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In medio stat virtus L’Hebdo national de l’Économie n Du mardi 4 au lundi 10 septembre 2018 n n°153 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro In medio stat virtus PRESSE - PLf 2019 l Pas un cyber café lPas un resto l Pas une superette lPas des importateurs lPas des clubs d’affaires MOT À DIRE Peau de chagrin 4Par S. Méhalla L es décideurs ont la presse dans la peau ! Allez savoir pourquoi ? Il faut la dompter. La bâillonner. Lui griffonner les mots, lui tracer les pas et, surtout, qu’elle ne les piste pas. Quelle tristesse pour nous autres, les pauvres de nous, «marchands» de l’info. Quelle tristesse, car nous n’avons personne à qui faire notre doléance. Rien pour nous défendre. Rien pour réclamer. Personne à qui se plaindre. Se lamenter d’un sort si incertain. Même pas un mur. C’est un moment de grande inquiétude. Pour nous autres. Les coups tombent de partout et, surtout, sur tous. Nous avons l’info d’un changement que nous souhaitions pour le mieux. Pour la dignité du journaliste et la continuité du métier à l’ère d’une mutation planétaire en matière de communication. Mais d’autres «rédacteurs-penseurs» ont vu autre chose. Cette presse a bon dos, surtout à l’approche des échéances électorales, il faut la mâter. L’étouffer, lui tourner le dos. Cette presse-là survit grâce à la pub, coupons la pub et… il ne faut surtout pas avoir peur du peuple, car ce peuple est âpre à un quelconque changement, qui ne s’annonce avec aucune saison. Âpre à une révision de sa situation régissant allègrement le concept des contrepoids. Nous avons tendance à occulter souvent l’harmonie qui prévaut chez nos responsables. Il y a sans doute une harmonie, une entente sur les marqueurs rouges à ne pas griller. Plus qu’une harmonie. Du respect, y en a. Un consensus se constituant en jury au sujet de la presse dont le verdict est tombé : coupable ! S. M. CONDOLÉANCES Le directeur et tout le collectif de l’hebdo Crésus, profondément attristés par le décès, à l’âge de 84 ans, de Mme Halima Berrah, mère de M. Abdelhakim BERRAH, Président de la COSOB, présentent à ce dernier leurs sincères condoléances et l’assurent en cette pénible circonstance de leur profonde sympathie. Que Dieu, le Tout-Clément, accueille la défunte en son paradis. Rappelons que M. Abdelhakim BERRAH, compétence nationale, est le parrain de Crésus, et ce depuis son premier numéro. Page 3

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In medio stat virtusPRESSE - PLf 2019

l Pas un cyber cafélPas un resto

l Pas une superettelPas des importateurs

lPas des clubs d’affaires

MOT À DIREPeau de chagrin

4Par S. Méhalla

Les décideurs ont la pressedans la peau ! Allez savoirpourquoi ? Il faut la dompter.

La bâillonner. Lui griffonner lesmots, lui tracer les pas et, surtout,qu’elle ne les piste pas. Quelletristesse pour nous autres, lespauvres de nous, «marchands» del’info. Quelle tristesse, car nousn’avons personne à qui faire notredoléance. Rien pour nousdéfendre. Rien pour réclamer.Personne à qui se plaindre. Selamenter d’un sort si incertain.Même pas un mur. C’est unmoment de grande inquiétude.Pour nous autres. Les coupstombent de partout et, surtout,sur tous. Nous avons l’info d’unchangement que noussouhaitions pour le mieux. Pour ladignité du journaliste et lacontinuité du métier à l’ère d’unemutation planétaire en matière decommunication. Mais d’autres«rédacteurs-penseurs» ont vuautre chose. Cette presse a bondos, surtout à l’approche deséchéances électorales, il faut lamâter. L’étouffer, lui tourner ledos. Cette presse-là survit grâce àla pub, coupons la pub et… il nefaut surtout pas avoir peur dupeuple, car ce peuple est âpre àun quelconque changement, quine s’annonce avec aucune saison. Âpre à une révision de sasituation régissant allègrement leconcept des contrepoids. Nousavons tendance à occultersouvent l’harmonie qui prévautchez nos responsables. Il y a sansdoute une harmonie, une ententesur les marqueurs rouges à nepas griller. Plus qu’une harmonie.Du respect, y en a. Un consensus se constituant enjury au sujet de la presse dont leverdict est tombé : coupable !

S. M.

CONDOLÉANCES Le directeur et tout le collectif de l’hebdo Crésus, profondément attristés par le décès, àl’âge de 84 ans, de Mme Halima Berrah, mère de M. Abdelhakim BERRAH, Président dela COSOB, présentent à ce dernier leurs sincères condoléances et l’assurent en cettepénible circonstance de leur profonde sympathie. Que Dieu, le Tout-Clément, accueille la défunte en son paradis.Rappelons que M. Abdelhakim BERRAH, compétence nationale, est le parrain de Crésus, et ce depuis son premier numéro.

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 201842

L’Hebdo national de l’Économie, édité par la SARL CELIGNE Éd. & Com.DIrECtEUr DE pUBLICatION SAMIR [email protected]

Coordinateur de rédaction Kamel AïT BESSAIService correction Mohammed BENNAïadministration El fayet Club - Ouled fayetrédactionEl fayet Club - Ouled fayetà proximité de l’Opéra d’Alger.

Marketing : 0561 685 [email protected] : www.cresus.dzr. C. : 15B 0808682- 09/00 Compte bancaire :02900161220043968344 Impression : ALDP Diffusion: ALDP

publicité : ANEP 01, rue pasteur, Alger tél. : 021 73 76 78/ 021 73 71 28 021 73 30 43 fax. : 021 73 95 59

à l’oreille de CrésusOOREDOO PARTENAIREDU 32ÈME CAMP DES SCOUTS ARABES

Ooredoo est le partenaire de la 32ème édi-tion du Camp des Scouts Arabes, qui setient à Alger du 25 août au 05 septembre2018 sous le slogan «Le rêve arabe». Placéesous le Haut patronage de son Excellence lePrésident de la République, M. AbdelazizBouteflika, cette manifestation panarabe,organisée par Les Scouts Musulmans Algé-riens (SMA), regroupe plus de 1200 partici-pants représentant une vingtaine de paysarabes. Cette édition, qu’accueille l’Algériepour la troisième fois, vise à promouvoir levivre ensemble, la culture de la paix ainsique la solidarité et la fraternité entre lespeuples. Un riche programme est concoctépar le Comité d’organisation au profit desparticipants avec notamment, des activitésculturelles et éducatives, des visites touris-tiques, des animations aquatiques, des jeuxde divertissement et des conférences thé-matiques. Par sa participation à ce 32èmeCamp des Scouts Arabes, Ooredoo confir-me son statut d’entreprise citoyenne réso-lument impliquée dans le soutien des évè-nements qui contribuent au rayonnementde l’Algérie.MINESLES MODALITÉSD’EXPLOITATION FIXÉES

Les modalités et procédures d’attribu-tion des permis miniers ont été fixées pardécret exécutif publié au journal officieln°49. En application des dispositions dela loi minière du 24 février 2014, cedécret fixe la liste des substances miné-rales relevant du régime des carrières,objet de permis d’exploitation de car-rières que les walis territorialementcompétents peuvent attribuer dans lecadre de la réalisation de projets d’infra-structures, d’équipements et d’habitatarrêtés dans les programmes de dévelop-pement de ou (des) wilaya(s).Il fixe éga-lement des modalités et procéduresd’instruction des dossiers de demandedes permis miniers, de délivrance, derenouvellement, de suspension, deretrait, de renonciation, de cession et detransfert des permis miniers. Les modali-tés et procédures de l’adjudication despermis d’exploitation de mines ou decarrières sont aussi fixées par le décret.Ainsi, la liste des substances minéralesrelevant du régime des carrières, objetde permis d’exploitation de carrières que

les walis territorialement compétentspeuvent attribuer dans le cadre de la réa-lisation de projets d’infrastructures,d’équipements et d’habitat arrêtés dansles programmes de développement de ou(des) wilaya(s) comporte : les calcaires,grès, quartzites, granites, basaltes ettoutes autres roches éruptives ou méta-morphiques pour granulats y comprissables concassés , tuf et sables des dépôtsalluvionnaires ou autres destinés à laconstruction, autres que ceux provenantdes plages du littoral ainsi que des allu-vions et atterrissements situés dans leslimites des cours d’eau , galets, éboulis,arènes granitiques, tuf en croûte, débriscalcaires, marnes, schistes et autres tout-venant. S'agissant des modalités et pro-cédures applicables à l'attribution despermis miniers, il est indiqué que les per-mis miniers sont octroyés par voie d’ad-judication ou par attribution directe. L’at-tribution directe est l’octroi d’un permisminier sans appel formel à la concurren-ce, mais sous les conditions et réservesque le demandeur du permis minier pré-sente une demande conforme aux dispo-sitions du présent décret et justifie decapacités techniques et financièresnécessaires pour mener à bien les activi-tés minières prévues, selon le décret.L’octroi de permis miniers correspon-dant aux demandes est assorti du paie-ment d’un produit d’attribution, confor-mément à la législation, auprès des rece-veurs des impôts et versé au fonds dupatrimoine public minier.CÉRÉALESUNE PRODUCTIONRECORD DE PLUS DE 60MILLIONS DE QUINTAUX

La valeur de la production des céréales aenregistré une évolution significative",en 2018 s'élevant ainsi à plus de 220 mil-liards DA, dont 141,7 mds DA constituésde blé dur, a indiqué samedi à Alger, leministre de l’Agriculture, du Développe-ment rural et de la Pêche, M. AbdelkaderBouazghi. La valeur de la production des céréales aenregistré durant la saison des mois-sons-battage 2017-2018 une évolution"significative" passant de 135,302 mdsDA en 2017 à 220, 257 mds DA en 2018,soit une hausse de 63% par rapport à lacampagne précédente, a précisé M.Bouazghi lors d’une une rencontre d'éva-luation de la compagne 2017-2018, orga-nisée au siège du ministère. La filièrecéréalière concerne presque la moitiédes exploitations agricoles du pays, avecune superficie 3,5 millions d’ha et procu-re plus de 600.000 emplois, auxquels ilfaudra ajouter le nombre d’entreprisesen activité dans le secteur de la transfor-mation des céréales.Cet intérêt a permis à la filière céréalièred'enregistrer durant la campagne 2017-2018 une production "record", attei-

gnant ainsi plus de 60 millions de quin-taux, a signalé le ministre de l’Agricultu-re. "La production céréalière réellementobtenue, durant la campagne 2017-2018a atteint 60,5 millions de quintaux contre34,7 millions quintaux, durant la cam-pagne précédente, soit une augmenta-tion de 74,4%", a précisé M. Bouazghi.Plus précisément, le ministre de l’Agri-culture a fait savoir que la productioncéréalière est repartie entre le blé dur àraison de plus de 31,5 millions quintauxcontre 19,9 millions quintaux, durant lacampagne précédente, soit une augmen-tation de 58%. Concernant la productionde l’orge, elle a atteint plus de 19,5 mil-lions de quintaux contre 9, 69 millionsquintaux durant la campagne précéden-te, soit une hausse de 100 %. Le reste de la production est constituéede blé tendre (7,9 millions de quintaux)et d’avoine, a ajouté M. Bouazghi.Ainsi, il s’agit d’une production "record,qui n’a jamais été réalisée", s’est -il félici-té soulignant que "cette augmentation dela production est due essentiellementaux moyens matériels et humains mobili-sés, au suivi rigoureux effectué par lescadres du secteur au niveau central etlocal et à l’amélioration de la productivi-té par hectare, toutes espèces confon-dues, qui est passée de 15 quintaux/hec-tare en 2016/2017 à 19 quintaux/hecta-re en 2017/2018". S’agissant de la quan-tité de céréales collectées par les Coopé-ratives des céréales et légumes secs(CCLS) auprès des céréaliculteurs, elle aatteint 27 millions de quintaux contreplus de 16 millions de quintaux, livrés lacampagne écoulée, soit une hausse de67%. Le blé dur représente, selon leministre, 76% du volume global collecté,soit plus de 19,9 millions de quintaux. Selon le ministre, ce volume est "nette-ment supérieur" au bilan de collecteenregistré lors de la campagne écouléequi était de 13,6 millions de quintaux,soit une hausse de 46%. RÉGIME DE RETRAITE3,2 MILLIONS DEPERSONNESCONCERNÉES EN 2018

Un total de 3,2 millions de bénéficiairesdes avantages de la retraite sont enregis-trés actuellement en Algérie, a indiqué ledirecteur général de la Caisse nationalede retraite (CNR), Slimane Melouka."Les départs à la retraite pour l'exercice2018 aux environs de 50.000, en baissepar rapport aux années 2015 et 2016 quiont vu des départs entre 150.000 et200.000 personnes" (estime Melouka)"Un total de 3,2 millions de bénéficiairesd'avantages de la retraite (entre les pen-sions et allocations directes et indi-rectes)" est enregistré actuellement enAlgérie, a précisé M. Melouka à la Radioalgérienne.Il a expliqué que "la situation financière

de la CNR, qui était très favorable dansles années 2010 et 2012, s'est dégradéemalheureusement, à partir de 2014 et2015 pour atteindre un niveau assezimportant dans les années 2016, 2017après le départ massif avant l'âge légal deplus d'un million de personnes".Pour remédier à cette situation, "de nom-breuses dispositions ont été prises enfaveur de la CNR notamment par desapports effectués par les autres caissesde sécurité sociale et puis récemment en2018 par un apport de l'Etat assezimportant qui vient s'ajouter à un apportrégulier qui se fait de la part de l'Etat etqui tourne autour de 15% des dépenses",explique-t-il.Pour rappel, le ministre du Travail, del'Emploi et de la Sécurité sociale, MouradZemali, avait annoncé récemment que larevalorisation des pensions de retraitepour l'année 2018 est maintenue et seramodulable avec des taux allant de 0,5 à5% en fonction du montant de la pen-sion. L'incidence financière de cette reva-lorisation est de l'ordre de 22 milliardsDA, avait-il ajouté.PROJET DE LOI SUR LESHYDROCARBURESLA PREMIÈRE MOUTUREPRÊTE VERS LA FIN DEDÉCEMBRE

Le ministre de l'Energie, Mustapha Gui-touni a révélé, hier à Alger, que la pre-mière mouture du projet de la nouvelleloi sur les hydrocarbures sera prête versla fin de décembre 2018.Dans une déclaration à la presse, enmarge de l'ouverture de la session parle-mentaire ordinaire du Conseil de lanation, le ministre a indiqué que "le pro-jet de loi sur les hydrocarbures est enétude et la première mouture pourraitêtre prête vers la fin de décembre", affir-mant que "tout se passait au mieux".En réponse à une question sur la possibi-lité d'intégrer les jeunes diplômés desdifférents instituts et établissementsspécialisés dans le secteur de l'énergie,le ministre a déclaré que "le domainepétrolier est très vaste et que les opéra-teurs économiques algériens ont beau-coup à faire".Il a fait savoir, à ce propos, que "son sec-teur proposera des segments très impor-tants devant permettre aux entrepriseslocales d'y activer et par conséquent per-mettre l'intégration des jeunes diplômésalgériens"A la question de savoir si le Gouverne-ment envisageait de nouvelles augmen-tations des prix des produits énergé-tiques (carburants et électricité) dans lecadre du projet de loi de finances 2019,M. Guitouni a déclaré "écarter toute aug-mentation des prix des carburants,d'électricité ou de gaz dans le cadre de ceprojet de loi".

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43CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018

actualité PRESSE ET PUBLICITÉLe duo mal-aimé du gouvernement

Il est vrai que les fausses entreprises de presse pullulent en Algérie, dans un marchéque l’Etat a du mal à réguler, et ce, en dépit de l’existence d’instruments juridiques

prévus dans la loi organique sur l’information de 2012, et dont nombre dedispositions ne sont pas encore libérées. La faute à qui ?

