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JOP LOUVRE SAISON 2012. « Que vois-tu ? » L3Arts Plastiques (AP) et L3 Métiers des Arts et de la Culture (MAC). Université Paris 1, UFR 04 Arts Première soirée, premières impressions vendredi 23 Novembre 2012. Françoise Julien-Casanova (dir.) Alves, Jordan, MAC Nous, le Louvre. Bras croisés, le programme dans la main, l'index tendu sur la bouche, lunettes légèrement baissées, l'oeil vif, un hochement systématique de la tête et l'oreille ouverte : en ce vendredi de novembre, le visiteur du musée du Louvre est sur le qui-vive. Il est plus que jamais sollicité. Nouveau venu, habitué des lieux ou non, amateur émérite ou spécialiste averti, cette première nocturne des Jeunes Ont la Parole lui permet d'entrer en contact avec de jeunes médiateurs autour des oeuvres. Les discussions sont passionnées et les échanges s'animent à grand renfort de gestes dans l'espace. Ce soir, il n'est pas question de donner une leçon d'histoire de l'art ou d'imposer un point de vue. Ce soir, c'est autour de cet amour commun de l'Art que les personnes discutent et se rencontrent. Depuis la Grande Galerie jusqu'à la Galerie d'Apollon, de l'aile Sully jusqu'à Richelieu, le Louvre s'est animé pour quelques heures de dispositifs ingénieux et d'étudiants éclairés, pour encore une fois ravir son public. Amir Hassan Khani, Sarah, AP Mes premières impressions sur ces jeunes qui ont la parole La Nocturne « les jeunes ont la parole » au musée du Louvre a été l'occasion pour moi de rencontrer des étudiants en art de sections différentes au travers de leurs travaux et des dispositifs de médiation. J'ai pu non seulement profiter du cadre qu'offre le Louvre mais aussi des oeuvres, dont certaines étaient justement expliquées par ces médiateurs. J'ai apprécié le fait d'avoir différents discours relatifs à une oeuvre, d'une part un aspect plus historique grâce aux élèves étudiants en histoire de l'art, d'autre part, un avis plus artistique qui répond à des problématiques plastiques. Par ailleurs, j'ai apprécié le fait de recevoir des informations d'étudiants venant de sections que je connais moins telle la scénographie. Ce fut plaisant de suivre un cheminement au sein du Louvre, à la recherche des étudiants, de porter un oeil qui soit en même temps et celui d'un visiteur et celui d'un critique.

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JOP LOUVRE SAISON 2012. « Que vois-tu ? »

L3Arts Plastiques (AP) et L3 Métiers des Arts et de la Culture (MAC).Université Paris 1, UFR 04 Arts

Première soirée, premières impressionsvendredi 23 Novembre 2012.

Françoise Julien-Casanova (dir.)

Alves, Jordan, MAC

Nous, le Louvre.

Bras croisés, le programme dans la main, l'index tendu sur la bouche, lunettes légèrement baissées, l'oeil vif, un hochement systématique de la tête et l'oreille ouverte : en ce vendredi de novembre, le visiteur du musée du Louvre est sur le qui-vive. Il est plus que jamais sollicité. Nouveau venu, habitué des lieux ou non, amateur émérite ou spécialiste averti, cette première nocturne des Jeunes Ont la Parole lui permet d'entrer en contact avec de jeunes médiateurs autour des oeuvres. Les discussions sont passionnées et les échanges s'animent à grand renfort de gestes dans l'espace. Ce soir, il n'est pas question de donner une leçon d'histoire de l'art ou d'imposer un point de vue. Ce soir, c'est autour de cet amour commun de l'Art que les personnes discutent et se rencontrent. Depuis la Grande Galerie jusqu'à la Galerie d'Apollon, de l'aile Sully jusqu'à Richelieu, le Louvre s'est animé pour quelques heures de dispositifs ingénieux et d'étudiants éclairés, pour encore une fois ravir son public.

Amir Hassan Khani, Sarah, AP

Mes premières impressions sur ces jeunes qui ont la parole

La Nocturne «  les jeunes ont la parole  » au musée du Louvre a été l'occasion pour moi de rencontrer des étudiants en art de sections différentes au travers de leurs travaux et des dispositifs de médiation. J'ai pu non seulement profiter du cadre qu'offre le Louvre mais aussi des oeuvres, dont certaines étaient justement expliquées par ces médiateurs. J'ai apprécié le fait d'avoir différents discours relatifs à une oeuvre, d'une part un aspect plus historique grâce aux élèves étudiants en histoire de l'art, d'autre part, un avis plus artistique qui répond à des problématiques plastiques. Par ailleurs, j'ai apprécié le fait de recevoir des informations d'étudiants venant de sections que je connais moins telle la scénographie. Ce fut plaisant de suivre un cheminement au sein du Louvre, à la recherche des étudiants, de porter un oeil qui soit en même temps et celui d'un visiteur et celui d'un critique. 

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Belhamou, Hakim, AP

Certains sont à l’aise, d’autres ne le sont pas

Débutant notre déambulation dans l'espace réservé aux peintres flamands, un jeune étudiant, nous propose l’analyse d'un tableau de Rembrandt, "le bœuf écorché". Il se lance dans une approche formelle et relativement fluide ponctuée de considérations souvent pertinentes sur la composition ou les intentions du peintre. Sans être dirigiste, le médiateur se montre convaincant. Avec beaucoup d'éloquence, il évite soigneusement de débiter un discours appris par cœur, et tente véritablement d’interpeller son auditoire. Il nous présente en parallèle la production plastique de « sa binôme », en relation avec l'œuvre. Une boîte garnie de tissus déchirés évoquant les viscères de l’écorché mis à nu. Un travail sensible qui aurait mérité de gagner en visibilité plutôt que d'être posé au sol. Il est difficile cependant de lui en vouloir, n’oublions pas que nous nous trouvons dans une salle du Louvre et que les possibilités matérielles sont réduites. Nous ne monopolisons pas davantage le jeune étudiant, mais hélàs, le reste de la visite se montre moins engageant. Nous nous arrêtons devant un tableau qui nous est peu familier : « Le Triomphe de l'Amour avec entourage de fleurs » de Daniel Seghers et Domenico Zampieri. Deux médiatrices sont postées devant. Après quelques échange de regards, l'une d'elles initie une prise de parole hésitante, un peu gauche, la médiatrice est de toute évidence embarrassée, elle ne connaît pas son sujet. Sentant le malaise, nous décidons de mettre un terme au fiasco discursif et nous penchons sur ce qui semble être une proposition plastique également en rapport avec l'œuvre. Nous apprendrons plus tard par le biais d'une étudiante de l'école du Louvre (beaucoup plus à l'aise avec Poussin) les problèmes de coordination entre les binômes formés par un médiateur et un plasticien, ainsi que les nombreux enjeux relatifs a ce type d'exercice.

Bellocq Fanny, MAC Nuit fructueuse

 Me voici entraînée dans le tourbillon des nocturnes du Louvre, à l’occasion de la manifestation «  Les Jeunes ont la Parole  » (JOP). Ce soir, l’ambiance est très vivante. J’accède à l’aile des peintures italiennes, non loin de la Joconde. Une étudiante portant le fameux tee-shirt orange et noir «  JOP  », se trouve à côté de «  La diseuse de bonne aventure  », de Caravaggio (vers 1595-1598). Elle commence la conversation par « My French is very bad ». Je comprends qu’elle vient de l’American University of Paris  et lui propose de me parler du tableau dans sa langue maternelle. Malheureusement, l’explication pourtant très intéressante s’arrête trop vite. Je continue ma promenade dans ce musée si vaste. Au loin, un air de violoncelle m’attire. Un étudiant du Conservatoire National de Paris joue en attendant que des curieux s’intéressent au tableau qu’il présente, « Saint François en extase avec Saint Benoît et un ange musicien », du Guerchin (1620). Je m’approche : l’étudiant me décrit l’œuvre, la replace dans son contexte historique, et me parle de la vie du peintre. Son explication est plus complète que la précédente. Mais le meilleur reste à venir. Depuis le début, je cherche une œuvre qui me plaît particulièrement : « Le radeau de la méduse », de Théodore Géricault (1819). Après mes déambulations dans le musée, je la trouve enfin  : elle se dresse face à moi, gigantesque, merveilleuse. Je me précipite vers une étudiante et écoute sa médiation, déjà commencée. Contrairement au médiateur de tout à l’heure, elle m’inclut tout de suite dans le groupe. Elle parle d’une voix forte, regardant tantôt la toile, tantôt ses

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spectateurs. J’apprends beaucoup de choses. Je pose des questions, elle me répond. Enfin, nous abordons ensemble une réflexion sur l’œuvre. Un véritable échange vient de se produire.

Brun, Marine, MAC

Impressions Pays-Bas XVIe siècle Aller au musée du Louvre un vendredi soir c'est comme affronter un métro en heure de pointe, nous sommes craintifs et agissons de mauvais gré. Une fois à l'intérieur, l'oppression se fait d'abord  sentir dans le Carrousel du Louvre qui présente une multitude de vitrines somptueusement ostentatoires. Ce sentiment grandit à l'accueil du musée où nous sommes abasourdis par le brouhaha qui résonne sous la pyramide. Pourquoi une telle appréhension ? Est-elle la conséquence d'une intimidation engendrée ou produite par l'institution muséale, voire par le lieu lui-même ? Ou son origine est-elle autre ?Pour le savoir, nous prenons notre courage à deux mains et décidons d'entrer dans les entrailles de cette usine à tableaux. Nous gardons l'espoir de trouver une âme amicale, capable à cette heure-ci de consoler notre état anxieux. Direction Aile Richelieu, 2e étage, Pays-Bas XVIe siècle ! Après une montée plus ou moins périlleuse des étages, nous traversons avec rapidité les couloirs successifs à la recherche de notre chemin. "Rubens est-il dans cette salle? Par ici peut-être ? … Mais où est donc Rubens ? !" Moment de panique : nous nous arrêtons plusieurs fois devant les plans, essayons de comprendre le sens de circulation, nous tournons dans les mêmes salles, nous sommes perdus. Cet instant de solitude ne dure que peu de temps car une médiatrice des JOP (Jeunes ont la parole) prévue pour l'occasion nous guide sur le chemin à prendre. Au fur et à mesure de notre escapade muséale, nous  commençons à éprouver du plaisir en nous prenant au jeu de l'enfant dans un labyrinthe. Nous reconnaissons les tableaux des grands maîtres : nous passons devant un Poussin, un Clouet jusqu'à voir apparaître le cher Rubens. Et la chère amie médiatrice que nous recherchions. Notre angoisse s'évapore peu à peu en lui parlant. Puis, nous décidons de parcourir les espaces qui nous entourent. Une salle retient notre attention, la salle 18. Notre regard est happé par les tableaux qui envahissent les murs et par la lumière douce de la pièce. Affronter nos peurs du monumental, c'est avant tout devoir se confronter à une réalité et accepter d’abandonner le contrôle que nous avons sur nous-même.S'accoutumer au lieu,  l'habiter entièrement peut s'avérer très bénéfique et permet d'apprécier les moments de notre visite. Nous appartenons à cette salle et cette salle nous appartient. Depuis notre banc en cuir noir, nous observons les visiteurs qui nous sont proches et les dessinateurs concentrés sur leur papier. Une mouvance frénétique se fait sentir par la présence d'une dizaine de médiateurs dont certains sont musiciens, comédiens et designers. L'une d'entre eux s'approche, une jeune médiatrice au langage limpide et à la gestuelle vive. Face à nous, et à L'instruction de la Reine de Rubens, elle partage son savoir sur le tableau et nous commentons la composition. Enfin, nous contemplons ensemble les vingt-quatre tableaux qui retracent symboliquement la vie de la reine de France, Marie de Médicis, femme d’Henri IV. En écoutant attentivement son discours, nous pouvons écouter les sons mélodieux du violoncelle, le bruit continu des paroles de l'ensemble des visiteurs et médiateurs. La pièce devient de plus en plus calme et les médiateurs deviennent silencieux. La lumière laisse pressentir dans l'atmosphère l'émanation des esprits érudits s'envolant vers le plafond à caissons du lieu. Désormais, le monde s'arrête. Notre concentration s'échappe et notre pensée se perd dans les mots de nos émotions.

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Nous nous retrouvons seuls avec la salle 18 et une interaction inattendue s'opère. Nous devenons la salle 18 et la salle 18 nous devient. 

