pfe rémy brion

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LES GRANDS LIEUX Se déconnecter pour mieux se concentrer 3. CONSTITUER DES RESEAUX LOCAUX - CREER des “AIRES D’INFLUENCE” complémentaires le long de la ligne qui échangent entre elles en s’appuyant sur leurs particularités. Contre le système acentré qui existe actuellement, on construit une structure en RHIZOME. - INTEGRER les miettes d’urbanité aux extrémités de l’agglomération et les révéler comme des GRANDS LIEUX 2. IDENTIFIER LES POLES D’INTENSITE - RENFORCER la valeur de certaines localités périphériques pour enclencher un rééquilibrage l’agglomération en se détachant d’une dépendance vis-à- vis du centre. C’est l’utopie de la VILLE ARCHIPEL. - CONCENTRER les stations pour prévenir la transformation du tracé en voie rapide 1. CONNECTER LA LIGNE AU PAYSAGE - DONNER une dimension territoriale à la ligne 73 pour en faire un axe structurant de l’ouest nantais. - CARACTERISER la ligne 73 en venant s’appuyer sur l’Erdre, la Loire et le lac de Grand-Lieu. Le nouveau tracé se constitue une identité autour de l’eau en fédérant trois manières de l’exploiter. LA CARTE DES GRANDS LIEUX Se déconnecter pour mieux se concentrer Nous avons imaginé un nouveau tracé pour la ligne 73. Le bus monte au nord jusqu’aux bords de l’Erdre, et traverse la Loire au sud jusqu’à la commune de Bouaye qui est contre le lac de Grand-Lieu. Nous donnons ainsi une nouvelle dimension a la ligne pour en faire un axe structurant de l’ouest nantais. Nous investissons l’échelle du territoire en nous appuyant sur les grands éléments qui constituent le paysage. Notre utopie vise à déconstruire le système en rayon sur lequel est construite l’agglomération nantaise. A la dépendance de la périphérie vis-à-vis du centre qui a fabriqué les villes dortoirs, nous opposons une organisation en forme de rhizome où certaines localités en périphérie gagneraient de l’importance pour devenir de véritables “pôles d’intensité” capables d’enclencher un rééquilibrage de l’agglomération. Nous avons identifié ces localités le long de la ligne de bus et nous y avons concentré les stations dans le cadre d’un réaménagement du tracé en une voie rapide. L’objectif est de développer les spécificités de chaque point identifié afin qu’il s’intègre dans un système complémentaire le long de la ligne. Nous ne sommes plus dans un fonctionnement arborescent gouvernée par le centre mais dans une structure qui n’a ni commencement et ni fin. “A la différence des arbres et de leurs racines, nous explique Deleuze, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature, il met en jeu des régimes de signes très différents […] “. Le rhizome ne fonctionne pas selon une reproduction, il assemble. Notre utopie reprend cette idée pour esquisser un nouveau fonctionnement de la ville de Nantes. Deleuze ajoute : “Contre les systèmes centrés, à communication hiérarchique et liaisons préétablies, le rhizome est un système accentué, non hiérarchique et non signifiant, sans Général, sans mémoire organisatrice ou automate central, uniquement défini par une circulation d’états.” Le système en rhyzome permet à la périphérie de gagner en lisibilité. Hameaux et villages perdus aux bouts des tentacules urbaines se structurent autour de centres d’échelle intermédiaire connectés à la ligne 73. L’idée est de donner au péri-urbain les armes pour s’intégrer à la métropole sans en être effacé. Les Petits Lieux deviennent des Grands Lieux et viennent donner une réelle urbanité à la périphérie. Nous avons essayé d’imaginer sur quoi pourrait s’appuyer chaque localité pour exister dans la métropole. A chacune d’elle est ainsi attaché un titre évocateur ainsi que deux ou trois enjeux de projet. On ouvre des portes. A partir de noms, on peut commencer à rêver.

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Les planches exposées lors de ma soutenance de Projet de fin d'Etudes

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Page 1: PFE Rémy Brion

LES GRANDS LIEUXSe déconnecter pour mieux se concentrer

3. CONSTITUER DES RESEAUX LOCAUX

- CREER des “AIRES D’INFLUENCE” complémentaires le long de la ligne qui échangent entre elles en s’appuyant sur leurs particularités. Contre le système acentré qui existe actuellement, on construit une structure en RHIZOME.

- INTEGRER les miettes d’urbanité aux extrémités de l’agglomération et les révéler comme des GRANDS LIEUX

2. IDENTIFIER LES POLES D’INTENSITE

- RENFORCER la valeur de certaines localités périphériques pour enclencher un rééquilibrage l’agglomération en se détachant d’une dépendance vis-à-vis du centre. C’est l’utopie de la VILLE ARCHIPEL.

- CONCENTRER les stations pour prévenir la transformation du tracé en voie rapide

1. CONNECTER LA LIGNE AU PAYSAGE

- DONNER une dimension territoriale à la ligne 73 pour en faire un axe structurant de l’ouest nantais.

- CARACTERISER la ligne 73 en venant s’appuyer sur l’Erdre, la Loire et le lac de Grand-Lieu. Le nouveau tracé se constitue une identité autour de l’eau en fédérant trois manières de l’exploiter.

