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La place de l’architecte contemporain en France et à l'étranger Analyse d’un rôle international autour des différents processus de projet
Mémoire professionnel d’Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre
MSP : Aerostudio Architectes, Janvier 2015 – Août 2015
par Mong‐Thao Nguyen, Diplômée d’Etat en Architecture
Tuteur : Antoine Cardon, Architecte DPLG ‐ gérant de l’agence
Directeur d’étude : Daniel Fanzutti, Architecte DPLG
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REMERCIEMENTS Silvia Rosales Montano
Antoine Cardon
Daniel Fanzutti Nicolas Deloume
Olivier Souquet
Guita Maleki
Bastien Renaud
Francis Beldon
La Promo HMONP 2014-2015
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Table des matières
INTRODUCTION
▪ Propos sur l’évasion architecturale, soit la figure internationale de l’architecte
▪ Vers l’habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre
I. PREMIERE EXPERIENCE POST-DIPLOME AVEC APOYO URBANO
▪ Le choix d’une expérience à l’étranger
I.I Présentation de l’ONG Apoyo Urbano
▪ Organisation de la structure et objectifs
▪ Choix des projets et méthode
I.II Expérience au Salvador : conception du marché municipal d’Armenia
▪ Contexte de la ville d’Armenia
▪ Coopérations Apoyo Urbano : de l’historique d’interventions à l’objet de ma mission
▪ Mon expérience sur le terrain
I.III Expérience au Nicaragua : conception des espaces publics de León Sur Este
▪ Contexte du site dans la ville de León
▪ Cadre de travail, antécédents du projet municipal et définition de ma mission
▪ Mon expérience sur le terrain
I.IV Retour d’expériences
▪ Retour critique sur la place de l’architecte au sein des missions Apoyo Urbano
▪ Réflexions sur la dimension participative des projets au sein d’une équipe municipale
▪ Transition vers les enjeux de la mise en situation professionnelle
II. MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE CHEZ AEROSTUDIO ARCHITECTES
II.I Analyse critique de la structure d’accueil
▪ Historique de l’agence et profil des fondateurs
▪ Choix du mode d’exercice et évolution de la structure
▪ Ressources humaines et matérielles internes
▪ Mode d’organisation de l’équipe de maîtrise d’œuvre
▪ Stratégie d’entreprise et valeurs professionnelles d’Aerostudio
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LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
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II.II Analyse de mon expérience au sein de l’agence
▪ Travail effectué et responsabilités assumées dans le secteur privé
▪ Contrats et sécurisation du travail de l’architecte
▪ Le devoir de conseil des marchés privés aux marchés publics
II.III Retour d’expérience
▪ Le devenir de l’architecte indépendant et de la microstructure
▪ Réflexions sur la place de l’Architecte‐maître d’œuvre en France
▪ Transition vers les recherches relatives à mon évolution professionnelle
III. ESQUISSE DU PROJET PROFESSIONNEL
III.I Comprendre des modèles de développement professionnel, à la rencontre des confrères
▪ F8 Architecture – une association pluridisciplinaire propulsée par l’AFEX
▪ De‐So Architecture – architecture à l’export & expérience à l’appui
▪ Guita Maleki – parcours d’une collaboratrice libérale
III.II Evoluer vers un mode d’exercice adapté
▪ La place de l’architecte contemporain et les stratégies d’association
▪ Objectifs à court terme et long terme
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES
▪ Curriculum Vitae
▪ Pétition d’intention [Oct. 2014]
▪ Carnets de bord de la formation HMONP
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iNTRODUCTION Propos sur l’évasion architecturale, soit la figure internationale de l’architecte
La notion d’évasion architecturale, migration d’idées, d’architectures et d’architectes, avant même de
s’établir en tant que conséquence liée à la crise actuelle du secteur de la construction, est un
fait indéniable. La créativité de l’architecte, sa conscience et son éthique relatives à l’environnement
bâti, ne sont pourvues d’aucune frontière. Elle concerne les architectes de toutes les générations et
affecte particulièrement les jeunes diplômés, en quête de territoires propices à l’expression de leur
engouement pour l’architecture.
Mes années d’études à l’ENSASE ont pris la forme d’un long voyage, au cours duquel j’ai découvert une
multitude de références construites existantes, appris à substituer les mots par le dessin, acquis des
connaissances théoriques et techniques afin de prétendre à mon tour au rôle de concepteur.
En parallèle de la formation universitaire, mes séjours à l’étranger m’ont permis de porter un regard
sur les différents types d’architectures dites locales, afin de comprendre la pensée du projet
architectural à travers les ressources intellectuelles et matérielles de chaque pays.
La particularité d’une situation ou d’un lieu induit la singularité de l’architecture qui lui est dédiée ; elle
fait appel à notre faculté d’abstraction des formes et de la matière, à notre capacité à nous imprégner
des contraintes préétablies afin de maîtriser l’ambiguïté régnant entre l’existant et la construction
projetée. L’évasion architecturale doit ainsi rendre l’architecte capable de s’émanciper des cadres
politiques, normatifs et culturels auxquels il est accoutumé, tout en lui permettant d’adapter à chaque
lieu un scénario qui lui soit propre et pérenne, dans le respect de son contexte.
Or, au fil des réglementations et des lois, l’architecte‐maître d’œuvre connait en France une perte de
contrôle du processus d’édification lisible à plusieurs niveaux : souvent absent dans la programmation,
progressivement contraint à se conformer au BIM en phase de conception, voire privé de projet entre
les marchés de conception‐réalisation, les bâtiments agricoles de superficie inférieure à 800m², ainsi
que les constructions individuelles de moins de 170m².
Dans la mesure où un projet équivaut à une proposition, à quelle phase l’architecte devrait‐il
s’exprimer?
Mes premières expériences post‐diplôme, notamment celles réalisées à l’étranger, ont renforcé ma
conviction que les compétences des architectes devraient être requises dès l’origine d’un projet, quelle
que soit sa destination… Notre rôle étant de préserver son caractère unique, émanant de toutes les
réflexions techniques, économiques et esthétiques que l’architecture sous‐tend.
L’observation de l’architecture à l’international ne peut se résumer aux édifices‐vitrines des capitales
et des métropoles véhiculés par les médias. Il s’agit d’élargir l’horizon des références auxquelles nous
avons accès, en portant un intérêt à la mise en œuvre des différents projets dans leur dimension
innovante et technologique… Voire dans leur économie de technologie ?
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
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Dans cet état d’esprit, l’évasion architecturale a constitué les prémisses de ma formation
professionnelle ; elle motive également mes aspirations de future architecte.
Vers l’habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre
L’année d’Habilitation à la Maîtrise d’œuvre en son Nom Propre donne l’opportunité d’être guidé dans
le milieu professionnel à travers une formation théorique et pratique simultanées. Elle permet
principalement à l’initié de rechercher les outils nécessaires, puis la stratégie appropriée, pour
cheminer vers son projet professionnel et définir son futur mode d’exercice.
Ma mise en situation professionnelle m’a permis d’assimiler les responsabilités de l’architecte‐maître
d’œuvre ainsi que le fonctionnement d’une agence, propres à la structure d’accueil, tandis que la
formation théorique a su m’apporter les différents aspects de l’exercice de la maîtrise d’œuvre,
auxquels je n’aurais pu avoir accès en 6 mois de pratique.
M’intéressant à l’absence de frontières de notre profession et aux différentes postures de l’exercice
de la maîtrise d’œuvre, j’ai donc choisi d’interroger « La place de l’architecte contemporain en France
et à l’étranger – analyse d’un rôle international autour des différents processus de projet ».
L’architecture à l’export, aujourd’hui décuplée par la mondialisation et par la crise du bâtiment en
France, a toujours constitué une piste à explorer pour ma pratique de future architecte, par‐delà toute
crise économique ou crise de la profession.
Mon mémoire s’articule autour d’une dynamique comparative entre mes deux principales expériences
professionnelles. Il reflète la manière dont ma première expérience post‐diplôme en Amérique
Centrale m’a convaincue de la nécessité d’atteindre les qualifications et le statut d’architecte‐maître
d’œuvre, et en quoi la mise en situation professionnelle effectuée en France m’a fait entendre les
responsabilités invariables endossées par le maître d’œuvre.
Les deux premiers chapitres exposent ainsi les trois expériences qui sont aux prémisses de ma réflexion
autour de l’exercice de la maîtrise d’œuvre ; ils représentent dans leur union l’ensemble de ma mise
en situation professionnelle.
Au récit de mon parcours, j’ai souhaité nourrir mes réflexions de l’expérience d’autres architectes afin
de comprendre l’unicité de notre profession, au‐delà de la singularité de chaque projet architectural.
En ciblant mes entrevues sur leurs propres expériences d’évasion architecturale, j’ai finalement abouti
à la problématique suivante :
EN QUOI L’EXERCICE DE LA MAITRISE D’ŒUVRE A L’INTERNATIONAL PERMET-IL AUX ARCHITECTES DE REPRENDRE POSSESSION DE LEUR PROFESSION ?
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I. PREMIERE EXPERIENCE POST-DIPLOME AVEC APOYO URBANO
Le choix d’une expérience à l’étranger
Mon parcours universitaire a été particulièrement marqué par une année d’échange à Mexico (2011‐
2012), durant laquelle j’ai bénéficié des enseignements de la UNAM (Universidad Nacional Autonoma
de Mexico) et d’un stage de trois mois à l’agence d’architecture In Situ gérée par l’architecte mexicain
Alejandro Juarez.
En travaillant en équipe durant ces deux semestres, j’ai constaté que le processus de réflexion du
projet architectural des étudiants mexicains était relativement différent du mode de pensée transmis
à l’ENSASE. Il se distingue pour les deux parties dans l’inégal approfondissement des problématiques
architecturales, qu’elles soient d’ordre conceptuel, technique, économique ou social.
En architecture, la formation académique restant étroitement liée aux contextes politiques,
économiques et culturels d’un pays, on perçoit au Mexique la nécessité de former rapidement des
professionnels techniquement compétents pour répondre à la demande d’une population à
démographie explosive, génératrice d’un accroissement accéléré de la ville.
Outre les compétences techniques acquises à l’université, le travail des architectes mexicains,
notamment celui de la jeune génération, reste sensible à l’inégalité de développement de leur
territoire ainsi qu’aux enjeux sociaux véhiculés par l’architecture. Ils profitent d’un cadre législatif et
normatif encore peu contraignant pour investir les terrains de leurs expérimentations, promulguant la
plupart du temps l’architecture participative comme résultat d’un consensus social.
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
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Figure 1 ‐ Ouvrage inspiré de l’exposition “Architecture without architects″, MoMA 1964, par Bernard Rudofsky, 1973.
Figure 2 ‐ Catalogue de l’exposition “Latin America in Construction: Architecture 1955‐1980″, MoMA 2015, Edité par Barry Bergdoll, Carlos Eduardo Comas, Jorge Francisco Liernur, et Patricio del Real.
Le développement des zones rurales et urbaines se réalise ainsi à mi‐chemin entre directives politiques
et expérimentations citoyennes, encadrées par des professionnels de la ville en quête d’innovation.
Il s’agit d’une forme de dynamique qui prend de l’ampleur en Amérique Latine ; elle concerne
principalement le domaine de l’habitat, où la participation de l’architecte se limite aux paramètres
établis par les habitants1. Ce témoignage de démocratisation de l’urbanisme et de l’architecture à
l’échelle des quartiers et des communautés s’inscrit dans le contexte socioéconomique des années
1970. Il retrouve ses antécédents historiques et théoriques dans l’exposition de 1964 « Architecture
without architects » au MoMA de New York, ayant récemment présenté les processus de conception
participative des espaces et des équipements publics communautaires dans l’exposition “Latin
America in Construction: Architecture 1955‐1980″, entre mars et juillet 2015.
Après cette première approche du continent centre‐américain et suite à l’obtention de mon diplôme
d’état, j’ai souhaité effectuer mes premiers pas en architecture au Salvador et au Nicaragua aux côtés
de l’ONG Apoyo Urbano pour travailler à l’élaboration de projets participatifs.
Ces expériences ont constitué un voyage d’étude enrichissant m’ayant permis de positionner la
profession d’architecte avec un premier recul, notamment sur les possibilités d’exercice existant à
l’étranger, et de maintenir un regard ouvert sur les potentielles évolutions rurales et urbaines en
France.
1 Cf. García Ramírez, W. (2012), Arquitectura participativa: las formas de lo esencial, Revista de Arquitectura, vol. 14, pp.4‐11.
9 Figure 3 ‐ Apoyo
Urbano
PRESENTATION DE L’ONG APOYO URBANO
Organisation de la structure et objectifs
Apoyo Urbano est une association franco‐latine à but non lucratif fondée en 1998 et présidée par Silvia
Rosales Montano, urbaniste gérante de l’agence UrbaLyon installée dans la tour Radisson, dans le 3e
arrondissement lyonnais.
D’origine salvadorienne et vivant en France depuis plus de 20 ans, elle développe principalement son
activité associative en Amérique Centrale (El Salvador, Nicaragua, Costa Rica, Honduras), et dans
quelques pays d’Amérique du Sud (Pérou, Chili, Argentine).
L’association réunit des étudiants et professionnels français et latino‐américains de différentes
disciplines (urbanistes, architectes, ingénieurs, sociologues, géographes et économistes) autour des
stratégies d’aménagement du territoire, visant au développement d’une culture urbaine accessible
pour tous.