Delor, Marie, MAC

Les Jeunes Ont la Parole, mais comment l’utilisent-t-ils ? Vendredi 23 novembre 2012  : première fois que j’assiste aux JOP organisées dans le musée du Louvre. Les intérêts pour moi sont multiples : l’interprétation des œuvres grâce à un dispositif de médiation, mais également la découverte de l’exercice qu’il me sera donné de faire dans un an.  Je m’apprête donc à vivre cette première JOP avec un regard curieux et critique. La visite débute, et la première médiation à laquelle j’assiste a lieu sur un tableau de Corot où deux étudiantes éveillent ma réflexion, ma curiosité et m’entraînent dans l’univers du tableau… ça commence bien  ! En revanche, déception pour la seconde médiation (là encore sur un tableau de Corot)  ! Il faut aller chercher l’étudiant qui semble presque étonné qu’on vienne le déranger. Ces deux premières expériences me montrent déjà les inégalités frappantes entre les médiations proposées, et ce constat ne sera que confirmé par les dix autres médiations auxquelles j’assiste. Ce qui me semble finalement le plus important après ces premières JOP n’est pas réellement le discours que produisent les étudiants sur les œuvres, mais leur attitude, leur regard, leur sourire, c'est-à-dire le comportement qu’ils ont par rapport à moi et qui fait que la médiation devient un réel échange entre le médiateur, l’œuvre et son interlocuteur.

Denizart, Lisa, AP

Jeux de médiation Cette année, des étudiants de Design Textile, Matériaux, Surface accompagnent en binômes les étudiants de Médiation dans le cadre des nocturnes « Les Jeunes ont la Parole » au Louvre. La plupart de ces binômes que j’ai observés étaient assez complémentaires. Les étudiants quelle que soit leur formation se placent sur un pied d’égalité, le dispositif des étudiants de Design étant même parfois en adéquation parfaite avec le point de vue exploité dans le commentaire de l’élève de médiation. Ce relais entre les deux élèves se fait de manière assez naturelle, et donne à cette médiation de l’œuvre d’art un côté parfois ludique et la plupart du temps assez attractif. Le point de vue sensible et créatif de l’élève de Design apporte une proximité entre l’œuvre et le spectateur, mais aussi entre les deux élèves et ce même spectateur. Dans certains cas, et notamment lorsqu’il n’y a pas cet équilibre entre la médiation et le dispositif, et que le binôme est constitué de deux élèves de même formation, cette configuration à deux ferme l’ouverture vers le spectateur  : de ce fait l’accessibilité est difficile.

Dreschmann, Alexia, MAC

Une nouvelle approche des JOP

Les dix-huit heures sont passées, armée d’un plan je déambule dans les salles du Louvre. Quelques cartes posées au sol attirent mon attention. Il s’agit de pictogrammes : un collier, un chapeau, une

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coiffe dessinés à l’encre noire sur des carrés blancs plastifiés… Ma curiosité s’éveille. Une jeune fille à la manche orange s’approche et m’invite à jouer. Je sais que les JOP du Louvre ont commencé. Pourtant, c’est une approche nouvelle de la médiation qui est mise en place cette année. Pour qui est friand de ces rendez-vous annuels où la jeunesse prend la parole, c’est l’agréable surprise de découvrir la mise en place de binôme finement composé. Ils sont tous en effet, formés d’un étudiant des Ecoles Supérieurs d’Arts Appliqués permettant une approche spatiale, auditive ou visuelle, qui vient compléter l’approche historique et l’analyse plastique que peuvent opérer les étudiants du Louvre ou de Paris 1, et qui a fait le succès des Nocturnes jeunes depuis leur création (1995).Car si dans un premier temps je suis amenée ainsi à observer la muséologie du musée et les détails des tableaux qui pourraient échapper aux spectateurs, bien vite une musique m’attire dans le couloir. Un jeune homme m’interpelle et stoppe mon élan, il désire me parler de la jeune fille qu’il a rencontrée via internet. Il tient à la main un encadrement doré qui entoure une image présentant la copie d’écran d’un site de rencontre, avec inclus la photographie de la jeune fille qui l’a bouleversé. Rapidement son binôme prend le relais et m’explique habilement comment le roi Henri V a pu se laisser désarmer par amour en recevant le portrait de Marie de Médicis.Si cette première soirée sert de rampe d’essai pour ces duos fraîchement formés et si l’on déplore qu’il faille aller chercher certains médiateurs pour découvrir le tableau auquel ils se sont intéressés, les soirées des JOP édition 2012 permettent une approche de la médiation qui invite tous les sens des spectateurs, et rappellent qu’une œuvre ne s’appréhende pas uniquement et exclusivement dans son approche visuelle et verbale.

Dubchinskaya, Polina, AP

Un musée en mouvement

La visite des nocturnes JOP au Louvre, au bout du compte, m’a laissé l’impression que la médiation culturelle actuelle participe aussi de l’art contemporain. En effet, les interventions des participants m’ont portée à des émotions fortes et à des réflexions sur la nature de l’art. Les médiateurs étaient inégalement actifs. Soit ils attendaient les visiteurs sans rien faire, soit ils parlaient entre eux, soit ils invitaient les visiteurs à converser. Parmi les «  médiateurs conférenciers », certains étaient plus intéressants que d’autres. J’ai particulièrement noté le couple formé par un garçon médiateur et une fille designer d’espaces muséaux. Ils présentaient l’oeuvre « The Ceiling » de Cy Twombly, ce plafond peint par l’artiste contemporain et directement associé à la Grèce antique. La démarche de Twombly est impressionnante, la qualité de la réalisation également. Par exemple, la façon dont le point de fuite est parfaitement accordé au format de la salle.  D’autres médiateurs réalisaient non pas la présentation mais l’interprétation des oeuvres. Par exemple une lycéenne a proposé l’animation digitale avec la danse potentielle des Trois Grâces susceptible d’anticiper la mise en scène en marbre.Tous les spectateurs ont été charmés et ont goûté le son du violoncelle joué par un étudiant du Conservatoire de musique et de danse. Il se tenait à côté de tableau « Saint Francois en extase avec Saint Benoît et un ange musicien ». La semaine prochaine nous voulons aussi trouver les musiciens pour écouter la musique dans ce contexte unique.

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J’ai beaucoup aimé l’idée de plonger dans un tableau avec les yeux bandés sans quitter l’espace du musée. Les visiteurs étaient suivis des étudiantes provenant de l’école Boule, à côté du tableau d’Eugène Delacroix,  « Dante et Virgile aux Enfers ». Pour renforcer leurs propos, les étudiantes ont proposé aux visiteurs des écouteurs avec un extrait de la Divine Comédie. Nombreuses étaient les autres présentations et interventions créatives passionnantes. Toutes ces actions médiatiques contribuaient à faire du Louvre, le Musée classique par excellence, un musée nouveau parce qu’en « mouvement." 

El Zeki, Alexandra, MAC

Un rendez-vous avec Fragonard

Je traverse sans trop y prêter attention les peintres de la section Flandres du XVIIème siècle et me dirige vers les peintures françaises du XVIIIème. Je n'ai qu'une seule toile en tête : « le Verrou », de Fragonard. J'ai envie de la voir. Cela fait longtemps... une éternité que je ne suis pas venue lui rendre visite. Des étudiants empêchent le passage. Non, impossible. Je n'ai pas le temps, je reviendrai plus tard. Pour l'instant, il faut que je la vois. J'ai un rendez-vous. La salle suivante, et un étudiant m'interpelle, que je ne peux esquiver cette fois. Un coussin de soie dans les mains, il me demande de fermer les yeux... Étrange pour un musée où tout est à regarder. Cela m'amuse. J’obéis, séduite par ce jeu. Le garçon rapproche le coussin de mes narines et une fragrance musquée envahie mes narines et ma gorge. « Que vois-tu ? »,  me dit-il. « Je vois des femmes, des parures,.., oui, je vois de belles femmes, en Orient... ». J'ouvre les yeux, et il m'amène dans une autre salle, celle des peintures orientalistes. Je découvre alors le visage de Desdémone. Qu'elle est belle  ! Et pourtant, je ne l'aurais pas remarquée toute seule... Là, on m'explique que cette petite toile est une illustration du coucher de Desdémone – elle porte d'ailleurs ce titre – et qu'elle s'inspire de la célèbre pièce Othello, de Shakespeare. Desdémone va mourir, et elle le sait. Dans son regard il y a cette lucidité effrayante de qui voit son terme arrivé. La médiatrice dirige mon regard sur la toile, si petite pour autant de beauté. De son doigt, elle me fait parcourir le tableau en expliquant les détails de l'œuvre, avec application et méthode. Son discours semble parfois convenu, voire trop terre-à-terre, mais elle semble bien documentée. Jamais elle ne parle d'Elle, Desdémone, et de son regard si absorbant. Pourtant c'est ce qui retient mon regard sans que je puisse le détacher. Voilà, ça y est, je ne regarde plus les mains de la parleuse et j'écoute à peine ses mots. Desdémone et moi sommes ailleurs. Puis, d'un seul coup je reviens parmi les terriens. La médiatrice m’explique que Desdémone s'apprête à s'allonger sur son lit de mort, et c'est comme si je redoutais le moment d'après. Finalement, je suis heureuse que mon chemin ait été perturbé  ; d’avoir profité de l’arrêt pour entendre l'histoire – si dramatique – de cette œuvre à peine remarquable, flanquée dans un coin de la salle. Certes, je suis loin d’avoir tout écouté, peut-être l'attention est-elle difficile à capter face au regard de Desdémone... Je ne sais pas. Quoiqu'il en soit, j'ai fait une belle rencontre. Et rien que pour cela, je ne regrette pas mon rendez-vous manqué.

Fernandes Nery, Alya, MAC

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En écoute de soirée. Des sons, des voix et des cimaises

Ce soir a lieu la première soirée JOP/Louvre de l'année, pour découvrir les jeunes étudiants de plusieurs écoles de Paris qui proposent des médiations devant les oeuvres de leurs choix. Je suis arrivée au musée au début de la soirée, mais il m'a fallu attendre cinquante minutes pour trouver une « manche-orange » prête à commencer. Dans l'Aile Denon, moi et ma camarade Lucie avons remarqué un jeune homme avec un étui de violoncelle à son coté ; il n'avait pas de chaise disponible pour s'asseoir avec son instrument et jouer, il semblait un peu perdu. Nous sommes parties et puis sommes retournées quelque minutes après, quand il avait finalement trouvé un siège. Devant l'oeuvre du Guercin « Saint François en extase avec Saint Benoît et un ange musicien, » il a fait vibrer son violoncelle. En écoutant la musique, assise sur le sol du Louvre, je contemplais la peinture de l'homme saint en extase. Cet étudiant du Conservatoire National de Paris a fait un très beau duo avec l'ange qui jouait du violine dans la peinture, il m'a permis d'écouter le tableau.Je suis allée vers d'autres médiateurs, la grande majorité s’en prenait aux aspects biographiques des artistes, mais d'autres avaient des dispositifs beaucoup plus intéressants. Telles ces deux étudiantes de Design Typographique devant le tableau de Paul Delaroche, Jeune martyre. Elles proposaient trois brèves versions imprimées sur papiers colorés pour raconter l'histoire du tableau et il était possible de choisir sa version préférée.J'ai ressenti cette soirée comme une première expérience de l’ensemble des dispositifs mis à disposition du public. Nombre d’étudiants ont déclaré qu'ils introduiront des changements d’ici vendredi prochain. L'atmosphère très particulière du Musée du Louvre, avec ses grands murs richement décorés et couverts de tableaux, rendra probablement les prochaines versions des JOP encore bien plus intrigantes.

Ferré, Margot, AP

Un moment d’échange et de partage

C’est au deuxième étage, dans le bâtiment Richelieu et une partie du bâtiment Sully, que nous nous sommes intéressés à dix tableaux commentés par quelques étudiants venant de différentes écoles : l’Université Paris I, l’Ecole du Louvre, l’université de Cergy, l’Ecole Duperré et le Conservatoire de Musique de Paris.Pour les étudiants seuls, on peut constater trois différentes manières d’assurer  la médiation de la toile qu’ils ont choisie. Il y a l’étudiant qui nous invite à l’observation du tableau en nous posant des questions. Cette façon de faire crée ainsi une vraie interaction entre le public et le médiateur, tandis que d’autres se contentent seulement d’expliquer l’histoire et la symbolique de l’oeuvre, sans laisser place à la réflexion du spectateur. Seul un étudiant médiateur, sur tous ceux rencontrés, n’a pas émis un seul mot sur la symbolique supposée de son tableau.Pour les personnes en binôme avec des étudiants en design, on peut noter deux cas de figure. Il y a le binôme qui se complétae parfaitement. Le médiateur s’occupe de l’explication permettant la compréhension du tableau, et l’étudiant en design présente ensuite son projet en rapport avec l’analyse qu’il a pu lui-même réaliser, en collaboration avec son partenaire. Certains binômes ne s’accordent pas. L’étudiant en design ne s’intéresse qu’à la picturalité du tableau et présente donc un projet peu convainquant eu égard à l’intérêt de la toile.

