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N° 57 Tassa Riscossa - Taxe Perçue. ASTI CPO Anno XXI n. 3 - maggio 2005 - Sped. a. p. - art. 2 - comma 20/c, Legge 662/96 - Filiale di Asti - Organo ufficiale del Centro Librario Sodalitium - Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) Tel. +39.0161.839.335 - Fax +39.0161.839.334 - IN CASO DI MANCATO RECAPITO, RINVIARE ALLUFFICIO C.R.P. ASTI PER RESTITUZIONE AL MITTENTE CHE SI IMPEGNA A CORRISPONDERE LA RELATIVA TARIFFA

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Anno XXI n. 3 - maggio 2005 - Sped. a. p. - art. 2 - comma 20/c, Legge 662/96 - Filiale di Asti - Organo ufficiale del Centro Librario Sodalitium -Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) Tel. +39.0161.839.335 - Fax +39.0161.839.334 - IN CASO DI MANCATO RECAPITO, RINVIARE

ALL’UFFICIO C.R.P. ASTI PER RESTITUZIONE AL MITTENTE CHE SI IMPEGNA A CORRISPONDERE LA RELATIVA TARIFFA

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EditorialCe numéro de Sodalitium, premier de

l’an de grâce 2005, voit le jour à l’oc-casion d’importants, et souvent,

tristes anniversaires. C’est en effet en 1905que fut votée en France, la loi de séparationde l’Eglise et de l’Etat, loi qui causa tant degraves dommages à l’Eglise, à la Religion etaussi à la société civile. Soixante ans plustard, en 1965, avait lieu la clôture du Conci-le Vatican II qui, avec la déclaration sur laliberté religieuse Dignitatis humanæ per-sonæ, révolutionnait la doctrine et le droitpublic de l’Eglise sur ses rapports avecl’Etat, en acceptant le principe, toujourscondamné, de la liberté religieuse. Saint PieX n’hésita pas à condamner sévèrement laloi de séparation voulue par le gouverne-ment français, avec, successivement, l’Ency-clique Vehementer du 11 février 1906 et l’al-locution consistoriale du 21 février. Une loi

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“odieuse”, “inique”, “contraire aux droitsde Dieu et de l’Eglise”. Dans une lettre auxévêques français du 11 février 2005 pourcommémorer la loi en question, Jean-PaulII parle du “principe de laïcité, auquel votrepays est très affectionné” comme d’un princi-pe qui, “bien compris”, “appartient aussi à ladoctrine sociale de l’Eglise” en ce sens qu’ilrappelle “la nécessité d’une juste séparationdes pouvoirs”, et il fait l’éloge de la “non-confessionnalité” de l’Etat. L’Eglise a tou-jours parlé de distinction entre pouvoir spi-rituel et pouvoir temporel (en tant qu’ayantdes fins distinctes), mais jamais de sépara-tion. Au contraire: l’Eglise enseigne qu’ildoit exister une union entre ces deux pou-voirs en soi distincts, et même une subordi-nation du temporel au pouvoir spirituel, envertu de la subordination des fins. Jean-PaulII va plus loin que la Déclaration conciliaireelle-même et en même temps il l’interprète“authentiquement”, au cas où il en aurait étébesoin, dans le sens d’une rupture avec ladoctrine de l’Eglise. La même chose peut

“Sodalitium” Periodicon° 57, Anno XXI n. 3 2005

Editore Centro Librario Sodalitium

Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA TOTel.: 0161.839335 Fax: 0161.839334 - CCP 36390334

INTERNET: www.sodalitium.it - email: [email protected] -

Direttore Responsabile don Francesco RicossaAutorizz. Tribunale di Ivrea n. 116 del 24-2-84

Stampa: - Ages Torino.Le présent numéro

a été achevé de rédiger le 27/04/2005

Ai sensi della Legge 675/96 sulla tutela dei dati personali, i datiforniti dai sottoscrittori degli abbonamenti verranno trattati informa cartacea ed automatizzata e saranno utilizzati esclusiva-mento per invio del giornale oggetto di abbonamento o di altrenostre testate come copie saggio e non verranno comunicate asoggetti terzi. Il conferimento dei dati è facoltativo ed è possibileesercitare i diritti di cui all’articolo 13 facendone richiesta al res-ponsabile trattamento dati: Centro Librario Sodalitium.

En couverture : les lois de séparation de l'Eglise etde l'Etat en France en 1905 : inondation d'une égliseà Paris au moyen de lances à eau et bagarre entre lesmanifestants et les agents de police (couverture deLa Domenica del Corriere, 18 février 1906).

Éditorial p. 2Communiqué de l’Institut “Mater Boni Consilii” p. 3Le nouvel Aaron (à quarante ans de la déclaration conciliaire Nostra ætate) p. 4Documents

Monseigneur Rifan au couronnement de Notre-Dame de l’Apparition p. 12Avec ou contre Pierre : “une tragique nécessité d’option” p. 17

L’argument dit de “résistance” de St Robert Bellarmin : encore un mythe traditionaliste p. 24La trahison des Commissaires ou la trahison de l’épiscopat p. 26De nouveaux livres de religion pour une nouvelle religion ? p. 36CONTROVERSES

Les consécrations épiscopales selon le nouveau rite p. 45Faux faussaires et vrais calomniateurs. La revue “Sub Tuum Præsidium”... p. 47

Une perspective théologale p. 52Il faut - plus que jamais - prier pour l’Église p. 53Recension p. 54Vie de l’Institut p. 54

�� Sommaire

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être dite de l’enseignement de Jean-Paul IIsur les rapports de l’Eglise avec les religionsnon chrétiennes et en particulier du judaïs-me, enseignement qui confirme et aggravemême celui de la Déclaration conciliaireNostra ætate: dans ce numéro, vous trouve-rez un nouvel article sur ce thème…

Le déclin de Jean-Paul II invite à un bi-lan, qui ne peut être que négatif, pourl’Eglise et pour la fidélité au dépôt révélé;c’est ainsi que se confirme le devoir absolude ne pas accepter les documents conci-liaires et par conséquent l’autorité de quiles a promulgués et de qui les veut imposerencore aujourd’hui. En réalité, on ne de-vrait même pas parler de documents“conciliaires”, puisqu’un Concile fait tou-

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jours partie de l’enseignement de l’Eglise,lequel ne peut jamais être refusé. Ce quenous ne pouvons accepter, justement parceque nous voulons adhérer à la Foi révéléetelle qu’elle nous a été proposée par l’Egli-se, ce sont l’œcuménisme, la liberté reli-gieuse, la nouvelle doctrine sur l’Eglise etcelle sur les religions non chrétiennes, etc.,toutes doctrines déjà condamnées maintesfois par le Magistère.

On nous demande parfois notre avis surdes mouvements ou des penseurs catho-liques particulièrement proches de cer-taines de nos positions, ou qui semblent dequelque façon attachés à certains aspectsde la Tradition de l’Eglise. Notre réponseest toujours la même: la première, essen-tielle, discriminante, c’est Vatican II. Ceuxqui acceptent l’enseignement de Vatican II(et, les deux choses sont inséparables, l’au-torité qui le fait sien) n’édifient pas l’Eglisemais – autant qu’il est humainement pos-sible – la détruisent. Voilà vingt ans quenotre petit Institut est né, après tantd’autres, pour s’opposer à cette destruc-tion, à cette trahison; à qui nous demandede nous unir à ceux qui ont fini par accep-ter les nouvelles doctrines, même avec unvernis de tradition, nous répondons, au-jourd’hui comme hier: non possumus!

Communiqué de l’Institut“Mater Boni Consilii”

Samedi 2 avril, Jean-Paul II s’est présen-té au jugement de Dieu. L’Institut “Ma-

ter Boni Consilii” – tout en invitant l’en-semble des fidèles catholiques à prier pourle repos de son âme – ne peut pas ne pasrappeler dans quelle situation se trouvel’Eglise catholique en ce moment, quaranteans après la clôture de Vatican II.

Apparemment, cette situation est floris-sante, comme semble en témoigner l’hom-mage que le monde entier rend à Jean-PaulII. En réalité, la Barque de Pierre traverse laplus terrible tempête de son histoire, deuxfois millénaire. N’importe qui peut constaternon seulement l’abandon de la pratique reli-gieuse et l’apostasie publique des nations au-trefois catholiques, mais aussi – et ceci est in-ouï – l’apparent triomphe de l’hérésie mo-

Les lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat en Franceen 1905 : l’expulsion de son palais de l’archevêque oc-togénaire de Paris (gravure de Beltrame pour La Do-

menica del Corriere, 30 décembre 1906).Pour Jean-Paul II, le “principe de laïcité, s’il est bien

compris, appartient lui aussi à la Doctrine sociale de l’Eglise”

La clôturedu ConcileVatican II

en 1965

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derniste condamnée par le Pape Saint Pie Xà l’aube du XXème siècle.

La doctrine conciliaire, en particulier surla liberté religieuse, sur l’œcuménisme, surles religions non chrétiennes, sur la collégia-lité, sur l’appartenance à l’Église, etc., s’op-pose à l’enseignement de l’Église catholiqueet des Souverains Pontifes, et ne peut êtrel’expression d’un authentique magistère etd’une légitime Autorité. La réforme litur-gique a protestantisé le rite de la Messe etdes sacrements. Jean-Paul II, au lieu de por-ter remède à ces erreurs, les a ultérieure-ment aggravées par sa doctrine et ses actes.Doctrine et actes qui sont favorables à l’hé-résie et à l’indifférentisme, ou sont même lacondamnation scandaleuse de la glorieusetradition de l’Église et de la Papauté dansles siècles passés ; cette doctrine et ces actessont incompatibles avec la réalisation dubien et de la fin de l’Église. C’est pourquoi,tout en occupant matériellement le Siège dePierre auquel il fut canoniquement élu en1978, Jean-Paul II n’était pas formellementPape, puisque privé de l’assistance divine etde la divine Autorité.

Sa mort ouvre maintenant, avec un nou-veau Conclave, la possibilité de l’élection àla Chaire de Pierre d’un vrai Pontife, légiti-me successeur de Pierre. Les électeurs ontdonc une grave responsabilité devant Dieu,afin que, avec l’aide de Dieu et contre tou-te prévision, ils élisent un Pontife quicondamne l’erreur, défende l’orthodoxiede la Foi catholique, chasse les loups ra-paces du troupeau, restaure le Saint Sacri-fice sur tous les autels du monde et tra-vaille – même au prix du martyre – auRègne du Christ.

Espérant in spe contra spem en l’aide duChrist, Chef de l’Église, en la Médiation dela très Sainte Vierge Marie, Mère du BonConseil, du Patriarche Saint Joseph et detous les Saints, particulièrement de Saint PieV et de Saint Pie X, l’Institut invite tous lescatholiques à la prière et à la pénitence,dans l’espérance que Dieu veuille abrégernos peines et dans la certitude que, à la fin,les portes de l’enfer ne prévaudront pas.

Verrua Savoia, 5 avril 2005

Sur la question du siège vacant et l’électiond’un autre candidat, voir l’article et lecommuniqué pp. 52-53.

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Le nouvel Aaron (à quaranteans de la déclaration conci-

liaire Nostra ætate)Par M. l’abbé Francesco Ricossa

L’âge avancé de Jean-Paul II et l’aggra-vation de ses conditions de santé a

coïncidé avec le quarantième anniversairede la clôture du Concile Vatican II. A l’ap-plication du Concile, Jean-Paul II a consa-cré toutes ses forces dès le moment où il apris la succession de Paul VI et de Jean-Paul Ier: “nous voulons attirer l’attentionsur l’importance actuelle du Concile œcu-ménique Vatican II et nous acceptons le de-voir inéluctable de le mettre soigneusementen pratique” (discours du 17 octobre 1978).Parmi les documents les plus importants deVatican II, tant pour l’importance intrin-sèque que pour l’opposition de contradic-tion avec le magistère infaillible de l’Egli-se, nous devons compter celui sur la libertéreligieuse, Dignitatis humanæ personæ, etcelui sur les relations de l’Eglise avec lesreligions chrétiennes, Nostra ætate: libertéreligieuse, dialogue interreligieux et œcu-ménisme sont, sans aucun doute, les co-lonnes de l’enseignement wojtylien. Mal-gré sa fatigue toujours plus évidente, Jean-Paul II a reçu, encore récemment, et en unbref laps de temps, d’importantes associa-tions juives, lesquelles ont résumé pournous le travail accompli par Jean-Paul IIpour l’application – et le développement –de la ligne de Nostra ætate.

Le Congrès du B’naï B’rith à Rome

Ce n’est pas la première fois que Jean-Paul II reçoit l’association juive et maçon-nique (1) du B’naï B’rith (Fils de l’Allian-ce), avec laquelle existe une étroite et in-tense collaboration. Mais l’audience qui

LL''OOSSSSEERRVVAATTOORREE RROOMMAANNOO

1) La meilleure étude sur le B’naï B’rith reste en-core celle d’Emmanuel Ratier, Mystères et Secrets duB’naï B’rith. La plus importante organisation juive in-ternationale, éd Facta (1993) et dans l’éd. it. Misteri esegreti del B’naï B’rith. La più importante organizza-

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s’est déroulée le 17 décembre 2004, l’a étédans un contexte très particulier. D’un cô-té, elle se situe à la clôture d’un importantcongrès sur l’antisémitisme; de l’autre, ellea eu lieu au cours d’une nouvelle polé-mique soulevée par ces mêmes associationsjuives contre l’Eglise et le pontificat de PieXII, accusés, précisément, d’antisémitisme.

Le congrès a été annoncé – avec beau-coup de discrétion – dans Il Foglio, quoti-dien dirigé par Giuliano Ferrara (ministredu gouvernement Berlusconi en 1994) etpropriété de la famille Berlusconi; Giulia-no Ferrara en était l’organisateur avecl’ADL (Anti-Defamation League, associa-tion du B’naï B’rith justement). Lisons leprogramme et les noms des invités: “C’estdemain soir [mercredi 15 décembre] à VillaMadama que s’ouvre, avec un repas offertpar le ministre des Affaires étrangères[Gianfranco Fini], le congrès sur l’antisémi-tisme organisé par l’Anti-DefamationLeague en collaboration avec il Foglio. Jeu-di matin [16 décembre], après le salut duprésident de la communauté juive romaineLeone Paserman et de Elyakim Rubinstein,juge de la cour suprême israélienne, Abra-ham H. Foxman, directeur, et Barbara B.Balser, président de l’ADL, l’éditeur de TheNew Republic, Martin Peretz, l’éditorialistedu New York Times David Brooks, et le di-recteur de Ha’aretz David Landau discute-ront du rôle des media avec Giuliano Ferra-ra. Jeudi à midi, Joshua Muravchik del’American Enterprise Institute, le présidentdu National Endowment for DemocracyCarl Gerschman discuteront avec Fiamma

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Nirenstein, Piero Fassino et Giorgio Israeld’antisémitisme et de démocratie. Jeudiaprès-midi, après les salutations du grandrabbin de Rome Riccardo Di Segni et duPrésident de la chambre Pier FerdinandoCasini, intervention du ministre de l’Inté-rieur Giuseppe Pisanu sur les réponses desgouvernements à l’antisémitisme et ren-contre avec le député démocrate de la Flori-de Alcee Hastings, le Président du SénatMarcello Pera, l’ex-ministre des AffairesEtrangères espagnoles Ana Palacio, le mi-nistre de la Justice française Nicole Guedj [erratum: le ministre de la Justice est M.Perben, Mme Guedj est secrétaire d’Etataux droits des victimes, n.d.r.] et l’ambassa-deur d’Israël près le Saint-Siège, Oded BenHur. Concluront les travaux l’ambassadeurisraélien en Italie Ehud Gol, le commissaireeuropéen Franco Frattini et le sous-secrétai-re aux Affaires étrangères Margherita Boni-ver” (Il Foglio, 14 décembre 2004, p. 2). IlFoglio, qui est en Italie le quotidien le plusproche des positions israéliennes et qui or-ganisait le congrès avec les B’naï B’rith, estdemeuré étrangement discret sur lecongrès (alors qu’en général il publie mê-me en entier de longs discours et interven-tions susceptibles d’intérêt faits par les per-sonnages les plus divers): seulement unetoute petite colonne le 17 décembre (p. 1)pour raconter la dispute entre le directeurdu quotidien israélien Ha’aretz et “notre”Fiamma Nirenstein (Ha’aretz ayant été ac-cusé d’être trop indulgent pour les Palesti-niens), et un tout petit article de MarinaValensis la veille (p. 1) avec les éloges deFoxman (directeur de l’ADL du B’naï B’ri-th) à l’Italie (autrement dit à son gouverne-ment, in primis à Silvio Berlusconi, récom-pensé à New York quelques mois aupara-vant par le B’naï B’rith et à Gianfranco Fi-ni: “aujourd’hui je l’embrasse et suis fier dele faire” dit Foxman), ainsi qu’au gouverne-ment turc (pour le premier ministre isla-miste Erdogan qui a reçu Foxman, l’antisé-mitisme est “un crime contre l’humanité”).

Le quotidien turinois, La Stampa nousassure que le ministre des Affaires étran-gères Fini a, en cette occasion, dénoncé “lemonstre de l’antisémitisme” et le ministrede l’Intérieur Pisanu rappelle que le gou-vernement italien, avec l’objectif de tenir àl’œil “toute manifestation, même minime,

Timbre de la vacance du Saint-Siège après la mort de Pie XII (1958)

zione ebraïca internazionale par notre Centro Libra-rio Sodalitium, 1995. Sur les rapports avec la Maçon-nerie, cf. pp. 52-90, éd it. Un récent essai de MassimoIntrovigne, auteur bien connu de nos lecteurs, s’effor-ce en vain de nier ces rapports.

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du phénomène”, “a promû la constitutiond’un Comité interministériel contre la discri-mination et l’antisémitisme opérant auprèsdu Viminal et présidé par le préfet qui dirigele Département pour les libertés civiles etl’immigration” (La Stampa, 16 décembre2004, p. 7; 17 décembre 2004, p. 4). Le co-mité interministériel doit nécessairementpoursuivre des délits d’opinion, puisqu’au-trement le code pénal commun à tous suffi-rait… Alors on peut se demander quellemenace représente l’antisémitisme, en Ita-lie de surcroît, alors qu’Israël y jouit del’appui du gouvernement, de l’opposition(il y avait Frassino) joint à celui de l’uniquepuissance mondiale (les Etats-Unis); c’estun curieux phénomène de pouvoir comptersur l’appui inconditionnel du Pouvoir et dese présenter, en même temps, comme uneminorité persécutée et toujours menacée.

L’audience aux B’naï B’rith et le discoursde Foxman

Après avoir obtenu le soutien du “brasséculier” les 15 et 16 décembre, le lende-main le B’naï B’rith rencontrait Jean-PaulII. Ce n’était pas la première fois, mais unefois de plus l’association maçonnique a ob-tenu la bénédiction demandée:

“Honorables hôtes – leur a dit Jean-Paul II – c’est pour moi un plaisir de vousaccueillir, vous les membres de l’Anti-De-famation League en visite au Vatican.L’Eglise catholique et le peuple juif conti-nuent à entretenir des liens étroits d’ami-tié. Je prie avec ferveur afin qu’hommes etfemmes coopèrent pour éradiquer toutesformes de racisme et édifier une société oùsoient promus la vérité, la justice, l’amouret la paix. Sur vous tous j’invoque les donsdivins de force et de joie. Shalom!”; (tra-duction française par nos soins du texte an-glais original et italien, cf. l’O.R du 18 dé-cembre 2004, p. 5).

Non seulement Jean-Paul II bénit leB’naï B’rith et – le considérant comme lereprésentant du peuple juif – lui déclareson amitié (abusivement attribuée à l’Egli-se catholique), mais il propose aussi unesociété où la promotion de la vérité, de lajustice, de l’amour et de la paix soit indiffé-remment et conjointement promus parchrétiens et juifs; mais alors de quelle véri-

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té s’agit-il? Certes pas de Celui qui déclara:“Je suis la Vérité”. De quelle paix? Certespas de Celui qui déclara: “je vous donnema paix, non pas comme le monde la don-ne”. De quelle charité? Certainement pasde celle du Christ: “caritas Christi urgetnos”. Puisque le B’naï B’rith et le peuplejuif ne reconnaissent pas le Christ, ni com-me Vérité, ni comme Paix, ni commeAmour ni comme Justice divine, maisconsidèrent plutôt tout cela comme unblasphème.

Nous publions maintenant, dans unetraduction faite par nos soins, “le discoursd’hommage adressé au Saint Père” en dé-but d’audience par le président de l’ADL,Abraham Foxman (celui par qui fut menéela campagne mondiale contre le film deMel Gibson, La Passion):

“Je suis honoré une fois de plus d’avoirle plaisir et le privilège d’une audience avecvous. Cela est profondément personnel etémouvant, en tant que c’est une partie entiè-re de l’histoire de ma vie. Je dois la vie àune femme catholique qui a risqué la siennepour me sauver du destin qui s’est abattusur un million et demi d’autres enfants juifspar les mains meurtrières des Nazis. Quandmes parents furent emmenés en camps deconcentration, ils laissèrent leur garçon, leurseul et unique enfant, à ma nourrice. Ellechangea mon nom. Elle falsifia les papiersd’identité. Avec la complicité d’un prêtrepolonais, elle me fit baptiser. Miraculeuse-ment, mes deux parents ont survécu et sontrevenus me chercher. Je suis vivant grâce àla compassion, à l’humanité et au couragede Bronislawa Kurpi. L’Église catholiquem’a donné la vie à travers cette courageusefemme et ce courageux prêtre qui l’aida àtromper et à défier ceux qui auraient pu fai-re disparaître tous les juifs sur terre. Je vousdemande, votre Sainteté, de bénir l’âme deBronislawa Kurpi qui a magnifiquement vé-cu les principes de sa foi catholique.

“Je suis persuadé que Dieu, dans sa misé-ricorde et sa sagesse infinies, m’a épargnépour consacrer cette vie au service de monpeuple et pour construire des ponts entre monpeuple et nos frères dans l’œuvre de Dieu.

“Votre Sainteté, votre inspiration moraleet votre leadership pendant vos 26 ans surles pas de saint Pierre ont été une lumièrebrillante pour le monde. Vous avez défendu

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le peuple juif en tant que prêtre dans votrePologne natale et pendant toutes les annéesde votre pontificat. Vous avez dénoncé l’an-ti-sémitisme comme un “péché contre Dieuet l’humanité”. Vous avez rendu hommageaux victimes de l’Holocauste ici au Vaticanet à Yad Vashem en Israël. Votre pèlerinageà la Grande Synagogue de Rome fut le pre-mier de la part d’un pape depuis le temps dePierre, et votre discours à cette occasion aouvert une brèche dans des siècles de dou-leur et de méfiance. Nous n’oublierons ja-mais vos paroles mémorables : “L’Église duChrist découvre son lien avec le Judaïsmeen fouillant dans son propre mystère. La re-ligion juive ne nous est pas extrinsèque,mais en un certain sens elle est intrinsèque ànotre propre religion. Nous avons doncavec le Judaïsme une relation que nousn’avons avec aucune autre religion”. Il y adix ans, vous établissiez des relations entrele Saint-Siège et l’État d’Israël, reconnais-sant son importance dans la vie et la foijuives. Votre prière du matin à Babi Yar adémontré votre engagement profond pourla réconciliation et le souvenir des horreursde l’Holocauste. Vous avez appelé la com-munauté catholique du monde entier àconsidérer son passé et à marcher vers unecompréhension plus riche du Judaïsme etdu peuple juif dans le dessein de Dieu. Vousavez reconnu notre patrimoine spirituelcommun… la relation particulière entreChrétienté et peuple juif… un thème centralde Nostra Ætate et un thème prépondérantde vos propres réflexions sur ce documenthistorique. Dans vos exceptionnels écrits etdiscours, vous avez laissé apparaître votrecompréhension du Judaïsme comme un hé-ritage vivant, de la permanente validité del’alliance de Dieu avec le peuple juif et dupéché odieux qu’est l’anti-sémitisme.

“Ce mal profond est devenu une mal-veillance globale, émanant aujourd’hui avecune force vicieuse, violente et virulente duMoyen-Orient et infectant le monde entier.Il nous faut davantage de leaders commevous qui aillent de l’avant, qui élèvent leurvoix en condamnant, et qui imitent votreœuvre de véritable leadership moral.

“L’Anti-Defamation League a collaboréavec l’Église catholique pendant plus d’undemi-siècle ainsi qu’avec d’autres commu-nautés de foi afin de trouver des moyens

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pour grandir ensemble même si nous nepouvons être ensemble théologiquement.Quand des hommes et des femmes de cou-rage qui vivent leur foi, comme ma nourricele fit, élèvent leur voix et agissent pour s’op-poser à l’injustice et à l’intolérance, des viessont sauvées.

“Pour la première fois dans l’histoire,catholiques et juifs sont vraiment ensemble,comme peuple de Dieu, s’efforçant de serappeler et de dépasser les souvenirs d’unpassé profondément douloureux et de seconsidérer l’un l’autre comme une partie del’alliance de Dieu. Le centre d’intérêt de cesannées formatrices du 21ème siècle résidedans une réunion des cœurs et dans une ren-contre prophétique de foi comme une partiedu dessein de Dieu. Pendant deux millé-naires, nous avons voyagé séparément.Nous avons travaillé à rompre les anciennesbarrières du fanatisme. Nous voyageons dé-sormais ensemble dans une nouvelle èred’acceptation et de coopération spirituellesmutuelles. Je prie notre Dieu commun debénir nos efforts et de renforcer notre com-préhension réciproque. Votre Sainteté, c’estavec notre admiration et notre affection lesplus profondes que nous saluons votrepropre rôle, grand rôle de premier plandans ce parcours”. (Texte original en an-glais dans l’Osservatore Romano du 18 dé-cembre 2004, p. 5).

Le discours de Foxman n’est pas de cir-constance. D’un côté, il met en relief l’er-reur principale de l’enseignement de Jean-Paul II, qui est en contraste avec l’EcritureSainte, la Tradition, les Pères et le magistè-re pontifical: erreur selon laquelle le ju-daïsme actuel serait encore vivant, et nonspirituellement mort: l’actuel Israël seraitencore le peuple de Dieu jamais réprouvé,et l’Ancienne Alliance serait valide de fa-çon permanente alors que c’est la “Nouvel-le et Eternelle Alliance” qui l’est aucontraire. Nier ces erreurs signifie-t-il sou-tenir l’antijudaïsme théologique? S’il en estainsi, ce qui durant deux mille ans a été lareligion catholique est aussi antijudaïsme.De là à accuser l’Eglise d’antisémitisme,autrement dit de péché contre Dieu etcontre l’humanité, il n’y a qu’un pas. Parailleurs, Foxman raconte son passé de bap-tisé. Il ne s’agit probablement pas seule-ment d’un rappel innocent. Quelques jours

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plus tard, le Corriere della Sera (28 dé-cembre 2004) publiait un document inéditdu Saint-Office, daté du 20 octobre 1946,envoyé au Nonce en France (Mgr Roncalli)dont nous donnons ici le texte: “A proposdes enfants juifs qui, durant l’occupation al-lemande, ont été confiés aux institutions etaux familles catholiques et qui sont mainte-nant réclamés par les institutions juives pourleur être restitués, la Congrégation du Saint-Office a pris une décision qui peut être résu-mée ainsi:

1) Eviter dans la mesure du possible, derépondre par écrit aux autorités juives, maisle faire oralement.

2) Chaque fois qu’il sera nécessaire derépondre, il faudra dire que l’Eglise doit fai-re ses recherches pour étudier chaque casparticulier.

3) Les enfants qui ont été baptisés nepourront pas être confiés à des institutionsqui n’en sauront pas assurer l’éducationchrétienne.

4) Quant aux enfants qui n’ont plus deparents et dont l’Eglise a pris la charge, il neconvient pas qu’ils soient abandonnés parl’Eglise elle-même ou confiés à des per-sonnes qui n’ont aucun droit sur eux, àmoins qu’ils ne soient en mesure de disposerd’eux-mêmes. Ceci évidemment pour les en-fants qui ne sont pas baptisés.

5) Si les enfants ont été confiés (à l’Egli-se) par leurs parents et si maintenant les pa-rents les réclament, ils pourront être resti-tués, à moins que les enfants eux-mêmesn’aient reçu le baptême.

A noter que cette décision de la Congré-gation du Saint-Office a été approuvée parle Saint Père”.

La publication de ce document etd’autres semblables informations a déchaî-né la énième campagne de presse, soute-nue par les associations juives (Amos Luz-zato, représentant de la Communauté juiveitalienne qualifiera le document d’“hor-rible” et à “glacer d’effroi”) contre Pie XII,émule de Pie IX dans l’“enlèvement d’en-fants” juifs. A l’inverse, certains, comme lePère Gumpel, postulateur de la cause debéatification de Pie XII, ont mis en doutel’authenticité du document. Authentiqueou pas, le document du Saint-Office publiérespecte parfaitement la doctrine, la praxiset la législation de l’Eglise (can. 750) jus-

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qu’à Vatican II, comme le rappelle le PèreGumpel dans le Corriere della Sera(29/12/2004): “Selon la doctrine prédomi-nante de l’époque, si un enfant recevait lebaptême, il avait le droit de recevoir uneéducation catholique et il était considéré dé-sormais comme un membre effectif del’Eglise. Cela le mettait sous la juridictionde l’autorité ecclésiastique: une vieille légis-lation qui ne venait pas de Pie XII. Lui nefit qu’appliquer les normes en vigueur”.

Il suffit de rappeler le cas Mortara autemps de Pie IX, cas le plus fameux maiscertes pas l’unique, d’application de cettelégislation ecclésiastique séculaire mais quin’est autre que l’application juridique de ladoctrine catholique. Mais il n’y a pas là en-lèvement d’enfants, comme il a été ditfaussement, puisque l’Eglise interdit, endehors du danger de mort, de baptiser desenfants infidèles contre l’avis de leurs pa-rents; mais obligation de donner une édu-cation chrétienne à quiconque a été bapti-sé. D’après ce qu’il dit, Foxman fut baptisé.Il ne pouvait donc pas être restitué aux pa-rents pour qu’ils l’élèvent dans le judaïsme,et en tant que baptisé (en d’autres circons-tances il a déclaré avoir été un fervent ca-tholique) il ne peut qu’être considéré com-me un pauvre apostat de la Foi chrétienne!Dans les circonstances de la polémiquesuscitée contre l’Eglise et Pie XII, son in-tervention auprès de Jean-Paul II visaitvraisemblablement à soutenir la nouvellepraxis (qui suppose une nouvelle doctrine)et qui admet que l’on puisse violer impuné-ment le caractère baptismal.

L’audience du “Nouvel Aaron” à la Pavethe Way Foundation

Le 5 janvier 2005, la Pave the WayFoundation annonce à la presse que le 18du même mois aura lieu un événement ex-traordinaire au Vatican: pour le 40ème an-niversaire de la déclaration conciliaire Nos-tra ætate, Jean-Paul II devrait recevoir enaudience rien moins que cent soixante rab-bins et chanteurs juifs (les chanteurs ontdonné un concert la veille, 17 janvier, à laGrande Synagogue de Rome, pour la délé-gation du Saint-Siège et la Communautéjuive). La date choisie est significative, par-ce que le 17 janvier n’est plus désormais

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rappelé en tant que fête de saint AntoineAbbé mais comme journée des relationsjudéo-chrétiennes… Parmi les participantssont en effet signalés des rabbins (AdamMintz, président du New York board ofRabbis; René-Samuel Sirat, ancien GrandRabbin d’Europe et de France; David Lin-con, grand rabbin de la Synagogue de ParkAvenue de New York; Shlomo Riskin,grand rabbin d’Efrat, Jérusalem; JosephArbib, de la Grande Synagogue de Rome)mais aussi des représentants de l’Etat d’Is-raël, tels que l’ambassadeur près le Saint-Siège, Oded Ben Hur, ou le directeur pourles affaires religieuses du ministère des Af-faires étrangères israélien Gadi Golan…

La Fondation, fondée et présidée parGary Krupp, juif décoré de l’ordre de SaintGrégoire le Grand, a pour but d’édifiervoies et ponts au moyen de l’action interre-ligieuse (“Pave the Way Foundation is brid-ging the Gap through Inter-religiousAction) pour mettre en relation lesdites“trois religions d’Abraham”: à côté d’unecitation de l’Evangile, leur site en présenteune du Coran et une de la Thora, ainsi quela devise de la Fondation: Embrace the si-milarities, Savor the differences [Embrasseles similitudes, Goûte les différences]. Leprogramme interreligieux et vaguementmaçonnique a cependant aussi des viséesbeaucoup plus concrètes et précisément enfaveur des intérêts de l’Etat d’Israël, com-me le rappelle Elliot Hershberg, “prési-dent” de la Fondation: “Pave the WayFoundation a été un moyen d’aider à com-bler le fossé entre le Vatican et l’Etat d’Is-raël dans leurs contacts pour parvenir auxrelations diplomatiques”.

Jean-Paul II leur a adressé le bref dis-cours ci-dessous:

“Chers amis,

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C’est avec affection que j’accueille lesmembres de la “Pave the Way Foundation” àl’occasion de votre visite au Vatican et je re-mercie M. Krupp des paroles cordiales qu’ilm’a adressées en votre nom. Cette année nouscélébrerons le 40° anniversaire de la déclara-tion du Concile Vatican II “Nostra Ætate”, quia contribué de façon significative au renforce-ment du dialogue entre juifs et catholiques.Que ce soit là une occasion de plus grandescompréhension et coopération pour l’édifica-tion d’un monde toujours plus fermement basésur le respect de l’image divine en tout être hu-main! Sur vous tous, j’invoque les abondantesbénédictions du Tout-Puissant et, en particu-lier, le don de la paix. Shalom aleichem”. Tra-duit du texte original anglais de l’OsservatoreRomano du 19 janvier 2005, p. 5).

C’était la réponse de Jean-Paul II audiscours d’hommage que lui adressait GaryL. Krupp, le 18 janvier 2005, et dont voicile texte:

“Votre sainteté,“Nous sommes un groupe de personnes

représentant un échantillon du judaïsme, ve-nues jusqu’ici avec les bénédictions de mil-lions de juifs pour vous remercier.

“Peu après votre ascension sur le trônede saint Pierre, vous avez fait un voyage si-gnificatif à Auschwitz pour rendre homma-ge aux victimes de l’Holocauste. Vous avezdéfendu le peuple juif en toutes circons-tances, en tant que prêtre en Pologne et du-rant vos vingt-six années de pontificat. Vousavez dénoncé l’anti-sémitisme comme “unpéché contre Dieu et l’humanité”. Ce ton deréconciliation a été la pierre angulaire devotre pontificat et de ses relations avec lepeuple juif.