Ses objectifs de sensibilisation des partenaires locaux (maires, techniciens, habitants…) à l’approche
rétro‐prospective de la planification et de l'aménagement durable du territoire s’effectuent au moyen
d’un partage des savoir‐faire, mettant à disposition les compétences professionnelles françaises pour
former les acteurs locaux.
Les membres de l’équipe Apoyo Urbano sont missionnés en tant que bénévoles pour instaurer une
médiation sociale et une concertation urbaine de la conception d’un projet à son suivi, notamment à
travers la création et l'animation d'évènements.
Choix des projets et méthode
La posture sociale et « apolitique » revendiquée par l’association l’a conduite à travailler
essentiellement dans le secteur public du côté des municipalités, quelle que soit leur orientation
politique. Par sa connaissance approfondie de l’Amérique Centrale et de l’Amérique du Sud, ainsi que
par les partenariats établis avec les acteurs locaux au fil du temps, la présidente Silvia Rosales Montano
reste à l’initiative du choix des projets élaborés.
Grâce à une communication permanente avec son réseau local et des visites de terrain fréquentes, elle
réalise des études de faisabilité sur les potentiels scénarios de développement d’une ville ou d’un
I.I
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
10
Figure 4 – Localisation d’Armenia au Salvador / Localisation du casque urbain et des cantons d’Armenia
village, qu’elle présente ensuite aux mairies concernées avant de proposer l’envoi d’une équipe de
bénévoles pour sa concrétisation.
Les thématiques de planification et d'aménagement du territoire se diversifient autour du tourisme,
du transport, de la gestion de l’espace public, du patrimoine, de l’habitat, du commerce informel, de
l’environnement, etc… Dont les interventions limitées et/ou étalées dans le temps, régissent le travail
de l’association, de l’échelle du projet urbain au prototype architectural.
Dans une optique d'échange et de coopération, les intervenants de l'association ne se substituent pas
aux équipes locales mais les renforcent, en définissant une intervention ciblée qui leur soit
financièrement accessible.
EXPERIENCE AU SALVADOR : CONCEPTION DU MARCHE MUNICIPAL D’ARMENIA
Contexte de la ville d’Armenia
Figure 5 – Vue panoramique sur la ville d’Armenia
La ville d’Armenia est située au sud‐ouest du pays dans le département du Sonsonate, à 39km de sa
capitale San Salvador. Composée de 9 cantons, son territoire à dominante rurale s’étend sur 65,64
km², comprenant une aire urbaine de 2km².
I.II
11
La ville est formée par un plateau urbain élevé à 570m d’altitude en son centre, entouré de montagnes
à hauteur de 1080m, et d’une partie basse à l’est à 450m d’altitude, au niveau du canton de Treis
Ceibas.
Elle compte une population de 34 912 habitants recensés en 2007, dont 23 994 résidents dans l’aire
urbaine, soit 68.7% de la population totale. Par rapport au recensement antérieur (2002), les
migrations de la zone rurale à la zone urbaine ainsi que la forte croissance démographique ont conduit
au doublement de la population urbaine en 5 ans.
L’activité économique d’Armenia est essentiellement tournée vers le commerce de proximité
(commerces de petite taille, vente de produits de première nécessité et à usage domestique), puis vers
l’agriculture, productrice de légumineuses à graines et de canne à sucre.
Cette ville, dotée d’une population jeune (27% des habitants parmi les 7‐17 ans et 49% parmi les 18‐
59 ans) bénéficie d’une dynamique importante au sein des associations culturelles, artistiques et
sportives.
Elle souffre en revanche d’un déficit en équipements et services par rapport à son développement
résidentiel. Son profil de ville‐dortoir se justifie par un usage des sols principalement résidentiel,
répondant à la fois aux besoins d’une population locale peu active, ainsi qu’aux demandes des
habitants de la métropole et des communautés voisines.
Coopérations Apoyo Urbano : de l’historique d’interventions à l’objet de ma mission
La première collaboration entre la municipalité d’Armenia et l’association Apoyo Urbano s’est établie
en février 2011 avec l’accueil sur le terrain de Mathieu Meloni, jeune diplômé en urbanisme, en charge
de la constitution d’une base de données écrites et cartographiques à l’usage de la municipalité.
Sur une période de 7 mois, il a restitué une étude des dynamiques du territoire visant à déterminer les
potentiels et faiblesses de la ville en vue de son développement durable et participatif, et identifié les
acteurs locaux susceptibles de contribuer aux futurs projets municipaux.
Son travail a permis à la municipalité d’Armenia, ne détenant que peu d’archives et de données mises
à jour, d’avoir une vision d’ensemble sur l’état des lieux de la ville concernant ses atouts
géographiques, ses secteurs économiques, sociodémographiques et culturels.
Son intervention a été succédée par l’arrivée simultanée de deux bénévoles d’origine lyonnaise en avril
2012, Noémie Caplet, jeune diplômée en sociologie et Marie‐Anne Morin, dans le cadre de son Master
II en ingénierie ‐ spécialisée dans l’agencement territorial.
Leur mission de 6 mois a été exclusivement dédiée à l’étude du marché municipal d’Armenia, devenu
l’un des projets prioritaires de la mairie à cause de son développement incontrôlé et de son état actuel
insalubre, affectant une importante population de commerçants, d’usagers et de riverains.
Leur étude sociologique a été menée à travers des enquêtes de terrain, relevés et recensements précis
déterminant à la fois la population du marché (nombre de commerçants, âge, sexe, commerce tenu,
présence d’enfants…), sa typologie actuelle et son fonctionnement, aboutissant à une étude statistique
qui témoigne des carences spatiales des lieux vis‐à‐vis de la surpopulation.
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
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En parallèle, la rédaction d’un cahier des charges comme outil guidant la conception du futur projet
leur a été confiée. Ce document regroupe à la fois l’étude d’autres typologies de marchés rencontrées
sur le territoire salvadorien, des recommandations générales et schémas de principe relatifs à la
disposition d’un marché couvert, la définition d’un programme adapté aux besoins du marché
municipal d’Armenia, ainsi qu’une étude de faisabilité expérimentant 4 scénarios de projet.
Cette démarche méthodique du projet, impliquant le croisement des compétences pour l’élaboration
d’une construction publique pérenne qui valorise la dimension sociale de l’urbanisme et de
l’architecture, a motivé ma première expérience en tant que bénévole aux côtés de l’association Apoyo
Urbano.
Mathieu Meloni (fév. ‐ aoû. 2011)
1/ Diagnostic territorial de la municipalité d’Armenia 2/ Proposition de planification urbaine
N. Caplet (avr. ‐ sep. 2012) M‐A Morin (avr. ‐ sep. 2012) M‐T Nguyen (sep. ‐ déc. 2013)
2/ Etudes sociologique du Marché Municipal 3/ Guide de conception du Marché Municipal 4/ Proposition d’avant‐projet
Figure 6 ‐ Historique des interventions bénévoles Apoyo Urbano à Armenia, El Salvador
Objet de ma mission : proposition d’avant-projet du Marché Municipal de la Ville d’Armenia en vue de la demande de subventions internationales.
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Mon expérience sur le terrain
Les deux années d’études réalisées par l’association sur la ville d’Armenia et son marché municipal
m’ont permis de démarrer le projet avec une connaissance du site et de ses enjeux à laquelle je n’aurai
pas eu accès en 3 mois.
De septembre à décembre 2013, j’ai intégré l’équipe municipale composée d’une quinzaine
d’employés administratifs, d’un technicien de l’Unité Environnementale – Luis Mendoza2, d’un
Ingénieur Civil Rodrigo Bustamante et d’un technicien Chargé de la Culture Guillermo Vázquez.
Le Maire, Carlos Alberto Molina López3, a été mon interlocuteur privilégié durant ma mission.
A l’état initial, le marché municipal d’Armenia se situant dans un emplacement central du casque
urbain dans le Barrio Nuevo, a été conçu « en dur » avec l’édification de premiers bâtiments supposés
pérennes disposés au cœur d’une parcelle de 4 893m². Marquant symboliquement la place du marché,
la typologie de chacune de ces constructions datant de 1865 se définit par un espace de stockage
commun pour deux ou trois points de vente, accueillant au total une dizaine de commerçants. Au fil
du temps, cette parcelle à vocation de zone commerciale a su attiser une population de vendeurs
venant de la commune et des villes voisines, s’installant tout d’abord aléatoirement et illégalement
sur le terrain en fonction des espaces disponibles, dans les interstices offerts par chaque mouvement
de l’entité du marché, congestionnant progressivement les rues. Malgré une absence de hiérarchie
visible, le fonctionnement du marché reste régit par un rythme déterminé, soit les horaires,
installations et replis des commerces permanents et temporaires, livraisons de marchandises et
évacuation des déchets, ainsi que par les chemins tracés en filigrane de ces flux réguliers à travers cette
configuration labyrinthique pour toute personne étrangère au marché.
Figure 7 ‐ Vue panoramique et photos du marché
2 Luis est le correspondant local privilégié d’Apoyo Urbano. Une partie de sa maison est réservée à l’hébergement des bénévoles de l’association depuis la première arrivée en 2011. 3 Carlos Alberto Molina López, affilié au parti politique ARENA, est à la tête de la municipalité depuis 2002. Il a été réélu en 2014 pour son 3e mandat.
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
14 Figure 8 – Congestion des rues par la présence de points de vente informels
Figure 9 – Configuration du marché actuel et organisation des stands formels et informels
Son évolution incontrôlée est à la source des dysfonctionnements actuels : d’une part, sa saturation a
généré des conflits d’espaces entre les commerçants, d’autre part, les installations arbitraires ont
provoqué une diversification des marchandises sans souci d’organisation des points de vente par
catégories, causant d’importants problèmes sanitaires.
Par ailleurs, la précarité des structures abritant l’activité de chaque commerçant, établies
individuellement en fonction des besoins et des moyens propres à chacun, participe à l’insalubrité de
l’entité.
Ainsi, la proposition d’avant‐projet pour le marché municipal d’Armenia en un unique marché couvert
s’est guidée des problématiques suivantes :
L’urbain : comment programmer et délimiter un périmètre à cette zone commerciale afin de palier au problème d’étalement sur la chaussée et de congestion des rues ? L’architectural : comment faire cohabiter plus de 500 points de vente, formels, informels, permanents et temporaires, au sein d’un même édifice, un édifice représentatif de la ville ? Les parties techniques : comment organiser un marché fonctionnel afin de pouvoir maîtriser son évolution ?
15
Le social : en quoi le projet, au-delà de sa fonction d’accueil des activités commerciales, peut-il améliorer le quotidien de ses usagers ? L’économique : par-delà une proposition économiquement accessible, de quelle manière la dimension sociale ajoute-t-elle une plus-value au projet, en vue de la demande de subventions internationales ?
J’ai été missionnée à Armenia pour proposer une réponse architecturale au marché municipal, sans
avoir connaissance des moyens humains et matériels dont j’allais disposer sur place, et dans
l’expérimentation de mes acquis suite à l’obtention du master en architecture.
En partant sans équipe et dépourvue des données usuelles au démarrage d’un projet d’architecture,
j’ai préalablement effectué un relevé topographique du site pour établir des plans, coupes et maquette
de contexte. J’ai réalisé en parallèle mes propres entretiens avec les usagers du marché afin de cerner
son fonctionnement quotidien et les besoins exprimés en vue d’une nouvelle construction. La visite
d’autres sites similaires ainsi qu’une prise de connaissance des matériaux et techniques de
construction ont également été au fondement de ma réflexion.
Pour l’avancement du projet, j’ai bénéficié d’un suivi continu de la présidente de l’association, et
instauré un dialogue exclusif avec le Maire. Plusieurs scénarios ont été esquissés, présentant surfaces,
définition des accès et des configurations du marché afin de maximiser la capacité de points de vente,
en privilégiant systématiquement une communication par l’image pour la lisibilité des documents. Sur
une phase d’esquisse longue, les multiples réajustements ont servi à l’obtention d’une satisfaction
programmatique, fonctionnelle et esthétique de la proposition encadrée par le Maire.
Mon intervention s’est finalisée par la présentation de l’avant‐projet définitif au conseil municipal,
ainsi que par consolidation du dossier de demande des subventions européennes réalisé en binôme
avec la présidente de l’association, déposé en février 2014.
Proposition d’avant‐projet du Marché Municipal d’Armenia
A échelle urbaine, le problème de congestion des rues pourrait se désamorcer par l’instauration de
rues « semi‐piétonnes » permettant l’installation éphémère des vendeurs ambulants dans la journée.
L’esprit de zone commerciale actuel (de la parcelle aux chaussées environnantes) serait ainsi conservé
sans expulser les commerçants ne détenant pas d’emplacement à l’intérieur du marché couvert, tout
en libérant l’espace public de son aspect chaotique.
L’unité du marché couvert se compose de deux volumes imbriqués, conçus autour d’un arbre ancien
ayant une valeur affective aux yeux des habitants. Il s’agirait de l’édifice le plus élevé du quartier,
comptant 3 niveaux et une hauteur maximale de 12m, abritant 462 emplacements de vente formelle,
62 emplacements de vente informelle et 16 zones de restauration. Au 3e niveau, l’établissement d’une
garderie tenue par l’association des commerçants vise à sécuriser la présence trop importante
d’enfants sur le lieu de travail de leurs parents.
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
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L’identité architecturale du marché s’inscrit dans un métissage entre typologie coloniale (présence des 3 patios) et contemporanéité (structure mixte métal-bois), représentative des constructions de la Ville.
