océanorama n° 1

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FONDATION SCIENTIFIQUE RICARD '"'"-"""' '-' =-" - =-" =-='-=-= =-= =-= - - OBSERVATOIRE 1 - - DE LA MER .......... =-= =-,,--" - -- == = = Bulletin - 1 - 1974 ILE DES EMBIEZ- VAR- FRANCE

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  • FONDATION SCIENTIFIQUE RICARD '"'"-"""' '-' =-,,'-~ =-" - =-" =-='-=-= ~""-"~'-=-" =-= =-= ~ - -~ OBSERVATOIRE 1 - -~= 2~ DE LA MER -;~ .......... =-= =-,,--" ~ - --== = =~ = Bulletin

    -:::::::::~ :=:.~:::::~:=:.~:=:.:::::::~ :=:.~:::::;:::::::~~~::::::::;:::~ N 1 - 1974 ILE DES EMBIEZ- VAR- FRANCE

  • FONDATION SCIENTIFIQUE RICARD OBSERVATOIRE DE LA MER

    Association loi de 1901

    Ile des Embiez - Le Brusc 83140 Six-Fours-La-Plage

    France

    La priorit des priorits . .... . .. . . .. . .. . .... .. . . . . ... . ... . ..... . .... . 1 Qu'est-ce que l'Observatoire de la mer? .. . .. .... . . . .. . . ......... . ... . 2 Entreprise et environnement, par Mario Lembo . . . ... . . . ..... .. .. . .... .. 4 Pour une reconqute de la nature, par Henry Guillard . .. .. .. . . . . ... .. .. . 6 La Mditerrane qui meurt,

    quelques questions Alain Bombard 8 Les hydrocarbures:

    comment s'en dbarrasser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 12 Lutte contre la pollution :

    Confrences et colloques se multiplient 15 Quelques bulles l'Observatoire de la mer,

    par le Pr Jacques Chouteau . .. . . .. .... ... .... . . .. . . ... ... ...... .. 16 Les Embiez . . . . .. .. . .. . . . . . .. .. . . ..... ..... . . .. .. . . .. ..... ... .. .... 18 Les aquariums de l'Observatoire de la' mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Fiches biologiques sur la murne, le spirographe et la langouste . . . . . . . . . . 24 La lagune du Brusc, par le Pr Nardo Vicente . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Petite introduction l'aquariologie, par le Dr Roger Rothley . . . . . . . . . . . . . . 43 Ma langouste, par le Dr Chlupaty . . . .... . . .. . ........... . . . . . . . .. .. .. . 45 Les fcheuses consquences d'une piqre, par le Dr Chlupaty . . . . . . . . . . . 46 Tribune libre : Les posidonies ... et la pollution, par Georges Cooper ..... . 48 Pollution et vgtaux aquatiques, par Pierre Escoubet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 La culture exprimentale de mollusques bivalves, sujet d'une thse pr-

    pare l'Observatoire de la mer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 L'homme survivra-t-il sa civilisation? Prsentation du nouveau livre d'Alain

    Bombard .. . .. . ... . .. . ... .... .. ... . .... . . .... . ... . . . . . . .. ...... 53 Grce l'exprience d'Alain Bombard, les naufrags survivent '" . . . . . . . . 54 La mer, garde-manger ou poubelle? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 La vie de l'Observatoire de la mer .. .. .... . . . . . . . . .. . ..... .... .... ... . 56

    Comit scientifique : Docteur Alain Bombard Professeur Jacques Chouteau Docteur Roger Rothley Professeur Nardo Vicente

    COMIT DE RDA C TION

    Comit t~chnique : M. Henry Gu illard Mme Colette Bonnenfant Mme Michle Preleur M. Robert Miard M. Andr Sgui

    Directeur de la Publication: M. Henry Gu illard

    Les manuscrits adresstJs au ComittJ de RtJ-daction, instJrtJs ou non, ne seront pas retourn~s aux auteurs.

  • --- ------------------------------------------------------------------------------------~

    LA PRIORIT DES PRIORITS

    Voici le premier numro du Bulletin de l'Obser-vatoire de la mer. Il vient s'ajouter la trs longue liste des revues et publications qui paraissent dj sur les sujets les plus divers. Pour modeste qu'il soit, il a cependant son rle jouer. De nos jours, de mme que le chercheur isol est vou l'im-puissance, l'information et la communication sont indispensables la vie de notre socit. Le pr-sent bulletin est l'antenne, le priscope serait-on tent d'crire, de l'Observatoire de la mer.

    Cette association a t cre l'le des Embiez (Var), le 23 mai 1966, l'initiative de M. Paul Ricard. Elle est anime par Alain Bombard et plu-sieurs biologistes et spcialistes. Sa mission prin-cipale est prcise dans ses statuts : Il Etudier la mer dans toutes les formes de sa nature et de sa vie propre, avec sa faune et sa flore; susciter et dvelopper toutes recherches sur ces problmes, notamment l'tude de la pollution des eaux et des moyens de lutte contre ce flau ".

    Ces buts ont t, ds l'origine, mis en pratique. Des laboratoires mettent leurs installations la disposition de chercheurs. Ainsi, des professeurs de la facult des sciences de Marseille, en parti-culier, y travaillent. Ils guident et conseillent les tudiants qui poursuivent des travaux l'Observa-toire, prparant chacun un doctorat de spcialit (biologie applique). Des aquariums fonctionnent en circuit ouvert. Ils ont une autre particularit : les nombreuses espces de poissons et de crus-tacs qui y sont tudis appartiennent toutes la faune mditerranenne. Ce sont celles qu'un plongeur expriment peut dcouvrir dans ses explorations sous-marines en Mditerrane. D'au-tre part, la lagune du Brusc offre d'excellentes possibilits pour les recherches sur la flore et la faune marines.

    Chacun parat, aujourd'hui, conscient du pril trs grave que la pollution, sous ses diverses for-mes, fait courir l'avenir mme de l'humanit. Les cris d'alarme ne manquent pas, lancs quoti-diennement par les savants, les collectivits loca-les, les responsables d'associations de protection,

    et bien d'autres. Ils ne suffisent pas faire pren-dre et appliquer, au niveau des gouvernements, toutes les mesures indispensables la sauve-garde de la nature en gnral, des eaux et de la mer en particulier.

    Les responsables de ce_bulletin ont le dsir d'en faire un organe de liaison entre ceux qu'in-quitent les progrs dramatiques de la pollution marine et ceux qui s'intressent la recherche des solutions. Bien souvent, ils ne savent pas ce que font les autres, tous les autres : les savants, les tats, les parlementaires ...

    Chaque jour apporte l'homme de la rue un surcrot de tristesse et d'angoisse: des accidents comme celui du Torrey Canyon, l'agonie de mouettes tout englues de mazout, l'chouage de dizaines de ctacs arrivent crer une vri-table psychose, car ils prfigurent sans quivoque la catastrophe plantaire. Puis, entre deux cam-pagnes de presse, le silence retombe. L'oubli s'installe. L'homme de la rue ne sait pas, ou si peu, ou si mal, quelles sont les recherches entre-prises pour lutter contre ce flau, quelles sont les ralisations nationales ou locales.

    A l'le des Embiez, les visiteurs viennent chaque jour plus nombreux. Parmi eux, beaucoup d'co-liers, de lycens et d'tudiants. Chaque fois qu'il leur est possible, les chercheurs les rejoignent et rpondent leurs questions. Ce bulletin doit per-mettre la poursuite de ce dialogue enrichissant pour tous. Il apportera au public des informations sur les personnes qui travaillent l'Observatoire de la mer, et les rsultats obtenus. En change, ses responsables souhaitent que les lecteurs leur crivent pour faire part de leurs satisfactions et insatisfactions, de ce qu'ils dsirent.

    Au-del de ce dialogue, les lecteurs apporte-ront ainsi leur soutien l'action des chercheurs. Ils participeront, en quelque sorte, moralement - et, en un tel domaine, c'est souvent primor-dial - une uvre de longue haleine qui, ds maintenant, devrait recevoir la priorit des prio-rits.

  • Qu'est-ce que ----=-----

    Des personnalits, dont les quali-ts techniques, scientifiques et d 'or-ganisation sont affirmes, composent le conseil d'administration de l'Ob-servatoire de la mer, association-loi de 1901 .

    La direction active en a t confie, en 1971, par son fondateur , M. Paul Ricard, M. Henry Guillard, juriste, secrtaire gnral de la so-cit Ricard, qui assure galement la prsidence de l'association.

    Alain Bombard anime l 'Observa-toire de la mer avec le concours de chercheurs et de techniciens et le reprsente en participant des congrs et des colloques, en Fran-ce et l'tranger.

    Le comit scientifique est dirig par M. Jacques Chouteau , professeur de physiologie animale la facult des sciences de Marseille, vice-pr-sident, et M. Nardo Vicente, profes-seur de biologie marine la mme facult .

    M. le docteur Roger Rothley, sp-cialiste en aquariologie, et M. Marcel Rousseau, chef de centre de la Spi-rotechnique l'le des Embiez, ap-portent galement leur contribution , chacun dans le cadre de leurs connaissances particulires.

    Dans l'le des Embiez, l 'ancien Fort Saint-Pierre a t amnag pour permettre d'y installer l'Observatoire de la mer. Celui-ci , ouvert au public , comprend : des laboratoires, des aquariums, une bibliothque, un mu-se et une salle de confrences.

    L'ORIENTATION SCIENTIFIQUE

    Trois chercheurs, du service du professeur Vicente, la facult des sciences de Marseille, travaillent

    rgulirement depuis septembre 1972 l'Observatoire de la mer.

    Leurs sujets de recherches portent sur la culture des coquillages comes-tibles, pour laquelle la lagune du Brusc et la zone marine des Embiez reprsentent un milieu favorable. Ils touchent galement les conditions de nourriture des poissons du littoral et, d'une manire gnrale, les effets de la pollution sur l'levage et la culture de ces animaux. Au mois de jan-vier 1974, ils ont prsent une thse de doctorat de spcialit (biologie applique). Le jury leur a dcern la mention trs honorable ". Cette thse fera l'objet d'une publication sous l'gide de l'Observatoire de la mer.

    L'Observatoire de la mer est ouvert aux industriels qui peuvent faire exprimenter leurs produits nou-veaux afin d'en dterminer la nocivit ou l'innocuit. De mme, dans les laboratoires, du matriel scientifique est mis la disposition des stagiaires. Il permet aux tudiants et aux jeunes chercheurs de travailler dans diver-ses disciplines, telles que la bact-riologie ou la biologie marine. Des instllations sont prvues pour des tudes dans le domaine de la micro-biologie et de l'ocanographie phy-sique et chimique.

    MISSIONS SCIENTIFIQUES

    ET DE VULGARISATION Confrences:

    Alain Bombard, dlgu gnral de l'Observatoire de la mer, participe des congrs et des colloques sur l'cologie, la pollution et la survie en mer. En 1972, il a reprsent l'as-sociation en Afrique, en Italie, en Sude, et il a donn de nombreuses

    confrences travers la France : Angoulme, Auch , Bordeaux, Digne, Limoges, Lyon, Marseille, Nice, etc. En 1973, il a particip des col-loques, Bastia, notamment, au congrs postuniversitaire mdical de Marseille, etc. Un colloque d 'colo-gistes s'est runi l'Observatoire (mai 1973). Ouverture de l'Observatoire au public:

    Environ 50000 visiteurs sont reus dans l'anne (parfois plus de 500 personnes par jour au cours de l't : touristes franais et trangers, grou-pes de jeunes, etc.).

    De nombreux lves sont accueillis , appartenant tant aux tablissements primaires que secondaires. Parmi les coles, lyces, C.E.S. et C.E.T., citons ceux de Marseille, Genve, Carpen-tras , ainsi , bien sr, que ceux de la rgion: Toulon , La Ciotat , La Seyne, Saint-Mandrier, Ollioules, Six-Fours, etc.

