peau a peau - ciealfredalerte.com peau a peau... · quant à son compère, bouba, il dort, ... que...

35

Upload: ngomien

Post on 16-Sep-2018

217 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

PEAU A PEAU Commande du Festival TANDEM / Médiathèque Jean Jaurès / Nevers Samedi 8 février 2014 Peau à peau est un duo dansé librement inspiré du premier roman de Dany Laferrière Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, satire féroce des stéréotypes et clichés racistes et joyeuse description d'une vie de bohème version black. Duo ou duel, résistance ou abandon, désir ou fantasme? Un homme et une femme se livrent à un corps à corps sensitif en noir et blanc, dans l'espace intime d'un salon, sur des grands airs de jazz... Chorégraphie, scénographie et interprétation : Alfred Alerte et Lucie Anceau Univers musical : Coleman Hawkins / Body and soul Art Tatum / Tea for two Bessie Smith / Nobody knows you when you’re down and out Duke Ellington / Sophisticated Lady Billie Holiday / I am a fool to want you Coleman Hawkins et Ben Webster / Blues for Yolande Ella Fitzgerald / Lullaby of Birdland Duke Ellington / Take the A train Création lumières : Hervé Bontemps Photographies : Carlos Ania Avec le soutien de l’Espace Michel Simon, du CND et de la MCNN de Nevers au titre de l’accueil studio

FESTIVAL TANDEM / 2e EDITION / 5-9 FEVRIER 2014 Médiathèque Jean-Jaurès, Centre Culturel Jean Jaurès, Association Tandem Tandem se donne la mission d‘être un Festival original et transversal, alliant des personnalités et des talents parmi les plus singuliers du moment. • littérature contemporaine, musique, danse, théâtre • rencontres, lectures-spectacles (formes hybrides), expositions, ateliers, village des auteurs et libraires • 5 jours en février • gratuit ou payant selon les événements • 5 000 visiteurs attendus • tout public • équipe de la médiathèque + conseiller littéraire + association Tandem Objectif « Dynamiser le territoire et faire évoluer l’image de la littérature et de ses rapports avec les autres arts. » L'objectif de l'ensemble du festival : la découverte de talents émergents, de spectacles uniques, d’associations originales avec des lectures musicales, des concerts jeunesses ou tous publics, des improvisations et des performances. Initiative Jacqueline Richard, adjointe au Maire de Nevers et déléguée à la Culture. « La ville souhaite lancer le festival par le biais de la médiathèque et avec le soutien de l’association Tandem. » L’association Tandem est présidée par Jérôme Duwa, enseignant à l’Ecole supérieure des Arts Appliqués de Bourgogne. Elle a proposé à la municipalité et à l’adjointe à la culture, Jacqueline Richard, la création de ce Festival littéraire, en partenariat avec la médiathèque de Nevers et sa directrice, Claire Garand. Spécificité « Deux axes : des rencontres avec un duo d’auteurs, l’un confirmé invite l’autre émergent, et des propositions qui mêlent la littérature à une autre discipline artistique, d’où le nom de Tandem ! » Territoire « En plus de créer une proposition qui dépoussière l’image de la littérature, nous souhaitons placer Nevers sur la carte des festivals littéraires qui comptent. » Médiation « Les différentes propositions doivent permettre aux publics de rencontrer le texte, l’auteur et des interprétations du texte. En travaillant avec des partenaires culturels, éducatifs et sociaux, nous voulons aussi croiser les réseaux, parler au plus grand nombre et montrer que la littérature est un plaisir. Partenaires Maison de la Culture de Nevers / Café Charbon / Association D’Jazz Nevers / Centre d’art contemporain de Pougues-les-Eaux / Librairies Le Cyprès et Gens de la lune / Éditeurs, centres sociaux, établissements scolaires… Financement Ville de Nevers / Conseil général 58 / Conseil Régional de Bourgogne / Drac Bourgogne / Centre national du livre / Mécénat

Premier livre de Dany Laferrière, satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes. Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer se présente comme la joyeuse description d'une vie de bohème, version black. Deux jeunes moins oisifs partagent un appartement dans un quartier pauvre de Montréal. L'un d'entre eux, le narrateur, projette d'écrire un roman et, pour s'occuper, connaît diverses aventures féminines en dissertant sur la trilogie Blanc-Blanche-Nègre. Car c'est un juste retour des choses, après avoir souffert de l'esclavage, que de séduire toutes ces jeunes donzelles innocentes ou curieuses. Quant à son compère, Bouba, il dort, dort, dort. Et philosophe en lisant et relisant le Coran, sur des airs de jazz. Cachez vos filles, blanches mères, les nègres sont en ville !

LE LIVRE Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, c'est l'histoire de deux noirs dans la vingtaine qui cohabitent un deux pièces minuscule du Carré St-Louis à Montréal. Ils ne travaillent pas. Par contre, l'un d'eux essaie d'écrire un roman. Ils s'adonnent surtout aux plaisirs de la chair et aux discussions philosophiques. Les trois principaux personnages de ce livre sont : vieux, Bouba et Miz littérature. Bouba et Vieux zonent toute la journée : l'un écrit un livre sur son expérience des rapports hommes femmes (entre autres sexuels) dans le contexte de différence raciale, l'autre écoute du jazz et lit Freud. De temps en temps, Miz passe, fait l'amour avec vieux, fait un peu de ménage, glisse un bouquet dans un vase. Si elle et Vieux sont amants, cela n'empêche pas vieux de tenter de séduire plus d'une belle. Il a le feu au corps. Ce qu'il cherche dans le sexe, c'est l'absolu. Il a besoin d'être pris et aimé entièrement, pour ce qu'il est, au-dessus des notions d'oppression raciale et sexuelle. Ce sont des jeunes qui vivent dans une Amérique à deux vitesses : d'un côté, il y a des jeunes comme eux, qui habitent un appartement paumé, dans un immeuble à logements paumé, dans un quartier paumé. D'un autre côté, il y a les jeunes comme Miz, qui habitent Westmount et étudient à l'Université Mc Gill. La lutte de ces jeunes noirs pauvres pour séduire la riche jeune fille blanche n'est pas innocente : c'est que le sexe est le seul terrain où ils peuvent d'emblée se répondre. Le monde que décrit Laferrière est un monde de castes où chacun en domine une autre. Au sein d'un tel système, seul le désir est libérateur, seul le désir peut briser l'ordre des choses.

