mission confiÉe par le premier ministre · 2017-03-22 · secteur de l’aide à domicile et le...
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MISSION CONFIÉE PAR LE PREMIER MINISTRE
A
Monsieur Georges LABAZÉE
Sénateur des Pyrénées Atlantiques
MISSION RELATIVE A LA TARIFICATION ET AUX PERSPECTIVES
D’EVOLUTION DES SERVICES D’AIDE ET D’ACCOMPAGNEMENT A
DOMICILE
Mars 2017
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REMERCIEMENTS Je tiens ici à adresser des remerciements sincères à la Direction Générale de la Cohésion
Sociale et en particulier à Marion Mathieu pour l'aide précieuse apportée tout au long de
l'élaboration de ce rapport.
Aux côtés de Nathalie Cuvillier et Dominique Renard, elle a su faire preuve d'une maîtrise
parfaite des enjeux soulignés par ce rapport, qui, alliée à une grande disponibilité, nous a
permis de travailler en parfaite harmonie.
Je remercie également Clara Rozenberg, ma collaboratrice parlementaire, pour ses talents
d'organisation. Son soutien logistique sans faille a facilité grandement le déroulement de ces
travaux.
Je remercie toutes les personnes que j'ai auditionnées, que ce soit à titre individuel ou au titre
des institutions, services ou fédérations qu’elles représentent.
J’adresse mes remerciements à Madame Pascale Boistard, Secrétaire d'État chargée des
Personnes âgées et de l'Autonomie ainsi qu'à l'ensemble de son cabinet.
Enfin, je remercie mes collègues sénatrices et sénateurs de la Commission des Affaires
Sociales du Sénat qui m'ont fait part de leur expérience territoriale et m'ont, pour nombre
d'entre eux, aidé dans l'organisation des rencontres avec les exécutifs départementaux et les
SAAD. Merci également à l'Assemblée des Départements de France et à la Caisse Nationale
de Solidarité pour l'Autonomie.
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SOMMAIRE
Synthèse ..................................................................................................................................... 6
Introduction ................................................................................................................................ 9
I - Eléments de contexte et de définition permettant d’expliciter la situation actuelle du secteur
.................................................................................................................................................. 11
A - Définition et clarification des notions employées .......................................................... 11
Historique de la structuration du secteur et état du droit avant la loi relative à l’adaptation
de la société au vieillissement : la mise en place du droit d’option .................................. 11
Problématiques liées au droit d’option et unification du régime par la loi relative à
l’adaptation de la société au vieillissement ....................................................................... 14
Evolutions introduites par la loi ASV dans le secteur de l’aide à domicile : réforme du
régime juridique ................................................................................................................ 15
Evolutions introduites par la loi ASV dans le secteur de l’aide à domicile : les contrats
pluriannuels d’objectifs et de moyens ............................................................................... 19
Evolutions introduites par la loi ASV dans le secteur de l’aide à domicile : les services
polyvalents d’aide et de soins à domicile.......................................................................... 20
B - Incompréhensions et difficultés d’application du nouveau régime introduit par la loi
ASV : premiers éléments de constat sur les pratiques disparates des conseils
départementaux en matière de tarification et d’organisation de l’offre ................................ 21
Des stratégies d’organisation de l’offre différentes face à la bascule de tous les SAAD
dans le champ de l’autorisation ......................................................................................... 21
Autres pratiques observées : des mesures de régulation contestables .............................. 24
C – Des réussites néanmoins sur certains territoires ............................................................ 26
D - Typologie des questionnements des conseils départementaux et des services d’aide et
d’accompagnement à domicile ............................................................................................. 27
Eléments évoqués par les conseils départementaux : la compensation de la dépense ...... 27
Eléments évoqués par les services d’aide et d’accompagnement à domicile ................... 29
II – Au fil des rapports : la tarification des SAAD, une question explorée depuis plusieurs
années ....................................................................................................................................... 32
A - Retour sur les différents rapports sur l’aide à domicile et leurs apports ........................ 32
B - Bilan des préconisations issues de ces rapports .............................................................. 33
Résultats des préconisations mises en place : étude nationale de coûts et fonds de
restructuration de l’aide à domicile ................................................................................... 33
Le mode de financement des services à domicile : une réflexion à poursuivre ................ 34
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III – Au-delà du modèle de financement des services : une nécessaire évolution de
l’organisation et de la gestion des structures ............................................................................ 41
A- Les ressources humaines ................................................................................................. 41
Difficultés de recrutement et attractivité des métiers........................................................ 41
Formation des professionnels de l’aide à domicile : intervenants, cadres intermédiaires,
personnel de direction ....................................................................................................... 43
B - Les modalités d’organisation des services et leur activité .............................................. 44
Organisation des interventions .......................................................................................... 44
Diversification de l’activité ............................................................................................... 44
C – Outils .............................................................................................................................. 45
IV – Plusieurs leviers à mobiliser au bénéfice de la restructuration du secteur de l’aide à
domicile .................................................................................................................................... 47
Les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) ........................................... 47
Services polyvalents d’aide et de soins à domicile (SPASAD) ........................................ 50
Groupements de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) .................................. 51
V – Perspectives d’évolution : des opportunités à saisir ......................................................... 53
A - Relations entre les différents acteurs .............................................................................. 53
L’approfondissement des relations entre conseils départementaux et SAAD .................. 53
Le cas des personnes autonomes relevant des GIR 5 et 6 : les relations entre conseils
départementaux et caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) ........ 54
La mise en place des conférences des financeurs : opportunité pour les SAAD .............. 55
B – Perspectives d’évolution du secteur de l’aide à domicile .............................................. 55
L’impact du développement des nouvelles technologies sur les SAAD .......................... 56
L’inscription des SAAD dans une offre nouvelle d’habitat .............................................. 56
VI – Préconisations .................................................................................................................. 61
1. Pilotage, animation, suivi .............................................................................................. 61
2. Modèle de financement des SAAD ............................................................................... 61
3. Organisation interne des SAAD et SPASAD ................................................................ 62
Annexes .................................................................................................................................... 63
Annexe 1 : Lettre de mission ................................................................................................ 64
Annexe 2 : Liste des personnes auditionnées dans le cadre du rapport ................................ 66
Annexe 3 : Niveau des dépenses supportées par les conseils départementaux en matière
d’APA en 2014 et 2015 ........................................................................................................ 69
Annexe 4 : Montants de compensation prévisionnels attribués aux départements au titre de
l’APA .................................................................................................................................... 72
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Annexe 5 : Le forfait global d’un SAAD sous CPOM, Jean-Pierre Hardy .......................... 77
Annexe 6 : Décomposition des couts horaires d’intervention à domicile, Philippe Pichery 79
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SYNTHESE
Un peu plus d’un an après la promulgation de la loi relative à l’adaptation de la société
au vieillissement (ASV), ce rapport se propose d’en poser un premier bilan, notamment dans
le champ spécifique des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD). C’est dans
cet objectif que le Premier ministre a confié à M. Georges Labazée, sénateur et co-rapporteur
de la loi ASV, une mission destinée à en évaluer les effets et à poser les bases d’un meilleur
dialogue entre départements et services qui permette de resituer les questions tarifaires dans
un enjeu plus large de qualité des prestations délivrées et de continuité du service.
Eléments de contexte et de définition permettant d’expliciter la situation actuelle du secteur
Le premier volet du rapport est de nature essentiellement pédagogique et part d’un
constat qu’ont largement confirmé les déplacements et les rencontres de terrain effectués par
la mission : les dispositions de la loi ASV relatives aux SAAD font l’objet d’une application
très hétérogène dans les territoires, en grande partie due à des confusions terminologiques.
Après avoir rappelé les difficultés soulevées par la dualité de régimes entre autorisation et
agrément, le rapport dresse une typologie des SAAD après le passage au régime unique
d’autorisation, en fonction de leurs publics. En effet, les SAAD habilités à recevoir des
bénéficiaires de l’aide sociale sont seuls à bénéficier d’un financement public du conseil
départemental, qui en définit le montant par une dotation globale ou par un tarif horaire. Les
autres SAAD, auxquels est reconnu le droit de prendre en charge des bénéficiaires de l’APA
ou de la PCH, conservent une relative liberté dans la fixation du prix de leurs prestations.
Cette notion de « tarif horaire » ne doit pas être confondue avec celle de « tarif de référence »,
qui quant à elle s’applique à la valorisation des plans d’aide APA versés aux bénéficiaires.
La proximité trompeuse de ces notions a pu engendrer sur les territoires certains
comportements des acteurs publics qui vont à l’encontre de l’esprit de la loi ASV. Celle-ci
édicte comme principes la liberté de choix du SAAD pour le bénéficiaire et la liberté du choix
du mode de gestion pour le SAAD. Or, certains départements, contraints par un contexte
budgétaire très peu favorable, peuvent soit jouer sur le niveau du tarif horaire en diminuant la
solvabilité des SAAD habilités à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale, soit jouer sur le
tarif de référence de l’APA de façon à faire converger le prix des SAAD vers un montant
unique. Dans les deux cas, ces pratiques, qui tendent à raréfier les SAAD habilités ou à
orienter les services vers un mode de gestion mandataire, entravent la pluralité de l’offre.
Elles se font par ailleurs au détriment des bénéficiaires les moins favorisés et les plus
dépendants, qui se tournent majoritairement vers des SAAD habilités et gérés selon le mode
prestataire.
La tarification des SAAD : une question explorée depuis de nombreuses années, une réflexion
à poursuivre
La tarification des SAAD avait déjà fait l’objet de nombreux travaux et le rapport se
penche sur quelques-unes de leurs préconisations. La plus récurrente d’entre elles concerne la
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dichotomie préjudiciable entre le financement public des SAAD habilités et la solvabilisation
des usagers dans le cadre de l’APA. L’équilibre financier des services dépendant du paiement
de leurs prestations par les bénéficiaires, un tarif horaire insuffisant peut mener l’usager à
verser une participation supérieure à celle dont il s’est déjà acquitté au titre du ticket
modérateur de l’APA. Ainsi, afin de diminuer les frictions issues de deux modes de
financement entièrement dépendants mais conçus sans complémentarité, la piste d’une sortie
de la tarification horaire des SAAD et d’une forfaitisation de la participation financière des
usagers a été évoquée. Alors que la première assouplirait le modèle financier des services,
encore trop tributaires du minutage des interventions, la seconde leur assurerait une source de
financement stabilisée, avec la possibilité pour l’usager de mobiliser l’excédent financier
déboursé sur les périodes qui appellent une prise en charge plus intensive.
Le dépassement des modalités actuelles de tarification des SAAD appelle une refonte
plus générale du dialogue de gestion entre les services et le conseil départemental qui les
tarifie. La loi ASV, en offrant aux conseils départementaux la possibilité de conclure des
contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM), vise le double objectif de dégager la
tarification des SAAD d’une logique strictement annuelle et prévisionnelle et de donner au
département un pouvoir de définition des objectifs de gestion, contrepartie de la liberté
budgétaire donnée aux SAAD par l’attribution d’un forfait global. À ce jour, la mission est
contrainte de constater que les CPOM sont des instruments trop peu mobilisés par les
décideurs publics.
De façon plus générale, la tarification des SAAD demeure indissociable de la question
de la compensation par l’État des dépenses engendrées au titre du versement de l’APA. Là
encore, la loi ASV apporte un important complément au concours APA versé par la CNSA et
destiné à financer la revalorisation des plans d’aide, l’augmentation salariale applicable au
secteur de l’aide à domicile et le soutien apporté aux aidants familiaux. L’évolution de la
répartition de la dépense d’APA entre État et départements n’en demeure pas moins un sujet
déterminant pour la soutenabilité financière de ces derniers.
Une nécessaire évolution de l’organisation et de la gestion des structures : des leviers à
mobiliser
Outre l’aspect financier, d’importants défis structurels pourraient continuer de se poser
aux SAAD avec une acuité renforcée. Les problèmes de ressources humaines auxquels de
nombreux SAAD sont contraints de faire face, en raison d’une attractivité insuffisante de
leurs métiers, ne manqueront pas de s’accentuer si l’on ne procède pas à une revalorisation
des diplômes et à une diversification des tâches. Un des principaux leviers de diversification
a en partie été exploité par l’expérimentation des services polyvalents d’aide et de soins à
domicile (SPASAD). Cette nouvelle formule de services, partant du constat que la prise en
charge de la personne âgée cumule dimensions médicale et sociale, vise à décloisonner ces
deux champs en rapprochant leurs professionnels respectifs et en unifiant leurs pratiques
autour de la personne. Encouragés par la mission, les SPASAD ne semblaient pas avoir
rencontré, en 2015, le succès escompté, en raison de la grande complexité que suppose la
coordination de deux milieux qu’opposent encore d’importants clivages culturels et
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fonctionnels. Les entités juridiques destinées à faciliter ce rapprochement, tels les
groupements de coopération sociale et médico-sociale, sont pour l’heure insuffisamment
exploitées. Le suivi de l’expérimentation SPASAD intégrés mise en place par la loi ASV est
toutefois encourageant. Au-delà des SPASAD, l’opportunité que peuvent saisir les SAAD de
diversifier leurs activités en exploitant tous les aspects du « service à la personne » se heurte
encore à la réticence de certains acteurs associatifs, à dépasser la dimension sociale de l’aide à
domicile. Cette diversification peut se faire vers d’autres activités du secteur social, telles que
les interventions auprès des familles fragilisées. Elle permettrait aux services, alors moins
dépendants de leur activité APA et PCH de retrouver une pérennité économique.
Perspectives d’évolution : des opportunités à saisir
Au-delà des pistes lancées par la loi ASV, et dont il conviendra de maintenir le suivi
dans les années à venir, de nombreux chantiers restent à investir par les décideurs publics. Il
ne leur est en effet plus possible d’ignorer les mutations économiques qu’entraînent le
vieillissement de la population et l’élévation du degré de dépendance. L’appropriation des
nouvelles technologies par les SAAD est une des clés à saisir par le secteur pour assurer sa
viabilité. Il en va de même pour sa capacité à s’adapter aux nouvelles formes d’habitat
collectif, répondant à une demande qui ne peut plus se satisfaire de la dualité maintien à
domicile/accueil en établissement.
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INTRODUCTION
Anticipant de plusieurs décennies l’important phénomène du vieillissement de la
population, Oscar Wilde nous rappelait déjà qu'il ne fallait pas chercher à rajouter des années
à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années. Des siècles d'avancées de la
médecine nous ont permis de vivre plus longtemps. En 45 ans, le nombre de centenaires a été
multiplié par 20. D'ici 2070, la France devrait en compter 13 fois plus.
C'est l'optimisme inspiré par Oscar Wilde qui, je le pense avec conviction, nous
mobilise pleinement, en atteste le nombre exponentiel de colloques, livres et publications
spécialisées consacrés à ce défi. Mais quel est-il précisément ? Adapter notre société à toute
forme de perte d'autonomie, lutter contre le désespoir de l'isolement, consacrer la participation
sociale et citoyenne de la personne âgée ou fragile, répondre aux défis territoriaux… tels sont
les enjeux auxquels nous sommes confrontés. Ces chantiers ont été l'une des priorités de ce
dernier quinquennat.
C'est ainsi que, près d'un an après sa promulgation, la loi relative à l'adaptation de la
société au vieillissement se met progressivement en place sur l'ensemble de nos territoires,
répondant ainsi graduellement aux attentes des citoyens en perte d'autonomie, de leurs
familles, mais aussi des élus et du tissu associatif et entrepreneurial.
Co-rapporteur de cette loi lors de son examen au Sénat en 2015, le Premier ministre
m'a confié la mission d'examiner avec attention l'accueil et l'application des mesures prises
pour renforcer l'aide à domicile sur le territoire français. Ce contrôle de l'application de la loi
est ainsi venu compléter avec intérêt mon travail parlementaire et donner tout son sens à cette
belle fonction.
Certes, de nombreux rapports ont été publiés ces dernières années sur l'aide à
domicile, mais aucun ne propose une évolution de ce secteur susceptible de remédier aux
difficultés rencontrées par les acteurs de proximité :
les départements, chefs de file de ces politiques et maîtres de la tarification ;
les Services d'aide et d'accompagnement à domicile (SAAD), acteurs historiques des
politiques de maintien à domicile.
Dès lors, nous avons cherché à disposer d'une vision globale du secteur et d’identifier
les pistes d’amélioration qui permettraient d'organiser un dialogue efficace entre département
et SAAD, que soient atténuées les problématiques tarifaires auxquelles ces derniers se
trouvent souvent confrontés. Le souci de la qualité des prestations délivrées et la continuité de
ce service sur l'ensemble des territoires ont également été au cœur de nos réflexions.
Dans cette perspective nous avons rencontré :
des départements, soit très ruraux, soit très urbanisés, en respectant par déontologie les
équilibres politiques ;
le tissu associatif local et les entreprises de service à la personne de taille raisonnable ;
nous avons choisi des structures en bonne santé économique mais aussi des entités en
grande difficulté financière, dans le souci de retranscrire avec sincérité la réalité de
nos territoires ;
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les réseaux de CCAS – CIAS, qui assument la mission de l’aide à domicile pour les
collectivités locales ;
l’éclairage apporté par des fédérations nationales, l’Assemblée des Départements de
France et les différents corps d’inspection auditionnés nous a permis de renforcer
globalement notre approche.
La démarche adoptée par ce rapport se veut autant descriptive que prospective. Parce
qu’un phénomène aussi complexe que l’aide à domicile ne peut se comprendre sans un rappel
de la nature des acteurs et de leurs relations, le rapport reviendra en détail sur les
problématiques financières et structurelles qu’ils rencontrent et qui les mettent aujourd’hui
sous une tension importante. De l’identification des problèmes, découleront des
recommandations précises qui, nous le souhaitons, pourront être utiles à ceux qui construisent
au quotidien ces politiques.
Puisse ce rapport servir à la révolution des pratiques, pour amplifier et généraliser
celles qui fonctionnent sur l'ensemble de notre territoire, de manière pérenne.
Georges Labazée
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I - Eléments de contexte et de définition permettant d’expliciter la situation actuelle du
secteur
La loi n°2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au
vieillissement (ASV) a engagé une refonte de l’aide à domicile. Dans ce contexte, la mission
confiée par le gouvernement vise à disposer d’une vision globale du secteur permettant de
poser les bases d’un meilleur dialogue entre départements et services, notamment sur la
question tarifaire. Les auditions menées au cours des mois de décembre 2016, janvier et
février 2017 ont confirmé la diversité des pratiques des départements dans la mise en œuvre
de la loi. Les rencontres avec les conseils départementaux, les services d’aide et
d’accompagnement à domicile mais aussi les fédérations nationales ont révélé que ces
différences de mise en œuvre sont liées par-delà la situation financière des départements à des
différences d’interprétations tant sur l’esprit de la loi que des textes législatifs et
règlementaires. Un travail de définition et de clarification des notions qui seront employées
dans ce rapport apparaît donc comme un préalable nécessaire à l’exposé des premiers
éléments de constats sur les pratiques des conseils départementaux et les difficultés
rencontrées tant par ceux-ci que par les services d’aide et d’accompagnement à domicile.
A - Définition et clarification des notions employées
Historique de la structuration du secteur et état du droit avant la loi relative à l’adaptation
de la société au vieillissement : la mise en place du droit d’option
Le secteur de l’aide à domicile s’est historiquement développé après la Seconde Guerre
mondiale, largement porté par le secteur associatif en faveur des plus défavorisés. Il a par la
suite été progressivement organisé et structuré par ces associations. Ce secteur a bénéficié de
financements publics par le biais des politiques d’aide sociale, portées par les départements en
application des lois de décentralisation. Certaines communes ont également investi le secteur
et créé des services d’aide à domicile par le biais de leur centre communal d’action sociale
(CCAS) ou de leur centre intercommunal d’action sociale (CIAS).
L’aide à domicile à destination des personnes âgées et handicapées s’est ainsi ancrée dans le
champ de l’action sociale. Cette inscription dans le secteur social et médico-social a été
confirmée par la loi du 2 janvier 20021 dite loi 2002-2, dans un but de professionnalisation du
secteur et d’amélioration de la qualité de la prise en charge des personnes accompagnées.
Les services d’aide et d’accompagnement à domicile entrent ainsi dans la catégorie des
établissements et services sociaux et médico-sociaux définis aux 6° et 7° de l’article L.312-1
du code de l’action sociale et des familles en ce qu’ils apportent à domicile aux personnes
âgées et handicapées une « assistance dans les actes quotidiens de la vie ou une aide à
l’insertion sociale ».
1 Loi n°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale
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En parallèle de la réponse aux besoins des publics fragiles, le développement des services à la
personne a été encouragé au fil des années dans l’idée de la création d’emplois non
délocalisables et ouverts à des publics souvent peu ou pas qualifiés. Ce développement
correspond à une demande accrue de services auprès des particuliers et s’est fait au travers de
plusieurs mesures, notamment la loi du 29 janvier 19962 ayant ouvert aux entreprises la
possibilité de bénéficier d’un agrément lorsque celles-ci se consacrent exclusivement à des
tâches ménagères ou familiales.
