onera : soufflerie de modane - avrieux (france
TRANSCRIPT
JournĂ©es Nationales de GĂ©otechnique et de GĂ©ologie de lâIngĂ©nieur â Champs-sur-Marne 2018
ONERA : Soufflerie de Modane - Avrieux (France) â Renforcement de sol en milieu gypseux
ONERA : Modane - Avrieux (France) wind tunnel â Soil reinforcement in formation containing gypsum
Bruno MAZARĂ1, Patrick Wagner2, ClĂ©ment BROUILLAT-FARGIER3, JĂ©rĂ©my VOIRON4 1 Egis SE â GĂ©otechnique, Grenoble, France 2 ONERA, Palaiseau, France 3 Spie Fondations, Cergy, France 4 Terrasol, Lyon, France
RĂSUMĂ â Le bĂątiment M1 de la soufflerie S1MA dâAvrieux subit dâimportants
tassements diffĂ©rentiels depuis sa construction du fait de son implantation dans un contexte gĂ©ologique et hydrogĂ©ologique dĂ©favorable. De la solution de confortement jusquâĂ lâordonnancement des travaux, lâensemble des techniques retenues au cours de ce projet ont pour objectif de maitriser les tassements du bĂątiment tout en maintenant son exploitation.
ABSTRACT â The M1 building of the Avrieux S1MA wind tunnel has suffered with significant differential settlements since its construction due to its location on an unfavourable geological and hydrogeological context. All implemented solutions are designed for getting under control the settlements while keeping the exploitation.
1. Introduction LâONERA (Office National dâEtudes et Recherches AĂ©rospatiales) possĂšde 12
souffleries aĂ©ronautiques dont 3 souffleries continues de trĂšs grande taille. Parmi ces derniĂšres la soufflerie S1MA de Modane Avrieux en Savoie (cf. Figure 1) est dotĂ©e dâune veine dâessai de 8 m de diamĂštre, et dâun circuit aĂ©raulique de 24 m de diamĂštre dans sa partie la plus grande. La vitesse maximale dans la veine est celle du son. Le dĂ©bit dâair dans la section dâessais est alors de 10t dâair/seconde. Cette soufflerie, alliant grandes dimensions et vitesse dâĂ©coulement Ă©levĂ©e est la plus puissante soufflerie transonique au monde. Elle a Ă©tĂ© construite prĂšs de Modane en bordure de lâArc Ă partir de 1946.
Le bùtiment M1 de la soufflerie S1MA, grand bùtiment en béton armé (structure
poteaux â poutres de grande hauteur en forme de croix, cf. Figure 2a), est fondĂ© sur des semelles de rĂ©partition reposant sur des pieux battus moulĂ©s de type Franki ou Simplex, de 400 Ă 500 mm de diamĂštre arrĂȘtĂ©s entre 6 et 10 m de profondeur dans les alluvions fluvio-glaciaires de lâArc. Le bĂątiment abrite notamment 3 chariots mobiles, constituant les veines dâessai, de 500 tonnes chacun (cf. Figure 2b), oĂč sont placĂ©es les maquettes Ă tester. Pour la rĂ©alisation dâun essai, un chariot doit ĂȘtre dĂ©placĂ© puis liĂ© par verrouillage au circuit aĂ©raulique.
1
JournĂ©es Nationales de GĂ©otechnique et de GĂ©ologie de lâIngĂ©nieur â Champs-sur-Marne 2018
Fig. 1 : Vue panoramique du centre dâAvrieux (Ă gauche le bĂątiment M1 en forme de croix)
Fig. 2a : Schéma du bùtiment M1, de la veine et des chariots (un d'entre eux positionné en veine)
Fig. 2b : Chariot veine dâessai en cours de prĂ©paration
Peu aprĂšs la construction du bĂątiment, des tassements sont apparus. Ces tassements nâont pas Ă©tĂ© suivis de façon rĂ©guliĂšres. De 1953 Ă 2009 lâamplitude des tassements a Ă©tĂ© de 37 mm ; ces derniers se sont brutalement accĂ©lĂ©rĂ©s fin 2009 (environ 15 Ă 20 mm supplĂ©mentaires en 6 mois). Ils affectent principalement la zone circonscrite en rouge sur les figures 2a et 3.
