. Selon Yembi (2000), l’espèce Eremospatha
macrocarpa est beaucoup plus utilisée dans la fabrication de panier alors que Laccosperma
secundiflorum est très utilisé dans la fabrication de meubles.
Dans les grands centres urbains, le rotin constitue une véritable activité commerciale.
Les réseaux d’approvisionnement des cannes de rotin sont mieux structurés avec à la base des
hommes qui récoltent de grandes quantités de matériau brut dans les forêts autours de
Libreville pour être vendu auprès de nombreux fabricants de meubles en rotin. Les rotins sont
souvent commercialement dénommés «lianes» ou «bambous». De petites quantités de vrais
bambous sont cependant également utilisées par les fabricants de meubles. Les vrais
bambous, en revanche, ne sont pas des lianes et n’appartiennent pas à la famille des Palmae
mais plutôt des «Gramineae» aux tiges lignifiées (Christy et al., 2003).
Selon Yembi (2000), ce sont surtout des ressortissants africains (généralement
originaires du Niger, de Guinée Equatoriale ou du Cameroun) qui sont propriétaires des
ateliers de fabrication de meubles à base de rotin qui recrutent des jeunes gabonais. Outre
l’exploitation des tiges, le bourgeon terminal est aussi largement récolté et consommé, surtout
au sud ouest du pays sous l’appellation de cœur de palmier ou asperge.
Une autre espèce de Palmae très connue des populations car utilisée dans des
cérémonies rituelles mais également à l’occasion des fêtes, c’est le Raphia. Ce produit très
connu dans la région du sud-est comprend plusieurs espèces dont les plus exploitées sont :
Raphia hookeri et R. regalis. Le raphia est tissé par les populations avant d’être vendus à des
artisans ou des couturiers qui l’expose à l’occasion des foires culturelles ou des défilés de
mode. L’exploitation commerciale du Raphia semble être très lucratif dans l’habillement car
de nombreux vêtements sont fabriqués à partir du Raphia.
D’autres produits sont utilisés par les artisans pour la fabrication des sculptures, des
masques, et d’autres objets de décoration, c’est le cas de l’Ebène du Gabon avec Diospyros
gabunensis ; D. dendo, etc. ; des pirogues Canarium schweinfurthii, Aukoumea klaineana.
Des colorants sont aussi extraient de certaines espèces telles que le Padouk Pterocarpus
soyauxii, le Niove Staudtia gabonensis dont l’exsudat est rouge ; Annickia chlorantha qui
possède une tranche et un aubier jaune.
4.1.3.2 Emballages
Dans ce registre c’est principalement la famille des Marantaceae qui regorge les
espèces utilisées par les populations pour les emballages diverses parmi lesquels, l’emballage
du bâton de manioc. C’est essentiellement, les espèces Megaphrynium macrostachyum, M.
gabonense et Ataenidia conferta qui sont utilisées.
En effet, le manioc pilé est enveloppé dans les feuilles de l’une ou l’autre de ces
espèces avant d’être cuit. L’enveloppe devenue d’un vert terne, protège ainsi le bâton de
manioc jusqu’au marche et au consommateur. C’est un des rares matériaux d’emballage qui
résiste à la chaleur de cuisson et qui soit biodégradable, c’est pourquoi, les populations
Pygmées mais et d’autre communautés forestières utilisent ces Marantaceae pour la cuisson
de bien d’autres aliments (poisons, viande, etc) et même pour consommer de l’eau de rivière.
Selon Yembi (2000), suite à la demande croissante de manioc, l’exploitation des
feuilles de Marantaceae, a elle aussi augmentée. Les feuilles donnent un goût particulier à
certains aliments et pour cette raison elles sont préférées aux feuilles de bananier. Il convient
de préciser que de nombreux produits sont extraits des feuilles et qui servent à la production
de ficelles nécessaires à l’emballage des bâtons de manioc, à l’installation de pièges de
chasses ou de pêche.
4.1.3.3 Construction de case
De nombreux PFNL sont utilisés par les populations dans la construction de cases. Ces
matériaux tirés de plusieurs essences telles que l’Okala Xylopia aethiopica, dont l’écorce est
utilisée pour la construction des murs des cases des villages alors que le rachis des raphias sert
à faire des panneaux pour recouvrir les toitures de paille. Aframomum giganteum, par ses
feuilles, sert aussi à recouvrir les toitures.
4.1.3.4 Bois de feu et charbon
L’okala est une espèce pionnière des forêts secondaires très apprécié des populations
en raison de sa capacité à brûler rapidement même non sec. Le charbon très demandé par les
grands centres urbain provient des rebus de bois de scieries mais également des bois issus des
forêts environnantes et dont la croissance est rapide. Sur le littoral, les pécheurs utilisent les
bois de mangrove (Rhizophora racemosa et Avicennia nitida) pour fumer le poisson (Yembi,
2000). La résine d’okoumé, Aucoumea klaineana, est très inflammable et par conséquent très
utilisée par les communautés villageoises pour éclairer les villages.
4.1.4 Autres PFNL d’origine végétal 4.1.4.1 Le vin de palme et de raphia
Le vin de palme est l’une des boissons appréciée des populations gabonaises qui les
rassemble au sortir du travail ou les week-ends dans des marchés spécifiques, le plus souvent
en bordure de route ou dans des grands carrefours des quartiers sous intégrés des grands
centre urbains.
Ce produit est extrait du palmier à huile Elaeis guineensis de deux manières, après
abattage du palmier ou alors sur pied. C’est le premier cas qui est plus exploité en raison de la
facilité de l’exercice après à l’abattage alors que sur pied, l’exploitant est amené à monter sur
le palmier qui peut atteindre parfois 15 m de haut. Dans ce cas, l’exercice présente beaucoup
plus de risque et des accidents sont souvent signalés. Cependant, en terme de préférence, les
consommateurs préfèrent le vin de palme extrait des palmiers sur pied. Selon Yembi (200), un
arbre adulte peut produire jusqu’à 4 litres durant les quatre premiers jours d’exploitation, cette
quantité baisse avec le temps. La durée moyenne d’extraction est de trois semaines.
Cette activité, dans les grands centres urbains, donne lieue à une véritable filière
commerciale qui génère des revenus relativement importants aux populations impliquée dans
cette activité qui est structurée de la manière suivante :
(i) des propriétaires des palmiers ;
(ii) des spécialistes de l’extraction ;
(iii) les vendeurs de l’additif Garcinia kola
(iv) des acheteurs grossistes selon les cas
(iv) les revendeurs ;
(v) les transporteurs.
Le vin de raphia, lui aussi, très prisé par les populations, est une activité exercée
surtout dans les régions du sud est et du sud du pays.
4.1.4.2 Le miel
Le miel est l’un des produits forestiers non ligneux (PFNL) le plus prisé par les
populations gabonaises. Il s’agit d’un produit de cueillette prélevé directement de la forêt par
les populations. Le produit est exploité pour différents usages allant de la consommation
comme aliment à l’utilisation dans la pharmacopée traditionnelle et même dans certaines
pratiques médico-fétichistes. Les populations distinguent deux types de miel : le miel de
savane et le miel de forêt. Ce miel, directement prélevé, des forêts est très prisé par les
populations au point d’en faire une activité commerciale. Au sud du Gabon dans la région de
Ikobé, les Pygmées utilisent ce miel pour fabriquer une boisson alcoolisée appelée vin de
miel. Cette boisson est aussi bien connue des populations du sud-est du pays.
4.1.4.3 Les résines
La résine d’okoumé a fait l’objet d’études à l’Institut de Pharmacopée et de Médecine
Traditionnelle (IPHAMETRA) en partenariat avec une ONG internationale Pro-Natura. Cette
étude a consisté à prélever des quantités relativement importantes de résine d’okoumé dans la
région d’Ikobé dans le massif du Chaillu. Cette résine était, par la suite envoyer, dans des
laboratoires des grandes firmes cosmétiques afin de tester les possibilités de développement
d’une filière. Ce test a permis de mettre en évidence le fait que la résine d’okoumé pouvait
être utilisé dans les cosmétiques et les parfumeries, et a permis de générer des bénéfices de
plus de 100000 euros.
Aujourd’hui, la plus importante application des matières résineuses est la fabrication
des vernis. La récolte et la commercialisation des résines est un marché très spécifique, car
elles sont essentiellement constituées des résines d’Aucoumea klaineana et de Canarium
schweinfuthii qui sont vendues sous forme de torches simples ou mixtes. Ces torches
consistent à écraser les résines et à les envelopper par des écorces d’Okala (Xylopia
aethiopica). Le circuit de récolte appartient aux gabonais qui en général travaillent dans les
chantiers forestiers. Les résines sont vendues brutes ou sous forme de torche. A Libreville, il
existe deux marchés importants celui d’Okala avec deux revendeurs et celui de Mont Bouet.
Le prix minimal d’une torche est de 1500 FCFA le kilo et le prix le plus élevé est de 9000
FCFA (environ 5 à 6 kilos). Toutefois, la demande reste peu importante, ainsi, les torches
peuvent rester plusieurs mois sur les étalages (Ngandji, 1995).
4.2 Les PFNL d’origine animale
Les PFNL d’origine animale se compose principalement de la viande de brousse
(mammifères, oiseaux, reptiles) ; des poissons d’eau douce et des insectes (chenilles et larves
de coléoptères). Cependant les préférences alimentaires varient en fonction de la disponibilité
de la ressource, du type de population, de la nature de l’écosystème et des préférences
alimentaires.
Espèces d’animaux de la forêt les plus exploitées (Sassen et Wan 2006)
Sassen et Wan (2006) dans leur rapport sur l’étude relative à la biodiversité et aux
priorités locales des communautés vivant dans les environs du parc national de l’Ivindo,
établissent une liste de 20 espèces d’animaux de forêt les plus important pour les villageois
(tableau ci-dessus).
4.2.1 Les PFNL animaux alimentaires
4.2.1.1 Le gibier ou viande de brousse
La chasse au gibier a toujours été une source de protéines pour la population rurale au
Gabon, qui ne possède pas de tradition d’élevage. La concentration urbaine et l’engouement
pour la « viande de brousse », ont fait que le gibier est devenu un produit de luxe, pour lequel
un commerce à grande échelle s’est développé. Selon une étude citée par Christy et al (2003),
un minimum de 17400 tonnes, de viande de gibier, étaient consommées dans l’ensemble du
pays en 1993. Ce chiffre représentait 1,8 fois la production et l’importation combinées de
viande de bœuf en 1992. La valeur de la viande de gibier parvenant, d’une manière traçable,
dans les hôtels et sur les marchés officiels de Libreville a été estimé à 400 millions de francs
CFA Christy et al (2003).