LA CARTE DES GRANDS LIEUX Se déconnecter pour mieux se concentrer

Nous avons imaginé un nouveau tracé pour la ligne 73. Le bus monte au nord jusqu’aux bords de l’Erdre, et traverse la Loire au sud jusqu’à la commune de Bouaye qui est contre le lac de Grand-Lieu. Nous donnons ainsi une nouvelle dimension a la ligne pour en faire un axe structurant de l’ouest nantais. Nous investissons l’échelle du territoire en nous appuyant sur les grands éléments qui constituent le paysage.

Notre utopie vise à déconstruire le système en rayon sur lequel est construite l’agglomération nantaise. A la dépendance de la périphérie vis-à-vis du centre qui a fabriqué les villes dortoirs, nous opposons une organisation en forme de rhizome où certaines localités en périphérie gagneraient de l’importance pour devenir de véritables “pôles d’intensité” capables d’enclencher un rééquilibrage de l’agglomération. Nous avons identifié ces localités le long de la ligne de bus et nous y avons concentré les stations dans le cadre d’un réaménagement du tracé en une voie rapide. L’objectif est de développer les spécificités de chaque point identifié afin qu’il s’intègre dans un système complémentaire le long de la ligne. Nous ne sommes plus dans un fonctionnement arborescent gouvernée par le centre mais dans une structure qui n’a ni commencement et ni fin. “A la différence des arbres et de leurs racines, nous explique Deleuze, le rhizome connecte un point quelconque

avec un autre point quelconque, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature, il met en jeu des régimes de signes très différents […] “. Le rhizome ne fonctionne pas selon une reproduction, il assemble. Notre utopie reprend cette idée pour esquisser un nouveau fonctionnement de la ville de Nantes. Deleuze ajoute : “Contre les systèmes centrés, à communication hiérarchique et liaisons préétablies, le rhizome est un système accentué, non hiérarchique et non signifiant, sans Général, sans mémoire organisatrice ou automate central, uniquement défini par une circulation d’états.” Le système en rhyzome permet à la périphérie de gagner en lisibilité. Hameaux et villages perdus aux bouts des tentacules urbaines se structurent autour de centres d’échelle intermédiaire connectés à la ligne 73. L’idée est de donner au péri-urbain les armes pour s’intégrer à la métropole sans en être effacé. Les Petits Lieux deviennent des Grands Lieux et viennent donner une réelle urbanité à la périphérie. Nous avons essayé d’imaginer sur quoi pourrait s’appuyer chaque localité pour exister dans la métropole. A chacune d’elle est ainsi attaché un titre évocateur ainsi que deux ou trois enjeux de projet. On ouvre des portes. A partir de noms, on peut commencer à rêver.

Page 2: PFE Rémy Brion

MARAIS BETONNANTS, PAYSAGE ETONNANT - Renaturation, réindustrialisation, patrimonialisation à Basse-Indre

DORIAN, LE CONCESSIONNAIRE

« Je travaillais dans un start-up à Nantes mais la boîte a coulé. J’ai entendu parler du béton géopolymère par un ami. Je suis allé à Indre pour voir de quoi il s’agissait exactement. A l’époque, le projet en était à ses débuts. Il y avait une bourse que la métropole avait mise en place pour inciter de jeunes entrepreneurs à ouvrir des unités de production de ce béton sur un site industriel abandonné. Au départ, cet argent a été débloqué par la métropole afin d’enclencher une transformation du système d’épuration des eaux usées de la Tougas qui est situé à côté d’Indre. L’ancien système était alors vu comme trop polluant. On voulait traiter les eaux de manière plus écologique. L’argent a servi à financer une première tranche de bassins autour d’Indre. A titre expérimental, on a décidé d’associer cette métamorphose à un projet de ré-industrialisation d’Indre. Ce projet visait à produire du béton sur la base d’une synthèse d’éléments minéraux et non organiques comme cela se faisait partout. Je me suis lancé. Je voulais travailler avec mes mains pour couper avec ce que je faisais avant. Cela a très vite bien marché. Au départ, on s’était organisé entre nous et on vendait ce qu’on produisait sur le site même de l’ancienne usine. Au fur et à mesure que cela prenait de l’ampleur, on a commencé à penser à professionnaliser notre coopérative. Ensemble, on a financé la construction de bureaux sur l’ancien site Arcelor. C’est à ce moment qu’il y a eu de terribles inondations dans les quartiers bas de la ville. Les lotissements, la mairie, tout ce qui n’était pas sur l’île historique a pris l’eau. Avec les indemnisations de l’état, les gens se sont barrés dans des villes voisines. Cela a poussé la mairie à réfléchir à une nouvelle politique urbaine. Le PLU a été changé pour permettre d’accueillir de nouvelles habitations dans les coeurs d’îlot. De nouvelles typologies ont été imaginé pour économiser un maximum de foncier et construire en hauteur. Les premières parcelles qui ont été changé sont celles des anciennes maisons appartenant à Arcelor que la mairie a récupéré quand l’usine a coulé. La CBI a été associée à ce projet car elle produisait du béton pouvant servir aux nouvelles constructions. La coopérative était contente, cela faisait de la pub pour son béton géopolymère. En échange, elle fournissait un béton moins cher. Un partenariat a ainsi été créé entre la coopérative et la mairie. La coopérative fournissait le béton géopolymère qui allait permettre de densifier l’île. A cette époque, on cherchait une nouvelle maison avec ma femme. Cela tombait super bien ! On avait l’opportunité de construire une maison à moindre frais juste à côté du lieu où je travaille. La maison est pas mal, c’est comme si on avait un immeuble à nous. De là-haut, je vois ma concession et tout le paysage. »