Photographies du film Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer Réalisé par Jacques W. Benoît Avec : Isaach de Bankolé, Maka Kotto, Antoine Durand Genre : Comédie Nationalité : Français, canadien A Montreal en été. Deux noirs, Vieux et Bouba vivent ensemble. Bouba passe son temps à dormir en écoutant du jazz ou en lisant Freud. Vieux écrit un roman mais sa grande passion est la drague. Toutes les occasions lui sont bonnes pour séduire les jolies blanches. Il éprouve pourtant un tendre sentiment pour une étudiante en littérature. Mais un groupe de blancs qui les soupçonne de trafic de drogue, mettent le feu à l'appartement. Vieux a juste le temps de récupérer son manuscrit, qui deviendra un best-seller...

De quoi s'agit-il ? Le narrateur résume lui-même brièvement son court roman, lors d'un dialogue avec Bouba, son ami colocataire : « C'est simple, c'est un type, un Nègre, qui vit avec un copain qui passe son temps couché sut un Divan à ne tien faire sinon à méditer, à lire le Coran, à écouter du jazz et à baiser quand ça vient » (p. 55). À la fin du roman qu'il écrit et que nous lisons, il participe à l'émission Noir sur Blanc qu'anime Denise Bombardier à la télévision de Radio-Canada. Au début de l'entrevue, l'animatrice, qui affirme avoir lu le roman (!), le résume à son tour : « Ça se passe au Carré Saint-Louis. C'est, brièvement, l'histoire de deux jeunes Noirs qui passent un été chaud à draguer les filles et à se plaindre. L'un est amoureux de jazz et l'autre de littérature. L'un boit à longueur de journée ou écoute du jazz en récitant le Coran, l'autre écrit un roman Sur ce qu'ils vivent ensemble » (p. 145). C'est, d'avouer encore l'animatrice, « le premier véritable portrait de Montréal venant d'un écrivain noir » et, selon elle, l'écrivain a « eu la dent dure » (p. 146), ce qu'avait aussi prétendu Jean Éthiet-Blais dans sa critique tout aussi imaginaire du Devoir :

« Je n'ai jamais rien lu d'aussi fort, d'aussi neuf, d'aussi évident. C'est le plus terrible portrait de Montréal que j'ai eu sous les yeux depuis des années » (p. 142-143). Comment faire l'amour (...) est un livre qui parle de préjugés à l'égard de la race noire et, aux yeux de la Moral Majority, « une ordure qui salit son lecteur, qui a pout unique but d'avilir la Race Blanche dans ce qu'elle a de plus sacré : LA FEMME » (p. 148). C'est aussi, il faut en convenir, l'un des premiers romans écrits par un Noir qui jette un regard sur l'autre, le Blanc, et qui aborde, parfois crûment et non sans provocation, les rapports entre les Noirs, que le narrateur appelle toujours les Nègres, et l'Occident. Comment faire l'amour [...], c'est aussi une histoire d'écriture puisque Vieux, le héros, se livre à l'écriture d'un roman, plutôt de fantasmes, comme il le dit, qui est publié à la fin et qui reçoit un accueil plus que favorable, comme le confirment quelques extraits imaginaires de critiques littéraires connus, comme Jean Éthier-Blais, Pierre Vallières, ReginaldMartel, Gilles Marcotte, voire Denise Bombardier, dont l'entrevue avec le romancier, imaginaire elle aussi, explique le sens, la portée du roman.

Le titre Il est pour le moins racoleur, provocateur, beaucoup plus que le titre du roman que le narrateur écrit et que, en définitive, nous lisons, «SON ULTIME CHEF D‘ OEUVRE »> (p. 139), intitulé Paradis d'un dragueur nègre. Dans le titre retenu, qui aurait pu être, selon Ivanhoé Beaulieu, Manuel de savoir draguer à l'usage des Nègres et des Blanches qui fréquentent les bars de Montréal, on perçoit déjà la réflexion que poursuit le narrateur sur le racisme et, surtout, sur la sexualité débridée du Nègre et de sa domination dans le monde de l'Occident. Car, on l'apprendra, le Nègre, dans la hiérarchie, dans l'idéologie occidentale, arrive après le Blanc, bien sûr, et la Blanche, aussi, mais avant la Négresse, qui apparaît au bas de l'échelle. André Lamontagne a bien analysé, décortiqué ce titre : « D'une part, l'emploi du mot Nègre renvoie sinon à un interdit [...] du moins à un tabou. »

Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer ou une dénonciation du racisme à travers la baise Aurélien Boivin / Québec français, n° 131, 2003, p. 94-97. Premier roman largement autobiographique de Dany Laferrière, un écrivain d'origine haïtienne installé au Québec depuis la fin des années 1970, Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer a connu un retentissant succès. Publié en 1985 chez VLB éditeur, le roman est réédité en 1989, chez le même éditeur d'abord, puis à Paris la même année, avant d'entrer dans la collection « J'ai lu » l'année suivante. Traduit en anglais par David Homel, lui-même romancier migrant, en 1987, il est édité à Londres en 1991. Une édition en langue espagnole paraît en 1997. En 1989, le cinéaste Jacques Wilbrod Benoit le porte à l'écran dans une production franco-québécoise qui est loin d'avoir eu le succès de l'œuvre originale.

« D'autre part, l'énoncé place le "Nègre" en position d'objet, ce qui peut sembler paradoxal en regard d'une représentation plus traditionnelle de la sexualité où le mâle serait le sujet du désir. Ce dispositif para textuel annonce le mouvement du texte, par lequel le narrateur s'autorise de son statut ethnique pour jouer avec les lieux communs et les préjugés sur sa race en même temps qu'il met en scène le regard dont il est l'objet. Le titre rassemble donc les deux premiers mécanismes de représentation identitaire : le regard sur soi et le regard d'autrui, ici celui des Blancs ». Le temps Comment faire l'amour [...] se déroule au cours d'un été chaud, au début des années 1980, année qui peut correspondre à la difficile adaptation à Montréal de l'écrivain, qui fut journaliste dans son pays, mais qui, après avoir fui son île natale, pour ne pas être tué comme deux de ses amis, végète dans la grande ville, nouvel Eldorado, où il a décidé de tenter sa chance. Ce narrateur est précis : « Bon, bref, telle est la situation en ce début des années 80 marquées d'une pierre noire dans l'histoire de la Civilisation Nègre » (p. 17). Il est toutefois surprenant que, plus loin, il écrive, alors qu'il se promène dans la ville : « une jeune fille passe avec, sous le bras, L'hiver de force de [Réjean] Ducharme, qui vient de paraître chez Gallimard. Tout le monde actuellement se l'arrache » (p. 105). Or, ce roman est paru en 1973, bien avant donc le temps du récit.

