piemonte - quae sunt et quae non sunt
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7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
1/20
Cahiers d tudes mdivales
Cahier spcial - 1
Donnes de catalogage avant publication (Canada)
Colloque
international Jean
Scot (4c: 1983: Montral, Qubec)
Jean
Scot
crivain:
actes
du IV
Colloque
international,
Montral,
28 ou t 2 septembre 1983: dit par G. H. Allard.
(Cahiers d tudes mdivales; cahier spcial 1
Texte en fran;ais et en anglais.
Bibliogr.
2-89007-577-X
l
Erigena, Johannes Scotus, ca810-ca877 - Congres.
2
Philo-
sophie
mdivale-
Congres. l. Allard, Guy-H., 9 3 ~ Il. Titre.
III. Collection
D
lll.C33no
cahier spcial
ditions Bellarmin
8100, boul. Saint-Laurent
Montral
Librairie
philosophique
J.
Vrin
6, Place de la Sorbonne
Pars
Couverture:
Pierre Peyskens
192
C86-096-61-7f
Dpot
lg l tr trimestre 1986- Bibliotheque nationale du Qubec
Copyright
Les ditions Bellarmin 1986
ISBN 2-89007-577-X
l
\
l
l
Cahiers d tudes mdivales
Cahier spcial - 1
JE N S OT CRIV
IN
Actes du JVe Colloque international
Montral, 28
ou t
2 septembre 1983
Bellarmin
Montral
d. G.-H. Allard
1986
Vrin
Pars
-
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T BLE DES M TIERES
GUY-H. ALLARD
Prsentation
DOUARDJEAUNEAU
Jean Scot
et
l'ironie
PAUL
DIETRICH-
DONALD F. DUCLOW
~ r a d i s e Escha tology: Symbolism and Exegesis in Peri-
p yseon ,
.................................................................
.
PAUL E DUTTON
Eriugena the Royal Poet
GUSTAVO PIEMONTE .
L:expr.ession
quae
sunt et quae non
sunt,
:
Jean
Scot et Marius
V1ctonnus
JOHN
J. O'MEARA
Translating Eriugena ................... ..
JEAN
PPIN
Jean Scot, traducteur de Denys. L'exemple de la Lettre
IX,
...
GOULVEN MADEC
Jean Scot et ses auteurs
CLAUDIO LEONARDI
Nouvelle prsenta tion d'un vieux probleme
.........................
.
9
13
29
5
8
115
129
143
187
.\
.
8
JEAN
SCOT CRIVAIN
WERNER BEIERWALTES
Language and its object.................................................... 209
GIULIO D'ONOFRlO
Disputandi disciplina. Procds dialectiques et
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PRSENT TION
Est igitur vox interpres
animi
1
Le IV Colloque
Jean
Scot
s'est
tenu
Montral
(28
aot-
2 septembre 1983) sous les auspices de la Socit internationale
pour
la
promotion des tudes rigniennes (SPES) et 'invitation de I'Institut
d'tudes mdivales de I'Universit de Montral. L'vnement a ras
sembl des rudits de plusieurs rgions du monde, assur ant ainsi a
rencontre une dimension internationale que n'aurait pas dsavoue
notre
crivain,
comme en tmoignent
autant
son histoire personnelle
que son esprit universel : in hac republica universit atis visibilium et
invisibilium
2
L'vnement a permis en
outre
de maintenir ininter
rompue la srie des rendez-vous rigniens inaugure en juillet 1970
a
Dublin et poursuivie
a
Laon en juillet 1975 et
a
Freiburg-im-Breisgau
en
aot
1979. A u
fil
de nos rencontres internationales,
nous
avons
tour
our
tudi
The Mind o Eriugena
(d.
J.J. O'Meara,
L. Bieler),
Jean
Scot et / histoire de la phi/osophie
(d.
R
Roques) et
Eriugena. Studien
zu seinen Que/len
(d.
W
Beierwaltes).
Le
Colloque de Montral
proposait nos recherches et nos dlib ratio ns
le
theme de
Jean Scot
c r i ~ a i n
C'est dire que l'accent a t mis
sur
une
approche plutot
langagiere de l'reuvre et de la pense de
Jean
Scot, ravers
l'tude
soit
de certaines techniques d'criture, soit
de
questions de langue, de
l. Commentairr sur l tl OIIKile r Jran, d. E Jeauneau, Soura.f r:hrtiennes, 180, l.
xxvii, 72
2
PL 122. 969 D-4. Ailleurs,
il
crit
dans
le m eme sens: res publica totius
creaturae
...
PL
122
972
Cl.
-
. a t publi grace
a
une subvention accorde par la
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ n n e
des tudes hu
a i n e ~ dont les
fonds proviennent
du Conseil de recherches en sciences humames du Canada.
-
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'
80
JEAN
SCOT
CRIVAIN
directing the minds of Christians upwards
to
divine history. Even the
carmina tend lo lead us
into
and. out"
of
historical problems by
counterposing them with theological considerations. This essential
pattern, ever present in the
carmina,
is pictorially captured in the
Codex Aureus. Beside an illumination of the enthroned Charles the
Bald
stand
arms-bearers and the tituli as k the arms
of
Christ to defend
the King in this earthly life
145
But Charles himself gazes upwards
towards an illumination ofthe Lamb of God, while the tituli tell us that
he is praying to dwell with the Lord forever
146
No doubt Charles the
Bald, harassed on all sides by earthly afflictions, welcomed the songs of
his royal poet which reminded him that beyond the transitory and
troubled present there awaited a certain return to the eterna and the
di vine
147
.
145 1.15-16, ed. Dotton and
Jeauneau,
The Verses of the
Codex Aureus",
p. 92, and
sce plate 2a.
146
11.9-10, ed.
Dulton and
Jcauneau,
The
Verses of the
Codex Aureus",
p. 93, and
see especial y the facing plates, 2a and 2b.
147 1 would like, in particu lar,
to thank douard
Jeauneau who first introduced meto
the
cmmina
of John Scoltus Eriugena
and
without whose kind encouragement and
helpful suggestions and corrections 1 would not have da red t study them.
1
1
1
1
\ 1
i \
;
\
L EXPRESSION
QUAE
SUNT
ET QUAE
NON SUNT
JEAN
S OT
ET MARIUS VICTORINUS
Gustavo A. PIEMONTE
L'expression double ce quae sunt et quae non sunt " dont les
membres antithtiques veulent embrasscr la totalit
du
rcl, rcvient
souvent, comme on sait, dans les crits de Jcan Scot. Elle est prsente,
Principales abrt viations employs dans les notes infrapaginales
CEuvres de Jean Sco t
Puiph.
=
Periphyseon (De diuisione naturae),
d. l P. Sheldon
Williams, Dublin, pour les livres (1968), (1972) et 111 (1981) (Scriptores Latini
Hiberniae, VIl, IX, et XI); page et ligne du volume respectif sont indiques entre
parentheses. Les livres IV et V
sont
cits
d'aprcs PL
122. -
Expos. = Expositiom:s in
lerarchiam coelestem,
d. J. Barbet, Turnhout 1975 (Corpus Christianorum, Continuatio
mediaeualis, XXXI). -
Hom. = Jlomt lie sur le prologue
deJean d.
Jeauneau, Paris
~ 9 9 (Sources chrtiennes, 151) . -
Comm.
Jn. =
Commentalre sur f'vanglle de
lean d.
E Jeauneau, Paris 1972 (Sources chrtiennes, 180). -
De praed. = De diuina prae-
destinatione liber,
d. G. Madec,
Turnhout
1978 (Corpus Christianorum,
Continuatio
mediaeualis, L).
CEuvres de Marius Victorinus: - Ad Cand. =
Ad
Candidum arrianum. - Ad. Ar. =
Adersus Arium.
Ces deux ouvrages sont cits d'apres l'd. Henry-Hadot (cf. ci-dessous,
note 40): c'est a cette derniere que renvoie l'indication dition cite ... On signa e le
numro du livre (pour
I'Adv. Ar.),
du chapitrc et de la ligne.
Autres: PG.
PL.
=
Series graeca
et
Series latina
de la Patrologie de J.P. Migne.
AHDLMA =Archies c/'llistoirr Doctrina/e et Littraire du Moyt'n Age
CSEL
=Corpus
scriptorum eccll'.tia.rticomm lntinorum.
-
JSEJIP
=lean
Seo/ 'righre
l
/'histoire de
la
philosoplrie,
Actcs du
Colloque
international ralis
a Laon,
juillet 1975, d. par
R Roques. P ~ r i s 1977 - P Hadot, PV = Pierre Hadot,
Porphyre
er
Victorinus,
Paris,
2 vol., 1968 (Eludes Augustiniennes). - ldem, MV = Pierre
Hadot,
Marius Victorinus:
recherchr.r .wr
so rir l
ses
reuvre.r Paris 1971, (tudcs Augustiniennes).
-
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i
f
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JEAN SCOT CRIVAIN
tout
d'abord, dans le Periphyseon, et des ses premieres pages, consacres
a l'explication bien connue des inanieres d'entendre la distinction entre
les "choses qui
sont,
et les
choses qui ne sont pas,. Mais elle parait
aussi
dans
les
autres
ouvrages rigniens; on la trouve d j avec une
signification qui ne coincide qu'en
partie avec celle
que
lui donneront
les textes postrieurs - dans le De divina praedestinatione; on la
rencontre galement
dans
les
Expositiones in ierarchiam coe/estem
et
dans
le Commentaire sur / vangile
de lean
et meme dans despieces
d'un genre littraire tres diffrent, moins techniques et destines a un
public plus large, comme l Homlie sur le
prologue
de ce meme
vangile, ou les poemes
1
C'est justement la premiere occurrence de
cette expression
dans
la Vox spiritualis, au
chapitre 1,
lignes 6 et 8-12,
avec les problemes textuels qu'elle a soulevs
2
, qui
m'a amen a
l'tudier dans 'ensemble de l'reuvre de Jean Scot, et a me poser la
question des origines possibles d'une locution si typiquement rig
nienne. Elle n'tait probablement pas courante au temps de notre
auteur, puisqu'il se donne plusieurs fois la peine de l'expliquer ases
lecteurs. Ou Jean Scot avait-il trouv l'inspiration pour cette formule
d'apparence paradoxale, qui
occupait souvent ses mditations et
sur
laquelle
il e x e r ~ i t toutes
les forces de son intelligence
(ce
saepe mihi
cogitanti diligentiusque quantum uires suppetunt inquirenti... ")
3
?
Chez Denys et Maxime
le
Confesseur, oui, sans
doute;
l'rigene le dit
lui-mcme \ et d'ailleurs
il
n'est pas difficile de retrou ver, derriere les mots
latins, les vocables grecs respectifs (ta ovta, ta f liJ ovta); il
s'agit bien
d'un cas de traduction, et cela n'a ren
d'extraordinaire.
