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Orchestre Philharmonique de Radio France Si l’Orchestre m’était contĂ© Antonio Vivaldi / Astor Piazzolla Les Saisons Nancy Huston auteur et rĂ©citante Svetlin Roussev violon et direction Dossier de prĂ©paration au concert du 7 mars 2o14 Ambassadeurs de l’UNICEF © Jean-François Leclercq © Svetlin Roussev

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Page 1: Orchestre Philharmonique de Radio France

Orchestre Philharmonique de Radio France

Si l’Orchestre m’était contĂ©

Antonio Vivaldi / Astor PiazzollaLes Saisons

Nancy Huston auteur et récitante Svetlin Roussev violon et direction

Dossier de préparation au concert du 7 mars 2o14

Ambassadeurs de l’UNICEF

Ambassadeurs de l’UNICEF

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Si l’Orchestre m’était contĂ© Les Saisons

Vivaldi / Piazzolla

Concert du 7 mars 2014

15h30 – Salle Pleyel

Nancy Huston, auteur et récitante

Svetlin Roussev, violon et direction Orchestre Philharmonique de Radio France

Concert réservé aux classes de CM1-CM2-6e-5e

En coproduction avec France Culture. Date de diffusion Ă  venir.

Ce concert sera également diffusé sur France Musique

Orchestre Philharmonique de Radio France Programme pédagogique

CĂ©cile Kauffmann-NĂšgre, responsable

TĂ©l. 01 56 40 34 92, [email protected]

Myriam Zanutto, professeur-relais de l’Education nationale TĂ©l. 01 56 40 36 53, [email protected]

Floriane Gauffre, chargée des relations avec les publics

TĂ©l. 01 56 40 35 63, [email protected]

PiÚce 10424 116, avenue du Président Kennedy

75220 Paris Cedex 16

Page 3: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Venir au concert

Accueil des classes Ă  partir de 14h45

Durée estimée : environ 1h

A votre arrivée,

présentez-vous au guichet pour retirer vos billets et votre facture.

Lors du placement, veillez à répartir les accompagnateurs au milieu des élÚves pour un encadrement efficace.

Rappelez Ă  vos Ă©lĂšves la nĂ©cessitĂ© d’une attention soutenue,

tant pour la qualité de leur écoute que pour le respect des musiciens.

Page 4: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Sommaire

Les deux Ɠuvres p. 5 I. Le Quattro Stagioni, Antonio Vivaldi A. Il Cimento dell’ harmonia e dell’ invenzione B. Qu’est-ce qu’un concerto ? II. Las Cuatro Estaciones Porteñas, Astor Piazzolla

Musique Ă  programme ou musique descriptive ? p. 7

I. Vivaldi, Les Quatre Saisons : une musique Ă  programme A. Principe de l’Ɠuvre B. Correspondances texte/musique – ActivitĂ©s pĂ©dagogiques

II. Piazzolla, Les Quatre Saisons de Buenos Aires : une musique descriptive A. A chacun son interprétation B. Quatre saisons. Quatre tangos

1. A propos du tango

a. Origines b. Caractéristiques musicales

2. Quatre saisons, quatre atmosphĂšres a. “ Verano Porteño”- L’EtĂ© de Buenos Aires b. “Otoño Porteño” - L’Automne de Buenos Aires c. “Primavera Porteña” - Le Printemps de Buenos Aires d. “Invierno Porteño” - L’Hiver de Buenos Aires

Ce que vous allez entendre au concert p.16

I. L’effectif instrumental II. Le dĂ©roulement du concert III. Le regard de nos artistes sur cette crĂ©ation

A. Svetlin Roussev B. Nancy Huston

Contextes
 p. 20

I. Vivaldi A. Musical B. Scientifique C. Littéraire D. Historique et politique

Page 5: Orchestre Philharmonique de Radio France

4

II. Piazzolla

A. Historique, économique, social B. Musical C. Pictural D. Littéraire

Musique populaire et musique savante p. 25 I. Vivaldi : musique savante II. Piazzolla : musique populaire et savante

A. Un environnement musical hétérogÚne B. « La grande révélation de ma vie » C. Le bandonéon

Deux modernistes p. 29

I. Vivaldi A. Le concerto de soliste B. L’écriture pour violon : virtuositĂ© et expression C. Toutes sortes de concertos, pour tous les instruments !

II. Piazzolla A. Le style Piazzolla

1. L’écriture

2. Le rythme B. Le « tango nuevo » C. Pourquoi tant de passion ?

Sources et prolongements : bibliographie, sitographie, discographie p. 33 Annexes Annexe 1 : Les sonnets accompagnant la partition p. 36 Annexe 2 : IdĂ©es d’exploitations pĂ©dagogiques p. 37 Annexe 3 : Les thĂšmes de la musique descriptive et leurs compositeurs p. 39 Annexe 4 : Vivaldi en quelques dates p. 40 Annexe 5 : Piazzolla en quelques dates p. 41 Le concert p. 42 Svetlin Roussev, violon et direction Nancy Houston, auteur et rĂ©citante Orchestre Philharmonique de Radio France Des livres, disques et DVD pour mieux connaĂźtre p. 45 l’Orchestre Philharmonique de Radio France Ce dossier a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Myriam Zanutto

Page 6: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Les deux Ɠuvres

Les Quatre Saisons de Vivaldi comptent parmi les Ɠuvres les plus populaires de la musique classique. Dans les annĂ©es 60, Astor Piazzolla compose Les Quatre Saisons PortĂšgnes1 – que l’on peut aussi nommer Les Quatre Saisons de Buenos Aires. Deux siĂšcles et demi sĂ©parent ces Ɠuvres.

I. Le Quattro Stagioni (Les Quatre Saisons), Antonio

Vivaldi (1678-1741)

A. Il Cimento dell’ harmonia e dell’ invenzione (opus 8, 1725) Les Quatre Saisons sont tellement populaires et ancrĂ©es dans notre “inconscient musical collectif” que nous employons ce titre comme s’il ne dĂ©signait qu’une seule Ɠuvre. Il s’agit en rĂ©alitĂ© des quatre premiers concertos pour violon d’un recueil qui en comporte douze. Ce recueil s’intitule Il Cimento dell’ harmonia e dell’ invenzione, ce qui signifie en français “Le combat2 entre l’harmonie et l’invention”. Ce titre rĂ©sume presque Ă  lui seul le paradoxe baroque : confrontation entre raison (symbolisĂ©e ici par l’harmonie) et imagination, entre technique et inspiration, cadres formels et inventivitĂ©, Ă  laquelle se frottent tous les artistes de cette Ă©poque.

1 portÚgne : adjectif dérivé de Porteño. Un Porteño est un habitant de Buenos Aires. 2 ou encore : la lutte, le duel

Concerto n°1: « Primavera » - Le Printemps mi majeur, op.8, R. 269 Allegro Largo Allegro

Concerto n°2: « L’Estade » - L’EtĂ© sol mineur, op.8, R. 315 Allegro non molto Adagio Presto

Concerto n°3 : « L’Autunno » - L’Automne fa majeur, op.8, R. 293 Allegro Adagio molto Allegro

Concerto n°4: « L’Inverno » - L’Hiver fa mineur, op.8, R. 297 Allegro non molto Largo Allegro

Page 7: Orchestre Philharmonique de Radio France

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B. Qu’est-ce qu’un concerto ?

Les philologues et musicologues se disputent quant Ă  l’étymologie du terme “concerto”. Ce mot vient du latin, certes, mais de concertare, ou de conserere ? “Lutter” ou “unir” ? Ce n’est au fond pas la peine d’en venir aux mains
 Les deux se justifient : les groupes instrumentaux luttent ensemble, mais finissent par s’unir au sein d’une mĂȘme forme musicale. Un concerto oppose deux ou plusieurs masses instrumentales de volume inĂ©gal. Cette forme est partie du concerto grosso (un petit groupe de solistes + le “gros des forces orchestrales”) pour en arriver, avec Vivaldi, au concerto de soliste encore en vigueur aujourd’hui (un instrument soliste + un orchestre).

II. Las Cuatro Estaciones Porteñas (Les Quatre Saisons de

Buenos Aires), Astor Piazzolla (1921-1992) Entre 1965 et 1970, Astor Piazzolla compose Las Cuatro Estaciones Porteñas (“Les Quatre Saisons PortĂšgnes” ou “Les Quatre Saisons de Buenos Aires”), pour son Quinteto Nuevo Tango (violon, piano, guitare Ă©lectrique, contrebasse et bandonĂ©on). Cette Ɠuvre est Ă  prĂ©sent prĂ©sentĂ©e comme une Suite, mais n’a pas Ă©tĂ©

conçue comme telle par Piazzolla. Il a tout d’abord composĂ© “Verano Porteño” en 1965 (“L’étĂ© de Buenos Aires”), qui Ă©tait Ă  l’origine destinĂ©e Ă  accompagner une piĂšce de thĂ©Ăątre3 ; ont suivi “Otoño Porteño”, 1969 (“L’automne de Buenos Aires”), “Primavera Porteña”, 1970 (“Le printemps de Buenos Aires”) et enfin “Invierno Porteño”, 1970 (“L’hiver de Buenos Aires”). Cet ordre n’est pas immuable : les piĂšces peuvent ĂȘtre interverties, ou jouĂ©es sĂ©parĂ©ment.

3 Une piÚce du dramaturge et comédien argentin Alberto Rodriguez Muñoz.

“Verano Porteño” “L’étĂ© de Buenos Aires” “Otoño Porteño” “L’automne de Buenos Aires” “Primavera Porteña” “Le printemps de Buenos Aires” “Invierno Porteño” “L’hiver de Buenos Aires”

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Musique Ă  programme ou musique descriptive ?

La musique descriptive s’attache Ă  Ă©voquer – ou parfois imiter – des phĂ©nomĂšnes naturels, des Ă©vĂ©nements, des personnages, des lieux ; elle renvoie Ă  un Ă©lĂ©ment extramusical. On l’oppose Ă  la musique “pure” qui, elle, ne contient aucune rĂ©fĂ©rence extramusicale.

La musique Ă  programme dĂ©passe la seule inspiration descriptive en ceci qu’elle implique une histoire, une Ă©volution dans le temps. Camille Saint-SaĂ«ns, en composant “Poules et Coqs” (extrait du Carnaval des Animaux) n’a pas cherchĂ© Ă  Ă©voquer musicalement l’évolution de l’apparence de la poule (ses premiĂšres rides, le ternissement de sa crĂȘte, etc.) au cours de sa vie, ni ses Ă©tats d’ñmes face Ă  la complexitĂ© de ses rapports avec le reprĂ©sentant mĂąle de la basse-cour
 Maurice Ravel, dans ses Jeux d’eau, s’inspire « du bruit de l'eau et des sons musicaux que font entendre les jets d'eau, les cascades et les ruisseaux », mais ne raconte aucune histoire.

I. Vivaldi, Les Quatre Saisons : une musique Ă  programme

A. Principe de l’Ɠuvre

Le principe des Quatre Saisons est simple : un concerto, une saison. Nos quatre concertos de Vivaldi s’inscrivent bien dans le domaine de la musique Ă  programme puisque le compositeur s’applique Ă  nous dĂ©crire musicalement l’évolution du cycle des saisons. Il s’appuie pour cela sur un support littĂ©raire - quatre sonnets – dont on ignore s’il en est ou non l’auteur. La partition de chaque saison (de chaque concerto) est prĂ©cĂ©dĂ©e du sonnet correspondant, dont la quasi intĂ©gralitĂ© des vers est reportĂ©e sur les parties instrumentales (au-dessus des notes de musique).

B. Correspondances texte/musique

NB : Les indications de minutage correspondent à l’enregistrement de l’Academy of St

Martin in the Fields, dir. Neuville Mariner, violon Alan Loveday, disponible gratuitement sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=ByZx6oBd4yA

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VIVALDI - Concerto n°1 : “Primavera” - Le Printemps

Mouvements Texte du sonnet (en italien)

Texte du sonnet (traduction française)

Correspondances musicales

1er mouvement Allegro mesure : 4 temps (4/4)

Giunt’ù la Primavera e festosetti La salutan gl’augei con lieto canto, E i fonti allo Spirar de’zeffiretti Con dolce mormorio Scorrono intanto; Vengon’ coprendo l’aer di nero amanto E Lampi, e tuoni ad annunziarla eletti Indi tacendo questi, gli August Tornan di nuovo al lor canoro incanto.

Voici le Printemps, Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux. Et les fontaines, au souffle des zĂ©phyrs, Jaillissent en un doux murmure. Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir, Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage. Enfin, le calme revenu, les oisillons Reprennent leur chant mĂ©lodieux.

A Ritournelle/refrain au tutti : thĂšme joyeux et serein ; tonalitĂ© majeure (mi M) ; registre aigu ; nuance forte ; thĂšme jouĂ© 2 fois (la 2de en Ă©cho, nuance piano) B Solo 1 : Canon entre violon soliste et violons 1 et 2. Trilles, registre trĂšs aigu, rythme rapide en doubles croches. C Tutti : broderies rĂ©pĂ©tĂ©es, nuance piano, registre mĂ©dium, souffle trĂšs doux. D Tutti : nuance forte, trĂ©molos dans le grave, rythme trĂšs rapide (triple croches), gammes ascendantes Solo 2 : triolets rapides en arpĂšges (triples croches aussi) ; le tutti, menaçant, ponctue en trĂ©molos quand le soliste se tait. E. Solo 3 : notes rĂ©pĂ©tĂ©es (stabilitĂ©) suivie d’une gamme chromatique ascendante, trilles ; tonalitĂ© mineure, nuance piano. Canon avec les violons 1.