Kawouga Sully Thydea (2008) a montré que dans le regroupement des villages de
Nzé-Vatican dans la région de l’Ogooé Ivindo que bien que de nombreuses activités soient
effectuées par les villageois, la chasse est pratiquée intensément dans le village puisqu’elle
constitue la principale source d’alimentation en protéines et de revenus. Même certaines
espèces partiellement (Potamochère et Céphalophe) ou intégralement (Chevrotain aquatique,
Panthère et Vipères) protégées au Gabon sont abattues pendant la chasse.
Le tableau ci-dessous présente les prix de la viande de brousse pratiquée entre Biliba
dans un chantier forestier et Booué une ville distante d’une centaine de kilomètre
Prix de la viande par espèces (Gally, 2000)
La demande en viande de brousse a pour conséquence un accroissement de
l’exploitation illégale de la viande brousse. Selon Steel (1994), la demande en gibier au
Gabon constitue la plus forte consommation mondiale de par tête d’habitant :
Zone Population Consommation
kg/an/habitant
(Source :
PNAE)
Consommation
moyen t/an
Coût moyen
1993 du kg de
gibier (F CFA de
1993)
Valeur
commerciale
Milliards de F
CFA 1993
Rurale 250.000 32 8.000 545 4,35
Urbaine 800.000 17,2 13.760 1.050 14,45
Total 1.050.000 - 21.760 - 18,8
Estimation du volume total de la consommation de gibier et du chiffre d’affaires de la
filière Prix au kg 1993 : calculs selon les chiffres de Steel (1994)
Pour parvenir a obtenir ces différents gibiers, les populations ont recourt
principalement à trois modes de chasse : (i) la chasse au fusil ; la chasse au filet ; (iii) la
chasse par piégeage.
Dans le cadre de la gestion communautaire au Gabon, Moussopo Ibessa (2007) a
révélé lors d’une enquête effectuée sur 464 personnes du village d’Abanga II, situé dans la
province du Moyen Ogooué, que la chasse était l’activité principale de ces populations. Dans
cette étude, il fait remarquer que cette activité avais pris une allure inquiétante par rapport à ce
qui se faisait traditionnellement où l’on utilisait les pièges tant l’appétit pour d’un important
revenu monétaire est devenu plus grand. Cette situation est liée à l’introduction du fusil dans
la chasse. Il précise, par ailleurs, que dans ce village, la seule activité rémunératrice demeure
la vente de produits de chasse et de pêche. Les potamochères, les chevrotains aquatiques et les
grands singes représentent 64% des prises. Tous les mois une centaine d’animaux sont abattus
et vendus principalement aux passagers des trains.
Lahm (1996), dans son étude sur la chasse dans la région de l’Ogooué Ivindo, rapporte
que sur 254 animaux capturés par les chasseurs et les piégeurs, le groupe des Antiodactyles
(Cephalophus collipygus ; Cephalophus dorsalis ; Cephalophus leucogaster ; Cephalophus
mouticola ; Cephalophus nigrifrans ; Hyemoschus aquaticus ; Potamochoerus percus ;
Tragelaphus spekei) subit la plus forte pression de chasse avec près de 57,5 % suivi des
primates avec (18,5 %).
Dans une étude sur l’impact de la chasse sur trois sites caractéristiques du chantier
forestier SHM à Biliba, Gally (2000) a établit une liste des espèces capturées qui montre
clairement une préférence de cette population pour le Cephalophus callipygus et Arterusrus
africanus avec respectivement 28 et 24 individus (voir tableau ci-dessous).
Source : Gally (2000)
Kedzie (2004), dans une étude sur la commercialisation de la viande de brousse, établit
que parmi les espèces recensées, le Céphalophe bleu (Cephalophus monticola) reste l’espèce
la plus commercialisée avec 495 individus recensés, suivi du Porc-épic (Atherurus africanus)
avec 273 gibiers recensés. De toutes ces espèces recensées, environ 14 espèces ont un statut
de protection intégrale ou partielle. Ibala (2007), dans une étude sur la chasse autour de six
concessions forestières (BORDAMUR, FOREEX, SOFAC, STIBG, TTIB et Toujours Vert)
de la vallée de l’Okano, au nord du pays, établit que les espèces les plus prélevées sont
respectivement le Céphalophe bleu, Céphalophe à bande dorsale noire, de l’Atherure africain,
du Potamochère, du Céphalophe à ventre blanc, du Pangolin nain, du Mandrill puis vient le
Cercopithèque hocheur à nez blanc.
Lors des missions anti-braconnages effectuées par les Agents de la Direction de la
Faune et de la Chasse, citées par Okouyi Okouyi (1999), sur les sites de Libreville,
Tchibanga, Booué et Gamba, il est apparu que les espèces les plus chassées sont
respectivement : les Atherures (porcs-épics) ; les Céphalophes bleus (gazelles) ; autres
Céphalophes ; les Cercopithèques et les potamochères.
4.2.1.2 Les poissons d’eau douce
La pêche est une activité importante chez les populations car elle contribue à enrichir
l’offre alimentaire. La pêche est une activité le plus souvent dédiée aux femmes qui utilisent
des nasses, des corbeilles et parfois des filets. Les produits issus de la pêche dans les eaux
douces sont très variés car ils comportent des poissons, des crabes et des crevettes. Les
espèces prélevées peuvent varier d’une région à une autre et surtout d’une rivière à une autre.
Selon Mazzocchetti (2005), dans un étude sur l’utilisations et représentations de la faune
sauvage chez les Bakota de la région de Makokou, les poissons les plus pêchés sont : le
Machoiron (Chrysichthys), le Capitaine (Barbus compinei), le Yara (Schilbe grenfelli), le
grand Silure (Clarias jaensis), le silure char (Clarias buthupogon), le poisson-chat
(Parauchenoglanis punctatus), le Brochet (Hepsetus odoe) et la Carpe (Tilapia tholloni).
En ce qui concerne les crevettes d’eau douce (Macrobranchium vollenhovenii), l’étude
menée par Sassa-Mboungui (2008) a révélée l’existence d’une filière crevette, à Kango, non
loin de Libreville, principalement constituée de femmes dont l’age varie entre 25 et 55 ans.
Ces dernières utilisent le plus souvent un circuit composé de pécheurs, de mareyeuses, de
commerçants et de consommateurs, dans lequel les mareyeuses, ne vendent leur marchandise
qu’à Libreville pour des profils plus importants. Cette pratique reste traditionnelle utilisant
des nasses avec filets et se fait durant les marées basses. Pendant la basse saison, les
prélèvements journaliers peuvent atteindre 1 à 2 kg alors qu’en forte saison ils peuvent
atteindre les 4 à 5 kg. Les revenus moyens pour les pêcheurs sont de l’ordre de 300 000CFA
pour 6 jours /semaine avec 4 à 6Kg/jour en raison de 2500 à 3000 f cfa le kilogramme.
4.2.1.3 Les oiseaux
Les oiseaux sont très peu consommés par les populations, cependant les chauves
souris et les écureuils sont très prisés localement surtout dans les régions de l’Ogooué Ivindo.
Le perroquet gris du Gabon, très prisé des collectionneurs, est un produit forestier qui fait
l’objet d’une commercialisation et même de filières informelles auraient pu accroître les
revenus des populations.
4.2.1.4 Les reptiles
Les reptiles sont relativement peu consommés par les populations mais quelqu’uns,
rencontrés dans de nombreux cours d’eau et rivière du pays sont prisés par la population il
s’agit notamment : Varanus niloticus (Varan) ; Crocodilus cataphractus et C. niloticus ;
Python sebae (Python).
4.2.2 Les PFNL animaux utilisés dans la pharmacopée traditionnelle
La chasse à la viande de brousse dans les forêts est principalement destinée à la
consommation mais depuis très longtemps, elle a aussi servi à la pharmacopée traditionnelle
pour soigner diverses pathologies notamment physiques ou psychosomatiques.
Source: Mazzocchetti (2005),
Selon Mazzocchetti (2005), il existe, chez les Bakota, de nombreuses maladies
psychologiques comme la paranoïa, la schizophrénie, la dépression, etc qui peuvent être
traitées par les guérisseurs. Dans le tableau ci-dessus, il répertorie les animaux utilisés dans
les soins des maladies psychosomatiques.
Animaux utilisés dans les soins de maladies (tiré Mazzocchetti, 2005)
L’offre de soins à partir des PFNL animaux est diverse même si la pharmacopée
traditionnelle reste majoritairement dominée par l’utilisation des plantes, il n’en demeure pas
moins que de nombreux tradipraticiens, utilisent les animaux pour guérir différentes
pathologies notamment : les hémorroïdes ; les douleurs musculaires ; les rhumatismes etc. Dans la plupart des cas, selon Mazzocchetti (2005), la partie de l’animal utilisée par
les guérisseurs traditionnels est plus souvent brûlée et ce sont les cendres recueillies qui sont
associées à des plantes et des huiles pour obtenir une décoction qui est par la suite appliquée
au patient. Le tableau ci-dessous réalisé par Mazzocchetti (2005), liste plusieurs espèces
utilisées dans la pharmacopée traditionnelle par les populations Ikota, Mahongwé et Samaye. Il note cependant que beaucoup de ces recettes médicinales ne sont plus utilisées et que les
savoirs ne sont pas partagés par l’ensemble des membres des diverses communautés.
Toutefois, de nombreux carnivores sont utilisés à travers le pays dans les médicaments de
protections et pour les soins contre les mauvais sort. La panthère reste l’espèce la plus utilisée
dans le pays.
En revanche, selon Mazzocchetti (2005), chez les Bakota, au nord ouest du Gabon, la
Panthère reste assez peu utilisés et ce sont la Genette et la Civette qui sont utilisées dans la
protection et la lutte contre les mauvais sort. Le tableau ci-dessous présente les principaux
animaux utilisés dans les sortilèges et les protections.
