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1
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entre
e
Recherche
7
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^
UNIVERSITE
PARIS VIII
^
^
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MEDIEVALES
Revuesemestrielle
ubliée
avec le concoursdu Centre e Recherche e
l'Université
e
Paris
VIII.
COMITE
DE REDACTION
^
| ^
François-Jérôme
EAUSSART
JVi
H
I :
a¿-_
-
£
Bernard
ERQUIGLINI
ŽĒšNļt ¡I
Q
itāļi
Orlandode RUDDER ļļgjV jļ JIm^Ë
F
rançois
J
AQUESSON
mot*
M
|n^ļļļ^^^^g
DIRECTEUR
DE PUBLICATION
Orlando
de RUDDER
Le ontenuesrticlesubliésara evue'engageueeursuteurs.
Le uméro
particuliers
30,00Biblio.,
nstituts
40,00
.
Abonnements2numéros
particuliers
50,00,
ibl.nstituts70.00
Les
èglements
ibellés'ordre
e
'agent
omptable
e 'Université
e
Paris
III
Publication
ed..CP
13745
Parisontadresser
MEDIEVALES
Centre
e echerche
niversité
arisID
2,
medeiaiberté
3S26aint-Denis
edex2.
Lesmanuscrits,actylographiésux ormesabituelles,oiventtre
envoyés
Orlandoe UDDER
13.
assage
atbois
75012aris
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SOMMAIRE
Page
EDITORIAL
i
BELE
AIGL ENTINE
:
narration
t
déologie
ans
es
chansonsde toile
François-
érôme eaussart
.
.
.
i»
LE
DESORDRE
ET LA
STRUCTURE
:
Syllabation
médiévale
François
Jacquesson
<s
MASS MEDIA ET MOYEN AGE :
à
propos
du
film
«Excalibur»
François-Jérôme
eaussart
U
La version
de
LA VIE
DE
SAINTE
MARIE
L'EGYPTIENNE
Mise en
prose
et catéchèse
Orlandode
Rudder
W
L'ARCHITECTE,
L'EQUERRE
ET LA
GEOMETRIE
INSTRUMENTALE AU MOYEN AGE :
Analyse
u
plan
de la
Cathédrale
e Reims
Léonard
Legendre
t
Jean-Michel Veillerot
4K
UNITES
DE
COMPTE
ET
ESPECES
MONNAYEES AU MOYEN AGE
Lucien G llard
K
LES NOTATIONS
MUSICALES
AU MOYEN
AGE
Annie
Dennery
Edition e texte
DE L'ENFANT
QUI
FU REMIS AU SOLEIL
Orlando
de
Rudder
MM
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EDITORIAL
1faut avouerqu'il se passe quelque chose ďétrange. Nous
assistons
'une
part
à un
renouveau
des études
médiévales
des
travaux
nouveaux,
plus compréhensifs,
es éditions
plus
abordables,
une
popularité,
emble-t-il
roissante.D'autre
part,
ne curieuse
tagnation,
ommeun obstacle
ntre
es initiatives e
la recherche
t ce
qui
demeure
a
vérité
ratique
du savoir
ce
que
«
es
gens» pensent,
ce
que
la connaissance
ordinaire
retient,
ou en
l'occurencene retient
as
;
enfin,
'irritant
ontraste ntre
es idées
reçues,
es
préjugés,
es
projectionsdéologiques
dont e
moyen ge
est
encore
fréquemment
'objet,
et
tout
'effort
emarquable
dont
l
est le
seul
sujet,
notre
apport
modulé
lui,
'enjeu
épistémologique.
Que
se
passe-t-il
Le
Moyen
Age
est-il
i
lointain,
i
différent,
i
distant,
qu'il
soit finalement
naccessible?
Autant dire
oui,
d'une
certaine
açon.
Une
multitude
e
ruptures
dont
'organisation
même
est
passionnante
nous
séparent
de lui.
Plus nous
l'observons,
lus
nous devons
onstater
'ampleur
de la
différence,
oins
d'ailleurs
dans
le détaildescoutumes ui sont uelquefois, neparune,venuesusqu'à
nous,
que
dans
l'ordination
omplexe
de l'ensemble.
Et de nouveau
ci
la
question
rebondit cette distance radicale
nous
impose-t-elle
e
percevoir
e
Moyen Age
comme
un
système,
un
monde
clos,
3
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recomposable,
eut-être,
mais au
fond nintéressant bien défini n
effet,
aisfini
Ce seraitcroire
ue
rien
n'intervient
e
nous dans ce
que
nous
pensons,
inon
l'objet
de nos
pensées
: la
vérité
du
Moyen
Age,
ne
fut-elle
bordable
que par
une
systématique
tructurale,
'élaboration
de
schémas,
e
pourrait
tre
ue
le
déroulement
n ui de
notre érité n
train
de
se faire.
Si une
définition
u
Moyen Age
comme de
notre
rapport
lui est
impossible
priori,
lors,
'écartement
ù
on
le
tient,
cette
distance
où
il
se
place
devient
n
sujet
essentiel
de la réflexion
contemporaine.
Le
MoyenAge
estainsidevenu, omme e montrent'ailleursde
belles
publications
récentes,
n
horizon
paradoxal.
Il
est
en
même
temps
nabordable
et
nous-mêmes,
la
fois
'Europe
et
la Nouvelle
Guinée.
Ce
détour
n
lui
de
nous-même
rend
toute
sa
force
i
nous
avouons
que
l'édifice
conceptuel
rêvé
par
la
Renaissance
est
devenu
chancelant
le
latin
n'est
plus
qu'une
langue
rare,
e
grec
ancien,
un
exotisme,
'hébreu
presque
un
défi
partisan.
Complémentairement,
l'entreprise
olonialiste
morcée
au
XVe
siècle
change
de
forme,
e
dialogue entre les continentscherche aujourd'hui une nouvelle
souplesse.
Aussi,
cet
«
Age
Moyen
devient-il
e
lieu
exemplaire
une
reflexion
ur
nos
sociétés
t
eur
diversité.
Les
revues
raditionnellement
évolues
à
l'étude
du
Moyen
Age
semblent
avoir
suivi
le
curieux
parcours
du
terme
«philologie».
Caractérisant,
l
y
a
un
siècle,
a
curiosité
cientifique
l'intérieur
u
monde ittéraire,e mot,peu à peu, n'a plus désignéque l'étudedes
faits
de
langue.
Aussi,
e
champ
reste-t-il
ibre,
ujourd'hui,
our
une
perspective
élargie.
Déplorant
que
les
etudes
non
strictement
linguistiques
e
soient
vu
renvoyées
ers
d'autres
lieux
d'expression,
MEDIEVALES
se
propose
de
rassembler
es
interrogations
iverses
que
suscite
e
Moyen
Age.
Le
public
ne
s'en
trouverait-il
as
élargi,
ui
aussi?
MEDIEVALES
ne
vient
pas
maintenant
roposer
une
nouvelle
vérité
une
vision
moderne»
u
Moyen
Age
ne
peut
être
que
plurielle
et
nous
pensons
u'une
revue
st,
par
sa
spécificité,
n
moyen
rivilégié
de
rassembler
es
études
rop
ouvent
ispersées,
'échanger
es
points
4
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de
vue,
d'offrir
ne
tribune
oujours
lus
vaste
des
questions
dont
on
perçoit
e mieux n
mieux
la fois a
singularité
t a
présence.
Nos
pages
serontdonc ouvertes ux travaux es
plus
variéset la
tonalité
doptée
dès
ce
premier
uméro
ente
e refléter
ettediversité.
Nous
désirons
ue
la
notionde
pluridisciplinarité
omniprésente
dans bien
des
discours,
mais si
peu
pratiquée
-
prenne
ci tout son
sens. Nous
avons,
en
conséquence,
délibérément
hoisi a
publication
d'articles
rovenant
'horizons
rès
différents
t dont a
technicité
u la
forme
ourront
eut-être
urprendre.
ne
meilleure
ppréhension
e
l'époque
médiévale
asse,
pensons-nous,
ar
cette
luralité.
Qu'on necherche oncpas dans lespagesqui suivent neunitéde
ton
autre
que
celle
qui
peut
placer,
côte
à
côte,
des chercheurs
interrogeant,
partir
du
champ
qui
leur
est
propre,
une
période
capitale
de
notre
istoire.
Cette
volonté
pluridisciplinaire
'aurait
pas
de sens
sans
une
ouverture
en
direction
de
collaborateurs
qui
ne seront
pas
obligatoirement
es
chercheurs
onfirmés.
'originalité
de
MEDIE-
VALES
réside
ussi
dans
ce
fait.Les
jeunes
chercheurs,
ui
voient eurs
travauxscrupuleusementubliés dans les archivesdes Universités,
savent
bien
l'intérêt
'une
revue
qui
leur
donnerait
ne
voix,
t
à leur
recherche
n sens.
La diversité
des
horizons
fait
la
richesse
des
rencontres.
MEDIEVALES
se
veut
le
lieu de
cette
convergence.
on
Comité
de
Rédaction
ait
ppel
aux
compétences
es
plus
variées
La
Rédaction
5
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François-Jérôme
Beaussart
BELE
AIGLENTINE
narration et idéologie
dans
les
chansons
de
toile
a
pièce
intitulée
ele
Aiglentine
ait
partie
d'un ensemble e
textes
ppartenant
la
catégorie
es
«
chansons
de toile ou
«chansons de femmes».Ces
petits
morceaux,
omposés
en
vers
écasyllabiques,
nt té
retrouvés
ans
des manuscrits u
XlIIe siècle. Bele
Aiglentine
par
exemple,
e trouve
nsérée
dans le
Guillaumede Dole
de
Jean
Renart.Leur
point
commun st de mettre
en
scène des
eunes
femmes
u
jeunes
filles
la
place
des mâles héros
«au vis
cler»
traditionnellement
mniprésents
ans les
pièces
épiques.