    Aquariums:

    Installs en 1972, ces aquariums fonctionnent en circuit ouvert, c 'est--dire qu 'ils sont aliments en per-manence avec de l'eau pompe directement dans la mer. Peupls de prs d 'une centaine d 'espces essentiellement mditerranennes, ils permettent de suivre ce qu 'a t l'volution animale, des Invertbrs aux Vertbrs.

    La bibliothque: Elle comprend 400 ouvrages mis

    la disposition de ceux qui s'int-ressent la navigation, l'explora-tion sous-marine, l'cologie, l'aquaculture et la mariculture. II est aussi possible de consulter un grand nombre de revues, soit trs techniques, soit de vulgarisation,

  • Alain Bombard. dlgu gnral Plus de ving t ans de combat ...

    Le muse 6 000 lves et tudiants en 1973.

    Runion de travail du Conseil d 'administration.

    ainsi que des cartes des fonds marins.

    Muse: Le muse de l'Observatoire

    contient une grande diversit d'chantillons et s'enrichit sans cesse de nouvelles pices.

    Que peut-on y voir? Des specimens de Mollusques

    Cphalopodes : poulpes, calmars, seiches . Une vitrine est consacre diverses ponges. Une autre contient des gorgones jaunes , rouges ou vio-laces , du corail , des madrpores d 'un blanc tincelant. On admirera de gros coquillages des mers tropi-cales , aux couleurs tendres et aux formes lgantes , des porcelaines au vernis extraordinairement brillant, des cnes multiples et venimeux , le joli Rocher royal " et le " Peigne de Vnus . Il faut s'attarder aussi devant les vitrines des poissons fos-siles, des crnes de mammifres marins , des crustacs, sans parler de ces oursins aux piquants dme-su rs ...

    Une autre salle contient des tor-tues, des oiseaux de mer, des pois-sons naturaliss : requins de diff-rentes espces , raies , balistes ... Mais il serait fastidieux de dresser la liste de tous ces tres qui peuplent la mer et dont formes et couleurs mon-trent qu 'il ne reste plus grand chose inventer l 'homme, en ce domaine.

    Si , aujourd 'hui , une question vitale se pose notre monde, c 'est bien celle de la pollution. Or, la pollution des eaux a attein.1 . un tel degr que des milliers de poissons meurent chaque jour en divers points du globe, que des espces sont en voie de disparition (les thons, les anchois en Mditerrane, par exemple) , que des hommes perdent la vie ou voient leur sant gravement dtriore pour avoir consomm du poisson conta-min (au Japon) .

    Toutes les nergies doivent tre mobilises pour faire prendre cons-cience aux nations et leurs respon-sables du danger qui nous menace tous. Il faut aussi trouver des solu-tions. Depuis sept ans, l'Observatoire de la mer et ses animateurs uvrent dans ce sens.

  • ENTREPRISE ET

    ENVIRONNEMENT M.LEMBO

    Prsident Directeur Gnral de la Socit Ricard

    Fiche signaltique : 63 ans, mari, deux filles et d eux petits-fils . Bril-lant lve de l'Ecole suprieure d e commerce de Marseille. Spcialist e des questions conomiques et finan-cir es . Prsident - Direct eur gn ral de la socit Ricard. E galement P.D.G. d e la socit du Calv ados Busn el, P ont-l'Ev que, d e la soci-t Richard, Ch ambry, et des Eta-blissements vinicoles champenois, R eims.

    Tel est, synthtis l 'extrm e, le portrait d ' un homme qui a la res-ponsabilit d e diriger d es entreprises dont le chiffre d'affaires dpasse l milliard de francs lourds.

    Cet homme ne correspond pas l'image qu'il donne . Grand, massif presque, il ne se d partit jamais d'une srnit que l 'on pourrait qua-lifier d'orientale. C'est pourtant un authentique Latin. Sous une appa-rence froide et svre, il cache un caract re trs humain,.mieux m me, une grande gnrosit de cur. Il possde cette vertu rare de savoir couter. Calculateur m thodique, c'est pourtant un passionn, comme tout bon m diterran en. Passionn, il l'est effectivem ent: pour les siens, pour le football... et pour la n ature . Il aime les prom enades dans la cam-pagne au p etit matin et la contem-plation de toutes les formes de la vie naturelle . Il veille jalousement sur son vignoble d es coteaux du Lubron. Ses fonction s actuelles, si elles l' ap-p ellent de frquents d placements, n'ont pu l' arracher la t erre de Provence . Comment s'tonner, ds lors, qu'il ait t enu p er sonnellement adhrer au W orld Wild Life Fund et qu'il apporte le concours prcieux de l'entreprise qu' il anime la Fon-dation scientifique Ricard.

    \.. ~

    Le devoir d 'une entreprise privee est d 'tre au service du public. Cet axiome du crateur de la socit Ricard se vrifie chaque jour davan-tage. Il correspond une heureuse volution des ides : la philosophie

    par Mario LEMBO

    voluent. Pour employer un mot la mode, ils doivent se soucier de l'en-vironnement , ce terme tant utilis dans son sens le plus large.

    Depuis des millnaires, l'homme saccage la terre qui le nourrit , les

    M . Mario Lembo. prsident-directeur gnral de la socit Ricard. ( droite) en compagnie du prince Bernhard des Pays-Bas. prsident de la World Wild Life Fund.

    conomique et sociale s'est sensible-ment modifie depuis une trentaine d 'annes . Auparayant , l'entreprise s'enfermait dans un monde o la rmunration de ses actionnaires constituait la seule finalit .

    Un tel raisonnement, valable seu-lement court terme, n'a plus sa place aujourd'hui . Chefs d 'entrepri -se et dirigeants soucieux du devenir de leur industrie ont compris qu ' ils ne peuvent plus implanter leurs usi-nes o bon leur semble en se proc-cupant seulement de leurs propres intrts immdiats. Ils doivent tenir compte du contexte politique, cono-mique, social, humain dans lequel ils

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    forts qui lui procurent l'oxygne, l'eau et l 'air indispensables son existence. Le rythme de destruction s'acclre une vitesse gomtrique telle que nous assistons enfin une prise de conscience universelle. C'est un premier point positif. Beau-coup de temps, d 'nerg ie, de volont - d'argent, bien sr - seront n-cessaires pour stopper cette dgra-dation d 'abord , reconstituer le patri-moine nourricier ensuite. Mais, dj, des mesures concrtes sont prises qui prfigurent l'aurore d'un redres-sement.

    *

    * *

  • Pour sa part, la socit Ricard - ds sa cration - a t amene tout naturellement mettre une grande partie de ses moyens et de ses activits au service de la collec-tivit. Jouant fond la carte de la dcentralisation (hors de Paris) et de la dconcentration (hors des villes), elle a implant ses centres de pro-duction proximit des grandes mtropoles rgionales . Elle les a voulus clairs , lumineux, ars, entou-rs de pelouses, de jardins et d 'u-vres d 'a rt. Elle en a fait des centres d 'accueil , de rencontres et d'chan-ges, o sont organiss des conf-rences, des expositions, des smi-naires. Ce sont des forums des temps modernes.

    Par les conditions de travail -qu'il s'agisse de l'amnagement des locaux ou du climat gnral - elle traduit galement sa volont de favo-riser l'panouissement de l'individu, n'oubliant pas qu 'il passe la majeure partie de son temps dans son cadre de travail.

    Consciente aussi du fait que l'en-treprise actuelle doit se substituer aux grands mcnes privs d'autre-fois , la socit Ricard mne une action philanthropique qui recouvre les secteurs des arts et des sciences. Ce n'est pas le lieu de s'tendre ici sur les multiples initiatives et sur les ralisations de la Fondation Paul Ricard : galer ie d'art, expositions , confrences, concerts, festivals d 'art dramatique et de posie, prix de sculpture, rencontres-dbats, etc ., constituent dj un impressionnant bilan .

    Sur le plan de la dfense de la nature et de la lutte contre les nui-sances - domaine qui nous int-resse particulirement dans ce bul-letin - notre entreprise n'a pas mnag, non plus, ses efforts . Par l'information du public, d 'abord . Arti-cles de presse, publications diverses, confrences, projections de films, visites guides, cration de muses et d'aquariums, elle contribue une meilleure connaissance des probl-mes de l'environnement.

    Par ses ralisations , elle montre l'exemple et suscite l'mulation. Faut-il rappeler les initiatives de M. Paul Ricard en matire de lutte contre les incendies de fort: am-nagement de l'le des Embiez, cra-tion de lacs collinaires, quipement de l'arodrome du Castellet pour le ravitaillement en eau des Canadairs?

    Dans le domaine de l'urbanisme, elle a construit des immeubles dans des sites ombrags, dcors de sta-tues, parmi la verdure et les fleurs , montrant qu'il existait d'autres solu-

    Pour la joie de vivre, des logements clairs, dans un cadre naturel.

    tions au logement des hommes que leur entassement dans des cits inhumaines, vritables forts de bton .

    Sur un plan beaucoup plus large, elle a tenu apporter son soutien la World Wild Life Fund. Cette fon-dation , prside par le prince Bern-hard des Pays-Bas, s'est donn pour tche la protection et la conservation de la nature sous toutes ses formes: faune, flore, paysages, sol et eau . Fonde en 1961 , la W'w.L.F. a rparti plus de 10 millions de dollars dans le monde entier. Notre plante parat bien tre la seule o la vie se soit dveloppe, la seule qui soit habita-ble. Nous n'en avons pas de re-change. C'est donc l'chelle mon-

    diale qu 'i l faut protger la vie dans toutes ses manifestations. Nous souhaitons que de nombreuses en-treprises, comme la ntre, participent ce vaste mouvement de solidarit .

    *

    * *

    Ce tableau, bien que trs incom-plet, montre le sens profond de la mission que s'est assigne la socit Ricard .. Une entreprise moderne ne peut pas se contenter de s'enfermer dans la forteresse des positions acquises. Elle se doit de vivre dans le sicle. Les possibilits d 'agir ne manquent pas. Le soutien que nous apportons l'Observatoire de la mer constitue l'une de ces actions.

    Des tablissements qui s 'intgrent parfaitement dans le paysage qu'ils respectent.

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  • POURUNE par Henry GUILLARD RECONQ!!TE DE LA NATURE

    Depuis plus de dix ans, M. Paul Ricard dnonce le pril : L'eau comme l'air sont envahis, agresss .

    C'est se ulement en 1971 que le ministre de l'Environnement a t cr. Il se trouve en face d'une tche immense .

    Avec tous ceux qui se sont alar -ms, nous nous rjouissons d'avoir vu natre de trs nombreuses actions contre les nuisances et toutes les pol-lutions. Il faut voir et observer, r-

    flchir et juger, dcider et agir. Il est grand temps. Sinon, nous entre-rons de plus en plus dans la mort. C'est dj actuellement Le Prin-temps silencieux dcrit par Rachel Carlson dans son ouvrage si inqui-tant.

    Pour l'Observatoire de la mer, ses recherches soutiennent la lutte sp-cialement contre la pollution de la mer.

    Le ministre de l'Environnement, M. Robert Poujade, a rcemment

    HENRY GUILLARD Prsident de l'Observatoire de la mer

    N en 1910 Lyon. Il poursuit dans cette ville ses tudes secondai-res et suprieures. Il choisit le bar-reau et devient avocat la Cour d'appel. Reu au concours de la magistrature, il prfre donner sa vie une autre orientation.

    En 1938, Paris, il collabore l'organisation professionnelle patro-nale de l'htellerie. C'est ainsi qu' la Libration, il participe trs active-ment la constitution de la puissante Fdration nationale de l'industrie htelire (F.N.I.H.). Celle-ci re-groupe alors les syndicats des hte-liers, des restaurateurs et des cafe-tiers. Jusqu'en 1952, il en sera le secrtaire gnral.