C’est cependant la loi du 26 juillet 2005, dite « loi Borloo » qui est véritablement venue
modifier la structuration du secteur de l’aide à domicile. Celle-ci a en effet ouvert le secteur
de l’aide au domicile des publics fragiles à l’initiative privée, cette aide entrant dans le champ
plus large des services à la personne. Cette loi répondait à un triple enjeu : favoriser l’emploi
et le dynamisme économique, améliorer les conditions de travail et la qualification des
salariés du secteur, apporter une réponse à la perte d’autonomie et au handicap.
Un double régime s’est alors mis en place avec la loi Borloo, instaurant un droit d’option
entre le régime d’agrément et le régime d’autorisation ouvert aux services prestataires d’aide
et d’accompagnement à domicile intervenant auprès des publics fragiles.
L’agrément, régi par le code du travail, était délivré par les Directions régionales des
entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE)
pour 5 ans. L’obtention de l’agrément était soumise à des conditions strictes d’exercice de
l’activité, se basant sur un cahier des charges3 portant notamment sur la viabilité financière de
la structure, la qualité de l’accueil, la clarté de l’offre de service ou encore le contenu, le suivi
et l’évaluation de la prestation. Les services agréés fixaient librement leurs tarifs, dans le
respect d’un taux annuel maximal d’augmentation défini par arrêté du ministre chargé de
l’économie et des finances. L’agrément permettait de faire bénéficier les usagers d’une
réduction d’impôt.
L’autorisation, régie par le code de l’action sociale et des familles, était délivrée pour 15 ans
par le président du conseil départemental à l’issue d’un appel à projet4 depuis la loi du 21
juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires. La
structure voyait ainsi son activité reconnue par le conseil départemental en charge de l’action
sociale et médico-sociale dans le département. L’autorisation valant, sauf mention contraire,
habilitation à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale, notion qui sera définie plus loin, la
tarification des prestations des services autorisés relevait de la compétence du conseil
départemental. De plus, la loi 2002-2 a rendu la planification départementale des services
sociaux et médico-sociaux opposable dans le cadre de la procédure d’autorisation des
services. Les services étaient ainsi autorisés dès lors qu’ils respectaient les normes techniques
minimales d’autorisation, étaient compatibles avec le schéma départemental et avec
2 Loi n°96-63 du 29 janvier 1996 en faveur du développement des emplois de services aux particuliers
3 Arrêté du 26 décembre 2011 fixant le cahier des charges prévu à l’article L.7232-7 du code du travail
4 Articles L.313-3 et L.313-4 du code de l’action sociale et des familles
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l’existence d’un financement public. Ces services étaient de plus soumis au respect des
exigences en matière de qualité du secteur médico-social : projet de service, réalisation des
évaluations internes et externes.
En conclusion de ce préambule terminologique, il convient également de préciser les notions
de statut et de mode d’intervention. La première renvoie à la nature juridique de la personne
morale gestionnaire du service, qui peut être une institution publique, une association
personne de droit privé à but non lucratif, ou un acteur privé lucratif. Le mode d’intervention
renvoie quant à lui à la relation qu’entretiennent le service et l’usager qui en bénéficie. Trois
cas peuvent être distingués : le mode prestataire, selon lequel la personne morale gestionnaire
du SAAD est l’employeur de l’intervenant, le bénéficiaire étant seulement usager du service ;
le mode mandataire, selon lequel le bénéficiaire est l’employeur de l’intervenant, mais
bénéficie de l’appui juridique et comptable de la personne morale gestionnaire ; le mode de
gré à gré, selon lequel le bénéficiaire est seul employeur du service sans intervention de tiers.
Le présent rapport a pour périmètre les SAAD de tous statuts intervenant en mode prestataire.
Service d’aide et d’accompagnement à domicile et Service à la personne
La notion de service à la personne a été introduite par la loi Borloo du 26 juillet 2005 et figure
à l’article L.7231-1 du code du travail. Les services à la personne recouvrent les métiers liés à
l’assistance aux personnes et comprennent notamment les services à la famille (garde
d’enfant, soutien scolaire), les services de la vie quotidienne (ménage, jardinage) ou les
services aux personnes fragiles (personnes âgées, personnes handicapées…) qui ont besoin
d’une aide dans leur vie quotidienne. Les services à la personne s’adressent donc au plus
grand nombre. La qualification de service à la personne ouvre droit à des avantages sociaux et
fiscaux.
Au sein des services à la personne, il convient de distinguer les services d’aide et
d’accompagnement à domicile qui s’adressent plus spécifiquement à des publics vulnérables :
personnes âgées, personnes handicapées, familles fragilisées. Ils ont pour but de favoriser le
maintien à domicile de ces personnes en leur apportant une assistance pour les actions liées
aux actes essentiels de la vie, au soutien à domicile, à la préservation ou à la restauration de
l’autonomie dans l’exercice des activités de la vie quotidienne et au maintien et au
développement des activités sociales en lien avec l’entourage.
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Problématiques liées au droit d’option et unification du régime par la loi relative à
l’adaptation de la société au vieillissement
La mise en œuvre du droit d’option a posé un certain nombre de difficultés, les deux régimes
permettant d’intervenir auprès des mêmes publics fragiles sans être équivalents. Le régime de
l’agrément était en effet par nature moins contraignant avec des obligations moindres en
termes d’évaluations et de contrôle de la puissance publique. Le droit d’option permettait
également aux services d’échapper à la procédure d’appel à projet tout en bénéficiant de
financements publics indirects via l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou la
prestation de compensation du handicap (PCH). De plus, les durées de l’agrément et de
l’autorisation étaient différentes : 5 ans pour le premier, 15 ans pour la seconde.
Face à ces difficultés, tant les services agréés qu’autorisés étaient demandeurs d’une
unification du régime. Par ailleurs, la Commission européenne, saisie par des services agréés,
a demandé des éclaircissements sur la justification de ce double régime. Celle-ci a considéré
que la coexistence de deux catégories de services offrant les mêmes prestations aux mêmes
catégories de publics mais bénéficiant d’un traitement différent pourrait être contraire au droit
communautaire et notamment à la liberté d’établissement et à l’égalité de traitement,
principalement au regard de la différence de durée entre autorisation et agrément.
En outre, plusieurs rapports tant de l’IGAS que de la Cour des comptes (cf. infra) avaient
critiqué ce double régime, peu clair pour les usagers et source de complexité pour les acteurs.
Préconisée par le rapport de la députée Bérangère POLETTI et la mission conjointe des
inspections générales des affaires sociales et des finances de 2010, tout comme l’Assemblée
des départements de France (ADF), une expérimentation de nouvelles modalités d’allocation
des ressources a été engagée par la loi de finances pour 2012.
En effet, face aux difficultés économiques rencontrées par le secteur de l’aide à domicile, et
aux enjeux d’accompagnement et de prévention liés au maintien à domicile, l’assemblée des
départements de France et les principales fédérations d’aide à domicile ont pris l’initiative
d’expérimenter sur certains territoires de nouvelles modalités de tarification et de
contractualisation dans le cadre de contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM)
valant mandatement de la puissance publique, c’est-à-dire attribution de certaines prérogatives
permettant de ne pas se voir appliquer le droit commun de la concurrence.
L’évaluation de cette expérimentation a donné lieu à un rapport de l’inspection générale des
affaires sociales en avril 2015. Plusieurs préconisations de ce rapport ont été inscrites dans la
loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement : la non prolongation de
l’expérimentation tarifaire au-delà de son terme prévu, la définition au niveau national des
mentions du CPOM ou encore le recours au forfait global.
L’État et les conseils départementaux ont ainsi convenus de la nécessité d’envisager ensemble
une modernisation et une révision du cadre juridique et financier du secteur de l’aide à
domicile. La complexité des différents régimes d’agrément et d’autorisation, l’absence de
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cadre sécurisé de mandatement et la rigidité de la tarification horaire ne permettaient pas de
valoriser efficacement les exigences de continuité et de qualité dans l’accompagnement à
domicile.
L’aide à domicile en direction de personnes vulnérables, qu’il s’agisse de jeunes enfants, de
personnes handicapées ou de personnes âgées, ne saurait se réduire à une prestation de service
à la personne, banalisée dans le marché des services. A ce titre, elle requiert une action de
régulation publique pour faire prévaloir la protection des personnes accompagnées sur toute
autre considération.
La réforme de l’aide à domicile inscrite dans la loi ASV s’inscrit dans la volonté d’assurer
une coordination renforcée des pouvoirs publics, conciliant soutien à la croissance et à
l’emploi et rôle social de ces activités notamment celles destinées aux publics fragiles.
L’amélioration de la qualité de l’emploi et des perspectives professionnelles dans ce secteur,
la structuration de l’offre pour la rendre plus lisible et plus accessible, et la mise en place
d’une nouvelle gouvernance nationale en concertation avec l’ensemble des professionnels,
constitue l’un des axes majeurs de la réforme
Evolutions introduites par la loi ASV dans le secteur de l’aide à domicile : réforme du
régime juridique
La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement a unifié les régimes juridiques
applicables aux services d’aide et d’accompagnement à domicile, ceux-ci étant désormais
soumis au seul régime d’autorisation. Cette bascule dans le régime de l’autorisation prend en
compte la position de chef de file des conseils départementaux en matière de politiques
d’action sociale et vise à leur permettre de mieux structurer une offre de service qualitative
sur leur territoire.
Les services intervenant auprès des personnes âgées ou handicapées sont ainsi réputés
autorisés à la date d’effet de leur dernier agrément depuis le 30 décembre 2015, date d’entrée
en vigueur de la loi.
Ce nouveau régime unique d’autorisation s’inscrit dans une logique classique de protection
des publics fragiles. Tous les services d’aide et d’accompagnement sont désormais soumis
aux mêmes règles techniques minimales d’organisation et de fonctionnement fixées par un
cahier des charges national5. De plus les dispositions de droit commun propres au régime de
l’autorisation sont désormais applicables à toutes les structures : autorisation d’une durée de
15 ans, réalisation d’évaluations internes et externes.
Toutefois, pour faciliter la mise en place du nouveau régime unifié, l’article 47 de la loi
prévoit une période transitoire jusqu’en 2022, période pendant laquelle les services seront
5 Décret N°2016-502 du 22 avril 2016 relatif au cahier des charges national des services d’aide et
d’accompagnement à domicile et modifiant le code de l’action sociale et des familles
16
dispensés d’appel à projet pour leurs demandes d’autorisation, d’extension d’activité ou
d’habilitation à l’aide sociale. Le président du conseil départemental dispose d’un délai de 3
mois pour répondre à ces demandes, celui-ci ayant l’obligation de motiver les décisions de
refus.
Lors des rencontres effectuées dans le cadre de la mission, il a été exprimé tant par les
conseils départementaux que par les services ou leurs fédérations une demande de
clarification des critères permettant de justifier un tel refus. La DGCS devrait répondre à cette
attente dans le cadre notamment des fiches d’interprétation de la loi qu’elle met à disposition
régulièrement des acteurs.
Il ressort des travaux de la mission qu’il existe un réel besoin d’explication quant au
sens de cette bascule dans le régime de l’autorisation, celle-ci n’étant pas comprise de
manière homogène par l’ensemble des acteurs.
Il convient ici de rappeler que si l’intégralité des services prestataires est désormais autorisée
il existe différents régimes distincts au sein de l’autorisation qui emportent l’application de
règles et de contraintes différentes pour les services en fonction de la portée de l’autorisation
dont ils sont titulaires.
L’autorisation, sauf mention contraire, vaut habilitation à recevoir des bénéficiaires de
l’aide sociale. Cette habilitation emporte pour le service qui en est détenteur l’obligation
d’accueillir toute personne qui s’adresse à lui dans la limite de sa spécialité et de sa capacité
autorisée et lui donne droit à un financement au titre des personnes qu’il accompagne et des
sujétions particulières qui lui sont imposées. Seule l’habilitation à recevoir des bénéficiaires
de l’aide sociale entraîne la tarification du service par le conseil départemental qui fixe les
prix des prestations et détermine l’affectation du résultat (notamment la reprise de l’excédent
le cas échéant). On précise à ce stade du rapport que la tarification d’un service par le
département s’entend comme le financement du premier par le second, par le versement d’une
dotation globale ou d’un tarif horaire.
L’autorisation peut être délivrée sans habilitation à l’aide sociale. Dans ce cas, le service, s’il
y est spécifiquement autorisé, peut intervenir auprès des bénéficiaires de l’APA ou de la PCH
(c’est le cas des services ex-agréés ayant basculé dans le régime de l’autorisation). Ces
services autorisés mais non habilités à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale, ne sont pas
soumis à la procédure de tarification par le conseil départemental et sont libres de la fixation
de leurs prix dans la limite d’un taux d’évolution fixé par arrêté. Ils disposent librement de
leurs résultats.
Enfin, les services peuvent solliciter une autorisation qui n’emporte ni habilitation à l’aide
sociale ni autorisation d’intervenir auprès de bénéficiaires de l’APA ou de la PCH. Dans ce
cas, le service ne bénéficie d’aucun financement public direct ou indirect et est autorisé dès
lors qu’il satisfait aux normes techniques prévues par la règlementation et prévoit des
démarches d’évaluation de l’activité. La plupart de ces services interviennent essentiellement
17
auprès de publics dont le degré de dépendance est limité (GIR 5 et GIR 6), et peuvent
notamment bénéficier de financements des caisses locales de retraite (CARSAT), dont il sera
fait mention un peu plus loin.
Historiquement, la plupart des services autorisés par les conseils départementaux
appartenaient à la première catégorie (celle des services habilités à l’aide sociale), le recours à
l’agrément étant plus fréquent dans les autres cas. Cette lecture historique du régime de
l’autorisation semble expliquer un certain nombre de confusions de la part des différents
acteurs sur les conséquences de la bascule des services dans le régime de l’autorisation,
notamment en matière de tarification des services.
Le terme de tarification est en effet souvent indifféremment employé pour qualifier :
- les tarifs définis par les conseils départementaux pour les services autorisés et
habilités dans le cadre de la procédure de tarification prévue par le code de l’action
sociale et des familles ;
- les tarifs de référence définis par arrêté par les conseils départementaux pour la
valorisation des heures prévues au plan d’aide APA en cas de recours à un service non
habilité à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale. Il semble important à ce stade de
rappeler que la définition du plan d’aide APA à destination des usagers inclut la
participation financière de ces derniers, en fonction de leurs ressources, sous la forme
d’un ticket modérateur.
Ce système est extrêmement complexe à comprendre, du fait de l’existence de ces différents
tarifs et de la confusion souvent observée sur les tarifs de référence et la pluralité des tarifs
administrés, qui est souvent apparue lors des différentes rencontres6.
La confusion entre ces deux notions nécessite donc une précision quant aux termes qui seront
utilisés dans le cadre de ce rapport. On s’intéressera au modèle de financement des SAAD par
les conseils départementaux de manière globale qui recouvre les deux notions exposées ci-
après.
Dans le cas des services autorisés et habilités à l’aide sociale, la notion de tarification
s’applique, par référence à la procédure de tarification applicable aux services d’aide et
d’accompagnement à domicile. Elle se traduit par la fixation du tarif appliqué par le service à
ses usagers par le président du conseil départemental à l’issue d’un dialogue annuel sur les
comptes7. Ce tarif correspond au coût de revient du service. Ce tarif, appliqué par le SAAD
aux personnes qu’il accompagne, est également le tarif pris en compte pour valoriser les
heures du plan d’aide APA. Le code de l’action sociale et des familles prévoit en effet que les
dépenses des services autorisés et habilités à l’aide sociale liées à l’activité sociale et médico-
sociale sont prises en charge par le département sous la forme de tarifs horaires8. Le
6 Ce constat a été confirmé lors des auditions de l’IGAS-IGA et de l’IGF, qui ont pu faire la même observation
dans le cadre de leurs missions respectives. 7 Articles R.314-130 à R.314-136 du code de l’action sociale et des familles
8 Article R.314-105 du code de l’action sociale et des familles
18
financement du service par le conseil départemental est alors assuré sur la base du tarif de ce
SAAD, par la valorisation des heures d’aide à domicile prévues au plan d’aide du bénéficiaire
de l’APA recourant à ce service habilité à l’aide sociale et tarifé. Ce système permet ainsi que
le ticket modérateur acquitté par les personnes que le SAAD accompagne soit uniquement la
participation prévue dans le cadre du barème de l’APA et s’inscrit dans l’esprit de
l’habilitation à l’aide sociale qui vise à garantir l’accès aux services de tous les bénéficiaires,
notamment pour les plus modestes. Ce principe de prise en compte du tarif du SAAD autorisé
et habilité à l’aide sociale pour la valorisation des heures d’aide humaine est explicitement
prévu pour les interventions solvabilisées par la PCH9. Le tarif fixé par le conseil
départemental est alors une modalité de financement du service qui correspond, en
application de la lettre et de l’esprit de la règlementation, au tarif de référence utilisé
pour la valorisation des plans d’aide.
Dans le cas des services autorisés mais non habilités, le conseil départemental ne tarifie pas le
service qui fixe librement ses prix. En effet, les prix de ces services évoluent chaque année sur
la base d’un arrêté des ministres en charge de l’économie et des personnes âgées10
, fixant le
taux maximum d’évolution. La notion de tarif de référence, comprise comme le tarif
régissant la définition du plan d’aide APA, est dans ce cas la seule applicable, puisque
ces services ne sont pas tarifés, c’est-à-dire financés, par le conseil départemental. Les
règles de détermination du montant du plan d’aide APA prévoient en effet que la valorisation
des heures d’aide à domicile est opérée en fonction de tarifs arrêtés par le président du conseil
départemental, notamment selon que la personne ait recours à un service prestataire, un
service mandataire ou un emploi direct. Ces tarifs tiennent compte des statuts publics, des
conventions collectives ou accords d’entreprise applicables aux salariés concernés. Dans les
hypothèses où le bénéficiaire de l’APA recourt à un intervenant dont les prix sont libres ces
dispositions permettent de prendre en compte le coût moyen d’intervention sans que les prix
pratiqués par ces services soient totalement pris en compte. Les conseils départementaux
n’exercent en effet aucun contrôle sur les modalités de fixation de ces prix, librement
négociés dans le cadre du contrat entre le SAAD et le bénéficiaire. Il apparaît dès lors logique
que ces prix ne soient pas opposables aux conseils départementaux. Dans ce cadre, les tarifs
fixés par les conseils départementaux sont uniquement un mode de solvabilisation des
personnes accompagnées par les SAAD.
L’unification du régime juridique des SAAD opérée par la loi ASV se traduit donc par la
soumission de l’ensemble des services aux mêmes obligations en termes de contrôle et de
qualité de l’accompagnement dans un souci de protection des publics fragiles que ces services
accompagnent. Cette unification n’emporte toutefois pas uniformité des situations des SAAD,
ceux-ci étant régis par des règles spécifiques en fonction des contraintes qu’ils supportent.
Cette unification du régime juridique renforce le rôle du conseil départemental en matière de
pilotage de l’offre d’aide à domicile, l’autorisation de l’ensemble des SAAD prestataires étant
9 Arrêté du 28 décembre 2005 fixant les tarifs de l’élément de la prestation de compensation mentionné au 1° de
l’article L.245-3 du code de l’action sociale et des familles 10
Article L. 347-2 du CASF
19
désormais de sa responsabilité. La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement a
mis en place dans le même esprit de nouveaux outils.
Evolutions introduites par la loi ASV dans le secteur de l’aide à domicile : les contrats
pluriannuels d’objectifs et de moyens
La loi ASV prévoit la possibilité pour les services d’aide à domicile et les conseils
départementaux de conclure des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens dans le but de
favoriser la structuration de l’offre et la mise en œuvre des missions au service du public des
services d’aide et d’accompagnement à domicile. Ces contrats, conclus pour une durée de 5
ans, n’ont pas été rendus obligatoires par la loi mais sont une faculté offerte aux conseils
départementaux et aux services. Ils précisent notamment :
- les catégories de bénéficiaires, le territoire desservi, les modalités horaires de prise en
charge, les objectifs poursuivis et les moyens mis en œuvre, les objectifs de
qualification et de promotion professionnelle ;
- les paramètres de calcul, de contrôle, de révision et de récupération des financements
alloués par le département, les modalités de calcul de l’APA et de la participation des
usagers ;
- les modalités de participation aux actions de prévention de la perte d’autonomie, de la
maltraitance et de promotion de la bientraitance ;
- la nature et les modalités de la coordination avec les autres organismes à caractère
social, médico-social ou sanitaire en vue de l’optimisation des parcours ;
- les critères et le calendrier d’évaluation des actions conduites.
Ces CPOM peuvent être conclus avec les services tarifés ou non, à condition que ces services
prestent auprès de bénéficiaires de l’APA ou de la PCH. Ils permettent une sécurisation des
financements publics, le CPOM spécifique aux SAAD valant mandatement au sens du droit
européen.
Ce CPOM spécifique aux SAAD peut cependant être articulé avec d’autres types de CPOM.
Ainsi, au-delà du CPOM de droit commun relevant de l’article L. 313-11 du CASF et pour
amplifier la dynamique de la contractualisation, la loi ASV a prévu diverses mesures en
faveur d’une généralisation de la contractualisation pour le secteur des personnes âgées.