Le lieu La grande majorité de l'intrigue, si intrigue il y a vraiment, se déroule au Carré Saint Louis, à Montréal, « un coin de clochards » (p. 38), dans un minable et minuscule appartement (studio) situé au 3670 de la rue Saint-Denis, appartement qui répond bien à la discrimination, au racisme dont sont victimes les Noirs. Les lieux que les deux colocataires fréquentent dans le toman sont associés à la saleté, comme leur « appartement crasseux » (p. 38), décrit ainsi dès l'ouverture du roman : « On crève, cet été, coincé comme on est entre la Fontaine de Johannie (un infect restaurant fréquenté par la petite pègre) et un minuscule bar topless, au 3670 de la rue Saint-Denis, en face de la rue Cherrier. C'est un abject 1 "2 que le concierge a refilé à Bouba pour un 2 "2 à 120 $ par mois. On loge au troisième. Une chambre exiguë, coupée en deux par un affreux paravent japonais à grands oiseaux stylisés » (p. 11). Le narrateur dort dans un « lit crasseux », alors que son copain « s'est arrangé avec [un] Divan déplumé, tout en bosses », véritable « pouffiasse gonflée de coton » (p. 12). L'appartement est en désordre et dégage une senteur pour le moins répugnante, ainsi que le note le narrateur : « Je regarde, couché, les boîtes de carton et les sacs verts à ordures, bourrés de linge sale, de bouquins, de disques (sold) et de bouteilles d'épices qui traînent sut le plancher » (p. 22), qui est sale, dégoûtant. Plus loin, il note dans ce qu'il appelle la CHRONIQUE DE [S]A CHAMBRE : « J'écris : LIT : Je vois : matelas poisseux, drap crasseux, sommier grinçant, Divan gondolé » (p. 100). L'adjectif « crasseux » revient d'ailleurs à plusieurs reprises pour qualifier tantôt la baraque (p. 38), tantôt la chambre (p. 48).

Tout le quartier est à l'image de cet appartement minable : « Le Carré Saint-Louis est bourré d'ivrognes au torse nu. L'air est lourd et empeste la bière [...]. L'enfer » (p. 117). Point étonnant que le locataire qui habite l'appartement du dessus porte le surnom de Belzébuth. On se croirait dans l'appartement de Ti-Jean, héros du Cassé de Jacques Renaud. Quel contraste avec les appartements qu'occupent les filles, toutes des Anglaises, que le narrateur rencontre dans des bars ou ailleurs et qu'il visite ! Pensons, par exemple à celui de Miz Littérature, une étudiante en lettres de l’Université McGill (p. 96-97). La structure Comment faire l'amour [...] est un texte tout à fait éclaté composé de vingt-huit courts chapitres. C'est une espèce de chronique du quotidien d'un écrivain qui s'amuse à confronter son lecteur avec ses réflexions et fantasmes de dragueur professionnel, lui qui rêve de devenir Blanc, mais pas n'importe lequel, ni à n'importe quel prix : « Je voudrais être un Blanc amélioré. Un Blanc sans complexe d'Oedipe » (p. 73) Le narrateur n'a pas de plan préétabli. Il ne se préoccupe pas d'ordonner sa narration. Il se fie à l'inspiration du moment et multiplie les chapitres sans rechercher un lien entre eux.

C'est ce qui a fait dire à certains critiques que l'intrigue était ténue, voire débridée, à l'image des deux héros. Comme l'écrit Marie Naudin, Laferrière « œuvre à partir du quotidien, de ses propres observations, rencontres, conversations et rêveries qui meublent de fantasmes sa jouissance personnelle ». Les personnages Comment faire l'amour [...] met en scène deux immigrants noirs qui ont élu domicile à Montréal et qui végètent car ni l'un ni l'autre n'ont réussi à trouver du travail. En cherchent-ils d'ailleurs ? Ce sont deux chômeurs qui sont obligés, pour survivre, de se contenter des 20 $ que leur alloue quotidiennement le SAVI, un centre de dépannage pour migrants et immigrants (p. 118). Vieux. C'est le narrateur, un narrateur autodiégétique, pour reprendre la terminologie genettienne, « dragueur nègre consciencieux et professionnel » (p. 17), qui a décidé d'écrire un roman au cours de cet été torride un peu pour passer le temps, lui qui n'a pas d'emploi et qui veut s'occuper. Dans ce roman, qu'il dit écrire à l'aide d'une vieille Remington qui aurait appartenu à l'écrivain Chester Himes (p. 53), lui qui est déjà écrivain puisqu'il rédige son journal depuis trois ans (p. 54), il livre ses réflexions sur sa difficile intégration à la communauté blanche montréalaise. Désireux de devenir un grand écrivain, le plus grand écrivain noir de tous les temps, il laisse libre cours à ses fantasmes et multiplie les dragues avec des jeunes filles blanches toutes associées à la communauté anglophone de Westmount ou d'Outremont, comme s'il voulait se venger en les possédant toutes dans son lit, comme il rêve de posséder l'Amérique : « C'EST SIMPLE : JE VEUX L'AMÉRIQUE. Pas moins. Avec toutes les girls de Radio City, ses buildings, ses voitures, son énorme gaspillage et même sa bureaucratie. Je veux tout : le bon et le mauvais, ce qu'il faut jeter et ce qu'il faut conserver, ce qui est laid et ce qui est beau. L'AMÉRIQUE EST UN TOUT » (p. 29).

Bouba. Compagnon du narrateur et colocataire de l'appartement qu'ils partagent tous deux, rue Saint-Denis, Bouba est un marginal qui se contente de passer ses journées couché sur un Divan fatigué, « face à la Mecque » (p. 13), à écouter du jazz et à lire le Coran, ce qui explique les nombreux extraits qui parsèment la narration de Vieux. Il est un disciple de Freud ( « Allah est grand, mais Freud est son prophète », p. 13, repris par Vieux, p. 146). C'est un ermite, qui mène « une vie de moine » (p. 58), tout en rêvant de reconstruire le monde (p. 35). Il fait salon : il s'occupe d'une jeune fille suicidaire et reçoit chez lui sur son Divan, écrit toujours avec une majuscule, donc personnifié. Le narrateur le considère comme le « Dalaï Lama du Carré Saint-Louis » (p. 114), qui divague « sans arrêt sur les sentences du vieux maître zen » (p. 61). Mangeant très peu et grand buveur de thé, il joue « au Bouddha nègre » (p. 64), selon le narrateur qui l'associe encore à « un maharadjah nègre dans son harem de Saint-Denis » (p. 36) et « au plus grand sorcier de Montréal » (p. 86). C'est un « Nègre nostalgique et freudien » (p. 13 et 33) qui voue une grande admiration à son compagnon écrivain. Miz Littérature. Toutes les femmes sont, aux yeux de Bouba, des Miz que le narrateur décrit ainsi « [p]our ne pas se mettre Gloria Steinen sur le dos » (p. 24). C'est une jeune étudiante en lettres de l'Université McGill, « une vénérable institution où la bourgeoisie place ses enfants pour leur apprendre la clarté, l'analyse et le doute scientifique » (p. 29). Elle prépare une thèse de doctorat sut Christine de Pisan (p. 38). Elle « a une famille importante, un avenir, de la vertu, une solide culture, une connaissance exacte de la poésie élisabéthaine, et même, elle est membre d'un club littéraire féministe à McGill - les Sorcières de McGill » (p. 38). Elle mène deux vies : l'une dans son milieu bourgeois, « où elle est une princesse Wasp », et « une autre ici [dans l'appartement minable de Vieux], où elle est l'esclave d'un Nègre » qu'elle visite régulièrement et qu'il baise de belles façons, tout en entretenant le mythe du Nègre Grand Baiseur (p. 124). C'est, au dire du narrateur, « le meilleur parti qu'un Nègre puisse se permettre en temps de crise » (p. 29).

