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«Transfert poétique, négation et enclave» ou le réel comme fiction poétique de tous les possibles
Rencontre-Débat autour du livre de Tamara Landau
L’impossible naissance ou l’enfant enclavé
Liste des participants et programme du Rencontre. Suivent les contributions de :
Tamara Landau
Présentation du livre par elle-même
Sergio Caruso
Géographie du corps, géographie de l’esprit
Dans la salle de conférences de la
Société des Gens de Lettres, à l'Hôtel de Massa au 38 rue du Faubourg Saint-Jacques Paris 14
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Rencontre-Débat autour du séminaire de Tamara Landau
«Transfert poétique, négation et enclave» ou le réel comme fiction poétique de tous les possibles
le samedi 14 juin 2008 de 10h à 18h
Dans la salle de conférences de la Société des Gens de Lettres, à l'Hôtel de Massa
au 38 rue du Faubourg Saint-Jacques Paris 14
De 18h à 22h cocktail et concert live avec Axelle du Rouret et Catherine Fava-Dauvergne.
Avec la participation de:
Alain Didier-Weill
psychanalyste et auteur de théâtre
Valeria Medda Présidente du Forum ”Lou Salomé”, Milan
Paola Mieli Présidente d’ “Après Coup”, Psychoanalytical Association, New York
Sergio Caruso Président d' OPIFER (Organizzazione di Psicoanalisti Italiani Federazione e Registro), Florence
Sergio Contardi Président de “Nodi Freudiani”, Milan
Jean-Michel Darchy membre CCAF, Aix en Provence
Argument
Une image manque dans l’âme. Nous dépendons d'une posture qui a eu lieu de façon nécessaire mais qui ne se révélera jamais à nos yeux. On appelle cette image qui manque «l’origine» (...) Avant la naissance ce fut la nuit. Ainsi y a-t-il une nuit éminemment sensorielle, totalement
sensorielle, qui précède l'opposition astrale du jour et de la nuit. Nous procédons de cette poche d'ombre (Pascal Quignard).
Le mot origine annonce l'apparition d’un astre dans le ciel et le mot désir désigne sa disparition et l'attente de son retour. Les paroles des femmes, comme celles du poète, nous permettent
d'approcher cette poche d'ombre, de découvrir la trace du désastre, voire du trauma originaire, qui précède la naissance. Lorsque l’apparition, la disparition et l’effondrement de l'étoile n’ont pas été
pensés et symbolisés par les parents, l'étoile déchue est oubliée au fond du trou noir de la mémoire, premier temps du refoulement originaire. Nous allons explorer comment, grâce au transfert, on
peut retrouver et créer cet objet sensoriel (Das Ding) disparu sans laisser de traces.
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PROGRAMME
MATIN
ACCUEIL 10h
INTRODUCTION 10h15 Tamara Landau
Débat 11h -11h30
11h30 Alain Didier-Weill « Transfert poétique »
11h5O débat
12h15 Valeria Medda « Le foetus, le réel, la négation et l’histoire »
12h30 débat
APRES-MIDI
15h Paola Mieli « Autour de l’espace »
15h 15 débat
15h45 Sergio Caruso « Géographie du corps, géographie de l’ésprit »
16h débat
16h30 Sergio Contardi « Approche du réel »
16h45 débat
17h15 Jean-Michel Darchy « M: une histoire »
17h30 débat
18h Conclusion Tamara Landau
19h cocktail
et concert live avec la participation de Axelle du Rouret et Catherine Fava-Dauvergne
Arthéneum et la Société de Psychanalyse Freudienne
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Tamara Landau, L’impossible naissance ou l’enfant enclavé, Editions Imago, Paris 2004
Présentation du livre par elle-même Dans cet ouvrage j’ai élaboré une théorie psychanalytique sur le lien
fusionnel qui forge le rapport mère-enfant durant la grossesse. Françoise Dolto avait pressenti l’importance de ce lien pour la constitution du narcissisme primordial de l’enfant.
Après trente ans d’écoute de patients adultes névrosés, ayant des graves blessures narcissiques, j’ai pu relier les nombreux vécus corporels étranges et récurrents décrits en séance à des réminiscences de la vie fœtale et du début de la vie.
