random thoughts after athens

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APRÈS LE STAGE D’ÉTUDES D’ATHÈNES par MOLLY HARRISON 228 N mois à Athènes, jetons un regard en arrière et demandons-nous ce que nous U en avons fait! La Grèce est un trésor aux aspects si multiples (jg. 36-39) que les souvenirs de chacun de nous se reconstruisent à partir du joyau qu’il a lui-même découvert. A bien des égards, le seul fait d‘avoir participé à un stage d’études à Athènes est plus important que toutes les observations d’ordre professionnel que nous avons pu y faire. Une chance unique nous était offerte : celle de vivre en groupe, entre gens de nationalités très diverses, qui s’efforcent de réfléchir, de discuter et de collaborer en dépit des barrières de race, de langue, de croyance et de condition. Eh bien! dans l’ensemble, nous y sommes parvenus. Cette coopération, nous l’avons réalisée petit à petit et laborieusement, mais elle nous a prouvé à tous l’importance primordiale des contacts humains. Constatation qui vaut aussi pour notre travail; les enfants ne sont pas seuls à avoir besoin, avant toute chose, d’une atmosphère chaleureuse et amicale pour apprendre, pour s’épanouir et se développer. Les pédagogues de notre groupe auraient pu le rappeler à ceux d’entre nous qui sont plus étroitement soucieux de muséographie. I1 faut que nos musées, quelles que soient leurs dimensions, à quelque sujet abstrait qu’ils se consacrent, demeurent des lieux faits pour l’homme; que le visiteur s’y trouve à l’aise, s’y sente chez lui, qu’il s’y détende. Point de temple des muses, dans le sens impersonnel et froid qui s’attache actuellement à ce mot, mais quelque chose de plus familier, le lieu les muses vivent, elles agissent, l’on ne se borne pas à aller regarder leur image. Nos débats l’ont bien montré : dans un monde de plus en plus inhumain, il faut s’accrocher solidement aux valeurs humaines; dans un monde l’amour du prochain a si peu cours, il faut se garder d‘oublier, même dans nos musées, la part de la chaleur humaine et du sentiment. Parler de valeurs humaines, c’est évoquer non seulement le contact amical, mais aussi le bien-être physique. Nous avons tous remarqué, au cours de nos travaux, alors que notre attention fléchissait au milieu de ces longues matinées de discussions, comment, assis au soleil, nous reprenions nos esprits en buvant un rapide mtrio, combien nous étions plus complaisants, plus lucides, mieux disposés à l’heure du déjeuner ou du diner ou après la sieste. Il en est de même pour tout le monde, mais dans les milieux intellectuels on se refuse souvent à reconnaître l’importance du bien-être physique et du confort. Pourquoi les séparer si souvent des joies de l’esprit? En nous rappelant les hauts et les bas de notre attention, nous ferons en sorte que les visiteurs de nos musées jouissent de tout le confort que nous sommes en mesure de leur procurer : quelques fauteuils bien placés, peut-être même des petites tables pour prendre des notes, et, sur ces tables, des fleurs; un restaurant ou un salon de thé, tout au moins une pièce distincte des salles d‘exposition, s’asseoir et se reposer. Ces aménagements existent depuis longtemps dans de nombreux musées, mais notre séjour à Athènes nous en a parfois rappelé l’importance. Le principal mérite de nos propos, pendant le stage d‘études, n’a peut-être pas été leur pertinence ou leur concision. Nos avons fait ample consommation de mots ; beaucoup ont été expliqués, certains compris, un bon nombre mal interprétés - et comment ne pas méditer alors sur les difficultés que soulève le problème des langues ? Quand on se souvient de la facilité avec laquelle naissent les malentendus entre gens de même langue, comment ne pas trouver miraculeux qu’avec des langues différentes on n’arrive jamais à se comprendre, que des esprits parviennent vraiment à se rejoindre en dépit des obstacles de la grammaire et de la syntaxe? Que de problèmes linguistiques ont surgi devant nous, et comme les esprits se sont parfois échauffés pour la simple raison que les mots dont nous nous servions n’avaient pas la même signification pour tous ! Deux questions se sont imposées à notre esprit : tout d’abord, tenons-nous suffi- samment compte de l’extrême importance de l’enseignement des langues vivantes - peut-être, dans le monde aujourd‘hui, l’un des problèmes d‘éducation les plus

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Page 1: Random thoughts after Athens

APRÈS LE STAGE D’ÉTUDES D’ATHÈNES

par MOLLY HARRISON

228

N mois à Athènes, jetons un regard en arrière et demandons-nous ce que nous U en avons fait! La Grèce est un trésor aux aspects si multiples (jg. 36-39) que les souvenirs de chacun de nous se reconstruisent à partir du joyau qu’il a lui-même découvert. A bien des égards, le seul fait d‘avoir participé à un stage d’études à Athènes est plus important que toutes les observations d’ordre professionnel que nous avons pu y faire.

Une chance unique nous était offerte : celle de vivre en groupe, entre gens de nationalités très diverses, qui s’efforcent de réfléchir, de discuter et de collaborer en dépit des barrières de race, de langue, de croyance et de condition. Eh bien! dans l’ensemble, nous y sommes parvenus. Cette coopération, nous l’avons réalisée petit à petit et laborieusement, mais elle nous a prouvé à tous l’importance primordiale des contacts humains. Constatation qui vaut aussi pour notre travail; les enfants ne sont pas seuls à avoir besoin, avant toute chose, d’une atmosphère chaleureuse et amicale pour apprendre, pour s’épanouir et se développer. Les pédagogues de notre groupe auraient pu le rappeler à ceux d’entre nous qui sont plus étroitement soucieux de muséographie.