L’article 58 de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement a en effet substitué
le CPOM à la convention pluriannuelle, dite tripartite, des établissements d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes (EHPAD). Ce CPOM relevant du IV ter de l’article L. 313-12
du CASF peut inclure d’autres catégories d’établissements ou de services mentionnés au I de
l’article L. 312-1 du CASF, lorsque ces derniers sont gérés par un même organisme
gestionnaire et relèvent du même ressort territorial. La réforme de la contractualisation des
EHPAD et des petites unités de vie (PUV) va s’opérer sur une durée de 5 ans à compter du 1e
janvier 2017.
20
Dans le champ du handicap, l’article 75 de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS)
pour 2016 prévoit que les établissements et services du secteur personnes handicapées sous
compétence exclusive ou conjointe des ARS ainsi que les services de soins infirmiers à
domicile (SSIAD) et les services polyvalents d’aide et de soins à domicile (SPASAD) doivent
signer un CPOM, sur la base d’une programmation arrêtée par le directeur général de l’ARS
et le président du conseil départemental. Une période transitoire de 6 ans est prévue pour la
mise en œuvre de ces dispositions (du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2021). Ainsi, au
niveau du territoire départemental, un CPOM par organisme gestionnaire devra être signé
avec les ESMS relevant des catégories mentionnées à l’article L. 313-12-2 du CASF.
Evolutions introduites par la loi ASV dans le secteur de l’aide à domicile : les services
polyvalents d’aide et de soins à domicile
Créés par le décret du 25 juin 2004 et codifiés à l’article D. 312-7 du CASF, les SPASAD
apportent à la fois un accompagnement dans les actes de la vie quotidienne et des soins aux
personnes âgées, aux personnes handicapées et aux personnes atteintes de pathologies
chroniques à domicile. Ils assurent les missions d’un service de soins infirmiers à domicile
(SSIAD) et les missions d’un service d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD).
Les SPASAD constituent un maillon essentiel de la prise en charge à domicile des personnes
fragilisées. Cependant, plus de dix ans après leur création, on a constaté un faible
développement et une répartition inégale de ces structures sur le territoire, une coordination
insuffisante entre les missions de soins infirmiers, d’aide et d’accompagnement à domicile
ainsi qu’un développement limité de leurs actions de prévention.
Afin de donner une nouvelle dynamique à ces structures, la loi relative à l’adaptation de la
société au vieillissement met en place à l’article 49 une expérimentation de SPASAD intégrés
qui prévoit en conséquence des constats ci-dessus, une évolution des modalités
d’organisation, de fonctionnement et de financement des SPASAD afin d’inciter au
développement de ces structures. Il s’agit de tester une organisation et un fonctionnement
intégrés qui assurent une plus grande mutualisation des organisations et des outils, et au-delà,
une intégration des prestations au bénéfice de la qualité de l’accompagnement global de la
personne et de la promotion de la bientraitance. Au 15 mars 2017, 13 ARS sur les 16
participantes ont terminé l’instruction de leur appel à candidature sélectionnant 350 SPASAD
pour entrer dans l’expérimentation. Une véritable dynamique de dialogue local s’est instaurée,
elle s’illustre au travers de l’installation des comités de pilotages régionaux, des liens avec les
conférences des financeurs ou encore de l’instruction commune des candidatures à
l’expérimentation et du projet de signature commune des CPOM-SPASAD dans certaines
régions. Un décloisonnement de l’offre d’aide et de soins sur les territoires s’amorce,
permettant le rapprochement de services complémentaires tournés vers une prise en charge
globale et de qualité, des besoins des personnes accompagnées.
La DGCS a proposé une liste d’indicateurs, concertés dans le cadre du Comité de pilotage
national « refondation des services à domicile ». Ces indicateurs ont été diffusés aux ARS et à
21
l’ensemble des acteurs. Les ARS et les départements se proposent le plus souvent de les
annexer aux CPOM-SPASAD.
Cette nouvelle organisation ne fait pas obstacle à l’entrée des SPASAD expérimentateurs dans
d’autres expérimentations, notamment celles relevant du plan maladies neurodégénératives
2014-2019.
B - Incompréhensions et difficultés d’application du nouveau régime introduit
par la loi ASV : premiers éléments de constat sur les pratiques disparates des
conseils départementaux en matière de tarification et d’organisation de l’offre
Des stratégies d’organisation de l’offre différentes face à la bascule de tous les SAAD dans
le champ de l’autorisation
La réforme du régime des SAAD a été souhaitée par les différents acteurs. Toutefois, les
manières de l’appliquer sont diverses selon les départements. Cette disparité s’explique à la
fois de par l’hétérogénéité structurelle des départements (caractéristiques socio-culturelles de
la population, caractéristiques géographiques du territoire) mais aussi par le nombre de
services ex agréés ayant basculé dans le régime de l’autorisation. Ce nombre varie ainsi en
fonction des territoires d’une dizaine de SAAD à presque 200. La loi relative à l’adaptation de
la société au vieillissement est récente, et les départements sont donc encore dans une phase
d’appropriation des nouveaux dispositifs et notamment de prise en compte des services
anciennement agréés désormais placés sous leur responsabilité. L’arrivée parfois massive de
services dans le champ de l’autorisation peut pousser certains départements à repenser
complètement leur politique en matière d’aide à domicile. L’implantation et le profil des
structures sont aussi variables selon les départements avec une prédominance historique des
services associatifs dans certains, une place plus importante des SAAD publics pour d’autres
ce qui explique également les différences d’orientation en matière de régulation de l’offre.
Les entretiens effectués dans le cadre de la mission ont confirmé la grande diversité
d’application de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement au sein des
départements11
. Sur les 8 départements rencontrés, il est possible de modéliser trois types
d’organisation de l’offre de service à domicile.
Modèle 1 : Dans ce modèle, qui concerne 5 des 8 départements rencontrés, le conseil
départemental procède à une tarification individualisée pour les services d’aide et
d’accompagnement à domicile habilités à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale et à la
fixation d’un tarif de référence pour la valorisation des plans d’aide APA dans le cas où
l’usager a recours à un service d’aide et d’accompagnement non habilité. Ce tarif est différent
de celui retenu pour les services habilités, pour lesquels la valorisation du plan d’aide APA est
11
Ce constat a également été fait par l’IGAS-IGA et l’IGF lors des rencontres effectuées dans le cadre de leurs
missions.
22
faite sur la base du tarif fixé pour chaque service par le conseil départemental. La manière de
fixer le tarif de référence applicable varie selon les départements :
- dans deux départements il existe un tarif de référence pour la semaine et un autre pour
les weekends et jours fériés ;
- dans un autre, le tarif de référence a été déterminé après une analyse des coûts
supportés par les servies et correspond à la moyenne des coûts des services habilités à
recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale ;
- un département aligne son tarif de référence sur le tarif CNAV, ou sur le prix du
SAAD lorsque celui-ci a un tarif inférieur ;
- un département a un tarif de référence différencié pour les SAAD publics et les SAAD
privés à but lucratif ou non ainsi que pour les week-end et jours fériés.
Ces départements, s’ils ont la même approche du financement des services, n’en sont pas pour
autant tous au même stade dans le développement des outils offerts par la loi. Ainsi, peu ont
déjà signé des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens avec leurs SAAD, et si tous ces
départements ont entamé une réflexion quant à la structuration de l’offre de services à
domicile sur leur territoire, ils n’ont pas encore tous réalisé de diagnostic territorial.
Modèle 2 : Dans ce modèle qui concerne un département sur ceux rencontrés, le département
procède également à une tarification individualisée pour les services d’aide et
d’accompagnement à domicile habilités à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale et, à la
fixation d’un tarif de référence pour les usagers ayant recours à un SAAD non habilité. Le
département a cependant décidé de sortir de ce système en incitant les services habilités à
recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale à demander le retrait de cette habilitation. Cette
stratégie passe par une mise sous tension financière des SAAD habilités par le biais de la
fixation annuelle de la tarification, généralement inférieure au coût de l’année précédente.
L’objectif du département est de ne plus avoir aucun SAAD habilité à l’aide sociale à
l’horizon 2018. Parallèlement, le conseil départemental envisage de fixer des tarifs de
référence uniques, applicables à tous les services et différenciés selon leur statut (public, privé
lucratif, associatif). Les plans d’aide des bénéficiaires de l’APA seraient alors valorisés à
partir de ce tarif, exception faite des bénéficiaires ayant les revenus les plus modestes (le seuil
applicable n’étant pas encore fixé), pour lesquels le plan d’aide serait valorisé sur la base du
tarif pratiqué par le service auquel ils décident de faire appel, de manière à ne pas leur
imposer de reste à charge.
Modèle 3 : Dans ce troisième modèle, qui concerne deux départements sur ceux rencontrés,
les départements ont fait le choix d’opter pour le passage à un tarif de référence unique,
applicable à tous les SAAD de leurs territoires, qu’ils soient ou non habilités à recevoir des
bénéficiaires de l’aide sociale. Ces départements s’appuient alors sur la concurrence pour
réguler les prix sans pour autant engager formellement de procédure de retrait de
l’habilitation. Le choix de ce modèle peut résulter d’une double considération qui serait à la
fois la tentation de réduire les dépenses du département en arrêtant de financer les SAAD
habilités tarifés mais aussi la peur que la différence de traitement entre les secteurs (secteur
administré et secteur libre) soit analysée comme une discrimination. Cette orientation peut en
23
partie résulter d’une mauvaise lecture du régime de l’autorisation, qui n’est pas un régime
unique mais recouvre différentes situations comme cela a été exposé plus haut.
Le choix de ne plus recourir à des services habilités à recevoir des bénéficiaires de l’aide
sociale risque d’entraîner l’apparition de sur-tickets modérateurs et pourrait conduire à
l’augmentation du reste à charge acquitté par les personnes accompagnées, normalement déjà
établi sur des critères de ressources financières lors du calcul du ticket modérateur. Ce choix
a un effet anti-redistributif, le barème APA qui tient compte du niveau de revenu des
personnes bénéficiaires, ne s’appliquant pas à ce ticket modérateur supplémentaire. Cette
pratique est en contradiction avec l’esprit de la réforme de l’APA mise en place par la loi
ASV. En effet, des phénomènes de saturation des plans d’aide et de sous-consommation des
plans d’aide par des bénéficiaires modestes en raison d’un niveau de participation financière
trop élevé ont été constatés. La loi a donc souhaité améliorer l’accessibilité financière de
l’aide pour tous en allégeant le reste à charge pour les plans d’aide les plus lourds grâce à la
baisse du ticket modérateur. Le nouveau barème de l’APA garantit également qu’aucun
bénéficiaire de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) n’acquitte de ticket
modérateur.
Les pratiques visant à contourner le processus de tarification de l’offre posent également
question pour l’avenir de l’offre de services d’aide à domicile existant sur le territoire. Une
tarification sous-évaluée des structures mettrait celles-ci en situation de grande difficulté
financière pouvant conduire à leur faillite. On verrait alors se développer des stratégies de
rachat de ces associations par de grands groupes se saisissant de cette opportunité d’entrer
dans le secteur en récupérant les autorisations antérieurement délivrées. A terme, il existe un
risque non négligeable de voir se développer sur certains territoires des situations de
monopoles de ces services en capacité de ce fait d’imposer leurs tarifs. La diminution de la
tarification des services peut sembler une réponse immédiate à la charge que représentent les
dépenses sociales dans le budget des départements, mais pourrait conduire à des situations qui
ne seraient souhaitables ni pour le conseil départemental ni pour les personnes accompagnées.
Illustration de l’influence du recours à un SAAD tarifé ou non sur le reste à charge d’un
bénéficiaire de l’APA :
Une personne en GIR 2 a un plan aide APA de 58 heures par mois. Elle a un niveau de revenu
de 1000 euros mensuel. En application des barèmes APA, sa participation s’élève à 4.08%.
Hypothèse 1 : Ce bénéficiaire de l’APA fait appel à un SAAD prestataire autorisé et habilité à
l’aide sociale. Ce SAAD est tarifé à hauteur de 23 euros de l’heure. Il doit donc s’acquitter
d’un montant de 54.4 euros par mois (58x23x4.08%).
Hypothèse 2 : Ce bénéficiaire de l’APA fait appel à un SAAD prestataire autorisé, non
habilité à l’aide sociale, donc non tarifé par le conseil départemental. Ce SAAD pratique un
tarif de 23 euros de l’heure qu’il a seul décidé. Le tarif de référence de l’APA pris en charge
par le conseil départemental est de 20 euros par heures, soit 3€ de moins que le tarif horaire
24
du service. Il doit alors s’acquitter d’un montant de 221,3 euros par mois (47.3 euros de
participation au titre de l’application du barème APA + 58x3 euros non pris en charge par le
conseil départemental).
Autres pratiques observées : des mesures de régulation contestables
L’orientation des bénéficiaires de l’APA vers le mode mandataire
Un département a fait le choix d’une orientation privilégiée vers le mode mandataire par les
équipes médico-sociales du département dans le cadre de la détermination du plan d’aide
APA plutôt que vers des services prestataires. Or, la personne âgée dispose du libre choix
quant au mode d’intervention (prestataire, mandataire, gré à gré) et au service auquel elle
souhaite avoir recours. Le recours subi au mode mandataire n’est pas sans conséquence pour
la personne âgée, celle-ci étant dans ce cas l’employeur de son salarié à domicile.
L’imposition de ce mode d’intervention est d’autant plus problématique s’agissant de
personnes âgées en perte d’autonomie en situation de fragilité ou d’isolement. Il convient de
rappeler que les départements ne peuvent se soustraire à l’obligation du respect des
droits de la personne âgée sous prétexte d’une volonté de faire évoluer le secteur ou de
réduire l’impact des dépenses d’APA sur leur budget.
L’instauration de « tickets modérateurs » supplémentaires
En ce qui concerne l’APA, qui est consacrée comme une allocation universelle, on ne peut pas
empiler des dispositifs qui viseraient à contourner la notion de ticket modérateur par la
création de reste à charge supplémentaire. Or, il a été porté à l’attention de la mission
l’existence de pratiques visant à reporter sur les bénéficiaires de cette allocation une partie du
financement devant être assuré par les départements. Ainsi, certains départements ont instauré
une participation forfaitaire de l’usager, comme explicité dans l’exemple ci-dessous.
Un département a un tarif de valorisation du plan d’aide APA de 18 euros. Le bénéficiaire de
l’APA a un taux de participation de 40% en application du barème de l’APA. Le département
verse au service intervenant 60% de 17 euros par heure d’intervention, les 1€ supplémentaires
devant être payés par le bénéficiaire directement au service, en sus de sa participation dans le
cadre de son plan d’aide.
L’absence de reversement aux SAAD de la compensation des accords de la Branche de l’aide
à domicile (BAD)
L’avenant à l’accord de la branche de l’aide à domicile du 29 mars 2002 prévoit une
revalorisation de la valeur du point de 1% pour l’ensemble des salariés de la branche. Cet
avenant a été agréé à la fin de l’année 2014. Cette revalorisation constitue une charge
nouvelle pour les départements qui doivent tenir compte de cet avenant à la fois dans le cadre
25
de la tarification des services d’aide et d’accompagnement à domicile et dans la valorisation
des heures d’aide à domicile dans le cadre de l’APA. En effet, en ce qui concerne les SAAD
tarifés, le code de l’action sociale et des familles prévoit que les conventions ou accords
collectifs applicables aux salariés des services sociaux et médico-sociaux à but non lucratif
s’imposent aux autorités compétentes en matière de tarification. D’autre part, en ce qui
concerne les SAAD non tarifés, le code prévoit que le tarif arrêté par le président du conseil
départemental pour la valorisation des plans d’aide APA tient compte des conventions
collectives ou accords de travail applicables aux salariés de la BAD. Les conséquences
financières de cet accord ont en outre été compensées par le versement de la seconde part de
concours APA aux départements, alors même que l’État n’y était pas juridiquement tenu.
Toutefois, certains départements n’ont pas reversé cette compensation aux services concernés.
Revalorisation des accords BAD et textes applicables en matière de tarification
Au-delà des départements n’ayant pas du tout reversé la compensation financière reçue au
titre des accords BAD, se pose la question des marges de manœuvre de ceux-ci au vu des
règles applicables en matière de tarification des services d’aide et d’accompagnement à
domicile. Le code de l’action sociale et des familles prévoit que le président du conseil
départemental tient compte d’un certain nombre d’éléments dans la détermination du tarif du
SAAD habilité à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale : rémunération des différentes
catégories d’intervenants, dépenses de structures dont les frais de gestion, de direction, de
déplacement. Un certain nombre de catégories est ainsi déterminé mais une marge de
manœuvre est laissée aux départements dans la manière dont ils les prennent en compte lors
du dialogue budgétaire. On peut alors se demander ce qui empêcherait un département de
compenser les effets de l’accord BAD tout en restreignant ses financements sur d’autres
catégories de dépenses et ainsi de ne pas répercuter le bénéfice de la compensation versée par
la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).
Le crédit d’impôt pour l’emploi d’une personne à domicile
La loi de finances pour 2017 a généralisé le crédit d’impôt pour l’emploi de salariés à
domicile à l’ensemble des ménages. Les retraités pourront donc désormais en bénéficier, ce
qui n’était pas le cas auparavant. Cette disposition avait pour but de permettre aux ménages
aux revenus modestes de faire baisser les dépenses à leur charge. Il est toutefois ressorti des
différents entretiens que certains conseils départementaux, notamment deux parmi ceux
rencontrés, s’appuient sur cette disposition pour justifier l’augmentation du reste à charge
résultant de leurs choix en matière de structuration du secteur de l’aide à domicile, cette
augmentation étant dans leur logique compensée par le crédit d’impôt. Cette approche est
problématique à plusieurs égards. Tout d’abord, elle neutralise l’effet de la mesure et son
objectif de diminution des charges supportées par les personnes qui en sont bénéficiaires. En
outre, les personnes accompagnées ne percevront les effets du crédit d’impôt qu’après le
paiement de leur plan d’aide, or celles-ci ayant des ressources faibles, elles ne sont pas
nécessairement en capacité de faire face à la dépense supplémentaire que constitue
l’augmentation de leur reste à charge. Enfin, elle revient à reporter une partie du financement
de l’APA, supportée par les conseils départementaux sur un financement étatique par le biais
26
des mesures fiscales, alors même que des mécanismes de compensation de ces dépenses
existent d’ores et déjà.
Les premiers constats sur l’application de la loi relative à l’adaptation de la société au
vieillissement mettent en exergue un certain nombre de difficultés et de points de vigilance.
Ces difficultés peuvent être expliquées par le fait que la loi a apporté de profondes
modifications dans la manière d’envisager le secteur de l’aide à domicile. Ces évolutions
n’ont pas toujours été anticipées par les conseils départementaux, ce qui s’ajoute à la
complexité de la règlementation. S’il est naturel, s’agissant d’une politique décentralisée, que
son application diffère selon les départements en fonction des caractéristiques qui leur sont
propres, elle ne doit pas omettre le sens de la réforme visant à améliorer la réponse aux
besoins des personnes âgées souhaitant rester vivre à leur domicile. Il s’avère donc nécessaire
pour s’assurer de l’atteinte des objectifs tant en termes de refondation du secteur que
d’amélioration de l’accompagnement des personnes de continuer l’accompagnement des
conseils départementaux dans l’appropriation et la mise en œuvre de la réforme. Toutefois,
certains départements ont bien saisi les nouveaux outils mis à leur disposition et se sont lancés
dans de réelles réflexions sur l’organisation du secteur suite à la réalisation de diagnostics
territoriaux. Il ressort des différents entretiens qu’il existe peu de communication entre les
départements sur ce sujet, il faudrait donc pouvoir développer les échanges entre
départements de manière à constituer des espaces de partage des bonnes pratiques.
C – Des réussites néanmoins sur certains territoires
Certains départements ont d’ores et déjà travaillé au pilotage de l’offre de services en se
positionnant comme pilote et animateur du réseau, pour soutenir les services dans la mise en
œuvre de préconisations issues de diagnostics territoriaux, établi dans un double objectif.
D’une part, accompagner les regroupements de services par exemple à partir de l’élaboration
d’outils communs, de réunions de sensibilisation thématiques, de l’impulsion d’actions
transversales, etc. et d’autre part, se servir des préconisations individuelles issues des audits
pour décliner le plan d’action selon les spécificités des services, lors du dialogue de gestion
et/ou de réunions dédiées. Il s’agit également de renforcer les capacités d’observation du
département sur le champ de l’aide à domicile, notamment sur l’offre, à travers l’outil de
pilotage créé, tel que la synthèse annuelle de la situation des SAAD communiquée
individuellement et lors d’une réunion dédiée. L’observation des besoins est également
assurée par le suivi statistique annuel des taux de pénétration de l’APA et de la PCH par
territoire.
De nouveaux outils et une véritable stratégie territoriale d’organisation de l’offre ont été
développés par d’autres départements. Il s’agit d’une part, de soutenir la reconfiguration
économique du secteur et d’accompagner les instances de gouvernance des services et, d’autre
part, de réguler l’offre du secteur, valoriser les missions d’intérêt général, moderniser les
outils et développer la souplesse dans la mise en œuvre des plans d’aide. Une telle initiative
est développée dans la partie IV – Les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens.