Les patients décrivaient souvent des troubles de la reconnaissance de soi reliés au stade pré-spéculaire: l’impression d’être transparent, de ne pas avoir un corps qui leur appartienne, de se sentir léger et très lourd à la fois
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et, enfin, celle de ne pas se reconnaître dans un miroir et de voir, à la place, le visage de leur mère. Les femmes enceintes ou boulimiques formulaient clairement cette identification: «Le visage que je vois dans le miroir est celui de ma mère».
Concept d’enclave. Cette identification au corps et au visage de la mère laisse entendre une
inversion dans l’ordre des générations que révèlent souvent les lapsus, tels que «ma mère» au lieu de «ma grand-mère», «mon père» au lieu de mon «grand–père» ou «je suis mort(e) à quatre ans». Parfois, les patientes boulimiques exprimaient ce fantasme avec des propos comme «je mange pour tuer ma mère ».
On perçoit que le sentiment d’être et d’appartenir au corps maternel configure un lien fusionnel mère-enfant où une séparation qui ne soit pas mortelle est inimaginable.
Ce fantasme organise chez les patients la perception même de leur corps: ce que la mère ne nomme pas, ne voit pas, ne ressent pas et ne pense pas «n’existe pas». Toute tentative d’individuation est ressentie inconsciemment comme menaçante et susceptible de les conduire à la mort, à la disparition ou à la folie. Ils se sentent invisibles comme s’ils étaient «enclavés» (du latin enclavare, fermer à clef) dans le corps, le regard et le désir de la mère.
Mon concept d’enclave renvoie à la fois à l’action d’avoir été enfermé à clef à l’intérieur du corps de la mère, suite à un déni d’existence dans la réalité, et à une métaphore spatiale, l’enclave, qui désigne un territoire bien délimité enfermé dans un autre territoire. Cette image est essentielle puisqu’elle éclaire d’emblée le fait que la dépendance au regard et à la parole de la mère n’implique pas une véritable confusion ou symbiose corporelle. J’ai forgé ce concept à partir de fantasmes énoncés couramment durant les cures de patients névrosés – «je n’existe pas» ou bien «je suis mort avant de naître» ou «plus je vis plus je m’enterre» ou «je suis né sans corps» – qui nous indiquent une inversion symbolique de la direction du temps: naître c’est mourir. En effet, ces patients expriment le sentiment de ne pas être encore nés car, dans leur fantasme, la naissance ne peut que les conduire inexorablement sous terre, vers les ténèbres et la mort.
Les dessins de patientes très créatives, ainsi que certaines œuvres de sculptrices ayant trait à la relation mère-enfant et une collaboration avec une chorégraphe engagée dans une recherche avec le C.N.E.S. sur les techniques de danse en apesanteur, m’ont permis de dévoiler des fantasmes maternels inconscients très violents liés à l’état de grossesse et de mieux appréhender l’état d’«apesanteur» de mes patients.
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Réflexion autour de la grossesse
En écoutant en analyse des femmes enceintes, j’ai pu observer qu’elles régressent et retrouvent des réminiscences archaïques: certaines ont commencé à avoir peur de l’obscurité, d’autres ont recommencé à sucer leur pouce ou se sentent fortement déprimées comme leur mère durant la grossesse. Nous retrouvons, d’ailleurs, ce même vécu fusionnel chez leur mère durant le temps de leur grossesse: par exemple, la mère d’une jeune femme enceinte est venue me consulter très troublée par son propos.
Au début d’une visite chez son médecin de famille celui-ci lui demande: Madame, comment va votre fille? – et elle s’entend répondre outrée et en colère : Docteur, comment voulez-vous que je vous réponde alors que vous savez très bien que ma fille n’est pas encore née!». Ce qui a poussé cette femme à me consulter a été, d’une part, l’extrême conviction qui soutenait son propos : Je vous assure, il ne s’agissait pas d’un simple lapsus, je ressentais vraiment ce que je disais! – et, d’autre part, le fait d’avoir été obligée par le médecin de penser à la grossesse «de» sa fille, et pas à sa propre grossesse, l’a plongée dans des angoisses atroces de mort et de décomposition.