Animaux utilisés dans les sortilèges et les protections (tiré de Mazzocchetti, 2005)
4.2.3 Les PFNL animaux utilisés dans l’artisanat De nombreux animaux sont utilisés par les populations dans le cadre de l’artisanat et
qui peuvent parfois rapportés des revenus non négligeables. Dans ce registre on note que ce
sont principalement les peaux d’animaux qui sont prisés car elles servent à la fabrication de
chaises traditionnelles, des tam-tams, des sacs et chaussures mais également dans
l’habillement. En ce qui concerne la bijouterie, ce sont principalement les dents qui sont
utilisées.
Selon Mazzocchetti (2005), l’utilisation des animaux dans l’artisanat Bakota est basée
principalement sur l’exploitation des peaux d’animaux. Cette communauté, autrefois,
fabriquait des ceintures en peaux de l’outre, des soufflets en peaux de Chat doré pour la forge
etc. Les peaux fines sont surtout utilisées pour la fabrication des chaises ou pour la décoration
des murs de maisons : Civette, Panthère, Nandinie, Bongo etc.
Il s’agit en fait d’une exploitation secondaire, car généralement la chasse à ce type
d’animaux est principalement destinée à la consommation des ménages. Le tableau ci-
dessous, tiré de Mazzocchetti (2005), présente quelques animaux utilisés dans l’artisanat chez
les Bakota. Mais chez d’autres communautés gabonaises, ce type d’utilisation est aussi
observé.
4.3 Les PFNL d’origine fongique Les PFNL d’origine fongique sont très nombreux et ils sont utilisés principalement au
niveau alimentaire par les populations. Cependant il existe de nombreux champignons utilisés
en pharmacopée traditionnelle. Il convient de signaler que bibliographie sur les champignons
au Gabon est très pauvre. Toutefois, la thèse de doctorat soutenu récemment par un jeune
chercheur gabonais sur la systématique et la taxonomie des champignons comestibles du
Gabon va permettre de valoriser cette discipline.
4.3.1 Les PFNL fongiques alimentaires Les PFNL d’origine fongique, avec ses multiples espèces comestibles, constituent
dans bien des sociétés une nourriture succulente, un produit prestigieux avec des recettes
propres à chaque région. Une enquête ethnomycologique réalisée au nord du Gabon a permis
de dresser une liste de trente-neuf taxons de champignons consommés par les Pygmées
Bakoya, Baka et leurs cohabitants Bantu (Eyi, 2010). Parmi ces champignons, il a dénombré
presque autant de saprophytes que d’ectomycorhiziens.
Les espèces les plus courantes appartiennent au genre Cantharellus, qui présente la
plus grande diversité au Gabon, suivi des genres Termitomyces et Lentinus. Cependant, les
espèces les plus appréciées appartiennent au genre Termitomyces. Des spécificités liées à la
végétation environnante et à la transmission des savoirs influencent évidemment le nombre
d'espèces consommées mais, en général, une espèce comestible répandue dans plusieurs
régions est unanimement appréciée (Eyi, 2010). Les espèces les plus consommées et qui se
rencontrent un peu partout au Gabon sont les suivantes : Cantharellus luteopunctatus,
Cantharellus rufopunctatus, Termitomyces striatus, Termitomyces microcarpus et Lentinus
brunneofloccosus.
Il convient de préciser que au sud du Gabon dans la région de la Ngounié, Le
champignon de plaine est récolté dans les plaines de Mouila, Ndéndé, Lébamba, à la
satisfaction de nombreuses familles démunies qui y tirent des revenus, ainsi que des
restaurateurs qui en ont fait leur menu principal. Les consommateurs en raffolent et ne
demandent que ces champignons en cette période.
Termitomyces striatus (Eyi, 2010) Termitomyces microcarpus (Eyi, 2010)
Pour les personnes qui cueillent ces champignons, la récolte est souvent fructueuse
lorsque qu’il y a eu une fine pluie dans la nuit. Aussi, de grandes quantités de champignons
poussent sur les plaines qui ont été bien brûlées pendant la grande saison sèche. Parmi les
chercheurs de champignons, on retrouve en grande partie les jeunes adolescents qui, après la
vente, se rendent dans des boutiques pour compléter leurs fournitures et leur garde robes pour
s’assurer une année scolaire réussie. Cette cueillette offre ainsi une opportunité aux familles
démunies pour qui l’arrivée du champignon est une véritable aubaine.
4.3.2 Les PFNL fongiques utilisés en pharmacopée traditionnelle Il existe de nombreux champignons utilisés en pharmacopée traditionnelle sauf que ce
sont essentiellement les Pygmées qui sont dépositaires de ce savoir. Cependant, il existe
quelques champignons signalés par Walker et Sillans (1961) qui sont d’intérêt médicinal et
appartenant au genres Daldinia et Pycnoporus.
5. Commercialisation des PFNL au Gabon
La commercialisation des PFNL est une activité rémunératrice de revenus bien que
majoritairement exercée dans l’informelle. Ils assurent aux populations rurales, les conditions
de subsistance et améliorent leur cadre de vie en apportant des revenus significatifs aux
ménages (Nguimbi, 2002). Avec les difficultés économiques croissantes de ces populations,
les politiques d'ajustement structurels imposées par les institutions internationales, et la crise
dans la commercialisation des produits agricoles tels que le cacao ou le café, le niveau de
dépendance vis-à-vis des PFNL a augmenté considérablement. Il n’existe aujourd’hui aucune
structure capable de fournir des données statistiques fiables liées à la commercialisation des
PFNL bien que pour certains produits comme le Rotin, l’Andok, le Gnetum, il existe une
certaine organisation qui, le plus souvent, comprend : les collecteurs, les détaillants et les
consommateurs.
5.1 Commercialisations de quelques PFNL principaux au Gabon
Le tableau ci-dessous, tirée de Profizi (2000), présente une vue d’ensemble du secteur
PFNL qui met en parallèle deux types d’aménagements (traditionnel et moderne) et deux
types de stratégie (subsistance et commerciale).
Stratégie de subsistance Stratégie de commerciale
Aménagement de type "traditionnel" Aménagement de type "moderne"
Décideurs (entreprise)
Individus, communautés
Récolte Récolte effectuée par des employés
Consommation personnelle Surplus Marchés intermédiaires
(accumulation de volume)
Négociant intermédiaires
Marché au détail
Consommateurs urbains
Retombées socio-économiques Retombées socio-économiques
Les revenus en espèces dépendent Les revenus sont faibles sauf pour
des surplus occasionnels, les chefs d'entreprise et les
Les PFNL sont essentiels pour la survie du
ménage,
décideurs,
L'ajustement des taux d'exploitation est Les PFNL ne sont pas essentiels
important et immédiat. pour la subsistance de l'exploitant,
L'exploitation est ajustée selon la
disponibilité des ressources
Espèces exploitées Espèces exploitées
La majorité des PFNL connus. Seules les espèces "commerciales"
de PFNL (le rotin, Garcinia,
les feuilles pour emballage, …)
Il ressort que le système d’aménagement traditionnel est lié aux stratégies de survie
des individus, il se caractérise par des méthodes de récoltes itinérantes et diffuses entraînant
un faible impact sur l’environnement et un échange commercial réduit à des personnes
étrangères. Par contre, l’aménagement moderne des ressources forestières se distingue par des
méthodes de récoltes et d’exploitation intensives et la distribution des produits à travers des
circuits commerciaux bien organisés. Les revenus engrangés sont inégalement répartis et peu
contrôlés par l’état et en raison d’une recherche de revenus maximum, les méthodes
destructrices sont le plus souvent pratiquées.
Selon Ndoye (1995) et repris par Chabot (1997) lors d’une étude effectuée au Gabon,
Il existe trois types de marchés potentiels pour les PFNL: 1) les marchés internationaux
sources de devises étrangères pour les pays exportateurs; 2) les marchés régionaux soutenus
par des interactions commerciales non seulement entre pays africains de sous régions
différentes mais surtout entre pays de la même sous région (l’Afrique Centrale pour l’étude
présente); 3) les marchés locaux où de nombreux PFNL sont disponibles sur les lieux de
ventes en zone rurale ou en ville.
5.1.1 Le commerce de Gnetum
Le commerce du Gnetum au Gabon, peut se subdiviser en deux : le commerce de
subsistance rurale où le collecteur est à la fois le détaillant qui vend directement les feuilles de
Gnetum en des petits tas sur les étales des marchés sous la forme découpée finement ou alors
entièrement. Dans le deuxième cas, il s’agit d’une véritable organisation qui collecte les
produits pour les revendre dans les grands centres urbains. Les collecteurs sont à la base de la
chaîne car ils procèdent à la première opération de commercialisation des produits collectés
sous deux formes :
-la forme découpée en lamelles fines, les collecteurs vendent à des commerçants qui, à
leurs tour, les revendre à des détaillants
-la forme non découpée, les collecteurs vendent à des grossistes qui vont par la suite
les revendre à des détaillants.
Selon Ampele (2002), les commerçants ne pouvant pas découper les feuilles en fines
lamelles les vendent en paquet de 200g à des détaillants qui sont essentiellement des femmes.
Les détaillants jouent un rôle important dans la vente des feuilles de Gnetum car ils sont en
contact avec les consommateurs à qui ils vendent les feuilles découpées et donc prêtes à
l’utilisation. A Libreville c’est surtout les marchés d’Akébé Poto et d’Akébé pleine qui sont
spécialisés dans la vente de feuilles Gnetum. Un paquet de feuilles entière de Gnetum est
vendu à 200 Fcfa alors que découpées en fines lanières produisent 4 tas de 100 fcfa chacun.
Ainsi la valeur ajoutée générée par la transformation est de 200 fcfa.
5.1.2 Le commerce des Rotin
La filière Rotin met en relation plusieurs acteurs, des récolteurs de cannes, des
revendeurs, des artisans qui assurent la transformation et les consommateurs qui achètent les
produits finis. Certains récolteurs peuvent jouer plusieurs autres rôles dans la filière. Parmi les
quatre espèces de rotin utilisées, les deux plus commercialisées sont du genre de
Laccosperma, résistant et de gros diamètre adapté à la fabrication des meubles. Les autres
plus fins et moins flexible servent aux travaux de lianage, vannerie et de tissage. Ils sont tous
répartis dans l’ensemble du territoire. Après exploitation, des fagots de 10, 14, 17 cannes sont
constituées.
