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F É V R I E R 2 0 1 5 : N ° 2 9

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Dans le cadre de ses travaux métropolitains, l’Agam a souhaité, en partenariat avec l’Ins-

titut d’Études Politiques (IEP) d’Aix-en-Provence, appréhender la réalité métropolitaine

vécue par les habitants (pratiques de mobilité, loisirs…) et comprendre leurs attentes à

l’égard de la future métropole1.

Deux étudiants en master 2 de l’IEP, Yacine Zerouki et David Hericotte, ont effectué leur

stage de fin d’étude à l’agence d’urbanisme pour réaliser un sondage à travers des inter-

views de métropolitains, dont une partie a été filmée. Au total, une quarantaine d’entre-

tiens ont été menés sur le périmètre de la future métropole, en essayant de garder une

représentativité de l’ensemble des territoires concernés. Ce numéro de Regards de l’Agam

en livre une synthèse. Leur travail a également donné lieu à une vidéo d’une vingtaine de

minutes disponible sur le site internet de l’Agam.

Ce travail a bénéficié de l’appui de la confédération des CIQ de Marseille et des communes

environnantes (la confédération compte des CIQ adhérents à l’échelle de l’ensemble de

la métropole). Des personnalités, relais d’opinions, ont ainsi pu être identifiées à travers

leurs réseaux. Leur connaissance des attentes et des craintes de la population à l’égard de

la métropole a été par ailleurs déterminante pour définir les guides d’entretiens pour les

enquêtes.

Les conseils de développement ont également été sollicités et ont répondu favorable-

ment. Cependant la coïncidence de la phase d’interviews avec le renouvellement des

conseils n’a pas permis leur contribution à cette enquête.

Attentes des métropolitainsEnquête qualitative

1. Marseille Provence Métropole, Pays d'Aubagne et de l'Étoile, Pays d'Aix, Agglopole Provence, SAN Ouest Provence et Pays de Martigues

ÉDITOLa construction de la métropole AMP est à

l’œuvre. Elle verra le jour en janvier 2016 par la fusion des six intercommunalités du

territoire et elle exercera les compétences que lui confère la loi. Mais indépendamment des

aspects institutionnels, les habitants de l’espace métropolitain ont déjà conscience qu’ils font

partie d’un territoire dans lequel les parcours professionnel, culturel, familial,

résidentiel se construisent en faisant fi de telle ou telle limite administrative.

L’identité métropolitaine s’ancre bien ainsi dans le réel avec l’expression d’attentes,

de mécontentements, d’espoirs qui font partie de la construction métropolitaine. Elle s’inscrit aussi

dans le symbolique (par exemple, l’engouement autour de l’OM) mais aussi l’imaginaire à travers

notamment la relation avec la Méditerranée.En partenariat avec l’IEP d’Aix, nous avons

souhaité interroger les habitants de ce grand territoire pour connaître leurs ressentis et leurs principales attentes et craintes

à l'égard de la métropole.

Laure-Agnès Caradec Présidente de l'Agam

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S O C I É T É

2 Attentes des métropolitains, enquête qualitative

Méthodologie des entretiens

Des interviews de métropolitains « relais d’opinion »En fonction des moyens d’enquête limités, il a été décidé

d’interviewer des métropolitains dont l’investissement as-

sociatif ou dans la société civile les placent en « relais d’opi-

nion » des habitants. La confédération des CIQ a joué le rôle

d’intermédiaire pour identifier et contacter les personnes

enquêtées sur l’ensemble du territoire métropolitain.

40 entretiens ont été réalisés dont 20 filmés. La carte ci-

dessous montre la répartition des entretiens par « bassin de

déplacements » de la Métropole.

Une enquête à partir des déplacements, du cadre de vie et des loisirsLes entretiens se déroulaient en trois parties : les dépla-

cements, le cadre de vie et les loisirs. Chaque thème se

composait de deux séries de questions : les pratiques des

métropolitains avant d’aborder leurs attentes dans le cadre

de la future Métropole.

Un film sur les paroles de métropolitainsL'ensemble des interviews filmées à donné lieu à la réalisation

d'une vidéo pour restituer les paroles des métropolitains.

