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Repères épidémiologiques et économiques au moment de l'arrivée des nouvelles thérapies de l'hépatite C - M. Rotily - Toulouse - Novembre 2011TRANSCRIPT
Repères épidémiologiques et économiques dans l’hépatite C à l’heure des nouvelles
thérapies
Michel Rotily, MD, PhD, épidémiologiste
Données mondiales et européennes
Monde: 160 millions Europe :
7,3–8,8 millions (1,1–1,3%) dans 22 pays 86.000 décès et 1,2 DALYs (dont 95% chez des
patients à un stade avancé), soit comme pour le cancer de l’estomac ou le VIH
Un quart des greffes hépatiques réalisées en 2004 (sur 25 pays) attribuables au VHC
Source: Who, Corner 2011
Incidence annuelle moyenne du VHC dans les pays de la zone européenne OMS entre 1997 et 2004
Source: WHO, BMC Public Health,2009
Prévalence du VHC dans les pays de la zone européenne OMS en 1999
Source: WHO, BMC Public Health,2009
Mortalité par cancer du foie lié au VHC dans les pays de la zone européenne OMS en 2002
FRANCE: 3618 décès en 2004 (versus 1.800 en 1997 66 % des décès après 65 ans) (Cepidc-INSERM)Midï-Pyrénées : 38 décès en 2005-2007 pour hépatites virales (27 pour le VIH)
8,8% des décès par maladies infectieuses
Source: WHO, BMC Public Health,2009
Une nette augmentation de la file d’attente pour les greffes hépatiques depuis 1999
Source: Etransplant, 2004
La France, l’Allemagne et la Suède en avance en matière de prise en charge thérapeutique du VHC
Prévalence du VHC en FrancePopulation générale (InVS, 2004): 0,84 %
• 367 055 personnes dont 57,4 % connaissent leur statut – Midi-Pyréenées : environ 20.000-23.000 personnes
• 232 196 personnes avec une hépatite C chronique• 700 à 4 400 nouveaux cas annuels
• Transfusés : 1,93 % (1993) 0,23 % (2000) • CMU : 2,49 %• Usagers de drogues : 56-73 %• Prisonniers (PREVACAR, 2010) : 4,8 %, dont la moitié avec une hépatite
chronique, 70 % par usage de drogues• Transplantés rénaux : 23,6%• Migrants (PRECAVIR, 2010): 10,6 % séropositifs VHC, 91 % méconnaissant
leur statut VHC
Une baisse de la part du mode de transmission par drogues IV (2001-2007), et ce mode est minoritaire
parmi les patients pris en charge dans les pôles
20% 20% 17% 18% 18% 16% 16%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Non drogues IV
Drogues IV
34% 34% 33% 33% 34% 29% 28%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Non drogues IV
Drogues IV
TOTAL
45% 44% 46% 46% 45%39% 38%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Source: Poles, 2009
Prévalence du VHC selon l’âge
Une population majoritairement “âgée”
Source: InVS,2004
52.210 -14%
138.264 -38%
36.499 -10%
140.085 -38% 18-39 ans
40-49 ans
50-59 ans
60-80 ans
0,04%0,14%
0,61%
0,43%
1,01%
2,28%
0,55%
1,78%
1,38%1,22%
1,00%
0,00%
0,50%
1,00%
1,50%
2,00%
2,50%
18-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-80
Source : Rena-VHC
Une population infecté par le VHC vieillissante
Population de patients infectés par le VHC selon le sexe
Une population majoritaire
féminine
Prévalence• Femmes : 1,02%• Hommes: 0,66%
Source: InVS,2004
13928738%
22776862%
Hommes
Femmes
Source : Rena-VHC
Une reprise de la tendance à la hausse depuis 2007 - Les femmes moins dépistées que les hommes
Source : Rena-VHC
Une tendance à la haussse très progressive dans les labos privés - Une baisse dans les
laboratoires publics
Le génotype 1 est le plus fréquent
30%
4%
10%5%
1%0%
50%
G 1
G 2
G 3
G 4
G 5
G 6
Source: Poles, 2006-2009
Deuffic et al.