R+2
R+1
RDC
Figure 10 ‐ Proposition d’avant‐projet pour le Marché Municipal d’Armenia
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EXPERIENCE AU NICARAGUA : CONCEPTION DES ESPACES PUBLICS DE LEON SUR ESTE
Contexte du site dans la ville de León
Figure 11 – Localisation du département et de la ville de León et vue panoramique
Préfecture du département de León, la ville de León se situe au nord‐ouest du Nicaragua. Elle a été la
première capitale du pays jusqu’en 1858, avant de céder son titre à la capitale actuelle localisée à 90km
au sud de la ville, Managua. León représente aujourd’hui la deuxième ville la plus importante du pays,
moteur de sa croissance économique depuis les années 1950, et reconnue en tant que ville
universitaire avec l’établissement de la toute première université du Nicaragua en 1813.
Fondée 1523, la ville de León a connu un développement lent qui s’est accéléré au cours des cinq
dernières décennies, notamment propulsée par la monoculture du coton (1950‐1970) et par
l’urbanisation des trois dernières décennies à la suite de la guerre civile et du changement de régime
politique du pays.
Son territoire s’étend sur 82km², comptant 4% d’aire urbaine et 96% d’aire rurale, où la population
urbaine est estimée à 146 797 habitants (recensement 2012). L’augmentation de cette population
urbaine a généré l’extension de la ville par l’installation spontanée de quartiers résidentiels, dont la
précarité de l’habitat a été à l’origine des préoccupations d’une municipalité perdant le contrôle sur la
planification de l’accroissement de la ville.
Hormis les quelques actions politiques des années 1980 favorisant l’attribution de terrains aux familles
en difficulté, il n’existe pas d’institution responsable du développement de l’habitat nicaraguayen. La
population a dirigé l’urbanisation des villes au moyen de l’auto construction et d’une auto gestion des
services basiques dont elle nécessite, au‐devant de la mise en place des institutions correspondantes.
L’absence de stratégie urbaine a conduit la municipalité de León à une étude de planification visant au
développement pérenne de la ville tout en intégrant la participation de ses habitants, en quelque sorte
ancrée dans sa culture. Le Plan de Consolidación de la Expansión Urbana – León Sur Este (Plan de
consolidation de l’expansion urbaine – León Sur Este) constitue le document fondamental de ce projet,
entrepris en 1996.
Mon intervention sur le site de León Sur Este s’est ancrée dans la continuité de ce projet de
planification urbaine.
I.III
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
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Cadre de travail, antécédents du projet municipal et définition de ma mission
De janvier à avril 2014, mon intervention à León a constitué la toute première coopération entre la
Mairie et Apoyo Urbano. Le Maire Roger Salvador Guardian Vijil, administrant une ville plus importante
qu’Armenia, est à la tête d’un organigramme hiérarchisé plus complexe.
Travaillant directement pour le département de « Planification Territoriale », ma mission s’est
déroulée au sein d’une équipe municipale pluridisciplinaire, comprenant à la fois les responsables du
département ainsi que les référents techniques des directions « Obras Publicas » (Chantiers Publics)
et « Vivienda y suelo » (Habitat et Usage des sols).
Figure 12 ‐ Organigramme de l'équipe municipale de León
19
Le Programme d’Expansion Urbaine de León Sur Este est issu d’un Plan Maestro approuvé par le conseil
municipal de León en février 1996. Ce plan de stratégie urbaine définit 14 projets sur l’ensemble de la
municipalité, parmi lesquels le développement d’une nouvelle aire d’expansion urbaine a été prévu au
sud‐est de la ville, à la topographie plus avantageuse que le nord‐est montagneux.
En 1998, le jumelage de León avec Utrecht a été à l’origine des initiatives de ce programme, créant en
1999 un bureau de suivi technique et d’accompagnement financier du projet par la ville hollandaise.
L’année suivante, le Plan de Développement de l’expansion urbaine de León Sur Este a été le résultat
d’une analyse territoriale proposant notamment une enveloppe budgétaire pour le développement
des projets au cours de la décennie (1999‐2008).
Figure 13 ‐ Zone d’expansion de la ville I Localisation du secteur III de León Sur Este
Avec le financement de la ville d’Utrecht, l’allotissement de la zone sud‐est de León prévu dans le plan
décennal visait au découpage de la zone en 5000 lots résidentiels. L’étude de faisabilité des 3 secteurs
qui s’est réalisée entre 2002 et 2003 n’aura pas porté à l’aboutissement des deux premiers secteurs.
En 2008, la municipalité n’a pas atteint les 50% de ses objectifs d’allotissement ; elle a cependant
facilité la construction de 2000 maisons individuelles et contribué à l’amélioration de 316 logements
existants sur le site, ses interventions ayant ainsi stimulé les initiatives communautaires et la
participation citoyenne dans ces secteurs.
Ce type de projet à long terme, dépendant à la fois du déblocage des faibles budgets locaux et des
financements extérieurs, connait un développement fragmenté. La municipalité se voit dans
l’obligation de hiérarchiser ses interventions par ordre de priorité (définition des infrastructures, accès
à l’eau potable, installation de l’éclairage public etc.) en dépit des intentions de cohérence territoriale
qui sont à la base de toute planification urbaine.
De ce fait, le site compte aujourd’hui des aires surdimensionnées dépourvues d’aménagement, posant
d’une part un problème d’appropriation illégale des lieux, et créant d’autre part des zones
conséquentes de délaissés urbains.
Mon travail a consisté en la qualification des espaces publics prévus à la prochaine tranche du plan
d’expansion urbaine, soit de repenser l’usage de ces terrains vagues en prenant en compte le potentiel
participatif du secteur III.
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
20
Figure 14 ‐ Plan des lots intégrant le site de l’opération I Echantillon photographique de l’état des lieux
Objet de ma mission : proposition d’intervention pour la consolidation des espaces publics du secteur III de León Sur Este dans le cadre du Plan d’expansion urbaine de la ville.
21
Mon expérience sur le terrain
A l’origine, la délimitation des espaces publics du secteur III résulte de leur implantation dangereuse
sous les câbles électriques et de la présence de 9 poteaux à haute tension.
Sur cette zone isolée des parcelles habitables, l’absence de projet a conduit à la dégradation du lieu,
d’une part délaissé par les habitants et utilisé comme décharge publique, d’autre part illégalement
occupé par une population revendiquant son droit au sol. Deux terrains de sport et une aire de jeux
improvisés ont également été recensés.
L’évolution chaotique de ces espaces initialement destinés à l’usage public génère un impact négatif
sur le paysage et sur l’image du secteur ; cette vaste étendue désertique, ponctuellement occupée
d’habitations précaires, procure aux résidents un sentiment d’insécurité accentué par l’absence
d’éclairage public.
Dans l’optique de consolider le tissu urbain de León Sur Este et de récupérer les 5 zones faisant l’objet
d’une appropriation illégale, la mairie s’est engagée à relocaliser les familles vivant dans ces zones
inhabitables. Le Plan de consolidation urbaine intègre le don des parcelles nécessaires au relogement
de cette population dans les futurs quartiers en création.
Figure 15 ‐ Etat des lieux : occupations illégales sur les espaces destinés à l’usage public
Les premières visites de site m’ont permis d’élaborer une analyse territoriale du secteur III, basée sur
l’étude des forces, opportunités, faiblesses et menaces du site redécoupé par zone afin de saisir les
problématiques croisées du projet :
La mobilité : à l’échelle du secteur, comment connecter les espaces publics entre eux et faciliter les déplacements piétons, automobiles et cyclistes ? Le projet urbain : comment créer un projet global reliant chaque espace public en vue de consolider les 3 quartiers traversés par le site de l’opération ? La participation citoyenne : de quelle manière impliquer les résidents dans la planification, le chantier et la maintenance de ces espaces publics afin qu’ils se les approprient ? L’environnement : comment sensibiliser la population au respect de l’environnement, afin d’éviter de nouvelles dégradations des lieux ? Le social, architecture et urbanisme : proposer des espaces de repos et des activités de loisir dans le secteur visant à améliorer la qualité de vie des habitants ; diversifier le programme et les typologies attribuées à chaque élément.
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
22
Le paysage : concevoir les espaces publics en fonction de la végétation existante avec la mise en valeur du paysage naturel de chaque zone. L’esthétique et l’économique : soigner l’esthétique du projet pour renforcer l’image du secteur III et le rendre attractif à partir d’une économie minimale. Mon intervention au sein de la mairie de León a été superposée au planning de l’équipe municipale ;
le travail préparatoire a été rythmé par des concertations hebdomadaires du Conseil Municipal, visant
aux présentations de projet destinées aux habitants, à la ville d’Utrecht, ainsi qu’au BID (Banco
Interamericano de Desarollo), fond monétaire national pour le développement de projets sociaux.
Figure 16 ‐ chronogramme d'intervention
Au cours de la phase de conception, impliquant une production importante de diagnostics, d’analyses
et de documents explicatifs, la dimension participative du projet s’est principalement exprimée sous
forme d’allers retours entre la mairie et les représentants de la population de León Sur Este, élus par
la communauté. En tant qu’acteurs clés du projet, leur présence à chaque conseil municipal a été
requise pour l’avancement des propositions.
En vue du développement d’un projet pérenne, la participation des habitants du secteur a été prise en
compte dès l’élaboration du programme, au moyen d’enquêtes et d’entretiens individuels. Sur un
échantillon de 100 individus, incluant à la fois les résidents avoisinant directement le site de l’opération
et les occupants illégaux, notre équipe a identifié les besoins et désirs des habitants dans l’optique
d’esquisser un programme qualitatif et quantitatif. L’enquête a également permis de collecter le taux
de participation potentielle à l’élaboration d’un projet communautaire.
Il en résulte une population jeune et motivée par le projet s’étant à 32% déjà investie dans d’autres
projets communautaires, et qui porte un intérêt pour le chantier et la maintenance du site plus que
pour la phase de planification et de design des espaces publics. A l’unanimité, elle sollicite la création
d’une aire récréative dédiée aux activités sportives, la population nicaraguayenne étant
particulièrement animée par le baseball et le football.
Les travaux menés sur le terrain et en mairie ont abouti à une présentation de projet auprès des
habitants en vue d’obtenir une validation de la proposition architecturale. Elle a été par la suite
réajustée jusqu’à la définition de l’avant‐projet détaillé des Espaces Publics du secteur III de León Sur
Este, visant la consolidation des dossiers de subvention.
Les dernières présentations de ce projet, intégré au Plan de Consolidation Urbaine mis en place
depuis 1999, ont finalement reçu un accueil favorable de la ville d’Utrecht et du BID, libérant des
fonds pour sa réalisation progressive à partir de l’hiver 2014.
23
Projet de reconquête des espaces publics de León Sur Este – secteur III
Ce projet de planification des espaces publics prétend tout d’abord connecter la zone d’expansion
urbaine au reste de la ville, en développant autour du thème de la mobilité des accès pour les
transports publics, ainsi que de nouveaux tracés viaires destinés aux piétons, cyclistes et véhicules
motorisés.
En prenant en compte les attentes des habitants, la création d’un complexe multisports plein‐air a été
proposé tel un parcours entièrement ouvert et accueillant les rencontres sportives de la ville de León.
Conçu à partir des terrains de sport existants, il s’agit de prévoir l’amélioration de ces derniers en les
équipant, et de densifier le site en offrant d’autres activités.
Traversant trois quartiers, le site bénéficie d’une morphologie linéaire s’étendant sur 1,25km pour une
largeur comprise entre 55 et 82 m, d’une superficie totale de 6,7 hectares. La diversité des paysages
rencontrés le long du parcours a été intégrée au processus de conception, dans l’optique de conserver
la végétation existante et les caractéristiques naturelles des lieux.
Le projet a été pensé selon le concept de « Paisaje Saludable » (Paysage Salutaire), s’articulant autour
de quatre enjeux majeurs :
Le sport : proposition d’équipements sportifs et amélioration
des équipements existants ;
L’alimentation : introduction d’un « paysage comestible »
composé de potagers et d’arbres fruitiers ;
Les aires de repos et de sociabilité : installation de mobilier
urbain et création de places pour les
évènements communautaires ;
La culture : introduction de pavillons et d’activités culturelles
dédiés au public et aux groupes scolaires voisins.
Figure 17 – Vue aérienne du site d’intervention, Google Maps
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
24
Figure 18 – Exemple de paysage, zone I
Aménagement de la zone B Aménagement de la zone C Aménagement de la zone I Terrains de volley + piste d’athlétisme Terrain de foot + place minérale Parc de sculptures
Figure 19 – Proposition d’aménagement des espaces publics de León Sur Este, secteur III : un complexe sportif plein air
25
RETOUR D’EXPERIENCES
Retour critique sur la place de l’architecte au sein des missions Apoyo Urbano
Les expériences vécues au Salvador et au Nicaragua se différencient par le cadre de travail qui m’a été
proposé, où l’historique des projets à développer a su orienter des poursuites distinctes.
D’une part, la configuration individuelle du projet mené à Armenia provient de la faible constitution
de son équipe municipale, ne comptant que sur le maire (ingénieur agronome de formation),
l’ingénieur civile ainsi que sur l’intervention ponctuelle d’un architecte de San Salvador pour la gestion
des projets publics ; la municipalité privilégie avant tout le savoir‐faire des artisans et entreprises
locales pour effectuer des travaux à la demande et solutionner des ouvrages techniques.
