niki d e grand palais
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NIKI DE SAINT PHALLE grandpalais.fr
GRAND PALAIS GALERIES NATIONALES
17 septembre 2014 2 février 2015
© RmnGP 2014 - 2015
DOSSIER PĂDAGOGIQUE
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DOSSIER PĂDAGOGIQUE© RmnGP 2014 - 2015
SOMMAIRE
NIKI DE SAINT PHALLE 17 SEPTEMBRE 2014 - 02 FĂVRIER 2015
AVANT-PROPOS 3
PORTRAIT DE LâARTISTE 4
RENCONTRE · Se trouver · Devenir artiste · Ses choix
SA CARRIĂRE · MaĂźtre dâĆuvre · Ecrire et dessiner · Ses sujets favoris
DĂCOUVRIR QUELQUES ĆUVRES 10
Hors dâĆuvre (Portrait Of My Lover, Portrait Of Myself) - 1960
Grand Tir - 1961
Le Cheval et la Mariée - 1964
Nana assise - 1965
Black Venus - 1965-1966
Dear Diana - 1969
Book cover : Aids - 1986. Vive lâamour - 1990
LâArbre-serpent - 1987
Skull - MĂ©ditation Room - 1990
Nana jaune - 1996
DOCUMENTATION ANNEXE 20
Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely
Niki de Saint Phalle et lâAtelier Haligon
Chronologie sommaire
Le vocabulaire de lâexposition
Sitographie
Crédit Photo
Les mot accompagnĂ©s dâun * sont expliquĂ©s dans le vocabulaire de lâexposition page 28.
Les citations sont tirĂ©es des livres de Niki de Saint Phalle (Mon Secret, Traces) ainsi que celui de sa biographe Catherine Francblin : Niki de Saint Phalle. La rĂ©volte Ă lâĆuvre. Hazan 2013
Cré
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AVANT-PROPOS
Pour beaucoup, le nom Niki de Saint Phalle Ă©voque des rondes joyeuses de Nanas imposantes et colorĂ©es, le manĂšge enchantĂ© de la Fontaine Stravinky Ă Beaubourg ou lâapparition scintillante et miroitante du Monstre du Loch Ness Ă Nice⊠Ce nâest quâune partie infime de sa longue et trĂšs active carriĂšre.
Le parcours proposĂ© au Grand Palais forme un rĂ©cit Ă la fois protĂ©iforme, chaleureux mais aussi provoquant. Car lâĆuvre de Niki de Saint Phalle interpelle. Dâun format intimiste aux formes monumentales, par un thĂšme fĂ©tiche ou une crĂ©ation Ă©phĂ©mĂšre, lâartiste raconte ce qui la touche, la blesse ou la fait avancer. Mais ce nâest pas tout ; si son art est en grande partie autobiographique et fĂ©ministe, il est aussi participatif et radicalement engagĂ©âŠ
Sur lâaffiche de lâexposition, Niki de Saint Phalle nous met en joue. Dans le square de lâentrĂ©e de lâexposition, un arbre fontaine bariolĂ© crache des jets dâeau. Le propos de lâexposition serpente et ondule entre ces deux extrĂȘmesâŠ
La plupart des illustrations sont reproduites avec lâautorisation de la Niki Charitable Art Foundation. Celles de la page 22 ont Ă©tĂ© offertes par lâAtelier Haligon. Nous les en remercions trĂšs sincĂšrement.
Lâexposition a bĂ©nĂ©ficiĂ© du soutien de la MAIF, mĂ©cĂšne et partenaire Ă©ducation.
« LâART a Ă©tĂ© mon ami le plus proche. Sans lui, il y a longtemps que je serais morte,
la tĂȘte Ă©clatĂ©e ».
TRACES (1999)
LâArbre - serpent. 1987
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PORTRAIT DE LâARTISTE
RENCONTRE
Se trouver En 1994, Niki de Saint Phalle publie Mon secret, puis en 1999, Traces, deux autobiographies. Ses oeuvres ont Ă©tĂ© ses premiers rĂ©cits mais Ă prerque 70 ans, cĂ©lĂšbre dans le monde entier, grand mĂšre et arriĂšre-grand-mĂšre, elle peut enfn mettre des mots sur sa jeunesse chaotique et douloureuse. Lâartiste a mis des annĂ©es avant de se trouver.
Catherine-AgnĂ©s Fal de Saint Phalle1 naĂźt le 29 octobre 1930. Son pĂšre, banquier, descend dâune trĂšs ancienne famille noble française ; sa mĂšre est issue de la haute bourgeoisie dâaffaire amĂ©ricaine. Lâartiste fait un lien entre la ruine2 que connaissent ses parents Ă sa naissance et le fait dâĂȘtre, entre lâĂąge de 2 et 3 ans, sĂ©parĂ©e des siens et Ă©levĂ©e par ses grands-parents paternels. Ses repĂšres sont Ă nouveau bous-culĂ©s lorsquâelle rejoint ses parents, son frĂšre et ses deux sĆurs aux Ătats-Unis. On lâappelait AgnĂšs, elle devient Niki, apprend lâanglais,
et, Ă©crit-elle, connait « lâenfer » : mĂ©sentente violente de ses parents, instabilitĂ© des adultes, hypocrisie dâune Ă©ducation puritaine, carcan des institutions religieuses dâoĂč elle est rĂ©gu-liĂšrement renvoyĂ©e pour indiscipline.
LâĂ©tĂ© 1942, son pĂšre abuse dâelle. « Ce pĂšre tant aimĂ© est devenu un objet de haine (âŠ) pour la petite fille, le viol câest la mort »3. Elle taitsa dĂ©tresse, « lâenfer-me » en elle et renie tous les chevaliers du mythique passĂ© familial. Ses rĂȘves sont peuplĂ©s dâhĂ©roĂŻnes, figures fortes et surtout indĂ©pendantes.
Elle sâĂ©chappe du cadre familial en devenant mannequin Ă 18 ans4 (elle pose pour Vogue, Life, Harperâs Bazaar) et en se mariant lâannĂ©e suivante5. De son premier mĂ©tier, elle garde le goĂ»t du dessin et des vĂȘtements, avant tout des chapeaux. Avec son mari Harry Mathews, elle partage lâamour de la musique, la littĂ©rature (il est musicien et Ă©crivain), de lâart en gĂ©nĂ©ral. Ils ont 2 enfants, Laura et Philip. Niki pense devenir actrice et suit des cours de thĂ©Ăątre.
Devenir artisteLes Mathews sâinstallent en France en 1952, pour sâĂ©loigner de leurs familles respectives et, dira plus tard lâartiste, par rejet dâune sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine marquĂ©e par le racisme et le maccarthisme. En 1953, Niki est hospitalisĂ©e pour une grave dĂ©pression et subit une dizaine dâĂ©lectrochocs. Une providentielle thĂ©rapie par lâexpression picturale lâaide Ă surmonter sa souffrance : ses premiĂšres Ćuvres sont des collages puis des gouaches. Elle dĂ©couvre, Ă©tonnĂ©e puis Ă©merveillĂ©e, combien peindre la libĂšre de ses angoisses et lui permet de sâex-primer. Elle rĂ©alise ses premiers assemblages
1. Elle est née est à Neuilly sur Seine
(92200)
2. Conséquence du crash boursier
de 1929.
3. Mon secret (1994).
4. Rappel : la majorité est alors à 21 ans.
5. Mariage civil en 1949, religieux Ă la
demande des familles en 1950.
Niki de Saint Phalle. 1988.
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Ă partir dâobjets rĂ©cupĂ©rĂ©s et peint dans un style naĂŻf, chĂąteaux, fĂ©es et monstres.
Pendant sa convalescence, son pĂšre lui Ă©crit pour lui demander pardon. Le psychiatre qui la suit brĂ»le la lettre, arguant de banals fantasmes masculins. EffondrĂ©e de revivre ce quâelle avait inconsciemment enfoui, Niki se rĂ©fugie dans la peinture, encouragĂ©e par le peintre amĂ©ricain Hugh Weiss et soutenue par son mari. Elle expose pour la premiĂšre fois en mai 1956. Le couple voyage beaucoup et dĂ©sormais, toute dĂ©couverte la ramĂšne Ă lâenvie de peindre. Le parc GuĂ«ll dâAntoni Gaudi Ă Barcelone la marque profondĂ©ment, puis lâĆuvre de Jean Dubuffet, lâavant-garde amĂ©ricaine, Jasper Johns et Robert Rauchenberg pour le Pop Art (ils lui font aussi dĂ©couvrir Marcel Duchamp), Jackson Pollock et encore Willem de Kooning pour lâexpressionniste abstrait, encore Mark Rotthko ou le Facteur Cheval6 .
1956 est aussi lâannĂ©e de la rencontre avec Jean Tinguely*, impasse Ronsin7 Ă Paris, oĂč cohabite une importante communautĂ© dâartistes. Les lieux sont vĂ©tustes, tous vivent chichement, mais Niki apprĂ©cie lâesprit dâĂ©mulation et dâin-dĂ©pendance qui y rĂšgne. Elle travaille beau-coup ; comme ses amis Nouveaux rĂ©alistes*, sa peinture intĂšgre des matĂ©riaux et objets de rĂ©cupĂ©ration8 : jouets de ses enfants, bois, tissus, mais aussi couteaux et lames de rasoir qui Ă©taient auparavant toujours dans son sac Ă main9. Son univers est expressif, provoquant, contestataire, tragique (Paysage de la mort, Tu est moi10). Tinguely devient son compagnon en 1959. Ă 30 ans, Niki de Saint Phalle dĂ©cide de vivre sa carriĂšre dâartiste.
Ses choixDĂšs 1961, elle fait la une de la presse et attire les galeristes11. Les origines de sa famille, son sens de la mise en scĂšne (elle a Ă©tĂ© mannequin) et ses relations des deux cĂŽtĂ©s de lâAtlantique ne peuvent Ă eux seuls expliquer ce succĂšs rapide. Elle est lancĂ©e et restera cĂ©lĂšbre jusquâĂ sa mort. Pourquoi ? Quâapporte-t-elle Ă la scĂšne artistique ?
Niki se fait connaßtre par des tableaux-cibles, assemblage de planches avec un « corps »
(une chemise dâhomme) et une « tĂȘte » (une cible en liĂšge). Le public est invitĂ© Ă lancer des flĂ©chettes dessus. Presque aussitĂŽt, viennent les tableaux-tirs, reliefs composĂ©s de sachets dâaliments ou remplis de couleur recouverts de plĂątre, puis les tableaux-autels, accumulation en forme de façade dâĂ©glise dâobjets profanes ou religieux (angelots, Ă©lĂ©ments de couronne mortuaire, tĂȘtes de mort en plastique) collĂ©s sur des rĂ©serves de peinture. Des tirs au fusil font Ă©clater les surfaces, libĂ©rant des flots de couleurs. Son passĂ© vole en Ă©clats, comme on vide un abcĂšs. « Jâimaginais la peinture se mettant Ă saigner », dit-elle. « BlessĂ©e de la maniĂšre dont les gens peuvent ĂȘtre blessĂ©s. »
Ces débuts fracassants et médiatisés annoncent les grandes lignes de sa carriÚre.
· Son Ćuvre est marquĂ©e par son histoire intime et lâimaginaire. Lâartiste est consciente de se dĂ©voiler : lâart est une expression au sens quâil permet dâextĂ©rioriser des senti-ments. Cette forme dâexutoire prend toute sa force dans lâArt-action* et la performance* câest-Ă -dire lâaction en prĂ©sence et avec un public-acteur.
· « Quand jâĂ©tais petite, jâĂ©tais folle des cathĂ©-drales parce quâelles reprĂ©sentaient un art collectif ». Lâart doit ĂȘtre collĂ©gial, dit-elle, car lâautre stimule et enrichit ; elle intĂšgre avec fiertĂ© le groupe des Nouveaux RĂ©alistes*, apprĂ©cie de travailler en duo avec Tinguely et instaurer un esprit dâĂ©quipe sur ses chantiers.