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Dans l’ensemble, durant cette première soirée, il a régné une ambiance conviviale et détendue. Les échanges ont été riches et la plupart des étudiants avaient travaillé leurs analyses et leurs présentations. 

Freytet, Marion, AP

Ouvrez les yeux... et les oreilles

Vendredi soir, rendez-vous au Louvre pour les "Jeunes Ont la Parole". Écouter des discours interminables truffés de dates et de mots savants sur des oeuvres vues et revues un million de fois... Bon, allons voir tout de même. Et c'est parti pour trois heures dans l'aile Sully. De nombreuses marches plus tard apparaissent les fameux T-shirts noirs aux inscriptions oranges. "- Bonjour, je vais vous parler de la statuette Pégase... - Quoi ce tout petit truc ? Que peut-il bien y avoir à dire à son propos ? – Ah, mais laissez-moi vous raconter...". "- Nous sommes étudiantes en architecture et nous allons vous parler... du plafond ! – Oh, je n'avais même jamais levé les yeux dans cette salle !" ."- Asseyez-vous et écoutez ce qui va passer dans ce casque audio... - Ah non, pas un audio-guide  ! – Non, c'est un musicien contemporain, Arnaud Le Mindu  : vous connaissez ? - Euh,, ben non. - Et maintenant, avant même de parler, dessinez-moi ce que vous ressentez devant ce tableau..."Il est 21h30 et mon regard s'est transformé : les JOP sont une bonne surprise. Une surprise où, plutôt que d'arpenter de long en large l'immensité du Louvre en apercevant quelques tâches de couleur, les jeunes nous proposent de regarder ensemble une oeuvre qui les a touchés afin que peut-être à notre tour nous ouvrions les yeux.

Fourché, Élise, MAC

L'odeur de musc de la peinture à l'huile

Novembre 2012, les JOP reprennent. Sous la pyramide du Louvre fourmillent les médiateurs dans leur traditionnel costume orange et noir. Dix-neuf heures passées, c'est la dispersion. J'imagine que chacun va retrouver l'œuvre avec laquelle il a choisi de passer la soirée. Il ne reste que quelques jeunes médiatrices qui guident les visiteurs vers les différentes ailes du musée, et les préparent à rencontrer "les étudiant-qui-ont-la-parole".  La parole certes, mais pas que… ! Car cette année, le Louvre a fait venir des étudiants d'arts appliqués pour proposer des dispositifs de médiations en binôme avec ceux des médiateurs-dialogueurs. C'est alors que la médiation, dans ce lieu sacré de l'Art, essaie d’activer nos sens par d'autres moyens que celui des mots.Arrêtés dans leur course folle, mes yeux se ferment un moment dans un couloir de peintures françaises, pour que mon nez, que par ailleurs j'avais oublié, puisse être exceptionnellement le premier à rencontrer une toile. Deux étudiants de Duperré nous font sentir, à mes compagnons de route et moi, la surface d'un soyeux oreiller. À mesure que nous nous emparons du parfum, ils nous interrogent sur ce que cette fragrance évoque pour nous. Féminité, coquetterie, orient, sensualité... Nous tâtonnons avec ce que nos

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narines nous laissent entrevoir. Les deux partenaires, apparemment contents de ce qui, il me semble, fut leur première expérimentation de la soirée, nous ramènent sur nos pas. Une fois de plus c'est à nous de jouer, nous devons relier nos représentations sensorielles avec l'œuvre originelle en fouillant les lieux du regard. Tragique découverte ! Cette suave odeur de musc n'est autre que le parfum d'une femme assassinée dans ses draps ! Une fois devant « Le Coucher de Desdémone » peinte par Théodore Chassériau d'après Othello de William Shakespeare, le duo passe le relais à une autre médiatrice. Et là, malheur! Notre voyage se heurte au discours. Bien que dynamique, incollable et plutôt à l'aise à l'oral, l'étudiante que nous rencontrons là rompt brutalement avec le précédent dispositif de médiation. Je constate alors que ce qui aurait pu être une équipe dont le principe reposerait sur un parcours à étapes est en réalité la confrontation malheureuse entre un dispositif expérimental et une méthode discursive traditionnelle. Cette rencontre entre médiateurs aux univers culturels divers aurait peut-être été plus réussie si les étudiants avaient pu se rencontrer et se préparer ensemble. Ou alors,   on laisse les étudiants en design aller jusqu’au bout de leurs dispositifs, et sur d’autres d’œuvres on retrouve des médiateurs-parleurs (puisque dialogue il n’y a pas systématiquement). Car j’ai vu quelques fois certains d’entre eux déstabilisés et  ne sachant où se mettre, ni même ce qu’ils pouvaient encore se permettre de dire sans envahir la médiation de l’autre.Cette nocturne fut tout de même un moment de plaisir et de découverte. Les visiteurs surpris se prenaient au jeu, grimpaient sur des tabourets, s’arrêtaient pour écouter de la musique et se penchaient pour sentir le contenu de boîtes qu’on leur tendait. Incontestablement cette nouvelle initiative de la part du Louvre a donné un nouveau souffle aux JOP.

Gastineau, Alice, AP

Jeunes Maîtres de Renaissance[s] au Louvre

Les nocturnes "Les Jeunes ont  la parole" constituent un dispositif de médiation autour de différentes œuvres du Louvre. Ces soirées sont un exercice de parole, de dialogue entre des étudiants en art et entre des visiteurs, initiés ou non. Il s'agit, lors d'un instant plus ou moins court, plus ou moins long, d'établir une conversation, une rencontre, un moment intime et privilégié entre les trois protagonistes que sont le visiteur, l’œuvre et le médiateur. Une sorte d'échange tacite se met en place. Plusieurs formes de médiation, visuelles, tactiles ou orales, sont proposées selon la formation des étudiants, allant de la licence d'Histoire de l'Art au BTS Multimédia. Les œuvres autant que le lieu en lui-même semblent sortir "de la poussière" et renaître sous plusieurs angles et sous plusieurs regards. Elles semblent renaître différemment à chaque nouveau regard de visiteur qui se pose sur elles.

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Ainsi, tous ces points de vues démultipliés révèlent que les œuvres détiennent autant de vies et de significations possibles qu'elles ont de spectateurs.

Gille, Hélène, AP

 Une expérience à la fois enrichissante et déconcertante

 Dès notre arrivée dans la galerie des peintures du Nord, nous sommes invités par un étudiant de l'école Estienne à participer à une médiation de l'oeuvre de Rembrandt, "Le boeuf écorché", daté de 1655. Deux types de médiation s'offrent alors à nous : une par le biais de la parole, et une seconde par le biais de propositions plastiques en corrélation avec l'oeuvre médiée. Le concept nous séduit. Les projets artistiques sont plutôt convaincants  notamment cette boîte conçue par une élève de l’Ecole Estienne, constituée de dentelles, de textiles, de laine évoquant la matière des viscères de l'écorché. La préciosité de la chair anatomique contenue dans la boîte semble répondre à la crudité de la vanité. Le médiateur est situé spatialement de manière à faire entrer en relation le bœuf, Bethsabée et les portraits de Rembrandt, sculptant le spectateur  comme pour l'obliger à accepter la vacuité de son existence terrestre. Séduits par cette première intervention, nous continuons notre déambulation jusqu'à nous trouver devant "Le Triomphe de l'Amour", peinte entre 1625 et 1633, avec entourage de fleurs de Daniel Seghers et Domenico Zampieri, oeuvre qui attire d'autant plus notre attention qu'elle nous est inconnue. Deux étudiantes de l'école Duperré présentent leurs propositions plastiques qui ont trait au caractère aléatoire des angelots au centre de la couronne mais, incapables de nous fournir des explications sur l'oeuvre, nous renvoient vers une tierce médiatrice. L'étudiante en Master "Concevoir des  projets éducatifs et culturels", peu engageante et pas engagée, nous donne presque l'impression d’être dérangée par notre sollicitation. Ses indications sur la composition de l'oeuvre sont pour le moins succinctes, sans consistance ni saveur. S’ensuivront d'autres interventions du même ton. Nous finissons par nous interroger sur le manque de médiateurs compétents et nous apprenons que chaque binôme de médiation devait à l'origine être constitué d'un plasticien et d'un médiateur de formation, mais qu’un manque cruel de médiateurs n’a pas permis de constituer autant de duos que prévu. Malgré ce petit « hiatus », nous finissons notre visite sur une intervention passionnante d'une étudiante de l'Ecole du Louvre, dans la salle consacrée à Poussin. De plus, elle a la gentillesse de répondre à bon nombre de mes questions sur les difficultés d'adaptation des médiations aux différents publics et de nous éclairer sur les différents rapports à l'exercice de médiation dont nous avions été témoins précédemment.

Gozlan, Daphné, AP

« Les Jeunes ont la Parole et les vieux aussi »

Dans le cadre des nocturnes JOP du Louvre, des étudiants de différents horizons ont assumé des médiations in situ, c'est-à-dire en présence des œuvres même, devant des visiteurs enthousiastes et curieux. Si cela semble naturel, la présence directe, pas toujours jugée nécessaire, est un facteur essentiel de la médiation culturelle. De cette première expérience des JOP, voilà ce que j’ai retenu en subtance : la présence, que ce soit celle de l’œuvre aux visiteurs et médiateurs ou celle du médiateur aux œuvres et visiteurs, repose sur deux bases observées. La première tient de la place

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sociale des intervenants. La seconde est liée à la réciprocité. Le fait d’avoir en face des soi des étudiants plutôt que des historiens patentés permet aux visiteurs de se décontracter et surtout de participer. Les deux parties étant dans un processus d’apprentissage, la médiation se fait sur un pied d’égalité et favorise le dialogue. La seconde dimension, rapportée par une des médiatrices qui l’avait constaté avec grand plaisir, est que les interventions des visiteurs révèlent parfois des anecdotes très intéressantes et que celles-ci font changer également la vision de l’œuvre de l’intervenant  : d’où l’importance d’un apport subjectif.  Autant de principes qui démontrent le fonctionnement de la médiation qui jongle entre l’œuvre, le visiteur et le savoir.

Guitton, Clémence, AP

Via Crescendo

Les grandes allées du Louvre qui, très souvent, laissent place aux grincements des parquets et aux chuchotements des visiteurs, ce Vendredi soir se sont métamorphosées en un lieu d’échanges vivants entre visiteurs et médiateurs. Je ne m’attendais pas à un tel contraste.  Partie seule à la conquête de ces étudiants vêtus d’orange, la découverte de nouvelles œuvres que pourtant je pensais connaître a été pour moi une expérience en crescendo. Aller vers l’autre, connaître son ressenti, et le comprendre, découvrir de nouvelles versions d’interprétations… À l’entrée du musée, les médiateurs sont très nombreux avant de se disperser, face à leurs œuvres ils vous abordent, ou vous décidez de franchir le pas vers un inconnu qui n’a qu’un lien avec vous : l’œuvre et l’amour d’un art à faire partager. Ce soir, j’ai compris tous les bienfaits de la médiation. Un contact,, un échange mais surtout cela permet de ne pas s’arrêter à ce que l’artiste a représenté mais à ce que soi ou un autre ressent et voit, plus loin. Des étudiants se sont confrontés à ce travail avec le fameux « Serment des Horaces » de Jacques Louis David et au travers de ce que les « gens de la rue  » pensent de cette œuvre  : leurs témoignages sont mis à disposition des spectateurs du Louvre : médiation réelle et issue de paroles autres. Il en a été de même avec « Une jeune martyre » de Delaroche où les médiateurs ont récoltés, et soumis au libre choix des visiteurs les interprétations possibles.. J’en ressors avec le sourire, et ravie d’avoir passé une bonne soirée dans un milieu où les rencontres et les échanges sont d’ordinaire plutôt rares.

Haugel, Anne, AP

Médiations et multimédias.

Dix-huit heures quarante : les binômes commencent à se former dans la salle des Caryatides. Un étudiant médiateur accompagne un étudiant en création/conception multimédia qui a réalisé un dispositif de médiation d'une oeuvre. Chaque dispositif multimédia – qui à tendance à attiser la curiosité des visiteurs – accompagne une oeuvre en proposant au spectateur une «  lecture » de cette dernière selon un point de vue jugé intéressant. Cette orientation de lecture nous permet de nous attarder devant une sculpture, et nous amène à nous y intéresser, voire même – lorsque le dispositif est pertinent – à nous questionner.De ce fait, les conversations qui se mettent parfois en place rendent la visite bien plus mémorable et enrichissante. Cette soirée au Louvre conforte mon idée selon laquelle la médiation a tout intérêt à se développer, surtout dans des lieux aussi spacieux donnant à voir aux spectateurs une foultitude d'oeuvres.