Ces
textes,
arfois urprenants,
nt
été
pendant ongtemps
ne
pomme
de discorde
parmi
es
médiévistes.
es
uns
les
considérant
omme a
trace d'une formepoétique médiévaleoriginale, ssue de la poésie
épique
les autres efusant
y
voir
utre
hose
que
de
simples astiches
tardifs,
ontemporains
es
romans
ourtois,
t donc sans
ntérêt
1
.
Bien
que
la datation
précise
de
ces
chansons ne
soit
pas
sans
importance
dans
la mesure
où la
coïncidence
de
celles-ci
vec la
poésie lyrique
eur ôterait
toute
originalité
ar
rapport
ux thèmes
traités
,
l'étude
ici
proposée
ne se
situe en
aucun
cas dans
cette
perspective
istoriciste.
'est
au contraire
n
parti
pris
volontairement
(1)
-
On
peut
ire 'écho e
ces
querelles
u début 'un rticle e
Raymond
JOLY
Les
Chansons 'histoireansRomanistisches
ahrbuch.
2,
1961,
p.
51-56.
6
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synchroniqueui gouvernera
a lecture
e Bele
Aiglentine.
Ce
texte
narratif
onstitue,
e
fait,
une
unité
signifiante u'il
est
possible
de
considérer n tant
que
telle,
n
laissant
de
côté,
pour
une
fois,
es
problèmes
elatifs son
établissement,
son authenticitét à sa
datation. e
qui
retiendra vanttoutnotre ttention
'est
Y
histoire
ue
raconte
ettechanson. Histoire
ui
n'est
pas
insignifiante
t dont la
mise
n œuvre
mérite
u'on
s'y
attache utrement
ue
de
façon
llusive.
La version
etenue,
t sur
aquelle
porte
'analyse,
st celle
établie
par
Paul
Zumthor
ans son article a
Chanson
de Bele
Aiglentine
2).
I
Bele
Aiglentine
n roial chamberine
devant a dame cousoitunechemise,
aine n'en sot mot
quant
bone
amor
l'atise.
or
orrez
a
conment
a
Bele
Aiglentine
sploita.
II
Devant sa dame cousoit
et si
tailloit;
mes ne
coust mie
si
com
coudre
soloit:
et
s'entroublie i se
point
en son
doit,
la soe mere mout
tost 'en
aperçoit.
or
orrez
a
conment
a
Bele
Aiglentine
sploita.
III
«
Bele
Aiglentine,
effublez
o
sorcot,
je
voil
veoir
desoz
vostre
ent
cors.
»
«
non
ferai,dame,
la
froidure st
a morz.
or
orrez
a
conment a
Bele
Aiglentine
sploita.
IV
«
Bele
Aiglentine,
'avez
a
empirier
que
si
vos voi
pâlir
et
engroissier?
«
ma douce
dame,
ne
le
os
puis
noier:
je
ai ame
un
cortois
oudoier,
le preuHenri,qui tantfet proisier.
s'onques
m
amastes,
aiez
de moi
pitie.
or
orrez
a
conment
a
Bele
Aiglentine
sploita.
V
«
Bele
Aiglentine,
os
prendra
l
Henris?
»
«
ne
sai
voir,
dame,
car
onques
ne
li
quis;»
«
Bele
Aiglentine,
r
vos
tornezde ci.
tot
e
li
dites
que
ge
li
mant
Henri,
s'il
vos
prendra
ou
vos
era einsi.
»
«
volentiers,
ame,
»
la
bela
respondi.
(2)
-
Travauxe
Linguistique
tde
Littérature
8, 1,
1970,
p.
25-337.
7
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or
orrez
a
conment a Bele
Aiglentine sploita.
VI BeleAiglentine 'esttorneede ciet est venue droit TostelHenri.
Ii
quens
Henris
se
gisoit
n son
lit.
or
orrez
a
que
la
bele
li
dit
or
orrez
a
conment
a
Bele
Aiglentine
sploita.
VII
«
Sire
Henri,
velliez
vos
ou dormez?
ja
vos
requiert
Aiglentine
u vis
clerc
se
la
prendrez
moullier t a
per,
«
oil
»
dit Henris
«
one
oie
n'oi
m s
tel.»
ororrez a
conment a
Bele
Aiglentine
sploita.
VIII Oit
le
Henris,
molt
oianz
en devint:
il
fet
monter
hevaliers
rusqu'a
vint;
si
enporta
a bele en
son
païs
et
'espousa,
riche
ontesse n fist,
grant
oie
en a
li
quens
Henris
quant
Bele
Aiglentine
.
Le
thème
récurrant
e
ces
textes
onsiste n
la
description
'une
jeune
femme
ccupée
des
ouvrages
omestiques
travaux
e
couture
en
général,
'où
le nom
donnéau
genre
en
train
de
penser
son
ami
absent
3).
La
chansonde
Belç
Aiglentine
ntre
donc
tout
à,
fait
dans
cette
atégorie
i
on
en
uge
par
les
trois
premiers
ers
de
la
première
strophe
ui
introduisente
récit
une
fille
qui
coud
devant
a
mère t
aime en
secret.
ette
trophe
élimite
'ailleurs
parfaitement
e
que
les
sémioticiens
éfinissent
omme
situation
nitiale :
en
général
une
situation
onflictuelle
u
de
déséquilibre
ui permet
la
narration
e se
mettrenplaceet de progresser.n effet,outtexte stainsienvisagé
comme la
résultanted'un
certain
nombre
de
transformations e
contenus
émantiques,
e la
situation
nitialeà
une
situation
inale.
Bele
Aiglentine
onstitue
cet
égard
un
ensemble
discursif
ohérent
ce
qui
n'est
pas
forcément
e cas
de
toutes es
chansons
de
toile
-
qui
déploie,
dans
ses
huit
trophes,
ne
histoire
e
posant
aucun
problème
(3)
-
Il va
de soi
que
a
délimitation
e
cette lasse
st
elle
ussi
'objet
e
discussionsiverses ous
envoyons
ce
propos
l'étude
e
Paul
ZUMTHOR
{Essaidepoétique édiévale,euil, 972, p. 64-167)ui voqueapossibilitée
définir
e
façon
igoureuse
a
classe
es
hansonse
toile
partir
'une
lassifica-
tion
e eurs
trophes
nitialest
des
hèmes
arratifs
u'elles
éveloppent
t
celle
deM.
ZINK
Les
Chansonse
toile,
hampion,
977,
aris).
8
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de
lisibilité
quant
au sens.
Histoire
parfaitement
nterprétable
n
elle-même t ne nécessitant
u'un
minimumde recours un
savoir
extra-textuel.isons une connaissance lémentaire
u vocabulaire t de
la
syntaxe
de l'ancien
français.
Nous
nous
placerons
donc
volontairementans
la
position
u lecteur
moyen
t
non
dans celle du
médiéviste
yant
derrière ui
tout un
appareil
critique.
Position
qui
permet
envisager
e texte ous un
angle
nhabituel.
Nous avons
procédé
à un
découpage
de la chanson en
trois
séquencesprincipales
-
première
équence, trophes
à 4
;
-
deuxième
équence,
trophes
et 6
;
- troisièmeéquence, trophes et 8 (4).
Première
équence
La
faute
C'est
parce
qu'elle
coud
maladroitement t
qu'elle
finit
par
se
piquer
e
doigt
qu'Aiglentine
ttire 'attention
e sa
mère. Celle-ci
ui
ordonne
mmédiatemente se
dénuder.
Aiglentine
efuse,
rétextant
e
froid,
mais ne
peut romper
a
perspicacité
e sa
mère
ui,
constatant a
pâleur,
en déduitaussitôt
qu'elle
est enceinte.
Aiglentine
init
par
avouer
u'elle
aime un
chevalier
omméHenri.
A
priori
les
différents oments e
cette
équence
sonttout à
fait
surprenants,our
utant
u'on
les
interprète
ans l'ordrede la
logique
courante.
'enchaînement es actions
paraît
tout
à fait nvraisembla-
ble. Et la
couture,
ctivité éminine
our
e moins
riviale,
rend
ci,
du
fait e son
traitement
arratif,
n
relief
ien
particulier.
L'ordre
hronologique
es actionsdécrites
st bel et bien celui-ci
Io
Couture
2°
Distraction
3°
Piqûre
au
doigt
*
4°
Injonction
nattendue e
la
mère.
(4)
-
Notre
nalyse
oit
videmment
eaucoup
ux
ravauxe
a
sémiotique
t
particulièrement
ux
recherches
'A.J.
REIMAS,
otamment
n
ce
qui
oncerne
le
exique
e
certains
ermes
onctionnels.
'ouvrage
e
référence
tilisést
Du
Sens
Seuil,
t
plus
récisément
'article
ntitulé
Eléments
our
ne
héoriee
l'interprétation
u
écit
mythique
pp.
185-229.
éanmoins,
l
n'est
as
question
e
tester
ci
a
validité
e
ces
méthodes
ur
ele
Aiglentine
ais
lutôt'utiliseranscelles-cin ertainombreeprocéduresestinéeséclairernenterprétationu
texte
t,
n
quelque
orte,
visualiser
ette
ernière
ar
e
biais e
représentations
formalisées.
eci
pour
ire
ue
nous
ne
prétendons
n
aucun
as
à la
rigueur
théorique
pas oujours
vidente
dont
e
réclament
ertains
émioticiens.
9
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Evidemment,
a
réaction e la
mère
st totalement
ncompréhensi-
ble dans la mesure où elle n'est
pas
la
conséquence logiquement
attendue e
l'événement
ui
l'a
précédée
la
maladresse
d'Aiglentine.
Faudrait-ildonc en conclure
ue
la
pièce
est
incomplète
t
que,
par
exemple,
e
copiste
a omis
de transcrire
n
certain
nombrede vers
Rien n'est
moins sûr. Cette
séquence
est facilement
nterprétable
ès
que
l'on
accorde à l'actionde coudreune valeur
pécifique.
l
s'agit
ci,
très
robablement,
'un
signe
de conformité
la norme ociale. Activité
proprement
éminine ans 'universmédiéval et
dans le nôtre ncore
d'ailleurs.Le faitde mal coudre est
perçu
non
pas
commeune
simple
maladresse,
mais comme e
signe
d'autre chose.