“Le 13 avril 1986, vous êtes devenu lepremier pape depuis saint Pierre à visiterune synagogue. En vous présentant seslettres de créances en juin 2003, l’ambassa-deur israélien Oded Ben-Hur s’est exprimésur ce geste fantastique de la meilleure façonpossible, en disant : “Ce jour-là, vous avezpris sur vos épaules l’Église vieille de 2000ans, et l’avez ramenée à la synagogue de Ca-pharnaüm du premier siècle, où Jésus avaitl’habitude de prier, refermant ainsi uneboucle historique”.

“Vous avez poussé le Saint-Siège à enta-mer en 1992 le processus de normalisationdes relations diplomatiques avec l’État d’Is-

Jean-Paul II recevant la Pave the Way Foundation auVatican le 18 janvier 2005

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raël, la patrie biblique bien-aimée du peuplejuif, reconnaissant symboliquement l’exis-tence d’Eretz Yisrael hier, aujourd’hui etpour toujours.

“Votre pèlerinage en Israël et en Terre-Sainte le 21 mars 2000, fut immortalisé dansles cœurs et les esprits des juifs du mondeentier, quand vous avez placé votre prièredemandant pardon dans le Mur occidental.

“Vos affirmations solennelles durant lavisite au Musée du Souvenir, à Yad Va-shem, nous ont profondément émus et onttouché nos cœurs.

“Il est impossible de décrire l’impact émo-tionnel que ces jalons ont eu sur les juifs dumonde entier. Votre sainteté, ces actes récon-ciliatoires ont été, en effet, le sceau de votrepontificat puisque vous avez aussi essayéd’aplanir les anciens différends dans toutesles religions du monde. Les Jewish Ethics ofthe Fathers ont délicatement saisi, en vers,l’amour dont vous avez fait preuve pour l’hu-manité. Rabbi Hillel dit: “Sois parmi les dis-ciples d’Aaron, en aimant la paix, en poursui-vant la paix, en aimant toute l’humanité et enles amenant plus près de la religion”.

“Par vos actes d’amour de toute l’huma-nité et votre implacable poursuite de la paixet de la réconciliation de toutes les croyances,votre Sainteté est vraiment la personnifica-tion de ces idéaux et de cet esprit d’Aaron, legrand-prêtre de l’ancien Israël.

“Pour finir, vous vous êtes adressé ànous, les enfants d’Abraham, en nous appe-lant vos frères aînés bien-aimés. Mon inten-tion de prières est que juifs, chrétiens et mu-sulmans, les trois fils d’Abraham, puissentbientôt se lier en une cause commune et unirleurs voix pour défendre toute l’humanitécontre ceux qui diffament Dieu en commet-tant des actes gratuits de violence en sonsaint nom.

“Votre Sainteté, merci, merci, merci.Shalom, shalom, shalom.”

(traduit du texte original anglais publiédans l’Osservatore Romano du 19 janvier2005, p. 5).

L’héritier d’Aaron, le grand prêtre del’Ancien Testament (et non – comme il ledevrait – Vicaire du Christ, fondateur de laNouvelle et éternelle Alliance et du sacerdo-ce selon l’ordre de Melchisédech, et nond’Aaron!) a été ensuite béni – incroyablemais vrai – par trois rabbins: “le rabbin Jack

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Bemporad a formulé un vœu en faveur duPontife: ‘Que le Seigneur te sourie avec bon-té’. C’est ce que dit la ‘formule de bénédic-tion’ du chapitre six du livre des Nombres,texte de la Bible récité aujourd’hui par troisrabbins en présence du pape pour bénir et re-mercier Jean-Paul II. (…) Jack Bemporadnous a ensuite déclaré: ‘J’ai rencontré plu-sieurs fois Jean-Paul II, mais en aucune occa-sion le Pape ne m’est apparu touché et émucomme à l’audience de ce matin”, audienceau cours de laquelle Krupp lui a aussi faitl’hommage d’une kippa aux couleurs… duVatican (La Stampa, 19/01/2005, p. 10).

Conclusion

Dans cet article, nous avons surtout pu-blié les documents relatifs aux deux au-diences accordées par Jean-Paul II à la com-munauté juive à l’occasion du 40ème anni-versaire de la déclaration conciliaire Nostraætate et des 26 ans de son “pontificat”. Ilnous a semblé que ces textes parlaient d’eux-mêmes, sans qu’il soit nécessaire d’y ad-joindre des commentaires particuliers; onpeut trouver un commentaire adéquat dansles nombreux articles consacrés à ce thèmepar notre revue, surtout par l’abbé Nitoglia,et partiellement rassemblés en un volume(en italien). Les communautés juives sontpleinement satisfaites du “pontificat” deJean-Paul II, qui, à leurs yeux, peut être com-paré à Aaron. Cette satisfaction est inquié-tante, si seulement l’on se rappelle le fait quele Judaïsme, après la venue et le refus duMessie, a survécu dans le Pharisaïsme. Nousnous demandons alors si ceux qui font l’élogede Jean-Paul II feraient aussi l’éloge duChrist. A notre avis, non. Il me semble op-portun de conclure cet article en reprenantun extrait d’un communiqué du Centre cul-turel Federici, dans lequel étaient commen-tés, justement, les événements en question:

“…Et Siméon les bénit, et dit à Marie, samère: Celui-ci a été établi pour la ruine et larésurrection d’un grand nombre en Israël, eten signe que l’on contredira” (Lc, II, 34).

Commentaire du Père Marco Sales, op,Maître du Palais apostolique (La sainteBible. Le Nouveau Testament, vol. I, Lesquatre Evangiles – Les Actes des Apôtres,L.I.C.E. Roberto Berruti & C. TipografiaPontifica e della S. Congregazione dei Riti

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Cav. P. Marietti, Torino 1933, p. 224):“Jésus est cette pierre d’achoppement ou

de scandale dont parle Isaïe (VIII, 14). Denombreux israélites ne voulurent pas le re-connaître comme Messie ni prêter foi à saparole ni pratiquer sa doctrine, c’est pour-quoi ils se heurtèrent à lui, tombèrent dansl’infidélité, édifiant de leurs propres mainsleur ruine éternelle (Matt. XI, 6; Jn III, 19;Rom. XI, 32; I Cor. I, 13, etc.). Pierred’achoppement pour les uns, Jésus est prin-cipe de résurrection pour les autres; il est lapierre angulaire sur laquelle ceux quicroient en lui et mettent en pratique ses en-seignements, élèvent l’édifice de leur salutéternel. Ce qui est dit des israélites vaut aus-si pour les païens”.

L’Eglise doit donc prêcher la divinitéde Jésus aux Juifs incrédules et prier pourleur conversion:

Oremus et pro perfidis Judæis: ut Deuset Dominus noster auferat velamen de cor-dibus eorum; ut et ipsi agnoscat Jesum Cris-tum Domimun nostrum [Prions aussi pourles Juifs parjures, afin que Dieu notre Sei-gneur ôte le voile de leurs cœurs et leur don-ne de connaître, eux aussi, Jésus-Christnotre Seigneur.]

Omnipotens sempiterne Deus, qui etiamjudaicam perfidiam a tua misericordia nonrepellis: exaudi preces nostras, quas proillius popoli obcæcatione deferimus; ut,agnita veritatis tuæ luce, quæ Christus est, asuis tenebris eruantur. [Dieu tout-puissantet éternel, qui n’écartez point de votre misé-ricorde même les Juifs parjures, écoutez lesprières que nous vous adressons pour cepeuple aveuglé: donnez-leur de connaître lalumière de votre vérité, qui est le Christ, afinqu’ils soient arrachés à leurs ténèbres.]

(Du Missel quotidien et vespéral, parDom Gaspar Lefebvre, 1951. Oraisons duVendredi Saint, pp. 701-702).

Les nouvelles en provenance du Vati-can vont dans une autre direction…” (Cen-tro Studi Giuseppe Federici - Per una nuo-va insorgenza. Communiqué n.8/05 du 19janvier 2005, San Mario).

Appendice

Nous publions cette intéressante nou-velle extraite du quotidien Il Foglio du 3mars 2005:

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“Consistoire à Manhattan. Ces jours-ci àNew York s’est tenue une réunion de dia-logue judéo-chrétien organisée par le WorldJewish Congress. Y ont participé plusieurscardinaux parmi les plus qualifiés du Collègecardinalice: le français Jean-Marie Lustiger,tout récemment encore archevêque de Paris,le belge Godfried Daneels de Bruxelles, lebrésilien Claudio Hummes de Sao Paulo,l’italien Angelo Scola de Venise, l’africain Pe-ter Turkson, l’américain Theodore McCar-rick, l’allemand Walter Kasper, ministre duVatican pour l’œcuménisme et le dialogueavec le monde juif. ‘Les leaders juifs – a écritl’Ap – sont anxieux de savoir qui succédera àJean-Paul II et sont en train de contacter lessuccesseurs possibles. Deux participants auSymposium, Hummes et Daneels ont été citéscomme candidats potentiels’”.

Prenons donc note de ces noms. Prenonsnote surtout du nom d’Angelo Scola, lié àCommunion et Libération. Dans un articledu Jerusalem Post (2/03/05) dédié à la ré-union en question, Uriel Heilman donnejustement le cardinal Scola pour successeurprobable de Jean-Paul II. La présence de cecardinal à New York ne fait que confirmerles rapports très étroits entre le mouvementde feu l’abbé Giussani et le monde juif.

Sacrilège. Les reliques de St Jean Chrysostome et de StGrégoire de Nazianze, Docteurs de l’Eglise, ont été re-mises au “patriarche” de Constantinople Bartolomée,qui encore récemment a réitéré les hérésies de Photiuset de Michel Cérulaire contre le primat romain. La dé-cision de Jean-Paul II ne viole pas seulement la loi po-sitive de l’Eglise (canon 1289§1), mais le respect et la

vénération due aux choses sacrées, qui ne peuvent êtredonnées aux mains des hérétiques. Sur la photo, la cé-rémonie à Constantinople pour le retour des reliques

de St Jean Chrysostome

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Monseigneur Rifan au couron-nement de Notre-Dame de

l’Apparition

Nous publions ci-après le communiqué duPère Pelegrini, porte-parole de l’Adminis-

tration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney,sise dans le diocèse de Campos. Ce communi-qué a été écrit pour défendre Mgr Rifan,Evêque de cette administration apostoliqueinstituée par Jean-Paul II, des accusations de laFraternité Saint-Pie X d’avoir publiquementassisté à la nouvelle “messe”, et trahi ainsil’œuvre de Mgr de Castro Mayer. En publiantce communiqué nous n’entendons pas l’ap-prouver, certes, bien au contraire. Mais nouspensons qu’il met en évidence le vrai problè-me: celui d’être ou non en communion avecJean-Paul II.

Dans son énumération des actes de Mgr deCastro Mayer et de Mgr Lefebvre, actes conci-liants vis-à-vis du nouveau missel, le porte-pa-role de Mgr Rifan – qui tient son épiscopataussi de Mgr Lefebvre et de Mgr de CastroMayer par l’intermédiaire de feu Mgr Rangel –n’est pas honnête car il omet les déclarationsen sens opposé des deux évêques. Pour ce quiconcerne Mgr de Castro Mayer, rappelonsentre autres l’approbation du ‘Bref examen cri-tique de la nouvelle messe’ et du livre ‘La mes-se de Paul VI’ où il est traité de l’hypothèse duPape hérétique, son approbation publique de la‘Lettre à quelques Evêques’ où étaient condam-nées les erreurs de Vatican II et de Jean-Paul IIpar des théologiens partisans de la Thèse deCassiciacum; rappelons aussi la Déclarationépiscopale contre Jean-Paul II des deuxévêques, la déclaration de la vacance du Siègeapostolique, en présence du Père Rifan, de Mgrde Castro Mayer à son arrivée à Ecône pour lesconsécrations épiscopales, et enfin ce derniergeste qui valut aux deux évêques l’“excommu-nication” de Jean-Paul II. Toutefois, les erreurset les incohérences des deux évêques rappeléesdans ce document sont un désenchantementamer pour qui les a considérés comme in-faillibles et impeccables… (spécialement MgrLefebvre).

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C’est à ce sujet que ‘Sodalitium’ consacrel’article de l’abbé Carandino, qui est comme unappel aux prêtres et aux fidèles de la FraternitéSaint-Pie X pour qu’ils évitent la triste fin deceux de Campos en corrigeant les erreurs doc-trinales signalées par ce communiqué (nefas estab inimicis discere!).

Sodalitium

« Éclaircissements

Le 8 septembre dernier, au SanctuaireNational de l’Apparition à Sao Paulo, eutlieu le couronnement officiel de la Statue dela Patronne du Brésil, Notre-Dame de laConception, en commémoration du cente-naire du même acte accompli sur l’ordre desaint Pie X, ainsi que des 150 ans de la pro-clamation du Dogme de l’ImmaculéeConception de Notre-Dame. En présence duLégat Pontifical, représentant officiel du Pa-pe, le Cardinal Dom Eugenio Sales, qui pré-sida la cérémonie et lut un message du pape,ainsi que du Nonce Apostolique, d’une cen-taine de Cardinaux, Archevêques, Evêqueset Prêtres de tout le Brésil, de représentantsde la famille impériale, du ministre représen-tant le Président de la République, du prési-dent de la Chambre des Députés, du Gou-verneur de Sao Paulo et d’autres autorités ci-viles et militaires, Notre-Dame fut à nouveaucouronnée et proclamée Reine du Brésil. LeBrésil était aux pieds de sa Reine. Le couron-nement eut lieu durant une Messe, célébréeau Sanctuaire National par le Légat Pontifi-cal, S. Em. le Cardinal Eugenio Sales, avec àses côtés le Cardinal Primat du Brésil et l’Ar-chevêque d’Aparecida [litt : Apparition].

Dom Fernando Rifan, notre EvêqueAdministrateur Apostolique, fut convié àla cérémonie de Couronnement, commetous les autres évêques. Il est normal queDom Fernando, qui est un Evêque légitimede la Sainte Eglise, Evêque d’une circons-cription ecclésiastique officielle de l’Eglisecatholique, soit convié aux cérémonies del’Eglise Catholique et soit présent commetous les évêques. Il serait anormal qu’il nesoit pas invité ou n’apparaisse jamais. Ain-si, il participe aux réunions des Evêques etest consulté par la Nonciature Apostoliquepour les questions concernant l’Eglise,comme tous les Evêques.

Document

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Ainsi, Dom Fernando jugea convenableet nécessaire, sa présence aux côtés desautres Evêques catholiques, au nom del’Administration Apostolique, à la cérémo-nie officielle du Couronnement de Notre-Dame de l’Apparition, de sa proclamationcomme Reine et Patronne du Brésil et dela consécration de la nation. Cérémonieparticulièrement importante, étant donnél’infection des sectes protestantes dansnotre pays, multipliant les attaques enversNotre-Dame, en particulier son ImmaculéeConception.

Certaines personnes se posent des ques-tions sur la participation occasionnelle deDom Fernando et de quelques-uns de sesprêtres à des messes célébrées selon le ritede Paul VI.

Nous leur rappelons que Dom Fernan-do est un évêque catholique, membre del’Episcopat Catholique, en communionavec le Saint-Père le Pape. Aussi, commetout évêque catholique, même ceux de ritedifférent, il doit manifester pratiquementqu’il est en pleine communion.

Nul ne peut être catholique s’il main-tient une attitude de refus de la commu-nion avec le Pape et avec l’Episcopat ca-tholique. De fait, l’Eglise définit commeschismatique celui qui refuse de se sou-mettre au Pontife Romain et de se mainte-nir dans la communion avec les autresmembres de l’Eglise qui sont ses sujets (ca-non 751). Dès lors, refuser continuellementet explicitement de participer à toute mes-se dans le rite célébré par le Pape et partous les Evêques de l’Eglise, parce que l’onjuge ce rite, en soi-même, incompatibleavec la Foi ou peccamineux, représente unrefus formel de communion avec le Pape etavec l’Episcopat catholique.

On ne peut nier le fait objectif qu’au-jourd’hui le rite de Paul VI est le rite offi-

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ciel de l’Eglise latine, célébré par le Pape etpar tout l’Episcopat Catholique.

Comme notre Administration Aposto-lique a son propre rite, le Rite Romaindans sa forme traditionnelle, la Messe ditede saint Pie V, conformément à la conces-sion du Saint-Père le Pape Jean-Paul II,Dom Fernando et tous les prêtres de l’Ad-ministration Apostolique célèbrent exclusi-vement la Messe traditionnelle. Il en estainsi dans toutes nos paroisses et églises. EtDom Fernando a réussi à faire en sorte queplusieurs Evêques ouvrent leur diocèse à laMesse traditionnelle. Et il est présent àd’autres liturgies quand cela est nécessaireou quand les convenances des circons-tances l’exigent.

Comme le déclare le Cardinal DarioCastrillon Hoyos, dans une récente entre-vue avec la revue américaine «Latin Mass»,du 5 mai 2004 : «L’actuel AdministrateurApostolique, Dom Fernando Rifan, est uninfatigable lanceur de “ponts”. Son témoi-gnage personnel montre que cette collabora-tion avec l’épiscopat local est véritablementpositif. Sans rien sacrifier de l’identité que leSaint-Père a reconnu comme légitime pourles catholiques attachés aux formes litur-giques et disciplinaires antérieures de la Tra-dition latine. Et le fait que le Saint-Père aitconcédé à cette Administration Apostoliquele Rite de Saint Pie V comme Rite ordinairemontre une fois de plus que Sa Sainteté et leSiège Apostolique répondent généreusementaux demandes légitimes de ces prêtres et desfidèles de Campos».

Mais ce fut une lutte de bien des an-nées, maintenant couronnée de succès,pour notre régularisation canonique ausein de l’Eglise. Les raisons véritables etexactes pour lesquelles nous conservons laMesse dite traditionnelle sont bien expri-mées dans notre publication «Ontem HojeSempre» [Hier Aujourd’hui Toujours], n.78, que l’on peut consulter sur notre sitehttp://www.seminario-campos.org.br.

Cependant, si nous aimons, conservonset préférons la Messe traditionnelle, nous neconsidérons pas et ne pouvons considérer lenouveau rite de la Messe, une liturgie uni-verselle promulguée par la suprême autoritéde l’Eglise et adoptée à l’unanimité depuis34 ans par toute l’Eglise enseignante, com-me invalide, hérétique ou hétérodoxe ou

Image de la céré-monie à laquellea assisté Mgr Ri-fan (remarquer

sur la gauche unefigurante à moitiénue personnifiant

Eve)

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peccamineux. Bien que nous émettions desréserves quant à la Réforme Liturgique, sacritique ne peut outrepasser les limites de ladoctrine catholique de l’indéfectibilité del’Eglise, de l’Infaillibilité Pontificale et durespect dû au Magistère de l’Eglise. Si dansle passé, certaines de ces limites furent dé-passées, même par nous, à cause des cir-constances, du feu de la bataille ou du faitqu’on voulait nous l’imposer, il nous fautprécisément corriger certaines expressionset les replacer dans les limites de la doctrinecatholique. Mieux préciser l’expression dela doctrine et corriger quelques imperfec-tions ne signifient pas renoncer au passé etabandonner la lutte. Persévérer dans l’er-reur, voilà ce qui serait diabolique. MêmeDom Marcel Lefebvre a demandé de par-donner certaines de ses fautes ou erreurs :«Si certaines de mes paroles ou certains demes actes étaient désapprouvés par le Saint-Siège, je vous prie de me pardonner» (lettreà la Congrégation pour la Doctrine de laFoi, 8 mars 1980).

Car si nous considérions, en théorie ouen pratique, la Nouvelle Messe, en soi, com-me invalide ou hérétique ou sacrilège ou hé-térodoxe ou peccamineuse ou illégitime ounon catholique, nous devrions tirer lesconséquences théologiques d’une telle posi-tion et les appliquer au Pape et à tout l’Episcopat du monde, c’est-à-dire à toute l’Egliseenseignante : ou bien il faut accepter quel’Eglise ait promulgué officiellement (1),conservé pour des décennies et offert tousles jours à Dieu un culte illégitime et pecca-mineux - proposition condamnée par le Ma-gistère - et que donc les portes de l’Enferont prévalu contre elle, ce qui serait une hé-résie. Ou bien il nous faudrait adopter leprincipe sectaire que c’est nous qui sommesl’Eglise et qu’hors de nous il n’y a point desalut, ce qui serait une autre hérésie. Cespositions ne peuvent être acceptées par uncatholique, ni en théorie, ni en pratique.

Notre participation, donc, découle deprincipes doctrinaux. Et elle ne signifie pas

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que nous n’avons pas de réserves quant aunouveau rite, comme nous l’avons déjàporté respectueusement à la connaissancedu Saint-Siège. Notre participation ne si-gnifie pas non plus l’approbation à tout cequi peut arriver. Etre uni à la hiérarchie del’Eglise et en parfaite communion avec ellene signifie pas approuver les nombreuseserreurs qui arrivent aujourd’hui au sein dela Sainte Eglise, provoquées par sa partiehumaine. Il est clair que nous regrettonsprofondément, avec le Saint-Père le Pape,que la Réforme Liturgique ait laissé la pla-ce à des ambiguïtés, libertés, créativités,adaptations, réductions et instrumentalisa-tions (Ecclesia de Eucharistia, n. 10, 52,61), et ait pu être à l’origine de nombreuxabus et avoir conduit en certains milieux àune perte du respect dû au sacré (CardinalGagnon, Offerten Situng Römisches, nov.-déc. 1993, p. 35). Surtout, nous rejetonstoute profanation de la Liturgie, commepar exemple aux messes dans lesquelles «laLiturgie dégénère en un “show”, dans le-quel on tente de rendre la religion intéres-sante en y ajoutant des choses à la mode...avec des succès momentanés dans le groupedes fabricants de la liturgie», comme cri-tique le Cardinal Ratzinger (Introductionau livre intitulé «La Réforme Liturgique»de Mgr Klaus Gamber, p. 6).

Donc, nous conservons le vénérable ritede Saint Pie V, mais «cum Petro et sub Pe-tro», en pleine communion.

Comme l’écrit Dom Fernando dans sonpremier Message Pastoral aux clercs et auxfidèles de notre Administration Aposto-lique, le 5 janvier 2003 : «Etant donné que,comme le dit le Cardinal Joseph Ratzinger,actuel préfet de la Congrégation pour laDoctrine de la Foi, la crise de l’Eglise, quenous rencontrons aujourd’hui, découle engrande partie de l’effondrement de la Litur-gie (Cardinal Ratzinger - La mia vita, p.113), nous conservons dans notre Adminis-tration Apostolique, pour plus de tranquillitéet de sécurité, avec tout l’amour et la dévo-tion, grâce à la permission que nous a concé-dée le Saint-Père le Pape, la Liturgie et la dis-cipline liturgique traditionnelles, comme ritepropre, ce grand trésor de l’Eglise, commeune authentique profession de foi catholiqueet en parfaite communion avec le Siège dePierre. Et le Saint-Père nous tranquillise en

1) Telle est la pierre d'achoppement. Si Paul VIétait Pape, il représentait l'Église en promulguant leN.O.M. Mais si Paul VI n'était pas Pape, le nouveaumissel n'est pas l'œuvre de l'Église. L'approbation duN.O.M. par les autres évêques est compatible avecl'erreur : les évêques sans le Pape ne sont pas in-faillibles (note de Sodalitium).

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nous disant que notre attachement à la tradi-tion liturgique du Rite Romain est légitime.[...] Mais nous conservons la Tradition et laLiturgie traditionnelle en union avec la Hié-rarchie et le Magistère vivant de l’Eglise, nonen opposition avec eux».

De même, Dom Antonio de CastroMayer, malgré toutes les critiques qu’il en-voya respectueusement au Saint-Siège surla Nouvelle Messe, permit, quand il étaitévêque diocésain, des Eglises et des Pa-roisses avec la Messe Nouvelle ; il reçutdans son Diocèse des prêtres qui célé-braient la Nouvelle Messe ; il garda commecurés des prêtres qui avaient opté pour lacélébration de la Messe Nouvelle ; il nom-ma vicaires de paroisse des prêtres qui cé-lébraient la Messe Nouvelle ; il assista avecun prêtre, son secrétaire (le P. FernandoAreas Rifan) à la Messe Nouvelle célébréepar le P. Jose Goncalves, à Niteroi ; il célé-bra la Messe «versus populum» sur des au-tels où se célébraient la Nouvelle Messe ; ilréprimanda les laïcs qui appelaient la mes-se traditionnelle “la vraie messe” par op-position avec la messe nouvelle, leur rap-pelant que la Messe Nouvelle aussi étaitune vraie messe ; il assistait habituelle-ment, à Sao Paulo, dans l’Eglise “Matriz deSanta Generosa”, à la Messe Nouvelle cé-lébrée par son neveu, le P. Jose Mayer Pai-ne, et ne l’a jamais blâmé pour la célébrer ;il dit à la famille de son chauffeur qu’ilspouvaient y assister tranquillement ; lorsd’une visite ad limina, avec le P. FernandoAreas Rifan comme secrétaire, en 1980 àRome, il assista dans la Basilique auxMesses célébrées par les Evêques du Bré-sil, qu’il accompagnait dans cette visite ; ilinstitua des laïcs ministres de l’Eucharistiepour la Messe Nouvelle, au Couvent desRédemptoristes, et le publia dans le Bulle-tin Diocésain.

Dom Antonio n’aurait pas fait cela,n’aurait rien pu faire de cela s’il avaitconsidéré la Messe Nouvelle comme pec-camineuse. Et il serait injuste et insensé del’accuser de trahison ou d’avoir cédé aumodernisme et au libéralisme doctrinal.

Mgr Marcel Lefebvre assista, en habitsde chœur, à la Messe Nouvelle à l’occasionde l’enterrement de son cousin à Lille. Ilenvoya pour le représenter le P. Du Chal-lard pour assister à la consécration épisco-

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pale du Cardinal Stickler dans la ChapelleSixtine, célébrée par le Pape dans une Mes-se Nouvelle.

«Si nous considérons, dit Mgr Lefebvre,cette liturgie réformée comme hérétique etinvalide [...] il est évident qu’il nous est in-terdit de participer à ces rites réformés ;nous participerions à un acte sacrilège. Cetteopinion peut être soutenue par des raisonssérieuses, mais pas absolument évidentes.C’est pour cela qu’il me paraît imprudentd’affirmer que pèchent gravement tous ceuxqui participent, de quelque manière que cesoit, au rite réformé [...]» (Mgr Lefebvre,dans “Le coup de maître de Satan” - ré-ponses à différentes questions d’actualité).

Dans sa lettre du 8 mars 1980 au PapeJean-Paul II, Mgr Lefebvre écrit : «En cequi concerne la Messe du Novus Ordo, mal-gré toutes les réserves que nous devonsavoir envers elle, je n’ai jamais dit qu’elleétait en elle-même invalide ou hérétique».Dans une lettre du 4 avril 1981, il écrit auCardinal Seper, alors préfet de la Congré-gation pour la Doctrine de la Foi : «en cequi concerne la réforme liturgique, j’ai moi-même signé le Décret Conciliaire et je n’aijamais déclaré que son application était ensoi invalide ou hérétique».

Lors d’une conférence aux séminaristesd’Ecône, alors que ceux-ci partaient en va-cances dans leurs familles, et qui fut enregis-trée sur cassette (23 décembre 1974, après safameuse déclaration de rupture du 21 no-vembre), il permit, et conseilla, aux sémina-ristes d’assister à la Messe Nouvelle pendantles vacances, auprès de prêtres sérieux, pourne pas scandaliser les familles et il condam-na ceux qui le critiquaient pour cela.

Voici quelques extraits : «[...] La Messe,je pense qu’il appartient à chacun de vous dejuger selon les circonstances. Il peut arriver, àmon avis, il peut arriver qu’il soit mieux d’as-sister à une Messe qui n’est pas la Messe tra-ditionnelle, à cause de certaines circons-tances, que vous estimerez à ce moment suffi-samment graves pour y aller. [...] En de nom-breuses circonstances, on est obligé de jugerles choses non de manière absolue, mais se-lon la réalité des choses, selon la réalité desfaits. Et de peser précisément. Il vous appar-tient de peser les choses. Y a-t-il des avan-tages ou des inconvénients moraux, pourmoi, d’assister à la Sainte Messe selon le No-

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vus Ordo qui sera célébrée dans telle parois-se, ou plus d’avantages moraux que de nepas y assister ? C’est à vous de juger des cir-constances. Mais je pense qu’il n’y a pas d’in-convénient à y assister, surtout “per modumactus”, non de manière habituelle, parexemple lorsque durant vos vacances vous yassistez à cause de vos parents ou à cause deprêtres que vous connaissez bien et qui sontdes amis d’Ecône, qui font des collectes pourEcône [...], je crois que moralement ce n’estpas un péché d’assister à cette Messe, et quevous pouvez même lui rendre ce service, ence sens que ce prêtre peut dire “voici que j’aiun séminariste d’Ecône qui vient, et donc jeles encourage et je suis en leur faveur, et jedésire qu’il y ait des prêtres comme luid’Ecône”. Ce sont des cas spéciaux, des casdifficiles, et c’est pour cela que je dis que jene me sens pas, enfin, dans le devoir moralde vous dire qu’il ne faut jamais prendre partà une Messe Nouvelle. Si en conscience etdans toutes les circonstances dans lesquellesvous vous trouvez, vous estimez qu’il estmieux ainsi pour vous, que vous pouvez lefaire, faites-le. Je ne vous force pas à assisterà une Messe de ce genre, mais si un sémina-riste me dit “je ne peux pas faire autrement,les circonstances me paraissent telles que jeme sens obligé d’assister à une de cesMesses”, je ne le condamne pas. Et je vousprie, entre vous, ne vous condamnez pas sivous entendez dire qu’un séminariste fut àune Messe nouvelle et qu’il cru qu’il devait yaller. Laissez-le avec sa conscience. Et ce queje vous dis aujourd’hui est plus sévère que ceque je disais il y a un ou deux ans. Il y a sou-vent des personnes qui sont plus dures et cer-tains de nos amis traditionalistes qui sontplus durs. [...] C’est de l’extrémisme». Icis’arrête la citation de Mgr Lefebvre.

Personne n’osera accuser Mgr Antoniode Castro Mayer ou Mgr Marcel Lefebvrede libéralisme ou de connivence avec lemodernisme !

Et si, selon Mgr Lefebvre, un séminaris-te d’Ecône peut juger les circonstancespour assister à une Messe Nouvelle, unévêque, avec la grâce d’état qui lui estpropre, ne peut-il pas juger des circons-tances de convenance ? Et si Mgr Lefebvrene condamne pas celui qui considère préfé-rable d’aller à la Nouvelle Messe, et défen-de qu’on le condamne, en disant qu’il faut

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le laisser suivre sa conscience, pourquoicondamner un Evêque qui juge de même ?

Et si les circonstances d’une telle Mes-se, telles que de gagner de la sympathiepour Ecône, justifie la présence des sémi-naristes à la Nouvelle Messe, un couronne-ment solennel de la Patronne du Brésil auSanctuaire National ne justifierait pas laprésence d’un Evêque de la Tradition ?

De plus, quel péché Dom Fernandocommet-il en étant présent à cette cérémo-nie ? Participe-t-il à un culte sacrilège ou hé-rétique ? Pourquoi l’accuser de trahison oud’être de connivence avec tout ce qui peutavoir lieu durant cette Messe, indépendam-ment de sa volonté et de son approbation ?Sa présence revêt la même signification quela présence de Mgr Marcel Lefebvre ou deDom Antonio dans des circonstances simi-laires. Rien de plus. Tout autre conclusionest jugement téméraire et insinuation mali-cieuse. D’après cette logique malicieuse,nous devrions conclure que ceux qui criti-quent sa présence sont contre le Couronne-ment de Notre-Dame et la commémorationde son Immaculée Conception.

Quelques-uns encore qui attaquentl’Administration Apostolique affirment quece fait, qu’ils considèrent comme un péché,est le prix payé pour l’accord avec Rome.En vérité, l’union juridique avec le Saint-Siège, la reconnaissance et l’union avec Ro-me des prêtres et fidèles de l’Union Sacer-dotale Saint-Jean-Marie-Vianney, fut réali-sée pour une question de nécessité deconscience, une question de doctrine, uneexigence de la théologie catholique qui exi-ge l’union avec la hiérarchie de l’Eglise, etnon simplement pour un accord pratique etun échange de bons procédés. Voici un dog-me de la Foi catholique : «Nous déclarons,affirmons et définissons qu’il est absolumentnécessaire pour le salut de tout homme qu’ilse soumette au Pontife Romain» (BonifaceVIII, Unam Sanctam). Le Saint-Père le Pa-pe ayant clairement manifesté sa volonté decréer pour les prêtres et fidèles de Campos

Mgr Rifan com-munie avec lesautres évêques

durant la concélé-bration solennelle

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une Administration Apostolique, avec tousles droits de garder la Liturgie et la discipli-ne traditionnelles, avec des paroisses, un sé-minaire, des instituts religieux, un Evêqueet l’indépendance avec les autres diocèses,une chose parfaitement traditionnelle, ce se-rait une révolte que de nier cette volonté duPape. Et avec cette offre a pris fin tout étatde nécessité justifiant un ministère extraor-dinaire. On ne peut rejeter, par stratégie,une détermination du Saint-Siège en accordavec la Tradition, qui permet une légalisa-tion juridique et donc une insertion dansl’unité hiérarchique.

Le grand cadeau reçu pour une telle re-connaissance fut la tranquillité deconscience catholique des prêtres et fidèlesde Campos, gardant la tradition liturgiqueet disciplinaire de l’Eglise en parfaite com-munion avec l’Eglise hiérarchique. Le plusgrand prix est payé par ceux qui refusèrentet refusent encore la volonté claire duSaint-Père : un grand péril de schisme, ac-compagné de diverses erreurs doctrinalescensées justifier ces positions erronées, etau risque de la damnation éternelle.

Pourquoi attaquer ainsi le seul Evêqueactuellement consacré par la Messe tradi-tionnelle et pour la Messe traditionnellequi dirige une Administration Apostoliquequi a comme rite propre la Messe tradi-tionnelle ? Pourquoi essayer de le découra-ger de manière impie ? Ne collabore-t-onpas ainsi avec les ennemis de la liturgie tra-ditionnelle ? Essayer de faire du tort àl’Administration Apostolique, n’est-ce pasfaire du tort à la Messe traditionnelle ?

