récits mythologiques et littérature

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Sylvie GUFFOND, CPC Bonneville, 74 Récits mythologiques et littérature DOSSIER PEDAGOGIQUE pour la liaison CM2/6 e Je vous propose des pistes d’activités, de manière non exhaustive bien sûr. Charge à vous de faire votre choix dans ces propositions, de les aménager… en fonction du projet que vous souhaitez mener et des textes que vous avez déjà pu étudier. D’une façon générale, le travail sur la mythologie est très riche et permet avant tout de donner des références culturelles. Quelques livres : Les Héros grecs Auteur : Florence Noiville Illustrateur : Christine Noiville Editeur : Actes Sud junior Collection : Naissances du monde Octobre 2002 - 10,52 euros Conte à partir de 10 ans Thèmes : Mythologie, Antiquité/Grèce, Contes, légendes, merveilleux Les fabuleuses histoires d'Ulysse Auteur : Brigitte Coppin Illustrateur : Antoine Ronzon Editeur : Tourbillon Collection : Fabuleuses histoires de Novembre 2003 - 15,90 euros Album à partir de 10 ans Thèmes : Mythologie, Mythe - Légende, Antiquité/Grèce, Contes, légendes, merveilleux Les mythes racontés par les peintres Auteur : Marie Bertherat Editeur : Bayard jeunesse 2000 Documentaire à partir de 10 ans Thèmes : Mythologie , Art , Antiquité/Rome , Antiquité/Grèce , Arts, patrimoine, culture , Contes, légendes, merveilleux Sacrés caractères. Ulysse le petit malin, Hercule le petit costaud, Pandore la curieuse Auteur : Mireille Vautier Illustrateur : Mireille Vautier Editeur : Gallimard Jeunesse Collection : Giboulées Septembre 2004 - 11 euros Roman à partir de 5 ans Ce livre fait partie de la sélection de RicochetThèmes : Mythologie, Apprentissage de la vie, Contes, légendes, merveilleux, Citoyenneté, tolérance, société Arts visuels & contes et légendes, cycles 1, 2, 3 & collège Editeur : CRDP DE FRANCHE-COMTE BESANÇON Serpents, vouivres et dragons. Sorcière, loup et Chaperon. Orphée et le Minotaure. Courbet, Rodin et Picasso… Autant de héros d’instal lations, de modelages, volumes, pièces dansées, théâtres de papier, dessins, photomontages, images numériques... Arts visuels & contes et légendes fait résonner littérature et arts visuels, en croisant pour chaque genre littéraire, des œuvres d’artistes, des ateliers pratiques et des textes d’information. Il invite les élèves à : • représenter plastiquement le monde des récits mythologiques, des contes, des légendes et des fables ; • constituer une culture et des repères artistiques communs ; • cultiver une attitude de curiosité pour les productions artistiques patrimoniales ou contemporaines, nationales ou étrangères, locales ou éloignées ; • faire la distinction entre produits de consommation culturelle et œuvres d’art. 32 ateliers transposables sont déclinés pour les cycles de l’école primaire et du collège. Ils permettent de construire des projets pluridisciplinaires en conformité avec les nouveaux programmes d’arts visuels, d’arts plastiques et d’histoire des arts à l’école et au collège. Les auteurs, Pascale Bertrand, Annie Borsotti et Béatrice Laurent sont professeurs des écoles et maîtres formateurs. La collection Arts visuels & est dirigée par Nicole Morin. Une activité de synthèse : construction d’un jeu de familles : chaque famille est constituée d'un héros, d'un lieu, d'un événement, d'un personnage secondaire

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Page 1: Récits mythologiques et littérature

Sylvie GUFFOND, CPC Bonneville, 74

Récits mythologiques et littérature DOSSIER PEDAGOGIQUE pour la liaison CM2/6e

Je vous propose des pistes d’activités, de manière non exhaustive bien sûr. Charge à vous de faire votre choix dans ces propositions, de les aménager… en fonction du projet que vous souhaitez mener et des textes que vous avez déjà pu étudier.

D’une façon générale, le travail sur la mythologie est très riche et permet avant tout de donner des références culturelles. Quelques livres :

Les Héros grecs Auteur : Florence Noiville Illustrateur : Christine Noiville Editeur : Actes Sud junior Collection : Naissances du monde Octobre 2002 - 10,52 euros Conte à partir de 10 ans Thèmes : Mythologie, Antiquité/Grèce, Contes, légendes, merveilleux

Les fabuleuses histoires d'Ulysse Auteur : Brigitte Coppin Illustrateur : Antoine Ronzon Editeur : Tourbillon Collection : Fabuleuses histoires de Novembre 2003 - 15,90 euros Album à partir de 10 ans Thèmes : Mythologie, Mythe - Légende, Antiquité/Grèce, Contes, légendes, merveilleux

Les mythes racontés par les peintres

Auteur : Marie Bertherat Editeur : Bayard jeunesse 2000 Documentaire à partir de 10 ans Thèmes : Mythologie, Art, Antiquité/Rome, Antiquité/Grèce, Arts, patrimoine, culture, Contes, légendes, merveilleux

Sacrés caractères. Ulysse le petit malin, Hercule le petit costaud, Pandore la curieuse Auteur : Mireille Vautier Illustrateur : Mireille Vautier Editeur : Gallimard Jeunesse Collection : Giboulées Septembre 2004 - 11 euros Roman à partir de 5 ans Ce livre fait partie de la sélection de RicochetThèmes : Mythologie, Apprentissage de la vie, Contes, légendes, merveilleux, Citoyenneté, tolérance, société

Arts visuels & contes et légendes, cycles 1, 2, 3 & collège Editeur : CRDP DE FRANCHE-COMTE – BESANÇON

Serpents, vouivres et dragons. Sorcière, loup et Chaperon. Orphée et le Minotaure. Courbet, Rodin et Picasso… Autant de héros d’installations, de modelages, volumes, pièces dansées, théâtres de papier, dessins, photomontages, images numériques... Arts visuels & contes et légendes fait résonner littérature et arts visuels, en croisant pour chaque genre littéraire, des œuvres d’artistes, des ateliers pratiques et des textes d’information. Il invite les élèves à : • représenter plastiquement le monde des récits mythologiques, des contes, des légendes et des fables ; • constituer une culture et des repères artistiques communs ; • cultiver une attitude de curiosité pour les productions artistiques patrimoniales ou contemporaines, nationales ou étrangères, locales ou éloignées ; • faire la distinction entre produits de consommation culturelle et œuvres d’art. 32 ateliers transposables sont déclinés pour les cycles de l’école primaire et du collège. Ils permettent de construire des projets pluridisciplinaires en conformité avec les nouveaux programmes d’arts visuels, d’arts plastiques et d’histoire des arts à l’école et au collège. Les auteurs, Pascale Bertrand, Annie Borsotti et Béatrice Laurent sont professeurs des écoles et maîtres formateurs. La collection Arts visuels & est dirigée par Nicole Morin.