Les prix varient en fonction de la distance entre les sites de récolte et le lieu
d’écoulement des produits, de l’état de la route pratiquée et le nombre élevé des contrôles
policiers qui taxent arbitrairement ces produits et dont les taxes échappent à l’Etat. Le fagot
de 10 cannes est vendu par les récolteurs à 3000f CFA, par les grossistes à 4000f CFA et
l’unité est à 400f CFA La transformation de rotin en meubles (salons, des salles à manger, des
meubles de séjour et immobilier de jardin, commodes etc.) est urbaine et c’est la plus
intensive, la plus élaborée dans la valorisation du rotin. Le prix du meuble après
transformation est fonction du type d’ouvrage réalisé. Il est souvent lié au prix du fagot de
rotin, au nombre de canne contenus dans le fagot rapporté au nombre de canne utilisé par
ouvrage. Par exemple le prix d’un salon en rotin simple coûte 106 090f CFA à la fabrication
et vendu 250 000f CFA soit un bénéfice de 143 910f CFA En général, deux exemplaires de ce
salon sont vendus par mois, sur l’année le bénéfice est de 3 453 840f CFA Cela n’est pas
négligeable étant donné le caractère informel du commerce. Le nombre d’ouvriers par atelier
varie selon le volume du travail et la situation du marché. Très souvent les ateliers d’artisans
de rotins à Libreville fonctionnent avec le chef d’ateliers et deux à six ouvriers. Une place de
choix est réservée à l’ameublement du rotin au Gabon. D’où la prolifération de nombreux
ateliers mais la marge bénéficiaire reste élevée dans les grandes villes comme Libreville,
Franceville et Oyem dont le potentiel économique est plus grand que dans les petites villes.
Cette activité est aussi bien génératrice de biens que pourvoyeuse d’emplois bien que le
secteur reste informel (Mombo, 2007).
La quasi-totalité des acteurs de la filière sont des expatriés. Une taxe exigée par la
mairie de Libreville et une autre par le Ministère du commerce varie de 1000 à 50 000f CFA
et peut être récoltée à tout moment. Cette taxe ne semble pas regagner les caisses du trésor
public après son prélèvement. Le commerce est essentiellement local. L’auteur relève de
nombreuses contraintes à tous les niveaux de la filière, la plus commune est le prélèvement de
taxes arbitraires par les agents de la mairie, des ministères des eaux et forêts, du commerce, de
la police, de la gendarmerie qui profitent des insuffisances au niveau juridique lié au secteur
PFNL en général. D’autre part l’auteur suggère la mise en place d’un appui par les politiques
sociales afin d’assurer la formation des jeunes dans le secteur rotin à l’étranger pour lutter
contre la pauvreté et la précarité au Gabon (Mombo, 2007).
5.1.3 Le commerce des feuilles de Marantacées
Dans une enquête réalisée au poste de brigade de la gendarmerie de N’koltang,
banlieue située à 40 km de Libreville, Diarougui Vaba (2007) révèle que les feuilles
d’emballage, Megaphynium macrostachyum de la famille des Marantacées, sont fortement
exploitées. Cette exploitation est réalisée de façon anarchique étant donné que l’objectif
demeure le maximum de revenus. L’activité est réalisée à 80% par des femmes dont la
majorité 70% est de nationalité Gabonaise dont 93% exercent cette activité pour un but
commercial. La filière, illégale, comprend de récolteurs (cueilleurs), des revendeurs, des
transporteurs, des commerçants grossistes et de détaillants. Il arrive que les récolteurs jouent
également le rôle de grossistes et même de détaillant. Les prix de ces feuilles d’emballage
sont assujettis au transport, assez cher malgré la distance (500F CFA/ballot). Le ballot de
1000 feuilles coûte environs 12000Fcfa.
5.1.4 Le commerce des écorces de Garcinia kola (bois mer)
Moubogha (2007) a effectuée une enquête dans les communes de Libreville et
d’Owendo, sur l’identification des différents circuits d’approvisionnement de Garcinia kola
(bois amer), espèce très sollicitée pour ses multiples usages notamment pour la fermentation
des vins locaux (vin de palme, de canne à sucre, de miel) et pour le traitement de certaines
maladies (maux de têtes, accès palustres et fièvre, impuissances sexuelles, douleurs de
l’enfantement, maladies de la prostate, nettoyage de la vessie). Cette enquête fait apparaître
que les femmes sont les plus impliquées dans la filière de commercialisation qui se compose
d’exploitants primaires (récolteurs), des grossistes, des détaillants qui sont, en fait, des
revendeurs.
Les ventes en gros peuvent être effectuées non seulement par des récolteurs qui se
rendent eux même sur les marchés pour écouler leur produit à des coûts se situant entre
40 000 f CFA à 55 000 f CFA le sac, mais également via des détaillants ou revendeurs pou
des prix allant de 500 à 2000 F CFA le tas. Racines et écorces sont les plus vendues et très
souvent, les techniques d’exploitation utilisées, vont souvent jusqu’au dessouchage (arrachage
de la plante) de la plante. Cette activité est utilisée très souvent pour diversifier leur source de
revenus.
5.1.5 Le commerce des amandes d’Irvingia gabonensis (Andok)
La commercialisation des amandes d’Andock, bien que informelle, apparaît
relativement structurée car elle implique non seulement des gabonais mais également des
équatoguinéens et des camerounais. Ces trois nationalités se partagent le commerce de gros et
de détail sur les principaux marchés de Libreville principalement. Selon Ampele (2002), les
importateurs grossistes assurent deux fonctions essentielles : l’importation et la vente en gros
auprès des détaillants et demi-grossistes. Ces derniers vendent les amandes dans des sceaux
de 5 à 10 kg. Les détaillants vendent les amandes en tas, sous deux formes : les amandes non
préparées et les galettes préparées et prêtes à être utilisées.
Les importateurs ont des liens étroits avec les grossistes et les détaillants qui
aboutissent à des différents accords dans les transactions. Celles-ci peuvent se faire à crédits
suivant des modalités de remboursements négociées entre les acteurs. Par exemple, un
détaillant peut se faire livrer un sac de 100 kg à 120 000 CFA sans versement d’une avance, le
crédit est alors remboursé au moyen d’un échéancier de 40000 CFA par semaine. La vente à
crédit est souvent réalisée sur la base d’une relation familiale ou d’une proximité
sociolinguistique sans intérêt (Ampele, 2002).
Les prix pratiqués par les commerçants sont variables et surtout tiennent compte de la
disponibilité du produit sur les marchés. En période de production, un tas de 200g est vendu à
500 fcfa alors qu’en période basse, le tas de 100 g est vendu à 500 fcfa. Afin de réguler les
ventes sur les différents marchés, Ampele (2002), dans une enquête sur la vente des amandes
d’Irvingia, précise que des mesures standarts de vente ont été mises en place par les
commerçants. En effet, ces derniers utilisent les sacs de 100 kg pour la vente en gros, les
sceaux de 2,5 litres ou 5 litres pour la vente en demi-gros, les tas d’amandes de différents
poids, le pain d’Odika et la cuillère à soupe pour la poudre d’Odika dans la vente en détail. Le
pain d’Odika de 4 kg est vendu à 20000 CFA alors que 6 kg d’amandes sont vendus à 6000
CFA et 400 kg de cuillères de poudre coûtent 40000 CFA
5.1.6 Le commerce de la viande de brousse
Le gibier prélevé est généralement commercialisé sous deux formes. Il est vendu frais,
entier ou dépecé en gigots, en cotés ou en morceaux dans les villages, les campements de
chasse et les marchés locaux : c’est la forme la plus courante destinée à la consommation
directe. La deuxième forme est le gibier boucané. Cette dernière forme est plus pratiquée par
les chasseurs car c’est le seul moyen dont ils disposent pour conserver la viande pendant
longtemps. Les grandes carcasses (éléphants, gorilles, buffles, bongo etc…) sont dépecées en
plusieurs morceaux, les carcasses moyennes en deux ou quatre pièces (cas des céphalophes ou
du potamochère) tandis que les petites carcasses (athérures, aulacodes etc…) sont fumées en
entier. La viande fumée peut se conserver pendant des semaines, voire des mois. Les
chasseurs qui mènent leurs activités à des distances considérables de leurs villages, ramènent
généralement tout leur gibier fumé de la forêt (FAO, 2007).
5.2 Les contraintes à l’exploitation des PFNL
5.2.1 Les contraintes commerciales
Les produits commercialisés au niveau international, nécessitent souvent une
transformation avant ou après l’exportation, c’est le cas des résines, des gommes, du miel, de
certains produits alimentaires et pharmaceutiques (Chabot, 1997). La formalisation du marché
est souvent limitée par les problèmes liés au manque d’infrastructures adéquates, à la qualité
des produits (difficulté à conserver) et aux insuffisances dans la capacité de production.
Quand les différentes étapes d’une filière commerciale fonctionnent de manière
régulière avec une bonne interconnexion (bonne production, transport assuré,
approvisionnement des marchés réguliers), le commerce du produit concerné est rentable et
fiable pour les acteurs impliqués, consommateurs y compris. De plus la période
d’approvisionnement en PFNL, souvent saisonnière, rend difficile leur suivi commercial. On
peut aussi remarquer deux types de PFNL: ceux à valeur commerciale bien définie comme les
rotins par exemple et les autres qui sont davantage des produits de subsistance. Ampele
(2002) fait remarquer qu’au début des périodes de production (décembre pour le Gabon ainsi
que la Guinée Equatoriale et juillet pour le Cameroun), les sacs d’amandes d’Irvingia
gabonensis sont relativement chers et les prix varient de 94 000 FCFA à 200 000 FCFA.
L’insuffisance de ressources financières oblige les commerçants à vendre à crédit pour
un écoulement rapide des stocks. Les coûts liés aux opérations d’importation augmentent les
charges de commercialisation de même que les différentes taxes prélevés sur les marchés et le
long des routes. Par ailleurs, l’inaccessibilité des zones de production due à l’absence
d’infrastructures routières praticables en toutes saisons demeure une préoccupation
importante.
Une autre contrainte à la commercialisation des PFNL est le problème de la qualité du
produit exposé sur les étales des marchés qui ne sont pas toujours entourées de toutes les
garanties de sécurité alimentaires. Selon la FAO (2007), leur qualité hétérogène ne permet pas
de standardiser la fixation des prix, ni d’industrialiser le conditionnement ou la transformation
de ces produits. L’absence de technologies appropriées de stockage, conservation,
conditionnement et transformation entraîne la perte d’importantes quantités de PFNL
alimentaires.