La théorie de «l’arbre renversé». Selon ma théorie, durant la grossesse, la femme retrouve la mémoire de
son propre vécu fœtal et se sent progressivement appartenir au corps de sa propre mère. Le foetus, à son tour, se sent appartenir au corps de sa mère et de sa grand-mère. En d’autres termes, la femme perd durant la grossesse son image du corps et retrouve, grâce aux mouvements du foetus, l’image du corps de sa propre mère. Autrement dit, l’organisation primordiale de la perception visuelle et spatiale de l’enfant est celle de la mère dans le ventre de la grand-mère (suite à une rétroaction fonctionnelle de la mémoire). On peut formuler cette hypothèse de manière condensée en disant que ce phénomène constitue le processus de l’arbre renversé, cette expression m’étant suggérée par des patientes qui m’ont amené le même dessin pour décrire leur état «d’inexistence»: un arbre ayant les branches dirigées à la fois vers le ciel et sous terre,en guise de racines. Nous pouvons entendre ainsi que leur image du corps était encore celle de la vie fœtale durant laquelle les représentations conscientes de la grand-mère (les branches en pleine lumière) deviennent les représentations inconscientes et préconscientes du fœtus qui, enseveli sous terre, encore invisible, donne toute la sève au tronc générationnel (sa mère). En d’autres termes, avant la naissance l’enfant, en tant que tel, n’existe pas car le moi primordial de
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l’enfant est organisé selon le moi primordial de la grand-mère. La seule intégration possible de l’enfant dans le temps, durant la grossesse, est une inscription symbolique. Mais si la grand-mère, comme celle que je viens de citer, n’a pas été intégrée symboliquement par sa propre mère, comment peut-elle se représenter la présence de sa fille avant la naissance de sa petite fille?
Présence de fantasmes de mort et de meurtre. On peut observer que ce processus de «l’arbre renversé» se met en place
progressivement durant la grossesse, au cours de trois phases de trois mois environ, durant lesquelles il y a une discontinuité de la perception des mouvements de l’enfant dans la conscience de la mère. Durant le premier trimestre, les femmes ne perçoivent pas la présence du foetus et, souvent, n’ont pas conscience de leur état de grossesse. L’enfant «existe» seulement au niveau symbolique avec le fantasme originaire «une vie pour deux» et son corps «appartient» totalement au corps de la mère. Durant le deuxième trimestre, les femmes ont de plus en plus conscience de la présence du fœtus, auquel elles sont totalement identifiées, et perçoivent ses mouvements à partir du quatrième mois . L’enfant occupe tout l’espace au niveau imaginaire et elles peuvent symboliser sa présence à travers le fantasme originaire «un corps pour deux». Durant le troisième trimestre, paradoxalement, elles ont de moins en moins conscience de l’interaction et l’enfant devient maître à bord en dirigeant le temps de la dyade, en «décidant», par exemple, le jour de sa naissance. Elles s’identifient à l’enfant et celui- ci disparaît, créant le fantasme originaire «J’ai tué l’enfant». Elles ont le sentiment d’avoir les mêmes sensations que lui et tiennent des propos qui suggèrent cette identification: quand je bois mon chocolat chaud, mon bébé glousse de plaisir ; ou bien mon garçon est un athlète, il me réveille dès le matin avec une faim terrible. Nous pouvons aisément comprendre que si la mère reste fixée à cette identification mimétique à l’enfant après l’accouchement, celui-ci restera «enclavé» dans son espace ayant l’impression toute sa vie de ne pas exister réellement et de ne pas être visible.
La grossesse peut être vécue à la fois comme une expérience magnifique de création et en même temps très bouleversante puisque elle fait traverser une angoisse, parfois traumatique, de perte de l’image corporelle et, en même temps, elle réactive fortement une pulsion auto-destructrice: la mère doit s’effacer pour que l’enfant puisse exister comme «autre». En quelque sorte, chaque femme pour donner la vie, donne «sa» vie et «son» corps à l’enfant.
Il me paraît important de pouvoir transmettre l’idée qu’il existe un aspect cruel de la procréation lié au processus de «l’arbre renversé» (de nature
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philo-ontogénétique), même s’il reste souvent enterré dans l’inconscient des mères, grâce au refoulement originaire, parce que très opposé aux sentiments d’amour et d’altruisme maternels requis et magnifiés par notre société. En effet, devenir mère réactive des affects et des fantasmes intolérables provoqués par les pulsions «sauvages» de destruction et les pulsions meurtrières reliées à l’auto-conservation et, très souvent, les femmes enceintes dénient cette violence primordiale. Il est donc important pour devenir mère de pouvoir ressentir, rêver ou se représenter cette haine et cette pulsion meurtrière envers l’enfant durant sa vie foetale. Les fantasmes maternels meurtriers – si je vis mon enfant meurt, ou bien j’ai tué mon enfant – sont forgés par les représentants des pulsions de destruction et de mort (Thanatos) réactivées par l’auto-conservation qui «délient» symboliquement les différents temps de la grossesse en luttant contre les fantasmes maternels originaires – «une vie pour deux» et «un corps pour deux» qui "relient" en permanence. Les représentants des pulsions d’emprise orale cannibalique, réactivées par l’angoisse, se transforment en pulsions sexuelles et en sentiment amoureux (Eros) et relient, tout au long de la grossesse, la mère et l’enfant dans un lien fusionnel de passion narcissique et à une libido auto-érotique très proche de la libido d’organe.