Comme l’écrivit Dom Fernando au DrMichael Davies (R.I.P.), ex-présidentd’Una Voce International, le 2 mai 2004 :«Il est très triste qu’il y ait tant de personnesqui se disent traditionalistes et qui s’intéres-sent plus à attaquer d’autres membres denotre mouvement que de lutter pour la tra-dition. Votre apostolat unique et courageuxest une inspiration pour les catholiques tra-ditionnels dans le monde entier. Je suis par-faitement d’accord avec vous que la Nou-velle Messe ne peut être considérée commeun sacrilège ou comme intrinsèquementmauvaise [...]».

Le P. Didier Bonneterre, de la Fraterni-té Saint-Pie X, donne un bon avertisse-ment dans le prologue de son livre «Le

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Mouvement Liturgique», qui contient unepréface de Mgr Lefebvre : «Nous aime-rions pouvoir garder nos lecteurs contre unecertaine mode intellectuelle qui se propagecomme la peste dans nos milieux considéréscomme traditionnels : c’est l’esprit deconcurrence pour l’opinion la plus extrême,qui fait rechercher à tout prix la position laplus dure, comme si la vérité d’une proposi-tion admettait être influencée par un préjugévolontariste d’être “anti-quoi-que-ce-soit”».

Et nous demandons quel est le fruit spi-rituel que l’on peut tirer de toutes ces at-taques systématiques contre le Saint-Père,l’Administration Apostolique et la Messe ?

A tous ceux qui, malgré tout, désirentcontinuer de défendre des positions hété-rodoxes et poursuivre le chemin du schis-me, nous livrons cette parole de saint Au-gustin : «Nul ne peut obtenir son salut s’iln’est dans l’Eglise Catholique. En dehors del’Eglise, on peut tout faire, sauf son salut.On peut avoir l’honneur, les sacrements,chanter Alléluia, répondre Amen, faire “aunom du Père et du Fils et du Saint-Esprit”,et même prier, mais on ne peut jamais, ex-cepté dans l’Eglise Catholique, faire son sa-lut» (Sermon ad Cæsariensis Ecclesiæplebem).

P. Gaspar Samuel Coimbra Pelegrini, Porte-parole de l’Administration Apostolique ».

Avec ou contre Pierre: “unetragique nécessité d’option”

Par M. l’abbé Ugo Carandino

Ces derniers temps, en deux occasionsdistinctes, les prêtres de Campos, dis-

ciples de Mgr De Castro Mayer, ont suscitéun esclandre énorme dans les milieux de laFraternité Sacerdotale Saint-Pie X(FSSPX). La première en décembre 2001,lorsque le supérieur du moment Mgr Lici-nio Rangel (décédé entre-temps) a souscritle document de Jean-Paul II concédant la-dite “Administration apostolique pastoraleSaint-Jean-Marie-Vianney”; la seconde le8 septembre 2004, quand le nouveau supé-rieur, Mgr Fernando Rifan, a participé àune concélébration avec d’autres évêquesbrésiliens, selon le rite de Paul VI.

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Or, dans l’Eglise catholique, le faitqu’un évêque soit soumis au Pape et qu’ilcélèbre le rite de la Messe avec d’autresévêques ne devrait susciter aucun es-clandre. C’est le cas contraire qui devrait leprovoquer, celui d’un évêque non soumisau Pontife régnant qui refuserait de célé-brer un rite promulgué par l’Eglise.

Mais alors, qui a raison: la FSSPX, quiaccuse Mgr Rifan de trahison ou Mgr Ri-fan qui accuse d’être schismatiques ceuxqui ne suivent pas son exemple? Nouspourrions affirmer que tous deux ont enpartie raison et en partie tort: voyons dequelle manière et pourquoi.

La FSSPX a raison de condamner laconduite de Mgr Rifan; l’accord avec Jean-Paul II implique la reconnaissance detoutes les erreurs doctrinales du ConcileVatican II et l’acceptation du rite de laMesse réformée par Montini, qui des an-nées durant ont été la cause de l’âpre op-position entre Mgr De Castro Mayer et leVatican (1). Mais à son tour, Mgr Rifan araison de condamner la position de laFSSPX, parce que tout catholique doit êtresoumis à l’autorité de l’Eglise représentéepar le Pontife romain.

Par conséquent pour comprendre qui avraiment raison et qui a tort, le jugementsur celui qui occupe aujourd’hui matériel-lement le trône de Pierre apparaît fonda-mental. Si J.-P. II était le Pape légitime del’Eglise catholique, chaque catholique, àplus forte raison un évêque, aurait alors ledevoir de lui être soumis, d’accepter sonenseignement magistériel et ses actes degouvernement. C’est la Foi catholique quil’exige: comme le rappelle le Concile Vati-can I, au Pape l’on doit “vraie obéissance,non seulement dans les choses qui concer-nent la foi et les mœurs, mais aussi danscelles qui appartiennent à la discipline et augouvernement de l’Eglise” (Pastor Æternus,

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EP, L’Eglise, vol I, 363, p. 238). BonifaceVIII enseigne: “nous déclarons, disons, etdéfinissons qu’il est absolument nécessaireau salut pour toute créature humaine [mê-me si elle est traditionaliste] d’être soumiseau Pontife romain [qui pour la FSSPX estJ.-P. II],” (Unam Sanctam, DS 875).

Si par contre J.-P. II n’est pas légitime-ment Pape, comme le démontre la Thèsede Cassiciacum (2), alors on ne peut pas re-connaître son autorité, on ne peut pas citerson nom au Canon de la Messe, il faut re-fuser tous ses actes de magistère (appa-rent) et de gouvernement. Ce n’est qu’àcette condition que seraient justifiés lesrappels à l’ordre au transformiste Mgr Ri-fan lequel, paraphrasant les paroles desaint Rémi prononcées pour le baptême deClovis, tantôt brûle ce qu’il a adoré et tan-tôt adore ce qu’il a brûlé.

Mais revenons au grand bruit suscitépar les décisions de Campos dans le milieude la FSSPX; nous avons vu que les argu-ments utilisés par les disciples de Mgr Le-febvre contredisent la théologie catholiqueet le bon propos de “faire ce que l’Eglise atoujours fait”. Et pourtant pour le clergé etles fidèles de la FSSPX il s’agit de principesdésormais consolidés et assimilés, au pointd’être considérés comme indispensablespour conserver la Foi durant l’actuelle cri-se qui afflige le catholicisme. Efforçons-nous de voir comment on est arrivé à unepareille situation.

Une nouvelle théologie

Comme l’a rappelé l’abbé Hervé Bel-mont dans un de ses articles, durant leConcile, contre la marée envahissante duModernisme, certains partisans de l’ortho-doxie catholique ont cherché à ériger unbarrage. Entreprise méritoire mais viciéepar le fait que, dans leur hâte, ils ont utiliséde faux arguments pour justifier le refus duConcile et, quelques années plus tard, duNovus Ordo Missæ. Et après un certaintemps, inévitablement sont apparues lespremières fissures.

En effet, face aux erreurs enseignéespar Paul VI, au lieu de réaffirmer dans tou-te son intégralité l’autorité papale et d’entirer les conclusions (donc la vacance del’autorité suprême, puisqu’il est impossible

Mgr Rifan au cours de la concélébration

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qu’un vrai Pape contredise l’enseignementde ses prédécesseurs), ils ont commencé àamoindrir toujours davantage le rôle etl’autorité des Papes. Dans la tentative depréserver la Foi des erreurs de Paul VI, ilsont frappé la papauté elle-même, roc surlequel le Christ a fondé Son Eglise. Si lepape Paul VI se trompe, ont-ils pensé, ilfaut en conclure qu’un Pape peut effective-ment faillir dans l’enseignement doctrinal,sans pour autant porter atteinte à la consti-tution divine de l’Eglise. Comme si, auConcile, les portes de l’Enfer avaient, tem-porairement et mystérieusement prévalu.

La situation de l’Eglise après le Concile,si unique en son genre et si confuse, étaitbien propre à entraîner une estimation ini-tialement erronée; mais après cette premiè-re phase, on pouvait et devait parvenir à lasolution catholique du problème (3).

Au contraire, l’erreur initiale a été ag-gravée: par les considérations ad hominem,rhétoriques ou de nature pratique, on avoulu chercher des arguments doctrinaux,formant ainsi une véritable nouvelle théo-logie sur l’Eglise et le Pape, avec toute unesérie de byzantismes sur le magistère ordi-naire et extraordinaire, sur la nature d’unconcile œcuménique, sur la validité de lapromulgation d’un rite et, plus récemment,sur l’infaillibilité dans les canonisations.On a introduit en particulier le concept se-lon lequel le magistère du Pape est tel seu-lement s’il est conforme à la Tradition, ou-bliant que c’est le Pape qui est la règleproche de notre foi et l’interprète authen-tique de la Tradition.

C’est alors qu’on invoque les préten-dues “erreurs” des Papes du passé en ma-tière de Foi, passant du camp de l’ensei-gnement dogmatique des Papes à celui dechoix diplomatiques ou politiques faits parle Siège apostolique. Il s’ensuit une penséetoujours plus répandue et enracinée dansles milieux de la FSSPX, surtout parmi lesclercs et les fidèles plus jeunes, qui faitcroire que les Papes se sont réellementtrompés même dans le passé; par consé-quent, rien d’étrange s’ils se trompent en-core aujourd’hui. C’est ainsi qu’il devientnormal d’attribuer à l’Eglise, Epouse duChrist, Mère et Maîtresse de tous lescroyants, la promulgation d’une Messe nui-sible à la Foi ou de sacrements carrément

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invalides (comme le nouveau rite de laConfirmation). Cette limite de “Rome”ayant été constatée, on enseigne dans lesprieurés de la Fraternité qu’il n’est pas im-portant de savoir s’il y a ou non un Papeauquel être soumis (“quand nous seronsdevant saint Pierre, il ne nous demanderapas si J.-P. II est pape ou ne l’est pas”: lesschismatiques orientaux seront contents decette espèce de révélation privée), maisqu’il est important de savoir qu’il y a desévêques (évidemment de la FSSPX, déposi-taires uniques des charismes de Mgr Le-febvre) capables de discerner entre le bienet le mal qu’aujourd’hui l’Eglise donneraità ses fidèles.

Dans cette optique, on met en gardecontre qui aime trop les Papes (“Il ne fautpas exagérer le culte dû à Rome, le culte dûau pape…” écrit l’abbé Simoulin dansl’opuscule “1988, lo scisma introvabile [leschisme introuvable]”), contre qui exagèrel’infaillibilité pontificale (argument souventutilisé par la revue sì sì no no), en sommecontre qui est imbu de “papolâtrie” (néolo-gisme à la mode à Ecône), une erreur quiserait présente surtout chez les peuples deplus profonde tradition catholique, qui sontaccusés, précisément, d’être trop… catho-liques! La conséquence la plus néfaste decet amour exagéré pour la Papauté seraitévidemment le sédévacantisme, c’est-à-direl’ensemble d’individus louches qui devantchoisir sur quelques points capitaux de laFoi catholique entre l’enseignement del’Eglise et celui de la FSSPX préfèrent lepremier au second.

Comme il a déjà été noté en d’autresoccasions, la FSSPX finit par enseigner lamême erreur que les modernistes sur laprésumée faillibilité des Papes, avec la dif-férence que les modernistes l’attribuentaux Papes du passé (avec en conséquenceles mea culpa de J.-P. II) et que, par contre,la FSSPX l’applique surtout (mais, pas seu-lement, nous l’avons vu) à ceux qu’elleconsidère comme Papes dans l’histoire ré-cente de l’Eglise (dans l’attente d’un futurmea culpa réparateur).

Comme fruit de cette pensée, nousavons les déclarations sur le Pape-anté-christ, sur le Pape qui doit se convertir à laFoi, sur le Pape ennemi de l’Eglise, affir-mations qui seraient normales sur les lèvres

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d’un luthérien ou d’un grec schismatique,pas sur celles d’un catholique. A ce propos,la désinvolture manifestée sur une imagefameuse, voulue personnellement par MgrLefebvre, est éloquente: elle représente undiable sifflant J.-P. II pour l’inviter à lesuivre en enfer.

La situation devient même grotesque.En effet, J.-P. II serait vraiment Pape, doncvrai successeur de Pierre, vrai Vicaire duChrist sur la terre, vrai dépositaire du pou-voir de Pierre, mais, en même temps, il setromperait quand il enseigne la doctrine,quand il écrit les encycliques, quand il cé-lèbre quotidiennement la Messe, quand ilpromulgue une loi universelle comme lenouveau droit canon, quand il excommuniedes évêques consacrés contre sa volonté,quand il canonise des saints, quand il per-met la célébration de la Messe de saint PieV… Mais il est Pape… et qui le nie est en-nemi de l’Eglise et (surtout?) de la FSSPX.

A la lumière de la nouvelle théologie dela FSSPX il devient donc absolument nor-mal de se scandaliser si un évêque commeMgr Rifan entend se soumettre à celui qu’ilconsidère, à l’instar de la FSSPX, commeVicaire du Christ, préférant être en com-munion avec J.-P. II plutôt qu’avec MgrFellay. Encore plus scandaleux, toujoursdans cette optique, si Mgr Rifan assiste aurite qui est célébré chaque jour par J.-P. II,dont le nom est cité par ailleurs quotidien-nement dans les Messes célébrées par lesmembres de la FSSPX. C’est le petit jeuhabituel: il faut être en communion avec J.-P. II, mais sans lui être soumis, sans son en-seignement, sans sa Messe… Prétendredonc pouvoir être catholiques en faisantabstraction de la personne que l’on recon-naît comme dépositaire du Pouvoir desClés.

De Charybde en Scylla…

Bien évidemment, en relevant les er-reurs de la FSSPX je ne veux pas pour au-tant justifier le choix de Mgr Rifan et de sesconfrères de Campos. Ils représentent hélasl’énième phalange du mouvement lefebvris-te qui accepte les erreurs du Concile et lanouvelle messe, suivant un parcours queplusieurs considèrent comme le seul prati-cable pour retrouver une situation ecclésia-

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le normale: de la “Petite Eglise” traditiona-liste à la “Grande Eglise” de J.-P. II (4).

En effet, dès le début, le problème desdéparts a frappé la FSSPX: de 1970 à nosjours, une longue série de clercs (pendant leséminaire ou pendant le ministère sacerdo-tal) après l’enthousiasme initial (qui tend àsubstituer l’émotivité au raisonnement), sesont trouvés inéluctablement face au pro-blème de conscience de l’obéissance à l’au-torité du Pape. Pour se dissocier de la doc-trine insoutenable “du Pape qui se trompe”et “de l’Eglise qui enseigne l’erreur”, ils ontchoisi entre les deux seules positions pos-sibles: ou le Siège vacant ou le Modernis-me, tertium non datur (5).

Malgré ces abandons répétés, la FSSPXcompte encore un bon nombre de prêtres.Sur le problème de l’autorité suprême del’Eglise, fondamental pour un catholique,une confrontation avec ces ex-confrères se-rait souhaitable. En ce sens, la fermeture laplus totale de la FSSPX est désolante (6).

Personnellement je souhaite que le pré-sent article (qui fait suite à de nombreusesinterventions parues dans cette revue ainsique dans d’autres publications d’anciensmembres de la FSSPX) puisse les aider àréfléchir sur la question. Et ce souhait nousramène aux questions posées au début decet article: comment un évêque peut-il pré-tendre être catholique s’il désobéit habi-tuellement à celui qu’il reconnaît commePape? Comment peut-on condamner unévêque qui entend se soumettre à celuiqu’il considère comme Vicaire du Christ?

Les arguments de la FSSPX, comme lesmensonges, ont la vie courte, aussi Mgr Ri-

Siège vacant ?...

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fan peut-il facilement reprocher à ses an-ciens amis de la FSSPX une dérive schisma-tique. Maintenant qu’au nom du pluralismeœcuménique, Mgr Rifan a été accepté parJ.-P. II, il catéchise la FSSPX selon la plustraditionnelle doctrine catholique (7). Dom-mage que, pour lui et pour nous, celui quiest assis sur le trône de Pierre ne soit pasformellement Pape, et ait démontré être leplus acharné démolisseur de la Traditiondogmatique, liturgique et disciplinaire del’Eglise. Mgr Rifan se prend pour un très fi-dèle soldat de la Garde suisse, mais en réali-té il est allé grossir les rangs des Lansque-nets qui continuent le nouveau sac de Romecommencé par le Concile.

Appel aux prêtres de la FSSPX

Je m’adresse alors aux ex-confrères dela FSSPX, qui certainement exercent aveczèle le ministère sacerdotal, au milieu denombreuses difficultés et incompréhen-sions. Ils ont consacré leur vie au Seigneur,répondant avec générosité à Son appel.Décider de réaliser la vocation sacerdotaledans la FSSPX a représenté, dans de nom-breux cas, un choix courageux. Mais ladésobéissance habituelle à celui que l’onconsidère comme vrai Pape ne relève plusdu courage mais de la folie, parce qu’il estfou de vouloir baser la résistance aux er-reurs du Néomodernisme en embrassantl’erreur du Gallicanisme, comme s’il étaitpermis de faire face à un mal en utilisantun autre mal.

On ne peut relativiser le Magistère del’Eglise sur la question de l’autorité suprê-me: et pourtant, dans les milieux de laFSSPX, la crainte de s’éloigner de la lignedu fondateur est plus grande que celle des’éloigner de l’enseignement des Papes etdes Conciles. Contre les modernistes on neménage pas les citations contenues dans leDenzinger, mais les articles de ce mêmevolume relatifs à la soumission au Papesont accueillis avec un petit sourire ou bienpar quelque jeu de mots, comme s’ilsétaient une partie facultative de la doctri-ne. Le problème est vraiment là: dans laFSSPX on risque de ne plus percevoir lagravité que représente la désobéissance ha-bituelle à l’enseignement de l’Eglise: déso-béissance, dans ce cas, non à Paul VI ou à

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J.-P. II, mais à l’enseignement de BonifaceVIII ou de Pie IX.

Il est probable qu’ils sont un certainnombre à se poser le problème, toutefois ilssont freinés par le conditionnement exercéà l’intérieur de la FSSPX. Dans un milieutoujours plus fermé, il est plus facile deconsolider des certitudes apparentes par lefait même qu’elles sont répétées par tousceux qui se trouvent dans le même milieu.Pour beaucoup de confrères la pensée desortir de la FSSPX est semblable à cellequ’avaient les anciens à franchir les Co-lonnes d’Hercule: l’inconnu, les dangers, detristes présages…

Le martèlement incessant donne sesfruits et à force d’entendre affirmer que ce-lui qui lâche la FSSPX n’a pas d’apostolat,pas de fidèles, pas d’aide matérielle, pas defutur, on est porté à le croire vraiment. Misà part le fait que ces craintes sont infon-dées, il est de toute façon très grave d’éva-luer un choix religieux en fonction desavantages qu’il peut apporter, subordon-nant ainsi la profession de la Foi auxcontingences humaines. Et puis il faut ajou-ter que souvent l’on réduit intentionnelle-ment la position du Siège vacant à quelquepersonnage “folklorique” ou peu équilibréprésent dans les milieux sédévacantistes,comme pour chercher un alibi qui évited’examiner sérieusement le problème del’autorité suprême (du reste cette typologiehumaine est présente, et abondamment,dans tous les milieux, et donc égalementdans ceux de la FSSPX).

Mais l’aspect principal sur lequel estpointé le doigt de la FSSPX est le fait mêmede prétendre exister en dehors d’elle. En ef-fet la FSSPX entend exercer le monopoledans les milieux traditionalistes: pour les dis-ciples de Mgr Lefebvre l’existence d’unprêtre ou même d’un groupe de prêtreséchappant au contrôle de la FSSPX et del’autorité du Supérieur général est inconce-vable. Encore récemment Mgr Fellay a no-tifié à un ex-prêtre de la FSSPX qu’il nepouvait célébrer la Messe parce que, n’ap-partenant plus à la FSSPX, il se trouveraitdans une situation canonique irrégulière:comme si la FSSPX (supprimée par les mo-dernistes après avoir été quelques annéesauparavant approuvée ad experimentum)était en règle avec les lois de J.-P. II!

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Mgr Rifan a donc été attaqué par laFraternité pour deux motifs distincts: d’uncôté, parce qu’il a conclu l’accord avec lesmodernistes et de l’autre, parce qu’il s’estséparé de la FSSPX. Or, la possibilité d’unaccord de la FSSPX avec J.-P. II n’étantpas exclue a priori, on pourrait conclureque pour la FSSPX (au moins pour seschefs) le pire des maux est de se séparerd’elle.

La FSSPX pense garantir l’orthodoxie:en se séparant de la FSSPX on se sépare-rait donc de l’orthodoxie. Mais seul celuiqui ne peut se tromper peut être garant del’orthodoxie. Et en effet la FSSPX attribuede fait à Mgr Lefebvre et à ses successeursune forme extraordinaire d’infaillibilitémomentanée. Et sur ce point, abstractionfaite de l’admiration et de l’affection quel’on peut nourrir pour Mgr Lefebvre, laconscience d’un catholique ne peut êtred’accord. Parce qu’on lâche le terrain del’Eglise pour glisser dans celui des groupessectaires (8).

Conclusion

Pour conclure, je veux paraphraser cequ’écrivirent les cardinaux Ottaviani etBacci à propos de la nouvelle messe, quandils souscrivirent le Bref Examen Critiquerédigé par le Père Guérard.

De nombreux traditionalistes considè-rent, à raison, qu’une partie importante duclergé des années 60 et 70 a fait passer inté-rêts personnels, craintes d’ordre écono-mique, respect humain, pressions fami-liales, et bien d’autre choses encore avantla défense critalline de la Foi. Je me per-mets d’affirmer qu’aujourd’hui l’on peutformuler le même jugement sur ceux quibasent leur refus du concile et de la nouvel-le messe sur les erreurs antipapistes et anti-romaines, condamnées par le Magistère.

Et alors: L’affirmation selon laquelle unPape peut se tromper dans l’enseignementde la doctrine, représente un éloignementimpressionnant de la théologie catholiquede la Papauté… Les raisons pastoralesavancées pour justifier une si grave rupture,même si elles avaient le droit de subsister enface de raisons doctrinales, ne semblent passuffisantes. Cette position n’exprime plus laFoi de Trente… A cette Foi, néanmoins, la

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conscience catholique n’en est pas moinsliée pour l’éternité. Le vrai catholique estdonc mis dans une tragique nécessitéd’option.

Que Notre-Dame du Bon Conseil éclai-re tous les prêtres et leur indique le droitchemin à suivre, à l’abri de toute espèced’erreur et de déviation, dans l’amour tou-jours plus profond de l’Eglise et du DouxChrist sur terre.

Notes

1) La FSSPX n’est pas étrangère à la triste évolu-tion doctrinale des prêtres de Campos. Mgr De CastroMayer a toujours été connu pour sa fermeté doctrina-le, fermeté qui le poussa à déclarer, au séminaired’Ecône quelques jours avant les consécrations épisco-pales de juin 1988, sa conviction que J.-P. II n’était pasPape. Graduellement la FSSPX a cherché (et réussi!) àassouplir la ligne des prêtres de Campos; quand MgrFellay entama la énième négociation avec J.-P. II(malgré les scandales récents du Jubilé, parmi lesquelsla fameuse cérémonie du mea culpa), il entraîna aussiles confrères de Campos, représentés depuis lors par lepère Rifan. Poussés sur la voie des pourparlers avecles modernistes, les prêtres de Campos ont été plus lo-giques que la FSSPX, en concluant l’affaire par la sou-mission au “Saint-Père”, qui, peu de temps aupara-vant, le 30 décembre 2000, en une audience privée,avait reçu l’hommage filial de Mgr Fellay.

2) Selon la Thèse théologique dite de Cassicia-cum, Paul VI et ses successeurs (J.-P. Ier et J.-P. II),bien que canoniquement élus au Pontificat, n’ont pasl’Autorité pontificale. En termes de théologie scolas-tique et selon la distinction déjà enseignée par legrand commentateur de saint Thomas au XVèmesiècle, le cardinal Cajetan, et reprise par saint RobertBellarmin, ils sont “papes” matériellement (materiali-ter) mais pas formellement (formaliter) parce que, neréalisant pas le bien de l’Eglise et enseignant l’erreuret l’hérésie, ils ne peuvent en aucune manière rece-voir du Christ l’autorité pour gouverner, enseigner etsanctifier l’Eglise s’ils ne rétractent pas leurs propreserreurs.

L’auteur de la Thèse est un théologien domini-cain Mgr Guérard des Lauriers († 1988), membre del’Académie pontificale de saint Thomas, enseignant àl’Université pontificale du Latran et au Saulchoir, sco-lasticat dominicain de France. Mgr Guérard donna à

LLee ccaarrddiinnaall OOttttaavviiaannii,, ssiiggnnaattaaiirree dduu BBrreeff EExxaammeennCCrriittiiqquuee rrééddiiggéé ppaarr llee PPèèrree GGuuéérraarrdd ((àà ddrrooiittee))

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la Thèse le nom de Cassiciacum, en hommage à la pe-tite ville (aujourd’hui Cassago Brianza) où saint Au-gustin aimait à se retirer pour prier.

3) Je renvoie les lecteurs au numéro spécial deSodalitium (n° 55 ), dans lequel l’abbé Ricossa montreque les tout premiers ecclésiastiques à s’insurgercontre Vatican II furent ou devinrent dans leur majo-rité sédévacantistes: citons le père Saenz y Arriga, lepère Guérard des Lauriers, l’abbé Coache, le pèreBarbara, etc.

4) On pourrait objecter qu’il y a eu des cas (trèspeu, à dire vrai) de prêtres non una cum qui, dans unsecond temps, ont reconnu l’autorité de J.-P. II. C’estvrai: mais il est tout aussi vrai que les ex-confrères enquestion n’ont pas modifié la doctrine sur le Pape.Leur erreur, certainement fatale, porte sur l’évalua-tion de la personne de J.-P. II, non sur l’obéissancedue au Pape.

En outre, durant toutes ces années, deux prêtresseulement sont passés du sédévacantisme à la FSSPX(et donc de l’ecclésiologie catholique à la nouvellethéologie traditionnelle). Ces prêtres avaient reçu l’or-dination sacerdotale respectivement de Mgr Thuc etde Mgr Carmona (consacré lui-même évêque par MgrThuc) et, à ma connaissance, ils n’ont pas été réor-donnés pour pouvoir exercer leur ministère avec laFSSPX. Et pourtant, plusieurs prêtres de la FSSPXinsinuent le doute sur la validité des Ordres sacrés ad-ministrés par Mgr Thuc. Si ces calomnies étaient desaccusations fondées, l’on devrait conclure que danscertains prieurés de la FSSPX la validité des sacre-ments est douteuse.

5) Hélas, tous n’ont pas compris que le Siège étaitvacant, tombant ainsi dans les bras du modernisme,peut-être à cause du libéralisme qu’ils avaient tou-jours manifesté depuis leurs années de séminaire, li-béralisme qui n’a jamais été combattu de façon adé-quate au sein de la FSSPX. Maintenant ces prêtres seretrouvent dans de véritables “réserves indiennes”préparées par J.-P. II pour les y recycler: en somme,de Charybde (gallicanisme) en Scylla (modernisme)…

Récemment, retraçant l’histoire d’Alleanza Catto-lica (AC), Marco Invernizzi a parlé justement de cesfaits, rappelant les doutes de l’abbé Pietro Cantoni etdes séminaristes d’Ecône qui venaient de l’AC, sur laposition de la FSSPX. “L’abbé Pietro [Cantoni] serendait compte – écrit Invernizzi – qu’à Ecône, les“cerveaux” ne pouvaient résister: ou ils seraient rentrésà part entière dans l’Eglise [pour Invernizzi: J.-P. II]ou ils auraient épousé le sédécacantisme dans l’une deses formes. La forme guérardienne apparaissait sansaucun doute comme la plus intelligente”. Hélas lesclercs demeurés liés à l’AC, et prédisposés aux bé-vues, choisirent le modernisme (cf. Marco Invernizzi,Alleanza Cattolica dal Sessantotto alla nuova evange-lizzazione. Una piccola storia per grandi desideri [ACde 68 à la nouvelle évangélisation. Une petite histoirepour de grands désirs], Piemme, 2004, p. 69).

Les prêtres qui, par contre ont publiquement ad-héré à la Thèse de Cassiciacum ou au sédévacantismecomplet exercent leur ministère au service de l’Egliseet des âmes dans divers continents, s’occupantd’églises, de chapelles, de séminaires, de couvents,d’écoles, de maisons d’exercices spirituels; là, la Foin’a pas été mutilée et le Pape ne suscite pas d’embar-ras. Le dénominateur commun de cette petite chré-

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tienté est le refus catégorique des Messes una cum,c’est-à-dire des Messes dans lesquelles est cité, au Ca-non, le nom de J.-P. II en tant que Souverain Pontifede l’Eglise catholique.

6) En 2003 la revue du district italien de la FSSPXavait publié un numéro spécial contenant un dossierqui prétendait réfuter le sédévacantisme. L’initiative,liée probablement davantage à la personnalité duprincipal auteur de l’étude qu’à la volonté des supé-rieurs d’entreprendre une discussion doctrinale sé-rieuse, n’a pas eu de suite malgré la publication, surnotre revue, d’une réponse longue et détaillée de l’ab-bé Ricossa. Entre autres, dans le but de discréditer lesmilieux sédévacantistes, était publiée dans le dossierune liste de noms où étaient mêlés vrais évêques es-crocs et mythomanes, ces derniers recevant ainsi unepublicité imprévue. Parmi ceux-ci figuraient des per-sonnages déclarant être évêques et reconnaître l’auto-rité de J.-P. II, au point de le nommer au Canon de laMesse. En toute logique, l’imprudent auteur du dos-sier aurait dû les insérer dans une autre listed’évêques, en compagnie des évêques de la FSSPX …

7) “Si, en théorie ou en pratique, nous considéronsla nouvelle messe comme étant en soi invalide ou héré-tique ou sacrilège ou hétérodoxe ou peccamineuse ouillégitime ou pas catholique, nous devons tirer lesconséquences théologiques de cette position et l’appli-quer au Pape et à tout l’épiscopat du monde, c’est-à-di-re à toute l’Eglise enseignante: autrement dit il faut ac-cepter que l’Eglise ait promulgué officiellement, aitconservé pendant des décennies et offert tous les joursà Dieu un culte illégitime et peccamineux – propositioncondamnée par le Magistère – et que les portes de l’En-fer ont prévalu contre elle, ce qui est une hérésie. Oualors il faut adopter le principe sectaire selon lequelc’est nous qui sommes l’Eglise et qu’en dehors de nousil n’y a pas de salut, ce qui est une autre hérésie” (dé-claration du père Gaspar Samuel Coimbra Pelegrini,porte-parole de Mgr Rifan). Hélas le père CoimbraPelegrini a oublié que les déviations doctrinalescontenues dans les documents du Concile et ensei-gnées par Paul VI et par J.-P. II, elles non plus “nepeuvent être acceptées par un catholique, ni en théorie,ni en pratique”. Quant au rite de la nouvelle messe,effectivement il n’est pas catholique, aussi ne peut-ilêtre le fruit de l’Eglise et par conséquent qui l’a pro-mulgué ne pouvait être formellement Pape.

8) A propos de sectes: les conséquences de la po-sition de la FSSPX se répercutent aussi dans l’analysedes événements politiques liés à la secte par antono-mase, la Franc-Maçonnerie. L’une de ces consé-quences est d’attribuer à un Pape, donc à l’Eglise,d’être complice des pires ennemis de Dieu. Mais com-ment l’Eglise pourrait-elle être alliée à la Synagoguede Satan? La “religion de l’arc-en-ciel” serait ainsiparrainée par un vrai Pape, successeur légitime desaint Grégoire, de saint Pie V, de saint Pie X! Il estcertainement gravissime d’insinuer cette erreur dansles consciences des personnes, parce que l’on frappeainsi l’un des points essentiels de la Religion révélée.Si celui qui doit enseigner la vérité enseignait vrai-ment le faux, c’est alors que les Loges (et les “frèresaînés”) auraient raison de considérer l’Eglise commeennemie de la Vérité et corruptrice des peuples! De-vant de semblables propos la Maçonnerie ne peut quese réjouir.

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L’argument dit de “résistance”de saint Robert Bellarmin :

encore un mythetraditionaliste

Par M. l’abbé Anthony Cekada

Depuis les années 1970, d’innombrablesauteurs traditionalistes (1), qui ont re-

jeté les enseignements de Vatican II et lanouvelle messe mais qui s’opposent au sé-dévacantisme, ont justifié leur propre posi-tion en ressortant sans aucun fondement lacitation suivante tirée de saint Robert Bel-larmin :

“Tout comme il est licite de résister àun Pontife qui attaque le corps, il est toutaussi licite de résister au Pontife qui at-taque les âmes ou détruit l’ordre civil ou, àplus forte raison, essaie de détruire l’Égli-se. Je dis qu’il est licite de lui résister en nefaisant pas ce qu’il ordonne de faire et enempêchant l’exécution de sa volonté. Iln’est pas licite, cependant, de le juger, de lepunir, ou de le déposer, parce que ce sontlà des actes relevant d’un supérieur” (DeRomano Pontifice, II. 29).

Ce passage, nous a-t-on dit et redit, sou-tient l’idée que le mouvement traditionalis-te peut “refuser” les fausses doctrines, leslois nuisibles et la liturgie sacrilège quePaul VI et ses successeurs ont promul-guées, tout en continuant à les “recon-naître” comme vrais Vicaires du Christ.(Cette idée étrange est aussi attribuée àd’autres théologiens comme Cajetan).

La même citation de Bellarmin – nousa-t-on dit aussi – démonte le principe quisous-tend le sédévacantisme (d’après le-quel un pape hérétique perd automatique-ment sa charge) parce que les sédévacan-tistes “jugent” et “déposent” le pape.

En fait, ces conclusions montrent – unefois de plus – comment le peu de rigueur

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intellectuelle dont font preuve les traditio-nalistes dans leurs polémiques donne nais-sance à des mythes qui acquièrent rapide-ment l’aura des vérités quasi-révélées.

Quiconque consulte réellement lessources originales et connaît un peu les dis-tinctions fondamentales du droit canon envient à un ensemble de conclusions com-plètement différentes quant au sens de cefameux passage sur la “résistance”, àsavoir :

1) Bellarmin parle ici d’un pape morale-ment mauvais qui donne des ordres morale-ment mauvais – et non pas d’un pape qui,comme les papes de Vatican II, enseignel’erreur doctrinale ou impose des lois nui-sibles.