· Son art sera toujours engagĂ© ; Ă©levĂ©e dans lâAmĂ©rique de lâApartheid et du Ku-klux- Klan, elle renaĂźt en France au moment de la dĂ©colonisation (Guerres dâIndochine, dâAl-gĂ©rie), du babyboom et du renouveau Ă©co-nomique. Ses sujets sont lâĂ©cho des revendi-cations sociĂ©tales de son Ă©poque, avant tout celles fĂ©ministes : elle veut choisir sa vie et ne plus ĂȘtre celle destinĂ©e au mariage (sĂ©rie des MariĂ©es, MĂšres dĂ©vorantes) ; ses femmes deviennent des hĂ©roĂŻnes (sĂ©ries des Nanas) ; fortes et gaies au physique comme morale-ment, elles sont enceintes (Hon), avortent, dansent et vivent librement. Niki apporte un soutien actif Ă la lutte contre le sida (Le sida tu ne lâattraperas pas)12 et contre le racisme (Black Nana, Black HerĆs).
6. Ferdinand Cheval (1879-1912) Ă
Hauterives (DrĂŽme).
7. Paris XVe. Constantin Brancusi
y réside.
8. Les nouveaux rĂ©alistes parlent dâAssemblages.
9. Mon secret (1994).
10. Qui peut se comprendre comme
« tuez-moi ».
11. Alexandre Iolas est son premier
galeriste en 1962.
12. En 6 langues.
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· Elle revendique la prĂ©sence de lâart dans les espaces accessibles Ă tous : la Fontaine Stravinsky Ă Paris et Sun God Ă San Diego, Le Monstre du Loch Ness Ă Nice, la Fontaine de ChĂąteau-Chinon, lâAnge protecteur dans la Gare de Zurich. La plasticienne devient architecte : ses Ćuvres sont habitables (Hon), servent aux jeux dâenfants (le dragon-tobog-gan « Golem » Ă JĂ©rusalem) ou deviennent un espace de lĂ©gendes (le Jardin des Tarots), et crĂ©ent une ambiance joyeuse (The Nanas conquiert The City Ă Hanovre). « Jâaime ĂȘtre avec les gens et faire quelque chose pour eux dans leur vie quotidienne ».
· Elle ose tous les formats, tous les matĂ©-riaux, tous les accords chromatiques. Aucun dĂ©fi ne lui fait peur ! Câest une touche-Ă -tout : dĂ©cors de thĂ©Ăątre, mise en scĂšne, Ă©criture- illustration de livres, de poĂšmes, rĂ©alisation de films (dont le fameux Daddy de 1972). Niki de Saint Phalle abolit les hiĂ©rarchies, valeurs ou repĂšres, pour retrouver une Ăąme dâenfant. Son art veut Ă©tonner, faire rĂȘver, amuser, et donner sinon du bonheur, au moins communiquer une Ă©nergie Ă vivre. Les couleurs toniques et lumineuses, trĂšs Pop Art*, deviennent sa banniĂšre.
SA CARRIĂREEnviron 3 500 Ćuvres13 (en cinquante ans de carriĂšre) sont rĂ©pertoriĂ©es, le chiffre a de quoi impressionner ! Câest une boulimique du travail qui mĂšne toujours plusieurs projets de front ; sa vie personnelle se confond avec sa vie artistique.
MaĂźtre dâĆuvrePlus quâartiste, elle se voit « maĂźtre dâĆuvre » : elle met des forces en mouvement pour donner naissance Ă une crĂ©ation. Collaboration tempo-raire (le spectacle Eloge de la folie), de longue haleine (Cyclop Ă Milly-la-ForĂȘt avec Tinguely) ou de presque toute une vie (le Jardin des Tarots en Toscane), son engagement est entier. Elle apprend lâitalien pour communiquer avec
ses Ă©quipes, vit et dort sur le chantier dans lâĆuvre en cours de rĂ©alisation, veille Ă lâin-tendance. Femme dâaffaire, elle soigne son image et se met en scĂšne pour la presse et le public ; ses entreprises sont autofinancĂ©es par les « multiples originaux » (copies limitĂ©es de ses Ćuvres), produits dĂ©rivĂ©s (parfum, Nanas miniatures ou gonflables, lithographies, vignettes autocollantes), rĂ©alisĂ©s et diffusĂ©s sous son contrĂŽle.
Autodidacte, elle se nourrit de tout : autres artistes, Antoni Gaudi et Henri Matisse (ses prĂ©fĂ©-rĂ©s), Marc Chagall, Joan Miro, RenĂ© MagritteâŠ, de cultures anciennes (du Pacifique, dâEgypte, du Proche Orient, amĂ©rindienne) et de pĂ©riodes (Art roman) ; la musique lâinspire : classique (de Jean-SĂ©bastien Bach Ă Erik Satie), contempo-raine : jazz (Miles Davis) et tango (Astor Piazzolla). Elle apprĂ©cie par-dessus tout le hasard de la dĂ©couverte, dâoĂč son attachement Ă la rĂ©cupĂ©-ration dâobjets, Ă lâexpĂ©rimentation qui, comme dans un jeu, peut rater ou surprendre, enfin Ă la rencontre avec autrui.
Comme dâautres artistes de sa gĂ©nĂ©ration, elle sâempare de matiĂšres nouvelles14, parti-culiĂšrement le polyester, la rĂ©sine et les colles plastiques. Lâusage rĂ©gulier de ces produits et de leurs solvants, manipulĂ©s sans protection, dans des espaces mal ventilĂ©s et poussiĂ©reux, contribuent Ă affaiblir sa santĂ© dĂ©jĂ fragile (elle est asthmatique et souffre de polyarthrite rhumatoĂŻde). En crise, elle Ă©crit et dessine pour surmonter la douleur de la maladie.
Ecrire et dessinerLes dessins et Ă©crits de Niki de Saint Phalle sont complĂ©mentaires de sa crĂ©ation plastique. Elle « Ă©crit-dessine » sa vie durant. Beaucoup racontent les rĂ©alisations en cours ou Ă©voquent des projets. Un deuxiĂšme ensemble rĂ©unit les Ćuvres graphiques crĂ©Ă©s pour lâĂ©dition (litho-graphie15, sĂ©rigraphie16). Le dernier groupe est de loin le plus attachant puisquâil comprend des Ă©crits et dessins rĂ©alisĂ©s pour elle-mĂȘme, des lettres destinĂ©es Ă des proches (Tinguely lui rĂ©pond de la mĂȘme maniĂšre) ou adressĂ©es Ă une personne fictive.
13. Elle aurait crĂ©Ă© en moyenne deux Ćuvres
par semaine.
14. Voir dans DĂ©couvrir quelques Ćuvres et dans
Documentation annexe.
15. Technique de reproduction dâun motif
tracé sur une pierre.
16. Technique de reproduction dâun motif
Ă lâaide de pochoir(s).
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Ecrits et dessins sont indissociables. Ă partir dâune gamme de motifs variĂ©s (personnages, animaux, ornementsâŠ) lâartiste combine Ă©criture et plages dĂ©coratives en Ă -plats trĂšs colorĂ©s. Les lettres peuvent devenir des motifs et les motifs se glisser entre les mots ou les remplacer. Les alignements alternent avec les tracĂ©s en forme (courbes, enroulementsâŠ). Le fond de la page reste visible, lâespace de la feuille semblant ĂȘtre occupĂ© de façon alĂ©atoire, spontanĂ©e, quelquefois baroque. Les outils du quotidien (feutres17, stylo bille18, crayons de couleurs) renforcent lâeffet naĂŻf et fausse-ment enfantin.
Au contraire de lâĆuvre monumentale rĂ©alisĂ©e dans la durĂ©e, les dessins et Ă©crits de lâartiste sont des instantanĂ©s, des bribes de rĂȘves, de courtes pensĂ©es, des fragments de dialogues. La dĂ©marche sâapparente Ă celle de lâĂ©criture automatique* des surrĂ©alistes (elle a rencontrĂ© Marcel Duchamp, Salvador Dali, RenĂ© Magritte). Lâartiste dit se souvenir dâillustrations de livres de son enfance. Les Ă©ditions conservent la calli-graphie de son Ă©criture ronde ce qui donne lâidĂ©e dâun dialogue intime avec le lecteur. Lâensemble forme une fresque narrative, un conte autobiographique et romanesque. Câest une lecture visuelle, accessible Ă tous quelque soit la langue, voire lâĂąge. Son style, facilement identifiable devient une marque19, Ă lâinstar de lâĂ©volution de la publicitĂ© contemporaine en marketing.
Les sujets et motifs fĂ©tichesSi, dĂšs ses premiĂšres Ćuvres, Niki de Saint Phalle se raconte de façon expressive (et plus ou moins consciente), elle ne rĂ©vĂšle son passĂ© douloureux que tardivement. Ainsi les sources intimes de son inspiration ne doivent pas prendre le pas sur lâeffet de lâĆuvre achevĂ©e. Par contre lâartiste crĂ©e sciemment un univers oĂč, comme dans les contes de fĂ©e, le beau et le bien sâopposent au mal. Son but, dit-elle, est dâ « essayer dâĂ©gayer la vie. Câest notre rĂŽle, Ă nous les femmes ».
Quels sont ses sujets et motifs préférés ?
· LES ANIMAUXUn vaste bestiaire peuple ses Ćuvres : animaux communs (cheval, oiseau, rhinocĂ©ros, Ă©lĂ©phant,
poissonâŠ), prĂ©historiques (dinosaure, ptĂ©ro-dactyle), ceux couramment rejetĂ©s (araignĂ©e, chauve-souris), imaginaires (dragon, phĂ©nix), ou anthopomorphes (sirĂšne, chimĂšre). Tous sont vus de façon ludique et non-rĂ©aliste. Lâanimal comme lâhumain peut ĂȘtre victime (lâOiseau blessĂ©) et bestial : « Quand les hommes sont amoureux, ce sont des animaux ; quand ils sont mĂ©chants, ils deviennent des monstres ». Les monstres-dragons apparaissent dans le contexte de la guerre froide ; Niki dira avoir Ă©tĂ© inspirĂ©e par le cinĂ©ma et les comics amĂ©ricains (dont Godzilla, Gorgo, King Kong) autant que par lâart mĂ©diĂ©val, particuliĂšrement lâArt roman. Le serpent, reptile associĂ© Ă lâodieux Ă©tĂ© 1942, devient avec le temps, un animal tout en courbe et en couleurs et mĂȘme un arbre-fontaine.«Pour moi, ils reprĂ©sentaient la vie mĂȘme, une force primitive indomptable. En fabriquant moi-mĂȘme des serpents, jâai pu transformer en joie la peur quâils mâinspiraient. Par mon art, jâai appris Ă dompter et Ă apprivoiser ces crĂ©atures qui me terrorisaient».
· LâARBRE ET LE JARDINLes arbres de Niki sont solides, avec un tronc droit, un feuillage ample et colorĂ©. Câest un refuge, pour les oiseaux comme pour tout ceux qui en Ă©prouve le besoin, une image de vie, fĂ©conde et Ă©ternelle. Il figure au cĆur de sa brochure dâinformation sur le sida, accom-pagnĂ© de la dĂ©claration : « Vive lâamour ».Le jardin est « un lieu oĂč rĂȘver, un jardin de joie et dâimagination ».Elle disait des oiseaux : « Quand je dessine les ailes, je respire ». Leur image est indissociable de ses graves problĂšmes pulmonaires.
· LE CRĂNELes crĂąnes20 de Niki sont associĂ©s Ă la « mort » quâelle a vĂ©cu lâĂ©tĂ© 1942. Plus tard, elle dĂ©couvre les vanitĂ©s du catholicisme du XVIIe siĂšcle, parti-culiĂšrement lors de ses sĂ©jours en Espagne ainsi que le folklore religieux sud-amĂ©ricain lors de ses voyages au Mexique et au Guatemala). Mais comme pour le serpent, elle apprivoise le motif et le fait sien : les crĂąnes sont colorĂ©s, ornĂ©s de fleurs ou de mosaĂŻques chatoyantes. Sa vision du macabre ne prĂ©figure-t-elle pas lâemballement rĂ©cent pour le motif du crĂąne sur les vĂȘtements ?
17. Le stylo feutre est commercialisé en
1963 par la société japonaise PentelŸ.
18. Le stylo bille se démocratise aux Etat-Unis aprÚs la guerre,
en Europe dans la décennie 1950-1960.
19. Le terme logo nâĂ©tait pas
encore vulgarisé.