A
proprement
arler,
dans Bele Aiglentine,l s'agitde la marqued'une déviance.Comment
d'ailleurs éviter
d'entrapercevoir
es lourdes
significations
ont se
charge
a
piqûre.
Au
demeurant,
elles-ci
n'échappentpas
au
regard
soupçonneux
de la
mère
qui
interprète
ussitôt la
métaphore.
L'incapacité
dans
aquelle
se trouve a
eune
femme
'accomplir
n
acte
aussi
marqué
socialement
émoigne
de
sa mise à
l'écart.
Le
trouble
d'Aiglentine
st
directementraduit ans
ce sens
par
la
mère
qui
situe
parfaitement
'origine
de la
maladresse.La
transgression
e
la
jeune
femme st donc d'abord manifestée,ur le plan symbolique, vant
d'être nsuite
onfirmée,
ais
seulement ans un second
emps, ar
es
symptômes
hysiques
e la
grossesse.
a couture
emplit
inalementa
fonction
d'une
épreuve.
De
même
que
le mauvais
chevalier sera
forcément
ncapable
de se
battre
correctementt sera
vaincu
dans le
jugement
e
Dieu,
la
mauvaisefemme e
sait
plus
coudre t se
pique
le
doigt.
Marque signifiant
a
félonie t
reconnue omme elle
par
a
mère,
véritable
représentante
e l'ordre et
gardienne
de
la
loi
qui,
logiquement,
va
ordonner à sa fille de se
déshabiller.
Simple
confirmation
e l'évidence
destinée révéler e
façon
ncontestablee
traître
l'ordre ocial
qu'est
devenue
Aiglentine.
Ce
qui
vient 'êtredit
peut
être
eprésenté
e la
façon
uivante
I.
Fonction
déceptive
Epreuve
=
Couture
i
Défaite
=
Mal
coudre
1
Conséquence
=
Se
piquer
le
doigt
(
Marque
)
10
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II. Révélation
Reconnaissance
de la
marque
=
Intervention
e
la
mère
i
Déshabillageordonné
i
(5)
Déshabillage
refusé
i
Conséquence
=
Révélation
du traître
Rupture
de l'ordre
social
Manque
posé
Aiglentine
emplit
onc,
à Tissue de cette
séquence
initiale,
a
fonction
e traître
ar rapport
l'univers
déologique ue
meten
place
la narration et dont la mère paraît bien être la représentante.
Parallèlement
la
transgression
e
l'ordre
ocial
s'instaure
e
manque,
si
l'on
veut
bien considérer
ue
rien,
ce moment
u
récit,
n'indique
qu'Aiglentine
oit imée
du
preu
Henri.
Deuxième
équence
La
messagère
e la loi
A la
question
e sa mère
ui
s'inquiète
de savoir
i le
comte
Henri
va l'abandonner ans cetétat,Aiglentine épondqu'elle n'en sait rien
car elle
ne
le
lui a
pas
demandé.
Sa mère
ui
ordonned'aller sur-le-
champ
rouver
on amant
find'obtenir
e sa
part
une
réponse récise.
Aiglentine
e rend ussitôt
la demeure
'Henri.
Cette
séquence
amène
donc une série d'éléments
nouveaux
par
rapport
la
première.
'information a
plus importante
éside,
bien
sûr,
dans e
discours
ue
tient
a mère sa
fille.
Celle-ci
eçoit,
n
effet,
l'ordre
d'aller trouver
on amant
afin
de lui transmettren
message
C'est donc a mère ui parlera Henriparl'intermédiaire'Aiglentine.
Il
s'agit
en
quelque
sorte
de
l'établissement
'un contrat ntre
es deux
personnages
t
l'acquiescement
e la
fille,
lairement
ignifié
u vers
30: «
Volontiers
dame»,
va faire
subir à cette dernière
une
transformation
ondamentale ur le
plan
narratif. lle va
devenir,
elle-même,
orte-parole
e l'ordre
qu'elle
a
transgressé,
erdant
insi
très
vraisemblablement
a
qualification
e
«traître»,
our
en
acquérir
une
autre,
proche
de celle
du
«héros»
u,
plus
précisément,
u
«héros-
victime». lle se trouve ès cet instantnvestie 'une mission se faire
(5)
-
Ces
sous-fonctions
orrespondent
robablement
ce
qu'on
ppelle
ne
«
preuve
lorifiante
nversée
GREIMAS
op.
it.,
.
200
.
11
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reconnaître
ar
Henri,
e
qui
revient
réintégrer
'univers
déologique
d'où sa faute 'avait exclue.
Le
message
de la
mère fait donc
figure
d'adjuvant
et
c'est
nantie de celui-ci
qu'Aiglentine
a s'en
aller. La
chansonnous faitdonc assister ci à un
spectaculaire
processus
de
réintégration
u
personnage
t à un
transfert
e
la
notion e
culpabilité
qui
passe implicitement Aiglentine
son séducteur. a
jeune
femme,
en
acceptant
e mandement
e sa
mère,
refuse,
n
réalité,
d'assumer
plus longtemps
a
responsabilité
e la faute
elle
n'est
plus
que
la
malheureuse ictime 'un mauvais
chevalier ublieux
de
son devoir
t
c'est
pour
e
lui
rappeler u'elle
va aller e retrouverhez
ui.
La
revendication
e libertéet
d'indépendancepar
rapport
ux
normesmorales dmises ue semblait nduire edébutde la chanson, t
dont
'extraordinaire
éponse
ď
Aiglentine
u
vers
26 :
t
Ne sai voir
dame car
onques
ne li
quis
*
était
peut-être
ne
manifestation,
araît
n
fin
de
compte
totalement nexistante u
tout
au moins difficilement
tenabledans l'univers
déologique
mis
en
place par
la
narration. n se
trouve
rès itedevant ne situation ormale si
l'on
peut
dire
I.
Contrat
ļ
Mandement
de la
mère/Acceptation
e la fille
II. Epreuvequalifiante
Epreuve
consultative
dialogue
mère/fille)
^1
Conséquence
=
Réception
de
l'adjuvant
(discours
de
la
mère);
>'
Qualification
du héros
III.
Disjonction
(Départ d'Aiglentine)
On
remarque 'après
ce
schéma
e
parallélisme
es
fonctions
et I
par rapport
celles de
la
première
équence.
A
la fonction
fauteet
marque corresponda fonction contrat . A la fonctionrévélation u
traître»
orrespond
ellede
«
qualification
u
héros».La
transformation
de ces fonctions
'opère
au
moyen
'une
ellipse
narrative
emarquable,
renvoyant
rès
probablement
un
implicite
xtra-textuel
ui,
comme
n
l'a
soulignéplus
haut,
ne rend
possible
a
poursuite
du
récit
qu'à
ce
prix.
Nous
nous bornerons
cette onstatation
'évidence
ui
met,
bien
sûr,
en cause les conditionsde
production
de
ce
type
de récit et
notamment'auditoire
qui
il
était
destiné
our
utant
qu'on
considère
commenégligeable'origine ociale- bienstéréotypéel estvrai- des
personnages
e
la chanson.
12
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Séquence inale
La
réintégration.
Aiglentine
veille
Henri
et lui
transmet e
message
de sa
mère.
L'amant
répond
ffirmativement,
nlève a
belle,
'épouse
et en faitune
riche
omtesse.
Dans ces deux
strophes
ontdonc se résoudre es
questionsposées
dans
es
précédentes.
a structure
arrative st tout à fait
classique
et
l'effet e
suspense
est maintenu
usqu'au
vers 41.
L'entrevueentre
Aiglentine
t
Henri
boutit,
d'une
part,
la
liquidation
du
manque
:
l'amour d'Henri
est
évoqué
de
façon
brève
mais
explicite
u vers42 :
f
Oil
dit
Henris one
oie
n o/
mes
tel
# d'autre
part,
la
récompense
u
héros aSi emportaa bele ensonpaïs/etVespousa riche ontesse n
fist.
Néanmoins,
our
n arriver ce
résultat,
l
a fallu
que
la
narration
transforme
ncore ne fois es
contenus
émantiques
ntérieurs. e bref
dialogue
ntre
Aiglentine
t son ami est
e lieu où
se focalise e
récit t
dont
dépend
e
sortde la
jeune
fille.
Qu'Henri
ne la
reconnaisse
as,
et
elle
demeurera e
héros-victimee la
séquence précédente.
Henri est
donc
encore
à
cet instant
du récit un
opposant-traître.
a
réponse
affirmativestseuleapteà luipermettre sontourde réintéger'ordre
social. Bien
plus,
cette
réponse ignifie
videmment
our
Aiglentine
e
passage
d'un
statut
pour
e moins
ambigu
-
elle est
victimemais
sa
faute
emeure à une
position
on
équivoque
amour
partagé
t
donc
liquidation
du
manque posé
au
début. Ce
dialogue peut
en
fin
de
compte
tre
nterprété
omme
un
combat
imilaire
ceux
auxquels
on
assiste
la
fin
de certains
ontes.
l
s'en
différencieeulement
ar
le fait
qu'il s'agit
d'un
combat
ymbolique
uisque
verbal.
Au
demeurant,
elui-ci
ne suffit
pas
car le
problème
de
la
transgression
ontinue
'exister.
C'est là
que
la
strophe
inale 'inscrit
parfaitement
ans la
logique qui
préside
à ce
texte. Henri
emmène
Aiglentine,
épouse
et en
fait
une
comtesse
Le
mariage,
t lui
seul,
est
en effet
pte
à
permettre
a
réintégration
omplète
de la
jeune
femme
dans
'ordre ocial.
Cettedernière
trophe
'est donc en
aucun cas une
redondance e la
précédente.
l
faut
que
la
réintégration
'opère
à deux
niveaux e
signification
niveau
ndividuel
t
niveau
ocial.
Le
premier
n'étant
as
envisageable
ans e second.