2) Le contexte du passage cité est diffé-rent : il s’agit là du débat sur les erreurs dugallicanisme, et non pas du cas d’un papehérétique.

3) Bellarmin justifie ici la “résistance”de la part de rois et de prélats, non pas dechaque catholique en particulier.

4) Bellarmin enseigne dans le chapitresuivant de son ouvrage (30) qu’un pape hé-rétique perd automatiquement son autorité.

En un mot, ce passage ne peut ni êtreappliqué à la crise actuelle ni être invoquécontre le sédévacantisme.

Ici s’impose un bref commentaire surchacun de ces quatres points :

1. Des ordres mauvais, et non des loisLes traditionalistes s’opposent – et en

cela ils ont raison – aux fausses doctrines(par ex. sur l’œcuménisme) et aux lois nui-sibles (par ex. sur la nouvelle messe) pro-mulguées par les papes post-conciliaires.

Mais dans sa fameuse citation, Bellarminparle d’un cas complètement différent : il aété interrogé au sujet d’un pape qui attaqueinjustement quelqu’un, trouble l’ordre pu-blic, ou “essaie de tuer les âmes par sonmauvais exemple” (animas malo suo exem-plo nitatur occidere). Dans sa réponse, il ditqu’“il est licite de lui résister en ne faisantpas ce qu’il ordonne” (…licet, inquam, ei re-sistere, non faciendo quod jubet).

Ces mots décrivent un pape qui donneun mauvais exemple ou des ordres nui-sibles, plutôt que – comme dans le cas dePaul VI et de ses successeurs – un pape quienseigne l’erreur doctrinale ou impose des

1) Un des auteurs - sinon le premier - à utiliserl'argument de la "résistance au Pape" de Saint RobertBellarmin, fut A. X. Vidigal de Silveira, avec tous lesprêtres de Campos. Ayant obtenu la reconnaissancecanonique de l'Administration Apostolique, lesprêtres de Campos ont totalement basculé, comme onpeut le lire pp. 12 ss. : les théoriciens de la désobéissan-ce se sont transformés en les plus rigoureux laudateursde l'obéissance. Il est difficile de ne pas penser que lesarguments changent souvent selon l'opportunité.

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lois nuisibles. Ceci ressort clairement duchapitre 27 du De Comparatione Auctorita-tis Papæ et Concilii de Cajetan, que Bellar-min cite aussitôt après pour appuyer sa po-sition.

Tout d’abord, dans le titre du chapitre27, Cajetan dit qu’il va parler d’un genrede faute papale “autre que l’hérésie” (exalio crimine quam hæresis). L’hérésie, dit-il, modifie complètement le statut de chré-tien d’un pape (mutavit christianitatis sta-tum). C’est la “faute la plus grande” (majuscrimen). Les autres sont des “fautesmoindres” (criminibus minoribus) qui “nel’égalent pas” (cetera non sunt paria, [ed.Rome : Angelicum 1936] 409).

Ni Bellarmin, ni Cajetan ne parlentdonc de “résister” aux erreurs doctrinalesd’un pape tout en continuant à le considé-rer véritablement pape.

Deuxièmement, tout au long du DeComparatione, Cajetan fournit des exemplesprécis de fautes papales qui justifient tout àfait l’opposition de la part de ses sujets :“soutenir les méchants, opprimer les bons,se conduire en tyran, encourager les vices,les blasphème, l’avarice, etc.” (356), “s’il op-prime l’Église, s’il tue les âmes [par le mau-vais exemple]” (357), “s’il dissipe les biensde l’Église” (359), “s’il agit manifestementcontre le bien commun dicté par la charitéenvers l’Église militante” (360), la tyrannie,l’oppression, l’agression injuste (411), “endétruisant publiquement l’Église”, en ven-dant les bénéfices ecclésiastiques, et en ven-dant les charges (412).

Tout cela s’applique à des ordres nui-sibles (præcepta) – mais des ordres nuisibles

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ne sont pas la même chose que des lois nui-sibles (leges). Un ordre est particulier ettransitoire ; une loi est générale et stable.(Pour plus de précisions, cf. R. Naz, “Pré-cepte”, Dictionnaire de Droit canonique,[Paris : Letouzey 1935-65] 7/116-117).

L’argument de Bellarmin et de Cajetanjustifie seulement la résistance à un ordremauvais d’un pape (vendre, par exemple, lacharge pastorale d’une paroisse au plus of-frant). Il ne défend pas l’idée qu’un pape,tout en conservant l’autorité qu’il reçoit deJésus-Christ, peut (par exemple) imposerune messe sacrilège, protestante, à l’Égliseuniverselle, dont les membres peuvent alorss’opposer à lui, tout en continuant à le re-connaître comme pape véritable.

2. Anti-gallicanismeLes auteurs traditionalistes ont déformé

plus encore le passage en le sortant de soncontexte.

Cela ressort de ce que Bellarmin traited’un sujet qui n’a aucun rapport avec ceuxauxquels sont confrontés les traditionalistesd’aujourd’hui, à savoir les arguments pro-testants et gallicans soutenant que l’Égliseou le pape doivent être soumis à un roi ouà un concile général. Le passage en ques-tion ne fait qu’une seule phrase, d’un cha-pitre qui compte deux pages et demie dedeux colonnes in quarto en petits carac-tères consacrées à ce sujet (cf. De Contro-versiis [Naples : Giuliano 1854] 1:413-18).

Plus précisément, le passage est tiré dela réponse de Bellarmin à l’argument sui-vant :

“Argument 7. Toute personne a le droitde tuer le pape s’il est injustement attaquépar lui. C’est pourquoi il est d’autant pluspermis aux rois ou à un concile de déposerle pape s’il met le trouble dans l’État, ous’il essaie de tuer les âmes par son mauvaisexemple” (op.cit. 1:417).

Telle était la position des gallicans, quiplaçaient l’autorité d’un concile général au-dessus de celle d’un pape.

Il est absurde d’affirmer qu’une phrasedans la réponse de Bellarmin à cet argumentprécis puisse justifier une “résistance” géné-ralisée aux erreurs post-Vatican II.

L’absurdité devient d’autant plus évi-dente quand vous remarquez que Bellar-min, aussitôt après cette seule et unique

SaintRobert

Bellarmin

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La trahison des Commissairesou la trahison de l’épiscopat

Par M. l’abbé Giuseppe Murro

Les lecteurs de Sodalitium sont au cou-rant de la grave crise moderniste qui sé-

vit dans l’Église au début du XXème siècle.Aujourd’hui, suite au Concile Vatican II,les tenants de ces erreurs sont encore plusnombreux : bien qu’ils se disent catho-liques, de fait, ils ne le sont pas. Et la “hié-rarchie” est d’accord avec eux. La Foi eneffet consiste en l’adhésion de l’intelligenceà toutes les vérités que Dieu nous a révé-lées et que l’Église nous transmet par sonMagistère. La Révélation faite par Dieu aété un fait public et objectif, close avec lamort des Apôtres. Le Pape saint Pie X ex-plique dans l’Encyclique Pascendi (8 sep-tembre 1907) que les modernistes ne secontentent pas de nier certains points de laRévélation ou de l’enseignement de l’Égli-se, comme le firent d’autres hérétiquesdans le passé, mais détruisent complète-

phrase, cite le De Comparatione de Caje-tan – ouvrage dont les 184 pages in octavoont été écrites pour réfuter les erreurs dugallicanisme et du conciliarisme.

3. Une “résistance” qui ne concerne paschaque individu

Dans le contexte qui plus est, la citationde Bellarmin ne justifie pas “la résistance”aux papes de la part d’individus en particu-lier – comme certains traditionalistes sem-blent le penser – mais la résistance de lapart de rois ou de conciles généraux.

La position gallicane, que Bellarmin ré-fute, affirmait qu’il est permis “à des rois ouà un concile” (licebit regibus vel concilio) dedéposer un pape. Pas un mot de prêtres oude fidèles pris individuellement.

Une fois encore, le sens de ce passageressort clairement du chapitre 27 de Caje-tan : “Les princes séculiers et les prélats del’Église [principes mundi et prælati Ecclæ-siæ]”, dit-il, disposent de nombreuses fa-çons de “résister ou de faire obstacle à unabus de pouvoir [resistentiam, impedimen-tumque abusus potestatis]” (412).

Il est donc impossible de soutenir queBellarmin et Cajetan abordent la questiond’une résistance de chaque catholique enparticulier au pape.

4. Bellarmin et le cas du pape hérétiqueEnfin, dans le chapitre suivant la fa-

meuse citation (30), Bellarmin traite expli-citement de la question : “Un pape héré-tique peut-il être déposé ?” (An papa hæ-reticus deponi possit).

Bellarmin réfute les réponses donnéespar différents théologiens, dont Cajetan,qui affirmaient qu’il serait nécessaire dedéposer un pape hérétique. Il fonde sapropre réponse sur le principe suivant :“Les hérétiques sont hors de l’Église avantmême leur excommunication et – dépour-vus de toute juridiction – ils sont condam-nés par leur propre jugement, comme saintPaul l’enseigne dans Tite 3” (op. cit. 1:419).

Le saint conclut :“La cinquième opinion est donc la bon-

ne. Un pape qui est manifestement héré-tique cesse automatiquement (per se)d’être pape et tête, tout comme il cesse au-tomatiquement d’être chrétien et membrede l’Église. C’est pourquoi, il peut être ju-

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gé et puni par l’Église. C’est l’enseigne-ment des anciens pères qui enseignent queles hérétiques manifestes perdent immé-diatement toute juridiction”.

Les écrits de Bellarmin renforcent doncplutôt qu’ils ne réfutent le principe soute-nant la position sédévacantiste : un papehérétique est par le fait même déposé.

Pour résumer : l’idée que le fameuxpassage de Bellarmin justifie la “résistan-ce” à un vrai pape et du même coup “réfu-te le sédévacantisme” est fondée sur unedouble ignorance : ignorance du sens dutexte et ignorance de son contexte. Il esttemps que les traditionalistes cessent dediffuser des mythes aussi stupides.

Un vrai pape ne peut pas enseignerpendant des dizaines d’années l’erreur doc-trinale ni promulguer une messe sacrilège.Point n’est besoin de lui résister.

Doctrine

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Christ et aux Évangiles, conduit à l’athéismepratique. Pour l’immanentisme, la religionne provient pas de la Révélation qui nous estenseignée par l’Église, mais naît d’un besoinintérieur de l’homme, d’un sentiment dont ilprend conscience : c’est pourquoi, pour lesmodernistes, les formules dogmatiques nesont pas seulement des concepts spéculatifs,mais doivent être vivantes, doivent vivre dela même vie du sentiment religieux ; et c’estla raison pour laquelle elles doivent êtreadaptées, selon les mutations du sentimentreligieux, autrement elles ne seraient plus“vivantes”. On en conclut que les dogmesdoivent évoluer selon les époques et, logi-quement, on finira par penser que toute reli-gion dans le fond est vraie. Les modernistesen réalité n’ont pas la Foi, sont pratiquementdes athées, mais parlent de religion et se fontpasser pour être les plus fervents parmi lescatholiques. Mais qui sont aujourd’hui lesmodernistes ?

Les Commissaires

Jean Madiran, directeur de Présent, vientde publier un petit livre intitulé “La trahisondes Commissaires”, diffusé par DPF, DMM,NEL, Téqui. Jean Madiran n’a pas notre po-sition sur la situation actuelle de l’Autoritéde l’Église, mais son étude analyse d’une ma-nière très claire certains de ces actes. Les“Commissaires” sont les membres de laCommission doctrinale de la Conférence desévêques de France. Cette Commission, com-posée surtout d’évêques, même si elle n’a au-cun pouvoir canonique, a un énorme pou-voir de fait, car elle exprime officiellement lapensée collective de l’épiscopat.

Toute personne qui entend l’expression“commission doctrinale” imagine qu’ils’agit des défenseurs d’une doctrine. Dansl’Église catholique, on pense aux théolo-giens, gardiens du dogme et de la vérité ré-vélée ; et, dans la crise actuelle où les véri-tés de la Foi ne sont plus enseignées avecintégrité, on pense à ces conservateurs –comme le cardinal Ratzinger – qui cher-chent à éviter les conséquences extrêmes,bien qu’inéluctables, des principes duConcile Vatican II. Qu’en est-il donc decette Commission de l’épiscopat français ?

Jean Madiran fixe son étude sur trois in-terventions de ladite Commission dont

ment la Foi tout entière. De plus, ces nou-veaux hérétiques, au lieu de sortir de l’Égli-se, “se cachent dans le sein même de l’Égli-se, ennemis d’autant plus redoutables qu’ilsle sont moins ouvertement… sous couleurd’amour de l’Église, ils se posent commerénovateurs de l’Église… qui donnent au-dacieusement l’assaut à tout ce qu’il y a deplus sacré dans l’œuvre de Jésus-Christ,sans respecter sa propre personne, qu’ilsabaissent, par une témérité sacrilège, jus-qu’à la simple et pure humanité”. Pour eux,le Christ qui aurait réellement vécu ne se-rait qu’un homme. Un de leurs principess’énonce avec la distinction entre le “Christde l’histoire” et le “Christ de la foi”, expli-quée par le Pape Pie X : “Dans la personnedu Christ, disent-ils, la science ni l’histoirene trouvent autre chose qu’un homme”.Autrement dit, le “Christ de l’histoire” se-rait celui qui vécut réellement sur terre il ya deux mille ans et aurait été un hommecomme tous les autres, sans aucun caractè-re surnaturel. Les Évangiles ne seraient pasdes livres historiques : tout ce qu’il y a desurnaturel dans les Évangiles – ce quimontre que Notre-Seigneur est le Messie etest Dieu – constituerait le “Christ de lafoi”, une “défiguration” de la personne his-torique de Jésus, fruit des inventions deschrétiens de quelques décennies posté-rieures. En somme, pour les modernistes, lareligion catholique est une mythologie, etles Évangiles en sont le mythe fondateur.

Saint Pie X fait remarquer comment cet-te hérésie, qui unit agnosticisme et imma-nentisme, est pire que les précédentes :l’agnosticisme, en ne croyant pas à Jésus-

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deux ont été publiées sur La Documenta-tion Catholique (= D.C.). Nous nous arrê-terons sur les deux premières.

La Bible Bayard

Le premier texte que Madiran expose estun communiqué approuvant la Bible Bayardet figurant en tête de cet ouvrage. « Aumois d’août 2001 - explique Madiran - com-mence dans l’univers francophone la diffu-sion massive d’un ouvrage intitulé sobre-ment La Bible. Une surcouverture en plas-tique transparent vient ajouter au titre lamention : Nouvelle Traduction. L’éditeurcanadien est Médiaspaul à Montréal. EnFrance ce sont les Editions Bayard, cellesqui éditent (entre autres) le quotidien LaCroix [ainsi que La Documentation Catho-lique, ndr] : pour cette raison, l’ouvrage seracouramment appelé en France la BibleBayard. L’attention fut attirée d’emblée surla traduction elle-même… Les expressionsétranges, agressives ou effrontées y abon-dent artificiellement, comme de faire direpar Jésus : “Plutôt crever !”… Et les pre-mières critiques, très rarement exprimées enpublic, portèrent sur les singularités du voca-bulaire et du style de la “nouvelle traduc-tion” ». La Commission semble s’être renducompte de ce langage vulgaire et admet que“cette traduction ne peut faire l’objet d’uneutilisation liturgique”, mais au fond elle letrouve bien car elle “en reconnaît la portéelittéraire”. Utiliser pour les textes sacrés untel langage, ne constitue pas un signe de foi,d’amour et de respect de la parole de Dieu.

Mais évidemment, plus important enco-re que le langage, est le contenu. La Com-mission souligne la fidélité à la tradition dela Foi : “elle reconnaît que l’appareil cri-tique comportant introductions, notes etglossaires, permet d’inscrire cette traductiondans la tradition vivante de la foi catholique(…) et elle en encourage la lecture”. Que di-sent donc les introductions, notes et glos-saires, qui méritent la louange de la Com-mission ? Qui les a composés ?

Les Évangiles écrits par un inconnu

Vingt-sept exégètes et vingt écrivains etpoètes contemporains ont participé à cetravail. Parmi eux, André Myre, Docteur

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en études hébraïques, professeur honoraireà la Faculté de théologie de l’Université deMontréal, qui a déjà publié des livres chezles éditeurs catholiques, tels que : VoirDieu de dos (Médiaspaul, 2000) et Unsouffle subversif. L’esprit dans les lettrespauliniennes (Bellarmin/Cerf, 1987). Dansla Bible Bayard, André Myre “a rédigél’introduction générale à la Nouvelle Al-liance et l’introduction générale aux Sy-noptiques, et aussi l’introduction particu-lière et les notes à l’évangile de Matthieu,aux lettres aux Thessaloniciens, aux lettresà Timothée et à Tite et à la lettre de Jude.Il était membre du ‘conseil éditorial’ qui aprésidé à l’édition de cette Bible”. Les pas-sages les plus significatifs de cet auteur,nous signale toujours Madiran, se trouventvers les pages 2989-2992 de la Bible : « Se-lon André Myre, aucune des paroles de Jé-sus rapportées par l’Évangile n’est authen-tique. Elles sont toutes des inventions pos-térieures, imaginées par des scribes qui nesont ni Marc, ni Matthieu, ni Luc, ni Jean,et qui n’ont pas connu le Christ, mais quis’appliquent à le faire parler ». Voilà quenous sommes fixés : Myre n’est pas un au-teur catholique, mais un moderniste, et unmoderniste qui ne cache pas ses idées. Li-sons-le : « Aux alentours de la chute de Jé-rusalem en 70 (…) un auteur inconnu, au-quel la tradition a donné le nom de Marc, al’idée de se servir des traditions dont il dis-pose en les organisant sur le modèle du dé-roulement d’une existence humaine. Et il nefait que les placer les unes à la suite desautres, il les dispose de façon telle qu’ellesdeviennent paroles actuelles du Christ poursa communauté (…). Ce sont les besoins deses frères et sœurs dans la foi qui motiventson choix des textes, l’endroit où il les place,les modifications qu’il leur fait subir, lesliens qu’il fait entre eux, et non pas le souve-nir d’un Jésus qu’il n’a jamais rencontré, nila connaissance d’une Palestine qu’il n’a ja-mais visitée » (p. 2991). Comment cet “au-teur inconnu” a-t-il pu inventer tout cela ?Grâce à la littérature de l’antiquité orienta-le et occidentale, répond André Myre :« Les Évangiles ne surgissent pas dans unvide littéraire. Les scribes qui les rédigentsont les héritiers de cultures millénaires.Pour interpréter, raconter, faire parler Jé-sus-Christ, ils utilisent l’ensemble de l’Écri-

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ture (Lc 24, 47), chacun suivant ses compé-tences : l’un s’inspirera des livres de sages-se, un autre de la tradition prophétique, unautre encore de sa connaissance desPsaumes, un autre mettra à profit sa maîtri-se des façons de discuter à partir des textesscripturaires, etc. C’est ainsi la richesse cul-turelle de tout le Proche-Orient ancien quiest mise à contribution, sans parler des ca-nons littéraires de l’Occident » (p. 2990).“En somme, conclut Madiran, le Jésus dela foi n’a que l’existence légendaire d’unmythe fondateur”. Les évêques ont-ilscondamné une telle hérésie qui mine la ba-se de la Foi, la Révélation, les Évangiles ?Non, ils sont d’accord et l’ont approuvée.

Madiran nous transmet en entier leCommuniqué de la Commission doctrina-le : « “Si elle estime que cette traduction dela Bible ne peut faire l’objet d’une utilisationliturgique, la Commission doctrinale desÉvêques de France reconnaît que l’appareilcritique comportant introduction, notes etglossaires, permet d’inscrire cette traductiondans la tradition vivante de la foi catholique.Attentive au travail engagé par les éditeurs etdésireuse de le soutenir, elle a néanmoins dé-cidé de prendre le temps nécessaire pour vé-rifier la réception de cette nouvelle versionpar les catholiques et pour apprécier sa fidé-lité profonde à la révélation divine. Sachantque les Écritures saintes ont toujours étél’objet d’expressions culturelles, en particu-lier dans la musique et les arts plastiques, laCommission doctrinale souligne l’importan-ce de cette traduction ; elle en reconnaît laportée littéraire et elle en encourage la lectu-re”. Cette note est signée : La Commissiondoctrinale des Évêques de France ».

Le lecteur notera qu’il s’agit d’une ap-probation avec une légère réserve : laCommission prendra “le temps nécessairepour vérifier la réception de cette nouvelleversion par les catholiques et pour appréciersa fidélité profonde à la révélation divine”,réserve à laquelle nous faisons deux re-marques. 1) la nécessité d’en vérifier la ré-ception par les catholiques : pourquoi ? LaCommission a peut-être oublié que Notre-Seigneur a fondé une Église Hiérarchiqueet non démocratique, et qu’elle doit jugerles idées dans leur valeur intrinsèque, etnon selon la pensée de la plupart des catho-liques ? 2) la nécessité d’apprécier sa fidéli-

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té profonde à la révélation : cela veut direque les évêques ne sont pas encore sûrs quecette Bible soit conforme à la Révélation.Mais alors que fait la Commission doctrina-le, elle l’étudie sans l’apprécier ? Commentpeut-elle approuver, louer et encourager lalecture d’une Bible, comment peut-elle af-firmer que cette traduction est conforme àla tradition vivante de la foi catholique,sans savoir si elle est fidèle à la Parole deDieu ? Pour toute personne qui a l’espritde la Foi, ces contradictions sont insolubles,elle ne verra que folie ou manque de ré-flexion de la part de la Commission. Maisses membres sont loin d’être des personnesdéraisonnables ou inconsidérées. L’uniquesolution à ces contradictions se situe dansl’esprit moderniste, pour qui la Foi ne repo-se pas sur la Révélation objective transmisepar l’Église, mais sur un sentiment imma-nent ou subjectif. Selon l’enseignement deVatican II (par ex. Unitatis Redintegratio I,3), un protestant ou un schismatique peutavoir la Foi, même s’il ne croit pas à toutela Révélation ou au Magistère de l’Église(1). Dans cette optique, certains rédacteursde la Bible Bayard (il y a parmi eux desschismatiques, des juifs…), même s’ils necroient pas à ce qui est considéré commerévélé par l’Église comme l’Évangile, peu-vent avoir la Foi ! Et si dans cette Bible ilsmanifestent leurs idées, cela ne pose pas deproblème à la Foi ! La Commission a doncles mêmes idées qu’André Myre, à la diffé-rence que ce dernier a le courage de les ma-nifester ouvertement, et que la Commis-sion, elle, utilise des circonlocutions ; deplus, si quelqu’un lui reprochait cette ap-probation, elle pourrait toujours dire qu’el-le n’a pas encore apprécié la fidélité à la ré-vélation…

Jean Madiran remarque à juste titre :« Tout de même, c’était une grave responsa-bilité : l’apostasie (immanente, mais virulen-te) de l’hypercritique négationniste était ré-pandue… Au bout d’un an à peine, le 12 juin2002, La Croix se félicitait de l’énorme suc-cès de librairie : “120.000 exemplaires ven-

1) Enseignement dévéloppé par Jean-Paul II :“Les communautés de chrétiens non-catholiques ont encommun avec l’Église catholique une commune foiapostolique en Jésus-Christ Sauveur”. Discours aux re-présentants des autres religions chrétiennes à Nairobi,le 7-05-1980, O.R. 20-05-80, p. 9.

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dus en France, au Canada, en Belgique, enSuisse”. Cent vingt mille lecteurs, peut-êtrecent vingt mille foyers, avaient déjà pieuse-ment reçu, épiscopalement garantie, l’idéeque le “Jésus de la foi” est une astucieuse in-vention de compilateurs inconnus ». L’apos-tasie des évêques se répand sur les fidèles.

Cette approbation n’a pas été un fait iso-lé. Le 4 juin 2002, le Comité de théologie del’Assemblée des évêques du Québec pu-bliait une note théologique et pastorale danslaquelle on lit : “Il faut saluer avec recon-naissance la parution de cette nouvelle Bible.Chaque nouvelle traduction se veut habituel-lement un enrichissement du patrimoine del’expression de la foi en la Parole de Dieu.Celle que nous offrent les Éditions Bayard etMédiaspaul constitue en plus un apport soi-gné de l’expression littéraire de ces textes an-ciens écrits en d’autres langues… Tout en as-surant la fidélité au texte sacré, l’expressionfrançaise a été considérablement renouve-lée… S’agit-il d’une bible fidèle aux textes sa-crés ? Oui, les exégètes ont pris en comptecet aspect. Les lexiques, notes et introduc-tions justifient cette fidélité… Bien situéedans son contexte éditorial, cette bible a biensa place au côté des autres traductions quenous connaissons. Sa lecture peut nourrir lafoi, et, tout en renouvelant la compréhensiondes textes sacrés, satisfaire notre plaisir litté-raire. Tenant compte de ce qui précède, leComité de théologie ne peut qu’en recom-mander la lecture”. Si la Commission fran-çaise ne savait pas encore apprécier la fidéli-té à la Révélation, le Comité québécois as-sure qu’elle l’est !

Jean Madiran nous rapporte que seulsdeux évêques ont protesté face à cetteapostasie. Mgr Guillaume, évêque du petitdiocèse de Saint-Dié, écrivait en 2002 :“La Bible Bayard n’est pas une Bible chré-tienne”. Mgr Cattenoz, archevêque d’Avi-gnon, déclarait au printemps de 2003 :“Non, cette Bible n’est pas celle de l’Église”.

Mais, disons-nous, si ces deux voix ontraison, comment les Épiscopats qui ont ac-cepté une telle apostasie peuvent-il être ap-pelés encore “chrétiens”, ou “de l’Église” ?

LES ORIGINES DU CHRISTIANISME

Le deuxième texte que Madiran nousprésente est une “Note de la Commission

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doctrinale des évêques de France surl’émission télévisée Les origines du chris-tianisme”, réalisée par Gérard Mordillat etJérôme Prieur sur la chaîne Arte. Cette no-te du 23 mars 2004, parue sur la D.C. du 16mai 2004, était précédée d’une introduc-tion de Mgr Jean-Louis Bruguès, évêqued’Angers et président de ladite Commis-sion. Dans cette introduction, Madiranaprès avoir remarqué l’excessive indulgen-ce envers la chaîne Arte (définie “une chaî-ne de qualité”) et envers les deux réalisa-teurs (“qui poursuivent leur investigation ets’intéressent à la naissance du christianis-me”) commente : « Décerner à Arte lebrevet général et absolu de “chaîne de qua-lité”, sans aucune réserve, c’est tromper lepublic. Arte est une chaîne d’une partialitévisible en faveur des thèses, des mouve-ments, des personnages socialo-commu-nistes, et d’une hostilité sournoisement mi-litante à l’égard du catholicisme. La Com-mission doctrinale ne s’en est pas avisée,ou bien n’a-t-elle pas voulu que le publiccatholique en soit averti ? ».

Les réalisateurs

Quant aux réalisateurs, Mordillat etPrieur, la Commission ne leur épargne pasd’estime pour leur travail scientifique :“Cette série représente un essai de vulgarisa-tion de la recherche exégétique et historien-ne sur les deux premiers siècles de l’èrechrétienne. Cet essai reprend une enquêteouverte depuis longtemps. Cependant, ill’actualise en exposant les résultats scienti-fiques actuels. La majorité des émissions (àl’exception de la fin de la 5

e, de la 9

eet de la

10e) témoigne d’un souci d’honnêteté et

d’objectivité dans la présentation des ques-tions et de la diversité des positions”. Madi-ran commente : « C’est prendre arbitrai-rement Gérard Mordillat et Jérôme Prieurpour des interlocuteurs scientifiquementqualifiés et mentalement convenables…Mordillat est un militant athée d’extrêmegauche, il a été un animateur de la pétitioncontre l’interdiction du minitel rose et aus-si de celle pour la libération de Toni Negri,l’idéologue des Brigades rouges. Quant auniveau intellectuel, culturel, “scientifique”du tandem Mordillat-Prieur, on en a uneidée lorsqu’on le voit, dans le quotidien Li-

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bération du 31 mars, et encore le 7 avril[2004], prétendre que les fabricantsd’images chrétiennes n’ont jamais voulu,dans la crucifixion, montrer Jésus nu, parceque l’Église tenait à cacher sa circoncisionpour occulter le fait qu’il était juif ! Letandem ignore que depuis le VIème sièclel’Église a liturgiquement célébré chaqueannée la fête de la Circoncision du Sei-gneur… Ces gens-là se permettent de par-ler de l’Église en ignorant que le 1er janvierest la fête de la “Circoncision de Notre-Seigneur” ». Le même “tandem” dans lesannées 1997-98 a réalisé une autre série té-lévisée, intitulée “Corpus Christi” toujourschez Arte, où il a “étudié” l’Évangile de StJean. Quel en fut le résultat ? Eux-mêmesl’ont déclaré dans une interview à PascaleLaniot : « (…) nous avons compris à quelpoint le texte des évangiles était écrit. C’est-à-dire l’œuvre d’écrivains, de rédacteurs quiavaient travaillé chaque mot, chaque phrasecomme tous les écrivains travaillent leur tex-te. Le texte est dit “sacré” mais en réalité, ilne l’est pas. C’est plus compliqué. Sa sacra-lisation est comme une vitre protectrice quinous tient à distance... Comme l’écrivait Ye-di Frends dès 1833 : “Sous l’ordre paisibledes caractères d’imprimerie, sous la numé-rotation rassurante des versets, dans leconfort des chapitres clairement délimités, lelecteur découvre un récit tourmenté, agité decontradictions, de violences, parfois lourdde redites, parfois bégayant, ignorant lagéographie du pays qu’il prétend décrire, seméprenant sur la botanique, l’orientationdes vents, mal articulé, cousu de gros fils outranché à la hache, heurtant l’un contrel’autre ses propres os, meurtrissant sa chair,la blessant et s’élevant soudain de fulgu-rances inouïes, de trouvailles narratives,s’arrachant aux ombres : un corps vivantderrière la vitre censée le protéger” ». Cejugement rappelle les Toledoth Jeshu, lesécrits contenant les pires calomnies desJuifs contre Jésus-Christ. Mordillat et

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Prieur ont eu du succès : le site Internetd’Arte, nous renseigne que “leur travail aété récompensé deux années de suite par leClio de l’Histoire, ainsi que par la médailleYedi Frends (Jérusalem) et le Golden Rain-bow du Cambridge Historical Film Festival(Grande-Bretagne)”. La conclusion de cetravail fut résumée par le même “tandem”dans ces questions : “Comment mesurer cequi sépare le Jésus de l’histoire de ce qu’ilest devenu sous la figure de Jésus-Christ aucours de la tradition chrétienne ? Son corpscrucifié est-il celui d’un Dieu ? Celui d’unhomme ? Ou le corps d’un texte ?”. Aumoins depuis 1998 Mordillat et Prieur affir-ment subrepticement que les catholiquesn’adorent pas un Homme-Dieu, peut-êtremême pas un homme, mais des textes…Avec des idées semblables, que peuvent-ilsdire sur l’origine du christianisme ? Etpourtant, la Commission nous présenteMordillat et Prieur comme des interlocu-teurs scientifiquement qualifiés et mentale-ment convenables…

Quelle critique ?

Tout d’abord la Commission semble cri-tiquer l’émission : “Cependant, les réalisa-teurs ont un dessein : défendre une thèse.Celle-ci s’exprime à travers une voix ‘off’ etpar la manière dont le montage a été réalisé(…). Elle peut se formuler ainsi : l’originedu christianisme se trouve dans le judaïsme.Sous l’impulsion de l’action de Paul et de sapensée exprimée dans ses lettres, l’Église audeuxième siècle (composée essentiellementde chrétiens issus du paganisme) a rompuavec le judaïsme et s’est délibérément empa-rée de l’héritage d’Israël, prétendant se sub-stituer à lui et constituer le “Verus Israël”…“Une thèse à discuter… très proche de lalecture faite par l’un ou l’autre des universi-taires juifs interviewés”… “La thèse défen-due, justifiée par la perspective résolumenthistorique, n’est-elle pas habitée par lavieille tentation positiviste qui consiste à op-poser aux lumières critiques de l’investiga-tion historique les préjugés de la croyance,en laissant penser que les premières seraientseules désintéressées et dégagées de tout apriori…”. Les évêques trouvent que Mor-dillat et Prieur, tout en étant d’honnêteschercheurs et même s’ils se considèrent

Jérôme Prieur(à gauche)

Gérard Mor-dillat à droite)

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désintéressés par leur perspective résolu-ment historique, ne sont pas vraiment ob-jectifs ; ils ont déjà un parti-pris proche decertains juifs. Nous reviendrons ultérieure-ment sur la question de l’objectivité histo-rique. Que leur reprochent-ils ? “Certainesinexactitudes” et un procédé “faux et ten-dancieux” :

“Il est inexact de présenter Paul commes’opposant au judaïsme en tant que tel(alors qu’il s’opposait essentiellement auxchrétiens judaïsants), comme un négateur dela Loi (la pensée de Paul en la matière estautrement fine et complexe, et les auteursn’y font pas droit), comme celui qui a déve-loppé un message occultant celui de Jésusde Nazareth. Il est inexact d’attribuer àl’Église une volonté délibérée de rompreavec le judaïsme, volonté à laquelle seraitassociée la prétention d’être fidèle à la tradi-tion d’Israël. Il est inexact d’attribuer auseul christianisme la prétention à être le« véritable Israël ». Ce fut une prétentionpartagée par la plupart des courants juifs àl’époque de Jésus. Il est faux et tendancieuxde donner en sous-titre « propagande »comme équivalent de « témoignage » (3e

émission)”.« Arrivé à ce point de lecture, dit Madi-

ran, on peut penser que la Note, nullementprisonnière de sa méprise initiale sur la vali-dité scientifique du tandem Mordillat-Prieur, ne s’en laisse pas conter. Mais voiciqu’elle signale “un conflit d’interprétationsignoré” ». Lisons encore le texte de la Com-mission : “Les questions qui sont évoquées[dans l’émission] sont souvent de vraiesquestions… Bien des questions qui sont iciabordées doivent normalement débouchersur des réponses plurielles, selon qu’on lesreçoit au sein de la foi juive ou au sein de lafoi chrétienne. Elles débouchent sur unconflit d’interprétations qui renvoie, en parti-culier, à la décision prise à l’égard de la per-sonne de Jésus. Nous sommes au cœur, nonsimplement d’un débat d’historiens ou d’exé-gètes, mais d’un problème – disons mieux,d’un drame – théologique. Là, toute la per-sonne est engagée face au Messie d’Israël, lereconnaissant ou non en Jésus, mort et res-suscité. Les interprétations que suscitent lesdivers engagements méritent respect plutôtque rivalité et prise de position partisane”.Madiran commente : « Il faut donc en-

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tendre que le “conflit ignoré”, c’est parPrieur et Mordillat qu’il est ignoré ? oubien par “plusieurs parmi les chrétiens” ?…Ne chicanons pas trop sur les détails fâ-cheux de la rédaction (la “décision”, est-cebien le mot ? sur le chemin de Damas, Paula-t-il “décidé” ? et aussi : toute rivalitén’est pas forcément irrespectueuse, et touteprise de position n’est pas forcément parti-sane). Mais la Note continue ainsi : “La lec-ture chrétienne ne conteste pas la lecture jui-ve, chacune ayant son propre registre d’inter-prétation. Que l’une ait raison n’entraîne pasque l’autre ait tort. Il est évidemment regret-table de masquer cette réalité essentielle dudialogue contemporain entre catholiques etjuifs”. On venait immédiatement de nousdire (relisons) ce qui est en question dans ladivergence d’interprétation : “toute la per-sonne est engagée face au Messie d’Israël, lereconnaissant ou non en Jésus, mort et res-suscité”. Le reconnaissant ou non vrai Dieuen même temps que vrai homme, secondepersonne de la Sainte Trinité. Oui ou non.Mais selon la Commission doctrinale, le ouine conteste pas le non, dont acte. Il lui seraitplus délicat peut-être d’affirmer qu’inverse-ment la “lecture juive” ne conteste pas la“lecture chrétienne”. Chacune a son propreregistre d’interprétation, mais commentpeut-on dire : “Que l’une ait raison n’en-traîne pas que l’autre ait tort” ? Commentpeut-on affirmer que Jésus est Dieu sansque cette affirmation entraîne qu’on a tortde le nier ? Comment admettre simultané-ment le oui et le non ? La dernière phrasene l’explique évidemment pas, et pourtantelle est donnée (semble-t-il) comme l’expli-cation. L’égale légitimité du oui et du non,de l’affirmation ou de la négation de la divi-nité de Jésus-Christ, paraît nous être propo-sée comme “cette réalité essentielle” du dia-logue contemporain entre catholiques etjuifs. Le dialogue lui-même est une réalité,essentielle si l’on veut, mais alors essentielleen soi, nullement essentielle ni même accep-table comme justification logique ou théolo-gique de la prétendue compatibilité descontradictoires. La seule issue qui soit ou-verte à cette aporie serait de considérer quel’affirmation et la négation de la divinité duChrist ne sont pas des propositions contra-dictoires (l’une forcément vraie, l’autre for-cément fausse), mais des propositions sim-

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plement contraires : car les contraires peu-vent d’une certaine manière aller ensemble,elles peuvent être fausses toutes deux enmême temps. Et l’issue serait la recherched’une vérité nouvelle, au-dessus des deuxcontraires erronées… À notre avis, c’estune nécessaire implication, c’est une impli-cation objective de ce qui est énoncé, queles rédacteurs en aient eu conscience ounon ». En d’autres termes, selon la Note, lefait que Notre-Seigneur est Dieu n’est pasune vérité de Foi. Qui le nie n’est pas dansl’erreur, la vérité est ailleurs !

