patrimoine  · web viewthe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken...

140
31.12.07 CONSERVATION - RESTAURATION Théories et techniques 2007-2008 12 cours de 2 heures Table des matières I. Méthodologie A. Définitions a. Conservation b. Entretien c. Préservation d. Réparation d. 1. Restauration d. 2. Reconstruction / Reconstitution e. Adaptation e. 1. Réhabilitation e. 2. Rénovation B. Comprendre a. Etude historique b. Etude matérielle / archéologique C. Planifier a. Plan directeur b. Projet de restauration III Histoire du patrimoine dans la culture occidentale a. La notion de « monument » : l’obélisque

Upload: nguyentuong

Post on 20-Mar-2019

221 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

31.12.07

CONSERVATION - RESTAURATIONThéories et techniques

2007-2008

12 cours de 2 heures

Table des matières

I. Méthodologie

A. Définitions

a. Conservation

b. Entretien

c. Préservation

d. Réparationd. 1. Restaurationd. 2. Reconstruction / Reconstitution

e. Adaptatione. 1. Réhabilitatione. 2. Rénovation

B. Comprendre

a. Etude historiqueb. Etude matérielle / archéologique

C. Planifier

a. Plan directeurb. Projet de restauration

III Histoire du patrimoine dans la culture occidentalea. La notion de « monument » : l’obélisqueb. Patrimoine

Naissance du concept de patrimoine

http://books.google.com/books?id=iyQviT-6SVoC&pg=PA83&lpg=PA83&dq=raphael+commissaire&source=web&ots=b6G1ZKZfW-&sig=h2IH_FINBDCljrxFrlf8L4aCQww

Page 2: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Textes fondateurs, chartes, etc.Le mythe de l’histoireHistoire du patrimoine en Belgique

Modernité et patrimoine

IV Identité et mémoire collective

Politique et patrimoine : déconstruction ou mystificationRoumanie sous CeosescouPortugal et fascismeRussie et

V Reconstruction(s) après guerre(s)

Bombardement de BruxellesSaint-DiéEtainYpresPont de MostarBudas - talibans

VI Réinvention du patrimoine

Les remparts de CarcassonneLa porte de Hal – Saint-GillesMoulin Luizenmolen – AnderlechtBasilique de TrèvesEglise de FirminyChâteau des Hohenzollern - BerlinChâteau des Tuileries - Paris

VII Visite de chantier

(à convenir)

VIII La notion de patrimoine hors vision occidentale

AfriqueAlgérie (désert)Japon

Mishima – Pavillon d’OrReconstruction des temples

IX Le patrimoine mondial et européen

Convention avec l’UNESCOLe patrimoine mondial à BruxellesCEE

Page 3: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

X Tourisme et patrimoine

XI La couleur et la peinture

Patrimoine et durable

Conservation virtuelle

Page 4: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

I

Méthodologie

A. Définitions

Sources :Charte de Burra (1979 – Australie du Sud)Agence Parcs Canada – www.pc.gc.ca

a. Conservation

« La conservation est l’ensemble des processus qui permettent de traiter un lieu ou un bien patrimonial afin de lui maintenir sa valeur culturelle. » (cf. Charte de Burra)

- sauvegarder les éléments caractéristiques- préserver la valeur culturelle et patrimoniale d’un lieu- prolonger la vie physique

Introduction

La conservation du patrimoine consiste à identifier, à protéger et à faire connaître les aspects importants de notre culture et de notre histoire.

Définir la conservation est somme toute assez simple : préserver le bien de l'altération que peut causer le temps ou l'homme.

Aussi pour conserver des biens culturels représentant le fruit de la création, du travail, de l'histoire, de la mémoire, des croyances humaines, ne suffisait-il pas de les soustraire aux aléas qui jalonnent la vie quotidienne (accident, usage, destruction, vol...) ?

L'une des réponses fut ainsi de créer des lieux spécifiques destinés à remplir cette mission : archives, bibliothèques et musées et d'y placer ces biens culturels, certains rangés dans des réserves et des magasins, d'autres exposés ou communiqués au public mais tous "mis à l'abri".

L'autre, complémentaire ou parallèle, fut de les mettre "hors du temps" grâce à des dispositifs législatifs et réglementaires pour que ces biens culturels ne puissent retourner dans la vie quotidienne en les déclarant biens publics, inaliénables, imprescriptibles et pour ceux qui gardaient leur usage premier – essentiellement les biens culturels immobiliers – de définir des procédures de contrôle au nom de principes initiées sous la plume de Victor Hugo en 1825 :

« Il y a deux usages dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde ; c'est donc dépasser son droit que de le détruire ».

Page 5: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Conservation passiveUne pratique d’abord institutionnelle et passive

La conservation des biens culturels a d'abord été, notamment en France, une pratique institutionnelle faisant de ce bien un "semiophore", objet perdant son usage et n'existant plus que par son signifiant selon la définition de K. Pomian.

La conservation des biens culturels est donc un choix politique au sens grec du terme "polis" : elle confère au bien culturel, par l'expression d'une conscience collective un usage différent de celui pour lequel il a été fait ou qu'il a connu pendant sa vie prépatrimoniale, car ce bien, de part son histoire, doit être transmis aux générations futures afin qu'il les inspirent ou qu'il témoignent d'un monde disparu.

La conservation, dans cette application, vise aussi à le préserver des aléas majeurs, incendie, vol qui pourraient entraîner son altération et sa perte. Elle concerne alors des dispositifs mécaniques ou humains de sécurité et de sûreté, mais également réglementaires : inscription sur un inventaire, photographie du bien, d'ailleurs précisés ou du moins recommandés dans l'approche institutionnelle évoquée ci-dessus.

La conservation des biens culturels a été essentiellement centrée sur ces questions pendant plus de deux siècles et cette conception se traduit encore aujourd'hui dans l'image commune de la "mise au musée" qui peut signifier autant un sauvetage qu'une inhibition.

La conservation était donc plutôt conçue comme une pratique passive dont l'action principale était cette "mise à l'abri" physique et juridique qui devait garantir la pérennité du bien culturel.

Page 6: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Inventaire

Mérimée

Après L’inventaire de Saint-Gilles, entrepris entre 1997 et 2004, est le dernier-né de la collection l’Inventaire du patrimoine monumental de la Belgique consacré à la Région de Bruxelles-Capitale Tout en restant dans la lignée des ouvrages précédents, il fait figure de pionnier en étant le premier volume bruxellois diffusé sur le réseau Internet. Il se caractérise également par la concision de ses descriptions, qualité indispensable pour aborder près de la moitié des bâtiments de cette commune d’une densité patrimoniale exceptionnelle.

Page 7: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Protection légale

Sensibilisation

SignalisationBibliothèque – centre de docuentationPublications - brochuresJournées du Patrimoine

Intervention matérielle

Page 8: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Conservation activeConservation curative et préventiveDes missions de plus en plus complexes

Cette conception a évolué au cours de la seconde moitié du XXème siècle et s'est considérablement modifiée ces dernières décennies.

La conservation s'est en effet affirmée comme une pratique active face à une "mise à l'abri" perçue progressivement comme insuffisante. Cette évolution est due dans un premier temps à la prise de conscience de la matérialité de l'objet et à ses réactions par rapport à son environnement.. Ainsi a-t-on étudié les effets de la lumière, du climat et notamment de l'humidité relative sur les différents matériaux auxquels s'ajoute aujourd'hui, par exemple la question des polluants, de même de celle des infestations et des contaminations biologiques, connue mais probablement moins abordée hier qu'aujourd'hui. Préserver le bien de l'altération se révèle ainsi progressivement une mission bien plus complexe, nécessitant des regards vers la chimie et la physique des matériaux, une connaissance et une maîtrise de l'environnement sur des bases scientifiques.

La conservation a également changé de point de vue : hier centrée uniquement sur le seul bien, de part la méconnaissance des incidents environnementaux, elle aborde aujourd'hui le bien dans son environnement, faisant de la conservation et du patrimoine ce que l'écologie est à l'homme.

La seconde raison d'une conservation active se trouve dans une gestion très différente des biens culturels depuis une cinquantaine d'années avec le développement des politiques d'exposition et des prêts, du tourisme culturel et d'une volonté de les mettre à la disposition des publics. Voici qu'on les dote d'une vocation d'action culturelle, plus proche des risques de leur usage antérieure que de leur vie patrimoniale. La conservation doit certes faciliter aujourd'hui cette vocation, elle doit aussi en spécifier les limites.

Ces démarches de conservation sont devenues plus riches, plus complexes. Elles ont progressivement été théorisées afin d'élaborer des diagnostics, d'envisager les risques et les altérations potentielles d'un bien selon des situations données. Elles se déclinent dans une conception globale d'une situation et des possibles interactions. A une certaine passivité, répond aujourd'hui l'anticipation.

La notion de "conservation" avait besoin, pour affirmer ces nouvelles orientations, d'une dénomination plus dynamique. Sont ainsi apparues les notions distinctes de "conservation préventive" et de "conservation curative" (dans les années 1990 en France). Si cette distinction repose en effet sur des approches théoriques intéressantes permettant d'analyser les facteurs à risque et de développer une politique de prévention pour les réduire ou les éviter, des constats de dégradations à stopper grâce à des traitements curatifs, il faut reconnaître que la réalité mêle bien souvent les deux situations.

Elles recouvrent ainsi des paramètres multiples :

le climat : température et humidité la lumière les polluants : poussière, pollution les contaminations biologiques l'homme : vol, manipulation, rangement les risques naturels

Elles s'inscrivent dans une nouvelle approche méthodologique fondée sur l'anticipation et la globalisation des problématiques (Gaël de Guichen) :

qui pensait hier "court terme" doit penser aujourd'hui "long terme" qui pensait hier "professionnel" doit penser aujourd'hui "public" qui pensait hier "secret" doit penser aujourd'hui "communication" qui pensait hier "comment" doit penser aujourd'hui "pourquoi" qui pensait hier "objet" doit penser aujourd'hui "collection"

Page 9: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

qui pensait hier "salle" doit penser aujourd'hui "bâtiment" qui pensait hier "individu" doit penser aujourd'hui "équipe"

Traite notamment des questions de l'environnement (climat, lumière, contamination biologique, pollution et contribue à la mise en place d'actions planifiées) :

- plan de conservation préventive,- plan de prévention et plan de sauvegarde,- projets de réserves, "chantier des collections"...- schémas directeurs

La conservation est devenue – grâce à son enrichissement sémantique de "préventive" - l'un des enjeux majeurs pour les biens culturels et une réelle prise de conscience des professionnels de la conservation matérielle et des décideurs, certains par conscience patrimoniale, d'autres par conscience économique, pour la préservation des biens culturels et de leurs apports à la société.

Comme la prose de Monsieur Jourdain, elle a été, d'une certaine manière redécouverte mais enrichie, théorisée et active dans sa pratique et ses méthodes, la définissant comme toute intervention directe ou indirecte sur une oeuvre ou un ensemble d'oeuvres pour assurer sa ou leur pérennité.

Page 10: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

PALAIS GARNIER

ILL

Le Drame lyriquede Perraud

La Dansede Paul Belmondo

ILLReprésentation du peintre

Paul Baudry était conscient de réaliser l'œuvre de sa vie. Il n'hésita pas à signer celle-ci au moins trois fois :- en se représentant, en compagnie de Charles Garnier et de son frère Ambroise, dans le coin de la voussure est (ill. 10), - en apposant son monogramme à l'extrémité de la scène centrale du plafond (ill. 11 ; les initiales de Charles Garnier se trouvent à l'opposé, ill. 12)- en insérant fièrement son nom dans un cartouche que brandit un angelot dans La Musique en Italie (ill. 5). Sur ce cartouche se trouvent plusieurs dates correspondant aux principales étapes de la réalisation du décor, et la mention « Interrompu », signifiant que le chantier avait été arrêté durant la guerre de 1870 et les événements de la Commune.

ILLSujets peintures

- angelots symbolisant les musiques des différents pays (Ex : La Musique en Italie)- putti- Mélodie, Harmonie- les félicités du Parnasse- Marsyas- Orphée et Eurydice, - Amphion

Histoire générale

1860Charles Garnier est le vainqueur du concours organisé en pour remplacer l'Opéra de la rue Lepelletier.

1863Début du chantier

1878Achèvement du chantier

Charles Garnier considérait l'Opéra « comme temple ayant l'art pour divinité », la salle en étant « le sanctuaire » et le foyer « la nef ».

Page 11: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Restauration globale

1990L'Opéra national de Paris entame une grande campagne de restauration.

Phasage pluriannuel :

- la scène,- la salle et- la façade principale ainsi que- le grand foyer et de ses salons attenants- remise aux normes des réseaux électriques de l'édifice.

Ces travaux sont exécutés sous la direction de Jean-Loup Roubert, prix de Rome et architecte des bâtiments civils et palais nationaux puis, assez rapidement et encore de nos jours, d'Alain-Charles Perrot, architecte-en-chef et inspecteur-général des monuments historiques.

2000 - 2004Ravalement suivi d'une restauration approfondie et scientifique de la façade principale de l'Opéra qui entraîne le public à reconsidérer cette élévation noircie et abîmée par le temps et à une redécouverte complète de son décor dans sa polychromie originelle, ses dorures et la variété des matériaux qui la composent, ces derniers venus pour certains de contrées lointaines.

Critique :Dorure inutile, car inexistante à l'origine, des deux Victoires formant angle au dessus de la façade principale).

VERIFIER DATESProchaine étape : interventions sur les marches de la façade sud (le parvis), la rampe dite de l'Empereur sur la façade ouest, les abords du palais (lampadaires, obélisques, colonnes, candélabres) puis, à terme, sur les façades latérales et la coupole.

2003 - 2004Restauration du Grand foyer(Voir ci-dessous)

VERIFIER DATES2004« (...) Les présents travaux portent sur la reprise de l'ensemble des réseaux électriques, qui se sont superposés au fil des années à l'intérieur du monument. Le projet induit la mise à niveau de toutes les installations (...) courants forts et faibles et leurs intégrations architecturales ». Prévue à l'origine pour durer douze mois à partir de janvier 2004 et d'un montant prévisionnel de 3.300.000 euros ttc, elle comprend :

Page 12: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

PALAIS GARNIERGrand foyer

Pour la décoration peinte, Garnier s'entoure d'artistes qui, comme lui, ont remporté le prix de Rome et qu'il a pu connaître à l'Ecole des Beaux-Arts ou à l'Académie de France :

- Paul Baudry : auteur principal du décor du grand foyer (morceau de bravoure)- Jules-Eugène Leneveu : plafond de la salle (remplacé par plafond commandé en 1964 par André Malraux à Marc Chagall.)- Isidore Pils : grand escalier- Félix Barrias : salon ouest- Jules-Elie Delaunay : salon est

Les références nombreuses :- peintres de la Renaissance et artistes plus proches chronologiquement(Ingres - plafond du Musée du Louvre ).

1864Baudry éprouve le besoin de retourner à Rome afin de se préparer au grand chantier qui l'attendait. Il y étudie en particulier Michel-Ange qu'il copia à la Sixtine .

1868Baudry se rend à Londres pour étudier les Actes des Apôtres de Raphaël .

1870Les travaux sont interrompus par le voyage de Baudry à Venise puis par la guerre et la Commune.

1871 (juin)Le chantier reprend.

1874 - aoûtLes travaux sont achevés (Troisième République).

1874 (août et septembre)L'ensemble des toiles, exposées à l'Ecole des Beaux-Arts obtiennent un grand succès. En novembre, elles sont marouflées sur les parois, trop rapidement, ce qui occasionna quelques cloques à la couche picturale.

1875 - 5 janvierInauguration

Etat avant restauration des toiles

1880 (à peine cinq ans après l'inauguration)Premier nettoyage a été effectué (les peintures du plafond sont déjà assombries, en raison principalement de l'éclairage au gaz). Sans doute trop drastique, il contribue à un effacement partiel de certaines parties de la couche picturale, celui-ci pouvant également avoir été causé, dès l'origine, par le marouflage des toiles sur les murs.

1936Restauration (peu documentée)

Page 13: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Années 1950Restauration (peu documentée)

2003 - févrierRestaurationFermeture du grand foyerSaleté de la couche picturale : les peintures étaient très noircies dû en grande partie à la pollution automobile.

4 mai 2004Inauguration par le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres:« Le Palais Garnier revêt son habit de lumière pour se mettre au diapason de ceux qui s'y produisent »

Restauration du grand foyer

- Objectifs :

- décrasser- enlever les cires et les vernis ajoutés (notamment en 1936). Cet allégement a été réalisé de manière très progressive et prudente.

- Le chantier est gigantesque : grand foyer et salons attenants (parquets, candélabres, stucs, miroirs, rideaux, l'horlogerie décors peints et dorés, portières et mobilier).

- 19 lots de travaux, 19 entreprises différentes.

- L'Etat a déboursé 5,8 millions d'euros.

- Le tapissier français Charles Jouffre s’est vu confier la restauration des grandes tentures et rideaux de ce chantier prestigieux dont le grand foyer était privé depuis soixante-dix ans, après un malheureux incendie survenu en 1928 :« (...) et j’étais impatient de voir déjà ses longs rideaux d’or, moirés de veines légères, se draper dans leur plis somptueux et communiquer au foyer une splendeur de bon aloi.(...) » (Charles Garnier).

- Grâce à des recherches entreprises auprès du Mobilier national, du Musée Carnavalet et de la Maison Prelle, ont été retrouvés les différents tissus utilisés (soie et lin) ainsi que leurs doublures, les métrages, le dessin des bandes brodées avec application de velours de soie et les lambrequins.

- Dix paires de rideaux et les lambrequins brodés, leurs embrasses et passementeries, déposées entre 1932 et 1937, ont été réinstallées aux baies du grand foyer.

- L'ensemble du mobilier a été rétabli pratiquement à l'identique. Celui existant (dix grands lustres dans l'axe des baies du grand foyer et les huit candélabres à tête de femme des salons octogonaux, les deux horloges des cheminées) a été restauré. Celui manquant a été, soit restauré (vingt fauteuils Louis XIV en bois doré et recouverts d'un velours jaune de Gênes frappé), soit restitué (les banquettes) selon les dessins de Garnier.

Page 14: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

b. Entretien

« L’entretien est l’action continue qui prodigue des soins protecteurs à la matière et au contexte d’un lieu ou d’un bien patrimonial, qu’il faut distinguer de la réparation qui comprend la restauration et la reconstruction. » (cf. Charte de Burra)

- Ensemble des actions non destructives, cycliques et de routine nécessaires au ralentissement de la détérioration d’un lieu patrimonial.

- Il comprend habituellement :

- l’inspection périodique de routine,- le nettoyage non destructif,- les réparations mineures et de remise en état,- le remplacement des matériaux endommagés (sans modification de l’aspect).

Ex. Aspiration Galeries St Hubert

Page 15: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

c. Préservation

« La préservation consiste à maintenir la matière d’un lieu ou d’un bien dans l’état actuel et à freiner sa dégradation. » (Cf. Charte de Burra)

Action ou processus visant à protéger ou à stabiliser des matériaux existants, la forme et l’intégrité d’un lieu patrimonial.

Ex.Hydrofugation

Page 16: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

d. Réparation

d.1. Restauration

« La restauration consiste à ramener la matière existante d’un lieu ou d’un bien patrimonial, à un état antérieur connu en enlevant des ajouts ou en assemblant de nouveau des éléments existants déposés, sans introduire de nouveau matériel. » (Cf Charte de Burra)

Retrouver l’état d’un lieu patrimonial comme il était à une période particulière de son histoire.

Nécessité de suffisamment de témoins matériels.

Page 17: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

OPERA GARNIER

Voir pages précédentes

Page 18: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Théâtre de la Monnaie

Page 19: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

d.2. Reconstruction

RestitutionReconstitution

« La reconstruction consiste à ramener un lieu ou un bien patrimonial à un état antérieur connu en introduisant de nouveaux matériaux, ce qui la distingue de la restauration. » (cf. Charte de Burra)

Recréer à l’identique de « l’origine » des parties gravement détériorées ou manquantes, lorsqu’il en subsiste des prototypes, ou sur base d’une documentation historique.

Quand le bien matériel est incomplet suite à un dommage ou une modification.

Nécessité de suffisamment de témoins matériels.

Ex.MarconiColonnes Passage du Nord et devantures

Page 20: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

e. Adaptation

« L’adaptation consiste à modifier un lieu ou un bien pour qu’il réponde à sa vocation actuelle ou à un usage proposé. » (Charte de Burra)

e.1. Réhabilitation

Action ou processus visant à permettre un usage continu ou contemporain compatible avec le lieu patrimonial, ou avec l’une de ses composantes, en faisant des réparations, des modifications ou des ajouts, tout en protégeant la valeur patrimoniale du lieu.

Ex.BrigitinesMusée de Cologne

Page 21: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

e.2. Rénovation

Action ou processus visant à permettre un usage continu ou contemporain sans tenir compte d’une éventuelle valeur patrimoniale du lieu.

Ex.Logements…

Calendrier Ruisbroek22 Juin 04

Juin 04

Juil 04

Juil 04

5 Oct 04

20 Janv 05

23 Févr 05

31 Mars 05

1 Avr 05

Févr 06

OBTENTION DU PERMIS

CAHIER SPECIAL DES CHARGES : DEFINITION DES TRAVAUX COMMUNS

ESTIMATION PREVISIONNELLE COÛT DES TRAVAUX COMMUNS

DEBUT COMMERCIALISATION EXCLUSIVE IMMOBILIER NEUF.be 

ELABORATION DOCUMENTS CONTRACTUELS : ACTE DE BASE, COMPROMIS

DESIGNATION COORDINATEUR SECURITE

DESIGNATION ENTREPRISE DE CONSTRUCTION

DEBUT TRAVAUX

DESIGNATION SYNDIC IMMEUBLE

DATE PREVISIONNELLE FIN DES TRAVAUX COMMUNS

Page 22: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

1. Monument

Le mot monument provient du latin monumentum, qui signifie montrer.

Le monument historique est constituéa posteriori

dans une société qui attribue une valeur particulière autemps

Etait d’abord un ouvrage d’architecture ou de sculpture destiné à perpétuer le souvenir, à interpeller la mémoire : un objet construit par une communauté pour se remémorer des personnes, des événements, des rites.

Page 23: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Obélisque

Obélisque est un monument monolithe élevé, utilisé notamment dans l'architecture sacrée de l'Égypte antique.

Du grec οβελίσκος « brochette à rôtir »

Carrière d’Assouan

La plupart des obélisques égyptiens provenaient des célèbres carrières de granit de Syène, près d'Assouan.

C'est sur place qu'ils furent fabriqués, dès 1500 environ av. J.C., et ensuite acheminés par voie fluviale, sur le Nil, à leur lieu de destination.

Exemple :Héliopolis, où étaient érigés les obélisques les plus monumentaux, se trouve à quelque 1000 kilomètres de Syène ! La fabrication, le transport et l'érection de ces monuments colossaux à un âge pré-industriel peuvent nous impressionner.

Obélisque inachevé dans une carrière de granit près d'Assouan. Sont poids est estimé à près de 1 200 tonnes. Par sa longueur totale de 42 m, il serait devenu le plus grand de tous les obélisques.

Page 24: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Obélisque de Karnak

Obélisque de Thoutmôsis Ier21,81 m de hauteur

Obélisque étaient le symbole de

Page 25: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Obélisque de Louxor

ILL

L’obélisque se compose de 3 parties :

- un piédestal, qui assure l'équilibre de l'ensemble,

Autre exemple : Socle de l'obélisque de Théodose Ier (390 ap JC)

- un fût quadrangulaire s'amincissant vers le sommet,

- une cassure de la pente au sommet pour obtenir la forme d'une pyramide, c'est le pyramidion.

Page 26: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Rome

Vogue de la mythologie gréco-romaine

Les artistes de la Renaissance relisent les mythes de l'Antiquité païenne qui leur donnent de nouveaux sujets de production. Les découvertes archéologiques (groupe du Laocoon), comme les fouilles des thermes de Caracalla par les Farnèse, inspirent les sculpteurs et les architectes des XVe et XVIe siècles. La villa de l'empereur Hadrien ou encore le Panthéon de Rome offrent des modèles de construction radicalement différents du style gothique. Les formes de l'Antiquité reviennent à la mode : colonnes, pilastres, frontons, coupoles, statues décorent les édifices de cette époque. L'Ancien Testament et le christianisme catholique inspirent toujours les œuvres d'art.

L'Egyptomanie repose à Rome sur la diffusion des cultes égyptiens. Ces cultes se sont d'abord imposés dans la sphère privée à partir de la fin du IIème siècle. A Rome, dès 43 av. J.-C. un culte public est rendu à la déesse Isis. Le premier sanctuaire isiaque de Rome date du Ier siècle apr. J.-C.

Les empereurs ont transplanté à Rome des monuments pharaoniques : obélisques, statues de lion, sphinx. L'Egypte exerce une grande influence sur l'élite intellectuelle romaine et certains dignitaires romains se sont fait construire de petites pyramides pour leur sépulture.

Trois empereurs romains sont particulièrement égyptophiles :

- Hadrien effectue deux voyages en Egypte (117 et 129/130). Son favori égyptien Antinous se noie dans le Nil lors du second voyage. Pour perpétuer son souvenir, Hadrien fait construire la ville d'Antinopolis. A son retour à Rome, Hadrien fait construire à Tivoli la villa Hadriana où il fait installer des œuvres authentiques provenant d'Egypte ; à côté des originaux, il fait réaliser des œuvres contemporaines égyptianisantes : crocodiles, éléphants.

- Vespasien s'est rendu à Alexandrie

- quant à Titus, il a visité le Sérapéum et présidé aux funérailles de l'Apis.

- Les transferts ont été massifs, dans tous les sens du terme, puisqu'en Egypte on n'en compte plus qu'une demi-douzaine, tandis la seule Rome en compte 13.

- Après la chute de l'Empire romain, les obélisques ont été jetés à terre de sorte qu'au début du XVème siècle, il n'y avait plus qu'un seul obélisque debout.

- Les Papes de la Renaissance ont décidé de ré-ériger les obélisques.

Le premier à l'avoir fait est Sixte Quint (1585-1590). Il était un admirateur des lettres grecques : il a fait rééditer la Bible des Septante . Les quatre obélisques qui ont été érigés sous son pontificat devaient constituer le symbole du christianisme triomphant : l'obélisque qui était surmonté d'une croix.

Page 27: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

- Place Navone, le Bernin à intégré dans la fontaine aux lions un obélisque. Cet obélisque devait en outre comprendre à sa base un éléphant, mais celui-ci n' pas été réalisé.