20. En lien avec lâexposition, le
Centquatre (XIXe arr.) présente un autre
crùne (17 déc- 1er fév) : http://www.104.fr/
programmation/evenement.
html?evenement=409
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· LâEAU ET LA FONTAINENiki aime les fontaines dont les jets dâeau font la joie des enfants. Pour cette raison, sa fontaine Arbre-serpent sera installĂ©e au Grand Palais dans le bassin dâornement du square. Fontaine-sculpture ou fontaine composĂ©e de plusieurs modules indĂ©pendants, lâartiste amplifie les reflets naturels de lâeau sur les surfaces en utilisant des matiĂšres brillantes ou des miroirs. Lâeau source de vie devient lumiĂšre, signe de gaietĂ© et de bonheur.
· LA FEMME La femme est au cĆur de sa crĂ©ation. Les premiĂšres, façonnĂ©es grossiĂšrement avec du plĂątre sur du grillage, sont rigides et blanches, comme exsangues (sĂ©rie des MariĂ©es). Les MĂšres dĂ©vorantes illustrent le cĂŽtĂ© sombre de la maternitĂ© tandis que les DĂ©esses sont des symboles de leur pouvoir crĂ©ateur. Niki aurait eu envie de formes opulentes et colorĂ©es en voyant une amie21 enceinte et Ă©panouie. Elle appelle ses sculptures Nanas, ce qui, dans les annĂ©es 60, dĂ©signe une fille joyeuse et sans tabou22⊠en argot ! Niki adore lâargot23 et surprendre en lâemployant ; elle jubi-lera dâapprendre quâau XIXe, une nana Ă©tait une prostituĂ©e24 et que les SumĂ©riens vĂ©nĂ©raient le dieu Nanna, gardien du fleuve Euphrate. Ses Nana (s) sont des femmes-dĂ©esses, gĂ©antes, fortes, mais lĂ©gĂšres puisque libĂ©rĂ©es de tout carcan, fantaisistes et joyeuses. Chacune a un prĂ©nom, comme ses poupĂ©es de petite fille. En 1967, elle rĂ©alise sa premiĂšre Nana noire. Ce sont les Ćuvres les plus iconiques de sa carriĂšre et sans aucun doute les plus mĂ©diatisĂ©es.
· LA MAIN ColorĂ© ou ornĂ© de motifs-tatouages, peints ou sculptĂ©s, le motif de la main est tellement prĂ©sent dans lâĆuvre de Niki de Saint Phalle quâil peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une signature ! Comment sâen Ă©tonner : la main est, avec la parole, ce qui lui permet de sâexprimer et de se libĂ©rer, mais câest aussi une partie dâelle-mĂȘme qui la fait terriblement souffrir : ses mains sont progressivement dĂ©formĂ©es par la maladie. De nombreuses mains sont ornĂ©es de signes astrologiques, rappelant lâintĂ©rĂȘt de lâartiste pour les cartes et la divination (Jardin des Tarots).Lâartiste Ă©tait passionnĂ©e par lâĂ©sotĂ©risme et pratiquait la chiromancie.
· LES SIGNES RELIGIEUX ET POLITIQUESLes tableaux-autels explosĂ©s Ă coups de fusil entre 1964-1965 dĂ©noncent avec violence le pouvoir religieux, sa morale hypocrite et intru-sive particuliĂšrement dans la vie des femmes (ses Ćuvres sont contemporaines des dĂ©bats sur la contraception et lâavortement). Encore accusĂ©e de sacrilĂšge quelques annĂ©es plus tard, elle sâen dĂ©fend en disant : « Je nâai jamais tirĂ© sur Dieu (âŠ), je tire sur lâEglise ». Dans une CathĂ©drale, elle place des lettres, en bois, de son prĂ©nom dans lâassemblage dâobjets sur lequel elle tire ensuite. Sa dĂ©marche icono-claste vise aussi les grands qui dirigent le monde : le tableau-tir Heads of States fait voler indifĂ©remment en Ă©clats Castro, Kennedy, Krouchtchev, Lincoln, De Gaulle, Washington et le PĂšre NoĂ«l !
· LE CĆUR, LE SOLEIL, LA FLEUR Ces trois motifs sont rĂ©currents dans son Ćuvre, et presque toujours associĂ©s ; de facture naĂŻve et trĂšs colorĂ©s, ils ornent particuliĂšrement les seins, fesses et ventre des Nanas. Ne peut-on pas les considĂ©rer comme la prĂ©figuration de nos smileys ?
Ses derniĂšres annĂ©esEn 1994, Niki de Saint Phalle sâinstalle Ă San Diego (Californie) oĂč le climat convient mieux Ă sa santĂ© de plus en plus fragile. Cette mĂȘme annĂ©e est inaugurĂ© le MusĂ©e Niki de Saint Phalle Ă Nagu au Japon ; son Ă©tat ne lui permet pas de se rendre Ă lâinauguration. Elle dĂ©cĂšde le 21 mai 2002. Elle avait, entre temps, soigneusement organisĂ© sa succession : la Niki Charitable Art Fondation regroupe sa collec-tion personnelle ainsi que ses archives, et gĂšre le droit moral sur lâensemble de sa crĂ©ation (dont le Jardin des Tarots et le Cyclop Ă Milly). Un nombre important dâĆuvres avaient Ă©tĂ© offertes « lĂ oĂč on les aime », au Sprengel Museum de Hanovre et au MAMAC, musĂ©e dâArt moderne et dâArt contemporain de Nice. Dans un musĂ©e ou dans la rue, au quatre coins du monde, elle souhaitait continuer de « rapprocher les gens ».
21. Clarice Rivers.
22. Nana au XIXe désigne une prostituée.
23. Elle peut ĂȘtre aussi grossiĂšre que raffinĂ©e,
en français comme en anglais.
24. Le roman Ă©ponyme dâĂ. Zola est publiĂ© en 1880.
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Le chapeau de clown - Le cĆur - Lâoiseau de feu - La sirĂšne - Lâoiseau cassĂ©.1983, Fontaine Igor Stravinsky Ă Paris.
Jâaime le rond.Jâaime le rond, les courbes, lâondulation,le monde est rond, le monde est un sein.
Je nâaime pas lâangle droit, il me fait peur.Lâangle droit veut me tuer, lâangle droitest un assassin.
Lâangle droit est un couteau,lâangle droit câest lâenfer.
Je nâaime pas la symĂ©trie.Jâaime lâimperfection.
Mes cercles ne sont jamais tout Ă fait ronds.Câest un choix, la perfection est froide.Lâimperfection donne la vie, jâaime la vie.
Jâaime lâimaginaire comme un moinepeut aimer Dieu.Lâimaginaire câest mon refuge, mon palaislâimaginaire est une promenade Ă lâintĂ©rieur du carrĂ© et du rond.
Je suis une aveugle, mes sculpturessont mes yeux.
Lâimaginaire est lâarc-en-ciel,le bonheur est lâimaginaire, lâimaginaire existe.
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DĂCOUVRIR QUELQUES ĆUVRES
HORS DâĆUVRE
REGARDERUne chemise dâhomme ornĂ©e de boutons colorĂ©s est fixĂ©e Ă plat sur un support. Une cible avec deux flĂ©chette est placĂ©e au niveau du col. Lâensemble Ă©voque une silhouette. La « tĂȘte » ronde est cernĂ©e dâun trait blanc et se dĂ©tache sur un fond bleu nuit.
COMPRENDRECes matĂ©riaux rĂ©cupĂ©rĂ©s ont un signifiant fort et simple : la chemise blanche, signe mascu-lin, est dĂ©tournĂ©e de son usage habituel. Ironiquement, la femme artiste a cousu des boutons sur toute la surface et « salit » la toile par de grandes traces bleues25. La tĂȘte cible avec les deux flĂ©chettes suffit Ă elle seule Ă nous faire comprendre que lâassemblage*
sert dâexutoire Ă une relation insatisfaisante et douloureuse. Le titre confirme quâil sâagit dâun portrait double (lâex-amant et lâauteur), et lâimage dâune sĂ©paration assumĂ©e.
En 1960-1961, Niki de Saint Phalle rĂ©alise dâautres Ćuvres composĂ©es comme ici dâun corps- chemise et une tĂȘte-cible. Celle-ci sâappelle Hors dâĆuvre, elle « met en bouche », pourquoi ? · Elle vaudra dâabord Ă la jeune femme non
encore reconnue dâexposer26 au cĂŽtĂ© des artistes (masculins) du Nouveau rĂ©alisme*. LĂ , le public est invitĂ© Ă lancer des flĂ©chettes afin de jouer avec une histoire qui peut ĂȘtre la leur. Comme ses nouveaux complices, Niki de Saint Phalle est convaincue que lâart doit ĂȘtre participatif* et perceptuel*. · Hors dâĆuvre rappelle cette premiĂšre sĂ©ance publique et dâautant plus que lâĂ©vĂšnement procure Ă lâartiste « une illumination ». En voyant son panneau Ă cĂŽtĂ© de celui entiĂšre-ment blanc dâun autre artiste27, elle raconte avoir « [imaginĂ©] la peinture se mettant Ă saigner. BlessĂ©e de la maniĂšre dont les gens peuvent ĂȘtre blessĂ©s. » Quelques jours aprĂšs elle commence la sĂ©rie des tableaux-tirs.
POUR COMPARERGuitare de Pablo Picasso (1926). Paris, musĂ©e Pablo Picasso. Lâassemblage renvoie lui aussi Ă un rĂ©cit autobiographique douloureux ; lâĆuvre nâest pas ouverte Ă autrui (les clous sont dirigĂ©s vers le spectateur). Il nây a pas de dĂ©marche participative. · Jasper Johns peint des cibles dans
les années 1950. · Les coulures sur la chemise rappellent
celles de Jackson Pollock (drippings).
Agence photohttp://www.photo.rmn.fr/archive/97-017949-2C6NU0SS4ICL.html
(DIT AUSSI PORTRAIT OF MY LOVER, PORTRAIT OF MYSELF) 196081,5 X 62,2 X 40 CMPLĂTRE, CIBLE, PEINTURE, FLĂCHETTES, CHEMISE DâHOMME, BOUTONSPARIS, COLLECTION PARTICULIĂRE
25. Les ménagÚres utilisaient le bleu pour
blanchir le linge.
26. Salon Comparaisons, Paris, inauguré le 6 février
1961.
27. Le peintre néerlandais
Bram Bogart.
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GRAND TIR
REGARDERUne surface en plĂątre trĂšs bosselĂ©e recouvre plus ou moins le support en bois, le grillage et les objets de rĂ©cupĂ©ration qui se trouvent dessous. Un peu partout, des Ă©clatements ont laissĂ© couler de longues traĂźnĂ©es de couleur. Lâensemble donne un effet contrastĂ© : les couleurs sont vives mais la surface a Ă©tĂ© trouĂ©e ; les teintes se mĂ©langent en partie basse.
COMPRENDRELâĆuvre appartient Ă la sĂ©rie des tableaux-tirs crĂ©Ă©s fin fĂ©vrier 1961 juste aprĂšs lâexposition mĂ©morable de Hors-dâĆuvre. Un tableaux-tir est rĂ©alisĂ© en deux temps : · prĂ©paration du support : des petits objets,
matériaux de récupération et sachets de couleur liquide sont recouverts par une épaisse couche de plùtre.
· rĂ©alisation du tableau : une fois le plĂątre sec, Niki de Saint Phalle tire dessus au fusil ou invite des amis Ă le faire. Le tir fait Ă©clater les poches de couleur qui se rĂ©pandent sur la surface. Ce que nous voyons est le souve-nir matĂ©riel dâun Art dâaction*, câest-Ă -dire une crĂ©ation dont lâaccomplissement est aussi important que le rĂ©sultat.
Lâassociation art et arme peut paraĂźtre icono-claste. Le passage des flĂ©chettes de Hors dâĆuvre au fusil dit lâartiste, sâest « naturelle-ment » fait : un forain dâun stand de tir voisin a acceptĂ© (avec inquiĂ©tude) de prĂȘter un fusil. NĂ©anmoins, on peut aussi penser que lâarme Ă©tait une provocation Ă la mesure de la souf-france que lâartiste portait en elle. Plus ĂągĂ©e, et apaisĂ©e, elle Ă©crivait : « Je peux seulement combattre la douleur et la tristesse avec lâaction. Lâaction est mon arme »28. A postĂ©riori, elle dira aussi avoir voulu tirer sur toutes les violences qui la rĂ©voltent, de la Guerre dâAlgĂ©rie Ă la pauvretĂ© ou au racisme aux Ătats-Unis.