Une activité de synthèse : construction d’un jeu de familles : chaque famille est constituée d'un héros, d'un lieu, d'un événement, d'un personnage secondaire

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Sylvie GUFFOND, CPC Bonneville, 74

Un point sur le socle commun Compétences du socle commun mises en œuvre à travers ce travail, pour la compétence 5 : culture humaniste

Palier 2 : fin de CM2 Palier 3 : collège

Lire des œuvres majeures du patrimoine et de la littérature pour la jeunesse

Avoir des connaissances et des repères relevant de la culture littéraire : œuvres littéraires du patrimoine

Distinguer les grandes catégories de la création artistique (littérature, musique, danse, théâtre, cinéma, dessin, peinture, sculpture, architecture)

Avoir des connaissances et des repères relevant de la culture artistique : œuvres picturales, scéniques, musicales, architecturales ou cinématographiques du patrimoine

Reconnaître et décrire des œuvres préalablement étudiées

Etablir des liens entre les œuvres (littéraires, artistiques) pour mieux les comprendre

Établir des liens entre les textes lus

Pratiquer le dessin et diverses formes d’expressions visuelles et plastiques

Lire et employer différents langages : textes, images…

Inventer et réaliser des textes, des œuvres plastiques, des chorégraphies ou des enchaînements, à visée artistique ou expressive

Connaître et pratiquer diverses formes d’expression à visée littéraire Connaître et pratiquer diverses formes d’expression à visée artistique

Compétences du socle commun mises en œuvre à travers ce travail, pour la compétence 7 : autonomie et initiative

Palier 2 : fin de CM2 Palier 3 : collège

Respecter des consignes simples en autonomie Etre autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et sélectionner des informations utiles

Être persévérant dans toutes les activités S’engager dans un projet individuel

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Les métamorphoses : vers un travail en réseau

Travail sur le texte d’Ovide : « Apollon et Daphné » Daphné (I, 452-567)

Fille du fleuve Pénée, Daphné fut le premier objet de la tendresse d'Apollon. Cette passion ne fut point l'ouvrage de l'aveugle hasard, mais la vengeance cruelle de l’Amour irrité. Le dieu de Délos, fier de sa nouvelle victoire sur le serpent Python, avait vu le fils de Vénus qui tendait avec effort la corde de son arc : "Faible enfant, lui dit-il, que prétends-tu faire de ces armes trop fortes pour ton bras efféminé ? Elles ne conviennent qu'à moi, qui puis porter des coups certains aux monstres des forêts, faire couler le sang de mes ennemis, et qui naguère ai percé d'innombrables traits l'horrible Python qui, de sa masse venimeuse, couvrait tant d'arpents de terre. Contente-toi d'allumer avec ton flambeau je ne sais quelles flammes, et ne compare jamais tes triomphes aux miens."

[463] L'Amour répond : "Sans doute, Apollon, ton arc peut tout blesser; mais c'est le mien qui te blessera; et autant tu l’emportes sur tous les animaux, autant ma gloire est au-dessus de la tienne". Il dit, et frappant les airs de son aile rapide, il s'élève et s'arrête au sommet ombragé du Parnasse : il tire de son carquois deux flèches dont les effets sont contraires; l'une fait aimer, l'autre fait haïr. Le trait qui excite l'amour est doré; la pointe en est aiguë et brillante : le trait qui repousse l'amour n'est armé que de plomb, et sa pointe est émoussée. C'est de ce dernier trait que le dieu atteint la fille de Pénée; c'est de l'autre qu'il blesse le cœur d'Apollon. Soudain Apollon aime; soudain Daphné fuit l'amour : elle s'enfonce dans les forêts, où, à l'exemple de Diane, elle aime à poursuivre les animaux et à se parer de leurs dépouilles : un simple bandeau rassemble négligemment ses cheveux épars.

Plusieurs amants ont voulu lui plaire; elle a rejeté leur hommage. Indépendante, elle parcourt les solitudes des forêts, dédaignant et les hommes qu'elle ne connaît pas encore, et l'amour, et l'hymen et ses nœuds. Souvent son père lui disait, "Ma fille, tu me dois un gendre"; il lui répétait souvent, "Tu dois, ma fille, me donner une postérité". Mais Daphné haïssait l'hymen comme un crime, et à ces discours son beau visage se colorait du plus vif incarnat de la pudeur. Jetant alors ses bras délicats autour du cou de Pénée : "Cher auteur de mes jours, disait-elle, permets que je garde toujours ma virginité. Jupiter lui-même accorda cette grâce à Diane". Pénée se rend aux prières de sa fille. Mais, ô Daphné ! Que te sert de fléchir ton père ? ta beauté ne te permet pas d'obtenir ce que tu réclames, et tes grâces s'opposent à l'accomplissement de tes vœux.

[474] Cependant Apollon aime : il a vu Daphné; il veut s'unir à elle : il espère ce qu'il désire; mais il a beau connaître l'avenir, cette science le trompe, et son espérance est vaine. Comme on voit s'embraser le chaume léger après la moisson; comme la flamme consume les haies, lorsque pendant la nuit le voyageur imprudent en approche son flambeau, ou lorsqu'il l'y jette au retour de l'aurore, ainsi s'embrase et brûle le cœur d'Apollon; et l'espérance nourrit un amour que le succès ne doit point couronner.