Une mémoire de l’expérience vécue qui saute une génération. Nous pouvons penser que comme la création de la vie s’accompagne de
destruction au niveau biologique (comme le suggère la théorie de l’apoptôse) l’amour maternel n’est pas inné. Il peut seulement se déployer après la naissance si, durant la grossesse, la mère a pu tisser une relation subtile d’amour et de haine en traversant les différentes étapes de «fusion» et «défusion» qui réactivent, à chaque fois, une forte angoisse de mort. En effet, comment la mère peut-elle inscrire l’enfant dans la réalité si inconsciemment il est bâti dans son propre moi fonctionnel ? En d’autres termes, comment peut-elle avoir une représentation psychique de l’enfant comme «objet» vivant et détaché d’elle s’il est intégré inconsciemment au temps de toutes les actions de son corps liées à l’angoisse et aux signifiants primordiaux «vie» et «mort» comme un «enfant-organe»?
La femme peut traverser symboliquement ces passages à l’aide d’un schème de fantasmes originaires, c’est-à-dire une succession de fantasmes maternels qui se transmettent de génération en génération, qui accompagnent le développement fœtal en inscrivant symboliquement l’enfant dans la temporalité. Si la mère arrive à se représenter la disparition ou la mort de l’enfant avec des angoisses et des cauchemars (par noyade, enlèvement, etc) celui-ci pourra être inscrit comme un être vivant: si elle
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craint de perdre l’enfant c’est qu’il existe dans la réalité! Ces fantasmes originaires de mort et meurtre permettent d’élaborer symboliquement les passages difficiles, parfois traumatiques, causés par les pertes et les modifications des images corporelles durant la grossesse liées au processus ontogénétique de l’arbre renversé.
Les fantasmes maternels soutiennent la symbolisation des différentes fusions et défusions marquant ainsi une discontinuité symbolique de la présence de l’enfant. Pour juger de la réalité de l’objet et avoir une représentation du temps de l’objet il est nécessaire de le perdre, nous disait Freud. Durant la grossesse, les pulsions d’auto-conservation de la mère luttent en permanence contre la présence de l’enfant ressenti inconsciemment comme un «intrus», un corps étranger qui occupe son espace vital.
En guise de conclusion. Dans mon livre, j’essaie d’une part d’établir l’origine ontogénétique du
processus de l’arbre renversé qui a lieu dès la conception jusqu’à l’accouchement, phase que je désigne comme «empreinte primordiale». D’autre part, je tente de montrer comment la mère parvient à inscrire symboliquement l’enfant dans le temps durant la grossesse à travers un schème de fantasmes maternels originaires, d’origine phylogénétique, pour délier celui-ci du lien fusionnel originaire.
J’avance l’idée que le processus ontogénétique de l’arbre renversé se poursuit aussi après la naissance de l’enfant, durant environ trois ans. Au cours de cette phase, que je désigne comme «empreinte primaire», la mère poursuit inconsciemment le processus d’élaboration symbolique pour se détacher du sentiment d’appartenir au corps de l’enfant. Fort à la naissance, ce sentiment diminue d’intensité progressivement, au cours de trois phases qui durent un an environ, lorsque l’enfant a atteint une autonomie psychomotrice.
A chaque grossesse, si la mère n’arrive pas à prendre conscience des modifications ressenties dans son corps, à cause de différentes raisons liées à son histoire et à sa propre défaillance symbolique, elle va provoquer une désorganisation de la reconnaissance de soi et de l’image spéculaire de l’enfant qui va être la cause plus précoce des troubles psychiques chez ce dernier.