Les zones de collectes de ces PFNL sont d’accès difficiles au regard du relief et les
moyens de transport entre les lieux de collecte et les principaux marchés ne sont pas toujours
réguliers voir même inexistants retardant ainsi l’arrivée des produits sur les marchés et
augmentant le prix de vente. Le manque de données ou de statistiques sur les PFNL rend
difficile la mise en place d’un plan de développement des PFNL et l’absence de cadre de
concertation et d’échange entre les différents acteurs notamment les communautés locales qui
ignorent parfois les possibles revenus que pourraient générer l’exploitation de nombreux
produits de leurs forêts.
5.2.2 Les contraintes sociales et culturelles
Les populations restent fortement liées à leurs écosystèmes car comme il a été déjà
indiqué, les forêts contribuent énormément à la vie des populations en leur fournissant non
seulement les produits alimentaires mais également de nombreux biens et service. C’est
pourquoi, bien que susceptibles de générer des revenus, tous les PFNL ne peuvent être
exploités parce qu’ils relèvent pour certains du sacré et pour d’autres de la pharmacopée
traditionnelle. Les espèces utilisées dans le cadre de la circoncision dans la région de
Makokou ou dans les rites Bwiti ou Ndjembé à travers le Gabon ne sont pas accessibles aux
profanes. Généralement, les sites de prélèvement de ce type d’espèce appartiennent aux forêts
sacrées et ou toute exploitation requière une autorisation préalable.
Par ailleurs, les populations riveraines ne sont pas toujours informées des opportunités
qu’offre la commercialisation de certains PFNL. Le manque d’information et l’absence de
démonstrations concrètes sur l’avancée dans le domaine de l’élevage et de domestication de
certaines ressources fournissant les PFNL alimentaires empêchent que les populations
commencent à mieux les valoriser. De nombreux tabous et préjugés constituent des freins
pour l’élevage ou la domestication. Certaines espèces animales (serpents, tortues, chauves-
souris, etc.) feraient difficilement l’objet d’élevage sans que l’éleveur ne soit taxé de sorcier.
Ainsi, les végétaux à l’instar du moabi, ne sont pas plantés à cause du temps qu’ils mettront
pour produire (FAO, 2007).
5.2.3 Les contraintes juridique et réglementaire Le cadre juridique et réglementaire gabonais n’est pas suffisant pour encadrer
et surtout promouvoir le développement des PFNL aujourd’hui. La réglementation actuelle
présente de nombreuses limites allant de la définition même du mot PFNL jusqu’aux détails
liés à l’exploitation de chaque PFNL. Il est aussi à noter que les dispositifs juridiques et
réglementaires au niveau sous-régional présentent des lacunes en matière de PFNL en dépit de
nombreux échanges qui se font.
Selon la FAO (2007), parmi les limites dans la réglementation des PFNL, on note
d’abord la difficulté à réaliser des inventaires pour estimer les stocks disponibles et
l’harmonisation même des méthodologies à appliquer pour ces inventaires, compte tenu de la
grande diversité des PFNL, de leurs systèmes de production, de leurs différentes méthodes de
collecte ou de récolte, de leur saisonnalité, etc. Devant ce manque de données de base fiables
(exigences de croissance, niche de régénération, production, techniques de récolte
appropriée), il est très difficile d’établir les quotas d’exploitation. Ensuite, la réglementation
existante sur les PFNL s’avère difficile à appliquer sur le terrain. Non seulement les organes
de contrôle manquent cruellement de moyens, mais aussi les populations concernées font face
à une pauvreté élevée et sont de ce fait dépendantes des ressources naturelles principalement
pour leur alimentation et pour leurs revenus.
C’est pourquoi, face à cette contrainte, le Gabon doit présenter une réglementation qui
permet d’intégrer un plan de développement des PFNL afin qu’ils contribuent non seulement
à l’accroissement des revenus des populations rurales mais également, à travers une fiscalité
transparente et dépourvue de taxation parallèle, de contribuer à augmenter les recettes
publiques.
5.2.4 Les contraintes biologique et écologique
L’absence au Gabon de programme de recherche spécifique axé sur les PFNL
constitue une lacune majeure car, la connaissance biologique et écologique des espèces est
une condition essentielle permettant d’assurer la durabilité de la ressource. Comment
entrevoir le développement des PFNL au Gabon sans un programme scientifique qui
permettrait de développement des modes ou des techniques de collectes durables, des
techniques de domestication des espèces et la diffusion de l’information nécessaire aux
acteurs des PFNL. Par exemple, selon la FAO (2007), la faible régénération de certaines
ressources naturelles fournissant des PFNL alimentaires serait imputable aux modes de
prélèvement non appropriées et excessives.
L’absence d’inventaires ou de données sur la nature de la ressource, la biologie de
l’espèce, type morphologique, les caractéristiques écologiques de l’habitat des espèces ainsi
que la répartition géographique et l’évaluations des stocks sont des éléments nécessaires à la
gestion durable de la ressource. Il s’agit d’un handicap qui pénalise le développent des PFNL
au Gabon.
6. Impact de la collecte des PFNL sur la durabilité de la ressource
La collecte des PFNL est pratiquée depuis longtemps par les populations qui habitent
dans ces milieux. Cette exploitation à des fins essentiellement de subsistance n’a, à priori
jamais posé de problèmes écologiques surtout en ce qui concerne la durabilité et l’existence
de la ressource. En effet, les civilisations humaines ont développé différents moyens
d’exploiter les ressources forestières, chaque mode d’utilisation entraîne une série de
conséquences écologiques. L’exploitation du bois d’œuvre, l’agriculture industrielle,
l’agriculture sur brûlis sont tant d’activités qui occasionnent des coûts écologiques immédiats,
très visibles et souvent préjudiciables au devenir de ces formations forestières ainsi qu’à la
diversité génétique qu’elles hébergent. En revanche, un autre type d’activité d’exploitations
des ressources forestières est la collecte des PFNL qui suscite de plus une attention
particulière en raison du développement commercial de l’activité.
A première vue, la collecte des PFNL a un impact limité comparativement aux
activités citées précédemment. Toutefois, Peters (2000) relève certaines répercussions
écologiques parmi lesquelles :
-une réduction progressive de la vigueur des plantes récoltées ;
-une diminution du taux de régénération des semis des espèces récoltées ;
-une perturbation de la population des espèces animales locales ;
-la perte d’éléments nutritifs, suite à la cueillette.
La collecte des PFNL ne provoque pas nécessairement la mort pour ce qui est des
PFNL d’origine végétale de la plante, la compaction du sol ou la modification de la structure
horizontale ou verticale de la forêt. De ce fait, une forêt exploitée pour ses PFNL conserve, à
priori, l’apparence d’un milieu non perturbé.
L’impact de l’exploitation des PFNL sur la durabilité de la ressource semble être
étroitement lié à plusieurs paramètres notamment le mode de collecte et la pression exercée
sur la ressource, liée à la forte demande des populations, surtout urbaine.
6.1 Les modes de collectes des PFNL
6.1.2 La collecte des PFNL végétaux Selon la FAO (2007) deux types de prélèvement peuvent observés pour les PFNL
végétaux surtout alimentaire, il s’agit : du prélèvement sur pied et de l’abattage des arbres ou
l’arrachage de certaines espèces végétales, notamment dans le cas des espèces herbacées.
Considérant les parties utilisées de la ressource ou leurs lieux de collecte, l’exploitation des
PFNL est différente. Selon Tchatat (1999), l’intensité de l’exploitation est fonction de la
demande domestique et/ou commerciale du produit. Plus la demande d’un PFNL est grande,
plus la pression sur la ressource est importante. L’impact de cette exploitation sur la structure
et la composition de la forêt est étroitement lié, non seulement à cette intensité de
prélèvement, mais aussi à l’organe végétal prélevé. Pour Pierce et Shanley (2002) cités par la
FAO (2007), cinq cas de figures sont possibles dans les prélèvements des PFNL végétaux :
(i) prélèvement des organes productifs de l’espèce, tels que les fruits et les noyaux.
Dans ce cas de figure, l’attention doit être donnée à la capacité de l’espèce à se reproduire et à
l’impact de la récolte sur éventuellement les animaux qui se nourrissent de ces produits. C’est
le cas des fruits d’Andok Irvingia gabonensis, de Baillonnella toxisperma, Coula edulis,
Dacryodes edulis, etc, qui sont courtisés à la fois par les animaux (éléphants, céphalophes,
etc) et l’homme.
Selon la FAO (2007), l’exploitation fruitière des arbustes ou des jeunes arbres
productifs, surtout si elle est destinée à l’autoconsommation, cause peu de dégâts sur la
structure forestière. Les cimes de ces arbres étant facilement accessibles, les fruits sont
récoltés soit en grimpant sur l’arbre ou à l’aide d’une perche. Par contre, lorsque l’arbre,
devenu trop grand, n’est plus accessible aux cueilleurs, deux situations se présentent: soit ces
derniers attendent la chute des fruits, soit ils abattent l’arbre afin d’en récolter facilement les
fruits. Cette dernière méthode est malheureusement adoptée pour les arbres producteurs de
fruits juteux dont les maturations physiologique et/ou commerciale se font de façon
simultanée et massive sur l’arbre. La méthode d’exploitation par l’abattage des fruitiers est
extrêmement nocive et typiquement non durable (Tchatat, 1999). Dans ce cas de figure, on
peut ranger les fruits des Trychoscypha mais également de Ricinodedron heudolotii. Selon
Ndoutoume (1997), Dacryodes macrophylla, Anonidium mannii et d’autres espèces auraient
complètement disparu de la forêt classée de la Mondah, située au nord de Libreville, suite à
l’exploitation de leurs fruits après abattage.
(ii) les structures végétatives, dont le prélèvement peuvent engendrer la mort de la
plante, comme les racines ou l’écorce. Dans la région de Makokou, Penianthus longifolius est
un petit arbuste de sous bois dont l’écorce et surtout la racine sont très prisé par les
populations pour ses effets aphrodisiaques. Sa récolte malheureusement consiste à arracher
l’arbuste ou à couper la partie souterraine car selon les récolteurs c’est dans cette partie où se
concentrerait la « molécule active». Si ce rythme de récolte se poursuit, la disparition de
l’espèce est garantie pour les prochaines années. C’est pourquoi, une bonne compréhension
des stratégies de reproduction, de la a structure, de la densité et de la distribution de la
population est nécessaire pour une bonne gestion.
