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PANORAMA DE PRESSE
19/10/2017 08h22
CGT
Panorama réalisé avec Pressedd
SOMMAIRE
ACTUALITE SOCIALE(9 articles)
jeudi 19 octobre 2017 Page 6
jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017
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Galeries Lafayette : quand la justice donne raison au CHSCT(602 mots)
Le verdict est tombé le 12 septembre dernier. Le tribunal de grande instance (TGI)de Paris a débouté les patrons des Galer…
(1) « Les difficultés de recrutement dans l'enquête Ofer (offred'emploi et (1169 mots)
(1) « Les difficultés de recrutement dans l'enquête Ofer (offre d'emploi etrecrutement) », Dares, 9 novembre 2007. Une act…
Date butoir, le 17 octobre est passé sans que le gouvernementn'ait fait jouer l'option (1279 mots)
Date butoir, le 17 octobre est passé sans que le gouvernement n'ait fait jouerl'option d'achat sur les actions d'Alstom qu…
Commandé par le CHSCT du groupe Mondadori (« Closer », «Science et Vie », (334 mots)
Commandé par le CHSCT du groupe Mondadori (« Closer », « Science et Vie », «Télé Star » ), le rapport est consternant : il…
(*) économiste et syndicaliste. La chronique de Jean-Christophe Le Duigou (*) Réformes (637 mots)
(*) économiste et syndicaliste. La chronique de Jean-Christophe Le Duigou (*)…
Formation. Fausses boîtes pour vrais métiers Proposer uneactivité professionnelle fictive (787 mots)
Formation. Fausses boîtes pour vrais métiers Proposer une activité profession…
Les scénarios de Terra Nova pour transformer l'assurance-chômage (791 mots)
Faut-il laisser les partenaires sociaux aux commandes de l'assurance-chômage ?C'est l'un des enjeux de la réforme engagée …
Un trésor livré aux spéculateurs (1639 mots)
Trois ans après le rachat de la branche énergie d’Alstom, General Electricsupprime 345 emplois à Grenoble et semble vouloir sacrifier la très reconnue f…
jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017
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RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL(3 articles)
jeudi 19 octobre 2017 Page 23
jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017
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jeudi 19 octobre 2017 Page 26
PROTECTION SOCIALE(1 article)
mercredi 18 octobre2017
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MOUVEMENTS SOCIAUX(3 articles)
jeudi 19 octobre 2017 Page 33
Un fiasco industriel (843 mots)
Le cas de General Electric révèle l’écrasante responsabilité de l’État dans ledépeçage des fleurons de l’industrie française, et le rôle clé d’un certai…
La santé des salariés sacrifiée sur l'autel des ordonnances(996 mots)
Les ordonnances sur le Code du travail prévoient notamment qu'à l'occasion de lafusion des instances représentatives du pe…
Des brèches dans les ordonnances macron N'en déplaise àEmmanuel Macron, qui espérait (633 mots)
Des brèches dans les ordonnances macron N'en déplaise à Emmanuel Macron, qui…
De quel travail avons-nous besoin ? (5) (2732 mots)
Le travail, qu'il soit manuel, intellectuel ou culturel, est indissociable de lacondition humaine, même si les progrès des…
Budget de la Sécurité sociale : la hausse de la CSG a été votée(625 mots)
L'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 acommencé mardi après-midi en commission des Affaires so…
L'automne social n'est pas terminé (443 mots)
Et de trois ! Après les 12 et 21 septembre, dans toute la France, des manifestationset actions sont prévues aujourd'hui, à…
jeudi 19 octobre 2017
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EUROPE ET INTERNATIONAL(2 articles)
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jeudi 19 octobre 2017 Page 39
De l'amiante et des questions (424 mots)
J'ai arrêté de fumer, ce n'est pas pour mourir d'un cancer attrapé sur on lieu detravail. » Comme de nom-reux occup…
Vers un blocage de la plateforme Total du Havre ? (881 mots)
Les routiers avaient été les premiers à obtenir une dérogation, certains diront uneentorse, aux ordonnances Macron dès le …
Grande-Bretagne Plus de 400 emplois à la trappe chez PSA Legroupe automobile PSA annonce (268 mots)
Grande-Bretagne Plus de 400 emplois à la trappe chez PSA …
Vieillissement : aujourd'hui modérées, les inégalités socialesvont s'accroître (481 mots)
La France est un havre pour les personnes âgées. Mais cela pourrait ne pas durer.…
ACTUALITE SOCIALE
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Galeries Lafayette : quand la justice donne raison au CHSCTLe tribunal a reconnu l'existence d'un « risque » pour les salariés dans les réserves du magasin,contre l'avis de la direction. Une victoire syndicale.
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602 mots
L e verdict est tombé le 12
septembre dernier. Le tribunal
de grande instance (TGI) de Paris a
débouté les patrons des Galeries La-
fayette Haussmann qui contestaient
le bien-fondé d'une demande d'ex-
pertise du comité d'hygiène, de sécu-
rité et des conditions de travail
(CHSCT) de l'entreprise sur le «
risque grave » encouru par les sala-
riés dans les réserves du grand maga-
sin parisien. Le TGI a décidé que les
Galeries Lafayette devraient payer
l'enquête et les frais de justice. Dans
son avis rendu le 15 juin, le CHSCT
évoquait des « conditions de travail
très dégradées » avec des « risques
d'accident ». Et de lister le « risque de
chute de hauteur de marchandises »,
des « câbles électriques qui traînent
», des issues inaccessibles, etc.
Pour les élus au CHSCT de l'enseigne,
ce verdict fait la démonstration de
l'utilité de leur instance, mais aussi
de la gêne qu'elle représente pour les
dirigeants des Galeries. « Si le CHSCT
disparaît, c'est la porte ouverte à ce
que l'employeur fasse ce qu'il veut,
explique Alexandre Torgomian, se-
crétaire général du Syndicat du com-
merce indépendant et démocratique
(SCID), le syndicat majoritaire (ex-
CFDT) au CHSCT des Galeries La-
fayette Haussmann. L'employeur a
déjà le pouvoir de contester notre de-
mande devant la justice. Demain, ça
va être de la rigolade pour les entre-
prises : plus d'instance, plus d'exper-
tise », résume-t-il.
La direction des Galeries Lafayette a
d'ailleurs fait appel du jugement. Le
nouveau verdict pourrait intervenir
dans plusieurs mois. Ce n'est pas un
cas isolé : les patrons du magasin ont
également intenté une action, qu'ils
ont cette fois gagnée le 19 sep-
tembre, contre la demande d'exper-
tise du CHSCT concernant « le projet
d'absorption de Lafayette Gourmet
par les Galeries Lafayette Haussmann
», explique le SCID, les élus estimant
que la direction avait manqué à son
devoir de fournir une « réelle étude
d'impact sur l'emploi et les condi-
tions de travail ». « Ces confronta-
tions avec les directions sont cou-
rantes », poursuit le syndicat, qui es-
time que le CHSCT est dans son « rôle
» quand il rappelle « en permanence,
et s'il le faut en saisissant les tribu-
naux », les responsabilités des em-
ployeurs en matière de santé et de
sécurité. « Des accidents du travail,
dans le commerce, il y en a partout.
C'est un peu comme dans le bâti-
ment. Sans CHSCT, les patrons du
secteur pourront se contenter de
pseudo-enquêtes qui faciliteront la
sous-déclaration des accidents », re-
doute Alexandre Torgomian.
Entreprise de plus de 300 personnes,
les Galeries Lafayette Haussmann
devront garder une commission de
type CHSCT au sein du comité social
et économique (CSE), la future ins-
tance unique du personnel dont les
ordonnances Macron prévoient
qu'elle fusionnera les institutions du
personnel existantes à l'occasion du
renouvellement du mandat des élus,
à compter du 1er janvier 2019. « Par-
tout, les entreprises commencent à
proroger les mandats des élus actuels
pour tenir les élections au-delà de
cette date et pouvoir mettre en place
la fusion des instances dès le pro-
chain renouvellement. Chez nous, les
élections ont lieu dans un an. La di-
rection pourrait être tentée d'en pro-
fiter pour les repousser de quelques
mois pour entrer dans le nouveau
système comme ça se fait ailleurs »,
anticipe Alexandre Torgomian, dont
le syndicat envisage « la possibilité
de déposer des recours partout où on
le pourra pour contester les prescrip-
tions des ordonnances ». S. C.■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
BA9A33CE81A07B0A95E01A907803D17C27008810D8D42FE734B77CE
Parution : Quotidienne
Diffusion : 35 835 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 6
(1) « Les difficultés de recrutement dans l'enquête Ofer (offre d'emploi et
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1169 mots
ECO-SOCIAL
(1) « Les difficultés de recrutement
dans l'enquête Ofer (offre d'emploi et
recrutement) », Dares, 9 novembre
2007. Une actualisation de l'enquête
vient d'être achevée et les résultats
devraient être publiés d'ici à la fin de
l'année.
Cette fois-ci, c'est la bonne. Fini les
petits arrangements et les rafisto-
lages à l'ancienne, place à « la »
grande réforme de la formation pro-
fessionnelle, celle qui va tout re-
mettre à plat et sortir la France du
chômage de masse Depuis un mois,
la petite musique est serinée par tous
les responsables du gouvernement.
Le calendrier est déjà connu, même
si les contours de la réforme restent
flous. Les « partenaires sociaux »
(syndicats et patronat) vont être
consultés à tour de rôle par l'élysée
puis par le gouvernement, avant la
présentation d'un projet de loi au
printemps prochain. Lors de la cam-
pagne présidentielle, le candidat Ma-
cron promettait une véritable « re-
fonte de la formation professionnelle
», afin de la rendre « plus transpa-
rente et plus efficace » ce qui ne
mange pas de pain.
Sur le principe, nul ne songerait à re-
mettre en cause l'intérêt d'une ré-
forme, tant le système cumule les ef-
fets pervers. Complexe, il représente
un coût relativement important pour
la collectivité (32 milliards d'euros),
pour des résultats très discutés. Les
plus critiques soulignent par
exemple la mauvaise répartition de
cette manne financière : en
moyenne, près de 70 % des cadres ont
accès à la formation tous les ans,
contre à peine 40 % des ouvriers. Par
ailleurs, moins de 15 % de l'enve-
loppe totale (les 32 milliards) sont
destinés à former les chômeurs, mal-
gré les promesses des gouverne-
ments successifs. Il faut dire que, jus-
qu'à présent, ces derniers ont sou-
vent préféré les effets de manche aux
politiques structurantes. On se sou-
vient du plan « 500 000 formations
» de François Hollande, dont le but
était moins de fournir des compé-
tences durables aux chômeurs que de
dégonfler artificiellement les statis-
tiques de Pôle emploi (un chômeur
en formation sort de la catégorie A,
la plus commentée, pour basculer en
catégorie D).
L'élysée a d'ores et déjà annoncé qu'il
comptait rectifier le tir, en mettant
sur la table un plan de formation de
15 milliards d'euros. Premiers ciblés
: les demandeurs d'emploi les « plus
éloignés du marché du travail » et les
jeunes décrocheurs du système sco-
laire. Précision de taille, cette enve-
loppe ne constitue pas un apport
d'argent « frais », mais un simple re-
déploiement budgétaire. « C'est juste
une réaffectation de lignes de crédit
existantes, recadre Michel Beaugas,
secrétaire confédéral FO en charge de
la formation professionnelle. Par
exemple, sur les 15 milliards d'euros
annoncés, 450 millions proviennent
des économies réalisées par la fin des
contrats aidés. »
Pour quelles finalités réelles ?
Autres pistes de réforme évoquées, le
renforcement du compte personnel
de formation, ainsi que la création
d'une agence nationale indépen-
dante chargée de faire le tri parmi les
66 000 organismes de formation (OF)
actuels. Les syndicats y voient là une
manœuvre destinée à court-circuiter
les Opca (organismes paritaires col-
lecteurs agréés), gérés par les syndi-
cats et le patronat, dont la mission
est précisément de mettre en relation
salariés et organismes de formation
(voir encadré).
Même si la réforme n'est pas encore
précisément connue, il y a fort à pa-
rier qu'elle évite de s'attaquer aux
vrais sujets. Au-delà des questions
liées à son financement, quelles sont
les finalités réelles de la formation
professionnelle ? S'agit-il de fournir
des compétences durables aux sala-
riés, ou bien de répondre, dans l'ur-
gence, aux demandes du patronat ?
« La question n'est jamais abordée,
pointe Carole Tuchszirer, chercheuse
au Centre d'études de l'emploi du
CNAM. Plutôt que de réfléchir sur le
long terme, en identifiant les métiers
d'avenir par exemple (transition nu-
mérique, emplois verts ), on se
contente trop souvent de former les
gens à des métiers dits en tension
(bâtiment, hôtellerie, restauration).