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Géographie du corps, géographie de l’esprit
relation présentée par
Sergio Caruso
Président d’ OPIFER (Organizzaz. di Psicoanalisti Italiani Federaz. e Registro) Florence
Permettez moi tout d’abord de faire une petite remarque en ce qui concerne
la traduction imposé au titre de mon intervention. En fait, “Geografia del
corpo, geografia della mente” est devenu en français “Géographie du corps,
géographie de l’esprit”. Je sais bien que cette-ci est la traduction qu’on
propose d’ordinaire, mais – vous savez – je ne me résigne pas a voir le
psychique ou le mental comme “esprit”, en particulier pour ce qu’il y a là-
dedans d’inconscient. En tant que philosophe des sciences sociales, cette
expression “Géographie de l’esprit” me fait penser plutôt à la vexata quaestio
de la classification des sciences. Par contre, ce que je vais traiter en
psychanalyste est un problème qui n’a aucun rapport avec la culture ni les
Wissenschaften (comme on en parle depuis Kant, Hegel, Dilthey), mais
plutôt avec le psychique et ses dimensions les plus primitives et moins
intellectuelles, du point de vue des relations d’objet.
Cependant je dois admettre qu’il y a en effet un lien entre les deux
termes. Parce-que tant les exordes de la subjectivité que les exordes de la
culture ont besoin d’un mythe de fondation, un mythe “istituent”; c’est à dire
un récit qui concerne l’origine, mais aussi – inévitablement le destin.
Fatum, au sens latin: “ce qui est dit” ou, mieux, ce que nous avons dit à nous
mêmes: pour remplacer le vide, pour donner un sens à l’inconnu. Ces
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histoires que nous nous racontons peuvent prendre la forme du mythes
personnel [Mauron 1963] ou du “roman de famille” (c’est à dire de fantaisies
inconscientes) ou bien de fantaisies semi-conscientes plus largement
partagées, comme dans le cas de la mythologie. Mais dans un cas comme
dans l’autre ces récits marquent un destin, que se soit de santé ou de
maladie. La psychanalyse autant que la critique de l’idéologie représentent
des tentatifs de bouleverser le destin que les individus et les communautés se
sont donné.
Les notions d’“enclave” et d’“enfant enclavé” proposées par Tamara Landau
[2004] condensent une phénoménologie complexe, qui comprend une
variété d’aspects. Parmi lesquels, le sentiment d’appartenir au corps
maternel et, par conséquence , que sa propre vie ne soit qu’une partie (pas
du tout autonome) de la vie de sa mère. Cet obscur sentiment correspond à la
fantaisie inconsciente de faire encore part du corps de la mère et comme
“fermé à clé” à l’intérieur de celui-ci. Certes, le fait d’être né est l’object d’une
connaissance rationelle, mais n’est pas ainsi d’une conviction profonde. Le
processus de séparation-individuation, pour citer Mahler, ne c’est pas fait:
l’autonomie affective n’est pas atteinte et, en l’absence d’une vraie
séparation, il se produit dans ces sujets (femmes surtout) ce que l’on pourrait
appeler une “pseudo-individuation”, où l’identification mimétique avec la
mère réelle se tient au lieu d’une saine introjection de la figure maternelle.
Selon Landau, l’identification da la fille avec la mère durant sa propre vie
répète l’identification de la mère avec la fille pendant la grossesse. Ce
sentiment d’identification totale avec la mère est clairement différent par
rapport à d’autres situations par ailleurs analogues, mais moins profondes,
moins compliquées et qui ont des causes différentes. En particulier, il faut le
souligner, cette identification n’est pas la même chose que le fantasme d’être
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“le phallus de la mère”. En effet, dans les cas décrits par Landau, la sensation
d’etre une part de la mère se confond avec le sentiment que la mère soit une
part de soi-meme: ce qui ouvre la voie à une série de vécus paradoxaux.
Avec mon intervention je poursuis deux buts.
Premièrement, de comparer les notions d’“enclave” et “enfant enclavé”
à des notions analogues ou vaguement similaires proposées par d’autres
auteurs. Je me réfère surtout aux notions d’“enclave” selon O’Shaughnessy
[1993], de psychic retreat [Steiner 1993], de claustrum [Meltzer 1992], de
“crypte” (Abraham/Torok 1987], de “claustrofilie” [Fachinelli 1983]. Pour
être clair: aucune de ces notions ne correspond à celle proposée par Landau.
Je tiens donc à dire que la théorie de l’arbre renversé maintient toute son
originalité. Cependant, de chacune de ces notions la théorie de Landau
pourrais apprendre quelque chose d’utile: au fin de grandir et se renforcer.