4par Kamel aïte Bessaï

Le gouvernement compte resser-rer l’étau sur la presse en matiè-re de publicité. C’est ce qui res-sort de la lecture de la disposi-tion contenue dans l’avant-pro-jet de loi de finances 2019 et qui consiste àlimiter les budgets publicitaires des entre-prises économiques. La presse devrait sepoursuivre donc à l’encontre des médias,notamment la presse écrite lorsque le gou-vernement suggère que « les dépenses liées

à la promotion des produits (biens ou ser-vices) ne sont déductibles au plan fiscal,qu’à concurrence de 2,5% du chiffre d’af-faires annuel », dans son avant-projet deloi de finances pour l’année 2019. Enincluant dans cette disposition lesdépenses liées à la promotion de produitset celles liées à la publicité sous toutes sesformes et les frais de lancement des pro-duits, le rédacteur du projet de Lf2019 nelaisse aucun doute sur les intentions despouvoirs publics de donner un autre tourde vis à la dépense publicitaires des entre-prises économiques. Cette nouvelle dispo-sition, si elle venait à être adoptée par leParlement, viendrait s’ajouter à la pres-sion fiscale déjà exercée sur les entre-prises de presse. En effet, ces dernièresont vu déjà les insertions publicitairessoumises à une TVA de 19% et les béné-fices générés frappés par l’Impôt sur lesbénéfices des sociétés (IBS). Les dépensessont déductibles d’impôt mais les nom-breux intermédiaires qui parasitent lemarché et la marge que prend l’intermé-diaire public font que les bénéficies desentreprises de presse se réduisent en peaude chagrin.Les professionnels des médias estimentunanimement, en dépit de leur dispersion,que l’Etat, autrement dit le Trésor public etle fisc perdront plus qu’ils ne gagneronten imposant de telles dispositions car leseffets immédiats seront la fermeture desentreprises et la mise à l’arrêt des nom-breux prestataires et un manque à gagnersur l’assiette imposable et cotisable.Le gouvernement, lui, préfère parler demoyens de lutte contre la fraude et la cor-ruption dans ce domaine. Il est vrai que lesfausses entreprises de presse pullulent enAlgérie, dans un marché que l’Etat a dumal à réguler, et ce, en dépit de l’existenced’instruments juridiques prévus dans laloi organique sur l’information de 2012, etdont nombre de dispositions ne sont pasencore libérées. La faute à qui ? Les pou-voirs publics reprochent aux médias leurdispersion et les professionnels, eux, seplaignent de contraintes bureaucratiquesqui empêchent la transparence dans cemétier.Autre danger que pourrait charrier lamise en œuvre de cette disposition fiscale,la crainte de voir disparaître les activitésde sponsoring et de mécénat, deux aspectsliés à la publicité et qui sont des para-mètres importants dans le développementd’une entreprise, surtout pour celle agis-sant dans un domaine fortement concur-rentiel. Mais aussi pour les activitésqu’elles financent bénévolement.La confirmation d’une telle dispositionferait accentuer la situation de précaritédans laquelle patauge déjà une bonne par-tie des entreprises de presse, surtoutcelles gérés par des professionnels respec-tueux de l’éthique et de la déontologiemédiatiques.La presse, c’est toujours de l’édition ?Il est vrai que ce tour de vis fiscal que legouvernement veut donner à la publicité

s’explique par la raréfaction de la publicitépublique en raison de la contraction de lacommande dans ce domaine. Les budgetspublicitaires sont de ce fait réduits drasti-quement et les profits aussi. 60 titres depresse écrite (34 quotidiens et 26 hebdo-madaires) ont même cessé de paraître cestrois dernières années.On incrimine souvent Google et face-book avec leur politique publicitaire quidéfie toute concurrence. Le gouvernementSellal a certes essayé de s’attaquer à cephénomène, en vain. A croire que le lobbyde l’informel dans la presse est plus fort.Mais le problème de fond reste lemonopole de l’Etat sur la publicité éta-tique. L’Etat étant le plus gros annonceurpublicitaire en dépit de la contraction de lacommande publique à partir de 2014 et ledébut de la crise pétrolière, le problèmeréside sur le plan de la symbolique. Lapublicité étant la source première de lasurvie des entreprises médiatiques, salibération de tout monopole et sa misesous tutelle d’instances collégiales derégulation, est une condition sine qua nonpour son épanouissement. Aujourd’hui,force est de regretter que la distributionde la manne publicitaire profite aux moinsrécalcitrants. C’est la ligne de conduite desgouvernements qui se sont succédé.Une entreprise de presse est, à la baseune entreprise d’édition. Autrement dit,un journal ou une télévision tout commeune maison d’édition spécialisée dans lelivre, produit une matière intellectuelle.De ce fait, la différence de régime est injus-tifiée logiquement. De plus, les entreprisesde presse sont créatrices d’emplois et derichesse et la levée des contraintesbureaucratiques pourrait les aider à diver-sifier leurs produits et enrichir aussi bienles propriétaires que les caisses de l’Etat.MarCHÉ pUBLICItaIrE : NÉCESSI-tÉ D’UNE aUtOrItÉ DE rÉGULa-

tIONRachid Hessas, le responsable del’agence de communication R&H Commu-nication, a estimé que le marché publicitai-

re et pour peu que le rythme de croissancedu secteur se maintienne durant les 15prochaines années : «il est probable de levoir atteindre le milliard de dollars, avecune position de leader dans la région». Uneréalité qui «risque d’attirer beaucoup deprédateurs, alors que le secteur a besoind’investisseurs», a-t-il ajouté lors d’unerencontre sur la publicité tenue à Alger à lafin de l’année écoulée. M. Hessas regretteque de «nombreuses agences internatio-nales se taillent la part du lion en Algérie, etdont les intentions d’investissement sontnulles». Soulevant par là un autre aspect etnon des moindres des maux qui rongent laprofession.Le marché publicitaire est capté pardes entreprises de publicité étrangère ouagissant pour le compte d’agences médiasétrangères et qui ont fait main basse surles plans médias et les budgets de nombred’entreprises étrangères installées enAlgérie. Cette amère réalité est connue detous et les services de l’Etat savent parfai-tement les dividendes que tirent ces

monstres étrangers de la publicité qui sontde véritables prédateurs.L’ouverture inévitable de l’Algérie aucommerce international et la raréfactionde la contraction de la commandepublique et son impact négatif que lapublicité étatique, rendent la mise en placed’une autorité de régulation de la publici-té, prévue dans le code de l’information de2012, d’une impérieuse nécessité. Demême que la diversification des activitésdes entreprises de presse est une questionprimordiale pour la survie des médias enAlgérie. Enfin, l’aide à la presse, cette pra-tique universelle qu’on retrouve mêmedans les pays les plus ultralibéraux,devrait profiter aux véritables entreprisesde presse en Algérie. Le fonds d’aide à lapresse, institué depuis 2000, est un garantde la professionnalisation des médias parle biais des actions qu’il finance et qui nemanqueront pas d’impacter positivementle rendu journalistique.K.a.B.

LE MARCHÉ PUBLICITAIRE CHEZ NOS VOISINS

au Maroc, les investissements publicitaires ont augmenté de 3,2 % en 2017. Lesannonceurs marocains ont investi 596 millions de dollars dans la publicité sur leterritoire du royaume, soit 18 millions de dollars de plus qu’en 2016.Ces données sont brutes et basées sur la pige publicitaire du cabinet Ipsos. Elles netiennent pas compte des nombreuses remises et gratuités offertes aux annonceurs,surtout par certains canaux de communication tel que l’affichage.D’après les statistiques, la télévision et les panneaux publicitaires ont capté lamajeure partie des investissements publicitaires, devant la presse écrite.En tunisie, des chiffres publiés à l’occasion de l’Open Sigma 2017, indiquent que lemontant global brut de l’investissement publicitaire en Ht est de 219 millions dedinars, un montant stable par rapport à 2015 (- 0.48%).Les investissements publicitaires sont répartis comme suit : 135 millions de dinarspour la tV, 34.8 millions de dinars pour la radio, 22,7 millions de dinars pour l’affi-chage urbain, 19.8 millions de dinars pour la presse papier, en chute continuellesauf pour la presse magazine et 7 millions de dinars pour le digital.Les secteurs ayant le plus investi en matière publicitaire sont : télécom et Internetavec 49.53 millions de dinars, l’alimentaire 38 millions de dinars, l’Hôtellerie13.87 millions de dinars, la Distribution 8.6 millions de dinars et l’Hygiène avec 8.3millions de dinars (pour les supports tV, radio et presse papier).

K.a.B.

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4par Hocine adryen

Cette émission monétaire qui vas’étaler sur cinq ans avec l’objec-tif de restructurer et de rééquili-brer les finances publiques sefera sur la demande de créditspar le Trésor public. La première opérationva se faire via une émission monétaire pourle compte du Trésor public. En attendant devoir d’autres mécanismes qui vont toucherles banques primaires, le ministre desfinances, Abderrahmane Raouya, avaitchiffré au mois d’octobre 2017 les besoinsdu Trésor public en matière de financementà 570 milliards de dinars en 2017, à 1815milliards en 2018 et à 580 milliards en2019. Le gouvernement joue la carte de latransparence concernant le montant dufinancement non conventionnel. Cette opé-ration s'insère dans le cadre du finance-ment non conventionnel, communémentconnu sous l'appellation de processus de«la planche à billets». La planche à billetsn’a pas été sollicitée entre le 31 mars et le30 juin derniers. Ainsi, le montant des titresémis dans ce cadre s'est établi à 3.585 mil-liards de DA jusqu'au 31 mai 2018, a indi-qué la Banque d’Algérie dans sa situationmensuelle publiée au journal officiel n°49.Cette émission de titres a été réalisée dansle cadre de l'article 45-bis de la loi relativeà la monnaie et au crédit de 2003, modifiéeet complétée en octobre 2017, qui stipuleque la Banque d’Algérie procède, à titreexceptionnel et durant une période de cinqannées, à l'achat directement auprès duTrésor, de titres émis par celui-ci, à l'effetde participer, notamment à la couverturedes besoins de financement du Trésor, aufinancement de la dette publique interne etau financement du fonds National d'Inves-tissement (fNI). En outre, l'article 45-bisnote que ce dispositif est mis en œuvrepour accompagner la réalisation d'un pro-gramme de réformes structurelles écono-miques et budgétaires devant aboutir, auplus tard, à l'issue de la période susvisée,notamment, au rétablissement des équi-libres de la Trésorerie de l'Etat et de l'équi-libre de la balance des paiements. A traversce nouvel instrument, il s'agit de couvrir lesbesoins de financement du Trésor, de finan-cer le remboursement de la dette publiqueinterne, et ce, en particulier, les titres del'Emprunt national pour la croissance levéeen 2016, les titres du Trésor émis encontrepartie du rachat de la dette bancairede Sonelgaz et les titres du Trésor émis auprofit de la Sonatrach en compensation dudifférentiel sur les prix des carburantsimportés et de l'eau dessalée. Il s'agit aussi,dans le cas échéant, de permettre au Trésorde doter en ressources le fNI, au titre desprises de participation de l'Etat dans desinvestissements ou de financements à longterme de programmes publics d'investisse-ments. Cet instrument non conventionnel,dont l'objet est de permettre la mobilisa-tion par le Trésor de financements excep-tionnels, revêt un caractère transitoire,limité dans le temps à cinq années. Lerecours à cet instrument est adossé à unprogramme de réformes structurelles éco-nomiques et budgétaires qui, grâce à unerationalisation de la dépense publique et àune optimisation des recettes fiscales, doitaboutir, au plus tard à l'issue de la périodeconsidérée, au rétablissement des équi-libres macroéconomiques et financiers (leséquilibres de la Trésorerie de l'Etat et

l'équilibre de la balance des paiements).Cette question continue à soulever desinterrogations en Algérie, plus particulière-ment au sein de l’opposition et de certainsexperts qui craignent un recours massif à cegenre de procédé. Il faut savoir que le finan-cement non conventionnel est un finance-ment qui se fait directement entre laBanque d’Algérie et le Trésor public via desprêts, des avances et de l’endettement. Cesparties adverses craignant en effet un bas-culement du fRR qui «est une épargnechargée de compenser le déficit du Trésorvers la Banque d’Algérie qui va le compen-ser par l’émission monétaire». Ces expertsredoutent une inflation à plusieurs chiffres.Pour eux, l’effet inflationniste «est probablesi le gouvernement n’arrive pas à maitriserles transactions entre les banques pri-maires et les agents économiques qui vontintervenir directement ou indirectementdans l’alimentation de la commandepublique». Le ministre des finances, Abder-rahmane Raouya, a défendu la décision del’Algérie de recourir, depuis la fin 2017, aufinancement non conventionnel pour cou-vrir une partie des dépenses publiques enrappelant que le pays était «souverain»dans ses choix économiques et financiers.Invité à commenter le dernier rapport dufMI sur l’évaluation de l’économie algérien-ne, où l’institution de Bretton Woods, a sug-géré «l’arrêt du financement monétaire dèscette année», M. Raouya a refusé toutrecours à l’endettement extérieur par l’Al-gérie en défendant le choix de recourir aufinancement direct du Trésor auprès de laBanque d’Algérie : «Bien sûr, ils (le fMI)veulent que l’Algérie aille vers l’empruntextérieur, mais nous sommes souverainsdans notre pays et, en toute objectivité,nous espérons que ça (les résultats dufinancement non conventionnel) seracomme nous l’avons souhaité», a déclaréRaouya en marge de la présentation auConseil de la Nation du texte de loi orga-nique des lois de finances. Qualifiant le

recours au financement non conventionnelde choix courageux, le Premier ministreAhmed Ouyahia a indiqué que cela a permisà l’Algérie de «poursuivre son développe-ment économique, tout en évitant deconnaître la même situation de crise qu’en1986». Il a ainsi rappelé qu’en septembre2017, «l’Etat était dans une situation quin’allait pas lui permettre de payer les fonc-tionnaires», précisant qu’à la même périodede l’année, le Trésor public disposait de 50milliards DA, alors qu’il lui fallait 150 mil-liards DA au moins : «Cette situation auraitpu nous amener à un arrêt total de l’écono-mie nationale dans la mesure où c’était lasécheresse au niveau des banques. Aujour-d’hui la situation a pu être redressée certes,mais il reste encore un long chemin à par-courir d’autant que nous sommes engagés àatteindre un équilibre du budget en 2022»,a-t-il ajouté. A une question sur la destina-tion de l’argent du financement nonconventionnel, il a fait savoir que ces fondsvont vers des projets socioéconomiques :«En 2017, nous avons tiré 570 milliards DApour le budget et le En 2017, nous avonstiré 570 milliards DA pour le budget et lerèglement de certaines dépenses. Nousavons aussi soldé 452 milliards DA queSonatrach devait au Trésor», a relevé Ouya-hia, ajoutant que «le Trésor public avaitsauvé la Banque nationale d’Algérie (BNA)

en rachetant en cash 545 milliards DA qu’ilavait repris en bons de trésors sur unepériode de 30 ans». Toujours en matière definancement non conventionnel, Ouyahia afait savoir que 154 milliards DA ont étédégagés pour les projets AADL, alors quepour l’année 2018, quelque 900 milliardsDA sont dégagés pour le financement dudéficit qui était de 1.800 milliards DA. Acela s’ajoutent, a-t-il poursuivi, « les 500milliards DA consacrés au financement dela Caisse nationale des assurances sociales(CNAS) afin de renflouer les caisses de laCaisse nationale des retraités (CNR), autre-ment les retraités n’auraient pas perçuleurs pensions», a-t-il conclu. Dans son rap-port, le fMI a soutenu que les autoritésalgériennes disposaient encore «d’unefenêtre d’opportunités» pour «atteindre ledouble objectif de stabilisation macroéco-nomique et de promotion d’une croissancedurable». Mais cela nécessitera, selon lefonds, de recourir à un large éventail d’op-tions de financements, notamment l’émis-sion de titres de dette publique au taux dumarché, des partenariats publics-privés,des ventes d’actifs et d’emprunts extérieurspour financer des projets d’investissementsbien choisis. L’institution internationaleévoque, dans ce sens, un scénario alternatifpour la relance de la croissance en Algérieen suggérant, entre autres, l’arrêt du finan-cement monétaire dès cette année, même sielle note que le gouvernement reste engagédans son plan de consolidation budgétairequ’il compte reprendre dès 2019 pour réta-blir l’équilibre extérieur et budgétaire dansles délais. Le recours donc au financementmonétaire «restera limité dans le temps etles risques qui sont associés à ce modefinancement non conventionnel serontgérés avec rigueur», relève le fMI. Même sielles ne sont pas audibles pour le grandpublic, des voix s’élèvent, ici et ailleurs,pour pousser l’Algérie à solliciter leconcours des institutions financières inter-nationales. H. a.

CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 201844

actualité

Le financement nonconventionnel est unfinancement qui se

fait directemententre la Banque

d’Algérie et le Trésorpublic via des prêts,

des avances et del’endettement.

Cette émission monétaire qui va s’étaler sur cinq ans avec l’objectif de restructureret de rééquilibrer les finances publiques se fera sur la demande de crédits par le

Trésor public. fINANCEMENT NON CONVENTIONNELLe gouvernement joue

la transparence

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018 45

actualité

4par K. Benabdeli

Globalement, les revenus de l’Al-gérie devraient se maintenirentre 28 et 30% du PIB pourles cinq prochaines annéesmais resteront loin de leurniveau d’avant. Dans ce contexte, le fMI recommandeaux pays en voie de développement d’aug-menter les investissements dans l’éduca-tion et la santé, estimant que ces dépensessont en mesure de contribuer à réduire lesinégalités de revenus à moyen terme et àremédier à la persistance de la pauvreté.Austérité oblige, l’Algérie continuera, selonles économistes, à réduire le pouvoird’achat à travers des augmentations, essen-tiellement des produits indispensablespour assurer une bonne santé comme l’ali-mentation et le transport. En outre, un bud-get de 44 milliards de dollars (mds usd)serait prévu par le gouvernement pour lefinancement des importations en 2019.L’élaboration du projet de loi de finances2019 s’est basée sur un prix de référencedu baril de pétrole à 50 dollars américainssuivant un taux de change de 118 dinarsalgériens. Deux chiffres pouvant êtrecontestés car leur fluctuation est grande etne dépend pas de l’Algérie qui la subit. Lesimportations prévues ne peuvent êtrehonorées par les recettes pétrolières quireprésentent plus de 98% des entrées. L’im-portation des biens d’équipements, deconsommation et de santé pour l’exerciceprochain repose essentiellement sur lesrecettes pétrolières qui ne sont prévuesqu’à hauteur de 34 mds usd au plus. S’insé-rant dans une vision à l’horizon 2020, ceprojet dépend étroitement des recettespétrolières qui connaissent un recul d’an-née en année. L’objectif principal du PLf2019 étant leredressement des équilibres financiers quiperdurent depuis 2010 mais qui sont occul-tés par les coûts du baril de pétrole. Il n’y apas d’étude judicieuse des risques induitspar des facteurs externes perturbant touteévaluation qu’est la fluctuation des mar-chés pétroliers dans le monde. A cela,s’ajoute le gaz de schiste qui vient pertur-ber ce marché. Le but final étant de dimi-nuer les importations et augmenter lesexportations mais les indicateurs ne le per-mettent pas car la facture des importationsde biens alimentaires augmente, il en serade même pour d’autres produits indispen-sables, un défi impossible à relever.Le référentiel en matière de loi definances reste la Sonatrach qui a engrangé,selon ses bilans entre 2000 et 2017 environ800 milliards de dollars en devises, pourune dépense publique estimée, avec desdonnées contradictoires, entre 900/1000mds usd. La rente des hydrocarbures a per-mis une dépense publique sans incidencesur l’économie car les exportations horshydrocarbures restent inférieures à 2 mdsusd. Les Tunisiens, les Portugais et lesMarocains dépassent les 7 milliards de dol-lars avec moins de moyens. Les 50 annéesd’indépendance n’ont pas permis de dimi-nuer la prédominance de la rente deshydrocarbures qui irrigue toute l’économieet le social. Il faut se rendre à l’évidence que laplanche à billets et l’austérité qui érode lepouvoir d’achat ne permettront pas l’équi-libre budgétaire. Les exportations hors

hydrocarbures sont toujours marginalesmalgré toutes les mesures prises comme larègle des 49/51%, la licence d’importation,la dévaluation du dinar, sans compter lesmultiples aides accordées aux exporta-teurs. L’Algérie restera pour longtemps unpays importateur faisant la joie des fournis-seurs comme la Chine avec près de 8 mdsusd, la france avec 4 milliards, l’Italie avec3,5 mds et l’Espagne avec 3 mds. Les impor-tations resteront supérieures à 45 milliardsusd et les exportations d’hydrocarburesfossiles en dessous des 30 milliards, le défi-cit est à rechercher ailleurs.L’avant-projet de loi est par ailleurs éla-boré en partant de la prévision d’un baril depétrole à 50 dollars, qui devrait rapporter33,2 milliards de dollars. Les prévisions dutaux de change dinar-dollar ont égalementété revues à la hausse : alors que le gouver-nement tablait à l’automne 2017 sur 1 dol-lar à 115 Dinars pour les 3 prochainesannées, cette prévision a été revue à 118dinars pour 1 dollar pour l’année prochainesi ce n’est plus. Un autre paramètre, et pasdes moindres, est à signaler : le taux d’infla-tion pour l’année 2019 est prévu à 4,5%,soit le même qu’en 2018. La facture d’im-portations dépassera les 44 milliards dedollars tandis que l’érosion des réserves dechange devrait se poursuivre, pour s’établirà seulement 60 milliards de dollars à la finde l’année 2019, selon les prévisions.La paIx SOCIaLE, LES ÉLECtIONSEt LES MESUrES traNSItOIrESPour 2019, les financiers et gestion-naires du pays tablent sur une accalmie dufront social d’autant plus que l’année pro-chaine sera marquée par l’organisation del’élection présidentielle. Le recours à laplanche à billets est certain pour combler ledéficit et préserver les subventions. Certes,le ministre des finances avait affirmé aupa-ravant que 2019 verrait le début de la levéedes subvensions, à commencer par les car-burants, une affirmation qui semble être

mise en quarantaine, élections obligent. Lesimportations n’ont pas cessé d’augmenterces dernières années, et elles se sont stabi-lisées en 2017 avec près de 46 milliards dedollars, une diminution de seulement 1,13milliard par rapport à 2016.Selon le projet de loi de finances 2019, levolume des importations des marchandisesconnaîtra une baisse sensible. Il devrait aucontraire s’établir à 44 milliards de dollars,à peine 1, 5 milliard de dollars en moins parrapport à 2018. Les prévisions tablent pour2020 et 2021, respectivement sur 42,9 et41,8 milliards de dollars. Le politique parled’une décélération des déficits de la balan-ce commerciale mais ce n’est que desmiettes, car le déficit dépassera les 11 mil-liards de dollars.Les recettes budgétaires s’établiraient,en 2019, à presque 6508 milliards de DA, enhausse de de 0,2% par rapport aux recettesprévues en clôture de 2018. Quant auxdépenses, elles se situeraient à 8502 mil-liards de DA, en baisse de 1,5% par rapportà l’exercice en cours. Ce qui induirait undéficit budgétaire de 9,2% par rapport auPIB.Le projet de loi de finances mentionneque les dépenses de fonctionnementdevraient augmenter de 7,5% à 4,954 mil-liards de DA et les dépenses d’équipementse réduire de 6,1%. Les autorisations deprogrammes baisseront à 2,601 milliardsde DA et -12,2% pour les crédits de paie-ments qui se situeraient à 3,547 milliardsde DA. C’est sur la base de ces indicateursqu’est arrêté le budget de l’État pour 2019.Le souci de maîtriser la dépensepublique est maintenu mais souffre dumaintien des crédits de paiement évalués à1486,3 milliard de dinars qui serontconcentrés à hauteur de 71% dans troissecteurs : le soutien à l’habitat, l’agricultureet l’hydraulique ainsi qu’aux infrastruc-tures économiques et administratives.Depuis quatre ans, l’Algérie peine àredresser la barre et la politique retenue

n’a pas eu d’impact réel sur l’économie. Elleserait même « contre-productive », selondes experts. Une bien maigre moisson parrapport aux objectifs initialement annoncéset qui témoigne de l’échec des premiers dis-positifs de restriction des importations, envigueur depuis la mi-2015.Le PLf 2019 aura un cachet social etdonnera la priorité à la politique de protec-tion sociale, volet cher et primordial pourles pouvoirs publics. Les efforts seront axéssur le parachèvement des chantiers delogements qui bénéficieront de rallongesbudgétaires importantes pour permettre lalivraison du plus grand nombre aux sous-cripteurs, toutes formules confondues.Le secteur de l’emploi verra égalementsa dotation portée à la hausse pour faireface à l’impératif du recrutement de nom-breux travailleurs qui sont actuellementdans le système contractuel, le DAIP etautres mécanismes. La solidarité nationaleet la protection sociale sont des prioritéspour le gouvernement dans un contextemarqué par la montée des tensions socialeset des protestations de rue.Pour éviter l’embrasement général dufront social et les situations incontrôlablesqui en découleront, le gouvernement vajouer au pompier à travers une série deconcessions sur le plan socio-économique.Le souci d’absorber la colère sociale pèseralourdement sur la loi de finances 2019. Lerééquilibrage économique et la rectificationde l’orientation libérale introduite par lestextes précédents sera certainement ralen-tie. Toute la philosophie économique véhi-culée par le document sera assouplie pourne pas dire totalement revue avant mêmede le présenter aux députés pour approba-tion. Il est même question de l’abandon dela politique d’austérité appliquée depuis2014 afin de mettre fin politiquement aumarasme social qui gangrène le pays.Septembre sera le mois des pompiers.L’Etat fera tout pour empêcher les foyers detensions de se développer à travers la pro-motion de la politique sociale. Une cam-pagne de marketing vantant les acquis etles réalisations dans tous les domainesferont passer la pilule de la nouvelle loi definances.Selon certaines sources, il n’est pasprévu d’augmentations sur le carburant,l’électricité, le gaz, l’eau, le transport et lesproduits subventionnés. Comme pour lebudget 2018, les répercussions de celui de2019 se traduiront par une forte érosion dupouvoir d’achat des citoyens s’acquittant deleurs impôts et taxes.L’Algérie n’n finira pas avec les tensionsbudgétaires avec la politique de la plancheà billets car le brut n’atteindra plus les 80dollars le baril tel qu’escompté. Seule issuepour le pays d’opter en urgence pour deréelles réformes structurelles et d’adopterde nouvelles lignes de conduite permettanttechniquement et non pas politiquement dedynamiser les sections hors hydrocarburesdans le cadre des références internatio-nales. Le spectre du fMI rode autour du paysdepuis 2014 et son échéance se rapprocheavec l’épuisement progressif des réservesde change. La rente pétrolière et les res-sources fossiles en général s’épuiseront, larente en devises s’érodera, la lumièresocioéconomique s’éteindra et la transitionénergétique et écologique s’imposera.K.B.

Le gouvernement prépare le projet de loi de finances 2019 et tout laisse croireencore une fois que l’équilibre budgétaire ne sera pas atteint. Les prévisions du

FMI anticipent une baisse du déficit du solde budgétaire global à -0.5% en 2019 età 1% en 2020. De légers excédents seront enregistrés, toujours selon le même

rapport, à partir de 2020, estimés entre 0.2 et 0.3%, mais à quel prix ? PROJET DE LOI DE fINANCES 2019À la recherche de l’équilibre

budgétaire

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 201846

actualité

Entre janvier et fin juillet 2018,les exportations ont augmentépour atteindre 23,656 mds usdcontre 20,205 mds usd sur lamême période de 2017, soitune hausse de 3,45 mds usd (+17,08%),précise le Centre national des transmis-sions et du système d'information desDouanes (CNTSID). Pour les importations,elles ont très légèrement baissé à 26,908mds usd contre 27,197 mds usd à la mêmepériode de l'année écoulée, soit une dimi-nution de 289 millions de dollars (-1,06%).Les exportations ont assuré la couvertu-re des importations à hauteur de 88%contre 74% à la même période de l'annéeprécédente. Les hydrocarbures ont encorereprésenté l'essentiel des ventes algé-riennes à l'étranger (93,09% du montantglobal des exportations) en s'établissant à22,021 mds usd contre 19,111 mds usd,soit une hausse de 2,91 mds usd(+15,23%). Toujours marginales, les expor-tations hors hydrocarbures se sont établiesà 1,63 mds usd sur les 7 premiers mois de2018 (6,91% des exportations globales),contre 1,09 mds usd, en hausse de 49,45%par rapport à la même période de 2017.Les exportations hors hydrocarburesétaient composées des demi-produits avec1,276 mds usd contre 781 millions usd(+63,38%), des biens alimentaires avec224 millions usd contre 220 millions usd(+1,82%), des produits bruts avec 59 mil-lions usd contre 40 millions usd (+47,5%),des biens d'équipements industriels avec54 millions usd contre 41 millions usd(+31,71%), des biens de consommationnon alimentaires avec 22 millions usdcontre 12 millions usd (+83,33%) et desbiens d'équipements agricoles avec 0,09million usd contre 0,16 million usd (-43,75%).

BaISSE apprÉCIaBLE DES IMpOrtatIONS DES CarBUraNtS

Et LUBrIfIaNtSPour ce qui est des importations, unebaisse significative a été relevée pour lesbiens énergétiques et lubrifiants (y comprisles carburants), dont la facture a enregistréune baisse de 37,4% en s'établissant à 688millions usd sur les 7 premiers mois de2018 contre 1,099 mds usd à la mêmepériode de 2017. Des baisses ont égale-

ment été enregistrées dans les importa-tions des biens d'équipements agricoles etindustriels sur les 7 premiers mois de2018. Ainsi, la facture d'importation desbiens d'équipements agricoles s'est établieà 333 millions usd contre 391 millions usd(-14,83%).Pour les biens d'équipements indus-triels, ils ont été importés pour 7,57 mdsusd contre 8,47 mds usd (-10,66%).En revanche, la facture des produits ali-mentaires a connu une légère hausse ens'établissant à 5,23 mds usd contre 5,18mds usd (+0,98%).Les produits qui ont également connuune augmentation des importations sontles groupes des produits bruts, des biens deconsommation non alimentaires et des

demi-produits. Pour le Groupe des produitsbruts, les importations ont grimpé à 1,13mds usd contre 904 millions usd(+25,33%).Concernant les biens de consommationnon alimentaires, ils ont été importés pour5,54 mds usd contre 4,88 mds usd (+13,40%), alors que la facture des demi-produits acoûté 6,4 mds usd contre 6,26 mds usd(+2,36%).En terme de mode de financement desimportations, sur les 26,908 mds usd desbiens importés, un montant de 16,22 mdsusd a été payé cash (60,29% de la globaliLes lignes de crédit ont financé les importa-tions à hauteur de 9,69 mds usd (36,03%),tandis que le reste des importations a étéfinancé par le recours à d'autres moyens de

paiement pour un montant de 986 millionsusd, et aux comptes devises propres desimportateurs pour trois (3) millions usd.L'ItaLIE MaINtIENt Sa pLaCE DE

prEMIEr CLIENt DE L'aLGÉrIEConcernant les partenaires commer-ciaux, l'Italie s'est classée premier client del'Algérie pour le cinquième mois consécutifdepuis mars 2018, alors que durant lesdeux premiers mois de l'année en cours,l'Espagne avait occupé la tête du podium.Ainsi, les cinq premiers clients de l'Algé-rie ont été l'Italie avec 3,28 mds usd(13,89% des exportations globales algé-riennes), suivie de l'Espagne avec 2,88 mdsusd (12,16%), de la france avec 2,77 mdsusd (11,71%), des Etats-Unis avec 2,16 mdsusd (9,14%) et de la Grande-Bretagne avec1,65 mds usd (6,97%).Quant aux principaux fournisseurs del'Algérie, la Chine est encore venue en têteavec 4,13 mds usd (15,36% des importa-tions globales algériennes), suivie de lafrance avec 2,67 mds usd (9,91%), de l'Ita-lie avec 2,2 mds usd (8,18%), de l'Espagneavec 2,13 mds usd (7,92%) et de l'Alle-magne avec 1,88 mds usd (7,02%).r.E.