Il voit les cheveux de la Nymphe flotter négligemment sur ses épaules : Et que serait-ce, dit-il, si l'art les avait arrangés ? Il voit ses yeux briller comme des astres; il voit sa bouche vermeille; il sent que ce n'est pas assez de la voir. Il admire et ses doigts, et ses mains, et ses bras plus que demi nus; et ce qu'il ne voit pas son imagination l'embellit encore. Daphné fuit plus légère que le vent; et c'est en vain que le dieu cherche à la retenir par ce discours :

[504] "Nymphe du Pénée, je t'en conjure, arrête ! Ce n'est pas un ennemi qui te poursuit. Arrête, nymphe, arrête ! La brebis fuit le loup, la biche le lion; devant l'aigle la timide colombe vole épouvantée : chacun fuit ses ennemis; mais c'est l'amour qui me précipite sur tes traces. Malheureux que je suis ! Prends garde de tomber ! Que ces épines ne blessent point tes pieds ! que je ne sois pas pour toi une cause de douleur ! Tu cours dans des sentiers difficiles et peu frayés. Ah ! je t'en conjure, modère la rapidité de tes pas; je te suivrai moi-même plus lentement. Connais du moins l'amant qui t'adore : ce n'est point un agreste habitant de ces montagnes; ce n'est point un pâtre rustique préposé à la garde des troupeaux. Tu ignores, imprudente, tu ne connais point celui que tu évites, et c'est pour cela que tu le fuis. Les peuples de Delphes, de Claros, de Ténédos, et de Patara, obéissent à mes lois. Jupiter est mon père. Par moi tout ce qui est, fut et doit être, se découvre aux mortels. Ils me doivent l'art d'unir aux accords de la lyre les accents de la voix. Mes flèches portent des coups inévitables; mais il en est une plus infaillible encore, c'est celle qui a blessé mon cœur. Je suis l'inventeur de la médecine. Le monde m'honore comme un dieu secourable et bienfaisant. La vertu des plantes m'est connue; mais il n'en est point qui guérisse le mal que fait l'Amour; et mon art, utile à tous les hommes, est, hélas ! Impuissant pour moi-même."

[525] Il en eût dit davantage; mais, emportée par l'effroi, Daphné, fuyant encore plus vite, n'entendait plus les discours qu'il avait commencés. Alors de nouveaux charmes frappent ses regards : les vêtements légers de la Nymphe flottaient au gré des vents;

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Zéphyr agitait mollement sa chevelure déployée, et tout dans sa fuite ajoutait encore à sa beauté. Le jeune dieu renonce à faire entendre des plaintes désormais frivoles : l’Amour lui-même l'excite sur les traces de Daphné; il les suit d'un pas plus rapide. Ainsi qu'un chien gaulois, apercevant un lièvre dans la plaine, s'élance rapidement après sa proie dont la crainte hâte les pieds légers; il s'attache à ses pas; il croit déjà la tenir, et, le cou tendu, allongé, semble mordre sa trace; le timide animal, incertain s'il est pris, évite les morsures de son ennemi, et il échappe à la dent déjà prête à le saisir : tels sont Apollon et Daphné, animés dans leur course rapide, l'un par l'espérance, et l'autre par la crainte. Le dieu paraît voler, soutenu sur les ailes de l'Amour; il poursuit la nymphe sans relâche; il est déjà prêt à la saisir; déjà son haleine brûlante agite ses cheveux flottants.

[543] Elle pâlit, épuisée par la rapidité d'une course aussi violente, et fixant les ondes du Pénée : "S'il est vrai, dit-elle, que les fleuves participent à la puissance des dieux, ô mon père, secourez-moi ! ô terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis cette beauté qui me devient si funeste" ! À peine elle achevait cette prière, ses membres s'engourdissent; une écorce légère presse son corps délicat; ses cheveux verdissent en feuillages; ses bras s'étendent en rameaux; ses pieds, naguère si rapides, se changent en racines, et s'attachent à la terre : enfin la cime d'un arbre couronne sa tête et en conserve tout l'éclat. Apollon l'aime encore; il serre la tige de sa main, et sous sa nouvelle écorce il sent palpiter un cœur. Il embrasse ses rameaux; il les couvre de baisers, que l'arbre paraît refuser encore : "Eh bien ! dit le dieu, puisque tu ne peux plus être mon épouse, tu seras du moins l'arbre d'Apollon. Le laurier ornera désormais mes cheveux, ma lyre et mon carquois : il parera le front des guerriers du Latium, lorsque des chants d'allégresse célébreront leur triomphe et les suivront en pompe au Capitole : tes rameaux, unis à ceux du chêne, protégeront l'entrée du palais des Césars; et, comme mes cheveux ne doivent jamais sentir les outrages du temps, tes feuilles aussi conserveront une éternelle verdure."

Il dit; et le laurier, inclinant ses rameaux, parut témoigner sa reconnaissance, et sa tête fut agitée d'un léger frémissement.

Un texte plus abordable :

APOLLON ET DAPHNE Le Dieu Apollon est amoureux de Daphné, la fille du fleuve Pénée. Apollon poursuit la jeune fille, qui cherche à lui échapper car elle ne l’aime pas. Apollon est plus rapide et ne s’accorde pas de repos. Déjà il se penche sur les épaules de la fugitive et, de son souffle, il effleure les cheveux sur son cou. Daphné, elle, à bout de forces, est devenue toute pâle. Brisée par la fatigue d’une fuite si rapide, elle s’écrie, en regardant les eaux du Pénée : « Viens à mon secours, mon père, si les fleuves comme toi ont un pouvoir divin. En me métamorphosant, fais moi perdre cette apparence trop séduisante. » A peine a-t-elle fini sa prière qu’une lourde torpeur envahit ses articulations. Une mince écorce entoure sa souple poitrine. Ses cheveux s’allongent, se changent en feuillage, ses bras en rameaux. Ses pieds, tout à l’heure si rapides, adhèrent au sol par des racines. La cime d’un arbre couronne sa tête. Mais son éclat reste inchangé et Apollon cependant l’aime toujours. La main posée sur le tronc, il sent encore palpiter le cœur sous l’écorce nouvelle. Il entoure de ses bras les rameaux comme si c’étaient des membres, et couvre le bois de ses baisers. Apollon s’écrie alors : « puisque tu ne peux pas être mon épouse, du moins tu seras mon arbre. Désormais, c’est toi, ô laurier, qui orneras ma chevelure, ma lyre et mes carquois. Et toi Daphné, porte toujours ta couronne de feuillage comme marque d’honneur éternelle. » Ainsi avait parlé Apollon. Le laurier inclina ses rameaux tout nouveaux et le dieu vit la cime du laurier s’agiter comme une tête.