Avec le risque que, au premier re-
tournement conjoncturel venu, les
salariés se retrouvent licenciés sans
qualification utilisable sur le marché
du travail. »
Mais il y a autre chose, qui renvoie
directement à la philosophie même
d'Emmanuel Macron. Au fond, sa vo-
lonté d'ériger la formation profes-
sionnelle en panacée antichômage
trahit un présupposé vieux comme le
libéralisme : si les chômeurs n'ar-
rivent pas à trouver du boulot, ce
n'est pas que l'emploi manque, c'est
↑ 7
parce qu'ils ne sont pas assez « em-
ployables ». Ou pour le dire autre-
ment, que leur profil ne colle pas aux
attentes des patrons. Ce n'est pas ce
que montrent les statistiques.
En effet, si la vulgate libérale disait
vrai, des millions de recrutements
échoueraient chaque année du fait de
la mauvaise qualification des candi-
dats. En réalité, à peine 200
000 offres d'emploi par an ne
trouvent pas preneur (190 000 en
2014, selon Pôle emploi). La Dares,
le service des statistiques du minis-
tère du Travail, s'est penchée il y a
quelques années sur les difficultés de
recrutement invoquées par les em-
ployeurs (1). Cette année-là, sur en-
viron 6,6 millions de recrutements
proposés, seuls 245 000 n'avaient pas
abouti, soit un taux d'échec de seule-
ment 3,7 %. Les motifs d'échec sont
nombreux : inadéquation du profil du
« candidat », pénurie de main-
d'œuvre (ces deux problèmes pour-
raient effectivement être solutionnés
par la formation), mais aussi dispari-
tion du besoin (perte du marché par
l'entreprise), abandon du candidat,
etc. A l'arrivée, la Dares estime que
seuls 2,6 % des recrutements ont
échoué en raison de « motifs inhé-
rents au processus », liés en partie
à un défaut de formation. Moralité :
jouer sur la seule formation profes-
sionnelle pour lutter contre le chô-
mage de masse revient à vider l'océan
à la petite cuillère !
Pour sortir de l'impasse, il y aurait
bien une solution : réfléchir enfin à
des politiques économiques suscep-
tibles de créer de l'emploi Pas vrai-
ment une priorité du gouvernement.
Formation professionnelleL'antidote
au chômage ? A d'autres !
Le gouvernement a lancé des discus-
sions avec les syndicats et le patronat
pour réformer
la formation professionnelle.
Il affiche un objectif vertueux : s'at-
taquer au chômage de masse. Mais ce
n'est pas
la formation des salariés
qui est insuffisante, c'est la création
d'emplois ! ■
par Cyprien Boganda
Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017
509D13FB8B603E0CE5EE16007502215F26B0511AC82125A69D6A5BD
Parution : Hebdomadaire
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Date butoir, le 17 octobre est passé sans que le gouvernement n'ait fait jouerl'option
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1279 mots
ECO-SOCIAL
D ate butoir, le 17 octobre est
passé sans que le gouverne-
ment n'ait fait jouer l'option d'achat
sur les actions d'Alstom que l'état
louait au groupe Bouygues. S'il l'avait
fait, l'état aurait réalisé une belle
plus-value puisque le prix d'achat
était fixé à 35 euros l'action, alors
que le cours actuel est d'environ 36
euros et que, selon les spécialistes fi-
nanciers, il devrait rapidement at-
teindre 38 euros. Cette « bonne af-
faire » aurait fait de l'état, avec 20 %
du capital, un des actionnaires les
plus importants du groupe industriel
et lui aurait donc donné un moyen de
peser sur son avenir alors que se pro-
file une fusion avec Siemens. Emma-
nuel Macron, qui se vante de donner
naissance avec celle-ci à un « Airbus
du rail », refuse donc de monter à
bord. Peut-être craint-il le crash ? Ou
préfère-t-il laisser à Bouygues le soin
d'empocher la plus-value ? Dans
l'immédiat, ces 20 % auraient permis
au gouvernement d'intervenir,
comme le revendiquent les salariés et
l'intersyndicale CGT, CFE-CGC et
CFDT, pour préserver l'usine GE Hy-
dro-Alstom de Grenoble et ses
800 emplois.
Spécialisée dans la fabrication de tur-
bines hydroélectriques et reconnue
pour la qualité de ses productions et
le savoir-faire des salariés, l'usine de
Grenoble a équipé les plus grands
barrages, comme celui des Trois-
Gorges en Chine. Propriété à 100 %
d'Alstom jusqu'au rachat de sa
branche énergie par General Electric
(GE) en 2014, GE Hydro-Alstom est
devenue une coentreprise détenue à
50-50 par les deux groupes, mais est
intégrée à GE Renewable Energy. Le
4 juillet dernier, la direction de GE
Hydro, qui emploie 5 500 personnes
dans le monde, a annoncé la ferme-
ture du site de Bilbao, en Espagne, et
la suppression de 1 300 emplois dans
le monde, dont 345 à Grenoble. Pour
justifier cette saignée, elle a mis en
avant la chute de son chiffre d'af-
faires ces cinq dernières années de
1,6 milliard à 700 millions d'euros et
affirme aussi qu'elle aurait enregistré
une perte d'exploitation de 450 mil-
lions d'euros en 2016.
les carnets de commandes sont
pleins !
L'intersyndicale, qui s'appuie sur un
rapport d'expertise réalisé par le ca-
binet Syndex pour le comité d'entre-
prise, accuse la direction de noircir
le tableau pour justifier la casse de
l'emploi. « Notre industrie est une in-
dustrie cyclique. Il y a eu un passage
à vide ces deux dernières années,
mais les carnets de commandes sont
à nouveau pleins », assure la secré-
taire adjointe CFE-CGC du CE, Na-
dine Boux. L'élue du personnel
évoque les perspectives mondiales du
secteur, appelé à poursuivre son es-
sor grâce à la lutte contre le réchauf-
fement climatique. Le marché croît
de 2 à 3 % par an et l'International
Hydropower Association comme
l'Agence internationale de l'énergie
prévoient que cette croissance va se
poursuivre dans les prochaines dé-
cennies, « au plan mondial comme
européen ». Quant aux 450 millions
de pertes, l'intersyndicale accuse la
direction d'avoir alourdi la facture en
y incluant des provisions relatives à
des pertes occasionnées par d'autres
filiales.
Pour la CGT, la CFDT et la CFE-CGC,
les véritables raisons du plan de sup-
pression d'emplois sont à chercher
dans les clauses fixées lors du rachat
par GE. Le contrat de 2014 contraint
le groupe américain à racheter pour
un montant fixé d'avance à 2,5 mil-
liards d'euros les parts que conserve
Alstom dans les sociétés communes
au cas où ce dernier décide de les
vendre. Et c'est ce que précisément
Alstom a annoncé vouloir faire en
septembre 2018. Hors, ces entre-
prises vaudraient entre 2 à 3 fois
moins que ce qu'elles ont été valo-
risées en 2014. « Alstom vend pour
verser un dividende à ses action-
naires, et GE, en supprimant des em-
plois, fait payer aux salariés une par-
tie de la facture de 2,5 milliards d'eu-
ros », décrypte Nadine Boux. Les syn-
dicats estiment que GE agit aussi
sous la pression d'un de ses action-
naires, le fond activiste Trian, qui di-
gère mal le recul de 15 % du cours de
l'action du groupe américain.
pourquoi pas edf
comme repreneur ?
Le refus du gouvernement d'acquérir
20 % du capital n'a pas découragé les
salariés de Grenoble de se battre pour
le maintien des emplois. Une requête
devant le Conseil d'état « pour de-
mander des comptes » au ministère
de l'économie sur ce refus a été dé-
posée par l'intersyndicale le 12 oc-
tobre. Sur le terrain, ils multiplient
les actions. Le 17 octobre, ils ont à
↑ 9
nouveau débrayé à l'occasion de la vi-
site de soutien du secrétaire national
du PCF, Pierre Laurent. Le 13, c'est
l'ancien candidat à la présidentielle
du NPA, Philippe Poutou, qui s'était
rendu sur place, tandis que le leader
de la France insoumise, Jean-Luc Mé-
lenchon, était à Grenoble le 11 oc-
tobre dernier. « Ces visites per-
mettent d'attirer l'attention des mé-
dias sur notre combat. Cela a obligé
le gouvernement à nous recevoir le
12 octobre dernier », explique Rosa
Mendes, élue CGT au CHSCT.
A cette occasion, les syndicats ont à
nouveau défendu leur proposition
d'une reprise de l'usine de Grenoble
par les acteurs de la filière hydroélec-
trique, comme EDF ou la Compagnie
nationale du Rhône. « On avait déjà
fait cette proposition lors d'une pre-
mière rencontre en août. On s'est
aperçu que le gouvernement ne l'a
même pas étudiée », poursuit la cégé-
tiste, qui fait part de « la déception »
de la délégation. Mais qu'importe, les
salariés n'entendent pas renoncer. «
La détermination est importante. Ils
sont attachés à leur outil de travail.
Ils n'acceptent pas de le voir casser
au profit des intérêts financiers des
actionnaires », poursuit Rosa
Mendes. Ce refus est alimenté aussi
par la conviction que « leur travail
a du sens », car il est « utile » à la
lutte contre le réchauffement clima-
tique. Signe que leur détermination
est profonde, les salariés ont bloqué
le site du 4 au 12 octobre. Cette ac-
tion a surpris bon nombre d'obser-
vateurs, parce que les salariés, des
cadres dans leur grande majorité,
n'étaient pas des habitués de ce type
d'initiative, mais aussi parce qu'elle
a été décidée spontanément. Cette
combativité s'explique aussi par une
unité syndicale sans faille. « Nous
nous accordons sur tout. Nous par-
tageons le même refus des suppres-
sions d'emplois et nous défendons les
mêmes solutions », témoignent Na-
dine Boux et Rosa Mendes. Et d'ajou-
ter : « Nous travaillons ensemble de-
puis de nombreuses années. Nous
nous connaissons bien et nous fai-
sons confiance. »
La politique industrielle fait figure de
tarte à la crème. Les formules sur les
fleurons et autres « Airbus du rail »
masquent mal un gouvernement qui
laisse les coudées franches aux ac-
tionnaires. Face à un plan de sup-
pression de 345 emplois, les salariés
de GE Hydro-Alstom, à Grenoble, en
font l'amère expérience : l'état a re-
fusé d'entrer au capital d'Alstom
pour empêcher la casse. Avec leur in-
tersyndicale CGT, CFDT et CGC, les
salariés défendent leur site et leurs
propositions.
GE Hydro-Alstom. Le go uvernement
laisse couler... ■
par Pierre-Henri Lab
Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017
859EE30B8600D30E35D31690D60C91AC20804F1CA83D2F3BB9444B5
Parution : Hebdomadaire
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Commandé par le CHSCT du groupe Mondadori (« Closer », « Science etVie »,
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334 mots
ECO-SOCIAL
C ommandé par le CHSCT du
groupe Mondadori (« Closer », «
Science et Vie », « Télé Star » ), le rap-
port est consternant : il pointe l'ex-
plosion des arrêts maladie, l'épuise-
ment des équipes (un quart des sala-
riés concernés dans certains ser-
vices), la violence verbale des mana-
gers Pour les syndicats, cette situa-
tion est liée à la politique pratiquée
par la direction : plans d'économies
drastiques (un tiers des effectifs sup-
primé en trois ans), errances straté-
giques, brutalité managériale.
Quelques heures seulement après la
présentation du rapport du CHSCT,
la DRH du groupe a eu la bonne idée
d'envoyer par mail une blague dou-
teuse à une collègue, dans laquelle
elle semble comparer les salariés à
des rats : « Je suis outrée par le fait
que Mondadori s'attaque si lâche-
ment à ces petites bêtes si char-
mantes. Je vous envoie dès ce soir la
ligue de défense des rongeurs et sai-
sis le CHSR (comité hygiène et sécu-
rité des rongeurs). » Elle fait en réa-
lité une comparaison de très mauvais
goût entre les plaintes des salariés et
une opération de dératisation (réelle)
qui devait se dérouler dans les locaux
Pas de chance pour elle, une erreur
de manipulation a envoyé le mail à
l'ensemble du personnel ! A l'appel
d'une intersyndicale CFDT-CGC-
CGT-FO-SNJ, les salariés se sont
réunis en assemblée générale pour
adopter une motion dans laquelle ils
interpellent la direction. Voté à
l'unanimité (400 salariés présents sur
750), le texte dénonce la dégradation
des conditions de travail dans le
groupe et exige des réponses de la di-
rection.
Presse : Mondadori au bord de l'im-
plosion
Entre la dégradation des conditions
de travail et le mépris affiché par une
partie de la direction, rien ne va plus
dans le groupe de presse magazine. ■
Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017
AD90738784B0330355EE1A10A804E18D2E90521098EB24B01C97ADC
Parution : Hebdomadaire
↑ 11
(*) économiste et syndicaliste. La chronique de Jean-Christophe Le Duigou (*)Réformes
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ECO-SOCIAL
(*) économiste et syndicaliste.