W www.agam.org

Visualiser la vidéo en flashant ce QR code avec votre smartphone ou directement sur notre site

T RÉPARTITION DES ENTRETIENS SUR LE TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN

A7

A8

A8A51

A51

A52

A50

A55

A50

A54

BAIEDE CASSIS

BAIEDE

LA CIOTAT

RADEDE MARSEILLE

ARCHIPELDE RIOU

ILES DU FRIOUL

GOLFEDE FOS

ÉTANGDE BERRE

ILE DE PLANIER

0 5 10 km

N

EO

S

Autoroutes

Voies principales

Voies ferrées

Limites communales

Limite Aix-Marseille Métropole

Définition du bassin de déplacement

Source : Enquête Ménages Déplacements des Bouches du Rhône, 2009

MarseilleBASSINS DE DÉPLACEMENT

Aix-en-ProvenceMartiguesSalon-de-ProvenceIstresAubagneMarignane - Vitrolles

Sous-secteur de déplacement

A partir des grandes polarités urbaines(Aix-en-Provence centre, Marseille centre...),une commune appartient au bassin de déplace-ment de cette polarité si elle échange principale-ment avec celle-ci.

© CARTO

GRAPH

IE AGAM

- AVRIL 2014

LA CIOTAT

SUD-EST DE MARSEILLE

GARDANNE - MIMET

PERTUISLAMBESC

MARSEILLECENTRE

MARSEILLENORD

AIX-EN-PROVENCE

ALLAUCH

ALLEINS

AUBAGNE

AURIOL

AURONS

LA BARBEN

BEAURECUEIL

BELCODENEBELCODENE

BERRE-L'ETANGBERRE-L'ETANG

BOUC-BEL-AIRBOUC-

BEL-AIR

LA BOUILLADISSE

CABRIESCABRIES

CADOLIVE

CARRY-LE-ROUET

CARRY-LE-ROUET

CASSIS CEYRESTE

CHARLEVAL

CHATEAUNEUF-LE-ROUGE

CHATEAUNEUF-LES-MARTIGUES

LA CIOTAT

CORNILLON-CONFOUX

CUGES-LES-PINS

LA DESTROUSSE

EGUILLES

ENSUES-LA-REDONNE

ENSUES-LA-REDONNE

EYGUIERES

LA FARE-LES-OLIVIERS

FOS-SUR-MERFOS-SUR-MER

FUVEAU

GARDANNE

GEMENOS

GIGNAC-LA-NERTHE

GRANS

GREASQUE

ISTRES

JOUQUES

LAMANON

LAMBESCLAMBESC

LANCON-DE-PROVENCE

MALLEMORT

MARIGNANE

MARTIGUES

MEYRARGUES

MEYREUIL

MIMET

MIRAMAS

PELISSANNE

LA PENNE-SUR-HUVEAUNELA PENNE-SUR-HUVEAUNE

LES PENNES-MIRABEAU

PEYNIER

PEYPIN

PEYROLLES-EN-PROVENCE

PLAN-DE-CUQUES

PORT-DE-BOUC

PORT-SAINT-LOUIS-DU-RHONE

PUYLOUBIER

LE PUY-SAINTE-REPARADE

ROGNAC

ROGNES

LA ROQUE-D'ANTHERON

ROQUEFORT-LA-BEDOULE

ROQUEVAIRE

ROUSSET

LE ROVELE ROVE

SAINT-ANTONIN-SUR-BAYON

SAINT-CANNAT

SAINT-CHAMAS

SAINT-ESTEVE-JANSON

SAINT-MARC-JAUMEGARDE

SAINT-MITRE-LES-REMPARTS

SAINT-PAUL-LEZ-DURANCE

SAINT-SAVOURNIN

SAINT-SAVOURNINSAINT-VICTORET

SALON-DE-PROVENCE

SAUSSET-LES-PINSSAUSSET-LES-PINS

SENAS

SEPTEMES-LES-VALLONS

SIMIANE-COLLONGUE

LE THOLONET

TRETS

VAUVENARGUES

VELAUXVELAUX

VENELLES

VENTABREN

VERNEGUES

VITROLLES

COUDOUX

CARNOUX-EN-PROVENCE

MARSEILLE

PERTUISPERTUIS

SAINT-ZACHARIE

4

3

2

4

114

3

6

1

n Nombre d’entretienspar bassins

S O C I É T É

3Attentes des métropolitains, enquête qualitative

Les enseignements de l'enquête

Des attentes prioritaires sur les déplacementsChez les personnes interviewées, les déplacements