27
D - Typologie des questionnements des conseils départementaux et des services
d’aide et d’accompagnement à domicile
Les auditions menées dans le cadre de la mission ont permis, après ce premier tour d’horizon
des modèles de structuration de l’offre, d’aborder avec les conseils départementaux et les
services d’aide et d’accompagnement à domicile les principales difficultés rencontrées par
ceux-ci.
Eléments évoqués par les conseils départementaux : la compensation de la dépense
La plupart des conseils départementaux met en avant l’importance du poids des dépenses
sociales dans leur budget et notamment des dépenses d’APA. Ce constat est confirmé par
différents rapports de la Cour des Comptes12
. Il en ressort que les départements ont vu une
augmentation de leurs charges de fonctionnement, notamment en raison de la croissance de
leurs dépenses sociales, dont l’APA. En 2014, le total des aides à la personne et des frais
d’hébergement représentait pour les départements 52% de leurs dépenses de fonctionnement,
comme exposé par ce tableau tiré du rapport de la Cour des Comptes.
Pour mémoire, le principe de la compensation de la réforme de l’APA prévu par l’article 55
de la loi ASV modifiant l’article L14-10-6 du CASF, est celui de la compensation aux
départements de leurs charges nouvelles liées :
- à la revalorisation des plafonds des plans d’aide, à la réforme du barème de
participation financière des bénéficiaires ;
- aux mesures en faveur des aidants : instauration d’un module « répit » et possibilité de
dépasser les plafonds de l’APA en cas d’hospitalisation de l’aidant ;
- à l’augmentation de la dépense d’APA générée par l’agrément, fin 2014, d’un avenant
à l’accord de la branche de l’aide à domicile du 29 mars 2002 prévoyant une
12
Cour des Comptes, Rapport sur les finances publiques locales de 2015, Rapport « Le maintien à domicile des
personnes âgées en perte d’autonomie » de juillet 2016.
28
revalorisation de la valeur du point de 1% pour l’ensemble des salariés de la branche
(« accords BAD »).
Cette compensation est mise en œuvre à travers la création d’une 2nde
part de concours APA,
versée, comme le concours APA déjà existant, par la CNSA dans le cadre de la section II de
son budget, abondée pour ce faire par une fraction du produit de la contribution additionnelle
de solidarité pour l’autonomie (CASA), fixée à 55,9% de ce produit pour 2016 et à 70,5% de
ce produit à compter de 2017. Le caractère dynamique de cette ressource nouvelle, affectée au
financement de la réforme de l’APA, garantit la pérennité de la compensation. Les crédits de
la 2nde
part du concours APA sont répartis entre les départements en fonction de l’estimation
de leurs charges nouvelles et dans la limite des fractions de CASA précitées, selon des
modalités fixées par décret en Conseil d’État.
Les modalités de compensation, qui résultent de la concertation avec les représentants des
départements, confirmées ensuite lors de la discussion parlementaire, se distinguent de celles
prévues jusqu’alors pour l’APA. Elles se caractérisent en effet par une compensation assurée
globalement et pour chaque département et à hauteur de la dépense nouvelle.
La première part du concours obéit à des règles différentes avec un taux de couverture
d’environ un tiers de la dépense d’APA des départements au niveau national et des critères de
répartition tenant compte, non seulement de la dépense d’APA, mais aussi de la population
des plus de 75 ans, du nombre de foyers bénéficiaires du RSA et du potentiel fiscal.
Les modalités de détermination du montant global de la 2nde
part du concours APA (I de
l’article R.14-10-38-1 du CASF) sont fixées par le décret n°2016-212 du 26 février 2016 qui
prévoit le calcul du montant global de la 2nde
part du concours APA à partir de l’évolution de
la dépense d’APA à domicile entre 2015, dernier exercice avant l’entrée en vigueur de la
réforme, et l’année au titre de laquelle le concours est attribué, à laquelle s’ajoute l’enveloppe
de 25,65 M€ dédiée à la compensation de l’impact de l’accord de la BAD versée dès 2015
dans le cadre du concours APA, dans la limite de la fraction de CASA affectée à la section II
du budget de la CNSA.
La stabilité de la dépense d’APA à domicile au niveau national ces dernières années (3 240
M€ en 2014) autorise à considérer que l’évolution de cette dépense permet de mesurer de
manière satisfaisante, à la fois juste et simple pour les départements et pour l’État, le coût de
la réforme de l’APA au plan national.
La répartition entre les départements des crédits de la 2nde
part du concours APA (II de
l’article R.14-10-38-1 du CASF) est jointe en annexe 4.
A partir de la remontée par les départements au plus tard le 30 juin 2017, à la CNSA des états
récapitulatifs de leurs dépenses d’APA, distinguant APA à domicile et APA en établissement,
en septembre de cette même année, la CNSA calculera et notifiera le montant du concours
définitif (global et par département) au vu de la dépense d’APA à domicile de l’année 2016.
29
Le tableau fourni par l’association des départements de France, présentant le niveau des
dépenses supportées par les conseils départementaux en matière d’APA en 2014 et 2015 est
joint en annexe 3.
De nombreux conseils départementaux ont également évoqué la charge de travail
supplémentaire qui a résulté de la mise en œuvre de la loi relative à l’adaptation de la société
au vieillissement sur différents plans : bascule de tous les services d’aide et
d’accompagnement à domicile dans le régime de l’autorisation, révision des plans d’aide
APA, mise en place des conférences des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie
… Cette charge de travail supplémentaire, souvent supportée par les mêmes directions au sein
des départements, peut expliquer que tous les départements n’aient pas encore réussi à mettre
en œuvre tous les aspects de la loi.
Eléments évoqués par les services d’aide et d’accompagnement à domicile
Le recensement des difficultés évoquées lors des rencontres avec les services d’aide et
d’accompagnement à domicile lors des différents entretiens a permis de classer celles-ci en
différentes catégories.
Le premier type de difficultés rencontrées concerne le financement de ces services et leurs
relations avec les conseils départementaux :
- certains conseils départementaux ne délivrent plus d’habilitation à recevoir des
bénéficiaires de l’aide sociale ;
- le niveau de tarification du service par le conseil départemental est parfois inférieur au
coût de revient du service, ce qui génère alors un déficit pour chaque heure
d’intervention effectuée13
;
- une réalité des coûts parfois mal prise en compte par les conseils départementaux mais
également les caisses de retraite, notamment en ce qui concerne les moyens humains
et techniques ;
- des tarifs PCH trop bas qui ne permettent pas de couvrir les frais des interventions ;
- des disparités d’application de la loi avec l’instauration dans certains départements
d’un tarif unique ;
- un poids important de la convention collective de la branche d’aide à domicile et
notamment du glissement vieillesse-technicité entrainant des charges qui ne sont pas
toujours compensées ;
- des inégalités entre entreprises et associations liées aux différences entre les
conventions collectives ;
- des retards dans le versement des heures APA et PCH qui entraînent notamment des
difficultés à assumer les cotisations sociales ;
- les contraintes résultant du financement à l’heure ;
13
Ce constat est également présent dans le rapport de la Cour des Comptes sur « Le maintien à domicile des
personnes âgées en perte d’autonomie » selon lequel des rapports de chambres régionales des comptes font
ressortir des écarts parfois supérieurs à 3 euros par heure entre le prix de revient le prix facturé.
30
- l’absence de prise en considération des provisions pour congés payés ou pour risque
dans les budgets qui ne sont financés qu’après étude des comptes administratifs ce qui
conduit les services à faire des avances de trésorerie dont ils ne disposent pas
toujours ;
- la prise en compte du poids des frais de déplacement dans les budgets des services.
La thématique liée à la qualification, à la formation et au recrutement des personnels a
également été largement abordée par les services :
- difficulté à recruter des personnels de secteur formés (en particulier sur la législation
sociale, l’optimisation des déplacements, la gestion des plannings) ;
- une connaissance trop parcellaire du secteur par Pôle Emploi ce qui nuit à la qualité
des orientations vers les métiers de l’aide à domicile ;
- un manque de formation et de compétence des membres des conseils
d’administration ;
- la difficulté à trouver des remplaçants lorsque l’équipe dirigeante est composée de
bénévoles ;
- la difficulté à trouver des formations adéquates de proximité (l’offre de formation se
concentre souvent sur les grandes villes) ;
- un manque de financement pour s’engager dans une réelle politique de formation des
agents ;
- une mauvaise image des métiers de l’aide à domicile qui nuit à l’attractivité des
métiers et pèse sur le recrutement ;
- la pénibilité du travail et la précarité des emplois.
Les services ont également évoqué un certain nombre de contraintes pesant sur l’organisation
du service et notamment le fractionnement des plans d’aide qui complexifie l’organisation des
plannings et pèse sur les coûts en augmentant les temps de déplacement ou encore la difficulté
à financer des temps de coordination. Il arrive également parfois qu’il y ait un écart entre
l’évaluation des besoins réalisée par l’équipe médico-sociale du département et les demandes
formulées par la personne accompagnée au service.
De manière plus générale, les services indiquent que les interventions réalisées sont de plus en
plus complexes et difficiles en raison d’une augmentation de la fragilité des personnes
accompagnées. Ces interventions nécessitent donc d’être réalisées par des personnels qualifiés
et parfois plusieurs fois dans la journée ce qui entraîne une augmentation du coût. Cette
problématique se retrouve pour l’intervention auprès de personnes en situation de handicap.
Le développement de ce type d’intervention nécessite une évolution des métiers afin que les
intervenants soient formés sur les spécificités de ces publics, ce qui n’est pas toujours possible
lorsque le taux de qualification des intervenants est fixé de manière trop stricte par les
conseils départementaux.
Enfin, les services d’aide et d’accompagnement à domicile sont soumis de par la nature de
leur activité à des fluctuations du nombre d’heures réalisées d’un mois sur l’autre et du
nombre de bénéficiaires accompagnés qui ne sont pas toujours prévisibles : décès, entrées en
31
établissement, saisonnalité liée aux vacances et à la présence de l’entourage. Cette fluctuation
peut créer des difficultés de gestion pour les services.
Ces points seront plus spécifiquement abordés dans les prochains chapitres du rapport.
Préconisations :
- Poursuivre le suivi de la mise en œuvre de la loi et évaluer l’impact de la
réforme des SAAD
- Mettre en place un observatoire commun au ministère des affaires sociales et à
l’ADF sur les différentes pratiques observées dans les départements
- Développer les échanges entre conseils départementaux sur leurs modèles
d’organisation de l’offre pour permettre la diffusion de bonnes pratiques
- Mettre en œuvre des formations pour les personnels des conseils
départementaux après précision des attentes par le ministère des affaires
sociales
- Informer sur les inconvénients liés à la déshabilitation totale à l’aide sociale des
SAAD
- Réétudier les concours de l’État en direction des conseils départementaux plus
spécialement fléchés vers les dépenses sociales et les allocations de solidarité
notamment au vu des dépenses des conseils départementaux en 2016 (états
récapitulatifs des dépenses annuelles des départements à la CNSA)
32
II – Au fil des rapports : la tarification des SAAD, une question explorée depuis
plusieurs années
De nombreux rapports ont déjà été rédigés sur le sujet des services d’aide et
d’accompagnement à domicile, ce qui atteste que la réflexion sur la structuration du secteur et
les difficultés financières rencontrées par les services ne sont pas nouvelles. Ces rapports ont
déjà formulé un certain nombre de préconisations et exploré des pistes quant aux possibles
évolutions du mode de tarification des services.
A - Retour sur les différents rapports sur l’aide à domicile et leurs apports
Différents rapports ont été rendus sur la question des services d’aide et d’accompagnement à
domicile : mission relative aux questions de tarification et de solvabilisation des services
d’aide à domicile en direction des publics fragiles de MM. AUBE-MARTIN et de REBOUL
et Mme BRUANT-BUISSON en 2010, mission relative aux difficultés financières de l’aide à
domicile et aux modalités de tarification et d’allocation de ressources des services d’aide à
domicile pour publics fragiles de Mme la députée POLETTI en 2012, rapport d’information
sur l’aide à domicile de MM. les sénateurs WATRIN et VANLERENBERGHE en 2014.
Tous ces rapports convergent sur le constat des difficultés économiques rencontrées par les
services d’aide et d’accompagnement à domicile. Plusieurs causes de ces difficultés tant
structurelles que conjoncturelles y sont identifiées. Ces services sont impactés par la
contraction des financements publics et la baisse de leur volume d’activité, en partie liée à la
réduction des plans d’aide APA. Les services ont également été impactés par la fluctuation du
régime fiscal comme par exemple la suppression des exonérations de charges en 2011. Ces
rapports soulignent des tarifs globalement insuffisants pour couvrir l’ensemble des coûts
supportés par les services. Les règles observées d’un département à l’autre sont également
fluctuantes, ce qui ne facilite pas l’analyse des difficultés de ces structures et apporte de la
complexité au régime.
Au-delà de la question du financement, sont également mises en avant des raisons plus
structurelles tenant au fonctionnement de ces services. L’organisation des services d’aide et
d’accompagnement à domicile est assez rigide du fait de la prédominance des charges de
personnel dans leur budget, ce qui est amplifié par le financement à l’heure. Il est de plus
relevé une incapacité des financeurs à réguler le système et à rendre les services plus
efficients, notamment du fait de l’absence de référentiel de coûts et d’indicateurs adaptés.
Enfin, ces rapports étaient unanimes pour dénoncer le régime du droit d’option et préconisent
tous son abandon, en envisageant diverses solutions.
Ces constats rejoignent en grande partie ce qui a pu être observé dans le cadre de la mission et
ce qui a pu être exposé plus haut. Un certain nombre de préconisations ayant déjà été mises en
33
place à la suite de ces rapports, il est ici intéressant de se pencher sur leurs résultats, de
manière à dégager les pistes de ce qu’il reste encore à construire.
B - Bilan des préconisations issues de ces rapports
Résultats des préconisations mises en place : étude nationale de coûts et fonds de
restructuration de l’aide à domicile
Une meilleure connaissance de la structure des coûts des SAAD est apparue au fil des
rapports comme le préalable à une rationalisation de la gestion de ceux-ci. Dans ce cadre, une
étude nationale de coûts a été commanditée par la Direction générale de la cohésion sociale en
lien avec la CNSA en 2014. Cette étude a permis d’avoir une connaissance plus précise des
facteurs influant sur le coût des services d’aide et d’accompagnement à domicile. Elle
détermine les composantes du coût horaire, 85% étant relatif aux charges de personnel, 10%
aux charges de structures et de gestion, 4% aux impôts et taxes. Elle relève également un
certain nombre de facteurs explicatifs de la variation du coût entre les différents services : la
convention collective ou le statut pour la fonction publique territoriale, la taille du service (à
lier à la part des charges de personnel par rapport aux charges de structure) et le taux de
présence à domicile. D’autres facteurs tels que le profil des bénéficiaires auprès desquels
intervient le service, l’existence de personnels bénévoles et le caractère urbain ou rural du
périmètre d’intervention sont également évoqués.
Cette étude, réalisée sur 44 services, n’est pas extrapolable au secteur dans son ensemble. Elle
donne toutefois les pistes d’une meilleure appréhension de la structure de coût des SAAD par
les conseils départementaux et pourrait aider ces derniers dans la définition d’objectifs de
gestion à destination des services de leur ressort. Cette connaissance doit cependant être
affinée en fonction des caractéristiques de chacun des départements.
Au-delà des efforts à réaliser dans la gestion des services d’aide et d’accompagnement à
domicile, une autre préconisation concernait l’aide financière à apporter au secteur de l’aide à
domicile. Elle s’est traduite par la mise en place d’un fonds de restructuration de l’aide à
domicile par la loi de finances pour 2012. Ce dispositif a été reconduit en 2013, 2014, et 2015.
Il a permis d’accompagner 2040 services d’aide et d’accompagnement à domicile entre 2012
et 2016.
Si ces dispositifs d’aide exceptionnelle ont permis de pallier, dans l’urgence, les difficultés de
financement des services et ont entrainé des améliorations en termes d’efficience
organisationnelle et de qualité de l’accompagnement, ils n’ont pas permis d’engager une
réelle réorganisation du secteur. Un nouveau dispositif a été mis en place cette année par la loi
de financement de la sécurité sociale pour 2017. Ce nouveau fonds prolonge
l’accompagnement du secteur mais ne se concentre plus sur les seuls services en difficulté
financière. Il prévoit en effet de venir au soutien des bonnes pratiques des départements et des
services, tant en termes de libre choix, de juste tarif de la prise en charge que de
d’organisation des services et de conditions de travail des professionnels. Un financement est
34
également prévu à destination des conseils départementaux afin d’aider à la définition de leur
stratégie territoriale dans le champ de l’aide à domicile. La mise en œuvre de ce fonds repose
sur des conventions passées entre les départements et la CNSA puis la signature de contrats
pluriannuels d’objectifs et de moyens entre les conseils départementaux retenus et les services
d’aide et d’accompagnement à domicile. Soixante-sept conseils départementaux ont déposé
leur candidature, parmi eux, un certain nombre de départements rencontrés dans le cadre de
cette mission.
Ce nouveau fonds devra être envisagé comme un levier permettant de mobiliser des
financements au service d’une amélioration de la connaissance de l’offre sur les territoires et
d’une meilleure organisation des services sur la base du dialogue entre le conseil
départemental et les services bénéficiaires dans le cadre de la négociation des contrats
pluriannuels d’objectifs et de moyens. Les réponses à apporter aux difficultés du secteur ne
pourront en effet se passer d’une réflexion de plus long terme sur les gains d’efficience à
réaliser conjointement entre services et département, au-delà des subventions palliant les
difficultés immédiates des services.
Le mode de financement des services à domicile : une réflexion à poursuivre
La question du modèle de financement des services d’aide et d’accompagnement à domicile a
été posée par les différents rapports au fil des années. Plus largement, s’il existe un consensus
parmi les acteurs sur la nécessité d’entamer une réflexion sur le mode de tarification, les
réponses proposées divergent cependant.
Ce consensus résulte en partie de la complexité du système actuel de financement. Celui-ci
consiste en un financement public par les conseils départementaux des services habilités à
recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale. Ce financement repose sur la tarification du
service organisée autour d’une discussion budgétaire annuelle entre celui-ci et le conseil
départemental et portant sur les charges supportées par le service l’année précédente. Les
modalités de versement peuvent prendre plusieurs formes, soit le versement mensuel d’un
montant correspondant au nombre d’heures effectuées valorisées sur la base du tarif fixé par
le conseil départemental soit sous la forme d’une dotation globale de financement. Dans ce
cas, la dotation est déterminée après examen des charges et des résultats de l’année précédente
puis est versée par fraction forfaitaire. Ces modèles, qui reposent sur une discussion à partir
des charges historiquement supportées par la structure, ne permet pas beaucoup de
dynamisme dans la réflexion sur les moyens alloués aux services.
A cela s’ajoute le fait que ce financement est réalisé par le biais de la valorisation des plans
d’aide des personnes accompagnées par le service. Comme cela a été exposé dans la première
partie de ce rapport, se superposent alors la logique de la tarification qui consiste en une
compensation des coûts du service par les financements publics et la logique de la
solvabilisation des usagers dans le cadre de l’APA afin que ceux-ci puissent répondre à leurs
besoins en fonction de leur niveau de dépendance et de revenu. La superposition de ces deux
logiques est à l’origine de beaucoup des confusions rencontrées sur le sujet. Elle a l’avantage
35
de permettre de solvabiliser au mieux les usagers en prenant en compte le coût réellement
payé pour l’intervention et par là même de garantir l’accès de tous, y compris des plus
modestes, aux services. Elle peut toutefois également entraîner des effets pervers. En effet,
lorsque la situation financière du service le nécessite, l’un des leviers d’action des
départements est d’augmenter leur financement par une hausse du tarif appliqué par ces
services. Le financement du département augmente alors mais également la participation des
bénéficiaires. Une réflexion sur le mode de financement des services qui découplerait la
logique de valorisation des plans d’aide et de solvabilisation des bénéficiaires, du financement
des services pour les surcoûts entrainés par certaines interventions permettrait de pallier ces
effets. Toutefois, il est important que cette réflexion ne se traduise pas par une baisse de
financement des services qui se reporterait sur les usagers.
Afin de prévoir une mobilisation des financements publics plus efficiente, plusieurs modèles
de financement ont pu être proposés. Les rapports remis sur le sujet l’ayant été avant la
promulgation de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement ils ne prennent pas
en compte la fusion des régimes juridiques des services au profit de l’autorisation.
Modèle de financement proposé par le rapport de Mme POLETTI14
: Panier type de
prestations et financements complémentaires visant à compenser les surcoûts liés à des
missions particulières
Ce modèle propose un renversement de la logique de tarification. Le financement passerait
alors par une tarification horaire fixée sur la base d’une typologie d’interventions valorisées
en fonction de leurs spécificités. La définition de cette typologie reposerait sur la base de
prestations types délivrées au domicile. Ce « panier type » de prestation serait alors valorisé
selon le tarif déterminé pour l’ensemble des services d’aide et d’accompagnement à domicile
et servirait de base au tarif appliqué au bénéficiaire, à la valorisation des heures du plan d’aide
APA et donc au calcul de la participation acquittée par le bénéficiaire. Il s’agirait d’un tarif de
référence de base pour les autorisés. Un complément de rémunération pourrait être versé aux
services après contractualisation avec le département sur des obligations de remplir des
missions particulières générant un surcoût pour le service : isolement géographique, isolement
social, fragilité économique des personnes accompagnées. Ces financements supplémentaires
pourraient être associés à des indicateurs de performance permettant de s’assurer de la bonne
allocation des moyens comme par exemple un plafond kilométrique. Ce modèle n’a été
expérimenté que dans un seul département.