La chronique de Jean-Christophe Le
Duigou (*)
Réformes Macron : rien n'est joué
Emmanuel Macron prétend s'inspirer
« de la gauche et de la droite ». En
fait, en économie, il fait, sans beau-
coup de discernement, la part belle à
des théories libérales remises au goût
du jour. Ainsi en est-il de la loi tra-
vail, qui s'inspire d'analyses savantes
mais plus que discutables. En fait,
trois théories forment les murs por-
teurs du pacte pro-marché financier
que le nouveau président veut impo-
ser au salariat.
Tout d'abord, la théorie du « ruissel-
lement » mérite d'être évoquée car,
même récusée par le gouvernement,
elle justifie la suppression de l'ISF et
l'accroissement des allégements
d'impôts sur les revenus financiers.
Cette théorie avait prospéré sous Ro-
nald Reagan. « Multiplions les avan-
tages fiscaux aux plus riches, cette ri-
chesse se retrouvera dans l'économie
et irriguera l'ensemble des couches
laborieuses », estimait le directeur du
budget américain. En 2015, le FMI a
voulu en avoir le cœur net. Des éco-
nomistes du fonds, peu suspects
d'antilibéralisme, ont analysé les ef-
fets sur la croissance d'une augmen-
tation des revenus les plus élevés. Et
de conclure on ne peut plus nette-
ment : « Lorsque les riches s'enri-
chissent, les avantages ne se réper-
cutent pas sur le revenu des pauvres
et de la classe moyenne », tordant
ainsi le cou à la prétendue théorie du
« ruissellement ».
Ensuite figure, en bonne place, la
théorie de « la destruction créatrice
», sans arrêt brandie pour justifier la
priorité à la « nouvelle économie »
mais aussi la fermeture de sites tra-
ditionnels de production. Elle a été
élaborée par l'économiste américain
Joseph Schumpeter, qui a développé
l'idée que le capitalisme est « un pro-
cessus de mutation ( ) qui révolu-
tionne sans cesse la structure écono-
mique, en détruisant continuelle-
ment ses éléments vieillis et en
créant perpétuellement des éléments
neufs ». Il reste que cette approche
qui fait de la richesse une affaire non
pas de construction et d'édification,
mais une question de destruction
programmée et de table rase, est in-
tenable. Elle se paie au prix fort avec
des conséquences insupportables,
d'abord sociales mais aussi environ-
nementales, que l'économie néglige
le plus souvent de comptabiliser,
comme le coût du chômage ou la
perte de ressources productives
Enfin, la troisième théorie inspira-
trice, celle des bienfaits intrinsèques
du libre-échange, occupe une place
particulière. Avec application immé-
diate pour la mise en œuvre du Ceta
! Il y a tout juste deux siècles, David
Ricardo, le chantre des échanges sans
barrière, incitait les pays à ouvrir au
maximum leurs frontières et à se spé-
cialiser dans la production de biens
pour lesquels ils détenaient un avan-
tage comparatif. Il valait mieux im-
porter un bien moins cher si l'on pou-
vait vendre un autre en contrepartie.
Mais le contexte a changé. Nombre
de pays concurrents ont montré
qu'une politique industrielle et fi-
nancière sérieuse permettait de bâtir
des avantages comparatifs dont on
ne disposait pas à l'origine. Ils se
mettent à produire des mêmes biens
sophistiqués qu'ils achetaient aux
pays plus avancés. Il n'y a plus alors
de gains réciproques automatiques, a
démontré l'économiste américain
Paul Samuelson. Le consensus idéo-
logique sur les bienfaits spontanés de
l'ouverture commerciale n'est plus de
mise. Pourtant on continue.
Le président ne veut pas d'entraves à
ses réformes structurelles. Arrivera-
t-il à les mener dans les délais ? C'est
la partie qui se joue maintenant. ■
Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017
699C43AC8B50660E75721AB0D60E01F42CC0B51AA83F241FB8B98F9
Parution : Hebdomadaire
↑ 12
Formation. Fausses boîtes pour vrais métiers Proposer une activitéprofessionnelle fictive
jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 38
787 mots
EMPLOI
F ormation. Fausses boîtes pour
vrais métiers
Proposer une activité professionnelle
fictive mais dans les conditions du
réel pour former à de nouveaux mé-
tiers et rendre les personnes immé-
diatement opérationnelles, c'est le
pari des entreprises d'entraînement
pédagogique. Des EEP qui se multi-
plient en France.
Une dizaine de personnes s'activent
par petits groupes sur des ordina-
teurs portables dans les locaux de
Supply'Gen au centre de Gennevil-
liers. Accueil, services administratif
ou commercial, comptabilité, res-
sources humaines rien ne distingue
à première vue cette société spécia-
lisée dans le transport et les services
associés d'une autre. Elle a des four-
nisseurs, des clients A part que
toutes les transactions sont fictives.
Cette entreprise d'entraînement pé-
dagogique (EEP) a ouvert ses portes
le 27 mars dernier. Portée par le plan
local d'insertion économique (Plie),
elle a déjà accueilli 22 demandeuses
d'emploi. Son but, les mettre pen-
dant trois mois renouvelables dans
les conditions d'emploi de métiers du
tertiaire tout en leur permettant de
se former en fonction de leurs be-
soins. « La ville de Gennevilliers
connaît un taux de chômage de 18 %.
Sur le bassin d'emploi, nous avons de
très nombreuses entreprises mais il
existe une dichotomie entre les be-
soins des sociétés et les profils des
demandeurs d'emploi, avec une po-
pulation qui n'a pas toujours les for-
mations ou les postures profession-
nelles requises », explique Thérèse de
Waele, coordinatrice du Plie.
Un modèle qui essaime
Supply'Gen est la benjamine d'un ré-
seau qui compte 110 EEP dans toute
la France. La première est née au
tournant des années 1980 à Roanne,
dans un bassin d'emploi sinistré par
la fermeture des industries de bon-
neterie. « Des élus locaux et les pou-
voirs publics se sont demandé com-
ment transposer la dextérité ma-
nuelle acquise dans la bonneterie
dans des secteurs plus porteurs », se
souvient Pierre Troton, fondateur de
la première EEP et animateur du ré-
seau. Le choix s'est porté sur l'infor-
matique, alors en plein développe-
ment. « Nous avons opté pour former
par l'utilisation directe des machines.
Il ne s'agissait pas de proposer un di-
plôme mais un transfert de compé-
tences qui permette rapidement de
retrouver un emploi. » Les stagiaires
sont alors formées aux tâches de sai-
sie directement devant les machines,
en lien avec les besoins des entre-
prises. « L'idée était de transposer le
modèle de l'auto-école à la formation
aux métiers du tertiaire. » Rapide-
ment, les employeurs ont demandé à
la structure de diversifier les compé-
tences proposées. Les stagiaires ont
ainsi commencé à se former à la
comptabilité, à la prospection com-
merciale, à la gestion de paie
Le modèle fonctionnant à Roanne, il
essaime dans d'autres bassins d'em-
ploi dévastés. Des dizaines d'entre-
prises pédagogiques se développent.
Elles nouent entre elles des relations
commerciales fictives. Pas
d'échanges monétaires, mais des né-
gociations commerciales, des devis,
des factures Autant de possibilités de
s'exercer en situation, tout en ayant
le droit à l'erreur. Pour les stagiaires
nommées collaboratrices pour ac-
centuer la mise en situation profes-
sionnelle , le système fonctionne. Il
permet après une longue période de
chômage ou d'inactivité de renouer
sereinement avec le monde du travail
et d'ajouter des cordes à son arc. Seul
souci à Supply'Gen, l'EEP n'étant pas
située au sein d'un Greta mais d'un
Plie, les stagiaires ne sont pas rému-
nérées
Yamina a longtemps travaillé comme
« agent de courrier » avant d'avoir des
problèmes de santé. En poste au ser-
vice administratif, elle travaille sur la
création d'une base de données et
compte bien élargir sa recherche
d'emploi aux postes d'agent adminis-
tratif. Fatima, 44 ans, elle, a travaillé
quinze ans en Intérim comme secré-
taire avant de s'arrêter huit ans pour
s'occuper de ses enfants. Elle avait
besoin d'une petite remise à niveau.
Là, elle remplace une « collègue »,
partie en stage d'immersion trois se-
maines en entreprise, aux ressources
humaines. « J'ai dû réaliser des fiches
de paie. Comme je ne savais pas, je
me suis fait aider par le formateur.
C'est très efficace ! Je me verrais bien
chercher un poste d'assistante en
ressources humaines. » Le stage en
immersion qu'elle devra faire avant
la fin de son parcours devrait lui per-
mettre de vérifier si elle est opéra-
tionnelle. Peut-être d'ailleurs débou-
chera-t-il sur un emploi ■
↑ 13
par Mélanie Mermoz
Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017
489653EE85A0F409C5951060770491372480C215283925F53A600FC
Parution : Hebdomadaire
↑ 14
Les scénarios de Terra Nova pour transformer l'assurance-chômage
Dans une étude, le think tank propose de laisser plus ou moins de latitude aux partenairessociaux, en écartant la piste de l'étatisation
jeudi 19 octobre 2017Page 9
791 mots
FRANCE
Faut-il laisser les partenaires sociaux
aux commandes de l'assurance-chô-
mage ? C'est l'un des enjeux de la ré-
forme engagée par le gouvernement.
Durant la campagne présidentielle,
Emmanuel Macron avait laissé en-
tendre que l'Etat reprendrait en main
le dispositif. Puis il avait infléchi son
discours et suggéré l'hypothèse d'une
gestion tripartite – par les pouvoirs
publics, le patronat et les syndicats.
Dans une note rendue publique mer-
credi 18 octobre, la fondation Terra
Nova propose deux scénarios de
transformation, qui laissent plus ou
moins de latitude aux organisations
d'employeurs et de salariés, tout en
écartant la piste de l'étatisation.
L'assurance-chômage est l'un des
rares compartiments de notre Etat-
providence où le patronat et les syn-
dicats détiennent des capacités de
décision très importantes. Ce sont
eux, par exemple, qui définissent les
règles d'indemnisation des deman-
deurs d'emplois, à travers des "
conventions " négociées tous les deux
ou trois ans. Le système est coiffé par
une association paritaire, l'Unédic,
dont la présidence revient alternati-
vement à un représentant des em-
ployeurs et des salariés. L'Etat, de
son côté, joue un rôle significatif : il
donne, de facto, force exécutoire aux
" conventions ", par le biais d'un agré-
ment.
Cette architecture est régulièrement
mise en cause, au motif que les orga-
nisations qui tiennent les manettes
de l'Unédic seraient peu représenta-
tives. Elles feraient, de surcroît,
preuve d'une incapacité à prendre les
mesures qui s'imposent alors que le
régime, dans le rouge depuis plu-
sieurs années, ploie sous une dette
estimée à 30 milliards d'euros, fin
2016.
De telles critiques évacuent " les réus-
sites du système actuel ", considèrent,
pour leur part, les deux signataires
de l'étude – Thomas Audigé et Pierre
Ramain, qui furent respectivement
directeur adjoint du cabinet de Fran-
çois Rebsamen, quand celui-ci était
ministre du travail (2014-2015), et
conseiller emploi à Matignon
(2014-2017). D'après eux, les parte-
naires sociaux ont su " surmonter
leurs désaccords pour aboutir à des dé-
cisions comportant des mesures d'éco-
nomies substan-tielles ". L'Unédic a
également prouvé qu'elle avait une "
vision stratégique - de ses - missions "
: choix d'un système qui " est l'un des
plus protecteurs d'Europe ", amorce
d'une réflexion sur " la responsabili-
sation des employeurs " (ceux, en par-
ticulier, qui abusent des CDD), etc.
" Tripartisme équilibré "
Mais il existe des marges de progres-
sion, notamment parce que l'" effica-
cité " du régime s'avère " plus contro-
versée quant à son effet sur l'emploi " :
le fait, par exemple, que l'assurance-
chômage couvre " des situations d'al-
ternance entre période de chômage et
d'emploi court (…) a contribué à l'essor
exceptionnel du recours aux -contrats
de très courte durée ".
Pour améliorer le fonctionnement du
dispositif, une première option
consisterait à " maintenir le rôle des
partenaires sociaux dans la définition
des règles " de prise en charge des de-
mandeurs d'emploi. L'Etat, de son
côté, cadrerait, au préalable, la négo-
ciation, en définissant les buts " ou les
grands principes " ; il serait, à cette
fin, assisté d'un " comité d'experts ",
qui veillerait au respect des objectifs.
L'autre schéma, esquissé par Terra
Nova, accorde plus de prérogatives
aux pouvoirs publics. Il s'agit d'ins-
tituer " un tripartisme équilibré ", où
l'Etat, le patronat et les syndicats dé-
termineraient plusieurs choses : le fi-
nancement du système, les disposi-
tions sur l'indemnisation des deman-
deurs d'emploi et l'allocation de so-
lidarité (versée aux chômeurs en fin
de droit), le contrôle de la recherche
d'une activité par les bénéficiaires…
Dans cette hypothèse, l'Unédic dis-
paraîtrait au profit d'une " commis-
sion " présidée par le ministre de
l'emploi et une " règle d'or " serait ins-
tituée afin d'obliger " les gestionnaires
à respecter un équilibre financier de
long terme ".