Mais
on
peut
toujours
se
demander
si
notre auteur
n'aurait
pas
suivi consciemment
l'exemple de quelque prdcesseur dans son adaptation au latn de ces
lments de la terminologie philosophique grecque. Apres avoir fait
quelques recherches personnelles,je crois que l'opinion qu'expriment a
cet gard, un peu en passant, certains historiens s est juste, et que la
rponse
a
la
question
pose
doit
tre affirmative.
11
me semble
par
ailleurs que l'influence du prdcesseur en
question
- j e p arl e de
J. Cf.
De
praed., Praef 60-65; 3, 88-90; 10,45-51, 139-143: 11,21-24; Epi
.,
39-42.
Expos., IV, 78-79; VIl, 413-414. Comm. Jn.,
3040
(1, XXVll, 94-95); 3270 (lll,
XI, 7), Hom., l, 6 el 8-12; Vlll, 12-14. Carmina, d.
L.
Traube (MGH.
Ponlat.
111, Berlin, 1896), Pars. 11,
11,
7-8; Vlll, 15 (cf. aussi ibid., 29); voir galement Pars.
Vlll, 111, 20
(Prface
de la Versio Maxlmi), ON quod, quod non ON, denegat
omne
simul
(sur
l'emploi du terme grec cf. ci-dessous 111, b), 1), avec note 81).
2. Sur l'ordre des lignes 10-12 du chap. 1de l llom., cf. Comm. Jn., l, XXXII, n. 15,
p.I87-188;JSEHP, p.
252.
3.
Periph.,l,
441A
(p.
36, 3-6).
4. Cf. Hom., p. 204, n. l.
5 Cf. ci-dessous, note 38.
QUAE SUNT
ET
QUAE
NON
SUNTu
lB
Marius Victorinus- n'est pas limite a e seul point: elle s'tend aussi
a
d'autres themes, et la
f ~ o n
dont l'rigene l'a assimile pourrait nous
dire quelque chose sur ses procds de composition littraire et en
mme temps claircir certains aspects de sa pense.
1
Je dois indiquer tout d'abord les limites de cette communication:
il
ne
s'agit
pas d'analyser chacun des textes - qui sont videmment
fort
abondants-
ou Jean Scot emploie sparment l'expression
ce
quae
sunt"
et son oppos quae non
sunt ",
mais plutot d'tudier la formule
binaire qui prend ensemble ces deux lments - prcds en gnral de
ce
omnia ..
,
ce
omni um ainsi que les locut ions plus complexes ou es
lments sont associs avec d'autres termes, par exemple, une pr
position
(ce
supra",
ce
ultra") o u un substantif ( causa,). Ces locutions
complexes sont le plus souvent en rapport avec le no m de Dieu,
et
c'est
de ce poi nt de vue queje vais maintenant ten ter un essai de classement
des nombreuses propositions rigniennes qui
se
rapportent a notre
sujet.
On
constatera que
les
affirmations de
Jean
Scot dans ce domaine
nous prsentent des vues contrastantes,
tantot
complmentaires, tanto
contradictoires - du moins en apparence
-
ce qui s'explique en
fonction de l'volution de la pense du philosophe irlandais et aussi
et c'est l'aspect qui nous intresse ici - en fonction des influcnces
diverses qu'il a subies.
Voici done les six points ou je propose de grouper ces vues de
Jean Scot:
1
1)
Le point de dpart semble bien tre une conception, inspirc
1 surtout de saint Augustin, ou les
choses qui ne sont pas" n'ont
qu'une signification pjorative. C'est ainsi que, dans
la
dialectique de
l'tre et du non-tre
6
qui forme comme la trame du
De
praedestina-
tione,
Dieu est dcidment situ
d'un
seul cot de l'opposition,
ct
l'autre lui est absolument tranger. 11 est ce prima atque summa
essentia .. , sa nature est celle ce quae sola uere dic itur esse "
7
; ct,
inversement, on nous dit aussi:
cum nihil deo contrarium sit nisi non
esse
", ce
substantiam eius non in nihil o sed in aliquo esse
8
6. G. MADEC, lntroducti on a u
De
praed., p. XVI; l'origine augustinienne de cclle
dialcctique est signale ibid.,
p.
XVIl, et dans les nombrcuses rfrenccs au bas des
pages.
7.
'rima atc1uc
summa essentia: Dt praed 16, 179-IRO; "summa cssentia : 3.
R4-R5: 15,
9
el 180; 16,183: 18, 105 el 147; cf. aussi 2. 91-93: 10,
45,46
et
146-147; .. qui su mme est
10,
133;
quae
sola uerc dici tur esse: 9, 23-24.
8. Op
cit.,
9, 76 (cf. aussi ibid., 77-80, el 3, 55-56); Praef., 64-65.
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JEAN SCOT
CRIVAIN
C'est
qu'en effet le terme nant . ne
veut
di re
daos
cet ouvrage
qu'une
chose:
il exprime
la
conception
mentale du
dfaut, de
l'absence
d'etre:
Nunquid aliud significa nihil nisi notionem
cogitantis
defec
tum essentiae
9
? ,
Daos le contexte de la
controverse
sur la pr
destination, le
non-tre
est reprsent par la
triade
peccatum, mors,
miseria.,; on
peut dire
des trois
composants
de cette
triade: penitus
non sunt
..
, omnino non sunt " nihil sunt.,
10
En effet, la
mort,
privation de la vie, et le
malheur,
privation du
bonheur, sont
des peines
du
pch,
et ce dernier, a
on
tour, en tant que defectiuus
motus
.. , est
une
consquence possible de l'instabilit radicale de la crature, tire
du nant (a u seos li ttral du
mot)
De
ces choses qui ne sont
pas, il
ne peut y avoir ni prescience ni prdestination
12
: car, d'une part, ce qui
n'est
pas
ne peut pas, aproprement
parler,
tre connu;
il
y a lieu, dit
Jean
Scot,
d'appliquer ici la
phrase de saint Augustin:
Nesciendo
sciuntur,
quorum
inscitia eorum est scientia
13
.
D'autre
part, Dieu,
cause de
tout ce
qui est,
ne
saurait
etre l'auteur d'aucun
mal,
puisque
le
mal
n'a pas de ralit: " ...
non
et deus eorum
quae
sunt
causa
sit et
eorum
quae
nihil
sunt causa
sit. Est
autem deus eorum causa quae
sunt.
Igitur non est causa eorum quae non sunt
14
. convient de
reten ir
cette derniere
phrase:
nous allons
bientt
voir notre auteur en soutenir
la contradictoire.
Une
partie, cependant,
de
ces vues du
De
praedestinatione reste
prsente
daos le
Periphyseon
et les
autres ouvrages de
maturit; Dieu,
notamment,
y est toujours
appel
.. summa essentia,, .. qui solus u ere
est ..
, et daos
certains
passages,
comme
par exemple la
quatrieme
et la
cinquieme maniere de
concevoir
la distinction
entre
choses qui
sont
et
choses
qui
ne
sont
pas,
l'etre est encore considr
comme
suprieur
au
non-tre s. Mais cette perspective n'est plus
unique,
ni meme domi-
9. Op. cit., 15, 197-198; cf. ibid., 208-209.
Pour
micux dtruirc les dcux prdcstinations
de Godesca e,
Jcan Scot
affirme
que,
nc possdant aucune especc
de
vraisemblancc,
elles ne sont me me pas fausses.
Sed,
ajoute-t-il,
quid
sint non inuenio; nihil e
ni
m
sunt. Quis autem potcst inuenire nihil? op. cit., 3. 44-47).
10.
De praed., 3,
66; 10,
94, 103, 129-132, 137, 152-154; 15, 3-4, 9, 11, 50-51,
78,98;
17,
4 7 ; 18, 77, 80-81 ; etc.
1 Op. cit., 7, 124-127.
12.
Op.
cit., Epil.,
39-42. C'est la
these centrale de l'ouvrage. Cf. galemenl Praef.,
60-65; 10.45 et suiv.
13. Op. cit .
15,
191-193; cf. aussi
10,
98-99 el 114-117.
(Citation de De
CI'.
Dei.
XII. 7).
14. De proed., 3, 88-90.
\ 15.
Dsignations
de
Dieu:
Periph., l, 454A (p. 64, 8-9); 457C (p.
72.
17-18): 483A
(p.
128,
30): 5188
(p.
208, 23):
11,
5288
(p. 12.
9);
5908 (p.
146,
4-5);
etc. Les
manieres quatrieme
et
cinquieme
d'entendre
la division en ca quae sunt .. et ca
quae
non sunt
..
:
Periph., l, 4458-D
(p. 44, 5-24). Cf. ci-dcssous, 11, 2), a).
QUAE
SUNT ET QUAE
NON
SUNT
.
85
nante;
relgue a u second
plan,
elle doit se subordonner aune
autre
fa9on
de voir
plus subtile, qui s'exprime
daos un
langage diffrent.
2
L'approfondissement
de
sa
rflexion personnelle, et assurmen t
aussi la lecture d'autres auteurs-
notamment,
mais non exclusivement,
des Peres grecs qu'il traduisait
pour
son protecteur royal - menent en
effet I'rigene vers
une conception
diverse
des
..
choses qui ne
sont
pas
D'une
part,
il
aper9oit
de
plus en plus
clairement
les difficults
de concevoir un non-etre
au
seos littral qui soit autre chose qu'une
pure construction de
'esprit D'autre part, il mdite sur la
condition
des ralits qui chappent
non
seulement a a perceptio n des seos, mais
aussi
a
la
comprhension de
l'intelligence: ne
peut-on
di re, sous ce
rapport, qu'elles semblent vraiment .. ne
pas
etre .. ? Or ces ralits,
dont
on
ne peut
pas
atteindre ce qu'elles sont (quid sint
..
), mais dont
l'existence ne fait
pas de
doute pour
notre
auteur, sont
justement
les
plus
leves;
c'est le
non-etre
.. per excellentiam " la premiere maniere
de comprendre
la ..
primam summamque
diuisionem, entre quae
sunt, et
quae
non sunt .. qu'indique
le
Periphyseon
11
Nous
assistons
done
a
un vritable
..
renversement des notions
,ts:
le non-etre
n'est plus
absence ou
privation
mais
exces;
il n'implique
pas
une
diminution ou une
dchance
mais un dpassement. Con9ues
..
non
secundum
priuationem
.. sed
secundum
excellentiam
1
9 les
.. eh oses qui ne sont
pas,
sont meilleures que les eh oses qui sont.,,
plus scmblables a Dieu et plus proches
de
lui
20
Davantage encorc:
16.
Cf.
Periph., i, 443C-D
(p. 40,
8-15);
111, 686A-6878 (p. 178,
1 8 -
p. 180, 36). Voir
aussi ci-dessous,
11,
2), e).
17.
1, 443A-C (p. 38, 19 p. 40, 8); e . ibid., 441 A (p. 36, 5-6).
18. Cf.
J.-E.