I1 faut que nos musées, quelles que soient leurs dimensions, à quelque sujet abstrait qu’ils se consacrent, demeurent des lieux faits pour l’homme; que le visiteur s’y trouve à l’aise, s’y sente chez lui, qu’il s’y détende. Point de temple des muses, dans le sens impersonnel et froid qui s’attache actuellement à ce mot, mais quelque chose de plus familier, le lieu où les muses vivent, où elles agissent, où l’on ne se borne pas à aller regarder leur image. Nos débats l’ont bien montré : dans un monde de plus en plus inhumain, il faut s’accrocher solidement aux valeurs humaines; dans un monde où l’amour du prochain a si peu cours, il faut se garder d‘oublier, même dans nos musées, la part de la chaleur humaine et du sentiment.

Parler de valeurs humaines, c’est évoquer non seulement le contact amical, mais aussi le bien-être physique. Nous avons tous remarqué, au cours de nos travaux, alors que notre attention fléchissait au milieu de ces longues matinées de discussions, comment, assis au soleil, nous reprenions nos esprits en buvant un rapide mtrio, combien nous étions plus complaisants, plus lucides, mieux disposés à l’heure du déjeuner ou du diner ou après la sieste. Il en est de même pour tout le monde, mais dans les milieux intellectuels on se refuse souvent à reconnaître l’importance du bien-être physique et du confort. Pourquoi les séparer si souvent des joies de l’esprit? En nous rappelant les hauts et les bas de notre attention, nous ferons en sorte que les visiteurs de nos musées jouissent de tout le confort que nous sommes en mesure de leur procurer : quelques fauteuils bien placés, peut-être même des petites tables pour prendre des notes, et, sur ces tables, des fleurs; un restaurant ou un salon de thé, tout au moins une pièce distincte des salles d‘exposition, où s’asseoir et se reposer. Ces aménagements existent depuis longtemps dans de nombreux musées, mais notre séjour à Athènes nous en a parfois rappelé l’importance.

Le principal mérite de nos propos, pendant le stage d‘études, n’a peut-être pas été leur pertinence ou leur concision. Nos avons fait ample consommation de mots ; beaucoup ont été expliqués, certains compris, un bon nombre mal interprétés - et comment ne pas méditer alors sur les difficultés que soulève le problème des langues ? Quand on se souvient de la facilité avec laquelle naissent les malentendus entre gens de même langue, comment ne pas trouver miraculeux qu’avec des langues différentes on n’arrive jamais à se comprendre, que des esprits parviennent vraiment à se rejoindre en dépit des obstacles de la grammaire et de la syntaxe? Que de problèmes linguistiques ont surgi devant nous, et comme les esprits se sont parfois échauffés pour la simple raison que les mots dont nous nous servions n’avaient pas la même signification pour tous !

Deux questions se sont imposées à notre esprit : tout d’abord, tenons-nous suffi- samment compte de l’extrême importance de l’enseignement des langues vivantes - peut-être, dans le monde aujourd‘hui, l’un des problèmes d‘éducation les plus

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urgents? Ensuite, faisons-nous assez, dans nos musées, pour la commodité du visiteur étranger ? Nos publications sont-elles traduites en d‘autres langues ? Et les étiquettes? Essayons-nous de renseigner le visiteur en utilisant des signes ou des symboles graphiques plutôt que des mots ? Le langage des signes est intelligible à tous, celui des mots ne l’est qu’à quelques-uns, et il a moins d’effet sur le public qu’une illustration. Parmi les visiteurs de nos musées, on en compte des milliers qui sont capables de lire mais le font sans plaisir et sans profit. Pour eux comme pour les &rangers, un signe, un montage évocateur, une indication illustrée bien coque seront beaucoup plus éloquents que des mots.

Pour la plupart d’entre nous, dans nos musées, l’importance de l’expression verbale dans l’exposition est un article de foi. On fait un tel abus de ce moyen de communication depuis tant de siècles, en Occident du moins, que nos autres sens ont tendance à s’atrophier. A moins de nous défendre contre cette sorte de partia- lité, nous risquons fort de négliger les nombreuses occasions de faire ceuvre éduca- tive qu’offre notre métier. N’oublions pas non plus tout ce que peut le musée pour lutter contre les excès de l’éducation verbale chez ces gens soi-disant instruits dont l’être est souvent amputé de moitié parce qu’ils en sont arrivés à prendre les mots pour des réalités.

La petite exposition du matériel que chacun de nous avait apporté à Athènes l’a bien montré. Certes, la plupart des participants étaient d’avis que les photographies exposées devaient former un ensemble logique, mais ils ne s’étaient pas préoccupés de la présentation visuelle. Certains pensaient que, puisqu’il s’agissait d’une exposi- tion temporaire, ses apparences importaient peu. Mais pour d‘autres l’aspect de la chose importait plus encore que son contenu ou sa signification, et ils estimaient que cet aspect ne pouvait pas - ne peut jamais - être séparé de la valeur éducative de l’exposition, que c’est dans cet aspect même que réside la valeur éducative et que les idées ou les points de vue illustrés par les photographies ou les légendes ne sont que secondaires auprès de l’impression visuelle de l’ensemble.