L’historicité des Évangiles

La Commission avait critiqué Mordillatet Prieur d’avoir cédé à la tentation positi-viste, selon laquelle le croyant ne peut faireune investigation historique désintéressée etdégagée de tout a priori. Puis elle finit parleur donner raison lorsqu’elle écrit :“L’historiographie ne se contente pas derapporter des faits, elle les interprète et per-met aux lecteurs de les interpréter à leurtour. Pour autant qu’elle est confessante, ladémarche évangélique n’en est pas moinshistorienne, renonçant de toute façon à unidéal d’objectivité historique illusoire”. Lagravité de cette phrase n’a pas échappé àMadiran : « Autrement dit : c’est une illu-sion de croire que le Jésus de la foi chré-tienne aurait une objectivité historique ? ».Oui, pour la énième fois la commission faitcomprendre qu’on ne doit pas considérerles Évangiles comme un livre objective-ment historique et celui qui le pense vitdans l’illusion.

Effets positifs de l’émission

La Commission remarque deux effetsnégatifs de cette émission : “une partie destéléspectateurs n’aura sûrement pas lesmoyens de faire autre chose que d’acquies-cer à la pseudo-démonstration” ; “une autrepartie des téléspectateurs – croyants –risque d’être fixée par ces émissions dans unsoupçon et un refus redoublés à l’égard del’exégèse critique et des recherches histo-riques”. Puis elle énumère les aspects posi-tifs : “Cette série documentaire pourraconstituer un outil de travail utile dans desgroupes déjà bien informés des travaux

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scientifiques évoqués… Ces émissions pour-ront aider les chrétiens à bien connaître lapériode de la naissance du christianisme…Les débats ici ouverts peuvent devenir unappui, en particulier, pour faire progresserdans la connaissance que les chrétiens ont deleur rapport au mystère d’Israël… Enfin,cette série documentaire nous invite à propo-ser aux chrétiens une lecture attentive del’Écriture dans son ensemble”. Cela veut di-re que cette émission, même si elle faitperdre la Foi à certains, fera du bien, « dansla perspective d’un progrès de l’intelligencecroyante grâce à l’exégèse critique et auxrecherches historiques » ! “Une lecture au-thentiquement ecclésiale des Écritures hono-re la confession de foi et donne sa place à untravail de l’intelligence au service d’unecroissance du sens du texte. Nous savonsquelles difficultés éprouvent des chrétiens àentrer dans une telle perspective”. Madiranécrit : « Il y a en effet “des” chrétiens, etc’est le plus grand nombre, qui n’ont pas etn’ont jamais eu “à entrer dans une telleperspective” : c’est la perspective de l’éru-dition exégétique, historique, philoso-phique, théologique. Jamais le peuple chré-tien n’a été appelé à connaître pour cela“les trois langues : la grecque, la latine,l’hébraïque”, ni même simplement le latinet le grec. Il est bon que les universités ca-tholiques aient des érudits et des savants depremière grandeur. Ne serait-ce que pourrépondre décisivement aux attaques contrela foi catholique : ce que la Note ne fait pas.Elle abandonne le public au milieu des“difficultés” qu’elle lui a retransmises. Ellene donne aucun repère, allant jusqu’à re-commander “ces émissions” (…) le seulguide qu’elle désigne, c’est le tandem Mor-dillat-Prieur ».

Ernest Renan

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La queue du diable

La Note conclut : “La présentation decertains résultats du travail des historiensaura pour effet de questionner et critiquerdes représentations et convictions de foi deplusieurs parmi les chrétiens. Le fait que lechristianisme en ses débuts apparaisse trèsdiversifié et traversé par des conflits de per-sonnes et de tendances théologiques dépla-cera les représentations trop hâtives et im-médiates de la vie des communautés.L’adhésion du Concile de Jérusalem (Ac15, 29) aux dispositions formulées parJacques (Ac 15, 20), « frère du Seigneur »(Ga 1, 19), montrera l’influence de la fa-mille de Jésus sur l’Apôtre Pierre et surl’Église naissante. L’affirmation de l’exis-tence de frères et sœurs de Jésus questionne-ra la compréhension de l’énoncé dogma-tique de la virginité perpétuelle de Marie.La présentation de ces résultats…”. « Quels“résultats” ? Résultats de quoi ? demandeMadiran. Tant de “présentation” empha-tique du “travail de la raison”, des “res-sources de nos savoirs contemporains”, des“recherches historiques”, des “résultatsscientifiques actuels” pour arriver à l’affir-mation de ce résultat : quelques mots, c’esttout, quelques mots que l’on a toujours lusdans l’Écriture, les “frères et sœurs” duSeigneur et le “frère” Jacques, quelquesmots qui au cours des siècles ont été discu-tés et retournés dans tous les sens, de saintJérôme à Renan ! L’opinion réfutée déjàpar saint Jérôme, reprise néanmoins parRenan, “la signification du mot araméentraduit en grec par ADELPHOS est identi-quement la même que celle du mot frère”,présentée par les commissaires doctrinauxcomme une découverte récente pour im-pressionner les profanes, c’est du charlata-nisme. Et un charlatanisme orienté, uncharlatanisme méchant.

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Remarquez en effet : la contradictionévoquée entre l’existence des frères etsœurs de Jésus et le dogme de la virginitéperpétuelle de Marie conduit, selon lescommissaires, à mettre en doute le dogme,et nullement l’existence. Comme s’il étaitacquis une fois pour toutes que c’est ledogme qui est à contester, tandis quel’existence des frères et sœurs serait incon-testable. Le parti-pris est manifeste decréer des “difficultés” aux chrétiens et deles “déstabiliser” dans leur foi. Quel autresens pourrait donc avoir l’intention dequestionner la compréhension de l’énoncédogmatique de la virginité de Marie, si cen’est de suggérer une compréhension “spi-rituelle” et non pas “physique” ? Etd’ailleurs les commissaires doctrinaux eux-mêmes ont-ils une “compréhension” de ceténoncé dogmatique ? Pourquoi font-ils un“questionnement” sans esquisser de répon-se ? Pourquoi cachent-ils ce qu’est leurpropre compréhension ? À moins qu’ilsn’en aient aucune ? Ils nous avertissentd’ailleurs qu’ils n’ignorent pas les “effetsdéstabilisants” de leur démarche, c’est ladernière phrase de la Note :

“La présentation de ces résultats, au-delàde ses effets déstabilisants, invite à un saintravail d’intelligence théologique quiconduira à revisiter la tradition et l’histoirede l’élaboration des dogmes chrétiens pourmieux les entendre et en vivre”. Point final.

“Mieux les entendre” : parce que jus-qu’aux “résultats” recensés par Prieur etMordillat on les entendait mal.

Comme ce ne sont pas les commissairesqui le diront, ni même qui y feront lamoindre allusion, et comme aucune autoritédans l’Église n’a cru nécessaire de l’opposerà cette Note prétendûment “épiscopale” et“catholique”, nous rappellerons ici la répon-se faite depuis des siècles, mais que plusd’un lecteur aujourd’hui ne saurait où cher-cher ni auprès de qui la demander. Les“frères” de Jésus ne sont pas des fils de Ma-rie mais des proches parents : l’araméenn’avait pas d’autre mot que “frères” pourles désigner. Parler aujourd’hui, en français,de “frères” du Seigneur, sans autre explica-tion, c’est jouer sur le quiproquo et c’est unehonteuse imposture. À lui seul le mot frèresne permet pas de trancher s’il s’agit defrères selon la chair ou bien de cousins ou

Saint Jérôme (peinture du Caravage, 1606,Galerie Borghèse, Rome)

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de proches parents. Mais la tradition catho-lique l’a toujours affirmé : Marie n’a pas eud’autre enfant que Jésus, cela ressort del’Écriture. Sa réponse au message de l’angelors de l’Annonciation exprime une volontéde demeurer vierge (Lc 1, 34). Aucun passa-ge scripturaire ne présente les “frères” deJésus comme des fils de Marie (Mc 6, 3). Jé-sus apparaît toujours comme l’unique en-fant au foyer de Nazareth. Quand, à l’âgede douze ans, il accompagne ses parents auTemple, il est manifestement leur seul en-fant. Et enfin, lorsque Jésus en croix confiesa mère à l’apôtre Jean (Jn 19, 26-27), celaserait inexplicable si Marie avait eu d’autresfils. Telle a toujours été la pensée de l’Égli-se, aujourd’hui impunément bafouée par lamutinerie doctrinale des commissaires doc-trinaux, qui lancent leurs “frères et sœurs”de Jésus comme un défi direct à l’énoncédogmatique de la virginité de Marie.

À plusieurs reprises dans leur Note, cescommissaires manifestent un mépris decharlatans et une terrible méchanceté spiri-tuelle à l’égard de “plusieurs parmi les chré-tiens”, dont ils savent bien “quelles difficul-tés ils éprouvent à entrer dans une telleperspective” parce qu’ils ont des “convic-tions de foi” auxquelles on fait subir d’insis-tants “effets déstabilisants”. C’est honteux.Mais par delà, loin, très loin par delà cetteméchanceté et ce mépris, il y a leur ef-frayant outrage à la Très Sainte Vierge Ma-rie mère de Dieu, mère de l’Église et notremère, reine des Anges et reine des cœurs.L’outrageante suspicion sur sa virginité neleur a été possible que par un obscurcisse-ment de la foi. Je leur souhaite d’avoir de-vant la Miséricorde l’excuse d’une ignoran-ce spirituelle invincible. Au for externe, laresponsabilité du président de la commis-sion, Son Excellence le commissaire Jean-Louis Bruguès, par ailleurs évêque d’An-gers, est épouvantable ». Et quid de cellede Jean-Paul II qui donna son “autorité” àces évêques ? Elle l’est encore plus.

Conclusion

Les documents de la commission doctri-nale sont acceptés et approuvés par laConférence des évêques de France. Un épis-copat qui approuve et fait l’éloge d’uneBible, jugée par deux évêques ni chrétienne

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ni catholique, dans laquelle on soutient queles Évangiles ont été écrits par un inconnuqui s’est servi de la littérature de l’antiquitéorientale et occidentale en choisissant lestextes en fonction des besoins des fidèles. Unépiscopat qui fait l’éloge d’une chaîne de té-lévision hostile au catholicisme, et qui encou-rage à voir son émission faite par deux jour-nalistes connus pour avoir suggéré que Jésusn’a jamais existé. Un épiscopat qui considèreque nier la Divinité de Jésus ne contredit pasla Foi catholique. Un épiscopat qui affirmeque c’est une illusion de croire que le Christde la foi est historique et objectif. Un épisco-pat qui considère que les chrétiens peuventêtre aidés dans la connaissance de la naissan-ce du christianisme par une émission oùl’origine du christianisme est présentée com-me un événement purement humain, sansaucune intervention divine. Un épiscopat quiconsidère comme secondaire qu’en voyantcette retransmission, des chrétiens perdent lafoi. Un épiscopat qui pense que l’on peutmettre en doute l’énoncé dogmatique de lavirginité de la Sainte Vierge. Un épiscopatqui considère qu’il faut revisiter les dogmespour mieux les entendre et les vivre. Un telépiscopat est-il encore catholique ? Lesmots : “Qui vous écoute m’écoute” queNotre-Seigneur a adressés à l’Église hiérar-chique valent-ils aussi pour lui ? Peut-il ensomme constituer la Hiérarchie de l’ÉgliseCatholique ? La Foi nous répond : non !Notre-Seigneur ne s’est pas trompé quand ila prononcé ces paroles : mais il s’adressait àla Hiérarchie fidèle à la doctrine, non à unépiscopat qui contredit les vérités dogma-tiques en détruisant la Foi et en démolissantl’Église. Et comment peut-on en conscienceêtre en communion avec cet épiscopat ? Cesévêques, même en ayant reçu la nominationlégale pour occuper les Sièges Épiscopaux,s’ils ne professent pas la Foi intègre n’obtien-nent pas de Dieu l’Autorité qui les constituemembres de la Hiérarchie de l’Église. Cetteconclusion est nécessaire pour tout fidèle, s’ilne veut pas être entraîné dans une quel-conque dérive hérétique ou schismatique.

Bibliographie :JEAN MADIRAN

La Trahison des commissairesConsep, 2004. Versailles. 65 p., 10 €.

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De nouveaux livres de religionpour une nouvelle religion ?

Par M. l’abbé Ugolino Giugni

Le Concile Vatican II a apporté unevraie “révolution” dans l’Église, en in-

troduisant de nombreux changements dansla doctrine et dans la pratique liturgiquedes catholiques (le plus évident est leN.O.M., c’est-à-dire la nouvelle Messe dePaul VI). De nombreux catholiques pen-sent, à tort, que les changements doctri-naux sont marginaux, et qu’au fond “toutest presque comme avant” ou que ceschangements, s’ils existent, sont affaires despécialistes, de théologiens, d’ “hommes del’art” et que le simple fidèle n’est pas enmesure de s’en rendre compte.

Les choses ne se passent pas vraimentainsi ! Dans le numéro 56 de Sodalitium,nous avions déjà confronté un catéchismemoderne (et moderniste… !) avec un caté-chisme traditionnel ; nous reprenons ce su-jet. Nous comparerons donc ce qui est en-seigné aujourd’hui à l’école dans certainslivres de religion conformes à la doctrine del’après-Concile (livres qui sont tous rigou-reusement approuvés par les autorités ec-clésiastiques compétentes) et ce qui étaitenseigné dans le catéchisme avant le Conci-le (par exemple dans celui de saint Pie X).

Cette comparaison nous fait com-prendre comment le changement doctrinalsubstantiel opéré par le Concile Vatican IIest enraciné et considéré comme “doctrineofficielle”, puisqu’il ne s’agit pas de cas iso-

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lés et sporadiques mais de pratiques d’en-seignement désormais courantes. Puisqueces textes ont tous l’imprimatur de laConférence Épiscopale Italienne (C.E.I.),la responsabilité de ceux qui peuvent êtreconsidérés comme de véritables “hérésies”,doit être imputée aux hiérarchies ecclésias-tiques actuelles, de Camillo Ruini à KarolWojtyla, qui les ont approuvés par le NihilObstat, signés, et fait imprimer. Pour facili-ter la compréhension des textes nous rap-porterons les textes modernes en caractèreHelvetica et nos commentaires en italique.

Négation de la réalité historique du péchéoriginel

Dans le texte que nous allons examiner,la réalité historique du péché originel est ex-plicitement niée, tout comme le faitqu’Adam et Ève sont des personnes ayantréellement existé. Il faut remarquer que si lepéché originel n’est qu’“un récit inventédans le but d’enseigner une grande vérité” etnon un fait historique, on rend absolumentvaine et inutile la Mort même et la Rédemp-tion opérée par Jésus-Christ et la nécessitédu baptême pour être sauvés ; par consé-quent, nier l’existence du péché originel etl’existence du mal équivaut à rendre inintel-ligibles les autres mystères de la doctrine ca-tholique. Le texte sera ensuite comparé avecle catéchisme de saint Pie X et avec certainsdocuments de l’Église.

« La faute des premiers parentsLes premiers êtres humains à peupler

la Terre, selon le récit de la Genèse, sontAdam et Ève.

Adam est un nom qui signifie “l’hom-me”, “l’humanité”, “celui qui vient de la ter-re”. Ève est un nom signifiant “la femme”,“la vivante”, “celle qui donne la vie”. Adamet Ève sont donc deux noms symboliques,plutôt que des noms propres de personnesréelles. Il est donc facile de comprendrequ’Adam et Ève ne sont pas deux person-nages historiques, mais imaginaires. Ce-pendant, en même temps, ils sont quelquechose de plus : ils sont le symbole de tou-te l’humanité. Dans le récit biblique, ils figu-rent comme les représentants originels(premiers parents) de toute l’humanité. Dela même manière, le récit de leur faute ne

Adam et Ève ? Ils n’ont jamais existé ! Ce sont despersonnages symboliques… (selon Pajer)

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doit pas être entendu comme la chroniqued’un fait qui s’est réellement produit, maiscomme un récit inventé dans le but d’en-seigner une grande vérité : l’homme n’estpas capable de faire tout le bien qu’il vou-drait, il est faible face à la tentation ; iléprouve de la honte quand il transgresse laloi ; il a été expulsé du “paradis” qui lui re-venait de droit ; le travail semble une durecondamnation plutôt qu’une agréable acti-vité ; la vie, en somme, est un combatcontinuel contre soi-même, contre lesautres, contre les forces hostiles de la na-ture, contre la mort ».

FLAVIO PAJER, la Religione i fatti i segnila vita [la Religion les faits les signes lavie]. SEI - Torino - 2002 - vol. I. Nulla Ostadella CEI (prot. 127/02), Roma, 4 febbraio2002, Camillo card. Ruini. Imprimatur(prot. 2/2002), Torino, 14 febbraio 2002,Fiandino mons. Guido Vicario Generale.

Catéchisme de Saint Pie X56 Q. En quel état Dieu a-t-il créé nos

premiers parents Adam et Ève ?R. Dieu a créé Adam et Ève dans l’état

d’innocence et de grâce ; mais bientôt ilsen déchurent par le péché.

58 Q. Quel fut le péché d’Adam ?R. Le péché d’Adam fut un péché d’or-

gueil et de grave désobéissance.59 Q. Quel fut le châtiment du péché

d’Adam et d’Ève ?R. Adam et Ève perdirent la grâce de

Dieu et le droit qu’ils avaient au ciel ; ilsfurent chassés du paradis terrestre, soumisà beaucoup de misères de l’âme et du corpset condamnés à mourir.

« Commission Biblique Pontificale(C.B.P.) (1)

“Le caractère historique des premierschapitres de la Genèse”

30 juin 1909 (sous le pape saint Pie X)III. Question. Est-il possible en particu-

lier de mettre en doute le sens littéral his-torique lorsqu’il s’agit des faits racontésdans ces mêmes chapitres qui touchent auxfondements de la religion chrétienne, com-me sont, entre autres, la création de touteschoses faites par Dieu au commencementdu temps ; la création particulière del’homme ; la formation de la premièrefemme à partir du premier homme ; l’uni-

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té du genre humain ; le bonheur origineldes premiers parents dans l’état de justice,d’intégrité et d’immortalité ; le comman-dement donné par Dieu à l’homme pouréprouver son obéissance ; la transgressiondu précepte divin à l’instigation du Diablesous la forme du serpent ; la déchéance despremiers parents de cet état primitif d’in-nocence ; ainsi que la promesse du Ré-dempteur à venir ? Réponse : NON. »

Si la réponse est non, cela veut dire quele sens historique ne peut être mis en doute,donc que le contraire est vrai, c’est-à-direque ces trois premiers chapitres de la Genè-se (la chute d’Adam et Ève est racontée dansle chapitre III) ont une valeur historico-litté-raire ; affirmer le contraire est téméraire etdésobéissance grave. Ce document peut êtrecomplété par ceux rapportés ci-dessous. Onremarque comment Pie XII condamne lepolygénisme et enseigne que le péché origi-nel est un “péché qui tire son origine d’unpéché vraiment personnel commis parAdam, et qui [est] répandu en tous par lagénération”, il s’ensuit qu’Adam ne peutêtre un personnage symbolique.

« “Déclarer a priori que leurs récits[des onze premiers chapitres de la Genèse]ne contiennent pas de l’histoire au sensmoderne du mot, laisserait facilement en-tendre qu’ils n’en contiennent en aucunsens, tandis qu’ils relatent en un langagesimple et figuré, adapté aux intelligencesd’une humanité moins développée, les véri-tés fondamentales présupposées à l’écono-mie du salut, en même temps que la des-cription populaire des origines du genrehumain et du peuple élu”.

(Lettre de la C.B.P. au cardinal Suharddu 16 janvier 1948, DS 3864 ; sous le PapePie XII).

« (…) Quand il s’agit de l’autre hypo-thèse qu’on appelle le polygénisme, les filsde l’Église n’ont plus du tout pareille liberté.En effet les fidèles ne peuvent embrasserune doctrine dont les tenants soutiennent,ou bien qu’il y a eu sur terre après Adam, devrais hommes qui ne descendent pas de luipar génération naturelle comme du premierpère de tous, ou bien qu’Adam désigne l’en-semble de ces multiples premiers pères. On

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ne voit, en effet, aucune façon d’accorderpareille doctrine avec ce qu’enseignent lessources de la vérité révélée et ce que propo-sent les actes du magistère ecclésiastique,sur le péché originel, péché qui tire son ori-gine d’un péché vraiment personnel commispar Adam, et qui, répandu en tous par la gé-nération, se trouve en chacun et lui appar-tient (cf. Rom. V, 12-19 ; Conc. Trident.,sess. V, can. 1-4). » (Pie XII Lett. Enc. Hu-mani Generis, 12-8-1950).

On peut en outre citer les canons duConcile de Trente dans le “Décret sur le Pé-ché Originel” (5° sess. 17-06-1546) dans les-quels il est question d’Adam et Ève commede personnes physiques et non symboliquesqui ont transmis réellement à leur descen-dance le Péché Originel [Ds 1510-1516].

L’évolutionnisme réhabilité

Toujours dans le texte de religion déjà ci-té, l’évolutionnisme est proposé et enseignécomme une vérité acquise et indiscutable enutilisant une terminologie empruntée de labiologie à la doctrine chrétienne. De plus, icion n’enseigne absolument pas la création del’homme par Dieu mais en faisant exacte-ment “comme si l’origine du corps humainpar la matière organique préexistante étaitdéjà démontrée avec une certitude absolue”,on contredit Pie XII (Humani generis). Maisil faut remarquer que ce texte est postérieur àcelui du célèbre discours à l’Académie Pon-tificale des Sciences du 22 octobre 1996 danslequel Jean-Paul II rompait bien plus d’unelance en faveur de l’évolutionnisme, en affir-mant que “de nouvelles connaissancesconduisent à reconnaître dans la théorie del’évolution plus qu’une hypothèse”. Ce dis-cours fut reçu comme une véritable réhabili-tation de Darwin de la part de l’Église. (À cepropos, on peut lire ce qui a déjà été publiésur Sodalitium n° 43, avril 1997, rubriqueOsservatore Romano “Karol Wojtyla, l’évo-lutionnisme et le monogénisme”). Nouscomparerons ce passage avec la prudence del’enseignement de Pie XII au sujet de lathéorie de l’évolution.

L’origine du culte des mortsL’aventure de l’homme a commencé

dans la nuit des temps. Les premiers

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êtres ressemblant à l’homme, les homini-dés, remontent à 4 ou 5 millions d’an-nées. Ils vivaient initialement dans les fo-rêts d’Afrique, et se dispersèrent ensuitesur les autres continents. Nous le savonspar les restes de squelettes retrouvésdans de nombreuses fouilles archéolo-giques. Au fil des millénaires, ces homini-dés apprirent à se servir d’instruments depierre et de bois (Homo habilis), à se dé-placer en position debout (Homo erec-tus), à utiliser le feu, à communiquer avecun langage et à vivre en groupes (Homosapiens). Cette dernière phase de l’évolu-tion remonte à environ 200.000 ans. Nousen avons le témoignage avec la décou-verte de l’homme de Neandertal, du nomde la localité allemande où fut retrouvé lepremier squelette d’Homo sapiens. Aveclui commença un comportement absolu-ment original : l’homme commença àdonner une sépulture à ses morts. Pour-quoi ? Les chercheurs ne le savent pasavec certitude. Ce fut une étape mysté-rieuse sur le chemin de la civilisation. Cequi est certain, c’est que l’être humain sedistinguait toujours plus nettement dureste du monde animal (2).

Pie XII et l’évolutionnisme

Humani Generis (les caractères gras sontde la rédaction)

« En conséquence, l’Église n’interditpas que la doctrine de l’évolution, pour au-tant qu’elle recherche si le corps humainfut tiré d’une matière déjà existante et vi-vante – car la foi catholique nous oblige àmaintenir l’immédiate création des âmes

L’imprimatur du livre de Flavio Pajer

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par Dieu – dans l’état actuel des sciences etde la théologie, soit l’objet de recherches etde discussions, de la part des savants del’un et l’autre parti, de telle sorte que lesraisons qui favorisent ou combattent l’uneou l’autre opinion soient examinées et ju-gées avec le sérieux nécessaire, modérationet mesure ; à la condition toutefois, quetous soient prêts à se soumettre au juge-ment de l’Église, à qui le Christ a confié lemandat d’interpréter avec autorité lesÉcritures et de protéger la foi (Cf. Allocu-tion Pont. aux membres de l’Académie desSciences, 30 novembre 1941 ; A. A. S. Vol.XXXIII, p. 506). Certains outrepassent cet-te liberté de discussion, en faisant commesi on avait déjà établi, de façon absolumentcertaine, avec les indices que l’on a trouvéset ce que le raisonnement en a déduit,l’origine du corps humain à partir d’unematière déjà existante et vivante ; et cela,comme s’il n’y avait rien dans les sourcesde la révélation divine qui, en ce domaine,impose la plus grande modération et laplus grande prudence ».

Discours aux participants au PremierCongrès International de Génétique médi-cale, 7 septembre 1953.

« Par ailleurs, on ne connaît aucun pro-cessus naturel par lequel un être en produitun autre de nature différente ; que le pro-cédé, par lequel une espèce en engendreune autre, reste parfaitement impéné-trable, malgré les nombreux stades inter-médiaires ; qu’on n’a pas encore réussi ex-périmentalement à faire sortir une espèced’une autre espèce ; et finalement quenous ne saurions absolument à quel en-droit de l’évolution l’hominidé a passé toutà coup le seuil de l’humanité. (…) On croitdevoir dire que les recherches sur l’originede l’homme sont encore à leurs débuts ; lareprésentation que l’on s’en fait actuelle-ment ne pourrait pas être considérée com-me définitive ».

Quelques “perles” de Modernisme

Nombreux sont les points vraiment dis-cutables que l’on peut trouver aujourd’huidans les livres pour l’enseignement de la re-ligion à l’école. Nous en citerons quelques-uns en donnant un bref commentaire.

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Éloge du pacifisme : « [Les premierschrétiens] étaient des pacifistes convain-cus, et se refusaient même à porter lesarmes ou à entreprendre la carrière militai-re » (3). Ceci est absolument faux puisqu’il ya de très nombreux saints canonisés qui fu-rent des militaires dans les premiers siècleset au cours des siècles ; il suffit de citer saintSébastien, centurion de la garde personnellede l’empereur Dioclétien, qui le fit transper-cer de flèches, ainsi que saint Martin, luiaussi soldat avant de devenir évêque deTours, sans parler de saint Maurice et de sescompagnons de la légion thébaine. AuMoyen Âge, on peut citer saint Louis roi deFrance, saint Georges et avec eux tantd’autres. Le Pape saint Pie V réunit une ar-mée de chrétiens pour vaincre la flotte mu-sulmane à Lépante. L’Église, au cours deson histoire, n’a jamais prêché le pacifismemais plutôt l’accomplissement de ses devoirsd’état, y compris pour ceux qui sont sous lesarmes, selon l’enseignement de saint Pauldans l’épître aux Romains. La défense de lapatrie, de la famille, de la chrétienté est undevoir bien précis en justice, quand il s’agitd’une guerre juste.

La hiérarchie sacrée : « Déjà aux IIè-me-IIIème siècles apparaît très clairementdans les communautés une structure hié-rarchique commune, avec la triade :“évêque-prêtres-diacres” » (4). « À lalongue, les hommes d’Église deviennentdes hommes de pouvoir : on crée la caté-gorie des ecclésiastiques, distincte et sé-parée de celle des laïcs » (5). Dans cesdeux passages, on insinue que la hiérarchieecclésiastique ne serait pas d’institution di-vine, c’est-à-dire créée par Jésus-Christ quichoisit les apôtres (“Etant monté sur lamontagne, il appela à lui ceux que lui-mêmevoulut ; et ils vinrent à lui. Il en établit douzepour être avec lui et pour les envoyerprêcher” Mc III, 13-14), les ordonna prêtres(“faites ceci en mémoire de moi” I Cor. XI,24) en leur donnant un rôle prééminent etde gouvernement dans l’Église primitive(“allez dans tout l’univers, et prêchezl’Évangile à toute créature” Mc XVI, 15), enles séparant du reste du peuple chrétien,comme on peut facilement le déduire parune lecture attentive des Évangiles. Lastructure hiérarchique et monarchique del’Église a donc été voulue par le Seigneur

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lui-même et elle ne s’est pas seulement af-firmée aux IIème-IIIème siècles. Le magis-tère infaillible de l’Église, au Concile deTrente, en effet, enseigne : “Si quelqu’undit qu’il n’y a pas dans l’Église catholiqueune hiérarchie instituée par une dispositiondivine, composée d’évêques, de prêtres etde ministres : qu’il soit anathème” (SessionXXIV, 11 nov. 1563, DS 1776).

La pacification de l’Église est-elle unmal ? : « L’époque où la foi chrétienneétait un choix volontaire, dangereux, depeu de gens, disparaît pour devenir unecommode habitude des masses. Mainte-nant on naît chrétiens ; pis encore, onnaît dans une “société entièrement chré-tienne” » (5). Ici, l’auteur paraît oublierque les premiers chrétiens transmettaientaussi la foi à leurs enfants en les faisantbaptiser tout-petits puisqu’ils estimaient, àjuste titre, que ce qui était un bien, unegrâce pour eux, l’était aussi pour leurs en-fants, qui ne devaient pas vivre privés de lagrâce sanctifiante reçue au baptême. Cequi est “pis encore” pour Pajer c’est la findes persécutions à l’égard de l’Église parl’Empire. Recevoir la foi depuis l’enfanceet vivre dans une société chrétienne estune grâce inestimable de la part de Dieu

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qui facilite beaucoup le salut des âmes,dont le bon catholique doit se réjouirpuisque se réalise ainsi la “pax Christi inregno Christi”. Mais que se “rassure” [leluthérien ? !] Pajer : ce privilège queDieu accorda à la Chrétienté au MoyenÂge se perd de nos jours dans les sociétéstoujours plus déchristianisées, grâce aussiaux enseignements d’auteurs comme lui…

Éloge des hérétiques qui seraient com-me saint François : « ... Cependantquelques chrétiens (…) avaient plusconfiance dans leurs propres conscien-ces que dans les règles imposées parl’autorité ; au lieu d’envier la richesse desecclésiastiques, ils préféraient revenir àune vie simple et pauvre comme celle duChrist ; ils ne pensaient pas que la viechrétienne consistait à multiplier les pra-tiques de dévotion, mais à intervenir poursoigner les maux de la société et de lapolitique ; et, surtout, dans une sociétépleine de conflits, désireuse de combattreau nom de la foi, ils avaient la nostalgiede la paix, de la fraternité... C’est cequ’ont essayé de réaliser, par exemple,Pierre Valdo et ses adeptes à Lyon ainsique les Cathares à Albi. Et, avec beau-coup plus de succès, François en Italie »(6). Ici, saint François d’Assise (qui bienplus démocratiquement est appelé seule-ment François…) est mis sur le même planque les hérétiques Pierre Valdo, les Ca-thares et les Albigeois qui niaient l’autoritéde l’Église, sa sainteté et ses dogmes en en-seignant des doctrines impies. La seule dif-férence semble être que “François eut plusde succès en Italie” que les autres, qui eux,furent condamnés comme hérétiques par la[méchante !] Église.