Les thèmes Le racisme. Vieux, dans son roman, comme dans la vie, dénonce le racisme sous toutes ses formes. Il ironise sur le mythe séculaire du Nègre Grand Baiseur et sur l'appétit sexuel démesuré du Noir aux yeux des Blanches. Il profite de la grande naïveté de Miz Littérature, une femme pourtant intelligente, mais qui perd ses moyens en présence d'un Nègre, pour rappeler le mythe du Nègre anthropophage : « Elle est incroyable, Miz Littérature. Elle a été dressée à croire tout ce qu'on lui dit. C'est sa culture. Je peux lui raconter n'importe quel boniment, elle secoue la tête avec des yeux émus. Elle est touchée. Je peux lui dite que je mange de la chair humaine, que quelque part dans mon code génétique se trouve inscrit ce désir de manger de la chair blanche, que mes nuits sont hantées par ses seins, ses hanches, ses cuisses, vraiment, je le jure, je peux lui dire ça et elle [...] me croira » (p. 28-29). Rapports entre les hommes et les femmes, entre les Nègres et les Blanches. Le romancier, à travers son narrateur, dénonce, non sans ironie, les relations hommes femmes, le pouvoir qu'exercent les Noirs sur les femmes blanches, des anglophones, on l'a dit, qui subissent la domination qu'ont pourtant exercée leurs ancêtres à l'égard des Noirs, leurs esclaves, et des Nègres blancs canadiens-français, conquis et colonisés, lors de la Conquête. Dans Comment faire l'amour [...], les Nègres profitent de la situation, car, dans l'esprit du narrateur, « BAISER NÈGRE, C'EST BAISER AUTREMENT. L'Amérique aime foutre autrement. LA VENGEANCE NÈGRE ET LA MAUVAISE CONSCIENCE BLANCHE AU LIT, ÇA FAIT UNE DE CES NUITS » (p. 19). C'est au niveau des rapports entre les sexes, entre les Nègres et les Blanches, que se situe le mythe du Nègre Grand Baiseur. L'amour est tout à fait absent du roman. Le Nègre ne cherche que le plaisir, parfois avec ironie, voire avec cynisme, plaisir qui traduit un certain racisme, que le romancier dénonce ouvertement. Laferrière réussit un exploit, celui de faire voir à travers ses yeux d'étranger, de Noir, la société blanche, dont il fait en quelque sorte le procès. En baisant les Blanches anglophones, c'est un peu comme s'il se vengeait des colonisateurs britanniques, « ceux qui ont pillé l'Afrique. L'Angleterre, maîtresse des mers » (p. 97). D'où la réaction de Vieux, après avoir fait l'amour à Miz Littératute : « L'OCCIDENT NE DOIT PLUS RIEN À L'AFRIQUE » (p. 40).

La condition des migrants. Dany Laferrière, qui a connu la misère à son arrivée au Québec, s'est intéressé à l'accueil des immigrants, des étrangers, qui sont souvent des laissés-pour-compte dans leur nouveau pays. Ils souffrent de solitude, comme Bouba et Vieux, ils sont foncièrement pauvres et doivent se contenter, le plus souvent, sinon du BS, du moins des faibles prodigalités du SAVI, un centre de dépannage pour migrants et immigrants. Laferrière reviendra, dans des œuvres ultérieures, sur cette pénible condition réservée aux migrants et aux immigrants […] L'identité. L'identité est un thème majeur du roman qui s'inscrit dans une problématique identitaire en jetant un regard sur l'autre. Le Nègre se cherche une identité dans son nouveau pays, mais rend esclave la Blanche, un type de femme qu'il désire et qui incarne un Occident accessible pour le Noir. « On ne naît pas Nègre, on le devient », écrit le romancier qui parodie Simone de Beauvoir. Et on le devient, comme le précise André Lamontagne sous le regard de l'autre qui nie son individualité : « [o]n dit des Noirs. C'est une espèce. Il n'y a pas d'individu » (p. 147). Portée de l'oeuvre Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer est beaucoup plus qu'un roman de baise, comme certains critiques l'ont perçu à sa parution en 1985. C'est un roman de dénonciation de la société blanche et des préjugés dont les Noirs sont victimes, préjugés que l'auteur exagère, non sans cynisme, comme celui du Noir sex-symbol, ou encore celui qui veut que toute Blanche qui se respecte rêve de connaître une aventure avec un Noir. Chantal Savoie a raison d'écrire : « L'usage fréquent de majuscules pour souligner certaines phrases, le ton volontairement provocant et résolument ironique, de même qu'un sens abouti de la phrase choc confèrent à l'ensemble des allures qui s'apparentent à celles du slogan, du tract ou du manifeste, forme qui vient habilement doubler le propos politique ».