Deuffic et al.
Informations épidémiologiques à retenir
• Un pool de patients infectés (et non traités) important• Une dynamique d’infection toujours présente• Une population veillissante• Les femmes insuffisament dépistées• Les usagers de drogues sont “minoritaires” sur
l’ensemble de la population infectée: Un élargissement souhaitable des indications de dépistage
NECESSAIRE RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE DE DEPISTAGE
Profil des patients hospitalisés (PMSI) selon l’âge et le sexe, en 2009
4,6%
37,9%
36,8%
20,7%
30-39 ans
40-49 ans
50-59 ans
> 59 ans
75,3%
24,7%
Hommes
Femmes
n = 15.842
Source : Heva, 2011
22,4%
31,8%
32,7%
13,1%
Hépatite C chronique active/aigue
Cirrhose
Hépatocarcinome
Rejet de greffe
Profil des patients hospitalisés (PMSI) selon le stade de l’infection VHC en 2009
n = 15.842
Source : Heva, 2011
Deuffic et al.
Impact des trithérapies (vs. bithérapies)
(Rotily, ISPE, déc. 2011)
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
2021
2023
2025
2027
2029
2031
2033
2035
2037
2039
HCV-G1 Incidence
SOC+ PISOC
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
2021
2023
2025
2027
2029
2031
2033
2035
2037
2039
Mortality by HCV-G1
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
2021
2023
2025
2027
2029
2031
2033
2035
2037
2039
Prevalence of HCV-G1 Advanced Liver Diseases
Hépatite C - génotype 1Gain apporté par
la trithérapie (vs. bithérapie)
Gain en %
Patients guéris 34 362 47.5%Incidence cumulée 6 513 24.7%
Prévalence annuelle moyenne 21 714 20.9%Incidence annuelle moyenne de mortalité 807 20.6%
Mortalité cumulée 24 219 18.1%
Prévalence moyenne annuelle par les stades avancés de l'hépatite C - Génotype 1
5 825 10.9%
Aspects économiques
• Le critère d’efficacité médicale à lui seul n’est pas suffisant, car…
• Toute décision clinique d’engager un acte diagnostique ou thérapeutique revient implicitement à sacrifier la possibilité de consacrer des ressources à d’autres usages
• Qui dépister, Qui traiter, Comment traiter ?
Etudes médico-économiques
Un cout substantiel pour l’Assurance Maladie (et la société)
Montants remboursés selon les ALD30, entre novembre 2003 et octobre 2004
Pour l’ensemble des hépatites virales :• 12° rang pour le nombre de personnes : 126.204 (vs 1.136.172
pour le diabète, 153.939 pour l’Alzheimer, 74.149 pour le VIH)• 17° rang pour le remboursement annuel moyen par personnes:
7.152 € (vs. 26.464 € pour l’hémophilie, 11.833 € pour le VIH, 13.957 pour les tumeurs malignes))
• 13° rang pour le montant total des rembrousements (en millions d’€) : 1.182 (vs. 8.966 pour le diabète, 1.140 pour le VIH
Source : Vallier, 2006
Coûts annuels de suivi des patients dans les différents états de l'infection par le VHC
Biopsie et bilan 992 €Hépatite chronique 579 €Rémission 163 €Cirrhose 1 400 €Cirrhose décompensée 11 500 €Cancer 10 400 €Transplantation (1re année) 38 100 €Transplantation 7 900 €
Euro 1995 - Source : Jusot, 2001, Ducret, 1998
Une augmentation probable depuis 1995, notamment en raison des nouvelles thérapies du cancer, de l’hémostase, des EPO, des anti-infectieux.
