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JUDO LES RANDORIS PAR P. GIRAUD Qui dit sport de combat, dit affrontement. Il convient donc de privilégier la notion d'opposition par des randoris (combats libres). Que ce soit debout ou au sol, ils trouvent un même objectif, celui de gagner son adversaire. Les randoris permettent à l'élève de s'investir rapidement notamment dans le rôle d'attaquant. La dimension af- fective et émotionnelle est ici très présente. Nous distinguons deux formes de combat en compétition : debout et au sol. Si le combat n'est pas arrêté à la suite de la projection, il continue au sol : c'est ce qu'on appelle la liaison debout- sol (base du judo moderne). Debout ou au sol, ils ont chacun leur spécificité dans les différents domaines d'action : - objectif poursuivi : projeter, immobiliser ; - espace Je combat : distant, contact : - principe d'action : déséquilibrer, contrôler. Quelle que soit la forme de combat, nous distin- guons deux systèmes d'action : attaquant ou dé- fenseur (tableaux 1 et 2). Nous allons donner quelques orientations princi- pales dans les contenus d'enseignement en pro- posant des compétences à développer : • Capacité à : - réorganiser le système d'information : passer d'un stade audio-visuel à celui de tactilo-kines- thésique ; - réorganiser l'équilibre face à un système de couple ; - construire un espace orienté par la force de l'ad- versaire : se servir de la force de l'adversaire pour le déséquilibrer. • Gérer l'espace de combat : proche et intime. • Mettre en jeu et adapter les maîtrises techniques lors de situations différentes : démonstration, combat, compétition. Nous nous situons dans le cadre d'une classe de 24 élèves en ZEP. Les séances durent 2 heures. Nous disposons d'un tatami et de tapis de gym de 20 cm d'épaisseur pour les exercices de chute. Le cycle comprend 8 séances. JUDO AU SOL Différer le randori debout dans le temps d'ap- prentissage n'occulte pas la spécificité du judo moderne mais revient à classifier les contenus. Le randori semble être le moyen du progrès et de la motivation. Le judo au sol est privilégié en premier lieu car il permet de prendre en compte la dimension affec- tive et émotionnelle liée par exemple à la peur de la chute. Il privilégie l'attaque qui. en s'expri- mant au plus vite, devient un réel atout pour mettre les élèves en situation d'apprentissage. Les exercices proposés visent à développer la notion de contrôle : - savoir faire une immobilisation en 6e ; - savoir faire une entrée au sol et enchaîner une immobilisation en 5e. Tableau 1 : Système d'attaque N = niveau Tableau 2 : Système de défense N = niveau PHOTO : AGENCE SAM 70 Revue EP.S n°251 Janvier-Février 1995 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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JUDO

LES RANDORIS

PAR P. G I R A U D

Qui dit sport de combat, dit affrontement. Il convient donc de privilégier la notion d'opposition par des randoris (combats libres). Que ce soit debout ou au sol, ils trouvent un même objectif, celui de gagner son adversaire. Les randoris permettent à l'élève de s'investir rapidement notamment dans le rôle d'attaquant. La dimension af­fective et émotionnelle est ici très présente.

Nous distinguons deux formes de combat en compétition : debout et au sol. Si le combat n'est pas arrêté à la suite de la projection, il continue au sol : c'est ce qu'on appelle la liaison debout-sol (base du judo moderne). Debout ou au sol, ils ont chacun leur spécificité dans les différents domaines d'action : - objectif poursuivi : projeter, immobiliser ; - espace Je combat : distant, contact : - principe d'action : déséquilibrer, contrôler. Quelle que soit la forme de combat, nous distin­guons deux systèmes d'action : attaquant ou dé­fenseur (tableaux 1 et 2). Nous allons donner quelques orientations princi­pales dans les contenus d'enseignement en pro­posant des compétences à développer :

• Capacité à : - réorganiser le système d'information : passer d'un stade audio-visuel à celui de tactilo-kines-thésique ; - réorganiser l'équilibre face à un système de couple ; - construire un espace orienté par la force de l'ad­versaire : se servir de la force de l'adversaire pour le déséquilibrer. • Gérer l'espace de combat : proche et intime. • Mettre en jeu et adapter les maîtrises techniques lors de situations différentes : démonstration, combat, compétition. Nous nous situons dans le cadre d'une classe de 24 élèves en ZEP. Les séances durent 2 heures. Nous disposons d'un tatami et de tapis de gym de 20 cm d'épaisseur pour les exercices de chute. Le cycle comprend 8 séances.