    Efficace, tmoignant de beaucoup de curiosit et d'ouverture d'esprit, M. Guillard tient la routine pour un dfaut majeur. Est-ce pour cette rai-

    son qu'il dcide de choisir, une nou-velle fois, une autre voie? ne voie qui lui permettra de mettre en uvre son exprience professionnelle et hu-maine et d'accrotre ses propres connaissances.

    Son champ d'action va se situer au sein de la socit Ricard dont le sige social, cette poque, se trouve Marseille, ainsi que tous les services centraux. Depuis 1952, il Y dirige le secrtariat gnral. La fonction est sa mesure. Il apporte ses comptences techniques, son nergie, sa force de caractre et sa capacit de travail exceptionnelle. Tout naturellement, des dpartements et des services trs diffrents sont placs sous son auto-rit.

    Entre autres, M. Guillard oriente et dirige l'volution des affaires contentieuses et juridiques, ser.vice qui prsente une large diversit en raison de la multiplicit des activits de l'entreprise et de ses filiales, la dfense professionnelle, les rela-tions publiques, les publications.

    Ses qualits d'animateur l'ont galement fait dsigner pour appor-ter son concours diffrentes rali-sations ou associations, en particulier pour assumer la prsidence de l'Ob-servatoire de la mer. Selon les objec-tifs fixs, il en organise l'activit et en dirige l'administration, en liaison avec le dlgu gnral, Alain Bom-bard, et les membres du comit scien-tifique, dcidant avec eux des orien-tations de l'association.

    6

    dclar : Le Rhne charrie cha-que jour 20 tonnes d 'hydrocarbures dans la mer . Il ne visait que la pollution tellurique, c'est--dire d'origine terrestre. Il faut penser tout aussi intensment aux dbal-lastages d es ptroliers en mer avec les mar~es noires qu'ils engendrent.

    Comme l'a dit Alain Bombard :

    La mer n'est pas une poubelle. Si des mesures nergiques ne sont pas prises sans dlai, dans dix ans la Mditerrane sera une mer morte . (Il faudra aussi ouvrir le dossier des missaires en mer qui ne sont qu'une solution trompeuse. La pollution en mer n'est pas supprime, elle est simplement porte un peu plus loin ! ... )

    L'Observatoire de la mer s'est engag dans une vaste propagande auprs du public, particulirement des enfants des coles et des colo-nies de vacances. Hlas, tout indi-vidu est (ou peut tre) un pol-lueur ! ... Il faut rendre chacun atten-tif. A tout instant . Quand la France sera-t-elle propre? C'est une forme de civisme. Elle doit tre inculque chaque Franais. Que chacun s'y emploie. A tous les niveaux.

    Ce bulletin prsente ce que nous avons commenc. Pour continuer et mener bonne fin notre action, nous comptons sur tous ceux qui se sont groups autour de l'Observatoire de la mer. Nous sommes persuads de pouvoir compter sur eux et sur d'au-tres encore. Sur leur collaboration, leur assistance matrielle, leur sou-tien moral.

    L'uvre entreprise n'existerait pas sans les initiatives et les efforts qui l'ont cre, sans les concours qui l'animent.

    Merci .. .

    ... M. Paul Ricard qui, parmi tant d'autres ralisations, a dcid la cration de l'Observatoire de la mer.

    ... la socit Ricard, grce laquelle se trouve assur l'essentiel

  • PAUL RICARD On connat u n p eu le promoteur

    de l'industrie des loisirs, mal l'ar-t iste qui sommeille en lui, trs bien le chef d 'entreprise, vaguem ent l 'le-veur et le r iziculteur, pas du tout l 'h omme de la m er. C'est de celui-ci que nou s voudrions v ous parler. Il est n en 1909, Marseille, n on pas sou s le signe du Poisson mais du Cancer , qui est aussi un sign e d 'eau.

    P our la mer , il prou ve la fois de la r econnaissance, du r esp ect, de l 'ad m irat ion.

    D e la r econn aissance car, tout j eu n e, alor s que l'on ignorait l' usage des an t ibio tiques, il fut gu ri de glan-des ly mphatiques par un t raitem ent hlio-marin. Ce fait eut une autre consquence. Ne p ouvant a ller l ' cole, il recevait des leons parti-culir es. Il apprit que le prix d 'une h eure de ces leons quiv alait au salaire journalier d 'un ouvrier. Il ne l'oublia jamais. Devenu patron, il r esta sur le plan social touj ours en av ance sur son t emps.

    Le r esp ect , c'est celui du marin, du n av igateur . Il a bourlingu dans tous les p orts d e la Mditerrane, du B osph ore T anger. Il en connat t outes les sductions mais aussi les brusques colr es . Il sait qu'elle p eut tre l ' amie, l'allie, mais que jamais elle n e ser a dompte.

    L a m er est aussi une discipline .

    des ressources qu i nous sont indis-pensables.

    C'est par cette forme de m ece-nat (*) encore peu pratique en France que les entreprises prives peuvent apporter un concours effi-cace la sauvegarde de l 'intrt public . A l'origine, ce mcnat tait p lus gnralement t ourn vers les Beaux -Arts (par exemple, monu-ments hist oriques). Le mouvement Se dessine qui le voit s' intresser l'environnement. C'est bien une

    E lle forme les corps et t r empe les caractres . Elle r vle les gr ands ca-pitaines, les d couvreurs, les explo-rateurs. Paul Ricard a pour elle l 'admiration du disciple pour le m atre .

    E t aussi une passion. Mais, la p assion , a se constate, a ne s'ex-plique pas.

    L a m er , c' est encore son r efuge. S' il prouve le b esoin, parfois, de s'isoler sur son b ateau, le " Garla-b an " , ce n 'est pas pour fuir les h ommes, m ais p our mieux p en ser eux, p our rfl chir. Il aime d ' ailleurs comparer le rle du ch ef d ' entreprise celui d 'un commandant d e bord qui s'in forme de l ' tat d e la m er , de la for ce du vent, de la prsen ce d ' iceb ergs, d e la cargaison, de l 'qui-p age, qui en confre avec son tat-major mais qui, finalem ent, prend seulles dcisions.

    Si l'on ignore son attachement aux choses de la mer, on ne peut pas comprendre la personnalit de Paul Ricard.

    Cet attach em ent explique la " cr-ation " des les de Bendor e t des Embiez, des ports, des clubs de voile, des grandes manifestations nautiques.

    Il a pour finalit l'Observatoire de la mer dont il con stitue la raison n-cessaire et suffisante.

    action d ' intrt gnral au sens de la r glementation en vigueur.

    '" tous ceux qui ont ver s des contributions. Car des chefs d 'en -treprise, qui ont pris conscience des dangers de la pollution et de notre action, nous ont apport leur aide finan cire.

    .. . tous ceux qui, spontanment, ont donn leur adhsion notr e association. Leur par ticipation est un encouragement. Ils tmoignent

    nos yeux que nou s sommes dans la bonne voie .

    ... tous les visiteurs venus de toutes les rgions de France et m m e de l ' tranger. Ils ont prou v l'int-rt qu'ils portent nos activits et nous l'ont souvent dclar.

    A ce propos, rappelons que le produit des entres, dans son int-gralit , est consacr l ' acquisition de matriel scientifique .

    ... notre Dlgu gnral, Alain Bombard, qu 'il n 'est pas b esoin de prsenter . Son efficacit, comme sa notorit, donne notre action toute sa p lnitude , spcialement au-prs de l 'opinion publique.

    ... aux scientifiques et techni-ciens, le Pr Chouteau, le Pr Vicente, le Dr Rothley, M. Rousseau, avec leurs assist ants, qui con stituent une quipe solide et d voue. Ils on t entrepris des trav aux qu' ils pour -suivent avec patience et opinitret .

    . .. tous ce ux aussi qui, tous les chelom, participent au bon fonctionn em ent de nos ac tivits, et de fa ons les plus diverses . Certains j ours, ils ont accu eill i, guid, in-form p lusieurs m illier s de visiteurs.

    L ' eau , comme l'air , qui tait abondante et gratuite, est dev enue rare et ch re. Dans ces lments essentiels, notre existence est m ena-ce en elle-mme : notre survie d-pend de l'effi cacit de toutes les a ctions contre toutes les pollutions, de la rapidit dans l'ex cution des mesures qui so nt ou seront dcides .

    Pour notre part, de toutes nos forces, nous entendons apporter notre contribution la r econqute de la salubr it, ind isp e nsable l'homme p our sa vie, et indispen -sable la p ense .

    Les dous e t subventions pt> uvc nt t re trs rguli re ment d d ui ts des bn fi ces i nd u s tri e ls e t co mme rciaux imposables en vertu de l'art. 238 bi s d u Code G nra l d es I mpts, daus la lim ite du u u po ur mille d u chi ffre d ' affai res, q u and les ve rsements so nt effect us a u profit d ' uvres ou d'o rga ni s-mes d ' in t r t gn ra l d e ca rac t re phila n-th ropiq u e, ducati f, scienti fiqu e, socia l o u familial. Ces co ndi t io ns sont remplies par l'Obser-vatoi re de la m er q u i u 'est pa s une en tre-pr ise comm ercia le ou ind u st rie lle . Les particul ie rs pe uveut gale men t dd u ire . dans la limite de 0,50 % d e le u r reven u imposab le, les dons lorsqu e le u rs verse-me nts s'adressent ces u vres ou o rgani s-mes.

  • LA POLLUTION DES MERS CONSTITUE ASSU-REMENT L'UN DES PROBLEMES LES PLUS GRA-VES POSES A L'HOMME DE NOTRE TEMPS. ELLE HYPOTHEQUE TRES LOURDEMENT ET DRAMA-TIQUEMENT SON AVENIR. NOUS AVONS INTER-ROGE LE DOCTEUR ALAIN BOMBARD SUR LA SITUATION ACTUELLE DE LA MEDITERRANEE ET SUR SON EVOLUTION FUTURE. VOICI SES REPONSES.

    ON LE VERRA, IL N'EST QUE TEMPS, POUR LES NATIONS, DE S'UNIR DANS LA LUTTE CONTRE LA POLLUTION DES MERS. DE LA RAPIDITE DES DECISIONS, DE L'EFFICACITE DE CETTE LUTTE DEPEND LA SURVIE DE L'HUMANITE.

    fait qu'il n'y ait pas de mare sup-prime une purification par dispersion de l 'eau de mer: Si, par malheur, un jour, un gros ptrolier est bris en Mditerrane, la cte peut tre pol-lue pour vingt ans. Enfin, il n'y a pas de courants permanents impor-tants. Aucun courant constant ne peut entraner les pollutions.

    Combien de temps cela pren-drait-il, en Mditerrane, pour renouveler son eau entire-ment par le dtroit de Gibral-tar?

    A. B. : Le temps que mettrait une certaine quantit d'eau pour se re-nouveler entirement est un pro-

    LA MEDITERRA SIMPLES QUESTIONS, SIMPLES REPONSES

    On a beaucoup parl, ces temps-ci, de la pollution des ocans. Ce problme est-il spcialement grave en Mdi-terrane?

    Alain Bombard : Si tout continue voluer comme aujourd 'hui , c 'est--dire, si la pollution de l' industrie ac-tuelle et de l' industrie en dveloppe-ment continue tre rejete dans la Md iterrane comme un choix dli-br de solution pour les dchets, dans ce cas on peut considrer que la partie nord , la partie europenne de la Mditerrane sera presque morte dans dix ans.

    On peut dire que cela prendrait alors vingt-cinq ans pour que la Mditerrane entire meure en ce qui concerne la vie marine. Ce n'est pas un long dlai et le processus est en pleine acclration.

    Est-ce parce que la Mditer-rane est particulirement vulnrable?