La
séquence
finale
peut
donc
se
présenter
omme uit
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I.
Epreuveprincipale
Dialogue
Henri-
Aiglentine
combat
simulé
1
Conséquence
=
Liquidation du manque (amour
v
explicité)
II.
Récompense
du
héros
Mariage
Henri-Aiglentine
ļ
Conséquence
=
Ordre
social
rétabli
Ce schéma
meten évidence 'ambivalence
u
personnage
'Henri,
traître
t
opposant
dans la fonction. Son
acquiescement,
omme elui
ď
Aiglentine
ans
a
séquenceprécédente,
st
une sorte
de
défaite
ace à
Tordre ocialsymboliséci
par
a eunefemme, orte-parolee sa mère.
Il
n'en
reste
pas
moins
que
son
refus aurait laissé
ces dernières
totalement
mpuissantes.
l
ne
s'agit
pas
d'éliminer
e
traître,
omme
dans
certains
ontes
opulaires,
mais de convaincre elui-ci.
Conclusion Amour ibre u amour
ocialisé
La chansonde BeleAiglentine,nne considérantue sa structure
profonde,
e
réduit,
n
fin
de
compte,
une
description
es
moyens
narratifsmis en
œuvre
pour
passer
d'un
amour caché et considéré
comme
llégitime
un
amour
reconnu et
légitime.
Ce
passage, qui
constitue e
récit
proprement
it,
ne se fait
pas
directement au
contraire,
l
n'est rendu
possible
que par
un
processus
d'établissement
de
rapports
amoureux
socialisés,
sanctionnés
officiellement
ar
la
cérémonie
u
mariage
t
par
'établissement e la
jeune
femme
6).
Ce qui peut ereprésenterous a formeuivante
Amour
caché
ļ
non-matrimoniaux
Rapports
moureux
ļ
*
et/ou
matrimoniaux
Amourrévélé
(6)
-
Cette
emarque,
alable
our
e
texte
tudié,
st
oin
e
pouvoir'appliqueràtouteses hansonsetoile. u ontraire,n ssiste rèsouventans elles-ci
une
dévalorisation
es
iens
matrimoniauxu
profit
es
rapports
moureuxon
socialisés
els
u'amour
ibre
u
dultère.n e
sens ele
Aiglentine
émoigne
'un
grand
onformisme
ar
apport
des
pièces
omme elle
Yzabel u
Bele
Yolanz.
14
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Le
rapport
moureux
non
matrimonial
voqué
dans la
première
séquence
st
rapidement
nvesti e
significations
égatives ymbolisées
par
la
grossesse
Aiglentine témoignage
isible
de
sa
transgression.
Ce
thème,
eu
fréquent,
e retrouve ans une autreversion
roche, ar
certains
points,
de Bele
Aiglentine
il
s'agit
de
Belle
Beatris
pièce
beaucoup plus
longue
puisque,
dans la
version dite
d'Audefroy
e
Bâtard,
lle
ne fait
pas
moins
de
116
vers.
Différence
ssentielle
our-
tant dans
la
mesure où la
belle Beatris
est
mariée,
mais se
trouve
enceinte 'un
autre. La
transgression
ubsistedonc à
la
fin
du
texte
puisque
son
amant
'enlève t
refuse e la
rendre
son
époux
légitime
malgré
es
protestations.
e
texte,
ui
mériterait ne
analyse
détaillée,
est en quelque sorte un anti Bele Aiglentinedans la mesure où les
personnages
ssument
arfaitement
eur
transgression
t font
asser
a
recherche 'un
bonheur
ndividuel vant
la
soumission ux
normes
sociales. La
caractéristique
e
notre
exte
réside dans
une
volonté
de
concilier
es
deux,
e
qui
est
rendu
possible
n
ne
faisant
as
de la
jeune
femme ne
«
mal
mariée».
Il
n'en
reste
pas
moins
que
l'amour
libre
est ici
rejeté
sans
ambiguïté
cela
expliquant
a
qualification
e la
jeune
femme
omme
opposant-traîtreantqu'elle n'a pas accepté e mandement e sa mère
et donc
reconnu
implicitement
ue
son
acte
est
une
faute.
Ce
mandement
era,
par
exemple,
catégoriquement
efusé
par
la
belle
Yolanz à
qui
sa
mère
reproche
vec
véhémence
e
tromper
on
mari
avec
un
eune
chevalier
es
environs,
e
comte
Matthieu
«
Se mes
mariz l'avoit
uré
Et
il
et toz
ses
parentez,
Mais
que
bien
ui
doie
peser
Ne lairai
e
oan
l'amer
7).
»
Bele
Aiglentine
est
donc,
dans
une
certaine
mesure,
un
texte
marginal
ar rapport
ux
autres
puisqu'il
semble
bien
que
le
trajet
uivi
par l'objet-valeur
l'amour
-
doive
passer
par
une
dénégation
de
l'amour
ibre,
u
profit
'une
glorification
e
l'amour
reconnu,
égalisé
par
e
mariage
t seul
apte
à
satisfaire
Aiglentine
?)
et sa
mère.
l
y
a
donc un
accord
complet
ntre
es
aspirations
ndividuelles
u
héroset
(7)
-
Chanson
ele
Yolanz
portant
e
numéro
ix
ans
e
recueil
e
BARTSCH,
à
ne
pas
confondre
vec
une
autre e
même
itre
mais
dont
e
contenu
st
sensiblement
ifférent.
15
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Tordre
ocial.
La formalisatione
ce
qui précède
donne e schéma
uivant
8)
:
Amourcaché
^
^
Amourrévélé
Rapports
¡ Rapports
amoureux
>¡^f_
amoureux
non-matrimoniaux
matrimoniaux
(individu)
(société)
^
>
Relations
d'opposition
=>
Relationsde contradiction
Relationsd'implicationtrajetde l'objet-valeur)
La
mise en
avant
du
personnage
féminin ne
s'accompagne
finalement
tout au
moins
dans ce
texte
-
ni
d'une
quelconque
tentative
de
transgression
ni
d'un
renversement
des
valeurs
communément
dmises à
l'époque.
Aiglentine
e
fait
que
reprendre
son
compte
les
valeurs
chevaleresques
ssumées
d'habitude
par
le
personnage
masculin.
L'évocation
de sa
faute
n'est
qu'un moyen
de
valoriser
'ordre ocial
reconnu
ar
a
collectivité.e
désir t a
sexualité
individuels e sontévoquésque pourêtrerapidement ejetés u profit
d'une soumission
otale ux
règles
tablies.
Sans
vouloir
ntervenir
ans
es
polémiques
uscitées
ar
ces
textes,
il
apparaît
bien
que
ce
qui
précède
est
une
sortede
confirmation
e
ceraines
hèses
oulignant
'archaïsme es
thèmes
éveloppés
ans
Bele
Aiglentine
t
situant
n
conséquence
ette hanson
dans une
antériorité
par
rapport
ux
autres,
aractérisées,
otamment
ar
l'émergence
e la
figure
e
la
mal mariée
voquéeplus
haut.
BeleAiglentine se rattacherait onc plus spécifiquement la
poésie
épique
(9)
alors
que
les
autres
chansons
véhiculeraient
es
valeurs
proches
de la
poésie
lyrique.
Le
syntagme
au
vis cler»
de la
strophe
rappelle
d'ailleurs
out
à
fait a
chanson
de
geste
et le
poète
s'est
visiblement
ontenté
de
1&
transposer
ci
sur un
personnage
féminin.
'évolution
des
thèmes
traités dans
les
chansons de
toile
pourrait
donc
être
considérée
omme le
reflet
d'une
transformation
complète
e
l'esthétique
u
genre,
assant
de
l'épopée
à l'art
courtois,
(8) - A.JGREIMAS,p. it.pp. 76-178tpp. 35-154.
(9)
Avec
autres
ièces
elles
ue
Bele
Doette,
ele
Erembor
t
Gaieté t
Oriour.
16
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et
comme un
signe
de
l'importante
ransformation
es
idéologies
dominantes
e
l'époque,
dans
lesquelles
a
prouesse
chevaleresque
par
définition
pécifiquement
asculine
tend
à
perdre
on
statutde
valeur
uprême.
Toutefois,
es
remarques
générales,
u
demeurant
ort
onnues,
ont
déjà
été
'objet
d'études
de
la
part
de médiévistes
t sortent
onc du
cadre nécessairement
imité
que
sous-entendait
'analyse
d'une
seule
des
chansons
du
corpus
et
dont
a
prétention
e
réduit
une
simple
mise en
évidence
de
la manière
dont
les
idéologies
d'une
période
historique
onnée
gissent
ur
'organisation
'une
structure
arrative.
17
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François
Jacquesson
LE
DESORDRE
ET
LA
STRUCTURE
:
Syllabation
médiévale
I)
Le
gel.
ue la linguistique istorique it été discréditée ar les hypo-
thèses aussuriennesmontre
a
force vec
quoi
une série
d'hy-
pothèse
fructueuses assemble autour d'elle l'attention.
e
pari tactique
de Saussure sur le
signe
(son
arbitraire)
permettait
ertes
d
exclurede
la
linguistique
oute ortede soucis
qui
avaient
d'ailleurs,
en
fait,
leur terrain d'élection. Aussi
Vendryes
avait-il raison de commencer on livre en disant
que
le fameux
problème
e
l'Origine
es
angue
n'était
pas linguistique.
L'hypothèsede Saussure,cependant,n'était pas seulementun
nouveau
oup
du
«rasoir
d'Occam»
cher
à
Rüssel
pas
simplement
n
assainissementationaliste
'une
question
ncore nfectée e
mystique.
Désolidarisant e
signifié
u
signifiant,
aussure
n'agissait
pas
différemment
es mathématiciens
qui,
à la même
époque, engagèrent
les
descriptions
u constructions e
systèmes
dont
seule
comptait
épistémologiquement
a cohérence
nterne,
'économie.