MANIERES, Les articulations majeures du systeme de
Jean
Scot
rigene .. , Mlangessc. relig., 20(1963), 20-38: p. 26.
19.
Cf.
Perfph.,
111,
667A (p. 136, 1-2). La distinction
per
priuationem
- per
excellentiam
parait assez souvent chez Jean Scot. Cf. p. ex. Periph., 1, SOOA-8
(p.
166, 2 5 - p. 168,
5):
502A (p. 170, 33-34); 111,
634A-8
(p. 60, 20-23); 663C
(p. 128, 15-1 7); IV, 825C;
V, 9668;
prface de la Versio Dionysii, PL 122, 1035A,
1036A. Voir ci-dessous, lll, d).
20. Perfph., 111,
6288
(p. 46, 32 p. 48,
2 .
Dans
la prface de la Versio Dionysii,
PL
122, 1035A 2-3,
il
faut corriger avec
MG/1, Epist.,
VI, p. 161, 15-16. et Jire:
plus (omis par le texte de Migne) similia esse et appropinquare Deo quae non
sunt, qua m quae sunt
l.
P. Sheldon-Williams, dans Eriugena's Greek Sources .. ,
The Mind o Eriugena, Dublin. 1973, 1-15: p. 8-9, a bien montr que cette
affirmation ne se trouve pas
dans
le
pseudo-Denys:
elle n'est
que
l'interprtation
personnelle
que
fait
Jean Scot d'un
passage du
De divinis
nominib11s transmis
de
f ~ o n dfectueuse par le manuscrit grec
dont
il se servait. Pour
ma
part,
j'ajoute
que e hez
I r i g e n ~
ces
..
eh oses qui ne sont pas
, a
a fois diffrentes
de
Die u et
suprieures
aux
..
eh oses qui
sont
.
s'identifient avec les causes primordiales. n'y
a done pas
la
de
.. non-scquitur , contre
ce que pensait
le savant
anglais
ibid . p. 9).
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
7/20
86
JEAN SCOT CRlVAlN
Dieu lui-meme est, a un certain point de vue, la premiere de ces ralits
quae
non sunt
21
Le
paradoxe est granci, puisque nous l'appelions
jusqu'ici, avec saint Augustin et ave e I'criture elle-meme (Ex., 111, 14),
Celui qui
est , ; le
dernier mot, toutefois, n'est pas encare dit.
3) 11 y a, en effet, une vue encare plus profonde.
Si Jean
Scot,
comme on
vient de
le
voir, range parfois Dieu parmi
les
choses qui ne
sont pas
..
,
il
a nanmoins conscience du fait que la
nature
incre
implique une ngation beaucoup plus radicale. Dieu n'est pas seulement
un
non-etre " en
tant
qu'incomprhensible et ineffable,
comme
les
causes et essences des eh oses:
il
est aussi et
surtout
le Nant,
(
nihilum ) ,en
tant
que ralit superessentielle et
transcendant
toute
dtermination
22
Ce Nant nie
non
seulement les choses
qui sont,
mais
encore
celles
qui
ne
sont
pas: nihil eorum
quae sunt
et
quae
non
sunt
eum
esse
pronuntiat
..
23
C'est
ainsi que, lorsque l'on affirme que Dieu
de nihilo facit omnia " cela veut dire qu'il
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
8/20
JEAN SCOT CRIVAIN
88 . suae inter-
. . . differentia qumque
cette "primordialis.
o m ~ i . u ~
~ ~ s ; r ~ ~ ~ ~ a f f i r m e
le
dbut du : e r i p h : ~ ~ ; e :
pretationis modos
mqumt
'. du Reims 875, qui est passe aux .. e de
du moins selon
le
texte cornge dre note du fait que la premler
~ a n u s c ~ i . t s ~ s ~ ~ ~ t s ~ ~ f : ~ ~ : ~ t e ~ ~ e ~ c o t
e s t i m e h p e r u t ~ ~ : ~ :
: : . : ; f : t : ~ e : a \ e ,ces mamere f elles - e aq d s
avec des variations purement
o r r ~ n
autre sujet, \'explication u sen n
ilieu d'une page portant su . uae sunt et quae no
~ ~ c ~ n i q u e
qu'il a t t . r i b u ~
a ~ ; : x x ; : ~ ~ ~ ~ : ~ ; l a
pense
r i g n i e n ; : ~ t o ~
l4
) En schematsa d Dieu avec " quae
sunt
e . .
rapport e
2
) ( d)
eut rsumer ses poslt Ons
~ u r
.e t
(\)
qui so\us uere
est;
(
quo.
p t comme cecl: D eU es
unt.
(4) super omma
uae non sun " t quae non s
q est. (3) nihil eor um quae sunt e mnium quae sunt et quae non
non sunt. (5) causa o
unt et quae non ' n sunt
quae s simul omnia quae sunt et quae r m i ~ e r si certains aspects
sunt;
(6) ll ns maintenant essayer de dete t on (
1)
aux positions
Nous a
?
ment le passage de la pos 1 . fixes ou elle
de cette
p e n s ~ e ; ~ ~ ~ m q u e
les formules ~ . \ ~ s
: ~ ~ s n u m r o s
(4) et
et.
(3),
:ar
exemple celles auxquelles
J
al
~ s ~ ~ : ~ n u e n c e
de cet auteur
~ ; ; p : ~ ~ ~ u r r a i e n t
pas devo.ir q u ~ ~ q ~ ~ ; ~ ~ ~ e ;ais qu'il avait sans doute
' Jean Scot
ne cite jamals exp
Cl
'
que . .
\u: Marius Vlctonnus.
11
en France
.
'n
tait assez connu
't ue l'illust re rhteur afncal , torit dans les arts
On sal q eu\ement en tant qu a.u cffet
l Ad
c a r o l i n g i e n n ~
et
n ~ n
s r ses
cx:uvres
thologques: en Ariun; et les
'braux
ma S
aussl
pa
artie de
\'Adversus
~ ~ a n d i d u m
arrianum,
tout c o m m \ u ~ : pau
temps de Char\emagne, par
f t par exemp\e utl se , . d \'rigene - et son
Hymnes, uren 857' un contemporam . e . a\ement \'Ad
Alcuin; plus tard, en - Hincmar de Relms, cte eg udes
rotecteur pour un moment ' x ui s'intressent aux t
~ a n d i d u m
15,
Par ai\leurs, t f ~ u ~ 2 r ~ ~ r manuscrit Patr.
46 (Q.
V/.32
rigniennes savent que, aux .
48 2-8); 6320 (p. 56,
. 447A (p. 48, 6-8); 111, 628B-C (p. 87,1C,907B;Hom.,l.6
34.
Cf. P ex. P e r r p : 4 ~ ( 82 24-27); 667 A (p. \36, 1 - 4 : 4 ~
n
700B (p. 210. 33-34).
35-37); 6430-6 . P
h
l l l 670C (p. 142,
3 6 -
p. . v torinus et Alcuin
et8-12. Voir ausst PeriP21 22, Dans son article .. Manu.s s tienl dans le De
H T
MV
P - 1 ue Vtctonnu .
35. Cf. P. ADO XXI 9S4), 5-19, M. Hadot. notat q lace assez importante. mats
AJIDLMA,
t. .
dividuae trinilatis
d'
l c u ~ n
p hymnes de Victorinu s et les
1
\
1
\
1
1
1
1
QUAESUNTETQUAENONSUNT
89
de Bamberg (IX siecle), qui contiennent la lettre de Candidus et la
rponse de Victorinus, on retrouve, dans quelques gloses et dans une
notice biographique finale, la main irlandaise
i
2
,
laquelle, d'apres
l'opinion la plus rcente des palographes, serait celle
d'un
proche
collaborateur de Jean Scot
36
L'hypothese supposant que I'rigene
aurait connu une par tie du moins des crits de Victorinus semble done
digne de considration,
d'autant
plus qu'il existe entre les deux auteurs
des analogies de pense que remarquait dja un Nicolas de Cues
Cependant, on ne trouve
jusqu'a
prsent chez les spcialistes que
quelques notes parses sur cette question
38
Rcemment, en prsentant
36.
Cf. Comm. Jn., p. 70-77; B.
BtsCHOFF,
Irise
he
Schreib er im Karolingerre ich "
JSEHP,
47-58: p. 56
el
suiv.; T. A.M. BISHOP, Au ographa of
John
the Seo ,
JSEHP,
89-94; 8.
BISCHOFF el . JEAUNEAU, Ein neuer Text aus der Gedan
kenwelt des
Johanes
Scottus
.. ,JSEHP, 109-116. La main i a crit aussi, dans les
deux dernieres lignes du
f.
27v du ms.
Bamberg, Palr. 46
(dont la dsignation est
abrge en ci-dessous, 111; il convient de prciser qu'il est habitucllcmcnt
symbolis
par
la lellre D),
le
litre de
l'Ad Candidum.
37. Dans
l'Apo/ogia doc/ae ignoranliae
(1449),1e Cusain numere lanti'Ad
Candidum
de Marius Victorinus que le
Periphyseon
de
Jean
Scot parmi les cruvres (toutes
d'inspiration noplatonicienne) qui ne doivenl etre jamais montres (" nequa
quam .. ostendendi ..) aux csprils faibles (d. R. Klibansky, Leipzig, 1932, p. 29-30).
Cf. P. LUCENTINI, Pl01onismo mt:die1ale: co mribul i perla sloria ddl't:riugl nismn,
Firenze, 2 d., 1980,
p.
81-82. Cettc affinit spiriluelle entre Victorinus et Jcan
Seo a parfois signale dans les tudes consacres au premier de ces penseurs.
Dja C. Gore, dans l'arlicle Victorinus (6)n du Dictionary o/ Christian Bingrnphy,
d.
par
W. Smi h el H. Wace, t. IV, London, 1887, 1129-1138, disait de l'auleur
africain, a pro pos de l'utilisation de
la
philosophie noplatonicienne en hologie
chrtienne: He preceded the Pseudo-Dionysius. He anlicipated a great dealthat
appears in Scotus Erige na ... (p. 1131.) Et de
nosjours
P.
fladot
voit en Nicolas de
Cues et
Jean
Scot des
..
hritiers spiriluels" de la pense de Victorinus (introd.,
p. 87, de l'dition cite a
la
note 40). Ccpendanl,
il
ne s'agit
la
que d'affirmations
gnrales de ressemblance n'impliquanl pas la reconnaissance d'une influence
historique direcle de Victorinus sur chacun des penseurs mentionn s (cf. ci-dessous
la note 110).
38.
Dans
l'ouvrage classique de M. Cappuyns. p. ex., Marius Victorinus est a peine
nomm, au milieu
d'une
liste d'autorits utilises
pour
l' ude des arts libraux a u
IX siecle
(Jean Seo/ rigene,
p. 38). Vingt ans plus tard, Mlle M.-Th. d' Alverny
remarquail en deux occasions des analogies doctrinales entre Victorinus et Jean
Scot(cf. Le cosmos symbolique du XII sii:cle ... AIIDLMA,
1.