Cette divergence de vues est apparue très souvent au cours de nos entretiens, et

36. ST.4GE D’~TUDES INTERN .ITION AL, Athknes.

36. ATHENS INTERN.4TIONdL SEA~INAIL Grceli Type de paJ,sanne grecyue.

Peasant Woman. la même question se pose tous les jours dans les musées du monde entier. L’impor- tance des objets que nous exposons est-elle fonction du témoignage, de l’illustration, du message intellectuel qu’ils apportent, ou bien réside-t-elle dans leur qualité intrin- sèque ou leur beauté qui impliquent non seulement notre intelligence, mais encore notre imagination, notre sensibilité et nos réactions émotives ? Les musées ne sont-ils, en fait, que des ouvrages de référence d’une espèce particulière exposant, à l’occa- sion, quelques objets au milieu des étiquettes et des notices descriptives, ou bien ont-ils un rôle plus profond, plus fondamental à jouer? Ceux qui tenaient pour constant que l’aspect des choses participe de leur essence ont été déroutés en s’aper- cevant que nous avions tous laissé échapper l’occasion de proposer des normes visuelles et que nous ne nous rendions pas compte que, sans nous en douter, nous commettions probablement tous les jours la même erreur dans notre travail au musée.

Rentrés chez eux, certains ont vu leurs collections sous un nouveau jour, dépouil- lées un peu de leur caractère sacré, plus quotidiennes et pourtant chargées de plus d’importance qu’auparavant. Au retour d‘Athènes, où des objets très ordinaires sont transfigurés sans cesse par la lumière, par l’atmosphère et cette qualité indéfi- nissable qui caractérisent la Grèce (fis. 40, #I), il semble que l’art ne signifiera rien pour nous, qui vivons au X X ~ siècle, s’il ne cesse d‘être l’Art avec un grand il, pour devenir une fois de plus un Clément de notre existence quotidienne. Pour toucher l’homme de la rue, pour être plus qu’une tendance esthétique passagère, il faut que l’art lui-même devienne queIque chose de tous les jours et que nos yeux soient entraînés par l’éducation visuelle à l’appréciation des objets familiers.

11 est bien vrai que ces objets familiers ne sont pas toujours beaux. Les musées ont un rôle singulièrement important à jouer dans notre société industrielle moderne, car ils peuvent - quelle que soit leur spécialité - contribuer à rendre le public conscient de la qualité du dessin et du métier; ils peuvent former son goût. Mais pour y parvenir, il faut éviter à tout prix de se retirer dans sa a tour d‘ivoire D à la vue des horreurs qui s’imposent à nos yeux avec une insistance chaque jour plus grande. I1 faut que nous, muséographes, prenions la parole, que nous écrivions aux journaux, que nous nous fassions entendre dans des réunions et des débats 229

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37. STAGE D’ÉTUDES INTERNATIONAL, Athènes. Le Parthénon.

37. ATHENS INTERNATIONAL SEMINAR. The Par- thenon.

Z 3 O

publics, et non pas seulement pour j 7

parler de ce qui touche à notre spécialité, de ces sujets éloignés dans l’espace ou dans le temps qui nous passionnent si fort - il faut que nous parlions de nos conditions matérielles quotidiennes. Dans notre métier, il faut avoir des yeux pour voir car il nous appartient d‘aider les autres à mieux voir. Que nos regards ne se perdent pas dans le passé ! Sachons apprécier et critiquer ce qui se fait de nos jours. Comment ne voudrions-nous pas prodiguer tous nos efforts pour que le présent, en matière de goût et de sensibilité, ne déshonore pas ce passé que nous admirons tant ?

Tout cela, nous en avons parlé lon- guement à Athènes, le plus souvent par petits groupes, tard dans la nuit, car les séances de travail n’y suffisaient pas. Nous n’étions pas -toujours d’accord lorsqu’il s’agissait d’évaluer dans quelle mesure les musées peuvent et doivent s’efforcer d’influencer le goût de l’époque. D’au- cuns estimaient qu’il suffit de beaux objets et des travaux de recherche qui s’y rapportent; certains soutenaient que la bonne présentation des objets exposés constitue une fin en soi ; d‘autres témoi- gnaient d’un (( sens de l’ensemble N plus

développé, et faisaient observer que la forme des fauteuils et des bibliothèques d‘une salle de lecture, par exemple, l’agencement du vestiaire et la vaisselle du restaurant peuvent avoir une influence favorable au musée comme ailleurs. Convient-il que, dans un musée qui présente de belles sculptures, le café soit servi dans de vilaines tasses ? ou qu’un beau mobilier du XVIII~ siècle soit exposé dans un bâtiment où les visiteurs ne disposent que de mauvais sièges, mal conps et inconfortables ? Auprès de bien des gens l’effet d’installations modernes défectueuses risque de détruire celui d’une excellente exposition.

Certains font valoir que les musées manquent de personnel et de fonds, et préten- dent qu’il est hors de leurs attributions de s’occuper des normes industrielles et des goûts du public. I1 est vrai que les musées consacrés à la présentation des formes valables sont relativement peu nombreux, mais tous les musées peuvent rendre de grands services à cet égard au moyen de leurs seules collections : le musée d’histoire en montrant avec clarté l’évolution des objets fabriqués à diverses époques et jusqu’à la nôtre; le musée de géographie en permettant de comparer les arts artisanaux et les produits industriels propres à différents pays et à diverses cultures; le musée d’his- toire naturelle en faisant ressortir certains aspects du miracle des formes dans la nature et en en suggérant l’utilisation pour la décoration des textiles, du verre ou des céramiques; le musée des sciences fera voir comment la forme du téléphone ou de la radio tend inévitablement à s’améliorer dès que les premières difficultés tech- niques ont été surmontées. C‘est justement parce que la forme n’est pas un (( sujet )>

en soi que tous les musées peuvent agir comme centres d‘éducation à cet égard et exercer une influence considérable sur le goût des contemporains.