Le tableau-tir est aussi la trace dâune mĂ©tamor-phose : de la masse informe et blanche jaillit la peinture, celle qui donnera Ă Niki de Saint Phalle sa raison de vivre. AussitĂŽt la surprise lâemporte : quelle sera la couleur suivante ? La matiĂšre ruisselle et se mĂ©lange de façon alĂ©atoire. Le jeu, le hasard et lâexpĂ©rimentation sĂ©duiront toujours lâartiste. Elle aime surprendre pour redonner au public la part de curiositĂ©, dâĂ©tonnement et de jubilation qui les rattache Ă lâenfance.
Enfin les tableaux-tirs de Niki de Saint Phalle sont considĂ©rĂ©s comme un moment clef de lâArt participatif*. Le peintre amĂ©ricain Robert Rauschenberg29 qui avait encouragĂ© Niki dĂšs ses premiĂšres peintures dira : « Lâart nâa jamais Ă©tĂ©, ni avant ni depuis, aussi dĂ©mocratique »30. Ce Tir est exposĂ© cette mĂȘme annĂ©e31 ; lâartiste intĂšgre le groupe des Nouveaux RĂ©alistes* et sa carriĂšre internationale est lancĂ©e.
Pour complĂ©ter :Site de lâINA : Tirs Niki de St Phalle. 1961. (1min18) www.ina.fr/video/I05127774
1961 143 X 77 X 7 CMPEINTURE, PLĂTRE, OBJETS DIVERS SUR CONTRE-PLAQUĂPARIS, COLLECTION PARTICULIĂRE
28. Lettre Ă Jean Tinguely. Octobre 1989.
29. Robert Rauschenberg est le premier en 1952 Ă
réaliser des assemblages (dits Combine painting).
30. Cité par Catherine Francblin : Niki de Saint
Phalle, la rĂ©volte Ă lâĆuvre. Hazan 2006.
31. Exposition «Feu à volonté», Galerie J à Paris.
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LE CHEVAL ET LA MARIĂE
REGARDERLa sculpture, monumentale parce que réalisée en taille réelle, représente une mariée, vétue de blanc et au visage caché par un voile de tulle, montant en amazone un cheval.
La monture fascine : lâanimal est intrĂ©grale-ment composĂ© dâune accumulation hĂ©tĂ©roclite dâobjets de rĂ©cupĂ©ration : fausses fleurs, faux fruits, passoire, boĂźte Ă Ćufs, petites bouteilles, et surtout jouets dâenfants (avions, poupons, poupĂ©es, ustensile de dinette, animaux), de toutes les tailles et de toute les couleurs, cassĂ©s ou intacts.
COMPRENDRELes formes rebondies et colorĂ©es de lâanimal attirent : quel bazar ! Tout ce que la sociĂ©tĂ© de consommation produit comme choses dites utiles et qui finissent Ă la poubelle a Ă©tĂ© collectĂ©. Niki dĂ©valisait les magasins et supermarchĂ©s achetant par dizaines les jouets, ustensiles de cuisine, bibelots, fleurs en plas-tique, etc. AssemblĂ©s avec patience, ils trouvent une nouvelle finalitĂ© : reconstituer, par fixation
sur une structure en grillage, le corps dâun cheval, animal dit noble. Le message est clair : peu importent les moyens, vive lâimaginaire !Niki de Saint Phalle reprend Ă son compte la dĂ©marche des artistes rencontrĂ©s impasse Ronsin, dont Jean Tinguely qui est devenu son compagnon ; leur pauvretĂ© lâavait marquĂ©e (elle est issue dâun milieu trĂšs aisĂ©) mais aussi leur dĂ©termination Ă vivre de leur art. Cet assemblage* date de 1964 et a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă Soisy-sur-Ăcole32, oĂč elle a emmĂ©nagĂ© avec Tinguely. Les lieux, vastes, lui permettent dâen-visager les formats de ses ambitions : depuis la Renaissance, une statue Ă©questre est lâen-treprise des artistes reconnus.
Les chevaux des rĂ©cits de son enfance Ă©taient montĂ©s par de preux chevaliers. Celui-ci, solide, presque goguenard avec ses fleurs en plas-tique, porte une mariĂ©e maigre et raide. Quel contraste ! La couleur blanche renvoie Ă un statut « honorable » mais lâeffet fantomatique dĂ©range. Lâartiste exprime son rejet du mariage, mode de vie qui lui Ă©tait destinĂ©. « Le mariage, câest la mort de lâindividu »33.
A nouveau lâartiste se raconte. Son cheval colorĂ© marche tranquillement, comme Niki va de lâavant Ă lâimage de ses lointains aĂŻeux chevaliers. La monture des hommes est dĂ©sor-mais la sienne, mĂȘme si elle porte encore son passĂ© sur son dos. Lâassurance de lâartiste est telle quâelle nâĂ©coute pas les reproches de ses amis et marchands inquiets de la voir entre-prendre de tels volumes. Le Cheval et la MariĂ©e marque ses dĂ©buts de sculpteur ; ce dĂ©fi ne la quittera plus.
1964235 X 300 X 120 CMTISSU ET OBJETS DIVERS SUR GRILLAGEHANOVRE, MUSĂE SPRENGEL
32. Essonne (91840).
33. Plus tard, apaisée, elle dira que son premier mariage
a été heureux.
« Je crois que trĂšs tĂŽt je me suis vue dans la peau dâun hĂ©ros avec toutes sortes de preuves Ă donner de ce dont jâĂ©tais capable. Mon goĂ»t pour le monumental vient de là ».
« Je ferai les plus grandes sculptures de ma génération. Les plus grandes et plus puissantes, comme celles des hommes ».
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NANA ASSISE
REGARDERUne Ă©norme figure est assise, jambes Ă©car-tĂ©es, bras atrophiĂ©s levĂ©s, tĂȘte atrophiĂ©e. La nuditĂ© permet dâidentifier une femme aux seins Ă©normes et au sexe Ă©voquant une fleur ou un insecte aĂźlĂ©.La surface est peinte de motifs variĂ©s : farandole de cĆurs rouges, cible bariolĂ©e ou fleur sur les seins, quadrillages en « jaccard » ou lignes entremĂ©lĂ©es⊠le tout sur un fond couleur caramel.
COMPRENDREBalayĂ©s tous les canons de beautĂ© fĂ©minine de lâhistoire des arts ! Niki de Saint Phalle renoue avec les VĂ©nus de la prĂ©histoire, des dĂ©esses ! Lâartiste au physique dit « idĂ©al »34 (elle a Ă©tĂ© quelques mois mannequin) pose la question de la place de la femme dans la sociĂ©tĂ© du XXe
siĂšcle et dans lâhistoire de lâart.
Elle appelle affectueusement chaque sculp-ture par un prĂ©nom, et nomme lâensemble ses « Nanas ». Nana Ă©voque les premiers mots de lâenfance, comme la position jambes Ă©car-tĂ©es est celle dâune peluche ou dâun baigneur assis. Dans le langage courant des sixties, une nana est un fille joyeuse et sans tabou. Lâartiste adore parler argot, surtout en contraste avec ses effets de toilette et de chapeaux !
Nana est ainsi lâaffirmation dâune identitĂ© fĂ©minine naturelle au sens de non bridĂ©e par lâĂ©ducation moralisatrice et ce qui est liĂ©, par les interdits de la sociĂ©tĂ©. Si Niki souhaite sâasseoir jambes Ă©cartĂ©es comme un bĂ©bĂ©, elle le fait ! Elle jubile en apprenant que Nana dĂ©signait au XIXe siĂšcle une prostituĂ©e et que les SumĂ©riens vĂ©nĂ©raient un dieu Nanna35 ; la boucle est bouclĂ©e : les Nanas de Niki de Saint Phalle seront ses dĂ©esses, libres et sans complexe. Le corps en porte sa dĂ©claration fĂ©ministe : attributs sexuels, cĆurs et fleurs (lâauteur se reconnaĂźt trĂšs sentimentale).
LâannĂ©e suivante, elle rĂ©alisera pour le musĂ©e dâart moderne de Stockholm une nana Ă©phĂ©-mĂšre appelĂ©e Hon (« elle » en suĂ©dois), une gĂ©ante de 27 m de long, haute de 6 m, dans laquelle le public pouvait entrer par le vagin.
« Elle reprĂ©senta pour beaucoup de visiteurs comme pour moi le rĂȘve du retour Ă la Grande MĂšre. Des familles entiĂšres avec leurs enfants, leurs bĂ©bĂ©s, vinrent la voir. HON eut une vie courte mais pleine. (âŠ) Des mauvaises langues dirent que câĂ©tait la plus grande putain du monde parce quâelle accueillit 100 000 visiteurs en trois mois ».
LETTRE Ă CLARICE
1965100 X 140 X 140 CMLAINE, PAPIER MĂCHĂ, GRILLAGEPARIS, COLLECTION PARTICULIĂRE
34. Au mĂȘme moment Twiggy (« la
Brindille »), au physique androgyne, devient lâĂ©gĂ©rie de la mode.
35. Un dieu gardien du fleuve Euphrate.
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BLACK VENUS
REGARDERUne femme noire en maillot de bain bariolĂ© et fleuri lĂšve les bras pour attraper ou lancer un ballon. Les formes des cuisses et du bassin sont amples, la poitrine trĂšs gĂ©nĂ©reuse. Les extrĂ©mitĂ©s des membres et la tĂȘte sont atro-phiĂ©s par rapport au reste du corps.
Cette gĂ©ante (presque 2,80 m) semble lĂ©gĂšre ; lâapparition est joyeuse, ne serait-ce que par les motifs dĂ©coratifs du maillot : magnifique cĆur rouge et bleu sur le ventre, fleur rose sur un sein, fleur Ă pĂ©tales multicolores sur lâautre, Ă nouveau fleurs et cĆur sur les hanches.
COMPRENDREà partir des années 1965, Niki de Saint Phalle se constitue toute une famille de Nana au corps épanoui et plantureux. Les couleurs sont éclatantes comme on peut imaginer une
farandole de maillots de bain multicolore sur une plage en Ă©tĂ©. La sculpture est dâailleurs en polyester, matĂ©riau qui permet de rĂ©aliser des sculptures dâextĂ©rieur.
Au delĂ du ressenti joyeux, cette Ćuvre a une signification politique forte. Cette Nana est de peau noire et a Ă©tĂ© crĂ©e dans le contexte violent de lutte des noirs amĂ©ricains contre la sĂ©grĂ©gation dont ils sont victimes. Câest une des premiĂšres sinon la premiĂšre dâune longue sĂ©rie rĂ©alisĂ©e en hommage, dira lâartiste, aux femmes noires, doublement victimes, dâĂȘtres femmes et dâĂȘtre noires. Lâartiste rĂ©affirme sa solidaritĂ© lâannĂ©e suivante : Black Venus est prĂ©sentĂ©e en 1967 au Stedelijk Museum dâAmsterdam dans une exposition intitulĂ©e : The Nana Power (Le pouvoir des Nanas). Le titre de lâexposition fait rĂ©fĂ©rence au Black Power, mouvement revendiquant lâĂ©galitĂ© des droits des citoyens noirs amĂ©ricains.
NĂ©e en 1967, Black Venus est acquise en 1969 par le Whitney Museum of American Art de New York36, ce qui contribue Ă en faire une image iconique. Entre temps, en 1968, aux Jeux Olympiques de Mexico, deux athlĂštes noirs amĂ©ricains Tommie Smith et John Carlos, ont du rendre leurs mĂ©dailles au comitĂ© olympique pour avoir, levĂ© un poing gantĂ© de noir pendant lâhymne national, en signe militant. Les jours suivants, en soutien, Peter Norman, athlĂšte noir australien portera lâinsigne « Olympic project for human rights » (Projet olympique pour les droits humains). Il ne sera pas sĂ©lectionnĂ© pour les Jeux Olympiques de 1972, malgrĂ© ses performances37. La mĂȘme annĂ©e, elle crĂ©e Black Rosy ou My Heart belongs to Rosy en hommage Ă Rosa Parks, Ćuvre Ă©galement prĂ©sentĂ©e dans lâexposition.