Le déficit commercial de l'Algérie s'est chiffré à 3,252 milliards de dollars (mds usd)sur les sept (7) premiers mois de 2018, contre un déficit de 6,992 mds usd durant la même période de 2017, soit un net recul du déficit de 53,5%, selon les Douanes

algériennes.BALANCE COMMERCIALEUn déficit de 3,25 milliards

de dollars à juillet 2018

LES prINCIpaUx CLIENtS DE L'aLGÉrIE DUraNt LES 7 prEMIErS MOIS DE 2018Voici la liste des principaux pays clients de l'Algérie et le montant des exportations algériennesvers chacun de ces pays sur les sept (7) premiers mois de 2018, ainsi que l'évolution des exportationsalgériennes (hausse ou baisse) vers ces pays par rapport à la même période de 2017.(Source: le Centre national des transmissions et du système d'information

des Douanes-Cntsid).

pays Valeur (Millions de dollars) Evolution -Italie 3.285 -6,20 %-Espagne 2.876 +21,66%-france 2.769 +15,86%-USA 2.162 +9,97%-Gde-Bretagne 1.650 +91,19%-Turquie 1.290 +35,93%-Pays-Bas 1.096 -13,08%-Brésil 1.087 -19,48%-Inde 993 +82,54%-Belgique 739 +46,05%-Sud Corée 677 --Chine 648 --Portugal 592 +4,41%-Tunisie 473 +22,22%-Maroc 347 + 38,80 %Sous-total 20.684TOTAL 23.656.

Les principaux fournisseurs de l'Algérie durant les 7 premiers mois de2018Voici la liste des principaux pays fournisseurs de l'Algérie et le montantdes importations auprès de ces derniers sur les sept (7) premiers mois de2018, ainsi que l'évolution des importations (hausse ou baisse) auprès de cespays par rapport àla même périodede 2017.(Source: le

Centre nationaldes

transmissions etdu système

d'informationdes Douanes-

Cntsid).

pays Valeur Evolution(Millions de dollars)-Chine 4.133 -21,05%-france 2.668 +9,93%-Italie 2.200 +9,13%-Espagne 2.132 +21,14%-Allemagne 1.888 +2,16%-Turquie 1.318 +6,29%-Argentine 1.300 +44,12%-USA 990 -11,53%-Sud-Corée 774 -32,40%-Inde 756 +20,38%-Brésil 714 -18,12%-Russie 619 -13,06%-Belgique 386 +4,61%-Arabie Saoudite 380 +37,68%-Canada 332 -22,43%

Sous-total: 20.590tOtaL : 26.908.

Toujours marginales, les exportations horshydrocarbures se sont établies à 1,63 mds usd sur

les 7 premiers mois de 2018 (6,91% desexportations globales), contre 1,09 mds usd, en

hausse de 49,45% par rapport à la même périodede 2017.

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018 47

actualitéLE PROJET DU NOUVEAU CODE DE TRAVAIL REMIS AU GOÛT DU JOURLes droits sociaux

seront-ils préservés ?

La contractualisation dans le monde du travail est en marche et sa mise en œuvresignifiera sans aucun doute la fin du mythe de l’Etat social, promu dans les textes

fondateurs de la République algérienne.

4par Kamel aïte BessaïLe ministère du Travail, de l’Em-ploi et de la Sécurité sociale s’at-tèle à mettre en place «un codede travail intégré qui sert l’éco-nomie nationale et préserve les

droits des travailleurs et des employeurs»,a indiqué jeudi le ministre, MouradZemali, en marge de sa visite d'inspectionet de travail dans la wilaya de Sidi Bel-Abbes. Soulignant que «la précipitationdans cette œuvre n’est pas utile» leministre du Travail, de l’Emploi et de laSécurité sociale a expliqué que le code dutravail ne concerne pas uniquement legouvernement, déclarant qu' «il doit yavoir un consensus des employeurs, dessyndicats des travailleurs et du gouverne-ment. Ce à quoi nous œuvrons actuelle-ment». Un « code de travail intégré »semble être la nouvelle formule danslaquelle est libellée cette contractualisa-tion qui ne dit pas son nom. M. Zemali aaffirmé, en outre, que l’Algérie n’a pas devide juridique dans ce domaine, rappe-lant qu'elle (l'Algérie) possède un arsenaljuridique qui a permis la mise en placed’une pluralité syndicale qui comprend101 associations syndicales, 65 associa-tions de travailleurs et 36 autres concer-nant les employeurs. «La question qui sepose actuellement est de réfléchir sur lamanière d’adapter les lois actuelles audéveloppement que connaît actuellementle monde du travail avec l’avènement dunumérique et autres», a-t-il souligné dansce contexte. Pour ce qui est de l’élabora-tion de la liste des travaux pénibles, M.Zemali a indiqué qu’un comité techniquecomposé d’experts planche sur la ques-tion pour déterminer les modalités declassement des travaux pénibles. «Unefois son travail achevé, les différents parte-naires sociaux et les instances concernéesseront consultés à ce sujet», a-t-il ajouté. Apropos du déficit de la Caisse nationalede retraite (CNR), le ministre a estimé qu’«il est inconcevable de revenir au mode deretraite à moins de 60 ans», insistant surla nécessité de sensibiliser les citoyenssur cette question et, en premier lieu, lestravailleurs.

rEMISE EN CaUSE DES DrOItS DES traVaILLEUrS ?La contractualisation dans le mondedu travail signifie la fin de l’Etat social.C’est clairement souligné par les expertsde par le monde. Et l’avant-projet de loiportant amendement du code du travail,dont une copie a été remise par le gou-vernement aux syndicats autonomespour consultation, est décrié unanime-ment par les représentants des tra-vailleurs car il constitue «une remise encause des acquis des travailleurs». Lessyndicats autonomes voient en ce texte «un recul injustifié» sur les acquis des tra-vailleurs. «Rien sur le plan économique,social ou même politique ne justifie lerecours à ces amendement», souligne M.Bouderba, lors de son interventiondevant des syndicalistes, rapporté par lequotidien El Watan. «Le projet prend enconsidération l’intérêt et les soucis desemployeurs et non ceux des employés,notamment pour ce qui est du recours aulicenciement», ajoute le conférencier. Onreproche également au projet du nou-veau code de travail de dépouiller les

comités de participation et la conventioncollective de leurs attributions. Ces ins-tances sont censées être des instrumentsde souveraineté dans la gestion et la prisede décision en entreprise. «Ce code nesera pas appliqué dans sa rigueur pourprotéger les droits des travailleurs, maiscette rigueur sera revendiquée quand ils’agira de sanctions», présage le syndica-liste. Le droit d’exercer une activité syn-dicale est aussi en danger en vertu desdispositions prévues dans ce projet deloi, préviennent les experts. Selon Moha-mad faradj, ancien directeur des res-sources humaines dans une multinatio-nale, et spécialiste en droit social, les dis-positions du projet de révision du codedu travail constituent «un recul» sur ledroit d’exercer une activité syndicale. Ledroit de grève est «sérieusement menacé»avec les nouvelles dispositions intro-duites avec les conditions non réalistesimposées pour chaque préavis de grève,prévient-il. Il y a plus grave encore. Dansle nouveau texte proposé, le termeemploi est remplacé par celui de place-ment. «La sécurité sociale et la retraite nese présentent plus comme un droit consti-tutionnel, mais comme un droit qui s’exer-ce dans le cadre d’un contrat de travail»,déplore l’ancien DRH qui considère quecela est le prélude à d’autres reculs àl’avenir. «L’Etat fuit sa responsabilité encas de faillite de la CNR et des caisses deSécurité sociale», alerte le même confé-rencier.Aussi, si la généralisation des contratsà durée déterminée (CDD) est la hantisedes syndicalistes qui y voient la preuvede la volonté manifeste de maintenirl’employé dans une situation de précari-té, il y est décelé également des disposi-tions qui risquent à terme de conférer lamême précarité aux contrats à duréeindéterminée (CDI) qui n’échapperaientdonc pas à la résiliation à la demande del’employeur à tout moment. Ceci trahit lafragilité dans la relation de travail. La lutte contre le harcèlement en

milieu professionnel est enfin prise encompte dans le projet du nouveau code,ce qui est une avancée et le résultatd’âpres luttes de syndicalistes et fémi-nistes dans ce domaine.LE CONtrat

À DUrÉE INDÉtErMINÉE EN DaNGErL’ancien ministre du Travail et de laSécurité sociale, M. Tayeb Louh, avaitmême parlé de la suppression du contratà durée indéterminée au sein des entre-prises pour lui substituer le travail parcontrat à durée déterminée. C´est pour,dit-on, une mise à niveau de la législationalgérienne du travail sous la forme d´unvéritable code du travail qui prendrapour référence les conventions de l´Orga-nisation internationale du travail (OIT).Les pouvoirs publics sont tentés deconférer plus de flexibilité et de mobilitéau contrat de travail afin de «dynamiser lemarché de l´emploi». M. Louh avait précisé que cette mesu-re sera appliquée dans toutes les entre-prises nationales et étrangères. Entermes de loi, un employeur peut recou-rir au contrat à durée indéterminée dansle cas d´un remplacement d´un salarié encas de départ définitif précédant la sup-pression du poste de travail, l´accroisse-ment temporaire d´activité. Le contrat detravail prévoit un complément de forma-tion professionnelle pour certaines caté-gories de salariés, les embauches sonteffectuées dans le cadre de la politique del´emploi (contrat initiative-emploi,contrat emploi-solidarité, contrat de for-mation en alternance des jeunes). Le

contrat à durée déterminée doit néces-sairement être conclu par écrit sinon ilest considéré comme étant un contrat àdurée indéterminée.A la fin du contrat, l´employeur n´estpas obligé de prévenir, à l´avance, le sala-rié de ses intentions de poursuivre lecontrat ou non. En référence à la mêmeréglementation, dans le cas où le contratn´est pas renouvelé, le salarié a droit àune indemnité en fin de contrat égal à 6%de la rémunération brute totale. Aussi, lesalarié a droit aux congés payés et s´il nepeut les prendre, il doit toucher en fin decontrat une indemnité compensatricecongés payés, égale au minimum à 1/10de son traitement brut total. La nouvellephilosophie consiste donc en la signaturepar l´employé d´un contrat à durée déter-minée avec possibilité de renouvelle-ment. L´employé, explique le ministre duTravail, ne sera pas privé de ses droitsélémentaires, à savoir le droit à la sécuri-té sociale. Lequel projet qui, faut-il le pré-ciser, est toujours au stade d´étude et faitl´objet d´intérêt particulier de la part duministre, sachant que cette nouvellemesure va dans le sens de réformer lecode du travail pour qu´il soit en confor-mité avec les conventions internationalesratifiées par l´Algérie.Si la «dépermanisation» est consacréedans le nouveau code de travail, c’est laprécarité qui va s’en suivre dans lemonde du travail, et pas seulement.Même le régime social de santé seraimpacté négativement et on assistera à laperte des acquis arrachés de haute lutte.K.a.B.

Les dispositions du projet de révision du code dutravail constituent «un recul» sur le droit

d’exercer une activité syndicale. Le droit de grèveest «sérieusement menacé» avec les nouvelles

dispositions introduites avec les conditions nonréalistes imposées pour chaque préavis de grève.

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 201848

RessouRces hydRiquesLa question de ladisponibilité desressourceshydriques se poseavec acuité dans lemonde, notammentdans la régionMENA, englobant leMoyen-Orient et leMaghreb, en raison,d’une part, de lafaiblesse de lapluviométrie et del’inégalité de larépartition desressourceshydriques issuesdes eaux de surface,d’autre part. Leseaux du Tigre et del’Euphrate, objet debras de fer entre laTurquie, Israël et lereste des pays duMachrek à celle duNil liant plusieurspays en amont del’Egypte, le Kenya etl’Ethiopie,notamment, labataille fait ragepour le captage del’or bleu. AuMaghreb, la nappede l’Albien suscitetoutes lesconvoitises. Desconventionsexistent aussi entreles pays comme laTunisie, la Libye etl’Algérie pour uneexploitationrationnelle de cetteressource nonconventionnelle,mais les casd’entorse à cetterègle sontconstammentrecensés parl’Algérie qui, elle,respectescrupuleusementson quota annuelen la matière.Crésus vouspropose uneimmersion dans lemonde desressourceshydriques, dont lessoubresauts font etdéfont la cartegéopolitiquemondiale.

Crésus

L’EAU AU MACHREK ET AU MAGHREBrareté et precarité des ressources

(2éme PARTIE)

LES rESSOUrCES HyDraULIqUESDU BaSSIN DU JOUrDaINL’élaboration d’un bilan hydrauliqueest d’une très grande complexité, car lesdonnées sont difficilement vérifiables –pour des raisons politiques et stratégiques– et ne se recoupent pas d’un auteur àl’autre. Il faut donc considérer les donnéesavec réserve et à titres purement indicatif.L’irrégularité des pluies est une carac-téristique majeure de cette région. Elles netombent que pendant les quelques moisde l’hiver, et se concentrent sur les hau-teurs et la côte méditerranéenne.En effet, les précipitations varient entre39mm/an à Eilat et 1 000 mm/an à Safaddans le nord d’Israël, 50mm/an dans lesdéserts du sud à 600 mm sur les hautesterres dans le nord-ouest de la Jordanie.En Cisjordanie, la pluviosité moyenneannuelle est d’environ 2900 millions demètres cubes d’eau. Malgré un taux d’éva-poration très élevé – environ 2000 mil-lions de mètres cubes d’eau et une déper-dition de 64 millions de mètres cubes – laCisjordanie conserve un solde positif de836 millions de mètres cubes. Or, ce rap-port pluvial en eau n’est pas complète-ment exploité par les Palestiniens, lespluies qui tombent sur les versants ouestdes monts de la rive occidentale du Jour-dain alimentent la nappe qui se trouvedans la plaine côtière israélienne, le béné-fice en revient aux autorités israéliennes. Au cœur du conflit israélo-arabe etobjet de toutes les convoitises, le Jourdainne déverse dans la mer morte qu’environ1300 millions de mètres cubes d’eau paran, les affluents du haut Jourdain sont larivière Hasbani qui prend naissance dansle jabal el-cheikh au Liban parcourt 21kilomètres et fournit quelque 138 millionsde mètres cubes d’eau au Jourdain. Ledeuxième affluent est le Dan qui couleentièrement dans les frontières d’Israël etdont l’apport au Jourdain est d’environ245 millions de mètre cubes d’eau. LeBanias avec ses quelque 121 millions demètres cubes d’eau prend sa source enSyrie et constitue le troisième influent duhaut Jourdain. L’essentiel des eaux duhaut Jourdain est accumulé dans le lac deTibériade et capté par le réseau de distri-bution israélien le « National Water Car-rier ». Environ 10 kilomètres en aval dulac, le Jourdain est rejoint par le Yarmouk,son principale affluent environ, 450 mil-lions de mètres cubes d’eau. Le Yarmoukaprès avoir pris sa source en Syrie, longela frontière jordano-syrienne et travers letriangle d’Adassiyyeh. A partir de cettehauteur, les autres affluents ne sont à l’estet à l’ouest que des sources insignifiantes. L’approvisionnement en eau de lapopulation arabe de la Cisjordanie estassuré par quelque 382 puits artésiens quifournissent environ 50 millions de mètrescubes d’eau par an – un tiers de la consom-mation annuelle d’eau à usage agricoleindustriel et domestique, le reste assurépar les 295 sources de la région des eauxde ruissellement et des citernes de récu-pération des eaux de pluies – (la quantitétotale annuelle de l’eau fournie par les dif-férents réserves et points d’eau de Cisjor-danie est estimées à 680 millions demètres cubes. Plusieurs aquifères assu-rent cet approvisionnement. L’aquifèreouest (l’aquifére yarkon-tanimim) est leplus important en Israël et en Cisjordanieavec une capacité de 350 millions demètres cubes par an, il coule vers la Médi-terranée et alimente la rivière Yarkonprès de Tel Aviv/Jaffa ainsi que les coursd’eau de Tanimim près de Hadéra. Aujour-

d’hui, cet aquifères est exploité par près de200 puits situés du côté israélien de laligne verte et 200 millions de mètrescubes par an sont pompés par un pipe-linepour le désert du Néguev dont seule unepartie est réellement utilisée Les Palesti-niens reprochent à Israël de leur imposerdes restrictions sur l’utilisation de l’eau etde pratiquer à leur égard un système dis-criminatoire de fixation des prix. Pratique-ment, rien n’est fait pour mettre en valeurces terres afin de répondre aux besoinsd’une population croissante. Le deuxièmeaquifère est situé dans le nord est Giloba-Beit She’an /Jabal fuqou’a-Beit She’an) etfournit 140 millions de mètres cubes d’eaupar an deux autres aquifère de moindreimportance fournissent l’eau à la popula-tion de cette région : le premier sous leversant ouest des collines cisjordaniennesde (Jenin jusqu’à Be’er Cheva) le second lelong de la côte méditerranéenne (d’Aquivaà Khan Yuniss). La situation est plus dramatique dansle bande de Gaza. La pression sur les res-sources hydrauliques se fait de plus enplus importante l’approvisionnement eneau est estimé à 130 millions de mètrescubes par an en provenance essentielle-ment des nappes aquifères côtières l’eaude ces nappes est sérieusement polluéepar des infiltrations d’eau de mer la moitiéest qualifiée par les officiels israéliens detrouble et près du quart n’est absolumentpas potable. La JOrDaNIE CONNaItra-t-ELLE