* tutti : l’orchestre dans sa totalitĂ©

Activités

Musique : relever les correspondances texte/musique ; chanter le thĂšme ; frapper le rythme caractĂ©ristique (croche deux doubles) ; acquĂ©rir le vocabulaire spĂ©cifique. Français : Ă  l’aide du dictionnaire, trouver la signification du mot “zĂ©phyr” (situer dans le temps ; effectuer une recherche afin de pouvoir raconter un Ă©pisode mythologique dans lequel il apparaĂźt) ; relever tous les mots relevant de la saison du printemps ; dĂ©couper temporellement le sonnet (3 moments) et trouver l’adverbe indiquant que tout revient “à la normale”. Arts visuels et Histoire des arts : effectuer des recherches sur les reprĂ©sentations iconographiques de ZĂ©phyr et les comparer. GĂ©ographie : savoir situer l’Italie et la GrĂšce.

VIVALDI - Concerto n°2 : “L’Estade” - L’EtĂ©

Mouvements Texte du sonnet (en italien)

Texte du sonnet (traduction française)

Correspondances musicales

3e mouvement Presto mesure : 3 temps (3/4)

Ah che pur troppo i Suo timor Son veri Tuona e fulmina (il Ciel e grandioso Tronca il capo alle Spiche e a’ grani alteri.) NB : ne sont reportĂ©s sur la partition que les mots en gras.

Ah, ses craintes n’étaient que trop vraies, Le ciel tonne et fulmine (et la grĂȘle Coupe les tĂȘtes des Ă©pis et des tiges.) NB : ne sont reportĂ©s sur la partition que les vers en gras.

Tutti : thĂšme impĂ©tueux, registre grave, tonalitĂ© mineure (sol m), nuance forte. TrĂ©molos rageurs (prĂ©cĂ©dĂ©s d’un saut d’8ve infĂ©rieure). CaractĂšre renforcĂ© par l’unisson du tutti (toutes les cordes jouent les mĂȘmes notes).

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VIVALDI - Concerto n°3 : “L’Autunno” - L’Automne

Mouvements Texte du sonnet (en italien)

Texte du sonnet (traduction française)

Correspondances musicales

1er mouvement Allegro mesure : 4 temps (4/4)

Celebra il Vilanel con balli e Canti Del felice raccolto il bel piacere E del liquor de Bacco accesi tanti Finiscono col Sonno il lor godere.

Par des chants et par des danses, Le paysan cĂ©lĂšbre l’heureuse rĂ©colte Et la liqueur de Bacchus Conclut la joie par le sommeil.

A. Tutti : thĂšme trĂšs joyeux, vif, entraĂźnant ; registre aigu ; tonalitĂ© majeure (fa M) ; nuance forte ; thĂšmes jouĂ© 2 fois (la 2de en Ă©cho, nuance piano). Solo : plusieurs moments illustrant les diffĂ©rents Ă©tats de l’ébriĂ©tĂ©. - arpĂšges descendants et ascendants → euphorie (Ă  1mn 02sec); - gammes descendantes encore plus rapides (triples croches) → chutes ? (Ă  1mn 10sec) - entrecoupĂ© de moments oĂč le violon se fait plaintif, rythme plus lent (croches), tonalitĂ© mineure → attendrissement, Ă©panchements affectifs ? (Ă  1mn 28 sec). - notes en contretemps (le temps fort est marquĂ© par le violoncelle et clavecin), un peu incertaines → dĂ©marche titubante ? Ă©locution difficile ? (Ă  1mn 55sec) - Tempo ralenti, rythme lent (notes tenues) ; tonalitĂ© mineure ; nuance piano ; intervalles disjoints → bĂąillements ? (Ă  3mn 26sec) - longues notes tenues en descente chromatique ; nuance pianissimo → lutte vaine contre le sommeil, qui se profile... inexorablement
 (Ă  4mn 07sec) - note tenue pendant 20 temps → le sommeil est lĂ  (Ă  4mn 22sec) - Tutti : soudain, reprise du thĂšme initial, de son tempo vif, de sa nuance forte → l’ivrogne se rĂ©veille-t-il brusquement pour continuer la fĂȘte ou bien l’attention se reporte-t-elle sur les autres villageois, alors qu’il dort d’un sommeil pesant ? (Ă  4mn 46sec)

Activités

Musique : relever les correspondances texte/musique ; chanter le thĂšme, en rĂ©alisant un travail d’interprĂ©tation sur l’effet d’écho (forte/piano) ; frapper le rythme caractĂ©ristique (croche deux doubles) et faire le rapprochement avec celui du 1er mouvement du Printemps ; acquĂ©rir le vocabulaire spĂ©cifique. Français : chercher la signification du mot “Bacchus” (ĂȘtre capable de raconter un Ă©pisode mythologique dans lequel il apparaĂźt) et trouver son correspondant grec ; relever le vocabulaire illustrant la saison de l’automne ; travailler sur le vocabulaire exprimant l’état d’ébriĂ©tĂ©, puis essayer de placer les mots sur la musique (ou l’inverse, commencer par Ă©couter, rĂ©flĂ©chir au vocabulaire). Arts visuels et Histoire des arts : effectuer des recherches sur les reprĂ©sentations iconographiques de Bacchus. Histoire et gĂ©ographie : les mythes antiques ont-ils perdurĂ© aprĂšs la christianisation du monde gallo-romain ? Sciences expĂ©rimentales et technologie : pourquoi de nombreuses rĂ©coltes s’effectuent-elles en automne ?

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VIVALDI - Concerto n°4 : “L’Inverno” - L’Hiver

Mouvements Texte du sonnet (en italien)

Texte du sonnet (traduction française)

Correspondances musicales

1er mouvement Allegro non molto mesure : 4 temps (4/4)

Aggiacciato tremar trà nevi algenti Al Severo Spirar d’orrido Vento, Correr battendo i piedi ogni momento; E pel Soverchio gel batter i denti;

Trembler violemment dans la neige Ă©tincelante, Au souffle rude d’un vent terrible, Courir, taper des pieds Ă  tout moment Et, dans l’excessive froidure, claquer des dents;

A. Tutti : entrĂ©e en canon (fuguĂ©e) ; notes rĂ©pĂ©tĂ©es avec un petit trille sur chaque ; tonalitĂ© mineure (fa m) → frissons. Petits sauts pour se rĂ©chauffer ? B. Solo 1 : arpĂšges suivis de gammes descendantes sur un rythme rapide (triples croches) → bourrasques de vent glacial. C. Tutti : trĂ©molos (Ă  4mn 22sec) → course, sauts sur place. D. Tutti + violon solo (en doubles cordes) : trĂ©molos (en triples croches) et dans l’extrĂȘme aigu, Ăąpres malgrĂ© la nuance piano → claquements de dents.

Activités

Musique : relever les correspondances texte/musique ; percevoir l’écriture fuguĂ©e ; repĂ©rer les diffĂ©rents effets de l’écriture violonistique (tremolos, trilles...) ; acquĂ©rir le vocabulaire spĂ©cifique. Français : relever les adverbes et adjectifs qui renforcent la sensation de froid ; rĂ©diger un petit rĂ©cit sur le mĂȘme modĂšle, exprimant cette fois-ci la chaleur pesante de l’étĂ©.

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II. Piazzolla, Les Quatre Saisons de Buenos Aires : une musique descriptive

A. A Chacun son interprétation

Une Ɠuvre descriptive peut imiter un phĂ©nomĂšne sonore (chant d’oiseau, scĂšne de chasse, scĂšne de guerre
). Mais imposer l’imitation acoustique comme principe musical serait trop restrictif. Nous pouvons aussi dĂ©crire musicalement un phĂ©nomĂšne silencieux (comme le fait Debussy avec ses Nuages) ou mĂȘme une idĂ©e. Un propos peut Ă  la fois ĂȘtre descriptif et abstrait.

Les Quatre Saisons de Buenos Aires n’est pas une Ɠuvre qui imite –d’ailleurs, comment “imiter” une ville ? Il s’agirait plutĂŽt d’une Ă©vocation des diffĂ©rentes atmosphĂšres de la capitale argentine en fonction des diffĂ©rentes saisons. Ou peut-ĂȘtre Piazzolla nous donne-t-il Ă  entendre sa lecture, son ressenti face Ă  sa capitale, en fonction de la maniĂšre dont il vit les saisons.

Peut-ĂȘtre encore a-t-il voulu jouer sur la notion de climat : climat atmosphĂ©rique, climat urbain... Nous pourrions pousser jusqu’à climat social, en le reliant au contexte historique mouvementĂ© qui rĂ©gnait Ă  Buenos Aires dans les annĂ©es 60.

A la lecture du titre, nous pourrions aussi penser que Piazzolla nous propose une version tango des concertos de Vivaldi. Un arrangement, un remix. Ou bien qu’il s’est amusĂ© Ă  injecter des citations des thĂšmes de Vivaldi Ă  l’intĂ©rieur de ses piĂšces. Il n’en est rien4.

De toute façon, inutile de se perdre en conjectures diverses
 Aucun argument littĂ©raire, aucune note d’intention ne vient prĂ©ciser sa dĂ©marche. Et c’est trĂšs bien ainsi !

B. Quatre saisons. Quatre tangos

1. A propos du tango

a. Origines

A partir du XIXe siĂšcle, le port de Buenos Aires connaĂźt une extraordinaire croissance dĂ©mographique. Venues d’Europe mais aussi des provinces argentines, des foules dĂ©munies convergent vers la capitale : crĂ©oles argentins ou uruguayens, immigrĂ©s europĂ©ens principalement issus du pourtour mĂ©diterranĂ©en, gauchos de la pampa argentine.... De ce

4 Las Cuatro Estaciones porteñas ont été transcrites de nombreuses fois, pour des formations musicales trÚs variées. Dans certains arrangements figurent des citations de thÚmes de Vivaldi, non présentes dans la version originale de Piazzolla.

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mĂ©tissage va naĂźtre une musique et une danse oĂč se mĂ©langent les rythmes du candomble africain, la milonga argentine, la habanera cubaine, le flamenco, la valse et la mazurka. Peu Ă  peu, le tango parviendra Ă  rĂ©aliser une alchimie entre les nostalgies, les espoirs des Ă©trangers et ceux des hommes venus de l’intĂ©rieur du pays. Entre douleur et dĂ©racinement, il exprimera ce qui est perdu pour toujours.

Dans les annĂ©es 1870, le tango se danse dans les milieux de la prostitution ainsi que dans les conventillos5 (du mot convento, couvent). Ces vastes immeubles souvent insalubres, oĂč s’entassent les familles les plus pauvres, ont Ă©tĂ© le berceau populaire de cette musique.

b. Caractéristiques musicales

C’est le rythme qui va fĂ©dĂ©rer tous ces Ă©lĂ©ments disparates. Le tango emploie le rythme de la habanera (cf. Carmen) ; la variation de ce rythme6, avec son accentuation caractĂ©ristique 123 123 12 ; la formule du choro brĂ©silien.

‱ La mesure : Ă  4 temps (4/4, 2/4, 4/8) ‱ De nombreuses marches harmoniques, sur le schĂ©ma II V I, le II Ă©tant

toujours mineur (mĂȘme pour moduler en majeur) et attaquĂ© disjointement.

‱ Le mode mineur 2. Quatre saisons, quatre atmosphùres

Parmi les points communs entre l’écriture de Piazzolla et celle de Vivaldi figurent des changements frĂ©quents de tempo, de forts contrastes de nuances, l’emploi de la virtuositĂ©, la prĂ©sence d’unissons revigorants et, enfin, des passages lents trĂšs expressifs.

Mais – et lĂ , nous sommes bien dans le tango – ces passages expressifs sont dĂ©chirants, poignants voire tragiques, souvent associĂ©s Ă  une rythmique libre, une pulsation non identifiable – et lĂ , nous sommes bien chez Piazzolla... C’est une musique thĂ©Ăątrale, qui exprime des sentiments exacerbĂ©s.

L’atmosphĂšre de chacune des piĂšces n’est jamais franchement joyeuse, ni complĂštement triste, ce qui est aussi une des caractĂ©ristiques de la musique de tango : le tragique et la joie se cĂŽtoient et s’interpĂ©nĂštrent. Piazzolla bouscule le tango traditionnel en y incorporant de petites piques grinçantes, mordantes, parfois agressives qui font que, sur l’ensemble des quatre morceaux, nous sommes toujours sur le qui-vive.

5 En 1904, il y avait Ă  Buenos Aires 2468 conventillos abritant 133 188 personnes, soit 14% de la population urbaine. 6 Dans le cas d’une mesure Ă  4 temps, le 3e temps ne sera pas marquĂ©. S’il s’agit d’une mesure Ă  2 temps, c’est le 2d temps qui est muet.

Page 14: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Certains Ă©lĂ©ments musicaux sont rĂ©currents d’une saison Ă  l’autre :

‱ de frĂ©quents unissons

‱ la variation : dĂšs qu’un thĂšme est repris, il est prĂ©sentĂ© de façon diffĂ©rente.

o changement de registre : repris une octave plus haut ou plus bas (dans l’aigu ou dans le grave)

o changement d’instrument : le thĂšme, jouĂ© au bandonĂ©on, sera jouĂ© la seconde fois au violon. Dans le cadre d’une version pour ensemble Ă  cordes, le thĂšme est jouĂ© initialement par l'ensemble des cordes, puis sera repris au violon solo (ou vice versa).

o ThÚme ornementé : broderies, appogiatures, digressions

o le rythme du tango (123 123 12) : jamais prĂ©sent d’un bout Ă  l’autre du morceau, il apparaĂźt par moments, de façon plus ou moins Ă©vidente.

‱ des effets percussifs saisissants, rĂ©alisĂ©s par les cordes qui, par moments, jouent presque le rĂŽle d’une batterie.

NB : Les indications de minutage correspondent à l’enregistrement de Piazzolla disponible gratuitement sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=x6Jv_JrjJIY

a. “Verano Porteño” - L’EtĂ© de Buenos Aires

AtmosphĂšre : Ă©lectrique, sombre, agressive, tendue, brusque, Ăąpre etc. Alternance avec des passages langoureux.