« Je suis solidaire de tous ceux que la société et la loi excluent et écrasent ».
1965 - 1966ARMATURE MĂTALLIQUE, RĂSINE DE POLYESTER 279,4 X 88,9 X 60,96 CMNEW YORK, WHITNEY MUSEUM OF AMERICAN ART
36. Le musée ne présente que des
artistes américains.
37. Le parlement australien examine
actuellement un texte dâexcuses posthumes.
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DEAR DIANA.IâM SO HAPPY
REGARDERLa page se prĂ©sente comme une lettre Ă©crite par lâartiste Ă Diane, une amie. « Elle est si heureuse » comme « elle a eu pas mal dâennuis » : et de raconter ses rĂ©centes - et multiples - dĂ©penses : vĂȘtements Ă la mode, Dior ou HermĂšs, parfum, maquillage pour avoir « une allure fatale », soins de coiffeur, abonnement Ă Vogue (maga-zine de mode pour lequel elle a posĂ© dix ans plus tĂŽt), livres, cours de cuisine. Les prix sont soigneusement notĂ©s. Elle termine en se disant entiĂšrement sous le charme dâun photographe !
Les mots se mĂȘlent aux dessins et les couleurs sont vives ; la part du texte est assez importante et le dessin rapide.
COMPRENDRELe rĂ©cit se prĂ©sente comme une lettre adres-sĂ©e Ă un proche sur le ton de la confidence. Mais est-ce fidĂšle Ă son quotidien ? Ce nâest pas sĂ»r : chez elle, lâimaginaire se mĂȘle au rĂ©el, et surtout elle aime lâautodĂ©rision ! Ce
rĂ©cit imagĂ© manie lâironie Ă la maniĂšre dont Tinguely et Niki, en public, forçaient quelques annĂ©es plus tĂŽt, leur image, lui dâouvrier, elle dâaristocrate mondaine habillĂ©e par Dior (en Ă©change dâĆuvre) ! Le seul dĂ©tail vĂ©ridique est ici son besoin dâĂȘtre aimĂ©e, son couple Ă©tant de plus en plus souvent sĂ©parĂ©38.
Au delĂ du sujet, lâartiste invente un nouveau rapport entre lâĂ©crit et le dessin. Tout adulte ou enfant a un jour ajoutĂ© un dessin Ă une lettre ; Apollinaire, Picasso, les DadaĂŻstes puis les SurrĂ©alistes ont aboli la hiĂ©rarchie dessin-Ă©crit. Niki de Saint Phalle, elle, remplace les mots ou les lettres par des dessins et crĂ©e un nouvel alphabet en image. Ses outils sont simples : feutres, stylo Ă bille, crayons de couleur. Les couleurs39 contribuent donner de lâĂ©motion au « mot-dessin ». Ici, lâhumour de lâauteur lui a fait peindre le visage du photographe en vert, le poisson du cordon bleu en bleu, une nana sur la page du livre dâart, transformĂ© sa chevelure raide en une flamboyante crinĂšre teinte en roux.
Lâart Ă©tant pour elle source de bonheur, Niki de Saint Phalle a cherchĂ© Ă le rendre plus accessible Ă tous. Ses sculptures ornent de nombreux espaces urbains. TrĂšs tĂŽt, elle a fait dupliquer ses Ćuvres afin dâen Ă©largir la diffusion. Celle-ci est une estampe, câest-Ă -dire une image imprimĂ©e40 ; le tirage appartient aux premiĂšres sĂ©ries diffusĂ©es. Quelques annĂ©es plus tard, lâauteur autorisera aussi la copie de ses sculptures pour financer ses projets.
« Moi, je montrerai ; je montrerai tout. Mon cĆur, mes Ă©motions. Vert-rouge-jaune-violet. Haine - amour - rire - peur-tendresse ».
196949,5 X 60,6 CMSĂRIGRAPHIE (N°75 SUR 150, ĂDITION SIGNĂE AU FEUTRE EN BAS)THE NIKI CHARITABLE ART FOUNDATION
38. Voir les sĂ©ries « Mon amour, pourquoi es-tu parti ? », « Pourquoi ne mâaimes-tu pas ? » 1970 .
39. Elle admirait Henri Matisse.
40. Ici une sĂ©rigraphie, imprimĂ©e Ă lâaide dâun
Ă©cran de soie faisant comme un pochoir.
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AIDS, YOU CANâT CATCH IT HOLDING HANDS
REGARDERLe premier clichĂ© prĂ©sente la couverture dâune brochure dâinformation sur le sida, Ă©crite et illustrĂ©e par Niki de Saint Phalle. Le titre est accompagnĂ© dâun motif de cĆur, multicolore, ornĂ© au centre dâun profil fĂ©minin et dâun profil masculin face Ă face.
Le second clichĂ© montre un arbre aux formes exubĂ©rantes et colorĂ©es protĂ©geant Ă sa base la dĂ©claration « vive lâamour » et lâimage dâun couple enlacĂ©. Lâillustration est ici prĂ©sentĂ©e en format affiche.
COMPRENDREAu tout dĂ©but des annĂ©es 1980, lâĂ©pidĂ©mie du Sida commence ses ravages. En 1985, Niki de Saint Phalle crĂ©e « la Peste », un relief montrant un pseudo insecte Ă pattes-tenta-cules sâavançant vers des fleurs, une montagne et un soleil. Le cadre est entourĂ© de petits crĂąnes. La composition Ă©voque clairement le dĂ©veloppement du flĂ©au. Parce quâelle est mĂšre et que sa propre santĂ© est fragile41, son empathie devient un engagement dans la lutte contre le sida.
ConseillĂ©e par des mĂ©decins, elle Ă©crit-dessine un petit ouvrage dâinformation. Son objectif est simple : renseigner de façon pĂ©dagogique sur une trĂšs vaste Ă©chelle et rĂ©colter des fonds pour la recherche mĂ©dicale. Le premier est publiĂ© en 1985, une seconde version en 1990.
Vive lâamour est prĂ©sentĂ© au milieu (au cĆur) de la seconde Ă©dition qui est dĂ©diĂ©e Ă son assistant Ricardo Menon tout juste dĂ©cĂ©dĂ©. 1990 est aussi lâannĂ©e du dĂ©cĂšs dâun autre de ses amis, le peintre Keith Haring42.
Le texte se prĂ©sente comme une lettre Ă©crite Ă ses enfants Laura et Philip. Le ton est affecteux, le sujet expliquĂ© avec des mots simples, sans tabou. Les couleurs et son style est bien recon-naissable. La seconde partie de lâouvrage est un hymne Ă lâamour, un appel Ă soutenir ceux atteints par la maladie, Ă se protĂ©ger et protĂ©-ger son partenaire, enfin donne des numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone de centres dâinformation et de soins. Le recul des annĂ©es ne doit faire oublier combien la pĂ©dagogie et la franchise de lâou-vrage Ă©taient nouveaux.
41. Elle souffre de graves problĂšmes
pulmonaires et de polyarthrite.
42. Le jeune peintre avait peint lâintĂ©rieur
du Dragon de Knokke-le-Zoute (Belgique).
VIVE LâAMOUR 199045 X 55 CMĆUVRE GRAPHIQUEHANOVRE, MUSĂE SPRENGEL
(LE SIDA CâEST FACILE Ă ĂVITER : TITRE DE LâĂDITION EN FRANĂAIS). 1985COUVERTURE DU LIVRE THE NIKI CHARITABLE ART FOUNDATION
Seconde édition (version française). 1990
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LâARBRE-SERPENT
QUE VOIT-ON ?Un arbre-fontaine crache de lâeau par ses branches en forme de serpents qui ondulent. La sculpture est peinte avec des couleurs vives, de la dorure ; elle est aussi recouverte de mosaĂŻques colorĂ©es et de morceaux de miroirs. Les surfaces brillent dans la lumiĂšre et Ă travers lâeau ruisselante. Lâeffet est joyeux et dynamique.
COMPRENDREDans de trĂšs nombreuses cultures antiques (Ă©gyptienne, assyrienne, chinoise, chrĂ©-tienneâŠ) lâarbre reprĂ©sente lâidĂ©e de la vie (Arbre de vie) et plus rĂ©cemment celle de la
succession des gĂ©nĂ©rations (arbre gĂ©nĂ©alo-gique). Niki de Saint Phalle ne fait quâenrichir le motif en lâassociant Ă celui de la fontaine, lâeau Ă©tant aussi un symbole fort de vitalitĂ© et de renaissance (la source vive).
Pour lâexposition au Grand Palais, lâarbre fontaine a trouvĂ© naturellement sa place dans le bassin du square : les dĂ©cors du sculpteur Raoul Larche43 reprĂ©sentent la Seine et ses affluents personnifiĂ©s par des enfants et des adolescent(e)s jouant auprĂšs dâun cours dâeau. Les deux compositions Ă©voquent chacun Ă leur maniĂšre lâinnocence et la joie de vivre : Larche par une description attachante des jeux et des expressions, Saint Phalle par une Ă©vocation naĂŻve et sensorielle des formes et des couleurs.
Les jeux de lâeau et les effets colorĂ©s de lâarbre de vie sont tellement prĂ©sents quâils pourraient faire oublier que le serpent est un symbole ancien du mal. Le reptile est trĂšs prĂ©sent dans lâĆuvre de lâartiste : le serpent du Jardin des Tarots (Italie, Toscane), noir et blanc, Ă©voque les tĂ©nĂšbres ; Ici, ceux de lâarbre-fontaine sont rassemblĂ©s en bouquet et ne crachent que de lâeau, Ă lâimage de celle qui a rĂ©ussi Ă dĂ©passer ses blessures dâenfant.
Lâart avait accompagnĂ© son quotidien ; elle souhaitait quâil transforme le nĂŽtre et a militĂ© en faveur dâinstallations dans lâespace public. Ă Paris, la Fontaine Igor Stravinsky rĂ©alisĂ©e avec son mari Jean Tinguely, comporte un serpent bariolĂ© qui tourne sur lui-mĂȘme ! Une autre version de lâArbre-serpents (1992) est prĂ©sentĂ©e au musĂ©e des Beaux-Arts dâAngers44.
(DIT ARBRE DE VIE)2,60 M X 3,10 M X 2,20 MRĂSINE, MOSAĂQUE DE VERRE, MIROIRS, CĂRAMIQUE, PEINTURE ET PEINTURE DORĂE1987. COLLECTION PARTICULIĂRE.
43. Raoul Larche : 1880 - 1912. Le projet
date de 1912 mais les sculptures seront
instalées en 1926.
44. Cette version est une sculpture, pas une
sculpture-fontaine.
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SKULL MĂDITATION ROOM
REGARDERUn crĂąne multicolore nous regarde et semble sourire de toute ses dents ! La surface est recou-verte dâune mosaĂŻque jaune, bleu, rouge, verte ; la calotte cranienne est ornĂ©e dâincrustation de petits crĂąnes en relief.
La photo ne rend pas les dimensions impres-sionnantes de lâĆuvre : câest une sculpture dans laquelle deux personnes peuvent tenir debout ! Ă lâarriĂšre, une porte ferme lâentrĂ©e de cette MĂ©ditation Room afin de permettre Ă lâusager de sâisoler de lâextĂ©rieur.
COMPRENDREUn public occidental pourra sâĂ©tonner de lâin-terprĂ©tation multicolore dâun motif dit tradi-tionnellement macabre. Cela serait oublier les carnavals et fĂȘtes populaires qui depuis le Moyen-Ăge donnent aux vivants lâocca-sion dâapprivoiser « la faucheuse ». Niki de Saint Phalle connaissait les rites festifs de la Calacas (fĂȘte des squelettes) au Mexique et les multiples reprĂ©sentations baroques du XVIIe siĂšcle espagnol.
Ses Ćuvres de jeunesse ont pu avoir un effet morbide et violent (La Mort du patriarche de 1972 dĂ©gouline de peinture rouge). Ici, lâartiste sâapproprie une image « classique » de la mort et la traite comme elle lâa dĂ©jĂ fait pour dâautres motifs dits nĂ©gatifs (serpent, dragon, dĂ©mon) : le crĂąne Ă©clate de couleur ! MĂȘme les dents sont jaune-soleil ! Cherche-t-elle Ă apprivoiser ses propres angoisses (sa santĂ© est chancelante, Tinguely a Ă©tĂ© opĂ©rĂ© du cĆur en 1985) ou Ă dominer son chagrin de la perte dâamis (son assistant Ricardo Menon dĂ©cĂšde en 1989, le peintre Keith Heiring en 1990) ? Le public peut entrer dans la sculpture pour regarder les vivants oĂč se voir mĂ©diter sur sa destinĂ©e : lâintĂ©rieur est tapissĂ© de miroirs.