" Aucune des deux options (…) n'est
parfaite ", écrivent les auteurs de la
note, qui ne penchent en faveur ni
de l'une ni de l'autre. Ils plaident au
passage pour que la réforme à venir
soit l'occasion de " renforcer encore la
capacité " de l'assurance-chômage à
répondre aux modifications du mar-
ché du travail (parcours profession-
nels de plus en plus discontinus,
-augmentation du nombre de -tra-
↑ 15
vailleurs " ubérisés "…). Bertrand Bissuel■ par Bertrand Bissuel
Tous droits réservés Le Monde 2017
1997835E87105202C5AB12F0320ED1312E408A1548A520CADEF7CFF
Parution : Quotidienne
Diffusion : 269 584 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 16
Un trésor livré aux spéculateurs
INDUSTRIETrois ans après le rachat de la branche énergie d’Alstom, General Electric supprime 345 emploisà Grenoble et semble vouloir sacrifier la très reconnue filière hydroélectrique française.
N° 1474jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017
Pages 4-61639 mots
General Electric est-il en train de
sacrifier un fleuron de l’industrie
française, pièce maîtresse du déve-
loppement des énergies renouve-
lables, au mépris de ses engagements
? C’est le constat amer qui se
confirme de jour en jour aux yeux des
salariés de l’usine de turbines hydro-
électriques de Grenoble.Ce site sécu-
laire niché au coeur des Alpes a vu
naître l’industrie hydraulique et
fournit aujourd’hui des turbines à des
barrages du monde entier. Il a été ra-
cheté en 2014 par le géant américain
General Electric (GE), avec la branche
énergie d’Alstom. Déjà, ce dépeçage
de l’industrie française dans un sec-
teur aussi stratégique pour « l’indé-
pendance énergétique » avait fait
naître des inquiétudes jusqu’au sein
du gouvernement socialiste. Car la
branche énergie d’Alstom fabrique
non seulement des turbines pour les
barrages, mais également celles qui
permettent aux éoliennes et aux cen-
trales nucléaires de fonctionner. Au
moment de l’achat, l’Américain s’en-
gageait à ne pas délocaliser et à créer
1 000 emplois en France.
Il a fallu moins de trois ans pour qu’il
s’assoie sur ses promesses et an-
nonce, pour le site grenoblois, la des-
truction de 345 emplois sur près de
800, s’ajoutant à 590 suppressions de
postes depuis 2016. La production est
délocalisée en Inde, au Brésil, en Tur-
quie, au Kenya et en Chine, où les
coûts de production seraient trois à
quatre moins élevés qu’en France.
La branche hydraulique de GE affiche
rarement des bénéfices dépassant 6 à
8 %. L’activité est cyclique, à raison
de projets étendus sur trois à cinq
ans, avec quelques creux, mais de
vraies perspectives de développe-
ment à long terme. Elle est loin des
standards exigés par les actionnaires
de la multinationale américaine, qui
attendent des taux de bénéfice à deux
chiffres et à court terme.
L’activité comporte surtout des
risques. Car chaque turbine est un
prototype et nécessite un trésor de
savoir-faire des ingénieurs greno-
blois et une logistique particulière-
ment lourde. « Nous faisons des mou-
tons à cinq pattes », résume Alfred
Piersantelli, délégué syndical CFDT
sur le site grenoblois. Ces colosses de
tôle d’une centaine de tonnes, cuits,
soudés et affinés dans les immenses
ateliers grenoblois semblent encom-
brer la direction de GE, qui aime les
produits en série, qui font un busi-
ness plus lucratif et moins risqué.
Les salariés ont bloqué l’usine pendantune semaine.
La direction de l’entreprise argue
d’une situation financière compli-
quée (130 millions de pertes nettes
de trésorerie en 2016), mais les sa-
lariés lui opposent une expertise,
confidentielle, pointant des artifices
de trésorerie destinés à plomber le
site grenoblois. Un classique du
genre : les risques financiers induits
par des projets en cours ont été ins-
crits en pertes nettes dans la comp-
tabilité et les surcoûts causés par des
malfaçons sur des turbines GE de fa-
brication chinoise, notamment, ont
été imputés à la trésorerie greno-
bloise. Les employés dénoncent aussi
un manque de transparence de GE et
de l’État, qui opposent le « secret des
affaires » pour ne pas publier certains
détails des comptes et l’accord
conclu au moment du rachat d’Al-
stom énergie.
Depuis ce « deal » adoubé par Emma-
nuel Macron, alors ministre de l’Éco-
nomie, la branche hydraulique a aus-
si été fragilisée par une pluie de «
procédures », une obsession du « re-
porting » et l’installation de logiciels
de gestion déconnectés de la réalité
du travail. Au nom de la « synergie
» planétaire du groupe, les processus
ont été standardisés, découpés par
tâches, pour que les ingénieurs fran-
çais, ››› p. 6 ne maîtrisant désormais
plus le processus de fabrication dans
son ensemble, soient interchan-
geables avec des ingénieurs indiens,
turcs ou kenyans. « C’est le savoir-
faire qui est attaqué, pour que la masse
salariale devienne une variable beau-
coup plus flexible. Puisque nous n’au-
rions plus besoin de gens formés à leur
poste, la direction pourrait embaucher
et débaucher au gré des commandes »,
détaille, dépité, l’élu CFE-CGC
Georges Beciu.
Campé avec un élu CGT à l’entrée du
↑ 17
site, barrée par un engin de chantier
et les fumées d’un barbecue installé
pour nourrir les grévistes, Philippe
Massonnet, « cadre sup » depuis dix-
sept ans, qui occupe des fonctions
clés pour l’activité du groupe à l’in-
ternational, ne dresse pas un tableau
moins sombre. « Cette standardisa-
tion des process est catastrophique.
L’entreprise est saccagée par ce mana-
gement », s’attriste le dirigeant.
Les traits tirés par une semaine de
blocage et les allers-retours vers la
capitale, les 300 salariés qui tenaient
le piquet de grève la semaine der-
nière nourrissent une autre inquié-
tude. La destruction de la moitié des
emplois – précédée ces derniers mois
par une centaine de licenciements,
ruptures conventionnelles et démis-
sions – rendra le site inopérant. Le
service recherche et développement,
théoriquement sauvegardé, ne peut
pas fonctionner sans l’atelier qui va
être supprimé. Et le jeu de chaises
musicales imposé par le départ de
345 salariés paralysera des services. «
Il faut au moins deux ans, sur certains
postes, pour être opérationnel, insiste
Philippe Massonnet, et les meilleurs
soudeurs sont ici, leur licenciement se-
rait une grosse perte pour le groupe. »
Selon les salariés, General Electric
cache donc – une fois encore – ses
véritables projets pour le site isérois :
la vente. Il pourrait en effet intéres-
ser un concurrent chinois, comme le
pointait, selon eux, l’expertise éco-
nomique. Car il recèle des brevets in-
téressants, des décennies de savoir-
faire accumulé et des « modèles ré-
duits » servant aux essais. « Ils ha-
billent un peu la mariée en réduisant
la masse salariale », s’attriste Claude
Villani, secrétaire de section CGT, les
mains tremblantes et la voix ruinée
par le manque de sommeil. « Les in-
tentions de General Electric étaient très
claires, dès le rachat d’Alstom énergie.
Il fallait tuer un concurrent qui lui fai-
sait de l’ombre », tonne également
Georges Beciu. Cette issue serait ca-
tastrophique pour l’ensemble de la
filière hydroélectrique, qui dépend
encore largement des turbines fabri-
quées à Grenoble.
Ce serait également un bien mauvais
signal au regard des engagements
pris par la France en matière de tran-
sition énergétique. L’eau étant de
loin la première source d’énergie re-
nouvelable. « Nous sommes en train de
créer une situation de monopole qui se-
ra néfaste pour les usagers », regrette
Antoine Brescia, représentant CGT
des salariés d’Hydro Grenoble.
General Electric s’évertue de son côté
à marteler que Grenoble restera un
centre de développement mondial de
l’hydroélectricité, sans répondre plus
précisément aux inquiétudes.
Mais l’histoire de l’usine grenobloise
n’est pas seulement tragique pour
l’industrie française et la transition
énergétique. Elle jette aussi une lu-
mière crue sur les réformes succes-
sives du code du travail menées par
le gouvernement socialiste (« ANI »,
lois Rebsamen, Macron et El Khom-
ri). Les discussions entre les repré-
sentants du personnel et la direction
de General Electric apparaissent plus
déséquilibrées que jamais.
Le temps, premièrement, joue en fa-
veur de la direction. Car le calendrier
de négociation d’un plan social est
désormais serré. Les représentants
du personnel doivent rendre leur avis
avant le 19 novembre, soit quatre
mois après l’annonce du plan de sau-
vegarde de l’emploi (PSE). Les sala-
riés demandent donc un délai sup-
plémentaire, que la direction ne
semble pas disposée à leur accorder.
Car pour GE, l’affaire doit être soldée
avant la fin de l’année, afin que le
coût du plan social apparaisse dans
ses résultats financiers de 2017 et
que les comptes de 2018, redorés par
une baisse de 30 % de la masse sala-
riale, permettent au titre de rebondir
en Bourse. Pour rattraper une chute
d’un quart depuis le début de l’an-
née. La pression des actionnaires est
en effet particulièrement forte dans
le groupe états-unien, déconnecté de
la réalité du débat français et animé
par une frange particulièrement
agressive du capitalisme outre-At-
lantique. Les fonds dits « activistes »,
qui ciblent les entreprises faibles en
Bourse pour les « redresser » avec des
méthodes brutales, viennent en effet
d’intégrer le conseil d’administration
de GE.
Les efforts des salariés pour intensi-
fier le rapport de force pèsent donc
pour l’heure assez peu sur ce calen-
drier. Le blocage de l’usine du 4 au
12 octobre a permis la médiatisation
nationale et la politisation du dossier
(lire p. 5), mais n’a pas fait bouger
une virgule du projet de plan social
proposé par General Electric. Comme
seule compensation à la destruction
de leur emploi, la direction propose
aux salariés des garanties proches du
minimum légal et un congé de reclas-
sement de 12 mois, selon les syndi-
cats. Jeudi, une large majorité des
grévistes a donc décidé de lever le
blocage de l’usine. Éprouvés par une
semaine particulièrement intense et
déterminés à diversifier leurs ac-
tions. Cela commençait à se corser
aussi financièrement pour les sala-
riés, après huit jours de retenue sur
salaire. Une caisse de grève a été mise
en place par l’intersyndicale – CGT,
CFDT et CFE-CGC. Mais elle reste
modeste. Il faut dire que ce type de
lutte longue ne fait pas partie de la
culture du syndicat des cadres. Il
semble désormais s’y résoudre avec
un discours combatif. ■
par Erwan Manac’h
(1) Guerre fantôme : la vente d’Al-
stom à General Electric, Along
Production : www. guerrefan-
↑ 18
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
tome.com
« Les intentions de GE étaient claires. il fallait tuer un concurrent qui lui faisait de l’ombre. »
“
Tous droits réservés 2017 Politis
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Parution : Hebdomadaire
↑ 19
Un fiasco industrielLe cas de General Electric révèle l’écrasante responsabilité de l’État dans le dépeçage des fleuronsde l’industrie française, et le rôle clé d’un certain Emmanuel Macron.
N° 1474jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017
Page 5843 mots
Même le porte-parole du
gouvernement, Christophe Castaner,
est forcé de le reconnaître : « La re-
structuration [de la branche hydro-
électrique de General Electric] n’est
pas conforme aux engagements pris. »
Nous sommes loin en effet de la pro-
messe de 1 000 créations nettes
d’emplois avant la fin 2018. Le gou-
vernement menace donc d’appliquer
une pénalité de 50 000 euros par em-
ploi manquant. Mais cette amende
semble dérisoire pour ce mastodonte
qui a réalisé 1,2 milliard de dollars de
bénéfices en 2016 et vient de signer
un chèque de 112 millions à son PDG,
Jeffrey Immelt, qui quittait ses fonc-
tions début août, soit plus du double
de la somme que GE risque dans cette
affaire.
L’État devrait donc trouver plus dis-
suasif. Notamment en jouant un rôle
actif en profitant des parts qu’il gé-
rait au sein de la « co-entreprise » is-
sue de la « fusion » entre la branche
énergie d’Alstom et General Electric.
Il a au contraire brillé par son silence
depuis trois ans. Rien pour empêcher
la destruction de 345 emplois à Gre-
noble (et 600 emplois indirects me-
nacés), alors que Jeffrey Immelt était
reçu à l’Élysée mi-juin, quelques
jours avant l’annonce du plan social.
Encore moins pour faciliter la reprise
de l’activité hydroélectrique par un
acteur plus ambitieux, comme l’État,
par exemple. « Le marché hydroélec-
trique est largement saturé, [il faut]
savoir s’adapter à la réalité du marché
», éludait sommairement Bruno Le
Maire, ministre de l’Économie, le 16
octobre.