XX (1953), 31-81:
p. 42, n. 1 et p. 39, n.
5;
la comparaison suggre dans cette dernicre note me
semble disculable). Le theme a aussi intress l P. Sheldon-Williams; e
.
la
Cambridge Jlislory
of
Later
Gruk and
Early Medieval Philosophy,
Cambridge,
1967, p. 522-523, el sa communication au Colloque de Dublin (cite ci-dessus,
note
20), p. 12 (cependant, dans son dilion
du
Pt:riphysl'on
il
ne fait pas mention
de Victorinus en
rapport
avec la division en
qua
e
sunt
..
el
qua
e non
sunt
").
En
ce
qui concerne l'cruvre bien connue d', Jeauneau, on constate que Marius
Victorinus n'est rappel
qu'une
fois
dans
son dition de 1'/lom., p. 336, alors que
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
9/20
90
JEAN SCOT
CRIVAIN
les actes du Colloque de Fribourg, consacr aux sources de
J ~ a n
S ~ o t
W. Beierwaltes regrettait qu'il
y-.
m ~ n q u i i t
t o ~ J o . u ~ s une
dtscusswn
rigoureuse
du rapport direct ou md1rect de 1Engene avec certains
V
. .
39
auteurs anciens,
dont
Marius tctonnus .
Il est a peine besoin de prciser que je ne prtends
a ~ c ~ n e ~ e n t
combler, par le
bref
expos qui suit, cette acune. Je
~ a ~
une
intention bien plus modest e, celle
d'amorcer un
travail prhmmatre.de
comparaison
de textes.
Je
me
bornerai done
a citer
d'abord
certams
passages
importants
de 'Ad Candidum sur le theme de: choses q u a ~
sunt et quae non sunt " en les dist ribuant selon un schema analogue a
celui queje viens d'employer pour les textes de J e ~ n
~ ~ o t
p o r t a ~ t .sur le
meme su et. Je tenterai de faire ainsi ressortir es
s t m t h ~ u ~ e s e x ~ e n e u r e s
entre
les deux auteurs, en laissant pour une etude u l t e n e u r ~ 1
x a m e n
approfondi des correspondances conceptuel es qu.e tradmratent
c ~ s
ressemblances de vocabulaire. Je proposerat ensmte, dans la partte
suivante de cette communicati on, un parallele dtaill entre
un
fragment
de l'opuscule de Victorinus et une page de Jean Scot. , ,
o m m e n ~ o n s
par dire quelques mots sur
le
plan gneral de 1
Ad
Candidum,
pour mieux situer les extraits qui nous i_ntressent. ~ ~ e
rsume dans les lignes suivantes
les
analyses de
M.
Pterre
Hadot
.)
les rfrences deviennent plus nombreuse s, p. ex.,
dans
le
Comm.
Jn: et
dans Quotrr
themes rignietu,
Montral-Paris,
1978
(voir les tables a
fm de
ces
: ~ ~ : :
ouvrages). 11 faut rappeler aussi, parmi les
t r a ~ a u x
rcents,
_les
r m p o r t ~ n t e s _ t
de w. Beierwaltes, qui signalent plusieurs fors des analogres entre Vrctormus
Jean
Scol,
p. ex. dans
ldrntitlit une/ Differrnz, Frankfurt 1 9 8 ~ P
73:7
.. Eriugena: Aspekle seiner Philosophie " Die lrrn rmd Europa
1111
frhcrrlr Mrne/-
altcr,
d.
par 1 1.
L lwe,
Stuttgart,
1982. 799-818, n. 68, p. 816. On.
: ~ t
_tr.ouver
d'autres mentions de l'auteur africain dans les tudes consacres a Errgene,
propos surtout
du manuscrit
de
Bamberg, mais en gnr.al
on
est
o c c u ~ :
davantage des questions palographiques que ce manuscrrt souleve ~ u e d
contcnus
o c t r ~ n a u x que
Jean
Scot y
aurait
puiss. Voir ce pendan
J.J.
O Meara,
riugrna,
Dubhn,
196f, p. 27-28. .
" Bestimmte Desidcratc der Forschung freilich werden a u eh d urch. dreses. Collo-
39' qu'rum nicht erfUIIt: etwa die genauere Er lrteru ng der Frage nach eme m d r r c k ~ e n
N
C Manus
der
indirekten Bezug Eriugcnas zu Orgenes,
Grcgor
von . azranz, . rccro, .
Victoririus ... (
.
Zur EinfUhrung in das Freiburger Colloqurum , Errugena. Studren
zu seinen Que/len, Heidelberg, 1980, 1-6: p. 3).
..
. . .
Cf. P.
I-IADOT,
PV, p. 52-53, 68-69. Je cite Victorinus d'apres l_edruon c o m m ~ n ~ e ~
0
' de P. Henry et P. Hadot: Marius Victorinus, Traits tho/og1ques sur la ' ~ m i / e :
2 vol., Paris, 1960 (Sources chrtiennes, 68-69); les
me
mes savants
ont pubh:
aussr
l'editio maior, CSEL, vol. LXXXIII, Vienne, 1971. On peut consulter au
SUJel
des
tudes
sur
Victorinus
l'lndex
bibliographique prpar par P. Hadot,
M ~ .
p.
~ 0 3
417 el les indications de l'article plus rcent
d'Aim SOUGNAC, "Manus
Vrcto
rinus .. , Dictionnaire de spiritualit, t. X, Paris, 1980, col. 616-623.
.. QUAESUNTETQUAENONSUNT .
9
Rdig probablement vers 359, ce petit ouvrage se prsente comme une
lettre de
rponse
de Victorinus a celle
que"
Candidus., (sans
doute
un
personnage fictif sous lequel se cache Victorinus Iui-meme
41
) lui avait
adresse, dveloppant les arguments avec lesquels les Ariens voulaient
prouver
que le Christ est tir du nant. La rponse comprend une
courte
introduction
et deux parties principales. Dans la premiere
(chap.
2-16),
qui
est la plus Iongue et celle qui
nousfournit
la
plupart
des ,textes que nous allons voir, l'auteur montre que le Christ, en tant
qu'Etant
premier, ne peut
provenir
que du Non-tant qui est au-dessus
de
l t a n t c'est-a-dire de D i e u et non
pas
du nant. Pour arriver a
cette conclusion, il s'engage a u pralable dans une tude philosophique
assez Iongue
sur
les diffrents modes des non-tants
et
des tants
e ~ s u i t e il situe Dieu par rapport a eux et traite de la gnration
I'Etant premier. Ces chapitres forment un tout indpendant et cohrent,
qui suppose que l'auteur a utilis un substrat Iittraire prexistant.
Dans
la
seconde
partie (chap. 17-23), Victorinus considere un autre
nom du Fils, celui de Lagos; finalement, il rfute certaines objections
sur le consubstantiel (chap. 24-30) et il ajoute quelques paragraphes de
conclusion.
Tel
est
le
rsum de
P.
Hadot;
venons maintenant
a
la
considration des six points du schma
annonc:
1)
Au dbut
de
sa
polmique
avec Candidus, Victorinus nie pour
un instant que l'on puisse penser que Dieu est de quelque maniere
non-existant .. ; Quid cnim
putamus
deum esse? .. id quod sit, non id
quod
non
sit, deum esse credimus .. Si igitur deus
quod
non est, non
est ..
42
Par ailleurs,
dans
la seconde partie de I'opuscule, Dieu le Pcre
est caractris
comme
l es se .. premier
43
2)
Dans le but de rfuter l'hrsie arienne, d'aprcs Iaquelle
le
Fils
avait t fait
ab his quae non
sunt
44
, Victorinus dsire cependant
approfondir
la question, et il commence par
se
demander quelle est la
dfinition de id quod non est " Celui-ci, rpond-il,
se c o n ~ o i t
et se
nomme selon
quatre
modes:
1)
iuxta negationem, omnino omnimodis
41. Cf.
P. HADOT, PV,
p. 40, n.
3; MV,
p. 34, et
surtout
p. 272-275.
Sur
la
date
de
l Ad
Cand voir MV, p. 28-29, 278-280. En ce qui concerne les modes des non-tants et
des tants, tout le chap.
111
de PV, p. 147-211, esta Jire. Les textes ou l'on trouve
cette doctrine constituent la premiere et la plus apparente des trois .. units
littraires" que M. Hado signa e dans l'o:uvre de Viclorinus {PV, p. 68-69); sa
so urce serait quelque ouvrage perdu de Porphyre (peut-etre un commentaire
sur
le
Sophistl
de
Platon)
(ihid.,
p. 455 et suiv.).
42. Ad
Cand 2,
1
R-21
et 23-24: cf.
3,
3-4.
43. Ael Co11d. 19, 1 et suiv.
44. Cf. Ael Cancl., 2, 13 et suiv.;
16,
14-15 et 26- 27;
17,
15... Ex nihilo .. : 23, 1: 24, 2 el
suiv.; o m ni modo de
nullo.:
26, 12 et suiv.
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
10/20
92
JEAN SCOT CRIVAIN
ut priva i o sit exsistentis , o u ~ u x t ~ nihil u m omnino ; Il) iuxta
alterius ad aliud naturam, ;
III)
,, iuxta nondum esse,
quod
futurum
est et potest
esse,,
et IV) iuxta quod supra om.nia
4
;uae
s ~ n t , ~ s ~
esse ou, plus simplement, iuxta super omma . 11
vt.ent
t e ~
irrsistiblement,
je
crois, a )'esprit d'un lecteur de Jean Scot 1
x p o ~ e
initial du Periphyseon, dja rappel plus haut, sur les quinque modt
possibles de
comprendre
la division
en
ea quae
u ~ t
ea quae
non
sunt
Comparons
quelques instants les deux classtficatiOns:
a) 11 faut reconnaitre d'abord une diffrence visible entre elles: les
deux derniers modes rigniens
(4
et 5) n'ont pas d'quivalent dans le
passage cit de l Ad Candidum. On peut nanmoins
trouver
ailleurs
chez Victorinus certaines analogies, queje signale rapide ment, avec ces
textes du
Periphyseon.
Comme l'on sait, d'apres la
quatrieme m ~ n i . e ~ e
de Jean Scot, .. uere esse, se dit, secundum philosophos des reahtes
intelligibles; en revanche, tous les corps, qui sont engendrs, c ~ a n g e n t
et disparaissent dans la matiere, l'espace et le temps, uere dtcuntur
non esse Or dans la seconde division de Victorinus, celle des tants,
on trouve les quatre membres que voici:
1
..
quae uere
sunt
(ovnoc;
ovta)
2. quae
sunt (ovta)
3 . . quae
non
uere
non
sunt (variante des
mss.:
quae non u ere
sunt ) tll ovtroc;
l l ~
ovta)
4.
quae
non sunt (llil ovta) ' .