En 1994, la couverture de son livre Mon secret montre un crĂąne au graphisme noir et blanc ; il est surmontĂ© de 4 fleurs multicolores et Ă©panouies. LĂ encore, lâartiste exprime par lâimage sa capacitĂ© Ă dĂ©passer les douleurs. Ă la mĂȘme Ă©poque, Jean Tinguely installĂ© en Suisse dans un atelier assez isolĂ©45 travaille Ă ce quâil nommait son « macabrisme ». Il deman-dera Ă Niki une version de son Grand Oiseau de feu46 qui, majestueux au milieu de son univers austĂšre, expose la force morale de sa compagne.
Pour comparer :Couverture de Mon Secret par Niki de Saint PhalleLa mort par Jean Tinguely et lâOiseau de feu de Niki de Saint Phalle, Fontaine Igor Stravinsky Ă Paris.
1990230 X 310 X 210 CM582 KGHANOVRE, MUSĂE SPRENGEL
45. La Verrerie, dans le canton de Fribourg,
Suisse.
46. Câest une version gĂ©ante de lâOiseau
de Feu de la Fontaine Stravinslky Ă Paris.
Couverture de Mon Secret par Niki de Saint Phalle.1994.
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NANA JAUNE
REGARDERUne Nana jaune portant un maillot rouge Ă motifs verts (cĆurs sur le torse, cibles vertes et jaune sur les seins) semble danser. Les formes sont plus proportionnĂ©es que les premiĂšres Nanas des annĂ©es 1965 ou les sculptures monumentales.RĂ©alisĂ©e en matiĂšre plastique, câest une sculp-ture gonflable, ici de grand format (1,25 m). Elle est signĂ©e sur la cuisse : Nana by Niki.
COMPRENDREDĂšs 1968 Niki de Saint Phalle commercialise des Nanas ballon. Sa dĂ©marche sâinscrit dans les grands principes de dĂ©mocratisation de lâart voulus par la plupart des artistes de cette gĂ©nĂ©ration. Lâartiste proclame vouloir « offrir de la joie Ă un public plus large ». En plusieurs tailles et de diverses couleurs, elles Ă©taient vendues entre 4 et 16 dollars, 30 francs Ă Paris47. Le succĂšs est immĂ©diat et ne cessera pas, comme pour la plupart de ses « multiples-ori-ginaux ». Cette version a Ă©tĂ© commercialisĂ©e en 1996.
Nul ne sait comment lui est venu lâidĂ©e dâune Ćuvre gonflable. Simplement rappelons que le ballon dit de baudruche (Ă base de latex synthĂ©tique) se popularise dans lâaprĂšs-guerre aux Etats-Unis et en Europe juste aprĂšs. A-t-elle, en les voyant trouvĂ© un moyen de rendre ses Nanas ballon encore plus joyeuses et aĂ©riennes ? Une autre hypothĂšse, non exclu-sive de la premiĂšre, est de faire un lien avec ses graves problĂšmes pulmonaires, hĂ©las rĂ©currents. Les premiĂšres Nana ballon sont justement rĂ©alisĂ©es dans une pĂ©riode parti-culiĂšrement Ă©prouvante.
Tour au long de sa carriĂšre, et parce quâelle tient Ă autofinancer ses (nombreux) projets, Niki de Saint Phalle organise la fabrication et la diffusion de ses Ćuvres sous diffĂ©rents supports et formats. Elle les appelle ses multi-ples originaux : la production est limitĂ©e et signĂ©e. Sa dĂ©marche ne fait que reprendre les procĂ©dĂ©s des ateliers du passĂ©, qui complĂ©-taient les commandes des mĂ©cĂšnes par des rĂ©alisations moins onĂ©reuses, Ă visĂ©e commer-ciales. Elles Ă©taient rĂ©alisĂ©es par les assistants et signĂ©es de lâartiste. Dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, Niki de Saint Phalle rappelle que lâobjet manufacturĂ©, symbole par excellence de la sociĂ©tĂ© de consommation, a certes un prix, mis aussi la valeur que chacun, individuel-lement, dĂ©cide de lui accorder.
(NANA GĂANTE)SCULPTURE GONFLABLE.1996125 X 112 CMTHE NIKI CHARITABLE ART FOUNDATION
47. En France en 1970, le smic
moyen est de 622 francs par mois.
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DOCUMENTATION ANNEXE
Le serpent. Fontaine Stravinsky. Page de garde de Mon secret.
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· « LES BONNIE AND CLYDE DE LâART »MalgrĂ© leur relation « Ă Ă©pisodes », Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely ont formĂ© un couple uni par une affection et une connivence artistique telles quâils ont Ă©tĂ© surnommĂ©s « Les Bonnie and Clyde de lâArt » ! Dans ce duo, malgrĂ© leurs egos respectifs, Niki nâest pas une muse mais une vĂ©ri-table partenaire. Leurs Ă©changes Ă©pistolaires, surtout les Ă©crits-dessins de Niki, attestent de la continuitĂ© de leurs liens et de tout ce que lâun apporte Ă lâautre : « Avec Tinguely on se lançait sans arrĂȘt la balle48 ».
Hon en 1966 est leur premiĂšre collaboration monumentale, il y en aura de nombreuses autres, sans compter les performances, expo-sitions, films etc. Tinguely rĂ©alise les structures internes des premiĂšres Nanas, des socles de sculptures (LâĆuf, la femme et le serpent), Niki recouvre de miroir le Cyclop, suggĂšre des idĂ©es qui aboutissent au groupe Balouba (1962) de Tinguely. Ă La Verrerie49, antre du sculpteur, un gigantesque Oiseau de feu de sa complice semble veiller sur ses « machines ». Au dĂ©cĂšs de son mari50, Niki contribue Ă la naissance du musĂ©e Tinguely dont les collections sont aujourdâhui aujourdâhui gĂ©rĂ©es par la Fondation Niki de Saint Phalle.
· LE NOUVEAU RĂALISMEQuand Niki de Saint Phalle intĂšgre en 1961 le groupe des Nouveaux rĂ©alistes, le mouvement est neuf : le manifeste Ă©crit par le critique dâart Pierre Restany a Ă©tĂ© signĂ© chez Yves Klein, six mois plus tĂŽt51. CĂ©sar, Daniel Deschamps, Jean Martial Raysse, Daniel SpĆri, Tinguely, plus tard Christo⊠en sont les principaux membres, et Niki la seule femme. Le Festival de lâAvant-garde Ă Paris en novembre 1960 est leur premiĂšre exposition collective, la Biennale de San Marino en 1963 la derniĂšre, mĂȘme si les liens restent rĂ©guliers jusquâen 1970.
Deux principes les rassemblent : sâopposer Ă lâabstraction et ĂȘtre lâĂ©cho du monde contem-porains. Cela nâen fait pas pour autant des figuratifs, lâart devant « sâouvrir Ă de nouvelles approches perceptives du rĂ©el » (dâoĂč le nom de nouveaux rĂ©alistes). Leur matĂ©riau commun sera lâobjet, symbole du consumĂ©risme ; il est manufacturĂ©, commercialisĂ©, utilisĂ©, jetĂ©, le tout sur une grande Ă©chelle. Il fait vivre ceux qui les produisent ; que raconte-t-il de ses usagers ? Le Nouveau RĂ©alisme fait de lâobjet un sujet-matĂ©riau.
Tinguely crĂ©e des machines-mouvement, CĂ©sar des compressions, Arman des accumulations ; Deschamps crĂ©e avec des chiffons, SpĆri avec les aliments. Les frontiĂšres entre lâimage, le bas-relief, la sculpture et le monumental sont brouillĂ©es ; Klein utilise des pinceaux-corps fĂ©minins, Niki de Saint Phalle tire au fusil. Il nây a plus de hiĂ©rarchie entre matĂ©riau noble, commun, rebus. Les actions en public (ou performance*) associant plusieurs expressions artistiques (thĂ©Ăątre, musique, danse) offrent Ă chacun de ressentir lâinstant selon sa sensibi-litĂ©. Les nouveaux rĂ©alistes revendiquent la reconnaissance de lâexpĂ©rience comme un fait artistique.
Leurs crĂ©ations ont pu souvent choquer. Pourtant, leur regard sur lâobjet nâest que lâĂ©cho des Ready-made52 de Marcel Duchamp ou des Multiples du Pop Art. Il donne naissance au Junk Art (dit aussi Trash Art) qui porte intĂ©rĂȘt au dĂ©chet. Ces mouvements nâont-ils pas contri-buĂ© Ă la prise de conscience des limites de la sociĂ©tĂ© de consommation et de la fragilitĂ© de notre environnement ?
· LE TEMPS DES ASSEMBLAGESDans le vocabulaire artistique du XXe siĂšcle, le terme assemblage dĂ©signe le fait dâutiliser des
48. Paris, Opéra Bastille.
49. En Suisse, canton de Fribourg.
50. Bien que sĂ©parĂ©s, ils sâĂ©taient mariĂ©s
en 1971.
51. 27 octobre 1960.
52. Voir le dossier pédagogique
Dynamo, un siĂšcle de mouvement et de lumiĂšre. (1913-2013).
NIKI DE SAINT PHALLE ET JEAN TINGUELY
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matĂ©riaux divers (naturels ou manufacturĂ©s) pour composer une Ćuvre plus ou moins en relief. Lâorigine de la pratique est peut-ĂȘtre nĂ©e du geste de Degas, ajoutant en 1880 une jupe de tulle et un nĆud dans les vrais cheveux de sa Petite danseuse de 14 ans pour ajouter de la vraisemblance Ă la description. La sculpture fit scandale, justement par son vĂ©risme et par la rĂ©union contre nature des matĂ©riaux.
Une Ă©tape est franchie dâune part avec les Ready Made de Robert Duchamp (Roue de bicyclette 1913), dâautre part avec les collages cubistes. Entre 1910 et 1920, Pablo Picasso, Georges Braque et Juan Gris utilisent pour leur composition des morceaux de papier peint, carton, ficelle, morceaux de bois, chaque matĂ©riau Ă©tant un signe de lâobjet quâils reprĂ©-sentent. Rappelons que ces deux avant-garde firent scandale pour avoir entre autres niĂ© le beau mĂ©tier de lâartiste crĂ©ateur.
Picasso fait de lâassemblage un jeu : les collages aboutissent Ă des Ćuvres en trois dimensions ; puis lâartiste rĂ©cupĂšre des objets divers et les assemble. La nature de lâobjet-matĂ©riau est visible (un panier, une cĂ©ramique, un guidon de vĂ©loâŠ) mais sa fonction est dĂ©tournĂ©e. Il devient une chĂšvre, une chouette, une petite fille qui saute Ă la corde⊠Le nouveau sujet est identifiable, mĂȘme si le peintre Ă©voque (il ne dĂ©crit pas) et sâil recherche lâexpressivitĂ© (et non lâesthĂ©tique). Dans les annĂ©es 1950, le terme « Assemblage » est gĂ©nĂ©ralisĂ©53.
Dans les exemples prĂ©cĂ©dents, lâidĂ©e lâemporte sur les moyens : lâobjet est dĂ©tournĂ© de sa fonction initiale parce quâil peut signifier autre chose. Les nouveaux rĂ©alistes eux, prennent lâobjet pour lui mĂȘme : lâidĂ©e naĂźt de lâobjet parce que celui-ci porte en lui une histoire. Ce signifiant est montrĂ©, et mis en valeur avec dâautres objets ayant aussi un signifiant.