Pour s’organiser dans ce contexte, le processus de l’association Apoyo Urbano consistant à l’envoi
successif de bénévoles en fonction des expertises requises (urbaniste, sociologue, ingénieure puis
architecte) m’a semblé linéaire et fragmenté dans sa méthode. Ma proposition d’avant‐projet pour le
Marché Municipal s’est ajoutée à une chaîne d’études antérieures complexes nécessaires à
l’appréhension du site, cependant désavantagée par l’absence d’interlocuteurs initiés au projet.
Sur un temps d’intervention court, la possibilité d’échanges et de confrontations d’idées aurait pu
contribuer à l’efficacité de la proposition, face à une maîtrise d’ouvrage essentiellement sensible aux
visuels et à la dimension esthétique du projet.
D’un autre point de vue, la présence d’une équipe pluridisciplinaire plus renforcée pour la Mairie de
León m’a permis d’assimiler les processus de projet relatifs à une culture locale en parallèle de mes
avancements. La proposition de consolidation des espaces publics du secteur III de León Sur Este s’est
jouxtée à quinze années d’études et d’interventions préalables, comptant également sur le soutien
financier de la ville d’Utrecht ainsi que sur les interventions ponctuelles d’ONG hollandaises et
espagnoles. La réalisation des projets municipaux est donc facilitée, notamment grâce au département
chargé de la mise en place des budgets nécessaires à leur exécution.
En termes de résultat, les projets d’Apoyo Urbano promouvant l’urbanisme et l’architecture durables
et participatifs doivent admettre une échelle de temps relativement longue pour leur aboutissement.
Les régions d’Amérique Centrale pour lesquelles l’association opère doivent faire face à des actions
prioritaires qu’elles hiérarchisent, afin d’offrir des conditions de vie favorables pour tous ses citoyens.
A la base de chaque projet, les professionnels étrangers, qu’il s’agisse de jeunes diplômés ou
d’individus expérimentés, et notamment les architectes, reçoivent un accueil positif de la part des
municipalités et des populations. Cet accueil témoigne de la considération qui leur est portée au sein
de ces sociétés, instaurant initialement des relations favorables entre les différents acteurs du projet.
Pour l’architecte, la reconnaissance de son titre reflète avant tout les attentes élevées de la population,
qui motivent également un travail obstiné.
Réflexions sur la dimension participative des projets au sein d’une équipe municipale
Les processus participatifs des projets urbains et/ou architecturaux restent complexes dans leur
diversité : à quelle(s) phase(s) faut‐il introduire ou interrompre les concertations, qu’il s’agisse de
l’élaboration d’un programme, du dessin des espaces ou du déroulement des chantiers ?
I.IV
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
26
Je ne prétends pas détenir de vérité à ce sujet, ni même avoir arrêté mes idées sur la question.
Je constate simplement que les écarts d’outils et de langages entre les différents acteurs, s’ils limitent
le dialogue dans le déroulement du projet participatif, impliquent nécessairement l’usage de
compétences professionnelles particulières, l’architecte étant missionné pour émettre une
proposition spatiale. Au Salvador et au Nicaragua, les communautés concernées n’ont par exemple
pas témoigné d’intérêt participatif pour le design du projet, remis exclusivement à l’architecte.
Par ailleurs, l’expérience vécue à León a révélé les premières divergences d’opinions au sein de l’équipe
municipale, séparant d’une part les ingénieurs dans l’attente d’un projet quantifié en vue de sa
réalisation immédiate, et d’autre part les urbanistes et architectes souhaitant amorcer le projet
participatif par l’élaboration d’une méthodologie basée sur une analyse pointilleuse des attentes de la
population, soucieux de la pérennité du projet.
La place d’un architecte au sein d’une équipe municipale, à Armenia tout comme à León, m’a semblée
une place privilégiée. En permettant à l’architecte de s’exprimer du côté de la maîtrise d’œuvre et de
la maîtrise d’ouvrage à la fois, elle autorise une exploration profonde du projet, maîtrisé depuis le
diagnostic territorial jusqu’à sa conception détaillée.
Au cœur d’un processus de projet participatif, cette place privilégiée donne un
sens à la dimension généraliste de notre discipline. Planifier, programmer,
quantifier, se concerter, ajuster, définir puis détailler le projet pour le mener à
sa réalisation, soient les actions qui regroupent les compétences premières de
notre profession.
Transition vers les enjeux de la mise en situation professionnelle
A travers l’exploration de la dimension sociale d’une architecture destinée au public, j’ai vécu une
expérience d’accompagnement des communautés dans le développement de leurs projets sans
prétendre remplacer les équipes locales. Au terme des missions, le suivi des projets est remis aux
acteurs locaux, conformément à l’éthique de l’ONG.
Or, l’intérêt que je porte à l’exercice de la maîtrise d’œuvre englobe le processus du projet
architectural dans son intégralité, donnant notamment à l’architecte les responsabilités de la
réalisation.
La micro structure qu’est Aerostudio m’a semblée idéale pour orienter mon expérience d’une
profession à première vue autonome vers des objectifs personnels prédéfinis :
Répondre aux exigences du projet à travers le fonctionnement d’agence ;
Comprendre les responsabilités de l’architecte, en passant par la gestion de sa structure ;
Expérimenter l’autonomie propre au fonctionnement d’une microstructure ;
Travailler avec les différents intervenants sous le schéma classique des relations MOA/MOE ;
Acquérir les compétences nécessaires à l’orchestration d’un projet, du côté de la MOE.
27
II. MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE CHEZ AEROSTUDIO ARCHITECTES
ANALYSE CRITIQUE DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL
Historique de l’agence et profil des fondateurs
En 2009, l’agence d’architecture Aerostudio a été fondée par trois associés aux profils distincts :
Antoine Cardon, Fabien Guillou et Julien Cavé. Elle reste aujourd’hui sous la direction d’un unique
fondateur travaillant seul sur la plupart de ses projets, l’architecte DPLG Antoine Cardon.
Diplômé en 2007 de l’école de Nancy, Antoine Cardon s'est appuyé sur ses voyages et ses expériences
professionnelles à l'étranger pour développer une approche sur l'architecture interstitielle. Il
commence à esquisser le thème de l’entre‐deux au cours de son diplôme au titre évocateur « Rio –
Ligaçãoes » (Connexions au cœur de la ville de Rio de Janeiro), en étant soutenu par le fond d'Archidev,
qui récompense les travaux portant sur l'amélioration des conditions de vie dans les pays de
l'hémisphère sud.
Après une première expérience de salarié dans l’agence parisienne de Ban Architectes à l'occasion de
l'étude du projet pour le Centre Pompidou Metz, également renforcée d’une expérience dans l’agence
de communication Athem, son envie de démarrer une production architecturale propre au sein d’une
équipe pluridisciplinaire l’a conduit à s’associer pour créer l’agence Aerostudio, dans le 17e
arrondissement de Paris.
II.I
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
28
Figure 20 ‐ Profil d'Antoine Cardon, architecte DPLG ‐ gérant d'Aerostudio
L’ex‐associé Fabien Guillou, Architecte DPLG diplômé en 2006 de l’école de Nancy, a également
bénéficié d’expériences en France et à l’étranger, soutenant notamment son diplôme à Lima à l'INC
(Institut National de la Culture), portant sur un programme de réhabilitation d'une ancienne maison
coloniale ayant appartenu à Ramon Castilla, ex‐Président du Pérou au XIXème siècle.
A l'issue de son diplôme, il a été lauréat de la bourse Besnard de Quelen, qui récompense les
démarches innovantes de la construction. Son expérience en agence française repose essentiellement
sur une participation à des projets de logements et d'équipements publics de moyenne envergure.
Il a pris part au projet AEROSTUDIO en le nourrissant de ses connaissances en matière de logement,
spécialisé dans le domaine du patrimoine, et de sa réflexion sur les nouveaux enjeux écologiques tout
en mettant à profit son expérience dans le montage de projet et le suivi de chantier.
En 2014, Fabien Guillou se sépare définitivement d’Aerostudio pour se réorienter dans la
communication et l’image, en tant que perspectiviste indépendant.
De son côté, s'appuyant sur une expérience de gestionnaire de projet obtenue au sein des groupes
Thales et MasterCard France et ayant suivi une formation en CPGE puis à l'université Paris 1 La
Sorbonne, Julien Cavé a rejoint AEROSTUDIO en tant que chargé d’affaires associé.
Il a contribué à l'administration économique et juridique interne de l'agence, assurant la coordination
entre la maîtrise d'ouvrage, les bureaux d’études techniques et la maîtrise d'œuvre dans le pilotage
opérationnel des projets. Son travail visait à garantir la stabilité de l’agence, veillant à la qualité ainsi
qu’à la constance de production générée par Aerostudio.
Or, il s’agit d’un rôle difficile à pérenniser au sein d’une agence d’architecture. Le partenariat entre
architecte et chargé d’affaires semble à première vue peu commun pour ce type de micro structure.
Il aurait pu contribuer au développement de l’agence par une conquête ciblée des marchés, et
constituer un renfort important en période de crise généralisée du secteur de la construction.
La communication, en termes de diffusion des projets, visibilité de l’agence et acquisition de clientèle
constitue souvent le point faible des agences de petite taille.
Cette association, essentiellement pragmatique et stratégique, n’aura pas été fructueuse pour
Aerostudio : les divergences en matière de stratégie économique et de communication, menaçant
l’image de départ souhaitée par les architectes, ont conduit au départ de Julien Cavé courant 2012.
29
Choix du mode d’exercice et évolution de la structure
En 6 ans d’activité, l’agence Aerostudio a trouvé sa stabilité dans le secteur privé tout en ayant vécu
deux évolutions relatives à son statut, ainsi que le départ des deux associés présentés précédemment.
Inscrite au N°S15399 au Tableau de l’Ordre des Architectes, les associés ont opté pour le régime de
l’auto entrepreneur pour sa création en 2009, souhaitant tester le modèle fiscal de la micro entreprise
tout en limitant ses risques. L’agence a été propulsée par le secteur privé par diverses commandes,
telles la restauration d’une partie de l’Orangerie du château de la Grange Manom (2009) et la création
du pavillon d’accueil du château de Pange (2011), accompagnées de nombreuses rénovations de
logements.
Pour les jeunes architectes débutant leur carrière, ce dernier type d’opération a tout d’abord répondu
aux besoins d’une clientèle de proches, dont les résultats satisfaisants ont conduit à l’élargissement de
leur public par le bouche à oreille.
Aerostudio a donc multiplié ses projets de réhabilitation et de rénovation pour particuliers, spécialisant
sa maîtrise d’œuvre aux prémices de son activité dans l’architecture d’intérieure. Elle est ainsi devenue
compétente dans les détails relatifs au second œuvre et au design de mobilier.
Son accumulation d’expériences pour des opérations de petite échelle lui a ouvert peu à peu, et par
réseau relationnel, des portes sur d’autres marchés privés cette fois visibles par le grand public, telles
la banque d’accueil de la BNP dans le 2e arrondissement de Paris ou la pyramide de Courchevel,
structure éphémère destinée à recevoir des expositions pour les grandes marques (Dior, Louis
Vuitton…). Ses références en matière de réhabilitation de logements l’ont également démarquées
auprès des promoteurs immobiliers, se voyant confier plusieurs opérations de ravalement de façades
au cœur de la capitale, tout en s’assurant de garder contact avec ces maîtres d’ouvrage privés pour les
projets à venir.
Ayant atteint le statut de SARL (Société A Responsabilités Limitées) au capital de 7500€ en 2012, son
chiffre d’affaire s’est démultiplié en 3 ans, passant de 20 512,49 €HT à 149 402,68 €HT fin 2014. Une
évolution récente (mai 2015) a converti la SARL Aerostudio en SAS (Société à Actions Simplifiées), dont
l’architecte Antoine Cardon reste le président et unique membre permanent.
Figure 21 – Références AEROSTUDIO : Orangerie du château de la Grange Manom I Pyramide de Courchevel I Rénovation de logement
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
30
Ressources humaines et matérielles internes
Anciennement basée dans le 17e arrondissement de Paris au 146 Avenue de Clichy, l’agence Aerostudio
s’est installée depuis moins de 2 ans à Boulogne Billancourt au 39 rue Fessart (92), partageant des
locaux en co‐working avec le Cabinet Rousselin Gourmain, première entreprise forestière sur les cinq
existantes en France. Cette forme d’installation de plus en plus répandue a permis à l’architecte
d’alléger les frais de l’agence relatifs à la location d’un espace de travail, et de disposer du matériel
appartenant à cette entreprise établie depuis 5 ans (bureaux, photocopieurs, imprimantes…) au sein
d’un open space de 120m², détenant deux postes de travail pour son activité. Elle lui offre également
un cadre de travail dynamique, favorable à une petite structure dont il est l’unique membre
permanent.
Suite au départ de son dernier associé Fabien Guillou, lié à la bifurcation de leurs ambitions
architecturales au sein d’une agence bien portante mais aux activités peu diversifiées, Antoine Cardon
a poursuivi avec constance son projet professionnel, accompagné durant 6 mois d’une stagiaire de
deuxième cycle, avant de m’intégrer à l’agence pour ma mise en situation professionnelle.
Mode d’organisation de l’équipe de maîtrise d’œuvre
L’organisation interne adoptée par Aerostudio se résume à l’autonomie de l’architecte sur des projets
de petite échelle dirigés dans leur intégralité (dimensions architecturale, technique et économique).