Les excursions que nous avons faites comptent parmi les souvenirs les plus mar- quants de notre séjour ... Daphni, Corinthe, Épidaure, Mycènes, agine, Olympie ... Delphes surtout! Leur lumière et leur couleur, leurs odeurs, leurs bruits, leur silence imprègnent désormais nos pensées et les influenceront pour toute notre vie.

A certains égards pourtant ces excursions ont dérouté quelques-uns d’entre nous et les ont d é p , comme une occasion qu’on laisserait échapper. Au Musée byzantin d‘Athènes nous formions un groupe international de spécialistes occupés à recher-

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cher dans l’abstrait la fason d‘intéresser le grand public aux collections d’un musée; au cours de nos excursions, nous devenions un groupe d‘étrangers visitant des sites archéologiques et des musées. Quelle merveilleuse occasion d’allier la théorie à la pratique! Nous nous attendions à être pris comme cobayes au cours de ces excur- sions pour faire l’épreuve des techniques dont nous venions de discuter si passion- nément. Nous étions tous tombés d‘accord au cours de nos débats sur la nécessité de rendre le musée intelligible et agréable pour le visiteur isolé. A notre grande surprise, nous fûmes toujours conduits en groupe; on nous faisait des conférences et on nous donnait des renseignements qui intéressaient beaucoup les uns mais inévitablement moins les autres. On ne nous permit guère d‘errer à l’aventure, plaisir que certains d’entre nous estimaient indispensable pour jouir pleinement de la magie du moment et pour éviter que des questions de date, de strate et de technique des fouilles ne viennent gâcher cette chance qui ne se représenterait jamais - sans qu’il y.eût d’ailleurs rien d’inamical, de désobligeant ou de hautain dans notre désir de regarder par nous-mêmes et tout seuls.

Certains de nous ont réfléchi longuement, depuis leur retour, à cette question des visites guidées. Tous les musées du monde en organisent couramment, et l’on y voit le meilleur moyen de renseigner les visiteurs. Mais que leur apprend-on ainsi? Et à quels visiteurs s’adresse-t-on ? Pouvons-nous déterminer ce que les visiteurs, eux, veulent savoir ? Tous les participants du stage souhaitaient-ils des renseigne- ments de même nature sur les mosaïques de Daphni ou le trésor des Atrides à Mycènes? Non certes. Ce qui paraissait aux uns du plus vif intérêt n’en avait pas pour les autres, ce qui semblait aux uns neuf et révélateur, pour d‘autres n’était que redites; et pour d’autres encore, tout commentaire risquait de brouiller leurs impressions. Les grands blocs de roche grise étendus sur le tapis rouge des aiguilles de pin à Olympie, la lumière cristalline de Delphes baignant la montagne, les oliveraies et les temples - nous sentions qu’en les 1hat2t alors, ils seraient à nous pour toujours; ce qu’il fallait en savoir nous l’avions déjà lu et nous pour- rions le relire, quand leur réalité serait devenue souvenir.

S’il est vrai que certains redoutent qu’a parler des choses on ne passe quel- quefois à côté d‘elles, il n’en est pas moins évident qu’il faut fournir des explications à ceux qui en désirent. Mais q imd faut-il les donner? La question est importante. I1 est certain que c’est au moment où le visiteur le désire, quand une question se pose à son esprit, car pour la plupart nous n’écoutons vrai- ment les réponses que lorsque nous avons posé -la question. Qu’avons-nous retenu de ce que les patients conser- Trateurs des musées de Grèce nous ont dit? Ce n’est assurément pas leur faute si nous en avons oublié une grande partie, mais ce n’est pas non plus la nôtre, car on ne pouvait pas nous demander de tout retenir. Mais il est certain que ceux d’entre nous qui, à l’occasion, ont posé une question précise se souviennent de la réponse.

Pour visiter un musée, quel qu’il soit, à moins qu’on ne le connaisse déjà bien, l’idéal est peut-être de suivre un guide à la fois sympathique et érudit : il dira peu de choses, en somme; mais au bon moment, d’un mot, d‘un geste et d’un silence, il éclairera si bien notre vision et notre intelligence, qu’un dessin de Van Gogh, par exemple, un portrait de

38. STAGE D’ÉTUDES INTERNATION.ZL, Ath&n:nes Delphes; la tholos de R.iarmaria.

J8. INTERNaTIoNAL SEMINAR. Delphi, the tholos of Marmaria.

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Rembrandt ou une statue grecque surgiront désormais bien distincts dans notre mémoire, perps, sentis, compris.

Mais de telles rencontres ne sont pas courantes. Rares sont ceux qui peuvent les faire naître et, d’ailleurs, compréhension et inspiration fleurissent rarement dans les groupes nombreux. I1 faudra employer d‘autres méthodes, chercher le moyen de remplacer, pour le visiteur isolé, le guide individuel parfait, s’efforcer de venir en aide aux nombreux visiteurs qui, du fait qu’ils arrivent en groupe, ont souvent peine à tirer un profit personnel de leur visite.