Dany LAFERRIERE : Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer Parce qu’il voulait échapper au travail de nettoyage de l’aéroport de Montréal où il était relégué depuis qu’il avait dû fuir Haïti et le régime de Jean-Claude Duvalier qui venait d’assassiner l’un de ses amis journalistes, Dany Laferrière a décidé d’écrire Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer, un roman au titre volontairement provoquant avec lequel il entrevoyait sa “seule chance” comme il le déclare à la dernière ligne du livre. Pari réussi quelques 10 livres, trois scénarios et deux films plus tard pour cet ancien journaliste haïtien, aujourd’hui de nouveau à Montréal après une longue parenthèse à Miami, qui revendique volontiers son appartenance au continent américain tout entier. Avec Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer, Dany Laferrière conte les aventures de deux jeunes “nègres” dont l’origine n’est jamais précisée, exilés à Montréal qui, entre deux lectures, écrivent (un peu), parlent (beaucoup), font l’amour (plus encore), théorisent sans dédaigner la pratique et vivent ainsi quelques “jours tranquilles” à Montréal. L’un tente d’écrire le roman que nous venons de terminer, l’autre lit Freud et le Coran. L’univers est nord-américain, les musiques sont plutôt celles de Charlie Parker et de John Coltrane et les références littéraires du côté de chez Henry Miller, de Chester Himes (le narrateur rédige son roman sur une Remington 22 ayant appartenu à l’auteur de La Reine des pommes) auxquels on pourrait associer Bukowsky, Cendrars et bien d’autres. L’humour corrosif et sans concession, analyse dans l’intimité des non-dits (ou du clairement exprimé) le racisme dans toutes ses figures (on serait tenter de dire dans toutes ses positions). Un racisme mesuré à l’aune de la sexualité qui permet de poser quelques questions essentielles, de traquer la complexité, les ambiguïtés et les malentendus des rapports (en particulier amoureux) dans les couples “mixtes” ? Les aventures se succèdent et offrent l’occasion d’une riche galerie de portraits. Les jeux de rôles et de dupes, les faux-semblants, les malaises sont aux rendez-vous. Les masques tombent et tous sont mis à nu, face à cet observateur, acteur, narrateur et romancier qui renvoie chacun à ses doutes et ses certitudes, à ses fantasmes et ses frustrations. Le livre est découpé selon une succession de chapitres brefs qui fonctionnent comme autant de saynètes. Le rythme est vif et alerte, à la mesure du jazz qui environne et donne le ton à l’ensemble. La langue est à l’avenant, simple, efficace, avec une distanciation tranquille qui sous une apparente nonchalance et désinvolture n’exclut en aucun cas la gravité et la pertinence de la réflexion, fut elle aigre et masquée sous la politesse du rire. Avec Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, Dany Laferrière a signé le livre d’un gros malin, futé et rusé qui allait poursuivre une carrière littéraire (et depuis peu cinématographique) lui permettant d’offrir les diverses facettes de sa personnalité. Car l’homme ne renie rien et, bien au contraire, construit sa personnalité et son oeuvre des multiples apports que sa vie a pu lui apporter, des amours adolescentes interdites aux frasques québécoises, de la tendresse grand-maternelle et de la merveilleuse odeur de son café aux effluves urbaines des bas quartiers de Montréal, du jeune homme timide et troublé par les émois de la maison d’en face au personnage médiatique vedette de la télévision québécoise, de L’Odeur du café au Goût des jeunes de filles, de Pays sans chapeau à La Chair du maître, de Comment faire l’amour...jusqu’à Cette grenade dans la main du jeune Nègre est elle une arme ou fruit ?, comme autant de jalons et de titres qui constituent son “autobiographie américaine” Bernard Magnier

Noir et blanches Un roman construit sur le principe de la mise en abyme puisque Dany Laferrière, écrivain d’origine haïtienne y relate la période pendant laquelle un noir a écrit un roman intitulé : PARADIS DU DRAGUEUR NEGRE. « 36 jours et 18 nuits » dans une petite chambre miteuse du Carré Saint Louis à Montréal , en colocation avec un autre noir : Bouba, qui, ou bien dort ou bien « boit, lit, mange, médite et baise sur le divan » ou enfin écoute du jazz . A l’étage du dessus, un locataire : Belzébuth, qui lorsqu’il baise fait beaucoup de bruit .... Nuits agrémentées de la diffusion de morceaux de Charlie Parker, Charlie Mingus , et aussi d’étreintes torrides avec de jeunes américaines de bonne famille toujours désignées par Miz (on croise Miz Littérature, Miz Cover Girl, Miz Suicide….. ), venues vérifier la véracité de la flatteuse réputation des Noirs en matière de sexe, s’éclater avant de convoler avec un blanc sérieux et mener une vie rangée de femme WASP . Un roman constitué d’une succession de brefs chapitres proposant chacun une petite scène et dont le titre est tout un programme et contient le plus souvent un terme à connotation sexuelle , un roman au style sec, aux phrases juxtaposées, dont le rythme haché rappelle celui du jazz . Beaucoup de clichés, certes, sur les noirs et sur les blanches mais présentés toujours avec un humour à la fois cru, sain et jubilatoire

Il n'y a rien de plus efficace qu'un titre bien provocateur et audacieux pour se faire entendre, et ce n'est certainement pas Dany Laferrière (un de mes auteurs préférés) qui dira le contraire. D'origine haïtienne, Dany a longtemps vécu au Canada et il partage de nos jours sa vie entre Miami et le Québec. Maître dans l'art de trouver des titres évocateurs pour ses romans, il explore de façon singulière les relations entre les Noirs et les Blancs dans Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer ? (1985) Bouba et Vieux vivent dans un modeste appartement du Carré Saint-Louis à Montréal. Bouba (alias Roland Désir) passe son temps à philosopher et à lire le Coran quand il n'est pas en train de dormir. Vieux (alias Dany Laferrière) écrit un roman sur ses fantasmes, tout en multipliant des aventures sexuelles avec des jeunes Blanches de Westmount. Que ce soit Miz Littérature, Miz Suicide ou Miz Sophisticated Lady, elles ont toutes en commun d'être issues de la haute société canadienne et surtout, elles préfèrent les Noirs !

Armé de sa Remington 22 (sa machine à écrire), le narrateur fait claquer les mots. C'est sans ambages qu'il nous plonge dans un univers phallique, où l'oisiveté et le plaisir charnel semblent régner en maître. Toutefois, il a le mérite de ne jamais sombrer du côté de l'obscène, car sous ce sujet faussement léger de la sexualité, il examine en réalité les relations entre les Blancs et les Noirs. L'acte sexuel a pour lui toute une dimension métaphysique, car il représente une relation de domination du Noir sur la Blanche, et indirectement, une revanche sur le passé douloureux des Noirs. Aussi, à en croire l'auteur, le sexe reste le seul domaine dans lequel les Noirs sont égaux, sinon supérieurs aux Blancs.

Outre ce débat racial tout à fait étonnant, puisqu'il est axé sur la sexualité, Dany Laferrière a un incroyable sens de la formule qui donne à son écriture une résonance particulièrement forte. Le présent de l'indicatif, véritable marque de fabrique de cet auteur, anime tout son texte, comme s'il avait écrit chaque mot sur le vif. À travers une description dynamique et vivace qu'il nous livre du Montréal des années 80, avec ses quartiers, ses rues et ses marginaux, c'est tout une époque révolue qu'on voit défiler sous nos yeux. C'est une époque sur laquelle l'auteur revient avec nostalgie quinze ans plus tard dans un livre tout aussi passionnant, Je suis fatigué (2000).