Selon Guedje (2001), l’expérimentation des différentes techniques locales et intensité
de prélèvement des écorce a clairement montré que les pratiques d’écorçage qui consiste à
anneler l’arbre entraîne une forte mortalité des plantes de l’ordre de 70% alors qu’un
prélèvement partiel sur un ou deux tiers de la circonférence totale de l’arbre, entraîne une
faible mortalité, généralement de l’ordre de 10%. La nutrition minérale des individus ainsi
ceinturés se trouve fortement perturbée et réduite. Elle peut même s’interrompre de façon
irréversible entraînant la mort de l’arbre (Tchatat, 1999). Dans ce registre on peut citer le cas
de l’exploitation intensive de l’écorce de Garcinia kola au Gabon, en raison de la demande
occasionnée par la fabrication du vin de palme où l’écorce joue le rôle de fermenteur dans le
vin à base d’Elaeis guinensis (vin de palme). Selon la FAO (2007), l’exploitation de l’écorce
a une conséquence sur la dynamique de la population de cette espèce. En effet, l’impact des
techniques actuelles d’exploitation de l’écorce agit beaucoup sur l’abondance et la distribution
diamétrale par une réduction considérable du nombre de tiges adultes dans les grandes classes
de diamètre.
(iii) les structures végétatives, dont le prélèvement ne cause pas nécessairement la
mortalité de la plante, telles que les feuilles. Ceci demande une évaluation du taux de
récupération, l’impact physiologique de la récolte et des techniques de récoltes. Dans ce
registre, on peut inscrire le Gnetum africanum, les feuilles de Marantacée;
En effet, au Gabon, les feuilles issues des forêts sont très consommées généralement
sous forme de légumes. La récolte de ces feuilles est variée, selon qu’elles proviennent d’une
liane, d’un arbuste, d’un arbre ou d’une plante herbacée. En ce qui concerne le prélèvement
de feuilles sur des lianes, le cas le plus indiqué est celui du Gnetum. En effet, ses feuilles sont
de plus en plus cueillies par de nombreux récolteurs pour des raisons essentiellement
commerciales. De ce point de vue, la récolte n’est plus raisonnée, elle est orientée par le profil
maximum généré par la vente de ces feuilles. Dans cette approche et au regard du type
morphologique de l’espèce, la tentation à arracher ou tirer la liane de son support est plus
forte. Cette action a pour conséquence la destruction quasi totale de l’individu ou l’altération
de son fonctionnement physiologique.
En revanche, la collecte des feuilles de Marantacée, bien qu’elle soit de plus en plus
importante quantitativement en raison de la demande, ne semble pas poser de gros problèmes
du point de vue de la durabilité de l’espèce pour le moment au Gabon.
(iv) les exsudats et résines : l’exploitation durable des exsudats demande l’évaluation
des procédures de prélèvement, les taux de récupération, ainsi que des effets secondaires de
l’extraction sur la croissance, la reproduction, la résistance aux maladies et attaques
d’insectes, et la perte des nutriments importants. L’Okoumé Aucoumea klaineana et l’Aiélé
Canarium schumfurti dont les résines sont exploités en raisons des demandes de plus en plus
croissantes des firmes cosmétiques. La technique d’extraction repose sur une entaille qui
permet de recueillir l’exsudat. A ce jour, au regard de la méthode de collecte de ces résines, la
littérature en notre possession ne permet pas d’indiquer des conséquences à court terme de ce
mode de prélèvement des résines au Gabon.
En revanche, en ce qui concerne l’extraction de la sève de palmiers à huile et de raphia
qui se fait selon deux méthodes : palmier sur pied «vin du haut » ou abattu «vin du bas».
Selon Tchatat et al. (1995), sur une étude réalisée au Cameroun, la méthode d’extraction de la
sève qui consiste à couper ou déraciner préalablement le stipe, méthode «par le bas», cause
beaucoup de dégâts aux populations de palmiers à huile, contrairement à la méthode «par le
haut» dans toute la région forestière du Cameroun. La sève extraite par la première méthode,
bien que moins appréciée que celle obtenue «par le haut», est en effet plus abondante. Ceci
étant, le palmier à huile est une espèce que l’on peut considérer comme cultivée ou sub-
spontanée. Elle n’est pas un composant naturel des forêts et est étroitement liée à la présence
humaine actuelle ou passée. Compte tenu de son importance commerciale internationale pour
l’huile de palme, elle est largement cultivée et n’est donc pas menacée.
(v) les espèces qui ont des interactions très complexes avec d’autres espèces et avec
leur environnement en général. (p.ex. Les relations avec des mycorhizes, pollinisateurs
spécifiques, …). La gestion de ces espèces nécessite une revue approfondie de la biologie des
espèces liées et d’autres facteurs environnementaux qui peuvent perturber l’équilibre
écologique.
6.1.2 La collecte des PFNL animaux
La collecte des PFNL d’origine animale se fait de principalement de deux manières la
chasse et la pêches qui utilisent des méthodes qui varient en fonction de la nature de la chasse
ou de la pêche, commerciale ou de subsistance.
Selon la FAO (2007, le piégeage est un moyen de capture traditionnelle adaptée à
l’autoconsommation. En effet, le volume de gibier qu’elle permet de prélever ne semble pas
aussi important que lorsqu’on utilise un moyen de capture moderne tel l’arme à feu (le fusil).
Mais il est important de relever que le piégeage peut considérablement réduire la population
d’animaux si on multiplie le nombre de pièges par unité de surface. Un autre inconvénient du
piégeage, est qu’il est peu sélectif. Les pièges en forêt attrapent en effet tous les animaux sans
tenir compte de leur âge, ni de leur état physiologique, de leur taille, etc.
Par contre, l’impact de la chasse au fusil est négatif sur les ressources fauniques car
l’utilisation des fusils expose la faune car ils permettent de tuer non seulement tous les types
d’animaux mais aussi plusieurs animaux à la fois. L’impact de cette activité est déterminé par
la nature de la chasse qui est pratiquée. La chasse de subsistance est pratiquée par les
populations rurales pour satisfaire leur consommation quotidienne. Les animaux chassés sont
de petites tailles et plus souvent préalablement sélectionnés, les techniques utilisées sont le
piégeage orienté souvent pour la capture d’espèces précises. La chasse au fusil, pratiquée par
les populations locales, n’utilise pas des armes de guerres dévastatrices, car il s’agit d’un
mode de capture pour satisfaire la consommation familiale.
Par contre, la chasse commerciale ou braconnage est préjudiciable à la stabilité et à la
durabilité de la ressource vue que l’objectif est le profil commercial dans ce type de chasse,
toutes les méthodes de capture, sont utilisées : le piégeage à l’aide du câble métallique, la
chasse au filet, la chasse à l’assommoir et parfois des armes à feu. La chasse commerciale
pour le ravitaillement des grandes villes est la plus destructrice. Elle pénètre de plus en plus
en profondeur dans les forêts, suivant les voies d'exploitation forestière. De plus, ses
méthodes sont particulièrement dangereuses et non durables car elles piègent tous les animaux
sans exception aussi bien à la périphérie et parfois même à l’intérieur des réserves forestières
(Tchatat, 1999).
Le prélèvement des PFNL aquatiques apparaît moins préjudiciable car il est pratiquée
dans différents cours d’eau et il n’utilise pas des méthodes aussi destructrices que la chasse au
gibier sauvage.
6.2 Comment concilier la recherche croissante du profil économique généré par les PFNL et la nécessité de minimiser l’impact de leur collecte sur la durabilité de la ressource
Il est difficile de proposer une méthode pertinente qui permettrait de concilier la
recherche croissante de profil sur les PFNL et de minimiser l’impact d’une telle activité sur la
durabilité de la ressource. Au Gabon, bien que peu d’études significatives et globales sur la
problématique des PFNL n’est disponible, il apparaît, au regard de la littérature que la
dimension économique des PFNL n’est pas encore pris en compte dans l’activité économique
globale du pays. L’exploitation durable des PFNL nécessite une approche intégrée qui
implique l’ensemble des acteurs. Il s’agira, selon Peters (2000), d’effectuer une sélection
minutieuse des espèces, des ressources et des sites à exploiter et d’appliquer une technique de
récolte contrôlée en surveillant régulièrement la régénération et la croissance des espèces
exploitées. Pour y arriver, dans un pays comme le Gabon, il convient de mieux connaître la
ressource en l’identifiant de façon spécifique, en étudiant la densité et la distribution des
espèces ainsi que les paramètres écologiques qui gouvernent l’installation et la répartition des
ressources dans les différents écosystèmes.
Cependant, dans une optique commerciale le choix des ressources est guidé par
l’intérêt économique. Ce sont les ressources ayant un meilleur potentiel commercial et une
capacité à se régénérer de façon à assurer une durabilité de l’espèce qui pourraient concilier
l’exploitation des PFNL et leur impact sur l’environnement.
Il convient de développer des méthodologies de récolte des PFNL à faible impact Selon Guedje (2002), il s’agit de déterminer des techniques et intensités de prélèvement qui
soient écologiquement viables (pour éviter l’élimination des individus exploités),
économiquement rentables (pouvant garantir la satisfaction des besoins) et socialement
appropriées (facilement adoptables et applicables par tous). Dans le même ordre d’idées, la
détermination des quotas d’exploitation et de délivrance de permis autorisant l’exploitation
d’un PFNL donné, permettra de contrôler son taux de prélèvement de manière à préserver sa
productivité et pérennité.
Par ailleurs, il convient de développer des stratégies de production des PFNL
alimentaires d’origine végétale et animale à travers leur culture et leur élevage. Dans
l’approche domestication et élevage des PFNL, la FAO (2007) préconise de classer les
produits selon quatre critères : le type botanique, l’embranchement, la taille et la localisation
géographique de la demande et le type d’usage. Ce classement permet de choisir les espèces à
domestiquer à court, moyen et long terme. Même si pour cette question de nombreux échecs
ont été relevés au Gabon. La foresterie communautaire au sens du code forestier gabonais
pourrait être un gage de durabilité de ressources prélevées dans les forêts. Un essai
d’expérimentation des forêts communautaires a été réalisé par DACEFI entre 2006 et 2009
dans la région de Makokou au nord est du Gabon. Il est très tôt pour évaluer l’impact réel de
ce projet sur les populations de cette région.