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Hégoburu Marie

Ma premières médiation a commencé avec le Boeuf écorché de Rembrandt. La jeune fille qui faisait l'intermédiaire entre moi-même, spectatrice, et l'œuvre, était une étudiante de Paris1 qui fut également ma tutrice de sérigraphie l'an passé. C'était un plaisir de la revoir et surtout de l'entendre raconter le Boeuf écorché avec tant de passion. Je suis arrivée en cours de médiation mais on m'a tout de suite fait une place et la gêne n'a duré que quelques secondes. Elle parlait de la chair avec une expression "goulue", toute la texture du tableau se ressentait dans sa personne; je pense qu'on n’aurait pas pu trouver mieux pour ce tableau que cette jeune médiatrice. Dans la même pièce je fis la rencontre de Betsabée, de Rembrandt également, et d'une médiatrice plasticienne qui m'a présenté un travail remarquable. Elle a fabriqué un peignoir blanc en tissu aqua-soluble, brodé en lettres d'or du poème qu'aurait pu écrire son soupirant à la princesse. Elle présentait une vidéo où elle enlevait délicatement le peignoir pour le faire tremper dans une bassine d'eau. Celui-ci disparaissait, il ne reste plus que les lettres d'or qu'elle récupère et pose, humides, sur son bras. Magnifique.Je me suis ensuite dirigée vers la série de tableaux sur la vie d'Henri IV de Rubens. Je fis la rencontre d'un jeune médiateur plasticien de l'école Dupéré qui avait reproduit dans un cadre à moulures dorées une page de meetic présentant une jeune Marie.Clin d'oeil avec la présentation de Marie de Médicis et d'Henri IV qui se fit par l'intermédiaire d'un tableau porté par des chérubins volants et joufflus.J'ai trouvé l'idée très pertinente, les moyens pour la mettre en oeuvre moins sérieux et je n'ai eu que de brèves explications sur le tableau de Rubens.Pour finir j'ai pu partager mes connaissances sur la résine et le travail du latex avec deux jeunes gens d'Estienne qui présentaient, pour illustrer leur tableau deux moulages de coquillages en latex justement.En résumé, ce fut assez intéressant. Combien j'aurais aimé que la même opérations soit menée à Beaubourg !

Jacoupy, Camille, MAC

Une soirée Louvresque.

Il est dix neuf heures. Excitée et émue à l'idée de retourner au sein de ce fabuleux musée qui me rappelle de beaux souvenirs, j'arrive sous la pyramide. Je me mets de suite en route, à la recherche de jeunes aux tee-shirt oranges et noirs, prêts à me proposer une médiation sur l'oeuvre qu'ils ont choisie. À peine arrivée, une multitude d'étudiants d'histoire de l'art, design ou d’une autre formation culturelle se dirigent vers moi et me proposent leurs interventions.J'accepte avec plaisir certaines invitations et me laisse guider vers différents tableaux. Leurs interventions sont parfois très directives, anecdotiques ou plutôt sensorielles. Je prends plaisir à y participer, mais après avoir assisté à quelques médiations concernant la peinture française, je décide de poursuivre ma ballade dans le reste du musée.De la folie peinte par Géricault, en passant par les bains turcs d'Ingres, les statues grecques ou bien les portraits de Titien, j' évolue à travers les époques et les styles dans ce lieu qui me fascine toujours autant.

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Le Louvre provoque en moi, à chaque fois, une véritable frénésie de découverte. Lorsque je m'y ballade je découvre sans cesse de nouvelles oeuvres, salles et j'ai cette étrange impression que ce phénomène se reproduira à chaque fois que j'y retournerai. Comme à chacune de mes visites, je finis par me retrouver seule, marchant, observant et découvrant au grès de mes envies et des salles qui s'offrent à moi.Mais ce soir, la ballade que je réalise est différente. Mon parcours solitaire, hasardeux et effréné se voit être ponctué par les interventions des étudiants. Je peux ainsi parler avec eux, échanger mes observations, mes sentiments, mes réactions sur des oeuvres que je n'avais même pas vues ou bien sur des classiques que je croyais connaître mais qui ont encore beaucoup de choses à m'apprendre.Aux environs de vingt heures trente - arrêt devant celle qu'on a pu appeler « la femme saucisse » ou bien «  le monstre couché » comme me l'a précisé Fatima qui s'est penchée sur cette Grande Odalisque d'Ingres.  Mêlant rire, découverte et observation, notre échange à propos de ce chef d'oeuvre qui nous passionne et nous intrigue tant l'une que l'autre, fut très intéressant et agréable.Vingt et une heure - fin de la première soirée des JOP dont je garde un excellent souvenir. Je trouve que les interventions didactiques et amusantes des étudiants de design s'accordent parfaitement avec les dialogues des étudiants médiateurs.  Créant une véritable proximité entre les oeuvres et les publics, j'ai réellement apprécié ces différents échanges culturels. J'attends donc avec impatience la prochaine soirée des JOP en espérant y faire d'autres belles rencontres artistiques !

Kamidian, Stéphanie, AP

Le Louvre pris d'assaut par les manches oranges.

C’est comme une petite armée bien organisée que « Les jeunes ont la parole » ont investi le Louvre ce soir. En parcourant le musée, j’ai été touchée par la beauté d’une interprétation de Vivaldi que donnait un violoncelliste volontaire du conservatoire National de Paris devant « Saint François en extase avec Saint Benoît et ange musicien », une œuvre du Guerchin  ; par le parcours très bien pensé d’une étudiante à la créativité et à la timidité charmantes, par la fierté et la joie perçues dans le regard d’une professeure d’art observant son étudiante me présenter avec enthousiasme The Ceiling de Cy Twomby… J’ai été touchée par le désir de ces « jeunes » de nous transmettre leur intérêt pour quelque chose qui les passionne et de parfois même, nous présenter une de leurs créations personnelles en relation avec une des œuvres d’art présentes au Louvre. Ce soir, le musée était investi par une festivité intime et contagieuse; c'était la première fois que j'avais à faire avec les JOP et il faut l'admettre, j’ai été conquise.

Kang, Shin-Young, MAC

La rencontre avec des médiateur(trice)s d’avenir au musée du Louvre 

Durant les nocturnes du vendredi, le musée du Louvre est saturé par l’énergie de la jeunesse. La communication entre les spectateurs et les médiateur(trice)s est très animée. L’ambiance est donc conviviale et dynamique. Malgré cet aspect positif, je m’attendais à mieux de la part des intervenants. L’attitude des étudiants médiateurs n’est pas toujours participative, et parfois ils m’ont semblé figés. Néanmoins, plusieurs de leurs dispositifs pour expliquer les œuvre ont été inventifs et innovants. Une des étudiantes, en particulier, a expliqué le principe de la perspective

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conique avec son propre outil (appelé « Conic »),inventé pour l’occasion. Cette nouvelle approche m’a paru appropriée pour faciliter l’appréhension des théories de l’art fort éloignées des spectateurs qui ne sont pas initiés, tout en leur permettant d’apprécier l’oeuvre. Enfin, globalement, les présentations des étudiants participants ont donné un nouveau souffle au musée du Louvre, et ont aussi apporté une impression de fraîcheur aux spectateurs.

Kopp, Alice, MAC

Les jeunes ont la parole, mais c'est quand ils ne parlent pas qu'on les entend le mieux

Le Louvre, un vendredi soir, un mois avant Noël. Dans la foule et la chaleur, il est facile de se laisser aller à la ballade un peu mécanique, et de ressembler à ces touristes que l’on peut croiser, assis en face d’un chef d’œuvre de la Renaissance italienne, les yeux négligemment posés sur un Saint Jean Baptiste, avec à leurs pieds un sac Chanel, dans leur regard un ennui à peine masqué, et qui sont bien loin de se douter que ce vendredi soir se déroulent les JOP. Sans réellement m’en rendre compte, je suis docilement le flot de personnes se dirigeant vers la salle des Noces de Cana et de la Joconde, et puis en ressors épuisée par la foule, et sans avoir entendu la moindre parole d’un jeune. Peut-être fallait-il que je tende mieux l’oreille pour entendre ces fameuses paroles. Ce ne sont pas par des mots que j’ai enfin senti la présence des Jeunes au Louvre ce soir-là, mais par un air de Vivaldi, joué au violoncelle par un étudiant du conservatoire national de musique et de danse. Vivaldi et Spada, deux concerts, ouïe et vue réunies. Car en réalité, les paroles les plus efficaces ce vendredi, je ne les ai pas seulement entendues, je les ai vues, senties, touchées. Comme ce jeune violoncelliste devant la toile de Leonello Spada, qui a ouvert timidement son étui et a eu l’air étonné quand il a levé les yeux de son instrument, de voir la dizaine de personnes qui s’étaient arrêtées pour l’écouter. Ainsi je me suis mise à voir tout autour de moi des dispositifs ingénieux, des gens à l’écoute, des idées intéressantes, que je n’avais pas remarqués tout de suite. Il fallait prendre le temps de manipuler et d’écouter les propositions des élèves de Duperré et d’Estienne pour être touchés par la générosité de leurs propositions. Et c’est avec une certaine hâte que j’attends le prochain rendez-vous des JOP, pour découvrir les paroles palpables que je n’ai pas eu le temps de découvrir ce vendredi.

Korichi, Nassima, AP

Médiations à mains armées

A mon arrivée au Louvre, je reçois un plan afin de localiser les différents espaces où se situent les médiateurs de Paris 1/Arts. Et c’est parti  ! Accompagnée de Margaux et Margot, on se dirige directement vers les oeuvres. En chemin, on croise de nombreux médiateurs, seul ou en binôme, ils sont tous d’une grande visibilité. Une première médiatrice nous interpelle du regard par le biais d’un sourire. Nous sommes devant le portrait de Gabrielle d’Estrées. La médiatrice prend la parole  : «  que voyez vous  ?  ». Très spontanée, et à l’aise, elle nous donne quelques références historiques, dévoile son point de vue sur l’œuvre ; et nous laisse à notre tour nous en saisir. Tout le monde a le droit à la parole. Son discours marqué par le mouvement de mains très éloquentes a été une image forte qui n’a cessé de m’interpeller tout au long des rencontres et des échanges avec les

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autres différents médiateurs. 

Larrasquet, Léna, MAC

Qui me regarde? Nous observons...

Lorsque je suis arrivée dans la salle consacrée au peintre Ignacio Zubaga, j'ai aperçu d'emblée des objets disposés sur le sol qui attisèrent ma curiosité. Il s'agissait de cartons blancs au format carte postale sur lesquels étaient dessinés des pictogrammes. Ces "cartes" étaient disséminées dans l'espace et placées à proximité de croix faites de scotch noir. Ayant supposé que ces dernières indiquaient des emplacements "stratégiques", je décidai de prendre position sur deux d'entre elles. Mais le mystère restait entier. En effet, qu'indiquaient-elles? Que me disaient ces pictogrammes? J'avais déjà repéré un groupe de cinq étudiantes au centre de la salle, placées en retrait. J'ai donc cherché à croiser leur regard, tentant de leur démontrer ma curiosité. Malgré mon insistance et quelques regards échangés, je ne suis pas parvenue à créer un autre contact. J'ai donc finalement décidé d'aller à leur rencontre. Il s'agissait d'un dispositif pensé par une étudiante de l’Ecole Dupéré intitulé Qui me regarde? Son intention était de mettre en avant la muséographie particulière de cette salle (entièrement consacrée aux oeuvres d'Ignacio Zubaga, léguées par l'artiste)   par un double jeu d'observation : le spectateur devait retrouver (ou pas), dans les différents tableaux, la présence des objets représentés par les pictogrammes, ceci tout en découvrant, par des points de vue précis (délimités par les croix au sol), l'originalité et l'intelligence de la scénographie. On observait par exemple, à un emplacement précis, le regard de tous les personnages posés sur nous. Finalement, ce type de médiation ludique et tout à fait participative me paraît intéressant. Néanmoins, selon moi, une explication des "règles du jeu", puisqu'il s'agit bien de cela, reste nécessaire. Et il semble dommage que le spectateur soit contraint à faire le premier pas afin de créer un contact parolier. Mais on concède, puisqu'il s'agit de demander un certain investissement de sa part, que ce retrait de l'étudiant-médiateur permet sans doute de "sélectionner" les spectateurs les plus motivés, les plus curieux...

Leblanc, Ariane, MAC

La redécouverte du Louvre

Le Louvre, ce musée gigantesque où l’on peut vite être noyé entre la foule et les œuvres, ouvre ses portes pour les nocturnes des « Jeunes ont la parole ».