Dany Laferrière, né Windsor Klébert Laferrière est un intellectuel, écrivain, et scénariste haïtien vivant au Canada, né à Port-au-Prince le 13 avril 1953. Il vit à Montréal. Son écriture privilégie le style autobiographique. Il a reçu le prix Médicis 2009 pour son roman L'Énigme du retour. Né à Port-au-Prince en avril 1953, Dany Laferrière a grandi à Petit-Goâve. Il y écrit pour le journal Le Petit Samedi soir et fait partie de l’équipe de Radio Haïti. Il quitte son pays natal à la suite de l’assassinat de son collègue et ami, le journaliste Gasner Raymond. Il s’installe au Québec où il occupe plusieurs emplois avant de commencer à écrire. Son premier roman, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, paraît en 1985 (VLB). Le succès est immédiat et les réactions nombreuses. Laferrière devient alors l’un des principaux représentants d’une nouvelle génération d’écrivains dans le paysage littéraire québécois. Dany Laferrière écrit ensuite Éroshima (VLB, 1987), puis L’Odeur du café (VLB, 1991), qui est récompensé par le prix Carbet des Caraïbes. En 2000, près de vingt-cinq ans après son arrivée au Québec, il signe Le Cri des oiseaux fous (Lanctôt), roman dans lequel il témoigne des raisons qui l’ont poussé à quitter Haïti et qui remporte le prix Carbet des Lycéens. En 2006, le Prix du Gouverneur général du Canada est décerné à son album jeunesse Je suis fou de Vava. Habitant en alternance Montréal, New-York et Miami, l’auteur se considère avant tout comme un citoyen de l’Amérique. C’est dans cet esprit qu’il rédige ce qu’il appellera son Autobiographie américaine, un grand projet regroupant une dizaine de ses titres et qui dresse un portrait de l’Amérique, d’Haïti à Montréal, en passant par les États-Unis. Dany Laferrière mène, parallèlement à ses activités littéraires, une carrière de journaliste et de chroniqueur, tout en faisant quelques apparitions à la télévision et au cinéma. Il a également scénarisé quelques longs-métrages, le plus souvent des adaptations cinématographiques de ses romans. Édités en France chez Grasset, les livres de Dany Laferrière ont été traduits dans une douzaine de langues, dont le coréen et le polonais. Laferrière a publié cinq romans aux Éditions du Boréal. Son plus récent livre, L'Énigme du retour, a remporté un grand succès : l’auteur était en lice pour le prix France Télévision, le prix Wepler, le Prix décembre, et en deuxième sélection pour le prix Femina. Il a mérité le prix Médicis et le Grand Prix du livre de Montréal en 2009, ainsi que le Grand Prix littéraire international Metropolis Bleu et le Prix des libraires en 2010. Dany Laferrière a de plus été nommé Personnalité de l’année 2009 lors du Gala Excellence La Presse/Radio-Canada en janvier 2010. Dany Laferrière, âgé de 60 ans, a été élu au premier tour du scrutin à l’Académie Française le 12 décembre 2013 avec 13 voix sur 23. Il est le premier Québécois et le premier Haïtien à siéger sous la coupole.

Récompenses 1991- Prix Carbet de la Caraïbe pour L'Odeur du café 1993 - Prix Edgar-Lespérance 2009 - Prix Médicis pour L'Énigme du retour 2009 - Grand prix du livre de Montréal 2010 - Personnalité de l'année 2009 La Presse/Radio-Canada 2010 - Grand prix littéraire international Metropolis bleu 2010 - Doctorat honorifique de l'Université du Québec à Rimouski 2013 Nomination à l’Académie Française

Romans et récits Une autobiographie américaine Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, Montréal, VLB Éditeur, 1985. Éroshima, Montréal, VLB Éditeur, 1987. L'Odeur du café, Montréal, VLB Éditeur, 1991 - Grasset, 2012. Le goût des jeunes filles, Montréal, VLB Éditeur, 1992 (version revue par l'auteur, 2004). Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ?, Montréal, VLB Éditeur, 1993 (version revue par l'auteur, 2002). Chronique de la dérive douce, Montréal, VLB Éditeur, 1994. Pays sans chapeau, Outremont, Lanctôt Éditeur, 1996, Montréal, Boréal "Compact", 2006. La Chair du maître, Outremont, Lanctôt Éditeur, 1997. Le Charme des après-midi sans fin, Outremont, Lanctôt Éditeur, 1997, Montréal, Boréal "Compact", 2010. Le Cri des oiseaux fous, Outremont, Lanctôt Éditeur, 2000, Montréal, Boréal "Compact", 2010. Vers le sud, Montréal, Boréal, 2006. (Ce roman était en lice pour le prix Renaudot 2006) Autres Je suis fatigué, Outremont, Lanctôt Éditeur, 2001 (version revue et augmentée, 2005). Les Années 1980 dans ma vieille Ford, Montréal, Mémoire d'encrier, 2005. Je suis fou de Vava, Montréal, Éditions de la Bagnole, 2006. La Fête des morts, Éditions de la Bagnole, 2008 Je suis un écrivain japonais, Montréal, Boréal, 2008 et Boréal "Compact", 2009. L'Énigme du retour, Montréal, Boréal, 2009 et Boréal "Compact", 2010 - Paris, Grasset, 2009. prix Medicis grand prix de Montréal ; prix des libraires du Québec (Ce roman est en lice pour le prix littéraire des collégiens) Tout bouge autour de moi, Montréal, Mémoire d'encrier, 2010 - Paris, Grasset, 2011. L’Art presque perdu de ne rien faire, Montréal, Boréal, 2011. Journal d'un écrivain en pyjama, Montréal, Mémoire d'encrier, 2013 - Paris, Grasset, 2013.