JUDO AU SOL

Différer le randori debout dans le temps d'ap­prentissage n'occulte pas la spécificité du judo moderne mais revient à classifier les contenus. Le randori semble être le moyen du progrès et de la motivation. Le judo au sol est privilégié en premier lieu car il permet de prendre en compte la dimension affec­tive et émotionnelle liée par exemple à la peur de la chute. Il privilégie l'attaque qui. en s'expri-mant au plus vite, devient un réel atout pour mettre les élèves en situation d'apprentissage. Les exercices proposés visent à développer la notion de contrôle : - savoir faire une immobilisation en 6e ; - savoir faire une entrée au sol et enchaîner une immobilisation en 5e.

Tableau 1 : Système d'attaque

N = niveau

Tableau 2 : Système de défense

N = niveau

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Revue EP.S n°251 Janvier-Février 1995 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

Contenus d'enseignement

Principe opérationnel Savoir immobiliser et ne pas se laisser immobili­ser. Principe d'action Comportements à favoriser : fixation et non dis­persion de la force d'appui, suppression d'appui qui facilitera les retournements, anticipation. Principe de gestion Savoir arbitrer.

Contenus de formation

Randoris au sol - ne pas se laisser immobiliser : - immobiliser son partenaire suivant les règles. Apprentissage technique - pour les 6e : immobilisation (gatame) (cf. planche 1) : - pour les 5 e : travail au sol (ne-waza) (cf. planche 2).

Arbitrage - savoir quand un adversaire est immobilisé et quels sont les avantages que l'on peut donner (encadré l) : - remplir la feuille de randoris (cf. fiche). Les cri­tères sont le temps d'immobilisation.

Choix pédagogique

Forme de groupement La classe peut être soit demixée. soit des groupes sont constitués en fonction des niveaux à l'issue d'une évaluation initiale par exemple. Stratégie d'apprentissage Nous proposons trois temps de travail dans une séance dans l'ordre suivant : • Randori à thème ; pédagogie du modèle auto­adaptatif, • Travail technique en fonction des problèmes rencontrés en randori à thème : pédagogie du modèle d'exécution par répétition. • Randori ; pédagogie du modèle de décision-tactique.

1. Les avantages au sol Selon le temps d'immobilisation, les avantages sont : - 30 sec. : ippon et gain du combat ; - 25 sec. : waza hari : deux waza hari donnent le gain du combat ; - 20 sec. : yuko ; - 10 sec. : koka. Un combattant qui a à son actif plusieurs yuko aura la per­te du randori si son adversaire possède un waza hari.

Planche 1 : immobilisation Prise n° 1 : Hon-gesa-gatame Contrôle latéro-costal Prise n° 2 : Yoko-shiho-gatame Contrôle latéro-sternal Prise n° 3 : Tate-shiho-gatame Contrôle sternal à cheval Prise n° 4 : Kami-shiho-gatame Contrôle arrière sternal par la ceinture Prise n° 5 : Ushiro-gesa-gatame Contrôle arrière costal par le bras et la ceinture

Planche 2 : ne waza Les entrées entre les jambes de Uke Prise n° 1 : Passage de la tête par-

, dessous la jambe de Uke Prise n° 2 : Passage du genou de Tori Prise n° 3 : Passage par dessous les deux jambes de Uke Une entrée de côté Prise n° 4 : Passage de la main pour empêcher Uke de pivoter Une entrée sur le ventre Prise n° 5 : Passage de la main sur le revers de Uke Les entrées à quatre pattes Prise n° 6 : Passage de la tête en des­sous de Uke Prise n° 7 : Passage des bras sous le corps de Uke en saisissant le bras opposé

Feuille de randori

EPS N° 251 - JANVIER-FÉVRIER 1995 7 1 Revue EP.S n°251 Janvier-Février 1995 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