    A. B. : Oui! Son quilibre cologi-que est beaucoup plus fragile par la nature mme de cette mer. D'abord , c 'est une mer ferme ayant beau-coup plus les caractristiques d 'un grand lac sal que d 'une mer. En fait,

    la meilleure comparaison serait avec les grands lacs amricains qui sont aliments par les rivires et les tor-rents , mais qui sont comme de lar-ges rservoirs o les dchets chimi-ques tombent vers le fond . La seule grande ouverture de la Mditerrane, c 'est le dtroit de Gibraltar qui reoit l'eau de l'ocan Atlantique.

    Le fond de la Mditerrane se pr-sente comme deux gigantesques cuilleres enleves la terre, l'une l'ouest, l'autre l'est. Il n'y a pas, en France, de plateau conti-nental mditerranen (sauf au nord d'une corde tendue de Marseille Port-Vendres et qui sera bientt pollu par Fos) . La mer devient ra-pidement trs profonde, juste aux abords des ctes franaises ou nord-africaines, atteignant 2 000 2500 mtres.

    Tout ceci augmente-t-il les risques de pollution?

    A. B. : Certainement, car l'eau qui arrive par le dtroit de Gibraltar est essentiellement de l'eau de surface dont la plus grande partie n'agite pas la profondeur de la mer. La Mditer-rane, de plus, est une mer o la population humaine est trs dense, surtout sur la cte nord. Ensuite, le

    B

    ALAIN BOMBARD

    Paradoxalement, Alain Bombard, le Naufrag volontaire , est n Paris, en 1924.

    Il fait ses tudes secondaires au lyce Henry IV Paris, puis il entre la facult de mdecine de Paris, en 1943, en pleine occupation.

    Interne Boulogne-sur-Mer pen-dant un certain temps, il se spcia-lise par la suite dans les tudes de biologie marine et, cet effet, s-journe trs souvent au laboratoire ocanographique de Monaco.

    En 1951, Alain Bombard traverse la Manche la nage; simple pr-

  • blme connu, mais ce n'est pas une rponse valable pour la Mditerra-ne. L'eau pourrait tre totalement renouvele sans que la pollution d-pose sur le fond puisse disparatre. Il faudrait un brassage , impossible dans l'tat actuel des choses. Et, par o ressortirait cette eau pollue?

    Comparez de nouveau ce pro-blme avec les grands lacs amri-cains : dans le lac Eri, l'eau pour-rait devenir pure, mais les sels de mercure, sur le fond, resteraient pen-dant des centaines d'annes.

    Si toute pollution cessait aujour-d 'hui , il faudrait quelques centaines d 'annes avant que la Mditerrane redevienne entirement propre.

    NEE QUI

    La Mditerrane est-elle pol-lue partout ou y a-t-il des endroits pires que d 'autres?

    A. B. : Il y a plusieurs sortes de pollution. La pollution de surface (essentiellement par les hydrocarbu-res) est celle que vous trouvez par-tout.

    Le rejet de la pollution biologique humaine et industrielle est, bien sr, fonction de la densit de population ctire. C'est pourquoi le maximum de ces pollutions (de la masse et du fond de la mer) se trouve du dtroit de Gibraltar la frontire italo-you-goslave. Le long de la cte dalmate, la pollution est moindre car l'indus-

    trie et la population sont moins den-ses. De mme, le long de la cte grecque, avec une tendance l'ag-gravation rapide. Puis, avec les ctes de la Mditerrane orientale et d 'Afrique du NOld, qui sont relative-ment peu pollues (industrialisation moindre, populations plus disper-ses).

    Mais il ne faut pas oublier que la pollution de la cte nord gagne peu peu le centre de la mer.

    Le dveloppement industriel sur la cte sud de la France, en Italie et en Espagne, va-t-il poser des problmes de plus en plus graves?

    MEURT Dlgu gnral de l'Observatoire de la mer

    lude l'exploit qui le rendra clbre dans le monde entier.

    En effet, un an plus tard, en 1952, un canot pneumatique appa-reille de Monaco avec, son bord, deux hommes : Alain Bombard et un citoyen anglais, Jack Palmer. puis, prouv, ce dernier aban-donne Tanger. C'est que la tra-verse s'est effectue sans vivres bord et sans eau douce; il s'agit de continuer dans les mmes condi-tions travers .l'Atlantique. Loin de se dcourager, Alain Bombard poursuit seul sa tmraire entre-prise!

    Aprs 113 jours en mer, l'Hr-tique (nom dont il a baptis son bateau), aborde aux ctes de la Bar-bade, petite le des Antilles. Alain Bombard atteint son but : prouver qu'il est possible de survivre en tirant sa nourriture de la mer.

    Cette exprience unique, vcue dans des conditions de difficults extrmes, il la relate dans un livre : Naufrag volontaire , traduit en 15 langues.

    Mais rien n'est encore gagn aprs s'tre battu contre les l-

    ments, Bombard doit affronter les hommes, leur mdisance et leur incrdulit : il faut attendre plu-sieurs mois avant que son exploit soit officiellement reconnu et que l'Hrtique trouve une place justi-fie au muse de la Marine.

    Depuis, toutes les marines du monde ont remplac la chaloupe traditionnelle par le canot pneu-matique. L'exemple de Bombard a permis de sauver de nombreuses vies humaines en donnant l'espoir aux naufrags.

    Aprs cette traverse, Alain Bom-bard continue sa recherche scienti-fique, essentiellement base sur ses observations.

    En 1955, il fait construire un bateau laboratoire, La Coryphne, avec lequel il effectue six campagnes scientifiques en Mditerrane. Mais, trouvant La Coryphne trop petit, il dcide d'acqurir un autre bateau Le Captain Cap.

    Cependant, une succession d'v-nements malheureux et des soucis financiers le conduisent mettre en vente aux enchres publiques ses deux voiliers.

    9

    Mene par Paul Ricard, l'opra-tion lui permet de se librer de ses cranciers, et l'industriel lui propose alors d'animer l'Observatoire de la mer qu'il vient de crer sur l'le des Embiez.

    Mari, pre de cinq enfants, il est chevalier de la Lgion d'honneur, titulaire de la mdaille d'or de l'ducation physique et des sports, et de la mdaille du Mrite sportif. Alain Bombard a t charg des fonctions de conseiller l'Institut national des sports et plus spcia-lement de la radaptation sociale des anciens champions.

    A l'Observatoire de la mer, Alain Bombard poursuit des travaux de recherche pour tenter de protger le milieu marin contre les atteintes de l'homme.

    Par les nombreuses confrences qu'il donne travers toute l'Eu-rope, par ses cris d'alarme inces-sants, celui qui a d'abord voulu protger l'homme contre la mer, s'est fait le dfenseur inconditionnel des ocans. Les ressources encore inexploites des mers devraient per-mettre l'humanit d'assurer son avenIr.

  • " L'homme a perdu l'aptitude prvoir et prvenir. /1 finira par dtruire la Terre.

    Albert SCHWEITZER.

    A. B. : Le grand drame de ces im-plantations industrielles actuelles ou en cours de ralisation au long des ctes mditerranennes, c 'est qu'el-les ont t conues il y a vingt ans, quand les problmes de pollution n'taient pas perus dans leur am-pleur.

    Maintenant qu 'on connat le pro-blme, il est difficile d'arrter la marche en avant de ces industries pour lesquelles la prime tait la proximit de la mer et la possibilit de s"en servir comme poubelle.

    Le grand complexe ptrochimique et mtallurgique en construction Fos-sur-Mer en est un exemple. (Quoique sa programmation soit plus rcente , ce qui montre l' irrespon-sabilit de ceux qui l'ont conu 1)

    Un autre exemple est le rejet par la Montedison de " boues rouges au nord de la Corse. Ceci ne se rait jamais arriv si une jurisprudence n'avait t tablie par Pechiney de-vant Cassis, il y a dix ans (d'acord , le dchet de Pechiney est moins toxique, mais le mauvais exemple tait donn 1).

    Dans tous ces cas, la cte mdi-terranenne a t choisie parce qu 'e lle offrait un moyen bon march pour se dbarrasser des dchets : la Mditerrane, bote ordures.

    A l 'heure actuelle , des projets de ce genre continuent (sans modifica-tions notables) , en dpit de la con-naissance du danger, en dpit de la cration rcente du ministre de l 'Environnement, en France, en dpit des protestations.

    Ce problme de la pollution est-il nouveau ou a-toi! t un trs ancien problme?

    A. B. : Il y a relativement peu de temps que ce problme est connu , mais en ralit , il tait pos depuis longtemps. Maintenant, il devient une menace de mort pour la Mditerra-ne. Pour l 'Atlantique, par exemple, nous avons peut-tre cinquante ou soixante ans pour rsoudre le pro-blme de sa pollution , dix ans maxi-mum pour la Mditerrane.

    Le public commence seulement comprendre la diffrence des dimen-

    sions des deux ocans. Une pollu-tion de surface sera cent fois plus vite cohsive en Mditerrane qu 'en Atlantique.

    Qui est le principal coupable: les industriels, les municipali-ts ou Monsieur Tout-Ie-Monde?

    A. B. : Tous, un degr variable. Toutes les nations industrialises sont coupables. Toutes celles qui, par exemple, ont remplac le savon par des dtergents .

    Il ne faut pas oublier que la civili-sation dans laquelle nous vivons n'est pas une civilisation multimill-naire, mais au plus bicentenaire: il n 'y a que deux cents ans que la phy-sique et la chimie ont transform les rapports de l'homme et de la nature.

    Quelle est la principale vic-time de la pollution de la M-diterrane ?

    A. B. : A long terme, tout le monde en ptira. Mais les premires victi-mes sont les pcheurs. La vitalit d'une mer se mesure par la quantit de vie que contient chaque goutte d'eau de cette mer.

    Nombreux sont les chercheurs qui ont signal publiquement que les poissons en Mditerrane dimi-nuaient rapidement. Les anchois, par exemple, ont pratiquement disparu. Les sardines se font de plus en plus rares et le thon est condamn sans appel dans un futur proche. Dans dix ans, il ne restera plus un thon en Mditerrane.

    Tout d'abord, ils sont trop pchs et sans discernement: les petits sont pris, comme les grosses femelles porteuses d 'ufs. Ensuite, la pollu-

    " La pollution est l'introduction par l'homme dans le milieu ma-rin , y compris des estuaires, di-rectement ou indirectement, de substances ou d'nergie, ce qui entrane des effets dltres : dommages aux ressources biolo-giques , danger pour la sant hu-maine , entraves aux activits maritimes y compris la pche; diminution de la qualit de l'eau du point de vue de son utilisation et rduction des possibilits of-fertes dans le domaine des loi-sirs .

    Extrait d 'une rsolution adopte par les Nations-Unies l'issue du congrs

    international de Stockholm sur l'cologie (juin 1972)

    10

    tion de la frange littorale touche et diminue les chances de dveloppe-ment des ufs. Moins de thons, donc moins d 'ufs, plus d'ufs ncessai-res pour produire la mme quantit de thons. C'est un cercle vicieux qui se termine par la mort d'une es-pce.

    Aprs les pcheurs, les victimes sont les touristes. La Mditerrane tant le but touristique d'un grand nombre de voyageurs du monde en-tier, ils risquent des affections vira-les ou bactriennes dues la pol-lution microbienne de la frange lit-torale.

    Finalement, c 'est l'humanit en-tire qui ptira de cette pollution.

    Notre civilisation est grosse consommatrice d'eau, aussi bien pour son industrie que pour les be-soins de l'hygine et de la consom-mation :

    Paris: 1 000 litres d'eau par habitant et par jour (1972) ; New York: 1 500 litres d'eau par habitant et par jour (1972).

    Or, de la masse d'eau dont dis-pose l'cosphre, 16 % seulement sont de l'eau douce (et de cette eau douce, seuls 2 % sont liquides et gazeux, 98 % solides sous forme de glace), 84 % sont de l'eau de mer, sale par lavage des sels solubles.