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Étant novice en la matière, je redécouvre ce palais des arts envoûtant et mystérieux. En déambulant entre les œuvres, je tombe sur une esquisse du « Radeau de la méduse » de Géricault, je suis prête à me détourner quand une jeune femme m’interpelle  : « Vous connaissez ce tableau – oui, mais pas plus que ça ». Et voilà que cette étudiante, en Master des Arts et de la Culture, me raconte l’histoire de cette œuvre monumentale. Je suis abasourdie car je ne pensais pas qu’il puisse y avoir un récit aussi fort et politique derrière ce tableau. J’ai pu me rendre compte de l’intensité du travail de Géricault et surtout de son goût pour la perfection. Après l’avoir remerciée, je continue mon périple entre les tableaux et les sculptures. Sentant le manque de spontanéité de la part de certains médiateurs, cette fois c’est à moi d’interpeller un jeune homme. Il m’explique alors une œuvre de Lagrenée, « L’enlèvement de Déjanire », tableau peint en 1755 pour son admission aux Beaux Arts. Après un commencement hésitant, le médiateur prend de l’assurance et me fait comprendre au final que nous sommes ici, comme aujourd’hui, sur des phénomènes de mode. Cet artiste a été très connu pendant vingt ans puis il est tombé aux oubliettes.L’échange, pour moi, a été présent et j’avais l’impression que pour chacune des médiations, le médiateur et moi, nous réfléchissions ensemble.     

Lee, Jiwon, MAC

Deux types de médiations autour des oeuvres

La première soirée des Nocturnes du Louvre, l’espace était aussi bondée que d'habitude. Malgré l'heure tardive, il y avait une ambiance festive grâce au personnel d’accueil, très convivial, composé d’étudiants, vêtus d'un T-shirt noir ou il était écrit JOP (les Jeunes Ont la Parole) en orange. Les participants de JOP sont des étudiants qui viennent non seulement de Paris, mais aussi de toute la France. Ils réalisent la médiation des oeuvres de deux principales manières : l’une est développée en faisant participer le spectateur à l’aide d’outils, l’autre avec seulement une description.

Grâce à cette première méthode, les médiateurs ont donné davantage envie aux spectateurs de découvrir les oeuvres en participant par eux-mêmes aux activités proposées. En ce qui concerne la deuxième méthode, les médiateurs ont attiré l’attention du public sur un détail de l’oeuvre, qui n’est pas d’ordinaire présenté, ayant une signification symbolique. Par exemple, dans le cas  des Trois Grâces, sculpture romaine,  la présence de tel ou tel fruit dans la paume de la main de deux femmes, est difficile à saisir sans explication.Si nécessaire, les médiateurs n’ont pas hésité à préparer leur présentation en imprimant des travaux lisibles. Cela a permis au spectateur d’être sensibilisé à la comparaison artistique. Bien que la première méthode ait permis la participation des visiteurs, très peu d’explications leur étaient fournies.Autre cas de figure, les médiateurs pouvaient rester passifs, ne cherchant pas à stimuler le spectateur. De plus il n’y avait presque aucune interaction entre le spectateur et le médiateur.Donc, cette expérience m’a donné envie de m’investir dans ce projet pour l’année prochaine en améliorant ces deux méthodes à la fois par une meilleure préparation des outils et la réalisation d’une description pour faciliter l’ interaction entre le spectateur et le médiateur.

Lourde, Cyrielle, MAC

Dialogue ?

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Vendredi soir, au Louvre, des tâches oranges parsèment les salles du musée. A y voir de plus près, il s’agit de jeunes étudiants aux t-shirts bicolores – orange et noir - sur lesquels sont inscrits « les Jeunes ont la Parole ». C’est-à-dire ? Des étudiants d’universités parisiennes, seuls ou en binôme, proposent de nous accompagner à la rencontre d’une œuvre. Comment  ? Par exemple en proposant un cône en fils de laine qui permet d’appréhender ce qu’est la ligne d’horizon, ou en jouant de leurs instruments de musique, ou en mettant à disposition des lecteurs mp3, des jeux didactiques. Variés sont les dispositifs qui font ainsi de chaque médiation un moment singulier. Sortir de l’enseignement encyclopédique de l’histoire de l’art, tel est le but des JOP ; qui se veulent plus un moment d’échange et de partage qu’une conversation univoque entre savant et disciple. Le but est-il atteint et les visées respectées  ?

Marchis-Mouren, Anne, MAC

JOP : Jeunes Ouvert et Passionnés !

Je me trouve plongée dans l’ambiance si particulière de la pyramide du Louvre : au dehors la nuit est presque noire. Et toi, «que vois tu ? »  : ces mots inscrits sur le dépliant en lettre blanches et capitales m’indiquent que la soirée se place sous le signe du partage, j’esquisse un sourire. L’idée de faire s’évaporer pour une soirée le mur de la légitimité donnée à «La» parole des guides me réjouit. Ce soir les jeunes « ont la parole » et ce sera d’égal à égal.En cette première nocturne de l’hivers 2012, mes pas se dirigent vers le hall Sully,que j'affectionne tout particulièrement. Je passe sous les Caryatides et me dirige instinctivement vers «l’hermaphrodite endormie»  statue d’une énigmatique beauté.Dans cette salle les mots des médiateurs résonnent mais à cette instant ce sont les quelques vers de Théophile Gautier qui me reviennent en tête « Dans sa pose malicieuse, Elle s’étend, le dos tourné, devant la foule curieuse, sur son coussin capitonné.» La foule est-elle curieuse ce soir ? Cette interrogation marque le début d’un long échange avec Bruno, étudiant à l’École Nationale Supérieur d’Architecture.  Il me confie avec une once de déception dans la voix  : « la salle est un passage, elle sert de couloir traversé par des touristes pressés de prendre la Joconde en photo»  ; mais heureux d’être présent il ne tarde pas à me faire partager son savoir d’étudiant architecte d’une manière tout à fait personnelle. Heureuse surprise, il ne s’attarde non plus sur l’hermaphrodite endormie mais sur l’histoire de la salle et la scénographie des statues ! « Les JOP sont faites pour apporter un regard « neuf » sur les oeuvres et le lieu, c’est la raison de mon assiduité ! », me confie une dame d’un certain âge, fidèle à cette événement. En continuant mon chemin je décide donc de me laisser porter de surprise en surprise .Sully, deuxième étage - salle 66 «l’idylle et le drame romantique (1820-1835)  », lieu de ma rencontre avec Clémentine et Félix, jeunes étudiants en manaa à l’école Dupérée .Accoutrés de costumes tout à fait originaux, ils me font part de leurs démarches,  : raconter les tableaux par la couleur ! Je me prête donc au jeu de l’écoute, et puis dire ne jamais m’être fait conter les tableaux de Fragonard, François Biard ou Joseph-Nicolas Robert-Fleury avec tant d’énergie et d‘imagination ! Continuant mon parcours, ma curiosité me porta auprès de médiations tantôt adroites tantôt plus laborieuses mais je puis dire que chaque jeune s’est investi avec passion. Il me semble alors que parler d'inégalité des médiations n’est pas approprié, mais que nous pouvons parler de diversité des

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approches, qu’elles soient conscientes ou non de leurs identités. C’est par la diversité de ces médiations conversationnelles et plurimédia que des personnalités ce révèlent et touchent ainsi un large panel de publics. Dès lors, on ne peut plus dire que les jeunes ont la parole mais qu’ils possèdent « les » paroles, des dialogues passionnés qui délient les langues, ouvrent quelques fois les portes du débat : de quoi réjouir chacun et dépoussiérer les clichés ! 

Marcon, Garance, MAC

Un dispositif à approfondir : Médiation oui, Animation non

Comme chaque année, le Louvre a organisé une de ses soirées "Les Jeunes Ont la Parole" réalisée par et pour les jeunes de moins de 26 ans. Pour cette édition, l'équipe a décidé de modifier le dispositif de médiation, qui, jusqu'alors, n'avait pas été assez exploité et approfondi. Auparavant on pouvait souvent voir errer des étudiants - venants de divers types d'établissements -, dans les galeries du Louvre. Ne sachant pas toujours ce qu'ils devaient faire ou dire, nous étions, la plupart du temps, confrontés à des échanges de type conférenciel dans lesquels il était difficile de s’impliquer et de profiter de quelque chose. Cette année - me semble t-il -, le Louvre a pensé plus judicieux de former des groupes de deux ou trois intervenants, composés à chaque fois d'un étudiant d'arts appliqués et d’un étudiant venant d’une autre formation, qu’elle soit artistique, historique, des métiers de l’art et de la culture ou des métiers d’art. A priori, le principe semblait hasardeux car les élèves ne se connaissaient pas et n'ont pas travaillé au préalable ensemble. De plus, il paraissait assez étrange que le Musée fasse appel à des élèves futurs designers et non à des artistes plasticiens (type Beaux Arts, en rapport direct au lieu). Mais sur place, nous avons pu voir des réflexions prendre forme et ce fut très intéressant. Divers procédés avaient été développés pour amener les visiteurs à s'interroger sur les œuvres mais aussi sur le lieu d'exposition lui-même, allant de la performance dansée ou musicale à des dispositifs plastiques créés par les médiateurs.Tout cela pour offrir de nouvelles portes d’accès aux œuvres, et permettre tout simplement de déplacer notre regard de l’objet à la pratique.Finalement, une première soirée comme celle-ci parait avoir eu des effets plutôt positifs. Lors des deux autres soirées à venir et des éditions prochaines, on verra si les uns et les autres ont profité de cette «  première  » pour approfondir et améliorer une Médiation dont les principes de base, jusqu'à présent, n'étaient pas assimilés par un grand nombre des intervenants. On verra aussi s’il n’y a pas dérapage et enfermement dans un dispositif qui risque fortement de basculer dans ce qu'on appelle plus communément, de « l'animation."

Martin, Magalie, AP

Éprouver les œuvres : l’expérience du Christ mort (Champaigne)

Les JOP ont innové cette année : en plus de la médiation orale et uniquement verbale des œuvres présentées, un dispositif plastique de médiation a été mis en place. Au fil de ma visite, j'ai donc

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croisé des étudiants postés en binôme près des tableaux, un étudiant en histoire de l'art ou en métiers des arts et de la culture (mac) accompagné d'un étudiant en design. Il s'agissait ainsi de proposer aux visiteurs différents types de rencontres avec les œuvres, qui elles sont muettes, silencieuses et immobiles.À force d'observation, j'ai pu me rendre compte que quelques étudiants design se trouvaient confrontés à des spectateurs en quête d'informations et il m'a malheureusement semblé qu'ils n'étaient pas toujours en mesure de répondre, écorchant parfois même le nom de l'artiste sur lequel ils travaillaient. À ma grande surprise, j'ai néanmoins participé à une expérience des plus atypiques : durant ma "promenade bizarrement entravée par des beautés" (Paul Valéry), j'ai rencontré une jeune étudiante en première année de design à Duperré. Elle avait conçu une installation face au Christ mort couché sur son linceul (1654), du peintre Philipe de Champaigne. À travers son dispositif, elle proposait aux spectateurs de "vivre" l’œuvre, c'est-à-dire de la contempler en mettant sur leur tête un grand couvre-chef blanc, doublé d'écouteurs diffusant une bande sonore composée pour le tableau (des souffles de trépas sur une musique expérimentale très inquiétante). Il s'agissait donc, par ce biais, d'organiser la rencontre avec l'œuvre grâce à une expérience « totale » : le dispositif pousse à faire abstraction de tout ce qu'il y a autour du tableau, offrant ainsi au spectateur une lecture intense et intime, et a posteriori, le souvenir unique d'une rencontre interactive avec le Christ mort couché sur son linceul.

Mette, You-Jeen, APLe pouvoir du médiateur.

Lorsque je suis arrivée au musée du Louvre, j'ai pu suivre et observer les jeunes qui se mettaient en place. L'heure du début était passée, mais ils étaient encore trop refermés sur eux-mêmes. Il y en avait même qui formaient un groupe en cercle et qui discutaient entre eux. Face à des scènes de ce type je me suis sentie mal à l'aise, et du fait sans insister je suis aller voir ailleurs, et j'ai commencé à participer. J'ai été déçue par certaines peintures classiques, mais j'ai eu quelques bonnes surprises auxquelles je ne m'attendais pas du tout, notamment en sculptures du moyen-âge et en orfèvrerie ancienne qui sont des domaines auxquels je n'avais pas donné plus d'attention auparavant. En effet, mis à part le stress de la première participation, en tant que public, je pouvais clairement sentir la motivation du médiateur face à l'œuvre choisie. En fonction de sa formation, chacun avait une approche différente face au public, que ce soit dans la méthode pour faire participer ou dans l'expression orale (le tutoiement ou le vouvoiement). De manière générale, il a été intéressant de relever combien le médiateur a le pouvoir de valoriser une œuvre ou au contraire de lui faire complètement perdre son intérêt.