- Par contre, l'obélisque à l'éléphant a été réalisé par le Bernin Piazza Minerva.

Page 28: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Place Saint-Pierre

- 22,50 m de hauteur (ou 25,36 mètres)

- Granit rouge monolithique

- Aucune inscription hiéroglyphique : il n'est pas possible d'en déterminer ni la provenance ni la date de construction.

- Supposition : Ier siècle av J.C. : taillé pour le préfet romain en Egypte Caius Cornelius Gallus

- transféré par Auguste au forum Julien d'Alexandrie

- en 37 ap JC : transporté d'Héliopolis à Rome en sur l'ordre de Caligula afin d'être placé au centre du cirque (la spina) que l'empereur fit construire au pied de la colline du Vatican, dans les jardins du Vatican, édifice connu aujourd'hui sous le nom de Cirque de Néron.

Le martyre de Saint-Pierre dans ce cirque et l’enterrement de l’apôtre dans la nécropole nord expliquent la construction, au 4 e siècle , de la basilique constantinienne située au-dessus de la tombe. L’obélisque, resté en place, se trouve donc près du chevet, côté sud.

L’emplacement du cirque de Caligula est bien connu : sa spina, et donc l’obélisque, ne se trouvaient qu’à quelques mètres du flanc de la basilique Saint-Pierre. Toute la partie nord des gradins se trouve engagée sous la basilique.

L’obélisque, lui, eut un sort des plus heureux, puisqu’il est le seul, à Rome, à n’être jamais tombé. Il resta fièrement dressé à sa place d’origine, à quelques mètres au sud du chevet de la basilique constantinienne, puis de l’actuelle. On a retrouvé, lors de fouilles, les vestiges de son soubassement, près de l'actuelle sacristie.

- en 1585 : après la construction d’une nouvelle basilique, il est transféré par l’architecte Domenico Fontana, sur l’ordre du pape Sixte V, au centre de la place Saint-Pierre où il se trouve toujours aujourd’hui, entouré de l’immense colonnade elliptique du Bernin.

Page 29: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Obélisque du Latran

1er obélisque apporté en Europe.

Provient du grand temple du roi Thoutmôsis III à Karnak.

Auguste avait songé à transporter cet obélisque, puis avait dû y renoncer et en choisir un de taille plus modeste, au vu des difficultés techniques que cela posait à l'époque.

C'est Constantin (272-337) qui, en 337, le fit transporter de Thèbes à Alexandrie, pour l'ériger à Constantinople.

Mais il n'eut pas le temps de mener à bien son projet, et son fils Constance II (337-361), son successeur, préféra l'acheminer vers Rome en 357, le destinant à la spina du Circus Maximus : le géant vint donc prendre place au côté de l'obélisque d'Auguste, actuellement obélisque de la piazza del Popolo.

Il fut retrouvé en 1587, à une profondeur de 7 m, brisé en trois morceaux, lors de fouilles menées au Grand Cirque par le pape Sixte Quint, qui le fit restaurer et enfin réériger sur la place Saint-Jean-de-Latran l'année suivante (3 août 1588) par l'ingénieur Domenico Fontana.

L'inauguration eut lieu le 10 août 1588

Poids, dimensions]

La partie basse manque, sur une hauteur de 0,30 m environ, qui n'a pu être conservée lors de la restauration de 1588. La pointe a également disparu.

Hauteur actuelle : 32,18 m (hauteur d'origine probable : environ 32,50

Hauteur actuelle avec le piédestal : 45,70 m

Page 30: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Gravures   :

- La gravure représente la préparation de l’obélisque pour le transport vers la placeSaint-Pierre.

Natale Bonifacio, le graveur, et Giovanni Guerra, le concepteur, combinent leurs talents artistiques de manière à montrer la grandeur du pape Sixte V qui, par son entreprise architecturale et urbanistique, change le visage de Rome. Ils réalisent ainsi plusieurs gravures retraçant la préparation, le transport et l’érection de l’obélisque.

- 900 hommes et de 150 chevaux (représentés, pour la plupart, sur l’œuvre).

- Dans l’encadré en bas à gauche, on remarque la présence d’une légende expliquant le travail des ouvriers ainsi qu’un portrait de Domenico Fontana (l’architecte).

Cette gravure, composée de deux planches distinctes, est incomplète. Une version complète (trois planches) est conservée à l’Académie des Sciences et des Arts de Cavtat, en Croatie.

Page 31: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Progressivement, la notion de monument historique s’est étendue à tout édifice considéré remarquable par son intérêt archéologique, historique ou esthétique.

Les monuments ont une valeur didactique (témoins involontaires et donc fiables de l'histoire), esthétique et nationaliste.

Volonté de conservation de ces témoins de l'histoire.

Page 32: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Obélisque de la place de la Concorde

- Provient du temple de Louxor. Les hiéroglyphes qui le recouvrent célèbrent la gloire du pharaon Ramsès II.

Le Temple de Louxor ou Opet du sud[1], au cœur de l’ancienne Thèbes, fut construit pour l’essentiel sous les XVIIIe et XIXe dynasties. Il était consacré au dieu dynastique Amon sous ses deux aspects d’Amon-Rê céleste et de divinité ithyphallique. Les parties les plus anciennes actuellement visibles remontent à Amenhotep III et à Ramsès II.

- Constitué de granit rose de Syène (Assouan), l'obélisque mesure 23 mètres de hauteur et pèse 230 tonnes.

- 13e s av. JC : vieux de 3 300 ans

- 1830 : Méhémet Ali , vice-roi d' Égypte (à l'instigation du baron Taylor puis de Jean-François Champollion) offre à la France les deux obélisques érigés devant le temple de Louxor. Seul celui de droite fut abattu et transporté vers la France.

- Offert par l'Égypte en reconnaissance du rôle du Français Champollion qui a été le premier à traduire les hiéroglyphes.

ILL

- Jean-François Champollion dit Champollion le Jeune (né le 23 décembre 1790 à Figeac, dans le Lot et mort le 4 mars 1832 à Paris) est un égyptologue français. Déchiffreur des hiéroglyphes, il est considéré comme le père de l'égyptologie.

- En 1828, à la tête d'une équipe de savants et de dessinateurs, Champollion quittait Toulon pour l'Égypte. Il s'agissait d'y relever le plan des plus beaux monuments, de prendre copie de tout, de multiplier autant que possible les acquisitions. Il a traduit, dans ses Lettres écrites d'Égypte et de Nubie (1833), son émotion devant tant de merveilles, d'ailleurs à l'abandon et souvent laissées au plus offrant. Nombre des antiquités exposées au Louvre proviennent de ce voyage.

Enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Page 33: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

- La révolution de 1830 faillit tout remettre en cause, mais Méhémet Ali confirma son don en novembre 1830. Champollion fut chargé par le roi de choisir le premier des deux obélisques qui devait rejoindre la France

- Louis-Philippe Ier décida de l'ériger au centre de la place de la Concorde à Paris (Hittorff). Le choix d'un monument totalement étranger à l'histoire nationale était destiné à empêcher les querelles de mémoire et les tentatives d'appropriation de ce haut lieu de la Révolution française par telle ou telle faction

Louis-Philippe Ier, dont c'était la première grande sortie publique depuis l'attentat d'Alibaud du 25 juin 1836, n'avait pas voulu prendre le risque du ridicule en cas d'échec de l'opération. Il s'était donc installé discrètement, avec la famille royale, aux fenêtres de l'hôtel de la Marine. Au moment précis où l'obélisque se dressa sur son socle, le roi et sa famille parurent au balcon dans une mise en scène parfaitement réglée et recueillirent l'ovation de la foule considérable qui se pressait pour assister à l'opération.)

- avril 1831 : un navire spécialement affrété à cette fin, le Luxor, quitte Toulon et remonta le Nil en août. Le bateau embarqua le monolithe en décembre et redescendit le Nil en août 1832

- De mai 1833 : arrivée à Toulon

- Août 1834 : il arriva à Paris après avoir remonté la Seine. Il fut alors déposé couché sur le quai au début du Cours-la-Reine

- 25 octobre 1836  : érigé en grande pompe par l'ingénieur Apollinaire Lebas à l'aide de machines élévatrices et de gigantesques cabestans. Il est érigé sur un socle de 9 m.

ILL

« Erection de l'obélisque de Louqsor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836 »Par François Dubois1836Musée Carnavalet

ILL

Page 34: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

- Le sommet de cet obélisque est surmonté d'un pyramidion de plus de 3 m. aussi pointu qu'étincelant, fait de bronze et de feuilles d'or, ajouté en mai 1998. Il est censé remplacer un précédent ornement sommital, emporté lors d'invasions en Égypte au VIe siècle.

- La base originale, au décor composé de babouins, est exposée au musée du Louvre.

ILL

- L'obélisque se situe sur la ligne de l'axe historique de Paris qui va de l'Arc de Triomphe du Carrousel à l'Arche de la Défense en passant par le jardin des Tuileries et l'avenue des Champs-Élysées.

- L'obélisque est aussi un cadran solaire, grâce à des lignes tracées au sol.

Page 35: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Obélisque de Londres

- 20.87 m pour 187 tonnes

- Granite rouge

- Deux obélisques de Thoutmôsis III (1504-1450 av. JC) provenant d'Héliopolis.

- L'opération de leur déplacement et transfert fut répétée par les conquérants romains. Ce sont eux qui réussirent à " déménager " de Héliopolis à Alexandrie - second transfert - deux obélisques connus aujourd'hui comme Cleopatra's Needles.

- A Alexandrie, "les aiguilles de Cléopâtre" marquait à l'époque romaine l'entrée du Cæsarium.

- 2 obelisks from Heliopolis to Alexandria for decorating the front of the Caesarium Temple at Alexandria. But the one of two obelisks , which remained after the Temple went into ruin, fell in an earthquake in 1303 A.D., and nearly being lost at sea in 19th Century. This "fallen" obelisk is the one which was transported to London, and its companion was also transported to New York 3 years later in 1880. Therefore, there is nothing in Alexandria at present.

- 1878 : Londres. Le déplacement d'un objet culturel de cette taille ne va pas sans grands risques, celui à destination de Londres faillit se perdre en haute mer dans le Golfe de Biscaye.

- Placé sur le quai Victoria :

Page 36: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Problème de attribution de propriété :

It has a long history for bringing this obelisk to London, which took nearly 80 years. The British first began to consider appropriating this obelisk when General Cavan [1763-1836, 7th Earl of Cavan, Richard Ford William Lambart] had an idea to get this in commemoration of the victories of the Battle of Aboukir Bay of August 1, 1798, and the Battle of Aboukir of March 21, 1801.

Aboukir (Abu Qiir) is about 15 km northeast of Alexandria. The Battle of Aboukir Bay (Battle of the Nile) was that the British Fleet led by Admiral Nelson [1758-1805, Lord Horatio Nelson] destroyed French Fleet when Napoléon Bonaparte was absent for Cairo. The Battle of Aboukir was that the British troops won against Franch troops again, but British General Ralph Abercromby [1734-1801] died from wounds.

Egyptian viceroy, Mohammed Ali approved in 1819 that Egypy would make a gift obelisk to to Britain. In 1831 the approval was renewed, but the British Government declined to fund the expense of transportation it to London, although it welcomed the gesture. On the other hand, France obtained an another obelisk (where was in Luxor), and sucessfully transported it to Paris in 1832. Finally in the 1870s, the soldier-turned-writer General James Alexander took up the cause, and then he did serious efforts for this collection with the support by a millionaire Sir James Erasmus Wilson who offered the private fund voluntarily. After a time-consuming negotiation with the land owner of the obelisk, it was planned that the obelisk is transported over the ocean with a special iron container (cylindrical case) named Cleopatra made by the engineer, John Dixson. At last, Cleopatra which contains the obelisk departed the Port of Alexandria, towed by the mother ship Olga, on September 21st, 1877. Here are some pictures on the journey.

The Olga and the Cleopatra which headed to London via Atlantic Ocean passing through the Straits of Gibraltar, came across the storm in the Bay of Biscay (Golfe de Gascogne in Frence), and a gale separated the two ships and six seamen were lost. The Glasgow steam ship Fitzmaurice discovered the drifted Cleopatra, and towed it into the port of El Ferrol, a small town in Northwestern Spain. The ship owner claimed the possession, and required a buy-back of the obelisk which was almost lost at ocean.

On January 15th, 1878, the Cleopatra finally departed the Spanish port, with pulled up by the steam ship Anglia this time, and ended the long travel when arrived at Gravesend, a mouth of the Thames, on January 21st, 1878. It has elapsed 4 months from Egypt and England, and another almost 80 years. Then it went up the Thames and moored near the Houses of Parliament. Eight months later, on September 12th, 1878, the obelisk was raised on the pedestal at the river front of the Thames. The obelisk is supported by the iron ornament because it cannot stand by itself due to the missing the foot of monolith. The pedestal enclosed various memorial objects like copies of contemporary newspapers and a full set of British Empire coins. The obelisk is flanked by bronze . But the pedestal and the Sphinx were a little damaged by the German bombs in 1917, during World War I, and the gouges still can be seen.

Inscriptions: On each side of each pyramidion (top triangle of the obelisk), Tuthmosis III is drawn as a "sphinx" making offerings to the Gods of Heliopolis. On each side of the obelisk are inscribed with hieroglyph of three columins. The central column is carved by Tuthmosis III, and subsidiary columns both sodes are added by Ramses II. It is said the central column relates the reason for the construction of the pair of obelisks.

Nickname: There is no direct relation to Cleopatra (famous Queen Cleopatra VII), although two obelisks in London and New York are dubbed "Cleopatra's Needle". In fact, it's some twenty years after Cleopatra's death that these two obelisks were transported and erected in Alexsandria. The Egyptologist Labib Habachi says "Probably, her name was merely attached to them in a romantic fashon." (Source: "The Obelisk of Egypt" by Labib Habachi, 1977 Charles Scribner's Sons)

Page 37: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

In fact, just as there are in Alexandria, Mersa Matruh, and Aswan places called "the bath of Cleopatra", although there is no evidence that the queen ever bathed there, and the Canal connecting between Alexsandria and the River of Nile is called as Cleopatra's Canal. In the case of these obelisks, as the earliest record, the expression of "Cleopatra's Needle" is seen on the etching by a painter Tevie in 16th Century. A Egyptian Guide said, it was becasue the obelisk was trasported to London by Cleopatra. But this would be an inverted story.

How To Go: The nearest stations are Embankment Station (Underground; Circle Line, District Line, Bakerloo Line), and Charing Cross Station (British Rail). It's easy to find the obelisk. Cross the road, then you can closely look it. You will feel a deep emotion when you consider that it was carried out from far away Egypt.

Present State: I think this valuable obelisk should be erected at more remarkable place, for example at Trafalgar Square or Piccadilly Circus. Current location is not a lonesome place as it's busy with many automobiles and sightseeing boats. However, it's not a good place than Place de la Concorde (the Concord Plaza) in Paris.

ILL

- 1880 : arrivée parallèle à New York (premier obélisque égyptien arriva au Nouveau Monde). Il fut érigé en 1881 au Central Park à New York, lors d'un événement qui tenait à la fois de la cérémonie solennelle, du spectacle populaire et de la démonstration de force de la marine étatsunienne, responsable de toute l'opération de transfert, et qui n'avait rien à envier à celui de 1836 à Paris.

- février 2005 : « The Gates » par Christo et Jeanne-Claude

Page 38: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

ILL

The Broken Obelisk , a

1963-67

- Born in New York City in 1905, Barnett Newman grew up in the Bronx, New York. Along with being an artist, Newman taught in New York City public schools, and at age twenty-seven he even attempted to run for mayor, producing a manifesto (a public declaration of his opinion) titled, "On the Need for Political Action by Men of Culture." Among the primary objectives set out by this manifesto was that music and art schools, city operas, and city museums and art galleries should be free.

- The idea for Broken Obelisk (an obelisk is a tall, four-sided structure that comes to a pyramidlike point) came to Newman in 1963, but he was unable to create the work until he was introduced to a steel manufacturer in 1967. In 1968 Newman dedicated Broken Obelisk to the civil rights leader Martin Luther King who was assassinated that same year

- The lower part of the sculpture is a four-sided pyramid with a square base. The tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life, or the sun god, Ra, at sunrise. Newman was very interested in the Egyptians, and he had even grown up seeing an ancient obelisk in New York City’s Central Park (installed in 1881, it is still there today). The form of the obelisk has been returned to again and again in Western culture, as exemplified by the obelisk in front of

- Broken Obelisk is made of 6,000 pounds (3 tons) of Corten steel and is 25 feet high.

- Typically displayed in MoMA’s Sculpture Garden, Broken Obelisk was placed indoors for the exhibition Open Ends (2006).

- Autre exemplaire du memorial to Martin Luther King : Rothko Chapel

Page 39: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Obélisque d’Axoum

- stèle funéraire de plus de 150 tonnes, haute de 24 mètres

- La civilisation d’Axoum a rayonné dans la région du 3e siècle av JC au 8e siècle ap JC :

Axoum :

- située dans le nord-est de l'Ethiopie sont les vestiges du royaume d'Axoum, état le plus puissant entre l'Empire romain d'Orient et la Perse.

- capitale d’un empire qui dominait la corne de l’Afrique, du Soudan jusqu’au Yémen.

Les historiens décrivent cette période comme l’apogée d’un pays regorgeant d’ivoire, de poudre d’or, d’esclaves, d’aromates et d’émeraudes, destinés au commerce avec les autres puissants royaumes de l’époque.

- Les imposantes ruines d'Axoum remontent aux alentours du 1er et 8e siècle ap J.C. Les stèles monolithiques y furent érigées pendant les 3e et 4e siècles ap J. C. en tant que monuments funéraires dédiés à des membres de l'élite.

- Inscrite au patrimoine mondial de l’humanité en 1980, elle demeure le coeur identitaire et historique du pays. D’où l’obstination des Ethiopiens à récupérer la Flûte de Dieu, expression forgée par un poète local pour désigner l’obélisque.

- Selon les archéologues, l’obélisque fut érigé au 4e siècle, sous le règne du roi Ezana, pour faire office de stèle funéraire. Ezana était alors surnommé le Constantin de l’Ethiopie, en référence au puissant empereur romain qui était son contemporain.

Des richesses archéologiques insoupçonnées ont été découvertes par les experts que l’UNESCO a envoyés la semaine dernière à Axoum (Ethiopie). Ils avaient pour mission d’évaluer le terrain de ce site de la Liste du patrimoine mondial, en vue de l’érection de son obélisque qui se trouvait à Rome depuis 1937. La troisième et dernière partie de la stèle, d’un poids total de 160 tonnes et d’une hauteur de 24,6 mètres, est arrivée ce matin à l’aéroport d’Axoum.

« Des cavités et des arcades souterraines ont été découvertes aux alentours de l’emplacement original de la stèle », ont déclaré Elizabeth Wangari, du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, et Jim Williams, du Secteur de la Culture, qui ont participé à la mission. « La prospection par géoradars et électrotomographie - les méthodes actuellement les plus sophistiquées qui permettent de voir sous terre – a notamment révélé l’existence de

Page 40: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

plusieurs vastes chambres funéraires qui se situent sous le parking mitoyen du site, construit en 1963 », ont-ils précisé.

Selon les experts, il s’agit d’une nécropole royale de différentes dynasties pré-chrétiennes, qui se prolonge bien au-delà des limites actuelles de la zone archéologique située aux pieds des monts Saint-Georges et Mariam.

L’équipe d’experts de l’UNESCO, dirigée par l’archéologue Rodolfo Fattovich, spécialiste d’Axoum à l’Instituto Universitario Orientale de Naples (Italie) a effectué des prospections archéologiques dites « non destructives ». Les données recueillies par les géoradars et les électrotomographes sont actuellement traitées dans un laboratoire de l’Université de Rome – La Sapienza. Elles donneront lieu à des modèles en 3D des tombeaux royaux. Le traitement des images sera prochainement communiqué aux autorités éthiopiennes et italiennes.

Depuis les années 1970, une série de tombeaux ont été découverts. Certains ont été pillés, d’autres épargnés. Les richesses de ces derniers se trouvent aux musées archéologiques d’Axoum et d’Addis Abeba. Aujourd’hui, une seule tombe est ouverte au public, à Axoum : le tombeau de la fausse porte.

Le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, s’est réjoui de cette importante découverte. « Il est probable que certains des tombeaux décelés par les procédés d’imagerie du sous-sol soient intacts. Il faudrait désormais procéder à des fouilles archéologiques qui pourraient aboutir à la mise à jour de richesses d’un intérêt historique majeur. L’ouverture de nouvelles tombes au public représenterait, en outre, un atout supplémentaire pour le site, ce qui, en favorisant le tourisme culturel, à terme, contribuera au développement économique du pays », a-t-il déclaré.

Le site archéologique d’Axoum comprend trois parcs, abritant 176 stèles : le parc Nord, le parc Gudit (du nom de la reine de confession juive qui a pris le pouvoir au Xe siècle) et le parc principal où se trouvait la stèle désormais connue sous le nom de « l’obélisque d’Axoum ». Ses fondations forment un trou de 10 mètres de longueur, 10 mètres de largeur et 6 mètres de profondeur. Selon les spécialistes, ce sont probablement des pilleurs qui ont causé l’effondrement de l’obélisque, soit au Xe, soit au XVIe siècle.

C’est dans ce même parc que gît le plus grand monolithe jamais sculpté par l’homme (33 mètres), qui s’est écroulé probablement dès son érection au 3e ou 4e siècle, détruisant le temple Nafas Machau, dont les ruines se trouvent à proximité.

1937 : L’obélisque avait été emporté en Italie lors de la conquête de l’Ethiopie par les troupes de Mussolini (l’Italie mussolinienne et fasciste avait tenté, en vain, de coloniser l’Abyssinie de 1935 à 1941).

- Addis Abeba n’a cessé de réclamer la restitution de cet important vestige historique.

- avril 2005 : restitué par le gouvernement italien

- L'obélisque est devenu le symbole de l'identité du peuple éthiopien. La signification de sa restitution après une période de 68 ans et le défi technique du transport et de la réinstallation de l'obélisque sur le site sont parmi les exemples d'autres projets historiques de l'UNESCO, comme Abou Simbel, où des temples égyptiens ont été entièrement  déplacés depuis leur emplacement d'origine afin de les protéger du danger d'immersion, entrainé par la construction du barrage d'Assouan.

Page 41: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

- Rapatriement :

Le budget total du projet s'élève à 2,833985 USD, et est financé par le Gouvernement italien, qui a également pris en charge le transport de l'obélisque et les études s'y référant, conduites par l'UNESCO en collaboration avec les autorités et les experts éthiopiens. L'entreprise Lattanzi a commencé à rassembler ses ressources humaines et techniques afin de débuter les travaux à la mi-juillet. Ceux-ci se dérouleront en deux parties, échelonnées sur une période de 18 mois. Pendant la première phase, des fondations seront réalisées pour soutenir l'obélisque et une tour temporaire en acier sera fabriquée afin de déplacer les différentes parties de l'obélisque. Dans un second temps, la structure en acier sera édifiée, et l'obélisque pourra être érigé.  Enfin, il s'agira de nettoyer la surface de l'obélisque, de la restaurer, avant le démantèlement de la structure d'acier.

- Obélisque acheminé en plusieurs tronçons à bord d’un Antonov

- l'obélisque a été déposé près des autres stèles, pas loin de son emplacement d'origine.

- Les autorités éthiopiennes envisagent de célébrer la fin de l'année 2000 de leur calendrier qui aura lieu le 11 septembre 2008, et sera marquée par l'inauguration de la réinstallation de l'obélisque.

Page 42: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Axoum :Odyssée d’un obélisque abyssin

par Laurent Védrine

(Extrait du journal Les nouvelles d'Addis, n° 39, 15 janvier 2004)

A l’extrême nord de l’Éthiopie, sur le haut plateau tigréen, Axoum vit au rythme d’une petite commune reculée. Depuis longtemps, rien n’est venu troubler l’existence de ses habitants, si ce n’est la rénovation simultanée de l’aérodrome et d’un petit site archéologique classé par l’Unesco. Or, dans quelques semaines, la ville devrait connaître sa plus grande fête depuis des centaines d’années.A des milliers de kilomètres de là, à Rome, se déroulent en ce moment les derniers chapitres de l’odyssée d’un obélisque abyssin, un monument antique (IVème siècle après JC) de 25 mètres de haut. Volé à Axoum en 1937 par les troupes coloniales mussoliniennes, et depuis érigé dans la ville éternelle, la stèle (1) axoumite de Rome est en passe, en décembre 2003, d’être rendu aux Éthiopiens.Le pays des négus, usé par des décennies de guerre et de sécheresse, espère depuis 64 ans le retour de cet illustre citoyen de pierre. Ce monolithe a en effet cristallisé toutes les rancœurs politiques et identitaires. Sa restitution devrait permettre « le début d’une nouvelle relation entre l’Éthiopie et l’Italie », se réjouit l’ambassadeur à Rome, Mengistu Hulluka.

Si ce dénouement vient conclure l’un des plus extraordinaires suspens archéologico-diplomatiques du XXème siècle, il risque à l’avenir de raviver de douloureuses négociations. Par sa portée symbolique, la restitution de l’obélisque d’Axoum constitue un précédent historique en plein débat international sur les œuvres d’art pillées. Celles-ci représentent une part importante des collections occidentales.

Axoum était la capitale d’un des plus grands royaumes de l’Antiquité tardive. Édifié dès le Ier siècle après JC par les Rois des rois (2), cet empire étendait son autorité du Soudan jusqu’à l’actuel Yémen. Parmi les vestiges de ce véritable âge d’or, les plus remarquables sont sept stèles géantes – ou obélisques – en granit. Elles présentent sur toute leur hauteur un décor sculpté figurant les étages d’un bâtiment. Demeure des souverains défunts, symbole de puissance ou véhicule entre la terre et le ciel, la signification de ces monuments est incertaine. Six d’entre eux sont toujours sur place. La dernière stèle, gravée sur toutes ses faces et la plus belle d’entre toutes, fut transportée à Rome en 1937 sur ordre de Benito Mussolini.

Quarante ans plus tôt, en plein dépeçage de l’Afrique, l’Italie avait tenté, sans succès, de soumettre le pays. Le 1er mars 1896, un corps expéditionnaire de 35.000 soldats affronte les tribus éthiopiennes dans la petite ville d’Addua. Mais le négus Ménélik-II y remporte une écrasante victoire sur les envahisseurs. C’est la seule (et unique) fois dans l’histoire qu’une armée européenne est défaite par des Africains. Dans la conscience collective des Italiens, et particulièrement du mouvement fasciste, cette bataille demeure « la honte d’Adoua », qu’il faut à tout prix effacer.