Le gouvernement n’actionne pas non
plus le dernier levier qu’il avait en sa
possession : une « option d’achat »
portant sur 20 % des parts de l’ex-Al-
stom énergie. Il aurait pu faire ingé-
rence dans le démantèlement de ce
fleuron de l’industrie. « C’est le sens
de l’intérêt national parce que c’est vi-
tal de garder en France cette usine. [...]
S’il le veut, il le peut », insistait Jean-
Luc Mélenchon en déplacement à
Grenoble le 11 octobre. Mais l’accord
secret signé par l’État dans l’autre
dossier brûlant du moment, le rachat
de ce qu’il reste d’Alstom par l’Al-
lemand Siemens, était justement
conditionné à ce que la France ne
lève pas cette option d’achat, arrivée
à échéance ce mardi 17 octobre,
comme l’a révélé Christophe Casta-
ner devant le Sénat le 10 octobre.
Les affaires sont les affaires, l’État
est sommé de garder ses distances.
Avec cet attentisme, le tournant dé-
sastreux que prend la filière hydro-
électrique était prévisible, vu les
conditions dans lesquelles l’Améri-
cain General Electric a pris le
contrôle de la branche énergie d’Al-
stom. L’industriel français était me-
nacé d’une amende record pour de
nombreuses affaires de corruption
sur lesquelles enquêtait la justice
américaine, en raison de son « ex-
traterritorialité ». Une stratégie des-
tinée à affaiblir la bête afin de facili-
ter sa reprise par l’entreprise améri-
caine, déjà utilisée à cinq reprises par
General Electric pour absorber ses
concurrents étrangers, comme le re-
late un documentaire édifiant diffusé
sur la chaîne parlementaire (1).
Arnaud Montebourg, alors ministre
de l’Économie, dégaine un décret in-
terdisant la cession au nom de l’indé-
pendance énergétique nationale. Une
« alliance » et la création d’une « co-
entreprise » équilibrée sont finale-
ment préférées à une vente pure. Jus-
qu’à ce qu’on découvre, lors de la
mise en place effective de l’accord,
que GE s’empare en réalité du
contrôle de l’industriel français, avec
la complicité du nouveau ministre de
l’Économie français, Emmanuel Ma-
cron.
Les communistes, au nom desquels
Pierre Laurent s’est déplacé à Gre-
noble ce mardi, viennent de deman-
der une enquête parlementaire au
Sénat sur ce dossier, qui n’est pas
sans rappeler celui, tout aussi
bouillant, de la fusion Alstom-Sie-
mens ou même du rachat des chan-
tiers navals STX par leur concurrent
italien en mai.
Les inquiétudes sont maximales, car
l’usine GE de Grenoble n’est pas le
seul exemple de fiasco industriel. Il
y a eu Alcatel, entreprise télécom ra-
chetée en 2015 par Nokia, qui
connaît son deuxième plan social
cette année (600 postes supprimés)
malgré la promesse du Finlandais de
ne pas détruire l’entreprise. Ou Ar-
celor, attaqué par l’Indien Mittal en
2006, qui fermait l’usine de Gan-
drange (Moselle) en 2009 et une par-
tie de celle de Florange en 2013 au
nez et à la barbe du gouvernement
socialiste. Autre motif d’inquiétude,
c’est Airbus qui est désormais dans
le viseur, à travers des enquêtes pour
corruption, non dénuées d’arrière-
↑ 20
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
pensées, de la part de la justice amé- ricaine. ■ par Erwan Manac’h
Les communistes ont demandé une enquête parlementaire au Sénat.
“
Tous droits réservés 2017 Politis
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Parution : Hebdomadaire
↑ 21
RÉFORME DU CODE DUTRAVAIL
↑ 22
LOI TRAVAIL XXL
La santé des salariés sacrifiée sur l'autel des ordonnancesLa réforme du Code du travail prévoit la suppression du comité d'hygiène, de sécurité et desconditions de travail (CHSCT), une revendication du patronat qui voit dans cette instance une at-teinte insupportable à son pouvoir dans l'entreprise.
jeudi 19 octobre 2017Page 4
996 mots
L es ordonnances sur le Code du
travail prévoient notamment
qu'à l'occasion de la fusion des ins-
tances représentatives du personnel
dans le comité social et économique
(CSE), la nouvelle instance unique, le
pouvoir du CHSCT de faire financer
par l'entreprise des expertises sur les
effets sur les conditions de travail de
« projets importants », comme les ré-
organisations, est supprimé, ces ex-
pertises étant désormais à la charge
du budget des IRP.
Dans les faits, cela risque de créer «
une mise en concurrence des exper-
tises dans le budget du CSE, avec
l'objectif de nous diviser », explique
Judith Krivine, représentante du Syn-
dicat des avocats de France (SAF), qui
participait, le mois dernier, à une
rencontre d'acteurs de terrain orga-
nisée à Paris par l'Association des ex-
perts agréés et des intervenants au-
près des CHSCT (Adeaic). Dans ces
conditions, et avec un CHSCT réduit
à une commission du CSE, son poids
et son pouvoir de conviction seront
d'autant plus faibles dans les votes de
la nouvelle instance, redoute l'avo-
cate. « On nous dit que c'est aux IRP
de financer sur leur propre budget les
expertises, réagit Jean-Vincent Kos-
ter, responsable du pôle expertises
CHSCT au cabinet d'études Progexa,
à Paris. Mais ce droit à l'expertise a
été créé pour compenser l'inégalité
qui découle du fait que l'employeur
peut, lui, puiser dans les moyens de
l'entreprise pour financer ses études.
Il est donc normal que les expertises
du CHSCT soient financées par l'en-
treprise. L'entreprise, ce n'est pas
que l'employeur. »
Au-delà de la question des moyens fi-
nanciers pour les salariés qui siègent
dans les CHSCT, la fusion des institu-
tions du personnel va aussi entraîner
de facto une perte d'efficacité des fu-
turs élus de l'instance unique, avec la
baisse de leur nombre. « J'ai l'impres-
sion d'être dans un mauvais rêve, té-
moigne Frédéric Probel, élu CGT d'un
CHSCT dans le secteur de l'énergie.
S'il n'y a plus qu'une instance où l'on
fait tous le même boulot, on ne va
plus s'en sortir. » Et le syndicaliste
de rappeler comment les CHSCT ont
su démontrer leur utilité à l'occasion
d'accidents industriels qui ont fait la
une de l'actualité ces dernières an-
nées, comme l'affaire de l'effondre-
ment de la passerelle du paquebot
Queen Mary 2 sur les chantiers na-
vals de Saint-Nazaire qui avait fait
16 morts et 29 blessés, en 2003, ou
celle plus récente de la catastrophe
ferroviaire de Brétigny-sur-Orge à
l'origine du décès de 7 personnes, en
2013. « A chaque fois, on a pointé le
rôle des enquêtes du CHSCT » dans
la manifestation de la vérité sur les
causes du drame, relève Frédéric Pro-
bel. « En cas de gros accident du tra-
vail, on est légitime à être sur place
avec les forces de police, on est indé-
pendant et on recueille des éléments
qui permettent d'avancer et de pro-
duire des résultats », poursuit le sala-
rié. « Avec moins de moyens et moins
d'élus, les représentants des salariés
seront davantage dans l'accompa-
gnement des projets des directions »,
anticipe, quant à elle, Isabelle Jar-
dillier, élue CHSCT dans le secteur
des télécoms. « A qui fait-on peur ?
C'est clair, on les fait trembler, re-
prend Frédéric Probel en désignant
les employeurs. On est une instance
de pouvoir quand on utilise tous les
maillons de la chaîne : inspecteurs du
travail, experts, de manière coordon-
née. »
C'est précisément cette mise en
cause du pouvoir patronal qui est in-
supportable à ce dernier, estime la
sociologue du travail, Danièle Lin-
hart. « Non seulement les em-
ployeurs cherchent à s'approprier le
sens et la finalité sociale du travail,
mais ils veulent aussi s'arroger le
droit de produire seuls du savoir sur
les problématiques de santé au tra-
vail, lequel vient aujourd'hui en très
grande partie des démarches d'en-
quêtes des experts et des CHSCT, dé-
crypte la chercheuse au CNRS. On est
dans la continuité de la volonté pa-
tronale de disposer de la totalité des
pouvoirs et des décisions, c'est un
élément de la politique systématique
de domination, de contrôle et de
coercition à l'œuvre dans l'entre-
prise. Pour assurer la domination, il
faut exproprier les salariés de leur sa-
voir professionnel. »
Cette expropriation ne se fera pas
sans dommages sur la santé des sa-
lariés, alerte de son côté l'expert au-
près des CHSCT Jean-Vincent Koster.
« Ce qui est dramatique, c'est
qu'après avoir cassé la médecine du
travail avec la loi El Khomri, on rend
↑ 23
aveugles les acteurs de la prévention.
La préoccupation de la santé au tra-
vail ne s'exprimera que quand il y a
déjà péril en la demeure, analyse le
responsable chez Progexa. Ce qu'on
veut casser, c'est l'approche collec-
tive et préventive de la santé, pour ne
s'intéresser qu'au versant des consé-
quences et de la réparation, c'est-à-
dire une approche individuelle », où
chaque cas est « personnalisé ». Com-
binée à la facilitation des licencie-
ments pour inaptitude par la loi El
Khomri, la destruction des CHSCT
prend alors tout son sens pour Marie
Pascual, médecin du travail, qui dé-
plore que sa discipline « perde le seul
lieu où s'exprime sa dimension col-
lective, hors cabinet médical et col-
loque ». Et la docteure de mettre en
garde : « Il est absolument nécessaire
de passer de l'individuel au collectif
très en amont des maladies graves
qui éloignent des gens pendant des
mois de l'entreprise et se terminent
par une décision d'inaptitude. » ■
par Sébastien Crépel
Tous droits réservés L'Humanité 2017
B097339288F04705C5B01B801A08B1F524E0DC19C8AC26B13586125
Parution : Quotidienne
Diffusion : 35 835 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 24
Des brèches dans les ordonnances macron N'en déplaise à Emmanuel Macron,qui espérait
jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 8
633 mots
ECO-SOCIAL
D es brèches dans les
ordonnances macron
N'en déplaise à Emmanuel Macron,
qui espérait tourner la page des or-
donnances sur le Code du travail en
lançant le 12 octobre dernier les
chantiers de la formation profession-
nelle et de l'assurance-chômage, la
bataille n'est pas finie. Une nouvelle
journée d'action interprofessionnelle
avec grève et manifestation a été
convoquée le 19 octobre par la CGT,
Solidaires et l'Unef (1), en attendant
la prochaine réunionde l'intersyndi-
cale le 24 octobre prochain. Décidée
le 10 octobre dernier, cette rencontre
pourrait déboucher sur un nouvel ap-
pel à manifester en novembre, au-
quel pourrait se joindre cette fois-ci
FO conformément à la résolution
adoptée par le comité confédéral na-
tional du 29 septembre dernier. Si tel
était le cas, la participation de FO
pourrait entraîner celle de la CFE-
CGC, partisane déclarée d'« une mo-
bilisation unitaire » mais qui condi-
tionnait jusqu'à présent sa propre
participation à celle des autres.
Seules les directions de la CFDT et de
la CFTC refusent obstinément d'ap-
peler à l'action malgré les demandes
de plus en plus pressantes de leur
base. Signe que le gouvernement lui-
même s'inquiète d'un possible re-
bond de la mobilisation, il a accepté
de faire une nouvelle entorse aux or-
donnances. Après l'accord arraché
par les routiers le 5 octobre dernier,
qui a redonné à la convention de
branche la primauté sur les accords
d'entreprise pour la fixation des
primes et du 13e mois, ce sont les sa-
lariés des ports et docks qui ont ob-
tenu le maintien de ce principe de fa-
veur, a fait savoir dans un communi-
qué la fédération CGT. La convention
collective nationale unifiée a même
fait l'objet d'une extension qui per-
mettra son application aux entre-
prises non signataires. En faisant
avaler son chapeau pour la deuxième
fois au gouvernement, la CGT des
ports et docks suscite des vocations.
Ainsi, la Fédération nationale des in-
dustries chimiques CGT exige à son
tour « l'ouverture immédiate d'une
négociation » afin que « les éléments
salariaux et les anticipations de dé-
part en retraite pour certaines caté-
gories de salariés » soient exclus du
champ des accords d'entreprises et
relèvent de la seule convention col-
lective. La fédération exige aussi que
le maintien du CHSCT y soit inscrit.