Ovide (43 av JC – 18 ap. JC), Les métamorphoses, livre I, traduit du latin par C Bertagna

Activités possibles : 1) Proposer aux élèves de chercher des textes contenant une ou des métamorphoses (ex : Terriblement vert :

très accessible (niveau 1) et dans la liste du ministère ; Peau d’âne : déguisement pour échapper à une cour trop pressante…)

2) Découverte du texte : on pourra utiliser différentes modalités pour rendre ce texte accessible aux élèves : Le raconter avant de leur lire, le raconter seulement, le faire lire puis le faire raconter…

3) Echanges oraux : faire poser le contexte historique (époque romaine, Ovide, mythologie), reformuler oralement ou à l’écrit

4) En regard des œuvres artistiques, trouver celle qui fait référence à cela. 5) Avec ce texte ou avec plusieurs textes traitant de métamorphoses, répondre aux questions du type : qui a

été métamorphosé ? Par qui ? En quoi ? Pour quelle raison ?

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On peut aussi entrer dans le texte par le vocabulaire, comme le suggère Ph Desvaux : je proposerais comme entrée préalable à la lecture : métamorphose/transformation, champ lexical de l’arbre/symbolique du laurier et des lauriers (sens propre et sens figuré, lauréat…) Au collège : on peut aussi aller sur le thème de la poursuite On pourra faire relever les étapes de la métamorphose : Parties du corps Eléments végétaux

Poitrine Ecorce

Cheveux Feuillage

Bras Rameaux

Pieds Racine

Tête Cime d’un arbre

Tris dans le but de faire extraire la notion de métamorphose : Les métamorphoses scientifiques Trier les ouvrages qui proposent des métamorphoses de l'ordre du documentaire : - métamorphoses de la matière (changements d'état, recettes de cuisine, ingrédients, cuisson, ébullition, réfrigération…) - métamorphoses naturelles dans le cycle de vie des animaux et des plantes (grenouilles, abeilles, papillons, insectes divers, graines, fleurs, fruits, la croissance, la naissance, grandir) - métamorphoses dans la nature et l'environnement : transformation de la ville, du paysage → Étudier, expérimenter à partir de ces ouvrages, en lien avec les matières scientifiques. → Analyser s'il s'agit d'une évolution naturelle (Du têtard à la grenouille) ou d'une transformation due à l'action de l'homme, volontaire ou non (La petite maison, Une ville au fil du temps.). → Comparer une métamorphose dans un documentaire scientifique et dans un roman. Relever les similitudes et les différences au niveau du vocabulaire.

Les métamorphoses fictionnelles Trouver les critères qui vont permettre d'établir les catégories et de classer les livres du corpus (textes extraits, livres déjà lus, résumés…). Cette activité s'effectuera avec l'aide du maître, qui guidera les élèves dans les comparaisons et les analyses d'ouvrages, en particulier pour les métamorphoses à caractère psychologique, souvent évoquées par l'image. Chercher tout ce qui entraîne une métamorphose : objet, acte, parole, illusion, rencontre. Pour chaque métamorphose, quelle que soit la catégorie, on pourra analyser : Qui transforme ? Combien de temps dure la transformation ? Qui est transformé ? Pourquoi ? En quoi ? Avec ou sans objet ? Avec ou sans aide ?

On pourra établir un tableau comparatif, par exemple :

Personnage

métamorphosé Etat

initial Etat final

Durée de la métamorphose

Source de la métamorphose (objet, formule,

personnage

Métamorphose positive ou

négative

Motivation de la

métamorphose

Titre

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▲ Les élèves pourront tenter de déterminer s'il s'agit de : - Métamorphose involontaire de l'homme victime des sortilèges (métamorphose subie) - Métamorphose délibérée par science personnelle ou par aide magique, métamorphose décidée, choisie (don, pouvoir magique) - Métamorphose naturelle du personnage qui appartient à la fois à l'espèce humaine et à l'espèce animale (plus rarement végétale) - Métamorphose spontanée (Daphné en laurier, Narcisse en fleur, Eglé en sapin.) - Métamorphose initiatique : certains passages évolutifs de la vie peuvent être perçus comme des métamorphoses (la puberté, le passage de l'enfance à l'âge adulte.) - Métamorphose définitive ou temporaire ?

▲ Les métamorphoses en lien avec un ou des objets : - Métamorphose d'un objet en être humain. Elle correspond souvent à la naissance d'un enfant ardemment désiré (Pinocchio). Parfois, l'objet ne prend pas une apparence humaine mais acquiert une âme qui le pousse à aider ses maîtres. - Métamorphose d'un humain en objet (Légende du jardin japonais). - Métamorphose par l'intermédiaire d'un objet. Référence à la magie du travail (hache des bûcherons, filet du pêcheur, cuillère ou pot.)

Par l'imagination, certains personnages transforment des objets. Dans Tout change, certaines choses, indépendantes de l'enfant, continuent à se transformer au-delà de son regard. L'univers se métamorphose à partir de son point de vue. - Rechercher les éléments annonciateurs de transformations. - Sélectionner les images qui montrent que « les choses changent » autour du garçon et les décrire.

▲ Les motivations de la métamorphose Réfléchir aux motivations et aux causes de la métamorphose : s'agit-il d'amour, de ruse, d'une punition, d'une récompense, d'une transformation qui permet d'asseoir son identité. ?

Les contes étiologiques évoquent souvent une métamorphose en expliquant par un récit imaginaire la particularité d'un animal ou d'un lieu (pourquoi l'éléphant a une trompe, pourquoi le chameau a deux bosses, la naissance de l'Arc de Triomphe.)