Son
hypothèse
du chva
ressortite
la
même
prudence
u de la même udace. Le
profil
quasi gnostiquede cette inventionle signe caché qui explique le
visible)
annonce ses
cogitations
ur les
Anagrammes
ce
que
l'on
regarde
omme
une fâcheusemanie de la finde
la
vie
du
Maître
est
en
18
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ou
rétablissement
fficiel e
certains Futurismes tout
cet effort
général
montrebien
que
c'est Benveniste
ui
poursuit
'œuvre de
Saussure,
n même
emps ue
Meillet.
On
aperçoit
ainsi
pourquoi
cette extraordinaire onstruction
démonstrative
u'est
le
petit
ivrede 1935
:
Origines
de la Formation
des
Noms
en
Indo-européen
n'a
pas
eu la destinée
u'on
pourrait
ui
prêter
qu'il
est resté
ngoncé
dans
le corset
des
études
académiques
des
langues
classiques
au lieu de
stimulerdes recherches
u des
critiques
ans des
domaines onnexes
qu'il
semble
voir
ombré ans
la faillite
es rationalismes
ulturels
e 1933
à 1945. Comment
e
pas
s'étonner
que
la
vigueur exemplaire que
déployait
ce
livre dans
l'analyse, u plutôt a synthèse e 1'« ndo-européen», roduitultime,
aujourd'hui
hypothétique
u
artificiel,
e
l'organicisme
eibnizien,
ue
cette
igueur
'ait
pas
rejailli
ur
'étude
comparée
es
langues
romanes
qui,
comme
on
sait,
fut la source des
métaphores
e filiation u de
parenté,
la source de ce
projet
de
synthèse
ue
fut
l'hypothèse
indo-européenne
Si
Meillet
pouvait
ire
que
la
syntaxe
e
l'anglais
était
plus proche
de celle
du
chinois
que
de celle
du
latin
Les
langues
dans
V
urope
nouvelle1928,p, 96' etconsacrait arlà à l'avance a pertinencee la
quête
chomskyenne,
'y
avait-il
pas
là aussi
l'occasion d'observer
es
mutations
ingulières
ui
montrassent
ans
la
morphologie
es
ruptu-
res corollaires
e celles
de
la
syntaxe?
Ne
pouvait-on
y
trouver,
n
observant
es
métamorphoses
e
la
syllabe,
dans
des
contextes
ouvent
très
documentés,
e
moyen
'ouvrir
e
systématisme
e
Benveniste
ur
des
théories
lus
arges,
e ramener
e
dogmatisme
aussurien
ans
une
optique
plus
souple,
plus
constructive
et
qui
puisse
nous
sortir
e
la
décisiondogmatiquecomplémentaire,'innéismechomskyen, ette
autre
mpasse
pistémologique.
Parmi
es
nombreuses
acettes
u
phénomène,
pparemment
n,
de
dissipation
du
latin
(le
terme
entend
évoquer
les recherches
e
Prigogine
ur
des
conceptions
lus
fines
de
la
«métamorphose»),
e
problème
e
l'accent
tient
ordinairement
ne
place
privilégiée.
t ce
malgré
deux
obstacles.
L'un
est
qu'on
n'atteint
'accent
atin
que
par
observation
ndirecte
témoignages
e
grammairiens
nciens
dont
les
référencesmusicales peuventêtre pour nous assez trompeuses)
diphtongaisons
omanes
éjà
diversifiées
enfin éactions
'apophonies
ou
d'ellipse
ur es
syllabes
roches.
20
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8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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langue
Meillet
joute,
vec un
mépris
out olonial
«la
langue
le
turc)
a
duré,
n
peut
à
peine
dire
qu'elle
ait
vécu»),
ou celle de
benveniste
en restituer
es
institutions,
u celle des
premiers
uvrages
e Dumézil
pour
en établir a théologie ociale,si toutce courant st biensuspect,
bien
compromis
ans
les
mythomanies
ui prennent
n 1933
forme
officielle u
pays
d'élection des
philologues,
n
a
l'impression
u'à
l'égal
du
mutisme
ui
pèse
sur
l'Europe
fasciste
u
nazi,
le
gel
s'est
emparé
de la
discussion. Gel aussi
trompeur
ue
les autres
: les
universités
'Europe
continuent ouvent
d'enseigner
'existence
de
l'indo-européen
voire
Indo-germanisch),
ne
sorte de
jdanovisme
linguistique.
t c'est aussi
par
ce
gel que
s'explique
le succès
des
innéismesontemporains.
n. LE DESORDRE
A L'ŒUVRE.
E
que
l'examen
des
thèses
lassiques
révèle
'abord,
c'est
'ar-
ticulation
u'elles
théorisent
«le
retour
de
l'accent»
aurait
défait
ne
angue
atine
plutôt
omogène
t
cultivée,
e
même
que le retourdu barbare psychosenée en faitdes guerres
civiles
plutôt
que
des
incursions
travers
e
limes)
aurait
défait
a
civilisation
omaine,
a
paix
romaine.
La
décolonisation
n
Europe,
à
travers
e
XXe
siècle
claire
utrement
ette
aix
romaine,
t
a
fameuse
tragique
Décadence
:
qui
parle
tant
de
décadence
ferait
ien
de
mieux
sonder
es
notions
e
croissance
u de
prestige.
Complémentairement,
'imagerie
rdinaire
e la
constitution
es
états
barbares
dans
le
tissuromain
dilacéré,
omme
vautours
évorant
unegrande êtemourante, oitêtreune bonnefoisrejetée, anstoutes
ses
conséquences.
Une
appréhension
orrecte
du
«Moyen- ge»
ne
saurait
e faire
u'en
comprenant
uel
rôle de
transfert
joué l'image
d'une
antiquité
cohérente
t
homogène,
cet
Ancien
Monde,
cette
Atlantide,
ux
yeux
de
la Renaissance
qui
cherchait
se
définir,
n
Europe
utant
u'ailleurs,
omme
Nouveau
Monde.
Le
fameux
phénomène
d'apophonie,
a
«faiblesse»
des
voyelles
contre-accentuées,
u
de
près,
e révèlen'être
pas
seulement
n
faitde
rupture
du
latin,
constitutif
es
parlers
romans,
ni d'autre
part
seulement
aléo-latin,
mais bien un phénomèneatin domnuspour
dominus
chez
Plaute,
virdis
pour
viridischez
Caton,
valde devant
22
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validus
chez
les
poètes
periclum
pour
pericülum
etc.
(Bourciez,
Linguistique
omane
45).
Les
apophonies
u effacementsomans
nt
également
une tradition
non-écrite
atine,
comme en
témoigne
par
exemple
e
passage
souvent itéde QuintillienXI, 3, 33) : Delucida
vero erit
pronuntiatio
rimum,
i
verba
tota
exierint,
uorum
pars
devoradi
pars
destitui
solet
plerisque
extremas
syllabas
non
perferentibus,
um
priorům
ono
ndulgent
1).
Le
problème
e
ces
-i-
contre-toniques
st
exemplaire.
ésar
disait
calidum
Auguste
ugeait
cette
prononciation
ffectée
t
disait
caldum
Mais
justement
le
débat
n'existait
guère
que
chez
les
grands
personnages,
oucieux
de
correction
u
ďélégance,
ou
simplement
snobs.D'autre part e bilinguisme e ces Romainsa dû jouer un rôle
essentiel
ans eur
ttention
our
ces variantes.
a
prononciation
leine
vient
souvent
quand
elle se
veut
sur-signifiante,
locution
en
représentation.
n
aperçoit
par
là
qu'elle
n'est
pas
historiquement
contradictoire
vec
la
prononciation
brève»
ce
peut
être
aussi bien
fait
de
comportement,
u
sens étroit
du terme.
Aussi
en
français
comportement
era
en
général
prononcé
plein
parce
que
ce
mot se
produit
ans
des
conversations
urveillées,
on
banalisées,
tandis
que
appartementeravolontiersbrégé naparťmentou même ronqué n
apparť
Ces variantes
e trahissent
n fait
ucune
«dégénérescence»
u
français,
omme
n
e
croit
uelquefois,
mais
au
contraire,
ant
qu'elles
sont
comportementales,
'est-à-dire
usceptibles
de
variations,
a vie
même
de la
langue.
Techniquement,
n
en
vient
scruter
e
qu'est
ce
-i-
ou
ce
-w-,
contretonique
atin,
lequel
semble
donc être
moins un
phonème
passif,
victime
n
première
igne
d'une défaite
de la
langue, qu'une
réalisation
ariable
ans
'équilibre lobal
du
mot,
t en ce
sens actif
u
vivant. ès lors
'analyse 'engage
dans
plusieurs
imensionsonnexes
la
syncope
otentielle
e
-i- dans
validus
ou -u-
dans
periculum
st
liée
au
fait
ue
-i-
et
-
u
sont
d'une
part
es
voyelles
'avant
et
d'autre
part
les
moments
minimaux
des sonantes
j]
et
[w]
;
en
tant
que
voyelle
binaire
d'avant,
/u
est
le résultat
des
apophonies
classiques
latines
(sedeo/obsideo),
en
distinction
contextuelle
familia/famulus)
1
(1)
La
prononciation
era
claire,
out
'abord,
i les mots ont
misdans eur
intégralitéu lieud'être omme 'habitudenpartieoifavalés,ar aplupartes
orateursarrivent
as
en
généralprononcer
a
syllabe
inale,arce
u
ils e
plaisent
Afaire
onneres
remières.
Tràd.
Jean
ousin)
23
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indistinctesevant
abiale,
de sorte
ue
la
syncope
pparaît
comme
un
prolongement
e
l'apophonie
;
d'autre
part,
en tant
que
sonantes
minimales,
lles
trouvent
de
l'autre
côté du
miroir,
ans les
langues
romanes)un rôle centraldans les
diphtongaisons
ous accent.Dans
cette
perspective,
e rôle
de ce binôme
de sonantes
n'est
pas
sans
rapport
vec les réalisations
différenciées es
sonantes-diphtongues
analysées
par
les
grammairiens
u sanskrit
u,
au,
o, av, âv,
non
linéairement.
a distinction
e
timbre
/o
paraît
«perpendiculaire»
cette
gradation yllabique,
mais est
en fait du
même
ordre
puisque
l'apophonie
atine
sélectionne e
timbre elon
le
contexte
honétique
comme lle
spécialise
e
grade
selon
e
contexte
'intensité.
n
somme,
au termede cettebrèvereconnaissance u rôled'équilibration e ces
variantes,
n
aperçoit
ussi
que
le
- -
sanskrit
'est
sans
doute
pas plus
une
forme
econdaire,
éfaite,
e
au,
ou u
secondairedevant v. La
syntaxe
eu
à
peu
s'y
retrouve ans a
morphologie.