Au cœur de l’utopie de Mussolini, réside le désir de rétablir la grandeur de la Rome antique. Déjà maître de la Libye et de la Somalie, il rêve de prendre une revanche sur les Éthiopiens et de fonder l’Africa Orientale Italiana, pendant italien des empires français et britanniques. Au faîte de son pouvoir, il lance ses troupes sur l’Éthiopie en octobre 1935. Sept mois plus tard, suite à l’utilisation massive de gaz moutarde et d’armes chimiques, la résistance est domptée dans la majeure partie du pays au prix de centaines de milliers de morts.

A la SDN (Société des nations), organisation dont l’Éthiopie est membre depuis 1923, les puissances européennes se contentent de blâmer l’Italie (3). L’agression et la défaite du plus ancien royaume souverain d’Afrique, jusqu’alors jamais colonisé, est une rupture majeure dans l’histoire linéaire du pays.Cherchant un trésor pour son triomphe, Mussolini choisit spécifiquement un des obélisques d’Axoum. C’est la société italienne Gondrand qui se charge du transport, exercice à l’époque extrêmement complexe. Tant bien que mal, la lourde stèle parcourt 400 km de pistes pour arriver jusqu’au port de Massaoua. Le 22 octobre 1937, elle embarque sur le vapeur Caffaro en direction de Naples. De là, le butin est convoyé à Rome et érigé devant le tout

Page 43: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

nouveau ministère des Affaires Africaines (4). Le monument est inauguré le 31 octobre 1937, pour célébrer les 15 ans de la Marche sur Rome et la naissance officielle de l’Afrique orientale italienne. Ce jour-là, le guide fasciste décrète « la fin de la démocratie en Italie ».

Par ce hold-up colonial, Mussolini s’inscrit mimétiquement dans la lignée des César et des Auguste. Déjà, deux mille ans auparavant, fascinés par les splendeurs architecturales des Pharaons, les empereurs s’étaient empressés d’importer à Rome des dizaines d’obélisques dérobés à l’entrée des temples. Ils mirent ces monuments prestigieux au service de leur propre gloire, notamment en les installant sur l’axe central du grand Cirque de Maxime. Bien plus tard, les papes de la Renaissance récupérèrent ces obélisques égyptiens et les placèrent devant les grandes basiliques ainsi qu’au croisement des grandes avenues de la cité, où ils demeurent encore aujourd’hui. En 1932, le Duce avait déjà fait élever au Foro Italico (5) un obélisque en marbre surplombant le Tibre. On peut toujours y voir inscrit en lettres capitales géantes : « MUSSOLINI DUX ».

Mais le rêve ne dura pas. L’Éthiopie est libérée en 1941 par les Britanniques, le régime fasciste tombe deux ans plus tard. La démocratie réinstaurée dans la péninsule et Haïlé Sellassié rétabli sur son trône, un traité de paix est signé en 1947 sous l’égide de l’Onu. Ce texte stipule que l’Italie « dispose de 18 mois pour restituer tous les biens et œuvres d’art pillés durant la guerre ». Certains objets de moindre valeur sont rendus, mais l’obélisque (ainsi que Trône du Négus, la statue du Lion de Judah, les Archives Impériales… (6) demeurent cependant en Italie.

Depuis lors, et durant plus d’un demi-siècle, un des plus extraordinaires litiges archéologico-diplomatiques oppose les deux pays. Les différents régimes au pouvoir à Addis-Abeba n’ont eu de cesse de réclamer, en vain, le retour d’un morceau de granit qui cristallise toutes les rancoeurs, au delà de sa véritable valeur archéologique. Axoum, qui fut selon la légende la capitale de la Reine de Saba et abriterait une copie de l’Arche d’Alliance, ne saurait selon les Éthiopiens être ainsi déshonorée.

En 1960, un exploit lors des JO de Rome, console temporairement les Éthiopiens. Pieds nus, le coureur Abebe Bikila remporte le marathon qui empruntait le parcours de la Marche sur Rome. À son arrivée, il confia que la vue de l’obélisque d’Axoum l’avait convaincu de déclencher son sprint final.

Au début des années 90, après des décennies d’occultation du litige, une campagne est menée pour organiser la restitution. L’association éthiopienne Afromet (7) est le fer de lance de cette mobilisation internationale. En 1996, les habitants d’Axoum réunissent la plus importante pétition de l’histoire du pays, tandis que Paulus-V, chef de l’église éthiopienne, interpelle le Pape romain. C’est la première lettre de cette église autonome envoyée au Vatican depuis le XVIIème siècle. En 1998, le Premier ministre éthiopien se déplace en personne pour faire une déclaration à Rome. L’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Égypte, la Turquie, pays victimes de pillages, soulèvent la question devant l’ONU et l’OUA. Rita Marley, veuve de Bob Marley, utilise sa notoriété pour impliquer le mouvement rastafarien (8). Dans la presse italienne, spécialistes, partisans et opposants s’affrontent à coup d’éditoriaux, d’articles et de rumeurs. Certains parlent alors de « procrastination de la décennie ».

Malgré des promesses officielles de restitution (1956, 1994, 1997, 1998), les espoirs soulevés se révèlent des feux de paille. Et l’Éthiopie, parmi les pays les plus pauvres du monde, ne peut raisonnablement provoquer un incident diplomatique avec son premier partenaire économique. Appelée à se prononcer sur le sort d’un monument classé au Patrimoine mondial de l’humanité depuis 1980, l’Unesco choisit la neutralité. En déplacement sur le site d’Axoum en janvier 2002, son directeur général Koïchiro Matsuura déclare : « Le conflit qui oppose les deux pays est plus d’ordre politique que culturel ». Quant à Vittorio Sgarbi, sous-secrétaire italien aux Biens culturels et néo-fasciste notoire, ses vitupérations font scandale : « L’obélisque est désormais un citoyen naturalisé… les Éthiopiens devraient se réjouir d’avoir une vitrine dans la plus belle ville du riche monde occidental. »

Enlisé dans des tergiversations sans fin, la cause de l’obélisque d’Axoum semble désespérée jusqu’au 28 mai 2002. Cette nuit-là, un orage s’abat sur Rome et la foudre détériore gravement l’obélisque. Cette “intervention” naturelle précipite le retour du problème sur la scène politique; d’autant plus qu’elle advient miraculeusement le jour anniversaire de la destitution du “négus rouge”, le dictateur Mengistu-Hailé Mariam (9), et depuis lors fête nationale de l’Éthiopie !

Page 44: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Entre nostalgiques du Duce, libéraux au pouvoir et gens de gauche, le débat s’envenime rapidement. Faut-il « Rendre au Négus ce qui est au Négus » ? Et assumer sur le plan international la responsabilité d’un précédent juridique ? Inquiètes, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne redoutent d’être à leur tour mises à l’index.

Lié d’un côté par des obligations de droit international, de l’autre par la nécessité de ménager l’aile droite de son gouvernement, Silvio Berlusconi finit par trancher et décide en juillet 2002 d’autoriser le début des travaux de restauration puis de démantèlement. En novembre 2003, l’avant-dernière étape du chantier, dirigé le professeur Giorgio Croci, voit la stèle découpée en trois tronçons puis stockée dans un entrepôt militaire de l’aéroport de Fiumicino. Elle attend toujours d’être chargée dans un avion russe Antonov, seul engin à même de transporter ses 160 tonnes jusqu’au petit aérodrome d’Axoum, à plus de 2.000 mètres d’altitude. Mais les Éthiopiens, qui ne sont pas à une déception près, craignent un coup de théâtre in extremis. Les rumeurs vont bon train à Rome, et les partisans de l’obélisque considèrent que leur lutte continuera jusqu’au jour où le monument aura regagné sa place dans le parc archéologique d’Axoum. – LV

(1) Stèle : A contrario des obélisques hexagonaux, les stèles ont deux larges faces principales et deux autres plus courtes. Les deux termes sont indifféremment usités pour désigner les stèles d’Axoum.

(2) Rois des rois : de l’amharique negousse neguest, titre porté par les empereurs éthiopiens. Le terme “négus” qui en découle est plus couramment utilisé.

(3) Le 28 juin 1936, l’empereur Haïlé Sellassié plaide la cause de son pays depuis la tribune de la SDN à Genève. Son appel ne sera pas entendu, et les sanctions contre l’Italie seront levées.

(4) Ministère des Affaires africaines : situé entre les Thermes de Caracalla, l’Arc de Constantin et le Cirque de Maxime, le bâtiment est aujourd’hui le siège de la FAO (Food and Agriculture Organisation).

(5) Foro Italico : complexe sportif et administratif construit au cœur de Rome à partir des années vingt. En 1932, Mussolini y fait bâtir cet obélisque de marbre de 36 mètres de haut.

(6) Dérobés à la même époque, le Trône du Négus et la statue du Lion de Judah (construite par le sculpteur français Maurice Calka) furent restitués à Haïlé Sellassié lors de sa visite officielle en Italie en 1970. Un témoignage du Duc d’Aoste, dénué de preuves écrites, soutient que le Négus aurait alors offert l’obélisque à l’Italie en échange de la construction d’un hôpital à Addis-Abeba. Les Archives Impériales ont-elles été définitivement dispersées ?

(7) Afromet : Association for the Return of The Maqdala Ethiopian Treasures (Association pour le tetour des trésors éthiopiens de Maqdala). Association internationale basée en Éthiopie et à Londres, fondée pour réclamer la restitution des biens pillés en Éthiopie par les troupes britanniques (1867-68). Par extension, Afromet lutte pour la restitution à l’Ethiopie de tous ses biens culturels. Voir le site internet de l’association : http://www.afromet.org

(8) Rastafarisme : Du vrai nom de l’empereur Haïlé Sellassié, ras Tafari Makonnen, considéré par les fidèles de ce culte messianique comme la dernière réincarnation de Dieu sur terre.

(9) Mengistu : Par un coup d’État en septembre 1974, Mengistu Hailé Mariam destitue l’empereur Haïlé Sellassié et instaure une dictature militaire marxiste. Il sera à son tour renversé le 28 mai 1991 par l’actuel Premier ministre, Mélès Zénawi.

Page 45: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

ILL

Foro Italico

Il Foro Italico, che originariamente si chiamava Foro Mussolini, è un vasto complesso sportivo che si trova alla base di Monte Mario a Roma.

Fu costruito negli anni del Fascismo, tra il 1928 e il 1938.

Come concezione si ispirava ai fori romani di età imperiali, anche se le sue architetture restano quelle razionalistiche del ventennio fascista.

Il foro ha il suo punto di ingresso in un ampio viale interamente mosaicato a tessere bianche e nere, dove sorge enorme obelisco, alto 17.5 metri, base esclusa. All'entrata del Foro Italico si trova il Plonio, un monumento eretto di recente. Esso rappresenta un ragazzo di nazionalità araba che lancia una freccia verso una fenice.

L'obelisco fu innalzato nel 1932, risulta alto 19,5 metri, pesa 350 tonnellate ed ha la punta dorata. Reca la scritta ''Mussolini Dux opera nazionale balilla''. La fontana della sfera invece e' stata realizzata nel 1933 - 1935 dagli architetti Mario Paniconi e Giulio Pediconi; è costituita da un’ampia vasca circolare al centro della quale emerge un basamento di forma quadrangolare su cui poggia la grande Sfera simbolo della universalità dei giochi sportivi. Il bacino intorno alla Sfera è decorato con mosaici a tessere di marmo bianco e nero rappresentanti soggetti marini, disegnati da Giulio Rosso.

Page 46: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

b. Patrimoine

Le terme « patrimoine » englobe un large éventail de biens tangibles : il peut s'agir d'une construction, par exemple une gare, un pont ou tout un quartier, d'un artefact ou d'un bien culturel mobile comme une peinture, une robe, ou encore, d'une composante du milieu naturel comme un parc, un jardin ou un SENTIER DU PATRIMOINE. Sont également inclus, dans la définition, des biens non tangibles tels que le FOLKLORE, les coutumes, le langage, les dialectes, les chansons et les légendes. Par « conservation » on entend la protection du patrimoine contre toute menace de destruction par un agent quelconque (qu'il soit environnemental ou humain). Une telle protection suppose aussi une meilleure compréhension du patrimoine et une plus grande sensibilisation à ce qu'il sous-entend.

- Depuis le début du XXe siècle, le champ d'application de la conservation du patrimoine s'est élargi considérablement, surtout durant les dernières décennies. Désormais, il englobe des bâtiments sans prétention, d'architecture « vernaculaire », et des emplacements industriels, des complexes incluant des quartiers complets et des secteurs historiques, de même que des éléments naturels et culturels interreliés, qualifiés de « paysages culturels ».

Page 47: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

ILL

La Mort de la Vierge de Nicolas Poussin restaurée

30/08/05 - Restauration - Belgique, Bruxelles (Sterrebeek) - Pierre-Yves Kairis, dans la Revue de l'Art n° 128, en 2000, avait créé la sensation en révélant sa découverte du tableau de Nicolas Poussin La Mort de la Vierge, tableau peint pour Notre-Dame de Paris, envoyé au musée de Bruxelles en 1802 et disparu depuis 1815 environ. C'est dans une église de la banlieue de la capitale belge que se cachait l'œuvre, importante à plus d'un titre puisqu'il s'agit d'un grand tableau d'autel, genre peu pratiqué par l'artiste, et surtout parce qu'il la peignit à Paris, en 1623, avant de partir l'année suivante pour Rome. La Mort de la Vierge est donc un jalon essentiel pour la connaissance du peintre dont aucun tableau certain de la période parisienne n'était connu jusque là1.

Cinq ans plus tard l'œuvre, malheureusement assez usée, est enfin restaurée (ill. 1 et 2), et sera en définitive réaccrochée là où elle a été trouvée, au dessus d'un confessionnal2 (ill. 3). Elle sera avant celà exposée pendant deux jours, à l'occasion des journées du patrimoine, à l'Institut Royal du Patrimoine Artistique, les 17 et 18 septembre 2005, ce qui sera l'occasion de la voir dans de bonnes conditions.

1. Un Saint Denis du Musée des Beaux-Arts de Rouen a été attribué à Poussin (avant Rome) sur la foi d'une mention lors de sa saisie à la Révolution. Sur ce tableau, on pourra se reporter à Philippe Malgouyres, Peintures françaises du XVIIe siècle. La collection du musée des Beaux-Arts de Rouen, Somogy, Editions d'Art, Paris, 2000, pp. 158-160, qui fait le point sur la question et cite la bibliographie antérieure. Une composition représentant Saint Denis effrayant ses bourreaux avec sa tête (plusieurs exemplaires connus dont l'un conservé à l'Abbaye Notre-Dame à La Meilleraye) est également parfois attribuée à cette période de l'activité de Poussin.2. Il est certainement dommage que ce tableau n'ait pas pu rejoindre les collections des Musées Royaux de Bruxelles, ce qui aurait permis de le rendre plus accessible. Le principe d'une conservation in situ des œuvres d'église est en général souhaitable, mais l'importance de celui-ci et le fait qu'il ne se trouve dans cette église que par hasard aurait pu justifier l'exception à la règle.

Page 48: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

ILLIRPA

Photothèque

1900 : Création de l'atelier de photographie des Musées royaux d'Art et d'Histoire.

1920 : les Musées royaux d'Art et d'Histoire créent le Service de la Documentation belge.

1934 : Paul Coremans est nommé par Jean Capart chef du Service de la Documentation belge.

A la veille de la seconde guerre mondiale, les Musées royaux d'Art et d'Histoire possèdent environ 30.000 clichés dont près de 12.000 achetés à l'Allemagne sur le compte des marks bloqués après la guerre 14-18 (notamment des négatifs sur verre 40x40 cm).

Juillet 1940 : les Musées royaux d'Art et d'Histoire entament d'urgence un inventaire photographique du patrimoine artistique pour le compte du commissariat général à la restauration du pays.

1941-1945 : plus de 165.000 clichés sont réalisés. Les prises de vues sont consacrées principalement aux monuments et aux objets d'art religieux antérieurs à 1840, aux édifices civils et religieux, aux musées, aux vitraux anciens déposées, aux cloches d'églises enlevées (à partir de mai 1943), aux œuvres transportées dans des abris à Gand, Anvers, Bruxelles, et au château de Lavaux Saint-Anne (chefs d'œuvres des musées de Bruges, du Musée des Beaux-Arts d'Anvers, du musée Plantin Moretus et du Cabinet des estampes d'Anvers).

Des fonds de photographies sont aussi achetés à des photographes privés ou à d'autres institutions pour compléter les collections.Ces fonds - certains remontent parfois au XIXe siècle - sont très précieux pour connaître l'état ancien d'un paysage ou d'une commune (aspect), ou d'une construction. On peut aussi y découvrir des oeuvres ou bâtiments disparus. Pour connaître la date de prise de vue d'un cliché, il suffit, dans la banque de données de la photothèque, d'afficher l'image dans sa plus grande taille.

1957 : Les ACL deviennent l'IRPA.

L'IRPA effectue des missions à l'étranger pour photographier des oeuvres majeures d'art belge ou pour documenter la restauration d'oeuvres conservées en Belgique.

Dès 1990, les photographies en couleurs remplacent le noir et blanc pour l'inventaire photographique.

Page 49: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Mieux vaut préserver que réparer, réparer que restaurer, et restaurer que reconstruireAdolphe-Napoléon Didron (archéologue français)1839 :

Chevalier de la Légion d'honneur et de Saint-Grégoire-le-Grand, archéologue, il fut, sous la Monarchie de Juillet, secrétaire du comité des travaux historiques au ministère de l'Instruction publique et, sous le Second Empire, professeur d'archéologie française à la Bibliothèque impériale. Il fonda les Annales archéologiques.En 1835,Guizot le nomma secrétaire du comité historique des Arts et Monuments, dont firent également partie Mérimée, Viollet-le-Duc, Victor Hugo, Victor Cousin. Didron eut la charge d'inventorier et d'éditer des documents inédits concernant l'Histoire de France.

Raoul Rochette, le chanoine Auber ou encore l'archéologue Didron.

Page 50: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Versailles

Après 3 ans et 12 millions € de travaux, la Galerie des glaces rénovée a été inaugurée lundi. Marbres, plafonds, miroirs, boiseries, plancher, mobilier: tout a été revu dans la salle de 70 m de long, commandée par Louis XIV et construite entre 1678 et 1684. Le roi l’utilisait pour les événements imC’est le peintre Charles Le Brun qui s’était chargé à l'époque du décor de cette galerie. Louis XIV lui avait demandé de peindre les événements importants de ses 17 premières années de règne, par exemple la guerre de Hollande (1672-1678).portants, les grandes fêtes de la Cour, par exemple les mariages princiers.Un montage inéditL’opération de restauration est inédite surtout par son mode de financement. C’est Vinci, groupe industriel français spécialisé dans les travaux publics et la construction, qui a financé les travaux. Mais la société privée n’a pas seulement signé un chèque, comme un mécène classique, elle a conduit les travaux.

L’établissement public de Versailles lui a délégué la maîtrise d’ouvrage des travaux. Vinci a passé lui-même les appels d’offres. Et l’entreprise a utilisé les compétences de plusieurs de ses filiales, spécialisées dans la restauration d’art.

Cette gestion des travaux est une première pour Versailles, dont les rénovations sont d'habitude financées par l’Etat, par l’intermédiaire du budget du ministère de la Culture. En 2006 par exemple, 18 millions € de subventions ont été accordées.

Au total, sur les 135 millions € que doivent coûter les réparations jusqu’à 2009, 96 millions vont être versés par l’Etat, le reste sera financé par les fonds propres du château.

Des fonds américains pour les fontainesDes mécènes apportent également régulièrement leur aide financière. Par l’intermédiaire de la Société des amis de Versailles par exemple. «Nous trouvons des mécènes pour de grandes restaurations», explique Anémone Wallet, directeur délégué.

«Nous avons par exemple trouvé la fondation American Friends of Versailles, qui a donné 4 millions de dollars pour la restauration du Bosquet des trois fontaines, achevée en 2004». Les donateurs américains ont financé les deux tiers de ces travaux. La société des amis de Versailles cherche désormais des mécènes prêts à payer la rénovation du Pavillon Frais, dans le jardin du Petit Trianon.

Le domaine de Versailles est un immense chantier. En 2003, l’Etat a décidé de lancer 17 ans de travaux, un projet appelé «le Grand Versailles». Budget : 135 millions € pour les 7 premières années. Tout le domaine est concerné, le parc et le château.

L'une des premières phases a été, en 2004, la rénovation du Bosquet des trois fontaines, imaginé par le jardinier André Le Nôtre en 1677 et laissé depuis 2 siècles à l’abandon.

Les travaux au DomainePour les années à venir, Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture et nouveau président de l'établissement public qui gère le domaine de Versailles, a donc de nombreux chantiers à superviser.

Page 51: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Un nouveau visage pour la Cour royale. Elle est en train d’être repavée, pour être remise à son niveau d’origine. Une grille comme celle qui existait jusqu’au XVIIIème siècle va être reposée.

Les toitures du château, qui ont souffert de la tempête de 1999, vont être refaites. La sécurité va être renforcée. D’une part pour protéger le château contre les vandales

(par exemple avec des caméras de vidéosurveillance et des vitres anti effraction). D’autre part pour protéger les visiteurs (détection des incendies, dispositifs d’évacuation). Ces travaux invisibles entraînent la fermeture de l’Opéra royal jusqu’en 2008.

Les personnels administratifs, logistiques et techniques du domaine vont être regroupés dans le Grand commun, construit au XVIIème siècle pour accueillir déjà à l’époque les services nécessaires au fonctionnement du château.

Une fois le personnel administratif déménagé, le pavillon Dufour se trouvera libéré pour l’accueil du public. Un centre y sera installé pour préparer les visiteurs à la visite, avec des maquettes, des plans, ainsi qu’une librairie, un salon de thé et des toilettes (qui sont rares dans le château).

Le risque d'un Versailles-LandEt si, en 2009, le Grand prix de France de Formule 1 avait lieu à Versailles, autour du château? L’idée a été lancée alors que le circuit français de Magny-Cours, dans la Nièvre, ne satisfait plus. La municipalité de Versailles envisage la possibilité de se porter candidate à la succession.

Une idée qui, si elle se réalise, devrait agacer encore ceux qui pensent que le Château est géré davantage comme un parc de loisirs que comme un élément du patrimoine à protéger. «Il faut toujours plus de monde, toujours plus d'événements souvent sans rapport avec la vocation du château, toujours plus de travaux qui attireront l'attention des médias, fût-ce au détriment du domaine», proteste Didier Ryckner, du site Latribunedelart.com, dans un article intitulé 'Domaine de Versailles ou Versailles-Land'.

Il regrette par exemple que les évolutions apportées au domaine au XIXème siècle soient souvent annulées pour tenter de retrouver l’état du XVIIème. Par exemple, la statue de Louis XIV qui avait été placée dans la Cour royale par Louis Philippe a été enlevée – on ne sait pas encore où elle sera installée après sa restauration. A sa place sera reposée la grille royale disparue depuis 1789. http://www.latribunedelart.com/Patrimoine/Patrimoine_2007/Versailles/Versailles_Mur_3.htm

Mercredi 27-6-2007 : ouverture au public de la Galerie des Glaces du château de Versailles après 3 ans de travaux. Le groupe Vinci a investi 12 millions d'€ dans le rafraîchissement du décor et des plafonds de la galerie de 73 mètres. Ces travaux supervisés par l’architecte en chef, Frédéric Didier, ne sont qu’une partie de l’énorme chantier engagé depuis 2004 visant à sécuriser et moderniser le domaine du château de Versailles. Ces réparations et aménagements s’inscrivent dans la longue liste des chantiers de Versailles. Depuis l’installation du domaine de chasse de Louis XIII en 1623, Versailles n’a cessé de s’agrandir, de se modifier, se transformer, s’adapter aux exigences de ses différents propriétaires et survivre aux contraintes du temps. Zoom sur Versailles, vitrine du savoir-faire français.

Page 52: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Chef-d’œuvre de Versailles, la galerie des Glaces mesure 73 m de long, 10,50 m de large et 12,30 m de haut. Ses 17 fenêtres, ouvrant sur le jardin, répondent à 17 arcades ornées de miroirs." J’ai été aussitôt saisi par la magnificence du lieu, par sa puissance, ses formes et sa résonance historique ", confie Jean d'Orléans. Pour la première fois depuis la fin de sa réalisation en 1684, la galerie fait l’objet d’une restauration totale. Dix-huit mois et une soixantaine de spécialistes ont été nécessaires pour achever la première partie. Le chantier, d’un coût total de 12 millions d’euros, devrait se terminer en mai 2007.Œuvre de Le Brun, le décor sur la voute de la galerie des Glaces retrace les hauts faits de Louis XIV. Il s’organise, dans une rigoureuse symétrie, autour de la peinture centrale du roi.Les compositions en stuc (trophées, anges, guirlandes…) de la galerie des Glaces font l’objet d’un nettoyage particulièrement soigné. Les éléments fissurés ou cassés sont recollés et remaillés, tandis que les parties lacunaires sont complétées.Les peintures de la voute, exécutées entre 1681 et 1684, s’étalent sur une surface de 1 000 m2, formant l’ensemble pictural le plus grand de France. Elles sont l’exemple type de la quadratura, l’art qui consiste à fusionner la peinture avec l’architecture, la sculpture et l’ornement. Le décor forme un tout, avec des effets de trompe-l’œil. Sa restauration a révélé la délicatesse de la palette de couleurs de Charles Le Brun, premier peintre du roi. 

GlacesComme son nom l'indique, la galerie des Glaces est originale en raison de ses 220 mètres carrés de miroirs anciens. Avant 1678, en effet, personne n'avait imaginé en utiliser sur une telle surface.

D'abord, parce que le verre était soufflé et non coulé, ce qui interdisait la création de grands miroirs. Ensuite, parce que ceux-ci, du fait de leur prix exorbitant, représentaient un luxe inouï. Les secrets de fabrication venaient d'Italie et ne se transmettaient, en principe, que de père en fils ou de maître à disciple.

«Aujourd'hui, explique le miroitier Vincent Guerre, personne ne saurait reproduire ces œuvres, dont le charme tient d'abord à... leurs défauts. Nous avons perdu la technique du soufflage et de l'étamage pour de tels objets très épais; nous n'utilisons plus le bois ni les algues qui servaient à chauffer les fours. Enfin, il est depuis longtemps interdit de fabriquer des miroirs au mercure! D'ailleurs, même si l'on y parvenait, il manquerait encore l'inimitable patine du temps.» Bref, pour remplacer les 30 mètres carrés de miroirs cassés, fendus ou carrément pas d'époque, Vincent Guerre a dû aller puiser dans son stock de matériaux anciens. Et dans celui du Sénat.