ALAIN, L’ANCIEN PÊCHEUR

« Je passe mon temps à pêcher dans la lagune avec des échasses. Avant j’étais pêcheur professionnel alors vous comprenez… On se refait pas! Je pêchais la civelle dans l’estuaire. Mais c’était dur à la fin, les quotas ont plombé notre activité. On peut marcher avec des échasses car le niveau de la lagune est peu profond, 1m50 maximum… On se met en hauteur pour mieux voir les bancs de poissons et aussi parce que l’été il y a beaucoup d’insectes près de l’eau. Notre équipement compte aussi un piquet qui nous permet de nous assoir. C’est un ami à moi qui a lancé la pratique de la pêche sur échasse. Pas mal de gens s’y sont mis et maintenant, chaque année, il y a un concours. Les pêcheurs son jugés au nombre de poissons pêchés en une matinée. Une partie est relâchée et une partie est mangée pendant une fête qui a lieu l’après-midi et rassemble tous les Indrais. Cela me rappelle l’ambiance de la fête de la civelle qu’il y avait avant sur les quais. »

JEAN-MARC, LE FAUCARDEUR

« Avant d’être faucardeur pour la CBI, je travaillais à la station d’épuration de la Tougas. Quand le projet de station écologique a été initié, les anciens employés de la Tougas ont pu suivre des cours pour se former aux nouveaux métiers de la station. Moi, je m’occupe de la culture des roseaux et des bambous. Grâce à un système racinaire très développé, ces plantes permettent de filtrer l’eau. Concrètement, elles favorisent l’apparition de bactéries qui vont se nourrir de l’azote et du phosphore des eaux usées et qui vont rejeter du dioxyde de carbone qui va nourrir la plante. Après avoir été décantée, ce qui permet d’éliminer les grosses particules polluantes, l’eau passe dans les bassins de bambous et de roseaux. Elle va ensuite se reposer dans les lagunes où elle finit d’être filtrer grâce à l’action du vent et du soleil. Ensuite, l’eau s’écoule dans la Loire ou dans les bassins de fabrication du béton près de la ville. Avec les roseaux et les bambous que je faucarde, je fabrique dans un atelier au niveau des quais des panneaux isolants ainsi que des couverture pour les habitations. On fait aussi des échafaudages. J’ai de plus en plus de contrats, même à l’étranger. Je pensais pas que ça marcherait aussi bien leur histoire. »

LES GRANDS LIEUXSe déconnecter pour mieux se concentrer

lagunes

roseaux

bambous

bambousbassins de décantation

La Loireroseaux

bambous La Touga

s

DCNS

bassins de décantation

bassins de bambous

bassins de roseaux

lagunes

concessions

tracé ligne 73

arrêts ligne 73

tracé Huit

arrêts principaux Huit

lieux de stockage intermédiaires

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Récuperation Matériaux

Distribution

Sel

Europe

Algu

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Cal

caire

International

Kaolin

Région

Récupération Béton Exportation

Gare de Basse-Indre -

ST-Herblain

73

Gare de fret

La Montagne

Port

La Montagne

La Loire

CBI

Gare de fret

Port

Les lieux d’approvisionnement

Les points d’entrée et de sortie de la matière

La logistique interne : le HUITTransport par route

Transport par rail

Transport par bateau

Lieu de récolte des algues vertes

Kaolin de Ploemeur

Sel de Guérande

Indre

Calcaire d’Ancenis

NANTES

VANNES

QUIMPER

Noimoutier

Nous proposons de faire d’Indre un site de production du béton géopolymère. Cette idée se base sur les recherches du professeur Davidovits, un scienti�que français qui travaille sur la chimie de géopolymères depuis plus de trente ans. Le béton géopolymère pourrait constituer une véritable alternative au béton classique. En plus d’être très résistant à la plupart des agressions chimiques, sa fabrication ne nécessite qu’une transforma-tion minimale de certaines matières naturelles et engendre une pollution considérablement réduite en comparaison avec la méthode courante. Le procédé fait intervenir de l’argile kaolinique, de la chaux éteinte, du carbonate de sodium et du sel marin. En mélangeant ces quatre éléments avec de l’eau, on obtient un ciment géopolymère auquel il faut rajouter des granulats pour obtenir du béton.