Coût des hospitalisations 2009 en France, selon le secteur et le stade de l’infection par le VHC
3.665.324 €
57.235.730 €
4.751.596 €
Secteur Privé
Secteur Public
Molécules onéreuses (Public)
14%
46%
18%
19%
2%
Suivi/Bilan
Cirrhose
Cancer du foie
Greffe de foie
Non classés
Source : Heva, 2011
Cout annuel total : 65.652.650 €
Répartition du cout des molécules onéreuses (secteur public, données PMSI, 2009)
33%
30%
12%
11%
9%
2%
4%
Erythropoietine
Chimiothérapie anti-cancéreuseAnti-infectieux
Hémostase
Immunoglobuline humaine VHBAutres
Non renseigné
Source : Heva, 2011
Cout median par patient en 2009 selon le stade de l’infection par le VHC
733 € 2 638 €4 934 €
39 328 €
2 144 €
Bilan/suivi Cirrhose Cancer du foie Greffe de foie Non classés
Source : Heva, 2011
Types d’études médico-économiques
Type d’analyse Denominateur NiveauCout-Efficacité (Cost
Effectiveness)Années de vie gagnées,
cas prévenusSpécique au
programme de santé
Cout-Utilité (Cost Utility)
Année de vie ajustée sur la qualité de vie
(QALY)
Au travers des programmes de santé
Cout-Bénéfice (Cost Benefit)
Unité monétaire Au travers des secteurs
économiques
Analyse coût-efficacité
• Question : coût, efficacité, coût-efficacité (surcoût)• Point de vue de l’étude : patient, hôpital, médecin,
système de santé, assureur, société• Type de coût considéré : directs, indirects, effets
secondaires …• Type d’étude : sur cohorte fictive, sur étude
prospective, sur étude randomisée, …
Qui dépister, Qui traiter, Comment traiter ?
Source : Rena-VHC
Une baisse du rendement des sérologies
Le dépistage sous l’angle médico-économique
• Plus la prévalence dans une population est faible, plus le nombre de tests “efficaces” diminue et plus le ratio coût-efficacité (coût additionnel par cas supplémentaire dépisté) augmente (Rotily et al., 1997).
• « Par rapport à l’absence de dépistage, le ratio coût additionnel par année de vie supplémentaire devient l’un des plus élevés (près de 250 000 €) chez les transfusés, alors qu’un dépistage systématique de masse du VHC en population générale paraît une stratégie économiquement raisonnable (avec des coûts par année de vie gagnée de l’ordre de 5 000 €) » (Loubière & Moatti, 2004)
• Des incitatifs financiers peuvent certainement y contribuer mais, comme le suggèrent des enquêtes menées justement sur le dépistage du VHC auprès des médecins généralistes (Rotily et al. 1997). Les campagnes d’incitation auprès des MG sont efficaces (Blanchet, 2003).
Quelques ratios coût-efficacité (par année de vie sauvée) pour différents programmes de santé publique
Source : Loubière, 2001, modifié par Rotily, 2011
Dépistage VHC chez les transfusés 118.373 € Jusot, 2001Dépistage VHC chez des donneurs (PCR) 85 millions € Loubière, 2001Dépistage VHC si prévalence >10% <40.000 €/QALY Sroczynski, 2009Traitement du VHC
IFN 6 mois 70.820 € Bennet, 1997IFN 12 mois 14.500 € Shiell, 1999
IFN+Riba 12 mois 16.800 € Wong, 2000Peg-IFN+Riba /INF+Riba 6.600 à 11.800 € Siebert, 2003
Dépistage du cancer du sein 33.000 € de Koning, 1991Traitement du cancer du sein 98.764 € Hillner, 1993Traitement du cancer de l'ovaire 12.000 € Berger, 1998Prévention des infections opportunistes chez les patients VIH
18.700 à 54.500/QALYYazdanpanah, 2003
Conclusion• Une maladie prévenable et mortelle• Un impact attendu des nouvelles thérapies sur la morbidité et
la mortalité et… sur l’incidence (réduction du réservoir)• Un dépistage cout-efficace, en particulier sur la population à
risque (ex: femmes ayant eu un acte invasif)• Des traitements aux ratios-efficacités comparables, voire
inférieurs à des thérapies courantes• Urgent d’agir sur le dépistage et l’organisation de la prise en
charge face à l’arrivée des nouvelles thérapies (augmentation du flux de patients, formation des professionnels, éducation thérapeutique des patients…)