Au contraire, si ma lecture n’est pas été trop superficielle, aucune de ces
réflèxions n’a été utilisée dans le livre de Tamara Landau. Avec l’exception,
naturellement, de L’écorce et le noyau de Nicolas Abraham et Maria Torok:
cité plusieurs fois pour ce qui concerne la transmission intergénérationnelle
des vécus (sur laquelle Abraham et Torok ont été les premiers, ou parmi les
premiers, à avoir attiré l’attention)1 et la théorie onto-philogénétique des
“catastrophes”, que les deux reprennent de Ferenczi [Bonomi/Borgogno
1 Nous devons en particulier à la psychanalyste argentine (mais naturalisée française)
Haydée Faimberg [1985, 1993] le concept de «téléscopage générationel»: un processus d'identification très particulier, qui condense l'histoire de plusieurs générations (au moins trois). Avec le terme si suggestif de téléscopage, Faimberg désigne l'expérience de «voir de près», comme si c'était présent, ceux qui concernait – dans le passé de la famille – les générations précédentes. René Kaës [1993], pas par hasard un spécialiste de l’analyse de groupe, a également écrit sur la transmission intergénérationnelle des expériences. Ce sont en effet des dynamiques de groupe, éveillées par un groupe imaginaire qui agit de l'intérieur plutôt que de l'extérieur. Sur le vaste problème du «transgénérationnel» je veux aussi signaler un article par Anna Maria Nicolò Corigliano [1996], auquel je me réfère en partie. Enfin, nous ne devons pas oublier que déjà Fromm avait également affirmé qu'au
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2001]. Voilà: ceux deux a part, ni Edna O’ Shaugnessy, ni John Steiner, ni
Donald Meltzer, ni Elvio Fachinelli ne sont utilisés par Landau.
Naturellement je ne pourrais pas approfondir ici la pensée de tous ces
auteurs, mais j’ai retenu du moin utile de les mentionner.
Mon deuxième objectif serait de démontrer la pertinence de cette
théorie dans ce “point de vue géographique” que Meltzer ajoute à la liste des
points de vue psychanalitiques freudiens et post-freudiens.
Sur le premier aspect:
Landau n’est pas la première à avoir utilisé le terme-concept
d’“enclave”. Edna O’Shaughnessy [1993] l’utilis pour certaines
psychothérapies à cadence hebdomadaire – pas toutes, evidemment – qui
n’arrivent pas à etre vraiment psychanalitique; c’est à dire, elles ne
réussissent pas à faire démarrer ce que Meltzer appelle le “processus
analytique”, mais reste sans dévéloppement et sans histoire. La résistance du
patient au travail analytique (facilitée par la dimension temporelle du
setting) consiste ici de conduire l’analyste vers une zone de la vie faiblement
conflictuelle et vers des espaces mentales où les angoisses n’affleurent pas.
Ces espaces de refuge correspondent, en effet, à une partie clivée de soi-
même: tranquille certe, mais petite et non intégrée avec le reste (qui continu
à souffrir). C’est justement cette partie de soi-même, spécialisée au déni de la
souffrance, celle qui sera projecté sur la situation analytique et sur l’analyste,
son garant – identifiés eux mêmes comme un refuge mental et comme une
“enclave” de paix, à l’abris d’angoisses et de conflits. Ce qui permet de passer
50 minutes décentes, mais ne résoudra pas le problème. Entre d’autre
termes l’analyste devient alors la cyble d’une identification projective qui se
répète telle quelle à chaque fois et qui, donc, dans les situations ainsi
moins trois générations sont nécessaires pour qu'une névrose disparaisse complètement.
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structurées, est difficile à reconnaitre (puisqu’elle assume l’apparence d’un
fait de caractère relativement innocent plutôt que d’un mécanisme de
défense activé contre la situation analitique). Egalement difficile, pourtant, il
sera de reconnaître la contre-identification projective de l’analyste, qui
risque de produire une collusion interminable avec le déni opposé par le
patient envers l’existence d’un quelconque problème.
De mon coté je voudrais ajouter deux considérations à celles des auteurs
qui se sont occupés de ce type d’“enclave” [O’Shaughnessy 1993, Rocco 1999,
Filingeri s.d.].
Premièrement: des manoeuvres semblables peuvent se produire
également dans des situations différentes de la psychothérapie à cadence
hebdomadaire, par exemple et en particulier dans les analyses didactiques.