«De tels miroirs ne se réparent pas, ajoute -t-il. Soit on les garde, soit on les change. Toute la difficulté tient dans la mani-pulation et la découpe du verre. Sur ce chantier, je n'ai cassé qu'une glace. Le dernier jour, évidemment!»

La plus célèbre galerie du monde va enfin pouvoir se regarder dans la glace! Ou plutôt dans ses glaces: 357 miroirs anciens d'une valeur inestimable qui, depuis plus de trois siècles, reflètent les grandes heures de l'histoire de France. Mais qui renvoyaient aussi à ces lieux illustres, depuis quelques décennies, l'image de leur délabrement.Le 25 juin prochain, donc, sera inaugurée une galerie des Glaces flambant neuve, restaurée du sol au plafond pour la première fois depuis sa création. 12 millions d'euros, une année

Page 53: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

d'études préliminaires, trois autres de travaux, une quarantaine d'entreprises hautement spécialisées et un mécénat hors du commun tout, ici, aura relevé de l'exploit, d'autant que l'Etat exigeait que la galerie restât ouverte au public durant les travaux. «Cette restauration était si emblématique et si exigeante qu'au début certains ouvriers n'osaient pas parler à voix haute sous les voûtes de Le Brun», raconte Nicolas Chiri, le responsable de la mise en lumière. Du miroitier aux peintres, en passant par les doreurs, les marbriers, les menuisiers, les maçons, les électriciens, les architectes, tous ou presque confirment qu'il s'agissait là du chantier de leur vie. Celui qu'ils n'avaient pas le droit de rater.

Des peintures ternies...

par les bougiesPour mesurer l'importance de ce défi, il faut d'abord comprendre l'esprit du lieu. Construite en six ans, de 1678 à 1684 - la galerie des Glaces, reliant les appartements du roi à ceux de la reine, était conçue comme une sorte de décor de théâtre destiné à mettre en scène la gloire de Louis XIV et le «génie français». Par sa richesse, sa taille et son faste, elle devait susciter l'admiration du monde entier. Et s'imposer comme une œuvre inimitable, unique en son genre. Unique pour ses miroirs placés face à de hautes portes-fenêtres de manière que la galerie, reflétant les jardins du château, ait l'allure d'une terrasse couverte, idée neuve à une époque où l'on maîtrisait encore mal les techniques de la miroiterie. Unique pour ses 1 000 mètres carrés de voûte peints par Le Brun et ses élèves, où l'on découvre la marche du roi vers la paix au cours des dix-sept premières années de son règne. Unique, aussi, pour la qualité et l'audace de ses trompe-l'œil, pour ses 73 mètres de longueur, ses 1 100 mètres carrés de marbres et ses décorations ayant nécessité quelque 400 000 feuilles d'or. Unique, enfin, parce qu'elle inaugure, à sa manière, un certain classicisme à la française, où l'on n'hésite pas à représenter Louis XIV et sa famille en héros antiques.Certes, les marbres blancs viennent d'Italie, tout comme la technique de la quadratura (simulation, sur les murs, à l'aide de la perspective, de décors scéniques qui prolongent artificiellement l'espace) ou encore le secret de la fabrication des miroirs, volé à Murano. Et pourtant, cette galerie, dont les travaux sont supervisés par Colbert, se veut une vitrine de la France. Les marbres de couleur ont été rapportés des Pyrénées ou du Hainaut, les miroirs ont été fabriqués à Tourlaville, près de Cherbourg. Les artistes aussi sont français, tout comme les chapiteaux, ornés de plumes de coq gaulois en lieu et place des traditionnelles feuilles d'acanthe.Dès ses débuts, cette pièce démesurée, éclairée par plusieurs dizaines de lustres en cristal, a souffert du suif des bougies qui ternissait les peintures, puis des altérations dues au temps, à la foule, aux infiltrations d'eau et... aux restaurations successives. Dès 1752, il faut refixer certaines toiles qui se détachent de la voûte. Après 1789, les révolutionnaires s'attaquent aux corniches et aux sculptures afin d'en ôter les fleurs de lys, les couronnes et tout ce qui peut rappeler l'Ancien Régime. Louis XVIII s'empresse de rétablir ces décors lorsqu'il arrive au pouvoir, mais pas toujours d'après les œuvres originales. Les toiles sont aussi déposées pour restauration - ce qui ne manque pas de les abîmer - et repeintes par endroits, sans la finesse de Le Brun, dont on a, à jamais, perdu la technique. «Comme le reste du château, la galerie des Glaces est un mille-feuille historique, une série de couches superposées retraçant les interventions à diverses époques successives», explique Pétronille Eynaud de Faÿ, qui a coordonné l'ensemble du chantier.

Page 54: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Résister à la tentation des «imitations»

Sous le contrôle souverain des 20 experts du comité scientifique, il a donc fallu, après de multiples sondages, nettoyages, tests, prélèvements et études de documents d'époque, distinguer l'état original des repeints. Et prendre des décisions. Cinzia Pasquali, qui dirige le groupement des Restaurateurs associés, explique: «Nous intervenons le moins possible, nous n'appliquons que des produits réversibles et préservons, a priori, le dernier état historique connu, les tentatives de retour à l'origine étant souvent hasardeuses.» Si ces principes sont clairs, tout l'art consiste ensuite à harmoniser les différents états, afin de garder une cohérence à la galerie. Et à essayer de conserver, autant que possible, les œuvres d'origine, tout en résistant à la tentation de faire des imitations du xviie siècle.

Cela a ainsi engendré quelques débats passionnés au sein du comité scientifique, en particulier à propos des «couronnes des métopes» (les décors de frise). Celles d'origine, en stuc doré, ont été détruites par les sans-culottes et, au xixe siècle, remplacées par d'autres, fort différentes, en papier mâché. «Nous avions les dessins des couronnes du xviie siècle, mais nous n'allions pas en réaliser des copies qui auraient été des faux du... xxie siècle!» insiste Cinzia Pasquali. La décision de réhabiliter les oculi (ouvertures de forme circulaire) qui, côté jardins, venaient jadis éclairer la voûte de Le Brun a, elle, été prise à la quasi-unanimité. En l'absence de certitude historique ou scientifique, c'est la cohérence esthétique qui prime. L'entablement était-il peint en blanc ou en faux marbre? Dans le doute, le conseil optera dans sa majorité pour le faux marbre, qui se marie mieux avec l'ensemble.

Les finitions du XVIIe étaient grossières

Au final, en ce qui concerne les peintures, celles sur enduit sont pour la moitié seulement d'origine, le reste datant du xixe. Les toiles, en revanche, patiemment décapées et restaurées, ont retrouvé pour la plupart leur état et surtout leur éclat du xviie siècle, dû en particulier au bleu lapis-lazuli omniprésent, qui confère toute sa beauté et sa légèreté à la galerie rénovée. «C'est la grande surprise de cette restauration, explique Pétronille Eynaud de Faÿ. Nous ignorions la présence massive de ce pigment minéral inaltérable, très rare et très cher, qui était caché sous les couches de crasse.» L'autre surprise des restaurateurs - mauvaise, cette fois - aura été de constater l'état de délabrement avancé de la galerie, qui n'avait été ni dépoussiérée ni expertisée depuis un demi-siècle. Bref, il était temps d'agir!

Cinzia Pasquali aussi a été très étonnée en découvrant l'envers du royal décor de constater la grossièreté des finitions du xviie siècle. «Tout ce qui ne se voit pas n'est ni doré ni fini, pas même enduit, constate la restauratrice. On a également retrouvé des gravats que personne ne s'était donné le mal d'évacuer!» En ce sens-là aussi, la galerie est un décor de théâtre. Tout pour l'apparence!

Page 55: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Durant ces trois années passées le nez sur la voûte, à vivre parmi les angelots, les nuages et les guerriers peints, les restaurateurs ont pu, en revanche, apprécier la qualité des trompe-l'œil. «De près, on a l'impression que le travail est maladroit, poursuit Cinzia Pasquali. En fait, les artistes déformaient leurs dessins en raison de la perspective. Vus d'en bas, ils sont parfaits.» On imagine ainsi l'angoisse lorsque les échafaudages furent déposés. «C'était l'heure de vérité, explique Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments historiques. Enfin, on allait savoir si les tons des peintures décapées s'harmonisaient entre eux, si les dorures n'étaient pas trop clinquantes ou disparates. Et, miracle, à quelques détails près, tout fonctionne.» Tout fonctionne même si bien que, le 30 avril, lors d'une ultime réunion, le comité scientifique a applaudi. Seul bémol de Pierre Arizzoli-Clémentel, président de ce comité: «Maintenant, les grands appartements semblent bien ternes, comparés à la galerie!» A bon entendeur...

La restauration de la galerie des Glaces est à ce jour le plus important mécénat culturel jamais réalisé en France. Et aussi le plus innovant. Lorsqu'en 2003 Vinci décide d'investir 12 millions d'euros dans ce grand chantier, le géant du BTP sait qu'il prend des risques. D'abord, parce qu'il n'a pas le droit à l'erreur sur l'un des sites les plus visités du monde. Ensuite, parce que, dans le cadre de ce que l'on appelle un mécénat de compétence, l'entreprise n'a fourni que 5 millions en argent, le reste provenant de son savoir-faire en matière de patrimoine. Ainsi, opération inédite en France, l'établissement public de Versailles a-t-il délégué la maîtrise d'ouvrage des travaux à cette société privée, qui a passé elle-même les appels d'offres, sous le contrôle du comité scientifique, du comité de pilotage, du comité de suivi et, en particulier, de Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments historiques.

Le chantier a été divisé en une dizaine de lots. Vinci ou ses filiales ont donc assumé directement ce qui relevait de leur secteur de compétences - l'électricité, les marbres, les bronzes, la maçonnerie, les échafaudages, la sécurité, la coordination, etc. - tandis que les Restaurateurs associés de Cinzia Pasquali s'occupaient plus spécifiquement des peintures et des dorures.

«C'était le chantier de tous les dangers», explique Pierre Coppey, directeur général adjoint de Vinci. Il a fallu en effet coordonner l'ensemble de ces corps de métier très spécialisés, entretenir un dialogue constructif avec l'administration, créer un esprit d'équipe sur le site et... avancer en tenant les budgets et les délais. Tout cela, bien sûr, en réalisant un travail irréprochable. Pétronille Eynaud de Faÿ, la coordonnatrice, a su, avec Franck Lebreuil, chargé de la sécurité, et Cinzia Pasquali, qui soignait les états d'âme de ce petit monde à coups de foie gras, créer une véritable dynamique, déjà amorcée par la magie des lieux et l'ampleur du défi.

Le fait de se retrouver chaque jour, durant trois ans, sur ce chantier hermétiquement clos, construit au niveau de la voûte et des murs de la galerie, a aussi contribué à souder les équipes. Et facilité leur travail, puisque le public ne voyait rien des travaux en cours. La galerie ayant été restaurée en deux temps, les 3,5 millions de visiteurs annuels ont pu admirer la partie nord quand la partie sud était en chantier et vice versa. Aujourd'hui, la galerie leur est rendue en entier. Plus belle que jamais.

Page 56: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Les Ateliers Saint Jacques Métallerie viennent de se voir attribuer la reconstitution complète de la Grille Royale du Château de Versailles telle qu'elle existait avant la révolution de 1789.

Les Ateliers Saint Jacques et la Fonderie d'Art de Coubertin qui  font partie de la Fondation de Coubertin, reconnue d'utilité publique, ont réalisé d'importants travaux à Versailles depuis de nombreuses années.

On peut citer entre autres :

-    par l’atelier de métallerie, o    la restauration des balcons de la chambre du Roi, o    la reconstitution complète des grands balcons de la cour d’honneur, o    la restauration de la grande grille du potager du Roi,

-    par la menuiserie, la restauration de la Galerie des Glaces,

-    par la fonderie la restauration ou la reconstitutiono     de nombreuses fontaines en plomb, o     de la monumentale coquille en plomb de la fontaine supérieure du Bosquet des Trois Fontaines ...

Le rétablissement de la Grille Royale, qui passe sur l'emplacement de la statue équestre de Louis XIV, mise en place par le Roi Louis-Philippe en 1836,  a conduit à retirer celle-ci. En attendant de retrouver une place de choix à Versailles, elle est en cours de restauration à la Fonderie de Coubertin.

StatistiquesCoût de Versailles

Étalement : dépenses les plus considérables lors des paix : d'Aix-la-Chapelle 1668, de Nimègue 1678, trêve de Ratisbonne 1684 (qui paraît avoir rapporté 4 millions de livres à Louis XIV). Entre 1664 et 1680, Louis XIV y consacre près d'un million de livres par an.

Coût total : bâtiments, jardins et domaines, sans compter les fêtes : 80 millions de livres, dont 9 pour l'adduction des eaux de l'Eure, pour alimenter les fontaines des jardins. Cette somme correspondait, d'après Jean Fourastié (1907-90), à 1 500 millions d'h de travail d'un man?uvre, payé à l'époque 1 sou par h. A titre de comparaison : coût de la tour Eiffel, en 1889 : 7,5 millions de F (30 millions d'h à 0,25 F l'h), soit 50 fois moins.

Budget Budget annuel : 32 millions d'€ dont recettes propres 2/3, Etat 1/3 En 2007 (en milliers d'€) :

o dépenses de fonctionnement 38 174,90o recettes de fonctionnement 39 543,94o dépenses d'investissement 31 696,67o recettes d'investissement 24 442,27

Page 57: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Subvention de fonctionnement : aucune depuis 2002.

Effectifs Total (à mai 2007) : 952 dont

o fonctionnaires 582,o vacataires 242,o contractuels 128.

Entrées (château et Trianons ; en millions) 1958 : 0,86 ; 1967 : 2,05 ; 1977 : 2,83 ; 1982 : 3,34 ; 1990 : 4,3 ; 1994 : 3,28 (gratuité : 40 %) ; 1996 : 2,92 ; 1998 : 2,68 ; 1999 : 2,9 ; 2000 : 2,9 (jardins 4) ; 2001 : 2,6 ; 2002 : 2,9 ; 2003 : 2,9 ; 2004 : 3,3 ; 2005 : 4,5. 2006 : 4,7

La succession de la Place d’armes, et des trois cours du château - Avant-cour, Cour royale et cour de Marbre - est le résultat de plusieurs campagnes de travaux. Dès 1662, Louis XIV ordonne, parmi les premières transformations du petit château de son père, l’élargissement de la basse cour et l’aménagement de ses abords. Son Premier architecte Louis Le Vau réédifie les deux ailes des Communs aux deux côtés de cette basse cour qui correspond aujourd’hui à la Cour royale. Il reconstruit également les pavillons de garde qui encadrent la grille.

Mais dix ans plus tard, cette entrée est complètement modifiée : les ailes des Communs (désormais « des Offices ») sont ennoblies en leur extrémité par l’édification de colonnades ou portiques sur lesquels s’aligne une nouvelle grille créant la Cour royale ; celle-ci est précédée d’une avant-cour depuis qu’en 1670-1671 quatre pavillons ont été construits pour les Secrétaires d’Etat.

Il faudra attendre dix autres années et les travaux menés sous la direction du nouveau Premier architecte J. Hardouin-Mansart en 1680-1681 pour que cette avant-cour présente son aspect actuel. Elle est désormais précédée de la Place d’armes, sur laquelle s’ouvrent les deux corps de garde des Gardes françaises et des Gardes suisses aménagés sous les nouvelles rampes de l’Avant-cour. Une nouvelle grille (dite aujourd’hui

Page 58: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

grille d’honneur), flanquée de deux guérites pour les gardes, vient la fermer. Les pavillons des Secrétaires d’Etat sont raccordés par des corps de logis, l’ensemble constituant les ailes des Ministres. Enfin, deux guérites, à l’instar de celles de la grille d’honneur, sont créées pour les Gardes de la porte en faction à la grille de la Cour royale.

Par la suite, des modifications affectent la séparation des deux cours : en 1772-1774, l’édification du pavillon Gabriel qui fait disparaître un des deux portiques des anciennes ailes des Offices ; en 1794, la destruction de la grille de la Cour royale et de ses guérites ; enfin, en 1814-1820, la suppression du deuxième portique et l’édification du pavillon Dufour. 1814 voit également la modification des toitures des pavillons des ailes des Ministres.

Création du décor sculpté

Les morceaux de sculpture les plus remarquables sont les quatre grands groupes qui, deux à deux, ponctuaient les extrémités de l’Avant-cour. Ils le sont non seulement par leur qualité esthétique, leurs dimensions, leurs auteurs - Girardon, Marsy, Tuby et Coysevox considérés comme les meilleurs sculpteurs - mais aussi parce qu’ils appartiennent au vaste programme iconographique qui, à partir de la grille d’entrée, se déroule à travers les cours, jusqu’au fronton de la cour de Marbre. Ce programme iconographique est orchestré par le peintre Charles le Brun, dont seulement une partie des dessins distribués aux sculpteurs a pu être retrouvée. Dès l’abord, la victoire de la France sur les puissances ennemies est illustrée par les deux groupes de la première grille ; elle apporte la paix et l’abondance, thèmes figurés par les groupes qui encadraient la seconde entrée.

1662. Décor des piliers de la grille et des pavillons de garde fermant la nouvelle basse cour

1671. Premier décor des pavillons des Secrétaires d’Etat 1672-1673. Sculpture des douze figures des portiques des ailes des Offices 1680-1682. Sculpture de l’entrée des corps de garde sous les rampes. Réalisation et

mise en place des quatre groupes au-dessus des guérites de l’Avant-cour et de la Cour royale ; décor des fontaines des rampes ; décor des lucarnes des ailes des Ministres et enrichissement du décor des pavillons des Secrétaires d’Etat

Entre 1771 et 1826. Décors des pavillons Gabriel et Dufour

Modifications et restaurations 1705. Première restauration des quatre grands groupes de l’Avant-cour 1771. Destruction des six figures du portique nord 1793-1794. Mise en réserve des groupes de la Paix et de l’Abondance. Destruction du

décor des entrées des corps de garde 1814. Restauration des deux groupes de la France victorieuse. Destruction des plombs

des combles des pavillons et disparition des vases des lucarnes des ailes des Ministres ; disparition des six figures du portique sud

1837. Restauration des groupes de la Paix et de l’Abondance et disposition à leur emplacement actuel

Page 59: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

1878-1880. Restauration des quatre grands groupes de l’Avant-cour 1993-1995. Nouvelle restauration des quatre groupes 2000. Restitution des plombs du comble du pavillon nord-est des Ministres 2004. A ce jour, la restitution de la grille de la Cour royale et le transfert des groupes

de la Paix et de l’Abondance à leur emplacement d’origine sont prévus pour 2007. La réalisation de ce projet redonnera sa cohérence au discours iconographique

Page 60: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,
Page 61: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,
Page 62: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Ethiopie: début des travaux de réinstallation de l'obélisque d'AxoumADDIS ABEBA (AFP)  24/10/2007 15h20

L'Ethiopie a débuté les travaux de réinstallation de l'obélisque d'Axoum, dérobé par les troupes mussoliniennes en 1937 et rapatrié en Ethiopie en 2005, a-t-on appris mercredi auprès de l'Unesco. "Pour le moment, l'obélisque se présente en trois tronçons, mais nous avons préparé les fondations, amené le matériel nécessaire et mobilisé notre main-d'oeuvre sur le chantier", a déclaré à l'AFP Sumeko Ohinata, de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), qui supervise cette opération d'un coût de 4 millions de dollars. "C'est une opération très délicate et nous ne voulons aucune incidence sur les autres obélisques, c'est pourquoi nous travaillons à la consolidation de l'ouvrage", a-t-elle ajouté. "Nous comptons terminer la réinstallation de l'obélisque d'ici la fin septembre 2008, mais l'opération ne sera achevée que quelques mois plus tard", a précisé Sumeko Ohinata Après avoir été démonté en trois tronçons en janvier 2005 à Rome, l'obélisque, de plus de 150 tonnes et de 24 mètres de haut, a été ramené en Ethiopie en avril 2006, quelque 70 ans après avoir été emporté en Italie en 1937, lors de la conquête de l'Ethiopie. Depuis son enlèvement par les Italiens, Addis Abeba n'avait cessé de réclamer la restitution de cet important vestige historique, témoignage de la grandeur passée de la civilisation d'Axoum qui, du IIIe siècle avant Jésus-Christ au VIIIe siècle, a rayonné dans la région. Les stèles d'Axoum font partie des sept sites en Ethiopie classés patrimoine de l'humanité par l'Unesco.

À la demande des gouvernements éthiopien et italien, l'UNESCO envoie à la fin du mois une mission d'évaluation à Axoum, au nord de l'Éthiopie, en vue de la réinstallation sur son site d'origine de l'obélisque qui se trouvait à Rome depuis 1937. Sur la base de cette évaluation, un projet de réinstallation de l'obélisque et de valorisation du site sera élaboré par l'UNESCO et financé par l'Italie. Afin d'assurer son transport, le monument a été découpé en trois parties. Il sera acheminé par avion depuis l'aéroport de Rome.

Le 18 novembre dernier, les gouvernements éthiopien et italien ont signé un accord sur le retour de l'obélisque d'Axoum, dans le cadre de la Convention relative à la protection du patrimoine mondial culturel et naturel de 1972. A ce titre ils ont demandé la collaboration de l'UNESCO. Le site archéologique d'Axoum a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1980. La Convention du patrimoine mondial engage les États parties « à apporter leur concours à l'identification, à la protection, à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel ».

Page 63: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

« Ce geste hautement symbolique, issu d'un commun accord entre l'Italie et l'Éthiopie, ne peut que réjouir toute la communauté internationale. C'est un moment historique », a déclaré le Directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura. « Après 68 ans d'exil, l'obélisque d'Axoum retourne au cœur de l'Éthiopie antique, dans la région du Tigré. Il sera de nouveau érigé dans son royaume qui, selon le philosophe perse Mani, était "le troisième du monde" et dont les vestiges figurent parmi les premiers sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.»

Devenue symbole de l'identité du peuple éthiopien, cette stèle funéraire de 160 tonnes et de 24 mètres de hauteur a 1700 ans environ. En 1937, elle avait été emportée à Rome par l'armée italienne.

- La première des trois parties de l'obélisque d'Axoum est arrivée le 19 avril en Éthiopie par avion. Les deux autres éléments de l'obélisque qui se trouvait à Rome depuis 1937, seront acheminés vers Axoum (site du patrimoine mondial) dans les jours qui viennent.

La mission d'experts de l'UNESCO a conduit son travail d'évaluation du terrain sur la base de laquelle un projet de réinstallation de l'obélisque et de valorisation du site sera élaboré par l'UNESCO. Les archéologues, anthropologues, ingénieurs et géophysiciens qui participent à la mission ont travaillé en étroite collaboration avec des experts d'organisations éthiopiennes.

« Nous avons trouvé des richesses insoupçonnées dans le sol du site d'Axoum », a déclaré Elizabeth Wangari, du Centre du patrimoine mondial qui a participé à la mission. « Des technologies de pointe nous ont permis de sonder le sol jusqu'à 6 mètres de profondeur. Nous avons découvert des chambres souterraines et d'importants vestiges archéologiques. De nouvelles études s'imposent avant de procéder à l'érection de l'obélisque. »

Un travail de préparation du site d'Axoum aura lieu avant la réinstallation de l'obélisque, prévue dans quelques mois. Ce projet a été rendu possible par la collaboration entre l'Éthiopie, l'Italie et l'UNESCO.

Djibouti, vendredi 4 novembre. Quid de ce raffut soudain dans mon hôtel ? Un groupe de rastas US faisant escale avant le pèlerinage à Addis-Abeba ? Non point : cinq Italiens en goguette touristique, débarquant tout juste de la capitale éthiopienne où ils ont été servis question tourisme : grèves, manifestations, émeutes, fusillades. De vingt à quarante morts selon la télé d’Addis – au moins deux cents, selon leurs estimations et recoupements… Pas de taxis et aucun transport, toutes les boutiques fermées, ainsi que les musées. Ils ont été servis, ces visiteurs de la péninsule – en fait, des enseignants du lycée italien d’Asmara, en Erythrée, seule vraie colonie italienne durant une trentaine d’années.

Page 64: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

L’Italie mussolinienne et fasciste avait tenté, en vain, de coloniser l’Abyssinie de 1935 à 1941. Cet épisode reste vivace dans les mémoires éthiopiennes,, d’autant qu’un des symboles de l’Éthiopie antique, une des obélisques d’Axoum, volées par les Italiens qui l’emmenèrent à Rome, ne fut restituée qu’en avril dernier…

Le premier tronçon de l’obélisque, dont le retour avait été annoncé à maintes reprises, est finalement arrivé à Axoum à bord d’un Antonov, accueilli par des centaines de personnes qui ont défilé aux rythmes de tambours pour manifester leur joie. Les deux autres tronçons ont été acheminés dans les jours suivants.

L’obélisque, une stèle funéraire de plus de 150 tonnes, haute de 24 mètres, avait été emportée en Italie en 1937, lors de la conquête de l’Ethiopie par les troupes de Mussolini. Depuis, Addis Abeba n’avait cessé de réclamer la restitution de cet important vestige historique, témoignage de la grandeur passée de la civilisation d’Axoum qui, du IIIe siècle avant Jésus-Christ au VIIIe siècle, a rayonné dans la région.

Axoum fut la capitale d’un empire qui dominait la corne de l’Afrique, du Soudan jusqu’au Yémen. Les historiens décrivent cette période comme l’apogée d’un pays regorgeant d’ivoire, de poudre d’or, d’esclaves, d’aromates et d’émeraudes, destinés au commerce avec les autres

Page 65: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

puissants royaumes de l’époque. Selon les archéologues, l’obélisque fut érigé au IVe siècle, sous le règne du roi Ezana, pour faire office de stèle funéraire. Ezana était alors surnommé le Constantin de l’Ethiopie, en référence au puissant empereur romain qui était son contemporain.

Si elle n’est plus qu’une petite ville de la province du Tigré, Axoum profite largement de ce glorieux passé. Inscrite au patrimoine mondial de l’humanité en 1980, elle demeure le coeur identitaire et historique du pays. D’où l’obstination des Ethiopiens à récupérer la Flûte de Dieu, expression forgée par un poète local pour désigner l’obélisque.

L'Ethiopie a débuté les travaux de réinstallation de l'obélisque d'Axoum, dérobé par les troupes mussoliniennes en 1937 et rapatrié en Ethiopie en 2005, a-t-on appris mercredi auprès de l'Unesco.