UNE pÉNUrIE D’EaU ? Les responsables du royaume hachémi-te sont sérieusement inquiets de l’amenui-sement des ressources hydrauliques deleur pays. En effet, la Jordanie qui couvre89 000 Km2 est située dans sa presque-totalité dans la zone semi-aride, seul leshautes terres de l’ouest et du nord-ouestsubissent l’influence d’un climat méditer-ranéen et 6% seulement de la superficietotale reçoit des précipitations de plus de300 millions de mètres cubes/an, quantitéminimum requise pour un développementéconomique durable. La quantité d’eau disponible est d’envi-ron 800 millions de mètres cubes par andont 320 millions proviennent des eaux desurface y compris 130 millions du Yar-mouk et 120 millions du Jourdain, les 480autres millions de mètres cubes d’eauétant fournis par des réserves souter-raines renouvelables et non renouve-lables. Les nappes fossiles non renouvelablesconstituent l’approvisionnement le plussûr et le plus extensible étant donné l’am-pleur des ressources contenues dans lessous-sols du sud du pays. La nappe la plusimportante Amman-Wadi sir est forméede plusieurs poches et s’étend sous tout leterritoire du royaume à une profondeur

variant entre 50 et 700 m. Les nappesrenouvelables alimentées par les précipi-tations fournissent environ 270 millionsde mètres cubes il faut noter que malgréles précipitations exceptionnelles (supé-rieures à 1100 millions de mètres cubes)de l’année 91/92 ces nappes sont en bais-se régulière. Malgré une consommationper capita très faible (quelque 205 mètrecubes) les nappes aquifères jordaniennesont été exploitées au-delà de leur capacitécritique (115% des ressources renouve-lables) Ce qui a accéléré le déclin desniveaux hydrostatiques, notamment celuide l’oasis d’Al-Azraq qui fournit l’essentielde l’eau potable de la ville d’Amman lanappe aquifère de Disi que la Jordanie par-tage avec l’Arabie saoudite, pourrait certeslivrer entre 100 et 120 millions de mètrecubes par an d’eau potable aux villesd’Akaba d’Amman et de Zarqa. Cependantl’Arabie saoudite ayant commenté à y pui-ser depuis 1983, il est à craindre que si lerythme actuel d’exploitation devait sepoursuivre ces réserves seraient mises àsec au bout de 25 ans . LES rESSOUrCES EN EaU D’ISraëL Les ressources renouvelables d’eaudouce sont estimés à 1600 millions demètres cubes par an dont 35% soit envi-ron 380 millions sont captés dans le bas-sin et le lac de Tibériade ; 70 à 100 mil-lions de mètres cubes d’eau sont égale-ment captés dans le Yarmouk Deux tiers des besoins en eau sontassurés par les eaux souterraines qui sontde plus en plus exposées à la pollution et àl’exploitation excessive. Israël puise dansdeux nappes phréatiques principales lacouche aquifère côtière et celle de la mon-tagne (Yarkon-t aninim). Des nappesphréatiques de moindre importance setrouve également en Galilée ainsi que dansla partie nord de la Cisjordanie (aquifèrede Giloba ben Shean d’une capacité de 140millions de mètres cubes d’eau par an) etsous les pentes orientales de la vallée duJourdain. Pour les années à venir, on pré-voit une plus forte demande en eaupotable et ceci pour deux raisons princi-pales : l’arrivée des immigrants juifs enprovenance de l’ex-Union soviétique d’unepart et l’épuisement des réserves souter-raines de l’autre. Pour limiter la pressionqui en résulterait l’Etat hébreu devrarepenser sa politique agricole la réductionprogressive des surfaces agricoles et lereversement des priorités en accordant unmoindre intérêt aux cultures, grandesconsommatrices d’eau (comme le coton etles agrumes) pour mieux satisfaire lademande interne, sont des pistes que lesautorités israéliennes doivent exploiter(deux tiers de l’eau est utilisée pour l’irri-gation).

G.a.La suivre

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018410

oRanie

En effet, il s’agit d’un projetd’élevage de la spiruline ouArthrospiraplatensis, qui estune bactérie qui se dévelop-pe dans les eaux chaudes,peu profondes et saumâtres des mersintertropicales. Elle est considéréecomme un «super aliment» dans la luttecontre la malnutrition, par l'ONU. Aujour-d'hui, la bactérie également appelée

«algue bleue», est vendue sous diffé-rentes formes, comme complément ali-mentaire. Les vertus de la spiruline sontconnues, mais aucune étude n'a prouvéscientifiquement sa supériorité sur lesautres aliments. Les deux projets res-tants seront spécialisés dans l’élevage dela Tilapia dont la reproduction se fait enAlgérie, au niveau des deux écloseriesétatiques, à Sétif et Sidi Bel Abbés. La Tilapia est un poisson d'eau douceoriginaire du Nil. Cette espèce, introduiteen Algérie en 1960, n'est pas exigeante entermes d'apport alimentaire. Elle peutatteindre un poids commercial de 450grammes en 08 mois. Notons que le sec-teur de la Pêche et des RessourcesHalieutiques à Oran a enregistré ces der-nières années de grands progrès, enaquaculture avec la mise en service de 03fermes aquacoles. Le secteur seconcentre également sur le développe-ment de la pisciculture intégrée à l’agri-culture. Dans ce cadre, une opérationd’ensemencement d’alevins de tilapiarépartis dans 15 bassins d’irrigation esten cours à Oran. 15 agriculteurs à travers

la wilaya ont été choisis. La principaleespèce ensemencée au niveau des bas-sins d’irrigation est le Tilapia. La piscicul-ture intégrée à l’agriculture porte sur l’in-troduction de l’élevage de poissons dansun milieu à vocation agricole. Le procédéconsiste à développer les deux activités,

parallèlement ou séquentiellement, enbénéficiant des avantages de l’une pourl’autre. Il s’agit d’une activité qui permetde garantir un apport supplémentaire enprotéine de bonne qualité, pour l’agricul-teur et sa famille, de diversifier les reve-nus de l’exploitation agricole et d’amélio-

rer la qualité de vie des agriculteurs,notamment dans les petites exploita-tions. Aussi, l’utilisation de l’eau des bas-sins empoissonnés, riche en matièresorganiques, permet de diminuer l’utilisa-tion des engrais chimiques.E. a.

ILS SERONT IMPLANTÉS DANS LE VILLAGE DE MENATSSIAtrois nouveaux projets

d’aquaculture à Oran

L’agence de l’aquaculture de Mascara enétroite collaboration avec la Chambre del’Agriculture de la wilaya de Mascara ontprocédé ce jeudi 2 août 2018 à la distribu-tion de 45 quotas de poissons pour ense-mencement au niveau des bassins d’irriga-tion, ce quota a été destiné à la wilaya deMascara pour les fellahs ayant reçu une for-mation au mois d’Avril 2018 ce qui porte lenombre de fellahs ayant une culture depoisson à 127 ; ces fellahs sont divisés endeux catégories, une catégories intéresséepar l’irrigation et les fertilisants que pro-duisent les poissons, l’autre catégorie trèsintéressée et veut aller au-delà pour la pro-duction et veut même une formation appli-

quée. L’aquaculture est encouragée par lesvieux fellahs, mais les jeunes suivent et per-cent pour un développement de cette spé-culation, vu que la production actuelle n’estpas commercialisée, elle est seulementconsommée dans la famille ou répartieentre les voisins. Cette journée est la pre-mière pour la chambre de l’Agriculture quicompte 2000 fellahs ayant des bassins etqui peuvent pratiquer la culture de pois-sons soit pour la fertilisation de leurs cul-tures, soit pour la production et la commer-cialisation. La répartition des poissonspour ensemencement se fait suivant lesorientations du Ministère de l’Agriculture. E.a.

AQUACULTURE/ENSEMENCEMENT à MASCARA45 quotas d

e poissons distribués

La Direction de la Pêche et de l’Aquaculture de la wilaya d’Oran a procédé, encoordination avec la Conservation des Forêts, au choix de 03 sites pour

l’aquaculture dans la localité de Menatssia à Benfréha (daïra de Gdyel).

MOSTAGANEMplusieurs infrastructures de la poste et tIC livrées

Plusieurs infrastructures relevant de laposte et des télécommunications ont étéinaugurées et mises en service dans lawilaya de Mostaganem, à la faveur de lavisite d’inspection de la ministre de laPoste, des Télécommunications, des Tech-nologies et du Numérique, Houda feraoun.La ministre a procédé, à haï "La perle dela Méditerranée" à Kharouba, un pôleurbain situé à l’est de la ville de Mostaga-nem, à la mise en service du réseau du télé-phone par fibre optique au profit de 717logements. Cette technologique fTTH assu-re l'Internet avec un débit pouvantatteindre 100 mégabits par seconde auxrésidents et 1 gigabit au profit des profes-sionnels et tous les services dans le domai-ne des télécoms, selon les explicationsfournies par les responsables du secteur.La wilaya de Mostaganem a bénéficié,dans ce contexte, d’un projet de raccorde-ment de 2.600 foyers au niveau de 4 com-munes dont 1.915 via la technique de rac-cordement à domicile et 668 par la tech-nique de raccordement jusqu’à l’immeuble.Au centre technique de "Algérie Télé-com", Houda Imane feraoun a procédé à lamise en service du réseau de la nouvellegénération d’internet, ce qui permet d’as-surer de relier la wilaya de Mostaganem auréseau national et d’augmenter le débit,outre l’amélioration des prestations.La ministre a déclaré, dans ce sens, queMostaganem est la dernière wilaya quivient d’être reliée à ce nouveau système quilui permet d’augmenter le débit de 1 à 2

terabits par seconde (Ouest du pays). Cedébit est à 2,5 terabits par seconde avecl’Est et pouvant atteindre jusqu’à 8 t/s pourfaire face à la demande à l'avenir.La visite de la ministre a été aussi mar-quée par la pose de la première pierre pourla réalisation de deux nouveaux bureaux deposte au niveau des communes de Sidilakhdar et de Mostaganem dans un délai de8 mois et pour un coût de 53 millions DA,en plus de l’inauguration de deux bureauxde poste similaires au centre-ville de Mos-taganem et au niveau de la cité "5 juillet1962".Le secteur de la poste au niveau de lawilaya de Mostaganem a bénéficié de pro-jets de réalisation de 7 bureaux postaux etd’opérations d’aménagement et de réhabi-litation de 10 autres bureaux qui ont étélivrés et ouverts en fin 2017. Durant le pre-mier semestre de l’année en cours, il a étéprocédé au lancement des travaux de réali-sation de 8 autres bureaux postaux pourune enveloppe de 320 millions DA.Selon la déclaration de la ministre, cesprojets contribueront à réduire la densitépostale pour passer, d’ici à la fin de l’annéecourante, d’un bureau pour 11.000 habi-tants à un pour 9.000.La wilaya de Mostaganem disposeactuellement d’un parc de 70 bureaux deposte, de 5 agences commerciales d’AlgérieTélécom, qui offrent ses services à 54.000abonnés de téléphone et 45.000 abonnés àinternet, a-t-on ajouté.r. r.

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411CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018

afRique

Sous le thème "Chine et Afrique :vers une communauté de destinencore plus solide via une coopé-ration gagnant-gagnant", ce som-met doit notamment se focalisersur la construction conjointe de la commu-nauté de destin Chine-Afrique, l'alignemententre l'initiative chinoise "la Ceinture et laRoute" lancée il y a cinq ans, le programme2030 sur le développement durable del'ONU, l'Agenda 2063 de l'Union africaine(UA) et les stratégies de développementnationales des pays africains, afin de créerde nouvelles opportunités pour la coopéra-tion sino-africaine.Les pays africains peuvent jouer un rôleplus important dans l'application de l'ini-tiative "la Ceinture et la Route", car les éco-nomies chinoise et africaines sont haute-ment complémentaires. Grâce à cette initia-tive, le continent africain pourra profiter aumieux des moyens et ressources d'un mar-ché d'exportation immense, tout en favori-sant la réalisation de son industrialisationet de sa modernisation sur la base d'undéveloppement économique indépendant.De nouveaux moyens d'aider les paysafricainsLe sommet de Beijing va par ailleursporter sur de nouveaux moyens d'aider lespays africains à renforcer leurs capacitésde développement indépendant, autour desujets tels que la réduction de la pauvreté,la création d'emplois, la formation des res-sources humaines, le transfert de technolo-gies et l'amélioration des conditions de viedes populations.Le président chinois, Xi Jinping a choisil'Afrique comme destination de sa premiè-re tournée à l'étranger, après son électionen 2013 et sa réélection cette année auposte de chef de l'Etat chinois. Au cours desa récente tournée africaine, le président Xia souligné que c'était un choix stratégique àlong terme et ferme pour la Chine de déve-lopper les liens avec les pays africains.Lors de ce sommet, le président Xi vaannoncer de nouvelles mesures destinées àpromouvoir le partenariat stratégique glo-bal Chine-Afrique, la construction de lacommunauté de destin, l'application del'initiative "la Ceinture et la Route", la paixet la stabilité sur le continent africain.La Chine soutient les pays africains dansla construction conjointe de "la Ceinture etla Route" afin de partager les réalisationsgagnant-gagnant, a déclaré lundi le prési-dent Xi Jinping lors du Dialogue de hautniveau entre les dirigeants chinois et afri-cains et des représentants d'entreprises.La Chine est prête à renforcer la coopé-ration globale avec les pays africains pourconstruire une voie de développement dehaute qualité adaptée aux conditions natio-nales, inclusive et bénéfique pour tous, anoté M. Xi dans son discours sur le thème"marcher ensemble vers la prospérité", lorsde la réunion, qui est également la 6eConférence des entrepreneurs chinois etafricains.Les travaux du 3ème forum sur lacoopération sino-africaine se sont ouvertsen présence de plusieurs chefs d'Etat et degouvernement africains dont le Premierministre, Ahmed Ouyahia, représentant duprésident de la République, Abdelaziz Bou-teflika.Ce forum a été précédé par la tenue dela 7ème Conférence ministérielle à laquellea pris part le ministre des Affaires étran-gères, Abdelkader Messahel.