Rechercher des livres qui proposent : - des métamorphoses dans l'imaginaire, le discours, vers la notion d'identité (Je vais me sauver) - des métamorphoses d'un groupe, pouvoir de la parole, représentation (À calicochon) - des métamorphoses comme conséquence d'un acte ou d'un accident (Terriblement vert) - des métamorphoses comme revanche des petits sur les parents (Le grand livre vert) - des métamorphoses provoquées par l'émotion, l'amour, le besoin de grandir (Petit) - des métamorphoses qui expliquent la particularité d'un animal (365 contes des pourquoi et des comment ?)

La métamorphose à travers les genres littéraires Dès le primaire, on pourra étudier le motif de la métamorphose dans les différents genres littéraires (albums, romans, contes, récits fantastiques, théâtre...).

- Les contes : penser aux transformations inverses (animal →humain), où le pouvoir de l’amour, par exemple, occasionne la transformation d’un crapaud en prince charmant !

- Dans Le Grand livre vert, le personnage se transforme en vieillard car il a trouvé « un grand livre rempli de formules magiques : comment vieillir ou rajeunir selon ses désirs, comment faire obéir les animaux, devenir invisible ».

- Dans Pinocchio, récit proche du conte, un morceau de bois se met à parler. Dans ce contexte, la métamorphose relève de la magie. Par définition, elle ne s'explique pas et s'opère selon l'expression « par un

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coup de baguette magique ». C'est un phénomène brusque soudain, que le narrateur ne cherche pas forcément à expliquer.

Il serait intéressant, par cette approche de trouver d'autres exemples de récits ou contes faisant référence à la magie et ainsi déterminer une des spécificités de ce genre littéraire à savoir un récit situé dans des temps immémoriaux, indéterminés où tout est possible puisqu'il s'agit d'un univers de légende et de fantaisie. - Relever les métamorphoses instantanées magiques - Rechercher d'autres contes qui proposent des métamorphoses de ce type.

Dans un deuxième temps, un parallèle peut être fait avec le thème de « grandir ». Toute évolution n'est-elle pas une métamorphose ? Les transformations d'un personnage sont parfois un cheminement initiatique où le héros doit passer par des états différents pour accéder au bonheur final. Dans le même mouvement, la métamorphose illustre souvent dans le conte, des fantasmes, des désirs enfantins.

- Ainsi dans Le Grand livre vert, prendre l'apparence d'un vieil homme signifie pour le jeune héros : supplanter l'autorité des adultes, bien travailler sans se fatiguer, rétablir ce que l'on croit être plus juste.

- Dans Pinocchio, la récompense suprême tient dans les propos de la fée « les enfants qui secourent avec amour leurs parents dans leurs misères et dans leurs infirmités méritent toujours beaucoup de louanges et d'affection, alors même qu'on ne peut pas les citer comme des modèles d'obéissance. » La métamorphose de Pinocchio en petit garçon est bel et bien une transformation psychologique positive, il devient un être de chair et de sang et accède à l'humanité.

- Comparer avec d'autres contes qui utilisent la métamorphose pour exprimer des désirs enfantins. - Poser à la classe la question « si j'avais le pouvoir de me transformer, en quoi le ferais-je et dans quel but ? ».

Un travail sera mené à la fois sur l'expression orale et écrite.

Rechercher des contes dans lesquels un même personnage se métamorphose plusieurs fois. Lister les différentes métamorphoses de ce personnage. Comparer dans les différentes versions la description de chacune des métamorphoses.

- Par exemple, dans Pinocchio toujours, relever toutes les transformations du héros (enfant, nez, âne.) ainsi que celles d'autres personnages. Repérer les expressions et les verbes utilisés pour décrire les métamorphoses. On trouve ainsi pour la transformation de Pinocchio en âne : « Représentez-vous donc sa stupeur lorsqu'il constata, en touchant ses oreilles avec la main, que, durant la nuit, celles-ci étaient devenues comme des plats à barbe » (Pinocchio - Albin Michel - 2003). « Représentez-vous donc sa stupeur lorsqu'il constata, en touchant ses oreilles avec la main, que, durant la nuit, elles étaient devenues longues comme une pelle à tarte » (Pinocchio - Hachette - 2003). Dans les versions qui proposent une table des chapitres, faire des hypothèses à partir des titres de chapitres et rechercher ceux dans lesquels il peut y avoir une métamorphose.

- Dans Ilide et Irline de Béatrix Beck (in L'île dans une bassine d'eau), Irline va subir plusieurs métamorphoses dues à la jalousie de sa sœur : elle sera transformée en garçon (par une fée), en cheval (par un enchanteur), en arbre (par une sorcière), en pierre (par le diable). Les lister et réfléchir à la progression qu'elles évoquent au niveau du manichéisme.

À partir du collège, le motif de la métamorphose pourra être utilisé pour comparer deux genres littéraires : le conte et le récit fantastique. Si le conte omet de décrire le processus de la transformation d'un personnage, il en va tout autrement dans l'univers du récit fantastique. Dans ce contexte, la métamorphose s'attaque à l'intégrité corporelle. Les descriptions deviennent hyperréalistes.

- Dans Terriblement vert, la métamorphose est décrite étape par étape : un petit garçon se transforme en arbre. Son copain est alors pris de panique : « J'ai foncé dans la chambre de Maman pour dénicher le numéro des urgences *.+ J’ai refait ce numéro dix fois *.+ Je nageais en plein cauchemar ». La métamorphose devient alors le moteur du récit. Cette tension est d'autant plus palpable car relayée par les illustrations assez inquiétantes de François Roca dessinant des grands yeux inquiets d'enfant au teint verdâtre.

- Dans J'étais un rat, certains indices troublants révèlent l'ancienne identité de Roger : « [Il] glissa précautionneusement la main vers le pot et tout doucement prit un crayon. Il lui était impossible de se retenir, un peu comme un chien ne pouvait s'empêcher d'engloutir la gamelle du chat dès que l'occasion s'en présentait ». Et le narrateur de préciser que « la mine de plomb avait laissé des traces tout autour [de la

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bouche] de même que des petits éclats de peinture rouge ». Le lecteur visualise alors les dents du rongeur. Ce phénomène est d'autant plus étrange qu'il apparaît dans un contexte tout à fait banal, le couple ayant recueilli l'enfant rat habite la rue depuis plusieurs générations, a pignon sur rue en qualité de cordonnier et blanchisseur. De même que le journal local diffuse la surprenante information. Ce récit est l'exemple type d'un détournement d'un genre littéraire, ici en l'occurrence le conte de Cendrillon. À partir de là, les élèves pourront faire ressortir les différences qui opposent le conte au récit fantastique.