Que peut-on faire pour éveiller chez les membres d’un groupe nombreux les idées et les impressions qui provoqueront chez eux une réaction personnelle et les incite- ront à poser les questions qui leur viennent à l’esprit? Une causerie préliminaire de cinq minutes environ, nvmt /a uisite, est une des solutions à envisager. L’expérience montre que lorsque les gens se trouvent en face de choses intéressantes, qu’ils désirent voir, ils ont de la peine à écouter, et que s’ils écoutent vraiment jl leur est pratiquement impossible de regarder en même temps! Mais une introduction de quelques minutes, pour planter le décor et éveiller l’attention, ne devrait pas nuire à la contemplation qui va suivre. Après quoi, on laissera les visiteurs libres de circuler à leur guise. On leur aura donné une idée de l’ordre à suivre le plus heureux et le plus logique, en leur remettant si possible - ce serait l’idéal ! - un plan ou un schéma. Mais ce qu’ils regarderont ou ce qu’ils négligeront est affaire de choix personnel, d’intérêt et d’aptitudes individuels, et l’on ne gagnera rien à tenter de standardiser l’opération. On obtiendra bien davantage par des contacts familiers entre les visiteurs et le personnel du musée - échanges d’observations bien diffé- rents de ces sortes de rapports autoritaires que sont forcément ceux du conférencier

Un Socrate, bien sûr, irait beaucoup plus loin. Non content de répondre aux ques- tions, de fournir les renseignements qu’on lui demanderait, c’est lui qui, à son tour, jnterrogerait si bien ses visiteurs, ses élèves, qu’il éveillerait leur intérêt, stimulerait leur esprit et leur donnerait envie d‘en apprendre davantage. I1 est indispensable d’appliquer un peu de cette méthode socratique si nous voulons que notre enseigne- ment parvienne jamais à atteindre les masses. Dans les bonnes écoles de tous les pays les éducateurs modernes remplacent de plus en plus l’enseignement dogmatique par ce jeu de questions et de discussions; ceux qui se proposent de stimuler et d‘aider le public grâce aux collections des musées ne doivent pas rester en arrière.

Si la présentation est simple et logique, on pourra le plus souvent se passer de guide ; mais il importe qu’elle soit logique. Le problème ne se pose pas dans le cas du spécialiste ou du visiteur qui sait ce qu’il veut voir et comment regarder; mais sans aucun doute le profane a besoin d’être aidé plus qu’il ne l’est dans la plupart des musées si l’on Veut éveiller en lui plus qu’une curiosité et un intérêt passagers. 11 ne suffira pas d’une simple date pour l’aider à replacer l’objet exposé dans son époque et dans son cadre, il lui faudra le secours de quelques données techniques sur la confection de l’objet, et peut-être une carte ou un croquis indiquant où l’objet était en usage, où il a été découvert, ou bien encore représentant le vêtement et les conditions d’existence de l’artisan qui l’a fabriqué - et ainsi de suite. Auxiliaires qui, bien entendu, devront être conps avec discrétion et bon goût. Il ne faut pas qu’ils empiètent sur l’objet exposé, ni qu’ils détournent l’attention du visiteur, mais qu’ils soient très simples et directs, bien dessinés et très lisibles. En fait, il s’agit de s’appliquer à mettre en œuvre des moyens destinés à aider le visiteur profane à bien voir et à aimer nos collections avec autant de sensibilité et d’intelligence que nous en apportons à nos tâches fondamentales de recherche et de conservation. Mais si nos musées se cantonnent dans ces tâches fondamentales et se bornent à étiqueter et à exposer les belles choses qu’ils possèdent, ils risquent de perdre de vue les besoins du public d’aujourd’hui.

Les publications des musées peuvent être, elles aussi, d’un grand secours pour le profane, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes. Elles seront brèves, simples et peu coûteuses, agréables à l’œil et très au-dessous du niveau des publications savantes, afin de ne pas rebuter ceux qui en ont le plus grand besoin - ceux qui ne lisent pas beaucoup, ou qui n’ont pas eu la chance de pouvoir se cultiver. L’accord a été assez général sur ce point. I1 reste encore beaucoup à faire dans ce sens.

Les membres du stage d‘études ont discuté encore de bien d’autres sujets. NOUS

. avec ses auditeurs.

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avons estimé, pour la plupart, que la visite des musées devrait être un plaisir et qu’en plus de leur fonction d’information les musées ont à jouer, à cet égard, un rôle véritablement éducateur. Les avis différaient beaucoup quant à la publicité, que nous avons parfois confondue au cours de nos débats avec l’éducation, comme nous avons confondu les méthodes à employer pour la publicité des wztsées avec les efforts visant à promouvoir l’éducation grâce nux collections des m~sées. Si les administrateurs pensent généralement en termes de nombres, il est indispensable que le spécialiste des musées ne perde pas de vue les valeurs humaines lorsqu’il s’occupera d‘objets de prix. I1 s’agira moins de connaître le nombre des visiteurs qui fréquentent nos musées que de savoir ce que leur a apporté cette visite ... Un seul visiteur qui a vraiment vu ce que nous essayons de lui montrer, à qui cette visite a ouvert des pers- pectives sur de plus riches et plus vastes horizons vaut mieux qu’une foule qui entre dans nos salles, erre à l’aveuglette, et ressort aussi pauvre qu’elle est entrée.