LA LOGISTIQUE

LA FORMULE

Horizon vertical vue depuis la bambouseraie

Gare routière

La Montagne

Mairie de ST-Herblain

Gare de Basse-In-dre - ST-Herblain

Mairie de Basse-Indre

BASSE-INDRE, ILE-MONUMENTUn pocessus de réhabilitation d’un écosystème naturel et humain

Nous proposons de réinsulariser Indre en créant une nouvelle industrie sur son territoire. L’idée est que le lieu devienne un site de production du béton géopolymère. Les éléments nécessaires à la réaction peuvent se trouver dans un rayon de 150 kilomètres. Pour l’eau, nous avons imaginé un système qui s’appuie sur les bassins versants de la Loire. Il s’agit de traiter de manière naturelle les eaux usées de la métropole nantaise alors que celles-ci sont aujourd’hui en grande partie acheminées jusqu’à la station de la Tougas située juste à côté d’Indre. L’idée serait d’épurer ces eaux grâce à un système de bassins filtrants installés sur les coteaux et plantés de roseaux et de bambous. Ensuite, l’eau assainie serait utilisée dans les bassins où est produit le béton géopolymère ou bien serait rejetée directement dans la Loire. Les marécages sont ainsi rendus utiles et le territoire est intégré à l’émergence d’une nouvelle industrie pour Indre. Le projet se fonde sur l’identité insulaire d’Indre mais vient aussi réactiver une mémoire ouvrière ternie par la fermeture progressive des usines environnantes.

Le monument magnifie l’action de l’homme. A travers lui transpire le savoir-faire et l’esprit d’une communauté dans un lieu et une époque donnée. Il est un totem immortalisant une complicité entre l’Homme et son espace habité face au cosmos. Notre utopie vise à faire de Basse-Indre le lieu

d’une nouvelle complicité entre l’Homme et le territoire qu’il habite. Nous mettons en place un site industriel s’appuyant sur l’esprit du lieu, magnifiant la topographie du territoire, ses ressources en même temps que l’histoire ouvrière à laquelle s’identifie la population. Le paysage que nous créons n’a rien de naturel. Il parle de l’alliance entre l’Homme et le territoire qu’il cherche à habiter. Cette idée rappelle un passage du livre La poétique de l’espace écrit par Gaston Bachelard lorsque le philosophe analyse des lignes écrites par Henri Bosco sur le courage de la maison de Malicroix face à la tempête : «La maison luttait bravement. Elle se plaignit tout d’abord ; les pires souffles l’attaquèrent de tous les côtés à la fois, avec une haine distincte et de tels hurlements de rage que, par moments, je frissonnais de peur. Mais elle tint. Dès le début de la tempête des vents hargneux avaient pris le toit à partie. On essaya de l’arracher, de lui casser les reins, de le mettre en lambeaux, de l’aspirer. Mais il bomba le dos et s’accrocha à la vieille charpente. Alors d’autres vents arrivèrent et se ruant au ras du sol ils foncèrent contre les murailles. Tout fléchit sous le choc impétueux, mais la maison flexible, ayant plié, résista à la bête. Elle tenait sans doute au sol de l’île par des racines incassables, d’où ses minces parois de roseaux crépis et de planches tenaient une force surnaturelle. On eut beau insulter les volets et les portes, claironner dans la cheminée, l’être déjà humain, où j’abritais mon corps, ne céda rien à la tempête. La maison se serra contre moi, comme une louve, et par moments je sentais son odeur descendre maternellement jusque dans mon coeur. Ce fut, cette nuit-là, vraiment ma mère.» Dans cette image, la maison de Malicroix est

humanisée. On lui prête les valeurs physiques et morales du corps humain. Elle se plaint, elle hurle, elle bombe le dos, elle possède une odeur et un coeur. En fait, la maison devient une extension de Malicroix, un prolongement de son être. Face à la tempête qui menance, Malicroix lie son courage à la maison qui vient l’aider à résister. La maison permet à son habitant à dominer sa solitude et sa peur. Elle l’aide à rester stoïque face à la colère cosmique. En somme, comme le dit Bachelard, «Envers et contre tout, la maison nous aide à dire : je serai un habitant du monde, malgré le monde». Comme la maison de Malicroix, le territoire de Basse-Indre doit pouvoir aider l’Homme à habiter le monde. Il n’est pas juste un support inerte. Il ne se résume pas à un espace géométrique sur lequel la commune peut s’étendre mais doit pouvoir aider l’Homme à s’affirmer dans l’univers. Bachelard invite à être ce poète qui habite sur la terre dont parle Hölderlin. Le concept d’île-monument, qui n’est pas sans faire référence au Mont-Saint-Michel, magnifie cet état d’être en alliant les indrais à leur territoire. Il s’agit d’établir un dialogue équilibré où le territoire aide l’homme à habiter le monde et où l’Homme en retour, par son action, vient complexifier et enrichir le territoire. L’un magnifie l’autre sans le dominer. C’est le principe de l’écosystème où l’Homme adopte une posture plus humble face à son espace habité qui l’éduque et le modèle.

panneaux isolants + éléments de charpente

+

Boue de décantation Tiges de bambous Tiges de roseaux

Roseraies

Bambouseraies

Bassins de décantation

Lagunes

Four 950° Habitations verticales

briques de béton produites

Tiges de roseaux

Tiges de bambous

Ateliers de transfromation

Bassins de géopolymérisation

Algues vertes Argile Kaolin Calcaire

Boues de décantation Calcaire Algues vertes

ST-Herblain

Sel

Le Huit

Port

Silos

Sel Argile Kaolin

Séchage

chaux éteinte + carbonate de potassium

combustible

COUPE PAYSAGERE - 1/700e

PLAN MASSE - 1/8000e

Page 3: PFE Rémy Brion

MARAIS BETONNANTS, PAYSAGE ETONNANT - Renaturation, réindustrialisation, patrimonialisation à Basse-Indre