Comparer ces ouvrages de fiction avec l'univers des Mangas, genre connu de la culture populaire des enfants. Ces ouvrages véhiculent aussi des représentations de personnages qui ont le pouvoir de se transformer. Faire un lien avec les films de héros qui se transforment pour vivre leurs aventures (Spiderman, Batman, Superman, Hulk.).

Trouver d'autres personnages qui se transforment et comparer leurs univers littéraires (il s'agit souvent d'une épopée, d'une quête).

Les métamorphoses dans la mythologie La métamorphose est le propre des Dieux par rapport aux humains. Les dieux de l'Olympe descendent rarement sur Terre mais, dans ce cas, ils revêtent une apparence humaine ou animale (Apollon, Arès, Héphaïstos, Hermès, Poséidon, Zeus, Hadès, Aphrodite, Artémis, Athéna, Déméter, Héra, Hestia.). Dans la mythologie, les hommes animaux vivent entre eux sous l'apparence humaine et, en croisant des humains, reprennent une apparence animale. Il leur arrive pour des raisons sentimentales, d'apparaître sous la forme humaine aux yeux des humains et abandonnent alors leur aspect bestial pour aimer. Quelques métamorphoses de la mythologie : Proposer aux élèves une liste de héros mythologiques et leur demander de chercher en quoi ils sont transformés. Rechercher la culture d'origine des mythes (niveau collège, lycée) De nombreuses histoires de métamorphoses viennent de l'Inde et sont liées à la doctrine de transmigration des âmes. Elles ont été reprises dans les mythes grecs et latins (Ovide).

- Rechercher leurs symboles, ce qui a trait à la naissance (de l'univers, des peuples, des villes, des continents.), à la rivalité, au pouvoir, à l'amour qui transforme les êtres. - Rechercher de quelles façons les mythes de métamorphoses sont traités dans les autres cultures (collection Les naissances du monde - Actes Sud ; Contes des peuples de Chine). - Repérer et décrire les différentes étapes de la représentation d'une métamorphose. - Pour les représentations des métamorphoses mythologiques, comparer deux reproductions de la même métamorphose. Rechercher le texte et remarquer la façon dont le tableau illustre le texte.

La métamorphose dans le langage Rechercher le vocabulaire particulier utilisé pour décrire une métamorphose : - Dans « Terriblement vert », chercher les procédés linguistiques employés pour rendre compte de la métamorphose physique et psychologique (chapitres 3 et 4)

- Relever les verbes de transformation qui indiquent un changement d'état et qui aident à repérer les différentes étapes de la métamorphose (pousser, rétrécir, rapetisser, grandir, apparaître, gonfler.). - Classer les verbes selon le changement qu'ils expriment (matière ou consistance, couleur, forme.) Jusqu'à la fin du cycle 2, les élèves analyseront les métamorphoses physiques ; à partir du cycle 3, ils pourront s'intéresser aussi aux métamorphoses internes et psychologiques, plus complexes, ainsi qu'au champ lexical qui traduit les sentiments.

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- À partir des mots d'un texte, effectuer des relevés de phrases significatives, puis, en ateliers, construire en dessin le personnage qui se métamorphose sans oublier de détails. - légender le dessin en utilisant les mots du livre. - confronter les dessins et comparer les représentations. - À partir de J'étais un rat, travailler les champs lexicaux et analyser le vocabulaire utilisé (grignoter, ronger, mâchonner, bondir, mordre, ramper.). - Dans certains récits fantastiques, relever les termes qui concernent les humains et ceux qui concernent les objets et les mettre en parallèle. Par exemple, dans Terriblement vert :

bras branches

jambes racines

mains feuilles

torse tronc

peau écorce

chevelure feuillage

- Dans Tout change, relever les mots ou les phrases qui préparent aux métamorphoses dans l'image. Travailler sur le sens propre et le sens figuré, analyser les métaphores ; par exemple : « Avant de partir, il avait dit que les choses changeraient bientôt ». Aider les élèves à remarquer que la métamorphose n'est pas réelle, et aborder un parallèle avec la poésie, qui transforme le banal et le quotidien et donne le pouvoir de voir le monde autrement (Supervielle, Ponge.) - Analyser le pouvoir métamorphique de la langue (Dico Dingo, L'île du droit à la caresse). - A partir des livres de Yak Rivais, remarquer comment un changement de mot ou même de lettre peut transformer le sens du texte. - Rechercher des illustrations au pied de la lettre et les expressions correspondantes (Au Pied de la lettre ; Ma maîtresse m'a dit qu'il fallait bien posséder la langue française et autres livres d'Alain Le Saux). Remarquer de quelle façon l'illustration peut transformer le sens d'une expression habituelle. - Rechercher des livres qui proposent des mots-valises (Les étonnants animaux que le fils de Noé a sauvés).

Activités de production : - Ecrire une métamorphose après avoir dégagé des critères (rencontre, métamorphose, temps du passé…) La métamorphose des mots : - Jouer au jeu du téléphone arabe (la phrase choisie se transforme au fur et à mesure qu'elle est chuchotée par chaque participant). - Inventer des mots-valises, en illustrer, les associer différemment. - À la manière des jurons du Capitaine Haddock, inventer des verbes fabriqués par la contraction de deux autres verbes et écrire un petit texte pour les utiliser. - Rechercher et créer des anagrammes : composer des mots en replaçant dans un ordre différent les lettres d'un autre mot (La comédie des mots). - Rechercher et créer des calligrammes (Le colporteur d'images) - Réaliser un dictionnaire ou un répertoire des formules qui servent à la transformation des personnages. -« Si on me donne la possibilité de me transformer, je me transforme en… »

Le langage peut également se métamorphoser au niveau du son : - Enregistrer une voix et réduire ou augmenter la vitesse lors de l'écoute. Observer les effets produits.