ECOUTER ET REPERER

Ce qui frappe l’oreille Dans un second temps

- effets percussifs (chicharra7 + con legno). PrĂ©sence d’une batterie lĂ©gĂšre. ThĂšme au bandonĂ©on. - de 5’14 Ă  6’57 : de plus en plus angoissant, grinçant, dissonant : amplification (nuance, registre) - Ă  7’40 partie lente : bandonĂ©on trĂšs expressif, avec beaucoup de glissades et de rubato. Passage nostalgique. - 8’49 : aĂŻe! - Ă  partir de 9’29 : climat dĂ©lirant, perçant (glissandi), effrayant, hypnotique.

- Ă  6’57, on souffle un peu (marches harmoniques) mais pas pour longtemps
 - 7’10 : la tension revient, accords dissonants. - 7’40 : rythme implacable de la contrebasse (en noires) - 8’ modulation trĂšs abrupte (au Âœ ton infĂ©rieur), donc perturbante. - 9’03 la contrebasse quitte ses noires pour devenir plus rythmique.

Activité : chanter le début du thÚme de la partie lente.

7 Chicharra (criquet) : effet percussif qui consiste Ă  frotter les cordes du violon entre le chevalet et le cordier.

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b. “Otoño Porteño” - L’Automne de Buenos Aires AtmosphĂšre : plus lĂ©gĂšre (ça swingue), mais toujours un peu grinçante (dissonances + chicharra), parfois romantique (cadences du bandonĂ©on et du violon), plaintive (“sanglots” des passages lents).

ECOUTER ET REPERER

Ce qui frappe l’oreille Dans un second temps

- effets percussifs: chicharra au violon solo. - thĂšme lĂ©ger, avec des accents trĂšs marquĂ©s et des notes piquĂ©es. ThĂšme qui swingue. - Ă  15’23 : accord dissonant au piano. - prĂ©sence de deux cadences (15’36 au bandonĂ©on et Ă  17’24 au violon), Ă  la maniĂšre des concertos de la pĂ©riode romantique. - 15’49 partie lente intimiste - forme diffĂ©rente : il y a plus de 3 parties (pas seulement A B A). - 18’10 contrebasse : glissandi puis pizz.

- mĂ©lange net : influence musique savante (prĂ©sence des cadences) et jazz (accompagnement trĂšs syncopĂ©, accents). - dissonances dans les accords de l’introduction (frottement de Âœ ton entre 1ers et 2ds violons) - rythme tango quasiment absent : on l’entend une fois 8 mesures (1Ăšre fois Ă  15’20, avant la 1Ăšre cadence Ă  la contrebasse (sur pĂ©dale de la) et au piano. - forme plus complexe : intro A1 cadence B1 A2 cadence B2 Pont A3 A chaque nouvelle prĂ©sentation (A2, B2 ou A3), les thĂšmes sont variĂ©s et/ou transposĂ©s, ou prĂ©sentĂ©s Ă  diffĂ©rents instruments.

ActivitĂ© : travailler et refrapper le rythme de la chicharra de l’introduction

c. “Primavera Porteña” - Le Printemps de Buenos Aires AtmosphĂšre : intense vitalitĂ©, avec quelques Ă©lĂ©ments venant “dĂ©glinguer” le tout (accords dissonants, glissandi et chicharra grinçants...).

ECOUTER ET REPERER

Ce qui frappe l’oreille Dans un second temps

- effets percussifs aux cordes : percussion sur Ă©clisse8, col legno9, chicharra. - beaucoup de glissandi descendants : au violon (Ă  1’02, Ă  1’44...), Ă  la contrebasse (de 2’41 Ă  3’) - passages en unisson (de 0’40 Ă  1’, Ă  1’46, Ă  3’33...) conclusif. - passages en homorythmie10 - accords perçants et dissonants (de 3’18 Ă  3’33) - contrastes de nuances (f, puis p) - changements de tempi

- paradoxe : printemps, mais tonalitĂ© mineure (sol m) - forme : A B A (Vif Lent Vif). 1’50 3’18 Si on compare au concerto, les 3 mouvements sont en un seul. - Ă©criture : au dĂ©but, thĂšme entendu au violon solo, puis aux violoncelles, puis aux 1ers violons. Écriture contrapuntique (horizontale), les 3 groupes d’instruments sont trĂšs bavards. Chacun parle dans son coin, mais ce n’est pas pour autant la cacophonie (Cf dĂ©finition du contrepoint selon Piazzolla dans l’encadrĂ© du chap. “Deux modernistes”, II. A. 1.) - rythme : Ă  0’40, quand la contrebasse entre*, c’est sur un rythme stable, en noires (Cf chap. “Deux modernistes”, II. A. 2.). Le rythme du tango apparaĂźt enfin, aux autres instruments Ă  cordes (sauf contrebasse et soliste). Puis on l’entend bien Ă  la contrebasse, juste avant la partie lente. - Ă  1’50 partie lente : trĂšs libre, on ne peut plus battre la mesure. - contrebasse : passage pizz/arco * mĂ©lodiquement (en jouant des notes) ; avant, elle est percussive.

Activité : frapper le rythme du tango pour pouvoir le repérer ensuite dans la musique.

8 Les Ă©clisses sont les fines planchettes de bois formant le cĂŽtĂ© de l’instrument (la tranche). 9 Col legno : frapper les cordes avec la baguette de l’archet, et non avec les crins. 10 Homorythmie : tous les instruments jouent le mĂȘme rythme.

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d. “Invierno Porteño” - L’Hiver de Buenos Aires AtmosphĂšre : la structure (l’architecture, la forme) “hachĂ©e” de cette piĂšce installe un climat instable, renforcĂ© par une Ă©criture trĂšs libre du violon (on dirait presque, parfois, des cadences accompagnĂ©es). Cette atmosphĂšre s’éclaircit sur la fin du morceau, avec un clin d’Ɠil Ă©vident Ă  Pachelbel (son fameux Canon) et une Ă©criture contrapuntique travaillĂ©e.

ECOUTER ET REPERER

Ce qui frappe l’oreille Dans un second temps

- alternance des tempi / alternance des parties - le thĂšme est prĂ©sentĂ© Ă  chaque fois Ă  des instruments diffĂ©rents et dans des registres diffĂ©rents : Ă  20’13 : Ă  l’unisson Ă  20’50 : au piano Ă  22’05 : au violoncelle Ă  24’15 : bandonĂ©on + violon (tempo vif) etc. - Ă  25’12 : coda. TonalitĂ© majeure (mib M) → Ă©claircie. Clin d’Ɠil au Canon de Pachelbel (c’est presque une citation). La phrase de 4 mesures sera rĂ©pĂ©tĂ©e 6 fois (24 mesures), Ă  chaque fois variĂ©e. Écriture contrapuntique.

- forme rondo : alternance refrain / couplets → A1 (thĂšme) B (1er couplet) A2 (thĂšme) C (2e couplet) A3 D A4 E etc. - Ă  22’05 : piano, violon et bandonĂ©on se taisent. Juste contrebasse + guitare.

ActivitĂ© : chanter le thĂšme du refrain. Puis, lors de l’écoute, lever le doigt lors qu’il apparaĂźt ; chanter le thĂšme du Canon de Pachelbel, l’écouter, puis comparer avec la fin de l’” Invierno”.

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Ce que vous allez entendre au concert

I. L’effectif instrumental

L’Orchestre Philharmonique de Radio France prĂ©sentera un arrangement de Ludovic Michel, pour ensemble Ă  cordes. L’effectif instrumental est constituĂ© de 21 instruments, dont 20 instruments Ă  cordes frottĂ©es et un instrument Ă  cordes pincĂ©es :

- 10 violons (5 violons1, 5 violons 2) - 4 altos - 4 violoncelles - 2 contrebasses - 1 clavecin (cordes pincées)

A cette formation s’ajoute un violon solo et une rĂ©citante.

ActivitĂ©s : effectuer des recherches sur la famille des instruments Ă  cordes afin d’identifier les cordes frottĂ©es, pincĂ©es et frappĂ©es ; rĂ©flĂ©chir Ă  ce qu’implique cet arrangement : qui va remplacer le bandonĂ©on ?

II. Le déroulement du concert

Au regard de l’essence narrative de ces huit Saisons, il Ă©tait naturel de demander Ă  un auteur d’écrire une histoire inspirĂ©e des diffĂ©rents climats Ă©manant de ces piĂšces. CrĂ©ation littĂ©raire donc, mais aussi recrĂ©ation musicale, par le biais de ce nouvel arrangement des Saisons de Piazzolla.

Les extraits de Vivaldi auront Ă©galement une autre saveur du fait de l’effectif instrumental rĂ©duit (par rapport Ă  la version originale de Vivaldi).

Vivaldi Le printemps / 1. Allegro Piazzolla L’étĂ© Ă  Buenos Aires Vivaldi L'Ă©tĂ© / 3. Presto Piazzolla L'automne Ă  Buenos Aires Vivaldi L'automne / 1. Allegro Piazzolla L’hiver Ă  Buenos Aires Vivaldi L’hiver / 1. Allegro non molto Piazzolla Le printemps Ă  Buenos Aires

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III. Le regard des artistes sur cette création

A. Svetlin Roussev

Voyager dans les saisons

Svetlin Roussev, vous ĂȘtes violon solo de l’Orchestre Philharmonique de Radio France et vous ĂȘtes Ă  l’origine de ce programme associant Antonio Vivaldi et Astor Piazzolla. Quatre saisons chez l’un et l’autre, mais deux mondes radicalement diffĂ©rents : un univers bucolique et un univers urbain, le monde europĂ©en et l’AmĂ©rique latine, et deux siĂšcles et demi d’écart !

- « L’idĂ©e de ce concert Ă©tait de faire voyager le public entre ces deux univers. Vivaldi, lorsqu’il Ă©crit ses Quatre saisons, a des images prĂ©cises Ă  l’esprit. Nous les connaissons grĂące Ă  quatre sonnets qu’il a Ă©crits lui-mĂȘme. Celui qui Ă©voque le printemps dĂ©crit le chant joyeux des oiseaux, le souffle de l’air doux, puis un orage, suivi rapidement par le retour du chant des oiseaux et du murmure des feuillages. Un orage traverse aussi l’évocation de l’étĂ© dans le sonnet suivant, qui s’ouvre sur le tableau de la nature se dessĂ©chant sous l’air trop chaud. L’automne montre l’homme cĂ©lĂ©brant les fruits de la moisson, se rĂ©galant de vin, partant chasser le gibier au son des cors, et des aboiements des chiens. L’hiver, enfin, est vent glacĂ©, froid redoutable, douceur du feu quand la pluie se dĂ©verse au dehors, et glissades sur le sol gelĂ©, redoutable pour le marcheur, qui dĂ©rape, tombe et se relĂšve, tandis que les vents font rage. Tout cela est suggĂ©rĂ© dans la musique. On entend les oiseaux, la glace qui craque 
 Les saisons de Piazzolla font rĂ©fĂ©rence Ă  Vivaldi, mais elles sont urbaines. Ce sont quatre saisons de Buenos Aires. Ainsi, au cours du concert, il faut imaginer qu’il y a huit saisons diffĂ©rentes, celles Ă©crites pour et dans l'hĂ©misphĂšre sud, et celles Ă©crites sous le soleil de l'Italie, dans l'hĂ©misphĂšre nord. Celles de la ville et celles de la campagne, celles empreintes de danse urbaine, le tango, et se rĂ©fĂ©rant aux relations entre hommes et femmes, et celles plus descriptives de la nature et se rĂ©fĂ©rant plutĂŽt au rapport entre l'homme et la nature. » Pourquoi cet hommage Ă  Vivaldi d’Astor Piazzolla ? - « Le monde de Piazzolla est celui d’un tango revisitĂ© par la musique classique, ce que l’on a appelĂ© le « nuevo tango ». Vous connaissez l’anecdote ? On raconte que Piazzolla, qui cherchait sa voie comme compositeur, Ă©tait allĂ© voir Nadia Boulanger dans les annĂ©es 50. Nadia Boulanger Ă©tait une grande personnalitĂ© auprĂšs de qui des compositeurs et des interprĂštes du monde entier venaient travailler. Elle a Ă©tĂ© Ă©blouie le jour oĂč elle a entendu Piazzolla jouer sur son bandonĂ©on. Elle l’a poussĂ© dans cette voie. Les Cuatro Estaciones porteñas s'ouvrent de maniĂšre classique, avant d'introduire brusquement des rythmes de tango. Je fais du tango depuis plus de quinze ans, j’ai fondĂ© le groupe Tanguisimo. J’aime cette musique. Elle est un enrichissement indĂ©niable pour un artiste classique. Le tango laisse une grande libertĂ©. Sur une base rythmique fixe, les instruments disposent d’une grande flexibilitĂ©. C’est aussi une Ă©cole de sensualitĂ©. » - Vivaldi et Piazzolla, c’est aussi un mĂȘme bonheur de la virtuositĂ© ? « Les Saisons de Piazzolla sont extrĂȘmement virtuoses, avec des portamentos, ces passages oĂč le doigt glisse d’une note Ă  une autre. Il y a aussi la technique chicharra. Chicharra veut dire « criquet » et l’effet est celui de l’insecte. L’archet racle la corde sous le chevalet. Il existe diffĂ©rentes versions des saisons de Piazzolla. Nous les donnons aujourd’hui dans une nouvelle version, Ă©crite spĂ©cialement pour moi par Ludovic Michel. Les Saisons de Vivaldi sont aussi un dĂ©fi pour le violon, avec toutes sortes d’effets que rĂ©clame le compositeur. Nous les jouerons comme Ă  l’époque, sans chef. L’orchestre suit le

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premier violon. C’est une pratique difficile, mais qui conduit Ă  une Ă©coute encore plus grande des musiciens les uns par les autres. Jouer sans chef c’est faire comme de la musique de chambre, mais Ă  l’échelle d’un nombre plus important d’instrumentistes. C’est un moment merveilleux pour des musiciens d’un orchestre symphonique. »

B. Nancy Huston

« Je me suis transformĂ©e en chef d’orchestre »

Pour Nancy Huston, littĂ©rature et musique sont indissociables. L’une et l’autre se sont ancrĂ©es dĂšs l’enfance et elles sont dans son Ɠuvre trĂšs Ă©troitement liĂ©es. Comme la quĂȘte de soi, la filiation, les rapports entre les deux sexes, la musique est une dimension profonde de son Ă©criture :« simplement parce que cela occupe une grande place dans ma vie, que je frĂ©quente beaucoup de musiciens et qu'il existe une analogie entre le respect du tempo, de l'esprit, de l'humeur d'un morceau de musique et le respect que l'on doit Ă  ses hĂ©ros" a confiĂ© Nancy Huston Ă  l’Express en 1999. Plus de saisons, crĂ©Ă© aujourd’hui, est un texte Ă©crit pour les Saisons de Vivaldi et Piazzolla.