J’ai ainsi pu bénéficier de cette autonomie durant ma mise en situation professionnelle, en dépit d’une
éventuelle expérience de travail en binôme.
L’année 2014, outre les changements de configuration de l’agence, s’est démarquée par la livraison du
premier projet public d’Aerostudio (rénovation du Théâtre de Prémery ‐ 58), ainsi que par le
développement de deux autres projets publics acquis fin 2013, en parallèle des commandes privées.
Ayant intégré la structure en janvier 2015, j’ai assisté à la livraison du Théâtre de Prémery, projet de
réhabilitation légère commandée par la Ville, plus précisément à la séance de levée des réserves, et
suivi indirectement les deux projets publics en cours, soient la réfection des sanitaires du lycée Jules
Uhry à Creil (60), et la création d’un préau et d’un bloc sanitaire au Collège Montabuzard à Ingré (45),
dont les chantiers sont prévus à la mi‐septembre.
Concernant le projet du lycée Jules Uhry et conformément à la demande de la maîtrise d’ouvrage,
l’architecte a dû s’associer aux compétences du BET TCE ETR Ingénierie et au cabinet Becquart pour
l’économie de la construction, tous deux regroupés sous forme de holding et basés dans le
département du Nord (59), dirigés par Patrick Choquel.
En parallèle du travail de conception de l’architecte, l’économiste de la construction a accompagné le
projet dès la phase d’esquisse jusqu’à la phase PRO, le BET TCE (structure/fluide/VRD/thermique)
n’étant intervenu qu’à partir de la phase APD et ne participant pas à l’OPC.
Au moyen d’échanges à distance, ce premier projet développé en équipe a su instaurer une relation
de confiance professionnelle entre Aerostudio et ces bureaux d’études, l’architecte poursuivant
désormais la consolidation d’appels d’offres aux côtés de ces BET malgré leur éloignement
géographique.
31
Stratégie d’entreprise & valeurs professionnelles d’Aerostudio
Conscience professionnelle, compétences acquises dans la spécialisation et relation de confiance entre
l’équipe de MOE et la MOA sont les valeurs fondamentales mises en avant par l’agence.
L’exercice de la maîtrise d’œuvre pour des projets de petite échelle et spécifiquement dans le secteur
privé a tout d’abord été un choix avantageux pour la structure : il peut laisser entendre une plus grande
maîtrise de la qualité architecturale des projets, ainsi qu’une maîtrise des délais en phase d’étude et
en phase de réalisation par rapport à la rentabilité économique de l’agence. Il permet également à
l’architecte de revendiquer sa spécialisation dans l’architecture d’intérieure : fort de ses pratiques, il a
d’une part su développer les mécanismes nécessaires à l’obtention d’un résultat architectural
satisfaisant, et d’autre part réussi à trouver l’équilibre de sa structure.
Pour élargir ses compétences, il cible principalement ses formations continues autour des enjeux
environnementaux : il a obtenu le diplôme du LEED en 2014 et suit régulièrement les colloques relatifs
aux constructions durables. Il se forme également aux jurys de concours : les participations futures à
ces jurys lui permettront à terme de saisir les attentes du secteur public au cours des séances
d’ouverture des plis, dans l’optique d’améliorer ses propres candidatures.
Sa volonté de persévérer dans le secteur public témoigne de son désir d’élargir son champ de
conception architecturale en s’émancipant des commandes privées. Elle reflète également quelques
frustrations vis‐à‐vis de l’instabilité des particuliers, générant souvent « l’incertitude du projet »…
Incertitude ayant probablement institué la commande publique tel le saint graal de l’architecte.
Ma MSP au sein d’Aerostudio m’a permis d’analyser le choix du mode d’exercice d’un architecte
indépendant et ses potentielles évolutions, dont la complexité couplée à la situation de crise actuelle
a su temporiser quelque jugement catégorique de ma part sur l’expérience assimilée.
ANALYSE DE MON EXPERIENCE AU SEIN DE L’AGENCE
Travail effectué & responsabilités assumées dans le secteur privé
En tant que première stagiaire HMONP accueillie par la structure, j’ai eu l’opportunité de travailler en
autonomie sur les projets qui m’ont été confiés, guidée par un architecte à la fois investi dans l’ordre
des architectes et le syndicat des architectes.
Conscient des enjeux de la formation, il m’a laissé expérimenter son quotidien en ne s’immisçant que
peu dans mes tâches et actions entreprises. La période de mon stage (janvier‐août 2015), affectée par
la crise traversée par les microstructures, n’a pas été propice au développement des projets sur le
chantier. Néanmoins, mon expérience a été riche dans l’apprentissage de la gestion d’une agence ; j’ai
pu expérimenter la place du maître d’œuvre à l’échelle d’Aerostudio, analyser son potentiel et ses
limites, ainsi que comprendre ses stratégies et son évolution.
Au cours de mon stage, le rythme d’une semaine type s’est défini autour de deux dynamiques : d’une
part les phases de projet à développer pour les missions privées en cours, d’autre part le travail massif
II.II
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
32
Figure 22
Figure 23
Figure 24
de production destiné aux marchés publics, par la consolidation de dossiers de candidatures pour les
appels d’offres. Pour une microstructure telle qu’Aerostudio, le temps imparti à cette seconde
dynamique non lucrative est inévitablement conditionné par les résultats fructueux de la première ;
cette forme de production sans garantie de résultat suscite toutefois pour l’agence un intérêt égal aux
avancements concrets d’un projet.
Une présentation synthétique des tâches effectuées pour les maîtres d’ouvrage privés lors de ma MSP
me permettra par la suite de commenter « l’incertitude du projet » évoquée au chapitre précédent :
Extension d’une terrasse de café à Boulogne
Billancourt (92) / Jan.‐Fév. 2015 (figure 22)
Programme : remplacement des huisseries et
conception d’une nouvelle structure métallique
implantée à l’identique de la terrasse existante
Surface : 3.17m²
Missions effectuées : phases ESQ, APS, APD, dépôt
du permis de démolir (PD) et de la déclaration
préalable (DP)
Statut : après l’obtention des autorisations
municipales, le projet est resté sans suite malgré la
mission complète stipulée par le contrat.
Extension d’une maison de ville à Levallois‐Perret
(92) / Fév.‐Mar. 2015 (figure 23)
Programme : extension et rénovation de la cuisine
Surface : 2.73m²
Missions effectuées : Phases ESQ, APS, APD, dépôt
de la déclaration préalable (DP), PRO
Statut : suite à l’obtention des autorisations
municipales, le projet est resté en suspens jusqu’au
lancement du DCE au début du mois d’août.
Rénovation d’un appartement à Nogent‐sur‐
Marne (94) / Mars – Août 2015 (figure 24)
Programme : réaménagement des espaces
intérieurs pour la création d’une chambre
supplémentaire et rénovation intégrale du
logement
Surface : 152.33m²
Missions effectuées : Relevés, Phases ESQ, APS,
APD, PRO
Statut : DCE en cours.
33
En charge des trois projets cités, j’ai été l’interlocutrice privilégiée des clients ; à travers leurs attentes
et leurs appréhensions, j’ai pu assimiler le langage à adopter quant à la présentation d’un projet, ainsi
que percevoir l’image stéréotypée que reflète l’architecte auprès des particuliers.
Le projet de la terrasse de café, qui constituait initialement un projet d’extension suite à la dépose
d’une structure vétuste, a connu deux refus de la part de la municipalité de Boulogne Billancourt avant
son autorisation de reconstruction sur une implantation identique : l’ABF (Architecte des Bâtiments de
France) puis la Société du Grand Paris se sont opposés à son prolongement sur l’espace public, donnant
sur une avenue principale.
Ce changement de programme n’a pourtant pas été à l’origine de l’interruption du contrat. Le maître
d’ouvrage m’avait préalablement confié son intention de poursuivre le projet en dirigeant lui‐même la
phase travaux, faisant appel à ses proches pour sa construction. Dans l’optique de réaliser une
économie sur les honoraires et sur les prescriptions constructives de l’architecte, la « tranche ferme »
du contrat a donc été tacitement arrêtée à la demande des autorisations municipales.
Cette illustration du secteur privé (concernant notamment les particuliers) ne constitue pas un cas
isolé mais reflète une réalité endémique pour notre profession : de nombreux maîtres d’ouvrage ont
recours à l’architecte pour déléguer la phase de conception et la partie administrative qu’ils n’estiment
pas être en mesure de finaliser, tandis que la phase de réalisation semble représenter moins de
difficultés.
Le maître d’ouvrage reste libre de suivre ou non les recommandations, prescriptions et autres conseils
délivrés par l’architecte qui effectue son devoir ; ce dernier ne sera pas tenu pour responsable d’une
exécution basée sur des dessins fournis avant la phase PRO, dont l’absence de valeur juridique
l’acquitte du devenir de la construction.
D’autre part, la mise en suspens du deuxième projet, extension de la maison de ville à Levallois Perret,
témoigne des imprévisions relatives au déroulement des projets privés, causées par une trop grande
flexibilité concédée au maître d’ouvrage. Cette absence de respect des délais s’est également faite
ressentir au cours du projet de rénovation d’appartement à Nogent sur Marne, le projet ayant traversé
des modifications de l’ordre de l‘esquisse en phase APD, et la phase de conception s’étant étalée sur
cinq mois.
Outre l’assiduité de l’architecte, les avancements d’un projet privé dépendent avant tout des
validations du maître d’ouvrage, et ne sont délimités d’aucun délai dans le contrat, contrairement aux
contrats des marchés publics. Cette gestion improvisée du temps doit être prise en considération en
vue de l’impact qu’elle cause sur l’économie de l’agence, l’architecte étant rémunéré par élément de
mission.
Contrats et sécurisation du travail de l’architecte
En découvrant les tâches de l’architecte dans leur ensemble, j’ai été amenée à remplir les contrats
types édités par l’ordre, respectifs aux projets qui m’ont été confiés.
En attribuant un projet à l’architecte, le maître d’ouvrage s’engage auprès du maître d’œuvre en
signant deux documents à valeur juridique : le CCG (Cahier des Clauses Générales), applicable à tout
contrat, et le CCP (Cahier des Clauses Particulières), qui définit la nature de l’opération, l’enveloppe
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
34
budgétaire des travaux ainsi que la rémunération de l’architecte, signé par les deux parties. Ces deux
pièces indissociables constituent le contrat d’architecte.
J’ai ainsi pris conscience des écarts existants entre les protections stipulées par ces pièces
contractuelles et leur mise en application réelle.
Le maître d'ouvrage s’oblige, en temps utile : G 2.1.4 - à déterminer le délai d'exécution souhaité4
G 5.1.1 - Rémunération forfaitaire calculée « au temps à passer » Le forfait de rémunération est établi entre les parties en fonction du temps que l’architecte prévoit de passer, compte tenu de la complexité du programme, de la mission qui lui est confiée et du prix horaire de son agence.5
G 6.1.2 - Cession du contrat Sauf stipulation contraire, le maître d'ouvrage s'engage avec l'architecte pour la totalité de l'opération décrite au CCP. Le maître d'ouvrage s'interdit de céder l'un quelconque de ses droits à construire et, notamment, de transférer le permis de construire au bénéfice d'un tiers : - avant reprise du présent contrat par toute personne physique ou morale appelée à se substituer au maître d'ouvrage et acceptée par l'architecte ; - ou, à défaut d'une telle reprise, avant règlement des honoraires et indemnités dus à l'architecte conformément à l'article G 9.1 ci-après.6
Or, dans le cas d’une microstructure telle qu’Aerostudio, dont l’architecte seul se porte garant de ses
commandes privées acquises de gré à gré, certaines concessions sont inévitables à la conservation
d’un climat de confiance et au maintien d’une bonne entente avec la maîtrise d’ouvrage. Une certaine
pression s’exerce alors ; l’architecte ne pouvant mettre en jeu sa renommée et perdre de potentielles
opportunités d’acquérir d’autres projets, se voit parfois contraint d’engager une production à perte et
d’assumer des ruptures de contrat « tacites » avec les maîtres d’ouvrage privés.
Dans le cadre du secteur public, le contrat rédigé sous forme d’Acte d’Engagement définit un
déroulement strict des prestations de l’architecte en termes de délai (le planning de l’opération étant
intégré au contrat) et de rémunération (répartition des honoraires par élément de mission, en fonction
du montant des travaux), propre au marché en question. L’architecte dispose donc d’une plus grande
visibilité pour la gestion du temps et l’administration économique de sa structure, en vue de sa mission
partielle ou complète.
Cette forme de contrat plus encadré permet à la fois de garantir à la maîtrise d’ouvrage les conditions
de réception de ses prestations (en définissant notamment des pénalités de retard et un seuil de
tolérance relatif au montant global des travaux) et de limiter les imprévus pour l’architecte au cours
de sa mission (l’acceptation tacite des documents de l’architecte par la MOA après un délai fixé au
4 Cf. Cahier des Clauses Générales, « G2.1 – PROGRAMME ET CONTRAINTES », p. 2/17 5 Cf. Cahier des Clauses Générales, « G5.1 – MODE DE REMUNERATION», p. 11/17 6 Cf. Cahier des Clauses Générales, « G6.1 – DROITS ET OBLIGATIONS DU MAITRE D’OUVRAGE», p. 13/17
35
contrat ; le pourcentage des honoraires versé à l’architecte en cas de rupture de contrat sur les
prestations non réalisées).