D'où la
constatation
ue
ce
«retour
de
l'accent»
n'est
pas,
à
l'image
des
orgies
néroniennes
ggravées
ar
la
propagande
hrétienne,
le
scandale
qu'on
dit,
ce
phénomène
évastateur
ui
se
serait
diffusé
avec a
même
violence
oudaine
que
les
incendies
des
invasions.
On ne
sauraitréduire 'histoire des conflits. es changements es langues
donnent ort u
romantisme
égélien
ou à
cette
dée
qui
assimile
eur
développement
un
héroïsme
agarreur.
Il
n'y
a
pas
eu de
Moyen-Age.
Nul
âge
frappé
d'une
obscurité
particulière
ui
fût
spécialement,
olkloriquement,
e
lieu des
grands
coups d'épées
et e domainefavori u
parcellaire
u
du confus.Nul
âge
pour
subir «défmitoirement»es invasions u les
migrations.
l
se
fait
bien
plus
de
migrations
u XXe
siècle
qu'en
aucun
autre,
t aussi
plus
de massacres. Mais cela n'est
pas
parce
qu'on
«retourne au
Moyen-
ge»,
c'est
parce qu'on
a sans doute
trop
cru à une cohérence
planifiante,
poursuivie
en codes
systématiques,
omme
l'avaient
mythifié
a
«Renaissance»
puis l'«Age Classique»,
surcodant une
rupture
ymbolique,
otémique,
d'avec un
âge
noir,
un
enfer,
andis
qu'on
faisait
'hypothèse
bligée
t
surréelle
'un non-lieu e
l'Histoire,
me Somme
nhistorique l'Antiquité.
Que
la Renaissance it tentéde
iixer la
prononciation
ans un
code,
l'orthographe,
t
que l'Age
Classique
ait
inventé
'Académie
décrétante,
ien
d'illogique
;
mais
outre u'il faut npeser esconséquences, u'on suiveMichel Foucault
ou
George
teiner,
l
faut ussi reexaminer ans la
langue
même e
qui
a
été
occulté,
e
qui
a
été
découpé
en succès
et
en défaites.
24
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Ces
parois
que
le Classicisme
dressait andis
que
le
Baroque
en
ritualisait a
vérité
t la
terreur,
'examen de la
langue
permet
d'en
observer
arfaitement
'épaisseur,
a
position,
a
tenue.La
syllabe
vait
été définie
par
les
grammairiens réco-romains
ans le cadre de
controversesutourde
la
quantité
t de la
métrique
on
en
retrouvaite
problème
ans
a codification e la
langue
et de
la
métrique
lassiques.
Et
en
effet,
orsqu'on
rend à des
phonèmes
omme
i]
et
[u]
leur
rôle
pluriel,
'est
a
syllabe
lle-même,
et
atome,
ui
se
trouve n
question.
La
théorie u
«
retour
e l'accent avait e
mérite e
coordonner n
certain
nombre e faits utour
de la
notion
de
syllabe
ccentuée
les
syncopes ocaliqueséliminaient es syllabescontretoniques.Mais on
pourrait
aussi
bien dire
qu'il
s'agissait
de la
constitution
de
mots-syllabes.
n constate
n effet
ue
ce
ne
sont
pas
seulement
es
syllabes
naccentuées
ui disparaissent,
mais
complémentairement
n
nouveau
type
de
syllabe
accentuée
qui
se constitue
facit
ou
calidu
formantes
syllabes
ermées
[faxt]
u
[cald]
On
pense
ordinairement
ue
ces
nouvelles
syllabes
sont la
conséquence
mécanique,par
écrasement,
e l'effacement
es
voyelles
atones.C'estoublier ue la syllabationmédiévale n françaisn'estpas
seulement e
résultat d'une
désagrégation,'
mais tout
autant
d'une
construction
les
diphtongaisons
e
fe]
et
[o]
sous
accent
participent,
positivement,
e la
même
élaboration
de
syllabes
fermées,
ar
des
diphtongues
ettefois
[pied]
ou
[feid]
pedem,
idem pied,
foi)
et
[buefļ
ou
[leur]
bovem illorum
bœuf,
eur)
créent es
diphtongues
fermées omme
[faxt]
[faitj
et
[cald]
:
[6aud]
Puisque
le
résultat,
à ce
point
du
raisonnement,
end
au
monosyllabisme,
'est
plutôt
ur le
concept
de
syllabe
qu'il
faut faire
porteres
expériences,
u'accuser
l'accent de destructionsrbitraires.
Cette
syllabation
contracte,
où
interviennent es
diphtongues,
évoquerait
d'ailleurs
les
syllabations
germaniques
si
les
langues
germaniques
telles
qu'on
peut
les
percevoir
à la
même
époque
n'évoquaient
n
retour,
ans
leur
parcours
historiqueusqu'à
nous,
des
résorptions
imilaires,
un
regroupement
emblable autour
d'une
syllabe.
D'autre
part,
l
serait
videmment aux
de
croire
ue
tous es
mots
antérieursuraient té réduits u monosyllabisme. on seulement es
polysyllabes
iennentdu
domaine
latin,
mais
l
s'en
crée
d'autres.
Cependant,
e fait
ne
saurait
tre outà fait
ontradictoire
vec ce
que
25
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nousavons
observé
usqu'ici.
Ce
qu'il
fautdonc observer
maintenant,
'est ce
qui
a
lieu
dans es
occlusions,
intersyllabiques
ouvent,
qui
rendent les
polysyllabes
compatibles vec cette résorption yllabiqueoù se développent es
diphtongaisons
dont
le second
élément
peut
être aussi
bien une
occlusionréduite
omme
dans
[faxt
fait]
ou
[caïd
:
caud]).
Nous
avonsvu
aussi
que
cet
épaississement
omportait
ussi bien
des
[ie]
ou
[uoļ
en
cas de
[e]
ou
[o]
toniques
uverts.
Il
y
a un
autre
cas
où se
produisent
es sonantes
épenthétiques,
c'est le
[ie]
issu de
[a]
après
palatale.
Ainsi
carum
[tŠjer]
cher),
alors
que
les
cas de
«
diffraction
[ts
, tí,
dž]
ordinaires
n
contexte
e
yod ne présententustementpas cetteépenthèse.Ce contraste st
certainement
n
rapport
vec
la différence
e date
de
la
palatalisation
devant
a]
,
plus
tardive,
t
en fait
restreinte
u
cas
français.
l faut
donc,
suivant
notre
hypothèse,
considérer
que
les
diffractions
d'occlusion
ont
un
fait
général
n
roman,
mais
que
la diffraction
i]
devant
[a]
est
pour
nous
spécialement
ntéressante.
Dès
lors,
tout
s'enchaîne
: la
diffraction
énérale
est
le
complémentaire'un affaiblissementénéraldes parois intervocali-
ques
: devant
i]
voyelle,
e
[i]
pouvant
e manifester
omme onsonne
de
début
de
syllabe,
a
consonne
riginelle
éfait
on
articulation
n
la
reportant
ur 'éventuelle
yllabeprécédente.
Ainsi
obtient-on
age
de
[sab'iu]
devant avie
et saive
où
[b]
a
été
«traité»
ntervocalique
ou
monge
devantmonie
t moine
La bifurcation
e
voit ussi
dans
piove
et
lluvia
pluie)
: en italien e
[l]
après
consonne
e déstabilise
t
«fait
diphtongue»
en
espagnol
e
[l]
demeure
t
reporte
on articulation.
C'est exactement e
qui
arrive u
yod
dans
saggio
et sabio
en
italien t
espagnol,
fr.
age
et
avie,
celui-ci
ans
Alexis,375).
Quand
[l]
reporte
son
articulation
ans luvià
on
«obtient»
n
[ï]
palatal
fj
toutcomme
-gg-
est
palatal
en italien.
C'est
ce
qui
a lieu
dans les diffractions
romanes,
t
aussi bien en vieux
rançais
2).
(2)
On
peut
bserver
ue
e
comportement
e
simium
[sim'juj
[sindzeļ
est
arallèle
celui
e
cumulum (cum'liiļ [combleļ
ou
camer
m
(čam'rāļ
[?ambrēļ
ou
añeros
ļān'rosj
androsn
grec,
tc.
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Si
[k]
diffracte e même devant
[e]
et
[i],
généralement,
ela
n'est
pas
sans
rappeler
e millénaire
roblème
entum/satem
que
nous1
connaissons
divers
egré
n
français,
t
spécialement
ar l'usage
de
[w]
(complémentaire
e
fj]
comme
[u]
de
[ij
)
pour
'occlusionde
[q]
ou
[g]
devant
voyelle
ďavant
(graphies
gue,
gui que qui),
ce
qui
évoque
aussi
'opposition
e
kaph
et
qoph puis
k
et
q
(latin
c et
q).
Ce
qui
est en
question
ci,
en
somme,
c'est la réactionvélaire
au
point
d'articulation,
roblème
tout
proche
de celui de
la
spécialisation
vocalique
en
[ej
ou
[o]
dans certaines conditions de sensibilité
phonétique.
n voit
que
cettefameuse
question
des
palatalisations
st
exactement
complémentaire
de celle des
non
moins fameuses
«labio-vélaires».Pour fixer les idées sur ce point, en forme de
manifeste,
n
pourrait
ire
que
le latin
quem par
exemple,
u lieu de
s'analyser
consonne
péciale
abio-vélaire sonante
réalisation
ej,
est
e lieu d'une
diphtongue
ue]
à
rapprocher
'autres raitements
e
perceptibles
ans es
[t]
grecshomologues
es
[q]
latins,
homologie
u
même
type
(comme
le
suggèrent
les
intervocaliques grecques
c'est
dire
ue
la lecture
atine e
simium
endait,
ans a
langue
lassique,
sim
um
donte i
devant
od
subi
ne
yncope
omme
ou
e
de
cumulumu
cameram.