Moireau, Aurore, MAC

Courte étude comportementale du Médiateur

Lors de cette première nocturne au musée du Louvre le 23 novembre, j’ai parcouru principalement deux ailes du musée  : celle des antiquités grecques, allant jusqu’aux antiquités égyptienne, puis celle des peintures françaises et italiennes. Ayant passé plus de temps dans les premières, j’ai pu constater qu’un bon nombre de sculptures en marbre situés dans les salles d’antiquités grecques

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étaient prises en charge par des médiateurs. Je les écoute alors me parler de l’Hermaphrodite endormi, puis des Trois Grâces, de l'Aphrodite accroupie ainsi que de la Nymphe et du Satyre… Pour cette dernière œuvre d’ailleurs, une des médiatrice avait mis au point un petit dispositif  : il s’agit d’un dépliant, sur le principe du judas, il fallait regarder d’un certain angle a travers et y voir se former une phrase : « L’érotisme tient dans ce sein qu’on ne saurait voir. ». En avançant vers les antiquités Égyptienne  je suis dans un premier temps étonné de ne plus voir de médiateur puis je comprends que dans cette partie, il y a d’avantage d’objets de cultes, d’objets du quotidien que d’œuvres à proprement parler. J'observe deux médiatrices devant une sculpture de tigre, celle-ci placée dans une "salle" qui ressemble plus à un couloir qu'à une salle d'exposition (un grand escalier se trouve juste à côté de cette sculpture), ces deux médiatrices se tendent vers les visiteurs passant devant elles, mais n'en  arrêtent  jamais aucun. Je trouve alors dommage que leur lieu d'affectation les limite ainsi, Les visiteurs ne s’arrêtant pas sans être dans une grande salle où tous les mouvements des visiteurs sont plus lents et plus attentifs. Suite à cela, je pars du côté des tableaux, ayant dû faire assez vite, j'ai seulement observé les emplacements des médiateurs et leur tableaux d'affectation. Dans cette aile, il y a comme je le pensais, bien plus de médiateurs que dans l'aile des antiquités égyptiennes.

Mouradian, Julie, MAC

Les JOP, ou le Louvre autrement.

Notre vendredi soir était cette semaine consacrée aux JOP, abréviation pour Les jeunes ont la parole. Ces nocturnes permettent aux élèves de différentes écoles de métiers de la culture et d’arts appliqués telles que Boulle, Estienne et bien évidemment aux élèves de la Sorbonne MAC de pratiquer la médiation, autour d’un public international et de tous horizons. Le Louvre, en raison de sa notoriété, attire déjà un nombre incalculable de visiteurs par jour, mais il m’a semblé que ces nocturnes lui étaient encore plus profitables, d’autant plus que la perspective de discuter avec des jeunes étudiants provoque souvent la curiosité. Les quelques modules de médiation mis en œuvre m’ont semblé susciter un grand intérêt principalement auprès des touristes et amateurs de peinture. Ces outils permettent une compréhension de l’œuvre, aussi bien que de la démarche des JOP. Il est vrai que lorsque l’on parle de médiation, il est facile de penser qu’il s’agit uniquement de parler de l’œuvre dans son contexte formel, esthétique, symbolique ou historique. Bien sûr, cet aspect de la conversation est nécessaire pour pouvoir prendre du recul sur l’œuvre, mais l’objectif de base est essentiellement de provoquer la discussion sur le sentiment de l’observateur, inexpérimenté ou non, et sur les éléments qui retiennent son attention. Les quelques étudiants avec qui j’ai eu l’occasion de parler m’ont décrit ces rencontres au Louvre comme une opportunité de rencontrer des personnes de tous pays, et de cerner leurs appréhensions en matière d’art. Les flyers étaient aussi un moyen de communication fort efficace et original puisqu’ils ne véhiculaient pas l’idée d’une médiation de l’œuvre, dans son sens le plus strict et magistral, mais d’une médiation de personne à personne, dans une ambiance agréable et détendue. C’est d’ailleurs pour moi l’aspect le plus important et enthousiasmant dans cette démarche des JOP ; ce contraste entre un musée international, emblématique de Paris et de l’art académique, avec la désinvolture et une forme nouvelle d’interprétation de l’art par les étudiants. Le Louvre peut tout de suite être perçu différemment, non selon ce qu’il contient et son architecture, mais selon l’atmosphère qu’on y retrouve quelques vendredi soir par an.

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Naville, Margaux, AP

Que vois-je? Des jeunes spontanés La première médiatrice de la JOP qui m'a accueillie était très avenante dans sa manière d’engager le premier contact. Elle nous a présenté une œuvre de l'école de Fontainebleau (fin du XVI ème siècle), un  « Portrait de Gabrielle d'Estrées et de sa sœur la Duchesse Villard » vers 1594.Elle demandait fréquemment ce que l'on voyait dans l'oeuvre et si nous connaissions son histoire, et ajoutait une explication claire et efficace.Elle nous a également donné son interprétation du tableau mais un homme situé derrière moi est intervenu, et à contredit ses informations. Il avait l'air d'être très connaisseur, ce qui l'a mise un peu mal a l'aise mais elle ne s'est pas effacée et a continué malgré tout à affirmer ses dires  : j'ai trouvé cela remarquable.La seconde médiatrice était d'origine allemande, elle nous a présenté l'oeuvre de Simon Vouet «  La présentation au Temple » vers 1640 -1641. Elle nous a bien parlé de la partie historique du tableau et de sa scène biblique mais j'ai trouvé que cela manquait malgré tout d'analyse approfondie du tableau.La troisième médiation était pour le coup très intéressante. Deux filles travaillaient en binôme  ; une étudiante en Master MAC de Paris 1 et une autre en BTS textile à Duperré qui avait fabriqué un dispositif audio assez curieux. Ce dispositif permettait de vivre l'oeuvre avec une bande son en rapport. C'était un casque audio qu'on nous mettait sur les oreilles puis une sorte d'isoloir que l'on disposait uniquement sur la tête et qui nous empêchait de voir ce qui se passait sur les côtés. Nous étions seuls face a l'oeuvre et cela fonctionnait bien.La médiatrice de Master nous à vraiment bien renseigné sur les œuvres de Philippe de Champaigne, « la Cène » vers 1652 et « Le Christ mort couché sur son linceul » . Elle a été souriante et vraiment agréable à écouter.La salle possédant plusieurs œuvres de Champaigne, l’étudiante a effectué des liens entre les tableaux et par rapport à celles dont elle q traitait. Une médiation vraiment réussie !!!En conclusion j'ai vraiment apprécié ce dispositif riche en termes d'échanges, de connaissances et de rencontres. Une ambiance agréable et plaisante. Hâte d'y retourner !!! 

Nouy, Samantha, AP

Salle des Caryatides, un nouveau regard

Faute de temps, je ne me suis consacrée qu’à la salle des Caryatides. Grâce aux étudiants d’architecture, j’ai mieux compris sa scénographie et son histoire. Par exemple celle-ci tire son nom des quatre statues féminines qui soutiennent l’entablement réservé aux musiciens à l’époque des bals aux XVIème siècles. Aujourd’hui, elle présente des répliques de statues de l’antiquité gréco-romaine. Les étudiantes d’histoire de l’art, médiation culturelle et design-multimédia se sont appliquées à replonger les sculptures dans leurs contextes, à les mettre en relation et à nous les faire voir avec un regard plus moderne. L’une d’elles a mis en mouvement les Trois Grâces, ne formant plus qu’une, dans un pas de danse  ; tandis qu’une autre nous faisait dessiner Aphrodite

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accroupie sur un tableau virtuelle. Je n’ai pas vu le temps passé et un peu frustrée, je décide de me consacrer aux autres salles aux prochaines JOP.

Paquet, Lou, MAC

Les VOP : Les Visiteurs n'Ont pas la Parole

Ce soir, je me suis rendue au Louvre pour une bonne raison : la soirée des JOP : "les Jeunes Ont la Parole". Les JOP, c'est un concept  : laisser la libre expression à des étudiants en arts appliqués, design, médiation et histoire de l’art. Le but  ? Effectuer des médiations culturelles sur de nombreuses œuvres  ; partager le plaisir  ; échanger sur un sujet qui me passionne : l'art. Je suis donc arrivée à cette soirée pleine d'enthousiasme. Pour commencer, je décide d'entrer dans une salle au hasard. Je repère de suite les t-shirts noirs à manches oranges des Jeunes Ont la Parole. Après quelques minutes d'attente due à l'hésitation des médiateurs, une première médiation est lancée. On me fait écouter de la musique, observer une oeuvre, écrire quelques mots, puis on me laisse parler et exprimer mes ressentis. J'échange enfin avec les médiateurs, on m'écoute, je questionne, on me répond, me questionne en retour… cette soirée s'annonce très bien. Malheureusement, mon enthousiasme retombe aussitôt lorsque j'essaie d'attraper le regard du médiateur suivant qui fuit le mien et tente de se cacher derrière les murs. Je décide alors de l'interpeller. Difficilement, je réussis à lancer une conversation, ou plutôt un monologue. C'est en effet un discours d'histoire de l'art qu'il me sert avec peu de conviction : la vie du peintre, la composition de ses oeuvres, leur signification, tout y passe ! Même mon regard pointé sur mes chaussures ne l'a pas arrêté. Voilà donc une seconde médiation qui me refroidit. Je continue mon parcours et passe par une dizaine de médiations. Lorsque certaines sont dynamiques, laissent place à l'échange et que leurs "JOP" nous laissent la parole à nous aussi, d'autres médiateurs en revanche nous offrent un monologue Wikipédia chronométré. Je tente alors parfois d'intervenir, émettre des opinions ou contredire mon interlocuteur ; mais pas de panique, il résoud alors rapidement le problème en me coupant la parole ou en m'affirmant que ce que je dis est faux, puisque lui-même a appris le contraire dans son école. Les médiations m'ont donc semblé très inégales même si je mesure la difficulté de cet exercice. Il faudrait juste rappeler à certains que ce n'est pas parce que cet évènement a pour nom "Les Jeunes Ont la Parole" que les Visiteurs, eux, ne l’Ont Pas.

Pelc, Ludivine, AP

Lectures variées

Durant cette soirée des JOP, qui pour moi, était une toute nouvelle expérience, j'ai pu découvrir beaucoup d'étudiants venant de plusieurs écoles et universités parisiennes (écoles du Louvre, Boulle, Duperré, Université Paris 1...). Ils n'étaient pas tous dans la pratique de la médiation elle-même comme ceux du Master MAC à Paris 1. Ils venaient de cursus divers (mode, design d'espace, histoire de l'art..) et pour la plupart, étaient regroupés par binômes ou trinômes sur une œuvre afin de pouvoir proposer des approches variées de la même oeuvre (dispositifs sonores, vidéos, visuels, performances...).Par exemple, l'oeuvre de Véronèse Les Noces de Cana, était expliquée par plusieurs étudiants qui essentiellement appartenait à une formation de mode à l'école Duperré. Ils proposaient d’aborder l'oeuvre à travers un dispositif sonore confrontant deux versions du tableau, qui, à première vue,

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ne sont pas compatibles. Quant aux autres étudiants en histoire de l'art, ils pouvaient appuyer leur prestation sur des savoirs bien plus érudits.En conclusion, j'ai pu comprendre que les étudiants ne cherchaient pas seulement à nous informer sur l'oeuvre dans son aspect historique, mais voulaient nous faire lire les œuvres dans leurs aspects sensible et plastique, ce qui permet de percevoir l'oeuvre d'une autre manière. Cette soirée a été un enrichissement personnel et m’a ouverte sur la possibilité d’appréhender les collections du Louvre autrement.

Perez, Marie-Cécile, MAC

Des nouvelles dimensions possibles pour les œuvres du Louvre. C’est en fin d’après-midi, vendredi, que je me suis rendu aux nocturnes du Louvre, afin d’y voir les médiations organisées par les étudiants lors de la manifestation « Les jeunes ont la parole ». Ayant plutôt l’habitude de me rendre au musée durant la journée, cette approche nocturne m’a tout de suite mise dans une ambiance particulière. En effet, j’ai eu la sensation de percevoir le musée différemment, peut être de manière plus festive ou du moins, l’espace m’a semblé plus accessible et libre, moins imposant et sévère. Les diverses médiations observées et vécues m’ont parues tout d’abord très distinctes, et je me suis rendu compte à quel point une médiation ne pouvait être deux fois identique. En tant qu’observatrice, il m’a semblé que le public allait plus facilement vers les groupes de médiateurs qui avaient préparé un dispositif avec des accessoires, peut-être poussés par la curiosité et la joie de pouvoir manipuler ou encore d’écouter quelque chose au sein d’un espace sacralisé où il est interdit de faire usage de tous nos sens. Certains publics semblaient ravis de pouvoir dialoguer avec les jeunes, d’autres étaient plus réticents. Personnellement, il m’a d’abord semblé assez difficile de m’adresser aux médiateurs, devant souvent faire le premier pas pour engendrer la conversation. Mais une fois cette étape un peu gênante passée, les conversations se sont souvent avérées très agréables et surtout marquées par leur caractère unique. Parfois, le dialogue s’apparentait à un jeu, d’autres fois plus à un échange de questionnements, ou encore juste à une simple écoute de mes interlocuteurs. Certains groupes avaient même prévu de laisser aux spectateurs une trace de l’échange en donnant un poème. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que les médiations vécues ont modifié ma perception de l’œuvre. En effet, je me souviens des œuvres vues, mais à cela viennent s’ajouter désormais des rencontres et des échanges de paroles qui amplifient l’aspect humain des œuvres, et plus largement, du musée. 