Nancy Huston, vous avez Ă©crit Plus de saisons pour un concert jeune public dont le programme trouve sĂ»rement en vous des rĂ©sonances particuliĂšres : Vivaldi, Piazzolla. On sait que la musique baroque est l’un de vos domaines de prĂ©dilection. La musique d’AmĂ©rique latine vous est Ă©galement proche. On pense par exemple Ă  la capoeira brĂ©silienne qui joue un rĂŽle important dans votre dernier roman Danse Noire. Qu’est-ce qui vous touche dans ces rĂ©pertoires prĂ©cisĂ©ment ?

- « Je pense que ces musiques incarnent deux Ă©lans contradictoires en moi : disons trĂšs sommairement la tĂȘte et le corps, ou le besoin de structure et le besoin de libertĂ©. J'ai dĂ©couvert la musique baroque Ă  New York vers l'Ăąge de 17 ans et, Ă  une Ă©poque oĂč la jeunesse s'Ă©clatait, se dĂ©foulait avec Joplin, Hendrix, etc., je me suis mise Ă  Ă©tudier le clavecin et Ă  pratiquer cette musique hyper-contrĂŽlĂ©e, hyper-civilisĂ©e, tout en douceur et en harmonies rassurantes. Mais, parallĂšlement, j'Ă©tais fascinĂ©e par l'intensitĂ© de l'univers musical latino : la samba, le tango, le flamenco, plus tard le fado. Ces musiques dĂ©chirantes, dansantes, souvent liĂ©es Ă  la mĂ©lancolie, Ă  la lutte Ă©rotique et Ă  la mort, m'ont attirĂ©e comme une espĂšce de territoire interdit. »

Comment Vivaldi et Piazzolla vous vous ont-ils portĂ©e dans l’écriture de ce texte ?

- « Cela faisait de longues annĂ©es que je n'avais pas lu une partition d'orchestre, et quelle joie de dĂ©couvrir que je savais encore le faire ! EnfermĂ©e dans mon bureau, je me suis transformĂ©e en chef d'orchestre, dirigeant cette musique (que je recevais par casque Ă  fort volume) avec de grandes gesticulations des bras, me laissant emporter par "la geste" des deux compositeurs. Et, bien sĂ»r, une fois dedans, je me suis aperçue que la dichotomie tĂȘte/corps ne tenait pas : Vivaldi est hautement Ă©motif, et Piazzolla, trĂšs structurĂ©, trĂšs pensĂ©. J'ai Ă©prouvĂ© un plaisir tout particulier Ă  Ă©crire le texte V - la scĂšne oĂč Violine voit Jean Brun partir Ă  la chasse dans le brouillard du petit matin - sur la partie lente de l'Automne de Vivaldi, Ă  coordonner le dĂ©ploiement des mots comme s'ils Ă©taient une ligne musicale pure, exactement superposĂ©e Ă  la parole des instruments. »

Plus de saisons s’entend comme un conte contemporain, plein d’humour mais grave, sur l’enfance moderne, sur la solitude et l’ouverture au monde. Votre Aurore est une Belle au bois dormant moderne, sans prince charmant. Elle vit dans une citĂ© et se rĂ©fugie dans ses rĂȘves. On sourit parce que vous prenez Ă  rebrousse-poil avec drĂŽlerie et finesse les clichĂ©s du conte : la princesse s’ennuie, elle s’empiffre de Nutella, comme Raiponce – ou comme la MĂ©lisande de Debussy, elle « laisse descendre ses cheveux tout le long de la tour ». Mais le

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fond du propos est violent : grandir, pour une enfant d’aujourd’hui, c’est renoncer au rĂȘve ? Briser le miroir en y jetant un sĂ©cateur ?

- « Je tenais Ă  prĂ©server une tension entre Violine et AurĂ©lie, les hĂ©roĂŻnes mĂ©diĂ©vale et contemporaine, qui correspondent aux musiques ancienne et moderne. Il ne fallait ni idĂ©aliser le passĂ©, ĂȘtre dans la nostalgie, l'idĂ©e d'un Ăąge d'or rĂ©volu, ni, Ă  l'inverse, se dire qu'Ă  l'Ă©poque moderne tout va bien, qu'on a rĂ©solu tous les problĂšmes et guĂ©ri toutes les injustices. A force de faire l'aller-retour entre ces deux univers, on s'aperçoit que chacun a ses diĂšses et ses bĂ©mols ! En fait bien sĂ»r, Violine est un rĂȘve ou un fantasme d'AurĂ©lie, grĂące auquel elle s'Ă©chappe d’un quotidien banal, mais les deux fillettes se ressemblent de plus en plus Ă  mesure qu'on avance dans l'histoire : on se rend compte que Violine n'a pas vraiment de frĂšres et sƓurs ; que son pĂšre a beau ĂȘtre le roi, il est moins prĂ©sent, moins attentif et sympathique que la mĂšre d'AurĂ©lie, et ainsi de suite. »

Votre texte est intitulé Plus de saisons. Comment entendre ce « plus » ?

- « Pour ma part je l'entends sans ambiguĂŻtĂ© au nĂ©gatif (les saisons disparaissent), et non Ă  l'augmentatif (il y en a de plus en plus). Je l'entends comme ces gens qui disent en soupirant: "Ah lĂ  lĂ  ! On ne sait pas comment s'habiller, il n'y a plus de saison !" Les avantages de la modernitĂ© sur le plan politique – l'Ă©ducation des filles, notamment ! – s'accompagnent de graves inconvĂ©nients sur le plan Ă©cologique. En raison de la maniĂšre agressive dont l'homme s'est mis Ă  exploiter les richesses de la Terre, de nombreuses espĂšces sont en voie de disparition, le climat se rĂ©chauffe, on a introduit dans notre environnement un dĂ©sĂ©quilibre dangereux. Sans vouloir leur faire peur (!), j'ai pensĂ© que les enfants mĂȘme petits pouvaient capter la gravitĂ© de cette situation et l'importance d'agir pour prĂ©server la planĂšte ! «

Souvent dans vos livres la musique est Ă©voquĂ©e directement. On pense bien sĂ»r Ă  votre roman Instrument des tĂ©nĂšbres, Ă  Prodige, Ă  Danse noire. Ici, pas de musique, sinon le chant des oiseaux et le bruissement des abeilles dans le rĂȘve ; et dans le petit appartement de la citĂ© oĂč habite Aurore, le seul fond sonore de la circulation automobile. Pourquoi?

- « Les musiques de Vivaldi et de Piazzolla Ă©taient tout autour, ce n'Ă©tait pas la peine d'en rajouter ! Le texte baigne littĂ©ralement dans la musique. Et j'espĂšre qu'il est lui-mĂȘme musical, par ses rythmes, ses reprises.... On verra bien, sur scĂšne ! »

OĂč est la musique dans l’enfance d’aujourd’hui ?

- « Il est Ă©vident que grĂące aux mĂ©dias, grĂące Ă  la technologie moderne, les enfants de nos jours ont un accĂšs Ă  la musique qui est sans prĂ©cĂ©dent dans l'histoire de l'humanitĂ©. Ils sont gĂątĂ©s mĂȘme comparĂ©s Ă  ceux de ma gĂ©nĂ©ration : en tapotant simplement sur un clavier, ils peuvent Ă©couter, sans mĂȘme dĂ©ranger leurs parents, des musiques de tous genres et de toutes Ă©poques ! C'est bien sĂ»r un grand enrichissement mais on court peut-ĂȘtre le risque, ici comme ailleurs, de rester Ă  la surface, c'est-Ă -dire passer Ă  cĂŽtĂ© de ce que la musique peut nous apporter de plus profond : sacralisation des instants, ritualisation du quotidien, Ă©merveillement devant des beautĂ©s rares.

Propos recueillis par Laetitia Le Guay

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Contextes


I. Vivaldi A. Musical

La pĂ©riode baroque s’étend du dĂ©but du XVIIe siĂšcle jusqu’à la moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle. Vivaldi, le “PrĂȘtre roux” vĂ©nitien, a donc vĂ©cu et composĂ© sur la fin de cette pĂ©riode. Citons quelques-uns de ses Ă©minents collĂšgues contemporains : Bach et Teleman en Allemagne, Haendel et Purcell en Angleterre, Couperin et Rameau en France.

Le baroque musical est nĂ© avec la monodie accompagnĂ©e et l’invention de la basse continue11. Le stile antico – style antique – hĂ©ritĂ© de la Renaissance et le stile moderno – style moderne – coexistent, mais s’opposent. Le stile antico demeure polyphonique12 tandis que le stile moderno Ă©mane de la monodie accompagnĂ©e13. La basse continue assume dĂ©sormais la continuitĂ© harmonique, libĂ©rant ainsi la mĂ©lodie, qui va pouvoir donner libre cours Ă  l’expressivitĂ© et la virtuositĂ©. La musique doit dĂ©sormais reprĂ©senter les sentiments que le texte exprime, elle doit ĂȘtre “affective”, se concentrer sur l’émotion.

Cette caractĂ©ristique s’étendra Ă  la musique instrumentale par le biais des instruments solistes et la forme du concerto de soliste, fixĂ©e par Vivaldi. ParallĂšlement vont se prĂ©ciser diffĂ©rents styles musicaux : italien, français et allemand, permĂ©ables les uns aux autres mais avec leurs spĂ©cificitĂ©s propres. Bach, Ă  travers son Ɠuvre monumentale, sera celui qui effectuera la synthĂšse de tous ces styles.

B. Scientifique

Vivaldi a vécu à une époque marquée par de grandes découvertes scientifiques :

11 Basse continue : partie de basse instrumentale confiĂ©e Ă  un instrument polyphonique (qui peut jouer des accords → orgue, clavecin, guitare, luth
) renforcĂ© par un autre instrument au timbre grave (violoncelle, basson
). Cette basse sert de guide pour que les autres parties instrumentales puissent improviser un accompagnement. 12 Polyphonie : musique oĂč se font entendre simultanĂ©ment plusieurs parties diffĂ©rentes, mĂ©lodiquement indĂ©pendantes. 13 Monodie accompagnĂ©e : mĂ©lodie chantĂ©e par une seule voix (ou plusieurs Ă  l’unisson) accompagnĂ©e d’un ou plusieurs instruments. Les Ă©lĂ©ments essentiels en sont le rĂ©citatif et l’aria. Par extension, le terme de monodie s’applique aussi Ă  tout solo instrumental, accompagnĂ© ou non, et destinĂ© au concert ou Ă  la musique de chambre.

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‱ en 1687, dans son ouvrage Philosophiae naturalis principia mathematica, Isaac Newton Ă©nonce sa loi de la gravitation universelle14 : la gravitĂ© est la force responsable de la chute des corps et du mouvement des corps cĂ©lestes. Autrement dit, la chute de la fameuse pomme et le mouvement circulaire de la Lune autour de la Terre sont causĂ©s par la mĂȘme force : la gravitĂ©. Les lois physiques valables Ă  la surface de la terre sont valables Ă©galement dans l'univers entier. Ce principe aura un Ă©norme retentissement, dans le domaine de la philosophie comme celui des arts en gĂ©nĂ©ral. N’oublions pas enfin la rĂ©volution scientifique qu’a reprĂ©sentĂ©e, deux siĂšcles auparavant (XVe-XVIe siĂšcle), la thĂ©orie de l’hĂ©liocentrisme de Copernic, dĂ©fendue et dĂ©veloppĂ©e ensuite par GalilĂ©e (XVIe-XVIIe s) et sans laquelle Les Quatre Saisons n’auraient peut-ĂȘtre pas existé  ou pas de la mĂȘme maniĂšre.

‱ en 1660, Antoni van Leeuwenhoek15, Ă©labore son “microscope simple” – les premiers microscopes du XVIIe siĂšcle Ă©taient peu efficaces voire dĂ©faillants, faisant ainsi progresser de façon dĂ©cisive l’histologie et l’anatomie pathologique. Il observe des micro-organismes inconnus jusqu’alors (protozoaires, spermatozoĂŻdes, bactĂ©ries, globules rouges...). Clifford Dowell16, trois siĂšcles plus tard, le considĂ©rera comme le « pĂšre de la protozoologie et de la bactĂ©riologie ».

C. Littéraire

‱ de 1765 Ă  1770, Jean-Jacques Rousseau rĂ©dige Les Confessions. Entre autres idĂ©es se trouve celle selon laquelle aucune vertu ne peut exister sans plaisir des sens, pensĂ©e que l’on peut rapprocher de l’esthĂ©tique baroque. “Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscuritĂ©, la lumiĂšre, les Ă©lĂ©ments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur

notre ñme [...]” Les Confessions, Livre IX

Il est à noter que Rousseau, également musicien, compose en 1775 Le Printemps di Vivaldi, transcription pour flûte traversiÚre du premier concerto des Quatre Saisons.