Les délégations ministérielles ont pro-cédé à cette occasion à une évaluation d’en-semble de la mise en œuvre des pro-grammes de coopération convenus lors desprécédentes échéances de la coopérationsino-africaine, notamment le 2ème Som-met de Johannesburg, tenu en décembre2015.La Conférence a adopté les projets de ladéclaration de Beijing et du Plan d’action2019-2021 qui seront soumis au Sommetdes chefs d’Etat et de gouvernement.L'importance du sommet de Beijing sou-lignéeEn amont du Sommet du forum sur lacoopération sino-africaine (fCSA), qui alieu dans la capitale chinoise, de nombreuxdirigeants africains ont souligné l'impor-tance de cet événement historique tout enexprimant leurs attentes.Ce sommet représente une occasionimportante pour le développement com-mun des pays africains et de la Chine,indique le président camerounais PaulBiya, ajoutant que son pays oeuvrera avecla Chine afin de promouvoir le partenariatde coopération stratégique global entre laChine et l'Afrique.Notant que ce sommet revêt une grandeimportance pour la solidarité et la coopéra-tion entre l'Afrique et la Chine, le présidentsud-soudanais Salva Kiir exprime l'espoirde voir le Soudan du Sud continuer à

apprendre du développement économiqueet social de la Chine.Ce sommet est historique dans unmonde qui cherche à s'améliorer pourassurer la survie de l'espèce humaine, quifait aujourd'hui face à de nombreux défis,estime Thomas Motsoahae Thabane, Pre-mier ministre du Lesotho. C'est un exemplede plus de l'engagement de la Chine enversle bien-être et le développement del'Afrique, ajoute-t-il.La Guinée équatoriale attend beaucoupdu sommet de Beijing et elle est convaincueque le sommet apportera plus de bien-êtreaux peuples africains et chinois, indiqueson président Teodoro Obiang NguemaMbasogo.Parlant du thème du sommet de Beijing"Chine et Afrique : vers une communautéde destin encore plus solide via une coopé-ration gagnant-gagnant", le présidentcongolais Denis Sassou Nguesso y voit une"grande idée". Selon lui, "un sommet quiréunit la Chine et l'Afrique, c'est déjà unmaillon important de ce projet qui devraitfaire que les peuples du monde se mettentensemble, conjuguent leurs effortsensemble pour relever ces défis (terroris-me, insécurité, changement climatique,etc.)".Selon le président guinéen Alpha Condé,le sommet de Beijing va "se concentrercette fois-ci dans l'approfondissement des

méthodologies et modalités de coopéra-tion, le renforcement des capacités decoopération et surtout au niveau des stra-tégies plus claires, impliquant le secteurprivé chinois, la création d'une agence et laprésence plus grande des banques chi-noises et d'investisseurs chinois".Ce sommet "sera l'occasion pour leGabon de promouvoir les investissementsdans des projets prioritaires issus de sec-teurs variés et porteurs de croissance défi-nis dans ma stratégie économique. C'estnotamment le cas dans l'agriculture, lesmines, le bois, le tourisme, les nouvellestechnologies de l'information, etc.", note leprésident gabonais Ali Bongo Ondima.Le président du Mozambique, filipeNyusi, déclare pour sa part que son payssouhaite apprendre de la construction duparti au pouvoir et de la gouvernance del'Etat de la Chine. Il salue l'initiative "laCeinture et la Route" proposée par le prési-dent chinois Xi Jinping, déclarant que lesommet de Beijing fera progresser demanière efficace la coopération mutuelle-ment bénéfique entre la Chine et les paysafricains et promouvra le développementcommun.Le Soudan soutient "la Ceinture et laRoute" et la proposition de construire unecommunauté de destin Chine-Afrique enco-re plus forte, assure le président soudanaisOmar el-Béchir."Le sommet de Beijing est très, trèsimportant pour l'Afrique et aussi pour laChine (...) Ces échanges vont être trèsimportants pour le développement del'Afrique en général dans tous les domaineset c'est une expérience qu'il faudraitconnaître et partager", dit le président cen-trafricain faustin-Archange Touadéra."Mes attentes (...) sont que non seule-ment ce soit une réussite (mais) aussi quece soit intéressant et unique car ce forumse déroulera en Chine", déclare le présidentdu Botswana, Mokgweetsi Masisi.Le Burkina faso apprécie le leadershipdémontré par la Chine dans le cadre dufCSA et espère que le sommet de Beijingdonnera un nouvel élan au développementdes relations entre le Burkina faso et laChine et aux relations Afrique-Chine, affir-me le président burkinabè Roch MarcChristian Kaboré.Le sommet de Beijing sera un succès etdeviendra un événement historique dans lacoopération Afrique-Chine, selon le prési-dent ivoirien Alassane Ouattara.Soulignant le fait que le développementest le besoin le plus recherché par les paysafricains, le président égyptien Abdel fat-tah al-Sissi affirme que le sommet de Bei-jing illustre l'importance particulière que laChine accorde au développement del'Afrique.

Le Sommet 2018 du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), qui se tient hier etaujourd’hui dans la capitale chinoise, ouvrira de grandes perspectives pour la communauté de

destin Chine-Afrique et injectera un nouvel élan au partenariat stratégique global Chine-Afrique,pour apporter d'encore meilleurs résultats à tous les peuples concernés.SOMMET DU fORUM SUR LA COOPÉRATION SINO-AfRICAINE

Nouvel élan au partenariatstratégique global

La Chine envisage d’accorder 60 milliards de dollars de financements à l’Afrique

60 milliards de dollars de financements vont être accordés à l'Afrique par la Chine. L'annonce est faite hier par le président chinois, XiJinping, qui s'exprimait lors de la cérémonie d'ouverturedu forum sur la coopération sino-africaine.En effet, selon Xi Jinping, ces financements seront accordés sous forme d’aide gouvernementale, à travers d’investissements et de finan-cements via des institutions financières et des entreprises.D’ailleurs, le président chinois a fait savoir la prises de mesures d’exemption de paiement des dettes contractées par certains pays afri-cains, sous la forme de prêts du gouvernement chinois sans intérêts, et arrivant à échéance, d’ici à la fin de 2018.Ces mesures d’exemption seront accordées aux pays les moins avancés d’Afrique, aux pays fortement endettés et pauvres, aux pays sanslittoral et aux petits pays insulaires en développement qui ont des relations diplomatiques avec la Chine.Xi Jinping a également annoncé que la Chine comptait mettre en œuvre huit initiatives majeures avec les pays africains, au cours destrois prochaines années. Ces initiatives devraient couvrir des domaines tels que la promotion industrielle, les infrastructures, la facili-tation des échanges et le développement vert.

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018412

monde RECEP TAYYIP ERDOGAN :«Si l’Anatolie s’effondre, il n’y aura ni

Moyen-Orient, ni Afrique, ni Balkans…»

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis, dimanche dernier, de parvenir à lapaix et la sécurité dans la région, en comparant les risques auxquels fait face la Turquie

actuellement aux tentatives antérieures d'envahir l'Anatolie, et a averti quel'effondrement de son pays serait un prélude à l'effondrement à une échelle régionale.

S’exprimant à l’occasion del’anniversaire de la bataillede Manzikert qui a eu lieu947 ans plus tôt et durantlaquelle les Turcs seldjou-kides ont battu l'Empire byzantin, Erdogana promis d'apporter la paix et la sécurité enIrak et les régions de la Syrie ne sont passous contrôle turc, promettant une victoirecontre les organisations terroristes dans larégion. S’adressant à la population dansl’Etat de Bitlis (sud-est), le président turc aestimé que les récentes attaques contre laTurquie, sont similaires aux tentatives pré-cédentes visant à envahir l'Anatolie, aver-tissant que de telles actions conduiront àl'effondrement des régions voisines.S’adressant aux foules, Erdogan a dit:

«N’oubliez pas que l’Anatolie est un rempartimperméable et s'il s’effondre il n’y aura niMoyen-Orient, ni Afrique, ni Balkans, ni Cau-case.» Le président turc a souligné que sonpays n’est pas seulement un territoire àl'intérieur de ses frontières, mais la partievisible d’un iceberg qui porte dans ses pro-fondeurs une grande responsabilité àl'égard de son histoire glorieuse, ses civili-sations anciennes et ses obligations huma-nitaires. "Nous devons être forts danstoutes nos institutions, sinon les ennemisne nous permettront pas de vivre un jour,ni dans ce pays ni dans aucune partie dumonde", a-t-il déclaré.Le président Erdogan a rendu publicune déclaration dans laquelle il a indiquéque la République turque est le fruit d'unerésistance épique contre les pays les pluspuissants du monde, et il est construit surdes bases solides établies avec une « victoi-re de Manzikert », soulignant l'importancede l'indépendance du peuple turc pourfaire face aux attaques actuelles contrel'économie turque.La bataille de Manzikert qui a eu lieu en1071 dans l'Etat de Mouch, à l’Est de la Tur-quie, est le point de départ de la défaite del'Empire byzantin, quand le sultan seldjou-kide Alp Arslan a défait une armée byzanti-ne composée d'environ 200 000 soldatsavec environ 20 000 hommes seulement.La guerre économique, déclenchée parl’américain Donald Trump, a déjà coûté desplumes à la monnaie turque. La valeur de lalivre turque a fondu de près de 40% face audollar et à l’euro depuis le début de l’année.face au bras de fer qui l’oppose depuis auprésident américain, Recep Tayyip Erdogana appelé à une « lutte nationale ».La chute drastique de la livre turque – laplus grave en quarante ans – s’explique enpartie par l’actuelle crise diplomatiqueavec les États-Unis. La semaine dernière,Washington a pris la décision radicale d’im-poser des sanctions contre son allié au seinde l’OTAN, en visant directement deuxministres, celui de la Justice et de l’Inté-rieur. à l’origine de cette décision : la volon-té de «punir» la Turquie pour la détentiondu pasteur américain Andrew Brunson.Accusé de « terrorisme» et «d’espionnage»,ce dernier vient de passer un an et demi enprison et a récemment été placé en rési-dence surveillée pour la durée de son pro-cès. Pour l’heure, les tractations diploma-tiques n’ont permis ni d’apaiser les ten-sions, ni de rassurer les marchés. Bien aucontraire.

LES DESSOUS D’UN CONfLItEt la réponse aux représailles améri-caines, le président Erdogan a dénoncé un

“complot international” et menacé de gelertous les avoirs américains en Turquie.Au-delà des turbulences diplomatiquesactuelles, cette crise a des racines bien plusprofondes et résulte des choix du présidentturc sur la politique monétaire qui ne sontpas du goût des investisseurs étrangers.Erdogan est contre toute hausse des tauxd’intérêts.Le président turc a exhorté ses conci-toyens à changer leurs devises étrangèresen livre turque pour soutenir la monnaienationale.Le risque, désormais, est que la crisemonétaire se transformera en crise bancai-re et qu’elle paralyse l’ensemble de l’écono-mie turque. Mais les entreprises turquessont endettées depuis longtemps en dollarset en euros, qui présentaient des taux d’in-térêts bien plus bas que la livre turque. Lesentreprises se retrouvent donc avec desdettes libellées en devises fortes et uneincapacité de financement dans une devisequi s’effondre. LE pOIDS

GÉOpOLItIqUE DE La tUrqUIEMais si la situation turque est particuliè-re, du fait de ces tensions géopolitiques, lamécanique économique à l’œuvre est, elle,bien loin d’être nouvelle.LE rEtOUrNEMENt DE La fEDC’est même une lame de fond qui a tou-ché de nombreux pays. Et c’est une consé-quence directe de la politique mise en placepar la Réserve fédérale américaine au len-demain de la crise de 2008, qui a consisté àinonder les marchés de milliards de dollarstout en proposant des taux d’intérêtsexceptionnellement bas. Les financiers se sont alors saisis decette manne inespérée pour investir dansle monde entier.Mais maintenant que la fED commenceà remonter ses taux, les investisseurs trou-vent bien plus intéressant et rémunérateurde revenir vers les Etats-Unis, laissant der-rière eux des économies exsangues, en

manque cruel de liquidités. C’est le mêmemécanisme qui a causé la chute du peso enArgentine et qui pourrait, en l’absence de politiques appropriées, se propager à l’en-semble de l’économie mondiale. r. I.

Quatre jours après le brutal effondrement du peso - qui a perdu près de 20 % de savaleur face au dollar en 48 heures - l'équipe économique du gouvernement de MauricioMacri (centre-droit) a annoncé hier de nouvelles mesures avant de se rendre à Washing-ton pour reprendre les négociations avec le fonds monétaire international (fMI).L'institution financière serait prête à débourser de manière anticipée 29 milliards dedollars - sur les 50 prévus dans le cadre d'un prêt sur trois ans accordé en juin dernierà l'Argentine - pour permettre au pays d'honorer ses dettes et de respecter ses engage-ments en matière de réduction du déficit budgétaire (le gouvernement doit le ramenerà 1,3 % du PIB en 2019). Une perspective qui préoccupe les Argentins, qui s'attendentà ce que le fMI, en échange de cette avance, impose des conditions drastiques au pays.La situation économique de l'Argentine, déjà compliquée en raison d'une crise financiè-re qui dure depuis le mois d'avril, s'est dégradée à la suite de l'annonce de ce nouvelappel à l'aide au fMI, mercredi matin, lors d'un discours télévisé de Mauricio Macri. Unmessage de moins de deux minutes, maladroit et imprécis, qui se voulait rassurant pourles marchés mais n'a pas eu l'effet escompté et a provoqué une fuite massive de capi-taux.Le lendemain, l'Argentine vivait, hallucinée, son «jueves negro» (jeudi noir), les yeuxrivés sur les écrans de télévision, alors que le peso s'effondrait sur le marché deschanges et que le dollar prenait son envol, jusqu'à dépasser le seuil historique de 40pesos. Une spirale infernale que seules de nouvelles mesures d'urgence ont réussi àfreiner : la Banque centrale a relevé de 45 à 60 % son taux d'intérêt directeur, un nou-veau record mondial, et a injecté plus de 250 millions de dollars sur les marchés. « Il ya un manque de confiance en l'économie argentine, mais nous allons tout faire pour êtremoins exposés à la volatilité du marché», s'est hâté d'affirmer le ministre de l'EconomieNicolás Dujovne.Les prévisions de récession se sont dégradées ces derniers jours, passant de -0,3 % à -1% du PIB pour 2018. La popularité - déjà au plus mal - de Mauricio Macri en a égalementpris un coup, et ce alors que le président compte briguer un second mandat l'an pro-chain. Ce même jeudi noir, sous une pluie torrentielle, le centre de Buenos Aires étaitparalysé par une immense manifestation en défense de l'université publique, affectéepar de fortes coupes budgétaires. Les professeurs réclament notamment une hausse desalaire, à l'instar de Gonzalo Yurkievich, qui enseigne la géographie à l'Université deBuenos Aires : «Dans ce contexte économique, on continue de nous proposer 15 % d'aug-mentation, alors que l'inflation va dépasser les 30 % cette année».Dans le cortège, sous les parapluies, l'on distingue quelques pancartes avec le slogan«Education, oui. FMI, non ». Pour beaucoup d'Argentins, ce nouveau recours à l'institu-tion financière, à qui ils attribuent en partie la responsabilité de la grave crise de 2001,inquiète. Jusqu'à pousser certains à envisager l'expatriation : «Ce pays va droit dans lemur. Si je veux continuer à étudier et trouver un travail décent, il va falloir que je quittel'Argentine », estime Sol, étudiante en arts visuels.

ARGENTINEVERS UNE NOUVELLE CRISE

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413CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018

contRibitionqu’est-ce que le colonialisme ?

(2éme PARTIE)

Peut-être qu’un bon moyen de caractériser la différence entre les deux champsserait de dire que le champ anthropologique est non quantifiable alors que le

champ politique est, lui, quantifiable.