On
peut
uggérer
ne
énéralisation.
e
qui
vient
'être it
uppose
ue
a
lecture
classique
e
am
it
été^jam],
t
ue
ce[i]
disparaissant,
n
boutissait
gia
ou
a
en
vieux
rançais,
[dža],
puis
za]).
De
sorte
ue
'invention
es
caractères
et v
par
Pierre
a
Ramée,
mortn
1572,
'est
as
i
rbitraire
u'on
edit
ouvent.
Complémentairement,
n
peut
aire
'hypothèse
'un
omportement
imilairee
r
ou
1
à
l'initiale
evant
oyelle
à
latin
ana,
éclamant
ne
ecture
lassiquef3
aná]
(I.E.
un
[r]
ui
oit
ffectivementne
onante,
'où
des
bizarreries
pparentes
omme
it.
agna/ir.
raigne
etde à
une
nterprétation
ossible
e
ruber
erythros
cf.
plus
loins
,
doit
ouvoir
orrespondre
une
variante
occlusion
onore
nitiale
c'est
e
qui se passedans 'énigmatiquerenouilledatée1215 le prov. ranolhast
«antérieur
'environ
inquante
ns» selon
Bloch
t
Wartburg).
f.
ussi
raméen
gleqtiqaAatm
ectica
u
glusqa
evant
esbiaca.
27
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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spécialisées
dialectalement
t
ou -ss-
2) )
que
celle
qui
relie
e
[k]
latin à «sa» diffraction
[tsj.
Pour résumer e
point,
disons
que
d'une
part
es
ruptures
honétiques
omanesne sont
pas séparables
d'autres
variations,es uneset les autres
pouvant
réciproquement
'éclairer, t
que
d'autre
part,
l
est vain
d'isoler rbitrairementn
«phonème»
[k]
ou
autre)
hors
de son
contexte ar
cela
ne mène
qu'à
une
généalogie
aléatoire e
ce
phonème,
ne collection
e
transformations
rbitraires.
Ce
problème-là
st
trop
vaste
pour
êtretraité
ci
dans
toutes es
implications,
ais e livrer
ci à la
reflecion u lecteur
ermet
ourtant
de situer la
diffraction
rançaise
de vélaire devant a avec
plus
d'exactitude.
Malgré
es
apparences,
es vélaires
éagissent
onc à tout
timbrevocalique, puisque la tenue devantvoyelled'arrière st une
sensibilité
articulière
ussi bien. De sorte
ue
le
«contact»
k+a]
est
lui-même u confluent e deux
questions
la difraction
ui
est
'aspect
que prend
n roman a
vélaire
d'avant,
t la
diphtongaison
n
yod
à la
façon
des
syllabes
oniques
ibres
n
[e/oj
ouvert.
Quant
à l'instabilité
u
yod
d'origine
atine,
bloquant
ou
non
la
syllabe
récédente,
l
faut
remarquer u'elle
existait
éjà
en latin
que
Lavinjaque
au
deuxième vers
de
l'Enéide,
soit
pris par
les
grammairiensommeuneexception, 'en st pas
moins ne
preuve.
En
avançant
dans
la
description
e cette
syllabation
médiévale,
nous
constatons
ue
les
«
réductions
phonétiques
aractéristiques
es
langues
romanes
ne donnent
e l'évolution
u'une
vue
tronquée
elles
existent,
mais s'articulent
vec
des
«constructions»
ans une
nouvelle
équilibration
yllabique.
l
serait ntéressant
e
sonder xactement
es
raisons
ui
privilégient
'aspect
réducteur
usqu'à
théoriser
uelquefois
une sorte
d'entropie
e
1'«
usure»
phonétique
on
entend
ouramment
dire ue lesmots,es languesmême, '« usentnaturellement»).ne des
raisons
majeures
est la
tendance
à
isoler
la
description
e
chaque
phonème,
ous
prétexte
ue
c'est «un
phonème»
ustement,
ne entité
phonétique,
ans
se
préoccuper
e' ses conditions ctuelles
d'existence,
le contexte ù
il
se
produit
contexte
ui
rend acunaire oute entative
de
généalogie honématique.
Il
faut
considérer ne
unité
plus
compréhensive,
u moins la
syllabe.
ela
permet
'ailleursde
se
défaire 'un
préjugé
enace
l'idée
de l'identité u phonème ient la croyancemplicite ue si chaque
(3)
Comme
our
halatta/thalassa.
28
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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phonème
persiste,
'est
qu'il
a une sorte de
sens
;
or
les
syllabes,
observées
ux limites e l'écrit
dans «le monde
médiéval»
ou
souvent
aussi bien dans
notre
langue
orale»),
sont
variantes,
t ces
variances-là
ne semblent
as s'organiser priori
elondessens moine survécu
ar
ici et
non
pas
monge
mais
sage
et
non
pas
saive
;
tengo
s'oppose
à
tienes
u cheval chevaux mais
on
dit
e
tiens t e hasard
d'une erreur
sur une abréviation
produit
ces
pluriels
en
-x.
Si
l'on
cherchedes
exemples
illeurs
u'en
fin
de
mot,
es
pluriels
nternes
roposent
eurs
singularités
en
anglais
bien
sûr,
mais aussi dans une
opposition
omme
doit/doivent
qui
reproduit
u
parodie
une
opposition
ussi
sanctifiée
que
est/sunt),
u bien les
pluriels
dits «brisés» de l'arabe
ou
de
l'éthiopien,dont le problème est fort analogue des «voyelles
prothétiques» apricieuses
n
romans,
grec,
ou
arménien.
Ce
caprice
nous emble
tred'une
certaine
açon
au centre
u
débat
cette
voyelle
prothétique,
i
l'on
analyse
'équilibrage
du mot
il
y
a
beaucoup
à
apprendre
ci
des
grammairiens
du
sémitique),
est
certainement
explicable
ans
chaque
cas,
mais 'aléatoire
du cas
justement
emeure
les bifurcations
roductives
u
nonL
Les
médiévistes
onnaissent
ien
ce
problème,
ous
la
formé es
«mots
à
graphiemultiple».
On
trouve
par exemple
en vieux
français
plusieurs
variantes
ur
le
mot
goupil
:
golpil,
gorpil,
horpil,
holpil,
gropil
gopil.
On
peut
voir
'impression
'une
variété
'indifférence
la
«paresse
du
scribe»),
mais
cette
impression
st
due
au fait
que
la
Renaissance
imposée
une
lecture
nique,
qui
en
fait,
t
c'est
un
point
important,
e débarrassait
de
la variance
en se débarrassant
de
la
sonante.
De même en
latin,
a variance
n'est-elle
ignificative
ue
a
posteriori,
éléologiquement,
orsque
ulp-
variant
avec
lup-
aboutis-
saient
à
uulpes
et
lupus
spécialisés
comme
deux
mots différents
le
renard t le loup). C'est exactemente problèmedes biologistes ui
cherchent,
travers
'examen
de la fixité elative
des
espèces,
à cerner
plusprécisément
es «méthodes»
e l'évolution.
Les variances
ont
été souvent
spécialisées
par
les
«traditions»,
quelquefois
u
long
de
critères
ialectaux,
uitte
ce
que
les
dialectes
échangent
nsuite eurs
vocables
pour
multiplier
eur
exique
ainsi de
chouette
chevêche
choucas ou
chat-huant La
métathèsede
[r],
r,
souvent
ssocié
à
1,
ommedans
e
cas
golpil
est un
des
aspects
de
cette
question legrec , parmi uantités e cas, thrasos ttharsoskirkos t
krikos et le
spectaculaire
rokodilos
u
korkodilos de
même
que
le
latin
crocodilus,
crocodrillus
cocodrillus
corcodillus,
corcodrillus
29
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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variance
ue
les enfants
etrouventvec aisance.
Certains e nos
élèves
(13-14
ans),
peu
familiers du mot rar
goupil,
ont
«re
-trouvé
spontanément,
l'occasion
d'un
contrôle e connaissance
près
'étude
d'un
passage
du Roman deRenart,a variante
olpil
De
ce
fait,
n
peut
se
demander
i la
célèbre
t
fascinante
hèse
de
Jakobson
ur
la
formation
u
langage
chez
l'enfant
d'abord
une
production
de
sons
aléatoires
sans
distinctivité,
uis
«censure»
et
difficile
établissement
e
phonèmes
pécifiques,
ignifiants)
e
serait
pas
assouplie
i
'on
pouvait
aire
précisément
es
observations
ans
un
milieu
ifférent
e
nos
sociétés
'écriture.
Les
variances,
omanes ont
peu
connues
parce que
les éditions
e
textes électionnentrdinairementneforme, e la mêmefaçonque,
dans
l'établissement
es versions
'un
texte,
lles choisissent
n
texte
modèle,
u tentent
'en
présenter
n,
considérant
ue
les variantes e
l'intrigue
ont
des
ratés,
de fausses
pistes
ou,
plus
honnêtement,
e
¡moindre aleur.
l
est
vrai
que
la considération
e
toutes es variations
iépisodiques
e
prête
rès
mal à
l'édition,
ussi
peu que
la formulation
variante 'un
terme
donné»
-
à
tel
point
donc
qu'on
choisit
n terme
reçu
c'est-à-dire
n terme hoisi
par
d'autres),
comme
on
adopte
un
itexteeçu.DepuisAlexandrie, epuis es Massorètes.