Les premiers assemblages de Niki (1956-1958) montrent des rĂ©cupĂ©rations hĂ©tĂ©roclites (grain de cafĂ©, bouton de vĂȘtement, cailloux, frag-ments de vaisselle). Puis, sans doute sous les conseils des ses amis Robert Rauschenberg54 et Jasper Johns, plus tard les visites Ă Marcel Duchamp, elle trie et sĂ©lectionne ses matĂ©-riaux. Les Ćuvres ultĂ©rieures sont Ă©loquentes : la chemise dâhomme et la cible avec flĂ©chette composant Hors dâĆuvre de Niki de Saint Phalle, les jouets rĂ©cupĂ©rĂ©s formant, dans lâimaginaire de lâartiste, le corps du cheval des chevaliers de son enfance (Le cheval et la mariĂ©e), ou la laine utilisĂ©e pour les corps de ses premiĂšres Nanas.
Lâenvie de rĂ©aliser des Ćuvres monumen-tales amĂšne Niki de Saint Phalle a dĂ©laisser les assemblages pour dâautres matĂ©riaux compatibles avec cette ambition. Elle restera nĂ©anmoins toujours concernĂ©e par les assem-blages de son mari-complice Jean Tinguely, le conseillant dans le choix des objets-matĂ©riaux .
53. Exposition The Art of Assemblage (Lâart de
lâAssemblage) au MOMA de New
York en 1951.
54. Rauschenberg préférait le terme
« Combine-painting » (peinture avec divers composants) à celui
dâassemblage.
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Niki de Saint Phalle rĂȘvait de pouvoir rĂ©aliser des sculptures monumentales « comme les [sculpteurs] hommes ». Le polyester va lui donner les moyens de ses ambitions.
Ă partir de 1967, elle se lance dans lâaven-ture. Les premiĂšres statues sont rĂ©alisĂ©es Ă partir de blocs en polystyrĂšne expansĂ© dĂ©cou-pĂ©s et assemblĂ©s sur une structure en mĂ©tal montĂ©e par Tinguely. AprĂšs Ă©galisation des raccords, des couches de rĂ©sine de polystyrĂšne sont appliquĂ©es au pinceau. Les passages durcissent la surface en la rendant lisse et impermĂ©able. LâĆuvre peut ĂȘtre peinte. Sa premiĂšre grande rĂ©alisation est le Paradis fantastique, vaste composition de 9 sculptures de Niki et de 6 machines de Tinguely pour lâEx-position Universelle de 1967 Ă MontrĂ©al. Dâune hauteur moyenne de 3 mĂštres, lâensemble a Ă©tĂ© crĂ©Ă© et mis en place en 4 semaines. EpuisĂ©e, lâartiste doit ĂȘtre ensuite hospitali-sĂ©e pour une pneumonie. En 1972, lâatelier Haligon devient son partenaire pour la mise en forme et la reproduction de ses sculptures. Ces professionnels depuis quatre gĂ©nĂ©rations sont aujourdâhui encore les restaurateurs offi-ciels de lâĆuvre de lâartiste.
Site officiel : http://www.haligongerard.fr/Pages/savoir-faire.html
COMMENT SE DĂROULAIT CETTE COLLABORATION ?
LâĆuvre arrive Ă lâatelier sous la forme dâune statuette en terre. · La statuette est agrandie Ă lâaide dâun pantographe55 et « copiĂ©e » en polystyrĂšne.
· Lâartiste fait ses corrections et peint la petite sculpture au pinceau (rarement au pistolet).
· Câest Ă partir de ce modĂšle source que sont rĂ©alisĂ©es les agrandissements ultĂ©rieurs et leur mise en couleur.
EXEMPLE DE RĂALISATION (1994)NANA DANSANTE
55. Un pantographe est un instrument qui,
pour les sculpteurs, permet de prendre les
mesures dâune forme comme le ferait un
compas Ă 3 branches.
HAUTEUR : 6 MPOLYESTHER.
1. AGRANDISSEMENT Ă partir du modĂšle source de 2,80 m, un
agrandissement (6 m) est réalisé en polystyrÚne ; les différents morceaux sont assemblés et les « coutures »
retravaillĂ©es en vue de la rĂ©alisation dâun moule.
NIKI DE SAINT PHALLE ET LâATELIER HALIGON
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2. MOULAGE Un moule en silicone a été réalisé en plusieurs
morceaux. Les morceaux sont maintenus dans une coque pour éviter les déformations. La résine est
coulĂ©e Ă lâintĂ©rieur (matiĂšre rouge).
4. ASSEMBLAGE ET MISE EN COULEUR
AprÚs séchage, les différentes parties de la statue sont assemblées et les défauts de raccord nettoyés.
La sculpture est mise en couleur au pistolet. La voici prĂȘte Ă quitter lâatelier.
3. PHASE TRES DĂLICATE
AprÚs séchage, le moule est retourné pour le démoulage. Le cliché montre la coque qui maintient
les différents morceaux du moule.
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BIOGRAPHIE SOMMAIRE1930 - 1950
29 oct 1930 Naissance Ă Neuilly sur Seine (92110).
1933 Rejoint ses parents aux USA.
1937 - 1948 Alterne les sĂ©jours chez ses grands parents maternels et paternels, change rĂ©guliĂšrement dâĂ©cole ou de pension.
Eté 1942 Est violée par son pÚre.
1948 - 1949 Pose comme mannequin.
Juin 1949 Epouse civilement Harry Mathews.
1950 - 1956
FĂ©vrier 1950 Epouse religieusement son mari.
1951Naissance de leur fille Laura. Installation Ă Paris, voyages (France, Espagne, Italie).
1953 Grave dépression. Elle est soignée à Nice, séjour à Majorque.
1955 Naissance de Philip, séjour à Madrid et Barcelone (Gaudi).
1956PremiÚre exposition de peinture. Réside à Lans-en-Vercors (38250), séjours à Paris, rencontre Jean Tinguely.
1956 - 1965
DĂ©but de la collaboration avec Jean Tinguely. Se sĂ©pare de son mari, vit avec Tinguely. DĂ©couvre le Facteur Cheval Ă Hauterives. DĂ©but des tirs (12 actions entre 1961 et 1963). Membre des Nouveaux RĂ©alistes (1963 : sĂ©paration du groupe). Exposition-action Ă la Galerie Restany. Rencontre Marcel Duchamp et Salvador Dali. Voyages aux Ătats-Unis et au Mexique. Exposition Ă la Galerie Iolas.
Divorce - Installation avec Tinguely Ă Soisy sur Ăcole (91840). 1res Nanas, 1res sĂ©rigraphies et Ćuvres imprimĂ©es.
1966 - 1969
DĂ©cors du ballet de Roland Petit « Ăloge de la folie ».
1966
Hon au musĂ©e moderne de Stockolm. Costumes et dĂ©cors de Lysitrata dâAristophane de Rainer von Diez. Le Paradis Fantastique Ă MontrĂ©al (avec Tinguely). 1res nanas gonflables. ProblĂšmes de santĂ©. Nombreux voyages. DĂ©but des travaux Ă Milly-la-ForĂȘt (91490), le Cyclop.
1969 - 1978
1969 - 1978 Travaille et vit Ă Milly. 1ers bijoux.
197 - 1972 Le Golem au parc Rabinovitch de JĂ©rusalem.
1972
DĂ©but de la collaboration avec lâatelier Haligon pour ses Ćuvres monumentales ou multiples. Premier film : Daddy (1972). Dragon Ă Knokke-le-Zoute en Belgique.
1974 The Nanas Conquer The City Ă Hanovre.
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1976Un rĂȘve plus long que la nuit (film). Graves problĂšmes pulmonaires. Nombreux voyages et expositions.
1966 - 1969
1978DĂ©but des travaux du Jardin des Tarots Ă Garavicchio (Toscane) ; elle sâinstalle sur le chantier
1979 1re exposition au Japon.
1980 1re grande rétrospective au Musée du Centre Pompidou.
1982CrĂ©ation dâun parfum. 1er projets pour la fontaine Igor Stravinsky (avec Tinguely).
1983Sun God (San Diego) - inauguration de la Fontaine Igor Stravinsky.
You canât catch it holding hands (Campagne contre le sida).
1988 Fontaine Ă ChĂąteau-Chinon (58062).
1989 DĂ©cĂšs de Ricardo Menon son assistant pendant 10 ans.
1990 - 2002
1990 Film You canât catch it holding hands rĂ©alisĂ© avec son fils Philip Mathews.
1991 DécÚs de Jean Tinguely - projet de création du musée Jean Tinguely à Bùle.
1992 The Footballers (Musée olympique de Lausanne).
1994 Déménage à San Diego (Californie) - publie Mon secret.
1996Inauguration du Musée Jean Tinguely à Bùle. Bloum, Nana jaune exposée sur les Champs de la sculpture à Paris.
1997 Ange protecteur (Gare de Zurich).
1998 Inauguration du Jardin des Tarots.
1999Publie Traces (autobiographie) - Skull (San Diego) réalise des vases en céramique.
2000 Donation au musĂ©e dâart moderne et dâart contemporain de Nice.
2002 DĂ©cĂšs de Niki de Saint Phalle.
La gestion des droits sur ses Ćuvres est assurĂ©e par The Niki Charitable Art Foundation gĂ©rĂ©e par Blum Cardenas, petite-fille de lâartiste.
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ANGERSMusĂ©e des Beaux-Arts. LâArbre-serpents (dit Arbre de vie) est en cours de restauration.
CHĂTEAU-CHINONEntrĂ©e du musĂ©e : Fontaine (avec Jean Tinguely).
DUNKERQUE MusĂ©e dâArt Contemporain.
MARSEILLEMusĂ©e dâArt Contemporain MusĂ©e Cantini.
MILLY-LA-FORĂTLe Cyclop (en collaboration avec Jean Tinguely).
NICEMusĂ©e dâArt Moderne et dâArt Contemporain, (MAMAC) : Donation 2001Ă lâextĂ©rieur du musĂ©e : le Monstre du Loch Ness (fontaine, 1993)devant lâHĂŽtel Negresco : le Musicien de jazz (Hommage Ă Miles Davis).
NĂMESMusĂ©e dâart moderne et dâart contemporain.
PARISCimetiĂšre de Montparnasse : tombe de Ricardo Menon : le Chat de Ricardo. tombe de Jean-Jacques : OiseauMusĂ©e national dâArt moderne /Centre Georges Pompidou.OpĂ©ra Bastille : LâĆuf, la femme et le serpent (sur un socle de Jean Tinguely)Place Igor Stravinsky : la Fontaine Igor Stravinsky (avec Jean Tinguely)MusĂ©e des Arts DĂ©coratifs.
TOULONMusĂ©e Municipal (expositions par roulement des Ćuvres).
STRASBOURGMusĂ©e dâArt moderne et contemporain.
OĂ VOIR DES ĆUVRES DE LâARTISTE EN FRANCE ?
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ACTION PAINTINGNom utilisĂ© en 1952 par le critique amĂ©ri-cain Harold Rosenberg pour dĂ©signer une tendance de lâabstraction oĂč les Ćuvres sont marquĂ©es par la gestuelle expressive de lâar-tiste : Jackson Pollock pratique le « dripping » (jet de peinture) ou le « pouring » (peinture versĂ©e de façon alĂ©atoire) ; Willem De Kooning brosse la matiĂšre (ce dernier pratiquera autant lâabstraction que la figuration).
ART ABSTRAITMouvement artistique apparaissant au dĂ©but du XXe siĂšcle et toujours dâactualitĂ©. Il est carac-tĂ©risĂ© par un refus dâimitation de la nature. Lâart abstrait est ainsi non figuratif et non histo-rique au sens oĂč il ne propose pas de rĂ©cit. Frantisek Kupka, Vassily Kandinsky, Kasimir Malevitch et Piet Mondrian en sont les pion-niers Ă partir de 1913.Lâart abstrait se divise en 2 dĂ©marches : · Abstraction conceptuelle : lâartiste exprime
une idée (un concept) ; le public est invité à une réflexion. · Astraction perceptuelle (ou art perceptif) :
lâartiste exprime un ressenti ; lâĆuvre sollicite les sens du spectateur.
ART BRUTMouvement europĂ©en rassemblant des artistes marquĂ©s par la guerre, autodidactes et revendi-quant leur marginalitĂ©. Jean Dubuffet explique la dĂ©marche comme Ă©tant une : « opĂ©ration artistique toute pure, brute (âŠ) rĂ©inventĂ©e par son auteur Ă partir seulement de ses impulsions ».
ART CONCEPTUELVoir abstraction conceptuelle.