Cependant, une autre forme d’insécurité et de pression s’exerce sur les petites structures, contraintes
de se sacrifier pour pouvoir accéder à ce type de marché. En effet, la baisse des commandes publiques
constatée ces dernières années a amplifié la concurrence entre les petites agences tout en invitant les
structures de taille moyenne à concourir aux appels d’offres qu’elles n’auraient pas pris en
considération auparavant. La crise vécue par notre secteur d’activité laisse fréquemment paraître une
concurrence déloyale traduite par le dumping honoraire.
Dans l’acte d’engagement, la transparence relative aux honoraires de la maîtrise d’œuvre conduit
parfois au détail de ses honoraires par intervenant, par élément de mission et PAR HEURE en plus de
la répartition effectuée au sein de l’équipe de MOE. Or, ce découpage censé relier le travail produit à
la rémunération attribuée constitue‐t‐il une réalité ou un calcul dérisoire défini par le maître d’œuvre,
voulant s’assurer de l’acquisition du marché ?
« Depuis l’ordonnance du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence, les prix et les services doivent être librement déterminés par le jeu de la concurrence. C’est ainsi que l’UNFSA puis l’Ordre des architectes se sont vus dans l’obligation de ne plus publier de barèmes et de supprimer dans les clauses relatives à l’architecture, toute formule de détermination d’honoraires, toutes indications chiffrées (sauf celles concernant la complexité ou l’étendue de la mission).
Cette opacité de fait ne joue pas en la faveur du consommateur car faute d’information, il est conduit à choisir un service plus rudimentaire qu’il estime moins cher, alors que ce n’est généralement pas le cas. »7
Afin de préserver le déroulement décent de nos prestations, comment communiquer les outils de
référence relatifs à notre profession, d’une part respectant la loi MOP8 et d’autre part en réinstaurant
le barème de la MICQP, à une maîtrise d’ouvrage principalement soucieuse de la gestion des caisses
publiques, soient celles des communes, des subventions départementales ou régionales ?
Le devoir de conseil des marchés privés aux marchés publics
Répondant à des programmes précontraints par leur enveloppe budgétaire prévisionnelle, l’architecte
doit réussir à démontrer la satisfaction d’un résultat projeté par une argumentation technique, tout
en portant son devoir de conseil auprès de la maîtrise d’ouvrage afin de préserver la qualité
architecturale des projets.
Or, le secteur privé semble induire plus de concessions de la part du maître d’œuvre dans son travail
de conception, allant à l’encontre desdites qualités architecturales. Tandis que les constructions
7 Cf. Ordre des architectes, UNSFA, Syndicat de l’Architecture, 2004, Le livre blanc des architectes, p. 16 8 Loi n°85‐704 du 12 juillet 1985 relative à la Maîtrise d’Ouvrage Publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée. Malgré la
protection qu’elle apporte à la MOA et à la MOE, la loi MOP connaît de nombreux contournements dans sa mise en application ; elle est également menacée de suppression au cours de débats tel le débat Cobaty (mars 2015), voulant remettre en cause sa concordance avec la « révolution du BIM » et les nouveaux besoins engendrés, reconfigurant les missions de base. Cf. Lemoniteur.fr, Faut‐il dire « au revoir » à la loi MOP, article de Bénédicte Rallu publié le 13/03/2015.
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
36
dédiées aux établissements recevant du public (ERP) sont assaillies d’un trop‐plein de normes liées à
la fonctionnalité des espaces créés ainsi qu’à la sécurité des usagers, les libertés de composition
relatives aux logements privés font appel à la culture et au bon sens des commanditaires.
Les prescriptions de l’architecte sachant peuvent alors se heurter aux idées arrêtées d’un maître
d’ouvrage, mais ne s’opposeront en aucun cas à sa demande.
L’agence Aerostudio, parfois contrainte à l’exécution assidue des volontés privées, se protège au
moyen de comptes rendus détaillés à la suite de chaque réunion ; ces comptes rendus doivent être
acceptés par la maîtrise d’ouvrage avant de poursuivre le projet, permettant à l’architecte de se
préserver de toute insatisfaction de résultat qu’il n’aurait engendré.
Concernant le secteur public, l’élaboration des candidatures pour les appels d’offres m’a fait entrevoir
les inégalités existant à la fois au sein des équipes de maîtrise d’œuvre en termes de compétences,
capacité et références, ainsi qu’au sein des maîtrises d’ouvrage en matière de montage de projet.
Le choix de répondre à un marché implique une étude préalable du dossier de consultation des
entreprises fourni (DCE), afin de déterminer d’une part l’aptitude de l’agence à candidater en vue des
critères requis (capacités financières, moyens humains, compétences et références), et d’autre part la
faisabilité du marché proposé.
Ce dernier critère d’analyse correspond non seulement à la vérification de la cohérence entre le
programme et l’enveloppe provisionnelle lui étant attribuée, mais aussi à la viabilité économique de
l’agence dans le rapport temps/moyens requis/honoraires, lui permettant ou non de soumettre une
offre se rapprochant des attentes de la maîtrise d’ouvrage.
Les pièces du DCE sont généralement constituées comme suit :
le Règlement de Consultation ou l’AACP (Avis d’Appel à la Concurrence Publique)
l’Acte d’Engagement (pièce contractuelle du marché)
le Cahier des Clauses Administratives Particulières (CCAP) – lié implicitement au CCAG
Le cahier des Clauses Techniques Particulières – lié implicitement au CCTG
Le programme et les pièces annexes (plans, photos, études techniques préalables du site, etc.)
C’est à travers l’analyse de multiples DCE de marchés à procédure adaptée, inégaux dans leur
constitution, que j’ai compris en quoi le devoir de conseil de l’architecte devait intervenir dès l’analyse
des marchés auxquels l’agence souhaite candidater.
Aerostudio a pour habitude d’instaurer un premier échange avec la maîtrise d’ouvrage, la conduisant
parfois à repenser ses possibilités en termes de projet, voire à modifier son DCE afin de le rendre
accessible aux équipes souhaitant par exemple candidater sans BET, ou pour éviter l’invalidité du
marché suite aux incohérences détectées dans le DCE.
Cette attitude, propre à l’éthique de l’agence, révèle avant tout l’absence d’acteurs compétents du
côté de la maîtrise d’ouvrage (architecte, urbaniste ou AMO), dans la mesure où les marchés publics
s’établissent à l’initiative des communautés ou mairies dépourvues de sachant.
Il en résulte les nombreuses imprécisions du DCE (manque d’informations relatives au programme),
ses incohérences (nature du programme et planning imparti par rapport à la date de livraison idéale),
des erreurs dans ses pièces constitutives (incohérences dans l’Acte d’Engagement), voire l’ignorance
des réalités techniques et économiques relatives au projet souhaité.
37
De même, par mesure de précaution, la maîtrise d’ouvrage tend parfois à définir un niveau d’exigence
trop élevé quant à la composition de l’équipe de maîtrise d’œuvre et à ses références, par rapport au
niveau de complexité réel du projet. Cette tendance affecte tout d’abord la réalité économique des
petites agences d’architecture, qui doivent reconsidérer le partage des honoraires (au taux
relativement bas) au sein d’une équipe pluridisciplinaire ; de tels marchés, s’ils s’avèrent
économiquement oppressants pour les petites structures combatives, conduisent au découragement
progressif des autres.
Du point de vue de la faisabilité d’un projet, la réhabilitation moins coûteuse que la construction neuve
reste un préjugé récurrent du côté de la maîtrise d’ouvrage, tandis que l’enveloppe financière
attribuée au projet pourrait permettre la reconstruction d’un bâtiment pérenne, à la fois conforme
aux normes d'accessibilité et à la RT2012. Or, l’utilisation des subventions départementales et
communales entrant en compte dans l’historique d’une construction à réhabiliter peut empêcher sa
conception éclairée. C’est pourquoi l’intervention d’un sachant au sein de la maîtrise d’ouvrage reste
nécessaire à la vision prospective des projets à réaliser.
Cependant, la dimension politique du projet architectural (rapidité d’exécution du projet pour entrer
dans la période du mandat municipal, passation d’un marché public de gré à gré, et autres réalités
dénonciables) ne constitue pas toujours un terrain sur lequel peuvent s’inviter les architectes au nom
de leur profession, notamment issus de petites structures.
L’attitude proactive de l’agence, qui témoigne son intérêt pour le projet autrement que par l’offre
économiquement la plus avantageuse (traduit par le courant actuel de dumping honoraire), lui a valu
à trois reprises la seconde position aux concours ; la première place lui étant encore limitée par son
manque de références.
Je pense que cette posture, soit la revendication d’un savoir et d’une intégrité professionnelle en dépit
de la situation actuelle, reste la meilleure à adopter pour une évolution décente de notre profession,
à la fois fidèle au code de déontologie, et jouant en faveur de l’équipe portant le projet à sa réalisation :
maîtrise d’ouvrage + maîtrise d’œuvre.
« Il revient aux élus d’intégrer dans les décisions politiques les moyens d’une architecture de qualité et cela pour toutes les constructions et à toutes les échelles. C’est l’ensemble de notre dispositif réglementaire qui se doit d’être examiné et réformé si nécessaire, pour répondre à cette exigence. Il revient aussi aux élus de s’entourer des conseils et des compétences des architectes en instaurant le titre d’architecte dans la fonction publique territoriale et dans les structures de l’Etat.
Un maire, un architecte voilà aussi une proposition pour encourager les élus à faire un appel de façon régulière, à titre de conseil, à des architectes indépendants. »9
9 Cf. Ordre des architectes, UNSFA, Syndicat de l’Architecture, 2004, Le livre blanc des architectes, proposition 2, p. 15
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
38
Retour d’expérience
Le devenir de l’architecte indépendant et de la microstructure
Mon expérience chez Aerostudio m’a permis de me projeter en tant qu’architecte indépendante,
travaillant sur des projets de petite échelle et les maîtrisant sur l’ensemble de la phase de conception
(pièces graphiques, pièces écrites et économie du projet). Il m’a été essentiel de comprendre les
rouages d’un tel mode d’exercice pour orienter mon projet professionnel.
Si travailler à son propre compte semble revêtir l’avantage de pouvoir exprimer ses convictions
professionnelles au sein de sa propre agence, aux yeux de tout jeune architecte, je l’ai perçu comme
un choix personnel et une forme d’acceptation du marché de la part du gérant, impliquant peu de
prises de risques économiques pour sa structure.
Préférant se concentrer sur des marchés stables et adaptés aux prestations d’Aerostudio, l’architecte
ne consacre que peu de temps à la production non lucrative, ayant abandonné toute participation aux
concours sur esquisse depuis la création de sa structure.
Cette forme de production théorique est pourtant censée alimenter le corpus de références d’un
architecte au cours de sa carrière, et manifester ses ambitions architecturales jusqu’à les porter vers
quelques opportunités d’évolution… Elle induit également certaines prises de risques économiques,
propres à toute profession libérale.
Je ne souhaite pas réitérer ce type d’expérience en microstructure, ni m’orienter vers ce mode
d’exercice. Je pense qu’il contribue à l’isolement des architectes dans leur activité au détriment de la
cohésion d’un corps professionnel, ouvrant aux groupes de constructeurs, dont les alliances et offres
sont plus solides, les perspectives d’établir les scénarios les plus rentables quant au développement
de la ville.
Réflexions sur la place de l’Architecte-maître d’œuvre en France
Dans le cas du Salvador ou du Nicaragua, si le manque de culture de la maîtrise d’ouvrage a su instaurer
des rapports de confiance permettant à chaque acteur du projet de trouver sa place, il engendre en
France la multitude de concessions analysées au cours de ce chapitre de la part des maîtres d’œuvres,
notamment dans le secteur public.
Les compétences généralistes d’un architecte, se résumant par une prise en compte de l’intégralité
des facteurs du projet, impliquent sa capacité à communiquer avec les autres corps de métier pour
orchestrer les opérations, tout en justifiant la pérennité de cette profession‐clé.
Elles nécessitent un savoir qui s’acquiert par accumulation d’expériences dans le domaine de
l’édification.
Or, les difficultés d’accès à la commande publique que connaissent les agences d’architecture,
particulièrement les jeunes structures, s’enrayent par leur manque de références, voire s’accentuent
face aux exigences de spécialisation de la part des Mairies, exigences parfois requises pour des
programmes peu complexes…
II.III
39
Au cours de ma MSP chez Aerostudio, les alliances que j’ai dû créer avec de nouveaux BET (BET TCE,
environnement, acoustique, cuisiniste) en vue de consolider des candidatures communes pour
répondre aux MAPA, m’ont conduite à une première réflexion autour des compétences d’une équipe
de maîtrise d’œuvre.
Je pense que la formation à l’habilitation à la maîtrise d’œuvre doit tout d’abord émanciper le regard
de l’architecte salarié vers la défense d’une profession libérale, puis le rendre capable de concevoir
d’autres schémas autour des processus d’édification.
Dans la continuité de cette réflexion, pour correspondre aux évolutions
législatives relatives à l’exercice de la maîtrise d’œuvre en France, la
reconfiguration des agences d’architecture permettrait‐elle à l’architecte
d’exprimer l’importance de son rôle, au sein d’une équipe pluridisciplinaire ?
Transition vers les recherches relatives à mon évolution professionnelle
Après l’analyse de mes deux expériences, je souhaite désormais poursuivre mon exploration de
l’évasion architecturale dans le sens de l’export d’architecture française à l’étranger, sous une
perspective de reconquête de la profession et dans l’hypothèse qu’elle constitue un marché porteur
pour les jeunes architectes.