Le premier membre de cette classification, laquelle e:t u n ~
s y s ~ e ~ a t i -
sation de la tradition platonicienne, correspond aux etres mtelhgtbles,
le deuxieme aux etres intellectuels, le troisieme aux etres sensibles, le
quatrieme a la matiere
46
Le sens donn
par
I'rigene
.a
u.ere
esse: et
.. uere non esse, est done assez proche de eelui que Vtctonnus asstgne
rcspectivement a la premiere et a a troisieme classe de quae sunt :
Cette ressemblance me parait cependant peu spcifique, et elle pourratt
s'expliquer sans
supposer
une influence de
l'auteur
africain
sur Jean
Scot.
45. Ad Cand., 3, 1-2; 4, 1-5; cf. aussi 5, 11-16; 12, 12-16.
L'apparal r i t i ~ u e
de
J'dition cite, p. 136, indique que le fragmenl 4, 1-5, avec quelques vananles,
figure aussi dans les mss Bernensis 212 (JX
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
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94
JEAN SCOT CRIVAIN
poten
ia
nondum apparuerunt
actione. _Fuerunt e ni m omnia in deo.
Eorum
enim
quae sunt semen A.yoc;
est, A.yoc;
autem
in deo. ,.so
Jean
Scot a
sans doute labor
graduellement sa doctrine
sur
ces
deux manieres, car les pages ou
nous
les
trouvons
exposes
sont
particulierement charges
de
corrections et d'additions; mais, mme
s'il
y
a
incorpor
des lments
de son
cru, ou
emprunt
a
d'autres
sources, il me semble bien
s'tre
inspir, pour
en
concevoir l'ide
originaire,
du
deuxieme et
du
troisieme modus,. des non-tants
d'apres
Marius Victorinus.
e) Quant a a
premiere maniere de Jean Scot,
elle
correspond
a u
quatrieme
mode
de I'Ad Candidum,
le
non-etre qui
est au-dessus de
l'etre; I'rigene
prend
toutefois ce non-etre dans un sens plus gnral,
comprenant non
seulement
Dieu,
mais aussi les causes et essences des
choses. 11 est par ailleurs a remarquer que, tout de suite apres avoir
expliqu ce
non-etre
per
excellentiam,.,
notre.auteur ajoute:
Quia
ille
(se.
modus)
qui
uidetur quodam modo
esse,
qui in
priuationibus
et
substantiarum et accidentium
constituitur,
nullo modo recipiendus, ut
arbitrar.
Nam
quod
paenitus
non est nec esse potest, nec prae
eminentia
suae existentiae intellectum exsuperat,
quomodo
in rerum
diuisionibus recipi
ualeat non
uideo ....
51
Jean Scot
semble viser avec
ces mots une classilication dtermine
ou
le non-etre
per priuationem,.
constitue
le
premier membre, comme dans I'Ad Candidum.
Mais
il
convient de prciser
que,
en
critiquant
une telle conception du non
ctre, ii n'est pas
vraiment en dsaccord
avec Victorinus, qui n'avait
assign a la
privatio
exsistentis
..
la premiere place - en suivant
probablement
une
tradition
scolaire noplatonicienne
52
- que pour
la
rejeter ensuite, presque
immdiatement,
en fonction surtout des besoins
de
ses
controverses
thologiques. L'rigene ne fait done qu'avancer
d'un
pas sur
le mcme
chemin, en
liminant le non-etre purement
ngatif
de
sa classilication.
On peut rcapituler notre comparaison entre
les modes de
Jean
Scot et ceux
de
Marius Victorinus dans le tableau
suivant:
50. Pcrplr.,
1,
444A-445B (p. 40,
6
p. 44, 4); Ad Cand., 25, 5-8. Sur la troisieme
maniere
de
Jean
Scot,
e
.
.
JEAUNEAll,
Q u a t r ~ t h e n r ~ s rigniens, p. 41-42; Guy-H.
ALLARD,
The Primacy
of
Existence in the Thoughl of Eriugcna
Neoplatonism
and Christian Thought, d.
par
D. J. O'Meara, Albany, 1981 (Studies in Neo
platonism: Ancient and Modcrn, 111). 89-96: p. 95-96.
51.
Periph., 1,
443C (p. 40, 8-12).
52. Sur les sources philosophiques
de
l'expos
de
Victorinus
sur
les non-tant s, cf.
le
commentaire de
P.
Hadot,
d. cite,
p.
689,700-701;
aussi
PV,
p. 167-171.
QUAESUNTETQUAENONSUNT
Les nrodes des clroses qui ne sont pas
Jean Scol, Periphyseon
l per excellentiam suae naturae
rejet de: in priuationibus et
substantiarum el accidentium
Marius Victorinus
A) Ad Candidum:
IV. iuxta
super
omnia
l iuxta negationem... privatio
exsistentis
95
11.
in naturarum .. differentiis 11 iuxta alterius ad aliud naturam
111. ... qui. . adhuc laten futuri
lamen sunt
... in secretis naturae... non
dum
apparet - uirtus seminum
IV. corpora quae nasci el eorrumpi
possunt
V. (interprt. de Rom., IV, 17)
11
l iuxta
nondum
esse, quod
futurum est et potes esse
(in abscondito posita... nondum
apparuerunt... semen)
B)
n a l o g i ~ s parses:
(division
de
.. ea quae
suntn
:
qua e non
ve re
non sunt (corps))
(interprt. de Rom., IV, 17)
Je
ne
signa e que le sens attribu dans eh
non
celui de
ea
qua e
sunt. Je
ne cite a que ~ ~ s
par Jean
Scot
a"
ea quae non sunt "
auteurs qui ont un parallele chez J'aut
parar
eurs, que les mots de chacun des deux
re.
~ e v e ~ o n s
m a i ~ t e n _ a n t . apres cette digression,
ou
plutt cette
questJOn mtroductJve mdtspensable
au deux
. d
S h
. . . . teme
pomt
e notre
e . ma.
e t ~ t t ,
dtsaJS-Je,
pour rpondre
aux Ariens que Victorinus
~ ~ a J t
entrepns
s ~ n e x ~ o s .
sur
les modes des non-ta nts. voulait
emontrer
que,
SI
le
FJ s VJent du nant
ce
nant
ne e
nant
au
~ e n s
littral,
le n ~ n t
absolu
_:_
qui
n'est
q ~ u ~ / ; ; t ~ ~ ~ e ~ :
'notre_espnt, une
p s e ~ d o ~ n o t J ~ n -
mais le
non-etre
transcendant
ui
~ s t .Deu \P. H a . d ~ t s V t c t o r ~ n u s rejette en effet, comme nous
l a v ~ n s
eJa v ~ , e "J.HJ
ov
mxta
pnvationem
" ou
quae
vere non sunt
omnmo quae
non
sunt,,
quod
ve re nihil est
e . '
plusieurs fois dans
l'Ad C d'd
.
e rejel revJent
. . n r
um,
par
exemple:
Et non aestimes
quae non sunt, quasJ per pnvationem eorum quae sunt. Nihil enim istorum
53. Cf. d. cite, commentaire sur 2 10-23 10 694
1-14,5,p. 7l3 7l4PV p
206
'p H d. ,p.
;sur3,1-14,5,p.699;sur
12,
a ot montre
que
e d .
consquences qui dpassentla tholo i . . . e e m amere e vorr a des
ex nihilo (d c't' g e
tnnllalre,
menan aun refus de
la
cration
1 ee, comment. sur 6 8 p 704. sur 8 17 19 708) E
~ ~ j : ~ ~ ~ ~ : s c : : ~ ~ c r :
~ ~ l
~ : s ~ ~ ; ~ ~ ~ ; : : : n ; : ~ ~ : ~ ~ t n p s ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ i{a:n c ~ t ; : : ~ : ~ _ : i : :
de Victorinus? u e ors
es
argumentallons
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
12/20
96
JEAN
SCOT CRIVAIN
neque intellegitur neque exsistit.
54
~ a i ~ il s o ~ ~ i e n ~ en ~ e . m e t e ~ ? s
que, selon les trois autres modes de non-etre qu a ~ n u m e ~ e s , ~ ' 1 ov
deus
dicitur,
; Dieu est done pour lui, de ce dermer pomt de vue,
..
quod
non est ,ss. .
3) Dieu est
surtout
dit " non-etre, selon
le quame" e
mode, en
tant qu'il
est 7tpOV
au-deSSUS
de l'ov, S ~ p r i e u r
mero:a"
Id q u ~ d v e r ~
est
..
, a
l ' o v t r o ~
ov.
Cette
notion
de
npoov (ou ante
ov,)
para1t auss1
dans
l'Adversus Arium
et
dans
les Hymnes
56
; elle s'identifie avec celle
de .. to ov
super
to ov, , a laquelle
parvient
Victorinus a la fin de la
premiere partie de
son
opuscule, apn s
avoir parcouru
tou.tes I:s
divisions des non-tants et des tants. Dans ce passage de t ~ e o l o ~ 1 e
ngative, que
nous
reverrons en dtail plus
~ o i n
il c ~ ~ a c t . n s e ?.eu
comme
quelque chose d'invisible et d'inconnassabl_e, d mfim et d "ln
substantiel ..
57
C'est a peu pres la meme
conceptwn
que
Jean
Scot
ex primera plus nergiquement encore en
disant
que Dieu est n i ~ i l u m ":
4) Dieu est,
par
consquent, suprieur a tout, a t o u ~ ce
qUI
est et a
tout ce qui n'est pas: ..... putamus deum esse supra omma et
quaesunt
et
qua
e non sunt
,ss.
Nous avons dja rencontr cette formule e hez
Jean
Scot.
5)
C'est par
la
volont
de Dieu que
viennent
a
e t ~ e
e_ngendrs
tant
les existants que les n o n - e x i s t ~ n t ~ , ce
d e r ~ i e r
term;
S l ~ ~ ~ ~ a n t
non pas
des non-existants selon la
pnvatwn, ma1s
selon 1
altente
ou selon la
puissance. Victorinus cst done en droit d'affirmer: "causa e s ~ deus et
eorum
quae
sunt et eorum
quae
non sunt
59
Jean
Scot c o ~ b m e
c e t t ~
derniere formule avec une autre tres frquente chez IUI, c ~ l l e qUI
nomme
Dieu ..
causa
omnium, : cette
dnomination,
il pouva1t certes
la trouver chez Denys et Maxime le Confesseur, mais aussi dans ' A ~
Candidum: "is qui omnia creavit
",
crit en effet Victorinus, "et ~ u 1
omnium causa est. ...
60
J'ajoute ici, en
passant,
qu'une autre express1on
54. AdCand.,5,4-6;cr.aussi4, 12-13;5,6-11 ;6, 7-13;
11,6-12;
12,10-11 ;24,3-13;
Adv. Ar IV, 21,2-3.
55. AdCand. 4 11-14;3,6-7; 13, II-12,ctc.
56.