14
Madame Bérangère POLETTI, Mission relative aux difficultés financières de l’aide à domicile et aux
modalités de tarification et d’allocation de ressources des services d’aide à domicile pour publics fragiles, janvier
2012
36
Modèle de financement IGAS-IGF15
: financement défini en fonctions d’obligations de
service public sur la base d’une contractualisation entre services et départements
Il est proposé que les financements soient définis en fonction du projet du service et des
obligations de service public qu’il propose de remplir. Le coût de ces interventions ferait
l’objet d’un dialogue de gestion qui se traduirait dans une convention d’objectifs et de
moyens. Deux catégories de services seraient alors à distinguer. La première catégorie serait
constituée des services d’aide et d’accompagnement à domicile prenant en charge les publics
les plus fragiles (en fonction de leur niveau de dépendance ou de revenu) qui
contractualiseraient avec le conseil départemental après avoir répondu à une procédure
d’appel à projet entrainant leur tarification. La seconde catégorie concernerait quant à elle les
services ne prenant pas en charge les cas les plus compliqués qui ne contractualiserait pas
avec le conseil départemental et ne serait pas soumis à la procédure de tarification. La fixation
de la dotation des services, pour s’approcher au plus juste des coûts, serait effectuée à partir
de deux tarifs horaires : un tarif portant sur les « aides à la personne » pour les prestations
requérant des compétences spécifiques et un tarif portant sur les « aides à l’environnement ».
Modèle ADF : financement par forfait global et forfaitisation de la participation des
usagers sur la base de contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens
Le modèle proposé par l’ADF repose sur un financement des services par forfait global. Il
s’agirait alors de déterminer en amont les moyens alloués au service dans le cadre d’un
contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens. Ces contrats pluriannuels d’objectifs et de
moyens fixeraient des objectifs de services aux structures, en cohérence avec les moyens
alloués sur une période de 3 ans. La détermination des moyens serait effectuée sur la base
d’une activité prévisionnelle prenant en compte le nombre de personnes accompagnées, leur
niveau de dépendance et l’entourage moyen pondéré. Le forfait global rend possible une
forfaitisation de la participation de l’usager. Celle-ci correspond à une logique
« d’abonnement » dans laquelle la participation de l’usager est calculée sur la base d’un plan
d’aide accepté par celui-ci et non plus sur la base des heures effectivement réalisées.
Les modèles proposés par l’IGAS-IGF et par l’ADF ont fait l’objet d’une expérimentation
tarifaire en 2012. C’est toutefois le modèle proposé par l’ADF qui a surtout été expérimenté
par les départements. L’évaluation de cette expérimentation réalisée par l’IGAS a permis d’en
tirer un certain nombre d’enseignements.
La mise en œuvre de ce modèle n’a pas été uniforme dans tous les départements
expérimentateurs. Dans tous les cas cependant, le calcul de la dotation globale s’est appuyé
sur un nombre d’heures prévisionnel, une estimation de la participation des usagers et les
tarifs de l’APA. Il est mis en avant que ce mode de financement a permis une fluidification de
la trésorerie des SAAD, une sécurisation de leur financement annuel et une souplesse accrue
15
Inspection générale des affaires sociales et inspection générale des finances, Mission relative aux questions de
tarification et de solvabilisation des services d’aide à domicile en direction des publics fragiles, octobre 2010
37
dans la réalisation de leurs interventions. Les services ont cependant dû réaliser des efforts de
rationalisation de leurs coûts et un certain nombre de prérequis ont été soulignés pour que
l’expérimentation puisse réellement fonctionner, notamment concernant la procédure de
signature des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens et la mise en place de la
télégestion.
Les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens et le forfait global 16
Dans la continuité de l’expérimentation du modèle ADF, beaucoup d’attentes sont exprimées
sur les possibilités offertes par le financement par forfait global des services d’aide et
d’accompagnement à domicile sous forme de forfait global. Dans un article de 2016, Jean-
Pierre Hardy demande que des textes d’application soient pris afin de permettre la définition
de ce forfait global. Il propose dans ce cadre que le budget prévisionnel soit remplacé par un
état prévisionnel des recettes et des dépenses. Le dialogue de gestion serait alors mené entre le
conseil départemental et le SAAD mais inclurait également la CARSAT et l’agence régionale
de santé, de manière à permettre que le CPOM inclue des financements au titre de la
prévention. Ce dialogue de gestion devrait permettre d’analyser les écarts, un ajustement
itératif des objectifs sur toute la durée du CPOM, l’imputation de certains forfaits en fonds
dédiés (prévention, aide aux aidants, aides techniques, adaptation des logements) et
l’affectation libre des résultats dans le respect des objectifs en matière de capacités
d’autofinancement fixées dans le cadre du CPOM.
Position des fédérations nationales sur la tarification : des approches diverses
Lors des auditions les fédérations nationales de service à domicile se sont toutes prononcées
en faveur d’une réflexion sur le modèle de financement des services mais les solutions
proposées, qui révèlent les approches différentes des fédérations selon leur sensibilité, sont
assez diverses :
- un tarif unique de valorisation de l’APA supérieur ou égal au tarif défini par la Caisse
nationale d’assurance vieillesse (FEHAP) ;
- une réflexion sur une convergence du financement basée sur la garantie d’un reste à
charge identique quel que soit le service auquel fait appel le bénéficiaire (FEHAP) ;
- la mise en place d’un tarif socle (pour les bénéficiaires) et d’un référentiel national
pour les financements complémentaires en fonction d’un certain nombre
d’objectifs (UNA et ADMR) ;
- la généralisation de la liberté de fixation des prix et la détermination d’un tarif unique
de référence (SYNERPA) ;
- la fixation d’un tarif socle de l’APA au niveau national, sur le modèle de ce qui existe
pour la prestation de compensation du handicap (Croix Rouge) ;
- un taux national d’APA corrélé avec la mise en place d’une gestion et d’un paiement
national de l’APA et de la PCH (FEDESAP, FESP), le financement des services pour
16
Le forfait global d’un SAAD sous CPOM, journal du domicile n°85, décembre 2016
38
les activités entrainant un surcoût supplémentaire par le biais de CPOM et la
suppression de l’encadrement des taux d’évolution des prix ;
- la sortie du système de tarification horaire (FNAQPA).
Certains services rencontrés étaient également demandeurs d’une meilleure reconnaissance du
coût des interventions dans la fixation des tarifs selon diverses modalités :
- recentrage des financements sur les publics fragiles, basé sur des indicateurs objectifs
(GIR moyen pondéré, part du public en situation de handicap, part de l’aide auprès de
personnes en GIR 5 et 6, reconnaissance des problématiques spécifiques comme les
addictions ou les troubles psychologiques) ;
- mise en place d’une double tarification : un tarif pour les auxiliaires de vie et un tarif
pour les aides à domicile qui prendrait donc en compte le niveau de qualification de
l’intervenant et les caractéristiques des prestations rendues. Certains autres services
rencontrés estiment cependant que ce système serait trop complexe et ne pourrait
réellement être applicable.
- un tarif unique négocié prenant en compte les charges de structure définies à partir
d’un certain nombre de ratios (taux d’encadrement...).
L’ensemble des positions sur le sujet de la tarification reflète la nécessité d’une réflexion sur
une meilleure allocation des moyens publics au service d’une efficience et d’une qualité
accrue des services d’aide et d’accompagnement à domicile, même si les modalités pour y
parvenir peuvent diverger. Cette réflexion sur la question de la tarification n’étant pas
aboutie, la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement ne s’est pas saisie de
cette question.
Il ressort qu’un certain nombre de difficultés subsistent pour repenser le modèle de
financement des services. Il n’est tout d’abord pas certain que tous les services soient en
capacité d’y faire face, l’ensemble du secteur n’ayant peut-être pas encore atteint sa maturité
en termes de gestion prévisionnelle et d’outils. Compte tenu des difficultés de certains
services, un réel accompagnement devra donc être réalisé pour réussir à refonder le modèle de
financement.
Un autre des freins identifiés, est la difficulté à sortir du raisonnement horaire dans le
financement des services. Comme a pu le souligner le rapport de l’IGAS sur les
expérimentations tarifaires, la plupart des départements expérimentateurs ayant mis en place
un forfait global se sont appuyés sur un nombre d’heures prévisionnel. Comme cela a été
évoqué plus haut, la tarification horaire pèse sur les structures du fait de la fluctuation
intrinsèque de leur activité. Toutefois, les plans d’aide APA sont définis en nombre d’heures.
La sortie de la tarification horaire doit donc avoir pour préalable le développement de
solutions permettant un contrôle d’effectivité efficace, afin de s’assurer que les usagers
bénéficient bien des interventions auxquelles ils ont droit.
39
Enfin, la plupart des modèles proposés reposent sur la détermination d’un « juste prix de la
qualité ». Or, si l’étude nationale de coût a permis d’avoir une connaissance plus précise de la
structure de coût des SAAD, elle ne peut pour autant être extrapolée à l’ensemble du secteur
et ne résout pas réellement la question des moyens nécessaires à la réalisation d’une
intervention de qualité. Cette difficulté à déterminer le coût d’une telle intervention s’explique
en partie par la multiplicité des facteurs à prendre en compte : profil des publics
accompagnés, ratios d’encadrement, taux de qualification, temps de déplacement,
caractéristiques des territoires d’interventions, impact des conventions collectives,
rémunération des salariés… Ce coût est donc nécessairement variable d’une structure à l’autre
et est également lié à l’implantation territoriale des services. Des études similaires17
visant à
déterminer le coût des interventions ont d’ailleurs été menées sur différents territoires pour
avoir une analyse plus ciblée de la compensation horaire des coûts des services.
Une réflexion sur le mode de financement des services doit en conséquence être engagée, sur
la base notamment des différentes pistes précitées en y associant tous les acteurs concernés
(conseils départementaux, services d’aide et d’accompagnement à domicile et usagers) et sans
laisser de côté les spécificités territoriales de mise en œuvre de la politique de maintien à
domicile. Cette réflexion ne saurait conduire à une augmentation du reste à charge supporté
par les personnes accompagnées, le financement public de l’aide à domicile ayant pour
objectif premier et fondamental la réponse aux besoins des personnes de manière à leur
permettre de vivre chez elles le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions.
Enfin, dans le cadre de cette réflexion, il serait intéressant de se pencher sur l’opportunité
d’un dispositif d’habilitation partiel à l’aide sociale des SAAD tel qu’il existe notamment
pour les EHPAD18
.
Certaines avancées de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement telles que la
mise en place des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens et des services polyvalents
d’aide et de soins à domicile intégrés sont de nature à apporter de premières réponses aux
observations formulées ci-dessus. Ces pistes seront examinées de manière plus approfondie
dans la suite de ce rapport.
Enfin, la Cour des comptes dans son rapport thématique sur le maintien à domicile des
personnes âgées en perte d’autonomie19
, relève que le chiffrage du coût global du maintien à
domicile des personnes âgées dépendantes est imprécis. Elle estime qu’une plus grande
exactitude est nécessaire, car ce chiffrage doit permettre d’éclairer les choix des politiques
publiques en fonction des niveaux de dépendance des personnes âgées, qu’il s’agisse de
l’élaboration de l’offre de services ou des prestations qui leur sont destinées.
17
Décomposition des couts horaires d’intervention à domicile, P. Pichery, annexe X 18
Article L. 342-3-1 du CASF 19
Rapport de la Cour des comptes « Le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie » de
juillet 2016.
40
Préconisations :
- Installer un groupe de travail national sur la tarification des SAAD incluant la
DGCS, l’ADF, les gestionnaires des SAAD et la CNSA et notamment réfléchir
sur le découplage entre valorisation de l’APA et financement des services ou
encore aux mécanismes d’habilitation partielle à l’aide sociale
- Stabiliser les mécanismes de fiscalité applicables au secteur de l’aide à domicile
- Mettre à disposition des données sur les écarts de coût entre accompagnement à
domicile et en établissement à partir notamment des travaux d’ores et déjà
réalisés par la DREES.
41
III – Au-delà du modèle de financement des services : une nécessaire évolution de
l’organisation et de la gestion des structures
S’il est nécessaire de repenser le mode de financement des services, un certain nombre
d’autres facteurs méritent d’être abordés pour aboutir à un meilleur équilibre économique des
structures. Ainsi, il est également possible d’agir sur l’organisation interne des services pour
réaliser des gains en termes d’efficience de gestion et gagner ainsi des marges de manœuvre.
Des progrès peuvent être réalisés sur la gestion du personnel, l’organisation de l’activité et les
outils mobilisés par les services.
A- Les ressources humaines
Difficultés de recrutement et attractivité des métiers
Le secteur de l’aide à domicile connaît des difficultés à recruter, en particulier des
intervenants à domicile, malgré l’importance du nombre de demandeurs d’emploi et du
gisement d’emplois non délocalisables que représente le secteur. D’ici 2030, 300 000 emplois
supplémentaires devraient être créés. Ces difficultés de recrutement, déjà pointées en 2002, ne
sont pas nouvelles. Elles sont liées à plusieurs facteurs.
Les métiers de l’aide à domicile connaissent en effet un taux de sinistralité proche de celui du
bâtiment, qui s’explique notamment par la pénibilité du travail. Les interventions, parfois
minutées au quart d’heure dans les plans d’aide, intensifient le rythme de travail, ce qui peut
être générateur de stress pour les salariés. Le temps de travail couvre souvent une large
amplitude horaire, avec une concentration des interventions sur des plages horaires
spécifiques : tôt le matin, le midi et le soir. Les gestes techniques à réaliser lors des
interventions sont aussi facteur de contraintes physiques pour les intervenants.
A cela s’ajoutent les difficultés psychologiques liées à toute relation d’aide aux personnes
fragilisées. Les intervenants peuvent ainsi rencontrer des difficultés liées à des demandes des
personnes accompagnées situées en dehors de leur rôle (soins médicaux par exemple) ou liées
à l’évolution de l’état de santé de la personne.
Ces difficultés sont particulièrement observées pour les intervenants des services prestataires
qui accompagnent souvent les personnes les plus dépendantes et les cas les plus complexes.
Tous ces facteurs expliquent le taux élevé d’exposition à des troubles de santé et à des
troubles musculo-squelettiques. Il est de plus à noter que l’ancienneté et les acquis de
l’expérience ne permettent pas toujours de compenser les risques professionnels : celles-ci ne
garantissent pas nécessairement un meilleur choix des interventions et peuvent au contraire
conduire à positionner ces salariés sur les cas les plus complexes.
42
Pour faire face à ces risques, plusieurs pistes peuvent cependant être évoquées. Ainsi, il faut
souligner le rôle primordial de l’encadrement qui permet de réaliser une intermédiation dans
la relation d’aide avec la personne accompagnée, notamment dans le cadre d’une évolution de
l’intervention. Ces échanges avec les personnels d’encadrement permettent également aux
aides à domicile d’exprimer les éventuelles difficultés ressenties et de ne pas subir un
sentiment d’isolement.
L’amélioration des conditions de travail des salariés permet aussi de lutter contre
l’absentéisme, lié à l’usure et aux maladies professionnelles. L’absentéisme pèse en effet sur
les budgets des services, qui doivent se réorganiser perpétuellement pour assurer que
l’intervention soit bien effectuée et passent donc par une réorganisation des plannings, voire
l’embauche de remplaçants ou le paiement d’heures supplémentaires.
Les métiers de l’aide à domicile souffrent également d’un déficit de reconnaissance sociale.
Ces métiers, mal connus, sont souvent assimilés à des tâches d’aide-ménagère. Or,
l’intervenant à domicile remplit un panel de tâches large allant des gestes au corps jusqu’à
l’accompagnement à la vie sociale. Il s’agit bien d’un véritable métier d’accompagnement
social qui s’inscrit dans la relation d’aide à la personne fragile.
Pour prendre en compte cette problématique, le ministère des affaires sociales et de la santé a
lancé début 201720
une campagne sur les métiers de l’aide à domicile. Cette campagne a pour
but de faire connaître ces métiers au grand public et de revaloriser leur image. Elle se traduit
par la mise à disposition d’un kit de communication diffusé aux régions, départements,
communes, fédérations de l’aide à domicile, associations nationales des directeurs d’action
sociale et de santé, aux organismes paritaires collecteurs agréés, aux agences régionales de
santé, aux recteurs, et aux services publics de l’emploi.
Il faudra s’intéresser aux effets positifs qu’est susceptible d’entraîner une telle campagne et
poursuivre l’effort de communication et d’information sur les métiers de l’aide à domicile.
Une telle information est en particulier importante auprès des services de Pôle Emploi. Lors
des entretiens réalisés avec les gestionnaires de structures d’aide à domicile le problème de
l’orientation des demandeurs d’emploi a en effet été soulevé. Il en ressort que les services de
pôle emploi, en raison d’une mauvaise connaissance des spécificités des métiers de l’aide à
domicile, orientent parfois vers ces métiers des personnes ne disposant pas d’un profil adapté.
Des solutions ont été mise en place sur certains territoires pour pallier ce phénomène. Dans un
département, à l’initiative d’un regroupement de services d’aide et d’accompagnement à
domicile, a ainsi été organisée une rencontre entre les services, le conseil régional, les
organismes de formation et Pôle Emploi afin d’avoir une approche globale et mieux informée
des besoins du secteur. Ce type d’initiative permet une meilleure connaissance réciproque des
besoins facilitant les recrutements et doit être encouragé.
20
1er
février 2017
43
Formation des professionnels de l’aide à domicile : intervenants, cadres intermédiaires,
personnel de direction
L’amélioration de la gestion des ressources humaines passe également par un travail sur la
qualification et la formation des professionnels des services à tous les niveaux : intervenants à
domicile, cadre intermédiaires et personnel de direction.
Tout d’abord la qualification des intervenants à domicile permet de réduire les risques
professionnels des intervenants qui sont mieux à même de fixer les contours de leur travail.
Elle permet aussi de penser le parcours de carrière de ces professionnels. Cette
professionnalisation des métiers de l’aide à domicile est rendue d’autant plus nécessaire eu
égard à l’augmentation de la complexité des cas à laquelle ceux-ci sont confrontés. Le taux de
qualification et de formation des salariés doit donc être pensé en adéquation avec le profil des
personnes accompagnées.
Les profils des intervenants de l’aide à domicile sont divers et recouvrent différents niveaux
de qualification. Ceux-ci peuvent en effet être aide à domicile, auxiliaire de vie,
accompagnant éducatif et social, ou encore techniciens d’intervention sociale et familial.
Un premier travail de rationalisation des diplômes du secteur afin de permettre de meilleures
passerelles, notamment entre domicile et établissement a déjà été engagé. Ainsi, il existe
désormais un diplôme unique de niveau V : le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et
social comportant trois options (accompagnement de la vie à domicile, accompagnement de la
vie en structure collective et accompagnement à l’éducation inclusive et à la vie ordinaire) qui
a permis de fusionner le diplôme d’État d’auxiliaire de vie scolaire et le diplôme d’État d’aide
médico-psychologique. Cette réforme de la formation devrait permettre une diversification
des pratiques et des lieux possibles d’intervention. Une réflexion du même type pourrait
être envisagée pour faciliter les passerelles avec le diplôme d’aide-soignant, ce qui
pourrait constituer une perspective d’évolution de carrière supplémentaire et
rapprocher le secteur de l’aide à domicile de celui de la santé ou du secteur médico-
social en cohérence notamment avec le développement des services polyvalents d’aide et
de soins à domicile. Une telle évolution offrirait de nouveaux débouchés et contribuerait
par ailleurs à renforcer l’attractivité du secteur de l’aide à domicile.
Un effort de diversification et de rationalisation de l’offre de formation continue est
également nécessaire. De nombreux services ont ainsi souligné la difficulté à former leurs
personnels, en raison d’une offre de formation trop faible et d’une concentration de celle-ci
sur les grandes villes. La formation a également un coût pour les services, coût auquel ceux-ci
ne peuvent pas toujours faire face.
La problématique de la qualification des professionnels se retrouve également au niveau des
cadres intermédiaires, responsables de secteur. Ceux-ci ont en effet la charge d’organiser le
travail et de gérer les plannings sur leur secteur d’intervention. Beaucoup de services à
domicile rencontrés ont pointé la difficulté de recruter des professionnels qualifiés pour ces
postes. Or, ceux-ci sont stratégiques pour l’équilibre économique des services, les coûts de
44
personnel et de déplacement représentant une grande part des dépenses. Il apparaît ainsi
nécessaire de développer dans l’offre de formation initiale des modules correspondant aux
spécificités de ces métiers notamment la connaissance de la législation sociale, la gestion des
plannings, l’optimisation des déplacements et la gestion des ressources humaines. Cet effort
doit également se traduire par des formations continues ciblées sur ces sujets, l’offre en la
matière étant peu développée.
Enfin, la professionnalisation des services d’aide et d’accompagnement à domicile passe
également par celle des personnels dirigeants de ces services. En effet, l’optimisation de
l’organisation des structures nécessite une connaissance fine à la fois des problématiques liées
à l’activité de ces services mais également des outils et leviers d’action existant pour penser
une organisation réellement efficiente de l’activité.