‱ en 1719, Daniel Defoe publie Robinson CrusoĂ©, roman dans lequel le rapport Ă  la nature est abordĂ© sous l’angle de la domestication : l’Homme peut se rendre maĂźtre de la Nature, en utiliser ses ressources et l’amĂ©nager selon ses besoins. Robinson parvient Ă  la rendre “commode et agrĂ©able”.

14 Loi de la gravitation universelle : deux corps quelconques s'attirent en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré de la distance de leurs centres de gravité. 15 Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723) : artisan drapier et naturaliste hollandais. 16 Clifford Dowell (1886-1949) : protozoologiste anglais.

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‱ autres contemporains de Vivaldi : Montesquieu, Jonathan Swift, Voltaire.

D. Historique et politique

Alors que les deux modĂšles politiques europĂ©ens en vigueur au XVIIIe siĂšcle sont la monarchie absolue et le despotisme Ă©clairĂ©, la RĂ©publique de Venise fait figure d’exception : indĂ©pendance politique, stabilitĂ© de ses institutions aristocratiques, puissance de sa flotte commerciale, monopole portuaire. Et ce dĂšs le IXe siĂšcle oĂč, en 828, elle acquiert son indĂ©pendance face Ă  Byzance.

II. Piazzolla

A. Historique, Ă©conomique, social

La stabilitĂ© constitutionnelle de l’Argentine, 10e puissance mondiale au tout dĂ©but du XXe siĂšcle, prend fin avec la crise de 1929. Le coup d’Etat de JosĂ© FĂ©lix Uriburu marque le dĂ©but d’une alternance de putschs et de dictatures militaires qui vont se prolonger jusqu’en 1983, ayant pour consĂ©quence une situation Ă©conomique prĂ©caire et des conditions de vie difficiles pour les Argentins.

La RĂ©publique de Venise

- XIIe siĂšcle : formalisation du mode d’élection du doge. Tout d'abord Ă©lu par le

peuple, le doge est ensuite élu par un conseil, qui sera de plus en plus contrÎlé par les familles nobles de la ville. Progressivement, son pouvoir réel diminuera au profit de différents conseils. - XV

e siĂšcle : expansion et Ăąge d’or. Construction d’églises, de palais. A la fin du XVe,

ouverture de la route des AmĂ©riques et des Indes par Christophe Colomb et Vasco de Gama, qui va induire progressivement un dĂ©placement des itinĂ©raires maritimes commerciaux, de la MĂ©diterranĂ©e vers l’Atlantique : Venise n’est plus le plus grand port europĂ©en. - XVI

e siĂšcle : dĂ©clin Ă©conomique et politique. ÉpidĂ©mie de peste. En revanche,

Venise s’affirme comme la ville artistique par excellence : les peintres Giorgione, Titien, Tintoretto, Paolo Veronese, les musiciens Adrien Willaert, Andrea et Giovanni Gabrieli, Monteverdi
 Au dĂ©clin du monopole commercial rĂ©pond la vitalitĂ© de la production artistique vĂ©nitienne. - XVII

e siÚcle : affrontement avec les pays européens.

- XVIIIe siĂšcle : fin de l’indĂ©pendance millĂ©naire de la RĂ©publique de Venise, en 1797,

Ă  l’issue de la campagne d’Italie menĂ©e par les troupes napolĂ©oniennes.

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Le rĂ©gime pĂ©roniste (annĂ©es 40 et 50) subit une inflation galopante, les classes moyennes sont submergĂ©es et le prolĂ©tariat Ă©tranglĂ©. Il s’ensuit une Buenos Aires nouvelle, hostile et anonyme. L’instabilitĂ© Ă©conomique se poursuit jusqu’en 1966, annĂ©e de l’avĂšnement de la dictature militaire du gĂ©nĂ©ral Ongania (jusqu’en 1973). Une nouvelle gĂ©nĂ©ration de prolĂ©taires Ă©merge. La crise Ă©conomique culmine en 1962 : gel des salaires, chĂŽmage massif, hausse du coĂ»t de la vie. En 1969, le Cordobazo est la premiĂšre des puebladas, insurrections urbaines qui ont jalonnĂ© le dĂ©but des annĂ©es 70 et qui ont parfois donnĂ© naissance Ă  des groupes d'action directe et de lutte armĂ©e.

C’est dans ce contexte politique, Ă©conomique et social mouvementĂ© que Piazzolla a composĂ© ses Quatre Saisons.

B. Musical

Le tango a rĂ©gnĂ© en Argentine, depuis la fin du XIXe siĂšcle jusqu’aux annĂ©es 40, intimement liĂ© au Porteño (habitant de Buenes Aires) qui, Ă  travers lui, exprimait ses Ă©motions.

Les annĂ©es d’AprĂšs-guerre voient dĂ©ferler la musique europĂ©enne et nord-amĂ©ricaine (libre circulation des disques). L’arrivĂ©e de la tĂ©lĂ©vision, la prĂ©dominance des programmes d’information Ă  la radio, l’évolution de Buenos Aires avec la transformation des banlieues, l’éradication des conventillos
 Tout cela va favoriser le dĂ©clin du tango. Dans les annĂ©es 50, les prolĂ©taires sont friands de rock. Puis de twist, de jerk, de pop
 Le tango est alors perçu comme dĂ©suet, voire honteux. Les cafĂ©s avec orchestre ferment.

Puis, subrepticement vont apparaĂźtre des lieux plus intimes oĂč le tango va retrouver une place privilĂ©giĂ©e et inĂ©dite, les tangerias, dans lesquelles on va Ă©couter le tango et non plus le danser.

Dans le domaine de la chanson, Mercedes Sosa devient dans les annĂ©es 60 l’une des figures de proue du Nuevo Cancionero, mouvement socialement engagĂ© qui revitalise la musique folklorique. Son premier disque : « Canciones con fundamento ».

1930 : suite aux bouleversements provoquĂ©s par la crise de 1929, le gĂ©nĂ©ral JosĂ© FĂ©lix Uriburu renverse le gouvernement constitutionnel en 1930. 1943 : putsch militaire. A sa tĂȘte, Juan Domingo Peron. Est Ă©lu prĂ©sident en 1946. 1946-55 : rĂ©gime pĂ©roniste. Politique nationale-populaire, culte de la personnalitĂ©. 1955 : chute du pĂ©ronisme, coup d’Etat militaire (Revolucion Libertadora). InstabilitĂ© Ă©conomique et politique jusqu’en 1966. 1966 : dictature militaire du gĂ©nĂ©ral Ongania (jusqu’en 1973). Parlement et partis politiques dissous, rĂ©pression et censure. Protestations syndicales “matĂ©es” avec violence. 1969 : Cordobazo, insurrection ouvriĂšre-Ă©tudiante (le “Mai 68” français) rĂ©primĂ©e avec violence. C’est la premiĂšre des puebladas (insurrections urbaines).

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C. Pictural

ParallĂšlement va naĂźtre, dans les arts plastiques, la Nueva FiguraciĂłn (Nouvelle figuration) dont les jeunes artistes dĂ©fient l'expressionnisme abstrait et l’art conceptuel en revenant Ă  la figuration. Les peintres argentins adoptent le nom d’Otra FiguraciĂłn ; ils reprĂ©sentent des figures humaines souvent monstrueuses ou cadavĂ©riques, avec la libertĂ© formelle hĂ©ritĂ©e des artistes abstraits. Parmi eux : Jorge de la Vega, RĂłmulo MacciĂł, Ernesto Deira et Luis Felipe NoĂ©.

Le groupe Espartaco relie quant Ă  lui la peinture Ă  l'engagement politique et la mobilisation pour les luttes sociales, particuliĂšrement le combat syndical. Artistes : Ricardo Carpani, Juan Manuel SĂĄnchez, Mario Mollari.

D. Littéraire

La petite Mafalda, avec ses robes Ă  col Claudine et son nƓud dans les cheveux, est une hĂ©roĂŻne argentine de bande dessinĂ©e mondialement connue. Sous la plume du dessinateur argentin Quino, elle apparaĂźt de 1964 Ă  1973, dans les trois journaux d’actualitĂ© que sont Primera Plana, El Mundo et Siete Dias Illustrados, en parution hebdomadaire puis quotidienne. Elle est d’une intelligence et d’une finesse incroyables. Subversive sous son apparente naĂŻvetĂ©. Elle questionne, commente et dĂ©nonce la situation politique nationale et internationale, ainsi que toute forme d’autoritĂ© ou d’institution (politique, religieuse, familiale
), mettant en permanence les adultes qui l’entourent dans l’embarras...

De nombreux lecteurs ont reconnu avec gratitude le rĂŽle important qu’a jouĂ© Mafalda dans leur Ă©ducation socio-politique et socio-culturelle.

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Musique populaire et musique savante

La distinction entre musique populaire et musique savante17 repose essentiellement sur le mode de transmission. La premiÚre se transmet oralement, la seconde nécessite une transmission écrite.

I. Vivaldi : musique savante L’Ɠuvre de Vivaldi n’appartient pas au genre de la musique populaire. Nous sommes bien en prĂ©sence d’une musique savante, qui ne relĂšve pas de la tradition orale.

Cela n’exclut pas qu’il ait puisĂ© dans l’esprit de certaines chansons populaires (cf. la danse villageoise du 1er mouvement de L’Automne ainsi que la danse pastorale du 3e mouvement du Printemps). Cela Ă©tant dit, ce n’est pas un hasard si ce cycle de concertos a autant de succĂšs auprĂšs du grand public du XXIe siĂšcle qu’il en a eu du vivant de Vivaldi. C’est une musique “populaire” – dans son acception courante – au sens oĂč l’on en retient facilement nombre de thĂšmes ; ceux d’entre eux qui sont trop virtuoses pour ĂȘtre mĂ©morisĂ©s ou rechantĂ©s suscitent des Ă©motions franches.

L’accordĂ©oniste Richard Galliano, qui a enregistrĂ© sa propre version des Quatre Saisons18, estime que ces thĂšmes sont “construits comme des chansons : des cellules mĂ©lodiques simples, rĂ©pĂ©titives et dĂ©veloppĂ©es. C'est une musique optimiste. MĂȘme dans le concerto L'Hiver. Il finit avec beaucoup

d'Ă©nergie, beaucoup d'espoir avec un fragment trĂšs virtuose. L'Hiver c'est trĂšs beau, l'hiver de la vie aussi”.

Musique savante, donc, mais extrĂȘmement populaire.

II. Piazzolla : musique populaire et savante

On peut difficilement classer la musique de Piazzolla. Tango, bien-sĂ»r, mais pas uniquement. Le titre de son Ɠuvre Sinfonia Buenos Aires en est un bon exemple. Le terme “sinfonia” (symphonie) est issu de la musique savante et “Buenos Aires” fait directement rĂ©fĂ©rence Ă  la patrie du tango. Pour

17 Afin d’affiner cette distinction synthĂ©tique entre musique populaire et musique savante, vous pouvez consulter un dossier pĂ©dagogique des JMF Ă  l’adresse suivante : http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lotec/spip/em46/IMG/pdf/DP_Sirius_et_Carolus.pdf 18 Les 8 saisons, Galliano, Album paru en France 1er avril 2013, Deutsche Grammophon

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comprendre cette spécificité du style de Piazzolla, il est nécessaire de se pencher sur certains aspects de son parcours biographique.

A. Un environnement musical hétérogÚne

A propos de son enfance et son adolescence Ă  New York, Piazzolla se souvient : "C'Ă©tait le temps de la prohibition et de la mafia... je traĂźnais plus souvent dans les rues qu'Ă 

l'Ă©cole... mon univers musical se construisit peu Ă  peu Ă  cette Ă©poque autour du jazz, de Duke Ellington Ă  Cab Calloway que j'allais Ă©couter Ă  la porte du Cotton Club, n'ayant ni l'Ăąge ni les moyens d'y entrer. Mon pĂšre, lui, passait religieusement sur le gramophone les tangos nostalgiques de Carlos Gardel. Pour mon neuviĂšme anniversaire il me fit cadeau d'un bandonĂ©on et je pris des cours avec un professeur qui m'initia Ă  la musique classique.”

Le professeur de piano auquel il fait allusion est Bela Wilda, pianiste hongrois, ancien Ă©lĂšve de Rachmaninov. C’est le petit Astor lui-mĂȘme qui demande Ă  ses parents de devenir son Ă©lĂšve, aprĂšs l’avoir entendu jouer depuis la cour de l’immeuble.

Ainsi Piazzolla Ă©volue-t-il dĂšs son enfance dans un univers musical riche, atypique de par sa diversitĂ©, le tout exacerbĂ© par une curiositĂ© musicale considĂ©rable : son premier contact “physique” avec la musique se fait via le bandonĂ©on, instrument constitutif des ensembles traditionnels de tango argentin ; il Ă©coute du jazz derriĂšre les portes des clubs de Harlem et se passionne pour la musique “savante” (classique). Ses connaissances

1921 : naissance d’Astor Piazzolla Ă  Mar del Plata en Argentine, de parents descendants d’immigrĂ©s italiens. 1925 : la famille dĂ©mĂ©nage Ă  New York, oĂč elle demeurera pendant douze ans. 1937 : retour en Argentine. Astor dĂ©cide de s’installe Ă  la capitale, Buenos Aires. EngagĂ© comme bandonĂ©oniste dans la formation d'Anibal TroĂŻlo. AnnĂ©es 1940 : prend des cours de musique avec Alberto Ginastera. Piazzolla modernise le tango traditionnel tout en composant des Ɠuvres de musique classique. 1954 : remporte le premier prix de composition du concours de Fabien Sevitzky (avec sa Sinfonia Buenos Aires), accompagnĂ© d’une bourse offerte par le gouvernement français pour venir Ă©tudier la musique Ă  Paris. 1957 : retour en Argentine. Composition d’Ɠuvres pour cordes et bandonĂ©ons (Tres minutos con la realidad, Tango del Angel, etc.) ; modernisation des tangos traditionnels (y compris ceux de la Guardia Vieja). CrĂ©ation de deux orchestres : l’Orquesta de Cuerdas (cordes, piano et bandonĂ©on) et l’Octeto de Buenos Aires, tous deux constituĂ©s de musiciens de haute volĂ©e. 1960 : formation du Quinteto Nuevo Tango (bandonĂ©on, piano, violon, guitare Ă©lectrique et contrebasse). Durant les dix ans que durera cette formation, il composera la majeure partie de son Ɠuvre (Muerte del Angel, DecarĂ­simo, IntroducciĂłn al Angel). 1962 : dĂ©but de la composition de Las Cuatro Estaciones Porteñas (“Les Quatre Saisons de Buenos Aires”).