HELENA, TOURISTE TCHEQUE

« Bonjour, je m’appelle Helena, je viens de la République Tchèque. Je suis déjà une semaine en France et quand j’étais à Nantes, à l’office de tourisme, ils m’ont proposée de venir visiter une particularité de cette région : la ligne 73 qui roule du Lac de Grand-Lieu jusq’aux bords de l’Erdre. En voyageant avec ce bus, j’ai découvert une autre spécialité régionale, ici, à Basse-Indre. Nous sommes arrivés par le bac et la première chose qu’on a aperçu était le train avec “CBI” écrit sur ses petits wagons. J’ai demandé à un local : “C’est quoi le CBI, s’il vous plaît?”. Il m’a expliqué que CBI, ça veut dire Coopérative du Béton Indrais, une sorte de coopérative artisanale. J’ai décidé à descendre du bus pour aller chercher plus d’informations. Quand j’ai appris comment ça marche, j’étais un peu étonnée que les gens n’étaient pas contre la expropriation de leur terre dans la première partie du projet. J’ai essayé à imaginer si ça pourrait être possible dans mon pays, où les gens étaient forcés à créer des coopératives agricoles pendant l’époque du communisme. Aujourd’hui, ça ne fait que quelques années que la production du béton est commencée donc on verra comment ça va marcher dans l’avenir. Je suis un peu sceptique à cause des experiences de mon pays, mais il faut dire que les français ont une mentalité différente, peut-être plus ouverte aux projets un peu “socialistes” comme celui-là. »

HERVE, LE DIRECTEUR DE LA CBI

« La coopérative sert à rassembler les concessionnaires pour les rendre compétitifs. Il y a 9 ans, on a construit un port qui sert à accueillir les goémoniers venant du littoral vendéen et les péniches qui amènent le calcaire depuis les carrières d’Ancenis. Les quais sont restés accessibles pour le publics comme l’a voulu la mairie. Ensuite, comme le trafic augmentait sur la commune, il est vite devenu essentiel de penser à une nouvelle manière de transporter les marchandises. Les accès à l’île étant limités, on ne pouvait plus augmenter la quantité de camions journalière. On a donc imaginé un système de transport interne. C’est le Huit. Ce petit train fait le tour de Haute-Indre et Basse-Indre en reliant les aires de stockage des marchandises aux unités de production. Il dessert également nos bureaux à l’ouest de Basse-Indre. Cette ligne sert également aux indrais qui l’empruntent pour leurs déplacements. C’est la mairie qui a voulu ça, comme une sorte de transport collectif ! La ville en a aussi profité pour prendre une décision radicale : l’interdiction de tout véhicule motoriséà Indre. Pour cela, elle nous a demandé de financer un ensemble de parcs relais à l’extérieur, comme celui qui est au niveau de la gare Basse-Indre-Saint-Herblain. L’ouverture du Huit a augmenté nos rendements et la coopérative a pris plus de poids dans la ville. Quand on a pensé à construire de nouveaux bureaux plus grands, il s’est posé la question de notre responsabilité dans le développement d’Indre. Lors des inondations, la ville a perdu de nombreux équipements qui n’ont jamais pu être remplacé. La mairie manque d’argent. L’Etat aussi. Les indrais galéraient pour faire certains trucs. Par exemple, pour aller à la piscine, beaucoup de jeunes devaient aller jusqu’à Cordemais. Il a donc été décidé de coupler la construction de nos nouveaux bureaux à un projet social et culturel qui servirait la commune. La ville nous a vendu à prix bradé le terrain dont on avait besoin sur l’ancien site Arcelor. Nous avons déterminé avec les élus un programme et un plan masse. On s’est mis d’accord sur un ensemble comprenant un club nautique, une piscine, une salle de spectacle, un marché pour la vente du béton, des salles réunion pour les associations et bien-sûr nos nouveaux locaux. On a aussi pensé à réhabiliter la gare de fret, utilisée avant par Arcelor, afin d’acheminer le sel depuis Guérande. Le projet avait deux objectifs : le premier était de réanimer les quais qui ont été si importants dans le développement de la ville. C’est une île, Indre, et une histoire liée à la pêche, il ne faut pas l’oublier ! Le deuxième objectif jouait sur la mémoire ouvrière de l’île. Avant, ici, il y avait les forges. Des générations d’ouvriers y ont travaillé. Ils allaient se distraire dans les bars qui étaient sur les quais et certains logeaient dans des maisons à Basse-Indre que l’entreprise mettaient à leur disposition. On a voulu jouer sur ce patrimoine en créant une sorte de maison du peuple comme cela se faisait dans le nord au début du XXème siècle. »