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Ulysse et les sirènes

Ovide, Les Sirènes (V, 551-571)

Ascalaphus peut paraître avoir mérité ce prix de son indiscrétion. Mais vous, fille d'Acheloüs, d'où vous viennent, avec un visage de vierge, ces pieds d'oiseaux et ces ailes légères ? Serait-ce, ô doctes Sirènes, parce que, fidèles compagnes de Proserpine, vous suiviez ses pas, lorsque, dans les campagnes d'Henna, elle cueillait les fleurs du printemps ? Après avoir vainement parcouru toute la terre pour retrouver la déesse, vous voulûtes la chercher sur les vastes mers, et vous implorâtes des ailes. Vous éprouvâtes des dieux faciles. Ils exaucèrent vos vœux; et, pour conserver vos chants, dont la mélodie charme l'oreille, ils vous laissèrent des humains les traits et le langage.

Cependant, arbitre équitable des différends de Pluton et de Cérès, Jupiter entre elle et lui veut partager l'année. Il ordonne que Proserpine prenant place tour à tour parmi les divinités des deux empires, accorde six mois à sa mère, et six mois à son époux. Alors le calme renaît dans l'âme de Cérès, et son visage a repris son auguste sérénité. Son front, qui eût pu paraître nébuleux même au sombre monarque des Enfers, s'est éclairci, pareil à l'astre du jour qui sort vainqueur des nuages qui le cachaient, et reparaît avec tout son éclat.

Ulysse et les sirènes, un extrait de l'Odyssée d'Homère.

Circé la magicienne prévient Ulysse des dangers qu’il doit affronter, en particulier des sirènes. Les sirènes, filles du dieu-fleuve Achéloos, sont des êtres fabuleux, à la tête et au buste de femme sur un corps d’oiseau. Elles vivent sur des rochers escarpés entre l’île de Capri et la côte italienne. Elles attirent les marins par la douceur de leur voix, qui fait tout oublier et les navires se brisent sur les récifs. Prévenu par Circé, Ulysse leur résiste : "Et je disais cela à mes compagnons, et, pendant ce temps, la nef bien construite approcha rapidement de l'île des Seirènes [Sirènes], tant le vent favorable nous poussait ; mais il s'apaisa aussitôt, et il fit silence, et un Daimôn [dieu] assoupit les flots. Alors, mes compagnons, se levant, plièrent les voiles et les déposèrent dans la nef creuse ; et, s'étant assis, ils blanchirent l'eau avec leurs avirons polis. Et je coupai, à l'aide de l'airain tranchant, une grande masse ronde de cire, dont je pressai les morceaux dans mes fortes mains ; et la cire s'amollit, car la chaleur du Roi Hèlios était brûlante, et j'employais une grande force. Et je fermai les oreilles de tous mes compagnons. Et, dans la nef, ils me lièrent avec des cordes, par les pieds et les mains, debout contre le mât. Puis, s'asseyant, ils frappèrent de leurs avirons la mer écumeuse. Et nous approchâmes à la portée de la voix, et la nef rapide, étant proche, fut promptement aperçue par les Seirènes, et elles chantèrent leur chant harmonieux : - Viens, ô illustre Odysseus, grande gloire des Akhaiens. Arrête ta nef, afin d'écouter notre voix. Aucun homme n'a dépassé notre île sur sa nef noire sans écouter notre douce voix ; puis, il s'éloigne, plein de joie, et sachant de nombreuses choses. Nous savons, en effet, tout ce que les Akhaiens et les Troiens ont subi devant la grande Troiè par la volonté des Dieux, et nous savons aussi tout ce qui arrive sur la terre nourricière. Elles chantaient ainsi, faisant résonner leur belle voix, et mon coeur voulait les entendre ; et, en remuant les sourcils, je fis signe à mes compagnons de me détacher ; mais ils agitaient plus ardemment les avirons ; et, aussitôt, Périmèdès et Eurylokhos, se levant, me chargèrent de plus de liens. Après que nous les eûmes dépassées et que nous n'entendîmes plus leur voix et leur chant, mes chers compagnons retirèrent la cire de leurs oreilles et me détachèrent (...)"

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Activités possibles :

On pourra faire dessiner les sirènes, après une lecture offerte

Proposer plusieurs lectures de différentes versions et demande aux enfants d’écrire un résumé. On peut aussi proposer 2 ou 3 résumés et faire choisir celui qui correspond le mieux à l’histoire. (débat/justifications)

Faire mettre en évidence la ruse employée, à rapprocher d’autres récits de ruse. A rapprocher de La petite sirène d’Andersen ; voir qu’ici, la sirène, n’est pas une femme avec queue de poisson :

tradition gréco-romaine par rapport à la tradition scandinave : Mi-femmes mi-oiseaux dans l'Antiquité, elles

deviennent au Moyen Age, des femmes-poissons.

Recherche sur le terme sirène

On peut aussi travailler sur la difficulté à résister, les jeux dangereux… → vers les débats à visée philosophique On peut entrer dans le texte par la notion de héros : recherches avant lecture, affiner la définition première par des lectures… On construira des tableaux de ce type :

Héros Situation initiale Défi Exploit / Monstre combattu

Situation finale

On pourra aussi faire construire le concept de monstre, en relevant ses caractéristiques. On travaillera le système des personnages : Les lister, travailler sur leur ordre d’apparition, jouer la scène, dire s’ils sont maléfiques ou bénéfiques… Production d’écrits : On pourra faire imaginer les dialogues, non écrits, entre Ulysse et ses marins… On pourra aussi faire écrire une scène de combat entre un héros et un monstre (travail préalable sur les adjectifs caractérisant chaque personnage).

Mise en réseau avec des poèmes :

Ulysse

- Ulysse, Ulysse, arrête-toi,

Écoute la voix des sirènes

Plonge, va trouver notre reine,

Dans son palais, deviens le roi

Mais Ulysse préfère au toit

Des vagues celui des nuages,

Dans la direction d'Ithaque

Son regard reste fixé droit

Et les filles aux longs cheveux

Ont beau nager dans son sillage,

Il demeure sourd, il ne veut

Que la chanson, que le visage

Conservé au fond de ses yeux,

De Pénélope toujours sage.