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musicales, il va les parfaire auprĂšs d’Alberto Ginastera (piano et harmonie), qui deviendra un des plus grands compositeurs argentins de musique classique et d’opĂ©ra. Ses compositions de l’époque consistent en arrangements de tangos existants ou compositions originales, (Inspiracion, Cafetin de Buenos Aires, El Recodo, Tierra querida
) Ă  travers les lesquelles il modernise le tango traditionnel. Mais il compose Ă©galement des Ɠuvres de musique “classique” (PrĂ©lude n°1, pour violon piano ; Suite pour cordes et harpes
).

B. « La grande révélation de ma vie »

La bourse qu’il obtient en 1954 pour venir Ă©tudier en France reprĂ©sente un Ă©vĂ©nement dĂ©cisif pour sa future carriĂšre professionnelle, mais aussi pour son “bien-ĂȘtre” musical. Il Ă©tudie la composition auprĂšs de Nadia Boulanger19, cette exceptionnelle musicienne et pĂ©dagogue. “Un jour, Nadia Boulanger me dit en fin que tout ce que je lui avais montrĂ© Ă©tait bien Ă©crit, mais qu’elle n’en trouvait point l’esprit. Elle me demanda quel genre de musique je jouais

dans mon pays, quelles Ă©taient mes inquiĂ©tudes, ce que je visais
 Je ne lui avais rien dit de mon passĂ© de tanguero, et encore moins que mon instrument Ă©tait le bandonĂ©on, rangĂ© dans l’armoire de ma chambre Ă  Paris. J’ai pensĂ© que si je lui disais la vĂ©ritĂ© elle allait me jeter par la fenĂȘtre. Nadia avait Ă©tĂ© condisciple de Ravel, et maĂźtre d’Igor Markevitch, Aaron Copland, Leonard Bernstein, Robert Casadesus, Jean Françaix ; elle Ă©tait dĂ©jĂ  considĂ©rĂ©e

comme la meilleure pĂ©dagogue du monde de la musique, et moi, j’étais simplement un tanguero.”

Deux jours plus tard, aprĂšs lui avoir avouĂ© qu’il gagnait sa vie en Ă©crivant des arrangements pour orchestre de tango, possĂ©dait son propre orchestre mais pensait que son avenir Ă©tait dans la musique classique, Nadia Boulanger lui demande de jouer un de ses tangos au piano. “LĂ , je lui ai parlĂ© du bandonĂ©on, qu’elle ne s’attende pas Ă  entendre un bon pianiste, parce que, rĂ©ellement, je ne l’étais pas. Elle insista : “Ça ne fait rien, Astor, jouez votre tango.”. Alors j’ai commencĂ© avec Triunfal. Je crois que je ne suis pas arrivĂ© Ă  la moitiĂ©. Nadia m’arrĂȘta, me prit les mains et, avec son doux accent anglais, me dit : “Astor, cela est beau, j’aime beaucou ;, voilĂ  le vrai Piazzolla, ne l’abandonnez jamais.” Et ce fut la grande rĂ©vĂ©lation de ma vie.”

Le terme “rĂ©vĂ©lation” n’est pas trop fort. Piazzolla oscillait depuis son adolescence entre ses racines musicales populaires, ancrĂ©es dans le tango, et son dĂ©sir de devenir un grand compositeur de musique classique. GrĂące Ă  Nadia Boulanger, il comprend qu’il n’a pas Ă  s’imposer un choix. Il peut Ă©crire sa musique de tango tout en l’enrichissant de ses connaissances “classiques”.

19 Nadia Boulanger : ancienne Ă©lĂšve de Maurice Ravel, pianiste, organiste, chef d’orchestre, compositrice et formidable pĂ©dagogue, de renommĂ©e internationale. Parmi ses Ă©lĂšves : Daniel BarenboĂŻm, Miguel Ángel Estrella, Dinu Lipatti, Igor Markevitch, George Gershwin, Michel Legrand, Quincy Jones, Leonard Bernstein, Vladimir Cosma, Phil Glass, etc.

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A partir de lĂ  naĂźt son style : un genre populaire – le tango – exprimĂ© dans un langage savant et mĂątinĂ© d’emprunts au jazz.

C. Le bandonéon

Piazzolla extirpe le bandonéon de son rÎle rythmique traditionnel pour lui faire jouer la ligne mélodique, qui avant était dévolue au violon ou au piano. Par ricochet, le piano devient, lui, trÚs rythmique.

Cette inversion des rĂŽles du piano et du bandonĂ©on, qui confĂšre Ă  ce dernier un rĂŽle de soliste qu’il n’avait pas dans le tango populaire, trouve peut-ĂȘtre son explication dans le parcours musical de Piazzolla :

"En rĂ©alitĂ©, je rĂȘvais d’ĂȘtre pianiste concertiste. Je reçus un grand choc, ma premiĂšre

dĂ©ception musicale, quand j’ai appris que ça n’était pas possible : mes doigts Ă©taient dĂ©jĂ  faits au bandonĂ©on. Ils Ă©taient dĂ©formĂ©s, tordus. Je devais donc me rĂ©signer Ă  porter mon bandonĂ©on toute ma vie. C’était le destin".

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Deux modernistes

I. Vivaldi

A. Le concerto de soliste

Vivaldi a fixĂ© la forme du concerto de soliste avec son recueil L’Estro Armonico (l’invention/l’inspiration/la fantaisie harmonique) paru en 1711 et

comportant douze concertos, dont des concerti grossi, concertos de soliste et doubles concertos (pour deux solistes).

Il assoit l’architecture du concerto en trois mouvements (vif-lent-vif) et applique aux instruments les caractĂ©ristiques de la monodie accompagnĂ©e chantĂ©e (cf. Les Quatre Saisons, III. A.

1. Contexte musical), en transposant des Ă©lĂ©ments de l’aria d’opĂ©ra (virtuositĂ© et Ă©motion).

Les deux mouvements vifs (1er et 3e) rĂ©pondent Ă  un mĂȘme procĂ©dĂ© formel : un thĂšme principal jouĂ© par l’orchestre, repris de nombreuses fois au cours du mouvement, vient “baliser” et encadrer les interventions du soliste (qui joue

des passages virtuoses ou un thĂšme secondaire). Autrement dit, il s’agit d’une forme couplet-refrain, le refrain Ă©tant jouĂ© par le tutti et les couplets par le soliste. Autre appellation du refrain: le ritornello – la ritournelle.

L’évolution du concerto

- Le concerto grosso apparaĂźt Ă  la fin du XVIIe siĂšcle avec le compositeur italien Archangelo Corelli et ses douze Concerti grossi opus 6 (1714). Dans un concerto

grosso, le concertino (petit groupe de solistes) dialogue et s’oppose au ripieno (reste de l’orchestre), faisant alterner les tutti et les soli ainsi que les tempi et le caractĂšre des mouvements. L’écriture des parties du concertino (solistes) est plus brillante et ornementĂ©e que celle du ripieno (rĂŽle d’accompagnement, de soutien).

- Le concerto de soliste dĂ©coule naturellement du concerto grosso, dont l’effectif va se rĂ©duire jusqu’à ne conserver qu’un unique instrument soliste.

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B. L’écriture pour violon : virtuositĂ© et expression

Le violon est dĂ©sormais seul face Ă  l’orchestre, libre comme l’air. Libre ? Voire. Certes, une petite part est laissĂ©e Ă  l’ornementation et l’improvisation, mais le violoniste doit se plier Ă  une Ă©criture virtuose, requĂ©rant une exigence technique inconnue jusqu’alors. Vivaldi, violoniste virtuose lui-mĂȘme, a fait progresser de façon dĂ©cisive la technique du violon. La virtuositĂ© est recherchĂ©e pour elle-mĂȘme mais n’est cependant pas gratuite : elle se dĂ©ploie pour mieux renforcer les oppositions et contrastes avec le reste de l'orchestre. Vivaldi ne sacrifie pas pour autant Ă  l’expressivitĂ© et l’émotion. Ainsi les mouvements lents des concertos sont-ils incroyablement lyriques (inspirĂ©s des lamento chantĂ©s des opĂ©ras) ce qui, dans la musique instrumentale, est aussi novateur que l’emploi de la virtuositĂ© dĂ©bridĂ©e dans les mouvements vifs.

C. Toutes sortes de concertos, pour tous les instruments !

Vivaldi a composĂ© 512 concertos. MalgrĂ© son appĂ©tence pour le concerto de soliste(s), il n’a pas pour autant abandonnĂ© le concerto grosso. Il le dĂ©cline sous toutes les formes possibles, rĂ©duisant ou supprimant parfois Ă  sa guise le concertino (groupe de solistes) ou le ripieno (reste de l’orchestre) :

- des concertos ripieno : ripieno seul, sans concertino (= sans solistes), sortes de concertos pour orchestre, précurseurs de la future symphonie classique,

- des concertos da camera (“de chambre”) : concertino seul, sans ripieno, proche de la sonate pour plusieurs instruments.

Sur ses 512 concertos, le violon est roi (la moitiĂ© en tant que soliste, les 2/3 si l’on compte sa prĂ©sence dans le concertino des concerti grossi. C’est logique car Vivaldi interprĂ©tait souvent lui-mĂȘme la partie de soliste de ses concertos.

Mais les autres instruments n’ont pas Ă©tĂ© oubliĂ©s : concertos pour violoncelle, viole d'amour, luth, mandoline, hautbois, flĂ»te traversiĂšre, basson, trompette, cor...

Vivaldi il moderno :

- “invention” du concerto de soliste,

- dĂ©clinaison Ă  l’extrĂȘme du concerto grosso, prĂ©parant ainsi certaines des futures formes de la pĂ©riode classique (symphonie),

- mise en valeur de tous les instruments,

- poussĂ©e formidable dans le domaine de la technique violonistique (virtuositĂ©), premier “violin hero” de l’histoire de la musique,

- mise en valeur des mouvements lents centraux des concertos de soliste : lyrisme et expressivitĂ© inconnus jusqu’alors.

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II. Piazzolla A. Le style Piazzolla

1. L’écriture

“Le contrepoint, c’est rĂ©ussir que quatre ou cinq voix jouent une ligne diffĂ©rente et que le rĂ©sultat final sonne Ă  merveille.”

‱ Influence de la musique savante :

- contrepoint poussĂ© Ă  l’extrĂȘme (avec passages fuguĂ©s) - richesse et complexitĂ© harmonique (frisant parfois l’atonalitĂ©) - formes (concertos, fugues, symphonies
)

‱ Influences du jazz :

- beaucoup de solos (chorus) - improvisation

2. Le rythme

Piazzolla le considérait comme un élément essentiel de sa musique.

- base trĂšs rĂ©guliĂšre et linĂ©aire (en noires ou en croches continues), Ă  l’image de la basse continue baroque.

- sur cette fondation, emploi de rythmes asymétriques et syncopés, en contretemps.

En d’autres termes, une surface irrĂ©guliĂšre au-dessus d’un socle stable. C’est une des raisons pour lesquelles ses tangos ne peuvent pas ĂȘtre dansĂ©s.

B. Le “tango nuevo”

Piazzolla a modernisĂ© le tango sans toutefois faire table rase de la tradition. On lui doit l’expression “tango nuevo”. Il dĂ©finissait sa musique comme “un tango diffĂ©rent, intellectuel, un tango qui n’était pas chantĂ© ni dansĂ©. C’était un tango pour penser".

Il a explorĂ© le seul domaine dans lequel le tango ne s’était pas aventurĂ© : la musique pure. C’est un tango de concert.

Piazzolla el moderno :

- musique pure (ni dansée, ni chantée)

-synthĂšse du tango traditionnel, de la musique savante et du jazz

- superposition de rythmes réguliers et asymétriques

- émancipation du bandonéon au rang de soliste

- formes savantes (suite baroque, sonate
)

- harmonies audacieuses

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Piazzolla a combinĂ© les genres en synthĂ©tisant tango traditionnel, musique savante et jazz. Et toujours dans son style original, totalement inĂ©dit. Il qualifiait d’ailleurs sa musique de "musique contemporaine de Buenos Aires".

C. Pourquoi tant de passion ?

"J’en ai marre que tout le monde me dise que ma musique n’est pas du tango. Je leur dis que, bon, s’ils veulent, ma musique est celle de Buenos Aires. Mais la musique de Buenos Aires, comment l’appelle-t-on ? Tango. Alors, ma musique est tango".

Les critiques Ă  son Ă©gard ont rarement Ă©tĂ© mesurĂ©es. Haine ou louange. Pourquoi ce musicien de tango argentin a-t-il dĂ©chainĂ© autant de passion ? Ses compositions ne sont ni totalement classiques, ni exclusivement du tango. Et c’est certainement ce “non-choix” qui a tant dĂ©stabilisĂ© ou enthousiasmĂ©, selon les cas. Piazzolla a divisĂ© le monde du tango. Aujourd’hui encore, il y a ceux qui considĂšrent qu’il est un musicien de tango, et les autres qu’il ne l’est pas.