FRED, LE CONDUCTEUR DU HUIT

« Pendant un temps, j’ai travaillé au DCNS. C’était plein de flics. C’est parce que ça appartient à l’Etat. J’aimais pas trop. Ensuite, j’ai été engagé chez Arcelor. C’est grâce à mon beau-père qui y travaillait. Il a pu m’y pistonner. Maintenant, je suis conducteur du Huit pour la CBI. Très tôt le matin, j’arrive, je descends la Grand’Rue et je récupère mon wagon à la CBI. Je commence par aller prendre les matières servant à la synthèse du ciment géopolymère. Il y a le sel qui arrive par train à la gare de la CBI. Il y a les goémoniers qui déchargent les algues au port qui est à l’est de l’île. Avec les algues, je prends aussi du calcaire s’il y en a. Des bâteaux en amènent depuis les carrières d’Ancenis un peu plus en amont sur la Loire. Le quatrième point d’entrée des intrants est sur Haute-Indre. Des camions y déchargent de l’argile kaolin qui nous vient de Ploemeur à côté de Lorient. Moi, mon rôle, durant la journée, c’est d’alimenter des silos situés dans des espaces de stockage intermédiaires le long de la ligne. Je contrôle quelle quantité de quoi je mets dans chaque silo et je fais remonter l’information aux bureaux de la CBI. En même temps que je transporte de la marchandise, je transporte des personnes. Le matin, ce sont les copains de la CBI qui se rendent sur les unités de production. La journée ce sont des indrais qui veulent se déplacer. C’est différent d’un moyen de transport normal, comme à Nantes par exemple. Il n’y a pas des arrêts clairement définis, les gens ont juste à nous faire signe sur le bord de la route et on les prend. La semaine, ça va, il n’y a pas beaucoup de monde mais le week-end et pendant la période estivale, c’est plus dur car on s’arrête tout le temps. L’été d’ailleurs, je me transforme en guide pour les gens qui visitent Indre. C’est sympa! ça me donne pas l’impression de travailler. Par contre, il faut que je me mette sérieusement à l’anglais parce qu’il y a plein de touristes étrangers! Un truc qui est chiant, c’est qu’on fait toujours la même boucle... Mais bon, on se sent pas seul, il y a toujours du monde avec nous. Il y a les voyageurs que l’on transporte et puis je peux discuter avec les gars des unités de production quand je m’arrête dans les espaces de stockage. C’est assez social comme métier finalement. »

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La porte de Basse-Indre (PBI)L’Ecomusée, la mairie et l’arrêt de bus

- Raconter le lieu- Redonner vie aux quais en produisant un nouvel environnement social- Réunir la ville et le paysage autour d’un écosystème de production- Créer une porte d’entrée pour l’île

CBI : Coopérative du Béton IndraisUne maison du peuple, des briques et des bactéries

- Inscrire la CBI dans l’ancienne organisation socio-spatiale de l’île en référence à la relation qu’a entretenu la ville avec les forges- Développer un socle social, économique et culturel à l’orée de la ville- Proposer une architecture symbolique des marais bétonnant- Gérer les �ux de marchandises et de personnes

HVI : Habitat Vertical InsulaireUn écosystème constructif, social et paysager

- 1 habitat, 1 terrain, 1 famille- Patrimonialiser le système viaire d’Indre et en faire un schéma distributif qui se développe à toutes les échelles de l’organisation spatiale de la ville- Construire en hauteur pour voir sa concession- Construire avec les matériaux produits in-situ

CBI

HVI

PBI

1. Augmentation de la valeur foncière

2. Création de venelles

2. Edi�cation

PRODUCTION, COOPERATION ET DENSIFICATIONUn nouveau site industriel pour un nouvel habitat

Notre utopie implique une nouvelle utilisation de l’espace au sein des îles de Haute-Indre et de Basse-Indre. Le transfert des équipements et des logements depuis les marécages vers les îles implique la densification de ces dernières ainsi que l’invention de nouvelles manières d’habiter. Nous avons imaginé des habitations verticales, sorte de “maison-tours”, qui viendraient investir les coeurs d’îlot innocupés au niveau des limites parcellaires. Les habitations seraient construites avec le béton géopolymère produit dans les marécages. Les plantes filtrantes qui servent à l’épuration des eaux usées pourraient aussi être utilisées pour la construction des logements. Ainsi, les roseaux pourraient servir à la conception de panneaux isolants tandis que les bambous pourraient être exploités pour fabriquer des échaffaudages ou des éléments de charpente. Notre utopie suppose aussi de penser une nouvelle organisation de la ville afin d’orchestrer l’activité industrielle et de la concilier à la vie quotidienne des habitants. L’idée serait d’organiser la nouvelle industrie en différentes concessions qui se répartiraient autour des deux îles selon un schéma en bandes. Chacune d’elles accueillerait des bassins pour la synthèse du béton mais aussi des fours pour traiter la matière première. Les concessions seraient rassemblées autour d’une grande coopérative qui veillerait à leur approvisionnement et coordonerait la phase de commercialisation. Nous l’avons nommé CBI qui veut dire