Piquemal, Marie, AP

"Une soirée enrichissante".

À cette première JOP j'ai pu découvrir des étudiants venant d'écoles et d'universités différentes. Cela s'est ressenti dans leurs présentations. Par exemple, j'ai trouvé que les étudiants venant de l'École Supérieure Nationale d'Architecture (Val de Seine) étaient très avenants, dynamiques, convaincants dans ce qu'il expliquaient et nous donnaient envied'aller vers eux les écouter. Les étudiants de l'École du Louvres étaient un peu plus hésitants, moins "passionnants" mais une étudiante est "sortie du lot", elle nous posait des questions, ce qui captait vraiment notre attention.

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Cela à donc permis d'instaurer un dialogue, c'était donc beaucoup plus "vivant". Les étudiants en design avaient fabriqué des objets pour illustrer leurs explications, par exemple j'ai pu essayer un strabinoscope pour comparer la course de deux chevaux, il fallait deviner lequel était celui du tableau de Géricault. Cela permet un échange interactif, très passionnant. Il y avait aussi de nombreux étudiants Erasmus, un peu gênés par leurs accent mais cela ne changeait rien au fait qu'ils connaissaient bien leur sujet et leurs explications étaient très claires. Et puis, j'ai pu observer des étudiants qui n'avaient pas l'air satisfaits d'être là. Par exemple, une fille était assise jouant avec son portable, une autre avec son appareil photo, ou bien ceux/celles qui discutaient ensemble et qui en conséquence ne voyaient pas que l'on attendait devant eux pour les écouter... Mais dans l'ensemble, pour cette première expérience j'ai pu voir des étudiants motivés, passionnés et qui ont l'envie de nous faire partager des choses. J'ai observé beaucoup de gestuelle, on nous a raconté des anecdotes, montré des documents, guidés dans notre visite... J'espère être aussi satisfaite la semaine prochaine !

Rubillon, Roxane, MAC

Hasards et premières fois

Vendredi soir, je suis arrivée toute seule au Louvre, sans attente particulière pour ma première soirée des JOP. Je ne savais vraiment pas par où attaquer le Musée, mes précédentes visites aux Louvre se comptant sur les doigts de la main… Je suis d’abord restée plantée dans le hall à observer autour de moi l’agitation. J’avais l’impression de ne pas faire partie de la scène, d’être à part, comme extérieure à ces groupes. Après ce moment d’errance, je me suis lancée en entrant par une aile du musée au hasard, sans savoir ce qui allait m’intéresser ni quelles œuvres j’allais découvrir. J’avais peut-être déjà arpenté ces allées, mais la nuit offrait une nouvelle dimension au Louvre, et ce soir, pour moi, ce fut comme la première fois.Je fuyais la foule, découvrant au hasard les allées, attirée par celles que j’imaginais les moins peuplées et les plus intimes. Je pensais que c’était impossible dans ce lieu, mais pendant quelques instant, j’ai réussi à me sentir seule au monde. Je déambulais parmi les statuts et autres vestiges anciens, ces œuvres moins populaires et un peu délaissées. Quelques médiateurs morts d’ennui m’ont souri, comme un appel au dialogue. Mais me sentant un peu égoïste, j’ai préféré me balader encore un peu avant d’entamer la moindre discussion.Et là,continuant ma promenade, je suis tombée nez à nez avec la « Victoire de Samothrace ». Quel heureux hasard ! C’était une des œuvres que je désirais le plus voir ! Elle était magnifique, me surplombant du haut des marches. Il y avait une foule de monde autour, et voyant plusieurs médiateurs je suis allée à leur rencontre. Quelle grosse déception ! J’ai eu clairement le sentiment qu’on me parlait comme à un enfant en bas âge, me demandant  : « Tu veux participer à l’expérience ? ». Ceci sur un ton faussement mielleux. Sans explication, j’ai eu une feuille et un crayon entre les mains, et un casque sur les oreilles où était diffusé des sons aquatiques. On m’a demandé de dessiner ce que j’entendais, mais j’étais tellement agacée d’être prise pour une ignorante et d’effectuer une activité enfantine que je n’ai pas pris la peine de m’appliquer ni d’essayer de comprendre ce que cela pouvait m’apporter. Après cette activité, remarquant que ces médiateurs venaient de l’école de design où j’ai étudié par le passé, j’ai essayé d’établir un dialogue : en vain. Grâce à cette expérience ratée, j’ai compris pas mal d’erreurs à éviter lorsque l’on est médiateur.

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D’abord, je pense qu’il est important d'avoir de la considération pour les personnes qui se prêtent au jeu, et qu'il est important de s'intéresser à son interlocuteur afin d'avoir un réel échange.Avant de partir j'ai eu l'occasion de discuter sur le «  Concert champêtre  » de Titien avec un médiateur passionné par l'artiste, Emmanuel, qui, drôle de coïncidence, fait partie des Master 1 Métiers des Arts et de la Culture. Celui-ci m'a exposé sa vision du tableau tout en questionnant mon point de vue. J'ai apprécié le fait d'être prise en compte et une réelle discussion s'est établie. Ce dernier échange très positif m'a permis de quitter cette première soirée des JOP sur une bonne impression.

Sépulcre, Robin, MAC

Les jeunes ont du talent

Arrivé au Louvre un peu avant le début de la première nocturne " Les Jeunes ont la Parole", j'ai pu observé les étudiants qui se préparaient à effectuer leurs médiations. Chez les uns on décèle le trac. Mais chez d’autres, j'ai pu voir s’exprimer une envie, celle de partager. Cette année, dans les galeries du Louvre, on rencontre des étudiants en histoire de l'art, en médiation mais aussi en design, en musique et des étudiantes de l'American University of Paris. Ces dernières sont très avenantes, souriantes et nous font travailler notre anglais en dispensant des médiation en anglais. L'expérience vécue est différente selon la provenance des étudiants médiateurs. En effet, les médiations des élèves de l'École du Louvre sont très théoriques tandis que celles des étudiants de l'Université Paris I sont plus orientées sur l'échange avec le spectateur. Néanmoins, j'ai pu apprécier, pour la première fois, dans un musée, de découvrir les œuvres d'une manière sensitive et participative. Soit en musique avec un étudiant du Conservatoire National supérieur de musique et de danse de Paris, ou soit encore avec des étudiants d'écoles d'arts appliqués, qui ont travaillé autour des sens et des différentes façons par lesquelles il nous est donné de découvrir une œuvre.

Simane, Asnaté, MAC

Les jeunes font-ils parler des oeuvres du Louvre ?

J'ai toujours préféré me promener, visiter et pratiquer le Musée du Louvre le soir, quand il fait nuit. Il en va ainsi pour les expositions du musée à l'intérieur, mais aussi pour l'extérieur, si bien éclairé la nuit. Le soir on y ressent une ambiance différente et plus agréable à mon sens. De plus, il y a moins de monde et donc des meilleures conditions pour pouvoir partir en véritable voyage nocturne. Le vendredi, 23 novembre j'ai redécouvert le Palais Royal à travers un autre dispositif du Louvre qui est celui des ''Jeunes ont la parole''.Des participants des ''Jeunes ont la parole'' sont des étudiants en disciplines variées (histoire de l'art, médiation culturelle, design, musique etc.) et par conséquent les dispositifs proposés par ces étudiants sont aussi diverses. Toutefois, quelle que soit leur formation, ils essayent tous d'apporter aux pratiqueurs du Louvre un regard nouveau, un regard autre sur l'oeuvre qu'ils présentent. Ainsi, des étudiants en histoire de l'art proposent une approche plus historique et même une analyse formelle de l'oeuvre, des étudiants en design mettent en place un dispositif qui permet de regarder et d’apprécier l'oeuvre d'une manière moins traditionelle, employant souvent des objets extérieurs à l'oeuvre et des étudiants en médiation culturelle essayent de faire dialoguer l'oeuvre et le spectateur.

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Selon des personnes, les dispositifs sont plus ou moins réussis. La médiation proposée par des étudiants en design ressemble parfois plus à de l'animation. Ainsi, nous n'avons pas l'impression d'être rentrés dans une relation rapprochée avec l'oeuvre. Toutefois, d'autres étudiants en design réussissent véritablement à apporter au spectateur un regard nouveau vis-à-vis de l'oeuvre. Des historiens de l'art proposent un discours classique et propre à leur formation. Ainsi, cela permet d'acquérir des connaissances approfondies à propos de l'oeuvre, mais malheureusement ne permet pas au spectateur d'avoir un avis ou une relation personelle avec l'oeuvre. C'est un discours imposé qui ne donne pas la possibilité d'interroger le médiateur ou de dialoguer véritablement avec l'oeuvre. Finalement, à mon avis ce sont des musiciens qui font l'une des meilleures médiations. Cette forme de médiation est très simple (les musiciens s'installent devant une oeuvre dont le sujet est relié à la musique et jouent leurs instruments), mais très réussie car elle amène le spectateur dans un autre monde et lui apporte une toute autre vision de l'oeuvre devant lui.Il est agréable de se promener au Louvre le vendredi soir et de se retrouver parmi autant de jeunes. Lors de nocturnes ''Les jeunes ont la parole'', on y ressent une autre ambiance que celle des jours habituels. J'ai donc envie d'y retourner et d'en voir plus.

Thiaude, Magalie, AP

Promenons nous dans les JOP

Arriver au Louvre de nuit rend la visite plus spéciale. On croise des enfants qui semblent moins s’ennuyer que d’habitude l’après midi  ; où l'on aperçoit le soleil seulement à travers le reflet d’un tableau dans une fenêtre... Cette atmosphère ne serait-elle pas due à ces personnages aux manches oranges que l'on ne peut pas manquer de rencontrer ? J'ai découvert avec plaisir l'ambiance des JO, une bonne humeur générale règne où l’on sent que les médiateurs se font un plaisir de partager leur savoir avec le public. Une mention spéciale pour le groupe qui a créé une sorte de pièce de théâtre que l'on pouvait écouter en posant sur notre oreille un petit objet. Je trouve géniale l'idée d'apporter du neuf dans ces salles moins connues du Louvre qu'on aurait pu manquer sans cela ! On se promène à la recherche de manches oranges, on en trouve deux, on s'arrête, on découvre, on redécouvre, un contact se créé... À suivre la semaine prochaine !

Tisler-Catala, Lucie, MAC

Ecouter la peinture Ce soir a lieu au Louvre un évènement un peu particulier : c’est une JOP (les jeunes ont la parole) c'est-à-dire que des étudiants de plusieurs écoles et universités parisiennes proposent des médiations des œuvres. C’est la première soirée de la saison, les médiateurs occasionnels se mettent en place petit à petit. Leur tension est palpable, assis dans un coin ou l’air inquiet ils ont plus l’air de redouter le contact avec les visiteurs que de la chercher. Peut être est-ce dû à la puissance des tableaux qui les entourent : les chefs d’œuvre placent la barre haut ! Aile Denon, il est 19h, un violoncelliste est debout devant Saint François avec Saint Benoît et un ange musicien (1630) Du Guerchin. Après l’avoir aidé à trouver une chaise et  encouragé, on a le droit à un intermède musical. Et là, la magie opère. Jouant de son instrument, le jeune homme semble beaucoup plus assuré et sa musique résonne dans le tableau. L’ange musicien semble trouver sa

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puissance dans l’écho du violoncelle. Après le morceau, une petite présentation du tableau et de la vie de Saint François, tandis que les notes continuent de raisonner dans la tête. À la fois simple et puissant. Non loin de là, les étudiants en design testent pour la première fois les dispositifs qu’ils ont créés pour permettre d’appréhender les œuvres avec les cinq sens. Des casques avec des sons, des choses à toucher  en rapport avec les sujets des œuvres… Après ce test final, des changements vont être préparés pour que la semaine prochaine, les médiations soient encore plus adaptées. La jeune martyre de Delaroche bénéficie déjà d’une médiation très prometteuse. Les étudiantes lui ont créé de nouveaux cartels très pertinents. Il faudra évidemment revenir car une seule soirée ne permet de voir qu’une infime partie des trésors du musée et des médiations !