7. Priorisation des PFNL au Gabon
L’intérêt des PFNL pour l’alimentation, la pharmacopée, l’artisanat, etc. dans le monde rural
est très largement reconnu. Cette préférence paysanne des plantes locales aux espèces exotiques est
établie depuis l’avènement du concept ‘’The native trees for the native land’’ (PUIG, 1994). Pour
couvrir leurs besoins nutritionnels, les populations locales ont recours à l’agriculture de subsistance
qu’elles complètent par les espèces sauvages comestibles d’origine végétale, animale ou fongique. Ces
PFNL sont aussi source de revenus.
7.1- Méthode de collecte des données sur la priorisation des PFNL au Gabon Plusieurs auteurs (Boland et al. 1994; Bassirou 2000; Wilkie 1999; Ingram and Schure 2010)
ont utilisé la méthode basée sur les scores ou unités de mesure attribuées à chaque espèce. Ce score
représente la valeur d’usage ethnobotanique pour évaluer l’importance de l’espèce tant au niveau de
l’alimentation, de la pharmacopée que d’autres services tels que la construction des cases ou
l’artisanat.
Les variables recueillies selon les types d’usages répertoriés des espèces, permettent de les
classer selon un score allant de 1 à 5 points (5 pour l’espèce la plus appréciée; 4 pour la suivante et
ainsi de suite). La somme des points ainsi recueillis au cours de l’interview pour un usage donné, pour
chacune des espèces lui donne un score qui permet de la comparer aux autres espèces.
7.1.1- Les PFNL végétaux alimentaires
Les espèces répertoriées au cours de nos investigations (synthèse bibliographique et enquête
de terrain) jouent un rôle primordial dans l’alimentation des populations, en participant notamment à
l’équilibre nutritionnel du menu quotidien.
Tableau 1 : PFNL végétaux alimentaires classés par les populations locales par ordre préférentiel. Noms Scientifiques Noms pilotes/
vernaculaires Famille Parties utilisées Mode de récolte Importance Rang
Littérature Enquêtes Total
Aframomum spp
Afrostysrax lepidophyllus
Antrocaryon klaineana
Baillonella toxisperma
Cola acuminata
Cola nitida
Coula édulis
Dacryodes buettneri
Daryodes edulis Dacyodes macrophylla
Elaeis guineensis
Garcinia lucida
Garcinia kola Chrysophyllum lacourtianum
Gnetum africanum Hua gebonii
Irvingia gabonensis Panda oleasa
Piper guinense
Pseudospondias longifolia
Poga oleosa
Raphia hookeri
Ricinodendron heudelotii
Trichoscypha abut
Trichoscypha acuminata
Tondo
Oignon sauvage
Ozabilii
Moabi
Noix de cola
Noix de cola
Noisettes
Ozigo
Atanga/Safou Atom
Palmiers à huile
Tokà Bois amer ------
Nkumu Ail africain
Andok Afan
Poivre de brousse
Raisin sauvage
Afo
Palmier raphia
Essessang
Raisin sauvage
Raisin sauvage
Zingiberaceae
Huaceae
Anacardiaceae
Sapotaceae
Sterculiaceae
Sterculiaceae
Olacaceae
Burseraceae
Burseraceae Burseraceae
Palmae
Clusiaceae Clusiaceae Sapotaceae
Gnetaceae
Huaceae
Irvingiaceae Pandaceae
Piperaceae
Anacardiaceae
Rhyzophoraceae
Palmae
------
Anacardiaceae
Anacardiaceae
Fruits
Ecorce
Fruits
Fruits
Fruits
Fruits
Fruits
Fruits
Fruits Fruits
Noix
Ecorce
Ecorce, Fruits Fruits
Feuilles Ecorce
Fruits Fruits
------
------
------
Fruits
Fruits
Fruits
Fruit
Cueillette
Ecorçage
Ramassage
Ramassage
Cueillette
Cueillette
Ramassage
Ramassage
Cueillette Cueillette
Cueillette
Ecorçage Ecorçage Ramassage
Cueillette Ecorçage
Ramassage Ramassage
Cueillette
------
Ramassage
Cueillette
Cueillette
Cueillette
cueillette
1
2
1
2
3
3
3
2
4 2
4
3 4 1
4 1
5 1
1
2
2
1
2
2
2
1
3
1
1
2
2
3
3
4 2
4
4 5 1
5 2
5 2
1
2
2
1
2
2
2
2
5
2
3
5
5
6
5
8 4
8
7 9 2
9 3
10 3
2
4
4
2
4
4
4
9
6
9
8
6
6
5 6
3 7
3 4 2 9
2 8
1 8
9
7
7
9
7
7
7
En appliquant la méthode des scores sur les espèces du tableau 1, par ordre décroissant, les prioritaires sont Irvingia gabonensis (1), Gnetum africanum (2),
Garcinia kola (2), Dryodes edulis (3), Elaeis guineensis (3), Garcinia lucida (4), Coula édulis (5).
49
7.1.2- les PFNL végétaux destinés aux soins de santé La contribution de nombreuses espèces végétales à la pharmacopée traditionnelle est bien
documentée. Walker et Sillans (1960); Adjanahoum et al. (1984) ; PROTA (2008) ; Nziengui (2006)
ont répertorié plusieurs espèces médicinales que l’on retrouve dans les différents écosystèmes.
Toutefois, il faut souligner que cette monographie n’est pas exhaustive, et chaque groupe ethnique
dispose de ses propres recettes.
Tableau 2 : PFNL utilisés dans la médecine traditionnelle
Noms Scientifiques Noms pilotes/ vernaculaires
Famille Parties utilisées
Utilisations
Alstonia boonei Ekuk, Ikuka Apocynaceae Ecorce Vers intestinaux, morsures de serpents
Baillonella toxisperma Moabi Sapotaceae Ecorce Maux de dos
Coula edulis Coula Olacaceae Ecorce Toux, maux de dents
Lophira alata Azobe Ochnaceae Ecorce Stérilité, folie, impuissance
Pentacletha macrophylla Mubala Mimosaceae Ecorce Paludisme
Trichoscypha acuminata Amvut Anacardiaceae Ecorce Toux
Tableau 3 : PFNL destines a l’artisanat, vannerie ou emballage Noms Scientifiques Noms pilotes Famille Utilisations
Laccosperma secundiflorum Rotin Palmae Meubles, salles à manger
Eremospatha macrocarpa Liane Palmae Paniers, corbeilles
Megaphrynium macrostachyum ------ Marantaceae Emballage
Megaphrynium gabonense ------ Marantaceae Emballage
Ataenidia conferta ------ Marantaceae Emballage
Exemple 1: Irvingia gabonensis (Aubry-Lecomte ex. O’Roke-Baill)
Famille: Irvingiaceae
Synonymes: Irvingia bateri Hooker; Irvingia terminals Hooker; Mangifera gabonenis Aubry
Description
Irvingia gabonensis est un très grand arbre pouvant atteindre 40 m de haut. Son tronc est
pourvu, à la base, de contreforts. Ces feuilles sont simples, alternes, coriaces, stipulées et
caduques. Les fruits sont des drupes vert-jaunâtres à maturité, ellipsoïdes, à mésocarpe épais
1-2 cm plus ou moins sucré selon les variétés, d’où le nom de ‘’Mangue sauvage’’ qui lui est
souvent attribué.
Aire de répartition
Irvingia gabonensis est reparti dans la zone forestière humide du golfe de Guinée, depuis
l’ouest du Nigeria jusqu’a Centrafrique, et du Sud jusqu’à Cabinda (Angola) et a la partie la
plus occidentale de la RDC. Irvingia gabonensis est égalent présent à Sao Tomé et-Principé,
au Ghana, au Togo, en Côte d’Ivoire, au Benin, au Sud Cameroun.
Ecologie Irvingia gabonensis est présent sur toute l’étendue du territoire gabonais. Il se rencontre aussi
bien en forêt primaire, en forêt secondaire que dans les jardins de case (Ngoye et al. 1994). Au
Nord du Gabon sa phénologie est contractée de septembre à octobre, tandis que la période est
de décembre à mars dans le reste du pays (Ngoye et al. 1994).
Utilisation
• Les amandes des fruits produisent un additif alimentaire important, très apprécié en
Afrique de l’Ouest et du Centre.
50
• L’écorce de l’Irvingia gabonensis est utilisée soit pour des lavements après macération,
soit par voie orale à partir de l’écorce râpée, insérée dans une banane verte cuite sur la
braise pour soigner la diarrhée ou la dysenterie (Walker & Sillans 1961).
• Le bois est utilisé pour la grosse charpente. Quant aux jeunes arbres, ils servent à
Confectionner les manches d’outils ou les perches.
Production et commerce Irvingia gabonensis est protégé dans les champs et assisté dans sa régénération autour des
habitations. Si les fruits ne sont vendus que par endroits, les amandes en revanche font l’objet
d’un vaste commerce au niveau national et sous-régional entre pays limitrophes en particulier
(Cameroun et Guinée Equatoriale).
Exemple 2 : Gnetum africanum Welw
Famille : Gnetaceae
Noms vernaculaires : Nkumu (Gabon), Koko (Congo), Mfumbu (RDC)
Description
Gnetum africanum est une plante lianescente pouvant atteindre plus de 10 m de long, avec des
ramifications un peu épaissies aux nœuds glabres.
Les feuilles simples, opposées; les stipules sont absents, alors que les pétioles mesurent jusqu'à
1 cm de long.
Le limbe est ovale à elliptique oblong, rarement lanceaolé. Sa base est atténuée et supportée
par un apex abruptement acuminé Sa couleur est verte, pâle avec 3-6 paires de nervures
latérales.
Aire de répartition Le genre Gnetum comprend approximativement 35 espèces de petits arbres, arbustes ou le plus
souvent des lianes dont 7 espèces sont présentes dans les régions tropicales. Gnetum
africanum et Gnetum bucholzianum, sont deux espèces en Afrique qui s’étendent du Nigeria
à l’Angola, en passant par le Cameroun, le Congo, le Gabon, la RCA et la RDC.
Ecologie
Les deux espèces se rencontrent en forêts primaires et secondaires surtout en lisière dans les
sous-étages. Parfois, on trouve certains pieds grimpant jusque dans les cimes des arbres
dominants.
Utilisations
Les feuilles de Gnetum sont utilisées comme légumes, mais aussi comme antiseptique pour
soigner les blessures ou pour traiter les hémorroïdes. Les feuilles fraîches sont broyées.