C’est souvent la difficultĂ© que rencontrent les artistes mĂȘlant art populaire et art savant. Ils s’attirent les foudres des amoureux de l’un ou de l’autre, “trahissent” les deux “camps”. Ce pourrait ĂȘtre une dĂ©finition du modernisme : trahir pour mieux crĂ©er...

Nous conclurons avec ce propos de Daniel Baremboïm : "Il y a eu le tango instrumental, le tango dansé et le tango chanté. En d'autres termes, il y a eu le tango classique, qui va de la fin du XIXe siÚcle jusqu'à Carlos Gardel, qui l'a élevé à un

haut degrĂ© d'expression et de popularitĂ©. Ensuite le tango classique a suivi sa propre voie, et parallĂšlement, il a connu une Ă©volution intĂ©ressante grĂące Ă  des hommes comme Astor Piazzolla qui a apportĂ© des Ă©lĂ©ments modernes. C'est pour cela que le tango suscite encore l'intĂ©rĂȘt et qu'il continue Ă  vivre."

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Sources et prolongements : bibliographie, sitographie

Bibliographie Philippe CHARRU,Christoph THEOBALD, « l’esprit crĂ©ateur dans la pensĂ©e musicale de Jean-SĂ©bastien Bach », Ă©d. Mardaga Juliette GARRIGUES, « L'ESTRO ARMONICO (A. Vivaldi) », EncyclopĂŠdia Universalis Ida GOTKOVSKY, « CONCERTO », EncyclopĂŠdia Universalis Pierre NICOLLE, « VAN LEEUWENHOEK ANTOINE - (1632-1723) », EncyclopĂŠdia Universalis GĂ©rard PERNON, Histoire de la musique, Ă©ditions Jean-Paul Gisserot Marc PINCHERLE, Roger-Claude TRAVERS, « VIVALDI ANTONIO - (1678-1741) », EncyclopĂŠdia Universalis Nardo ZALKO, “Un siĂšcle de tango - Paris Buenos Aires”, Ă©ditions du FĂ©lin

Sitographie Sources :

‱ Vivaldi : dossiers pĂ©dagogiques http://www.artsalive.ca/pdf/mus/tour2004/vivaldi2004_fr.pdf· http://www.musique-culture68.asso.fr/document/4saisons.pdf http://www.operaderouen.fr/fic_bdd/pdf_fr_fichier/4_saisons_Fiche_enseignant_13644797340.pdf http://www.operatheatredesaintetienne.fr/otse/rtefiles/File/Dossiers%20pedagogiques/dossier- http://www.orchestrenormandie.com/pdf/zephyr.pdf

‱ Musique savante/musique populaire : http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lotec/spip/em46/IMG/pdf/DP_Sirius_et_Carolus.pdf

‱ Piazzolla / tango : http://musique.ac-dijon.fr/bac2006/astor/ : dossier trĂšs complet http://milongaophelia.wordpress.com/2012/11/26/astor-piazzolla-ou-deux-renoncements-pour-un-paradis/ : une mine d’or sur le sujet ! http://laurent.huault.free.fr/pdf/langage.pdf : trĂšs complet, notamment sur le langage musical http://piazzolla.nikkojazz.fr/lexique-du-tango : trĂšs complet, lexique trĂšs utile des termes spĂ©cifiques au tango http://www.chantdumonde.com/fr/label/fiche_artiste.php?artist_id=54 : biographie + Ɠuvre

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http://www.atmaclassique.com/pdf/Livret/e77bd3cf-4418-4b20-bd1e-4b08d609bb18_2382_livret_F.pdf : Las Cuatro Estaciones porteñas

‱ Piazzolla et Vivaldi : contextes http://www.arretetonchar.fr/wp-content/uploads/2013/IMG/pdf/fiche_discipline_esp.pdf : Argentine : contexte littĂ©raire – Mafalda http://grit.fltr.ucl.ac.be/article.php3?id_article=213 : Argentine : contexte littĂ©raire – Mafalda http://buenosairesconnect.com/nueva-figuracion-la-peinture-en-revolutions-au-bellas-artes/ : Argentine : Nueva Figuracion http://www.jeanfrancoisdray.fr/conferenceiniesta.htm : Argentine : Nueva Figuracion http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/nouvelle_figuration/153629 : Argentine : Nueva Figuracion http://crdp.ac-paris.fr/parcours/europeen/index.php/category/defoe : Vivaldi, contexte littĂ©raire : Defoe, Robinson CrusoĂ© http://eduscol.education.fr/orbito/orb/meca/meca12.htm : Vivaldi, contexte scientifique : Newton

Pour prolonger :

‱ Les Saisons dans la musique contemporaine : http://1112.mascenenationale.com/article/programme-quatre-saisons : Nicolas Bacri, Concerto nostalgico, op. 80 n°1 « L'automne » pour violon (ou hautbois), violoncelle et orchestre Ă  cordes http://instantanesdevie.over-blog.com/article-max-richter-recompose-les-quatre-saisons-de-vivaldi-119907432.html : les Quatre Saisons de Vivaldi revues par le compositeur post-moderne contemporain Max Richter

‱ Histoire des arts : http://www.jeanfrancoisdray.fr/conferenceiniesta.htm : arts et artistes de l’indĂ©pendance argentine http://www.petitherge.com/article-2976239.html : histoire du cinĂ©ma argentin

Discographie

Enregistrements de référence pour ce dossier :

Vivaldi, Les Quatre Saisons, ensemble de l’Academy of St Martin in the Fields, dir. Neuville Marriner, violon Alan Loveday, EnregistrĂ© en 1970 / DurĂ©e : 42:26 / Universal Music Division Classique Disponible gratuitement sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=ByZx6oBd4yA

Piazzolla, Las Cuatro Estaciones Porteñas : - « Primavera » : Album : "Concierto para quinteto". 1970. InterprĂštes : Astor Piazzolla y su Quinteto (Astor Piazzolla: bandoneĂłn; Antonio Agri: violĂ­n; Osvaldo Manzi: piano; Cacho Tirao: guitarra elĂ©ctrica; Enrique "Kicho" DĂ­az: contrabajo). - « Verano » : Album : "MĂșsica popular contemporĂĄnea de la ciudad de Buenos Aires, Vol. 2" (1972). InterprĂštes : Astor Piazzolla y su Conjunto 9 (Astor

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Piazzolla: bandoneón; Osvaldo Tarantino: piano; Antonio Agri y Hugo Baralis: violines; Néstor Panik: viola; José Bragato: cello; Enrique "Kicho" Díaz: contrabajo; Oscar López Ruiz: guitarra eléctrica; José Correale: batería). 1972. - Otoño : Album: "Adiós Nonino". InterprÚtes: Astor Piazzolla y su Quinteto (Astor Piazzolla: bandoneón; Dante Amicarelli: piano; Antonio Agri: violín; Enrique "Kicho" Díaz: contrabajo; Oscar López Ruiz: guitarra eléctrica). 1969. - Invierno : Album: "Concierto para quinteto". InterprÚtes: Astor Piazzolla y su Quinteto (Astor Piazzolla: bandoneón; Antonio Agri: viola; Osvaldo Manzi: piano; Cacho Tirao: guitarra eléctrica; Enrique "Kicho" Díaz: contrabajo). 1970. Disponibles gratuitement sur Youtube, en une seule écoute : http://www.youtube.com/watch?v=x6Jv_JrjJIY

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Annexes

Annexe 1 : Les sonnets accompagnant la partition

“Primavera” - Le Printemps Voici le Printemps, Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux. Et les fontaines, au souffle des zĂ©phyrs, Jaillissent en un doux murmure. Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir, Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage. Enfin, le calme revenu, les oisillons Reprennent leur chant mĂ©lodieux. Et sur le prĂ© fleuri et tendre, Au doux murmure du feuillage et des herbes, Dort le chevrier, son chien fidĂšle Ă  ses pieds. Au son festif de la musette Dansent les nymphes et les bergers, Sous le brillant firmament du printemps.

“ L’Estade” - L’EtĂ© Sous la dure saison Ă©crasĂ©e de soleil, Homme et troupeaux se languissent, et s’embrase le pin. Le coucou se fait entendre, et bientĂŽt d’une seule voix Chantent la tourterelle et le chardonneret. ZĂ©phyr souffle doucement, mais, tout Ă  coup, BorĂ©e s’agite et cherche querelle Ă  son voisin. Le pĂątre s’afflige, car il craint L’orage furieux, et son destin A ses membres las, le repos est refusĂ© : La crainte des Ă©clairs et le fier tonnerre Et l’essaim furieux des mouches et des taons. Ah, ses craintes n’étaient que trop vraies, Le ciel tonne et fulmine et la grĂȘle Coupe les tĂȘtes des Ă©pis et des tiges.

“L’Autunno” - L’Automne Par des chants et par des danses, Le paysan cĂ©lĂšbre l’heureuse rĂ©colte Et la liqueur de Bacchus Conclut la joie par le sommeil. Chacun dĂ©laisse chants et danses : L’air est lĂ©ger Ă  plaisir, Et la saison invite Au plaisir d’un doux sommeil. Le chasseur part pour la chasse Ă  l’aube, Avec les cors, les fusils et les chiens. La bĂȘte fuit, et ils la suivent Ă  la trace DĂ©jĂ  emplie de frayeur, fatiguĂ©e par le fracas des armes Et des chiens, elle tente de fuir, ExtĂ©nuĂ©e, mais meurt sous les coups.

“L’Inverno” - L’Hiver Trembler violemment dans la neige Ă©tincelante, Au souffle rude d’un vent terrible, Courir, taper des pieds Ă  tout moment Et, dans l’excessive froidure, claquer des dents ; Passer auprĂšs du feu des jours calmes et contents, Alors que la pluie, dehors, verse Ă  torrents; Marcher sur la glace, Ă  pas lents, De peur de tomber, contourner, Marcher bravement, tomber Ă  terre, Se relever sur la glace et courir vite Avant que la glace se rompe et se disloque. Sentir passer, Ă  travers la porte ferrĂ©e, Sirocco et BorĂ©e, et tous les Vents en guerre. Ainsi est l’hiver, mais, tel qu’il est, il apporte ses joies.

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Annexe 2 : IdĂ©es d’exploitations pĂ©dagogiques

En complĂ©ment des activitĂ©s proposĂ©es dans le chapitre “Musique Ă  programme ou musique descriptive ?” Arts visuels / Arts plastiques Peinture :

‱ Poussin Nicolas (1594-1665) : Le Printemps ou le Paradis terrestre, huile sur toile ; L’EtĂ© ou Ruth et Booz, huile sur toile ; L’Automne ou La grappe de raisin rapportĂ©e de la terre promise, huile sur toile ; L’Hiver ou le DĂ©luge, huile sur toile. L’ensemble des toiles sont exposĂ©es au musĂ©e du Louvre.

‱ Poussin Nicolas, L’orage, 1671, MusĂ©e des Beaux-Arts de Rouen. ‱ Boticelli, Le printemps, 1482, Florence, Galerie des Offices. ‱ Arcimboldo, Les Saisons, 1563. Copies exposĂ©es au musĂ©e du Louvre.

ƒuvres consultables dans les dossiers pĂ©dagogiques suivants : http://www.operaderouen.fr/fic_bdd/pdf_fr_fichier/4_saisons_Fiche_enseignant_13644797340.pdf http://www.orchestrenormandie.com/pdf/zephyr.pdf CinĂ©ma : La Nueva Figuracion → cycle des approfondissements et collĂšge Le cinĂ©ma argentin → collĂšge http://www.petitherge.com/article-2976239.html Sciences Les sciences et les saisons ; le changement climatique ; le ciel et la terre ; l’énergie ; le fonctionnement du vivant ; les ĂȘtres vivants dans leur environnement. Apparition du premier microscope performant : consĂ©quence sur la comprĂ©hension de la reproduction des ĂȘtres vivants. MĂ©tĂ©orologie et climatologie ; la terre ; le vivant → collĂšge Français Les saisons dans la poĂ©sie http://www.lettres-persiennes.net/themes-litteraires/saisons.php La mĂ©taphore des saisons dans la littĂ©rature http://www.gazettelitteraire.com/article-la-metaphore-des-saisons-dans-la-litterature-46997437.html Parution de Robinson CrusoĂ©, Daniel Defoe « Marelle », Julio Cortazar ; Rayuela ; BorgĂšs → collĂšge http://america-latina.blog.lemonde.fr/2013/05/10/les-cinquante-ans-de-marelle-livre-culte-de-largentin-julio-cortazar/ Mafalda Jorge Luis Borges

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GĂ©ographie : Situer l’Argentine et l’Italie Comparer les ressources, les reliefs, la taille. Comparer la carte de l’Europe du 18e avec l’Europe actuelle. Histoire : Les mythes grecs (Bacchus, ZĂ©phyr) → 6e Les bouleversements culturels et intellectuels (XVe – XVIIe siĂšcle) → 5 e Les Temps modernes ; Le temps des DĂ©couvertes et des premiers empires coloniaux, la traite des Noirs et l’esclavage → cycle des approfondissements Les LumiĂšres → cycle des approfondissements Education musicale CollĂšge :

Musique narrative/musique pure Musique et arts du langage Musique et métissage Musique, interprétation et recréation EPS Concevoir et réaliser des actions à visées expressive, artistique, esthétique. Danse : construire à plusieurs une phrase dansée (chorégraphie de 5 éléments au moins) pour exprimer corporellement des personnages, des images, des sentiments et pour communiquer des émotions, sur des supports sonores divers.