Nous avons beaucoup appris à Athènes, nous y avons vécu intensément et nous sommes rentrés chez nous complètement épuisés. Le temps a permis de replacer certains problèmes dans une plus juste perspective, et tous, plus ou moins, nous sortons de cette expérience un peu changés. I1 nous semble à présent, tout comme il nous semblait alors - tant de mois ont passé déjà! - que le sujet même du stage d’études avait en réalité moins d’importance que le fait de vivre et de travailler tous ensemble, hommes et femmes de tant de pays différents. Pour travailler ensemble de faGon active et constructive, nous avons dû nous imposer à nous-mêmes une forte discipline; les petits conflits ont été nombreux, mais sans négliger le travail et les activités quotidiennes il fallait consacrer du temps, de la réflexion et de la bonne volonté à en déterminer les causes. Nous avons beaucoup appris sur la technique de l’effort international, et, dans cette mesure même, nous sommes devenus de meilleurs artisans de la coopération internationale, de plus utiles citoyens du monde actuel. Ne peut-on espérer que chacun, dans son humble domaine, réussira à répandre ce même esprit autour de lui et parmi les dirigeants de son pays? Les ombres de Socrate et de Platon ne se sentiraient-elles pas trahies si, en quittant Athènes, nous n’avions emporté un peu de ce que tous deux eurent à nous apprendre à propos de l’éducation et du civisme? (Traduìt de I’rznglrzis.)

RANDOM THOUGHTS AFTER ATHENS

&ïONTH in Athens ! And now, in retrospect, what have we made of it ? Greece A has such innumerable facets (jgs. 36-39) that each of us can only speak of what he himself has found. In many ways the actual experience of participating in a seminar in Athens was far more important than any new professional points of view which emerged.

We had a unique opportunity, living as a group of very mixed nationalities, trying to think, to discuss and to co-operate across barriers of race, language, creed and status; and on the whole it worked. The co-operation was built up by degrees and painfully, but it proved to us all the supreme importance of human relationships. This is very relevant to our museum work; it is not only children who learn and function and develop best in a warm and friendly atmosphere. The teachers among our group might well have stressed this point to the more museological of us.

Our museums, in spite of size, in spite of abstruse subject matter, in spite o€ everything, must be human places, places in which visitors can feel at ease, at home, relaxed. Not cold and impersonal Temples of the Muses, but something more everyday than that-places where the muses live and do things, not where we go just to look at their likenesses. As was stressed in the discussions, we need to cling fast to human values in a world which becomes increasingly inhuman; in a world so unloving we must not forget, even in our museums, the great influence of human warmth and feeling.

Human values mean friendly contact, but they also mean creature comfort. We

by ~ I O L L Y HARRISON

2 3 3

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all found, during our work, how we flagged towards the middle of those long mornings, how our spirits were revived by sitting in the sun and drinking a brief meletrio, how much more co-operative, coherent and approachable we were during lunch or dinner, or after our siesta. Those who work mainly in the intellectual sphere do not always acknowledge how much physical ease and comfort matter. Why do we so often separate them from intellectual pleasures? Realizing the ups and downs of our own awareness, we should see to it that the visitors to our museums are as comfortable as we can make them. Chairs, here and there, where possible and where necessary, small tables, perhaps, for taking notes on, and flowers on those tables; a restaurant or refreshment room, or at least a place where visitors can sit and rest, away from the exhibits-all these things are commonplace in many museums, but we who were in Athens were reminded often of their importance.

Our talk during the seminar was memorable for other reasons than its wisdom or its succinctness. We used a lot of words, a lot of words were interpreted, many understood, not a few misunderstood; and one cannot help brooding upon the difficulties of language. When one remembers how easily misunderstandings can arise between people of the same mother tongue, what a miracle it seems that those of different language can ever come to an understanding, that there can really be a meeting of minds across barriers of grammar and syntax. What linguistic problems reared their heads and how heated we sometimes became simply because the words we used meant different things to each of us !

Two thoughts emerge: first, the very great importance of teaching modern languages; perhaps in the world today this is one of the most urgent educational problems. Secondly, do we in our museums cater enough for the foreign visitor? Do we issue our publications in languages other than our own? What about our labels ? Do we even consider giving some information by signs and symbols instead of in words ? A sign has universal meaning, but words are relative and their impact upon people is less than that of a pictorial message. Among the visitors to our museums are thousands who, though they can read, do not do so naturally or with

pleasure: for them. as for foreigners, a

j y . STAGE D’ÉTLJDES INTERNATIONAL, Athènes. Le couvent de Kakariani.

~~. vent at Kaisariani.

SEMINAR. The Con-

v

sign, a telling display, a suitable pictorial notice can mean far more than mere words.

Most of us, average museum officials, have a deep-rooted belief in the impor- tance of verbal exposition. Our verbal channels of expression have, in the West at least, been overworked for so many centuries that our other senses have tended to atrophy. Unless we are on our guard against this one-sidedness, we find ourselves missing many of the educa- tional opportunities in our work. We should be aware, too, of the power of museum displays to counter-balance the over-verbal education of those nominally educated people who are often living with but half of themselves, because they have come to equate words with reality.

In Athens, the small exhibition of the material we had each brought with us stressed this point. Many participants felt that the photographs displayed should tell a logical story, but there was little real interest in the visual standard of the exhibition. Some felt that, because this was only a temporary display, it did not matter very much what it looked like; others felt that the look of the thing mattered even more than its content or

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meaning, that appearance could not- and never can-be separated from edu- cative value; and the ideas and points of view expressed in photograph or caption are secondary to the visual impression of the whole.