4par Karim Jbeili

Prenons l’écologique pourexemple. Chaque animal sesitue dans une chaine alimen-taire, il a aussi son habitat etson mode particulier de repro-duction. Il vit dans une constellation despécificités. Au lieu de percevoir l’infinievariété des liens entre les animaux, l’Occi-dent va sélectionner quelques uns de cesanimaux et les quantifier pour en faire sesproies. Soit pour la viande soit pour lafourrure. Il va exploiter la ressource sansrespect pour l’équilibre des espèces, l’ha-bitat ou le lieu de reproduction. Seul leprofit compte pour lui. La structure écolo-gique dans laquelle ils vivent est totale-ment ignorée au profit d’informationsquantitatives qui n’ont d’autre effet que dedétruire la structure en question. Il en estde même pour les arbres. Lorsqu’ils sontaussi variés que les animaux, comme enAmazonie, il n’y a pas vraiment lieu de lescompter. à moins de vouloir exploiter uneessence particulière de la forêt ou d’avoiraffaire à une forêt boréale. Auquel cas oncompte pour pouvoir mieux exploiter laressource. Compter se rapproche insensi-blement de l’intention de tuer, d’exploiter,d’arraisonner une ressource, une énergie.Détruire la structure sylvicole pour allerchercher un élément quantifiable de cettestructure.La notion d’énergie se base surla capacité de détruire une diversité, unmilieu écologique, pour favoriser à outran-ce un élément particulier qui est cumu-lable en abondance. Le pétrole est certesl’exemple le plus emblématique mais il estloin d’être le seul. Nous sommes inondésd’alertes de toutes sortes sur les diversrisques qu’encourt notre planète. Pourchaque ressource nous savons quelles sontles conséquences fâcheuses de son exploi-tation. Ce que nous avons plus de mal àcomprendre c’est cette impulsion quipousse les humains à détruire leur planèteavec autant de persévérance.Les destructions sont très variées. Ellesse situent dans tous les domaines de la vie.On tue les milieux écologiques, on tue lesforêts, les océans. On tue des populationsentières d’individus innocents et tout celasans aucun scrupule, avec une régularitéde métronome, une persévérance suicidai-re, inexplicable. Tous ces comportements,aussi diversifiés soient-ils, ont une seuleraison : accumuler le semblable pour lequantifier et détruire le dissemblable. Cequi est tout à fait remarquable et dange-reux, c’est le fait que ces gens qui détrui-sent les dissemblables de la structuren’ont aucune conscience d’être en train dele faire. Ils vivent dans un univers clos quis’auto congratule constamment et se vantede tous les mérites dont celui d’être scien-tifique. La science n’a même pas besoin dejustifier tous les massacres qu’elle commetpuisqu’elle rend ceux-ci imperceptibles.Le christianisme occidental et, par suite,l’Occident ont éliminé de leur sein touteréférence perceptible à la dimensionanthropologique dès l’aube de la moderni-té pour la remplacer par une dimensionpolitique exclusive incapable de voir horsd’elle même. C’est dans ces conditionsqu’est né le colonialisme, c’est dans cesconditions que l’Occident a rencontré lespeuples du monde. Il a rencontré despeuples dans lesquels la structure anthro-pologique était largement prédominante.S’étant lui-même amputé de cette dimen-sion, ses capacités intellectuelles et per-ceptives se sont trouvées extrêmementlimitées. Il ne pouvait rien percevoir de larichesse culturelle et biologique qui s’of-frait à lui et encore moins la respecter ou

la sauvegarder. La dimension politique quiavait envahi sa conscience l’a incité à sepassionner pour l’homogénéité et l’accu-mulation des homogénéités. C’est ainsiqu’il s’est surtout intéressé aux matièrespremières et aux richesses qu’il pouvaitexploiter. Les minerais, l’or, le bois, lecoton, le caoutchouc et, bien sûr ultime-ment, le pétrole.Quant aux humains qu’il rencontrait, ilscumulaient deux défauts majeurs; ceux den’être ni chrétiens ni suffisamment politi-sés. Pour remédier à ce défaut, il fallait for-tement encourager ces humains à se politi-ser. Malheureusement dans la conceptionpolitique intégriste des Occidentaux, l’an-thropologique est totalement incompa-tible avec la dimension politique. Si bienqu’ils ont entrepris de détruire avec uneviolence inouïe autant que systématiquetoutes les formes anthropologiquesqu’elles soient humaines animales ou géo-graphiques. Cette violence dure depuiscinq siècles et continue encore aujour-d’hui, aussi violente et aussi systématique.Je n’en veux pour preuve que ces imagesde la forêt de Bornéo qui disparaît à vued’œil pour céder la place à l’huile de palme.Ou alors ces image de la terre de Palestinequi est grugée à une vitesse comparablepar la colonisation israélienne. Le père estle pilier de la dimension anthropologique.Le christianisme a tué le père discrète-ment sans s’en rendre compte, commeŒdipe qui tue son père par mégarde avantd’arriver à Thèbes. L’Occident chrétiendoit détruire la dimension anthropolo-gique comme il a tué Dieu le père. Mais il lelui faut faire très discrètement pour pou-voir le remplacer sans trop de dégâts. Demême que le Christ remplace Dieu le père,de même qu’Œdipe remplace Laïos, sonpère, dans la couche de sa mère et sur letrône de Thèbes, la dimension politiqueremplace la dimension anthropologiqueaussi discrètement que possible évitant demettre en valeur les bouleversements queça implique. L’Occident tue l’anthropolo-gique partout dans le monde et le rempla-ce par le politique. Il tue les réseaux tradi-tionnels de production et de reproductionchez les peuples colonisés pour les rem-placer par des systèmes d’exploitation dela ressource et par des gouvernements à sasolde. Il tue les chaine écologiques partoutsur la planète pour les remplacer par despolitiques de gestion des animaux mena-cés de disparition. Il détruit également jus-qu’aux peuples européens qui ont gardédes résidus anthropologiques.La france, fille ainée de l’Église, lui atourné le dos en instaurant la laïcité. Lechristianisme rituel anthropologique estbanni au profit d’un christianisme éthiqueet discret. On remarquera que cette muta-tion est contemporaine de l’affaire Drey-fus. Ce qui veut dire que le Christianismerituel et le judaïsme se sont partagés letriste privilège d’être les objets phobiquesdu christianisme politique. Au mêmemoment, en 1914, la première boucheriemondiale a détruit les empires centraux enles remplaçant partout par des répu-bliques où le meurtre du père est un ritueldiscret qui se répète à chaque élection. Ladeuxième guerre a détruit le judaïsme etEurope pour le remplacer par une gestionpolitique du judaïsme qu’est le sionisme.La destruction de l’anthropologique n’estdonc pas le fait d’une quelconque maligni-té de l’Occident, c’est une règle logiqueque, charité bien ordonnée, il n’hésite pasà s’infliger à lui-même. Ceux qui sontdétruits se métamorphosent et deviennentdes entités politiques pour se soumettreaux diktats de l’Occident. Le catholicismepolitique s’intègre très bien dans la répu-

blique laïque moyennant une diminutiondrastique de ses rituels dont il ne reste quequelques aspects folkloriques. Les juifs ontsubi un sort particulièrement abominable.Derniers restes de l’anthropologie après laboucherie de la Grande Guerre, il leur fal-lait un traitement particulièrement vigou-reux pour les dissuader de rester juifs. Cemassacre a été d’autant plus pénible queles victimes cette fois étaient occidentales.L’Occident s’est trouvé extrêmementmeurtri de son crime. Il l’a aussitôt imputéà la prétendue folie de Hitler sans vouloirréaliser qu’il émanait des errements de sapropre logique. Toujours est-il que les juifsse sont transformés après le génocide. Ilssont devenus une religion politique, le sio-nisme, pour complaire à l’Occident. Reli-gion politique qui pour advenir sur lescendres du judaïsme a dû elle aussi tuer lepère. Je m’explique. Le judaïsme est unereligion nomade. Adam et Ève sont exclusdu Paradis Terrestre. Caïn est un agricul-teur qui devient nomade pour fuir leregard de Dieu à cause de sa culpabilité.Bref c’est une religion où la terre ne peutêtre possédée que par Dieu. Elle est seule-ment prêtée aux hommes.Pour s’approprier une terre, il faut tuercelui qui la possède. Dans le cas des Juifs,pour devenir sionistes, il leur fallait tuerDieu. De fait les sionistes sont en grandepartie athées. Ils peuvent être très surpre-nants et dire dans un même souffle qu’ilsne croient pas en Dieu mais que celui-cileur a destiné de tout temps la terre dePalestine. La seule explication à cettecontradiction est tout simplement qu’ilsont tué Dieu pour s’approprier sa terre enhéritage. Ils s’en sentent d’ailleurs infini-ment coupables et, comme Caïn, voientl’œil de Dieu les poursuivre partout. Etl’œil de Dieu devient ici le Palestinien qui,comme Dieu, a été dépossédé de sa terre.Chaque Palestinien est un cauchemar pourle juif sioniste. Il n’a plus alors d’autre res-source que de tirer sur l’œil de Dieuchaque fois que se profile la silhouetted’un Palestinien. Le sionisme était à l’origi-ne un mouvement protestant américainantisémite dont le but avéré est de ras-sembler tous les juifs en Palestine pours’en débarrasser. Les juifs en ont héritélorsqu’ils ont voulu symboliser la violenceanti anthropologique dont ils étaient vic-times. Avec le sionisme, ils sont devenus, àeux-mêmes, leurs propres violenteurs. Lesionisme a voulu introduire comme un faitpour ainsi dire naturel de la vie des juifsl’hostilité absolue des goyim, des non juifs.Le sionisme a considéré comme un faitacquis et indéniable que le monde avaitcessé d’être anthropologique et que, parconséquent toute entité humaine devaitnécessairement être politique et serait

détruite si elle ne l’était pas. Le sionisme aaussi hérité du catholicisme une propriétédont il se sert énormément, celle d’entre-tenir la confusion entre religion et religionpolitique. Comme le catholicisme a entre-tenu le flou entre la dimension paternelledu catholicisme rituel et la dimension fra-ternelle du catholicisme politique, le sio-nisme va vouloir s’imposer comme la nou-velle forme, éventuellement athée, de lareligion juive. Tout juif doit obligatoire-ment être sioniste. C’est impliqué dans sonjudaïsme en quelque sorte. S’il s’y refusec’est qu’il est un «self hating jew». Ce quiest une contre vérité. Ce sont plutôt les sio-nistes qui ont intégré la haine de soicomme pilier majeur de leur système.Alors que les juifs non sionistes se sontcontentés de rester… juifs sans haine eneux pour qui que ce soit. Chez les sionistesla haine de soi est projetée vers l’extérieur.Ils la font porter systématiquement à ceuxqui ne sont pas eux. Ils tiennent énormé-ment à accuser tout le monde d’être desantisémites, c’est à dire des gens porteursdu désir de leur nuire. «Tout m’afflige et menuit et conspire à me nuire» disent-ils àl’instar de Phèdre. Ce fantasme de persé-cution vise à susciter la peur et donc l’ins-tinct grégaire de se rassembler en Palesti-ne comme des moutons qui fuient les unsvers les autres aux seuls aboiements duchien du berger. Le processus de grégari-sation qui insémine la peur dans tous lescœurs, fait oublier aux juifs le rapport àDieu et par suite leur judéité religieusepour les installer dans un rapport d’hosti-lité avec l’extérieur en tant que juifs pourles autres. Ils adhèrent ainsi sans le savoir,après avoir traversé la peur, au judaïsmepolitique, c’est à dire au sionisme. La peurleur fait oublier leur Dieu et les installedans la dimension politique. Pour accom-plir le projet de sionisation de tous lesjuifs, il fallait donc les placer autant quepossible dans un milieu hostile qui seraitforcément obligé de jouer le jeu du fairepeur qu’on veut lui faire jouer. Au lieudonc d’installer les juifs dans un territoirequ’on leur aurait dû pour les avoir persé-cutés, et qu’on leur aurait cédé en compen-sation du tort subi, on a préféré les instal-ler dans un territoire où personne ne leurdevait rien et où ils allaient forcémentapparaître comme des envahisseurs et despersécuteurs à leur tour. Il y a eu ainsi unemise en spectacle de la colonisation de laPalestine et de la résistance à la colonisa-tion. Dans cette comédie cynique qui duredepuis 70 ans la propagande sioniste etoccidentale a fait passer le colonisé pourun persécuteur antisémite et le colonisa-teur pour injustement persécuté.

(À suivre)K. J.

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018414

villes et v illagesM I C H E L E t

Commune de Kabylie, située à 1 080 mètres d’altitude et distante de45 km au Sud-est de TIZI-OUZOU, de 12 Km au Sud-est de FORT-

NATIONAL, et de 95 km au Nord-est de BOUIRA.

4Source archives

La ville est située sur le versantNord du DJURDJURA. Les vil-lages de la commune de MICHE-LET sont bâtis à flanc de mon-tagne, jusqu'à 1 800 mètres d’al-titude. MICHELET bénéficie d’un climatméditerranéen avec été chaud.

La KaByLIE La Kabylie est une région historique etethnolinguistique située dans le Nord del'Algérie, à l'Est d'Alger. Terre de mon-tagnes densément peuplées, elle est entou-rée de plaines littorales à l'Ouest et à l'Est,au Nord par la Méditerranée et au Sud parles Hauts Plateaux. Son histoire a fait d'elleun pôle de résistance aux conquérants suc-cessifs, mais aussi le point d'appui de plu-sieurs entreprises dynastiques, et l'a pla-cée au premier plan des mouvements pourla reconnaissance de l'identité amazighdans l'Algérie et l'Afrique du Nord contem-poraines. La dénomination «Kabylie» étaitinitialement appliquée à toutes les régionspeuplées de Kabyles, à tous les sens de ceterme, et avait donc la même polysémieque lui. Mais elle prit à partir du milieu du19e siècle une signification plus précise,pour être progressivement réservée à l'en-semble d'un seul tenant que forment lesmontagnes telliennes entre Alger etConstantine, autour des massifs du Djurd-jura et des Babors. La Grande Kabylie sedistingue par son altitude des régions voi-sines et s'étend, du Nord au Sud, de la côteméditerranéenne jusqu'aux crêtes duDjurdjura. Trois ensembles montagneux enoccupent la plus grande part : - dans le Nord, jusqu'à la mer, et dans l'Est,les hauts massifs boisés de la Kabylie mari-time, région côtière qui culmine au montTamgout (1 278 m), et de l'Akfadou, quimarque le début de la Petite Kabylie ; - dans le Sud, la chaîne calcaire du DJURD-JURA, surplombant au Nord-ouest ladépression DRAÂ-EL-MIZAN-OUADHIA, auSud la vallée de l'oued Sahel-Soummam, etculminant au LALLA-KHADIDJA, plus hautsommet de l'Atlas tellien (2 308 m) ; - entre les deux, bordées au Nord par lebassin du SEBAOU, jouxtant le Djurdjura auSud-est, profondément entaillées par denombreuses gorges, les montagnesanciennes du massif AGAWA, le plus densé-ment peuplé, avec 800 mètres d'altitudemoyenne. C'est là que se trouvent TIZI-OUZOU, principale ville de Grande Kabylie,et fORT-NATIONAL, centre urbain le plusélevé de la région, à environ 1 000 mètresd'altitude. Le territoire de la Grande Kaby-lie recouvre aujourd'hui la région de TIZI-OUZOU et une partie de celles de BOUIRAet BOUMERDES. Les expressions de «Haute Kabylie » ou de « Kabylie du Djurd-jura » sont souvent employées commesynonymes de «Grande Kabylie», l'une oul'autre de ces appellations pouvant aussidésigner, plus spécifiquement, la partiesituée au Sud du SEBAOU. Les frangesméridionales de la région, au Sud du Djurd-jura, autour de la vallée de l'oued Sahel,peuvent être considérées comme unensemble à part, distinct des Grande etPetite Kabylie et centré sur la ville deBOUIRA. HIStOIrEEn 647, les cavaliers arabes et musul-mans mènent leurs premières entrées enAfrique du Nord. Le Tell, pays montagneuxet difficilement accessible à la cavalerie,reste en marge durant le premier siècle dela conquête. Les informations qui traitentde cette période sont rares et éparses :