Fig. 3 : Vue en plan des fondations existante du bĂątiment M1 ; cuvette de tassement maximum
2. ProcĂ©dure de dialogue compĂ©titif Devant les difficultĂ©s rencontrĂ©es pour positionner le chariot dâessai dans lâaxe de la
veine Ă partir du dĂ©but des annĂ©es 2000, et devant la complexitĂ© Ă comprendre, diagnostiquer et proposer des solutions adĂ©quates face Ă ces dĂ©sordres, lâONERA a initiĂ© une procĂ©dure de dialogue compĂ©titif afin dâobtenir lâexpertise dâentreprises spĂ©cialistes
BĂątiment M1
BĂątiment M1 (en forme de croix)
Circuit aéraulique
Bùtiment M1 Cuvette de Tassement localisée
Circuit aéraulique
Axe veine
Axe salle de montage
Axe
sec
tion
de m
esur
e
Axe veine
Axe
sec
tion
de m
esur
e
N
2
JournĂ©es Nationales de GĂ©otechnique et de GĂ©ologie de lâIngĂ©nieur â Champs-sur-Marne 2018 du domaine et mettre en Ćuvre une solution de stabilisation du bĂątiment M1. En parallĂšle, lâONERA sâest adjoint un dâAMO gĂ©otechnique (Egis GĂ©otechnique) et un AMO structure (SGI IngĂ©nierie).
Le dialogue sâest organisĂ© en 4 phases qui se sont dĂ©roulĂ©es de 2012 Ă 2014. Lors de chaque phase, des reconnaissances spĂ©cifiques ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es afin de rĂ©pondre aux interrogations des candidats et afin dâaffiner le diagnostic. Le projet de confortement proposĂ© par lâentreprise SPIE Fondations, assistĂ©e de son BE dâingĂ©nierie gĂ©otechnique Terrasol, a finalement Ă©tĂ© retenu fin 2014 par lâONERA et ses deux AMO.
3. Reconnaissances géotechniques et diagnostic Plusieurs campagnes de reconnaissances ont été réalisées à partir de 2009 (menées
par Fondasol puis Geotec) ; elles ont consisté en la réalisation de sondages carottés, sondages destructifs avec enregistrements de paramÚtres et essais pressiométriques, sondages SPT, essais en laboratoire (identifications essentiellement). Des piézomÚtres associés à des essais de perméabilité et des essais au micromoulinet ont été réalisés pour repérer les passées les plus perméables. Ces reconnaissances ont été complétées par des panneaux électriques entre forages et des essais au cylindre électrique au droit de la zone affaissée.
On rencontre au droit de la zone affaissée du bùtiment M1 la lithologie suivante :
âą Remblais et limons de surface sur quelques mĂštres, âą Alluvions fluvio-glaciaires, sablo-graveleuses, de la vallĂ©e de lâArc prĂ©sentes
jusquâĂ environ 25 m de profondeur, âą Substratum Triasique constituĂ© de cargneules et de gypse trĂšs dĂ©comprimĂ©s (et
localement dissous), présents sur une épaisseur variable mais localement importante (plus de 25 m).
Les principales observations géologiques sont reportées sur la figure 4. à noter la
prĂ©sence dâun Ă©peron Triasique formĂ© de Quartzite (tQ) et Dolomie (tD), roches dures qui barrent la vallĂ©e en aval immĂ©diat du bĂątiment M1 (cĂŽtĂ© Nord-ouest). En amont, prĂ©sence dâun substratum Triasique formĂ© de gypse et cargneules (tG), roches tendres en partie solubles dans lâeau (zone de tassement maximum).
Fig. 4 : Carte géologique et géomorphologique simplifiée (repro. modÚle Egis Géotechnique)
Zone affaissée du bùtiment M1
Aval Amont
3
JournĂ©es Nationales de GĂ©otechnique et de GĂ©ologie de lâIngĂ©nieur â Champs-sur-Marne 2018
Le bĂątiment M1 est donc implantĂ© « Ă cheval » sur des formations quartzitiques et dolomitiques dans sa partie Ouest, et sur des cargneules et gypse plus Ă lâEst.
Les couches ont Ă©tĂ© fortement plissĂ©es et fracturĂ©es par la surrection alpine, ce qui explique quâelles sont sub-verticales dans la zone dâĂ©tude. Une faille rĂ©gionale a Ă©tĂ© cartographiĂ©e par le BRGM ; elle est sensiblement dâorientation NE - SW. Elle recoupe lâĂ©peron Triasique (tQ et tD) au Sud-Ouest de M1 et permet ainsi lâĂ©coulement des eaux profondes vers lâaval, dans lâaxe de la vallĂ©e.