    Dans un avenir proche, la mer sera la principale source de l'eau des hommes. Toutes les villes littorales des mers et des ocans seront obli-ges, tt ou tard, de faire appel la mer voisine pour couvrir les besoins de la population et de l' industrie en eau douce.

    On connat trs bien, l'heure actuelle, les techniques de dessale-ment de l'eau de mer, depuis la pri-mitive distillation jusqu' l'osmose inverse et l'lectrodialyse. Les prix deviennent trs bas en employant des nergies bon march (soleil, atome ou gaz naturel) ; mais la pol-lution rend les prix prohibitifs: un seul corps tranger en suspension dans l'eau sale multiplie le prix de revient par cent; deux pollutions, le prix est multipli par deux cents; trois, par trois cents, etc. C'est une progression arithmtique.

    En Mditerrane, o les mares n'existent pas, cette pollution litto-rale rendrait le prix de l'eau potable d 'origine marine inabordable.

    Les consommateurs des pro-duits de la mer sont-ils mis en danger par la pollution?

  • La plage du Prado Marseille La mer n'est pas une poubelle - La loi internationale doit le dire et contraindre toutes les na tions. J)

    (Alain Bombard)

    A. B. : Il y a deux rponses cette question .

    Premirement, les produits d 'ori-gine littorale qui survivent la pollu-tion (coquillages : moules et hutres), qui , parfois mme, se nourrissent de cette pollution , peuvent contenir soit des bactries dangereuses , soit des produits chimiques toxiques, d'o la ncessit d'arrter les rejets ctiers comme les boues rouges de Pchiney.

    Il y a, aussi , les animaux en fin de chane alimentaire qui , par passage, reconcentrent chaque fois le produit toxique : plancton --,) petit poisson --,) gros poisson --,) homme.

    Chacun de ces passages s'accom-pagne d'une reconcentration . C'est pourquoi le mercure, les dchets radio-actifs, etc ., inoffensifs appa-remment dans l 'eau de mer, appa-raissent en quantit toxique dans les animaux de consommation , d 'o la ncessit d'arrter les rejets en haute mer comme les dchets ato-miques ou les boues rouges de la Montedison.

    Deuximement, les consomma-teurs subiront la mme punition que les pcheurs : les produits de la

    mer deviendront plus rares, plus chers et de moins bonne qualit .

    Et le barrage d'Assouan?

    A. B. : C'est le type d 'erreur colo-gique ne pas commettre et la cra-tion de Fos aurait d prendre les effets du barrage d 'Assouan sur la mer comme modle ne pas suivre.

    Sans parler des dgts causs au mode de vie de l'Egypte, Assouan a tari l'arrive dans la mer du limon fertile qui nourrissait les animaux ctiers. Les clbres crevettes gyp-tiennes ont pratiquement disparu ; quant la production des sardines, qui tait d 'environ 300 000 tonnes par an avant Assouan, elle est tombe moins de 100 000 tonnes il y a deux ans et on s'attend une diminution acclre.

    Pensez-vous qu'il soit possible d'extraire du ptrole en Mdi-terrane, sans grand risque de pollution?

    A. B. : Chercher du ptrole dans le fond de la Mditerrane serait porter le coup de grce. Sans parler de la difficult, actuellement insurmon-table, de matriser des ttes de puits de telles profondeurs (1 500 ou 2 000 ml , avec les catastrophes que

    11

    cela occasionnerait, il faut penser que, ce problme rsolu , il resterait des sondages non rentables et il serait impossible de boucher les sondages inutiles. La Mditerrane deviendrait en peu d 'annes (trois cinq ans) une gigantesque mare noire.

    Mais, n'est-on pas dj en train de chercher du ptrole en Mditerrane, en Espagne par exemple?

    A. B. : Hlas , oui 1 Mais, pour l' ins-tant , il s'agit du plateau continental o les ttes de puits sont contrla-bles. Mais enfin , il est grave que le processus soit , d'ores et dj , entam.

    Pourquoi la Baltique, mer fer-me aussi , ne prsente-t-elle pas une crise semblable la Mditerrane?

    A. B. : Je connais trop peu la Bal-tique pou r rpondre, mais le renou-vellement de l'eau de la Baltique par glaciers et banquise est beaucoup plus considrable que celui de la Mditerrane.

    La mer Baltique est d 'aill eurs un c loaque dont ses riverain s se pl ai-gnent.

    Les nations mditerranennes ont-elles dj commenc lutter contre la pollution?

    A. B. : Trs peu , hlas 1 et en ordre dispers : les Italiens ont protest contre les boues rouges franaises , les Franais contre les boues roug es italiennes , mais sans tre srs d 'ob-tenir des rsultats .

    La Mditerrane, res communis (bien commun) ne sera sauve que si une loi internationale contrai-gnante est cre d'urgence pour sa protection.

    Attention, le processus est dj trs avanc: si des mesures d'ur-gence ne sont pas prises, si toutes les drogations ne sont pas suppri-mes, si l'action internationale n'est pas coordonne, si la punition des pollueurs n'est pas accrue et gn-ralise, avant vingt ans la Mditer-rane sera morte.

    Il serait lamentable que dans un avenir prvisible la Mditerrane soif; le terrible exemple de ce qu'il faut viter pour les grands ocans.

    La mort de la Mditerrane annon-cerait la disparition inluctable de l'humanit.

  • LES HVDROCARBURES comment s'en dbarrasser

    Chaque anne, les ptroliers re-jettent la mer certainement au moins 3 millions de tonnes d 'hydro-carbures. Or, il faut savoir qu 'une tonne pollue 1,2 km2.

    C'est dire que, tous les ans, sur 3600 000 km2, soit sur une surface double de celle de l'Europe occiden-tale, la mer se couvre de reflets moi-rs , empoisonnant la faune et la flore marines. Que la nappe d 'hydrocar-bures atteigne les ctes et c 'est un rivage dvast, comme lors du nau-frage du Torrey-Canyon o les ro-chers de granite rose de la cte bretonne furent transforms en un sinistre amas de pierres gluantes et noires. Des annes plus tard , des souillures subsistent en dpit des mares et des temptes.

    Il n'y a pas tous les jours de tels dsastres, mais tous les jours des baigneurs ressortent de la mer re-couverts d'un film graisseux ou ta-chs de goudron ; marchant sur la plage , ils s'en maculent les pieds; tous les jours des consommateurs prouvent la dsagrable surprise d 'un poisson ou de coquillages qui sentent le mazout ; tous les jours sont lancs des cris d 'a larme sur la mer en danger de mort.

    UNE REGLEMENTATION BAFOUEE

    N'existe-t-il donc pas de lois pour rglementer le rejet d 'hydrocarbres en mer?

    Si , et depuis longtemps ; mais il faut se rendre l 'vidence : elles sont i neffi caces.

    Une convention internationale a t signe Londres en 1954. Un premier amendement, ratifi en 1962 par 48 pays, soit la presque totalit des nations maritimes, est venu pr-ciser que les rejets d'hydrocarbures sont autoriss jusqu' 100 milles des ctes, condition que le mlange dvers ne contienne pas plus de 100 mg de ptrole par litre. Au grand large, les rejets en mer ne sont sou-mis, pour l' instant, aucune rgle, l 'exception de zones bien dfinies l'ouest de l'Europe.

    Si cette lgislation interdit le rejet instantan, elle n'en limite pas la quantit , on doit le souligner. Un ptrolier, ft-il de gros tonnage, avait donc la possibilit de se dbarrasser en mer et sur place de la totalit de ses dchets .

    Un deuxime amendement a t mis au point en 1969, mais dans la meilleure hypothse, il ne pouvait pas entrer en vigueur avant 1975. En mai dernier, 17 pays seulement l'avaient ratifi. Il prvoyait que pour dballas-ter, le navire devait tre en mouve-ment et ne rejeter ses rsidus qu' raison de 60 litres par mille marin parcouru . En outre, la quantit totale dverse devait tre limite.

    Il faut signaler ici qu'un procd de nettoyage des cuves permet, aprs dcantation, de ne rejeter la mer que de l'eau propre, les rsi-dus tant conservs bord . 80 % des ptroliers en service auraient reu l'quipement ncessaire. Mais en juger par l'importance des d-ballastages en mer, il est permis de douter que tous l'utilisent.

    Enfin un amendement de 1971, vi-sait prvenir la pollution accidentelle semblable celle du Torrey-Canyon. Les citernes devaient dsormais tre multiplies sur les ptroliers; mais, jusqu ' prsent, seuls six pays ont ratifi cette mesure. La France, en accord avec plusieurs autres pays, voulait galement rendre obliga-toire le dballastage dans les st a-

    INFRACTIONS ET SANCTIONS P lus de 100 infrac tions on t

    t relev es au cours des cinq annes passes par les autorits franaises ; les navires impliqus appartiennent aux pavillons suivants Belgique, Brsil, Chypre, Danemark, F inlande, France, Grce, Inde, Israel, Italie, Libria, Norvge, Pana-ma, Portugal, Rpublique d-mocratiqu e d'Allemagne, R-publique fdrale d'Allemagne, Royaume-Uni, Sude, U.R.S .S. , U .S.A., You goslavie.

    P armi la centaine d ' infrac-t ions releves au large des ctes

    fran aises, neuf ont t sanc-tionnes :

    D eux en France : une contre un navire fran ais (amende d e 500 F au capitaine) et un e contre un navire librien (amende de 12 000 F au capitaine) ;

    D eux en Grce, contre des nav ires grecs (une amende de 3 000 drachmes au pre-mier capitaine et une suspen-sion de trois mois au second);

    Une au Libria , contre un navire librien (une amende

    de 500 dollars au capitaine); Trois en Norvge, contre des

    navires norvgiens (amendes de 300 500 couronnes nor-vgiennes) ;

    Une au Royaume-Uni, contre un navire anglais (amende de 500 livres l'armateur et amende de 100 livres au ca-pitaine).

    Par ailleurs, l ' Italie a inflig six peines d'amende (de 40000 240 000 lires) des navires franais, auteurs de pollution dans les ports italiens.

    Rapport au Snat nO 257, du 25 avril 1973, sur la pollution des mers par les hydrocarbures,

    prsent par M. Andr FOSSET

    12

  • Un ptrolier surpris dballaster en mer, laisse derrire lui une impressionnante traine de ptrole.

    Mais au trois i me passage de J'avion. le commandant du ptrolier a fait cesser la manuvre. Le sillage du navire redevient propre et apparai t maintenant blanc d 'cume .

    13

    tions terre, construites dans les ports en bordure de mers fermes. C'est ainsi que tout rejet, de quel-que importance qu'il ft , aurait t interdit en Baltique et en Mdi-terrane. Ce sont des mers fermes, des mers sans mares o les pol-lutions ont des consquences encore bien plus nocives que dans la mer du Nord , la Manche ou l 'ocan Atlantique.

    Une nouvelle convention a t la-bore, au mois d 'octobre 1973, Londres, par les dlgus de soixante dix-neuf pays, runis sous l 'gide de l'Organisation consultative maritime intergouvernementale.

    Cette convention est destine remplacer celle de 1954 et ses amen-dements. Elle prvoit des disposi-tions intressantes: les ptroliers de plus de 70 000 tonnes de port en lourd devront dsormais tre construits avec des rservoirs dis-tincts pour le ptrole et pour le lest. Toute dcharge sera interdite moins de 80 km des ctes et tota-lement interdite dans certaines zones : Mditerrane, Baltique, mer Rouge, golfe Persique.

    Tous les navires , l'exception des plus petits, devront tre dots d 'une bote noire " permettant de contr-ler, mme plusieurs mois aprs , les rejets d 'un ptrolier et donc d 'en-gager des poursuites contre lui.