« En l'absence d'une réponse positive
», la CGT appellera à une grève re-
conductible à compter du 23 octobre
« dans le raffinage et la branche pé-
trole ». Dans la métallurgie, la CGT,
qui est parvenue à rassembler 4
000 salariés à Paris à l'occasion d'une
manifestation devant le siège de
l'UIMM le 13 octobre, afin de peser
sur la renégociation en cours de la
convention collective, entend bien
aussi s'engouffrer dans la brèche ou-
verte par les routiers. Confronté à
une nouvelle grève à France Télévi-
sions à l'appel de la CGT, le 17 oc-
tobre, contre la réduction de 50 mil-
lions d'euros du budget, le gouverne-
ment n'en a pas fini non plus avec les
fonctionnaires. Après le succès de la
journée d'action pour l'ouverture d'«
une véritable négociation salariale »
à l'appel des 9 fédérations (CGT, FO,
CFDT, FSU, CFTC, CFE-CGC, Fédéra-
tion autonome, Unsa et Solidaires),
celles-ci se réunissent également le
24 octobre et pourraient décider
d'une nouvelle mobilisation contre le
gel du point d'indice et la hausse de
la CSG.
(1) A Paris, la manifestation partira à
14 heures de la gare Montparnasse. ■
Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017
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Parution : Hebdomadaire
↑ 25
QUELLES FINALITÉS ? POUR QUELLE SOCIÉTÉ ?
De quel travail avons-nous besoin ? (5)rappel des faits En pleine bataille contre la régression du droit du travail, l'Humanité poursuit saconfrontation d'idées autour du sens à donner aujourd'hui au travail.
jeudi 19 octobre 2017Page 12
2732 mots
TRIBUNE IDÉES
L e travail, qu'il soit manuel,
intellectuel ou culturel, est in-
dissociable de la condition humaine,
même si les progrès des connais-
sances et des technologies
conduisent à en redéfinir les
contours, le contenu et les conditions
de réalisation. En effet, c'est bien
l'activité le geste associé à la pensée
qui est créatrice de l'identité hu-
maine, de sa vie sociale et de son sta-
tut de citoyen. Cependant, si c'est
sous des formes de plus en plus va-
riées et problématiques, le travail
subsistera malgré la place croissante
des machines plus ou moins numé-
riques dans tous les domaines ; tou-
tefois la question doit être posée sur
la pertinence de certaines activités.
Je suis frappé de voir à quel point la
publicité, qui occupe désormais le
moindre espace médiatique, urbain
ou autre, a réussi à transformer nos
envies en besoins. Souci de confor-
misme social, culturel pour l'homme
contemporain à la fois individualiste
et grégaire.
Mais plus encore, « l'industrie finan-
cière » génère sans complexe des ac-
tivités dont l'utilité sociale est nulle,
voire négative : un trader qui spécule
sur un clavier est-il plus utile à la so-
ciété qu'un éboueur qui entretient la
propreté, la salubrité et l'agrément
de nos villes ? La grève montrera vite
la différence !
Se pose aussi la valeur « humaine »
du travail : le verre d'eau offert par
une hôtesse de l'air à un passager de
première classe a-t-il plus de valeur
que celui qu'une auxiliaire de vie pré-
sente à une malade d'Alzheimer ? Et
pourtant la rémunération et la consi-
dération portées à l'une et à l'autre
sont bien différentes. S'ajoutent aux
soins nécessaires à la vie des hommes
les besoins liés à l'environnement et
à la protection de nos biens com-
muns vitaux comme l'eau et l'air.
Je plaide pour qu'on sache transfor-
mer nos problèmes en emplois.
Notre société est devenue matéria-
liste, individualiste et impatiente ; le
poids et la peur du chômage contri-
buent à façonner un monde sans
autre boussole que l'argent appelé «
fric » chez les autres et « pouvoir
d'achat » pour soi. Désormais, nous
vivons, de l'entreprise aux nations,
sous la coupe d'une dérégulation
mondialisée à la sauce ultralibérale
conduisant à une mise en compéti-
tion forcenée et permanente des
hommes, des entreprises, des collec-
tivités locales et des nations.
Cette nouvelle forme de lutte pour
la vie, appelée par euphémisme «
concurrence », n'est « ni libre, ni
faussée », y compris dans l'Union eu-
ropéenne, où manquent cruellement,
comme dans les traités internatio-
naux, les exigences fondamentales
d'une harmonisation fiscale et so-
ciale, à tout le moins d'une conver-
gence progressive ! On peut regret-
ter, puisque toute entreprise com-
mence au client, le comportement du
consommateur dont le libre choix
s'appelle le marché , qui n'est pas
toujours très regardant sur les condi-
tions de production et de commercia-
lisation des biens achetés.
Cette concurrence brutale est or-
chestrée par des puissances d'argent
internationales de plus en plus ano-
nymes, apatrides et spéculatives. Les
politiques de coopération sont mar-
ginales, quant à la solidarité, elle est
plus « événementielle » que perma-
nente.
Les perspectives de progrès de la
gauche pour une autre société de-
vront intégrer cette dimension
éthique du « vouloir » d'achat. Au-
delà de la nécessaire, urgente et exi-
geante justice sociale, la gauche de-
vra s'identifier aussi par sa capacité
créatrice d'emplois et d'activités à
tous les niveaux pertinents et ne pas
se cantonner aux nationalisations.
L'économie sociale ne doit pas se li-
miter à des initiatives de réparation
des dégâts du capitalisme, elle doit
en devenir l'alternative fondamen-
tale d'une autre société. La Maif,
grande mutuelle d'assurance, n'a-t-
elle pas été créée par des instituteurs
militants et qui plus est à Niort, dans
une ville moyenne !
La gauche doit être porteuse d'une
société plus douce faite de coopéra-
tion, de créativité, de solidarité et dé-
mocratie, y compris dans la vie éco-
↑ 26
nomique pour laquelle on devra, en-
fin, créer un « statut de l'entreprise »
où le poids des actionnaires soit égal
à celui des travailleurs.
Le travail devrait être « la façon d'être
au monde de l'homme » (Georges
Canguilhem, 1947) ou « l'activité hu-
maine qui vise à la réalisation et à
l'accomplissement de soi, à l'action
sur le monde et dans le monde pour
le changer et le transformer » (Robert
Salais, 2009). Alors, le travail est la
substance de l'expérience humaine.
Mais dans nos sociétés le travail
s'inscrit encore dans le « compromis
fordiste et keynésien » construit tout
au long du XXe siècle. Ce compromis
a consisté à échanger de la sécurité
économique contre de la dépendance
au travail. C'est l'état juridique de su-
bordination qui fonde ce que l'on ap-
pelle aujourd'hui « l'emploi » Le sa-
larié subordonné à l'employeur à
condition d'être « employable » !
Le travail se trouve alors d'emblée
aliéné par un rapport social à carac-
tère économique où la personne n'est
considérée que comme un paramètre
d'ajustement pour des calculs de pro-
fitabilité. Mais aujourd'hui le com-
promis fordiste est en crise profonde.
« L'emploi » qu'il a engendré ne s'en
remettra pas ! Cela ne veut pas dire
qu'il faudrait se débarrasser des em-
plois mais qu'il faut changer de lo-
gique.
Le patronat, les capitalistes l'ont bien
compris. Au bout de leur processus,
le droit du travail n'existera plus en
tant que tel. Il glissera vers le droit
civil et commercial en inventant une
forme modernisée des contrats de
louage de services ou d'ouvrages ins-
taurés par la loi du 17 mars 1804
(Code civil), il y a 213 ans !
Il n'y aura ni employeur ni salarié. Il
y aura simplement des parties consi-
dérées comme égales qui contracte-
ront entre elles. Exit les tribunaux de
prud'hommes. Exit les garanties col-
lectives. Exit la représentation des
salariés. Exit les organismes de sé-
curité sociale. Vive Uber et le droit
commercial ! Dit autrement : tous
égaux et que les gros mangent les pe-
tits ! Le rapport de subordination
tend ainsi vers un rapport de soumis-
sion.
Alors, cessons de confondre le travail
et l'emploi dont on voit la trajectoire.
C'est-à-dire l'humain et l'exploita-
tion des humains.
Si l'on veut radicalement s'en sortir,
il faut repartir du travail dans toute
l'ampleur que cela suppose, en lui
donnant la place centrale qu'il doit
avoir pour le développement durable
des sociétés : « l'humain d'abord » !
En d'autres termes, comme le pense
Alain Supiot, il faut aller « au-delà
de l'emploi » car « l'emploi ne fournit
plus un cadre normatif suffisant pour
assurer à tous, à l'échelle de la pla-
nète, un travail décent ».
D'ailleurs, parle-t-on bien de travail
lorsqu'on le confond avec l'emploi,
alors que les salariés, constatant sou-
vent la mauvaise qualité de ce qui est
produit, disent : « C'est pas du travail
» ?
Conséquence : l'emploi n'est-il pas
devenu le carcan du travail ? Dès lors,
avec cette hypothèse, mettons-nous
les yeux en face des trous ! Mener la «
bataille de l'emploi » place les prota-
gonistes sur le terrain du partage for-
diste, du partage du travail dans le «
marché des emplois » appelé injuste-
ment « marché du travail ». Rappe-
lons que la déclaration de Philadel-
phie du 10 mai 1944, refondant l'Or-
ganisation internationale du travail,
stipulait : « Le travail n'est pas une
marchandise »
Dans tous les cas nous restons confi-
nés à la déshumanisation et à l'as-
servissement de ce que devrait être
le travail comme genèse de l'humain,
de l'éthique, de la créativité, des va-
leurs et de la culture. Nous restons
enfermés dans le travail aliéné en re-
vendiquant moins d'aliénation.
Si l'humain veut s'émanciper, il doit
inventer la « civilisation du travail »,
alors qu'aujourd'hui nous sommes
dans celle de son exploitation Et ceci
depuis plusieurs millénaires !
Un tel objectif ne peut plus être mas-
qué, ignoré. Il est urgent d'en
prendre conscience et de placer les
enjeux politiques et les luttes so-
ciales à ce niveau-là.
Alors, avançons des pistes en défen-
dant les situations actuelles, les ga-
ranties et les droits et en cherchant
à les élargir. Un tel objectif demeure
tout à fait légitime et vital mais exige
de situer cette bataille en cohérence
avec une perspective libératrice clai-
rement affichée. Par exemple : le
nouveau statut du travail salarié et la
sécurité sociale professionnelle de la
CGT, la proposition de loi de sécuri-
té sociale du travail, de l'emploi et de
la formation du PCF. Ne faut-il pas
pousser plus loin et plus large que ce-
la ?
En créant une sécurité sociale du tra-
vail (SST) couvrant l'ensemble des
personnes sortant du système sco-
laire obligatoire, en leur conférant un
droit effectif à la création de ri-
chesses selon les capacités et les
goûts de chacune et de chacun. L'es-
sentiel des droits serait ainsi attaché
à la personne de façon inaliénable et
constitutionnelle, et non plus à la si-
tuation d'emploi qu'elle est suscep-
tible d'occuper ou de chômage dans
laquelle elle risque de tomber. Avec
cet objectif, ne pouvons-nous pas
nous passer d'« employeurs », alors
que nous avons besoin de bons entre-
preneurs, travailleurs et créateurs ? Il
faudrait dès lors imaginer une forme
socialisée de gestion et d'allocation
↑ 27
des diverses activités de travail :
peut-être un nouveau service public
autogéré qui représenterait la socia-
lisation des fonctions d'employeur
élargies à toutes les activités (mar-
chandes, non marchandes mais aussi
personnelles ou collectives, etc.).
Il faut affirmer le travail comme cœur
d'une démarche de sortie de crise. Il
s'agirait d'instaurer et de développer
de véritables « dynamiques du travail
». Il faut prendre le risque de la créa-
tivité et de l'efficacité à libérer dans
le « travail réel ». émergeraient ainsi
des capacités nouvelles inconnues de
développement humain, d'objets et
modalités de production et de créa-
tion, de nouvelles cultures favorables
à l'émancipation et au remembre-
ment de la démocratie politique, éco-
nomique et sociale.
Il est temps d'engager un travail de
projet et de propositions pour
construire un nouvel état de droit ar-
ticulant les enjeux du travail humain
libéré de l'exploitation avec les mobi-
lisations sociales ou financières et les
avancées démocratiques.
Pourquoi le travail serait-il un pas-
sage obligé pour faire émerger les ré-
serves d'alternatives ? Est-on en train
de magnifier la « centralité du travail
» ? La « valeur du travail » ? Ce n'est
pas vraiment ainsi que je vois les
choses. Le « travail » n'est certaine-
ment pas le tout de la réflexion phi-
losophique, ergologique, politique.