B - Les modalités d’organisation des services et leur activité
La recherche d’une meilleure santé économique des services d’aide et d’accompagnement à
domicile repose également sur l’optimisation de l’organisation des services et de leur activité
sur plusieurs points clés.
Organisation des interventions
Ainsi, l’un des points clés de l’équilibre économique des services réside dans une bonne
organisation des interventions à domicile. Cette organisation doit prendre en compte plusieurs
facteurs. Elle nécessite en premier lieu une bonne gestion des déplacements, facteurs de coût
pour les services tant en termes d’indemnités kilométriques que d’heures improductives. La
question du taux de productivité nécessaire au bon équilibre financier des services est posée.
Il s’agit pour les services de s’interroger sur le bon ratio entre heures passées en intervention
et temps de déplacement entre les différentes interventions. L’organisation des déplacements
doit également passer par une réflexion sur le périmètre territorial d’intervention du service et,
lorsque celui est important, l’opportunité de disposer d’antennes locales permettant davantage
de proximité et autant de gain de temps. Les déplacements doivent également être abordés
tant en termes de nombre de kilomètres que de temps de trajet pour aboutir à une organisation
efficace.
Le niveau de maturité observé chez les services est disparate, ainsi si certains ont mis en
œuvre de réelles réflexions sur le sujet, aidés notamment d’outils d’organisation des plannings
et de logiciels de simulation des temps de parcours ce n’est pas le cas dans tous les services.
Un travail doit donc être engagé sur le sujet.
Diversification de l’activité
Une autre des pistes d’optimisation des coûts repose sur la diversification des activités des
services. Plusieurs des services rencontrés ont ainsi opté pour cette solution, de manière à être
45
moins dépendants des fluctuations et des contraintes de leur activité réalisée auprès des
bénéficiaires de l’APA et de la PCH. Les pistes de diversification d’activité sont différentes
selon l’histoire des services. Beaucoup complètent leurs interventions par des services de
portage de repas ou la proposition de prestations relevant davantage des services à la
personne : garde d’enfant, services de ménages, jardinage… D’autres services ne souhaitent
pas nécessairement se tourner vers ce type d’activités car elles ne correspondent pas au projet
qu’ils portent. Dans ce cas de figure la voie choisie est plutôt de développer des activités qui
relèvent elles aussi du champ social ou médico-social, comme les interventions réalisées au
titre de l’aide sociale à l’enfance ou auprès des familles fragilisées.
Parmi les services rencontrés, il semble que la diversification de l’activité, alliée à une
réflexion sur une optimisation de la gestion interne, ait permis à ces services d’améliorer leur
situation financière.
C – Outils
L’optimisation de la gestion de l’activité des services repose sur la mobilisation de plusieurs
outils. L’organisation des services d’aide et d’accompagnement à domicile se caractérise par
une forte interdépendance entre les fonctions d’encadrement de proximité, de gestion des
ressources humaines et de comptabilité. L’organisation du processus : plannings, réalisation
des interventions, production des paies et factures, si elle est bien pensée peut permettre au
service d’optimiser le coût de ses fonctions supports et de fluidifier sa trésorerie.
En ce sens, la télégestion peut permettre de faciliter le processus en l’automatisant et en
permettant son alimentation directe pour la production des paies et des factures. Elle facilite le
contrôle d’effectivité réalisé par le conseil départemental et constitue par ailleurs un préalable
nécessaire à toute évolution du mode de financement des services.
Une autre piste consiste en la mutualisation des fonctions supports. Cette question rejoint
celle de la taille minimale viable des services. En effet, pour les petites structures, qui ne
permettent pas d’économies d’échelle, le poids sur le budget des fonctions supports et du
personnel de direction peut être important. Dans ce cadre, il peut être intéressant pour ces
services d’externaliser et mutualiser les fonctions supports telles que la paie ou la comptabilité
de manière à réduire leurs coûts.
Ces solutions doivent pouvoir être adaptées aux spécificités de chaque service, afin de trouver
le meilleur modèle de fonctionnement possible. Pour accompagner les services dans leur
évolution, l’un des conseils départementaux rencontrés propose de financer des audits des
services d’aide et d’accompagnement les plus en difficulté. Cette pratique est très intéressante
en ce qu’elle permet, après une analyse approfondie de la situation du service, de donner à
celui-ci des pistes concrètes permettant d’améliorer sa situation. Elle permet aussi d’engager
un dialogue plus serein entre le service et le conseil départemental, sur la base d’un diagnostic
réalisé par un tiers situé dans une situation de neutralité.
46
Plusieurs dispositifs mis en place concourent à l’appropriation de ces différentes thématiques.
Un engagement de développement de l’emploi et des compétences (EDEC) pour l’autonomie
a été signé le 27 mars 2014. Cet EDEC réunit 5 branches professionnelles, 4 organismes
paritaires collecteurs agréés (OPCA), l’ensemble des organisations syndicales du secteur et
différents ministères. Il définit plusieurs actions prioritaires :
- soutenir les employeurs dans leurs fonctions de direction et de management et dans
leur gestion des ressources humaines,
- soutenir les fonctions intermédiaires,
- soutenir la professionnalisation, la qualification des salariés et la prévention des
risques professionnels,
- renforcer l’attractivité et la mixité des métiers de l’autonomie.
La CNSA contribue également à garantir la qualité de l’offre de service en apportant un
soutien, par le biais de la section IV de son budget, à la professionnalisation et à la
modernisation des services intervenant au domicile des personnes en perte d’autonomie ainsi
qu’à la formation des professionnels de ces services.
Le soutien de la CNSA se traduit de différentes manières. L’aide peut être apportée par le
biais de conventions départementales de modernisation des services. Ces conventions ont
pour but la structuration des services, le développement de l’offre, la mutualisation des
fonctions supports, la modernisation de la gestion, ainsi que la promotion et la valorisation
des métiers. Elles permettent notamment de promouvoir le déploiement de dispositifs de
télégestion. La CNSA signe également des conventions avec les fédérations du secteur de
l’aide à domicile pour la mise en œuvre de projets relatifs à la qualité du service, la gestion
des ressources humaines, la gestion et l’organisation des structures et la structuration des
systèmes d’information. Enfin, la CNSA a signé des accords-cadres avec 6 OPCA pour le co-
financement de parcours de formation qualifiante et l’organisation de formations
professionnelles thématiques (autisme, troubles du comportement…).
Préconisations :
- Limiter le fractionnement des interventions dans les plans d’aide APA
- Développer la formation des intervenants des SAAD en fonction de leurs
besoins propres, aide à domicile, encadrement intermédiaire, dirigeant
- Développer une offre de formation initiale et continue adaptée aux métiers
d’encadrement intermédiaire des SAAD (gestion RH, gestion des plannings…)
- Achever la réforme des diplômes de niveau V pour améliorer les passerelles
entre le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social et le diplôme d’aide-
soignant afin de permettre le développement de parcours de carrière dans le
champ médico-social ou sanitaire.
- Former les personnels des SAAD à l’usage de la télégestion dont les
départements doivent se faire une obligation de mise en œuvre
47
IV – Plusieurs leviers à mobiliser au bénéfice de la restructuration du secteur de l’aide à
domicile
La recherche d’une amélioration de la situation économique des services d’aide et
d’accompagnement à domicile nécessite un effort conjoint des financeurs et des services
devant permettre une réflexion à la fois sur le modèle de financement des services et sur
l’optimisation de la gestion de ceux-ci.
Les outils ou dispositifs prévus par la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement
que sont les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens, les groupements de coopération
sociale et médico-sociale et les services polyvalents d’aide et de soins à domicile « intégrés »
peuvent être mis au service de cette réflexion.
Les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM)
Le recours aux CPOM a été encouragé par la loi relative à l’adaptation de la société au
vieillissement, qui a créé une catégorie spécifique de CPOM pour les services d’aide et
d’accompagnement à domicile, au regard notamment de la nécessité d’un acte de
mandatement au sens du droit communautaire. Compte-tenu du nombre de services concernés
et de l’activité parfois limitée, la loi n’a pas rendu obligatoire le recours au CPOM. Si les
conseils départementaux se sont bien saisis de ces outils pour d’autres établissements
(EHPAD-maisons de retraite), c’est encore peu le cas s’agissant des services d’aide et
d’accompagnement à domicile, alors que le CPOM constitue un levier efficace pour piloter
l’activité du service et engager la restructuration de l’offre sur le territoire en lien notamment
avec les choix du schéma départemental.
Bien que l’outil CPOM n’ait pas encore été totalement investis par les acteurs, il faut toutefois
souligner que tous ont un discours positif sur l’opportunité qu’il représente tant en termes
d’organisation de l’offre que de rénovation du dialogue entre conseils départementaux et
services. Leur mise en œuvre nécessite toutefois certains préalables.
Suite à la bascule de l’intégralité des SAAD dans le champ de l’autorisation les conseils
départementaux sont désormais en capacité d’avoir une vision globale de l’offre de service
existante et de mettre en œuvre différents leviers pour la faire évoluer de manière à répondre
de la meilleure manière aux besoins du territoire. Le pilotage de cette offre nécessite la
réalisation d’un diagnostic de territoire permettant la réalisation d’une cartographie de l’offre
et de ses caractéristiques qui viendra alimenter le schéma départemental de l’autonomie.
Le CPOM peut être alors être mobilisé comme un des leviers permettant l’atteinte des
objectifs de la stratégie territoriale d’évolution de l’offre. Les CPOM permettent de définir ou
d’orienter l’activité des services : catégories des bénéficiaires accompagnés, territoire
desservi, modalités horaires de prise en charge, objectifs de qualification et de promotion
48
professionnelle, modalités d’intervention au titre de la prévention, nature et modalités de
coordination avec les autres organismes à caractère social, médico-social ou sanitaire.
Il s’agit d’un outil permettant de renforcer le dialogue entre les conseils départementaux et les
SAAD en développant non plus un simple dialogue budgétaire mais un véritable dialogue de
gestion sur les missions et les projets portés par les structures tout en partageant les objectifs
du conseil départemental. C’est également l’opportunité de fixer conjointement les
contreparties financières correspondant aux engagements pris par le service dans le cadre du
contrat, également d’un point de vue qualitatif. Le CPOM peut en outre être utilisé comme un
outil de redéfinition du périmètre d’intervention du service en tenant compte des éléments du
diagnostic territorial mais aussi d’un périmètre d’intervention « optimisé » pour le service
(réflexion sur les temps de déplacement notamment).
Le CPOM ouvre l’opportunité d’une vision pluriannuelle des financements pour les services
et donc d’une sécurisation de leur gestion.
Un certain nombre de freins sont toutefois identifiés pour la mise en œuvre des CPOM. Tout
d’abord, certaines fédérations rencontrées expriment la peur d’une discrimination dans le
choix des services avec lesquels les conseils départementaux pourraient choisir de conclure
des CPOM. D’autres craignent que la mise en œuvre des CPOM ne se traduise pas par une
véritable négociation entre conseil départemental et service et ne soit pas l’expression d’une
vision partagée. De leur côté certains conseils départementaux craignent que la mise en place
des CPOM n’entraîne l’ouverture à un financement par dotation globale qui s’opérerait sans
contrôle sur l’activité réellement réalisée par les services. De manière générale, l’absence de
cadre national inquiète les acteurs qui n’arrivent pas toujours à avoir une vision claire des
finalités du CPOM.
Il serait donc rassurant pour tous les acteurs de disposer d’une méthodologie commune de
mise en place des CPOM. Il apparaît également très important que la mise en œuvre des
CPOM soit transparente, ce qui nécessite une communication des conseils départementaux sur
les objectifs poursuivis et les critères de sélection des services.
Exemple d’une stratégie départementale en matière d’aide à domicile
L’un des départements rencontrés a bien saisi les opportunités offertes par les nouveaux outils
et a pu développer une véritable stratégie territoriale d’organisation de l’offre.
Cette stratégie repose sur 5 axes :
Axe 1 : Soutenir la reconfiguration économique du secteur
La première étape consiste à établir un nouveau modèle économique stabilisé permettant de
déterminer quels leviers mobiliser en fonction des différents modèles pour accompagner les
structures vers un changement de modèle économique. Cette réflexion, à laquelle ont été
associées les têtes de réseau du département, s’est traduite par le recrutement d’un cabinet
49
extérieur. Ce cabinet a été chargé d’analyser les modèles économiques et de gouvernance des
acteurs, d’affiner les analyses financières et les enjeux sectoriels pour favoriser l’émergence
d’un modèle stabilisé. Il s’est ensuite agit d’accompagner les structures dans leur changement
de modèle économique et de gouvernance et de les outiller à la gestion financière, à la
diversification des ressources.
Axe 2 : Soutenir le portage politique sur le secteur et accompagner les instances de
gouvernance des SAAD
Le portage politique du projet étant primordial, cet axe vise à sensibiliser et accompagner les
administrateurs et les dirigeants des SAAD ainsi que les conseillers départementaux siégeant
dans les instances de gouvernance. Il se traduit par une meilleure valorisation des politiques
de l’autonomie et de l’aide à domicile dans le cadre des contrats territoriaux.
Axe 3 : Réguler plus fortement l’offre du secteur : rationalisation, restructuration des services
et modes de coopération modernisés
Le conseil départemental a souhaité penser la reconfiguration du secteur en prenant appui sur
le développement des coopérations entre services, envisagée sous deux formes : la recherche
d’une meilleure efficience de gestion et la recherche d’une meilleure organisation de la
réponse aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Il s’est alors agi de rechercher les
« coopérations efficiences » dans une logique de rapprochements basée sur une mutualisation
des moyens pouvant aller jusqu’à la fusion de services et les « coopérations parcours » grâce à
la combinaison et à l’articulation des réponses de soutien à domicile (coopération horizontale
entre SAAD proposant des palettes de services différents ou coopération de filière).
Axe 4 : Valoriser les missions d’intérêt général : promouvoir la reconnaissance d’une mission
d’intérêt général de l’aide à domicile et la qualité de service par une allocation de ressources
adaptée
Cet axe s’inscrit dans la recherche d’une amélioration de la qualité générale des
accompagnements via une amélioration de la relation entre conseil départemental et SAAD.
Les missions des services seraient définies au regard de missions d’intérêt général
d’intervention et de prévention dans le cadre d’un CPOM avec des moyens accordés en
regard. La conclusion du CPOM doit alors être l’occasion d’un véritable dialogue de gestion
permettant une discussion sur les facteurs explicatifs de coût et non uniquement les budgets.
Le conseil départemental souhaite déterminer, à partir d’indicateurs, un tarif qualité « cible »
vers lequel le SAAD devra tendre dans la durée du CPOM.
Axe 5 : Moderniser les outils et développer la souplesse dans la mise en œuvre des plans
d’aide
Il s’agit de donner au couple aidant/aidé davantage d’autonomie dans la mise en œuvre de son
plan d’aide en modulant le nombre d’heures réalisées par les services prestataires en fonction
des besoins des personnes âgées et des personnes handicapées d’un mois sur l’autre. Dans ce
cadre, serait mis progressivement en place le principe de l’abonnement avec un montant
mensuel de participation fixe, ce qui permettrait davantage de lisibilité pour les personnes
50
accompagnées et les services d’aide et d’accompagnement à domicile. Cette possibilité résulte
de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement.
Services polyvalents d’aide et de soins à domicile (SPASAD)
L’expérimentation de SPASAD dit « intégrés », permettant le rapprochement de services
d’aide et d’accompagnement à domicile et de services de soins infirmiers à domicile, est
accueillie favorablement par la majorité des acteurs. Outre qu’elle apporte aux personnes
accompagnées un service supplémentaire répondant mieux à leurs besoins, cette
expérimentation semble pouvoir répondre à certaines des difficultés rencontrées par les
SAAD évoquées dans ce rapport en ce qu’elle constitue une opportunité de développement
pour les services et de sécurisation de leur activité.
La création de SPASAD permet tout d’abord une mutualisation de moyens (notamment des
fonctions supports) qui peut participer au redressement de la situation financière de services
en difficulté. La coordination des plannings peut également permettre une optimisation des
interventions et une amélioration de la qualité de l’accompagnement des personnes aidées.
Dans le cadre d’un SPASAD il est par exemple possible de penser des interventions
conjointes du SAAD et du SSIAD pour les personnes atteintes de pathologies lourdes quand
cela est nécessaire, ce qui permet d’éviter d’avoir à faire intervenir deux professionnels de
chaque service pour des tâches très fractionnées.
Le rapprochement de ces deux types de services peut participer à la valorisation du travail
réciproque des aides à domicile et des personnels du SSIAD par une meilleure connaissance
mutuelle du contenu des interventions respectives. L’un des SPASAD rencontrés a ainsi pu
largement réduire son taux d’absentéisme et a davantage fidélisé ses personnels.
Les SPASAD s’inscrivent dans la volonté du rapprochement du soin et de l’aide dans une
logique de parcours et d’accompagnement global de la personne.
Les entretiens ont toutefois révélé des difficultés dans la mise en œuvre des SPASAD. Les
SAAD n’ont pas toujours une bonne connaissance des procédures permettant d’engager cette
mutualisation et sont demandeurs de davantage d’accompagnement. La question de la
coordination des activités du SPASAD a été évoquée à de nombreuses reprises.
L’expérimentation SPASAD ne prévoit en effet pas de financement supplémentaire
systématique pour les temps de coordination. Le financement de ces temps, essentiels à la
réussite du SPASPAD, est donc demandé par la majorité des fédérations nationales. Un
dialogue doit donc être engagé à cet égard dans le cadre de la préparation du CPOM, de façon
à vérifier que les financements nécessaires sont bien mobilisés. Les services sont également
confrontés à des difficultés techniques, notamment sur le manque d’interopérabilité entre les
logiciels métiers qui ne permettent pas tous aujourd’hui d’avoir de réels plannings partagés.
51
La différence de mode de financement rend également difficile un dialogue de gestion unifié
pour la structure. Enfin, le clivage culturel entre médical et social peine parfois à se résorber.
Plusieurs expériences ont cependant permis de dépasser ces difficultés ; leur capitalisation
puis diffusion auprès des acteurs est ainsi essentielle. L’évaluation de cette expérimentation
devra également contribuer à la diffusion des fonctionnements pertinents. A ce stade, le
nombre élevé de services d’aide et de SSIAD ayant souhaité s’engager dans cette
expérimentation (plus de 350 au mois de mars 2017) témoigne d’un vif intérêt des acteurs et
de leur tutelle. Le contenu des CPOM qui doivent être signés avant le 30 2017 apportera de la
matière au soutien du modèle SPASAD intégré et permettra de conforter ou de modifier le cas
échéant les modalités de fonctionnement des SPASAD.
Le cas particulier des CCAS
Les CCAS connaissent des difficultés qui leur sont propres quant à la constitution de
SPASAD. Ceux-ci se trouvent en effet dans un contexte territorial incertain suite à la loi
portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République du 7 aout 2015. La question
de la place des métropoles et l’attente de la fin de la définition de la carte des
intercommunalités ne favorisent pas le regroupement de structures. Cette réorganisation
territoriale peut parfois avoir des effets non désirés : un des SPASAD rencontrés dans le cadre
de la mission était ainsi amené à se défaire suite à son intégration dans une communauté
d’agglomération, supprimant ainsi tous les progrès qui avaient résulté de sa création il y a
plusieurs années.
Groupements de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS)
Le groupement de coopération sociale et médico-sociale est un autre outil pouvant être
mobilisé au service de la restructuration des services d’aide et d’accompagnement à domicile.
Il permet le développement de différentes formes de coopération entre les services, plus ou
moins intégrées. La coopération peut ainsi consister en l’exercice d’activités communes, la
création ou la gestion d’équipements communs, la définition ou la proposition d’actions de
formation à destination des personnels de ses membres.
La constitution en GCSMS peut, pour une coopération plus intégrée, également permettre des
interventions communes de ses différents membres et même être le support de l’autorisation
sous réserve de l’accord de l’autorité l’ayant délivrée. Il peut alors exercer directement les
missions et prestations du service d’aide et du SSIAD.
Cet outil peut constituer une opportunité pour les structures membres de mutualiser les
fonctions supports et d’élargir leur panel d’intervention tout en gardant une existence propre.
Dans le cadre de la mission, il est apparu que cette modalité de coopération n’était pas
beaucoup développée. Elle mérite cependant que les conseils départementaux, comme les
services, l’intègrent à leur réflexion, car elle peut contribuer non seulement à une meilleure
52
organisation de l’offre sur le territoire, mais également à la constitution de modèles
économiques plus robustes du fait de leur dimensionnement.
Opportunité de développement des services : rencontre avec un GCSMS en devenir
L’une des structures rencontrées dans le cadre de la mission est en cours de constitution en
GCSMS. En effet, celle-ci s’est beaucoup diversifiée dans une logique de parcours de la
personne âgée et intervient désormais, avec plusieurs entités juridiques, en tant que service
prestataire d’aide à domicile, service mandataire d’aide à domicile, SSIAD, ou encore en
matière de portage de repas. L’offre de service porte également sur l’hébergement, avec une
société d’économie mixte possédant 10 EHPAD. Elle a créé une association de formation
pour ces personnels et une association consacrée à l’aide administrative.