This difference of view underlined many of our discussions, and the pro- blem arises daily in museums everywhere. Do we think that the importance of the objects we display lies in their function as etTidence, illustration, intellectual sta- tement? Or does it lie in their intrinsic quality or beauty, involving not mainly our intellect but our imagination, our sensitivity, our emotional response ? Are museums, in fact, just a different kind of reference book, showing exhibits, as it were, by chance among their verbal labels and notices, or is their function deeper, more fundamental? To those who rate the look of things as being of their essence, it was disturbing to see that we all missed an opportunity of setting a visual standard, to realize that we are probably making the same mistakes, unknowingly, in our daily museum work.

Some of us returned home to look at our own museum displays in a new light, - to see them as less “holy”, more everyday, and yet more important than before. It 40. STAGE D’ÉTuDhs INrBRN*TION*L, Athbnes

seems, after Athens, where quite ordinary things were transmuted by the light, the atmosphere, the indefinable “something” which is Greece (jÇg.. 4 0 , qr) , that art cannot mean anything in our xxth century lives until it ceases to be ART and becomes once more a part of our everyday background. If it is to touch the common man and be more than a fleeting aesthetic mood, art itself must become a common value; and our eyes must be better accustomed to a critical appraisal of the ordinary things around us.

Indeed, the ordinary things around us are not always lovely. Museums and art galleries have a peculiarly important function in modern industrial society; regard- less of what they show, they can help the ordinary citizen to become aware of quality in design and craftsmanship; they can lead public taste. But to do so we must avoid at all costs a “holier than thou’’ attitude to the visual atrocities which increase daily around us. We museum officials should be vocal on committees, in letters to the press, on platforms and in discussion-not merely about our specialist subjects, about the things remote in time or place which are so thrilling to us personally. We should be vocal about our everyday physical surroundings. We, in our jobs, ought to have eyes to see, for part of our job is to help others to see more clearly. Our eyes must not be turned to the past. We must be able to appreciate and criticize things made today, and do all we can to ensure that the present will not, in matters of taste and sensitivity, cast a shadow upon that past we admire so greatly.

We talked much of these things in Athens, usually in small groups late into the warm night, for the formal sessions were not enough. We differed often in our evaluation of the extent to which museums can and should influence contemporary taste. Some felt that fine exhibits and the research connected with them are contri- bution enough; some argued that the good display of exhibits is an end in itself; others seemed to have a truer “sense of the whole” and stressed that the design of reading-room chairs and bookcases, for example, of cloakroom equipment and restaurant crockery, is a potent influence for good in a museum, as elsewhere. There is surely something wrong if a museum showing fine sculpture does not

Olympie.

lNTERNAT1ONA1’ SE’flN’iR’ Olympia

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serve its coffee in well-made cups; or if fine xvmth century furniture is shown in a building in which visitors have to sit in shoddy, ill-designed or uncomfortable chairs ? The influence of a bad modern fitment may, with many people, outweigh that of an excellent exhibit.

It is argued by some that, since most museums are short-staffed and short of funds, considerations of design and of public taste are outside their function. While it is true that there are few museums whose direct function it is to show good design, nevertheless specialist museums can contribute to this cause through their normal collections: the historical museum by showing clearly the evolution of man-made things of different periods, including our own; the geographical museum by a comparison of the arts and crafts and the industrial products of different countries and cultures; the natural history museum by stressing something of the miracle of design in nature and suggesting the possibilities of its use in decorative textiles, glass and ceramics; the science museum by showing how the design of machines such as the telephone and radio tends inevitably to improve once the primary technical problems have been solved. It is precisely because design is not a “sub- ject” that all museums could act as educational centres in this respect and could have an important permeating influence upon the taste of their own generation.

Among the most memorable moments of the whole month were our excur- sions-Daphni, Corinth, Epidaurus, Mycenae, Aegina, Olympia. . . and, above all Delphi. Their light and colour, their smell, their sound and their silence remain in our thoughts and will influence them for the rest of our lives.

Yet, from another point of view, the excursions were disturbing and somewhat disappointing, for they seemed to be a missed opportunity. In Athens, conversing in the Byzantine Museum, we were an international group theorizing about how to interest ordinary people in museum material; here, on our excursions, we were a group of foreigners visiting archaeological sites and museums. What a golden opportunity of marrying theory to practice! We had anticipated that, during the excursions, we should find ourselves treated as guinea pigs, to test the techniques we had been arguing about so passionately. In our discussions we had all agreed upon the importance of making museums intelligible and enjoyable to the indi- vidual visitor. Now, we found ourselves taken round in a group, lectured to, fed with information very acceptable to some but inevitably less so to others, dis- couraged from those splinter wanderings which, for some of us, were essential if we were to live fully the magic of the moment and if mere facts of date, of stratum, of digging technique were not to obtrude upon this deeper experience. It was in no spirit of unfriendliness or disparagement or superiority that we just had to look privately and alone.

Since our return we have, some of us, brooded at length upon this whole business of guided tours. They are normally arranged in most museums in the world and assumed to be the best method of giving information to visitors. But what infor- mation? What visitors? Do we know what our visitors want to know? Did we of the seminar all want to know the same facts about the Daphni mosaics or the Treasure of Atreus a t Mycenae? No. Facts which were intensely interesting to some of us were unwelcome to others ; what was repetition to some was new and reveal- ing to others; and for some, perhaps, any fact at all threatened to obtrude upon perception. The huge blocks of grey stone lying against the carpet of red pine needles at Olympia, Delphi’s crystal light on mountains, olive groves and temples -we felt that if we lived them then, they would be ours for ever; the facts about them we had read before and could read again, when their reality was for us a memory.