Deuxièmement, je dirais que la réponse typique de l’analyste dans ces cas-là
c’est l’ennui. C’est à dire que l’ennui représente un affect auquel il faut faire
beaucoup d’attention dans l’analyse du contre-transfert.
Bien entendu, l’“enclave” explicitée par Edna O’ Shaughnessy est une
chose totalement différente que l’“enclave” éclaircie par Tamare Landau ou
bien que le fantasme de l’origine, thème principal de ce séminaire. Il est vraie
que l’“enclave” de O’Shaughnessy est une région de la vie mentale dominée
par le déni, mais pas une région secrète et profonde du Soi. Au contraire, il
s’agit d’une région périférique caractérisée par des fonctions que l’on
pourrait définir essentiellement adaptives; une région où l’analiste est attiré
comme si on voulait le détourner. Tout cela n’a rien à voir ni avec le
fantasme (typiquement feminin) d’inclure le corps maternel et d’être en
même temps inclus à l’intérieur du corps, ni avec le bouleversement logique
de l’ordre des générations que Landau dénomine “arbre renversé”. Toutefois
on ne peut pas exclure que les deux enclaves peuvent coexister. On peut
trouver des analysants – ou mieux des non-analysants – où l’enclave dans le
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sens de Edna O’Shaughnessy détourne l’analyste de l’enclave selon Tamara
Landau: comme un trompe-l’oeil ou un buisson qui couvre l’entrée d’un
labyrinthe.
Les observations d’Edna O’Shaughnessy sont, il faut le reconnaître, très
utiles dans la pratique de l’analyse. Toutefois elles ne sont pas tellement
créatives et, autrement que celles de Tamara Landau, ne feraient pas le
bonheur d’un théoricien comme Matte Blanco (s’il était vivant et pouvais les
lire). Je pense, bien entendu, à la conception, soutenue par Ignacio Matte
Blanco [1975], de l’inconscient comme "logique des ensembles infinis", où
toutes les relations (à un certain niveau de régréssion) deviennent
symmétriques et réversibles. Selon une telle logique on pourrait dire que si A
est la mère ou bien la grand-mère de B, alors B est aussi la mère ou la grand-
mère de A et, donc, fille ou petite fille de soi-meme. Je ne sais pas si Tamara
connaît Matte Blanco, mais je suis persuadé qu'elle pourrait trouver dans la
pensé de cet auteur plusieures idées qui permettraient de modéliser la
théorie de l'arbre renversé sur le terrain logico-mathématique.
John Steiner aussi parle de “refuges mental” (psychic retreats) surtout se
réferant à l’organisation mentale des patients borderline et/ou pervers. Dans
ce cas-là il s’agit de sujets avec des éléments psychotiques, où survivent des
représentations irréalistes du corps propre/d’autrui soutenues de défenses
arcaïques comme le clivage et le déni (exemple typique: la femme avec le
pénis). Ces sujets – dit Steiner – sacrifient une partie de soi: un coin dans sa
tete, un espace secret où la croyance irréaliste, et d’une certaine manière
délirante, peut être gardé; loin de la partie saine qui sait que cela ne peut pas
être. Par conséquence le Moi peut s’installer dans la partie saine, en quelque
sorte préservée du délire, et de temps en temps se refuger dans l’espace
secret et faire semblant que la croyance soit vraie. Ce va et vient est typique
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dans les cas de perversions, au fond desquels il y a toujours selon Steiner un
bouleversement de la vérité (twist of the truth).
L’espace secret de l’organisation borderline/perverse décrite par Steiner
ressemble pour certains aspects à l’“espace transitionel”, mais avec beacoup
de considerables différences (qui en expliquent la nature patologique). En
effet, il s’agit d’un espace réifié où le sujet répète toujours le meme jeu avec
des objets impossibles; donc, un espace où l’objet intérieur impose sa loi. Ce
concept est particulièrement clair lorsqu’on pense au féticisme, où le Moi
pense utiliser un object extérieur tandis qu’en réalité il vient d’être utilisé par
un object intérieur; mais on le trouve aussi dans d’autres situations
différentes de la perversion: chaque fois que l’expérience de l’impossible
remplace l’expérience du possible. Il s’agit donc d’une zone du psychisme où
il n’existe pas de développement puisqu’il est impossible d’“apprendre par
l’expérience”.
A l’intérieur de cette zone-refuge les parties les plus faible du Soi sont
tenus en hôtage par des mauvais objets: pseudo-sauvers, dont la proximité
donne une toute-puissance illusoire.