Les sondages réalisés ont permis de cartographier une gouttiÚre (approfondissement
du toit des cargneules et gypse) sur un linĂ©ament sensiblement parallĂšle Ă lâaxe de la faille recensĂ©e par le BRGM, et centrĂ© sur la zone de tassement maximum constatĂ©e au droit du bĂątiment. Cette faille rĂ©gionale est Ă lâorigine de la fracturation intense des terrains. Elle canalise sur son axe de façon prĂ©fĂ©rentielle des Ă©coulements dâeaux profondes, ce qui contribue Ă accĂ©lĂ©rer la dissolution du gypse.
Du point de vue hydrogéologique, il existe deux écoulements superposés : un
écoulement peu profond transitant dans les alluvions fluvio-glaciaires et un écoulement profond transitant dans les cargneules et gypse. Ces derniers étant trÚs altérés du fait de la présence de cavités, leur perméabilité est nettement supérieure à celle des alluvions. Le niveau de ces nappes est proche de la surface et fluctue en fonction des saisons (et notamment lors de la fonte des neiges au droit du bassin versant).
Ă lâissue dâune premiĂšre planche dâessai rĂ©alisĂ©e en 2015, il a Ă©tĂ© mis en relation les
tassements constatĂ©s avec la prĂ©sence des cargneules et du gypse altĂ©rĂ©s. Ces roches sont dissoutes par les circulations dâeau souterraines : se forment alors des zones de dĂ©compression, pouvant Ă©voluer en cavitĂ©. Elles engendrent une dĂ©compression des terrains sablo-graveleux sus jacents par soutirage des particules fines. Lors de cette dĂ©compression, des effets voĂ»tes se forment dans les alluvions. Au fil de lâĂ©volution naturelle des dissolutions, ces effets voĂ»tes peuvent se rompre et provoquer ainsi une Ă©volution plus ou moins brutale des tassements comme celle qui a Ă©tĂ© constatĂ©e en 2009. Ce mĂ©canisme permet dâexpliquer les tassements constatĂ©s (localisation et Ă©volution). Câest un phĂ©nomĂšne naturel, qui sâauto entretient. Les roches une fois partiellement dissoutes favorisent les circulations dâeau profondes, ce qui accĂ©lĂšre encore le phĂ©nomĂšne de dissolution. Ce dernier, du fait de son mĂ©canisme, nâa pas de raison de sâarrĂȘter naturellement et peut conduire Ă la ruine les bĂątiments en surface.
4. Solution retenue Ă lâissue de la phase Ă©tude Lâobjectif fixĂ© par lâONERA est de limiter les tassements Ă 1 cm sur 10 ans aprĂšs
travaux, dâassurer la capacitĂ© dâexploitation en sĂ©curitĂ© au-delĂ de 50 ans, et de permettre la poursuite de lâexploitation du site lors des travaux. Sur la base du diagnostic, les travaux confortatifs ont pour premier objectif de combler les cavitĂ©s prĂ©sentes dans le gypse et de renforcer le massif de cargneule et gypse, dans le but de ralentir les dissolutions Ă venir. Dans un second temps, les charges apportĂ©es par la structure doivent ĂȘtre reportĂ©es plus en profondeur dans des terrains Ă caractĂ©ristiques mĂ©caniques amĂ©liorĂ©es.
La solution confortative proposĂ©e par lâentreprise SPIE Fondations et finalement
retenue est présentée sur les figures 5a et b, elle consiste à : ⹠Injecter les cargneules et le gypse sur 25 m de hauteur, afin de rendre le massif
plus homogĂšne (suppression des points faibles), limiter le risque dâĂ©volution des vides et crĂ©er ainsi un matelas de terrain renforcĂ©,
4
JournĂ©es Nationales de GĂ©otechnique et de GĂ©ologie de lâIngĂ©nieur â Champs-sur-Marne 2018
âą Reporter ensuite les charges du bĂątiment (reprises actuellement par les semelles et pieux existants) au toit de la couche de cargneule et gypse amĂ©liorĂ©e par les injections, par lâintermĂ©diaire de colonnes de renforcement rĂ©alisĂ©e par la technique du jet grouting.