Ad
Cand.,
2,
27-28; 3, 7; Ad1. Ar., l, 49, 15; Hymnus
Ill,
203, 229. Cf
.
P. H A D ~ T ,
PV, p. 208-209; sur le
nouveau caractere
radical
que
la thologie ngauve acqu1ert
e hez P lotin et Porphyre, voir ibid., p.
173
et suiv.
57. Ad Cand., 13 en entier: 14, 1-5. Cf. 4, 1 1-12. L expression " to J.li liv super to v " se
retro
uve textuellement,
comme
W. Theilcr I'avait
montr
des 1934, e hez
Porphyre,
Sctll.
26, p. 11,
10 Mommert
eL P.
HADOT,
PV, p. 26 el 102).
58. AdCand. 2 l9-20;cLibid. l6-17;6 1-2.
59.
Ad
Cand., 3,
8-9;
cf. ibid., 2-3; 5, t-4; 6, 2-5; 13, 3-4. On peut trouver des formules
similaires chez Porphyre el Proclus (d. cite, p. 700,
ad
3. 3).
60.
Ad
Cand., 22,
4-5;
e . aussi
J, 2;
14, 14; 18, 9-10. Sur la me me formule chez Jean
Scot, cr. /Iom., n.
2,
p. 204-206, in fine.
.. QUAE SUNT
ET QUAE NON
SUNT .
97
rignienne apparente se retrouve dans la lettre de Candidus a
Victorinus: Dieu y est appel principium .. sine principio ,
6
6) Une derniere vue encore, comme complment des antrieures,
une derniere rfraction
du
mysti:re inexplorable qu'\ est difficile de
connaitre et impossible d'noncer:
6
Dieu, le Non-existant au-dessus
de l'existant, n'est
connu
ni
en tant qu'existant
ni
en
tant
que
non
existan ,
car il
est a la fois existant et non-existant: "quoniam
ov
et
quoniam non
ov
63
Pi
erre Hadot remarque a ce
pro
pos que le,,
v
super to ov occupe ainsi, dans le schma de Victorinus - emprunt
par
ce
dernier, d'apres le savant f r a n ~ a i s a Porphyre la place
que
tenait
le "quelque
chose,,
le
ti , dans le schma stoYcien des
tants
et
des non-tants, c'est-a-dire le role d'lment embrassant a la fois les
deux termes opposs
64
Je
me
permets d'ajouter, en ce qui concernc
Jean Scot, que si le penseur irlandais affirme aussi d'une part, comme
nous l'avons dja vu, que Dieu est simul. . quae sunt et quae non
sunt " il
ne
faut pas non plus oublier,
d'autre
part, que la premii:re
phrase du
Periphyseon
parle prcisment de l'existence d'un vocable
commun qui peut s'appliquer
tant
aux choses qui sont
qu'aux
choses
qui ne sont pas. Deux lignes plus loin, le maitre ritere: " Est igitur
natura generale nomen, ut diximus, omnium quae sunt et quae non
sunt?"
" Alumnus" rpond affirmativement a cette question 65 < I > o t ~
61. Ca11tl. ad
Mar.
Vict. de gena. divina, 3, 22-23.
62. Cf.
Ad
Cand.,
t.
5-16.
63. AdCand. l4 l-3;cf.4 6-16.
64. PV, p. 157, 161-162, 175, 208. Dans la conception stoYcienne, comme on sait, les
"tants"
taient les corps, et les
"non-tants
les incorporels, ce qui est
videmment aux antipodes
du platonisme;
cf. la critique de Victorinus
a
cette
conception (expose par Cicron). dans le Libadedefinitionibus, p. 12,7-20 Stangl
(HADOT, MV, p. 342; voir aussi les prcisions des p. 166-169). Nanmoins, les
Noplaloniciens
empruntent
aux Sto'iciens certains lments
de
vocabulaire
et de
doctrine, en les rinterprtant.
65.
Periph., 1, 441A (p. 36,
3-7
et 11-14). Cp. StNtQUE,
Ad
Lucil., Epist., 58, 15:
"Prim
u m genus S toicis quibusdam videlur "quid". Qua re videatur,
subiciam:
"In
rerum", inquiunt, "natura quaedam sunt, quaedam non sunt. Et haec
autem,
qua e
non sunt, rerum natura conplec titur .. " On voit que si
le
no m assign a u
"primum
genus . est "quid"
(t),
dans le meme paragraphe
on
parle aussi, en
rapport
avec
les
choses qui
sont
et celles qui ne
sont
pas, de la
.. (rerum) natura
.
Un
autre
passage de cette lettre de Sneque rappelle aussi
par
sa terminologie, el
malgr
les
diffrences doctrinales (car ce texte place Dieu au sommet de ..
quae
sunt " alors que pour Jean Scot il est plutot a u sommet de .. quae non snt .. ). le
dbut
du
Pcriphyseo11: il s'agit de l'explication du secundum genus . ,
d'apn s
Plalon: "quod tminel el exsuperat omnia. Hoc ait per excellentiam esse. ( .. )Quid
ergo hoc esl? Deus scilicct, maior ac potentior cunctis .. (Op. cit., 17) Cp. le
"primus modus
..
de .lean Scot, Periph., 1, 443A-D (p. 38, 19 - p. 40, 15 ; en
particulier.
p.
38.
21.2.1
el p. 40,
11
).
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
13/20
. . - -:.,; :
.....
,
...
.....
_
Jean
Scot
Marius V i c t o r i ~ u s Ad C(mdidum
.
-. . '--.:, ..
.
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
14/20
. .
. -
100
. JEN SCOT CRIVAIN
ipsa,, mais encore ils
e v i e n n e ~ t
le
_ce l re
de tout le dveloppement
qui suit:
..
Et hoc est illud mirabile etineffabile
q u o ~ s u p e ~ a t o m ~ m
sensum et intellectum, quo modo diuina bonitas umuersahs ommum
bonorum fons substituit essentias existentium
(a) et ex seipsa ut essent adduxit,
dum ipsa
plus
qua
m essentialis si
.
(b)
Non enim
aliunde
Deus accepit materiem operationis sue,
qui nullius indigens est,
et cum
quo nihil ei coeternum
uel
sibi
coessentiale creditur esse,
nisi a se ipso; ab uniuersali itaque sua bonitate et ab ineffabilibus
sapientie sue thesauris essentias omnium
que
sunt produxit.
Quid est ergo quod de eo predicatur? Credimus enim ipsum de
nWlo omnia fecisse ; nisi forte illud nihil ipse est
1) qui, q ~ o n i a m super omnia superessentialis e x t o l l i ~ u r
et
super omne quod dicitur
et
intelligitur
glonficatur
non irrationabiliter
per
excellentiam
nihil
esse
dicitur
2) quoniam in numero omnium que sunt nullo modo collocatur.
(e) Si enim ipse est simul omnia que sunt et que
non
sunt
quis dixerit aliquid eum esse ue/
non_
esse '
dum omnium sit esse et
plus
qua m esse?
(d) Aut,
si
aliquid non estper excellentiam, ...
.
non
r ~ u a t i o n e m ,
.
.._
onfi itur nihil e s s ~ p ~ r i n f i ~ i ~ ~ . e , ~ ~ , ~ ~ ~
~ ~ : _
\-
_ . .. _
. = : - ~ - ~ - - ~ : - ~
___ : ~ .
.
_
_
. . .
--:
. _ - : : / - : : - t : ; , - ' f . : t t f . r : . ~ ~ : ~ ~ : _ :
\ ; ~ r - : - _ ..
-
- i - ~ ~ ~ -
~ : : . .
:: - ~ k l . - 4 ~ ,
> : ~ : r ~ - - - ~ : 1 . - : - : ~ - ~ - - ~ .
_ 11
parait vident que
~ a , l ) , ~ _ ~ ? , t ~ ~ P l l s , t r ~ l l v . ~ O . ~ t ~ s
~ ~ ~ J ~ ~ ~ ~ " r ~ 1 ' ~ - ~ ~ - ~ ~ ; , _ } .
la phrase d e Deriys
qu il
commente.n
ya
heu de r a ~ ~ e l e r tct u n ~ a_utre
--'
--- --
remarque de M. Allard: l'index
v e r b o ~ ~ ~
des x p o s t l l p _ n , e , _ ~ f l ? . n t ~ ~ ; q u e , .
si les mots ayant
rapport
a
a
c r a t i o n
( creare, ereaturae, ex
m , ~ ~
o. ).
sont assez frquents
dans
les
e x p ~ i . a t i ~ r : t ~
de_ Jean Sc?t,
l l . m ~ s . ~ ~ s
sont par
cont re presque entiere111ent a . ~ ~ ~ ~ t s du texte dtonysten; n
Y
rencontre, dans la version r i g ~ _ i e n n ~ , - que _.
c r e a t o r ~ i . e t
_u11_e ~ . u l e , ::,
,;,
fois
n.
On peut certes penser que l'rigene nous prsente tout stm
plement dans le passage cit
se.s r f l ~ x i o n s
personnelles
sur _le
theme
la cration
..
ex ni hilo et en fait il avait dja trait l o n g u e ~ e n t ce
SU
Jet
72. E.tpos., IV, 63-82. ,: -: .-: . ... .
.
. .- -
73. O.H. ALLARo,/oc.
cit.
Comme
le
remarque encare M. Allard,
c:e R CREATOR
(E.tpos., XIII, 608) rpond au grec 6 r t i n o u p y ~ ( ~ G H O S , D ) , } r ~ d ~ i ~ Hilduin
opirex
- . .,,
: i : ; ~ t ' ~ ; z l : ~ t ~ ~ ~ ~ I ~ i ~ ~ ) ; ,
; : : - L : ; : ~ : : - : ; ~ : \ :
_;;
QUAE
SUNT ET QUAE NON SUNT
101
dans le
Periphyseon; il
y renvoie lui-mme explicitement lin peu plus
loin
74
Mais n'aurait-il pas t guid dans ses mditations par le mme
auteur
a
qui
il
semble devoir beaucoup de ses formules sur .. quae
sunt
et- quae non sunt ? Voici en effet- in extenso le passage de
l'Ad
Candidum dont
je
parlais tout
a
'heure. J ai signal les variantes du
manuscrit
B
(=
Bamberg
Patr.
46),
ff.
33v3-345.
J ai
par
ailleurs divis
le
texte en paragraphes dsigns
par
les mmes lettres que ceux
du
fragment des Expositiones; on notera que
l ordre
de ces paragraphes
est diffrent chez Victorinus, mais qu'entre les ides et
le
vocabulaire
des
deux textes
il
y a des similitudes frappante s:
b) 2)
Quid igitur
vero deus, sine unum quidem est: neque
quae
vere
sunt
neque
quae sunt
neque quae non (non add.
supra /in. B)
vere
non (non add. supra
/in.
B) sunt neque quae non sunt?
Ista enim praestat deus ut causa istis omnibus.
d) Eorum autem quae vere non sunt, deum esse nefas est suspicari.