Mais quel sont donc les objets du monde intérieur qui tyrannisent le sujet et
le maintiennent paralysé comme une attrape-sourris?
Steiner s’en remet ici à Meltzer [1992] qui décrit trois compartiments “
dans lesquels le monde intérieur de la mère interieure sera différenciée
(selon une logique primitive de type infantile du haut en bas): la mère-tete,
la mère-sein et la mère cloaque. La première est une figure omnisciente, tout
oeil et cerveau, qui voit tout et dispose de la bonne réponse pour toutes les
quéstions. La deuxième est un sein tout-puissant, riche en resources
intarissables et capable de trouver la solution pour tous les problèmes.La
troisième est une cavité excitante et excitée, supposée capable de créer et de
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procréer n’importe quelle chose.
Jusqu’ici tout va bien. Mais il faut aller voir ce qui se passe dans chacun
de ces compartiments de la mère intérieure. Se poser se genre de questions
signifie pour l’analyste de se mettre “au point de vu géographique”, au fin de
voir où le Moi s’est deplacé et caché. C’est surtout en cela que consiste la
contribution originale de Meltzer, qui ajoute ce “point de vue géographique”
au points de vues classiques de la psycanalyse freudienne (topique,
économique, génétique, dinamique, structurel) et post-freudienne (adaptive,
relationelle).
Bon, il arrive parfois que la mère ne soit pas réellement introjecté. Peut-
être parce-qu’elle ne répond suffisamment dans la relation; ou peut-être
parce-que, comme l’on dit Tamara Landau, elle-même ne le permet point (en
tant que prisonnière d’un fantasme qui n’admet pas de séparation). Dans ce
cas l’enfant, ne pouvant pas l’introjecter, ne peut faire rien d’autre que de
l’incorporer: telle quelle il la voit, avec ses compartiments et leur contenus
imaginaires (l’incorporation comme la forme la plus archaïque
d’identification). Et il ne lui reste aucune autre manière de se mettre en
relation avec elle que des formes d’identification projective intrusive avec ces
contenus-là. Mais ceci est précisément la manière dans laquelle des parties
infantiles du Soi restent prisonnières dans l’un des trois “compartiments”:
dans la tete, dans le sein ou dans la cloaque. Ce à quoi correspondent des
styles de vie paralysés et – comment le dire? . – des “religions privées”
qualifiable respectivement comme: oraculaire, nirvanique ou priapique. Des
religions privées qui ne sont pas proprement fondées sur un mythe d’origine,
parce-que en réalité elles dénient l’origine et empechent n’importe quelle
naissance psicologique (mais marquent toutefois un destin).
Selon Meltzer la “vie dans le claustrum” ressemble à une religion
priapique, lorsque la cloaque maternelle est immaginée comme une cavité
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excitante habitée par le phallus paternel. Par contre, la “vie dans le
claustrum” ressemble à una religion satanique, lorsque la cloaque est
immaginée comme une cavité excitée par la présence d’un bâton fécal. Le
diable en tant que simia Dei et faux créateur.
Or, je me demande si ces fantasmes décrits par Meltzer ne soient pas
fortement conditionnées par les patients qu’il avait analysés, sinon aussi par
leur sexe. En fait, cette image du rectum comme la parodie de l’uterus
pourrait être interprétée comme typiquement masculine, dictée par l’envie.
Meltzer décrit correctement ce qui arrive à un sujet masculin, lorsque des
parties de soi restent bloquées dans le claustrum de type rectale. Mais il y a
un autre type de claustrum, le veritable ventre maternel, duquel nous tous
avons une pre-conception philogénétique, une expérience pre-natale et – les
femmes – une “connaissance” psychosomatique. Meltzer ne dit rien de quoi
peut arriver lorsque un sujet feminin reste trappé là-dedans.
Ceci représente ce que Tamara Landau a décrit si bien. C’est pour cette
raison que je suis convaincu que son livre est, même involontairement, un
example approprié de l’application du “point de vue géographique” théorisé
par Donald Meltzer.
Enfin, la géographie du psychisme que tous le deux ont exploré, n’est
que la géographie d’un corps immaginaire: un corps sans histoire, dans les
chambres duquel étranges divinités impose chaque sa religion.2
2 Je remercie Ginevra Avalle de m’avoir aidé à traduire ce texte de l'italien au français.
19
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