Au prĂ©alable, la rĂ©alisation dâun radier crĂ©ant un lien mĂ©canique les diffĂ©rentes bases
de poteaux situées dans la zone de tassement est décidée dans le but de limiter le tassement différentiel entre poteaux, en particulier en phase travaux (phase apparaissant critique vis-à -vis des tassements). Des colonnes de renforcement sont également projetées sous ce radier pour améliorer sa rigidité.
Fig. 5a : Vue en plan des fondations existantes et de la solution de confortement retenue
Fig. 5b : Coupe simplifiée de la solution de confortement retenue au droit du bùti
5. Ătude dâexĂ©cution et modĂ©lisation numĂ©rique Un prĂ©dimensionnement du projet de renforcement a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© avec le logiciel
Foxta v3 selon les mĂ©thodes « classiques » dâinteraction sol / structure. Il a eu pour objectif dâestimer la gĂ©omĂ©trie, la quantitĂ© et la rĂ©partition des colonnes de renforcement sous semelles et sous radier. Un approfondissement de cette Ă©tude, par la prise en compte de lâhistorique des tassements du bĂąti et du phasage de rĂ©alisation complexe des travaux de confortement, a conduit Ă rĂ©aliser une approche aux Ă©lĂ©ments finis.
Une premiÚre modélisation simplifiée réalisée avec le logiciel Plaxis 3D 2013
prĂ©alablement au plot dâessai, a permis de figer les hypothĂšses gĂ©otechniques et mĂ©caniques Ă prendre en compte pour le projet, et de vĂ©rifier que les rĂ©sultats respectaient les objectifs admissibles retenus en termes de tassements verticaux pour les semelles existantes et en termes de contrainte moyenne dans les colonnes.
Une seconde modĂ©lisation rĂ©alisĂ©e avec le logiciel Plaxis 3D 2016 a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e Ă
lâissue du plot dâessai. Elle avait pour but dâĂ©tudier le comportement du renforcement de sol retenu (injections des alluvions, traitement des cargneules, et rĂ©alisation des colonnes en jet grouting) et dâestimer son impact en termes de tassement vis-Ă -vis de la structure Ă lâĂ©chelle globale du bĂątiment M1. Afin de reproduire le plus fidĂšlement possible le comportement global de lâouvrage, une procĂ©dure de calage itĂ©rative a Ă©tĂ© effectuĂ©e en accord avec les modĂšles « structures » menĂ©s par le BE SGI et avec lâhistorique des tassements mesurĂ©s au droit de lâouvrage.
Colonnes de renforcement
en jet sous semelle
Forage d'injection
Colonnes de renforcement
en jet sous radier
Zone de renforcement
LĂ©gende :
5
JournĂ©es Nationales de GĂ©otechnique et de GĂ©ologie de lâIngĂ©nieur â Champs-sur-Marne 2018
LâĂ©tude a nĂ©cessitĂ© la prise en compte dâune gĂ©ologie variable, en considĂ©rant la
remontĂ©e du substratum dans lâangle Nord-ouest du bĂątiment, et des variations significatives du toit et de lâĂ©paisseur des cargneules et gypse comme mis en Ă©vidence sur la figure 6. Afin de permettre lâĂ©tablissement dâun maillage aux Ă©lĂ©ments finis de bonne qualitĂ©, et de limiter les « effets de pics » occasionnĂ©s par une variation de gĂ©omĂ©trie importante, lâallure globale de la lithologie a Ă©tĂ© simplifiĂ©e Ă lâaide du logiciel de CAO Rhino 3D, en lissant les diffĂ©rents profils en surfaces curvilignes (connues sous le nom de NURBS : Non-Uniform Rational Basis Splines), et en veillant Ă maintenir un degrĂ© de prĂ©cision suffisant.
Fig. 6 : Toit des cargneules - Logiciel Surfer 12 ; Modélisation des cargneules Logiciel Plaxis 3D 2016
Un recalage prĂ©cis de la modĂ©lisation, effectuĂ© Ă partir de lâhistorique des tassements,
a permis de simuler lâallure et lâamplitude de la cuvette de tassement mesurĂ©e, et donc de reproduire le comportement gĂ©nĂ©ral du bĂątiment M1 de sa construction Ă la veille de la rĂ©alisation du radier de confortement. Ce recalage a montrĂ© que lâinfluence des cargneules serait Ă l'origine de prĂšs de 50 % des tassements observĂ©s en surface, ce qui conforte le modĂšle gĂ©otechnique retenu et lâimportance du traitement de cette formation.