Éloge de Luther et du protestantisme :« Ce que ne réussirent pas à faire ceux-ci[Wyclif, Hus, Erasme, Savonarole, quisont loués comme des “exemples signifi-catifs de rébellion à Rome”] et d’autresréformateurs, Martin Luther, un jeunemoine, “amoureux” de la Bible réussit à lefaire (...) ». « La réforme de Luther eut unrapide succès : (...) grâce à un largeconsentement du peuple, qui retrouvaitun christianisme simplifié... » (7). Pour Pa-jer, Luther n’était qu’un “amoureux de laBible” (alors que, à l’entendre, les catho-liques la haïssaient probablement…), pas

Saint François ? “Il était comme les hérétiques ca-thares et Pierre Valdo, il eut seulement plus de succès”,

selon Pajer. (Fresque de Simon Martini, Assise, Basilique inférieure)

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un mot sur la corruption morale de Luther,sur la manière dont vécut et mourut ce“grand réformateur” et sur les soutiens po-litiques dont il bénéficia de la part desprinces allemands et qui furent une desvraies raisons de son succès. Après avoirsouillé la Rome de la Renaissance, et avoirloué les “exemples significatifs de rébel-lion” de Wyclif, Hus et Erasme, l’auteurexpose de manière complaisante la doctri-ne luthérienne d’un “christianisme simpli-fié” qui attire son admiration au détrimentévident de celle de l’orthodoxie catholique.Non content de cela, Pajer déplore l’insti-tution de l’“Index” et l’“injuste condamna-tion de Galilée” (citant les habituels et res-sassés mensonges sur cette question…)comme des “effets indésirables et déplo-rables de la réforme catholique”.

Pauvre Église, pauvre histoire ainsimaltraitée, et pauvres enfants ainsi trom-pés par un “théologien” luthérien qui sefait passer pour catholique, qui peutvendre ses livres pour l’enseignement de lareligion (quelle religion ?...), avec l’appro-bation de la Conférence Épiscopale Ita-lienne. Évêques et “pape” regardent tandisque “ce loup vêtu de peaux de brebis”(Matth. VII, 15) peut impunément souillerla Sainte Église et faire perdre la foi à cespauvres enfants qui doivent étudier dansces livres. Heureusement, l’avertissementdu Seigneur “c’est à leurs fruits que vous lesreconnaîtrez” (Matth. VII, 16) nous permetde reconnaître les “faux prophètes”.

Un livre d’[ir]réligion mondialiste et multi-culturel pour l’école élémentaire

Examinons maintenant le livre intitulé“Come l’albero. Testo di religione cattolicaper il primo ciclo della scuola elementare”de Silvia Dondi et Pierangela Tani (8).Dans la présentation, sur la seconde pagede couverture, nous lisons que « Le Textesouligne aussi les dimensions de “mondiali-té” et d’“interculturalité” que les enfantsd’aujourd’hui respirent autour d’eux etqu’il faut éduquer dans le sens du “respectpour ce qui est différent” et de la solidaritéuniverselle ».

Il est pour le moins inquiétant d’en-tendre parler de “mondialisme”, de “multi-culturel” dans un livre “de religion” destiné

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aux enfants de la première et de la secondeélémentaire. La religion catholique est, pardéfinition, universelle (catholique = univer-sel), c’est-à-dire adaptée à tous les peuplesde tous les temps, de toutes les latitudes etcultures. La doctrine catholique doit impré-gner toute la société et la changer de l’inté-rieur comme le levain avec la farine, touten laissant à chaque peuple ses particulari-tés et ses traditions. Le mondialisme, quiest une idée d’origine maçonnique, tend aucontraire à niveler les différences, les tradi-tions, à tout aplanir et s’oppose donc àl’idée catholique. Apparemment, l’inten-tion des auteurs de ce livre n’est donc pasl’intention traditionnelle d’un bon catéchis-me, c’est-à-dire de former des enfants quisoient un jour de bons chrétiens, mais plu-tôt de préparer les futurs citoyens de la “ci-vilisation globale” [d’après les principes dela F.˙. M.˙.] pour qu’ils soient mondialisteset multi-culturels, mais surtout indifférentsà l’égard de la vérité et tolérants enversn’importe quelle erreur et religion (surtoutsi elle est fausse !).

L’interculturalité et l’indifférentisme dece texte sont immédiatement mis en reliefaux pp. 9-10 dans l’“unité didactique 2” :

« LES PEUPLES DU MONDE RECON-NAISSENT... ET LOUENT LE CRÉATEURAINSI SAINT FRANÇOIS LOUAIT LECRÉATEUR :

Loué sois-tu, Seigneur, pour toutes lescréatures. Pour notre frère le soleil,

« L’autel. C’est une table toujours “dressée”, qui nousrappelle la dernière cène de Jésus » (du livre :

“Come l’albero”). Ici, en style Clown (noter le maquillage du second prêtre…)

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pour notre sœur l’eau, pour notre mèrela terre qui produit tant de fruits, defleurs et d’arbres.

VOICI UNE PRIÈRE DES PEUPLES AFRI-CAINS :

Tu es notre père, ô Dieu ! Oh, nousvoulons te louer ! Oh, nous voulons deremercier ! Toi le père des pères ! Toi,ô Seigneur ! Toi, ô Dieu !

LES ANCIENS ÉGYPTIENS INVO-QUAIENT DIEU AVEC CETTE PRIÈRE :

Tu es Celui qui donne la vie à l’enfantdans le sein de sa mère. Tu souffleston haleine dans ce que tu as créé. Aujour de la naissance tu lui ouvris labouche à la parole. Et tu le nourrispour qu’il ne pleure pas.

CERTAINS PEUPLES DE L’ASIE LOUENTDIEU DE CETTE MANIÈRE :

Vers toi je crie en espérant ton aide.Toi, ô Dieu sage, tu es le Seigneur detoute chose, tu es le Roi de la terre etdu ciel : écoute-moi ! »

LES PEAUX-ROUGES INVOQUENT AINSILE GRAND ESPRIT :

Fais, ô grand esprit, que j’aime tous leshommes qui peuplent la terre. Fais queje puisse partager ma nourriture aveccelui qui a faim, que je puisse faire sou-rire celui qui pleure. C’est seulementainsi, ô Seigneur, que je me sentiraiprès de toi. »

Ce passage, qui constitue la deuxième le-çon donnée aux enfants, a pour but d’incul-quer dans leurs petites têtes qu’au fond,toutes les religions sont égales, que le DieuChrétien de saint François [étrange qu’ici ilsoit resté “saint” et ne soit pas seulementFrançois… !], celui des animistes africains(également celui des adorateurs de ser-pents ? !), des anciens égyptiens païens poly-théistes, des bouddhistes ou hindouistes etdes peaux-rouges de l’Amérique du nord estle même et qu’il n’y a aucune différenceentre l’un et l’autre. Au-dessus de ces di-verses manifestations du créateur et des dif-férentes manières de “reconnaître” la divini-té (adorer serait un mot trop fort…), il y a unDieu non identifié qui convient à tous (pro-bablement le maçonnique G.A.D.U., legrand architecte de l’univers…). Cette ma-nière de procéder porte à l’indifférentismereligieux dont il a déjà été question plus haut.

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En vain avons-nous parcouru les 32pages de ce livret pour chercher l’expres-sion “Sainte Trinité”, espérant qu’au moinsdans les chapitres suivants serait expliquéce dogme fondamental du christianisme.Rien de rien ! Pas de trace du Dieu Un etTrine. La vraie nature de Dieu n’est ni ex-pliquée ni mentionnée ! Peut-être ne veut-on pas blesser les “frères musulmans” oules “frères aînés”, les Juifs ? Mais ce livrene se définit-il pas dans le sous-titre “Textede religion catholique pour le premier cyclede l’école élémentaire” ? Comment peut-on prétendre enseigner la religion catho-lique et ne pas parler de la Sainte Trinité ?Je crois que nos légitimes interrogationsresteront sans réponse, mais serviront àfaire réfléchir nos lecteurs.

Autres omissions coupables. Il seraittrop long de dresser la liste de toutes leserreurs relevées dans ce “livre de religion”(qu’il serait plus correct d’appeler livred’irréligion !) : nous nous contenterons designaler certaines omissions, à notre avis,très graves. Nous n’avons pas trouvé ledogme du “péché originel” qui est rempla-cé par un plus simple “la désobéissance etla promesse”. Puisque la notion de péché,de faute, n’est pas expliquée, on ne trouvepar conséquent pas le concept de “rédemp-tion” (un autre mystère principal de notre

L’imprimatur du livre “Come l’albero”

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Foi qui est volontairement omis). En effet,si l’on ne sait pas ce qu’est le péché, on necomprend pas à quoi sert la rédemption etde quoi les hommes devraient êtrerachetés ; ces concepts fondamentaux sontremplacés par un vague et indéfini “Jésus.Il est né pour tous” (9) et “Jésus aide celuiqui souffre” (10). On dit de Jésus qu’il est le“fils de Dieu”, mais ceci est insuffisant etéquivoque (tout chrétien est “fils de Dieu”par adoption au moyen de la grâce sancti-fiante. Jésus l’est par Nature) si on n’affir-me pas clairement qu’il est Dieu et qu’onn’explique pas que dans sa Personne sontunies la nature divine et la nature humaine.La résurrection elle-même (“La lumière duressuscité illumine le monde”) est plutôt in-intelligible du fait de l’omission précédentedu péché originel. Même les dix comman-dements et les sept sacrements sont omis ;peut-être sont-ils eux aussi considérés com-me dépassés ou plus à la mode. La tactiquedu modernisme consiste en effet en la non-affirmation d’une vérité qui est ainsi “dé-passée” et qui n’est plus crue.

Modernisme. La définition de l’autelest en conformité avec la Nouvelle Messede Paul VI : « l’autel, c’est une table tou-jours “dressée”, qui nous rappelle la der-nière cène de Jésus » (11).

À la page 17, nous trouvons une poésiemultiethnique où l’accent négatif est missur les anges et sur les bergers, person-nages traditionnels de la crèche catho-lique : « J’AI DANS LE CŒUR UNECRÈCHE / SANS ANGES VOLANT, AVEC/ SEULEMENT UN VAGISSEMENT DENOUVEAU-NÉ. / JE NE VEUX PAS DEBERGERS / NI DE TROUPEAUX SURLES MONTS, / MAIS UN BOUQUET DECŒURS / ET DES YEUX DE VISAGESAFRICAINS, / CHINOIS ET INDIENS ».

Le jugement global sur ce texte ne peutqu’être profondément négatif : dans toutce qu’il ne dit pas, il favorise l’erreur, estconfus, porte à l’indifférentisme et contri-bue à donner de la religion une imageédulcorée et forcément bonasse ; tout àfait conforme aux directives de Vatican II.

Conclusion

Il est vraiment triste de constater quedes livres aussi hétérodoxes (pour ne pas

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dire hérétiques) sont imprimés avec les ap-probations ecclésiastiques requises de laCEI et signées par le cardinal Ruini. Nousnous demandons : les évêques qui les fontadopter dans leurs diocèses ont-ils lu ceslivres ? Avec quelle conscience permet-tent-ils que de telles énormités soient en-seignées (ou que les vérités fondamentalessoient tues) aux enfants et aux jeunes ca-tholiques ? Ces livres semblent enseignerune “nouvelle religion” qui n’est pas la reli-gion catholique. Les évêques et les autori-tés ecclésiastiques compétentes ont le de-voir précis de veiller sur l’orthodoxie destextes auxquels ils donnent l’imprimaturcomme saint Pie X y exhortait dans l’ency-clique Pascendi contre les modernistes :« ...faites tout au monde pour bannir toutlivre pernicieux, recourant, pour cela, s’il enétait besoin, à l’interdiction solennelle. [...]Ne vous laissez pas arrêter, VénérablesFrères, au fait que l’auteur a pu obtenird’ailleurs l’Imprimatur ; cet Imprimaturpeut être apocryphe, ou il a pu être accordésur examen inattentif, ou encore par trop debienveillance ou de confiance à l’égard del’auteur, ce qui arrive peut-être quelquefoisdans les Ordres religieux (…). Il est encoredu devoir des évêques, en ce qui regarde lesdroits entachés de modernisme et propaga-teurs de modernisme, d’en empêcher la pu-blication, et, publiés, d’en entraver le lecture[...]. Nous voulons donc que les Évêques,méprisant toute crainte humaine, foulantaux pieds toute prudence de la chair, sanségard aux criailleries des méchants, suave-ment, sans doute, mais fortement, prennenten ceci leur part de responsabilité, se souve-nant des prescriptions de Léon XIII, dans laConstitution Apostolique “Officiorum” :“Que les Ordinaires, même comme Délé-gués du Siège Apostolique, s’efforcent deproscrire les livres et autres écrits mauvais,publiés ou répandus dans leurs diocèses, etdes les arracher des mains des fidèles” ».Nous espérons que cet article fasse réflé-chir qui de droit, et si avant il y a eu négli-gence, qu’on intervienne maintenant pourmettre fin à l’enseignement de doctrinesaussi hétérodoxes (12), afin que la véritétriomphe et que l’erreur soit condamnée.

Une dernière réflexion : combien sontloin de la clarté et de la simplicité du caté-chisme de saint Pie X ces livres de religion

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modernes (et modernistes) ; comme ils sontloin aussi du “est est non non” évangélique !En pensant, enfin, aux pauvres enfants quidoivent se “former” sur ces textes, nousvient à l’esprit l’Évangile où le Seigneur dit :“Mais quand le Fils de l’homme viendra,trouvera-t-il encore la foi sur la terre ?” (LcXVIII, 8). Pour ceux qui ont écrit ces texteset ceux qui les ont approuvés, nous vient àl’esprit cet autre passage de l’Évangile où Jé-sus dit : “Il est impossible qu’il n’arrive desscandales ; mais malheur à celui par qui ilsarrivent ! Il vaudrait mieux pour lui qu’onmît autour de son cou une meule de moulin etqu’on le jetât dans la mer, plutôt que de scan-daliser un de ces petits” (Lc XVII, 1-2).

Notes

1) Tout catholique est tenu à se soumettre avec as-sentiment intérieur aux décrets de la Commission Bi-blique Pontificale puisqu’il s’agit d’un organe du Saint-Siège assimilé aux Sacrées congrégations Romaines,ainsi que le déclarait le pape saint Pie X : “C’est pour-quoi Nous considérons qu’il faut déclarer et ordonner,comme Nous déclarons et ordonnons expressément,que tous sans exception sont tenus en conscienced’obéir aux décisions de la Commission biblique ponti-ficale, à celles qui ont été émises comme à celles qui leseront, de la même manière qu’aux décrets des SacréesCongrégations qui ont trait à la doctrine et qui ont étéapprouvées par le souverain pontife ; que tous ceuxqui, en paroles ou par des écrits, attaqueront ces déci-sions ne pourront éviter la note de désobéissance ou detémérité, et se chargeront la conscience d’une fautegrave, sans parler du scandale qu’ils peuvent causer etd’autres responsabilités qu’ils peuvent encourir devantDieu pour leurs propos différents, téméraires et erro-nés, comme souvent, en ces matières” (Les décisions dela C.B.P. et les peines contre les transgresseurs des pres-criptions antimodernistes, motu proprio de saint Pie X18/11/1907, in EB 271 ; D 2113).

2) FLAVIO PAJER, la Religione i fatti i segni la vita,op. cit., vol. I.

3) FLAVIO PAJER, la Religione i fatti i segni la vita,op. cit., vol. II, p. 12. Mais qui est cet auteur qui maltrai-te ainsi la Sainte Église, sa Mère ? En cherchant sur in-ternet, j’ai découvert que “Flavio Pajer est enseignantde Pédagogie et Didactique des religions à l’UniversitéPontificale Salésienne de Rome et à l’Université Catho-lique d’Abidjan (Côte-d’Ivoire). Il s’est occupé de théo-ries de l’éducation, avec un regard particulier sur l’édu-cation religieuse, et de la question de la liberté religieu-se dans la société européenne, sur l’issue de la moderni-té et l’hégémonie culturelle de la tradition chrétienne”.Pajer se révèle être un œcuméniste acharné puisqu’en2000 il fut cosignataire, avec des théologiens protes-tants, d’une “Déclaration conjointe des théologiens ca-tholiques Flavio Pajer, Carlo Molari et Luca De Santis etdes théologiens évangéliques Ermanno Genre et PaoloRicca” par laquelle ils critiquent la “Note sur l’expres-sion ‘églises sœurs’” et la Déclaration Dominus Jesus de

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la Congrégation pour la Doctrine de la foi du cardinalRatzinger. Dans cette déclaration conjointe, on affirmeentre autres que : « Le choix œcuménique est irréver-sible pour tous. Du côté catholique il a été affirmé avecautorité : “Au Concile Vatican II, l’Église catholiques’est engagée de manière irréversible à prendre la voie dela recherche œcuménique, se mettant ainsi à l’écoute del’Esprit du Seigneur qui apprend à lire attentivement les‘signes des temps’ (Ut unum sint, n. 3)” ». Pajer a tra-vaillé à l’« édification de la “maison commune” de lachrétienté européenne, dans les assemblées de Bâle(1989) et Graz (1997) » et à la “Déclaration communesur la justification par la foi” de l’Église catholique et dela Fédération des Églises luthériennes, ainsi qu’au“Texte commun sur les mariages mixtes” approuvé parl’Église catholique et par l’Église vaudoise. Malgré tout,ce “théologien œcuméniste” qui critique (à gauche)Ratzinger, semble jouir de l’entière confiance de la CEIqui lui accorde l’imprimatur pour ses livres et les adoptepour l’enseignement de la Religion dans les écoles.“Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es…” dit le dic-ton populaire.

4) FLAVIO PAJER, op. cit., vol. II, p. 19.5) FLAVIO PAJER, op. cit., vol. II, p. 28.6) FLAVIO PAJER, op. cit., vol. II, p. 40.7) FLAVIO PAJER, op. cit., vol. II, pp. 53-54.

Quelques lignes auparavant, on trouve l’éloge du Bo-hémien : “Jean Hus qui accepta le supplice du bû-cher pour défendre le primat de l’Évangile contrel’abus du pouvoir politique et l’autoritarisme del’Église”.

8) Traduction du titre : “Comme l’arbre. Texte dereligion catholique pour le premier cycle de l’école élé-mentaire”. Ce livre a lui aussi le Nihil Obstat de laCEI, du 14/10/1996 signé par le cardinal Camillo Rui-ni, et l’imprimatur de la curie de Bologne(22/10/1996).

9) “Come l’albero. Testo di religione…” op. cit. p. 17.10) “Come l’albero…” op. cit. p. 23.11) “Come l’albero…” op. cit. p. 30.12) L’orthodoxie de l’enseignement de la doctrine

religieuse aux enfants a toujours été une préoccupa-tion constante de l’Église et des derniers papes commeon peut le constater par les citations rapportées ci-des-sous qui complètent celles de Pascendi de saint Pie X.

Pie VII : “DIU SATIS” (15 mai 1800) : « ... Il estcependant une portion de ce troupeau qui, plus quetoutes les autres, réclame tout ce que votre tendressepaternelle peut vous inspirer d’attention, d’applica-tion, d’intérêt et d’activité : c’est le jeune âge [...]Quels sont les supérieurs qui dans les séminaires et lescollèges reçoivent sous leur responsabilité l’enfanceou la jeunesse ? Quelles leçons y donne-t-on, quel estle choix des maîtres ? Quelles classes y sont établies ?Autant de points qui doivent attirer toutes vos obser-vations, toutes vos investigations, toute votre sagacité; ayez l’œil ouvert sur tout. Excluez, repoussez au loinces “loups ravisseurs qui n’épargneraient point cetroupeau” d’agneaux innocents. S’il s’en glisse, chas-sez-les au plus tôt sans pitié, “en vertu de la puissanceque le Seigneur vous a donnée pour l’édification” ».

Pie IX : “NOSCITIS ET NOBISCUM” (8 dé-cembre 1849) : « Veillez à ce qu’en rien ni pour rien,mais surtout en ce qui touche les choses de la Reli-gion, on n’emploie dans les écoles que des livresexempts de tout soupçon ».

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Lettre à la rédaction (les consécra-tions épiscopales selon le

nouveau rite)

Monsieur l’Abbé,Un ami m’a envoyé votre revue Sodali-

tium n° 54 fr. et j’ai apprécié votre doctri-ne sur l’élection du Pape. Vous soutenez,à raison, qu’à partir de Paul VI compris lePape n’est plus Pape – formaliter –. Quepensez-vous des évêques consacrés de-puis lors? (…)

Dr. C. M., Paris.

Cher lecteur,La position de l’Institut sur l’épiscopat

depuis le Concile Vatican II est toujours lamême depuis vingt ans, autrement dit de-puis sa fondation.

Pour ce qui est du pouvoir de juridic-tion, les évêques nommés par les occupantsdu Siège apostolique (Paul VI, Jean-PaulIer et Jean-Paul II) n’ont pas l’autorité, pasplus que ne l’ont les occupants en question.Pourtant ils ont été canoniquement nom-més aux divers sièges épiscopaux. Parconséquent, s’ils témoignaient publique-ment de la foi catholique et abjuraient leserreurs enseignées par Vatican II, ils pour-raient recevoir en acte l’autorité, devenirformellement évêques de l’Eglise catho-lique et agir en son nom.

Quant au pouvoir d’ordre, votre ques-tion concerne la licéité et la validité dunouveau rite de consécration épiscopale,promulgué le 18 juin 1968 et entré en vi-gueur le 6 avril 1969 (“dans l’intervalle,écrit Mgr Bugnini, le rite fut concédé ‘adexperimentum’ pour des cas particuliers”).Sur la question il ne manque pas d’étudessérieuses et fondées, et notre revue, en sontemps, (n° 47, décembre 1998, pp. 80-82),signala les études, tout à fait officielles, duPère Van Gunten o.p. sur l’invalidité desordinations anglicanes (Fontes archiviSancti Officiali Romani, La validité des or-dinations anglicanes, Olschki, Firenze,1997, avec préface du cardinal Ratzinger);

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dans cette étude l’auteur et son disciple lePère Morerod admettaient la ressemblanceimpressionnante entre la réforme anglicaneet la réforme montinienne de la liturgie dusacrement de l’Ordre. Or Léon XIII décla-ra invalides les ordinations anglicanes(lettre Apostolicæ curæ).

Notre position en ce qui concerne la li-céité est la suivante: il n’est pas licite à unprêtre ou à un évêque catholique d’utiliserles livres liturgiques réformés suite à Vati-can II, et il n’est pas licite à un catholiquede recevoir les sacrements administrés se-lon ces rites réformés, non plus que deprendre une part active à ces cérémonies li-turgiques.

Quant au problème de la validité, ilpeut être examiné de deux points de vue,l’intrinsèque et l’extrinsèque. Dans le pre-mier cas, on devra évaluer si dans les ritesréformés subsistent les conditions pour lavalidité des sacrements: la forme, la matiè-re, le ministre validement ordonné qui aitl’intention de faire ce que fait l’Eglise. Laforme et la matière peuvent prendre une si-gnification différente – dans certains cas –selon le contexte. L’intention du ministrene dépend pas de sa foi ou de sa vertu.Etant interne, on ne peut en être juge; onpeut en juger cependant dans la mesure oùelle est manifestée extérieurement. Si leministre adopte le rite de l’Eglise, il mani-feste – sauf preuve du contraire – qu’il al’intention de l’Eglise; s’il n’adopte pas lerite de l’Eglise, il manifeste l’intentioncontraire.

Cette observation nous introduit au cri-tère extrinsèque auquel nous faisions allu-sion plus haut. Avant même d’examiner letexte et le contexte des rites réformés, nousdevons nous demander s’ils sont, oui ounon, des rites de l’Eglise catholique. En ef-fet un rite liturgique de l’Eglise catholiquene peut poser de problèmes de licéité ou,encore moins, de validité. Il est certaine-ment licite, et il est même de notre devoir,d’utiliser le rite de l’Eglise catholique. Unrite de l’Eglise ne peut causer l’invaliditédu sacrement. Enfin, il ne peut rien y avoirde contraire à la foi ou à la morale dans unrite de l’Eglise. Par conséquent, si le rite dela Messe et celui des sacrements, y compriscelui de l’ordination épiscopale, ont étépromulgués après Vatican II par un Pape

Controverses

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légitime, ils sont – cela ne fait pas de doute– des rites de l’Eglise catholique, ils nepeuvent être mauvais, illicites ou invalides.Si, au contraire Paul VI n’a jamais été oun’était déjà plus le Vicaire du Christ lors-qu’il a inauguré la réforme liturgique post-conciliaire, rien ne nous garantit leur vali-dité, car il ne s’agit pas de rites de l’Eglisecatholique. Sur ce point, la FraternitéSaint-Pie X est dans l’erreur en pensantqu’un rite approuvé par le Pape (tel estPaul VI à leurs yeux) peut être mauvais,illicite ou carrément, en certains cas, invali-de (pour la Fraternité, par exemple, il fautconsidérer comme invalide le nouveau ritede la confirmation et, pour Mgr Tissier deMallerais, le rite de l’ordination épiscopa-le).

L’Institut Mater Boni Consilii, en soute-nant que le Siège apostolique est formelle-ment vacant (mais pas matériellement) de-puis au moins le 7 décembre 1965, considè-re que tous les livres liturgiques promul-gués après cette date ne sont pas des livresliturgiques de l’Eglise catholique et parconséquent que – depuis lors – la Messe cé-lébrée selon le nouveau rite et les sacre-ments conférés à ses administrés selon lerite post-conciliaire sont de validité dou-teuse et donc, vu le “tutiorisme” en matiè-re de validité des sacrements – comme pra-tiquement nuls et invalides. Ceci vaut éga-lement pour le nouveau rite de consécra-tion épiscopale qui vous intéresse. Uniqueexception, en principe, à cette règle: les sa-crements de baptême et de mariage,puisque, pour le premier, la formule trini-taire et l’emploi de l’eau toute simple suffi-sent à la validité, et que le second dépendseulement du consentement des époux(quand on n’est pas tenu à la forme cano-nique du mariage).

Récemment, une campagne a été lan-cée, via “internet”, par une association de“traditionalistes” et “sédévacantistes” fran-çais sur le thème de l’invalidité des consé-crations épiscopales selon le nouveau rite.Le but de cette campagne: démontrer quel’“Eglise conciliaire” est une fausse église àla traîne de l’église anglicane, car sesévêques n’ont pas été validement consacrés.Cette campagne informatique a aussi pourbut d’attaquer “Mgr Sanborn”, “Verrua”etc, lesquels auraient tu cette vérité, tandis

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que Mgr Lefebvre, aux intentions toujoursexcellentes et de parfaite bonne foi, auraitété trompé à ce propos par ses mauvaisconseillers. A qui lance lesdites campagnes,nous voudrions suggérer une plus grandeprudence. Les prêtres américains ont traitéde ces sujets dès 1981, bien avant que cetteassociation s’aperçoive, c’était avant-hier,de l’invalidité des nouveaux rites. Et “Ver-rua” a aussi toujours soutenu cette position.Par ailleurs, il n’est pas vrai que, n’étant pasvalidement consacrés, les évêques conci-liaires ne peuvent en aucune façon occuperles sièges épiscopaux matériellement et, encas d’abjuration des erreurs, également for-mellement. On sait en effet que, dansl’Eglise, la juridiction n’est pas le pouvoird’ordre, et qu’un laïc peut être élu Pape ounommé évêque d’un diocèse sans posséderencore le caractère sacerdotal ou épiscopal.En ce cas, il suffit que le laïc en question(ou simple clerc ou prêtre) accepte d’êtreordonné, au moins sub conditione. C’estpourquoi les évêques qui occupent lessièges épiscopaux quoique n’ayant pas reçuvalidement la consécration épicopale,conservent la nomination canonique à leursiège épiscopal, et, par conséquent, sont en-core “évêques materialiter” pour ce qui re-garde la juridiction, même s’ils ne sont pasévêques pour ce qui regarde le pouvoird’ordre. Ceci vaut aussi pour un élu éven-tuel au Siège de Pierre dans un futurconclave: même s’il n’avait pas reçu uneconsécration épiscopale valide, il resteraittoujours la personne canoniquement dési-gnée au pontificat. Enfin, on oublie quetous les évêques en communion avec Jean-Paul II (et donc évêques materialiter) quiont été consacrés avec le rite oriental outout autre rite traditionnel, sont réellementévêques quant au pouvoir d’ordre; il n’estdonc pas vrai que ladite “église conciliaire”n’aurait plus ou n’aura plus d’ici peu desévêques validement consacrés dans sesrangs. Aussi la conclusion que cette asso-ciation prétend tirer du fait que le nouveaurite de consécration épiscopale peut être in-valide est totalement privée de fondement,et ne porte pas la moindre atteinte à la thè-se dite de Cassiciacum.

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Faux faussaires et vrais calomnia-teurs. La revue “Sub Tuum Præsi-dium” a le devoir de se rétracter, ettous, nous avons besoin de réfléchir

Par M. l’abbé Francesco Ricossa

C’est en 1978 que l’abbé Vincent-MarieZins fut ordonné diacre par Mgr Mar-

cel Lefebvre, à Ecône. Expulsé ensuite duséminaire de la Fraternité Saint-Pie X, iln’a jamais reçu le sacerdoce, mais il est de-meuré fidèle aux obligations qui dériventde l’ordre sacré reçu en son temps. Il pu-blie depuis quelques années à Saint-Léger-en-Charnie une revue sédévacantiste inti-tulée Sub Tuum Præsidium dont il estl’unique collaborateur. J’ai sur mon bureautrois numéros de sa revue (78-79-80, res-pectivement de juin, novembre et dé-cembre 2004) entièrement consacrés àcombattre la Thèse théologique dite deCassiciacum du Père M.-L. Guérard desLauriers, thèse adoptée depuis 1986 parnotre revue Sodalitium et par l’Institut Ma-ter Boni Consilii. L’abbé Zins y annonçaitla publication de deux autres numéros dé-diés à la Thèse et à ce qu’il appelle le “gué-rardisme”, numéros qui devraient être déjàparus mais qui ne me sont pas parvenus (jene suis pas abonné à la revue); j’ignoredonc le contenu des numéros 81 et 82 (s’ilsont été édités). D’ailleurs, il n’est pas dansles intentions de cet article de répondreaux interminables objections de l’abbéZins et qui durent depuis des années.

Par contre, il est de mon devoir, parrespect pour le bon renom de mon sacer-doce et de la revue que je dirige, de répli-quer à une accusation très grave, et toutaussi injustifiée, qui m’est adressée: celled’être un faussaire. Les lecteurs des deuxrevues (Sodalitium et Sub Tuum Præsi-dium) pourront en effet éventuellementdiscuter librement de la validité de la Thè-se de Cassiciacum, comme de toute autrethèse théologique (entre autres celle del’abbé Zins); peut-être aussi n’arriveront-ils pas à s’y retrouver dans la discussion …Mais l’authenticité ou la fausseté d’un do-cument est facile à constater. A chacundonc de juger qui est le faussaire et qui,éventuellement est le calomniateur. Enfin,

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de cet épisode, je me permettrai de tirerune leçon utile à tous, et qui dépasse laquestion à l’origine de cette réflexion.

La grave accusation de Sub Tuum Præsi-dium

…Se trouve dans le n. 79, septembre2004, aux pages 9 et 10, au point 15 e).L’auteur écrit: “Un artifice semblable [à unautre attribué à la revue Sous la Bannière,n.d.a.] a été employé dans la revue ‘guérar-dienne’ Sodalitium, n. 44 (7/1997) [éditionfrançaise, n.d.a.]. Après avoir cité (note 39,p. 21) un authentique décret du Saint-Office,daté du 13/3/1669, distinguant en des ordi-nations schismatiques la validité du rite em-ployé du caractère illicite et peccamineux,l’abbé Ricossa cite un pseudo-décret du6/6/1639 permettant d’absoudre ceux s’étantadressés en raison d’une juste cause à desévêques schismatiques pour des ordres sa-crés, avec l’étonnante et contradictoire ‘justi-fication: puisqu’ils ne pèchent pas en le vou-lant, suivi de ce commentaire [de l’abbé Ri-cossa, n.d.a.]: ‘Ce décret n’est plus en vi-gueur, mais il confirme combien il est fauxde dire que le fait de recevoir les ordres d’unacatholique implique, toujours et en soi, unpéché de schisme ou d’hérésie…’” (p. 9 deSub Tuum Præsidium).

Après avoir cité Sodalitium, l’abbé Zinspoursuit entre crochets: “Or, parmi les ré-ponses des Sacrées-Congrégations, la collec-tion officielle (Collactanea) de ceux duSaint-Office ne comporte pas celle préten-due [réponse, n.d.a.] à la date indiquée de1639. Ce que sait l’abbé Ricossa qui, dansune correspondance privée du 4/7/1995, apu fournir une photocopie d’une page del’Edition Collactanea pour le vrai décret,mais a usé d’un simple texte tapé à la machi-ne pour le faux!?” (p. 10).

L’abbé Zins, triomphant, peut ainsi appli-quer au faussaire (l’abbé Ricossa) le canon2360 du code de droit canon: “§1. Tous lesfabricateurs ou faussaires de lettres, décretsou rescrits du Siège Apostolique, et ceux quiutilisent en le sachant de tels faux encourentipso facto une excommunication spécialementréservée au Siège Apostolique. § 2. Les clercscommettant ce délit doivent être en outre sou-

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mis à d’autres peines qui peuvent aller jusqu’àla privation du bénéfice, office, dignité et pen-sion ecclésiastiques; les religieux doivent êtreprivés de tous les offices qu’ils ont et de leurvoix active ou passive, en plus d’autres peinesétablies en leurs propres constitutions.” (p. 10de Sub Tuum Præsidium).

Ne jouissant d’aucune pension, dignité,office et bénéfice ecclésiastiques… je n’airisqué que l’excommunication! Et le lecteurde Sub Tuum Præsidium, n’ayant pas lapossibilité de vérifier les affirmations del’abbé Zins, aura la certitude que le ‘guérar-dien’ abbé Ricossa est un faussaire de dé-crets pontificaux excommunié ou dans lameilleure des hypothèses il nourrira dessoupçons à son égard. Il est évident que, sicela était vrai, personne ne pourrait plusavoir confiance en l’abbé Ricossa, ni en tantqu’homme ni en tant que prêtre, ni avoirconfiance par conséquent en la revue qu’ildirige. Mais si, par contre, l’accusation estcalomnieuse, quelle confiance pourra-t-onavoir désormais dans les écrits de l’abbéZins contre la Thèse de Cassiciacum? La“bérésina doctrinale du guérardisme” ne de-viendrait-elle pas plutôt la “bérésina mora-le” de l’abbé Zins?