"Pour le moment, l'obélisque se présente en trois tronçons, mais nous avons préparé les fondations, amené le matériel nécessaire et mobilisé notre main-d'oeuvre sur le chantier", a déclaré à l'AFP Sumeko Ohinata, de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), qui supervise cette opération d'un coût de 4 millions de dollars.

"C'est une opération très délicate et nous ne voulons aucune incidence sur les autres obélisques, c'est pourquoi nous travaillons à la consolidation de l'ouvrage", a-t-elle ajouté.

"Nous comptons terminer la réinstallation de l'obélisque d'ici la fin septembre 2008, mais l'opération ne sera achevée que quelques mois plus tard", a précisé Sumeko Ohinata

Après avoir été démonté en trois tronçons en janvier 2005 à Rome, l'obélisque, de plus de 150 tonnes et de 24 mètres de haut, a été ramené en Ethiopie en avril 2006, quelque 70 ans après avoir été emporté en Italie en 1937, lors de la conquête de l'Ethiopie.

Depuis son enlèvement par les Italiens, Addis Abeba n'avait cessé de réclamer la restitution de cet important vestige historique, témoignage de la grandeur passée de la civilisation d'Axoum qui, du IIIe siècle avant Jésus-Christ au VIIIe siècle, a rayonné dans la région.

Les stèles d'Axoum font partie des sept sites en Ethiopie classés patrimoine de l'humanité par l'Unesco.

Page 66: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

II

Méthodologie de la conservation-restauration

1. Comprendre

1ere étape : évaluation d’un lieu patrimonial

a. Etude historique

Recherche documentaire et orale

b. Etude matérielle / archéologique

Investigations physiquesTraces physiques

2. Planifier

Planification : mécanisme qui établit le lien entre une compréhension approfondie d’un lieu patrimonial et des interventions respectueuses de la valeur patrimoniale propre au lieu.

a. Plan directeur

Penser à long terme

Définir les orientations : Perspective d’ensemble + ne pas mettre l’accent sur des éléments caractéristiques particuliers au détriment des autres

Etablir des choix :La planification doit tenir compte de tous les facteurs qui influencent l’avenir d’un lieu patrimonial, y compris les besoins du propriétaire, les ressources et les contraintes externes

b. Projet de restauration

c. Ligne directrice

Page 67: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Guide pratique pour appliquer les normes de conservation des lieux patrimoniaux, indiquant les actions conseillées et celles déconseillées

Page 68: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

III

Histoire du patrimoine

Naissance du concept de patrimoineTextes fondateurs, chartes, etc.Histoire du patrimoine en Belgique

Prosper Mérimée, qui fut reçu avocat, a étudié le droit ainsi que de nombreuses langues : grec, arabe, anglais et russe. Il est l’un des premiers traducteurs de la langue russe en français.

En 1834, il succède à Ludovic Vitet comme inspecteur général des Monuments historiques et c'est à ce moment qu'il demanda à Viollet le Duc d'effectuer une de ses premières restaurations d'édifice en France. Le père de Prosper Mérimée occupait la fonction de secrétaire dans le même établissement. Il conserve cette fonction jusqu’en 1860. Il a effectué tous ses voyages avant la fin de l’installation du chemin de fer.

En 1830, Mérimée rencontre en Espagne la Comtesse de montijo avec laquelle il sympathise. Quand la fille de la comtesse devient l’impératrice Eugénie en France en 1853, Mérimée devient sénateur.

Il est élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1843, et de l'Académie française en 1844.

Ayant pris fait et cause pour son ami le comte Libri, Mérimée est condamné à quinze jours de prison et à mille francs d'amende et écroué le 4 juillet 1852 à la Conciergerie. Son décès avait été déclaré dans toute la capitale alors qu'il n'était pas encore mort. Un démenti paru dans Le Figaro a finalement détruit la rumeur.

À partir de 1834, Prosper Mérimée commence à faire recenser sur l'ensemble du territoire français les ensembles architecturaux remarquables. En son honneur, le ministère de la Culture et de la Communication a créé la base Mérimée, qui recense l'ensemble des monuments historiques et, au-delà, le patrimoine architectural remarquable.

C'est en août 1834, au cours de son voyage vers le sud de la France, que Mérimée découvre en Bourgogne l'église abbatiale de Vézelay. Immédiatement il alerte le ministre de l'Intérieur sur l'état du monument : "il me reste à parler des dégradations épouvantables qu'a subies cette magnifique église. Les murs sont déjetés, pourris par l'humidité. On a peine à comprendre que

Page 69: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

la voûte toute crevassée subsiste encore. Lorsque je dessinais dans l'église, j'entendais à chaque instant des petites pierres se détacher et tomber autour de moi… enfin il n'est aucune partie de ce monument qui n'ait besoin de réparations… Si l'on tarde encore à donner des secours à la Madeleine, il faudra bientôt prendre le parti de l'abattre pour éviter des accidents".Dès l'année suivante la Commission obtient un crédit de 80.000 F pour la restauration de l'édifice. Plusieurs architectes, dont Caristie et Duban, se récusent.

Mérimée fait alors appel à un jeune architecte de vingt-cinq ans, neveu de son ami le peintre Étienne Delécluze et nommé depuis peu auditeur au Conseil des bâtiments civils, Eugène Viollet-le-Duc. La Commission lui commande un rapport de restauration qu'elle approuve le 29 mars

Les travaux commencent aussitôt et se poursuivent jusqu'en 1859. L'architecte reconstruit les arcs-boutants, les voûtes des quatrième, cinquième et sixième travées de la nef, rétablit les voûtes romanes des quatre dernières travées refaites au XIIIe siècle, reprend en sous-œuvre la pile soutenant la tour sud, restaure la façade ouest et le chœur. Outre les devis et rapports, Viollet-le-Duc a réalisé de très beaux dessins permettant de comprendre son parti de restauration.

La Commission suit de près les travaux de Vézelay et ses membres se rendent sur place en 1851. Ce sauvetage, exécuté avec prudence et habileté, est loué par Vitet et Lenormant.

861 : Des moines bénédictins s'installent au sommet de la colline de Vézelay. Un moine est envoyé à Saint-Maximin en Provence pour ramener les reliques de Marie-Madeleine.

878 : Le pape Jean VIII dédicace la première église carolingienne du monastère, dont la crypte subsiste de nos jours.

En 1790, l'abbatiale de Sainte Marie-Madeleine devient une simple église paroissiale. L'abbaye, vendue à la Révolution a servi de carrière de pierres, il n'en reste pratiquement rien. De l'abbaye il reste cependant la salle capitulaire en bon état de conservation, servant aujourd'hui de chapelle annexe et le long de cette salle quelques arcades du cloître. Les maisons adjacentes portent toutes des traces des bâtiments conventuels qui étaient sans doute de grande proportion.

C'est en 1840 qu'intervient Eugène Viollet-le-Duc pour la restauration du bâtiment, suite à l'inspection faite par Prosper Mérimée. En effet, l'église avait subi bien des dommages avec le saccage par les Huguenots en 1569, les sculptures du tympan avaient été martelées aux alentours de 1793 et la foudre s'est abattue en 1819 sur la tour Saint-Michel. La restauration s'achève en 1876 par la remise des reliques de Sainte Marie-Madeleine et le rétablissement des pèlerinages, qui seront de nouveaux arrêtés en 1912.

Page 70: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

La polémique

Lors des vives critiques du député de l'Yonne, Garnier, sur la conduite du chantier, Mérimée prend la défense de

Viollet-le-Duc : "Je vous rappellerai seulement" écrit-il à Vitet dans une lettre du 5 juin 1847 "que le travail critiqué a été exécuté conformément à l'avis de la commission et conformément au système de consolidation proposé par Caristie. Les travaux vont bien d'ailleurs. L'église reprend de la vie et si l'on avait de l'argent, tout serait fini en deux campagnes."Commencée en 1840, la collaboration de Viollet-le-Duc avec Mérimée, dont il devient l'ami, ne s'éteindra qu'à la mort des protagonistes.

Portail central du nartex :

Le narthex est doté de sculptures romanes qui sont parmi les plus belles qui soient : une collection de chapiteaux complémentaires à ceux de la nef, mais surtout les trois portails merveilleux qui s'ouvrent sur la nef. Le portail central est la gloire de Vézelay et l'un des plus beaux portails romans en France. L'ensemble d'une énorme richesse a été sculpté vers 1125-1130 et représente le miracle de la Pentecôte, avec l’envoi des Apôtres sur le tympan autour du grand Christ en Majesté. Son corps majestueux occupe la mandorle ; ses mains envoient des rayons aux têtes des douze Apôtres, qu'il envoie pour évangéliser les peuples. La scène est entourée par huit compartiments où sont sculptées plusieurs scènes aux saints et peuples variés. Le large linteau sous le tympan porte de nombreux personnages étranges. C'est le monde profane où on remarque des scythes, le monde romain, les macrobii, les Pygmées et les Panotii avec leurs oreilles démesurées. Saint Pierre et Saint Paul se trouvent au centre du linteau. Il est supporté par le trumeau où la figure de Saint Jean-Baptiste a été mutilée à la Révolution (l'Agneau Pascal qu'il portait a disparu). Deux rangées de voussures entourent cet ensemble : la première est composée de 29 médaillons contenant les Signes du Zodiaque et les Travaux des Mois, admirablement sculptés et rappelant Avallon et Vermenton; la deuxième est sculptée de palmettes. De chaque côté, le portail est supporté par des piédroits où sont sculptés Saint Pierre, Saint Paul et deux autres Apôtres, par des pilastres cannelés à chapiteaux, et par des colonnes surmontées de 4 chapiteaux historiés. Sur ces chapiteaux, on peut reconnaître Adam et Eve chassés du paradis terrestre, une Faunesse et un oiseau fabuleux, le sacrifice de Saül et le Repentir de Saül.

Page 71: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

La restitution

La restitution de la sculpture est basée d'une part, sur les traces conservées d'un élément sculpté comme pour la restitution du tympan de la façade de Vézelay incendié en 1793 ou du saint Pierre du portail central de la cathédrale de Paris refait d'après un fragment conservé au Musée de Cluny, d'autre part, sur une documentation graphique ou des modèles contemporains. À Coucy, Viollet-le-Duc restitue le tympan du donjon, très lacunaire, d'après une gravure d'Androuet du Cerceau, à Notre-Dame de Paris il utilise dessins et gravures anciens et s'inspire, pour les consoles du portail central, du bras sud du transept de la cathédrale de Chartres. Pour les statues colonnes des portails ouest de la métropole parisienne, on a un temps projeté de prendre modèle sur celles de la cathédrale de Bordeaux. De même, pour restituer les emblèmes royaux bûchés à la Révolution du château de Blois, Duban fait estamper ceux conservés du château de Chambord.

Ces créations doivent être en harmonie avec les différentes campagnes de construction comme le montre, en 1848, la décision de la Commission d'accepter la copie de statues des cathédrales Amiens et de Chartres pour la façade de l'église Saint-Ouen de Rouen sous réserve que l'on prenne pour modèle celles du XIVe siècle. Par contre elle refuse que l'on copie pour l'église Saint-Jacques de Dieppe le tympan de la Porte Rouge de Notre-Dame de Paris.Comme au Moyen Âge, les ateliers des sculpteurs sont installés aux pieds des monuments et, si le nom de Geoffroy Dechaume est associé aux grands chantiers des dizaines d'autres praticiens ont participé à la renaissance de la sculpture "médiévale" des grands monuments.

Défense de Viollet-le-DucIl est de bon ton, aujourd’hui, de considérer avec un brin de condescendance le travail de restauration du patrimoine historique effectué au XIXe siècle par Viollet-le-Duc et ses semblables. En effet, notre époque se veut très soucieuse d’authenticité et ne jure que par la pierre d’origine, préférant ainsi le matériau à l’œuvre (pour simplifier).Il est bien vrai que les édifices, à l’instar de la cathédrale de Chartres, qui ont eu la chance de traverser les siècles sans restauration importante produisent un effet plus fort (mais qu’en est-il de l’autosuggestion et de la réalité des choses ?)Il est bien vrai aussi que le travail des sculpteurs modernes, quand ils se sont essayés à des pastiches de l’art roman, ne soutient guère la comparaison avec celui de leurs ancêtres

Page 72: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

médiévaux..

Prenons par exemple le tympan central de la façade de la basilique Sainte-Madeleine de Vézelay :Celui-ci est dû en totalité à un collaborateur de Viollet-le-Duc, qui a travaillé d’après les vestiges très altérés du tympan original. Et justement, ce vestige est visible sur un bas-côté de l’édifice.Quoique pratiquement effacé, le tympan roman, en particulier dans les quelques drapés encore visibles, marque une supériorité évidente.Notons en passant la désastreuse négligence des édiles et de la population vézelienne depuis la restauration de la basilique (j’ai l’impression qu’il y aurait beaucoup à dire sur le rapport complexe des habitants du village avec le monument) qui ont laissé à l’abandon et à la destruction progressive les restes du tympan et du linteau attenant.Alors, certes, certes, Viollet-le-Duc n’est pas toujours intervenu avec le bon goût qui caractérise, à l’évidence, notre début du XXIe siècle ; il n’a certes pas respecté scrupuleusement les règles de restauration édictées 150 ans plus tard par nos meilleurs conservateurs ; mais quand il est arrivé sur la colline de Vézelay, vers 1840, missionné par Mérimée, qu’a-t-il vu ?Une ruine sur le point de s’écrouler, n’intéressant personne si ce n’est en tant que potentielle carrière de pierre.

Et à force d’un travail acharné, il a rendu la vie à ce monument majeur de l’humanité.

L'hommage est justement rendu et vous avez raison de souligner que Viollet-le-Duc est trop facilement raillé aujourd'hui. L'"idéologie" de la restauration a bien sûr évolué en 150 ans, mais plutôt que de raisonner en opposition, il faut considérer l'évolution de la théorie ; on doit donc rendre grâce à VLD d'avoir sensibiliser les gens à cette démarche, d'avoir déffricher en quelque sorte (cf. son article "Restauration" dans son Dictionnaire raisonné).

Pour autant, il est un peu naïf de l'absoudre de tous ses défauts. Si son sauvetage de la Madeleine de Vézelay est incontestable techniquement (consolidation des maçonneries, reprise en sous-oeuvre des piles, mise hors d'eau, etc...), son parti architectural et l'application de sa fameuse théorie :"Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné."a produit des non sens irréversibles.

Il est vrai que la restauration de la Madeleine donne à voir au public un état beaucoup plus complet et entier d'une église médiévale que si on s'était borné à restaurer à la mode d'aujourd'hui en se contentant de mettre en valeur des vestiges. Le public préfère du concret, du prêt-à-voir, et j'imagine que l'industrie touristique locale aussi, mais le danger est que peu de gens, en fin de compte, sont capables, comme vous, d'isoler les parties XIXe des parties authentiques. VLD ment donc à beaucoup de gens qui ne sont pas très éclairés en art roman (par exemple) en leur disant : "Voici un édifice roman complet".

Ce concept de "disneylandisation" (pardon pour ce terme mais il commence à être autorisé) que l'on retrouve dans beaucoup de vieilles restaurations du XIXe et du début du XXe est la conséquence directe de l'enseignement de VLD. Il a produit les restaurations les plus populaires aujourd'hui (Pierrefonds bien sûr, mais également beaucoup de Châteaux de la Loire, dont Chaumont est l'exemple le plus frappant), mais les véritables esthètes, ou même

Page 73: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

les simples amateurs vrais en sont trop souvent déçus.

La doctrine a donc changé aujourd'hui, comme vous le souligniez, et l'on en vient même à dérestaurer les précédentes restaurations du XIXe quand c'est possible (cf. l'exemple célèbre du chevet de St Sernin à Toulouse qui commence à faire école chez les Architectes en Chef des Monuments Historiques). La tendance actuelle, plus scientifique qu'artistique certes, m'apparaît personnellement comme préférable, mais il est évident que ce n'est pas la panacée et il est important avant tout de rester ouvert aux différentes évolutions (notamment techniques ou en matière de connaissance artistique), ce que n'était pas vraiment VLD...

C'est du vandalisme révolutionnaire qu'est née la notion de conservation. Pour la première fois, l'État tente de mettre en place un cadre administratif pour inventorier et conserver le patrimoine national en péril. La Commission des monuments est créée en 1790 ; la Commission temporaire des arts lui succède. Ces instances, bien que limitées dans le temps (1790-1795), entreprennent de former des réseaux de correspondants provinciaux et rédigent des Instructions sur la manière d'inventorier et de conserver dans toute l'étendue de la République tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences, à l'enseignement.Mais les difficultés de recenser un patrimoine aussi divers, le manque de moyens et la situation politique sont peu favorables à la conservation. Cependant, de nombreux inventaires sont dressés, des travaux sont exécutés sur les cathédrales de Chartes et d'Amiens et l'action de la Commission temporaire des arts permet de sauver de la démolition l'église abbatiale de Saint-Denis, les châteaux d'Écouen et de Chantilly, ainsi que la porte Saint-Denis à Paris.

Le musée des Monuments français

Le 2 mai 1790, la confiscation des biens du clergé, puis plus tard, celle des biens des émigrés, entraînent la vente des bâtiments et le transfert dans des dépôts provisoires des œuvres d'art. À Paris, les objets sont conservés dans le couvent des Petits-Augustins (aujourd'hui École des Beaux-Arts). Ce dépôt devient en 1795 le musée des Monuments français, aménagé par Alexandre Lenoir. Ce lieu très couru, particulièrement par les artistes, présente dans une mise en scène romantique, sans souci d'authenticité, aussi bien les tombeaux royaux de Saint-Denis que des statues et bas-reliefs, des vitraux, de l'orfèvrerie liturgique, des pavements des mosaïques. Il a beaucoup contribué à développer le goût pour le Moyen Âge.

Le mouvement en faveur des monuments

De même, Le Génie du Christianisme de Chateaubriand, paru en 1802, a encouragé le mouvement en faveur des monuments religieux. "Ce livre, parut au milieu des débris de nos temples. Partout on voyait des restes d'églises et de monastères que l'on achevait de démolir". Notre-Dame de Paris de Victor Hugo est un véritable manifeste en faveur de la sauvegarde des monuments anciens : "…en attendant les monuments nouveaux, conservons les monuments anciens. Inspirons, s'il est possible, à la nation l'amour de l'architecture nationale. C'est là, l'auteur le déclare, un des buts principaux de ce livre ; c'est là un des buts principaux de sa vie" écrit-il dans sa préface de 1831 ; deux ans plus tard paraît sa Lettre sur le vandalisme en France. Plusieurs initiatives suivent ce mouvement. L'ouvrage d'Alexandre de Laborde Monuments de la France classés chronologiquement, publié entre 1816 et 1836,

Page 74: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

affirme la primauté du gothique et s'élève contre le vandalisme ; Les Voyages pittoresques dans l'ancienne France, publiés entre 1818 et 1878 par Taylor et Nodier auxquels a collaboré Viollet-le-Duc, présentent plusieurs milliers de lithographies situant les monuments sur des fonds de paysages romantiques. En 1824, l'essai sur l'architecture religieuse d'Arcisse de Caumont fait entrer l'art médiéval dans l'histoire.Aussi, à la veille de la Révolution de 1830, le contexte est favorable à la création d'un service prenant en charge les monuments anciens.

Les monuments classés de 1840

La Commission des monuments historiques, à partir des choix des préfets, dresse, en 1840, une liste de plus de 1000 "monuments pour lesquels des secours ont été demandés". C'est la première liste de "monuments classés".Cliquez sur les vignettes et déroulez la frise afin d'agrandir les photographies d'époque et les dessins qui dépeignent les monuments tels que Mérimée a pu les découvrir, lors des tournées d'inspection qu'il entreprit à partir de 1834.

RuskinCritique influent, passionné et exigeant, John Ruskin est diplômé de l'université d'Oxford où il étudie la peinture. Homme du XIXe siècle, ses théories se fondent sur le retour à la nature. En 1850, il est le seul à défendre la confrérie des préraphaélites qui - s'étant inspirée de ses travaux exposés dans 'Modern Painters' - prône le retour à la pureté de la peinture italienne (avant l'avènement du peintre Raphaël) dans une Angleterre victorienne. Il est également un allié de Turner dont il apprécie le naturalisme. S'intéressant à l'architecture, il tente de relier l'art, la nature, la moralité et l'homme dans 'Stones of Venice'. Cet ouvrage aura un fort impact et est considéré comme étant initiateur de l'Art nouveau avec le mouvement Arts & Crafts. A la fin des années 1850, il passe de la critique d'art au commentaire politique. Son 'Unto this Last', où il développe une théorie de la justice sociale, serait à l'origine du Parti travailliste anglais. Il revient à l'art en devenant professeur à Oxford entre 1869 et 1879. Il y noue une amitié avec Lewis Carroll, également professeur à Oxford, et avec la petite Alice, inspiratrice du fameux 'Alice au pays des merveilles'. Après des déboires amoureux, il sombre dans la dépression. L'avènement de l'impressionnisme aura raison de son succès en tant que critique d'art et finira de le plonger dans le gouffre dans lequel il est tombé. Il meurt avec le siècle, l'ayant fortement influencé par ses théories sur l'art et la société.

Page 75: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

http://www.aibl.fr/fr/seance/discours/disc_recht.html

HOMMAGE A PROSPER MÉRIMÉE.L'INVENTION DU MONUMENT HISTORIQUE

PARM. ROLAND RECHT

MEMBRE DE L’ACADÉMIE(extrait des Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions

et Belles-Lettres, fasc. IV, nov.-déc. 2003)_____

Le 21 septembre 1830, Guizot écrit à Louis XVIII :" Aussi nombreux et plus variés que ceux de quelques pays voisins, [les monuments historiques de la France] n'appartiennent pas seulement à telle ou telle phase isolée de l'histoire, ils forment une série complète et sans lacune ; depuis les druides jusqu'à nos jours, il n'est pas une époque mémorable de l'art et de la civilisation qui n'ait laissé dans nos contrées des monuments qui la représentent et l'expliquent. " Cette idée d'une " série complète ", cette conviction que l'art et la civilisation sont " représentés ", voire " expliqués " par le monument, sont nées au Siècle des Lumières et viennent justifier, aux yeux des révolutionnaires progressistes, l'avènement des musées. Pour appliquer ces mêmes principes aux monuments dispersés sur le sol de la France, Guizot veut faire nommer un inspecteur, dont il définit ainsi la tâche : " Parcourir successivement tous les départements de la France, s'assurer sur les lieux de l'importance historique ou du mérite d'art des monuments, recueillir tous les renseignements qui se rapportent à la dispersion des titres ou des objets accessoires qui peuvent éclairer sur l'origine, les progrès ou la destruction de chaque édifice…, éclairer les propriétaires et les détenteurs sur l'intérêt des édifices dont la conservation dépend de leurs soins et stimuler, enfin, en le dirigeant, le zèle de tous les conseils de département et de municipalité, de manière à ce qu'aucun monument d'un mérite incontestable ne périsse par cause d'ignorance et de précipitation…et de manière aussi à ce que la bonne volonté des autorités ou des particuliers ne s'épuise pas sur des objets indignes de leurs soins. "

        Le moment n'est pourtant guère favorable : comme le dira d'une façon si concise le baron De Guilhermy, " les barricades de 1830 se relevaient dans les rues de Paris, et le gouvernement n'avait vraiment pas le loisir de faire de l'archéologie. " Mais les ravages de la " bande noire " et la dégradation continue des témoins monumentaux du passé, résultant de l'ignorance ou de la cupidité, de la spoliation et de la destruction, alertent et inquiètent des hommes comme le ministre Guizot, Ludovic Vitet ou Prosper Mérimée. Sous le titre Guerre aux démolisseurs paraît en 1832 un pamphlet de Victor Hugo qui, comme l'avait fait Goethe, considère que les monuments anciens forment l'héritage collectif du genre humain : " Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire ; sa beauté à tout le monde. C'est donc dépasser son droit que le détruire. "C'est l'aboutissement d'un processus engagé depuis longtemps. Déjà en 1799, Pierre Legrand d'Aussy avait proposé l'organisation de fouilles systématiques et l'envoi de circulaires-questionnaires aux représentants de l'Etat dans l'ensemble des départements. Restée sans effet, l'initiative est reprise par le ministre de l'Intérieur, le comte de Montalivet, en 1810 : il

Page 76: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

demande aux préfets de réunir " des renseignements sur les vieux châteaux, les abbayes, les inscriptions et en général sur les monuments du Moyen Age ". Là encore, les autorités locales montrent peu d'empressement mais les dossiers parvenus au ministère sont confiés à une commission créée au sein de l'Académie (qui prendra bientôt le nom de Commission des Antiquités de la France) qui élabore un questionnaire dont le but est l'inventaire et la nomenclature des monuments. L'idée de Montalivet avait été inspirée par le comte Alexandre de Laborde, le futur auteur des Monuments de la France classés chronologiquement et considérés sous le rapport des faits historiques et de l'étude des arts (1816-36) . En 1818, débute la publication des Voyages romantiques et pittoresques dans l'ancienne France, par le baron Taylor, Nodier et Cailleux dont les 20 volumes seront bouclés en 1878. Les illustrations lithographiques ont eu une grande part dans le succès de cet ouvrage : à la différence des gravures de De Laborde, elles imposent le cliché romantique d'une fusion pittoresque entre le paysage naturel, les témoins architecturaux et les habitants. Ces enquêtes sont menées dans un contexte difficile. D'innombrables bâtiments anciens, religieux ou non, sont détruits ou menacés de ruine. Vitet écrit à Guizot : " Les maires, les curés, les fabriciens et surtout les Conseils municipaux me donnent bien du mal. Impossible de leur faire entendre raison et, si vous ne m'armez d'un bout d'article de loi, d'ici à dix ans il n'y aura plus un monument en France, ils seront tous ou détruits ou badigeonnés… " En 33, il demande que vingt églises dont Vézelay et Vienne soient déclarées " monuments nationaux ".

        Ludovic Vitet va s'acquitter de cette tâche autant que ses responsabilités administratives d'abord, surtout politiques ensuite, lui en laissent le temps. Devenu secrétaire général du Commerce en 1834, il cède la place à Mérimée, alors âgé de 31 ans : ils resteront jusqu'en 1848 les deux personnalités les plus influentes. Le jeune Mérimée, déjà célèbre et fêté, se met au travail. Il va consacrer une énergie remarquable à ses déplacements, à ses visites, à ses contacts avec les antiquaires locaux et avec les édiles ou le clergé, à la rédaction de ses rapports et de sa correspondance, n'oubliant jamais que, comme le proclame avec tant de stoïcisme l'écrivain, " le métier d'un inspecteur des monuments historiques c'est d'être vox clamans in deserto ".