Trioux, Florent, MAC

Des-accords

Hier, c’était  ma première fois aux JOP du Louvre. J’entre et me dirige directement vers la peinture française. Le long de mon trajet j’aperçois ces jeunes vêtus de pulls noirs avec une manche orange. Ce n’est pas une simple manche, un ajout fortuit et décoratif de couleur. Non, c’est bien plus : cette manche symbolise le pont entre l’œuvre d’art devant laquelle je me trouve et moi-même. La manche orange vient surligner et prolonger le bras, le corps de ces personnes. Il vient montrer par le mouvement des lignes, des couleurs, des objets, des personnes, etc un monde. Cette manche comme outil de monstration vient illuminer de son orange intense notre regard. Un boulevard partant du haut de l’épaule et qui vient pointer le doigt indiquant, montrant, dénonçant et interrogeant.En somme, il vient nous accorder avec l’œuvre, nous relier avec elle.Ce sont des accords communs que l’on va trouver et construire ensemble dans la discussion, dans l’échange quand celui-ci est permis. S’accorder n’est-ce pas s’ac-corder, se relier, se rattacher les uns avec les autres ? Le médiateur vient ici construire un lien, je dirais tendre une corde, qu’il vient tresser, nouer plus ou moins solidement : un lien entre l’objet présenté et mon regard. Je m’attache alors à l’œuvre, parfois je perds le fil mais le médiateur vient me rattacher à elle. Je me laisse tirer, guider, emmener dans le monde de l’œuvre en suivant la voix/voie.Des accords sensoriels sont d’ailleurs de la partie. En effet, via des partenariats d’écoles, et de pratiques, des étudiants de différentes universités viennent s’accorder sur des œuvres. Ils viennent nous en parler ensemble, ils s’associent. C’est ainsi que face à Corot, par exemple, les jeunes m’invitent à accorder mes sens à l’œuvre. Lorsque l’une me demande mon ressenti face au tableau, ce que j’y vois, l’autre m’offre un média Mp3 qu’elle me demande d’écouter et de ressentir face au paysage. Elle me demande alors d’accorder ce que j’entends et vois avec ce que je ressens, en l’inscrivant sur un petit bloc de papier. L’expérience se révèle intéressante. Nous avons donc ici des accords sensoriels, et même plus : expérimentaux.

Mais dans les JOP il y a aussi Désaccords. En effet, les accords n’étaient pas toujours si faciles.

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Désaccords de pensée, d’interprétation. Ou quand le regard du spectateur se pense « érudit », rompant toute accordance avec les pistes proposées. Ici la corde a rompu, le nœud s’est défait. Peut-être celui-ci n’était pas assez solide face au poids de « LA VERITE » imposée. D’un autre côté, nous nous trouvons parfois kidnappés et ligotés par notre jeune bien intentionné. De sa manche fluo il ne peut s’empêcher de pointer, de montrer d’obliger le regard. À l’instar d’une baguette de conférencier, que l’on doit suivre scrupuleusement pour ne pas perdre la trame. Il n’y a plus d’échange, juste un discours, une leçon récitée dans laquelle on se laisse embarquer ou non. L’attention que je lui accordais à vite laissé place à l’ennui. Ce n’est plus un lien, mais une laisse qui me fait mettre au pas « Reste ! », « Ecoute ! », « Regarde ! ».Je reconnais ici ne pas y allez de main morte, mais il me semble intéressant de pointer cette divergence. D’un côté la place offerte à notre propre voix, notre propre regard et sensation face à l’œuvre. De l’autre, au contraire, un regard imposé, une lecture soumise sans aucune ouverture. Un discours impénétrable.

D’accords en désaccords, nous avons voyagé dans un espace commun. Nos corps se sont croisés, entrechoqués, distingués. Nos points de vue échangés ou parfois maltraités. Mais c’est une expérience qu’il faut jouer, encore et en corps.

Vercrouste, Corentin, AP

"Que vois-tu ?" ou ce qu'il ne faut pas entendre.

Arrivé au second étage de l'aile Sully, je prends le temps de  flâner  à travers les salles à fin de profiter des tableaux. Les fameux tee-shirts noir et orange sont bien présent mais malheureusement, pour moi, occupés avec d'autres visiteurs. C'est ainsi que j'arrive dans une salle où sur le banc central se trouve exposé un ordinateur présentant une vidéo. Je m'y intéresse, et au bout d'une minute, le binôme de médiateurs qui était inoccupé jusqu'ici se décide à intervenir en essayant de mettre en évidence, sans trop de conviction, un lien un peu bancal entre cette dernière et la douceur dans la violence de l'oeuvre de Louis Lagrenée, L'enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus. Puis, l'étudiant en histoire de l'art se focalise sur moi, effaçant  parfaitement  les deux camarades à mes cotés et m'offre sous forme de monologue toutes les connaissances qu'il a pu assimiler sur le sujet. Peu à l'aise, jonglant sur ses jambes, les phrases ont du mal à se construire. De temps à autre, une phrase un peu "passe partout", universelle, généralisant, vient ponctuer son discours afin de lui donner une certaine contenance. Pour finir, l’espoir d’une interaction fut achevée par ce bourreau des discours : "Et voilà". Très bien. Merci. Bonne soirée. À la fin de cette première nocturne des JOP, j’ai eu le sentiment profond que ces duos d’étudiants d’horizons différents auraient plus de succès en s’adressant à un public plus jeune ; pourquoi ne pas en faire des matinales ? 

Wozniak, Agata, AP

L’avoir, mais savoir en user

Au Louvre les jeunes ont la parole, mais en usent-ils convenablement? Le nombre de médiateurs étant assez important dans l'enceinte du musée, l'expérience de cette

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soirée JOP peut donc différer d'une salle à une autre, d'un étudiant médiateur à un autre. Certains ont opté pour des dispositifs de médiation très originaux, attrayants, innovateurs, ... mais ils n'ont pu parler de l’œuvre qu'ils avaient choisie par la suite, exposant uniquement leur ressenti, sans s’être auparavant renseigné sur l'artiste, le contexte de création. D'autres ont opté pour une approche beaucoup plus "académique", qui ne laissait pas place à l'imagination, à la discussion et à notre propre interprétation. Heureusement certains binômes se sont formés, et ils ont su s'adapter, tirer profit de ce duo pour "se compléter", apporter à la fois du savoir mais aussi un dispositif permettant au visiteur de redécouvrir l’œuvre, attirer l'attention sur un détail. En somme, il ne fallait pas hésiter à participer à bon nombre de médiations pour en sortir satisfait. Peut-être qu'a la suite de cette première expérience les étudiants seront mieux s'organiser, mettre en commun leurs savoirs et s'adapter au public, afin de faire meilleur usage de la parole qui leur ai donnée.

Xiong, Wen, APL’invitation aux masses

« Les jeunes ont la parole » est une rencontre sur le terrain du Louvre entre diverses formations et écoles (histoire de l’art, médiation culturelle, tourisme, sculpture, cinéma et musique). Chacun, avec ses caractéristiques propres, met ses connaissances ou sa compétence technique pleinement en jeu pour accueillir des visiteurs, et partager ses intérêts des œuvres. Cette événement s’adresse aux publics, jeunes, il est aussi un challenge et un banc d’essai pour les étudiants, quant au musée, il prépare ses futurs publics.                                                                                                                                      

Yang, Xinxin, MAC

La première fois mais pas la dernière

Vendredi le 23 novembre 2012, c’est la première séance des JOP et ma première visite nocturne au Louvre. Dans ce palais qui rayonne dans la nuit parisienne, j’ai passé deux heures avec plein de curiosité au début et autant de satisfaction à la fin - en tant que demi-touriste étrangère (cela fait seulement deux mois que je suis arrivée en France), spectatrice, étudiante en médiation, et future participante aux JOP.C’est au long de la visite que j’ai pris conscience de plusieurs faits. Les JOP sont un événement culturel qui se développe sur trois nocturnes le vendredi, soir organisé par le Louvre et réalisé par les étudiants appartenant à quinze établissements de l’enseignement supérieur dans le but de mobiliser les spectateurs, surtout les jeunes. Cette année, le thème des JOP est « Que vois-tu ? ». Avec une telle interrogation, ce thème met en relief la visée d’engager les spectateurs dans l’acte de vision.J’ai décidé de visiter à chaque séance une des trois ailes de Louvre, et j’ai commencé par Denon. Ce sont les sculptures et les peintures italiennes dans cette aile qui ont mobilisé le plus grand nombre d’étudiant-médiateurs. J’ai fait un tour et je me suis arrêtée devant plusieurs œuvres pour dialoguer avec les médiateurs. À travers l’observation et les conversations, j’ai expérimenté une vraie diversité dans les identités des étudiants en action – ils viennent non seulement de

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différentes écoles et spécialités, mais encore ils sont de différentes nationalités et de cultures. variées Par exemple, j’ai rencontré une étudiante d’American University of Paris qui a fait la médiation sur une sculpture de Michelangelo, un peu dans l’optique américaine. La double diversité d’identité des médiateurs et des spectateurs apporte sans aucun doute un curieux dynamisme dans l’interprétation des œuvres.Ce qui me préoccupe durant la visite est la question suivante : en quoi les médiateurs étudiants se différencient-il des guides touristiques ou d’un audioguide ? La réponse est presque évidente, c’est la manière de médiation, soit l’effet des dispositifs employés. C’est au sein de cette enquête que j’ai comparé les dispositifs employés dans chaque médiation et surtout les dispositifs non-verbaux. Si je dois choisir un dispositif qui m’a laissé une très bonne impression ce soir, ce sera le panneau (illustré et équipé avec un MP3 player, conçu par un groupe d’étudiant en product design) pour la renommée La Victoire de Samothrace. Ce dispositif a dépassé l’immobilité de la sculpture et a invité des spectateurs à bouger, à regarder l’œuvre sous différents angles et à différentes distances physiques, à explorer d’autre sens que la vision (l’ouïe), à imaginer une ambiance autour de l’œuvre à l’aide de ce dispositif audiovisuel, et finalement à générer une réflexion tout personnelle.J’attends avec l’impatience les deux prochaines séances des JOP et plus de découverte sur cette magnifique programmation du musée de Louvre. 

Yogarasah, Quliya, AP

Des disparités et des inégalités, mais de la satisfaction quand même

Lors de mon arrivée, j’ai été accueillie par des élèves en BTS d’hôtellerie qui se chargeaient de la réception et de l’information fonctionnelle des visiteurs. Puis je me suis baladée d’œuvre en œuvre, allant au contact des médiateurs pour savoir en quoi consistait leur rôle.Ayant constaté la disparité des niveaux d’approche, j’ai bien saisi que tous les participants ne bénéficiaient pas de la même préparation, et venaient de formations différentes. En conséquence je n’ai pas révélé mon identité de plasticienne pour voir comment ils allaient aborder l’œuvre dont ils assuraient la médiation.J’ai pu remarquer que les étudiants de l’école Estienne avaient une approche plus contemporaine et qu’ils l’a mettaient souvent en lien avec leurs spécialités d’étude. Exemple  : deux élèves en typographie ont essayé de faire une quinzaine de petits cartels avec différentes interprétations typographiques sur lesquels elles racontaient brièvement l’histoire de  « La Jeune Martyre » (1855) de Paul DELAROCHE. Quand je leur ai demandé de m’expliquer la toile, elles l’ont fait très rapidement et m’ont plutôt parlé de leur démarche.J’ai trouvé cela sympathique car ce n’était pas commun mais il me manquait une vraie analyse, un savoir sur le tableau.Ensuite, j’ai vu des médiateurs de l’école du Louvre. J’ai trouvé leur discours très pertinent, propre et détaillé. Ils ont fait un commentaire introduit par la biographie de l’artiste, puis ils ont situé la toile dans l’histoire de l’art et ils ont parlé de l’iconographie, enfin ils ont fait une analyse détaillée. Cela m’a vraiment plu, le vocabulaire était spécifique, tout était très structuré. Mais je me suis dit que si j’avais vraiment été une personne sans connaissance préalable en histoire de l’art, j’aurais eu du mal à suivre et à comprendre leurs propos sans les interrompre tout le temps pour obtenir des éclaircissements et un discours plus simple.Après, j’ai parlé avec une médiatrice qui était en Métier des Arts et de la Culture. Elle m’a d’abord

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donné la parole pour que je puisse lui dire si je connaissais l’œuvre. Il s’agissait de « La Grande odalisque » d’Ingres. Elle m’a demandé ce que je voyais. Et à partir de ce que j’avais dit, elle a fait une analyse plastique et théorique tout en intégrant les éléments que j’avais dit auparavant. Son élocution et sa gestuelle étaient éloquents, j’ai d’ailleurs pu voir à quel point sa gestuelle était importante dans son rapport à l’œuvre et à moi-même. J’ai aimé qu’elle introduise le spectateur à son explication et à son analyse.À travers cette première JOP, j’ai découvert le Louvre autrement malgré les inégalités qualitatives des médiations, et je sors de cette visite satisfaite car chacune des différences expérimentée a pu m’apporter quelque chose.