ART CONTEMPORAINPĂ©riode dĂ©butant, aprĂšs la Seconde Guerre Mondiale ou dans les annĂ©es soixante selon les historiens et se poursuivant jusquâ Ă aujourdâhui.
ART DâACTIONAppellation crĂ©Ă©e par les Nouveaux RĂ©alistes (voir plus loin) pour qualifier la rĂ©alisation dâune Ćuvre oĂč lâaccomplissement est plus important que le rĂ©sultat. Les tirs de Niki de saint Phalle relĂšvent de lâArt dâaction. Ce sont aussi des performancse (voir plus loin).
ART FIGURATIFDĂ©marche artistique prĂŽnant lâimitation de la rĂ©alitĂ© des choses. Lâart figuratif sâoppose ainsi Ă lâart abstrait. Actuellement, il sâexprime plutĂŽt dans lâillustration, la photographie ou le cinĂ©ma.
ART MODERNEPĂ©riode artistique dĂ©butant dans les annĂ©es 1880 et sâachevant au moment oĂč commence la pĂ©riode de lâart contemporain.
ART PARTICIPATIFCrĂ©ation appelant la participation du (ou des) spectateur (s). Celui-ci est alors considĂ©rĂ© comme un acteur Ă part entiĂšre de lâĆuvre, laquelle est conditionnĂ©e par sa participation.Beaucoup des crĂ©ations contemporaines sont des Ćuvres participatives dont les Tirs de Niki de Saint Phalle.
ART PERCEPTUELVoir Abstraction perceptuelle.
ASSEMBLAGE OU ACCUMULATIONComposition rĂ©alisĂ©e en fixant entre eux diffĂ©-rents Ă©lĂ©ments (objets entiers ou en morceau, divers matĂ©riaux). Lâensemble peut ĂȘtre peint ou rester tel quel. LâĆuvre est plus ou moins en haut relief quand les composants sont placĂ©s sur un chĂąssis ou un support plan comme elle peut devenir une sculpture autonome.
ECRITURE AUTOMATIQUEDĂ©finition par AndrĂ© Breton :« Placez-vous dans lâĂ©tat le plus passif ou rĂ©cep-
LE VOCABULAIRE DE LâEXPOSITION
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tif que vous pourrez⊠écrivez vite sans sujet prĂ©conçu, assez vite pour ne pas vous retenir et ne pas ĂȘtre tentĂ© de vous relire ».(Manifeste du surrĂ©alisme. 1924)« Louvre plastique (âŠ) se rĂ©fĂ©rera Ă un modĂšle purement intĂ©rieur »(La rĂ©volution surrĂ©aliste. n° 4. Juillet 1925).
INSTALLATIONEnsemble dâĂ©lĂ©ments agencĂ©s et adaptĂ©s Ă un lieu prĂ©cis (espace clos ou extĂ©rieur). Une installation peut rĂ©unir diffĂ©rentes formes dâexpressions : art, littĂ©rature, musique⊠On parle aussi dâune Ćuvre in situ (rĂ©alisĂ©e sur place). En gĂ©nĂ©ral, les installations sont Ă©phĂ©mĂšres. Au Grand Palais, Monumenta est un exemple dâinstallation in situ.
JUNK ART (DIT AUSSI TRASH ART)Tendance nĂ©e dans les annĂ©es 1965-1970 dans la continuitĂ© du Nouveau rĂ©alisme. Les plasticiens pratiquent la rĂ©cupĂ©ration de matĂ©riaux (bois, mĂ©tal, verre, plastique) pour rĂ©aliser principalement des sculptures oĂč lâas-pect de rebus est conservĂ©. Le sculpteur Arman a contribuĂ© au Junk Art. Jeff Koons en est issu.
MOUVEMENTRecherches artistiques rĂ©unissant plusieurs artistes, en collectif officiel ou non, et sâinscri-vant dans une certaine durĂ©e. Un mouvement est souvent marquĂ© par un fait dĂ©clencheur (Ćuvre de rĂ©fĂ©rence, prĂ©sentation publique, critique), un texte dĂ©finissant le cadre des recherches (dit : manifeste) et, au fil du temps, des dĂ©marches (ou tendances) approfondissant la recherche initiale. Un mouvement peut unir diffĂ©rentes formes dâexpressions artistiques ; il peut dĂ©boucher sur une mode (mouvement dâune durĂ©e brĂšve), rĂ©vĂ©ler un fait de sociĂ©tĂ©, et devenir officiel⊠avant dâĂȘtre Ă son tour rejetĂ© par une nouvelle avant-garde.
NOUVEAU RĂALISME (1960 -1970)Mouvement initiĂ© par le critique dâart Pierre Restany en rĂ©action Ă lâabstraction ; lâart doit rendre compte de la rĂ©alitĂ© des choses contemporaines par une approche perceptive et critique. La rĂ©cupĂ©ration de matĂ©riaux de la sociĂ©tĂ© de consommation est une dĂ©marche forte au sein du groupe (Jean Tinguely, Arman, Yves Klein, Martial RaysseâŠ). Niki de Saint Phalle est lâunique femme du goupe.
PERFORMANCE OU HAPPENINGHappening en anglais (de to happen, se produire). Mot utilisĂ© par le peintre abstrait amĂ©ricain Allan Kaprow en 1959 pour dĂ©si-gner une crĂ©ation, dâune durĂ©e souvent courte, composĂ©e dâun ou plusieurs langages artis-tiques (peinture, danse, son, image, vidĂ©o âŠ) et rĂ©alisĂ© devant le public. Il ne sâagit pas dâun « exploit » au sens sportif du terme (le mot ne sâemploie pas au pluriel), mais dâun « accom-plissement », Ă©phĂ©mĂšre, et qui ne qui peut ne pas laisser de traces matĂ©rielles.
PLASTICIENArtiste utilisant divers constituants pour crĂ©er des formes en deux ou trois dimensions. Le terme est plus gĂ©nĂ©raliste que ceux rappe-lant une technique de mise en Ćuvre (peintre, fresquiste, sculpteur, graveur).
POP ART(de lâanglais : popular art) Mouvement anglo- amĂ©ricain des dĂ©cennies 1950-1970 mettant Ă lâhonneur les objets ou des personnages du quotidien immĂ©diat, particuliĂšrement illustrant la sociĂ©tĂ© de consommation et les stĂ©rĂ©otypes ; les codes iconographiques sont ceux de la publicitĂ©, les formes simplifiĂ©es, les couleurs vives et traitĂ©es en a-plat. Un NĂ©o-pop Art se dĂ©veloppe actuellement.
READY-MADE « Objet usuel promu Ă la dignitĂ© dâobjet dâart par le simple choix de lâartiste » (AndrĂ© Breton. Dictionnaire abrĂ©gĂ© du surrĂ©a-lisme. 1938). Marcel Duchamp, que Niki de Saint Phalle connaissait bien, est un des pion-niers du Ready - Made.
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Histoire des arts Ă la RmnGP · Panorama de lâart - Vision du XXe siĂšcle
http://www.panoramadelart.com/XXe-s
- Glossaire de lâart http://www.panoramadelart.com/glossaire
· Exposition Dynamo au Grand Palais (2013)Dossier pédagogiquehttp://www.grandpalais.fr/sites/default/files/user_images/30/dossier_pedagogique_dynamo.pdf
· Agence photohttp://www.photo.rmn.frMot-clé : Niki de Saint Phalle
· Le Nouveau réalisme Article du magazine Grand Palais
http://www.grandpalais.fr/fr/article/le-nouveau-realisme
The Niki Charitable Art FoundationSite officielhttp://nikidesaintphalle.org
Atelier Haligonhttp://www.haligongerard.fr/Pages/savoir-faire.html
Le Cyclop Ă Milly-la-ForĂȘt http://www.lecyclop.com www.cnap.fr/le-cyclop-de-jean-tinguely-0
Niki de Saint Phalle sur le web · Niki de Saint Phalle
évoquée par sa petite fillehttp://unesaisonenmoselle.over-blog.com/article-le-regard-de-bloum-cardenas-sur-niki-de-saint-phalle-48251330.html
· Quelques lettres autobiographiqueshttp://www.femmespeintres.net/pat/mod/desaintphalle.htm
· Films
· INATirs Niki de Saint Phalle. 1961. (1min18) http://fresques.ina.fr/elles-centrepompidou/fiche-media/ArtFem00150/tirs-niki-de-saint-phalle.html
· CndpFiche pĂ©dagogique sur le film rĂ©alisĂ©e Ă lâoccasion de lâaccrochage de ses Ćuvres au MusĂ©e dâart moderne de Paris (1993)http://webcndp.cndp.fr/archivage/valid/55131/55131-13307-16855.pdf
· Centre Georges Pompidou musĂ©e dâArt moderne. - Les Ćuvres
http://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cL9ebkp/ryA9Bz
- LâAveugle dans la prairie 1978http://www.ville-boulogne-sur-mer.fr/autour-pompidou-mobile/wp-content/uploads/2012/04/dossier-pedago-gique-centre-pompidou-mobile.pdf
- Fontaine Stravinsky Ă Parishttp://storage.canalblog.com/08/60/829482/83400645.pdf
· Donation Niki de Saint Phalle au MusĂ©e dâart moderne art contemporain de Nice (MAMAC) en 2001http://www.mamac-nice.org/francais/collec-tion/donation/stphalle_Ćuvre.html
- Quelques Ćuvres de la donationhttp://www.mamac-nice.org/francais/collection/donation/photo_01.html
- Le monstre du Loch Nesshttp://www.mamac-nice.org/francais/collection/donation/lochness.html
SITOGRAPHIE
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DOSSIER PĂDAGOGIQUE© RmnGP 2014 - 2015
Affiche de lâexposition - Capture du film Daddy, 1972. The Niki Charitable Art Foundation © RmnGP / The Niki Charitable Art Foundation
LâArbre-serpent dans le square Jean Perrin. © RmnGP / Caroline Dubail
Niki de Saint Phalle au Jardin des Tarots, 1988. Photographie - The Niki Charitable Art Foundation. © RmnGP / The Niki Charitable Art Foundation
Grand Tir, 1961. 143 x 77 x 7 cm - peinture, plùtre, objets divers sur contre-plaqué Paris, collection particuliÚre - © RmnGP / The Niki Charitable Art Foundation
La mariée à cheval, 1963. 235 x 300 x 120 cm - Tissu et objets divers sur grillage Hanovre, Musée Sprengel - © RmnGP / The Niki Charitable Art Foundation
Nana assise, 1965. 100 x 140 x 140 cm - Laine et papier mùché sur grillage Paris, collection particuliÚre - © RmnGp / The Niki Charitable Art Foundation
Black Venus, 1965-1966. Armature métallique, résine de polyester - 279, 4 x 88, 9 x 60, 96 cmNew York, Whitney Museum of American Art - © RmnGP / The Niki Charitable Art Foundation
Dear Diana. Iâm so happy, 1968. 49,5 x 60,6 cm - SĂ©rigraphie sur papier blanc The Niki Charitable Art Foundation - © RmnGP / The Niki Charitable Art Foundation
Aids, You Canât Catch It Holding Hands - Le sida câest facile Ă Ă©viter, 1986. Couverture du livre. © RmnGP / The Niki Charitable Art Foundation
Vive lâamour, 1990. 45 x 55 cm - Ćuvre graphique - Hanovre, MusĂ©e Sprengel © RmnGP The Niki Charitable Art Foundation
Le sida câest facile Ă Ă©viter - version française de 1990 Plat de couverture - © RmnGP / Caroline Dubail
LâArbre-serpent (dit Arbre de vie), 1987. 2,60 m x 3,10 m x 2,20 m - RĂ©sine, mosaĂŻque de verre, miroirs, cĂ©ramique, peinture et peinture dorĂ©e - Collection particuliĂšre. © RmnGP / Caroline Dubail
Skull - Méditation Room, 1990. 230 x 310 x 210 cm - 582 kg - Hanovre Musée Sprengel © RmnGP / The Niki Charitable Art Foundation
Niki de Saint Phalle. Mon secret. Plat de couverture. Edition La Différence. 2010. © RmnGP / Caroline Dubail
Les Ă©tapes de la rĂ©alisation de Nana Dansante, 1994. 6 m - Polyesther © Atelier Haligon. Avec lâaimable autorisation de lâAtelier Haligon.
CRĂDIT PHOTO