Necessario
per praelationem et per eminentiam
Trov vrcov
deum dicemus supra omnem exsistentiam, supra omnem vitam, supra
omnem cognoscentiam, supra omne av et v T c o ~ vTa,
quippe i n i n t e l ~ g i b i l e ( i n t e l l e ~ b i l e B), injinitum, invisibile, sine {f /
intellectu, insubstantiale, incognoscibile,
b) 1) et quod super omnia, nihil de his quae
sunt,
et quoniam supra quae sunt, nihil
ex
his
quae
sunt.
Mi] Bv ergo deus
est.
.
e) Quid.autem
istud To ~ i t
Bv
super
To
Bv
est?
. Q ~ ~ d n o n
i ~ t e l / ~ g a t u r u t
v neque ut
p v,
sed t in ignoratione iritellegibile,
: ~ qu Oilianl
avet-qrliamiiotiv
quod sua ipsius potentia
TO
ov
in
manifestationem (manifestionem
B)
adduxit
et genuit. Est autem A y o ~ istud sic se habere.
a) Qud
vero?
Deus, qui supra av est,
-
ah eo
quod
ipse
est,
sicut ipse est,
produxlt,
an ah
alo,
an
a nullo?
Ah alio?
et
quo
alo?
Nihil enim ante
deum
fuit neque ut
deo
ex altero par.
A nullo
igitur. Et
quomodo?
74.
Cf.
Expos.,IV,
99-101.
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
15/20
102
JE N
S OT
CRIV IN
Si enim r v
pl oduxit,
verum est dicere, quoniam
a semet ipso,
qui super to ov est, ro ov generaverit-quam
de nihil
o
75
Examinaos maintenant rapidement chacun des quatre groupes
d'ides (a, b,
e,
d) que j'ai distingus dans l'un et l'autre texte. Je
signale dans chaque cas quelques passages paralleles.
a)
Dieu a produit les tanls de lui-mme, el non pas
de que/que
eh
ose d' extrieur ti
fui
o u du nanl
(au sens propre du mol)
Le groupe a) mentionne en prncipe trois possibilits distinctes
pour 'origine des tants. D'apr es Jean Scot,
la
divinit, qui est plus
qua m essentialis , a produit les essences des choses (
1)
ex
seipsa
,
" a
se ipso , et non pas
2)
.. aliunde"
o u
3)
.. de nihilo .
La possibilit 2) est limine paree que Dieu n'a besoin de rien et qu'il
n'y a rien d'extrieur
a
tui qui tui soit coternel ou coessentiel; ces
affirmations sont courantes chez l'rigene, par exemple:
o
m
ni
principio superiori
se
uel secum existenti et non coessentiali sibi
omnino caret ..
76
La
troisieme possibilit est aussi
nie
daos son sens
littral, car
le
.. nant" dont nous croyons que Dieu a cr
le
monde est
identifi (comme dans
le
livre III du
Periphyseon,
680 C et suiv.) avec
le
Crateur lui-meme. Le rejet des deux hypotheses prises ensemble
( . aliunde .. et
ce de
nihilo" a u seos ha bit uel de
ce
dernier terme) se
retrouve galement daos
le
Periphyseon
Marius Victorinus, pour sa part, nous montre une dmarche tout
a
fait comparable: Dieu qui supra to ov est .., ce to ov produxit ..
(Jean Scot emploie le meme verbe) ; et cette production de l'tant a du
avoir lieu.
o u bien (
1)
ce ab eo quod ipse est, sicu t ipse est
,
ce
a semet ipso ,
ou bien (2)
ce
ab alio
..
ou bien (3)
a
nullo
..
, ce de ni hilo ...
75. Ad
Cand.,
13,
1-14, 11. Dans
l ~ d i t i o n
CSEL, LXXXIII,
la l e ~ o n
genera veril
(14, 11) a t remplace par .. genera
i l ~
(qui parait aussi dans
le
manuscrit de
Bamberg antt corrtct. ).
76. Ptriph.,
111, 619C (p. 26, 23-24);cUga lement 1, 4580-4598 (p. 74,24- p.
76,
15);
11, 5278 (p. 10, 5-7), etc.
77.
111,
679C (p. 164, 1213): Alioqui non in ipso conderet sed extra ipsum quod
aliunde accepit aul de nihilo fecit
QU E SUNT ET
QU E
NON SUNT
103
Victorinus rejette galement les possibilits (2) et (3) et pour des
raisons v o ~ s i n e s de c ~ l l e s que .donne Jean Scot. Quant a. (2), il n'y a
au.cun ce ahud .. antneur
a
Dteu,
ni ce ut
deo ex altero
par .
; l'autre
ratson que l'Erigene invoque (" qui nullius indigens est ..) se retr o uve
a ~ s s i
ailleurs ch.ez
le
thologien africain : Dieu est ce non indigens
~ h ~ r u m "
nulhus
egens
71
En ce qui concerne (3), Victorinus se
h m ~ e
a
r f r e r ce a semet i p ~ o
a
e de nihil o .. , sans distinguer deux
stgmficattons dans cette dermere expression comme
le
fera I'Irlandais.
Le double refus des hypotheses (2) et (3), enfin, est galement prsent
dans d'autres textes de Victorinus, par exemple: ce De altero? Ergo duo
principia? An de nihilo? Nihilum non est sub deo ti>V vtrov, 79.
b)
Dieu, en tant que diffrent de tou tes les c/asses
possibles
d
tanls, el suprieur ti
tout
ce qui e si,
est appel ..
Non-tanl,
1)
convient de faire ressortir
d'abord le
paralllisme forme
entre la double affirmation emphatique de la supriorit divine de
Victorinus et celle de Jean Scot:
Ad Candidum Expositiones
et quod
super omnia,
nihil de his
quae sunt
et quoniam supra quae sunt,
nihil
ex
his
quae sunt
qui, quoniam super omnia super
essentialis extollitur
et super omne quod dicitur et
intel/igitur
glorificatur
Remarquons que, dans le second membre, I'rigene n'a fait que
re mplacer l'expression ce quae sunt.. par la dfinition qu'il donne
souvent de ces ce choses qui sont :
ce
ce qui peut etre ex prim et
compris,
L'nonc de la conclusion est quelque peu diffrent chez l'un et
chez l'autre, mais la pense qu'elle exprime est identique: Dieu est
done J.lll v, dit Marius Victorinus, qui n'emploie pas pour le dsigner
le
terme
ce
nihil, car il prend
ce
mot dans son sens habituel de nant
p ~ r e m e n t ~ g a t i f Jean Scot, par contre, n'hsite pas a 'appliquer a
Dteu, qumqu'en prcisant qu'il s'agit
du
ce
nihil per excellentiam ..
78.
Adv.
Ar . l, SO 3-4; l, 13,
13.
79.
Adv.
Ar.,lV,
21,
1-3; voir aussi
1,
23,34-38.
80. Le mot latn nihil parait bien dcux fois dans ce paragraphe de l'Ad Cand., mais
avec des dterminatifs, au sens de rien et non pas comme nom divin en soi.
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
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...
104
JEAN
SCOT CRIVAIN
(nous reviendrons sur cette spciftcation dans un instant). 11 ne faut pas
oublier, par ailleurs, que dans la version rignienne du
De
divinis
nominibus
l'on rencontre aussi l'expression
non
V applique a
Dieu u ; J'ide de conserver le terme grec tui serait-elle venue,
au traducteur, d'avoir tu chez Victorinus J.lTJ ov, .. n o ~ v,
dans un contexte tres proche de celui de I'Aropagite?
2)
Quant a la raison additionnelle qu'invoque Jean Scot,
..
quo
niam in numero omnium quae sunt nullo modo collocatu r, on dirait
qu'il se borne a condenser ce que Victorinus exposait en dtail
a1 1
dbut
du texte cit, Jorsqu'il rappelait, en numrant tous
les
modes d'tants
quae sunt,) distingus a u pralable par tui, que Dieu ..
ne
unum
quidem est: neque quae vere sunt neque quae sunt neque quae non
vere non sunt neque quae non sunt
e) Dieu esta lafois tant et non-tant
Nous avons dja vu l'essentiel de ces deux passages paralleles que
j'appelle ici .. e ; c'est surtout leur ressemblance qui a attir mon
attention sur
les
analogies entre
les
deux contextes respectifs. L'ide
fondamentale du paragraphe rignien voque en effet celle que nous
trouvons dans les lignes correspondan es de l'Ad Candidum: on
ne
peut
concevoir Dieu comme tant ni comme non-tant, il dpasse toutes les
SI.
De
Div.
nomin.,l,
1
(PG
3, SSS8; trad. rignienne:
PL
122, 1113C); ce passage est
cit en Ptriph.,l, S
OA
(p. 190, 21). On comparera aussi
les
textes de Victorinus
indiqus ci-dessus, note 56 (auxquels on peut ajouter, p. ex.,
In
epist. ad Ephes.,
12SIC:
Al
vero Christus el supra ipsum
-
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1 6
JEAN SCOT CRIVAIN
dernier la ritere plusieurs fois dans ses reuvres, en allguant deux
citations souvent jumeles par' Iu i, 'une saint
A u g u ~ t i ~
et l a u t ~ e
du pseudo-Denys:
ce
qui melius nesciendo sc1tur " et cmus Ignoran ia
uera est sapientia
87
d)
La
ngation de / tre ne convient
pas?
D i ~ u
par
privation, mais par excellence et par mfimt
Au paragraphe b), Jean -Scot signalait que Dieu est a p ~ e l
..
Nant,.
..
per excellentiam, ; maintenant
il
ajoute, pour completer
cette ide:
..
non , per, priuationem
..
;
l
reprend l a n t i t h e ~ e , assez
frquente chez lui, un peu plus loin: ce non esse per
e x ~ e l l e n u a . m ,
non
per priuationefu
u
Or si l'expression
per excellentiam, n est
~ a s
utilise
par
Marius Victorinus, celui-ci dit bien,
en r e v a n c h ~ ,
que.
D1eu
est au-dessus de tous les tants
per praela tionem et per emment1am ,
ce qui semble revenir au meme. convient de rappeler que, dans la
premie
re
maniere de .. quae sunt et quae non
sunt,,
r i ~ e n e employait
aussi le second des deux vocables dont
se
sert V1ctonnus: " prae
eminentia
suae existentiae .. , Quan t a l'expression
per praelationem
,
q
ui
parait aussi dans d'autres textes de Victorinus, elle a pour
t
19
synonyme
..
per supralationem
..
, que nous verrons dans mstan
Par ailleurs,
te
re
jet du nant
..
per privationem,, explicite dans .tes
Expositiones,
est contenu de a ~ o n quivalente dans cette phrase de 1
Ad
Candidum: .. Eorum autem qua e vere non sunt, deum esse nefas est
suspicari " .