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Annexe 3 : Les thĂšmes de la musique descriptive et leurs compositeurs. - cycle des saisons : Haydn, Milhaud, TchaĂŻkovski

- orage : Beethoven, Berlioz, R. Strauss, opéras de Verdi et Wagner

- eau : Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Ravel, Liszt, Smetana, Debussy, Wagner, Poulenc

- chasse : Janequin, Vivaldi, Berlioz, Franck, caccia du XV e siĂšcle

- oiseaux : Couperin, Rameau, Vivaldi, Bach, Beethoven, Schumann, Wagner, Saint-Saëns, Messiaen

- guerre : Janequin, Beethoven, TchaĂŻkovski, nombreuses batailles XVIe et XVII e siĂšcle

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Annexe 4 : Vivaldi en quelques dates ‱ 1678 : Naissance à Venise

‱ 1703 : ordonnĂ© prĂȘtre, et surnommĂ© « il Prete Rosso »

‱ 1703 : devient « Maestro di violino » Ă  l’Ospedale della PietĂ 

‱ 1713 : reprĂ©sentation de son premier opĂ©ra Ottone in villa

‱ 1720 : Benedetto Marcello, magistrat et musicien amateur, dĂ©nonce (indirectement) la musique progressive de Vivaldi dans le livret satirique « Il teatro alla moda »

‱ 1724 : rencontre le nouveau pape Benoüt XIII, ce dernier souhaitant entendre la musique de Vivaldi

‱ 1718 : nommĂ© « Maestro di Cappella » de la cour du Prince Philippe de Hesse-Darmstadt

‱ 1741 : meurt à Vienne

Antonio Vivaldi en 6 Ɠuvres :

Gloria, RV 589, 1700 L’Estro Armonico, opus 3, 1711 La Stravaganza, 1712 Quatre saisons, opus 8, 1725 Orlando furioso, 1727 La Griselda, 1735

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Annexe 5 : Piazzolla en quelques dates

‱ 1921 : naissance en Argentine à Mar del Plata

‱ 1954 : part Ă©tudier Ă  Paris

‱ 1957 : retour en Argentine. CrĂ©ation de l’Octeto de Buenos Aires.

‱ 1960 : formation du Quinteto Nuevo Tango

‱ 1967 : collaboration avec le poĂšte Horacio Ferrer pour l'opĂ©ra Maria de Buenos Aires

‱ 1969 : succĂšs mondial de « Balada para un loco » interprĂ©tĂ© par AmĂ©lita Baltar

‱ 1971 : fonde son Noneto avec lequel il conquiert le monde

‱ 1974 : joue avec Gerry Mulligan

‱ 1979 à 1988 : renoue avec son quinteto

‱ 1992 : meurt à Buenos Aires

Astor Piazzolla en 6 Ɠuvres

PrepĂĄrense, 1952 SinfonĂ­a Buenos Aires, 1954 Adios Nonino, 1959 Muerte del Angel, 1974 Balada para un loco, 1977 Libertango, 1983

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Le concert

Svetlin Roussev

Naissance Ă  RoussĂ©, en Bulgarie, oĂč il commence l’étude du violon avec sa mĂšre.

1991 : Entre au Conservatoire National SupĂ©rieur de Musique de Paris oĂč il Ă©tudie avec GĂ©rard Poulet, Devy Erlih et Jean-Jacques Kantorow.

1994 : Premier prix de violon à l'unanimité avec les félicitations du jury ainsi que premier prix de musique de chambre ; suit le cycle de perfectionnement.

2000 : RĂ©vĂ©lation Classique de l'Adami (Midem de Cannes) et laurĂ©at de la Fondation d'Entreprise Natexis Banques Populaires ; nommĂ© violon solo de l’Orchestre d’Auvergne.

2001 : 1er Grand Prix, Prix Spécial du Public et Prix de la meilleure interprétation du Concerto de Bach au 1er Concours International de Sendaï, au Japon.

2004 : Disque d’Ɠuvres de Pantcho Vladiguerov, compositeur bulgare, avec Elena Rozanova au piano, disque unanimement saluĂ© par la critique.

2005 : Entre à l’Orchestre Philharmonique de Radio France en tant que premier violon solo.

2006 : Elu « Musicien de l’annĂ©e » en Bulgarie ; enregistre le Concerto funĂšbre de Hartmann avec l’Orchestre d’Auvergne dirigĂ© par Arie van Beek.

2007 : Reçoit la « Lyre de Cristal », distinction décernée par le ministÚre de la Culture Bulgare ; Concertmaster du Seoul Philharmonic Orchestra.

2008 : Professeur de violon au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.

2009 : Disque d’Ɠuvres de l’école franco-belge avec la pianiste Elena Rozanova puis enregistre les Sonates n° 3 de Grieg et de Medtner avec FrĂ©dĂ©ric D'Oria

Nicolas au piano.

2013 : Nommé Ambassadeur pour la candidature Capitale Européenne de la Culture 2019 de sa ville natale Roussé.

Svetlin Roussev joue le Stradivarius 1710 « Camposelice » prĂȘtĂ© par la Nippon Music Foundation.

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Nancy Huston

1953 : naissance Ă  Calgary

Enfance au Canada, Ă©tudes aux États-Unis

1973 : SĂ©jour Ă  Paris.

1980 : Soutenance de son mémoire Dire et Interdire, dirigé par Roland Barthes.

1979 : Premier essai en français, Jouer au papa et à l’amant.

1981 : Premier roman, Les Variations Goldberg

1998 : L’Empreinte de l’ange, grand prix des Lectrices de Elle

1993 : Cantiques des plaines, Prix du Gouverneur général (Canada)

1996 : Instruments des TénÚbres, Prix Goncourt des lycéens ; Prix du Livre Inter

Années 1990, 2000 : La Virevolte ; Prodige ; Une adoration ; Trois Fois septembre


2006 : Lignes de faille, prix Femina

2010 : Infrarouge

2011 : DĂ©mons quotidiens

2012 : Reflets dans un Ɠil d’homme

2013 : Danse noire

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Orchestre Philharmonique de Radio France

1937 : fondation de l'orchestre par la radiodiffusion française. 1954 : le ThĂ©Ăątre des Champs-ElysĂ©es accueille la saison de l'orchestre, dirigĂ© par Bigot, Cluytens, Dervaux, DesormiĂšres, Horenstein, Inghelbrecht, Krips, Kubelik, Leibowitz, Munch, Paray, Rosenthal, Sawallisch, Scherchen, ou les compositeurs Copland, Jolivet, Tomasi, Villa-Lobos
 1976 : refondation de l'Orchestre, permettant Ă  l'effectif de se partager simultanĂ©ment en plusieurs formations ; Gilbert Amy en est le premier directeur musical, Emmanuel Krivine le premier chef invitĂ©. 1984 : Marek Janowski prend la direction musicale de l'Orchestre. Il dirigera la TĂ©tralogie de Wagner au ThĂ©Ăątre du ChĂątelet et au ThĂ©Ăątre des Champs-ElysĂ©es, pour la premiĂšre fois Ă  Paris depuis 1957. 2000 : Myung-Whun Chung est nommĂ© directeur musical. 2001 : Pierre Boulez dirige l'Orchestre pour la premiĂšre fois. L’orchestre engage un cycle d’enregistrements pour Deutsche Grammophon. 2005 : Gustavo Dudamel et ValĂ©ry Gergiev dirigent l'Orchestre pour la premiĂšre fois. 2006 : rĂ©ouverture de la Salle Pleyel qui accueille l'Orchestre en rĂ©sidence pour 20 Ă  25 programmes par saison. DĂ©but du partenariat avec France-TĂ©lĂ©visions autour des « Clefs de l’orchestre » de Jean-François Zygel. 2007 : Les musiciens de l'Orchestre et Myung-Whun Chung sont nommĂ©s ambassadeurs de l'Unicef. 2008 : Myung-Whun Chung et l'Orchestre fĂȘtent le centenaire d'Olivier Messiaen. Esa-Pekka Salonen dirige l'orchestre pour la premiĂšre fois. 2009 : ArteLiveWeb et l’Orchestre s’associent pour diffuser un concert par mois. 2010 : l'Orchestre et Myung-Whun Chung fĂȘtent leurs dix ans de collaboration sur quatre continents.

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Des livres, disques et DVD pour mieux connaütre l’Orchestre Philharmonique de Radio France

LIVRES-DISQUES RomĂ©o et Juliette de Serge Prokofiev dirigĂ© par Myung-Whun Chung, sur un texte Ă©crit et contĂ© par ValĂ©rie de La Rochefoucauld. Editions Didier Jeunesse, livre-disque 2006, cd 2009 LĂ©o, Marie et l’orchestre une Ɠuvre originale de Philippe Hersant, dirigĂ© par Marek Janowski, sur un texte de Leigh Sauerwein et Paule du Bouchet. Editions Gallimard Jeunesse Musique, livre-dique1999, rĂ©Ă©dition 2010 L’OpĂ©ra de la lune une Ɠuvre originale de Denis Levaillant dirigĂ© par Jakub Hrusa, sur un texte de Jacques PrĂ©vert, rĂ©citĂ© par Jean Rochefort. Editions Gallimard Jeunesse Musique, livre-disque 2008 Tistou les pouces verts Conte lyrique en un acte de Henri Sauguet, d’aprĂšs l’Ɠuvre de Maurice Druon, adaptĂ© par Jean Tardieu. Orchestre Philharmonique de Radio France Maitrise de Radio France Sofi Jeannin, direction Editions Billaudot/Radio France, livre-disque 2012

DISQUES La 5e Symphonie de Beethoven, commentĂ©e et dirigĂ©e par Myung-Whun Chung Éditions Deutsche Grammophon, 2002 Piccolo, saxo et compagnie d’AndrĂ© Popp, dirigĂ© par Jakub Hrusa, un film d’animation, avec les voix de Jean-Baptiste Maunier, EugĂšne Christo-Foroux et AnaĂŻs. CD 2007 - DVD 2008

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DVD

LES CLEFS DE L’ORCHESTRE DE JEAN-FRANÇOIS ZYGEL une sĂ©rie Ă©ditĂ©e par le ScĂ©ren-CNDP (centre national de documentation pĂ©dagogique) et les Ă©ditions NaĂŻve. Symphonie n°103 de Joseph Haydn Ton Koopman, direction 2007 BolĂ©ro de Maurice Ravel Kazushi Ono, direction 2007 Concerto pour orchestre de BĂ©la BartĂłk Myung-Whun Chung, direction 2009 Symphonie n°6 « Pastorale » de Ludwig van Beethoven Paul Mc Creesh, direction 2009 Symphonie n°9 « Nouveau monde » d’Anton DvorĂĄk Myung-Whun Chung, direction 2009 Symphonie fantastique d’Hector Berlioz Myung-Whun Chung, direction 2010 Danse macabre – L’Apprenti sorcier de Camille Saint-SaĂ«ns et Paul Dukas Christian Vasquez, direction 2010 Symphonie n°8 « InachevĂ©e » de Franz Schubert Pablo Heras-Casado, direction 2011 Symphonie n°40 de Wolfgang Amadeus Mozart Ton Koopman, direction 2012

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L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky Michael Francis, direction 2013 La musique classique expliquĂ©e aux enfants (adultes tolĂ©rĂ©s) Svetlin Roussev, violon solo et direction 2008 Une production Camera Lucida, en coproduction avec Naive, France 2, France 5, Radio France et le ScĂ©ren-CNDP A paraitre Symphonie n°4 « Italienne » de Felix Mendelssohn Darrel Ang, direction Les Symphonies de Johannes Brahms Manuel Lopez-Gomez, direction RomĂ©o et Juliette de Serge Prokofiev Mikhail Tatarnikov, direction Casse-Noisette de Piotr-Ilitch TchaĂŻkovski Diego Matheuz, direction PrĂ©lude Ă  l’aprĂšs-midi d’un faune – La Mer de Claude Debussy Zian Zhang, direction

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L’Orchestre Philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung, ambassadeurs de l’Unicef

Quand les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France jouent sous la direction de Myung-Whun Chung, ils gardent le souvenir de tous les enfants qu’ils ont rencontrĂ©s au cours des missions effectuĂ©es pour l’Unicef. Ils jouent dans la lumiĂšre pour les enfants restĂ©s dans l’ombre. En Afrique, en AmĂ©rique du Sud, bientĂŽt en Asie, les musiciens vont Ă  la rencontre des enfants les plus vulnĂ©rables pour lesquels l’Unicef a mis en place des programmes oĂč l’éducation tient une grande place. Les musiciens le savent plus que quiconque, l’éducation est la condition du dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s et de l’épanouissement des hommes. En 2013, l’Unicef a menĂ© une grande campagne contre la mortalitĂ© infantile. MalgrĂ© des progrĂšs significatifs, il reste encore beaucoup Ă  faire pour lutter contre l’inacceptable ; 7 millions d’enfants de moins de cinq ans meurent encore de maladies que l’on sait aujourd’hui parfaitement Ă©viter. Cette campagne a mis en lumiĂšre le rĂŽle essentiel de l’éducation et notamment celle des petites filles qu’il faut encore encourager dans de nombreux pays. Une petite fille qui aura Ă©tĂ© Ă©duquĂ©e pourra, plus tard, Ă©viter les grossesses multiples ou prĂ©coces, et saura aussi protĂ©ger la santĂ© de ses propres enfants et les Ă©lever dans de meilleures conditions. C’est une prioritĂ© que s’est donnĂ©e l’Unicef. GrĂące Ă  la musique, un dialogue immĂ©diat et naturel s’établit avec les enfants, car chaque enfant porte avec lui un souffle, une Ă©nergie qui donne au monde un supplĂ©ment d’ĂȘtre, un supplĂ©ment d’ñme. La musique traverse le temps et l’espace, les enfants portent le monde de demain. Avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, avec Myung-Whun Chung, avec Radio France, aidons ces enfants qui sont riches de toutes les promesses.

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