Coopérative du Béton Indrais. En plus de gérer les intérêts des concessions, cette structure serait impliquée dans la vie culturelle de la ville, à l’image de ce que réalisaient les grands syndicats ouvriers en Belgique et dans le nord de la France il y a un siècle. La coopérative serait installée sur le site d’Arcelor-Mittal, qui est en passe d’arrêter son activité, réactivant et réinterprétant la relation que l’île a toujours eu avec ce lieu. La logistique du nouveau site industriel serait orchestrée par les ceintures des deux îles. Ce choix s’impose au regard de la topographie et du réseau de venelles à l’intérieur des îles qui n’est pas adapté à une circulation efficace des flux. Toutefois, c’est aussi un parti pris symbolique qui vient redonner une vocation économique aux quais. Comme le temps où les pêcheurs y déchargeaient le poisson et y faisaient sécher leurs filets, les quais redeviendraient un lieu où l’activité des îles se raconte. Dans le cadre de notre utopie, ils serviraient au stockage et à la circulation des intrants et extrants. Un moyen de transport interne à la commune y cheminerait et s’occuperait d’approvisionner chaque concession. Baptisé le “Huit” en référence à son tracé particulier, ce petit train relierait les concessions aux points d’entrée et de sortie de la matière des îles. Parmis ces points, il y aurait le nouveau port aménagé au sud de Basse-Indre, une nouvelle gare routière au nord de Haute-Indre et enfin une gare de fret et un marché qui prendrait place sur l’ancien site des forges au côté des bureaux de la CBI.

Bateaux et filets de pêche sur les quais Vue sur les forges et son paysage de cheminées

panneaux isolants + éléments de charpente

+

Boue de décantation Tiges de bambous Tiges de roseaux

Roseraies

Bambouseraies

Bassins de décantation

Lagunes

Four 950° Habitations verticales

briques de béton produites

Tiges de roseaux

Tiges de bambous

Ateliers de transfromation

Bassins de géopolymérisation

Algues vertes Argile Kaolin Calcaire

Boues de décantation Calcaire Algues vertes

ST-Herblain

Sel

Le Huit

Port

Silos

Sel Argile Kaolin

Séchage

chaux éteinte + carbonate de potassium

combustible

PLAN MASSE - 1/2000e

Page 4: PFE Rémy Brion

CBI : Coopérative du Béton Indr ais - Une maison du peuple, des briques et des bactéries

COUPE LONGITUDINALE - 1/750e

LE MARCHE

LE CAFE / RESTAURANT

LA SALLE DE SPECTACLE

LE CLUB NAUTIQUELES LABORATOIRES

LA PISCINE

LA GARE DE FRET

L’ESPACE DE STOCKAGE

LES BUREAUX DE LA CBI

Les gaz sont drainés : l’oxygène est amené dans les talus pour encourager l’action métabolique des champignons et le méthane produit est utilisé comme source d’énergie

Podo

spora Anserina

1. REALISATION DU COFFRAGE

2. CONFINEMENT DE LA TERRE POLLUEE

Le béton géopolymère est produit dans les bassins autour de l’île

comblement des vallons

La terre polluée est extraite et mélangée avec des micro-organismes neutralisants

On forme des talus selon un plan pré-déterminé

On coule le béton sur les talus

3. BIODEGRADATION DES MOLECULES TOXIQUES

O2 CH4O2 CH4O2 CH4

O2 CH4

O2 CH4

4. DECOFFRAGE

Propice à la germination, la terre assainie est valorisée comme engrais

ENERGIE

La terre est enlevée

1. La forme de base 2. Les percements 3. Les entrées et les installations des programmes

Marché

Piscine

Gare

Café /Restau.

Salle de spectacle

club nautique

Bureaux CBI

Stockage

Labo.

Parking

La Loire

BacGrand’Rue

PRINCIPES

EXTRACTION, ENCAPSULATION ET DEPOLLUTION Générer une architecture en valorisant les sols contaminés

Le déclin de l’activité industrielle à Indre pose la question du devenir des sites occupés par les usines mais avant tout de leur décontamination. Durant des décennies, les marécages ont été pollués par des rejets comprenant surtout des pesticides ainsi que des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Aujourd’hui, alors que les usines ferment ou sont en passe de le faire, il devient nécessaire de penser à une manière de dépolluer le sol afin de le revaloriser. Que peut faire l’utopie pour la décontamination de la terre ? Comme nous envisageons d’excaver de la terre pour creuser les bassins servant à la synthèse du béton, nous nous sommes interrogés sur ce que nous pouvions faire de cette terre. Plutôt que de l’incinérer, comment lui redonner de la valeur ? Et comment ce procédé pourrait conduire à un projet d’architecture ? En nous intéressant à une phase préparatoire au nouvel aménagement des marécages, nous voulions montrer que l’avant-projet pouvait aussi générer du projet. L’architecture dont je vais maintenant donner les contours est avant tout l’architecture d’un processus. Notre idée s’appuie sur les propriétés d’un champignon filamenteux nommé Podospora Anserina. Comme tous les champignons, Podospora Anserina possède des enzymes qui vont lui permettre de digérer la matière morte contenu dans le sol. Cela a pour effet d’assainir la terre et de favoriser l’apparition de nouveaux organismes.