    Mais ce nouveau texte sera-t-il plus efficace que ceux qui l'ont pr-cd? Dj, pour qu 'il entre en vigueur, il lui faudra tre ratifi par au moins quinze pays reprsentant plus de la moiti de la flotte mar-chande mondiale.

    Surtout, il esquive le problme le plus difficile : celui du pouvoir des Etats contre les navires pollueurs . Les dlgus n'ont pas russi se mettre d'accord pour donner aux pays ctiers le dro it de contrle en haute mer. C'est la juridiction du pavillon qui continuera de s'appli-quer, dans tous les cas chaque pays est charg de punir les bateaux pollueurs arborant son pavillon. Mais, pour les infractions commises dans leurs eaux territoriales, les Etats au-ront dsormais le choix entre les sanctionner eux-mmes ou les noti-fier au pays du pavillon.

    C'est insuffisant, compliqu et , trs probablement, inapplicable.

    Certains pays, signataires de la convention de 1954, il faut en effet le rappeler, n'ont jamais entrepris de poursuites contre leurs navires coupables. Or, la nouvelle lgisla-tion n'est pas assez contraignante et ne se substitue pas encore la vieille rgle de la libert des mers.

  • Cette rgle qui tait, l'origine, uni-quement lie la libert de circu-lation mais qui a t abusivement tendue la libert d 'usage et d'ex-ploitation. C'es t cette lacune du droit maritime que, par un droit nouveau , il faudrait combler trs rapidement , avant qu 'il ne soit trop tard. Ce droit nouveau prend forme , peu peu. mais combien lentement 1

    Pour sa part , la France a adopt une loi (loi du 16 mai 1973) , qui pu-nit d 'une amende pouvant aller de 10000 100000F ou de 3 mois 2 ans de prison , ou les deux la fois, le commandant d'un navire franais qui ne respecterait pas la lgislation sur les rejets d 'hydro-carbures. En cas de rcidive , ces peines sont doubles.

    En dpit de cette svrit, les poursuites engages se rvlent en gnral inefficaces. Faute de preu-ves suffisantes, le tribunal prononce le plus souvent un non-lieu. Il arrive certes que les avions de l'Aro-Navale surprennent parfois des p-trol iers en flag rant dl it. Les photo-

    graphies apportent alors les preu-ves de la culpabilit du navire . Mais ce type de surveillance cote cher et il est difficile de couvrir le ciel d 'avions pour surveiller les bateaux en mer. C'est pourquoi beaucoup de navires procdent impunment au dballastage interdit.

    Mme quand des amendes sont infliges , elles sont si drisoires que les navires prfrent rejeter leurs rsidus en mer, plutt que d'tre immobiliss pendant un ou deux jours dans une station de dgazage, opration coteuse puisqu 'elle re-vient 30000 F environ pour un ptrolier de 200000 tonnes, sans compter le prix du temps d'immo-bilisation.

    C'EST A L'OPINION PUBLIQUE D'AGIR

    De plus en plus frquemment on remarque sur la lunette arrire de nombreuses voitures, de petites ti-quettes bleues " Sauvez la mer".

    C'est l un signe rconfortant. C'est la preuve qu 'une large fraction du public a pris conscience du danger.

    La pollution des plages dont sont victimes la fois les estivants et tous ceux qui vivent de l'conomie touristique, a fait comprendre cha-cun, de faon concrte, que l'eau est un bien prcieux mais fragile qui doit tre protg si l'on veut continuer bnficier de ses bien-faits. Il n 'est pas inpuisable et peut tre irrmdiablement dtruit. On peut donc esprer que la pression de l 'opinion publique conduira, enfin , les pouvoirs publics exiger une application ferme des textes.

    La presse a, dans ce domaine, un rle efficace jouer, non seulement comme elle le fait, juste titre, en rendant compte des catastrophes ou des incidents de la pollution, mais en dnonant les vritables causes qui conduisent certains faire fi d 'une rglementation qui les gne, n 'hsitant pas, pour leur seul profit, dtriorer un bien commun tous.

    LES BACTRIES "GLOUTONNES" AURONT-ELLES RAISON DES MAREES NOIRES?

    L c CEHIHr\1 de Nice (Centre d'tude c t de ret'herche dl' biologie pt or.fia nographip IIH~dicak~) dirig par le Pr Aubert, participe aetllt' lI e-me nt de~ re c hl'r('hl'~ ~lIr un e bac-tri c ~'a ttaqllant allx h\"drocarburc~ e t capable d e Ie ~ digt~ r('f. Le~ tra-vaux n 'e n ~o nt qu ' le llr dbut , mais des applica tioll ~ tcrrc ,;o nt envisages ds pr~e n t. Ainsi-ce rtains rej e ts pourraient t-tre trai-ts dans le~ u~ines mme~ qui l e~ prodllisen t.

    Par ailleur~, d eux che rche urs d e l'universit d e Tel -A\"v ont exp -riment un e tcc hnique fond e sur l'utilisa tion d e ba ctri es pour t ran s-former le ptrole e n un aliment pour le btail, riche en protine,;. Ils ont dcouvert que les ba c tries qui pro-lifrent sur l e~ goudrons e t sont normalement inactives, d veloppent une grande activit lorsque l'hydro-carbone du ptrol e es t enrichi en azote, e n phosphore et en air.

    Plusieurs tentatives avaient dj t esquisses en ce domaine , mais

    c'e~ t la premire foi s qu'une exp-ric nce est ralise bord d 'un p tro-lie r au cours d ' un voyage habituel.

    Quand ils ont dcharg leur car-gai,;on, les ptroliers se chargent d 'ea u pour as;;urer leur stabilit p endan t le voyage d e retour. Il s se dbarrassent d e ce ballast quelque temps avant la fin du voyage, en m m e temp s que des rsidus ayant rsist au pompage lors d e la livrai-son.

    Pour raliser leur expenence, les d eux chercheurs ont plac dans un r se rvoir du p trolier le contenu d ' un fla co n de bactries, auxquelles furent ajouts 25 kilos d'ure (source d 'azot e) e t un de mi kilo de phos-phate, un tuyau perfor servant amcner r air. U n rservoir tmoin identique reut galem ent 25 kilos d ' ure e t un d emi kilo de phos-phate, mais ni bactries, ni air.

    Au bout d e 4 jours, les d eux r servoirs, don t les parois taient garnies d 'un e cou che de ptrole

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    d 'environ 5 cm d 'paisseur, furent examins. Dan s celui qui avait reu des bacth ies, on constata que celles-ci ava ient con somm 60 % du ptrole et provoqu le m lange de l 'eau avec les 40 % de ptrole rsiduel qui n 'adhrait plus aux parois. Au bout de 6 jours, cette eau fut reje te la mer et aucune trace de ptrole n 'apparut la surface. Quand on vida le deuxime rser-voir, se produisirent les reflets moirs, tmoins de la pollution habi-tuelle.

    Cette dcouverte offre des pers-pectives intressantes. Non seule-m ent elle permettrait de supprimer la pollution d es eaux par les hydro-carbures mais elle transformerait un matriel polluant en un produit utile , pouvant servir l'alimenta-tion du btail. On estime que, sur 500 tonnes de rsidus ptroliers, 300 pourraient tre transforms en protines et 200, d barrasss des cires, redevenir un produit propre au raffinage.

  • CONFRENCES ET COLLOQUES INTERNATIONAUX SE MULTIPLIENT Aboutiront-ils l'application de mesures rellement efficaces?

    De nombreuses runions de savants et de respon-sables internationaux ont eu lieu en 1973 : Beyrouth, Basti a, Vienne, Londres, etc. Ala in Bombard , dl-gu gn ral de l'Observa-toi re de la mer, a partici-p plusieurs d 'entre elles .

    A Basti a, surtout, il a notamment dclar

    jets que lorsque la d-m onstration sera fait e de leur nocivit ! . Et si, dans cinq ans, nous ap-prenons que ces rejets sont mortels ils seront dans la mer! On doit donc suspendre tout re jet avant d'avoir prouv qu'ils sont sans danger.

    Aussi , le m rite de ces colloques est-il de contri-buer une prise de conscience gnrale. A Beyrouth , cent cinquante villes de quato rze pays ri-verains de la M diterra-ne ont approuv les prin-cipes d'une charte anti-pollution . P ar celle-ci, elles se dcl areront responsa-bles solidairement de la

    quali t de la mer. E ll es tenteront de cooprer sur le plan sc ientifique et fi-nancie r, ado pte ront des co n ve n t io n s in t e r n a t i 0-nales. M ais la charte sera d iscute en 19 75 seule-ment , pui s soumise l'ap-probation de l'O .N.U. par l'inte rm di a ire des go uver-nements respectifs ...

    a dclar, Bastia , le D-lgu gnral de l'Obser-vatoire de la m er., M m e si ces ralisations sont astreignantes pour les Etats. JI faut aboutir une lgislation qui oblige les socits internatio-nales ne plus considrer la m er comme une pou-belle.

    Maintenant que chacun connat le risque mortel que la pollution des m ers fait courir l' humanit tout entire , le dverse-m ent de dchets toxiques dans les eaux internatio-nales au large de la Corse, est un crime, un vritable assassinat. On nous dit N ous n'arrterons les re-

    Mais certa ins s' inqui-tent avec raiso n de la ca-rence de ces gouve rne-ments pour appliquer des mesures anti-pollution e f-fi caces.

    JI faut sortir, enfin , du rez-de-chausse des colloques pour gra vir la premire marche donnant accs cl des ralisations ,

    No us devons nous bat-tre en nous tournant bien plus vers le public que vers les pouvoirs publics. N otre devoir est de faire /In tra vail de scientifique probant et de le porter la connaissance des popu-lations qui sont aussi des lecteurs et qui finiront b ien par tre entendus.

    LES DERNIERES RECOMMANDATIONS ... A Paris, en fvrier 1974, les repr-

    sentants de 15 pays europens ont sign une convention de prvention de la pollution marine d 'origine tellu-rique (provenant des ctes et des cours d'eau) dans l 'Atlantique du nord-est, la Manche et la mer du Nord .

    Deux confrences se sont tenues Rome. La premire, du 19 au 22 f-vrier, avait pour but de prparer un projet de protocole international pour la protection des ressources biologi-ques et des pches en Mditerrane. Place sous l'gide de la F.A.O. (Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture), elle a rappel les conclusions du Conseil gnral des pChes pour la Mditer-rane.

    Selon cet organisme, la pollution dans les eaux littorales a atteint un seuil critique . De grandes quantits d 'eaux domestiques uses y sont dverses par les rivires et les gouts. S'y ajoutent d ' importants rejets industriels composants toxi-ques et les pesticides que le vent transporte depuis les zones de forte production agricole jusqu ' la mer. La pollution domestique touche sur-tout les zones situes sur le littoral nord, entre l'embouchure de l'Ebre (Espagne) , jusqu ' celle de l'Arno (Italie) , ainsi qu' l'Est, les ctes du Liban et d ' Isral. La pollution indus-

    tri elle svit dans les mmes rgions et dans les mers Tyrrhnienne et de Marmara et le nord de l 'Adriat ique.

    Plusieurs conventi ons s'appliqu ent dj la Mditerrane. Mais aucun accord international n' interdit encore les dversem ents cti ers et l ' immer-sion de dchets.

    Tous les pays riverains de la Mdi-terrane (sauf l'Albani e, la Syrie et la Libye, participaient ces travaux. Leurs experts ont reconnu la nces-sit urgente d'entreprendre de nou-velles tudes approfondies sur les principaux polluants et sur leurs effets " . De nouvelles techniques, comme la tldtection , pourraient tre utilises dans ce but.