A lâissue de ce recalage, le phasage global de rĂ©alisation des travaux de confortement a pu ĂȘtre ainsi modĂ©lisĂ©. Il a consistĂ© Ă reproduire par zone les diffĂ©rentes Ă©tapes clefs du projet phasĂ©es selon le degrĂ© dâurgence retenu pour la mise en Ćuvre du dispositif de confortement, et pilotĂ©es en fonction des tassements observĂ©s.
On retiendra les trois grandes Ă©tapes suivantes :
âą Injection des alluvions sur la quasi-totalitĂ© de la zone dâaffaissement, âą Traitement des cargneules et rĂ©alisation des colonnes de transfert en jet grouting
en zone prioritaire (épicentre des tassements, cf. Figure 7a), ⹠Traitement des cargneules et réalisation des colonnes en jet grouting en
périphérie de la zone prioritaire (épicentre des tassements). Mais la modélisation présentait des limites car elle ne permettait pas de reproduire
exactement le comportement des cargneules et des alluvions pendant les phases dâinjections. En effet, tout comme visible sur la figure 7b, il a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence des accĂ©lĂ©rations ponctuelles des tassements lors des phases de forage. De ce fait, les tassements estimĂ©s par la modĂ©lisation Ă©taient plus faibles que ceux mesurĂ©s.
6
JournĂ©es Nationales de GĂ©otechnique et de GĂ©ologie de lâIngĂ©nieur â Champs-sur-Marne 2018
Fig. 7a : Cuvette de tassement mesurée au droit du bùtiment M1 (oct. 17 - Logiciel Argos, Itmsol)
Fig. 7b : Courbes de tassement au droit de la zone sensible du bĂątiment M1 en fonction du temps Ainsi, lâanalyse a Ă©tĂ© Ă©tablie sur la comparaison des rĂ©sultats calculĂ©s des tassements
avec les donnĂ©es de suivi en temps rĂ©el de lâouvrage Ă la fin de la deuxiĂšme grande Ă©tape du projet : « traitement des cargneules et rĂ©alisation des colonnes de renforcement en jet grouting en zone prioritaire », ceci afin de dĂ©terminer la part de tassement non modĂ©lisable (de lâordre de 40%).
Câest donc Ă partir de cette estimation, quâil a Ă©tĂ© possible de pondĂ©rer lâamplitude des tassements estimĂ©s par la modĂ©lisation Ă lâissue de la troisiĂšme grande Ă©tape du projet, et de proposer un ordre de grandeur des tassements Ă attendre Ă la fin des travaux de confortement.
6. Planches dâessai et dĂ©marrage des travaux Trois planches dâessais successives ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es au cours de lâĂ©tĂ© 2015 et fin
2016 ; elles ont permis de mettre en Ă©vidence la complexitĂ© des travaux de forages et dâinjection et dâajuster les paramĂštres de jet grouting. Les techniques de forage et leur phasage, ainsi que les injections ont fait lâobjet de multiples tests et dâadaptation des mĂ©thodologies.
Forages & Injections La rĂ©alisation des planches dâessai dâinjections a permis de rĂ©vĂ©ler lâextrĂȘme sensibilitĂ©
du site aux tassements lors des phases de perforation. Elle a conduit à des adaptations de méthodologie et de maillage consistant essentiellement à :
âą RĂ©aliser des forages soniques (forage Ă lâair Ă©cartĂ©) de maniĂšre Ă limiter les
tassements lors de cette phase de travaux ; âą RĂ©aliser des forages dâinjections en 2 phases successives et distinctes
(traitement de la partie alluvionnaire puis approfondissement du forage Ă 50 m et traitement des cargneules), afin dâĂ©viter un phĂ©nomĂšne de soutirage des fines (type sablier) dans les alluvions lors du forage des cargneules et gypses ;
âą Mettre en Ćuvre par passes remontantes sous tubage un mortier de comblement en pression ;
âą Augmenter la densitĂ© de forages avec un maillage dâinjections passant de 3,5 m par 3,5 m Ă 2,5 m par 2,5 m.