Mais l’une des enzymes de ce champignon nous intéresse particulièrement puisqu’elle va réagir avec l’aniline, un acide aminé contenu dans certains polluants organiques, dont les HAP et les pesticides. Ainsi, Podospora Anserina va pouvoir dégrader des polluants industriels. L’idée est de se servir de cette faculté pour assanir le sol indrais. La CBI viendra s’installer à la place de l’usine Arcelor-Mittal une fois que celle-ci aura fermée. Après avoir mélanger la terre excavée avec le champignon, l’idée est de façonner de grands talus pouvant atteindre une vingtaine de mètres. Les camions accèderaient au sommet de ces talus grâce à un chemin en spirale. Le résultat formerait une sorte de négatif d’une mine à ciel ouvert. Une fois les talus formés, nous viendrions couler du béton géopolymère sur les talus. Nommée encapsulation, cette opération vise à confiner la terre polluée le temps que la biotransformation se réalise. Elle sert à éviter la migration des polluants vers les nappes phréatiques et empêche l’évaporation des gaz. Pendant cette phase, un drainage serait mis en place afin d’alimenter les champignons en oxygène et pour extraire le méthane produit par la biodégradation. Ce méthane pourrait être valorisé comme source d’énergie temporaire par les indrais. Une fois la terre assainie, elle serait extraite de sa capsule de béton. Comme dans une mine, un ballet de tractopelles et de camions-bennes viendraient évider la structure. La biodagradation ayant préservé les propriétés biologiques de la terre (ce qui n’est pas le cas de toutes les méthodes de dépollution), celle-ci pourrait être valorisée dans la filière agricole. Toutefois, la terre serait d’abord utilisée au

comblement des deux vallons générés par le processus. Cette opération vise à multiplier les points de vues sur le paysage ainsi qu’à créer un véritable espace public sur le site. Les gens pourraient marcher dans les vallons adoucies par le remblais et grimper sur l’enveloppe de béton pour bénéficier de panoramas sur la Loire, la ville et les marais bétonnants. L’intérieur accueillerait les programmes du projet. L’aménagement se ferait principalement de plein-pied pour préserver le volume. L’éclairage serait zénithale, la lumière passant par les percements qui ont servi au drainage des gaz. Afin que les hommes puissent habiter la forme, nous l’avons sculpter grâce à des percées motivées par les éléments forts autour du site. Ces percées créent des entrées dans les trois bandes de béton et guident l’aménagement intérieur en divisant les espaces.

+

=

Mine de Yakutia, Russie Panthéon de Rome

Motif prélevé in-situ - sable ondulé formé par la marée

Page 5: PFE Rémy Brion

CBI : Coopérative du Béton Indr ais - Une maison du peuple, des briques et des bactéries

COUPE TRANSVERSALE - 1/250e

Arrière-scène

Scène

Atrium

Commerce

Zone des expéditions

Zone des arrivages

Vestiaire H

Vestiaire F

Stockage matériel

SAV

Local technique

Bureau du directeur

Accueil / Secrétariat

Salle de réunion

Archives

Salle du personnel

Stockage

Vestiaire H

Vestiaire F

Cuisine

Local Technique / Stockage

Accueil

LE MARCHE

ESPACE BAR

RESTAURANT

SALLE DE SPECTACLE

BUREAUX DE LA CBI

LA GARE

Ch. froide

Stockage

PLAN RDC - 1/250e

Vue sur le marché vue depuis les marais bétonnants Vue depuis la Loire

UN LIEU DE RENCONTRE POUR LES INDRAIS Expérimenter la Maison du Peuple du XXIème siècle

La CBI n’a pas juste une vocation économique. A l’image de la Maison du Peuple construite par Victor Horta il y a un peu plus d’un siècle, son ambition est aussi sociale et culturelle. Ainsi, à côté du marché et des bureaux des concessionnaires, on trouve un café/restaurant, une piscine et le club nautique qui a dû déménager des quais suite à la création du port. Le bâtiment compte également une salle de spectacle qui est utilisée par les indrais pour se divertir et par la CBI pour sa communication. Le programme reflète la relation étroite qui unit la CBI à Basse-Indre. Ce dialogue est au coeur du projet et renvoie à l’ancienne relation qui existait entre la ville et ses forges. Installée depuis près de 200 ans au bout de l’île, les forges ont construit l’esprit de Basse-Indre. Elles ont façonné sa population, sa Grand’Rue et même certaines de ses maisons. En installant la CBI sur le site d’Arcelor-Mittal, on perpetue cette mémoire et on intègre l’utopie, le lieu qui n’existe pas, dans un passé qui, lui, a existé. Le but est toujours de donner du corps à notre récit pour qu’il ouvre des perspectives. Le bâtiment s’articule autour du marché sur lequel débouche la Grand’Rue. Avec les bureaux de la CBI, il constitue la bande centrale autour de laquelle s’organise les autres programmes. Tout au bout de la bande se trouve un laboratoire dont le but est de mener des recherches sur le béton géopolymère. La bande près des concessions contient

un espace de stockage pour les intrants et les briques en attente d’être exportées. On y trouve aussi une gare qui vient réutiliser le tracé des rails de l’ancienne usine d’Arcelor-Mittal. La bande près de la Loire contient quant à elle des programmes culturelles. Il y a une piscine, un café restaurant, une salle de spectacle et le nouvel espace du club nautique de la commune. Les espaces intérieurs sont agencés autour des oculus afin de garantir une bonne répartition de la luminosité dans les programmes. Cette organisation permet aussi de créer plus facilement des espaces fermés puisque l’on vient profiter des hauteurs de plafond les plus faibles. Les espaces sont dessinés de manières très brutes, comme si ils avaient été taillés dans la roche. L’idée était de reprendre la forme serpentine de l’extérieure.

Victor Horta, maison du Peuple, Bruxelles

Rémy Brion - Utopies métropolitaines Pascal Amphoux, Benoit Fillon, Amélie Nicolas