    Experts unanimes, gouvernements attentistes

    La Mditerrane est une grande malade dont la condition va en empi-rant chaque jour. Il est temps de mettre un terme la dtrioration de son quilibre cologique avant que le mal ne soit incurable . " Ce thme est revenu dans tous les rapports prsents Rome la premire confrence i nterparlementai re des pays ctiers mditerranens. Runie du 29 mars au 3 avril , elle avait pour objet la lutte contre la pollution en Mditerrane o, selon le reprsen-

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    tant libanais, sont dverses , chaque anne, 300 tonnes de ptrole, soit 15 % des rejets mondiaux. Elle a t l 'occasion pour les experts de rappeler, nouveau que les gou-vernements doivent assumer leurs responsabilits " (commandant Cous-teau) . La ncessit d 'une coopra-tion internationale a t souligne de mme que l'urgence d'un enga-gement commun, non seulement des pays mditerranens mais aussi des pays qui se servent de la Mditerra-ne pour des besoins conomiques " (M . Aurelio Peccei , prsident du Club de Rome ).

    Les experts sont unanimes mais,en attendant, que font les gouverne-ments?

    Pourquoi, comme l'a propos Rome le dlgu franais , M. Francis Palmero (1), ne pas regrouper en un seul organisme les nombreuses orga-nisations nationales et internationa-les qui existent dj? Sans doute est-ce dans ce but que le gouverne-ment a dcid de crer, Nice, un Centre international qui servira la coordination de tous les projets de lutte contre la pollution.

    Mais, dans combien d 'annes, des ,mesures efficaces seront-elles appli-ques par tous les pays?

    (1) Snateur-maire de Menton

  • ,

    a BULLES ~UEL~UES !) Bien souvent, au soleil couchant

    sur le pont d 'un bateau , je me suis pos la question : mais que fais-tu ici , comment , pourquoi es-tu l ... ?

    La mer pour moi , ju squ 'en 1949, se rsumait en une traverse aller-retou r Dieppe-Newhaven en 1934, avec comme seu l hori zon la faence d 'un lavabo et puis , en juin 1940, une tentative d 'vasion , vite avorte, de

    Sai nt-Jean-de-Luz vers la G rande-Bretagne, avec les mmes rsultats vagotoniques, mais sans le confort prcdent.

    Dgot de la Manche et de l'Atlantique, un de mes matres m'y ramne, Saint-Cast, tout en me proposant de quitter mon port d 'at-tache, le Quartier Latin et la Sor-bonne, pour les rives de la Mdi -terrane.

    C'est alors, en 1948, la dcou-verte de Palavas- les-Flots, Aigues-Mortes, les Saintes-Maries-de-Ia-Mer. La mer bleue, le calme et le soleil me rassurent , bien que les moustiques harclent ma calvitie dj honnte, et j'accepte pour la rentre 1949 le poste de chef de tra-vaux de physiologie gnrale la facult des sciences de Marseille. C'est une des rares dcisions que je ne regretterai pas.

    Le Professeur JACQUES CHOUTEAU Vice-Prsident de l'Observatoire de la mer

    N Paris, e n 1923, le professeur J acques Chou teau, aprs avoir ob-tenu so n b accalaurat de mathma-tiques lmen taires, entreprend des tudes la fa cult de mdecine de Paris d 'o li il sort diplm de sro-logie. P e u aprs, il est lice nci s-sciences naturelles e t , en 1953, prsente un e thse qui lui donne le titre de doc teur s-sciences phy -siques .

    Entr comme stagiaire au Centre national de la recherche scienti-fiqu e, cn 1945, il es t matre de confrences de physiologie animale, en 1958, et devient profes"eur titu-laire de chaire, en 1968, au labora-toire de physiologie applique de l' universit de. Provence .

    Mari, p re de trois enfants, le professeur Chouteau dcouvre la m er et la plonge sous-marine en a rrivant Marseille, en 1949.

    Un ami, m embre de l' Offi ce fran-ais de recherche sous-marine (O.F.R.S.) cr p ar le commandant Cousteau, l'inv ite la premire exploration de la Fontaine de Vau-cluse. Coordinateur scienti fique de l'expdition, c'est d a ns les eaux mystrieuses de la Fontaine qu ' il s' initie la plonge sou s-marine. Une nouvelle vocation nat en lui: avec le mme groupe, il parti cipe aux recherches sur les r surgences de Cassis et de la calanque de Port-Miou.

    Sur la demande du commandant Cousteau, dont l 'emploi du temps devient charg, il le remplace la t te de la Commission technique de la F d ration fran aise de sports sous-marins. Il la prside p endant douze an s. Il en profite pour m ettre au point t oute la srie de brevet s de plonge urs, initialem ent d livrs par la F d ra tion fran aise et, ac-tuellem t< nt, le secrtariat d 'tat la J eunesse e t aux sp or ts .

    A partir de 1962, il tudie plus p a rticulir em ent les problm es de phys iologie de la plon ge et , cet effet , participe aux exprien ces de Maison sous la mer du comman-dant Coust eau, Marseille et en m er R ouge . En 1965, le Centre national d 'exploitation des ocans (C.N .E.X.O.) et le Centre d ' tudes marines avances (C.E.M.A.) finan-cent un laboratoire de physiologie des hautes pressions, le professeur Chouteau en e t nomm directeur

    16

    et r esponsable scientifique . A ce titre, il est l'un des premier s, avec un scientifique amricain, le doct eur Aquadro, affectuer une exprience de vie humaine de trois jours, en caissons tanches, 130 m tres d e profondeur, dans un m lange d 'h -lium et d ' oxy gne. Outre ce post e, il enseigne au Centre national d 'tudes de la protection civile et organise des st ages de plonge au centre de Bendor, pour les sapeurs-pompiers, les Compagnies r publi-caines de scurit, les douanier s, etc.

    De frquents sjours sur l'le des Embiez lui p ermettent de garder le contact avec Alain Bombard, dont il avait fait la connaissance Mo-naco, dans l 'quipe du commandant Cousteau. Tout naturellement, en 1966, il participe avec lui la cra-tion d e l ' Observatoire de la mer d ont il est , aujourd' hui , vice-prsi-dent scientifique.

    Actuellem ent, le professeur Chou-t e au enseigne, en particulier, la physiologie animale applique aux fonds sous-marins, la facult des sciences de Marseille.

    Membre de plusieurs socits scientifiques, titulaire de nom-breuses distinctions honorifiques, au-teur d'articles et d'ouvrages portant sur le rsultat de ses multiples recherches, le professeur Jacques Chouteau forge l'avenir de l'huma-nit en prparant les hommes l 'exploitation des ocans.

  • OBSERVATOIRE DE LA MER Je fais connaissance avec cette

    mer bleu e modestement Endoume aux bains militaires, puis Sormiou o , m'enhardissant mettre masque, palmes et tuba, je dcouvre la fe-rique beaut de fonds sous-marins encore intacts cette poque (moins de vingt-cinq ans !) .

    Deux hommes vont alors croiser ma vie (ou , plus modestement, le petit sent ier de la mienne va croiser l 'avenue de la leur) : J.-Y. Cousteau et Paul Ricard .

    Avec Cousteau, ou plus precIse-ment avec ses hommes, j'ai appris plonger, regarder sous l 'eau, connatre vraiment la mer, la voir vivre. J'ai ensuite, de longues annes bnvolement, travaill pour lui, dans le cadre de moyens importants; j 'ai acquis quelque exprience et, parti sur une route nationale, je me suis retrouv dans une impasse. Qu'im-porte, de son quipe maintenant disperse, j'ai gard l'amiti des meilleurs.

    Ce que j'avais appris, je me devais de le transmettre d 'autres et c 'est ainsi que, de la Fdration franaise d'tudes et de sports sous-marins, je drivais doucement vers le petit pa-radis de Paul Ricard l 'le de Ben-dor. L, dans le cadre du C.I.P. (Cen-tre international de plonge), cours et stages de plonge pour les sa-peurs-pompiers, gendarmes, C.R.S., douaniers, etc ., se succdaient au fi 1 des annes. Paul Ricard m'y a tou-jours tmoign son amiti et je crois avoir une petite place dans son cur.

    Cette partie du voyage dans un petit sentier de bord de mer, s'est continue jusqu 'aux Embiez et, si de la grande organisation ocanogra-phique prcdente il reste peu de chose, du travail patiemment ralis avec Paul Ricard, Alain Bombard, Henry Guillard , Roger Rothley et Nardo Vicente, s'est construit ce qui fait l 'objet de cette nouvelle re-vue : " L'Observatoire de la mer ".

    L'Observatoire, c'est le rsultat d'une longue patience, de hauts et de bas, du travail s'organisant petit petit, d'un groupe d 'amis, de l'ar-gent, car il en faut, grce Paul Ricard et la socit Ricard . Ce rsultat, ce sont des aquariums, un

    par Jacques CHOUTEAU

    Avant la plonge, les quipements doivent tre soigneusement vrifis.

    muse, une bibliothque, des labo-ratoires dont les activits sont troi-tement lies dans une double voca-tion de recherche scientifique et d 'enseignement.

    Observatoire aussi au sens littral du terme, car il s'agit bien, en effet , d 'observer l'volution de cette mer, d 'inventorier ses ressources et leur utilisation , de rester vigilant tou-tes les atteintes destructrices dont elle est l'objet.

    Trois hommes sont l'Observa-toire les garants de ces objectifs :

    - Alain Bombard , mon vieil ami , aprs avoir dmontr que la survie du naufrag pouvait tre assure par celle-l mme qui tait l'origine de ses malheurs , se bat pour crier tous que, maintenant, c 'est la survie de l 'humanit qui est en cause. Cette mission il la remplit la fois par le travail de recherche et d 'ducation l'Observatoire mais aussi par un priple incessant dans l 'hexagone et le monde entier.

    - Roger Rothley, aquariologue minent, a combl ce vide effarant entre Banyuls et Monaco en crant de toutes pices un aquarium d 'eau de mer o petits et grands peuvent apprendre voir et connatre la faune et la flore de la mer qui les concerne directement la Mditer-rane. Plongeur et observateur sous-marin mticuleux, son exprience est des plus prcieuses pour la sur-

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    veillance de l 'volution des fonds sous-mari ns.

    - Nardo Vicente, notre benjamin, dirige la recherche biologique dans deux axes l 'amlioration des res-sources marines par l 'aquaculture et leur prservation par l 'tude de la pollution . Ocanographe, plongeur depuis de nombreuses annes, il a pu observer, aussi bien en Mditer-rane que dans l'ocan Indien, la dgradation et l'appauvrissement progressif des peuplements sous-marins .

    Je souhaite que son petit groupe de recherche des Embiez s'toffe et s'panouisse dans cette zone marine o il travaille depuis longtemps.

    A la fin de ce papier, le lecteur peut se poser la question que je me posais au dbut que fait-il l ... ?

    Je lui rpondrai dans un prochain numro en lui parlant de sujets que je connais mieux et qui ne sont en fait que des moyens de raliser une partie des objectifs de mes amis prcits, savoir : la " Pntration et la vie de l'homme dans le milieu subaquatique " .

    Pour l' instant, avec Marcel Rous-seau , qui dirige aux Embiez le cen-tre d 'essais de la Spirotechnique, nous nous employons amliorer l 'alimentation en eau de mer des aquariums , en posant de nouvel les canal isations sous la mer.

  • L'ILE DES EMBIEZ Il Iiollionce de Ilhomme et de 10 ou Il mer

    " Nous amnagerons cette ile pour le bonheur des hommes , avait pro-mis M. Paul Ricard lorsqu 'il en fit l'acquisition en 1958.

    Quelques annes plus tard, M. Jean Sainteny, commissaire gnral au Tourisme lui rpondait comme en cho : " Nous sommes heureux de savoir que cette perle de la Mditer-rane a chapp aux lotisseurs et qu'elle est entre vos bonnes mains .

    De fait, l 'le des Embiez c 'est , pour reprendre une expression d 'Alain Bombard , " l'alliance de l'homme et de la mer . Les amnagements ra-liss l'ont t avec le souci constant et simultan de prserver le cadre naturel et d 'offrir au public un lieu de loisirs l 'cart des grandes concentrations et des pollutions.