pour la Kabylie orientale, par exemple, onsait que MILA fut prise en 678, avantCONSTANTINE, sans que l'on puisse daterexactement la chute de cette dernière, quiétait pourtant un centre économiquemajeur ; plus à l'Ouest, dans les montagnesqui entourent Saldae (BOUGIE), l'opposi-tion à laquelle les conquérants se heurtentest telle qu'ils baptisent la région el aadua,« l’ennemie ». Ici, comme ailleurs sous l'im-pulsion de chefs tels que KOCEILA ouKAHENA, les tribus berbères, parfoisalliées aux Byzantins, résistent pendantplusieurs décennies avant que le califatomeyyade, en 710, puisse faire du Maghrebentier une de ses provinces. Comme sesprédécesseurs, le nouveau pouvoir pèsed'abord sur les populations citadines.Cependant la religion des conquérants pro-gresse rapidement. Le souci d'échapper àl'inégalité juridique et fiscale qui frappe lesnon-musulmans joue sans doute un rôleimportant dans les conversions mais aussicelle de perdre la vie en cas de refus… prÉSENCE tUrqUE 1515-1830 Au milieu du chaos de vallées profondeset de mamelons qui constituent le massifdes ZOUAOUA, il existe une arête pluscontinue que les autres ; partant du col deTirourda, elle passe par MICHELET, parfORT-NATIONAL, puis s'abaisse brusque-ment sur le Sébaou par des pentesabruptes et difficiles à gravir. C'est l'axe dela Kabylie. Tribus des Ait-Iraten dont lepoint de ralliement à tous, y compris leursalliés, se trouve à SOUK-EL-ARBA au pieddu mythique Icheriouène, Il faut dire qu'àl'époque ottomane il n'y eut qu'une seuletentative de réduire ce bastion de toutesles révoltes et résistances amazighesdepuis les Romains déjà. Ali KHODJA, lecommandant du Bordj de TIZI-OUZOU etfondateur de la place de Sebt en 1720 (lefameux Sebt El Khodja) où se déroulait lemarché kabyle au pied de leur montagnesimpénétrables pour lui, a toujours cherchéà composer paix avec les belliqueux,notamment les Ait Iraten. L'un de ses suc-cesseurs dans la région, Mohammed Ed-Debbah : l'Egorgeur, devenu par la suiteBey du Titteri, province à laquelle la Kaby-lie du Djurdjura fut rattachée à partir de1750, voulut soumettre ce bastion detoutes les révoltes. Bien sûr il croyaitconnaître la région et ses habitants, lui quia été étudiant depuis sa tendre enfancedans l'une des Zaouia (école coranique) dela montagne sise à ADENI (un village situéà flanc de montagne chez les At Irjen). EtJustement, à l'époque de l'expédition qu'ilvoulait punitive et de conquête, il fut tou-

ché d'une balle à la tête à ADENI, par l'undes jeunes volontaires enrôlés pour lecombat et qui le miraient depuis un ins-tant. Sa mort fut gardée secrète par sesproches collaborateurs pendant plusieursjours pour ne pas affoler ses hommes quireçurent l'ordre de se retirer sans com-prendre au départ pourquoi. On invoquaseulement un léger malaise du dey qui netardera pas à se rétablir pour continuer lamanœuvre. La présence turque ne commença pasavec l'avènement du royaume de KOUKOU,fondé par la famille des OULKADHI maiselle s'affirma plutôt concrètement avec unsemblant de présence militaire, marquéepar la construction d'un poste d'observa-tion. Vers 1640, les Turcs, qui occupaientdéjà la vallée des ISSERS, pénétrèrent dansla vallée du SEBAOU. Las des combats queleur imposaient les contingents turcs, lesAmraouas finirent par concéder l'édifica-tion d'un poste d'observation sur le “Coldes genêts“, à quelques encablures de l'ac-tuelle ville de TIZI–OUZOU. La présence turque, bien qu'elle futmoins soumise aux turbulences dans lescentres urbains qu'ils dominaient, n'estpas pour autant passée sans conflits sou-vent sanglants. La résistance était tout aulong de cette présence constante. La Kaby-lie n'a jamais été totalement pacifiée. Deses débuts, à son apogée et jusqu'à sondéclin, le pouvoir de la régence n'aura suqu'alterner périodes de paix relative auxtrêves et traités signés avec les tribus mon-tagnardes et insurrections contre sesreprésentants dans la vallée du SEBAOU. pÉrIODE fraNçaISE 1830 -1962 Les massifs montagneux, dernier refugedes Berbères devant la conquête Arabe,dernier foyer de résistance des Musulmansà la conquête française, ont été parmi lesdernières régions ouvertes à la colonisa-tion. Les Kabyles, qui luttèrent le plus éner-giquement contre les armes françaises,payèrent leur résistance d’une spoliationpartielle, et virent dès la répression de l’in-surrection de leur pays pénétré par la colo-nisation ; le long de leurs vallées fertiles, secréèrent de nombreux villages où vinrentse réfugier, plus tard, d’autres vaincus, lesAlsaciens-Lorrains. ABD-EL-KADER etBUGEAUD, les deux adversaires pendant laconquête de l’Algérie. fORT-NATIONAL(960 m) était une véritable place de guerreconstruite en 1857, en un temps qui s'estéchelonné sur presque 12 années (bâti-ments et casernements compris), aussitôtaprès la conquête de la Kabylie sur le pla-teau de SOUK-EL-ARBA, dans le pays des

At Raten. Une route de crête terminée jus-qu'à MICHELET, centre administratif de lacommune mixte du Djurdjura depuis 1880,met fORT-NATIONAL en relation avecBENI-MANSOUR sur l'oued Sahel (Assif nSoummam) en passant par le col de Tirour-da. La muraille du Djurdjura n'est aisémentfranchissable que par ce chemin, tracé encorniche sur le flanc de ravins d'uneeffrayante profondeur et qui, malgré lestravaux dont il a été l'objet, présente plu-sieurs endroits dangereux dans le mauvaistemps. Ce n'est qu'en 1857, que la conquê-te de la Haute Kabylie s'imposera commele complément nécessaire à la présencefrançaise de l'Algérie du Nord. Au prix depertes considérables de part et d'autresdes belligérants aux moyens incompa-rables, les Kabyles se soumirent et cettesoumission fut d'autant plus sincère auregard de la contrainte que la dominationfrançaise n'apporta pas trop de change-ments à leurs usages et à leurs institutions.Les amins continuèrent à être nommés parles villages. JaCqUES raNDON (1795/1871) Le 19 mai 1857, le Maréchal RANDONvint prendre le commandement destroupes à TIZI-OUZOU et cette bourgadedevint dès lors la base de départ des opé-rations à mener au cœur du DJURDJURA.Après une résistance farouche faisant faceaux nombreuse expéditions, au bout de laquinzième, la plus formidable jamais éga-lée dans l'Histoire de la région Kabyleencore moins dans le pays et le continent,les Kabyles, dans un ultime effort hercu-léen à ICHERIDEN (24 juin 1857) déposè-rent les armes et vinrent auprès de leurvainqueur, le maréchal RANDON, gouver-neur-général d'Algérie et chef de l'expédi-tion en question, demander l'aman (lapaix). Elle leur fut accordée mais sous condi-tions. Entre autres, ne pas s'opposer à laprésence française sur leur sol, encoremoins entraver la réalisation du tracé de laroute carrossable qui doit continuer jus-qu'au Djurdjura. De même, la constructiond'un bordj français. Des études entreprisessur le terrain par le génie militaire, la posi-tion de SOUK-EL-ARBAA parut réunir lesconditions requises pour y construire lefameux fort de guerre. Un plateau qui seprésentait le plus large en ces éminences,incluant avec lui le périmètre du villageICHARIOUENE dont la population a dûquitter l'endroit. D'ailleurs, on la retrouve-ra toute disloquée dans les villages et leursparages. a Suivre

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415CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018

CHRONIQUE D’UN BAS DE LAINE

CE PAYS… DONT TU DOUTES

Mais cet hommen’était pas

comme tous leshommes. Il se

distinguait desautres par une

chose que leshommes de son

temps neconnaissaient

pas. Ne savaientpas. Ne

pouvaient mêmepas l’imaginer…Sur le chemin de

la mosquée, il vit,au loin, une nuéenoire, d’hommes

et d’enfants,courant dans

tous les sens etcriant à plein

gosier : Mort auxtraitres ! Mort

aux impies !

Par RACHID EZZIANE

«Son teint blanc a une pâleurmate ; son front est large etélevé. Des sourcils noirs,fins et bien arqués, surmon-tent les grands yeux bleus

qui m’ont fasciné. Son nez est fin et légère-ment aquilin, ses lèvres minces sans être pin-cées ; sa barbe noire et soyeuse encadre légè-rement l’ovale de sa figure expressive. Unpetit «ouchem» (tatouage) entre les deux sour-cils fait ressortir la pureté de son front. Samain, maigre et petite, est remarquablementblanche ; des veines bleues la sillonnent ; sesdoigts longs et effilés sont terminés par desongles roses parfaitement taillés ; son pied,sur lequel il appuie presque toujours une deses mains, ne leur cède ni en blancheur ni endistinction. Il se livre à des méditations entrechaque prière, égrène constamment son cha-pelet, et fait chaque jour, dans sa tente ou à lamosquée, quand il se trouve par hasard dansune ville, une conférence sur l’unicité de Dieu.Il passe pour être un des théologiens les plusérudits de l’époque. Sa physionomie est on nepeut plus immobile, et malgré l’emprise qu’ilexerce sur lui-même, elle reflète les sensa-tions qui agitent son esprit ou son cœur.Quand il prie, c’est un ascète. Quand il com-mande, c’est un souverain. Quand il parle deguerre, ses traits s’illuminent : c’est un sol-dat… Quand il cause avec ses amis, en dehorsdes questions d’Etat ou de religion, sa gaietéest franche et communicative.» (1)Voici un portrait d’un des nôtres. Lisez la

suite et vous saurez de qui il s’agit et pourquoij’en parle.Nous sommes à Damas, en 1860. Il faisait chaud. Juillet dardait ses rayons

caniculaires. On se préparait à la prière del’’asr. Notre ancêtre prenait toujours le temps,après une courte sieste, de lire une ou deuxsourates avant d’aller rejoindre la mosquéetoute proche de sa demeure. Toutes ses jour-nées, il les passait entre la mosquée et l’écri-ture. A cette époque, il était âgé de cinquanteans. Il avait l’allure des seigneurs. Grand etbeau. Les yeux azur. Les lèvres minces et lefront large. Mais dans le cœur de cet hommese cachaient beaucoup de chagrins. Des cha-grins accumulés au long de toute une vie. Plei-ne d’épreuves et de peines perpétrées pardes hommes qu’il ne connaissait pas. Quisont venus jusqu’à lui, ont usurpé sa terre, sareligion et sa langue. Mais cet homme n’était pas comme tous

les hommes. Il se distinguait des autres parune chose que les hommes de son temps neconnaissaient pas. Ne savaient pas. Ne pou-vaient même pas l’imaginer…Sur le chemin de la mosquée, il vit, au loin,

une nuée noire, d’hommes et d’enfants, cou-rant dans tous les sens et criant à plein gosier: Mort aux traitres ! Mort aux impies !De quoi s’agit-il ?Que demande cette horde hystérique ? Qui sont les traitres et les impies ?L’homme pieux sut que les musulmans en

voulaient aux chrétiens de la ville de Damas.Du haut de sa grandeur. De son Islam. Vrai.De la chose qui le rendait différent de tous lesautres, l’exilé, celui-là même que les chrétiensavaient chassé de sa patrie, celui-là même quiles combattit pendant plus de quinze ans,sans répit. Que les chrétiens, au nom de lacivilisation, décimèrent les siens par panentier. Qui les enfumèrent dans des grottes.Pensèrent à les exterminer un à un, jusqu’àleur anéantissement total. Cet homme que leschrétiens trahirent, qu’ils emprisonnèrentpendant cinq ans, au lieu de le laisser partir

comme il était écrit dans le traité de paix. Cethomme, qui s’appelle Abdelkader Ibn Mohied-dine, que les gens du Cham lui ajoutèrent El-Djazaïri, s’interposa entre les bourreaux etleurs victimes. Le premier qu’il sauvât d’unemort certaine n’est autre que le consul deFrance à Damas. Il offrit sa maison à tous leschrétiens de Damas. On compta plus de mille,d’autres disent dix mille. Ils affluèrent de partout vers lui. Même du

Liban. Il constitua une armée pour lesdéfendre. Et de son imposante stature, guer-rière et religieuse, il tint ce langage auxmusulmans de Damas : « On ne tue pas unepersonne pour sa religion. Il n’y a point decontrainte dans la religion. C’est une folie qued’agir de la sorte ; tuer des enfants, desfemmes et des hommes parce qu’ils ont unereligion différente de la nôtre ». Les autres luirépondirent : « Les chrétiens t’ont chassé deton pays. Ils ont tué tes frères, là-bas à El-Dja-zaïr ». Il leur répondit par la sagesse. Sesparoles resteront ancrées à tout jamais dansles mémoires. Car elles devancent leur tempsde plus de deux siècles. Et personne avant lui,ni après lui, jamais, une telle sagesse, unetelle tolérance, une telle grandeur ne sortit dela bouche d’un homme. Seul Abdelkader El-Djazaïri, l’Emir Abdelkader, qui osa défier lafolie des hommes – qui étaient ses frères, quil’avaient accueilli en héros et en hôte de pres-tige – . Qui lui avaient donné maison et biens,mais tout ça ne pouvait être comparé à ce quiallait se passer : Tuer des innocents, cela, ilne pourra le tolérer.Quand Victor Hugo disait : «C’est la civilisa-

tion qui marche sur la barbarie», en parlant dela France coloniale. Voici ce que dit Abdelka-der en réponse à toutes les haines que se por-taient les hommes – les uns aux autres : « Ômes frères ! Ce que vous faites là n’estqu’obscur acte. Il n’est pas accepté par Dieuet son Prophète. Revenez à la raison. Ceshommes, ces femmes, ces enfants que vouspourchassez sont vos frères. Ils habitent avecvous, parlent la même langue que vous. Ils nesont pas venus vers vous en ennemi. Moi,dans mon pays, j’ai combattu des ennemisqui voulaient prendre la terre de mesancêtres, je ne les ai pas combattus parcequ’ils étaient des chrétiens. Et s’ils n’étaientpas venus en conquérants, je ne les auraisjamais combattus. »On s’agita. On chercha des mots plus forts

que ce qui venait d’être dit. On consulta oulé-mas et érudits. En vain. Rien ne pouvait êtreplus haut que les paroles d’Abdelkader. Et lemonde, et jusque dans ses plus lointainescontrées, prit connaissance du geste et desparoles d’Abdelkader El-Djazaïri. De partout,on lui envoya lettre sur lettre. De l’Amérique.De la Russie. De la France. Du royaume uni.De la Grèce... Et cet homme que le monde entier avait un

jour acclamé pour son courage, pour sa foi,pour son humanisme, pour sa tolérance, poursa grandeur d’âme et d’esprit ; cet hommequ’on a écrit sur lui des livres et des livres,qu’une ville en Amérique (USA), dans l’Etat del’Iowa, porte son nom ; cet homme qu’on atrouvé avec lui – lors du traité de paix – unebibliothèque de plus de sept cents manuscritsdont plusieurs de ses assistants étaient char-gés d’entretenir et de s’en occuper durant desannées et, surtout, durant l’avènement de laSmala, la ville voyageuse ; cet homme, quiétait chef de guerre et poète, imam et philo-sophe, beau et éloquent, était Algérien, fils dece pays… dont tu doutes.

R. E.

«Ce que tu as reçu de tes ancêtres, acquiers-le, pour le posséder.»

Goethe

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CRÉSUS # 153 DU MARDI 4 AU LUNDI 10 SEPTEMBRE 2018

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