Pour neutraliser les effets de l’alcool, les feuilles de Gnetum améliorent la production du sang
dans l’organisme humain. Elles sont également utilisées pour le traitement de la rate.
Production et commerce Les feuilles de Gnetum africanum et Gnetum bucholzianum représentent une donnée
commerciale importante en Afrique Centrale. Les feuilles de ces 2 espèces sont
quotidiennement cueillies pour ravitailler les marchés urbains.
7.1.3 - Les PFNL d’origine animal
Le tableau 4 donne l’ordre des animaux les plus présents sur certains marchés au Gabon, le
chiffre 1 représentant l’espèce la plus fréquemment commercialisée (Abernethy & Ndong Obiang
51
2009). D’après ce classement, les cinq animaux prioritaires sont Atherurus africanus (1), Cephalophus
callipygus (2), Cephalophus dorsalis (3), Cephalophus monticola (4), Cercopithecus nictitans (5).
Tableau 4. Liste des espèces animales les plus fréquentes sur les marchés (Abernethy & Ndong Obiang 2009)
Noms scientifiques Noms pilotes Statut de l’IUCN Statut au Gabon Ordre
Atherurus africanus Porc-epic Préoccupation mineure Non protégé 1
Cephalophus callipygus Cephalophe rouge Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 2
Cephalophus dorsalis Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 3
Cephalophus monticola Cephalophe bleu Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 4
Cercopithecus nictitans Singe Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 5
Cephalophus nigrifrons Risque faible/quasi menacé Non protégé 6
Cephalophus sylvicultor Cephalophe a dos jaune Risque faible/quasi menacé Partiellement protégé 7
Genetta servalina Genette Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 8
Hyemoschus aquaticus Chevrotin aquatique Données insuffisantes Intégralement protégé 9
Manis tricuspis Pangolin Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 10
Potamochoerus porcus Potamochère Risque faible/ Préoccupation mineure Partiellement protégé 11
Uromanis tetradactyle Pangolin a longue queue Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 12
Nandinia binotata Civette Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 13
Osteolaemus tetraspis Crocodile noir a museau court Vulnérable Partiellement protégé 14
Tragelaphus scriptus Risque faible/ Préoccupation mineure Partiellement protégé 15
Civettictus civetta Civette Risque faible/ Préoccupation mineure Non protégé 16
Tragelaphus spekii Sitatunga Risque faible/quasi menacé Partiellement protégé 17
Thryonomys swinderianus Aulacode Préoccupation mineure Non protégé 18
52
8. Conclusion et recommandations
Cette revue bibliographique des PFNL au Gabon a permis de montrer qu’il existe une
catégorisation des PFNL qui prend en compte les utilisation faites par les populations des
produits tirés de la forêt. Ainsi on distingue des PFNL d’origine végétale qui comportent les
PFNL utilisés pour l’alimentation, les PFNL utilisés en pharmacopée traditionnelle et ceux
exploités dans le cadre de l’artisanat. Cette discrimination peut aussi s’observer dans les
PFNL animaux et fongiques. Il apparaît clairement, au regard de la diversité biologique que
regorgent les écosystèmes forestiers gabonais, que les PFNL jouent un rôle important surtout
dans les terroirs villageois où ils contribuent à l’alimentation, aux soins de santé et à de
nombreux services essentiels à la population.
Ces PFNL peuvent aussi apportés des revenus substantiels à ces populations lorsqu’ils
sont commercialisés sur les marchés des grands centres urbains comme de Libreville et Port-
Gentil. Sur ce plan, il ressort que quelques filières sont constituées autours de certaines
espèces telles que l’Irvingia, le Gnetum, le Rotin, le Garcinia et les feuilles de Marantacées et
qui rapportent à tous les acteurs de chacune des filières des revenus non négligeables. Mais,
pour la grande majorité des PFNL identifiés, il est difficile à ce jour de mesurer l’impact de
leur exploitation sur les revenus des populations car il s’agit le plus souvent d’une activité
artisanale ayant un but de subsistance.
En ce qui concerne les PFNL animaux, l’activité s’illustre par son caractère informel,
lorsqu’il s’agit d’alimenter les principaux centres urbains. La chasse aux gibiers rapporte des
revenus importants pour les acteurs de la filière viande de brousse mais il est clair que cette
activité ne profite pas significativement aux communautés locales qui, le plus souvent, ne
pratiquent qu’une chasse de subsistance avec des moyens rudimentaires. C’est pourquoi une
approche socioéconomique de type systémique qui intègre tous les acteurs est nécessaire pour
développer les PFNL au Gabon.
Ce développement ne doit pas se faire au détriment de la durabilité de la ressource
c’est pourquoi, il est nécessaire d’intégrer la dimension environnementale dans l’exploitation
des PFNL. La récolte et la commercialisation des fruits et des amandes de Irvingia ne sont pas
préjudiciables à court terme à l’espèce car l’arbre est généralement préservé lors de la récolte
et même lors de l’installation d’une plantation villageoise. En revanche, la collecte des
écorces de Garcinia kola ou du Pausynistalia yohimbe est préjudiciable au devenir de l’arbre
qui est complètement écorcé et donc voué à une mort certaine.
Dans le cas par exemple du Rotin, Profizi (2000) fait remarquer que suite à la forte
pression exercée sur cette ressource, de nombreux exploitants ont du se déplacer le long des
routes principales, telles que celles qui vont de Libreville au Cap Esterias, de Ntoum à
Cocobeach et depuis quelques temps, de Kougouleu à Medouneu. Actuellement, la collecte de
ce PFNL doit se faire de plus en plus loin des villes et l’aménagement de cette ressource se
modifie rapidement depuis que la population locale donne accès à leur terre aux exploitants de
rotin où se charge elles même de transporter les cannes de rotin pour les revendre aux artisans
ou aux négociants qui longent les bords de route. Cette situation peut être étendue à tous les
PFNL y compris les PFNL animaux, lorsque la pression sur une ressource est forte, elle
disparaît complètement ou alors elle se fait rare.
On ne pas dire, pour le cas du Gabon, que les PFNL principaux sont soumis à une très
forte pression au point que la menace d’une rareté ou d’une disparition se profile dans un
horizon à court terme. Mais, le principe de précaution doit s’imposer au Gabon au regard de la
situation des PFNL dans certains pays de la sous région. C’est pourquoi, il est nécessaire de
renforcer l’arsenal législatif et réglementaire au Gabon, qui est très incomplet, car il ne prend
en compte les PFNL animaux, bien que la chasse soit très réglementé, et surtout la liste des
espèces citées dans le décret y relatif est largement insuffisantes. Le dispositif réglementaire
53
et juridique doit constituer un véritable programme de développement des PFNL qui
permettrait principalement d’accroître les revenus des populations villageoises d’où sont
prélevés les produits mais également de permettre une exploitation rationnelle des ressources.
Celle-ci peut se faire aux moyens de plans d’aménagements forestiers, des programmes de
domestications des produits particulièrement prisés par les populations et ou hautes valeurs
ajoutées. De ce fait, ces espèces pourront donc être intégrées dans des systèmes agricoles pour
devenir de sources de revenus pour les populations rurales. Selon Tchoundieu et al (2000),
l’agroforesterie réduit les risques lies aux fluctuations du marché par exemple, si la valeur du
marché d’un produit diminue, la diversité des espèces plantées par les agriculteurs réduira
l’impact de la perte de revenus.
Dans tous les cas et comme le soulignent Ndoye et al (2000), la recherche a un rôle
fondamental à jouer dans l’identification de la meilleure approche qui permettrait de
contribuer à trouver le meilleur équilibre entre l’amélioration du bien être des population et la
conservation des PFNL et des forêts : en mettant à la dispositions des acteurs toutes les
informations sur le taux d’exploitation durable et les techniques de collectes à même de
garantir la pérennité de l’espèce ; en favorisant la domestication, par les populations rurales,
des produits principaux ; en évaluant l’impact de ces nouvelles technologies sur les pratiques
culturelles des populations forestières et sur les écosystèmes ; en apportant aux acteurs l’appui
scientifique nécessaire au développement des PFNL.
Recommandations et méthodologie de collectes des PFNL
La contribution de la recherche doit se faire suivant une approche sous régionale car,
dans cette étude, le commerce des PFNL n’implique pas seulement les nationaux mais
également les acteurs de la sous région, c’est pour quoi il nous parait essentiel de
recommander que :
-de développement un programme sous-régional de développement des PFNL ;
-d’harmoniser à l’échelle de la COMIFAC l’arsenal juridique et fiscal sur les PFNL ;
-de mettre en réseau, les institutions de recherches sur les
-développer des synergies entre les différents projets en cours dans la sous région sur
les PFNL, FAO, FORENET, COMIFAC, etc.
-de lancer un programme national d’inventaire et d’évaluation des PFNL qui pourrait
suivre la catégorisation développée dans la présente étude et qui intègre l’ensemble des
acteurs;
-de mettre à jour le décret relatif au PFNL de façon à intégrer les autres espèces
connues et surtout promouvoir les PFNL
-de mettre en place des forums de concertation au niveau local qui réunissent
l’ensemble des acteurs des PFNL (populations locales, scientifiques, négociants,
commerçants, administrations, ONG, etc.) afin d’échanger sur toutes questions relatives au
développement des PFNL.
Pour y parvenir, le développement d’une méthodologie de collecte des données sur les
PFNL est nécessaire. Celle-ci pourrait reposer sur :
-le développement d’un questionnaire national relié à une base de donnée spécialement
conçu pour les PFNL ;
-le lancement des enquêtes (enquêtes ethnobotaniques socioéconomiques,
ethnozoologique, ethnomycologique, etc) dans tout le pays qui permettraient d’identifier et de
caractériser les PFNL en intégrant les systèmes de gestion locaux, les besoins de subsistance
des populations locales, les systèmes de valeurs sociales et la répartition du travail selon le
sexe ; les droits traditionnels d’accès aux ressources, etc.
-la création d’une base de données nationales sur les PFNL
54
-le développer dans des centres de recherche des programmes de valorisation et de
développement des PFNL ;
-la publication annuellement une revue sur l’état des PFNL dans le pays qui prendrait
en compte tous les aspects liés à la problématique PFNL (durabilité de la ressource,
commercialisation, recherche, revenus des populations, impact économique, etc.).
55
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