Le texte de l’abbé Ricossa mis sousaccusation

Voyons maintenant le texte de l’abbéRicossa mis sous accusation par l’abbéZins. Ce texte se trouve effectivement dansle n° 44 de l’édition française deSodalitium, à la note 39 de la page 21. Dansl’édition italienne il s’agit de la note 39, à lap. 29, de l’opuscule: Le Consacrazioni Epi-scopali nella situazione attuale della Chiesa.Risposta all’articolo di don H. Belmont édi-té par notre Centro Librario Sodalitium, ettoujours en vente actuellement. Pour laquestion qui nous intéresse, voici ce que ditla “fameuse” note 39:

“A propos d’évêques sacrés par des aca-tholiques, voir également le décret du Saint-Office du 13/03/1669 (la consécration est va-lide mais illicite, ce pour quoi l’évêque doitêtre dispensé de l’irrégularité et relevé de lasuspens a divinis) cf. Collectanea S. Congre-gationis de Propaganda Fide, vol. I, n. 177,

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Roma, 1907. Un décret du Saint-Office du06/06/1639 se montre encore plus large. Ilpermet de recevoir les ordres sacrés‘d’Evêques grecs et le plus souvent schisma-tiques’… s’il existe une cause juste! (“Posseabsolvi volentes ex iuxta causa accedere adespiscopos schismaticos excommunicatostoleratos, cum taliter volendo non peccent”)(Codificazione Canonica Orientale – Fonti,fasc. I, part. I, Typographia Polyglotta Vati-cana, 1930, p. 79). Ce décret n’est plus en vi-gueur, mais il confirme combien il est fauxde dire que le fait de recevoir les ordresd’un acatholique implique, toujours et ensoi, un péché de schisme ou d’hérésie, com-me le prétend l’abbé Zins”.

Ce que Sub Tuum Præsidium a caché à seslecteurs

Le lecteur de Sodalitium (pas celui deSub Tuum Præsidium) a maintenant sousles yeux les deux textes, celui de l’abbéZins, qui cite l’abbé Ricossa, et celui del’abbé Ricossa lui-même. Une chose sauteaux yeux immédiatement: l’abbé Ricossaavait cité – dans ses moindres détails – lasource du décret de 1639 qui, pour l’abbé

Frontispice du livre cité ”Codificazione CanonicaOrientale - Fonti“

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Zins, serait un faux. Le décret de 1639 –faux? authentique? – se trouverait pourl’abbé Ricossa dans un volume de 1930, im-primé au Vatican, et intitulé CodificazioneCanonica Orientale. Fonti. Ce “détail” a étéomis par l’abbé Zins. Les lecteurs de SubTuum Præsidium l’ignorent. C’est ainsi quel’abbé Zins peut leur expliquer avoir cher-ché ce décret dans la Collectanea, et ne pasl’avoir trouvé. Donc il s’agit d’un faux! Leproblème – pour la bonne foi de l’abbé Zins– réside dans le fait que j’ai indiqué de fa-çon précise la source du décret en question,et que cette source n’est pas la Collectanea,mais le volume Codificazione CanonicaOrientale. L’abbé Zins ne l’ignore pas. Seslecteurs, oui, parce que l’abbé Zins le leur acaché. Si Sub Tuum Præsidium avait citéma note in extenso, personne n’aurait étésurpris du fait que l’abbé Zins n’ait pastrouvé dans un livre un décret qui était indi-qué comme se trouvant dans un autre…

La correspondance privée de l’abbé Ricos-sa. Ne valait-il pas mieux chercher dansune bibliothèque?

Mais l’abbé Zins n’est pas d’accordavec le décret du Saint-Office de 1639, quicontredit ses certitudes. DONC ce doitêtre un faux. Un faux de l’abbé Ricossa.Pour en avoir la certitude, le rédacteurunique de Sub Tuum Præsidium aurait dûavoir la patience de chercher, dans une bi-bliothèque bien fournie le volume indiquécomme source par l’abbé Ricossa. Eh biennon. L’abbé Zins fait appel à la correspon-dance privée de l’abbé Ricossa avec unetierce personne. Une lettre de 1995 (l’ar-ticle est de 1997). Dans ladite lettre privée,l’abbé Ricossa n’envoyait pas à son corres-pondant la photocopie du “vrai” décret, ti-ré de la Collectanea, mais seulement untexte tapé à la machine du “faux” décret.Ce détail est exact, mais tant mon corres-pondant que l’abbé Zins, se sont bien gar-dés de m’en demander le motif: pour l’ab-bé Zins tout était clair, évident: le texte dudécret, c’est moi, le faussaire “guérardien”qui l’avais inventé et tapé à la machine…

Cet incident me permet de rendre àchacun ce qui lui est dû, en l’occurrence dedonner à l’abbé Sanborn ce qui revient àl’abbé Sanborn. Oui, parce que le texte des

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deux décrets n’est pas le fruit de meslongues recherches (et encore moins demes inventions), mais il est le fruit des pa-tientes et scrupuleuses recherches du révé-rend Donald Sanborn (à ce jour, Mgr San-born) menées en 1991 à la bibliothèque del’Université pontificale de Washington, quime communiqua le résultat de ses étudespar une lettre du 3 mai 1991. La lettre enquestion accompagnait un vaste dossier dedocuments sur le thème des consécrationsépiscopales, parmi lesquels figuraient lesdeux fameux décrets, le “vrai”, photocopiéà partir du volume de la Collectanea, et le“faux” (pour l’abbé Zins) seulement tapé àla machine: l’abbé Sanborn, évidemment,n’avait pas pensé à le photocopier. Dans letexte tapé à la machine que m’envoyaitl’abbé Sanborn (texte en possession del’abbé Zins grâce à mon correspondant), ladate du décret n’est pas celle du 6 juin1639, comme je l’ai écrit par erreur, maisdu 7 juin 1639: le lendemain.

Un texte faux, inventé, donc, que celuique m’a envoyé l’abbé Sanborn en 1991 etque je cite dans un opuscule de 1997? L’ab-bé Zins aurait dû vérifier en bibliothèque.Il ne l’a pas fait. C’est moi qui l’ai fait.

Le “faux” décret se trouve effectivementdans la source citée. Nous en avons (et pu-blions) les preuves [p. 50]

Il ne m’a pas été nécessaire de me dé-placer. Il m’a suffi de demander à deuxamis romains de contrôler à la Biblio-thèque de l’Université pontificale grégo-rienne. Voici la photocopie du frontispicede la Codificazione Canonica Orientale, vo-lume publié par la Sacrée CongrégationOrientale. Et voici les photocopies despages 79 et 81 avec le décret en question(la page 80 est blanche). Décret authen-tique, on ne peut plus authentique. Maisalors, calomnie authentique aussi que cellepubliée à mon endroit et à l’endroit de So-dalitium par l’abbé Zins.

La gravissime accusation est donc une ca-lomnie qui doit être publiquement rétractée

Étant établi que l’accusation émise parSub Tuum Præsidium est fausse, il ne restequ’à rappeler ce qu’enseigne le catéchisme.

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Je citerai le grand catéchisme de saint PieX (Itinéraires, suppl. au n. 143, mai 1970,Chap III: Les commandements qui concer-nent le prochain. §5.- 8ème commande-ment, pp. 183-184) :

Qu’est-ce que le mensonge pernicieux?Le mensonge pernicieux est l’affirma-

tion d’une chose fausse qui fait tort auprochain.

Quel péché est le mensonge?Quand le mensonge est joyeux ou offi-

cieux, c’est un péché véniel; mais s’il estpernicieux, c’est un péché mortel si le pré-judice causé est grave.

Pour celui qui a péché contre le huitièmecommandement, suffit-il qu’il s’en confesse?

Pour celui qui a péché contre le huitiè-

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me commandement, il ne suffit pas qu’ils’en confesse; il est obligé de rétracter cequ’il a dit de calomnieux contre le pro-chain, et de réparer du mieux qu’il le peutles dommages qu’il lui a causés.

Que nous ordonne le huitième comman-dement?

Le huitième commandement nous or-donne de dire quand il le faut la vérité, etd’interpréter en bien, autant que nous lepouvons, les actions de notre prochain.

Une leçon pour nous tous

Les paroles de saint Pie X m’incitent àlaisser le triste épisode dont j’ai parléjusque-là, pour aborder le problème plusgénéral de la calomnie et de la diffamation.

En évidence, le décret cité par le livre ”Codificazione Canonica Orientale - Fonti“ (la p. 80 est blanche)

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Il est des revues – même catholiques et mê-me fidèles à la tradition – qui semblent spé-cialisées en cette façon d’agir, calomniantun peu tout le monde, sans en exclure, ré-cemment encore, notre Institut. Mais ledanger de pécher, ou du moins d’errer, me-nace tout le monde. Je ne me rappelle pasque Sodalitium ait jamais calomnié sciem-ment quiconque, du moins dans le sens d’at-tribuer faussement à quelqu’un des parolesjamais dites et des écrits ou actions qu’il n’ajamais commises. Je ne peux cependant pasexclure l’erreur, de même que je ne peuxexclure la bonne foi de la revue qui m’afaussement accusé de faux. Le fait est quesouvent les passions nous aveuglent et nousportent à considérer comme évident ce quine l’est pas, et à violer souvent objective-ment la vérité, la justice ou la charité. Je suisdonc le premier à présenter mes excuses aucas où j’aurais calomnié quelqu’un et à priersincèrement que me soient indiquées les er-reurs éventuellement commises (non pasdans les idées que nous défendons, maisdans les faits, écrits ou paroles éventuelle-ment attribués faussement à d’autres).

On ne rappelle jamais assez la règle dic-tée par saint Ignace au début de ses Exer-cices Spirituels:

“…il faut présupposer que tout hommevraiment chrétien doit être plus disposé à jus-tifier une proposition obscure du prochainqu’à la condamner. S’il ne peut la justifier,qu’il sache de lui comment il la comprend; ets’il la comprend mal, qu’il le corrige avecamour; et si cela ne suffit pas, qu’il cherchetous les moyens convenables pour le mettredans la voie de la vérité et du salut.” (n° 22).

On nous objectera à cette modération,que le Christ lui-même, les Apôtres et lesEvangélistes, les Pères et les Docteurs del’Eglise, les auteurs catholiques n’ont jamaismanqué de polémiquer, et même, âpre-ment, avec les ennemis de Dieu et de l’Egli-se. Sans doute. Ils l’ont fait, certes, mais àdeux conditions: 1) qu’il s’agisse véritable-ment d’ennemis de Dieu et de l’Eglise, etnon de… nos propres ennemis; 2) et mêmeen ce cas (où il s’agit d’ennemis de Dieu etde l’Eglise), que la vérité soit sauve.

Les controverses, même enflammées,entre catholiques, sur des questions encore

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librement en discussion, n’ont jamais man-qué dans l’histoire de l’Eglise. Naturelle-ment, il n’est pas possible que tous aientraison: dans ces controverses il y a ceux quiavaient ou ont raison, et ceux qui avaientou ont tort; cependant, tant qu’elle n’a pasconsidéré comme opportun de se pronon-cer, l’Eglise a toujours imposé aux adver-saires la modération, et elle leur a toujoursinterdit d’échanger des accusations réci-proques d’hérésie ou autres censures (DS2167, 2679, 3625). Sont demeurées célèbresà ce propos les disputes sur le PrécieuxSang entre dominicains et franciscains (DS1385), celle sur l’Immaculée Conceptionentre ces mêmes ordres religieux (DS 1426)et résolue seulement avec la définition dog-matique de Pie IX, celle entre dominicainset jésuites, ouverte aujourd’hui encore, surla Grâce (DS 1997, 1997a, 2510, 2564-2565), celle sur la nécessité de la contrition(DS 2070), celle, toujours entre domini-cains et jésuites, sur les systèmes moraux.Dans tous ces cas il était licite de défendresa propre opinion théologique, et même deréfuter l’opinion de l’adversaire, en enmontrant le danger, mais il n’était pas licitede prévenir le jugement de l’Eglise par descondamnations et des censures.

Quant aux hérétiques, aux schisma-tiques, ou à leurs adeptes, la doctrine catho-lique enseigne par contre que l’on peut etdoit parfois même tout faire pour les discré-diter, même publier leurs défauts; il existecependant une limite: la vérité. Un auteur,certes peu suspect de libéralisme, Don FelixSarda y Salvany, écrit en effet dans sonœuvre célèbre, Le libéralisme est un péché:

“Ainsi donc il convient d’enlever touteautorité et tout crédit au livre, au journal etau discours de l’ennemi, mais il convientaussi, en certains cas, d’en faire autant poursa personne, oui, pour sa personne qui estincontestablement l’élément principal ducombat, comme l’artilleur est l’élément prin-cipal de l’artillerie et non la bombe, lapoudre ou le canon... Il est donc licite encertains cas de révéler au public ses infa-mies, de ridiculiser ses habitudes, de traînerson nom dans la boue. (…). Il importe seu-lement de ne pas mettre le mensonge auservice de la justice. Cela non, sous aucunprétexte il ne peut être porté atteinte à lavérité, même d’un iota.” (chap. XXIII).

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Il serait bon de ne jamais l’oublier, mê-me dans le feu des polémiques les plus en-flammées …

Enfin: acribie

L’acribie, dit le Larousse universel de1922, est “la qualité de l’érudit qui travailleavec le soin le plus scrupuleux”. L’acribie,dans la question qui a été à l’origine de cetarticle, aurait consisté de ma part à ne pasme tromper (d’un jour) dans la date du fa-meux document. L’acribie, pour l’abbé Zins,aurait consisté à consulter en bibliothèque lasource citée, avant d’accuser un prêtre defaux; il aurait évité une erreur qui ne fait pashonneur à sa personne et à la thèse qu’il dé-fend. En ce qui concerne Sodalitium, l’acri-bie a consisté à faire cette diligente re-cherche que les autres n’ont pas faite, etqu’aujourd’hui nous pouvons publier.

La hâte, la passion, le manque de sé-rieux, et pis encore d’honnêteté intellec-tuelle, le manque de discernement et de lacapacité d’opérer les distinctions dues, lemanque d’objectivité ou d’amour de la vé-rité… voilà autant d’ennemis d’une acribiesaine, ni pédante ni présomptueuse.

Dans les polémiques actuelles quiconfrontent les catholiques d’aujourd’hui àtant d’ennemis, l’acribie est importante,d’abord pour rendre hommage à la véritéqui est l’unique charité que l’on doit à l’his-toire, mais aussi pour produire des étudessérieuses, fiables, convaincantes, qui puis-sent véritablement faire triompher la bonnecause dans le combat des idées. Nous invi-tons donc tous les amis qui veulent défendrela Tradition de l’Eglise à pratiquer cette ver-tu qui, bien que petite, peut faire cependantéviter de grands vices et de grandes sottises.

Dans ce numéro de Sodalitium, vous pouvezlire (p. 3) un communiqué de l'Institut

Mater Boni Consilii sur la mort de Jean-Paul IIet le prochain Conclave, dans lequel on peut li-re, entre autres : "Sa mort ouvre maintenant,avec un nouveau Conclave, la possibilité del'élection à la Chaire de Pierre d'un vrai Ponti-fe, légitime successeur de Pierre".

Si - comme cela semble inévitable [cf. p. 53,le communiqué de l'Institut sur l'élection de Jo-

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seph Ratzinger] - c'est un cardinal ou un prélatqui jusqu'à maintenant a été dans l'obédiencede Jean-Paul II qui est élu, et qui, par consé-quent, a été en état de "schisme capital", onnous a demandé quelle sera notre position. Lereconnaîtrez-vous comme formellement Pape,jusqu'à preuve du contraire, ou bien le considé-rerez-vous comme un simple "pape" materiali-ter, privé d'Autorité, tant qu'il n'aura pas rom-pu ouvertement avec les erreurs de Vatican II ?L'abbé Hervé Belmont a répondu à cette ques-tion dans le n° 182 de son bulletin "Notre-Da-me de la Sainte-Espérance". Nous en publionsun extrait, dans lequel l'abbé Belmont répond,avec compétence, à cette question.

Sodalitium

Une perspective théologalePar M. l’abbé Hervé Belmont

Dans la situation où nous nous trou-vons, c’est donc le point de vue de la

foi qui est primordial et décisif. Si celui-ciest satisfait, si notre foi exercée peut recon-naître – avec certitude et stabilité – en celuiqui se trouvera de fait sur le Siège aposto-lique le vicaire de Jésus-Christ, alors il nefaudra pas s’arrêter aux aspects juridiquesqu’on pourrait lui opposer: ceux-ci sont se-condaires et guérissables par la reconnais-sance de l’Église universelle.

Mais qu’est-ce qui pourra satisfaire lavertu de foi ? Quelle crédibilité théologaledevra apporter un élu pour qu’on puisseadhérer surnaturellement à son autorité ?Voici quelques éléments.

En Jean-Paul II, deux séries d’actes of-fensaient la foi au point de rendre impos-sible la reconnaissance de l’autorité en lui :des actes personnels (baiser le coran, etc.)et des actes (ou maintien d’actes) ayant va-leur permanente (enseignements de Vati-can II, réforme liturgique, etc.). Si les pre-miers pourraient être oubliés sans être ex-plicitement désavoués, il ne peut pas enêtre de même des seconds, dont l’Églisedoit être débarrassée – tout de suite, pourceux qui sont directement incompatiblesavec la foi (avec l’autorité pontificale) ; ensérieux commencement d’exécution pourtout le fatras qui amollit, détourne, édulco-re la vie chrétienne. C’est bien là un mini-mum. - Mais il y a un préjugé favorable à

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l’autorité ! Ne faut-il pas la reconnaîtretout de suite, quitte à revenir en arrière parla suite ? - Qu’il doive y avoir un préjugéfavorable à l’autorité, que tout doute luiprofite, c’est une chose bien vraie, sans la-quelle l’exercice de n’importe quelle auto-rité serait impossible. Mais il s’agit de l’au-torité déjà constituée, déjà en possessioncertaine de sa légitimité.

Nous sommes dans un cas tout diffé-rent. Nous sommes dans un cas où l’on doitprésumer de la continuité, d’abord parceque c’est là chose naturelle en toute suc-cession ; ensuite puisque une rupture avecl’antérieur récent – une rupture avec larupture – est nécessaire : et pour la posses-sion de l’autorité, et pour la guérison del’élection. En attendant la certitude de cet-te rupture, nous serons dans le cas envisagépar les théologiens et canonistes, dont voicil’expression.

« Tertio neque erit schismaticus, qui negatpontifici subjectionem, quia probabiliter du-bitat de ejus electione legitima vel de ejus po-testate… » Celui qui refuse d’être soumis auPontife [romain] ne sera pas schismatique, sic’est parce qu’il doute sérieusement de la lé-gitimité de son élection ou de son pouvoir(Lugo, Disputationes de virtute fidei divinæ,disp. xxv, sect. iii, nn. 35-38).

Le très réputé traité de droit canoniqueWernz-Vidal, après avoir rappelé que toutejuridiction est nécessairement une relationentre le supérieur (ayant droit à l’obéissan-ce) et le sujet (ayant le devoir d’obéir), etque la loi de l’obéissance, comme touteautre loi, n’oblige que si elle est certaine, entire la conséquence qu’il ne peut y avoird’obligation d’obéir à un pape dont l’élec-tion serait, pour quelque cause sérieuse,douteuse : « si le fait de l’élection du suc-cesseur de saint Pierre est douteux, la pro-mulgation [de la loi générale disant qu’ilfaut lui obéir] est douteuse – At si factumlegitimæ electionis successoris S. Petri dubieest probatum, dubia est promulgatio ». Ilajoute : « Bien plus, il serait téméraired’obéir à un tel homme qui n’a pas prouvéle titre de son droit. On ne peut pas invo-quer le principe de possession, car il s’agitd’un Pontife romain qui n’est pas encore enpossession pacifique. En conséquence, ledroit de commander n’existe pas en cethomme, c’est-à-dire qu’il n’a pas la juridic-

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tion pontificale – Imo temerarium esset taliviro obedire, qui titulum sui juris non proba-vit. Neque ad principium possessionis pro-vocari potest ; agitur enim de Romano Pon-tifice, qui nondum est in pacifica possessio-ne. Consequenter in illo viro non existit juspræcipiendi, i.e. caret jurisdictione papali. »(Wernz-Vidal, ed. 1928, tome II, n° 454).

Il faut - plus que jamais - prier pour l’Église

Le 19 avril 2005, les cardinaux réunis enConclave ont élu au Souverain Pontifi-

cat le cardinal Joseph Ratzinger, qui a prisle nom de Benoît XVI.

Dans son communiqué du 5 avril, notreInstitut voué à Notre-Dame du BonConseil, s’unissait à tous les fidèles catho-liques dans la prière et la pénitence, “dansl’espérance”, ainsi qu’il était écrit, “queDieu veuille abréger nos peines et dans lacertitude que, à la fin, les portes de l’enfer neprévaudront pas”. Notre espérance a été vi-te déçue, alors que notre certitude reste in-ébranlable.

À l’occasion du Conclave qui élit KarolWojtyla – Jean-Paul II – Mgr Marcel Le-febvre envoya à quarante cardinaux élec-teurs, le 6 octobre 1978, une lettre dans la-quelle il écrivit, entre autres, ces mots, dontil ne sut malheureusement pas tirer toutesles conséquences logiques :

Un Pape digne de ce nom et vrai succes-seur de Pierre ne peut pas déclarer qu’Il sedonnera à l’application du Concile et de sesRéformes. Il se met, par le fait même, en rup-ture avec tous ses prédécesseurs et avec leConcile de Trente en particulier. (…) Seule laréaffirmation constante de la foi catholiquepeut être la source de l’unité. L’autorité duSouverain Pontife ne se justifie qu’à ce prix.

Dans le discours tenu aux cardinaux lelendemain de son élection, Benoît XVI aau contraire déclaré :

Moi aussi, par conséquent, alors que jem’apprête au service qui est celui du Succes-seur de Pierre, je veux affirmer avec force laferme volonté d’avancer dans la tâche demise en œuvre du Concile Vatican II…

Par conséquent, le cardinal Ratzingerne peut, ayant clairement manifesté cettevolonté, être vrai Successeur de Pierre, mê-

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Chers lecteurs, le dernier numéro de Soda-litium vous avait accompagnés dans la vie

de l’Institut jusqu’en juillet 2004. C’est préci-sément depuis la fin de ce mois que notre pe-tite famille compte 24 membres, et s’apprêteà fêter, fin 2005, ses vingt ans d’existence.

Séminaire saint Pierre Martyr. La rentréeau séminaire a été avancée au 11 septembre ;les “anciens” se sont présentés au rendez-vous avec des nouveaux postulants, mais qui

me en étant et en restant celui qui a été ca-noniquement élu à cette très lourde charge.

Les méditations des stations du Cheminde Croix écrites par le cardinal Ratzingerce dernier Vendredi Saint, et l’homéliequ’il a prononcée au cours de la célébra-tion “pro eligendo Summo Pontifice”, pou-vaient faire espérer que – avec l’aide toute-puissante de la grâce de Dieu – la recon-naissance de la grave situation que traversel’Église pouvait conduire à la reconnaissan-ce de la principale cause de cette situation :la rupture avec l’orthodoxie catholique quis’est opérée avec les nouvelles doctrines deVatican II. Le discours du 20 avril, ouver-tement favorable à certaines de ces erreurs– la collégialité épiscopale, la “purificationde la mémoire”, l’œcuménisme, le dialogueinterreligieux – semble exclure, dès mainte-nant, notre – peut-être – trop naïve espé-rance.

En conséquence, dans les églises, cha-pelles et oratoires de notre Institut, a été etsera encore célébré chaque jour le SaintSacrifice de la Messe sans mentionner aucanon le nom du Souverain Pontife,puisque le Siège Apostolique est malheu-reusement encore formaliter vacant. Ce-pendant, notre prière pour l’élu, pour l’en-semble des prélats, pour tous les catho-liques et surtout pour la Sainte Église deDieu, Catholique, Apostolique et Romai-ne, ne fera pas défaut, afin que, peu à peuou même rapidement, comme Dieu vou-dra, cesse la tempête, soit vaincue l’hérésie,et reviennent les temps heureux dutriomphe de l’Église, pour la plus grandegloire de Dieu et le salut des âmes.

Verrua Savoia, 20 avril 2005

Vie de l’Institut

Le Saint-Siège et le “Secret deLa Salette”

Dans cet opuscule sont publiés exclusi-vement les documents du Saint-Siège

concernant le “Secret de La Salette” (pastrace par conséquent de documents se réfé-rant à l’apparition de la Très Sainte Viergeà La Salette reconnue officiellement parl’autorité compétente).

Le terme “Secret de La Salette” désignele texte de l’opuscule “L’Apparition de laTrès Sainte Vierge sur la Montagne de LaSalette le 19 septembre 1846, publiée par laBergère de La Salette avec l’Imprimatur deMgr l’Evêque de Lecce”, de 1879, réimpri-mé ensuite en 1922. Ce sont ces deux publi-cations du même texte, ou bien des com-mentaires à ce texte, ayant fait l’objet desinterventions du Saint-Siège, qui sont ré-unis ici.

Le Saint-Siège et le“Secret de laSalette”

C.L.S. VerruaSavoia 2004,44 p., 5,00 €

Recensions

ont renoncé entre janvier et février. Le 13septembre, avec l’intronisation solennelle duSacré-Cœur en notre maison de Verrua Sa-voia, ont commencé les habituels ExercicesSpirituels, donnés cette année par Mgr Stuy-ver aux prêtres comme aux séminaristes. Ilsont été un peu plus courts que de coutume,car le 18 septembre, samedi des Quatre-Temps, des Ordres Sacrés ont été conférés :Jocelyn Le Gal a reçu l’ordre majeur du sous-

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ne. Prions le Maître de la moisson pour qu’ilenvoie des ouvriers à sa moisson. Et prionsaussi pour que les jeunes aient la foi, le coura-ge et la générosité pour répondre à l’appel.

Sœurs du Christ-Roi à Moncestino (Ales-sandria). Le 10 novembre 2004, par une Mes-se chantée, a été fêté le premier anniversairede l’arrivée à Moncestino (à 15 minutes de lamaison de Verrua) du noviciat des Sœurs duChrist-Roi. En septembre, une nouvelle pos-tulante a frappé à la porte du couvent, maispour le moment elle continue sa formation àla maison mère de Serre-Nerpol. Tous les ma-tins, un prêtre de Verrua se rend à Moncesti-no pour la célébration de la sainte Messe.

Les Sœurs de l’Institut Mater Boni Consi-lii. À vrai dire, nous devrions écrire : la sœurde l’Institut Mater Boni Consilii. Sœur Elisa-beth de Jésus poursuit son noviciat chez lessœurs du Christ-Roi, à Moncestino, et vientdeux fois par semaine à Verrua. Elle a déjàeu l’occasion d’apporter son aide efficace auxtravaux de secrétariat et de cuisine, parexemple au cours des deux sessions d’Exer-cices Spirituels à Raveau, et à un moment oùil a été nécessaire de remplacer Madame Gil-lio, absente pour des raisons familiales. De-puis le début de cette année, elle apporte sonconcours, avec les sœurs de Moncestino, aucatéchisme de Turin. Comme nous le faisonspour les séminaristes, ne cessons pas non plusde prier quotidiennement pour les religieusesafin que la Providence appelle à la suite deJésus un grand nombre de jeunes filles, qui nepourraient trouver, dans cette vie et dansl’autre, un meilleur Époux.

La Maison de Verrua… accueille depuisfévrier le prêtre argentin (de Rosario) SergioCasas Silva, qui a accepté de passer une an-née avec nous pour nous aider dans le minis-tère, surtout à Turin, où le départ de l’abbéNitoglia pour Rome rendait nécessaire unremplaçant. L’abbé Casas Silva s’est déjàbien adapté et est apprécié de tous.

L’Institut “virtuel”. L’Institut a notable-ment amélioré et mis à jour son site(www.sodalitium.it), tant dans la version ita-lienne que dans la version française(www.sodalitium.it/france). Nous travaillonsaussi à la version anglaise et espagnole : ren-dez-nous visite ! Nous remercions de toutcœur les personnes qui ont travaillé avec appli-cation à sa réalisation.

Activités estivales. Au cours de l’été, troiscamps de vacances ont eu lieu en France. 27enfants ont participé au Camp de la CroisadeEucharistique dédié à saint Louis de Gon-

Ordination d’un diacre et d’un sous-diacre à VerruaSavoia, le 18 septembre 2004

diaconat et Vincent Mercier (frère Joseph-Marie de son nom de moine bénédictin), ce-lui du diaconat. Le 20 septembre, ont com-mencé les cours de l’année d’études 2004-2005. Les cours sont interrompus non seule-ment par les examens, mais aussi, environune fois par mois, par des sorties de l’en-semble de la communauté ; rappelons entreautres celle à Turin, pour visiter l’exposition“Monnaies et médailles à l’époque de laContre-réforme. Pie V, un Pape piémontais”,au Palazzo Lascaris. Le 11 février, a eu lieuune nouvelle ordination, celle au diaconat deJocelyn Le Gal, ordonné par Mgr Stuyver, àDendermonde, dans les Flandres. Le 9 fé-vrier, mercredi des Cendres, les abbés Giugniet Ricossa, accompagnés de l’abbé Le Gal etde fr. Joseph-Marie ont entrepris le longvoyage pour arriver le soir à Dendermonde.Le lendemain, ils se sont rendus en pèlerina-ge à Moerzeke sur la tombe de l’abbéEdouard Poppe, et ont visité la résidence deMgr Stuyver, les salles de cours, la salle de ca-téchisme, la belle chapelle, et même la me-nuiserie de fr. Christ Van Overbeke, l’indis-pensable bras droit de notre évêque. Après lacérémonie d’Ordination du lendemain, et lerepas convivial avec les parents de l’ordinandet la famille Van Gorp, l’heureux retour àVerrua, malgré le mauvais temps et la fa-tigue. L’abbé Le Gal est ensuite aussitôt re-parti pour les Etats-Unis, afin d’être présent àl’ordination au sous-diaconat de son frère,Thomas, reçue des mains de Mgr Sanborn. Laprésence de deux diacres, qui déjà assurent àTurin le ministère de la prédication, fait pen-ser que l’on s’approche du moment de lamoisson, c’est-à-dire des désormais prochesordinations sacerdotales, but de tout séminai-re. Mais nous sommes attristés du fait qu’il ya encore trop peu de vocations, ou que trèspeu d’âmes correspondent à la vocation divi-

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zague, qui s’est déroulé sans problème, sousla responsabilité de l’abbé Giugni et de Joce-lyn Le Gal, du 5 au 19 juillet au château deRaveau. Cette année, nous avons visité lechâteau de Menetou, Nevers et La Charité-sur-Loire. 32 fillettes de trois nationalités sesont inscrites au camp des Sœurs du Christ-Roi, dont l’aumônier est l’abbé Murro. Cetteannée, il a eu lieu du 6 au 26 juillet à 900mètres d’altitude, au-dessus de Grenoble(Sainte Agnès). En plus des jeux et des pro-menades en montagne (avec nuit en refuge) aeu lieu aussi un pèlerinage à La Salette. L’ab-bé Cazalas a dirigé, aidé par deux sémina-ristes et par Michel Chiocanini et ChristianPetit, le Camp saint François de Sales, qui avu une dizaine de garçons aux prises avec lavie en montagne dans les Alpes, à La Brigue(du 29 juillet au 8 août). En plus de la vie spi-rituelle (Messe, prière) et culturelle (visite deforteresses, églises et musées), formationdoctrinale, sain divertissement et exercicephysique étaient au rendez-vous. Et l’été2005 n’est désormais plus loin …

Belgique. Pendant l’été, la maison a été àla disposition des personnes désirant suivreles Exercices de saint Ignace en flamand : du9 au 11 août pour les dames, et du 16 au 19août pour les messieurs. La petite école, diri-gée par Mgr Stuyver, a désormais fait sespreuves et l’Institut en Belgique a réalisé unrêve qui dans les autres pays reste encore àl’état de rêve…

France et Europe. En plus de la célébra-tion de la Messe, signalons le travail de for-mation et le catéchisme, à Vinay, à Cannes(où nous sommes aidés par une très bonnecatéchiste) et à Annecy, ainsi qu’en Suisse.Les prêtres de l’Institut n’hésitent pas àsuivre leurs fidèles même lointains. L’abbéCazalas réside souvent à la Maison St-Joseph,y donnant des cours de latin et de catéchismeet visitant les fidèles de la région. Signalonsaussi un curieux événement : le 14 décembre

2004, l’abbé Carandino a été invité par les“Giovani Padani”, en tant qu’assistant spiri-tuel pour un voyage du MGP au Parlementeuropéen à Strasbourg, pour manifestercontre l’entrée de la Turquie en Europe. De-vant le palais du Parlement, il a lu la Consé-cration du genre humain au Sacré-Cœur deJésus et béni les drapeaux historiques del’Europe et de l’Arménie. Au Parlement,dans une salle qui a réuni 60 jeunes, après lesinterventions des trois députés européens dela LN (Borghezio, Salvini et Speroni), l’abbéCarandino a expliqué la situation actuelle del’Église et de la Papauté. L’abbé Carandinoest aussi allé en Irlande du 24 au 28 janvier,pour visiter des familles de fidèles. Mention-nons aussi un voyage de l’abbé Nitoglia enEspagne et en Irlande en juin 2004, dans lemême but.