Although some people may fear that in talking aboz,t things they may sometimes miss the things themselves, it is nevertheless clear that facts must be available for those who want them. When, is important. Surely the right moment is when the visitor wants the facts, when a question arises in his mind; for most of us only really listen to an answer when we have ourselves asked a question. How much have we remembered of what the patient museum directors told us in Greece? It is certainly not their fault if we have forgotten a great deal; but neither is it ours, for we could not be expected to retain so much. What is certain is that those of us who asked a specific question here or there have remembered the substance of the answer.

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Perhaps the ideal way of visiting any museum, unless one already knows it well, is to go with a guide who is both sympathetic and knowledgeable. One who says comparatively little and says it at the right moment, one who can, by comment, by gesture and by silence, so illuminate one’s vision and understanding that a Van Gogh drawing, a Rembrandt portrait, or a Greek statue, stands, permanently detached in the mind‘s eye, seen, felt and understood.

Such a level of communication is not met with every day. Those who can create it are rare, and, in any case, understanding and vision do not normally flower in large groups. Other techniques have to be used, ways of replacing-for the indi- vidual visitor-the perfect personal guide, and ways of dealing profitably with the many visitors who, because they arrive in a group, often find any individual response difficult.

What can be done to awaken the thoughts and feelings of large groups, so that they may have a personal reaction and ask the questions that spring to their minds ? One answer would be to provide an introduction talk of five minutes or so, hej?ore t h y go ia. Experience has taught that when people are faced with interesting things to see they find it very difficult to listen, and when they are really listening it is virtually impossible for them to look. So an introductory few-minutes, to set the scene and to put things into focus, should not conflict with what is to be looked at.

an idea of the best or most logical sequence to follow, and some kind of plan or map should be available. But what they see, what they leave out are matters of personal choice, of personal interest and ability; no good at all can come from trying

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Then they should be free to look round as they wish. They will have been given .

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to standardize the process. Far more effective will be an informal contact between visitors and museum staff, a give-and-take of comment which will be very different from the authoritarian relationship of lecturer to audience.

A Socrates, of course, would go much further. He would not only be available to answer questions or to give information when asked for, but he would pose the right questions t o his visitors, his pupils, so as to bring out their interest, stimulate their thoughts and make them eager to learn more. Something of the Sccratic method is surely essential if our modern education is ever to touch the mass of men and women. Progressive teachers in good schools in every country use question- ing and discussion increasingly in place of instruction; those who aim to stimulate and help people by means of museum material cannot afford to lag behind.

If the displays are simple and coherent, a guide will in most cases be unnecessary. But coherent they must be. The specialist, and the visitor who knows what he wants to see and knows how t o look, is no problem, but the layman very definitely needs more help than most museums usually give him if he is to find more than transient interest and stimulation. He needs something more than a bare date to help him situate the exhibit in its time and place; he will be enlightened by a note about technical facts of construction, by a map or sketch, perhaps, showing where the object was used or found, or the costume and ways of life of those who made it, and so on. Of course this supplementary information must be given with dis- cretion and taste. It must not obtrude upon the exhibit or detract from it; it must be very straightforward, of high quality in lettering and design. In fact, as much sensitivity and intelligence must be put into ways of helping the uninformed visitor to see and enjoy our museum material as are devoted to the more fundamental work of research and conservation. If our museums stop short with their funda- mental work and merely annotate and show lovely things, they risk losing touch with the needs of the majority of people today.

Museum publications, too, can greatly help the uninformed visitor. They need to be brief, simple and inexpensive, attractive to the eye and far below the spe- cialist level if they are to appeal to those who need them most-to those of low reading capacity who lack the advantages of a cultural background. Here a great deal is still to be done.

On many other matters we of the seminar talked and argued. We were largely agreed that museums should be fkrz for their visitors and that in so being they could provide education in its individual sense as well as supply factual information. We differed a great deal about publicity; sometimes in our talking we confused it with education, confused methods of devising pztbhcity aboztt mzlsetimr, and attempts to foster education by means of mmezim materid Though administrators habitually think in terms of numbers, it is important that museum workers shall not lose sight of the human values. If we think and feel along those lines, we shall question less the tzzwzber of visitors who come to our museums than the quality of experience that is theirs when they come . . . one visitor who has really seen what'we are trying to show him, one for whom his museum visit has opened windows to richer, wider hori- zons, is worth hundreds who come in, amble blindly through and go out again not one whit the richer for their coming.

We learnt a great deal in Athens, we lived fully, and we returned completely exhausted. Time has helped to put some matters into better perspective and all of us were altered by our experience. Both at the time, and these many months afterwards, the subject matter of the seminar was secondary in importance to the experience of living and working in an international group of men and women. Considerable self-discipline was needed if one tried to be an active and co-operative participant; tensions abounded, and one had to devote time and thought and effort to an understanding of their cause. Most of us surely learned a great deal of the technique of international effort; we have become more effective instruments of international co-operation, more useful citizens of our world. Is it too much to hope that these thirty-two people who met in Athens may, in their particular spheres, contribute to the spreading of that same co-opera,tive spirit among their peoples and their peoples' governments? The ghosts of both Socrates and Plato would surely feel that we had been remiss if we had failed to carry away from Athens some part of what they had to teach us about education and citizenship.

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