Mais le travail ce qu'on entend au-
jourd'hui par travail est certaine-
ment dans le champ des activités hu-
maines traversé par des « débats de
normes » intenses et critiques. Du
fait du lien normes-valeurs (valeurs
du vivre-ensemble), c'est un champ
majeur où se pose la question des fi-
nalités de la vie sociale, pour chaque
humain (femme, homme), chaque
groupe humain, et pour l'humanité
entière, à chaque moment de son his-
toire. Pour parler du présent, au sein
de nos sociétés marchandes et de
droit, la reproduction de la vie sociale
par l'activité industrieuse s'opère
massivement sous la forme du travail
marchandise, avec la définition des «
temps de travail », des normes juri-
diques comme le contrat de travail,
les titres de propriété des moyens de
production, l'actionnariat
Nous affirmons que tout agir au tra-
vail est en permanence investi par
des choix très souvent microsco-
piques mais non sans enjeux sociaux,
humains, plus ou moins conscients,
plus ou moins verbalisés, traversé par
des séries de reconfigurations plus ou
moins perceptibles du milieu de tra-
vail qui témoignent localement de l'«
usage de soi par soi » du protago-
niste, en quoi chacun administre ici
et maintenant son aptitude à « faire
histoire » (et non pas seulement dé-
terminé par des conditions histo-
riques extérieures qu'il subirait pas-
sivement). Et de là peut-être le plus
important : s'il y a choix, et il n'est
pas en notre pouvoir de vivant hu-
main de s'exonérer de choix, il nous
faut jour après jour préférer. Tra-
vailler, c'est sans cesse trancher de
multiples débats, sous peine de rester
paralysés devant la tâche. Mais pré-
férer, c'est débattre avec nous-
mêmes, c'est argumenter en valeur,
que ce débat soit clair ou en pé-
nombre, quant à notre « usage de
nous par nous-mêmes ».
On arrive donc à ce résultat assez
percutant, à ce paradoxe de nos so-
ciétés marchandes (et de droit) : au
cœur même de ce travail payé comme
marchandise, de ce travail destiné à
produire des biens marchands (pro-
duits ou services), et donc évalué en
termes quantitatifs, des valeurs
échappant à toute métrique, ce que
nous appelons des « valeurs sans di-
mensions » s'incorporent comme aux
battements du cœur de cet agir in-
dustrieux : « solidarité », « justice », «
égalité », « santé collective », « désir
de savoirs » L'emballement mar-
chand, l'omnivalence du financier
peuvent altérer notre rapport à ce
monde des valeurs, mais cette respi-
ration est inévacuable, sinon aucune
tâche sociale ne serait accomplie.
étrange contradiction, donc au sein
de nos sociétés marchandes.
Cette exigence, à l'autre pôle macro-
scopique, dessine un vaste et essen-
tiel programme à multiples facettes,
où il faut faire preuve de beaucoup
d'inventivité, et travailler à articuler
ou renforcer des initiatives, des ex-
périences transformatrices, dont au-
cune seule ne peut être « la » solu-
tion. évoquons quelques exemples :
explorer plus avant les ressources, et
retravailler les limites de l'économie
sociale et solidaire ;
s'intéresser aux « tiers lieux », aux
essais de socialiser l'usage des ma-
trices de fabrication productive
(comme les « fab labs ») ;
repenser des politiques de « dévelop-
pement » pour les peuples en souf-
france. Ce qui suppose aussi d'autres
normes du commerce international ;
déplacer, au sein des entreprises,
progressivement le curseur de la gou-
vernance aux mains des seules oli-
garchies financières pour y intégrer
les autres parties prenantes, les pro-
ducteurs, professionnels, tra-
vailleurs, les territoires, et aussi les
consommateurs. Sortir ainsi du rela-
tif vide juridique sur la définition de
l'entreprise pour initier d'autres stra-
tégies de gestion, où les valeurs de
bien commun desserreraient leur su-
bordination vis-à-vis des ratios fi-
nanciers et rendraient envisageable
une autre démocratie industrieuse ;
repenser la maîtrise et les flux de la
circulation monétaire, la fonction
des banques, les usages de l'argent
dans l'axe d'une exigence politique se
↑ 28
déployant sur divers niveaux de tem-
poralité pour définir et décliner les
biens communs. L'avenir de la pla-
nète doit toujours être présent dans
les projets de développement.
Entre ces deux pôles, le « micro » et le
« macro », la relation doit être stric-
tement dialectique. Il faut agir par les
deux bouts. Sinon, nous dogmatisons
sur ce que nous pouvons être, sur ce
que nous pouvons vouloir comme fi-
nalités émancipatrices. Si la sensibi-
lité généreuse au bien commun à
construire n'est pas crédible là où je
travaille et je vis, quel crédit ferais-
je à ceux qui en font des discours «
hors-sol » ?
Contre la tendance à la réification
mortifère de nos semblables, contre
« la fonte accélérée des valeurs hu-
maines » (Lucien Sève, Aliénation et
émancipation, la Dispute 2012), cette
posture d'humanisme énigmatique
donne chance aux réserves d'alterna-
tives que génèrent toute activité hu-
maine et, singulièrement, toute acti-
vité de travail.
Extrait d'une intervention prononcée
le 2 avril 2014 lors du séminaire orga-
nisé par la Fondation Gabriel-Péri. ■
Yves Schwartz
Philosophe du travail
Jean Auroux
Ancien ministre du Travail
Pierre Bachman
Ingénieur, ancien responsable
syndical, membre du PCF
Tous droits réservés L'Humanité 2017
F49493C28AF02404B5E71830600B314826A0CD16B88325FCDFD6469
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PROTECTION SOCIALE
↑ 30
Budget de la Sécurité sociale : la hausse de la CSG a été votéeLes articles phares du projet de loi de financement de la Sécurité sociale ont été adoptés, sansnouveauté du côté des actions gratuites ou de la CSG des retraités.
N° 22553mercredi 18 octobre 2017
Page 6625 mots
FRANCE—BUDGET
L 'examen du projet de loi de
financement de la Sécurité so-
ciale pour 2018 a commencé mardi
après-midi en commission des Af-
faires sociales à l'Assemblée natio-
nale. Les députés de la majorité ont
défendu plusieurs grandes réformes
du quinquennat sans les amender, ou
alors à peine.
CSG des retraités
Ils ont ainsi voté l'augmentation de
1,7 point de la CSG, plus que com-
pensée par une baisse des cotisations
salariales. C'est la pièce maîtresse de
ce texte. Elle vise à redistribuer du
pouvoir d'achat aux actifs du secteur
privé. Les retraités seront mis à
contribution, à part les plus mo-
destes d'entre eux, qui sont déjà exo-
nérés partiellement ou totalement de
CSG et qui ne subiront pas la hausse.
De plus, 600.000 retraités parmi les 7
millions qui subiront la hausse de la
CSG seront intégralement compen-
sés grâce à la baisse d'un tiers de leur
taxe d'habitation dès l'année pro-
chaine.
Certains retraités modestes seront
néanmoins pénalisés. Le gouverne-
ment l'a reconnu et a ouvert la voie à
des améliorations pour les résidents
en maison de retraite, qui ne paient
déjà pas de taxe d'habitation, mais
qui vont voir leur CSG augmenter.
Des députés Modem demandent que
les retraités actuellement exonérés
de taxe d'habitation ne soient pas
soumis à l'augmentation de la CSG.
Ils proposent également une transi-
tion douce entre le taux réduit de
CSG (3,8 %) et le futur taux plein (8,3
%) en créant une nouvelle tranche à
6,6 % (l'actuel taux plein) pour les 10
% de retraités situés juste au-dessus
du seuil d'exonération. Cet amende-
ment a été retiré pour des raisons de
forme, comme plusieurs autres éma-
nant des alliés d'En Marche.
Actions gratuites
Des députés de la majorité à la com-
mission des Finances se sont joints
à ceux de la commission des Affaires
sociales pour légiférer sur les actions
gratuites. Mais cet amendement a été
retiré in extremis avant le début de la
discussion.
La contribution patronale versée en
cas d'attribution d'actions gratuites
avait été abaissée à 20 % par la loi
Macron de 2015, puis remontée à 30
% en 2017. La majorité souhaite «
dans un premier temps » ramener ce
taux à 25 %, afin de « renforcer le
message positif » à l'égard des entre-
prises, « tout en tenant compte des
impératifs budgétaires ». Par ailleurs,
ils proposent d'augmenter le seuil à
partir duquel une PME non cotée
n'ayant jamais distribué de divi-
dendes peut distribuer des actions
gratuites à ses salariés.
Cotisations des
indépendants
Alors que le régime social des indé-
pendants (RSI) va disparaître et
qu'un plan pour les indépendants a
été annoncé, le coordinateur du texte
à l'Assemblée, Thomas Mesnier, a
proposé un amendement de groupe
pour encourager une forme d'auto-
déclaration des revenus par ces tra-
vailleurs. Aujourd'hui, 10 % d'entre
eux seulement utilisent la possibilité
qui leur a été ouverte d'estimer leurs
revenus de l'année en cours, afin de
modifer leurs cotisations prévision-
nelles. Si l'écart entre le réel et la
projection est trop important, ils
paient une majoration de retard. Les
députés ont supprimé cette sanction
en 2018 et 2019. Le rapporteur géné-
ral du budget de la Sécurité sociale,
Olivier Véran, a quant à lui fait ral-
longer de six mois la période d'ex-
périmentation de modulation des
acomptes, jusqu'au 30 juin 2019. ■
par S. G.
Tous droits réservés Les Echos 2017
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MOUVEMENTS SOCIAUX
↑ 32
MOBILISATION
L'automne social n'est pas terminéLa CGT et Solidaires, rejoints par treize fédérations de la CFE-CGC, seront dans l'action au-jourd'hui.
jeudi 19 octobre 2017Page 6
443 mots
E t de trois ! Après les 12 et 21
septembre, dans toute la France,
des manifestations et actions sont
prévues aujourd'hui, à l'appel de la
CGT et de Solidaires. Si les autres
confédérations n'ont pas souhaité
participer à l'initiative, dans cer-
taines fédérations le mouvement
prend de l'ampleur. C'est le cas à la
CFE-CGC, dont le président, François
Hommeril, opposé aux ordonnances,
a laissé celles-ci « libres d'appeler à
rejoindre le mouvement du 19 oc-
tobre ». Le 21 septembre, onze fédé-
rations du syndicat des cadres
avaient rejoint l'appel interprofes-
sionnel, elles sont treize aujourd'hui.
Les fédérations banque, énergies,
Crédit agricole, chimie, Fieci, assu-
rances, ou encore commerce et ser-
vices, culture communication spec-
tacles, construction, Inova (hôtelle-
rie, restauration, sports, loisirs et ca-
sinos), transports, aérien et services
publics seront donc au rendez-vous.
Des actions « plus que jamais utiles »,
écrit notamment celle de la chimie.
Car, précise-t-elle, « si les ordon-
nances ont été adoptées en Conseil
des ministres, ( ) le plus important
reste à venir », en citant notamment
« les décrets d'application de ces or-
donnances » et les autres réformes
programmées.
La CGT ne vise pas à « battre un re-
cord », rappelle le secrétaire confé-
déral en charge des ordonnances, Fa-
brice Angei. L'objectif est de « pour-
suivre le travail d'information auprès
des salariés, dans les entreprises ou
encore de faire signer les cartes pé-
titions ». Idem pour Solidaires, qui y
voit une « date utile pour agir et in-
former la population sur les enjeux ».
En attendant, la prochaine réunion
intersyndicale, prévue lundi pro-
chain, pourrait se conclure par un ap-
pel unitaire à la mobilisation mi-no-
vembre. L'automne social n'est donc
pas terminé. Ce vendredi, dans de
nombreuses villes de France, les
transports urbains prendront aussi le
relais. 127 préavis ont été déposés
dans le secteur par l'intersyndicale
CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC et CFE-
CGC. Du jamais-vu depuis 1986. La
création d'un 13e mois dans la
branche, ainsi que la revalorisation
de la grille salariale ou encore un dis-
positif de fin de carrière figurent par-
mi les revendications. La CGT pé-
trole, après les accords obtenus par
leurs camarades des transports et des
ports et docks en octobre, a demandé
« l'ouverture d'une négociation im-
médiate » afin de maintenir le socle
de garanties que constitue sa
convention collective, remise en
cause par les ordonnances. Sans
quoi, précise le communiqué de la
Fnic CGT, elle entrera « en grève (re-
conductible) à partir du lundi 23 oc-
tobre ». ■
par Clotilde Mathieu
Tous droits réservés L'Humanité 2017
0D92338580F0800255A21B708405416A26203418086D2CC70C78C24
Parution : Quotidienne
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UNE MANIFESTATION A LIEU DEVANT LA TOUR BRETAGNE, CE JEUDI MIDI
De l'amiante et des questions
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Pétition
Une pétition pour demander la transparence autour des éléments amiantés va être transmise aux propriétaires.
Les syndicats veulent aussi solliciter un rendez-vous à la préfète.
N° 3198jeudi 19 octobre 2017
Édition(s) : NantesPage 2
424 mots
GRAND NANTES —SANTÉ
J'ai arrêté de fumer, ce n'est pas pour
mourir d'un cancer attrapé sur on
lieu de travail. » Comme de nom-reux
occupants de la tour Bretagne, arie
(prénom d'emprunt) est « in-uiète ».
Ce jeudi, elle participera une mani-
festation devant le site, à 2 h 30, à
l'appel d'une intersyndicale. Les sa-
lariés souffrent, comme nous, u
manque de communication des
mployeurs », assure une représen-
ante du personnel CGT.