        Rapidement, à peine un an après son entrée en fonction, Mérimée a identifié les deux sources du danger : " Les réparateurs sont peut-être aussi dangereux que les destructeurs. " Le thème sera au centre du réquisitoire prononcé deux ans plus tard par le comte de Montalembert (Le Vandalisme en France) qui s'en prend surtout aux entreprises de " restauration ". Afin de sauver la tour de Saint-Porchaire de Poitiers, Mérimée doit lutter de front et tout à la fois contre le conseil municipal, le génie, les Ponts et chaussées et les architectes de la ville et du département. A Avignon " depuis la Restauration le palais des Papes sert de caserne. " Le Génie militaire menace Sainte-Marie-des-Dames à Saintes. Les Dominicains de Perpignan " sont en ruines. Le génie militaire, grand destructeur, y a établi ses magasins. " Il a causé des " dommages irréparables " aux Jacobins de Toulouse et la Commission de conclure en 1850 : " …nos officiers du génie s'entendent beaucoup mieux à renverser des forteresses qu'à conserver des monuments. "

        Le clergé est, lui aussi, l'objet d'innombrables attaques de la part de cet athée qui s'évertue à vouloir sauver les monuments religieux : " Quand donc les curés comprendront-ils qu'il est de l'intérêt de la religion de conserver à ses temples leur caractère antique, si grave, si imposant, si chrétien ? S'ils barbouillent les églises comme les cafés, n'est-il pas à craindre que l'extrême ressemblance de lieux d'un usage si différent ne porte les gens à se mettre à leur aise aussi bien dans les uns que dans les autres ? " A Clermont, il s'emporte contre " ce scélérat de curé " qui a fait repeindre les voûtes de la crypte de Notre-Dame du Port. Mais il

Page 77: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

sait aussi reconnaître les mérites de ceux qui se consacrent à une sauvegarde intelligente : à Saint-Maximin, il fait l'éloge d'un curé qui a réussi a empêcher le badigeonnage de l'intérieur de l'église décidé par le conseil municipal et qui veille en personne à l'entretien des boiseries de la sacristie. Mérimée suggère aussitôt au ministre de l'Intérieur de faire un geste de gratitude en faveur de cette paroisse en lui donnant un tableau. Parfois, il traite aussi certains ecclésiastiques avec légèreté. Ainsi, le curé de Chauvigny dont il écrit : " Il m'a fort apitoyé en me parlant de la triste situation de son église. Elle va tomber. Il n'a pas le sou, et il faut 18.000 F. Il offre de les emprunter si on veut les lui promettre dans quelques années. Je lui ai parlé de notre misère et je l'ai assuré de notre estime. "

        On imagine difficilement que la plupart des monuments que nous considérons aujourd'hui comme des reliques insignes aient pu, à ce moment-là, recevoir les destinations les plus invraisemblables. Les ruines de l'abbaye de Hambye à Coutances sont partagées entre une trentaine de propriétaires dont " quelques uns ne possèdent qu'un seul pilier. " Une partie du porche de Charroux appartient au propriétaire d'un café du commerce. A l'église Saint-Sauveur de Nevers, le bas sert de magasin de roulage, le haut de grenier à foin. Saint-Genest de Nevers est transformé en brasserie. La tour Sainte-Colombe, en face de Vienne, est alors " un café dont le maître, devenu une espèce d'antiquaire, sans doute pour être propriétaire de cette tour vénérable, joint à son commerce de bière et de liqueurs, celui de vieilles cruches, d'armes rouillées et de médailles romaines. " L'île de Saint-Honorat après être devenue propriété nationale sous la Révolution, fut vendue à un actrice de la Comédie française puis à un boucher de Cannes pour 30 000 fr. L'église d'Ainay à Lyon a une crypte transformée en magasin de charbon de terre et en cellier. Celle de Maguelonne " est encombrée de foin ". Mais l'acquisition des biens du clergé peut aussi avoir des effets bénéfiques : ainsi à Cluny " …une faible portion du palais abbatial a été achetée par un ami des arts, M.Auchier, qui s'y est logé pour y réunir les fragmens oubliés par les démolisseurs… " Mérimée ne manque pas une occasion de louer de telles initiatives qui permettent de réunir des collections lapidaires qui formeront souvent le noyau des futurs musées municipaux.

        Deux sortes de " réparateurs " sont vilipendés par Mérimée : les peintres et les architectes. Parmi la première catégorie de dangereux vandales, il y a les pseudo-artistes et les badigeonneurs. A Saint-Savin, un des édifices que Mérimée a sauvé de plusieurs désastres, il constate lors de sa tournée de juillet 1840, que l'on a bouché les fissures de la voûte recouverte de peintures murales d'un très grand intérêt, non pas de l'intérieur mais par l'extrados : on " les a fort bien bouchées, mais je ne saurais vous dire combien de têtes et de bras ont disparu dans cette opération. Sans les ordres précis que l'on avait donné de Paris, je ne me serais pas aperçu de ces reprises, m'a dit le maire, insigne ivrogne, car un artiste peintre s'était offert pour raccorder le tout… " Quatre années plus tard, toujours à Saint-Savin, " les peintures faites par Mr Louis sous les ordres de Mr Joly sont une catastrophe ! " " …Voici ce qu'il a fait : 1° Un père éternel dans une gloire, barbe grise, louchant horriblement. 2° A côté de lui, il avait trouvé un bec d'oiseau. C'était probablement l'Aigle de St Jean. Il en a fait un coq avec une belle queue etc. 3° puis, sur les pendentifs, il avait commencé à peindre des saints qu'il croyait copier d'après deux ou trois, qui subsistent encore et qu'on a exhumés de dessous le badigeon ; tout cela était exécrable […] Une heure après mon arrivée à St Savin, le père éternel et son coq avaient disparu… " A propos de Saint-André-le-Bas à Vienne : " Il faut savoir que tous les ans des essaims de barbouilleurs italiens se répandent dans les départements du Midi, et couvrent les murs de nos églises de leurs ignobles compositions. "

        Mérimée est très sensible à un aspect de l'architecture médiévale que l'historiographie et

Page 78: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

la restauration du XX° siècle ont le plus souvent négligé, à savoir la polychromie. A Saulieu, il déplore la présence de " l'horrible badigeon blanc dont on se croit obligé de couvrir toutes nos églises… " A La Charité-sur-Loire, il est à la recherche des traces de peinture sur les sculptures romanes. Il lui arrive de louer le travail d'un sculpteur parce que sa maîtrise du métier le situe dans la tradition des sculpteurs médiévaux. Emerveillé par la restauration de Tour près de Bayeux : " C'est un maçon qui la conduit et cela se fait comme au moyen-âge. Les bonnes gens du pays donnent gratis la pierre qu'ils vont chercher à 8 lieues. Le maçon la fait tailler et la pose, et le mètre de balustrade flamboyante revient tout posé à 15 francs. " Au contraire, à la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence il est amené à réévaluer le vandalisme révolutionnaire au vu de celui que pratiquent les restaurateurs : " Dans la révolution on avait abattu les têtes de tous les saints qui garnissaient les voussures de la grande porte. Récemment on a voulu la restaurer. On a commandé à je ne sais quel tailleur de pierres tant de têtes à tant la pièce, et l'industriel les a fournies comme il a pu. Elles sont hors de proportion avec les corps ; elles n'ont pas de cols, probablement on n'en avait pas commandé. Qu'on se figure une centaine de petits monstres, ayant tous un air de famille des plus ridicules. En vérité, vandalisme pour vandalisme, les mutilations des jacobins étaient moins ignobles. "

        Contraint d'agir rapidement afin de prendre de vitesse les destructeurs, il lui faut mobiliser des " réparateurs " dignes de ce nom. Il n'a pas à proprement parler une doctrine sur ce point. Sa conception de la restauration évolue, en fonction des circonstances. Mais Mérimée se situerait plus près des idées de John Ruskin, absolument hostile à toute intervention, que d'Eugène Viollet-le-Duc : " une restauration totale, dit-il, est toujours difficile, impossible même, et équivalente à une destruction. " Mais entre 1830 et 1848, une théorie aussi radicale ne pouvait s'imposer car c'eût été signer l'arrêt de mort de centaines de monuments. En tous cas, le respect des parties anciennes d'un monument est un service rendu à l'histoire de l'art. Voici ce qu'il écrit à propos des arènes de Nîmes : " Ne comprend-t-on pas ce que ces additions doivent inspirer de défiance aux contemporains, encore plus à la postérité ? Au lieu de pouvoir étudier avec sécurité l'histoire de l'art, il faut commencer par discuter l'origine de chaque morceau qu'on examine, et s'assurer qu'il est antique par une recherche d'autant plus difficile que plusieurs de ces réparations ont été faites avec des fragments réellement antiques que l'on a seulement changés de place. "

        Le groupe formé par Vitet, Mérimée et les membres de la Commission des Monuments historiques créée en 1837, se révèle très efficace même si les crédits s'avèrent très tôt insuffisants. Cette instance de décision centrale peut s'appuyer sur un réseau actif et engagé d'antiquaires, comme ceux de Normandie, qui, avant même la création des correspondants, parfois même avant la création du poste d'Inspecteur, avaient su sensibiliser l'administration municipale ou départementale. Mais très tôt, Mérimée a compris qu'il lui fallait pouvoir s'appuyer sur des hommes sûrs. Les décisions de la Commission des monuments historiques ont su consacrer l'excellence de quelques restaurateurs - architectes, peintres et sculpteurs, auxquels Mérimée cherchera à faire appel d'une manière systématique, souvent sans succès immédiat en l'absence de crédits suffisants. A propos de Saint-Bénigne de Dijon et des travaux réalisés par un certain M.Petit qui a dilapidé l'argent de l'Etat : " Ma conclusion, martèle Mérimée, est que nous sommes volés par la province, qu'il ne faut plus nous fier à ses archéologues ni à ses architectes, qu'il faut diviser la France entre Questel, Leduc et Boeswillwald et les charger de toutes nos affaires petites ou grandes. " A Saint-Savin, il s'en prend à l'architecte du département, M.Dulin, " sans éducation et remarquablement bête " dont il déplore le manque de connaissances historiques : [M.Dulin] " m'a demandé si St Savin était une église gothique, et il m'a paru croire pieusement que le gothique et le roman étaient

Page 79: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

contemporains, quelque chose comme l'ordre ionique et l'ordre corinthien…Au-dessus de l'arc d'une des chapelles de St Savin, il y a un vilain petit ornement rococo ajouté dans le 18°siècle. Mr Dulin l'a pris pour original et m'a demandé s'il ne faudrait pas le reproduire au dessus des autres chapelles… "

        Les qualités de Mérimée écrivain n'ont pas été étrangères à la réussite de l'Inspecteur des monuments historiques. La sécheresse de ses descriptions architecturales doit quelque chose à celle de son style d'écriture, maintes fois soulignée par les historiens de la littérature. Je dirai qu'il s'est acquitté avec d'autant plus de pertinence de sa mission, que son regard s'est posé sans lyrisme sur les pierres qu'il avait à examiner. On rapporte ces paroles de Vitet à Guizot : " Mérimée admire les beaux monuments mais il n'a jamais senti ses yeux se mouiller à l'aspect de leur ruine ", et l'Inspecteur lui-même convenait : " Lorsque je voyais ces monuments historiques, j'en étais le colonel. Je regrette de les avoir étudiés trop officiellement, je regardais les caractères de l'architecture, les additions, les réparations anciennes et l'ensemble poétique m'échappait. "

        On reste étonné par la rapidité avec laquelle il acquiert des connaissances historiques, archéologiques, techniques et esthétiques qui le mettent en mesure de porter des jugements sur les œuvres. Ce qu'il souligne lui-même non sans fierté : " Pour faire partager mon sentiment, je n'ai d'autres titres à la confiance du lecteur que le fait d'avoir vu un grand nombre de sculptures de différentes époques, d'où il peut inférer que j'ai dû acquérir quelque discernement par la comparaison d'une multitude de caractères indéfinissables qui constituent le style d'une époque et d'une nation. " Mais cet apprentissage du regard, ce véritable atelier de l'histoire de l'art est tributaire du temps, ce temps qui manque à cet enquêteur pressé ; il est tributaire de la lente sédimentation des expériences acquises sur le terrain : " Bien que je me sois imposé la loi de ne parler que des choses que j'ai vues, il se peut que bien des erreurs de fait me soient échappées. Il est souvent difficile de voir, et je ne doute pas qu'un examen plus approfondi des mêmes monuments ne modifiât quelquefois mes conjectures à leur égard. " De même éprouve-t-il certaines difficultés à définir les traits spécifiques d'un style : " Aucun de ces caractères isolés n'est absolument concluant ; mais leur ensemble forme une masse de présomptions qui approchent de la certitude. " C'est que, comme Winckelmann, il est l'inventeur d'un continent. Pour en rendre la nouveauté et la stupéfiante diversité, pour donner une juste idée de la complexité de chaque cas, il lui faut d'abord des mots qui parlent à son interlocuteur : " Il n'y a point encore de terminologie fixée pour l'architecture du moyen-âge, et souvent la difficulté est grande pour exprimer les objets qui se présentent le plus souvent à nos yeux. " Mérimée se sert de ce qu'il trouve. En 1830, on était mal outillé pour aborder l'étude des monuments du Moyen Age. L'antiquaire normand Gerville, celui-là même qui a introduit dans la langue française l'expression " art roman ", reconnaît en 1818 : " J'ignore presque tous les termes d'architecture du Moyen Age, et surtout en français, bien que j'en entende quelques uns en anglais… " Ce qu'on savait, venait en particulier des publications anglaises de James Bentham, John Milner et John Ryckman. Aussi, en Normandie les antiquaires jouent un rôle de passeurs : Arcisse de Caumont s'efforce d'établir une méthode d'analyse - son Abécédaire ou Rudiment d'archéologie remonte à 1824 - et Auguste Leprévost, qui siège à la Commission, est occupé à l'élaboration d'un vocabulaire descriptif. En 1840, Mérimée écrit à Vitet : " Vous savez que Chauvigny est un bijou pour l'ornementation. Notre maître Mr Leprévost s'extasierait en la voyant et aurait au moins douze mots nouveaux à inventer pour décrire les ornements sculptés qui la couvrent… " Ou encore, dans les chapelles de Saint-Lazare d'Autun, Mérimée trouve " un style que M. A. Leprevost a nommé, avec justesse, gothique flamboyant ". Mais il bute fréquemment sur la difficulté à nommer : il évoque les chapiteaux du XIII° siècle de la cathédrale de Châlons-sur-

Page 80: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Saône, " à feuillages bizarres, dont le caractère est beaucoup plus facile à reconnaître qu'à exprimer. " Parfois il a recours à un mot anglais comme screen qu'il emploie selon différentes acceptions. On observe ainsi le passage de l'antiquaire au connaisseur, où l'analyse du détail rapproché cède le pas à une vague impression d'ensemble sur laquelle se fonde cependant une certitude. Mérimée est un peu dans le cas de Diderot dont les textes des Salons sont destinés à un interlocuteur absent. L'économie particulière de son style d'écriture est structurée par un double objectif : il lui faut être à la fois suggestif et convaincant, de façon à obtenir rapidement des engagements budgétaires.

        Mérimée témoigne assurément d'un goût réel pour l'architecture et il la comprend ; non pas toute l'architecture sans doute. Il est sensible à une esthétique classique et à son retour de Grèce, en décembre 1841, il écrit à Vitet :" En résumé, j'emporte une haine profonde pour les monuments romains et un fanatisme exclusif pour le dorique ancien sans lequel il n'y a pas de salut. N'ayant pas la lorgnette de Didron, je ne rapporte guère d'impression des monuments du moyen âge de Grèce et de Turquie… " Et tout en louant les sculptures de Saint-Lazare d'Autun, il déplore qu'elles n'aient pas " la noblesse et la simplicité " du dorique, pendant que l'église normande de Lessay, elle, possède à ses yeux " la grandeur et la simplicité antiques ".

        Le gothique, il semble le découvrir peu à peu, sans qu'il recueille jamais ses suffrages. Il commet ainsi des erreurs de jugement qu'il est facile aujourd'hui de pointer : tandis qu'il trouve l'église de Saint-Seine-l'Abbaye, en Côte d'Or, " médiocre, gothique du XIII°, pauvre d'ornementation ", il consacre un chapelet de superlatifs au chœur de Montier-en-Der " du commencement du XIII° siècle (comme) un chef-d'œuvre. Il est impossible de rien voir de plus beau, de plus noble, de plus élégant. C'est là le gothique français le plus pur, le plus grand, le plus exempt de toute trace de décadence. " Mais le respect des règles de la convenance l'incite à porter sur les monuments un regard qui refuse toute forme d'historicisme et reconnaît, toujours plus fortement, la singularité de chaque style d'architecture. En 1854, invité à tenir un discours devant la Société des Antiquaires de Normandie, Mérimée déclare : " Je sais un fort galant homme, que j'ai converti, du moins il le prétend, à l'architecture du Moyen Age, et qui, vivant tout près d'une caserne de gendarmerie, se fait bâtir une maison de campagne avec créneaux, mâchicoulis et tour de guette. Pourtant il sait bien qu'il n'y a plus de routiers en France. Une église du XVI°siècle, qui n'a pas de clocher, est menacée, me dit-on, par la piété de ses paroissiens, d'une flèche gothique en ciment romain, et j'ai vu le projet d'une gare de chemin de fer, dont la façade, comme pour avertir les voyageurs de la possibilité d'un déraillement, doit leur présenter les moulages d'un jugement dernier emprunté à une de nos cathédrales gothiques. Autant l'imitation la plus exacte est recommandable dans la restauration d'un édifice ancien, autant elle est blâmable et ridicule lorsque, dans un bâtiment moderne, elle ne tient aucun compte ni de sa convenance, ni de sa destination. L'admiration profonde que m'inspire l'architecture du Moyen Age me fait regarder son emploi indiscret comme une sorte de profanation coupable… "

        Au cours de ses tournées, Mérimée a pu se faire une idée assez exacte de l'iconoclasme, c'est-à-dire de la destruction ou de l'atteinte intentionnelle aux images. Il en ébauche même une véritable théorie. Constatant que les hommes choisissent de préférence de s'en prendre à des sculptures représentant des hommes, il conclut : " Un saint Pierre est [pour les enfants] un but tout trouvé, but bien plus noble qu'un arbre par exemple ; c'est un ennemi qu'ils ont plaisir à démembrer, ils voient les blessures qu'ils font, ils nomment les parties du corps qu'ils visent. Ne pourrait-on pas persuader aux enfans dans les écoles qu'ils auraient plus de mérite à lancer leurs pierres contre un mannequin placé dans un lieu convenable par ordre et aux frais de l'administration municipale ? " On a pu montrer que dans l'iconoclasme du XVI°

Page 81: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

siècle, ce sont les bras, les jambes, les têtes et surtout les yeux qui sont visés. Dans sa fameuse nouvelle La Vénus d'Ille, Mérimée fait dire à son guide à propos de la statue antique découverte dans le jardin de M. de Peyrehorade : " C'est une idole […] Elle vous fixe avec ses grands yeux blancs… On dirait qu'elle vous dévisage. On baisse les yeux, oui, en la regardant. " Le vandalisme serait la conséquence de l'ignorance, selon une idée déjà formulée par Grégoire et par les révolutionnaires progressistes. C'est pourquoi, l'effort des antiquaires aura pour conséquence une sensibilisation plus générale du tissu social. Lorsque ce résultat n'est pas atteint, il s'en prend à eux, de même qu'aux archéologues : " J'ai été fort surpris de trouver à Caen tant de sauvagerie et tant de vandalisme. J'imaginais que Mr de Caumont avait converti jusqu'aux marchandes d'huîtres. "

        On peut tirer deux leçons de l'action menée par Vitet et Mérimée. D'abord, elle accompagne la redécouverte du Moyen Age . Les deux grandes études laissées par nos inspecteurs sont Notre-Dame de Noyon (1844) de Vitet et L'église de Saint-Savin (1845) de Mérimée qui devaient, la première surtout, servir de modèle pour la rédaction d'une monographie architecturale ce qu'elle est assurément. Cette découverte du Moyen Age, c'est celle qu'avait inaugurée Victor Hugo dans la préface de Notre-Dame de Paris : " Conservons les monuments anciens ; inspirons à la nation l'amour de l'architecture nationale. ". Les aides apportées par l'administration locale à la sauvegarde de tel ou tel monument, portaient, jusqu'en 1832, en priorité sur les monuments antiques. A partir de 33, ce sont " les précieux souvenirs de l'ancienne France ", qui sont le plus souvent pris en compte.

        On constate en second lieu, que l'action de Mérimée tend à privilégier toujours plus nettement le monument d'art au détriment du monument d'histoire. En vérité, elle considère le monument d'art comme le monument historique par excellence. La diatribe de Hugo, en faisant de la beauté d'un édifice la condition de sa conservation définitive, jetait les bases du " culte moderne des monuments ". Toute l'action de Mérimée tend à définir cette exemplarité à l'aide de critères artistiques, techniques et historiques. Si les philippiques de Hugo et de Montalembert appartiennent à la phase militante, les travaux de Vitet et de Mérimée relèvent de l'engagement doctrinal du sauvetage des monuments. Dès la création de la Commission des monuments historiques, en 1837, les classements reposant sur un intérêt purement historique (comme la Colonne de Boulogne qui rappelle le souvenir de la réunion de la Grande Armée ou la chapelle de Bermont où venait se recueillir Jeanne d'Arc) vont se faire de plus en plus rares. Tout comme l'institution des musées a donné naissance à une sorte de sacralisation de l'art, celle de la Commission de 37 repose sur une doctrine implicite, forgée par Vitet et par Mérimée, qui déclare que histoire et art sont indissolublement liés : l'art serait une histoire visible mais à la différence des œuvres de musée, celles qu'inventorie Mérimée sont solidaires d'un contexte naturel, artistique, topographique et ethnique. L'urgence d'une telle institution n'est pas étrangère aux effets de la révolution industrielle qui modifiait l'aspect physique de la France jusqu'au centre des villes et jusqu'au cœur de son histoire la plus reculée.

Page 82: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Histoire et archéologie

II. La notion de patrimoine dans la culture occidentale

Histoire et théories- la notion de patrimoine, dans son acception contemporaine, se développe à partir du début du XIXe siècle. Elle a donc connu des évolutions intenses et, d’une certaine façon, similaires à celles des sciences sociales, passant du positivisme rationaliste du XIXe siècle au soupçon contemporain.

Exemples- France :L’évolution de la législation patrimonialeLa notion de patrimoine est née de la Révolution française et de la prise de conscience collective que les anciennes possessions, mobilières et immobilières, du pouvoir royal, de l’Église ou de la noblesse ne devaient pas être détruites en tant que symboles de l’Ancien Régime, mais qu’elles devenaient les biens de la Nation devaient être conservées comme tels. Cette notion s’est d’abord incarnée dans celle de monument historique. Le monument, c’est l’élément symbolique qui porte la mémoire d’une communauté et incarne ses valeurs de référence. Par définition, il est exceptionnel, précieux. Il appelle une attention et un traitement qui préservent sa valeur et sa signification historiques, qui les reconstituent quand celles-ci ont été altérées voire détruites. Relayée par l’Empire, puis par la Restauration, cette conception monumentale du patrimoine trouve sa traduction politique sous la monarchie de Juillet lorsque le ministre François Guizot pose, en 1830, les fondements du service des Monuments historiques en créant le premier poste d’inspecteur général des Monuments historiques. L’écrivain Prosper Mérimée est nommé quatre ans plus tard à ce poste qu’il va profondément marquer par son activité passionnée. En 1837, l’institution de la Commission supérieure des monuments historiques permet l’établissement, dès 1840, de la première liste des monuments protégés dont la restauration, subventionnée par l’État, est confiée à des architectes sélectionnés pour leur compétence. Le jeune Eugène Viollet-le-Duc est l’un de ceux-ci. Le service français des Monuments historiques, l’un des tout premiers au monde, est né et va dorénavant développer ses interventions. Mais c’est seulement plus tard que la France se dotera progressivement de l’arsenal juridique indispensable à l’action de l’État en faveur du patrimoine. Il faudra en effet attendre 1887 pour que soit promulguée une première loi jetant les bases de l’action du service des monuments historiques, et 1906 pour l’adoption d’une législation de protection des sites naturels. C’est en fait le XXe siècle qui va voir s’épanouir et se complexifier le système juridique et réglementaire français. Quelques jalons historiques :   31 décembre 1913 : loi sur les monuments historiques. Progressivement amendée et

complétée, elle est toujours en vigueur. Elle institue deux degrés de protection : le "classement" ou "l’inscription à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques" ;   2 mai 1930 : loi relative à la protection des monuments naturels et des sites de caractère

artistique, historique, scientifique, pittoresque ou légendaire. La notion de monument jusqu’alors réservée aux constructions humaines s’élargit aux éléments naturels, mais vus dans une optique très anthropocentrique ;