Italie. L’apostolat se développe, et voici ceque l’on peut signaler dans les différentes ré-gions, en commençant par la nouvelle la plusimportante. À partir du mois de janvier, l’ab-bé Nitoglia a transféré à Rome sa résidencehabituelle. L’Institut peut ainsi compter, dansla capitale de l’Église et de la Chrétienté, surla présence fixe d’un de ses prêtres. La sainteMesse est donc désormais célébrée tous les di-manches, et le ministère romain devient ainsiplus intense et fructueux. Les activités sontnombreuses en Lombardie. Le 5 septembre2004, à l’oratoire saint Ambroise de Milan aeu lieu une Messe de réparation célébrée parl’abbé Giugni, contre la manifestation œcumé-nique organisée dans la ville ambrosienne parla communauté S. Egidio et par le cardinalTettamanzi, avec les représentants des reli-gions juive et islamique. Un grand nombre defidèles s’est serré autour de l’autel pour réaf-firmer son “non !” à l’œcuménisme syncrétis-te. Un communiqué ayant été diffusé à lapresse pour l’occasion, les quotidiens Libero(5/9/04) et la Padania (4/9/04) ont parlé del’événement. Le 26 septembre, l’abbé Giugnia chanté la sainte Messe à la ferme “Monlué”à Milan, face à plus de 200 personnes, organi-sée par l’Association pour la défense du cultetraditionnel dans le cadre de la “Milàn Fest”(fête provinciale de la Lega Nord ; article surla Padania du 28/09/04). Cette année aussi, lesséminaristes de Verrua ont chanté la Messe àMilan à l’occasion des fêtes de l’Immaculée etde Noël. On doit signaler que les plus ferventsfidèles milanais ont eu la possibilité de faireles neuf premiers vendredis du mois ainsi qued’assister à la sainte Messe et au catéchismepour les adultes le premier samedi de chaque

Ordination au diaconat de l’abbé Le Galen Belgique : la prostration

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mois à l’oratoire saint Ambroise. Samedi 5mars 2005, l’abbé Giugni a prêché la tradition-nelle retraite de Carême à l’oratoire de Milan.En Vénétie, l’apostolat se développe, malgréles grandes difficultés dues au changementfréquent du lieu de célébration de la Messe,du fait de l’opposition sournoise du clergé lo-cal qui fait tout pour que l’oblatio munda nesoit plus célébrée dans la province de Padoue.Si d’un côté on refuse les églises au culte ca-tholique, c’est au contraire sans aucun scrupu-le qu’on les accorde aux hérétiques ; en effet,la Curie de Vérone a décidé de mettre à ladisposition des protestants l’église de saintPierre Martyr (patron de cette ville, de notreséminaire et de la sainte Inquisition !), égliseédifiée à l’emplacement de sa maison natale.Le 19 février, l’Institut a rassemblé ses fidèlesà Vérone, devant cette église, pour un rosairede réparation (articles sur L’Arena du 18 et laPadania du 19 février). Parmi les amis pré-sents à Vérone, plusieurs venaient du Trentinoù notre travail se poursuit avec la célébrationde la sainte Messe et l’enseignement de ladoctrine pour les adultes.

En Romagne, l’apostolat est dirigé parl’abbé Carandino à partir de la Casa San PioX. Voici la chronique qu’il nous a envoyée.Le 20 juin, à Borghi : repas papalin pourl’anniversaire du couronnement de Pie IX(21 juin 1846). 19 septembre : Messe à la mé-moire des soldats pontificaux tombés le 20septembre 1870 (annonce sur il Corriere diRimini et sur la Padania). Dimanche 26 sep-tembre : sortie des fidèles romagnols à Mon-te Nerone, dans les Marches. L’abbé Caran-dino a célébré la Messe chantée dans uneéglise paroissiale, où 50 paroissiens se sontunis au chant du Kyriale et du Credo, surpriset heureux d’assister au rite de saint Pie V.Le 8 décembre, pour couronner les trois pre-mières années d’activités, a eu lieu la consé-cration à l’Immaculée Conception de l’ora-toire St Grégoire le Grand (particulièrement

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rempli), à l’occasion du 150ème anniversairede la proclamation du dogme (annoncé sur ilResto del Carlino du 7/12 et sur Il Corriere diRimini du 7/12 et 8/12, article sur La Voce diRomagna du 8/12). 5 février : bénédiction dunouveau siège du Movimento Sociale - Fiam-ma Tricolore. 12 février : retraite spirituellepour le Carême à la Casa San Pio X. 4 mars :grâce à un enseignant, une classe de troisièmedu lycée scientifique d’un institut calabrais aassisté avec attention à la Messe à l’oratoire.Sur les traces de l’abbé Carandino, passonsaux Abruzzes, où l’apostolat se renforce grâ-ce à la maison et l’oratoire de Chieti ; à si-gnaler la Messe de Noël, avec chants, orgueet flûte, et la retraite de Carême, le 19 février.

Des Abruzzes, passons dans la région desPouilles et Basilicate, où pour le moment,l’apostolat est concentré dans la province deBari et à Potenza. L’abbé Carandino a visitéles fidèles de Modugno (BA) et Potenza ennovembre 2004, puis en janvier et en mars2005, avec la célébration de Messes aux siègesdu Centro Tradizione e Comunità à Modugno(articles sur Bari Sera) et de l’Association IlSentiero à Potenza (le nouveau siège a été bé-ni en novembre).

En Emilie, le pèlerinage traditionnel àSan Luca, sur la colline bolonaise, qui s’estdéroulé le 2 octobre, a réuni plus de 30 per-sonnes. Le 4 décembre, le CS Federici a parti-cipé avec son stand à Bologne, sous les ar-cades de via Saragozza, à la fête commémora-tive de la Porticata. Le 8 décembre, à Ferrare,l’Immaculée a été fêtée par une Messe avecchants polyphoniques.

Conférences. Comme toujours, nom-breuses sont les conférences tenues ou orga-nisées par nos prêtres.

Conférences et activités organisées par leCentro Studi Giuseppe Federici à Rimini. Uncycle de conférences a été organisé ayant pourthème : “Connaître la Bioéthique, aimer laVie”. L’avocat Massimo Micaletti, du Centrede bioéthique catholique de Penne-Pescara, atenu les conférences suivantes : “Pourquoi laBioéthique. Naissance et évolution de la Bioé-thique : les dimensions éthiques de la Science”(9/10/04) ; “L’avortement : L’homme en dan-ger au commencement de sa vie. Les agressionsà l’être humain conçu” (30/10/04) et “La Fé-condation artificielle : L’Homme produit.L’être humain conçu en éprouvette : le plusfaible des faibles” (13/11/04). Le 26 février, aeu lieu le congrès : “Risorgimenti. Le Risorgi-mento du mythe, le Risorgimento de l’histoire”.Intervenants : le Dr Piero Raggi (“La contri-

Ordination au diaconat de l’abbé Le Gal :l’imposition des mains

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bution des romagnols à la défense du Pape-Roi”) ; l’abbé Ugolino Giugni (“Église et Ma-çonnerie dans la société du XIXème”) ; le DrElena Bianchini Braglia (“Les femmes dans leRisorgimento”). A été présenté aussi le livre :Maria Beatrice Vittoria. Rivoluzione e Risorgi-mento tra Estensi e Savoia, de Elena BianchiniBraglia (Ed. Terra e Identità).

Le 7 avril 2004, le député Federico Brico-lo a présenté à Montecitorio une questionparlementaire sur la conférence organisée enfévrier 2004 par le CSGF sur la guerre du Li-ban, boycottée par Rifondazione comunista.

En plus de ces conférences, le CS Federicidiffuse via internet une très intéressante revuede presse. Plusieurs sites internet publient lescommuniqués diffusés par le CSGF. Parmi lesquotidiens, au contraire, seuls La Padania etRinascita. Sur le journal milanais : le 24 sep-tembre 2004, l’article “Risorgimento, crimecontre la Religion” ; le 19 et 21 décembre, letexte d’un ancien chant piémontais sur le siègede Vienne ; le 11 février, l’article d’Israël Sha-mir “Tsunami à Gaza” (avec un importantsous-titre de la rédaction : “Même dans leSud-est asiatique le jeu de l’exclusivisme juif”).Sur le nouveau site internet du Centro StudiFederici (www.centrostudifederici.org), il estpossible de lire tous les Communiqués diffusésces dernières années. Envoyez votre “e-mail”pour recevoir les communiqués à :[email protected]

Conférences et activités organisées par leCentro Studi Davide Albertario à Milan. Le 7octobre, anniversaire de la bataille de Lépan-te, a été organisée une conférence intitulée :“Le martyre du Liban : le drame de la seulenation chrétienne du Moyen-Orient”. L’inter-venant était notre ami Nassib Wehbe, anciencombattant de la résistance chrétienne libanai-se, qui a illustré, à l’aide de diapositives, ce quis’est passé et ce qui se passe aujourd’hui enco-re dans son pays martyrisé.

Le 20 octobre 2004 avait lieu la commé-moration du soixantième anniversaire dubombardement de l’école de Gorla à Milan.Le CS Albertario a voulu rappeler ce tristeévénement resté imprimé, après tant d’an-nées, dans l’esprit des milanais, en réunissantdans la prière près du monument de Gorlapour une bénédiction et la déposition d’unegerbe, des membres du CSDA, des amis mi-lanais, trentins et même d’autres villes d’Ita-lie, pour ne pas oublier ces 184 enfants etleurs maîtres, morts sous les bombes anglo-américaines en 1944.

Cette année aussi, le mois de novembre avu se dérouler le désormais traditionnelcongrès albertarien qui en est cette année àsa troisième édition. Le congrès de 2004 a eulieu le samedi 27 novembre, au prestigieuxsiège de la province de Milan et a obtenu lePatronage de la Région Lombardie, du Grou-pe Lega Nord Province de Milan, du CentroStudi Federici de Rimini et du Centro Libra-rio Sodalitium. Le sujet du IIIème congrèsd’études albertariennes était : “Pie IX, ledogme de l’Immaculée et le Syllabus. À 150ans de la proclamation du dogme”. Cette an-née aussi le succès de la manifestation a étégrand ; la salle (plus de 100 places) était litté-ralement remplie, plusieurs étaient debout, ycompris dans les salles attenantes ; le standdes livres a été pris d’assaut… tout comme letrès bon buffet qui a marqué une agréable in-terruption au milieu des relations des confé-renciers. Mais venons-en aux interventionsdes participants. Le premier à parler a étéPaolo Grimoldi, conseiller provincial de laLN. Ont ensuite pris la parole l’abbé Caran-dino, (“Profil biographique de Pie IX”), l’ab-bé Ricossa (“Pie IX et le Syllabus : de lacondamnation des erreurs modernes aux meaculpa pour les erreurs du passé…”), le profes-seur Radaelli, a illustré “Les raisons du Sylla-bus, les raisons d’un Syllabus”. Enfin, l’abbéGiugni a parlé sur “L’Immaculée Conception,Pie IX et le dogme Marial”.

En janvier 2005, le CS Davide Albertarioa eu trois ans. À l’occasion de ces trois an-nées d’activités, il a organisé seul ou avecd’autres associations 29 conférences et col-loques (y compris les deux cycles de forma-tion universitaire à l’Université Catholiquede Milan avec le MUP de ladite université).Bon anniversaire, ad multos annos !

Enfin, le 9 mars, toujours à Milan, a eulieu une conférence intitulée : “Turquie1915 : le génocide des Arméniens” par le DrPietro Kuciukian qui, à l’aide de diaposi-

Enfants chantant au cours du camp de la Croisade Eu-charistique à Raveau (été 2004)

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tives, a illustré la douloureuse histoire récen-te de son peuple.

Conférence organisée par l’AssociationMater Boni Consilii. Au mois de novembre,l’abbé Murro a tenu une conférence à Lyonsur le thème : “Le dogme de l’ImmaculéeConception 150 ans après sa définition. La dé-votion à l’Immaculée à Lyon”.

Conférences auxquelles ont participé desprêtres de l’Institut. Suivons les différentsconférenciers… D’abord, l’abbé Nitoglia, quia fait trois conférences : à Rome, le 17 oc-tobre, organisée par l’Association Roma Fi-delis, sur le thème : “Islam contre OccidentJudéo-Chrétien ?” et à Turin le 23 octobre(Centro studi L’Araldo) ; à nouveau à Ro-me, le 15 janvier 2005 (toujours organisée parRoma Fidelis) il a parlé sur : “Essence nihilis-te de l’Occident contemporain” avec la pré-sentation de son livre : “Nel mare del nulla”.L’abbé Ricossa a tenu trois conférences surle thème : “Islam et Occident : choc de civili-sation ?” : le 30 octobre à Florence, le 19 no-vembre à Ferrare, et le lendemain à Rovigo.Il a également été l’un des deux intervenantsau congrès “11 septembre : choc de civilisa-tion ou questions pétrolières ?”, organisé parl’Institut Régional de Recherche Educative(IRRE Piemonte) et par l’Associazione Na-zionale Presidi, qui s’est tenu à Turin au ly-cée Massimo d’Azeglio les 10 et 11 dé-cembre. Enfin, le 18 février, il a parlé à la sal-le paroissiale de Crescentino (Vercelli) sur lethème de l’avortement (“Dialogue avec unenfant jamais né”) au cours d’une rencontreorganisée par le cercle local d’Azione Giova-ni. Les activités de l’abbé Giugni sont nom-breuses : le 28 novembre, à Brescia, il est in-tervenu avec le député Alessandro Cé (LN)lors d’une rencontre sur le thème : “Islam :cohabitation possible ?” organisée par leMGP de cette ville. Le 3 décembre, à Lumez-zane (BS), il a participé à une rencontre surle thème : “Quel futur avec la Turquie en Eu-rope”, organisée par la section locale de la

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Lega. Parmi les autres intervenants, les dépu-tés Federico Bricolo et Alessandro Cè. Lemême sujet a été traité le 14 janvier 2005 àRovato (BS) où l’abbé Giugni a pris part,avec le sénateur Sergio Agoni et le députéAlessandro Cè, à une rencontre intitulée“Tous les pourquoi du non à l’entrée de laTurquie en Europe”. Passons maintenant àl’abbé Carandino qui, le 5 novembre est in-tervenu au Palazzo Greppi de Gualtieri (RE),avec le député Gobbo, maire de Trévise, aucongrès de la Lega Nord : “Islam et Occident,quel futur ?”. À Modugno (BA), au siège duCentro Tradizione e Comunità, le CTC avecAzione Sociale ont organisé : le 16 novembre,la conférence “Occident et Islam contre laRoyauté du Christ”, tenue par l’abbé Caran-dino ; le 10 janvier, la présentation du livrede Pietro Ferrari “Autodafè dell’Occidente”(éd. Segno), avec les interventions de l’auteuret de l’abbé Carandino ; et le 15 mars, laconférence “La liturgie des premiers chrétiens: catholique ou moderniste ? Réponse aux er-reurs les plus répandues en matière litur-gique”, toujours avec l’abbé Carandino etavec Gianvito Armenise pour modérateur,lors de toutes les conférences. À Potenza, le11 janvier et le 17 mars, l’abbé Carandino adonné des cours de formation doctrinale pourl’association Il Sentiero et les amis de l’asso-ciation. Le 7 mars, enfin, à l’Université de Te-ramo, s’est déroulé un colloque d’AzioneUniversitaria sur : “Jihâd ou Harb : guerresainte ou profane” ; l’abbé Carandino, l’avo-cat Pietro Ferrari et le professeur KhaledFuad Allam y sont intervenus.

L’Institut et la presse. Plusieurs articlesconcernant nos activités ont déjà été signalés,d’autres seront omis pour abréger. Rappelonscependant une interview de l’Indipendente(12 juin) à l’abbé Carandino sur le rapportÉglise, Occident et Islam (“Cohabitation im-possible”), la publication d’un long article del’abbé Carandino sur l’encyclique Pascendidans la Padania du 14 octobre ; un autre ar-ticle de l’abbé Carandino, sur le Risorgimen-to, qui a été publié sur le premier numéro dupériodique L’Insorgente, en décembre 2004 etpour finir, un article sur le modernisme dansl’Église (“L’Église moderne contredit vingtsiècles de Christianisme”), publié par la Pada-nia du 5 mars 2005. Le 29-10-2004, La Pada-nia a publié une interview de l’abbé Giugnisur le thème : “Si l’UE s’ouvre à la Turquie,elle se renie elle-même”. La conférence del’abbé Ricossa organisée par le CIDAS deTurin (cf. n° 56 de Sodalitium) a eu d’autres

La tribune des orateurs au 3ème congrès d’études al-bertariennes sur Pie IX et l’Immaculée Conception

(Milan 27/11/04)

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échos dans la presse : un article de Mingardisur L’Indipendente du 20 juillet, et deux re-censions du texte de la conférence, imprimépar le Cidas, publiées sur Confedilizia notizie(p. 19, sept. 2004) et sur Controstampa (oc-tobre 2004 : “L’avertissement d’un prêtre.L’immigration incontrôlée est-elle plus dange-reuse pour notre futur que le terrorisme”).Certains livres sur le “traditionalisme” par-lent de l’Institut, de Sodalitium ou du P. Gué-rard, par exemple Tra Roma e Lefebvre deNicola Buonasorte (éd. Studium, 2003), Cos’èla destra, de M. Ferrazzoli (Il Minotauro,2001), Alleanza Cattolica de M. Invernizzi(Piemme, 2004).

Sodalitium et la presse. Le quotidien laPadania a publié intégralement, le 28 sep-tembre, sous le titre :“Dans la Passion duChrist le sang comme symbole de l’amour”,l’article de l’abbé Giugni sur le film “La Pas-sion du Christ” de Mel Gibson, paru sur le n°56 de Sodalitium. Le même quotidien a égale-ment publié, le 6 octobre, un autre article del’abbé Giugni extrait de son livre “Lépante,Saint Pie V fut le héros anti-turc”, et le 25 juinun article de l’abbé Carandino, “Frères d’Ita-lie”, recension d’un livre sur Mameli publiéesur le n° 55 de Sodalitium (éd. italienne). Surles positions de l’abbé Zins, un article cri-tique de Laurent Blancy publié sur Le librejournal (n° 335, 12 novembre 2004, p. 18).

Le Centro Librario Sodalitium doit signa-ler trois nouvelles publications : un essai surCristina Campo de l’abbé Ricossa avec la ré-impression de la réponse du Père Guérard àSimone Weil ; un précieux manuel pour lesfidèles avec le rite de tous les sacrements : ITesori Spirituali. La réimpression de l’ency-clique Quanta cura et du Syllabus de Pie IX,ainsi que l’encyclique Pascendi condamnantle modernisme sont également disponibles(tous ces livres sont en italien).

L’Institut et la radio. Le programme “Auxracines de la Foi” conduit par l’abbé Carandi-no sur Radio Padania Libera se poursuit maisavec un changement d’horaire ; il est désor-mais retransmis tous les lundis soir à 21 h. Le 7octobre 2004, en l’anniversaire de la bataillede Lépante, le même abbé a animé une émis-sion spéciale de plus d’une heure en matinée,au moment de grande écoute, avec une inter-view de l’abbé Giugni sur le rôle de saint PieV. En outre, l’abbé Carandino a été inter-viewé sur des sujets religieux dans d’autresprogrammes de RPL : le 25/09/2004,23/10/2004 et 19/02/2005 par Lorenzo Fonta-na ; 22/11/2004 et 21/02/2005 par Paolo Gri-

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moldi ; 26/11/2004 par les Giovani Padani deBergame ; 27/11/2004 et 19/12/2004 par SilviaSanzini. L’abbé Giugni, lui aussi, a été inter-viewé sur RPL à plusieurs reprises : par lesDonne Padane (27/09/2004), par les GiovaniPadani de Brescia et par M. Rondini. Enfin, laveille de Noël (24/12), Tele Padania a diffuséune longue interview de l’abbé Giugni, parMax Ferrari, sur les questions religieuses plusactuelles (signalée sur la Padania du 24/12/04).

Apostolat de la Prière, Croisade Eucharis-tique. Tous les mois, l’abbé Cazalas s’occupede l’édition en français de l’Apostolat de laPrière, apostolat complété par la dévotion del’intronisation du Sacré-Cœur dans les familles(le 27 février N.-D. des Victoires à Cannes,avec ses fidèles, a été consacrée au Cœur deJésus). Sœur Elisabeth de Jésus s’occupe aussimaintenant de la version italienne du bulletinde la Croisade Eucharistique.

Exercices spirituels. Trois sessions en fran-çais, au cours de l’été : à Serre-Nerpol, du 28juin au 3 juillet (abbés Murro et Ricossa, 19participants) ; à Raveau, du 26 au 31 juillet(abbés Murro et Giugni, 11 retraitantes) et du 2au 7 août (abbés Murro et Giugni, 18 partici-pants) : total 29 personnes, dont l’une a fait sapremière communion. En Italie, à Verrua, nousne donnons généralement que deux sessionsd’Exercices, durant le mois d’août. Cette an-née, nous avons enregistré avec satisfaction unegrande participation : 15 présentes aux Exer-cices pour les dames, qui ont eu lieu du 16 au21 août, et 21 exercitants pour la retraite desmessieurs, la semaine suivante (du 23 au 28).Pour cette seconde session, nous devons signa-ler que nous avons été obligés d’annuler plu-sieurs inscriptions, car nous avions malheureu-sement atteint la capacité maximum deschambres disponibles. La même semaine, àSerre-Nerpol, l’abbé Giugni et l’abbé Cazalasdonnaient une quatrième session des Exercicesà 5 messieurs. Du 2 au 11 septembre, l’abbé Ri-

Vérone 19 mars : manifestation en l’honneur de saintPierre Martyr

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cossa a donné les Exercices, toujours à la Mai-son St-Joseph, aux Sœurs du Christ-Roi. Septreligieuses d’autres congrégations, parmi les-quelles la novice de notre Institut, ont égale-ment participé à ces Exercices. Du 13 au 17septembre, à Verrua Savoia, Mgr Stuyver adonné les Exercices aux prêtres, séminaristes etfamiliers de l’Institut. En novembre, l’abbé Ca-zalas a aidé à donner les Exercices aux élèvesde la Maison St-Joseph. L’année 2004 s’estachevée avec une retraite de 14 exercitants du26 au 31 décembre (donnée par les abbés Mur-ro et Cazalas). En plus des Exercices, signalonsla journée de récollection pour les anciens re-traitants (environ une vingtaine) qui a eu lieu àRaveau le 11 novembre ; à Verrua, l’abbé Giu-gni et l’abbé Ricossa ont prêché une récollec-tion à 22 membres du Rokers Klan, du 7 au 9janvier 2005 : pour certains, ce fut l’occasionde retrouver le climat des Exercices, pourd’autres, la majorité, de se préparer à les faire.

Pèlerinages. En attendant le pèlerinage“national” de Lorette, rappelons les trois pèle-rinages “régionaux”. Nous avons déjà parlé decelui de San Luca, le 2 octobre. Le samedi 16octobre, s’est déroulé un pèlerinage à pied (10km) des fidèles des Abruzzes avec l’abbé Ca-randino, de l’abbaye cistercienne de S. MariaArabona au sanctuaire de Manoppello (PE),avec la vénération du Volto Santo (il s’agit duVoile de sainte Véronique). Intention du pèle-rinage : la sanctification des familles et les vo-cations. Le 23 octobre, s’est déroulé le “pèleri-nage paroissial” de la Lombardie à Somasque(région de Lecco), au très beau sanctuaire desaint Jérôme Émilien. Une quinzaine de fi-dèles, emmenés par l’abbé Giugni, a visité, enrécitant le Rosaire, les chapelles illustrant lavie du Saint et fait à genoux la célèbre “ScalaSanta” de 90 marches en pierre qui permet degagner de nombreuses indulgences (et beau-coup de mérites… !).

Anniversaires. Le 25 septembre 2004 a étécélébré à Annecy le dixième anniversaire del’ordination sacerdotale de l’abbé Cazalas, quia chanté la Messe solennelle dans la chapelled’Annecy, Messe qui a réuni les fidèles deschapelles de la région Rhône-Alpes. Au coursdu repas convivial, les fidèles ont aussi voulufêter les 20 ans de sacerdoce de l’abbé Murro,ordonné avec l’abbé Nitoglia, le 29 juin 1984,à Ecône. Le 7 octobre, l’abbé Ricossa a célé-bré une Messe dans la chapelle de la familleBichiri, à Tetti Rolle (Turin) pour les 25 ansde mariage de Vittorio et Giuseppina Bichiri.Tous les ans, à Verrua, une Messe de Re-quiem, rappelle l’anniversaire du décès de

Mgr Guérard des Lauriers (27 février) et deVirginia Bonelli (31 janvier) ; à Cannes, l’ab-bé Cazalas a célébré la Messe le 29 novembrepour l’abbé Gustave Delmasure, fondateur decette chapelle en 1982. Le 20 mars, l’abbé Ni-toglia s’est rendu à Cannes pour fêter devantl’autel du Seigneur les 60 ans de mariage desépoux Rainford, nos dévoués fidèles. L’Insti-tut leur adresse ses vœux les plus sincères.

Baptêmes. Ont reçu le saint Baptême : le26 juin, à la Maison Saint-Joseph, Marie Me-tivier (abbé Cazalas) ; le 7 août : dans uneéglise paroissiale de Ravenne, Rachele Bardi(abbé Carandino) ; le 16 octobre, à Isera(Trente), Marco Valerio De Fanti (abbé Giu-gni) ; Marie Marceau, le 30 décembre, aucours des Exercices (abbé Murro).

Premières Communions. “Laissez venir àmoi les petits enfants”. Durant le camp, le 18juillet à Raveau, ont eu lieu la communionsolennelle de Louis-Marie Peyronnel et lapremière communion de Valentin Orsay.L’abbé Giugni a donné la première commu-nion à Serre-Nerpol le 12 décembre à Mathil-de Chiocanini, Anne-Laure Luis et CamillePrévost. Caroline Saulnier, de Cannes, a reçula première communion des mains de l’abbéCazalas à Verrua le 16 octobre 2004.

Entrée dans l’Église. Dimanche 8 août,dans la chapelle del Colombaio (Loro Ciuf-fenna), Elona Kotorri – baptisée dans l’“Égli-se orthodoxe autocéphale d’Albanie” – a faitson abjuration devant l’abbé Ricossa et a faitla profession de foi catholique romaine.

Confirmations. Le 18 septembre, aprèsl’ordination au diaconat de Vincent Mercier,Mgr Stuyver a administré la confirmation àquelques fidèles.

Mariages. Deux nouvelles familles chré-tiennes sont nées le 26 juin : l’abbé Nitoglia aen effet béni un mariage dans notre église deVerrua, et l’abbé Carandino (assisté de l’abbéGiugni) a béni l’union de Emilio Giuliana etMara Febbraio, dans une église de Trente. Le3 juillet, Mgr Stuyver a béni le mariage de Jan

Photo de groupe des exercitants à Raveau en 2004

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Van Overbeke et ElianeVinchon, veuve Chuilon.L’abbé Murro a bénil’union de Marc Larfaillouet Marianne Olivier, le 10juillet, dans notre chapelled’Annecy. Gianpaolo DeLuca et Elona Kotorri sesont unis par le mariagedans la chapelle del Co-lombaio à Loro Ciuffen-na, le 3 octobre. Le 16 oc-tobre, dans l’église desSœurs du Christ-Roi, l’ab-bé Murro a béni les nocesde Gaëlle Radice et Gé-

rald Saugneaut. Le 23 octobre, Mgr Stuyver abéni l’union de Sven Lehouck et Severine Au-zene.

Défunts. Dans le dernier numéro, nousavons oublié d’annoncer le décès de LucienTorres, survenu le 11 janvier 2004. Quandl’Institut commença la célébration de la sainteMesse à Annecy, il la soutint pendant plu-sieurs années. Il fut parmi les fondateurs de la

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chapelle dédiée au saint Curé d’Ars, à Cham-béry. Nous nous souvenons aussi d’Oscar Nuc-cio, enseignant universitaire, économiste, amide l’Institut, et spécialement de l’abbé Nito-glia, que Dieu a rappelé à lui en avril 2004. Le24 juin 2004, est décédée, à l’âge de 54 ans,Mme Gabriella Evangelisti, épouse Basiricò,après une longue maladie, qui appartenait au“groupe historique” des fidèles de Pescara.

Le samedi 26 juin, l’abbé Cazalas a célé-bré les funérailles de Josette Bachasson quihabitait à Montrigaud (Isère). Le 29 juin,dans l’église de la Maison Saint-Joseph, àSerre-Nerpol, l’abbé Murro a célébré les fu-nérailles de Jean Gengler. Originaire duLuxembourg, il avait émigré dans le Dauphi-né, où il avait connu le Père Vinson ; du faitde son âge avancé, nos prêtres lui portaientles sacrements chez lui et l’abbé Cazalas luiavait administré le viatique et l’extrême-onc-tion ; il repose au cimetière du Grand-Serre.

Le 2 juillet est décédé, après une longuemaladie, le Père Oswald Baker, à l’âge de 89ans, après 62 ans de sacerdoce dont plus de50 passés comme curé de la paroisse San Do-menico à Downham Market, en Angleterre.Prêtre toujours resté fidèle à la Messe, demanière cohérente, il n’était pas en commu-

ARTHUR PREUSS Etude sur la Franc-Maçonnerie américaine 18,30 €

ABBÉ ANTHONY CEKADA On ne prie plus comme autrefois... 7,65 €

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ABBÉ NITOGLIA De la Synagogue à L’Eglise 4,60 €

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Camp dans lesAlpes-Maritimes

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nion avec Jean-Paul II. Le Père Baker fut undes théologiens signataires de la “Lettre àquelques évêques”. Sa photo a été publiée surle n° 118/2004 de The Reign of Mary.

Le 2 octobre, est décédée à Maranello,Vanda Sghedoni Poggioli, qui a souvent as-sisté à la Messe à la Villa Senni. À Maranel-lo, Ferrare ou Bologne, assistait aussi à notreMesse Raffaella Naldi, décédée subitement àBologne le 23 octobre. Lors de sa dernièremaladie, elle avait reçu les saints sacrementsde l’abbé Ricossa. Le 2 novembre, à l’âge de90 ans, est décédée Gina Maffii, propriétairede la chapelle de Sant’Ippolito à Prato oùnous célébrons chaque année la sainte Messe.

Le 19 novembre, l’abbé Murro a célébréles funérailles de Roger Comet à Thonon ; laMesse de Requiem a eu lieu dans notre cha-pelle d’Annecy. Le jour de Noël est décédé à

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Saint Cézaire-sur-Siagne, dans les Alpes-Mari-times, Robert Commermont. La famille, pourfaire célébrer des funérailles catholiques à soncher défunt, s’est déplacée jusqu’à la MaisonSt-Joseph, où l’abbé Cazalas les a célébrées le29. Le 28 janvier, à Annecy, est décédée lagrand-mère de l’abbé Cazalas, Josette, quiavait reçu de lui les derniers sacrements ; l’ab-bé Thomas a également célébré ses funérailles.L’abbé Murro a encore célébré les funéraillesde Francine Chaussin, le 14 février au Creusot,et celles de Henriette Jouffriault à Ruy (Isère),le 14 mars. Le 19 février, à Ferrare, est décé-dée Dora Bogo, épouse Virgilio, qui a reçu del’abbé Carandino les saints Sacrements. Dansla chapelle de Turin, nous ne verrons plus Car-melo Santoro, qui nous a quittés en janvier.Nous invitons nos lecteurs à prier pour ces dé-funts, et pour toutes les âmes du Purgatoire.

ACTIVITÉS ÉTÉ 2005

• Camp St Louis de Gonzague : pour garçons de 8 ans accomplis à 13 ans, du lundi 11 au lundi 25 juillet à Raveau (Nièvre).

• Camp St François de Sales : pour jeunes gens, à partir de 15 ans, dans lesAlpes-Maritimes, au-dessus de Grasse. Du mercredi soir 3 au dimanche matin 14 août.

• Camp pour les filles : (de 8 à 16 ans) dans les Alpes, du jeudi 7 au mercredi 27juillet. S’adresser à la Maison Saint-Joseph. 38470 Serre-Nerpol.Tél.: 04.76.64.24.11.

Belgique :Pour toute information relatives aux activités, s’adresser à Mgr Geert Stuyver

Pour tout renseignement s’adresser à :Institut Mater Boni Consilii

• Loc. Carbignano, 36 - 10020 Verrua Savoia (To) ItalieTél.: + 39.0161.839.335 - Fax: + 39.0161.839.334

• 350 route de Mouchy Raveau 58400 France - Tél. et Fax 03.86.70.11.14.www.sodalitium.it/france - e-mail: [email protected] - [email protected]

Exercices Spirituels de Saint Ignaceà Raveau (Nièvre)

• Pour hommes et jeunes gens :du lundi 8 août à 12 h, au samedi 13 août à 12 h• Pour dames et jeunes filles :du lundi 1er août à 12 h, au samedi 6 août à 12 h

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CENTRES DE MESSES

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San Martino dei Mulini (RN). Casa San Pio X.Abbé Ugo Carandino - Via Sarzana 86. Pourtoute information, téléphoner au0541.75.89.61. Fax: 0541.757.231.

Rome: Abbé Curzio Nitoglia, via Montevideo20, int. 3, 00198. Tél. 06.841.75.89

FRANCE: 350 route de Mouchy Raveau 58400.Pour toute information, téléphoner au03.86.70.11.14.

BELGIQUE: Dendermonde. Mgr Geert Stuy-ver: Kapel O.L.V. van Goede Raad, (cha-pelle N.-D. du Bon Conseil) Koning Albert-straat 146 - 9200 Sint-Gillis Dendermonde:Ste Messe le dimanche à 9h30. Tél. (et Fax):(+32) (0) 52.38.07.78.

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Annecy: 11 avenue de la Mavéria. Tél.:04.50.09.04.67. Ste Messe le 2ème et 4ème di-manche du mois à 10 h. Confessions à 9 h.

Cannes: Chapelle N.-D. des Victoires. 4 rue Fel-legara. Tél.: 04.93.46.78.54. Ste Messe le 2èmeet 4ème dimanche du mois à 18h.

Lille: Ste Messe le 1er et 3ème dimanche dumois à 17h. Confessions à 16h30. Pour touteinformation: Mgr Geert Stuyver en Belgique.

Lyon: 17 cours Suchet. Tél.: 04.77.33.11.24. SteMesse le 2ème et 4ème dimanche du mois à17h. Confessions à partir de 16h30.

ITALIEBologne: le 4ème dimanche du mois, Messe à 17h30.Chieti Scalo: Oratoire du Précieux Sang, via Colonnet-

ta 148. Le 2ème dimanche du mois à 18h30 etle 3ème à 10h30.

Ferrare: Chiesa S. Luigi, Via Pacchenia 47 Albarea.Ste Messe tous les dimanches à 17h30. Le 2ème di-manche du mois à 11h30.

Loro Ciuffenna (Arezzo): Fattoria del Colom-baio, str. dei 7 ponti. Ste Messe le 1er di-manche du mois à 17h30.

Maranello (Modène): Villa Senni. Strada per Foglia-no. Ste Messe tous les dimanches à 11h, sauf le2ème dimanche du mois à 9h.

Milan: Oratoire St Ambroise. Via Vivarini 3. SteMesse tous les dimanches et fêtes à 11h.

Padoue: le 1er dimanche du mois à 18h.Rimini: Oratoire St Grégoire le Grand, via Moli-

ni 8: dimanches et fêtes, Messe à 11h.Rome: Oratoire St Grégoire VII. Via Pietro del-

la Valle, 13/b: dimanche et fêtes, Messe à 11h.Rovereto (Trente): Messe le 3ème et 5ème di-

manche du mois.Turin: Oratoire du Sacré-Cœur, via Thesauro 3/D.

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Valmadrera (Lecco): via Concordia, 21. Ste Messele 2ème et 4ème dimanche du mois.

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