En quoi l’exercice de la maîtrise d’œuvre à l’international permet‐il à l’architecte
de valoriser sa profession, voire d’en reprendre possession?
Au croisement de mes centres d’intérêts et de mes aspirations, je me suis intéressée au parcours
d’autres agences et architectes aux profils distincts, en menant une enquête autour d’objectifs
préalablement définis :
Comment envisager la gestion de projets à distance, de la conception à la réalisation ?
De quelle manière s’établissent les équipes de MOE mixtes, françaises et étrangères ?
Quels sont les acteurs impliqués et les relations entretenues au sein des équipes (maîtrise
d’ouvrage privée ou publique, présence d’associations, AMO, etc. ?) ?
L’opportunité de construire à l’étranger constitue-t-elle le propulseur d’une carrière ou le
résultat d’un parcours expérimenté ?
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
40
III. ESQUISSE DU PROJET PROFESSIONNEL
Comprendre des modèles de développement professionnel, à la rencontre des confrères
F8 Architecture – une association pluridisciplinaire propulsée par l’AFEX
F8 architecture, ou « fate » (sort, destin) est une agence
parisienne fondée en février 2011 à l’initiative de deux
architectes, une architecte‐paysagiste et un ingénieur‐travaux.
Sa structure pluridisciplinaire, riche des parcours de son équipe,
lui permet d’intervenir dans les domaines de l’architecture,
l’urbanisme et le paysage. En se voulant à l’écoute de
l’ensemble des parties prenantes présentes sur chaque projet,
ses activités sont partagées entre l’exercice de la maîtrise
d’œuvre et l’assistance à la maîtrise d’ouvrage (AMO).
Je me suis intéressée à cette jeune structure pour sa
configuration et le profil de ses associés, ne prétendant pas à
une spécialisation mais tirant partie de leur alliance pour ouvrir
leurs réflexions autour de programmes et d’échelles variées.
Parmi les diverses références qu’elle compte en tant que
maîtrise d’œuvre, allant de la scénographie de jardins publics en
Italie à d’importantes opérations immobilières à Paris,
III.I
Figure 25 ‐ Equipe F8 Architecture
Figure 26 ‐ Construction de 96 logements àAubervilliers, chantier en cours
41
l’Orphelinat Falatow Jigiyaso qu’elle a réalisé et livré au Mali en
décembre 2012 a particulièrement retenu mon attention.
L’entrevue qui m’a été accordée par l’agence m’a permis de
comprendre de quelle manière F8 a pu se dédier à la dimension
humaniste et humanitaire de l’architecture par l’intermédiaire
de ce projet, qui peut sembler marginal pour de jeunes
professionnels en début de carrière.
C’est au cours du séminaire « Villes africaines », organisé en
2009 par l’association malienne des Jeunes de la ville de
Fresnes, que l’architecte Nicolas Deloume a effectué son
premier voyage au Mali, à la sortie d’un diplôme de Technicien
conducteur de travaux Eyrolles à l’ESTP et entrant en formation
HMONP.
Ce séjour lui a permis de se constituer un premier réseau avec
la ville de Fresnes ainsi que des contacts sur place, le sollicitant
quelques mois plus tard pour son expertise concernant un
programme d’orphelinat à Dialakoroba (Mali), initialement
établi par un architecte local.
Suite à l’accumulation de difficultés pour l’établissement du
programme avec le maître d’œuvre désigné, la Maison des
Orphelins Falatow Jigiyaso (maîtrise d’ouvrage) ainsi que la
maîtrise d’ouvrage déléguée représentée par les associations
SEMAF et AMSCID (Association Malienne de Solidarité et de
Coopération Internationale pour le Développement – Fresnes) a
décidé d’interrompre le contrat local afin d’attribuer le projet
d’orphelinat à Nicolas Deloume.
L’architecte DE, à ce moment étudiant inscrit pour son
habilitation à la maîtrise d’œuvre, a proposé à ses trois associés
actuels de joindre leurs compétences pour porter le projet à sa
réalisation, dans le cadre d’un travail bénévole.
Ainsi, leur première visite de site début 2010 a eu pour objectif
la validation du programme avec la MOA et le dessin des
premières esquisses, avant de poursuivre la phase conception
en France, en contact régulier avec l’AMO local.10
Coïncidant avec l’obtention du diplôme d’architecte HMONP
permettant son inscription à l’Ordre français et malien, Nicolas
Deloume et son équipe ont décidé de fonder la SARL F8 afin de
détenir la propriété intellectuelle de l’Orphelinat Falatow
Jigiyaso.
10 Il s’agit d’une Assistance à la Maîtrise d’Ouvrage pour les collectivités représentée par une association malienne, composée d’experts du
territoire, notamment d’ingénieurs et de juristes.
Figure 27 ‐ Orphelinat Falatow Jigiyaso, 2012
Figure 28 ‐ Orphelinat, vue d'ensemble
Figure 29 ‐ Orphelinat, vue cour intérieure (1)
Figure 30 ‐ Orphelinat, vue cour intérieure (2)
Figure 31 ‐ Orphelinat, vue cour intérieure (3)
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
42
L’agence a cependant dû s’allier à un architecte co‐traitant local
par anticipation du suivi de chantier et pour la signature du
permis de construire, impliquant son deuxième séjour au Mali.
La réalisation de l’orphelinat a fait l’objet de quatre
déplacements supplémentaires, notamment lors de la passation
du marché à une entreprise générale (suite au lancement de la
consultation des entreprises facilitée par l’AMO), pour le
démarrage du chantier, à la fin du gros œuvre, enfin pour
l’inauguration de la construction livrée à la fin de l’année 2012,
en présence des élus locaux et des habitants.
Cette opération entièrement bénévole (hormis les frais de
déplacement à la charge de la MOA) s’est étalée sur une période
de deux ans et aura constitué une expérience concluante pour
l’équipe F8. Malgré un suivi de chantier « à distance », elle a pu
obtenir des détails techniques et esthétiques soignés grâce au
travail d’une entreprise locale investie, tout en répondant avec
pertinence aux attentes locales. Quant au devenir de la
construction, il n’existe actuellement pas de structure juridique
malienne concernant les responsabilités de l’architecte,
contrairement aux responsabilités biennale et décennale
instituées en France.
Ayant attisé un grand intérêt médiatique, les nombreuses
publications sur l’Orphelinat Falatow Jigiyaso ont su donner
une impulsion au démarrage de l’agence, se voyant également
remettre le grand prix de l’AFEX11 2014 avec sa toute première
référence construite.
De-So Architecture – architecture à l’export & expérience à l’appui
Fondée en 2000 par trois associés et comptant aujourd’hui une
dizaine de collaborateurs, l’agence DE‐SO est implantée à Paris
et à Avignon. Après avoir été lauréats en 2004 des Albums de la
Jeune Architecture et de trois concours Europan, l’agence
obtient également le Prix National de la Construction Bois CNDB
en 2013 pour le bâtiment « La Boiserie » à Mazan (84). Depuis
quinze ans, DE‐SO réalise principalement des équipements
publics, culturels et scolaires, des opérations de logements et
des projets urbains, en valorisant les différentes échelles du
territoire et en portant une attention particulière au lieu et au
paysage.
11 L’AFEX, association des Architectes Français à l’Export, a été créée en 1996. Destinée à promouvoir le savoir‐faire des architectes
français dans le monde, elle est aujourd’hui composée d’une centaine d’architectes et présidée par François Roux (Atelier2/3/4).
Figure 32 ‐ Orphelinat, vue chambre
Figure 33 – Orphelinat, vue toiture (1)
Figure 34 ‐ Orphelinat, vue toiture (2)
Figure 35 ‐ "La Boiserie", Mazan, livrée en 2013
43
Olivier Souquet, co‐fondateur de l’agence et dont l’épouse est
d’origine vietnamienne, « quitte régulièrement les bords de
Seine et du Rhône pour se rendre dans le Delta du Mekong »12.
En parallèle d’une activité florissante en France, il a incité
l’agence à faire ses premiers pas au Vietnam en 2008, en
participant à un concours pour l’aménagement de la place de
Thu Thiem, futur quartier mixte d’Hô Chi Minh, lancé par le
comité populaire de la ville. En remportant ce projet
d’aménagement d’une place de 30 hectares ayant pour vocation
de devenir la nouvelle vitrine de la capitale économique du pays,
l’agence se fait connaître et dès lors inviter aux concours. Elle
poursuit ainsi ses réponses aux appels d’offres, dont elle est
pour les trois‐quarts lauréate.
L’intérêt commun que je partage avec DE‐SO pour le Vietnam
m’a conduite à la rencontre de l’associé Olivier Souquet,
m’interrogeant sur les libertés d’exercice des agences françaises
dans un pays aux politiques aussi strictes que corrompues. Par
ailleurs, j’ai souhaité cibler l’entretien autour du projet de la Cité
de l’Architecture et de l’Urbanisme à Hô Chi Minh, actuellement
seul projet ayant atteint le stade du chantier tandis que les
autres concours sont restés au stade de l’image de synthèse…
Le déroulement de l’entretien a tout d’abord su démystifier les
nombreuses références non réalisées de l’agence, concernant
les concours remportés au Vietnam.
Le pays a instauré depuis plusieurs décennies une relation de
dépendance vis‐à‐vis des agences d’architecture étrangères,
notamment françaises ; elles lui apportent une vision
prospective appréciée, la planification urbaine semblant
échapper aux compétences locales.
Les concours publics internationaux lancés par les comités
populaires vietnamiens incitent généralement la compétition
des architectes européens entre eux. Ils sont à la fois contrôlés
par la société pluridisciplinaire américaine Sasaki (architecture,
urbanisme, paysage) présente dans les jurys, et contre‐
expertisés par le PADDI, centre de prospective et d’études
urbaines lyonnais travaillant sur le développement du territoire
vietnamien.
Or, l’initiative de ces concours n’implique pas
systématiquement l’existence d’un budget alloué pour leur
exécution ; il s’agit plus de concours à idées visant à mettre en
image les villes vietnamiennes du futur, dans l’optique de
solliciter le soutien financier de l’ODA (commissions d’aides
12 Cf. « Des architectes français à l’assaut du Vietnam », article en ligne du Moniteur publié le 12/05/2014 par John Sapporo.
Figure 36 ‐ Concours "Place de Thu Thiem", lauréats 2009
Figure 37 ‐ Concours "Aménagement urbain de Can Duoc", 2013
Figure 38 ‐ Concours "Université de Van Lang"HCMV, lauréats 2013
Figure 39 ‐ Insertion de deux cafés devant la Poste Centrale à HCMV, commande privée, 2014
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
44
internationales) et de l’ADB (banque asiatique de
développement).
Ces absences d’enveloppes budgétaires expliquent la mise en
suspens des projets de DE‐SO, tels que la Place de Thu Thiem
remportée en 2009, ou l’Université de Van Lang dont ils ont été
lauréats en 2013, qui a été interrompue à la phase de
conception.
De son côté, la Cité de l’Architecture et de l’Urbanisme d’Hô Chi
Minh a constitué le projet le plus abouti de l’agence ; elle a
également révélé les obstacles politiques et économiques
rencontrés pour tout projet de nouvelle construction au
Vietnam, ainsi qu’un exercice de la maîtrise d’œuvre distinct des
pratiques françaises. Similaire au modèle chinois, le contrat de
maîtrise d’œuvre est scindé en deux : l’équipe de MOE
(architectes et BET) détient un contrat comprenant l’ensemble
de la phase étude, mais ne pourra en aucun cas signer le contrat
de management correspondant à la phase travaux, qui revient
aux entreprises générales les moins coûteuses, locales ou
coréennes.
Par ailleurs, l’agence a rapidement été contrainte de produire à
perte, du fait d’un pourcentage honoraire initialement bas
appliqué à de faibles coûts de travaux, ces coûts étant
proportionnels au niveau de vie local.
Au‐delà des économies réalisées sur la phase étude et la phase
travaux, le comité populaire prélève également ce que les
expatriés désignent entre eux les « frais de café ». Il s’agit d’une
taxe illégale comprise entre 15 et 20% du montant des
honoraires que l’équipe de MOE doit déverser au comité, afin
de s’assurer d’être rémunérée pour sa mission…
Il existe aujourd’hui une dizaine d’agences françaises
implantées au Vietnam, bénéficiant de leur notoriété française
et d’une main d’œuvre peu coûteuse, et trouvant un
épanouissement économique en exerçant leur activité sur place
et à l’international. Le groupe AREP, méga structure composée
d’équipes pluridisciplinaires (ingénieurs, architectes et
urbanistes) reste la plus cotée pour sa spécialisation dans la
conception d’infrastructures qui répond aux besoins premiers
du pays.
L’agence DESO a misé sur un développement inverse : malgré
l’absence de visibilité sur les concours remportés au Vietnam,
dont la rentabilité économique peut être remise en question,
son accumulation de références concernant des programmes
importants (édifices culturels et éducatifs, centres hospitaliers,
opérations de logements, etc.) lui a permis de se présenter sur
la scène architecturale française pour des concours auxquels
Figure 40 ‐ Concours "Cité de l'Architecture et del'Urbanisme", HCMV, lauréats 2013
Figure 41 ‐ "Cité de l'Architecture et de l'Urbanisme", démarrage du chantier avril 2015
45
elle n’aurait jamais eu accès auparavant. Les « investissements
à perte » au Vietnam auront finalement conduit l’agence à
acquérir les moyens humains, matériels et compétences
suffisants, dont résultent ses opportunités de projet en France.