On peut aussi rapprocher du p a s s a g ~ c1t de J e ~ n Scot ~ n e autre
page de Marius Victorinus, qui fait parue du I ~ e hvre 1
d ~ e r s u s
Arium. U, apres avoir affirm que Dieu
fit
i n ~ ? I t u m , fit m ~ o g ~ 1 t u m ,
indiscernibiJe, incognoscibite et quod vere
diCitUr
aopiO"tta,
Id.
est
infinitas et indeterminatio qu'il est
omnium esse
et omnmm
principium,
et
..
supra
omnia,,
l'auteur africai?
a j o u t ~ :
u a r e .
et
a v n a p K t O ~
et
a V O O \ ~
et
a V O U ~ et a ~ r o V ,
sme
e X S I S t e n t l ~ ,
sme
substanti a, sine intellegentia, sine vita dicitur, non quidem.per
a.repratv
id
est non per privationem, sed per supralationem.
Omma emm quae
87.
Sur
ces deux citalions, cf. M. CAPPUYNS,Jean
Scot trigene,
p. 324, n. 1; Comnr.
Jn.,
1, XXV, n. 21, p. 126-127: M. Jeauneau y indique Porphyre, Sent., 25 (M.ommert,
p. 11, 4) comme une des sources probables de cette doctrine a ~ g u s t i n 1 e n n e ; le
mame
passage
de Porphyre est
aussi
l'un
des deux auxque ls renvo1e P. Hadot, d.
cite, p. 715,
en commentant Ad Cand.,
14,
2.
88.
Expos.,
IV, 88-89.
89.
Cf. Adv. Ar.,
IV, 19, 11; P.
HADOT, PV,
p. 416, n. S.
QUAESUNTETQUAENONSUNT
1 7
voces nominant post ipsum sunt, unde nec ov sed magis npov.
,,o
Voila done un couple
per privationem - per supralationem, qui
rappelle
e r t ~ i n e m e n t
l'opposition
per priuationem - per excellen
tiam,. de l'Erigene;
l
ne se trouve pas dans
le
passage de
l Ad
Candidum
que nous analysons, mais d'apres certains ndices, quej e n'ai
malheureusement pas
le
temps d'exposer ici, on peut supposer que
Jean Scot connaissait 'ensemble de l'reuvre tholqgique de Victorinus,
et non seulement l'opuscule mentionn
91
y a galement lieu de se
demander, a ce propos, si le nihil... perinfinitatem
des
Expositiones
n'aurait pas quelque rapport avec
1' aoptatia,
id est infinitas et
indeterminatio
de
l Adversus Arium,
quoique dans
l Ad Candidum
nous trouvons aussi l' attri but infinitum .. dit de Dieu.
Une derniere remarque sur ce paragraphe. Lorsque Victorinus
soutient que Dieu est
supra
omne ov et
v r r o ~ ovra,.,
cette supriorit
divine a l'gard du vritablement tant .. , du monde intelligible, n'est
pas
pour
lui uniquement statique, mais encore, en quelque sorte,
dynamique. Dieu est au-dessus des ldes, les ldes sont en tui, et elles
sont engendres par lui:
Deus.. . primo universalium universales
exsistentias substantiasqueprogenuit. Has Plato ideas vocat, cunctarum
in exsistentibus specierum species principales .. Genera igitur generum
profunduntur a deo et omnium potentiarum potentia: universaliter
principales
92
Cette doctrine d'apres laquelle
les
Ides naissent ou
s'coulent de Dieu a peut-etre t 'une des sources de la conception de
Jean Scot
sur
les causes primordiales comme
natura creata
et
creans " faisant partie de l' universitas condit a " conception qui
diffrencie si nettement l'rignisme des tendances prdominantes de la
thologie occidentale au sujet des ides divines, considres en gnral
comme identiques a l'essence de Dieu,
et par
consquent incres.
Les analogies dans
le
contenu et les ressemblances dans la forme
littraire
q ue
nous avons releves, ainsi que d'autres que l'on pourrait y
ajouter - cp., p.
ex.: Quid
est ergo ..
?
dans
le
paragraphe a) de
Jean Scot avec Victorinus,
Quid
vero
?
(a), Quid igitur .. ? (b2),
Quid
autem .. ?,. (e) ; ces similitudes, done, constituent autant
d'indices suggrant qu e l'rigene, en rdigeant son commentaire sur
le
chapitre IV de la Hirarchie c/este, avait sous les yeux, ouvert a la
page de l Ad Candidum que nous venons d'tudier, un exemplaire des
90. dl'.
Ar.,
IV, 23, 13-27.
91. En effet,
d'autres
passagcs
de
I'rigene semblent inspirs des considrations
de
I Adversus Ar ium sur
la vie el le
mouvemenl.
J'espere publier prochainement
quelques pages sur cette question.
92.
Adv. Ar.,
IV, S
29-32
et 34-36. Cf. HADOT,
PV,
p. 382 et suiv.
-
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.
108
.lEAN SCOT CRJVAIN
ceuvres thologiques de Marius Victorinus, le meme manuscrit peut
etre qui a t conserv
jusqu'a nos
joifrs dans la bibliotheque de
Bamberg. ne s'agit pas, dans le cas que je viens de prsenter, de
l'emprunt de quelques formules isoles, mais de l'utilisation
d'un
fragment labor assez long, dont les ides principales, ainsi que, en
partie, le vocabulaire et la structu re, sont encore reconnaissables sous
les remaniements auxquels les a soumis notre auteur.
est peut-etre loisible d'aller un peu plus loin et de voir des
allusions assez prcises a cette meme page de
l Ad
Candidum dans un
passage du livre du
Periphyseon
oil le maitre manifeste une certaine
rsistance a accepter le terme ce nihil,. comme dsignation de Dieu,
paree que, a la diffrence de ce qu'il fera quelques chapitres plus loin,
il
n'y prend ce vocable - de meme que Victorinus - que dans son
acception courante d'absence
d'etre: Non
facile concesserim diuinam
superessentialitatem nihil esse [uel tali nomine priuationis posse uocari].
Quamuis enim
a theo/ogis dicatur
non
esse
non eam tamen nihil esse
suadent sed plus quam esse .. dum non aliam ob causam praedicetur
non esse superessentialis nisi quod
in numero
eorum
quae sunt numerari
eam uera non sinit ratio, dum super omnia quae sunt el quae non sunt
esse
intelligatur
93
. Quels sont ces theologi,. non identifis, qui disent
que Dieu ce n'est pas " qu'il est suprieur
a
'etre
tb
J lTJ
ov super
tb
ov,. ), mais qui
ne
l'appellent pas
nihil?
On peut certes penser, par
exemplc,
a
Denys; mais plusieurs dtails, dont la formule finale tres
caractristique: sup er omn ia qua e sunt et qua e non sun t,., semblent
nous orienter
plute>t
vers Marius Victorinus.
CONCLUSION
Au terme de notre comparaison entre diffrents passages de Jean
Scot et de Marius Victorinus, nous sommes done en mesure d'affirmer
que l'auteur irlandais a tres probablement emprunt
a
ce difficile
penseur chrtien du
IVe
siecle non seulement certaines ides qu'il a
intgres dans sa synthese personnelle, mais encore des formules, des
phrases
ou
ces ides sont exprimes, c'est-a-dire des matriaux litt
raires. C'tai t justement ce qu e Victorinus lui-mme avait fait a 'gard
de Porphyre et d'autres philosophes grecs, d'apres
P.
Hadot, qui note
que ce mode de composition est d'ailleurs commun A ous
les
crivains
latins de I'Antiquit finissante: Tous utilisent pour ainsi dire des
lments prfabriqus.
94
,.
93. Prriph., 111 6348-C (p. 60, 24-26 et 31-34).
94. P. HADOT PV p. 33 (voir 'ensemble des remarques de l'auteu r sur la ncessit et
les
limites de la Qutllrtiforst:hung, p. 31-39).
QUAE SUNT ET QUAE NON SUNT
109
En ce qui concerne I'rigene, un tel procd n'est pas non plus
exceptionnel. M. Jeauneau a
par
exemple mis en vidence comment
dans certains passages de notre auteur, des textes de Maxime le
Confesseur, non signals comme tels
par
Jean Scot, sont ce inextrica
blement mels A la prose rignienne
95
.
;
M. Madec a effectu un
travail analogue a 'gard des emprunts anonymes a Augustin
96
, et l'on
continue tous les
jours
d'enr ichir la liste des sources ou Jean Scot puise
sans en avertir son lecteur
97
C'tait visiblement
pour
tui une maniere
d'agir toute naturelle, qu'il reconnaissait dja chez les Peres; ainsi,
nous dit-il, saint Ambroise, en donnant une exgese spirituelle du
paradis, ne fait
que
suivre Origene, mais sans le nommer ouvertement :
omnino,
ut aestimo, Originem sequens, quamvis eum aperte
non
nominavit
98
faut toutefois noter que, dans les cas d'autres auteurs,
si
Jean Scot oublie parfois de les mentionner lorsqu'il leur emprunte
quelque expression, il les ddommage ailleurs, en les citant explici
tement; mais le nom de Marius Victorinus ne parait jamais, a ma
connaissance, dans les ceuvres rigniennes.
On peut se
demander
a quel moment
de
sa carriere le savant
irlandais aurait lu Victorinus. On a signal,
dans
le commentaire su r
Martianus
Ca
pella
99
et
dans
le De
praedestinatione
100
,
des utilisations
probables des ceuvres
du
rhteur africain
sur
les arts libraux: on ne
sait cependant pas,
dans le premier cas du moins, si la connaissance
que Jean Scot en avait tait directe \ U indirecte. Mais essayons
d'avancer un peu
plus:
d'expliquer Cicron, Victorinus, devenu chr
tien, tait pass a nterp rter les pitres de saint Paul.
Or
non seulement
la technique de ses commentaires est, sous plusieurs rapports, assez
proche de celle qu'emploiera I'rigene (
ordo des mots, ce erit
sensus,
o
merito quaestio
proponitur,
appel a 'original grec
101
,
95.
Comm. Jn. l
XXXII, note 1 p. 178-179.
96. G. MADEC L'augustinisme de
Jean
Scot dans le
De
praedestinatione"
..
,
JSEHP, 183-190; Observations sur
le
dossier augustinien du "Periphyseon",
Eriugtna: Studltn zu srint n Qutlltn, 75-84.
97. Cf., p. ex., les indications supplmentaires de sources que fournit P. LU
-
7/24/2019 Piemonte - Quae Sunt Et Quae Non Sunt
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....
110
JEAN
SCOT CRIVAIN
mais encore telle ou telle phrase semble trouver aussi un cho dans le
De praedestinatione
(p. ex., Victorinus explique
phs.,
1, 4-5 comme
ceci: .. Praedestinavit igitur Deus ut essemus sancti. Prredestinavit ergo
non est
nisi eorum quae
sunt ; et Jean Scot crit: ce Credamus una m
aeternam praedestination