Structure de la pièce scène par scène

1 < Coleman Hawkins / Body and soul Elle fait le ménage pendant qu’il lit Freud sur le canapé Le temps semble suspendu et l’ambiance du livre est plantée telle une introduction au propos 2 < Art Tatum / Tea for two Duo de dos assis sur la table très ludique et enjoué L’homme et la femme se cherchent, se taquinent, se touchent, s’évitent Ils sont déjà connectés et complices 3 < Bessie Smith / Nobody knows you when you’re down and out Solo pour elle Elle signe MIZ LITTERATURE en langue des Signes Elle est très snob, élégante, raffinée et montre ainsi ses origines bourgeoises 4 < Duke Ellington / Sophisticated Lady Solo pour lui sur le canapé avec sa machine à écrire Il semble perdu dans ses réflexions et se laisse emporter par la musique 5 < Billie Holiday / I am a fool to want you Corps à corps sensuel en contact Le désir relie les deux personnages et les unit dans un duo charnel où les peaux se touchent sensuellement 6 < Coleman Hawkins et Ben Webster / Blues for Yolande Jeu de lutte sur le canapé Elle résiste / il insiste, jeu d’action et réaction, le chat et la souris… 7 < Ella Fitzgerald / Lullaby of Birdland Travail sur la soumission et la domination Elle s’abandonne à lui, se laisse manipuler Il joue à la retourner comme un pantin sur sa table de travail 8 < Duke Ellington / Take the A train “La blanche” et le “Nègre” sont finalement heureux ensemble, épanouis Ils sont en parfaite symbiose et l’expriment à travers une danse enjouée pleine de complicité

L'ASSOCIATION ADJAC L’Association Des Jeunes Artistes Contemporains a été fondée en 1990, par Alfred Alerte avec pour objectif de promouvoir toutes les formes artistiques et plus particulièrement la danse contemporaine, les arts de la rue, les arts graphiques et visuels. Une des principales activités de l’association est centrée autour de la Compagnie Alfred Alerte, compagnie de danse contemporaine.

LA COMPAGNIE ALFRED ALERTE Depuis la fondation de l’association, la compagnie a développé un travail artistique régulier autour de plusieurs axes : - La création et la diffusion, avec un répertoire de spectacles se déclinant aussi en petites formes, adaptables à tous lieux publics, festivals, pour lesquels la compagnie est régulièrement sollicitée - La sensibilisation et les actions de médiation culturelle Autour de la création, le souhait de la compagnie reste de créer des ponts avec le public et de partager des expériences artistiques et humaines autour des spectacles du répertoire. Accompagnant la création variée de pièces de danse « contemporaine » sous forme de spectacles vivants, de travail photo et vidéographique, la compagnie organise des débats et des rencontres avec les artistes, sensibilise les publics à la danse et partage ses expériences artistiques et humaines sous diverses formes : interventions artistiques, rencontres, répétitions publiques, work in progress, stages, master-class, etc. Créée en région parisienne en 1990 et implantée au début des années 2000 à la Bergerie de Soffin, la compagnie cherche avant tout à faire découvrir la danse et la rendre accessible à tous en créant des ponts avec le public. Elle le fait à travers la création variée de pièces aux esthétiques et univers contrastés dans lesquelles le désir de complémentarité et le mélange des disciplines ont la part belle. Avec Alfred Alerte les spectacles se suivent mais ne se ressemblent pas malgré une écriture spécifique, originale, à son image… Autour de la création, le souhait de la compagnie est avant tout de partager des expériences artistiques et humaines autour de la danse contemporaine à travers toutes ses formes d’expression. Cette volonté de démocratiser la danse auprès des publics se retrouve notamment à travers les nombreuses actions de médiation culturelle et de sensibilisation menées par la compagnie en Martinique, au Maroc, dans la Nièvre ou en région parisienne, actions qui sont toujours en lien direct avec les spectacles afin de faire partager une démarche artistique de création. Depuis 2006 la compagnie mène un important travail de terrain sur le plan de la formation et de la sensibilisation en Martinique lors de résidences régulières. Elle s'adresse au public scolaire et à des publics dits spécifiques (autisme, polyhandicap, handicap moteur, déficiences mentales, troubles du comportement, enfants en difficulté, prisonniers…) et ce grâce au soutien de la DAC Martinique. Cette approche du monde du handicap débuté au Maroc en 2007 s’est ensuite poursuivie au fil des années dans des établissements spécialisés martiniquais (IMP, IMPRO, SESSAD, classes CLISS, Martinique autisme…) à travers des actions variées (ateliers de pratiques artistiques, interventions autour de pièces du répertoire, formation des encadrants, présentation d’extraits de spectacles…) Depuis 2006 la compagnie développe davantage cet axe de médiation culturelle auprès des publics spécifiques : enfants autistes, handicapés mentaux, handicapés moteurs, accidentés de la route, enfants en difficulté ou retirés des familles, classes CLISS, SEGPA, polyhandicapés, prisonniers...

Les objectifs de ses interventions artistiques sont multiples. Elles permettent de mettre en lumière et en valeur les possibilités physiques de chaque participant et les adapter à la production d’un acte dansé, exploiter la gestuelle découlant du handicap de chacun, révéler à chacun des qualités imperceptibles, faire prendre conscience à chaque individu de son propre corps et du corps de l’autre à travers le travail de danse contact en duo ou en groupe, faire changer le regard des valides sur les personnes souffrant de déficiences quelles qu’elles soient en mettant en valeur les capacités de chaque « interprète ». Enfin la compagnie transmet inlassablement sa soif de créer aux enfants des écoles d’Ile de France à travers des interventions artistiques en milieu scolaire depuis une quinzaine d’années. En 1998, Alfred Alerte fait l’acquisition de la Bergerie de Soffin (Nièvre) avec l’intention d’y implanter sa compagnie et ses activités, mais aussi de développer des projets artistiques de création, diffusion et médiation. Il envisage alors de faire de ce lieu un carrefour d’accueil pour les artistes et le public ainsi qu’un centre de rayonnement artistique au niveau local, régional, national et international. L’originalité et la richesse de ce projet reposent sur la participation active des habitants au développement de leur territoire, en corrélation avec la mise en valeur du potentiel créatif des artistes invités. Le potentiel humain et artistique combiné à l’audace et la volonté sont les moteurs du développement de ce lieu de vie ayant pour but de promouvoir des formes artistiques variées. En 2005 la Bergerie accueille la première édition du Festival Chemins des Arts, un festival de danse en milieu rural. Avec la collaboration de Lucie Anceau, dès 2006, Alfred Alerte fait de la Bergerie un lieu de vie pour la création artistique en milieu rural, un centre d’accueil rayonnant et un carrefour culturel pour les artistes et le public. Un important travail de développement culturel territorial est ainsi mené depuis 2006 à la Bergerie de Soffin, en milieu rural, à travers des rencontres dansées entre générations, des soirées débat sur la création chorégraphique, des journées découverte autour des danses traditionnelles ou du rapport entre danse et handicap, ou encore avec le rendez vous incontournable des stages d’été fin juillet qui réunit pendant une semaine une centaine de personnes de milieux sociaux variés venant s’initier à tous les styles de danse, du hip au hop au tango en passant par la danse contact, la danse africaine ou la capoeira… (7e édition des stages d’été en 2012 !) A travers sa volonté de faire connaitre la danse et la vulgariser, la compagnie fait découvrir tous les ans d’autres regards, d’autres approches, d’autres techniques, d’autres sensibilités en invitant des artistes du monde entier à venir faire partager leur univers artistique lors du festival Chemins des Arts, festival de danse en milieu rural ayant lieu depuis 2005 le dernier week end de juillet. Une manière originale de dynamiser la campagne nivernaise en provoquant des rencontres entre artistes de tous horizons et habitants du canton. Pendant trois jours se succèdent des propositions singulières, véhiculant de l’audace, des émotions, des frissons dans un esprit de partage et de convivialité. Savoir recevoir et transmettre leur passion sont des notions primordiales qui animent sans relâche Alfred Alerte et Lucie Anceau et leur permettent de tisser durablement des liens avec le milieu qui les entoure. Un travail de terrain laborieux et épuisant qui est désormais reconnu par les institutions…