    LE SITE, EN BREF A 10 minutes du port du Brusc,

    dans le Var, dpartement touristique par excellence, 65 km de Marseille et 13 de Toulon. L'le s'tend sur 95 hectares d'une diversit tonnan-te : fort de pins, falaises , ctes sauvages, plages de gravier fin , vignoble (10 hectares) donnant un vin de terroir, ros ou blanc.

    DEUX MOTS D'HISTOIRE Le pass de cette terre peut sur-

    prendre. L'histoire est lie sa voca-tion maritime. Par son relief et son orientation, elle a, de tout temps, constitu un excellent abri naturel pou r les bateaux, les protgeant des vents du nord-ouest (mistral) et du sud (Iargade) . La chane du cap

    Sici (300 m) arrte le vent d 'est. Ds l 'Antiquit , les Phocens d-

    couvrent ce site portuaire. Sur l'em-placement du Brusc actuel , ils fon-dent Tauroentum qui, en 49 avant J .-C ., devient possession romaine. Son mouillage est dfendu par l'le des Embiez. Les ruines du chteau de Sabran attestent l 'occupation de cette dernire au Moyen-Age. En 1376, le pape Grgoire XI, qui ramne la papaut d 'Avignon, relche aux Embiez durant trois jours et trois nuits .

    Andra Doria, amiral gnois, fait halte sur l'le afin de se ravitailler en eau au puits Sainte-Ccile (une eau au grand pouvoir diurtique) .

    Les salins , exploits ds le XIe si-cle, ont appartenu longtemps aux moines de l'abbaye de Saint-Victor, Marseille. Plus tard, l'le devient, et demeure jusqu'en 1958, la pro-prit de la socit des Salins d'Hyres. LE PORT SAINT- PIERRE

    Le port actuel a t mis en service en 1963. Premier port priv ralis sur la cte franaise, il offre 8 hec-tares de plan d 'eau , 1 800 mtres de quais aliments en lectricit et en eau douce et une passe d 'entre de 46 mtres d 'ouverture. Trois cent cinquante yachts et des driveurs lgers sont rgulirement accueillis dans l'avant-port, le port principal et l'arrire-port. C'est assurment l'un des centres de yachting et de moto-nautisme les plus fonctionnels de la Mditerrane.

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    C'est un centre d 'animation appr-ci des plaisanciers qui y disposent de services varis : rparations na-vales, libre-service , restaurants , h-tels , caravaning ...

    Les Embiez offrent de multiples possibilits de loisirs : club de voile, rgates , plonge sous-marine (les fonds , magnifiques, trs poissonneux, ravissent les amateurs) , piscine (chauffe l'hiver) , promenades, ten-nis, aquariums et muse de l'Obser-vatoire de la mer, etc.

    A L'ABRI DE LA POLLUTION Pour l'essentiel , la nature a

    conserv sur l'le son ... naturel. Les amnagements, notamment touristi-ques, ont t raliss en respectant le site et en le protgeant des pol-lutions. Ainsi, l 'ensemble immobilier en cours d'achvement, comprenant un htel de 64 chambres, 16 studios et 16 appartements F4, est quip d 'une station d 'puration des eaux rsiduaires. Il n'en existe qu'une trentaine dans la rgion et notam-ment l'le de Bendor et au circuit Paul Ricard. Les eaux traites, pu-res, peuvent tre rejetes dans le milieu marin sans provoquer de nuisances. La qualit de l'eau envi-ronnant l'le, l'existence de la lagune du Brusc, facilitent les travaux des chercheurs de l'Observatoire de la mer. Ce dernier, install dans l'an-cienne batterie de marine de la pointe Saint-Pierre, est en contact direct avec la pleine mer. Cette pro-ximit favorise tudes et expriences sur la faune et la flore.

  • LES AQQARIUMS DE L'OBSERVATOIRE DE LA MER

    " La langue manque pour dire et la main pour crire toutes les merveilles de la mer.

    La fascination exerce par la vie au fond des mers n'a jamais t aussi vive que sur nos gnrations. Spectacle infini que cette vie dans la varit de ses formes et de ses couleurs. Spectacle mouvant dans son mutisme apparent. Spectacle dont un nombre restreint seulement a l 'accs direct. Les films, souvent excellents , ne laissent, images fugi-tives et sans relief , que des regrets ... L'aquarium apparat alors comme la meilleure tentative de reproduction de la vie marine.

    Aux Embiez, les aquariums de l 'Observatoire de la mer ont t conus pour offrir au public, tra-vers une centaine d 'espces diff-rentes, un large panorama de cette vie en Mditerrane. C'est aussi un essai de prsentation de l'volution animale sur notre plante.

    A la base de l 'chelle des Invert-brs marins, se trouvent les Spon-giaires (ponges) auxquels succ-dent les Clentrs (Anmones de mer, Coraux , Gorgones) , les Vers

    Chaque anne, des milliers de visiteurs franais et tran-gers sont reus l'Observa-toire de la mer (lves des coles et des lyces, tudiants des facults , stagiaires de laboratoires ocanographiques et nombreux touristes).

    Des bateaux assurent une liaison rgulire entre l'le et le port du Brusc.

    L'Observatoire de la mer est ouvert au public tous les jours, y compris le dimanche et les jours fris, de 9 h 12 h et de 14 h 18 h, sauf le mardi.

    Christophe Colomb

    (Spirographes) , puis les Mollusques (Coquillages, Poulpes) , les Crustacs (Crabes, Langoustes) et les Vert-brs (Poissons) .

    Cette conception permet de don-ner la visite un caractre d 'ensei-gnement vivant , trs didactique, of-fert au grand public et , en particulier, aux milliers d 'lves qui , en perma-nence, viennent l 'Observatoi re .

    Le crianthe et sa double corolle.

    19

    L'ensemble des aqua~iums de l'Observatoire de la mer comprend maintenant 13 bacs. C 'est sous l'autorit de M. Ro-ger Rothley, spcialiste en aquariologie, que s'est effec-tue leur installation .

    Ces aquariums comptent parmi ceux qui , dans le monde, fonctionnent en circuit ouvert et ils sont rares . En effet , ils sont aliments en permanence par de l'eau de mer renouve-le.

  • PANORAMA DE LA FAUNE MEDITERRANEENNE

    Le visiteur commencera donc par voir, sur des rochers couverts d 'AI-gues encrotantes roses , des Spon-giaires, des Gorgones, des Coraux, des Spirographes. S' il est plongeur, il reconnatra ce milieu typiquement mditerranen. Les Poissons sont des Hippocampes et des Syngnathes.

    Il passera ensuite devant un aqua-rium qui est aussi consacr essen-tiellement aux Invertbrs : les nom-breux tentacules appartiennent aux Anmones de mer, les corolles bru-nes rtracti les aux Crianthes et les Poissons ressemblant des hiron-delles sont des Castagnoles. Les jeunes se reconnaissent leur cou-leur bleu roi. La survie de ces espces est lie au renouvellement constant de l 'eau de mer.

    Puis apparat un fond de sable riche en grands Mollusques, Pinnas ou nacres . Certai ns , vides, servent de refuge de petits Poissons com-me les Girelles royales, rayes de rouge, les Blennies dont les yeux permettent une vision binoculaire, les Gobies qui se confondent par mimtisme avec le sable. A noter aussi des Araignes de mer.

    Vient ensuite le domaine des Cphalopodes avec le Poulpe ou pieuvre. Celui-ci , d'une belle espce, s'appelle " Oscar " . Grand mangeur de crabes ... et d 'autres poulpes, il est nanmoins bien apprivoise , trs affectueux et particulirement curieux.

    Nous voyons, aprs un Triton, diverses espces et le Bernard l'er-mite, ce crustac dont le cphalo-thorax est dur et l 'abdomen mou. Il protge son ventre en le logeant dans une coquille vide qu 'il choisit de plus en plus grande au fur et mesure qu ' il grandit.

    DECOR MARIN RECONSTITUE

    La lumire de l'aquarium suivant a t attnue car il contient des animaux du fond des mers. Les Ras-casses se dissimulent en faisant du mimtisme. Les rochers abritent aussi des Chapons, des Langoustes , des Etoiles de mer et une Cigale de mer.

    Voici prsent l'espce la plus belle de la Mditerrane, la Girelle paon ou demoiselle. C'est le seul poisson des mers tempres qui ri-va lise en couleurs avec les poissons

    tropicaux des lagons coralliens. Comme il ne mord pas l'hameon, il doit tre captur la main.

    Les Murnes sont inoffensives si on les laisse en paix. Celles-ci,

    Hlne, Gertrude et Hortense, la

    plus petite viennent chercher la nourriture dans la main sans agres-sivit. Mieux, elles se laissent cares-ser. Le dcor a t cr spciale-ment pour elles : rochers creuss, cols d 'amphores o elles aiment se faufiler.

    ~ OBSERVATOIRE DE LA MER ILE DES EMBIEZ VAR~ 20

  • - FONDATION SCIENTIFIQUE RICARD OBSERVATOIRE DE LA MER-

    ... H aloc ynthia papillosa (Ascidies) . Ramasse sur ses longues pattes. l'a -

  • FONDATION SCIENTIFIQUE RICARD

    POUR LES CHERCHEURS DES LABORATOIRES

    Des laboratoi res, quips de ma-tr iel de recherche scient ifi que, per-mettent, dans la mesure des possibi-lits d 'hbergement, aux chercheurs dsireux de poursuivre des travaux de biologie marine, de venir travail-ler l 'Observatoire de la mer.

    POUR LE PUBLIC : UN MUSEE ET UNE BIBLIOTHEQUE

    Des collections, concernant les pri ncipaux embranchements d 'ani-maux marins, sont exposes dans des vitri nes et respectent l 'ordre de la c lassificat ion. Des animaux natu-ra liss et des fossiles comp ltent ces co ll ections.

    De nombreuses revues et publica-tions scientifiques peuvent tre con-sultes par les visiteurs et des ouvra-ges ayant trait la navigation , l 'exploration sous-marine, l 'colo-gie, l 'aquacu lture et la maricul-ture sont la disposition de ceux qui s' intressent ces sujets.

    U ne salle d u n Juse : une g rande divers it

    d'ch an t illo n s . ~

    La ronde in lassa ble ~ des sars et des mulets.

    LES AQUARIUMS ET LA RECHERCHE

    SCIENTIFIQUE Les aquariums sont le com-

    plment logique et indispensa-ble des laboratoires de l 'Ob-servatoire de la mer.

    Les cherch eurs tudient la croissance, le comportement et l'alimentation des diffren-tes espces, de mme que leur rsistance aux pollutions. Un examen constant de l 'tat phy-siologique de ces espces et de la flore permet de vrifier la puret de l'eau de mer.

    *

    Dans le mme temps, des expenences sont ralises afin de dterminer l ' innocuit ou la nocivit de l 'utilisation , en mer, de dtergents ou d 'an-ti poil uants.

    Alain Bombard dans son labo-ratoire. aux Embiez.

    Apr~ " Naufrag volontaire " (Ed. A r thaud, 1953) a publi " La derni re exploration " (Ha-chette, 1974). ~

    - AQUARIUMS, MUSEE, BIBLIOTHEQUE, LABORATOIRES, STAGES-

    22

  • FONCTIONNEMENT DES AQUARIUMS

    La situation de l'Observatoire de la mer lui permet de disposer de l'eau de la Mditerrane, particuli-rement pure cet endroit. Cette puret est strictement contrle par les analyses effectues en perma-nence autour de l'le des Embiez. Quand les fonds marins ont t pro-fondment remus, il arrive, afin d'avoir une eau trs claire , que deux filtres soient branchs sur le circuit d 'arrive. Ces filtres sont trs rare-

    vidange des

    aquariums

    terrasse

    OBSERVATOIRE

    ment utiliss. Aussi l'eau conser