Cantonnée sur ses ambitions initiales, sa stratégie repose
désormais sur son installation permanente au Vietnam : un
nouveau bureau a été inauguré en mars 2015 à Hô Chi Minh,
dirigé par un salarié de l’agence parisienne travaillant pour
DESO depuis 2006, d’origine vietnamienne.
Guita Maleki, parcours d’une collaboratrice libérale
Guita Maleki a été diplômée Architecte DPLG en 1989, à l’école
d’architecture de Paris Villemin. Suite à un projet de diplôme
remarqué et publié dans le cadre du Concours pour la Nouvelle
Bibliothèque d’Alexandrie, elle a collaboré durant de
nombreuses années avec des « starchitectes » tels que
Massimiliano Fuksas, Jean Nouvel et Rem Koolhaas. Ses
premières expériences en tant qu’architecte salariée lui ont
apporté les compétences nécessaires ainsi que la confiance des
agences renommées pour évoluer ensuite vers le statut
d’architecte libérale, en s’octroyant la responsabilité de projets
prestigieux aux côtés d’architectes talentueux.
En parallèle de son activité en agence (missionnée par projet),
elle participe régulièrement aux concours d’idées tels que
l’Europan, continuant à se faire remarquer dans ce cadre. Son
implication de plus en plus intense dans les concours et les
partenariats public‐privé d’équipements (collège, commissariat,
bâtiments hospitaliers et gériatriques) en partenariat avec des
agences réputées telles que Ameller & Dubois Associés, réalisés
dans une démarche HQE et dont certains projets lauréats sont
en cours de réalisation aujourd’hui, l’a conduite à une grande
stabilité dans l’exercice de sa profession, aboutissant en 2010 à
la création de l’agence d’architecture Guita Maleki.
Avec un développement se distinguant des deux structures
présentées précédemment, elle a également pu expérimenter
l’architecture à l’étranger suivant les opportunités de projet qui
lui ont été offertes : aux Caraïbes, à Berlin, à Londres, et à Rabat
en partenariat avec Adil Lahlou (architecte local), dont le projet
de Centre de recherche de la société Microelectronics a été
inauguré en 2006 par le roi du Maroc Mohammed VI.
Mon entretien avec Guita Maleki m’a principalement permis de
comprendre le modèle de développement d’une architecte
Figure 42 ‐ Conservatoire de Melun, livré en 2014
Figure 43 ‐ Extension de la Faculté de Droit àLimoges, projet développé au Studio Fuksas, 1997
Figure 44 ‐ Restructuration et extension du Palaisde Justice de Bobigny, pour l’agence Ameller &
Dubois Associés, 2012
Figure 45 – EHPAD « Les Abondances » à Boulogne Billancourt, pour l’agence Ameller &
Dubois Associés, livré en 2012
Figure 46 – Centre de recherches de la sociétéMicroelectronics à Rabat, en collaboration avec
l’architecte Adil Lahlou, livré en 2006
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
46
libérale, pour qui l’association, le partenariat et le travail
d’équipe sont au fondement du succès de tout projet.
Elle accroit son champ de connaissances en se faisant
« mentoriser » par des professionnels plus expérimentés,
accédant ainsi à des projets de grande ampleur et voyageant
parmi les différents programmes et échelles architecturales.
Cette stratégie lui assure la viabilité de sa structure, maintenue
par des missions extérieures ponctuelles, tout en lui permettant
de s’adonner à une architecture propre à l’agence Guita Maleki,
dont le projet d’habitat participatif « Big Bang Participatif » situé
à Vitry‐sur‐Seine constitue l’exemple le plus récent.
Evoluer vers un mode d’exercice adapté
La place de l’architecte contemporain et les stratégies d’association
La création d’une agence d’architecture symbolise‐t‐elle la consécration de l’architecte contemporain
au sein de la société ?
Parmi les trois modèles étudiés, on constate que l’architecture à l’export a constitué l’opportunité pour
une jeune structure telle F8 de démarrer ses activités en France, ainsi qu’un tournant dans le parcours
de DESO, lui donnant accès aux commandes publiques françaises.
Tel un tremplin, ces deux agences ont su faire valoir leurs compétences à l’étranger pour témoigner
de leur capacité à édifier en France. Ces projets à l’export restent cependant ponctuels ; malgré la
viabilité de leur structure, elles connaissent un ralentissement de leurs activités, n’échappant pas à la
situation de crise actuelle.
En ces temps peu propices aux architectes et aux agences d’architecture, où le secteur public tend à
libérer la concurrence en ouvrant le champ des décisions aux entreprises privées et en répartissant la
mission de base de l’architecte entre les BET et les constructeurs, la configuration d’une agence
d’architecture classique est‐elle devenue obsolète ?
La rencontre de Guita Maleki m’a permis d’entrevoir une autre dimension de la stratégie d’association :
en considérant le projet d’architecture comme une finalité, l’architecte s’intègre à une équipe en tant
que chef de projet au sein d’une agence, d’un collectif d’habitants, d’une association ou d’un
partenariat en co‐traitance.
Elle conserve ainsi sa mission de base, maîtrisant le projet de l’esquisse à sa livraison (pour certains
projets privés, son rôle de maître d’œuvre peut se voir franchir les fonctions d’un AMO) et développe
ses compétences autour d’une profession généraliste.
C’est dans cet esprit que je souhaite évoluer dans le milieu professionnel, soit en ciblant les
compétences à acquérir ou à renforcer en vue d’atteindre un projet personnel à long terme,
agrémenté des opportunités qui s’ouvriront à mon parcours.
III.II
Figure 47 – Opération de logements participatifsà Vitry‐sur‐Seine, commande privée, phase
étude en cours
47
Objectifs à court terme et long terme
Consolider des connaissances autour d’une vision généraliste de la profession
Ne comptant pas me spécialiser dans l’une des ramifications proposées par le vaste domaine qu’est
l’architecture (scénographie, urbanisme, patrimoine, environnement ou autre), je souhaite travailler
sur diverses échelles de projet au sein d’équipes pluridisciplinaires, en intégrant une agence de taille
moyenne voire une grande structure.
Je pense qu’il est opportun de cumuler quelques expériences en tant qu’architecte salariée, afin de
continuer à observer le fonctionnement d’agences, de maîtriser les différents processus de projet tout
en s’assurant une stabilité économique en début de carrière. Par la suite, une évolution du statut sera
possible avec l’inscription à l’Ordre des architectes, le statut d’architecte libéral facilitant également
une transition entre l’exercice en agence et le travail à son propre compte.
D’autre part, n’ayant pas eu accès à une expérience de chantier durant ma mise en situation
professionnelle, je souhaite tout d’abord acquérir les compétences nécessaires à la mission de l’OPC.
Pourvoir ce poste spécifique en agence d’architecture, au sein d’un BET ou d’un constructeur sur une
période courte me permettra in fine d’acquérir des connaissances sur le chantier. Bien que dissociées
de la phase de conception, elles restent ancrées dans mes ambitions relatives à la maîtrise d’œuvre.
S’investir dans la production de concours d’idées
Certes, la dimension d’autofinancement de la culture peut être controversée dans le système des
concours d’idées, induisant des frais de participation parfois exorbitants et généralement destinés à
alimenter la cagnotte des trois premiers lauréats.
Rappelons cependant que ces concours font écho à la réalité des concours publics, le coût de
production non lucrative de l’agence remplaçant dans ce cas les frais de participation.
Ils permettent avant tout aux architectes de rester compétitifs tout en continuant à faire germer de
nouveaux projets.
Parallèlement à une activité de salarié, je pense qu’il est nécessaire à tout jeune architecte de s’investir
dans la participation aux concours, notamment ceux dédiés aux jeunes diplômés.
Par l’intermédiaire de concours d’idées impliquant des équipes pluridisciplinaires (ingénieurs,
architectes, urbanistes, paysagistes, sociologues, voire médecins, etc.) je souhaite travailler en équipe
avec de jeunes professionnels motivés afin de tester les possibilités d’association, en vue de monter
une équipe de maîtrise d’œuvre composée de divers corps de métier.
Relier le travail bénévole au projet professionnel
Après mon retour en France en mai 2014, j’ai suivi ponctuellement les projets des bénévoles de
l’association Apoyo Urbano, stagiaires et jeunes diplômés missionnés en Amérique Centrale, afin de
les orienter dans les phases de conception architecturale. Je désire conserver une place de membre
actif au sein de l’association dans l’optique de l’aider à améliorer son modèle et à concrétiser des
projets pour lesquels je porte une conviction personnelle.
Cette ONG reste entièrement gérée par l’urbaniste salvadorienne Silvia Rosales Montano, en parallèle
des activités de son agence à Lyon. L’observation de sa gestion des deux structures ainsi que l’étude
des procédés de son association en interne me permettront, in fine, de développer mes propres projets
visant à améliorer l’habitat au Vietnam, pays auquel je reste intimement liée.
LA PLACE DE L’ARCHITECTE CONTEMPORAIN EN FRANCE ET A L’ETRANGER ANALYSE D’UN ROLE INTERNATIONAL AUTOUR DES DIFFERENTS PROCESSUS DE PROJET
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CONCLUSION
De l’importation de la ville moderne du Corbusier à Chandigarh dans les années 1950 aux interventions
des Architectes de l’urgence à Haïti ou au Népal, le rôle international de l’architecte s’exprime
par l’exploitation des ressources locales visant à l’amélioration de l’environnement habité, tout en
accompagnant les populations dans leur quête d’identité architecturale.
Cette mouvance est encouragée en France par des associations telles l’AFEX (Architectes Français à
l’Export) ou le CIAF (Conseil International des Architectes Français), et consolidée par l’UIA, Union
Internationale des Architectes, ayant pour vocation d’unir les architectes de tous les pays du monde. L’UIA rassemble aujourd'hui les organisations professionnelles de 124 pays et territoires,
regroupant au total plus d’un million trois cent mille architectes dans le monde.
Or, la dimension accessible que reflète l’exercice de la maîtrise d’œuvre à l’étranger en comparaison
aux cadres administratif et législatif français peut être nuancée pour les architectes : cette accessibilité
reste relative à l’échelle des territoires et des projets, voire spécifique aux régions dépourvues de telles
compétences professionnelles.
D’un autre côté, le phénomène de mondialisation favorise le lobbying des constructeurs, qui s’attribuent la plupart des marchés d’enjeux politiques et économiques des capitales en plein essor,
proposant des solutions d’ingénierie et de nouvelles technologies rentables, allant à l’encontre de
toute vision prospective de l’environnement bâti.
En vue de s’aligner à la croissance accélérée des méthodes constructives, la mise en place de
regroupements pluridisciplinaires par les architectes leur redonnerait l’orchestration de chaque corps
de métier dans le processus du projet, visant essentiellement à anticiper le devenir des villes
et des constructions à l’encontre de ces monopoles, en France comme à l’étranger.
Ainsi, l’habilitation à la maîtrise d’œuvre me permettra d’exprimer une vision personnelle de la place
de l’architecte contemporain à travers l’exercice de la profession, en me positionnant tout
d’abord contre le phénomène d’isolement des architectes, et restant dans
l’optique de découvrir au fil des expériences quelle forme de structure
pluridisciplinaire je souhaite initier.
49
REFERENCES
Ouvrages
Ordre des architectes, UNSFA, Syndicat de l’Architecture, 2004, Le livre blanc des architectes, 58p.
RINGON (Gérard), 1997, Paris, Histoire du métier d’architecte en France, éd. PUF, col. Que sais‐je,
127p.
García Ramírez, W. (2012), dir. Universidad Católica de Colombia Bogotá, Arquitectura participativa:
las formas de lo esencial, revue d’architecture, vol. 14, 2012, pp. 4‐11. Entretiens
[28‐05‐2015] F8 ARCHITECTURE, Nicolas Deloume – Architecte HMONP [10‐06‐2015] GUITA MALEKI ARCHITECTE, Guita Maleki – Architecte DPLG [17‐06‐2015] DE‐SO ARCHITECTES, Olivier Souquet – Architecte DPLG
Articles en ligne
« Architectes français à l’export, L’AFEX autant que faire se peut ? » publié le 06/02/2013 par Annabelle
Hagmann http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_4134
« Ces architectes français qui percent à l’étranger », publié le 21/11/2013 par Catherine Sabbah http://www.lesechos.fr/21/11/2013/LesEchos/21568-051-ECH_ces-architectes-francais-qui-percent-a-l-etranger.htm
« Pourquoi nos architectes triomphent à l’étranger ? », publié le 10/10/2014 par Eric Jansen http://www.lesechos.fr/week-end/styles/0203830088922-pourquoi-nos-architectes-triomphent-a-letranger-1052152.php
« Des architectes français à l’assaut du Vietnam », publié le 12/05/2014 par John Sapporo http://www.lemoniteur.fr/article/des-architectes-francais-a-l-assaut-du-vietnam-1-3-24447192
« Epopée des projets d’architecture à l’export (2/4) : orphelinat au Mali », publié le 13/08/2014 par
Raphaëlle Saint Pierre http://www.lemoniteur.fr/article/epopee-des-projets-d-architecture-a-l-export-2-4-orphelinat-au-mali-25185290
Sites internet consultés
http://www.architectes.org/ http://www.apoyourbano.org/
http://www8.archi.fr/AFEX/
http://www.uia.archi/
http://www.ciaf.fr/
http://www.archi‐urgent.com/
http://www.asffrance.org/
http://www.archidev.org/
http://bigbangparticipatif.fr/