Logiciel Argos - Itmsol
7
JournĂ©es Nationales de GĂ©otechnique et de GĂ©ologie de lâIngĂ©nieur â Champs-sur-Marne 2018 Jet grouting
Par prĂ©caution vis-Ă -vis de la trĂšs forte sensibilitĂ© du site aux tassements lors des travaux, et au regard de la nature des terrains en prĂ©sence, la technique du jet simple a Ă©tĂ© retenue. Une attention particuliĂšre est apportĂ©e Ă la rĂ©alisation des colonnes au toit des cargneules et gypse et au clavage en tĂȘte avec les fondations.
Le principe gĂ©nĂ©ral de confortement du bĂątiment tel quâenvisagĂ© en phase Ă©tudes, avec rĂ©alisation des injections prĂ©alablement Ă lâexĂ©cution des colonnes de jet grouting, reste inchangĂ©. NĂ©anmoins, plutĂŽt que de rĂ©aliser l'intĂ©gralitĂ© des injections puis ensuite les colonnes de jet grouting sur lâensemble de la zone Ă conforter, une zone prioritaire a Ă©tĂ© dĂ©finie (Ă©picentre des tassements) au droit de laquelle une phase d'injection puis une phase de jet grouting plus clavage sont exĂ©cutĂ©es. A la suite de quoi, la poursuite des travaux de confortement du bĂątiment s'effectue progressivement par zones concentriques en alternant les phases d'injections et les phases de jet grouting.
7. Dispositif de surveillance du bĂątiment Le dispositif de surveillance automatique mis en Ćuvre par lâentreprise ITMSOL,
permet de suivre les mouvements de lâordre du dixiĂšme de millimĂštre (Ă raison dâune mesure par heure), au droit de 60 poteaux Ă lâaide de 67 capteurs Ă niveau liquide reliĂ©s Ă des rĂ©servoirs de rĂ©fĂ©rence implantĂ©s en zone stable.
Ce dispositif de surveillance est complĂ©tĂ© par la mise en Ćuvre de jauges de dĂ©formations et de contraintes implantĂ©es dans les structures trĂšs sollicitĂ©es du bĂąti (poteaux et radier) et par des mesures automatisĂ©es de largeur de fissure (cadence de mesure : 1 point toutes les deux minutes).
La méthode observationnelle est appliquée sur ce chantier depuis le démarrage des
travaux, afin de sâadapter au mieux Ă lâhypersensibilitĂ© du site aux tassements, lâordonnancement du chantier Ă©tant Ă©tabli au jour le jour.
Le suivi minutieux du dispositif de surveillance a confirmĂ© lâextrĂȘme sensibilitĂ© du site
aux tassements, notamment lors de la rĂ©alisation des phases dâinjections avec des phĂ©nomĂšnes dâaccĂ©lĂ©ration des tassements lors de certaines phases de forage. Certaines dâentre-elles contribuent Ă dĂ©truire des effets voĂ»te existant dans les alluvions et Ă provoquer des augmentations brutales mais localisĂ©es des tassements. Pour limiter cet effet, le phasage et les mĂ©thodologies de travaux sont adaptĂ©s au jour le jour.
8. Conclusion Le bĂątiment M1 de la soufflerie S1MA dâAvrieux est implantĂ© dans un contexte
gĂ©ologique et hydrogĂ©ologique dĂ©favorable : prĂ©sence de cargneules et gypse altĂ©rĂ©s par les circulations dâeau souterraines et pouvant Ă©voluer en cavitĂ©s. Ces derniĂšres engendrent une dĂ©compression des terrains sablo-graveleux sus jacents par soutirage des particules fines en formant des effets voĂ»tes. Au fil de lâĂ©volution naturelle des dissolutions, ces effets voĂ»tes peuvent se rompre et occasionner des tassements diffĂ©rentiels consĂ©quents. La procĂ©dure du dialogue compĂ©titif a permis dâĂ©tudier plusieurs approches de travaux de renforcement et de retenir la solution de confortement apparue comme la plus appropriĂ©e. Elle comprend lâinjection des terrains et la mise en place de colonnes de transfert de charges en jet grouting.
Les travaux sont actuellement en cours. Lâobjectif est de poursuivre les travaux tout en
limitant Ă quelques millimĂštres les tassements Ă venir liĂ©s aux travaux. Pour cela un suivi topographique rigoureux et une adaptation au jour le jour de lâordonnancement des opĂ©rations de renforcement sont rĂ©alisĂ©s.
8