La structure souhaite aujourd’hui se constituer en GCSMS afin de renforcer la cohésion du
groupe et de procéder à des regroupements ou à des fusions. Selon elle, le GCSMS devrait
permettre de procéder à des économies d’échelle et à la mise en commun de fonctions
supports comme la comptabilité, les ressources humaines ou les interventions de
professionnels juridiques. Son champ d’intervention est en outre élargi au champ du secteur
social, médico-social et sanitaire ce qui lui permettra d’assurer une meilleure coordination ou
de mutualiser la prestation d’un professionnel dont les structures membres ne pourraient à
elles seules assumer la rémunération. Le but recherché est également de promouvoir les
échanges de bonnes pratiques entre les membres pour participer à l’amélioration continue des
prestations offertes aux personnes accompagnées.
Préconisations :
- Accompagner les conseils départementaux dans la mise en œuvre d’une
démarche de diagnostic territorial et de structuration de l’offre
- Arrêter une méthodologie dans le cadre des réflexions nationales proposées par
le présent rapport pour l’accompagnement à la mise en œuvre des CPOM
(choix des services mandatés par le CPOM)
- Prévoir dans le budget des ARS les crédits de coordination indispensables à la
mise en œuvre des SPASAD
53
V – Perspectives d’évolution : des opportunités à saisir
Repenser le modèle économique du secteur de l’aide à domicile nécessite comme nous
l’avons précisé la mise en œuvre d’un certain nombre d’outils tant par les services d’aide et
d’accompagnement à domicile que par les conseils départementaux. De manière plus large, ce
sont tous les acteurs intervenant dans la politique de maintien à domicile qu’il est nécessaire
de mobiliser conjointement. L’amélioration des coopérations entre les acteurs est en effet la
clé d’un meilleur accompagnement des publics, dans une logique de filière et de parcours.
Cette coopération doit aussi reposer sur une vision à plus long terme de l’évolution du secteur.
Si le travail de réorganisation territoriale des services est en cours, la réflexion doit également
intégrer les nouvelles opportunités ouvertes au secteur, notamment en termes d’outils
numériques et de développement d’offres nouvelles comme l’habitat inclusif.
A - Relations entre les différents acteurs
L’approfondissement des relations entre conseils départementaux et SAAD
Le secteur de l’aide à domicile se trouve dans une phase d’évolution impulsée notamment par
la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement et la fusion du régime juridique des
services. La réorganisation du secteur ne pourra être menée à bien qu’à la condition d’un
renforcement de la communication entre les conseils départementaux et les SAAD permettant
de baser les discussions sur des constats clairs et partagés à partir d’une réelle association des
acteurs aux objectifs et projets portés par le conseil départemental pour les personnes âgées et
les personnes handicapées ou encore les familles fragilisées.
Cette évolution est engagée dans plusieurs départements, notamment par le biais de la
réalisation de diagnostics de territoires, permettant aux conseils départementaux d’acquérir
une meilleure connaissance des services ayant basculé dans le champ de l’autorisation suite à
la loi ASV. Définir des temps de rencontre avec l’ensemble des services devrait déjà
permettre de lever certains obstacles liés à un manque de connaissance réciproque des acteurs.
L’amélioration des relations entre services et conseils départementaux peut également être
facilitée par une organisation territoriale permettant le développement d’un travail de
proximité. Certains conseils départementaux rencontrés ont ainsi mis en place des délégations
sur le département chargées notamment de l’évaluation APA. Ce maillage territorial permet
une connaissance plus fine des caractéristiques des territoires et des services intervenant sur
ceux-ci. Un département a également mis en place une expérimentation visant à renforcer la
coordination entre les différents acteurs avec l’instauration d’un cahier de liaison entre les
centres locaux d’information et de coordination gérontologique (CLIC), les SAAD de son
ressort territorial et le conseil départemental.
Il est également important de partager et d’associer les services d’aide et d’accompagnement à
domicile aux modalités d’évaluation APA réalisée par les équipes médico-sociales du conseil
54
départemental. Si dans certains départements les évaluations réalisées par les équipe-médico-
sociales sont systématiquement transmises aux SAAD, ce n’est pas le cas partout. Or,
l’association du SAAD intervenant permet de garantir une meilleure réponse aux besoins des
personnes accompagnées. Dans la même perspective, il peut être intéressant pour les conseils
départementaux d’associer les SAAD intervenant auprès des personnes lors de réévaluations
des plans d’aide occasionnées par la dégradation de la situation des personnes.
Le cas des personnes autonomes relevant des GIR 5 et 6 : les relations entre conseils
départementaux et caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT)
Les rencontres avec les différents acteurs, conseils départementaux et SAAD, ont toutes
révélé des difficultés sur la coordination entre l’aide apportée par les caisses de retraites aux
personnes âgées classées en GIR 5 et 6 et la prise en charge par le conseil départemental des
personnes âgées en GIR 1 à 4 dans le cadre de l’APA.
Les conseils départementaux soulèvent une problématique dans la définition de la frontière
entre les GIR 5 et 4. En effet, les caisses de retraite disposent d’une enveloppe limitative
annuelle destinée à financer une aide à domicile spécifique à leur degré d’autonomie au profit
des personnes âgées classées en GIR 5 et 6. Il a pu être observé qu’à l’issue de la
consommation de cette enveloppe, les caisses de retraite pouvaient avoir tendance à inciter les
personnes à se diriger vers le conseil départemental pour être classées en GIR 4 et bénéficier
de financements dans le cadre de l’APA.
L’absence de reconnaissance mutuelle entre les évaluations réalisées par les caisses de retraite
et celles réalisées par les équipes médico-sociales du conseil départemental peut également
comporter un risque de rupture dans l’accompagnement de la personne et compliquer sa
compréhension du système.
Pour pallier ces inconvénients, le principe de reconnaissance mutuelle des évaluations a donc
été inscrit dans la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Les modalités de
cette reconnaissance sont à définir par les conseils départementaux et les caisses de retraite.
L’arrêté du 5 décembre 2016 fixant le référentiel d’évaluation multidimensionnelle de la
situation et des besoins des personnes âgées et de leurs proches aidants et l’outil d’évaluation
multidimensionnelle mis à disposition par la CNSA créent un contexte objectif facilitant le
développement de la reconnaissance mutuelle des évaluations.
Cette coopération peut être facilitée lorsque les structures évaluatrices intervenant auprès des
personnes âgées réalisent des interventions sur les deux champs (caisses de retraite et APA).
Dans l’un des départements rencontrés le département a conclu une convention avec la
CARSAT. Cette convention prévoit notamment que les centres locaux d’information et de
coordination gérontologiques (CLIC) réalisent les évaluations pour les personnes relevant des
55
GIR 5 et 6, ce qui a permis d’améliorer la continuité de l’accompagnement et de mieux
prendre en compte les besoins de la personne accompagnée. Cette évaluation par les CLIC ne
doit toutefois pas conduire à la tentation inverse de « sous-évaluer » le degré de dépendance.
La mise en place des conférences des financeurs : opportunité pour les SAAD
La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement a institué les conférences
départementales des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées.
Ces conférences des financeurs ont pour objectif à partir du diagnostic territorial des besoins
des personnes âgées et de leurs aidants, d’établir un programme coordonné de financement de
la prévention de la perte d’autonomie en réunissant les différents acteurs autour d’une
stratégie commune. Les conférences des financeurs réunissent en effet le président du conseil
départemental, le directeur de l’agence régionale de santé, des représentants des régimes de
base d’assurance vieillesse et d’assurance maladie, de l’agence nationale de l’habitat, des
fédérations des institutions de retraites complémentaires et des organismes régis par le code
de la mutualité. Cette composition peut être élargie à d’autres acteurs en fonction des
contextes locaux. Après un recensement des besoins de prévention sur le territoire, les crédits
des conférences des financeurs peuvent être mobilisés, dans le cadre d’un programme
coordonné, pour financer des actions de prévention individuelle ou collective.
La mise en place des conférences des financeurs est une occasion de développer une meilleure
coordination entre l’action des conseils départementaux et des agences régionales de santé.
C’est une opportunité également pour les services d’aide et d’accompagnement à domicile. Le
travail sur la prévention doit être utilisé comme un levier pour éviter la dégradation des
situations des personnes accompagnées. Les SAAD, de par leur rôle de proximité et leur
position particulière auprès des personnes âgées doivent être un des acteurs à privilégier pour
la mise en place d’actions de prévention individuelle.
Ce travail sur la prévention peut également être l’occasion d’améliorer et de valoriser les
conditions de travail des professionnels de l’aide à domicile en leur reconnaissant une mission
particulière pour prévenir la perte d’autonomie ou son aggravation.
De plus, les missions de prévention sont moins sensibles aux variations d’activité des SAAD,
le développement de ces missions pourrait également contribuer à améliorer le
fonctionnement des services.
B – Perspectives d’évolution du secteur de l’aide à domicile
Le secteur de l’aide à domicile se trouve confronté au défi de la restructuration territoriale de
l’offre, qui le contraint à l’adaptation. Il doit également intégrer, en lien avec les conseils
départementaux, les évolutions qui viendront impacter la manière de travailler des aides à
domicile et les anticiper.
56
L’impact du développement des nouvelles technologies sur les SAAD
Les services d’aide et d’accompagnement à domicile s’inscrivent dans le contexte plus large
de développement de la silver économy, qui a été a été constituée en filière depuis 2013. Elle
regroupe les activités technologiques et les services dédiés à l’autonomie des personnes âgées.
Des outils tels que la télémédecine (téléassistance, suivi des malades chroniques à
distance…), les évolutions technologiques de l’habitat (signaux lumineux, alarmes, détection
des chutes…) et la domotique sont en train de se développer. Ils impacteront les pratiques
professionnelles des intervenants à domicile et seront des facteurs de leur évolution et de leur
transformation.
Le développement de la domotique contribue à un aménagement plus ou moins visible de
l’habitat personnel afin de prévenir puis de l’adapter à la perte d’autonomie de chaque
individu. Il nécessite une conception évolutive de l’ergonomie du domicile afin que celle-ci
s’adapte à l’évolution des besoins de la personne âgée. Se développent par exemple des
systèmes de capteurs analysant les signaux vitaux ou des systèmes de technologies
interopérables consistant en la mise en réseau des équipements du domicile.
Certaines structures ont par ailleurs développé des programmes d’activité physiques adaptés
aux personnes âgées, des technologies d’auto-entraînement, d’auto-mesure des paramètres
physiologiques et d’aide à la déambulation mis à la disposition des personnes sur tablette,
sous contrôle des auxiliaires de vie à domicile. Ce programme a pour objectif d’améliorer le
retour à domicile et d’aider au rétablissement de l’autonomie motrice suite à des retours
d’hospitalisation.
La mutualisation des aides humaines et des nouvelles technologies devrait en outre permettre
un meilleur accompagnement des personnes âgées à leur domicile ainsi qu’une amélioration
des conditions de travail des intervenants à domicile. Le développement de solutions
techniques permettra également de réduire les situations de travail nécessitant manutention
manuelle, déplacements avec port de charges, comme des gestes répétitifs, des postures
contraignantes ou des efforts importants.
Ces évolutions technologiques incitent à repenser l’organisation des services et le mode
d’exercice des aides à domicile.
L’inscription des SAAD dans une offre nouvelle d’habitat
Une offre nouvelle d’habitat inclusif est actuellement en cours de développement. Le
développement de cette offre, à destination des personnes âgées et handicapées constitue une
opportunité pour les SAAD.
Historiquement, le dispositif d’accompagnement des personnes âgées et des personnes en
situation de handicap s’est structuré autour de deux pôles : le maintien à domicile et l’accueil
57
en établissement. L’aspiration de la majorité de ces personnes est de vivre chez soi. En
découle le refus fréquent des formules institutionnelles, synonymes pour certains de perte
d’espace et de liberté et de vie collective imposée.
Un nombre croissant de personnes âgées et de personnes en situation de handicap, y compris
celles atteintes d’une maladie neurodégénérative, souhaite en effet choisir son habitat et les
personnes avec qui le partager, le cas échéant. Elles expriment une forte demande de projet
social et de services associés au logement dans un environnement adapté et sécurisé qui
garantisse conjointement inclusion sociale et vie autonome en milieu « ordinaire ».
Par conséquent, depuis plusieurs années, une nouvelle forme d’habitat, appelée
principalement « habitat alternatif ou inclusif », se déploie. Ces formes d’habitat, plus
souples, et aussi parfois plus économiques pour des personnes aux revenus modestes,
apportent une réponse complémentaire au logement ordinaire et à l’hébergement en
établissement.
Cette nouvelle offre peut constituer une réponse en termes d’insertion pleine et entière dans la
Cité et de libre choix de leur mode de vie pour les personnes en situation de handicap, les
personnes âgées et les personnes atteintes de maladies neurodégénératives.
Une multitude de termes émerge pour tenter d’appréhender la nébuleuse constituée par ces
nouvelles formes d’habitat : habitat regroupé autogéré, habitat participatif, habitat coopératif,
habitat solidaire,… Elle peut être définie comme un ensemble d’habitation constitué de
logements autonomes ou un ensemble de logements au sein d’un même appartement, souvent
associés à des services, et promouvant un projet social spécifique. Il s’agit d’habitats se
situant hors de la législation relative aux établissements et services sociaux et médico-sociaux
s’appuyant majoritairement sur des partenariats mobilisant des acteurs associatifs, des
collectivités locales et leurs centres communaux d’action sociale (CCAS), des mutuelles et
des bailleurs sociaux. Ces initiatives viennent en complément de l’offre sociale et médico-
sociale, elles sont d’ailleurs quelquefois portées par des gestionnaires d’établissements et
services sociaux et médico-sociaux, qui trouvent par ce biais une façon plus souple
d’accompagner ces types de public.
Suite aux résultats des premiers travaux menés sur cette offre en 2014-2015, la loi relative à
l’adaptation de la société au vieillissement a levé un certain nombre de freins au
développement de ce type d’habitat (sécurisation des résidences services, attribution
prioritaire de logements sociaux adaptés aux personnes âgées et personnes en situation de
handicap,…). Cependant, la connaissance de cette offre reste encore très parcellaire.
Une enquête menée en fin d’année 2016 par la Direction générale de la cohésion sociale a
permis d’opérer une première estimation (non-exhaustive) de cette offre à l’échelle des
départements :
58
L’habitat alternatif/inclusif couvre un large panel de publics : des personnes âgées, des
personnes en situation de handicap moteur, psychique, des personnes atteintes d’une maladie
neurodégénérative (MND) ou encore des familles, des jeunes. La mixité sociale et/ou
intergénérationnelle est un élément souvent présent.
L’enquête précitée démontre également que presque tous les habitats alternatifs/inclusifs ont
recours à des interventions extérieures (92% des répondants21
) pour assurer
l’accompagnement des personnes, essentiellement en mobilisant les différentes catégories de
services à domicile. Le recours au conventionnement avec des structures sociales et médico-
sociales (71%) constitue également un moyen d’accompagnement régulièrement utilisé.
Ainsi, on constate que l’habitat alternatif/inclusif peut constituer un levier efficace
d’innovation et de déploiement des logiques partenariales dans le champ social et médico-
social, en particulier avec les services à domicile, qui sont souvent sollicités en appui de cette
offre. La coexistence de ces habitats avec les établissements du secteur social et médico-social
pose question à de nombreux acteurs – notamment les services à domicile – compte-tenu de la
porosité entre ces deux types d’offre. Leur correcte articulation est en conséquence tout à fait
nécessaire et constitue par ailleurs un levier pour l’évolution et la transformation de l’offre
médico-sociale en corrélation plus étroite avec les aspirations des personnes concernées.
21
Associations et fédérations nationales du champ du handicap, porteurs de projets divers.
59
Les services à domicile sont d’autant plus concernés que l’habitat alternatif/inclusif s’appuie
régulièrement sur la mise en commun de la prestation de compensation du handicap (PCH) et
plus rarement sur la mise en commun de l’allocation personnalisée autonomie (APA) pour
équilibrer son modèle économique.
A cet égard, le développement de l’habitat alternatif/inclusif impacte fortement l’évolution
des services à domicile et nécessite de prendre en considération plusieurs enjeux :
- La formation et la qualification des personnels des services à domicile dans
l’évolution de leurs pratiques professionnelles (pour une meilleure prise en compte,
d’une part, de la spécificité de certains publics – comme les MND – et de leur prise en
charge dans ce type d’habitat et, d’autre part, du rôle pivot des services à domicile
dans l’accompagnement des personnes vivant dans ce type d’habitat) ;
- La transformation de l’offre sociale et médico-sociale sur le territoire en fonction du
niveau de développement de cette offre d’habitat accréditant un besoin supplémentaire
de services ;
- L’innovation dans la constitution des réponses à apporter aux besoins des publics sur
les territoires (modes de gestion et d’organisation alternatifs, autodétermination et
inclusion des personnes accompagnées, logique partenariale…) ;
- La participation aux nouvelles modalités de soutien au maintien à domicile des
personnes âgées (ces formes d’habitat étant des domiciles « améliorés » autour d’un
environnement sécurisé et d’activités collectives) ;
7
36
20
5
15
18
7
34
57
37
25
43
54
62
52
0 10 20 30 40 50 60 70
Autre
Auto-gestion des habitants
Personnels dédiés au sein de la structure(gouvernante ou animateur)
Intervention extérieure (association partenaire, prestataires, intervenants à domicile…)
Conventionnement avec des structures médico-sociales (SAMSAH, SSIAD,…)
Nature de l'accompagnement proposé au sein de l'habitat
Total de réponses Oui Non
60
- La mobilisation des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) pour
accompagner la formation des personnels des services à domicile face à ce nouveau
cadre d’intervention ou construire des ponts entre offre sociale et médico-sociale et
habitat alternatif/inclusif.
Préconisations :
- Mobiliser les conférences des financeurs au soutien financier des actions de
prévention individuelles et collectives des SAAD et des SPASAD
- Former les professionnels des SAAD à l’usage du numérique, de la
télémédecine, des objets connectés et de la domotique
- Inciter les conseils départementaux à inclure les SAAD dans les schémas
départementaux en cohérence notamment avec les objectifs de logements
adaptés et notamment les formes d’habitat inclusif et à se saisir de tous les
outils offerts par la loi ASV
61
VI – Préconisations
1. Pilotage, animation, suivi
- Prendre en compte les apports des différents rapports des corps d’inspection en cours
- Poursuivre le suivi de la mise en œuvre de la loi et évaluer l’impact de la réforme des
SAAD
- Mettre en place un observatoire commun au ministère des affaires sociales et à l’ADF
sur les différentes pratiques observées dans les départements
- Développer les échanges entre les conseils départementaux sur leurs modèles
d’organisation de l’offre pour permettre la diffusion de bonnes pratiques
- Mettre en œuvre des formations pour les personnels des conseils départementaux après
précision des attentes par le ministère des affaires sociales
- Aider les conseils départementaux à mettre en œuvre une démarche de diagnostic
territorial et de structuration de l’offre
- Inciter les conseils départementaux à inclure les SAAD dans les schémas
départementaux en cohérence notamment avec les objectifs de nouveaux logements
adaptés et notamment les formes nouvelles d’habitat inclusif et à se saisir de tous les
outils offerts par la loi ASV
- Achever la réforme des diplômes de niveau V pour améliorer les passerelles entre le
diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social et le diplôme d’aide-soignant afin de
permettre le développement de parcours de carrière dans le champ médico-social ou
sanitaire.