• Exemple de séance pour une classe de 5e : Objectif : savoir immobiliser un partenaire qui se trouve à quatre pattes. Randori à thème : un des combattants est à quatre pattes (uke). l'autre (tori) se place à ge­noux sur le flanc droit ou gauche selon sa préfé­rence. Tori essaie de le retourner en enchaînant sur une immobilisation (yoko shiho gatame). Apprentissage technique : - niveau 1 : planche 1. prise n° 2 (révision) ; - niveau 2 : planche 2. prise n° 7. Randori libre : l'enseignant observe les élèves afin de voir si l'objectif de la séance a été acquis lors des phases de combat réel et déterminer l'objectif de la séance suivante. Travail didactique Les évaluations (initiale, formative et certificati-ve) doivent être simples et concrètes, c'est pour­quoi nous nous sommes axés sur des critères faci­lement interprétés par l'élève : victoire ou défaite du randori. Pour cela, l'élève doit tenir son adver­saire dos contre le sol, sans que celui-ci ne lui ait pris une ou les deux jambes avec ses jambes. Sui­vant le temps d'immobilisation, les avantages marques sont plus ou moins importants. Le travail peut être effectué par niveaux de per­formance, par atelier (2 combattants, 1 arbitre), par niveau de poids et/ou de sexe. A chaque séance, les élèves se rencontrent sous forme de compétition par poule : trois combat­tants de même niveau, qui peuvent être que des garçons, que des filles ou les deux au sein d'une même poule. Le gagnant monte de niveau de poule, le perdant descend.

JUDO DEBOUT

Pour les élèves de 6e et 5e, l'objectif poursuivi est de valoriser la projection au sol de l'adversaire. Pour que l'élève n'ait pas d'appréhension lors de la chute et afin qu'il entre pleinement dans l'ac­tivité debout, des aires de combat sont aména­gées (gros tapis de réception) (schéma ci-contre). Pour les niveaux de classes 4e et 3e, outre l'ob­jectif précédent, il faut aussi privilégier le travail de liaison debout-sol. Ce travail permet d'affiner el d'affirmer les acquis au sol. Faire tomber, c'est aussi savoir tomber : - chute arrière : tomber sur le dos en frappant le tapis bras tendus à plat près du corps. La tète re­sarde vers le nombril afin de ne pas la taper au sol ; - chute latérale : à droite, tomber sur le côté de tout son long, en frappant avec la main droite à plat près du corps. Les pieds sont légèrement

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écartés, le pied droit est devant le gauche pour que les malléoles ne se cognent pas. La maîtrise de la chute est acquise quand l'élève, même surpris lors d'un randori, est projeté et se relève sans avoir subi un préjudice physique et/ou émotionnel. Les exercices proposés visent à développer des capacités pour déséquilibrer un adversaire afin de le faire chuter : - mettre son adversaire au sol, sans critères de réalisation technique : 6e/5e ; - supprimer les appuis pédestres de l'adversaire afin de l'amener au sol par une projection qui a donné lieu à un apprentissage technique : 4e/3e ; - utiliser la force de son partenaire afin de pou­voir le projeter : 6e/5e et 4e/3e.

Contenus d'enseignement

Principe opérationnel Savoir projeter son adversaire, sans se faire pro­jeter (système d'attaque). Principe d'action Comportements à favoriser : fixation de la force des appuis, suppression d'appuis pour faciliter la projection. Liaison debout-sol. anticipation par des mouvements de contre, pour les 4e/3e. Principe de gestion Savoir arbitrer.

Contenus de formation

Randoris - pour le niveau 6e et 5e : sortir l'adversaire de l'aire de combat, ou le faire tomber ; - pour les 4e et 3e : projeter l'adversaire au sol lors d'un randori. Avoir une liaison debout-sol si le combat n'est pas gagné par un ippon debout. Apprentissage technique - pour les 4e : technique debout (nage-waza) de niveau 1 (cf. planche 3) ; - pour les 3e : nage-waza de niveau 2 (cf. planche 4). Arbitrage - connaître les avantages suivant la chute effec­tuée (encadré 2) ; - savoir remplir la feuille de randori. Les critères de victoire sont les prises réalisées et la chute de Uke.

Choix pédagogique

Forme de groupement Nous préconisons une organisation par poids et par sexe. Il s'agit d'introduire des critères de réa­lisation progressifs jusqu'à arriver à la projection. Stratégie d'apprentissage Les situations pédagogiques interviennent tout de suite après réchauffement. Nous proposons la même organisation que pour le judo au sol, à sa­voir : pédagogie du modèle auto-adaptatif, d'exécution par répétition et décision-tactique. Travail didactique Pour l'évaluation terminale, l'organisation se fait par groupe démixé.