De premiers travaux
En février 2017, de la poudre
d'amiante avait été découverte dans
ce bâtiment hébergeant 800 salariés,
notamment des agents de Nantes
métropole, des Finances publiques et
de la Direccte. Après que certains
d'entre eux ont exercé leur droit de
retrait, puis ont été relogés pour
quelques semaines avant l'été, tous
ont réintégré les locaux. Depuis fin
août, le nettoyage et le surfactage
(un traitement pour neu-traliser les
fibres d'amiante) des trappes sont
menés, avant le remplacement des
volets de désenfumage, prévu à la
mi-2018. Mais les syndicats se disent
« dubitatifs » quant à l'efficacité des
travaux, et ont encore beau-coup de
questions. Si l'amiante est confiné, il
n'est pas dangereux. Il est toxique
dès qu'il se dégrade.
Quelque 800 salariés y tra-vaillent. Photo : J. Urbach/ 20
Minutes (archives)
« On veut savoir, avoir un état des
lieux honnête de la situation », es-
père Francis Judas, délégué CGT, qui
rappelle que « toute exposition à un
cancérogène, même minime, est
anormale ». Sollicité, le syndic des
copropriétaires n'a pas souhaité ré-
pondre à 20 Minutes. Selon les syndi-
cats, de plus grands travaux, qui né-
cessiteraient l'évacuation des lieux
pendant six mois, devraient être me-
nés d'ici « 3 à 5 ans ». « Certains em-
ployeurs ne sont pas pressés, avance
un représentant syndical. Ils traînent
des pieds parce qu'ils n'ont pas les
fonds. »W ■
par Julie Urbach
Tous droits réservés 2017 20 Minutes
e390e3eb89f0c600e57d19d0220001bb2230a617f84f2100fe39037
Parution : Quotidienne
Diffusion : 971 237 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2013/2014
Audience : 3 901 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 34
Vers un blocage de la plateforme Total du Havre ?
Social.Après les dockers, les salariés du pétrole aimeraient protéger leur conventioncollective avant la mise en application des ordonnances.
jeudi 19 octobre 2017Édition(s) : Le Havre - Lillebonne - Bolbec, France-Normandie
Pages 3-17881 mots
LE HAVRE—RÉGION—SOCIAL
L es routiers avaient été les
premiers à obtenir une déroga-
tion, certains diront une entorse, aux
ordonnances Macron dès le 4 oc-
tobre. A savoir quelques jours après
une mobilisation lancée par la CGT et
FO et une semaine avant un second
appel lancé cette fois par la CFDT. Fi-
nalement, les majorations pour an-
cienneté et les indemnités pour les
dimanches et jours fériés seront inté-
grées dans les salaires minimums
fixés par la branche et « sanctuarisés
».
Les dockers ont ouvert la voie
La Fédération nationale des ports et
docks (FNPD-CGT) a obtenu, il y a
une semaine, la garantie de la pri-
mauté de la convention collective sur
les mêmes ordonnances. Elle a ainsi
mis fin, notamment au Havre, à un
mouvement de suspension des
heures supplémentaires et des «
shifts » exceptionnels dont le point
d’orgue aurait dû être une grève de
24 heures le 16 octobre.
«Le respect de la CCNU (Convention
collective nationale unifiée) comme
socle social minimal pour l’ensemble
des dockers et travailleurs portuaires
est une grande victoire syndicale»,
s’est félicité Laurent Delaporte, se-
crétaire du syndicat général des tra-
vailleurs portuaires du Havre.
Et si les salariés du pétrole étaient
les prochains ? Dans une lettre ou-
verte adressée à l’UFIP (Union fran-
çaise des industries pétrolières), la
Fédération nationale des industries
chimiques (FNIC-CGT) a exigé lundi
dernier «l’ouverture d’une négociation
immédiate» avec le ministère du Tra-
vail, faute de quoi elle entrerait le 23
octobre, dans un processus pouvant
amener à une grève reconductible.
Emmanuel Lépine, son secrétaire gé-
néral, a assuré que le secteur était
prêt à des blocages de raffineries ain-
si qu’à l’arrêt de toutes les installa-
tions. La convention collective consi-
dérée de « haut niveau » comporte
trois garanties dont la CGT exige le
maintien : les garanties salariales
(minimum conventionnel, primes
d’ancienneté allant jusqu’à 20 % du
salaire de base et de quart allant jus-
qu’à 18 % la nuit et 13 % le jour),
les anticipations au départ en retraite
pour certaines catégories, et le main-
tien du CHSCT (Comité d’hygiène sé-
curité et conditions de travail)
comme instance souveraine «compte
tenu de la dangerosité de nos activi-
tés».
Contacté hier après-midi, Thierry
Defresne, délégué syndical central
CGT Total Raffinage-Pétrochimie, a
appelé «à ne rien précipiter». Car si
certains ont eu vite fait d’annoncer la
grève dès le 23 octobre, l’ancien dé-
légué syndical de la plateforme Nor-
mandie rappelle que lundi marquera
la fin de l’ultimatum fixé à l’UFIP.
Mardi se rencontreront les confédé-
rations CGT, FO et CFE-CGC afin
d’annoncer une date d’action inter-
professionnelle, peut être le 7 no-
vembre.
Mercredi 25 octobre les syndicats du
pétrole seront en assemblée générale
au siège de la CGT à Montreuil pour
fixer un calendrier et des modalités.
Pour Thierry Defresne, le 23 octobrepourrait marquer le lancement d’un
processus vers la grève, notamment surla plateforme de Normandie Pho-to : Image bLOCUS hAVRE (4).jpg
(22801816)
La CGT est très mobilisée. Le syndi-
cat a été galvanisé après les garanties
obtenues par les dockers et por-
tuaires. «La mobilisation interprofes-
sionnelle n’est pas suffisante. Par
ailleurs, l’an passé, la grève par pro-
curation qu’ont menée les raffineurs au
profit d’autres salariés n’a pas suffi.
Mais la semaine dernière, l’obtention
d’un accord par la fédération des ports
et docks a été un véritable signal. Nous
aussi, nous avons des garanties à aller
chercher concernant notre convention
collective.»
D’autant que Thierry Defresne voit
au-delà des ordonnances. «Macron
est déjà passé à autre chose. Son pro-
chain dossier est la réforme des re-
traites. Chez nous, il marquerait la fin
du système d’anticipation à la re-
traite.» Particulièrement chez Total.
Selon la convention collecive natio-
nale de l’industrie du pétrole, un sa-
↑ 35
larié peut partir quatre ans plus tôt
à taux plein pour 35 ans de quart.
Sur la plateforme de Normandie, il le
peut cinq ans plus tôt après 25 ans de
quart.
Christophe FREBOU
Les syndicats CGT, FSU, Solidaire
et UNEF appellent à un nouveau
rassemblement contre les ordon-
nances Macron ce matin à 10 h 30
au pied de la Chambre de com-
merce et d’industrie du Havre.
Un rassemblement et non une mani-
festation pour l’heure. «On avisera»,
indique Reynald Kubecki, secrétaire
de l’union locale CGT du Havre. Le 10
octobre, ils étaient entre 1 750 et 5
000 à avoir répondu à un appel lan-
cé aux agents de la fonction publique
auquel s’étaient joints des salariés du
privé. Mais l’union locale CGT aurait
rencontré quelques difficultés à mo-
biliser de nouveau.
Pour autant, un soutien est égale-
ment demandé par la même inter-
syndicale aux élèves des lycées Fran-
çois 1er et Siegfried dès 7 h.
La grève pourrait être suivie dans
plusieurs Ehpad, chez EDF, à la
SNCF, à la CIM, à la CPAM.
Malgré l’obtention de la sanctuarisa-
tion de sa convention collective, la
fédération des ports et docks a appelé
à 24 heures de grève dès ce matin
6 h. «L’action interprofessionnelle doit
s’amplifier» martèle Laurent Dela-
porte.■
par Christophe Frebou
Tous droits réservés Paris-Normandie 2017
5790E3888E107D0A95061D301F0F81E02080E21488352362816A772
Parution : Quotidienne
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↑ 36
EUROPE ET INTERNATIONAL
↑ 37
Grande-Bretagne Plus de 400 emplois à la trappe chez PSA Le groupeautomobile PSA annonce
jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 29
268 mots
MONDE
G rande-Bretagne
Plus de 400 emplois à la trappe chez
PSA
Le groupe automobile PSA annonce
la suppression de quelque 400 em-
plois dans son usine de Vauxhall
d'Ellesmere Port en Grande-Bre-
tagne, soit quasiment le quart de l'ef-
fectif total du site (1 667 personnes).
Le constructeur avance l'argument
classique de la « compétitivité ». A
l'image des compressions réalisées
dans ses usines françaises, il envi-
sage de passer de deux équipes de
production à une seule, tout en ayant
confiance dans « la capacité et le ta-
lent des salariés »
états-Unis
Tesla sans états d'âme
Le constructeur américain de voi-
tures électriques Tesla a licencié en-
viron 400 salariés en une seule se-
maine. Cette vague de suppressions
de postes serait intervenue après une
opération d'évaluation du personnel,
selon un ancien employé qui s'est
confié à la presse sous couvert d'ano-
nymat. Tesla, qui emploie plus de 33
000 personnes, évoque des « goulets
d'étranglement » dans les effectifs
pour la production d'un nouveau mo-
dèle.
Bangladesh
Les réfugiés rohingyas périssent aus-
si dans les eaux
Au moins dix personnes sont mortes
et des dizaines d'autres sont portées
disparues à la suite du naufrage d'un
bateau transportant des Rohingyas
au large du Bangladesh. Des milliers
d'entre eux continuent à fuir ce que
l'ONU qualifie d'épuration ethnique
en Birmanie. Ceux qui optent pour
la voie fluviale sur des embarcations
surchargées prennent de gros risques
en cette période de mousson. ■
Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017
D99C83658A203F0FE5471FD0130A81FF29702613382F2F44122AD7B
Parution : Hebdomadaire
↑ 38
Vieillissement : aujourd'hui modérées, les inégalités sociales vont s'accroîtreL'OCDE pointe un « risque sérieux » de décrochage du niveau de vie des personnes peu éduquéesnées après 1960, au moment de la retraite.
N° 22554jeudi 19 octobre 2017
Page 5481 mots
FRANCE—INÉGALITÉS
La France est un havre pour les
personnes âgées. Mais cela pourrait
ne pas durer. C'est ce qu'explique
l'Organisation de coopération et de
développement économiques
(OCDE), dans son rapport « Prévenir
les inégalités du vieillissement »,
rendu public mercredi. « Il existe un
risque sérieux que les personnes nées
à partir du milieu des années 1960
(générations post-baby-boom) et
ayant un faible niveau d'éducation
connaissent une vieillesse difficile »,
écrivent les auteurs. En cause, la dif-
ficulté à s'insérer sur le marché du
travail, qui aura des effets durables
et affectera leur condition sociale au
moment de la retraite. L'OCDE note
que l'emploi tout au long de la vie
était une richesse bien partagée en
France jusqu'à la fin des années 1950
- plus que dans les autres pays dé-
veloppés. Puis, soudain, la situation
de la France est devenue moins en-
viable, l'emploi s'y étant dégradé.
D'où ce grand gâchis pour la crois-
sance : « L'amélioration de l'emploi
féminin à travers les générations a
été presque totalement compensée
par les pertes d'emplois masculins en
France », souligne l'OCDE.
Baisse des pensions
futures
A cela s'ajoute le raccourcissement
des carrières, qui ne permet pas de
compenser les débuts heurtés dans la
vie professionnelle de certains. Pour
résoudre les problèmes rencontrés
par les jeunes et les travailleurs âgés
peu instruits, avant qu'ils ne dé-
teignent sur la retraite, l'organisation
préconise de s'attaquer aux inégali-
tés dans le système éducatif, de fa-
ciliter la transition entre l'école et le
travail. Elle recommande aussi de «
limiter l'impact de la perte d'emploi,
de lutter plus efficacement contre le
chômage de longue durée et d'élimi-
ner les obstacles à la rétention et à
l'embauche des travailleurs âgés ».
Jusqu'à présent, les personnes âgées
en France sont pourtant mieux loties
qu'ailleurs. Le revenu moyen des plus
de 65 ans est légèrement supérieur à
celui de l'ensemble de la population,
alors qu'il est de 12 % inférieur en
moyenne dans les pays membres de
l'OCDE. Malgré une sortie plus pré-
coce en France du marché du travail
(à 60,2 ans contre 64,2 ans), le revenu
moyen des 60-64 ans a augmenté de
31 % de plus que celui des 30-34 ans
depuis 1985. Dans l'OCDE, c'est 13 %
de plus. Attention toutefois, les ré-
formes des retraites successives vont
se traduire par une baisse des pen-
sions futures, avec des taux de rem-
placement en 2050 qui devraient être
inférieurs de 15 % à ceux d'au-
jourd'hui. ■
par Solveig Godeluck
Tous droits réservés Les Echos 2017
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