ALFRED ALERTE Danseur Formé au SERMAC à Fort-de-France puis chez Maurice BEJART en Belgique (Ecole Mudra) et au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, il est interprète chez Christiane BLAISE pendant plus de 10 ans (1993-2005) Au cours de sa carrière d’interprète il a dansé pour Myriam HERVE-GIL, Emmanuelle VO-DINH, Jérôme THOMAS, Faizal ZEGHOUDI, Charles CRE-ANGE, Patrick LE DOARE, Jany JEREMIE, Christine MARNEFFE, Marceline LARTIGUE, Brigitte ASSELINEAU, Anne YOREN, Suzanne COTTO, Irène TASSEMBEDO, Jean-Michel RIBES, Josette BAIZ, Mathilde MONNIER et bien d’autres…

Pédagogue Parallèlement à son chemin de danseur interprète et de chorégraphe, Alfred Alerte a toujours mené un travail d’accompagnement, en frottant sa pratique à différents publics, sur le terrain. C’est aussi au contact de différents chorégraphes, notamment Christiane Blaise, chez qui, il est resté 10 ans, qu’il a approfondi sa recherche artistique, au cours de nombreuses résidences que la compagnie a effectuées. C’est actuellement, dans sa propre compagnie, qu’il prolonge cette démarche de formation, de sensibilisation et d’approche des publics. Depuis 2006, il s’intéresse plus spécifiquement aux actions de médiation auprès de personnes handicapées (IME, IMPRO, ESAT, SESSAD, MAS, foyers de vie, foyers d’accueil médicalisés pour polyhandicapés...) ou en difficulté (classes SEGPA, CLISS, enfants autistes, enfants retirés des familles...)

Chorégraphe Alfred fonde sa propre compagnie en 1990. De la danse à la chorégraphie, de l’interprétation à l’écriture, il a créé une trentaine de pièces depuis la fondation de sa compagnie : Désaccordés, Peau à peau, D’ici la, Rencontres, Luku sur les traces des rêves, Poignée de terre / Gants de velours, Une vie. Frida Kahlo, Résurgences, Hammam, Les Plantes Carnivores, Pneum, Masq, Double Face, Föeu, Exibus, M3D, Tranche de vie, B… Le désir de complémentarité entre les disciplines, la stimulation de l’imaginaire et la gestion des contraintes sous-tendent l’ensemble de ses travaux.

LUCIE ANCEAU Danseuse Formée en danses classique et contemporaine au CNR de Dijon (1989-1999) où elle obtient une médaille d’or en 1998 elle est interprète pour Philippe Combes (Servir Frais), Gwendaël Lemonnier (Two for one, Phos for Memory), Jany Jérémie (Kiosque Nègre, Fort de Danse, Villes mouvementées, Illuminés, Passions, Ortie), Lieux Publics - Centre National des Arts de la Rue (Le Concert de Public, OXC), Valérie Berger (Lucy) et principalement Alfred Alerte (Les Plantes Carnivores, Masq, Exibus, Hammam, Résurgences, Une vie. Frida Kahlo, Poignée de Terre / gants de velours, Luku sur les traces des rêves, Rencontres, Peau à peau, Désaccordés)

Assistante d’Alfred Alerte Assistante depuis janvier 2006 elle participe à l’élaboration et au suivi des projets de création et médiation culturelle de la compagnie, du festival Chemins des Arts et de la Bergerie de Soffin. Elle assure une grande partie des actions de médiation culturelle de la Cie Alfred Alerte depuis 2006 autour des spectacles du répertoire : danse contemporaine, percussions corporelles, éveil au mouvement, danse africaine, fabrication de masques, conférence sur les masques... Elle assure aussi bien des actions de médiation en milieu scolaire : écoles maternelles, élémentaires, collèges, lycées qu’en milieu spécialisé : SEGPA, CLISS, IME, IMPRO, SESSAD, ESAT, MAS, foyers pour polyhandicapés, foyers pour enfants retirés des familles… Attirée par les recherches autour du mouvement avec des personnes handicapées (CAT, IME, IMPRO, Foyers spécialisés) ou en difficulté (classes SEGPA, CLISS, enfants autistes, enfants retirés des familles) elle compte s’orienter par la suite vers une spécialisation en danse thérapie.

Chercheuse, doctorante en art africain Diplômée de l’Ecole du Louvre, titulaire d’un DEA et doctorante en histoire des arts d’Afrique à la Sorbonne, elle s’intéresse à la reconnaissance de l’existence d’un Art Lunda et intervient en école autour de l’usage et la signification des masques en Afrique à travers des conférences et ateliers de fabrication de masques à partir de l’étude des masques Bwa du Burkina Faso. Elle propose des visites à la carte pour les scolaires au Musée du Quai Branly et propose des ateliers d’arts visuels en milieu scolaire en lien avec les spectacles de la compagnie. Avec le nouveau spectacle jeune public de la compagnie LUKU SUR LES TRACES DES REVES autour da la culture aborigène elle intervient en milieu scolaire sous forme d’ateliers mêlant arts plastiques et danse.

CIE ALFRED ALERTE / ADJAC Association Des Jeunes Artistes

Contemporains

Siège social :

Bergerie de Soffin 58700 AUTHIOU

Adresse de correspondance :

15 rue Jean Jaurès 77186 NOISIEL

Tel : 01 64 80 40 83 / 06 81 47 12 68

06 68 15 98 18

N° des licences d’entrepreneur de

spectacles :

cat 2 n°770757- cat 3 n°1044146

Date de publication au Journal Officiel :

le 24.10.1990 (n°43)

N° d’affiliation Siret 481 574 028 000 25

APE 9001Z

Association assujettie à la TVA

TVA intracommunautaire :

FR 193 847 90 531 000 48

www.ciealfredalerte.com

www.festivalcheminsdesarts.fr

[email protected]

[email protected]

06 81 47 12 68 / 06 68 15 98 18

FACEBOOK : CIE ALFRED ALERTE

@MOSTAFA AHBOURROU