2. Les avantages debout Selon la chute effectuée, les avantages sont : - ippon : projection effectuée avec des notions de force, vi­tesse du nage-waza, avec chute sur le dos ; - waza-hari : manque un des trois critères de référence de l'ippon ; - yuko : chute doucement sur le côté ; - koka : chute doucement sur les fesses.

Planche 3 : nage-waza Prise de départ : Kumi kata Prise n° 1 : O-goshi Grande bascule de hanche Prise n° 2 : Ippon-seoi-nage Projection par une épaule Prise n° 3 : O-soto-gari Grand fauchage extérieur Prise n° 4 : Uki-goshi Hanche flottée

Planche 4 : nage-waza Prise de départ : idem planche 3 Prise n° 1 : Harai-goshi Hanche fauchée Prise n° 2 : O-uchi-gari Grand fauchage intérieur Prise n° 3 : Ko-uchi-gari Petit fauchage intérieur Prise n° 4 : Morote-seoi-nage Projection d'épaule par deux mains Prise n° 5 : Tai-otoshi Renversement du corps par barrage

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ÉVALUATION

Les randoris durent au maximum 1 mn 30. Les formes de randoris utilisées sont : - par poule de niveau (au cours du cycle). Trois combattants de même niveau s'affrontent : les poules peuvent être mixtes. Les élèves fonction­nent de manière autonome : - montante par poids et démixé ; le gagnant tire avec un partenaire de plus en plus lourd jusqu'à ce qu'il se fasse éliminer. En cas d'égalité les deux combattants suivants se rencontrent et ain­si de suite jusqu'au plus lourd. Si ce dernier gagne, il tire avec un partenaire de moins en moins lourd jusqu'à son élimination ou une éga­lité. La compétition est alors terminée (avant der­nière séance) : - tableau par tirage au sort avec repêchage (enca­dre 3) (un tableau pour les filles, un autre pour les garçons) ; en cas d'égalité, les élèves sont dépar­tagés par une situation de judo debout, avec un tapis de gym. au premier qui fait chuter l'autre (dernière séance). A l'issue de chaque type de rencontres, un clas­sement est effectué. Une note sur 20 est attri­buée. Pour les classes mixtes et lors des poules.

la meilleure fille sera notée comme 1". soit 20 même si au « classement général ». elle est sixiè­me par exemple (cf. table de cotation, ligne clas­se mixte). L'évaluation comporte aussi une partie de dé­monstration technique (niveaux 1 ou 2).

Évaluation certificative Un capital de points est à atteindre : 80 pour les 4e/3e. 100 pour les 6e/5e. Il est réparti de la façon suivante : • Une note sur 20 pour la réalisation technique. L'élève présente cinq techniques différentes choisies dans un même niveau. Une réalisation parfaite rapporte 4 points. L'évaluation est réali­sée par renseignant. • 60 points lors des compétitions et selon le clas­sement dont : - 20 pour la compétition par poule : - 20 pour la montante ; le classement se fait en fonction du nombre de victoire : - 20 pour le tableau avec repêchage. • 20 points supplémentaires pour les 6e/5e sont at­tribués pour le travail debout (schéma 1). Ceux-ci sont attribués au cours de randoris. lors de la dernière séance :

- 2 points pour une chute au sol : - 1 point pour une sortie de l'aire de combat. Après l'obtention des 20 points, le combattant se retire de la compétition et fait l'objet d'un clas­sement en fonction de l'ordre de son retrait.

Qui dit combat fait penser à affrontement. Le randori permet à l'élève d'apprendre à respecter son adversaire mais aussi l'arbitre. I c salin est le point de départ oblige. Des contenus d'enseignement simples et concrets semblent indispensables afin de ré­pondre aux caractéristiques des élèves et faciliter ainsi leur apprentissage.

Pascal Giraud Professeur d'EPS.

Collège A. Camus. Meaux.

3. Tableau par r e p ê c h a g e

Les élèves sont répart is en poule. Chaque vainqueur de poule se rencontre jusqu'à l 'obtention de deux finalistes (A et B) qui vont se disputer la place de premier et second. Tous les élèves qui ont été él imines par ces deux finalistes sont repêches. Ceux qui ont été él iminés par A se rencon­trent entre eux. idem pour ceux él iminés par B. Celui qui gagne son tableau de repêchage est troisième (il y a deux t ro is ième), le second est c inquième (il y a deux cinquiè­me), le trois ième est sept ième, etc., puis les autres sont classés selon le moment où ils ont été él iminés.

Table de cotation : notes en fonction du classement

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