Page 83: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

  27 septembre 1941 : loi (validée en 1945) portant réglementation des fouilles archéologiques qui fonde la légitimité de l’intervention de l’État pour le contrôle de toute intervention touchant les vestiges enfouis. Il faudra attendre la loi du 17 janvier 2001 sur l’archéologie préventive pour voir ce texte complété par des dispositions permettant de mieux maîtriser les fouilles de sauvetage liées, notamment, aux grands travaux d’aménagement et d’équipement ;   25 février 1943 : loi (validée en 1945) complétant la loi de 1913 en instituant les "abords",

zone d’un rayon de 500 mètres autour de tout monument classé ou inscrit. Toute intervention dans ces abords (démolition, construction, aménagement) est soumise à l’accord préalable d’un fonctionnaire territorialement compétent, l’architecte des Bâtiments de France ;   4 août 1962 : face aux interventions massives pour moderniser les villes et aux destructions

qui en résultent, André Malraux, premier occupant du poste, créé en 1959, de ministre des Affaires culturelles, fait adopter la loi sur les secteurs sauvegardés et la restauration immobilière. Cette législation, en étendant aux ensembles urbains historiques la notion de patrimoine et en permettant de gérer ceux-ci au moyen d’un "plan de sauvegarde et de mise en valeur", a sauvé le coeur historique des principales villes françaises, à commencer par le quartier du Marais à Paris ;   1964 : lancement, toujours par André Malraux, de l’Inventaire général des monuments et

richesses artistique de la France, vaste opération, toujours en cours, de repérage et d’analyse du patrimoine sous toutes ses formes. Cet inventaire s’est progressivement imposé comme la base méthodologique des protections, mais aussi de toute action visant à la mise en valeur ou à l’aménagement d’un territoire, urbain ou rural ;   1983 : les lois de décentralisation confirment la responsabilité globale de l’État sur le

patrimoine, mais les collectivités territoriales, chacune dans le cadre de ses compétences propres, sont invitées à s’associer à cette action ;   10 juillet 2000 : loi relative à la protection des trésors nationaux. Elle permet à l’État

d’acquérir les oeuvres d’art qui lui paraissent essentielles pour les collections publiques, afin d’éviter leur exportation. La notion de patrimoine s’est ainsi, en France, progressivement élargie tout au long du XXe siècle, du monument exceptionnel au patrimoine vernaculaire des villes et des campagnes, de l’élément isolé et précieux aux ensembles bâtis et paysagers. Cette évolution s’est accompagnée d’autres extensions : des immeubles aux meubles, du matériel à l’immatériel (le patrimoine ethnologique en particulier, avec ses savoir-faire, ses coutumes...). Quelques exemples parmi les monuments les plus connus : le château de Versailles, les châteaux de la Loire (Chambord, Azay-le-rideau...), l’abbaye du Mont-Saint-Michel, les cathédrales (Reims, Chartres, Paris...). Aujourd’hui, environ 40 000 immeubles sont protégés au titre des Monuments historiques (15 000 classés, 25 000 inscrits à l’Inventaire supplémentaire). Près de la moitié d’entre eux relève de la propriété privée, mais ils peuvent bénéficier d’une aide financière de l’État (subventions pouvant aller jusqu’à 50 % des travaux si l’immeuble est classé, 15 % s’il est inscrit) et de déductions fiscales. L’État consacre en moyenne, chaque année, à leur entretien et à leur restauration un budget de 305 millions d’euros. Les travaux financés par l’État sur les monuments classés sont programmés par les conservations régionales des Monuments historiques (services des directions régionales des affaires culturelles). Leur maîtrise d’œuvre est assurée par un architecte en chef des Monuments historiques (une centaine pour l’ensemble du territoire). Les collectivités territoriales, elles-mêmes propriétaires de près de 45 % de ces monuments,

Page 84: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

investissent également des sommes très importantes pour leur restauration et leur mise en valeur. Les abords de ces 40 000 monuments sont surveillés par les architectes des Bâtiments de France, fonctionnaires rattachés aux services départementaux de l’architecture et du patrimoine. La loi de décentralisation du 7 janvier 1983 permet aux maires d’être associés à cette gestion des abords par l’institution d’une "zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager". Près de 350 ZPPAUP ont été mises en place, et 600 autres sont à l’étude. 98 centres urbains historiques sont protégés et gérés par un "secteur sauvegardé". Ces secteurs couvrent au total environ 7 000 hectares où résident près d’un million d’habitants. La surface de chacun d’entre eux varie de quelques dizaines d’hectares (la bastide de Montpazier) à plusieurs centaines (Toulouse). Les tissus urbains ainsi protégés sont généralement d’une origine très ancienne, médiévale voire antique, mais certains sont de création récente, telle la petite ville balnéaire de Mers-les-Bains créée à la fin du 19e siècle. Le patrimoine mobilier peut lui aussi être protégé au titre de la législation sur les monuments historiques, et restauré par les spécialistes du service avec une aide financière de l’État. C’est ainsi que plus de 120 000 objets sont classés, ce chiffre englobant parfois des collections comportant elles-mêmes plusieurs centaines d’unités. Ces meubles, tapisseries, pièces d’orfèvrerie, vases, décors sont enregistrés sur une base de données. L’administration doit être avisée de tout changement affectant la localisation ou la propriété des objets classés. Placé sous la tutelle du ministère de la Culture, le Centre des monuments nationaux (CMN) est en charge de la mise en valeur des 115 monuments et sites historiques appartenant à l’État et ouverts à la visite du public ainsi que de la gestion domaniale de 200 autres monuments. Il a notamment pour missions d’aménager les monuments pour améliorer l’accueil du public, d’éditer des documents d’information, d’ouvrir le patrimoine sur la création artistique, de l’intégrer dans la politique de développement culturel et touristique en concertation avec les directions régionales des affaires culturelles, les collectivités territoriales et les différents réseaux d’institutions culturelles. Le centre est doté pour 2001 d’un budget de 71,6 millions d’euros (dont 98 % de ressources propres). Chaque année, il reçoit 10 millions de visiteurs et organise plus de 200 manifestations culturelles dans ces monuments et sites.

- Canada :Une des premières tentatives de préservation à grande échelle au Canada remonte à 1875, quand le gouverneur général Lord DUFFERIN intervient pour sauvegarder et rehausser les fortifications de la ville de Québec (voir CITADELLE DE QUÉBEC). Au lieu de permettre leur démolition, ce que souhaitent alors des gens d'affaires locaux, Dufferin fait reconstruire les murs qui tombent en ruines et ajouter des nouveaux éléments caractéristiques. Dans l'esprit de l'époque, Dufferin vise surtout à améliorer le côté pittoresque de la cité : selon lui, c'est la notion de ville ceinturée qui importe, pas nécessairement les fortifications en pierre elles-mêmes.Bien que le Manitoba s'enorgueillisse de la création d'une société historique à peine neuf ans après la constitution de cette province et que le FORT CHAMBLY au Québec ait été restauré grâce à une initiative privée en 1882-1883, les activités concertées de préservation du patrimoine

Page 85: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

demeurent relativement rares au Canada avant le début du XXe siècle. Avant que les défenseurs du patrimoine aient voix au chapitre et structurent leur intervention, il aura fallu attendre des mesures comme la mise sur pied du Comité de préservation des lieux panoramiques et historique du Canada (1900), de la SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA, de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada (1919) et de la Commission des biens culturels du Québec (1922), ainsi que la légifération visant la protection des artefacts autochtones de la Colombie-Britannique (1925). Durant cette période, on assiste également à l'essor des mouvements de défense, notamment The Architectural Conservancy of Ontario, organisme fondé en 1932, à la création de résidences-musées comme celle de William Lyon MACKENZIE à Toronto, et à la préservation, dans leur état actuel, d'anciens ouvrages militaires tels que FORT YORK en Ontario, le FORT PRINCE-DE-GALLES au Manitoba et FORT LANGLEY en Colombie-Britannique.Au cours des années 20 et 30, le milieu universitaire s'intéresse de plus en plus à l'architecture ancienne. Des chercheurs redessinent au centimètre près des bâtiments historiques sauvegardés (en s'inspirant du programme d'inventaire écossais), notamment Ramsay TRAQUAIR (1874-1952) et ses étudiants en architecture à l'U. McGill, Éric ARTHUR (1898-1982) et ses étudiants à l'U. de Toronto, et un disciple de Traquair, Arthur William Wallace (1903-1978), en Nouvelle-Écosse. Les publications de ces experts et d'autres amateurs commencent à sensibiliser la population aux bâtiments patrimoniaux. Durant cette période, les mesures de conservation sont surtout le fait des gouvernements, et dans la plupart des cas, les bâtiments et les lieux sont préservés à la mémoire d'un personnage ou d'un événement d'importance historique. Par exemple, FORT ANNE à Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse, est déclaré lieu historique national en 1920 du fait qu'il rappelle les luttes coloniales entre la France et l'Angleterre, et non pour quelque valeur architecturale qu'ait pu receler le bâtiment abritant les quartiers des officiers supérieurs et datant de 1797.De plus, cette période marque le début de la reconstruction d'édifices patrimoniaux et des musées en plein air. Ainsi, on recrée au même endroit ou près du site original l'habitation de Champlain à PORT-ROYAL (Nouvelle-Écosse) datant de 1605 et les bâtiments depuis longtemps disparus de FORT GEORGE, en Ontario. Ces réalisations, qui visent souvent à créer des emplois, ne représentent pas des mesures de conservation du patrimoine dans le sens classique du terme, bien que, ironiquement, plusieurs de ces ouvrages reconstruits constituent un témoignage des préoccupations du début du XXe siècle, et qu'ils soient préservés à ce titre. La popularité de la ville coloniale restaurée et reconstruite de Williamsburg en Virginie (travaux entrepris en 1926) influence la création de plusieurs « musées en plein air », où les visiteurs peuvent déambuler parmi les bâtiments anciens restaurés et des répliques modernes, tandis que des animateurs en costume d'époque font revivre le quotidien ancestral.

Les années 70 marquent le début d'un changement de cap radical. Dans la décennie suivant EXPO 67, les entreprises privées se tournent peu à peu vers ce secteur afin de profiter du créneau intéressant que représente la réutilisation des bâtiments patrimoniaux, émergeant avec la montée du nationalisme et de l'intérêt pour l'histoire.

Histoire en Belgique- Premières actions - Fédéralisation- Directions des Monuments, Sites et Fouilles de Wallonie- Dienst - Direction des Monuments et des Sites de Bruxelles- Horta et l’Art nouveau

Page 86: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,
Page 87: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Objectifs   : identité et mémoire/mémoire collective Le patrimoine est un vecteur de mémoire et d'identitéDistinguer objets, lieux, faits ou encore acteurs qui « font patrimoine » est un processus éminemment social. Le patrimoine n’est pas une norme, mais un secteur en évolution qui suit les contours de ce que la société envisage comme ressortant du patrimoine.Les dynamiques identitaires concernent tout ce qui touche au passé et à sa réactivationIdentité :L’appartenance concrète à une même communauté et du sentiment de cette appartenanceLes propositions qu'on va lire indexent toute politique culturelle sur l'idée que la culture remplit auprès d'une collectivité deux fonctions primordiales. En premier lieu, en tant que réseau symbolique, elle assure la cohésion collective : par référence à des filiations, elle crée un sentiment d'appartenance ainsi que les fidélités dont a besoin le groupe pour croire en lui. En second lieu, elle garantit la représentation du même groupe au dehors, face aux autres, en relation avec des partenaires. La collectivité s'affirme au monde par ses propriétés, ses oeuvres et ses travaux, ses actes et ses héros.l'anomieExemple Wallonie   : L'idéologie du déclin a menacé de jeter la Wallonie dans les poubelles de l'histoire, selon l'expression forte de Jean Louvet. Je rêve d'un manuel scolaire... Jean LouvetLa Wallonie, 12 avril 1991.Sans sa culture, la Wallonie ne sera jamais une nation. Sans doute un Etat mais sans projet mobilisateur. Moi, pour écrire et espérer, j'ai voulu connaître les fils cachés de mon appartenance à l'histoire. Aujourd'hui, j'en sais assez pour me situer dans le temps et l'espace wallons par rapport au monde. Et je rêve d'un manuel scolaire à l'usage des jeunes de Wallonie, qui leur rendrait quelques repères pour leur donner envie d'en savoir davantage sur leur pays.C'est encore l'école qui modélise la culture pour une large part. Ce qui me tue dans l'enseignement, c'est la difficulté, voire l'incapacité, que nous éprouvons à nous situer face aux moments fondateurs de l'Occident; Renaissance, Lumières, Révolution française, socialisme, etc. La Renaissance est nôtre aussi par Roland de Lassus et sa musique révolutionnaire, par Joachim Patinier et ses superbes paysages, par Jacques Dubroeucq sculptant une si émouvante Charité à Sainte-Waudru : que c'est beau! Faisons visiter, par ce manuel, quelques musées (pas trop, je sais) : Musée de la Vie wallonne, est-ce trop demander?, Magritte, Simenon : on peut? Avec tant d'autres peintres, écrivains, sculpteurs. Nous ferons un sort aux idées : de Destrée à Quévit en passant par Sauvy. Et nos historiens, ô dérision! , qui ont tant fouillé le passé à l'usage d'un peuple qui ne sait toujours pas qu'il a une histoire... La BD, évidemment. Bury, Pousseur, Ubac : connaissent pas. Quand au Palais des Princes-Evêques ou Beloeil, je demande à voir. Que nos jeunes sachent au moins lire quelques monuments. Maredsous, Orval, abbaye d'Aulnes, c'est quoi? C'est quoi, les citadelles de la Meuse? Et Bois-du-Luc, le Grand Hornu, ces empires de richesses et de misères : nos anciens ont vécu, mangé comme des bêtes, mais l'alimentation (culture aussi) a changé : grâce à qui? Et pourquoi pas l'histoire de la mort, du sexe? Que nos jeunes marchent dans l'espace, marchent dans le temps! Qu'on leur rende enfin quelques points forts comme des étoiles qui éclaireront leur vie!C'est cela aussi et surtout appartenir à un peuple. Combien d'élèves ne sortent-ils pas des humanités en reprochant : "La Wallonie, Monsieur, on ne sait presque rien." On peut encore les faire rêver sur les animaux fantastiques de Bernissart, l'Homme de Spy, le génocide romain et la terrible résistance gauloise dans l'imprenable forêt des Ardennes. Résistance, quel beau mot pour irriguer leur esprit si incertain : nos jeunes n'ont aucune identité, phénomène exceptionnel dans l'histoire des hommes. Est-ce un hasard si la Wallonie détient le taux de suicides le plus élevé d'Europe? Des grèves générales du dix-neuvième siècle à André Renard, de notre antifascisme, que savent-ils? Versailles, c'est bien, mais des qualités démocratiques, ce n'est pas mal non plus en ces temps mal définis...(Octobre 1991)

Page 88: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Histoire wallonne, culture wallonne : le débat est ouvert depuis quelques années. Il s'est accéléré et a pris une nouvelle dimension avec la fédéralisation de la Belgique. Il fait immanquablement surgir la question d'une identité régionale ou encore nationale. Question controversée, comme on sait : la Wallonie est une notion qui a mis des siècles à se dégager; elle n'émerge vraiment comme représentation qu'au XIXème siècle (avec Mockel, par exemple); l'unité que lui assurent langue de culture et dialecte est loin, aujourd'hui encore, de gommer les particularismes dont cette région est l'addition ou la juxtaposition. Dans quelle mesure peut-on, en cette occurrence, fonder une culture sur l'idée d'une identité partagée ?Cette région s'est formée au gré de quelques événements historiques qui l'ont coalisée et définie : on peut penser aussi bien à la Révolution industrielle et à toutes ses conséquences qu'à la formation puis à la désagrégation de la Belgique, aux luttes sociales de 1886 qu'à la guerre 40-45 et à la Résistance.La condition prolétarienne, même si elle n'a pas été le tout de la société wallonne contemporaine, pèse ici douloureusement. Certes, le prolétariat wallon s'est affirmé par des actes et des aspirations. Mais la culture qui s'en est dégagée est toujours demeurée une culture "barrée". Et aujourd'hui nous sommes confrontés à une sorte de vide de la représentation nationale et populaire, auquel il s'agit de remédier par divers moyens.De ce point de vue, on rappellera que les Wallons sont nourris de deux cultures au moment de l'école : la française, grande et prestigieuse, d'une part, la belge, incertaine et souvent factice, de l'autre. De leur appartenance on ne souffle mot : il n'est pas beaucoup de peuples en dehors du nôtre auquel la littérature nationale n'est pas enseignée mais bien une littérature de substitution, aussi considérable et enrichissante soit-elle.Surréalisme : expositions au bamles diverses provinces s'ignorent, sont coupées les unes des autresles jeunes Wallons d'aujourd'hui sont dépossédés de leur histoire et de leur culture; et, dès lors, on peut estimer que la crise aiguë que connaît l'enseignement dans notre région est, pour partie au moins, le fait de cette dépossession; dans une telle conjoncture, l'école est à la fois coupable et victime : elle subit la dépossession mais aussi l'entretient et n'y trouve pas remède. Comment sortir de cette situation génératrice d'anomie ?Pour que la Wallonie soit en mesure de s'identifier, il lui revient donc de renouer avec sa culture en même temps que d'en rassembler les composantes.l'histoire et la culture de Wallonie soient résolument inscrites dans les programmes scolairesd'offrir au public des jeunes - mais aussi bien à un public plus large - un ouvrage d'initiation à l'histoire de la Wallonie en même temps qu'un manuel d'accès aux cultures de WallonieIls visent à atteindre le public scolaire par priorité, le grand public dans un second temps et se veulent donc synthétiques, lisibles, didactiques;

Page 89: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Régimes autoritaires et patrimoine   : déconstruction ou mystification - l'amnésie- Le mythe de l’histoire

Patrimoine et modernité

Page 90: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

III. La notion de patrimoine hors vision occidentale

AfriqueJapon

Tradition

Aujourd’huiProtection du patrimoine intangible et politique culturelle au Japon (Relié) de Alassimone CatherineAnrt -Atelier National de (10 septembre 2004)Collection : These a la Cart ISBN-10: 2284017835 ISBN-13: 978-2284017837

Notion exportée

- Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura ?????

- Fonds-en-dépôt japonais pour le patrimoine matériel auprès de l'UNESCO

Objectif : Le Fonds est destiné à préserver le patrimoine culturel tangible tels que les monuments historiques et les vestiges archéologiques de grande valeur.

Le Fonds finance les activités qui sont en conformité avec cet objectif, tels les travaux de restauration et de préservation, les études ou recherches préliminaires ou de portée générale (y compris les fouilles archéologiques de petite importance) qui sont directement liées aux travaux. Les services d'experts internationaux ainsi que l'équipement nécessaires peuvent être fournis selon les besoins. La formation de spécialistes nationaux constituant un volet important de cette coopération, chaque projet comprendra des activités de formation dans les domaines concernés.

Les activités qui ne sont pas directement liées à l'objectif susmentionné, comme la construction ou le développement d'un musée de site, ou l'installation de structures nouvelles destinées au développement du tourisme culturel, ne font pas l'objet d'un financement.

Historique

Malgré les efforts déployés depuis des années par l'UNESCO, ainsi que par d'autres institutions en collaboration avec elle, aussi bien sur le plan normatif que sur le plan opérationnel, il existe encore de nombreux sites, monuments historiques et autres patrimoines culturels communs de l'humanité, menacés de graves dégradations, voire de disparition, à défaut d'interventions appropriées.

Préoccupé par ce problème, le Japon figure parmi les Etats membres qui ont bien voulu soutenir activement l'action de l'UNESCO, comme en

Page 91: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

témoigne l'assistance technique et financière fournie par son gouvernement dans diverses campagnes internationales, telles la sauvegarde du temple d'Abou Simbel en Nubie, du temple de Borobudur (Indonésie) et du site archéologique de Moenjodaro (Pakistan).

En 1988, Monsieur Noboru TAKESHITA, Premier ministre du Japon, déclara à Londres que le renforcement des échanges culturels serait désormais l'un des piliers de la politique étrangère du Japon en matière de coopération internationale. Dans le cadre de cette nouvelle politique culturelle de coopération, le domaine de la préservation du patrimoine culturel fut choisi et, en 1989, le gouvernement japonais déposa à l'UNESCO un fonds spécifiquement destiné à cet effet, intitulé "Fonds-en-dépôt japonais pour la Préservation du patrimoine culturel mondial", confirmant ainsi sa détermination à soutenir les efforts conjoints des pays concernés et de l'UNESCO.

Identification et sélection des projets

Des projets peuvent être proposés, tant par l'UNESCO que par les autorités japonaises, sur la base des requêtes d'assistance adressées par les gouvernements qui souhaitent bénéficier de cette coopération pour la préservation de leur patrimoine culturel significatif.

Les sites dont la valeur patrimoniale est mondialement et scientifiquement reconnue, et qui se trouvent dans un état précaire, font l'objet de cette coopération. L'inscription du bien culturel sur la Liste du patrimoine mondial n'est pas une condition nécessaire, mais ce fait peut être considéré comme un élément important pour apprécier la valeur du patrimoine culturel en question.

Outre le montant du budget et la disponibilité des fonds, la priorité donnée par le gouvernement bénéficiaire ainsi que la compatibilité avec la politique étrangère du Japon et la distribution géographique des projets déjà en cours, sont les éléments pris en considération dans l'identification des projets. La participation d'experts japonais sera considérée favorablement au regard de l'esprit de la coopération technique pour le développement.

Engagement de l'Etat bénéficiaire

Cette coopération vise à soutenir les efforts déployés par les autorités nationales dans le domaine de la préservation du patrimoine culturel, notamment par l'octroi d'assistance technique, afin que cette tâche de préservation du patrimoine culturel puisse être prise en charge entièrement par l'Etat bénéficiaire à l'avenir. A cet effet, l'engagement ferme de la part du pays bénéficiaire dans cette tâche est essentiel pour le succès du projet entrepris.

Signification de la préservation du patrimoine culturel

Page 92: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Perspectives de coopération future

Comme en témoignent ceux qui sont présentés ici, les sites culturels du monde révèlent la richesse des créations de l'humanité par leurs styles artistiques et leurs fonctions sociales. Fruits de notre diversité culturelle, ils nous fournissent l'occasion d'apprécier nos différentes traditions culturelles. Néanmoins, sous cette apparente diversité, ils traduisent des aspirations communes à toute l'humanité. Le patrimoine culturel, expression cristallisée de nos existences, est aussi pour nous tous une source constante d'inspiration. Il est nécessaire que la responsabilité pour préserver ce patrimoine culturel, passerelle entre le passé, le présent et le futur, soit partagée par tous.

Cette notion de responsabilité commune est toutefois une idée relativement neuve pour la communauté internationale. En ce sens, la campagne de l'UNESCO, lancée en 1960 pour sauver les monuments et les sites de Nubie menacés par la construction du barrage d'Assouan, fut un événement significatif d'une grande portée. Mais, bien que la communauté mondiale ait continué de répondre aux appels de l'UNESCO, des besoins économiques de plus en plus pressants ont trop souvent relégué la culture à la seconde place.

L'UNESCO est très reconnaissante au gouvernement japonais de son soutien continu à son action dans ce domaine primordial qu'est la culture, notamment pour ses généreuses contributions, à travers le fonds-en-dépôt japonais établi auprès de l'Organisation, et aux opérations menées sur de nombreux sites culturels situés dans plus de dix pays. La plupart de ces opérations se sont déroulées en Asie. La mise en œuvre du projet de préservation du monastère de Probota, en Roumanie, constitue toutefois un exemple hors d'Asie, mené avec succès. Dans cette perspective et dans le cadre des programmes établis par l'UNESCO, des projets pour des sites de la région arabe et d'Afrique, tels que Fez (Maroc), Sana'a et Shibam (Yémen), Gaza (Territoires autonomes palestiniens) et les Palais royaux d'Abomey (Bénin), pourront être proposés pour une coopération future.

Etant donné la signification universelle de la préservation du patrimoine culturel, l'UNESCO souhaite sincèrement que cette coopération soit ainsi progressivement étendue à toutes les régions du monde qui possèdent également de riches joyaux culturels, essentiels à préserver pour la "mémoire du futur".

IV. La conservation-restauration à échelle internationale

Les textes fondateurs, chartes, etc.Dès les années 1960, les Français ont participé à l’élaboration des chartes internationales, telle celle de Venise (1964) qui a fondé la doctrine de la restauration des monuments historiques, ou celle de Grenade (1987) qui a transposé ces principes aux ensembles urbains. Le Conseil de l’Europe

Page 93: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

constitue en outre un cadre particulièrement fécond pour favoriser les échanges d’expériences, enrichir ainsi les actions nationales et proposer aujourd’hui des politiques européennes en faveur du patrimoine. Enfin, l’émergence, sous l’égide de l’UNESCO, de la notion de Patrimoine de l’humanité

Patrimoine mondial UNESCO

Label, conventionDéfinitions, chartes, etc.ActionsExemples- Reconstruction en Iraq : mobilisation à l'UNESCO et à l'Union EuropéenneLa communauté internationale poursuit sa mobilisation pour aider l’Iraq dans son processus de reconstruction. Deux réunions internationales, consacrées à l’Iraq, se tiennent en ce moment à Bruxelles et au siège de l’UNESCO. Placée sous les auspices de l’Union européenne et des Etats Unis, une conférence internationale, qui a pour objet d’examiner les moyens d’aider l’Iraq dans son processus de stabilisation et de reconstruction se tient aujourd’hui à Bruxelles. Elle rassemble les ministres des affaires étrangères et représentants de quelque 80 états ou organisations internationales, dont le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, et la Secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice. Au Siège de l’UNESCO, du 22 au 24 juin, se déroule la deuxième réunion du Comité international de coordination pour la sauvegarde du patrimoine culturel iraquien (CIC). En présence du ministre iraquien de la culture, Nuri Farhan al-Rawi, et du ministre d’Etat pour le tourisme et les antiquités, Hashim al-Hashimi, et de nombreux experts internationaux, le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, a ouvert le mercredi 21 juin 2005 cette deuxième réunion du CIC. Cette réunion, qui intervient après deux missions de l’UNESCO en Iraq et trois réunions d’experts internationaux, a pour objectif de passer en revue les actions en cours, d’en faire une évaluation et de mettre au point des objectifs afin de garantir de la manière la plus appropriée la protection et la réhabilitation du patrimoine culturel de l’Iraq, qu’il soit matériel ou immatériel. Comme l’a rappelé le Directeur général dans son discours d’ouverture, ce Comité international de coordination a été établi lors de la 167e session du Conseil exécutif de l’UNESCO en septembre 2003, sous les auspices du Ministère de la culture de l’Iraq, dans le but de coordonner à la fois l’aide internationale en matière de patrimoine culturel ainsi que toutes les activités en faveur de sa protection, et de planifier un programme de mise en œuvre conforme aux normes internationales les plus rigoureuses en la matière. La lutte contre le trafic illicite, la formation de professionnels aux métiers d’art, la protection des sites archéologiques et la réhabilitation des bâtiments historiques, la prévention des fouilles illicites et des pillages, restent les priorités de l’UNESCO. « C’est la protection de l’un des plus anciens patrimoines du monde qui est en jeu, et il est de notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir » (…) « La protection, comme la réhabilitation, sont des processus qui appellent une mobilisation internationale et des stratégies sur le long terme », a déclaré M. Matsuura. Il s’est réjoui des contributions déjà apportées par les Etats membres de l’Organisation pour la mise en œuvre de projets sur le terrain. Contributions financières[1], mais aussi assistance technique[2], qui s’insèrent dans la stratégie globale d’intervention des Nations Unies en Iraq. Concernant la réhabilitation du patrimoine culturel iraquien, un programme complet a été approuvé le 20 mai 2004 dans le contexte du fonds-en-dépôt de l’UNDG[3]. Ces contributions de l’UNDG et d’autres fonds-en-dépôt ont permis à l’UNESCO, au cours des

Page 94: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

deux dernières années, d’être très active en Iraq, malgré les conditions difficiles sur place, et d’engager la mise en oeuvre d’activités pour un montant total de 8 millions de dollars. « Dès que les consignes du système des Nations Unies nous autoriserons à nous installer en Iraq, je procéderai à l’ouverture de notre bureau de l’UNESCO à Bagdad, qui opère pour l’instant à partir d’Amman. Ce sera là un moyen de renforcer notre impact sur le terrain de manière considérable et de développer nos capacités de mise en œuvre » a annoncé le Directeur général. Il a fait part de son souhait de dépêcher une troisième mission d’experts, dès que la situation le permettra. En effet, la deuxième phase du programme de l’UNDG concerne le développement des capacités et la formation, et touche aux politiques éducatives et culturelles nationales, essentielles au succès des actions en matière de culture. « Il n’en reste pas moins que la culture est toujours en position difficile, et des négociations sont en cours avec des donateurs potentiels afin de sécuriser des contributions financières dans le contexte des mécanismes de l’UNDG en faveur des activités culturelles. Je vous invite donc à poursuivre votre engagement aux côtés de notre Organisation afin d’apporter toute l’assistance nécessaire aux autorités iraquiennes à cet égard, et j’en appelle aux Etats membres pour qu’ils poursuivent leurs efforts financiers afin de permettre la mise en oeuvre de la deuxième phase du programme de l’UNDG pour la culture » a-t-il déclaré avant d’assurer le ministre de la culture de l’Iraq et le ministre d’Etat pour le tourisme et les antiquités, « que le Secrétariat de l’UNESCO se tient prêt à leurs apporter toute l’assistance possible ». [1] Des contributions financières ont été faites par les gouvernements d’Italie, du Japon, de la Suisse, des Flandres, de la Norvège, de la Turquie, de la République tchèque et de la Lettonie[2] l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, la Grèce, la Hongrie, la Lettonie, la République islamique d’Iran, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, le Royaume-Uni, les Etats-Unis d’Amérique, la Jordanie, l’Egypte, l’Espagne et la Suisse[3] pour un montant total de 5 millions et demi de dollars sur une période de trois ans

Réhabilitation / réaffectation- «Qu’est-ce qui est le plus important? Maintenir un matériau en mauvais état ou l’histoire d’un lieu avec des volumes et une typologie?»- L’une des questions, qui exigent des réponses souvent immédiates, est la sauvegarde du patrimoine architectural rural. L’évolution des structures et des techniques agricoles, la disparition de nombreuses exploitations laissent chaque année des dizaines de fermes et de granges à l’abandon. Dans tous les villages, on ne compte plus les ruraux désaffectés qui, à défaut d’utilisation, tombent en ruine. A l’évidence, cette situation du bâti agricole place les autorités et les privés devant des décisions souvent difficiles, parfois tendues par l’incompréhension réciproque des objectifs et des exigences.- Maisons-musées / icom- la momification Le patrimoine est directement issu de la vie de ceux qui nous ont précédés. C’est de cette vie même qu’il porte témoignage. Le conserver ne peut se faire en l’immobilisant pour toujours. La conservation du patrimoine n’est pas un arrêt sur image. C’est le maintien en vie de ce qui nous rattache au passé, mais qui ne peut survivre qu’en nous accompagnant dans notre progression vers l’avenir. Transmettre l’héritage, ce n’est pas le stériliser, c’est l’enrichir. C’est pourquoi non seulement une authentique conservation du patrimoine n’exclut pas la création contemporaine, mais elle l’appelle au contraire comme son complément indispensable. Il faut donc être très

Page 95: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

attentif à ce que les politiques patrimoniales ne se transforment pas en une momification de cet héritage. Ce serait une autre manière d’étouffer celui-ci, donc de nier sa dimension patrimoniale, car le patrimoine n’existe que s’il est réintégré dans la vie d’aujourd’hui. Il n’y a pas de patrimoine sans cette intime réappropriation ;

La reconstitution à l’identique

- La construction de l’église Saint Pierre à Firminy

lapremiererue.fr/.