Louis Guillaume

Joachim DU BELLAY (1522-1560)

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,

Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village

Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,

Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux,

Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,

Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

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Le jugement de Pâris

Le jugement de Pâris (résumé)

Un jour un mariage eut lieu sans qu’Esis, déesse de la discorde, ne soit invitée. De rage elle s'invita au mariage, une pomme d'or à la main où il y avait inscrit dessus "A la plus belle". Elle la lance dans la foule et Aphrodite, Héra, Athéna se battirent pour l'avoir. Les dieux ne voulant pas faire de conflit allèrent chercher le plus beau des mortels qui se nommait Pâris pour qu'il rende le jugement à leur place. Il était en train de garder des troupeaux sur le mont Ida quand les dieux lui apparurent. Ils leur expliquèrent l'histoire et il accepta de juger. Les déesses lui promirent un bel avenir : Héra: La gloire de l'Europe et l'Asie. Athéna: La victoire dans les guerres. Aphrodite: L'amour de la plus belle des mortelles. Pâris ne sachant qui choisir voulut couper la pomme en trois pour donner un bout à chacune mais Aphrodite l'en empêcha. Au bout d'un long moment Pâris remit la pomme d'or à Aphrodite qui lui avait promit l'amour de la plus belle des mortelles .Aphrodite lui dit que c'est Hélène, mais elle était mariée avec le roi de Sparte. Pâris enleva Hélène et la guerre de Troie fut déclenchée.

Le mythe du jugement de Pâris selon les Héroïdes d’Ovide

« Il est, dans les vallons boisés de l’Ida, un lieu solitaire, et planté de sapins et d’yeuses, où ne vont paître ni la paisible brebis, ni la chèvre amante des rochers, ni le bœuf paresseux au mufle épais. De là, du haut d’un arbre, j’étendais mes regards sur les remparts de Troie, sur ses demeures superbes et sur la mer. Tout à coup il me sembla que la terre tremblait, foulée par des pas : ce que je vais dire est vrai, quoique à peine vraisemblable. Devant mes yeux s’arrête, porté sur des ailes rapides, le petit-fils du grand Atlas et de Pléione. Trois déesses, Vénus, Pallas et Junon, posèrent à la fois sur le gazon leurs pieds délicats. Je restai interdit, et l’effroi dont je fus glacé hérissa ma chevelure. “Bannis tes alarmes, me dit alors le messager ailé ; tu es l’arbitre de la beauté ; mets fin au débat des déesses ; dis laquelle efface en beauté les deux autres.” Pour m’interdire tout refus, il commande au nom de Jupiter, et s’élève soudain jusqu’aux astres par la route éthérée. Mon âme se rassure ; la hardiesse me vient aussitôt, et mes yeux ne craignent pas d’examiner chacune d’elles. Toutes étaient dignes de la victoire, et je craignais, comme juge, que toutes elles ne pussent la remporter. Déjà cependant l’une d’elles me plaisait davantage ; c’était, sache-le, la déesse qui inspire l’amour. Bientôt, tant elles brûlent de triompher, elles se hâtent d’influencer mon jugement par l’offre de dons magnifiques. L’épouse de Jupiter me promet un trône ; sa fille la valeur ; je doute moi-même si je veux être puissant ou courageux. Vénus me dit alors avec un doux sourire : “Que ces présents, Pâris, ne te séduisent pas ; l’anxiété, la crainte les accompagnent. Je te donnerai, moi, qui tu pourras aimer ; la fille de la belle Léda, plus belle encore que sa mère, je la livre à tes baisers.” Elle dit ; j’applaudis également au don qu’elle me fait, et à sa beauté ; et elle remonte d’un pied victorieux vers le ciel. »

Héroïdes, Ovide, XVI, traduction en français publiée sous la direction de m. Nisard.

Activités possibles :

Recherches sur l’expression « la pomme de la discorde »

Recherche sur la pomme en général et ses symboliques

Choisir parmi plusieurs résumés lequel est le plus pertinent.

Imaginer la scène avec les dialogues échangés. Ecriture et théâtralisation.

Mise en réseau :

- Récits de dispute

- Rififi sur le mont Olympe

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Rififi sur le mont Olympe

Auteur(s) : Béatrice Bottet Catégorie(s) : Romans Genre(s) : Conte et fable Roman d’humour Thématiques(s) : Antiquité Classes(s) : CM2 6e EAN : 9782203030633 Parution : 06/01/2010 Prix : 5,00 €

— Eh bien, Éris, à quoi penses-tu ? demanda Zeus qui avait tout de même un œil partout. — Je sens qu’elle nous prépare un mauvais coup, fit remarquer Hermès. Ce n’est pas pour rien qu’on t’appelle Discorde, hein ma vieille ? Hermès n’a pas tort. Pour un mauvais coup, ce sera un chef-d’œuvre de mauvais coup : la pomme de Discorde, le jugement de Pâris et, pour finir, la guerre de Troie. Rien que ça ! Tout sur les origines de la guerre de Troie !

Sur le site de l’éditeur, un dossier pédagogique gratuit à télécharger après inscription :

http://www.enseignants.casterman.com/albums/detail/37309

- D’autres récits sur la guerre de Troie :

Ma Guerre de Troie

Auteur : Daniel Kammer

Editeur : Impressions nouvelles Jeunesse (Les)

Août 2011 - 16 Euros

Roman à partir de 13 ans

ISBN : 978-2874491160

Ce livre fait partie de la sélection de Ricochet

Thèmes : Mythe - Légende, Antiquité/Grèce

Ulysse et le cheval de Troie

Auteur : Christine Palluy

Illustrateur : Aurélie Guillerey

Milan, Le fil d'Ariane - Juin 2007

Citadelle de la côte nord-ouest de l’Asie

mineure, Troie connut une guerre de dix ans qui

opposa les Grecs aux Troyens. Tout ça pour une

femme, la belle Hélène, enlevée par Pâris....

Album à partir de 5 ans

Dossier sur les métamorphoses réalisé en appui sur le travail du comité de lecture « Télémaque », de l’académie de

Créteil.