d’échelle métropolitaine apparaissent assez occasionnels

du fait certainement de la surreprésentation de retraités

(plus de la moitié des personnes interrogées). Mais elles

relaient de fortes attentes de la population pour un réseau

de transports en commun plus performant « les bus et

les trains doivent arriver à l’heure et il doit y en avoir plus »

et doté de parkings relais au niveau des gares et pôles

d’échanges. L’importance de la coïncidence des corres-

pondances entre réseau ferré et transports en commun

urbains est également largement mise en avant : « à la

gare de La Ciotat, il y a encore des cars qui partent avant que

le train n’arrive ».

La préservation de la qualité du cadre de vieLes participants à l’enquête considèrent que leur environ-

nement et le lien social représentent l’atout le plus impor-

tant de leur cadre de vie « la vie de quartier et de village est

le point à retenir, on a une relation humaine avec les gens ». Ils

soulignent leurs craintes que la mise en place de la Métro-

pole se traduise par une moindre proximité. Les représen-

tants du périurbain font part de leurs attentes sur la maî-

trise des constructions, en particulier des logements. Ils

souhaitent préserver la taille humaine de leurs communes

et sa convivialité de vie « il faut préserver les parcs pour

empêcher la consommation de l’espace par l’urbanisation ».

Le MuCEM, lieu symbole de la métropoleEn réponse à la question « quels sont les lieux susceptibles

d’être des symboles de la future Métropole ? », de nombreux

lieux reviennent presque systématiquement. Il s’agit de

PAROLES D’ACTEURSJean-Marc CHAPUS

Président

Claude TOSTAIN Trésorier de la Confédération générale

des Comités d'intérêt de quartiers de la ville de Marseille

“ La confédération des CIQ, de part son rayonnement a déjà l’esprit métropolitain. La confédération couvre pratique-ment les Bouches-du-Rhône. Cette métropole, les habitants la vivent au quotidien et les attentes sont très fortes. Les CiQ se sont toujours battus pour la métropole d’abord dans un but de simplification. La métropole est nécessaire pour réunir les compétences en un seul endroit tout en gardant la proxi-mité. Dès le début du processus, les CIQ ont été impliqués aux côtés des institutions. Notre ancienne présidente est montée à la tribune de la première conférence métropolitaine en pré-sence de la ministre Mme Lebranchu. Depuis la création de la mission interministérielle, nous avons essayé de nous impli-quer dans chaque atelier. Pour nous, il est essentiel d’écouter les habitants. Nous avions déjà réalisé un sondage auprès de nos adhérents sur leurs attentes pour les 10 ans à venir. Nous avons eu 3200 réponses : un chiffre au-delà de nos espé-rances. Ce sondage n’avait pas un caractère scientifique mais le nombre de retours permet de dégager des préoccupations : les déplacements arrivaient en tête.Quand l’Agam s’est engagée dans cette enquête avec l’aide des étudiants de l’IEP, nous nous sommes sentis concernés et nous avons mis notre réseau à disposition. Il était néces-saire d’avoir une certaine représentativité de chaque terri-toire. Nous avons sollicité des personnes qui connaissaient le sujet métropolitain. Nous sommes surpris car, d’abord, peu de personnes ont refusé de répondre et finalement, peu de personnes ont exprimé des réticences. Nous comprenons les craintes de certains habitants des communes autour de Mar-seille. Nous nous attendions à beaucoup plus de critiques. Tous les témoignages ont exprimé un espoir, des jours meil-leurs dans le cadre de la métropole. Les citoyens s’intéressent, posent des questions. On ne donne pas assez d’informations compréhensibles et accessibles à toute la population. Il va falloir travailler beaucoup plus sur ce sujet ! ”