Page 96: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

A Firminy, commune de 20 000 habitants, proche de Saint-Étienne dans le Sud-est de la France1, l’église Saint Pierre, dont la construction fut interrompue en 1965, est aujourd’hui, soit quarante ans plus tard, en voie d’achèvement. Cet édifice jouit certes d’une aura de taille : classé « Monument historique » en 1996, en voie d’inscription au « patrimoine mondial de l’Unesco » en 2006, et déclaré « d’intérêt communautaire » par Saint-Étienne Métropole — l’agglomération l’abritant. Rares sont les édifices qui bénéficient d’une telle faveur. La réhabilitation des bâtiments dits « historiques » — la restauration à l’identique — est chose connue, presque évidente pour un bâtiment de cette ambition, mais construire entièrement un bâtiment selon les plans initiaux a un caractère exceptionnel. Cette décision tient à l’unicité de

Page 97: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

cette église : sa volumétrie innovante, son créateur Le Corbusier, architecte mondialement reconnu, urbaniste critiqué et théoricien ayant posé les bases de l’architecture moderne, ainsi que son appartenance au deuxième site mondial des œuvres de Le Corbusier après Chandigarh en Inde. En effet, Le Corbusier, grand penseur et bâtisseur du 20e siècle, innove dans ce projet, en dessinant un espace où sont minimisées au maximum les verticales et horizontales au profit de plans obliques. Aujourd’hui de nombreux architectes et historiens suivent avec le plus grand intérêt la progression du chantier en cours, afin de vivre de leur propre fait une des dernières leçons d’architecture « Le Corbu ». Ce qui est surprenant ce n’est pas tant le choix porté sur ce bâtiment d’exception, c’est plutôt le phénomène accompagnant sa réalisation : comment cette église est-elle devenue patrimoine avant même d’être sortie de terre ?En 1960, l’église Saint Pierre est commandée à l’architecte Le Corbusier par l’association paroissiale de Firminy. Cette commune, sous l’impulsion de son maire2 fervent « d’architecture moderne », a déjà fait construire par Le Corbusier une « maison de la culture » (1956), un stade (1956) et un ensemble de logements (une « unité d’habitation » en 1960). Suite au décès de Le Corbusier en 1965, l’église, dont les plans sont validés et la construction est permise, est abandonnée progressivement. Aucune pierre n’est posée. Dans les années 70, ce bâtiment encore à l’état de dessins devient « architecture à défendre » et prend son essor en tant que « bâtiment référence » d’une architecture exceptionnelle, de par son volume, et son concepteur. L’association paroissiale, commanditaire du projet initial, n’étant plus soutenue financièrement par le clergé, se dissout pour devenir « l’association Le Corbusier pour l’église de Firminy-Vert ». Ce groupe s’ouvre vers d’autres horizons, laïcs et politiques. Le bâtiment dont l’usage en tant qu’église devient alors fragile, évolue principalement vers « une architecture Le Corbusier ». Un premier chantier démarre en 1970, mais s’interrompt en 1976 faute de financements et de technologie : la base est construite, soit le socle sur lequel devrait se poser le clocher de l’église, « le cône inversé ». A travers cette étape, le rôle social se déplace de lieu de croyance à lieu de tourisme, d’un lieu d’une pratique cultuelle à celui d’un savoir architectural. Ce phénomène s’amplifie au gré des acteurs qui se joignent à cette conquête de l’édification : d’abord « l’association des amis de Le Corbusier » s’associe, puis la « Fondation Le Corbusier » aide à trouver des financements, et enfin l’architecte José Oubrérie, ancien collaborateur de Le Corbusier, est nommé architecte mandataire chargé du suivi de chantier. La dernière phase a démarré courant 2005 et devrait s’achever en 2006. Pour s’inscrire dans le projet politique de créer un attrait touristique autour de Firminy-Vert, les étages inférieurs de l’église vont devenir centre culturel, et l’espace dédié à la prière va rester tel quel, sans fonction additionnelle. Mais sera-t-il adopté par des croyants ? Va-t-il recueillir les prières des fidèles ? Cette ambiguïté sur l’utilisation du lieu cantonne le bâti à être un volume dont l’essence est purement artistique, et ainsi évolue vers le statut « d’objet d’architecture ». Au lieu d’être un « espace architectural », bâtiment en trois dimensions associé à la présence de l’homme et au facteur temps, ce lieu devient une sculpture et perd une part de sa réalité architecturale. L’espace en soi ne suffit pas à définir l’architecture. Bruno Zévi décrit l’architecture comme une expérience : « c’est l’homme qui, se déplaçant dans l’édifice, le regardant sous des points de vue successifs, crée lui-même, pour ainsi dire, la quatrième dimension, et donne à l’espace sa réalité intégrale » (Zévi, 1959, p. 15). Le vécu, l’usage et l’utilité sont indispensables à la qualification d’une architecture, et les différencient de l’acte purement artistique qui aboutit à des œuvres plastiques.Le genre « église » n’est plus la qualification retenue mais devient une information secondaire. À la place, l’étiquette « un bâtiment Le Corbusier » prime : c’est le véritable dénominateur commun entre tous les participants (ecclésiastiques, politiques, architectes, historiens, et simples citoyens). Comme une sculpture vivante car pratiquée par des hommes, posée dans un musée urbain, elle appartient au groupe des « églises de Le Corbusier »3. En fait l’acte de donner volume, la construction, plus que le résultat bâti, devient le lien entre les

Page 98: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

participants à cette quête de l’existence du bâtiment. Cette fabrication d’architecture comme démarche essentielle est illustrée par la vision des étudiants de l’École d’Architecture de Saint-Étienne : sur leur site Internet conçu pour cette occasion4, les thèmes abordés « suivez le chantier étape par étape », « visitez le chantier », etc. sont principalement orientés sur « la reprise du chantier » et « la réalisation d’un projet de Le Corbusier », et non pas sur sa conception, son histoire, sa vocation, etc. Est-ce pour cela que ce bâtiment a généré un tel engouement ? Habituellement, un bâtiment est construit par l’architecte et le client concepteurs. Or pour cet ouvrage, les constructeurs sont des personnes autres que le tandem initial, et de surcroît différentes selon les époques. Mais elles sont toutes engagées dans une même direction. Cette compréhension commune garantit une grande cohérence au bâtiment final.

La flexibilité de son usage et l’élasticité de son rôle social octroient au lieu une dimension particulière. De plus, le fait que seule sa forme architecturale n’évolue pas, qu’elle reste strictement identique à celle conçue par Le Corbusier, confirme cet édifice en espace consacré par un métier5. Ce bâti ne cherche pas à s’inscrire dans le discours ordinaire d’insertion dans le paysage, de « fonction lue sur la façade »6 mais plutôt dans celui d’objet exposé dans une vitrine, celle du parc « centre civique de Firminy-Vert ». Cette construction va-t-elle devenir un milieu vide, un contenant indifférent au contenu, défini uniquement selon des critères esthétiques et d’ingénierie ? En cela, cette église devient un objet d’architecture et non pas un espace architectural. De plus, « la valeur propre de l’architecture est celle de l’espace interne » (Zévi, 1959, p.123), celui capable de contenir des personnes. Or ce bâtiment, de par cette réalisation particulière, a plutôt mis en avant son image et sa représentation d’une architecture, et a perdu son sens d’espace provoquant des réactions humaines et subissant les avancées temporelles : il est devenu figé dans son seul objectif d’être la réplique de l’espace conçu quarante ans auparavant. Cette quête de l’architecture intemporelle s’assimile davantage à une démarche spirituelle, vouant un culte à un architecte, en l’occurrence Le Corbusier, qu’à la volonté initiale d’édifier « une église moderne ». Sa conservation et sa mise en valeur relèvent plutôt des processus de définition de patrimoine. Cette approche permet-elle de développer une nouvelle critique sur le savoir architectural ? Plutôt, elle institutionnalise le bâtiment en tant qu’œuvre d’artiste. Il ne peut être un espace dynamique, vivant selon les effets de ses usagers. Cette aventure intellectuelle satisfait une corporation, ainsi que ses politiques associés, entretient la puissance des limites disciplinaires

Page 99: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

où finalement seuls les architectes ont droit de parole et d’action sur leur domaine privilégié. Là où ils n’interviennent pas, le label « architecture » ne peut être apposé, simplement celui de construction sera admis. Cette conviction de conserver l’œuvre telle qu’elle fut imaginée confirme son rôle de représentation respectueuse d’un savoir faire. Être un objet repérable d’emblée est l’objectif, beaucoup plus que celui de construire un lieu de culte chrétien, ou encore finaliser un bâtiment inachevé. Alors que son exactitude avec sa conception d’origine est garantie par tous les acteurs, ce projet institutionnel transforme le bâtiment, en créant un lien fort avec son passé, en certifiant l’intérêt grandissant des touristes, pour devenir un objet de société ayant la dénomination « patrimoine » dès sa naissance. Est-ce un paradoxe de cette histoire, ou une nouvelle forme de site patrimonial, fabriqué de toutes pièces, sans même avoir existé en lieu commun et anodin avant d’être choisi et entretenu comme élément représentatif de la société ?

On pourrait se demander pourquoi ne pas plutôt construire un bâtiment hymne à Le Corbusier ? Cette église n’est-elle pas seulement une œuvre artistique, un simple pastiche, qui imite la manière de son auteur? De plus, comment verrait Le Corbusier, farouche défendeur de la fonction du bâtiment, cette église devenir centre culturel ? Quel est l’intérêt de cette construction ? En dehors de celui de construction d’un patrimoine, deux intérêts complémentaires apparaissent : un technique, et l’autre social.À l’époque de la conception par Le Corbusier, les bétons inventés et leur mise en œuvre ne pouvaient répondre à ce « cône inversé ». Ces difficultés matérielles, à la fois financières et techniques, restées en suspens quarante ans, ont été levées au moment de la réalisation. Bien que rarement mis en valeur, ce décalage temporel donne une vraie légitimité à la fabrication de l’objet, conçu comme visionnaire des évolutions techniques.L’intérêt principal qui ressort de cette expérience est surtout l’énergie humaine déployée pour construire cet ouvrage jusqu’au bout. Ce besoin d’être « en dur », de ne pas rester à l’état de projet, de sortir des cartons à dessin pour devenir volume, et ainsi de « passer de la deuxième dimension à la troisième dimension », et ceci en dehors de l’architecte concepteur, sont les vecteurs spécifiques de cette histoire. Grâce à la ténacité de nombreux militants et sa nouvelle vocation culturelle, ce projet a enfin vu le jour. En cela, cette église devient un objet d’architecture. Unique, produisant des formes hors des canons révérés, cette œuvre au même titre que les autres œuvres de Le Corbusier, est prête à être visitée non pas par ses usagers éventuels, mais surtout par des touristes qui cherchent « une architecture à voir ». Sa

Page 100: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

particularité est son identité en tant qu’image de l’architecture et non pas son rôle d’icône historique comme peut l’être le château de Versailles, ou religieuse comme la cathédrale Notre Dame de Paris. En cela, l’architecture comme discipline offrant des productions intéressantes et ainsi profitables à la société est valorisée comme acte noble dans notre monde contemporain.

Peut être une revanche se dessine à l’horizon : l’œuvre finie retrouvera-t-elle ses aspirations premières ? Le Corbusier explique l’essence de son geste au sujet d’une autre église qu’il a conçu : «  en bâtissant cette chapelle, j’ai voulu créer un lieu de silence, de prière, de paix, de joie intérieure. Le sentiment du sacré anima notre effort. Des choses sont sacrées, d’autres ne le

Page 101: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

sont pas, qu’elles soient religieuses ou non. ». En faisant un parallèle avec celle de Firminy, on peut se demander si finalement l’émotion spatiale engendrée par la visite de ce cône inversé, ainsi que le sacré révélé dans l’instant vécu à la vue de cette volumétrie particulière, ne sont pas les buts recherchés par Le Corbusier pour ce lieu de culte. Il apparaît finalement que l’architecture est indivisible, on ne peut opinément la rendre seulement belle, répondre à des valeurs esthétiques ou techniques, elle s’inscrit d’emblée dans une fabrication d’émotions. C’est en cela que cette église, devenue objet d’architecture un temps, celui de sa construction, va vraisemblablement redevenir un espace architectural lorsque les visiteurs seront dérangés, émus, surpris, ou encore happés. Ils vont saisir sa dimension spirituelle, éprouver l’envie de s’exprimer, voire même y exercer un recueillement, une sorte de prière. Est-ce une nouvelle forme de religion ? Celle du culte touristique, emplie des émotions architecturales et de ses dieux créateurs ? Ou bien la puissance de cet espace architectural imposera son rôle et sa vocation première de lieu voué à une expérience exaltée et humaniste ?Notes1 A 60 km de Lyon, dans le département de la Loire, en région Rhône-Alpes.2 En 1953, Eugène Claudius-Petit est élu maire. Firminy va connaître une période d’urbanisation intense. Ancien ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, il va, pendant près de vingt ans, faire de Firminy, un chantier permanent de construction. Parmi ces réalisations, on peut citer une nouvelle adduction d’eau et la construction du barrage sur la Semène, un nouvel hôpital et une maternité, deux lycées, les premiers gymnases, un nouvel abattoir. La ville sera remodelée et naîtra le nouveau quartier de Firminy-Vert. 3 Au même titre la chapelle Notre Dame du Haut (1950) à Ronchamp, et le couvent Sainte Marie de la Tourette (1953) à Évreux (Lyon).4 Cf. le site de l’École d’Architecture de Saint-Étienne.5 Les seuls changements sont imposés par les normes de sécurité en vigueur, et sont validés par la Fondation Le Corbusier, légataire de l’architecte.6 On reconnaît de l’extérieur un « immeuble de logements », un «bureau », une « école », etc. Ce langage du bâti exprimant clairement sa fonction à son monde extérieur est cher à l’architecture occidentale.

Catherine BonnetElle est architecte Dplg, a d’abord eu une pratique de bâtisseur de logements, principalement en région parisienne. En parallèle, elle a développé une expertise sur la conception des espaces de travail, à travers des travaux de recherche auprès de laboratoires français, anglais et américains, et de conseil auprès des usagers et des architectes. Cette expérience l’a mené vers l’anthropologie, où elle poursuit une thèse en anthropologie à l’Ehess sur la fabrication des espaces tertiaires.

Pour faire référence à cet article : Catherine Bonnet, "Comment devenir un objet d’architecture ?", EspacesTemps.net, Mensuelles, 01.02.2006 http://espacestemps.net/document1820.html

- Ces excellents moyens permettant de populariser le patrimoine inaugurent un nouveau courant basé sur l'interprétation didactique et les démonstrations concrètes, aspects en grande partie absents dans les résidences-musées et les forts préservés de l'ère précédente. On crée ainsi des musées en plein air un peu partout au Canada. Dans certains cas, notamment à UPPER CANADA VILLAGE en Ontario (années 50 et 60) et KINGS LANDINGau Nouveau-Brunswick (années 60), on procède à la conservation

Page 102: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

en déménageant à un nouvel endroit des bâtiments authentiques. Ailleurs, comme au musée de FORT MACLEOD en Alberta (années 50) et à SAINTE-MARIE-DES-HURONS en Ontario (années 60), il s'agit entièrement d'une reconstruction. La reconstitution d'une partie de la forteresse de LOUISBOURG en Nouvelle-Écosse (commencée en 1961) devient la plus grande réalisation du genre en Amérique du Nord, surpassant même Williamsburg. Les travaux de restauration et de reconstruction sur une grande échelle comme à Louisbourg, à DAWSON au Yukon (entrepris en 1960) et à l'ancien Fort William en Ontario (à partir de 1971) reposent sur des recherches historiques poussées, subventionnées par le gouvernement fédéral. Historiens, archéologues, architectes et ingénieurs ont contribué ainsi à reproduire des images emblématiques du passé, avec toute l'objectivité que permettent leurs connaissances et leurs études universitaires.

Tourisme- l’exploitation touristique excessive L’argument le plus convaincant en faveur de la conservation du patrimoine, c’est son potentiel économique. Ce potentiel semble résider, à première vue, essentiellement dans son attractivité touristique. Or ce que nous vivons en France, dans de nombreuses régions, nous apprend au contraire à nous méfier non pas certes du tourisme patrimonial qui est un phénomène normal et même souhaitable, mais des effets redoutables que l’excès de tourisme génère. En effet, dès que le tourisme devient l’activité dominante, il se révèle incompatible avec le maintien de la vie quotidienne. La liste serait longue des villages "pittoresques" qui ne sont plus occupés qu’artificiellement pendant deux mois par an, ou des centres anciens dont les logements se vident car la sur-fréquentation diurne et surtout le bruit des nuits estivales les rendent inhabitables. Un patrimoine qui n’est plus utilisé quotidiennement par ses héritiers légitimes se "dépatrimonialise". Une ville musée n’est plus une ville à vivre. Sans nier l’importance et l’intérêt du tourisme patrimonial, il importe donc de le maintenir au rang d’activité annexe, intégrée dans une politique active de la cité qui conserve et mette en valeur le patrimoine d’abord au profit de ses habitants, pour l’agrément et la qualité de leur vie quotidienne et pour leur fierté légitime d’être les dépositaires d’un tel héritage. La valorisation économique du patrimoine s’inscrit tout naturellement dans le droit fil de cette prise de conscience de sa vraie "valeur", et non dans son exploitation mercantile. Prise de conscience que permettent, par exemple, des opérations de sensibilisation comme les Journées du patrimoine organisées chaque année. Lancées en 1984 par le ministère de la Culture, cette initiative, relayée par les collectivités locales et de nombreuses associations a essaimé à travers l’Europe. Lors des dernières éditions, près de 12 millions de visiteurs ont ainsi été accueillis, gratuitement souvent, dans plus de 14 000 monuments et sites français.Exemples- Depuis que la Ville de Lyon a été classée au patrimoine mondial de l’humanité ( Unesco ), la notion de patrimoine urbain a pris une visibilité nouvelle localement. Elle a surtout acquis une notoriété au-delà de Lyon qui lui a permis de développer un tourisme urbain de premier plan.-

Page 103: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Patrimoine et durable

Dans notre société moderne, la conservation du patrimoine occupe une place importante parce qu'elle répond à certaines aspirations, notamment le désir de préserver les liens tangibles avec nos racines historiques et d'assurer un « sentiment d'appartenance » à ceux qui déplorent le caractère « banal » de trop nombreuses localités. L'intérêt envers la conservation du patrimoine s'est accru parallèlement à un engouement général pour la CONSERVATION : on admet dans l'ensemble que la société ne peut plus se permettre un tel gaspillage de ressources, quelles qu'elles soient, y compris le patrimoine architectural. Cette notion repose sur une gestion responsable des richesses culturelles et naturelles, afin qu'on puisse transmettre un héritage intact aux futures générations. Elle s'applique aussi bien à l'aménagement des habitats urbains et ruraux qu'aux mesures visant à les rendre plus agréables pour les gens qui y vivent.

V. Gestion du patrimoine et conservation-restaurationLa conservation du patrimoine consiste à identifier, à protéger et à faire connaître les aspects importants de notre culture et de notre histoire.1. InventorisationLa première étape du processus consiste à identifier et à énumérer les biens qui représentent une valeur culturelle. À ce stade, on effectue normalement des recherches historiques et on dresse un bilan permettant de mieux connaître le sujet et de le documenter, d'une part, et de faciliter les démarches consécutives, d'autre part. On procède d'abord à un relevé pour savoir quels sont les bâtiments, les structures et les lieux qui ont de l'importance pour la collectivité. Souvent, pour rendre plus objectif ce processus d'évaluation culturelle passablement subjectif, on applique des critères visant surtout la conception, les matériaux et le contexte historique. Les biens qui respectent ces critères ont en principe une valeur patrimoniale et s'ajoutent à la liste des richesses à préserver.

2. Protection légale- L'étape suivante vise à protéger les richesses du patrimoine ainsi recensées. Il peut s'agir d'une formule administrative régissant le mode de gestion du bien, par exemple une désignation, ou d'une intervention ayant trait notamment à l'entretien de base, ou les deux. Bien que la désignation ne soit pas indispensable à la protection, elle est souvent appliquée afin que le bâtiment ait de meilleures perspectives de préservation à long terme.- En Belgique :

3. Sensibilisation- L'étape suivante vise à protéger les richesses du patrimoine ainsi recensées. Il peut s'agir d'une formule administrative régissant le mode de gestion du bien, par exemple une désignation, ou d'une intervention ayant trait notamment à l'entretien de base, ou les deux. Bien que la désignation ne soit pas indispensable à la protection, elle est souvent appliquée afin que le bâtiment ait de meilleures perspectives de préservation à long terme.- Journées du Patrimoine / Strasbourg / Belgique

Page 104: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

4. Formation de professionnels :- En Belgique :Ecoles d’architectureLicenceDoctorat- En France :La formation de professionnelsAfin de disposer de professionnels compétents dans les rangs de l’administration de l’État et des collectivités territoriales comme dans le secteur libéral, le ministère chargé de la Culture dispose de trois grandes filières de spécialisation et de formation :   le Centre des hautes études de Chaillot (CEDHEC) assure la spécialisation d’architectes

(une promotion d’une centaine tous les deux ans) à l’intervention sur le bâti historique. Si cette formation alimente d’abord le domaine libéral, face à un marché en plein essor, elle constitue également la pépinière des futurs architectes en chef des Monuments historiques et architectes des Bâtiments de France. Ces derniers, après recrutement sur concours dans le corps des architectes et urbanistes de l’État, sont formés pendant un an par le CEDHEC en tant que fonctionnaires stagiaires ;   l’École nationale du patrimoine (ENP) est une école d’application qui forme, après

recrutement sur concours, les conservateurs du patrimoine de l’État appartenant à cinq principales filières (Musées, Archives, Archéologie, Inventaire général, Monuments historiques) ainsi que des conservateurs territoriaux du patrimoine recrutés pour intervenir auprès des collectivités territoriales ;   l’Institut français de restauration des oeuvres d’art (IFROA) assure la formation

professionnelle des artisans spécialisés qui interviendront à titre libéral pour la restauration des oeuvres les plus précieuses. Ces deux derniers établissements viennent d’être fédérés au sein de l’Institut français du patrimoine.

5. Méthodologie de la travaux

Page 105: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Bibliographie

Comment devenir un objet d’architecture ?La construction de l’église Saint Pierre à Firminy.Catherine Bonnet

Page 106: PATRIMOINE  · Web viewThe tip of the pyramid supports the top end of the upside-down broken obelisk. The Egyptian obelisk is associated with the sun’s rays and the return of life,

Ouvrages à acheter

Protection du patrimoine intangible et politique culturelle au Japon (Relié) de Alassimone CatherineAnrt -Atelier National de (10 septembre 2004)Collection : These a la Cart ISBN-10: 2284017835 ISBN-13: 978-2284017837