- Mobiliser les conférences des financeurs au soutien des actions de prévention des
SAAD et des SPASAD
- Mettre à disposition des données sur les écarts de coût entre accompagnement à
domicile et en établissement à partir notamment des travaux d’ores et déjà réalisés par
la DREES
2. Modèle de financement des SAAD
- Installer un groupe de travail national sur le sujet de la tarification des SAAD incluant
la DGCS, l’ADF, les gestionnaires des SAAD et la CNSA et notamment réfléchir sur
le découplage entre valorisation de l’APA et financement des services ou encore aux
mécanismes d’habilitation partielle à l’aide sociale
- Stabiliser les mécanismes de fiscalité applicables au secteur de l’aide à domicile
- Informer sur les inconvénients liés à la déshabilitation totale à l’aide sociale des
SAAD
- Arrêter une méthodologie dans le cadre des réflexions nationales proposées par le
présent rapport pour l’accompagnement à la mise en œuvre des CPOM (choix des
services mandatés par le CPOM)
62
- Réétudier les concours de l’État en direction des conseils départementaux plus
spécialement fléchés vers les dépenses sociales et les allocations de solidarité
notamment au vu des dépenses des conseils départementaux en 2016 (états
récapitulatifs des dépenses annuelles des départements à la CNSA)
3. Organisation interne des SAAD et SPASAD
- Limiter le fractionnement des interventions dans les plans d’aide APA
- Développer la formation des intervenants des SAAD en fonction de leurs besoins
propres, aide à domicile, encadrement intermédiaire, dirigeant
- Développer une offre de formation initiale et continue adaptée aux métiers
d’encadrement intermédiaire des SAAD (gestion RH, gestion des plannings…)
- Former les professionnels des SAAD à la télégestion dont les départements doivent se
faire une obligation de mise en œuvre
- Former les professionnels des SAAD à l’usage du numérique, de la télémédecine, des
objets connectés et de la domotique
63
Annexes
64
Annexe 1 : Lettre de mission
65
66
Annexe 2 : Liste des personnes auditionnées dans le cadre du rapport
Lundi 5 décembre 2016
Aude - Mme Anne BAURES, Infirmière Coordinatrice/Responsable SPASAD Piémont
d'Alaric CIAS
Aude - Mme Adriana TANASESCU, Directrice, Société A2micile
Aude - Mme Hélène SANDRAGNÉ Vice-présidente du département de l'Aude et Mme
Evelyne DURESSE, Direction personnes âgées et personnes handicapées
Mardi 6 décembre 2016
Aveyron - Mme TIEULE, Présidente de l'ASSOCIATION ADAR
Aveyron - M. Jean-Claude LUCHE, Président du département de l'Aveyron et M. Eric
DELGADO, Directeur général adjoint – Pôle des solidarités départementales
Hérault - Mme Patricia WEBER, Vice-présidente du département de l'Hérault déléguée
aux solidarités à la personne
Hérault - Mme Valérie PEZET, Directrice, Association Clermont Soleil
Jeudi 15 décembre 2016
Nord - Mme Geneviève MANNARINO, Vice-Présidente du Conseil départemental du
Nord chargée de l'autonomie
Nord - Mme Nathalie TAALBA, Directrice, Label Vie Services à domicile
Nord - Mme Anne RUFFIN, Directrice AHPA
Mardi 20 décembre 2016
M. Philippe PICHERY, Collaborateur parlementaire de Philippe Adnot, Sénateur-
Président du Conseil départemental de l'Aube
Mme Florence ARNAIZ-MAUME, Déléguée générale, SYNERPA
Mme Ingrid LAUVRAY, Déléguée nationale filières personnes âgées et domicile et M.
Jean FABRE MONS, Responsable des relations institutionnelles, CROIX ROUGE
Mme Nicole STREIGNART, Directrice Générale, UNA
Lundi 9 janvier 2017
Pyrénées-Atlantiques - Henri LLANES, ADMR 64
Pyrénées-Atlantiques - Françoise LAFITTE, Service Aider Pyrénées Atlantiques
67
Mardi 17 janvier 2017
Loire-Atlantique - Mme Annaig COTONNEC, Vice-présidente du Département de Loire-
Atlantique en charge du vieillissement et des personnes âgées, Mme Pascale
MIDAVAINE, Cheffe de service personnes âgées et M.
Loire-Atlantique - Geoffroy VERDIER, Directeur, ADT 44-85 (Aide à Domicile pour
Tous)
Mardi 24 janvier 2017
M. Laurent VACHEY, M. Jérôme D’HARCOURT et Mme Céline KERENFLEC’H,
Inspection générale des finances (IGF)
Mme Christine BRANCHU et M. Pierre NAVES, Inspection générale des affaires sociales
(IGAS)
Mercredi 25 janvier 2017
Mme Caroline SELVA, Conseillère Technique Autonomie et Citoyenneté des personnes
âgées et des personnes en situation de handicap et Stéphane LENOIR, Coordinateur
National du GIHP, membre de la Commission Autonomie de l’Uniopss, UNIOPSS
M. Didier DUPLAN, directeur adjoint, ADESSA DOMICILE
M. Philippe CAMPINCHI et M. François GEORGES, SNRA
M. Dominique COLAS, Président de l'ANCHL
M. Didier SAPY, Directeur Général et Clémence LACOUR, Responsable des Relations
Institutionnelles, FNAQPA
Jeudi 26 janvier 2017
Mme Maud COLLOMB, directrice-adjointe, ADMR
M. Benoît CALMELS, Délégué général, UNCCAS
M. REZA-TOFIGHI, président, M. NATAF, vice-président, FEDESAP
M. Yves-Jean DUPUIS, directeur général, Mme Célia VALERO, conseillère santé-social
- Personnes âgées – Domicile, M. Julien MOREAU, directeur secteur social et médico-
social, FEHAP
Jeudi 2 février 2017
Manche - M. TREHET, VP du département de la Manche en charge de l'Autonomie
Manche - Mme Carole Picot, AUDAA (Aide Urgence Domicile Assistance Auxiliaire de
Vie)
Manche - ASTRE, Association Solidarité Partenariat & Recherche d'emploi
68
Mercredi 8 février 2017
Pas-de-Calais - Mme Josette DURRIEZ, Vice-Présidente du Département du Pas-de-
Calais, M. Jiovanny DUMOULIN, chargé de mission aux affaires sociales, médico-
sociales et sanitaires, cabinet du Président et Mme Nathalie PONTASSE, direction de
l’autonomie et de la santé
Pas-de-Calais - CIASFP de Noyelles les Vermelles
Pas-de-Calais - ASSAD de Rely
Mercredi 15 février 2017
M. Christian CARCAGNO, conseiller référendaire, Mme Sylvie BOUTERAU-TICHET,
conseillère référendaire, Cour des Comptes
M. Olivier PERALDI, Directeur général, FESP
Mardi 21 février 2017
Somme - Marc DAEWELE, Vice-Président du Conseil départemental de la Somme, Mme
Françoise NGUYEN, directrice de l’autonomie des personnes âgées et des personnes
handicapées
Somme - M. Jean-Jacques NANTOIS, président de l’association « La Maison du Vimeu
Vert »
Somme - Olivier BALIN, directeur de l'ADMR de la Somme
Somme - Annie QUENEUILLELA, représentante du collectif des Aides à domicile
Mercredi 22 février 2017
Mme Alexandrine LECLERC, Vice-Présidente du Loiret en charge des politiques
sociales, ADF
Mme MALLET et M. MOLETTE, Groupe La Poste
M. Georges GUILBERT, Gérant de Guilbert Propreté et Mme Lucia PEREIRA,
Directrice PREMS/ASP
Jeudi 23 février 2017
Mme Anne-Carole BENSADON, Mme Christine DANIEL, Inspection générale des
affaires sociales (IGAS) et M. François SCARBONCHI, Inspection générale de
l’administration (IGA)
69
Annexe 3 : Niveau des dépenses supportées par les conseils départementaux en
matière d’APA en 2014 et 2015
Département Dépenses
APA 2014
Dépenses
APA 2015
Dotation
CNSA
APA 2014
Dotation CNSA
APA 2015
Ain 40 719 779 41 537 029 11 781 280 12 083 204
Aisne 55 169 903 55 830 754 17 756 708 17 947 094
Allier 45 133 912 46 643 565 16 335 988 16 463 435
Alpes de Haute-
Provence
16 886 242 17 427 004 5 906 435 5 957 479
Hautes-Alpes 14 208 343 14 205 333 4 753 175 4 759 462
Alpes-Maritimes 102 418 981 102 116 015 32 132 161 31 528 883
Ardèche 42 054 851 45 241 632 13 265 110 13 563 115
Ardennes 31 855 689 32 707 778 9 521 567 9 777 729
Ariège 18 703 627 18 095 877 6 938 327 6 806 177
Aube 32 030 174 32 297 627 10 489 648 10 517 930
Aude 34 181 988 34 089 919 15 162 252 15 004 772
Aveyron 46 245 225 45 334 031 14 580 198 14 398 750
Bouches du Rhône 151 504 466 154 637 756 55 216 840 54 611 608
Calvados 60 457 265 59 130 809 20 730 578 20 541 984
Cantal 21 931 252 24 496 138 7 714 723 8 037 690
Charente 41 842 562 42 924 730 14 987 662 14 948 367
Charente-Maritime 62 499 659 63 194 327 25 234 709 24 985 728
Cher 33 638 853 34 346 192 12 783 895 12 748 610
Corrèze 32 929 805 35 450 962 11 762 190 11 937 650
Côte d'Or 40 336 958 40 537 845 14 446 280 14 263 807
Côtes d'Armor 66 595 198 68 436 661 25 490 120 25 514 914
Creuse 26 319 676 26 329 073 14 281 701 13 713 131
Dordogne 48 192 281 48 959 472 19 880 760 19 773 765
Doubs 49 055 650 49 241 724 14 329 057 14 298 437
Drôme 49 144 476 52 114 661 14 431 021 14 543 673
Eure 35 344 768 35 861 237 13 396 922 13 382 232
Eure et Loir 29 943 612 31 347 325 11 336 562 11 504 400
Finistère 88 989 745 89 103 562 31 866 313 31 898 558
Corse du Sud 21 879 638 20 394 905 5 682 847 5 463 974
Haute-Corse 22 584 210 23 295 063 6 677 921 6 749 446
Gard 68 229 072 65 624 647 25 065 727 24 818 177
Haute-Garonne 110 165 946 111 209 968 30 292 871 29 754 937
Gers 29 079 715 29 151 032 10 077 792 10 016 475
Gironde 133 982 410 136 735 605 41 564 199 41 749 603
Hérault 135 620 944 133 214 178 39 410 520 38 674 543
Ille et Vilaine 88 334 344 90 222 268 27 059 129 27 122 419
Indre 26 163 542 25 064 817 10 681 699 10 367 475
Indre et Loire 45 713 359 45 339 143 18 603 637 18 542 511
70
Isère 107 469 980 108 366 944 27 787 100 27 480 679
Jura 20 964 260 21 013 914 8 342 521 8 189 967
Landes 42 003 097 44 284 899 14 409 248 14 528 507
Loir et Cher 34 081 807 34 799 407 13 435 311 13 178 520
Loire 71 343 604 72 012 295 26 165 982 26 072 149
Haute-Loire 24 405 127 24 445 973 8 643 123 8 491 972
Loire-Atlantique 87 621 486 91 241 535 30 188 776 30 523 621
Loiret 55 036 619 54 171 974 17 991 898 17 952 024
Lot 30 850 967 32 234 650 9 777 576 9 901 226
Lot et Garonne 40 501 931 41 644 641 15 588 573 15 492 609
Lozère 9 313 811 9 461 287 3 288 341 3 305 783
Maine et Loire 54 502 048 59 187 943 22 999 697 23 524 875
Manche 45 848 258 45 782 062 18 157 736 17 829 811
Marne 33 375 444 34 000 871 13 220 351 13 459 908
Haute-Marne 15 985 789 16 259 346 6 815 115 6 799 289
Mayenne 25 919 135 25 350 472 10 652 064 10 423 610
Meurthe et Moselle 67 669 857 67 795 565 22 144 674 22 007 015
Meuse 16 356 901 16 402 741 6 637 608 6 620 192
Morbihan 72 216 094 72 886 712 25 762 170 26 276 642
Moselle 78 842 162 77 614 882 26 473 846 26 711 483
Nièvre 26 787 953 26 627 580 10 432 646 10 365 080
Nord 186 383 549 189 032 647 63 910 153 63 890 830
Oise 41 612 462 42 618 666 14 332 627 14 580 329
Orne 32 260 591 32 342 826 12 432 789 12 458 087
Pas de Calais 162 914 313 166 667362 47 457 151 47 775 987
Puy de Dôme 62 737 038 67 128 396 20 441 103 20 920 759
Pyrénées-Atlantiques 62 674 518 63 463 407 23 453 389 23 298 987
Hautes-Pyrénées 37 383 619 38 658 294 11 482 031 11 729 688
Pyrénées-Orientales 49 851 969 48 177 336 19 275 596 18 905 590
Bas-Rhin 83 884 191 83 021 243 24 945 509 25 524 641
Haut-Rhin 54 037 892 54 034 574 17 454 661 17 421 558
Rhône 124 876 994 37 273 071 35 769 400 9 824 277
Métropole de Lyon 96 943 735 26 338 459
Haute-Saône 18 231 795 18 798 805 7 531 608 7 660 649
Saône et Loire 64 073 102 65 025 019 23 078 148 22 922 117
Sarthe 46 932 685 46 954 635 18 470 165 18 488 493
Savoie 38 336 996 37 791 114 8 835 743 8 658 452
Haute-Savoie 49 425 385 52 667 328 10 618 476 10 871 867
Paris 128 508 821 130 541 344 9 489 434 8 539 939
Seine-Maritime 120 958 897 114 831 219 34 908 367 33 801 467
Seine et Marne 56 437 033 59 856 604 15 694 685 16 490 296
Yvelines 51 267 919 51 849 566 12 425 008 12 474 940
Deux-Sèvres 38 682 744 40 597 771 14 699 870 14 787 953
Somme 58 657 756 60 320 800 18 076 588 18 233 449
Tarn 48 475 821 49 356 330 18 107 927 17 851 204
71
Tarn et Garonne 28 832 432 28 283 522 9 882 838 9 604 766
Var 93 560 240 91 594 072 34 218 214 33 668 309
Vaucluse 43 323 277 41 639 482 15 866 526 15 500 359
Vendée 51 916 581 53 188 124 20 659 189 20 578 718
Vienne 35 326 890 34 177 076 14 487 463 14 274 220
Haute-Vienne 42 595 344 43 089 459 15 693 287 15 420 096
Vosges 32 041 873 31 894 625 12 522 492 12 468 753
Yonne 32 061 150 32 003 243 12 635 836 12 592 136
Territoire de Belfort 13 738 563 13 363 734 4 254 103 4 186 631
Essonne 50 179 118 51 602 828 13 964 026 14 317 694
Hauts de Seine 68 213 064 66 724 699 2 847 155 2 562 274
Seine Saint Denis 95 334 263 109 621 072 22 723 438 24 211 877
Val de Marne 70 346 147 73 953 383 19 515 207 19 671 333
Val d'Oise 55 621 224 53 230 075 14 959 997 14 608 516
Guadeloupe 42 902 184 42 778 532 15 008 028 15 141 792
Martinique 47 928 774 46 335 699 16 360 499 16 104 842
Guyane 5 869 362 6 106 155 2 662 670 2 725 168
Réunion 85 785 433 87 400 189 23 788 073 24 138 125
Total 5 475 366 459 5 552 414 418 1 775 482 349 1 773 132 732
72
Annexe 4 : Montants de compensation prévisionnels attribués aux départements
au titre de l’APA
Département Part de la charge nouvelle
résultant des dispositions des
articles D. 232-9-1 et
D. 232-9-2, de la revalorisation
des plafonds de l’allocation fixés à
l’article R. 232-10 et de la
modification des règles de
participation financière des
bénéficiaires de l’allocation fixées
à l’article R. 232-11, dans leur
rédaction résultant du décret
n° 2016-xxx relatif à la
revalorisation et à l’amélioration
de l’allocation personnalisée
d’autonomie et simplifiant
l’attribution des cartes d’invalidité
et de stationnement pour leurs
bénéficiaires (%)
Montant
prévisionnel
attribué au titre
de l’année 2016
(€)
Montant prévisionnel
attribué chaque année
au titre des années
2017 et 2018 (€)
Ain 0,61 % 1 870 565 2 767 265
Aisne 1,10 % 3 373 150 4 990 150
Allier 0,65 % 1 993 225 2 948 725
Alpes-de-Haute-
Provence
0,33 % 1 011 945 1 497 045
Hautes-Alpes 0,26 % 797 290 1 179 490
Alpes-Maritimes 2,06 % 6 316 990 9 345 190
Ardèche 0,61 % 1 870 565 2 767 265
Ardennes 0,65 % 1 993 225 2 948 725
Ariège 0,29 % 889 285 1 315 585
Aube 0,60 % 1 839 900 2 721 900
Aude 0,58 % 1 778 570 2 631 170
Aveyron 0,65 % 1 993 225 2 948 725
Bouches-du-Rhône 2,83 % 8 678 195 12 838 295
73
Calvados 1,36 % 4 170 440 6 169 640
Cantal 0,31 % 950 615 1 406 315
Charente 0,65 % 1 993 225 2 948 725
Charente-Maritime 1,08 % 3 311 820 4 899 420
Cher 0,57 % 1 747 905 2 585 805
Corrèze 0,52 % 1 594 580 2 358 980
Côte-d'Or 0,67 % 2 054 555 3 039 455
Côtes-d'Armor 0,76 % 2 330 540 3 447 740
Creuse 0,33 % 1 011 945 1 497 045
Dordogne 0,68 % 2 085 220 3 084 820
Doubs 0,98 % 3 005 170 4 445 770
Drôme 0,74 % 2 269 210 3 357 010
Eure 0,77 % 2 361 205 3 493 105
Eure-et-Loir 0,56 % 1 717 240 2 540 440
Finistère 1,27 % 3 894 455 5 761 355
Corse-du-Sud 0,46 % 1 410 590 2 086 790
Haute-Corse 0,60 % 1 839 900 2 721 900
Gard 1,35 % 4 139 775 6 124 275
Haute-Garonne 2,50 % 7 666 250 11 341 250
Gers 0,45 % 1 379 925 2 041 425
Gironde 2,86 % 8 770 190 12 974 390
Hérault 2,96 % 9 076 840 13 428 040
Ille-et-Vilaine 1,13 % 3 465 145 5 126 245
Indre 0,39 % 1 195 935 1 769 235
Indre-et-Loire 0,70 % 2 146 550 3 175 550
Isère 2,01 % 6 163 665 9 118 365
Jura 0,26 % 797 290 1 179 490
74
Landes 0,73 % 2 238 545 3 311 645
Loir-et-Cher 0,57 % 1 747 905 2 585 805
Loire 0,89 % 2 729 185 4 037 485
Haute-Loire 0,25 % 766 625 1 134 125
Loire-Atlantique 1,02 % 3 127 830 4 627 230
Loiret 1,31 % 4 017 115 5 942 815
Lot 0,51 % 1 563 915 2 313 615
Lot-et-Garonne 0,66 % 2 023 890 2 994 090
Lozère 0,08 % 245 320 362 920
Maine-et-Loire 0,51 % 1 563 915 2 313 615
Manche 0,67 % 2 054 555 3 039 455
Marne 0,58 % 1 778 570 2 631 170
Haute-Marne 0,26 % 797 290 1 179 490
Mayenne 0,20 % 613 300 907 300
Meurthe-et-Moselle 1,15 % 3 526 475 5 216 975
Meuse 0,21 % 643 965 952 665
Morbihan 1,00 % 3 066 500 4 536 500
Moselle 1,51 % 4 630 415 6 850 115
Nièvre 0,41 % 1 257 265 1 859 965
Nord 3,13 % 9 598 145 14 199 245
Oise 0,83 % 2 545 195 3 765 295
Orne 0,49 % 1 502 585 2 222 885
Pas-de-Calais 3,46 % 10 610 090 15 696 290
Puy-de-Dôme 1,03 % 3 158 495 4 672 595
Pyrénées-Atlantiques 1,17 % 3 587 805 5 307 705
Hautes-Pyrénées 0,75 % 2 299 875 3 402 375
Pyrénées-Orientales 1,01 % 3 097 165 4 581 865
75
Bas-Rhin 1,74 % 5 335 710 7 893 510
Haut-Rhin 0,98 % 3 005 170 4 445 770
Métropole de Lyon 2,00 % 6 133 000 9 073 000
Nouveau Rhône 0,67 % 2 054 555 3 039 455
Haute-Saône 0,26 % 797 290 1 179 490
Saône-et-Loire 0,90 % 2 759 850 4 082 850
Sarthe 0,60 % 1 839 900 2 721 900
Savoie 0,64 % 1 962 560 2 903 360
Haute-Savoie 1,02 % 3 127 830 4 627 230
Paris 3,44 % 10 548 760 15 605 560
Seine-Maritime 2,50 % 7 666 250 11 341 250
Seine-et-Marne 1,38 % 4 231 770 6 260 370
Yvelines 1,58 % 4 845 070 7 167 670
Deux-Sèvres 0,39 % 1 195 935 1 769 235
Somme 1,15 % 3 526 475 5 216 975
Tarn 0,77 % 2 361 205 3 493 105
Tarn-et-Garonne 0,47 % 1 441 255 2 132 155
Var 2,47 % 7 574 255 11 205 155
Vaucluse 0,77 % 2 361 205 3 493 105
Vendée 0,45 % 1 379 925 2 041 425
Vienne 0,45 % 1 379 925 2 041 425
Haute-Vienne 0,74 % 2 269 210 3 357 010
Vosges 0,41 % 1 257 265 1 859 965
Yonne 0,45 % 1 379 925 2 041 425
Territoire de Belfort 0,26 % 797 290 1 179 490
Essonne 1,14 % 3 495 810 5 171 610
Hauts-de-Seine 1,67 % 5 121 055 7 575 955
76
Seine-Saint-Denis 2,23 % 6 838 295 10 116 395
Val-de-Marne 1,81 % 5 550 365 8 211 065
Val-d'Oise 1,28 % 3 925 120 5 806 720
Guadeloupe 0,71 % 2 177 215 3 220 915
Martinique 0,73 % 2 238 545 3 311 645
Guyane 0,05 % 153 325 226 825
La Réunion 1,26 % 3 863 790 5 715 990
Saint-Pierre-et-
Miquelon
0,01 % 30 665 45 365
Mayotte 0,06 % 183 990 272 190
Saint-Barthélemy 0,01 % 30 665 45 365
Saint-Martin 0,02 % 61 330 90 730
Total 100,00 % 306 650 000 453 650 000
77
Annexe 5 : Le forfait global d’un SAAD sous CPOM, Jean-Pierre Hardy
78
79
Annexe 6 : Décomposition des couts horaires d’intervention à domicile, Philippe
Pichery