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Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaiseLouvre & Paix – La Canebière – CS 41858 13221 Marseille cedex 01Tél : 04 88 91 92 11 - e-mail : agam@agam.org

Toutes nos ressources @ portée de clic sur www.agam.orgPour recevoir nos publications dès leur sortie, inscrivez-vous à notre newsletter

Directeur de la publication : Christian BrunnerRédaction : Nathalie Bruant, Isabelle ColletConception / Réalisation : Pôle graphique AgamMarseille - Février 2015Numéro ISSN : 2266-6257

S O C I É T É

Attentes des métropolitains, enquête qualitative

la Sainte-Victoire, des Calanques, de Notre-Dame de la

Garde et du MuCEM. Le MuCEM semble faire consensus

au point qu’il est le lieu le plus fréquemment cité comme

étant susceptible d’être le symbole de la métropole. Et

on note un certain « chauvinisme » local : par exemple les

Salonais citent les Alpilles et les Istréens, la porte d’Arles.

Marseille Provence 2013 a été largement apprécié par les

interviewés mais est jugé insuffisant pour construire un

début d’identité métropolitaine. La principale attente est

de capitaliser sur MP2013 pour développer la culture à

l’échelle métropolitaine.

L'enseignement majeur : un manque d’informations

La plupart des participants ont profité de l’entretien pour

poser des questions basiques sur le projet de métropole.

La majorité sait que la métropole est un regroupement de

communes. En revanche, de nombreuses zones d’ombre

existent : « Quel est le périmètre de cette future métropole ?

Va-t-on avoir un étage supplémentaire ? Va-t-on supprimer

les communes ? Va-t-on payer plus d’impôts ? »

Pour beaucoup, on « va dans l’inconnu, pour le moment c’est

le flou ».

Trois impressions ressortent en priorité :

les participants se sont montrés pessimistes sur les ca-

pacités d’action de la métropole : « Je ne pense pas que cela

puisse changer grand-chose, cela va rajouter un étage admi-

nistratif », avec cependant un espoir clairement exprimé

que les transports s’améliorent ;

le terme métropole évoque pour les interrogés le gigan-

tisme à l'image des grandes mégalopoles du monde : « il

faut savoir si cette entité ne serait pas encore un monstre qui

engloutirait nos communes. Je ne suis pas contre la métro-

pole mais je me pose des questions » ;

la difficulté à se projeter sur l’échelle métropolitaine : les

retours restent très ancrés sur le territoire de la commune,

ou encore celle du quartier. D’ailleurs, à la question « vous

sentez-vous métropolitain ? » l’intégralité des participants

ont répondu « non ».

Des attentes fortes

Quatre grandes attentes sont exprimées très spontané-

ment lors des questions introductives et conclusives.

Ainsi, la métropole idéale doit être :

proche du citoyen : les interrogés perçoivent la métro-

pole comme un futur centre décisionnel éloigné des pré-

occupations concrètes des habitants. Pour eux, les actuels

EPCI éprouvent déjà des difficultés à créer des liens avec

la population. Ils s’interrogent alors sur la capacité d’une

structure encore plus grande à y parvenir ;

transparente : pour les enquêtés, les citoyens sont per-

dus face à un schéma institutionnel complexe et in fine

opaque. Pour le dire simplement, ils souhaiteraient « savoir

qui fait quoi ». Ils espèrent alors que la métropole clarifiera

le rôle de chacun et ne conduira pas à un étage supplé-

mentaire...

une métropole de la diversité et pas une métropole mar-

seillaise : les habitants hors Marseille craignent que les

décisions n’aillent que dans le sens de la cité phocéenne au

point d’engloutir les communes avoisinantes… Ils espèrent

donc que la future métropole prenne en compte la diver-

sité des intérêts locaux ;

prioritairement concentrée sur les transports et l’éco-

nomie : dès les questions introductives, la question des

transports a rapidement été évoquée. La thématique des

loisirs, et dans une moindre mesure, celle du cadre de vie

sont apparues comme secondaires face l’emploi.