Mais si la
«
perte
d'information»n
procédant
insi
peut
sembler
négligeable,
c'est
oublier
que
cette variance
orale
produisit
notre
vocabulaire,
de
mandragore
à
mandeglore
en
passant
par
fnain-
e-gloire,
e brebis à brouette.
i
Nonius
Marcellus
seulement,
íď
près
Varron,
ite a forme
ristinum
devant
e
classique
pistrinum
on
dit
ujourd'hui
égulièrement
restino
boulangerie)
n Lombardie.
De même
pour
'italien
nterpetre,
onnuen latin
par
la seule mention
iquefait,pour e blâmer,Consentius e interpetrorevant e classique
interpreter.
otre
oudrier vieux
français
oudre
repose
ur
une
forme
colurus vraisemblablement
opulaire,
double
métathèse
u
classique
corulus
lequel
vocabulaire
lassique
a
cependant
a forme
djective
colurnus et
pas
autrechose.
La
dimension
ociologique
de la
question
est
évidente,
mais mérite ncore
nsistance
ce
n'est
pas que
la
plèbe,
de
quelque
époque qu'elle
soit
la
plèbe
ou
l'enfant,
plus
vieux
que
tous
les
adultes»
selon
Baldwin
cité
par Piaget
in
Théorie
du
langage
théories de l'apprentissage Seuil, p. 96), prononce «n'importe
comment»,
u mal. C'est
qu'elle
conserve
ne variance
yllabique ui
sembleêtre
centrale,
t nécessaire
ux
spécialisations
ltérieures,
e
30
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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même
peut-être u'un
code
génétique
est
ďabord le
codage
ďune
variabilité
développée
ou
réalisée
par l'acquis,
même s'il est
en
apparence
aveugle.
Nous
commençons
savoir
que
si les
graphies
formellesnt
permis
e
promouvoir
es
langues
de civilisationsu delà
des
langues d'usage,
cet au-delà s'est
révélé
quelquefois
vide ou
meurtrier.
m LE DEGEL
:
VARIANCE,
SYNTAXE
ET
HISTOIRE.
uittant e seul examen
des
phonèmes
où
la
grammaire
vait
ramené,
près que
l'invention e
l'alphabetgrec
eu
polarisé
l'attentionur a lettre)pour gagnercelui des syllabes,nous
pouvons
repérer
a
cohérence
globale
des
disparitions
t
constructions
cohérence
«vibratoire», (ce
que
n'avait
pas
prévu
Benveniste),
ù les
variations
omportementales
prononciations
pleines
et
vides,
abréviations
amilières,
argons
et
javanais,
etc.)
ne
sont
u'un
cas
particulier;
'émergence
ocialisée
de
l'iceberg,
uisque
cette
ariance
emble
ravailler
e
langage
au
plus
profond,
ournir
ne
*
approche
plausible
de la
créativité
inguistique,
e
la
constitution
es
langueset leur différenciationproposant insi un ļpremiertat de
réponse
u
questionnement
teinerien
e
la
prolifération
es
langues,
non sans vérifier
ertaines
ormulations
u
même
auteur,
comme
tle
langage
est
a
création
ncessante
e
mondes
parallèles»
ou
«on veut
interminablement
lus
dire
u'on
ne dit
Après
Babel,
p.
222
et
263).
En
même
emps,
n constatant
ue
l'observation es cohérences ù
voir
ette ariance
l'œuvre éclamedes
perspectives
lus
vastes
ue
la
lettre,
ous retrouvonses
implications
yntaxiques.
a
«fin
du
Moyen
Age ne tient as à l'invention e l'imprimeriele suividudiscoursqui
allaitfaire
disparaître
es
consonnes
inales,
près
avoir
«simplifié»
es
diffractionscclusives t de
nombreuses
iphtongues
u momentmême
où
se
développait
a
prose),
corollaire e la
nouvelle ecture
de
tête»,
effaçant
a
physionomie
solantede la
syllabe
t du
mot,
réouvraites
syllabes
b
stabilisant es variances
soit
en
bloquant
les réalisations
sonantiques,
oit en
garantissant
es
voyelles
naccentuées)
de sorte
que
l'imprimeriepparaîtplutôt
omme
e
prolongementechnologique
d'un
phénomène
ont a
description
remière
st
inguistique.
La
langue,
dans sa texture
a
plus
fine,
st historienne
si
l'on
ne
peut pas,
pour
des
raisons ur
quoi
nous
allons
revenir,
airede
grilles
31
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 34/114
idéologiques
des
comportements
inguistiques
lisant
par exemple
a
palatisation
comme
«médiévale»,
a
tendance
à
la
syllabe
ouverte
comme
«classique»,
etc.)
il
reste
que
la
technique
de
syllabation,
a
physionomie,u sens
étymologique
u mot,de la langue, ont des
implications
yntaxiques.
Le mot
polysyllabe
du
latin
classique,
avec
l'intervention
continuelle
e
préfixes
t suffixes
dentifiables
lisibles),
ne
peut
se
constituer
ue
dans un
double mouvement e
vacuité
sémantique
croissante
e ces suffixest
eur variabilité
écroissante
n
composition
(un
samdhi
minimal),
d'où
par
exemple
le succès
progressif
es
suffixationsitesthématiques, 'est-à-dire n syllabes uvertes.l est
probable
ue
la
lecture
ilencieuse,
ntérieure,
ont
émoigne
Augustin
repose
ur
ce ductus continu
de la
lecture omme ce
que
nous
avons
évoqué
pour
a
Renaissance.
Par
contre,
a
production
e
mots
brefs,
nettements
ifférenciés,
sans
cadre
suffixal
uissant,
sorte
de
sur-syntaxe),
our
homogénéiser
le discours
par
dessus les
syllabes
différenciées,
a variance
qui
autonomise
haque
production,
t
même a
personnalise,
ournissantu
lecteurdes variantesmmédiatesdont le succès ultérieur épendde
critères
out
différents)
usqu'à
intérioriser
u
mot
certains
apports
syntaxiques,
ous
phénomènes
orollaires
de
la dialectalisation
es
régions ue
le latin
mpérial
vait
voulu unifier
voilà un
contraste
idéologique,
inon
politique.
Encore faut-il tre
bien
clair
:
il
ne
s'agit pas
d'une
symétrie.
a
syllabation
classique»,
écrite,
'atteint
u'un
certain
ype
e
latin,
pas
les
graffiti
e
Pompei
;
Auguste
t son
petit
fils,
épétons-le,
'étaient
pas eux-même oujoursd'accord. De ce «côté-ci» du Moyen Age
maintenant,
es
enfants
isent
irloir
t
tout
e monde
berlue
(depuis
Cotgrave,
uparavant
bellue).
La
syllabation lassique
ne
défait
as
la
défait
pas
la
syllabation
opulaire
elle
n'en
est
pas
non
plus
une
variante
articulière.
lle est
une
langue
stabilisée
qui,
si
elle
s'isole,
devient
angue
morte
comme
seules
peuvent
e
devenir
es
langues
cultivées.
n ce
sens,
l
n'y
a en effet
ue
les
civilisations
ui
soient
mortelles,
ais
c'est
un
risque
où elles
se
précipitent
ans
cesse.
Sous
le silence
du lecteur
cultivé,
l
y
a
toujours
e
bruit,
et
l'aléatoire
des sons
où se fait
a
parole.
En
somme,
e
français
ne vient
32
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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pas plus
strictement
u latin
que
l'homme
du
singe
ce
qu'on peut
percevoir
u
fonctionnement
génétique»
du
langage
montre
ue
ce
que
nous
isolons comme
latin,
si nous
pouvons
ainsi
l'isoler,
est
précisément
e que le «françaisnné» ne serapas. Que la phénocopie
existe
inguistiquement,
'est-à-dire
i un
caractère ulturel
u
langage
(par
ex. ce
que
le
français
emprunté
ciemment u
latin)
peut
devenir
fonctionnel
u sens
que
nous
avons
donnéau
mot
«populaire»
-
voilà
une
question
ont a
possibilité
même st
passionnante.
S'il
n'y
a
pas
de
grille
déologique
applicable
sur
la
phonétique,
c'est
donc
parce
que
les
situations
inguistiques
ffrent es
contrastes
qui
ne
sont
pas
orientables
n
symétries,
t
que
d'autre
part,
a
question
phénocopique este uverte. a variété essurgitu cœur de l'écriture
en
ce
sens
qu'il
n'y
pas
une
ecture
eule
d'une
«
décision
honétique
tout e
que
le
langage
ontient
e
parodique,
y compris
ans
ce
registre
spécial
de
la
parodie
qu'est
l'onomatopée
(fort
maltraitée
par
Saussure),
montrerait
lutôt
u'un
mime
st à l'œuvre
hez
e locuteur.
Cette
perspective
ussi,
et
a
façon
dont ces
asymétries
ces
déviances,
sont exactement
a
méthode
qu'a
le
locuteur
d'aller
jusqu'au
terme
d'une
phrase
qu'il
avait
pourtant
ommencé
vantd'en
«savoir
a
fin»,
celadépassenotre résent ropos.
Mais ce
que
nous
pouvons
oncentrer
inalement,
travers
e
que
nous
avons
ppris
des
rapports
e
la
morphologie
t
de
la
syntaxe,
'est
la
façon
dont
un
désordre
rès
fin,
ouvent
issimulé
ar
es
sociétés
u
micro-sociétés
'écriture,
pparaît
comme
ressource
es
structurations,
quel
qu'en
soit
e
degré
de
«conscience».
Cette
variabilité
es
formes
semble
tre
e
milieu
ssentiel
es
réalisations
erminales,
elle
du
mot
actuellement
rouvé,
elle
de
la
phrase
finalement
boutie.
On
peut,
pour
finir,
tracer deux
perspectives
pratiques
et
complémentaires
d'une
part
la
pédagogie
des
langues
vivantes
certainement
apprendre
de
ces
variations
rrégulières
elles
qu'en
montrent
xemplairement
es
textes
médiévaux
d'autre
part
'étude
de
ces textes
evrait
e concentrer
on
tant
sur
'édition
élective
qui
est
une
traduction),
i
tant
ur
e détail
ponctuel
e
chaque
forme,
ue
sur
la
galaxie
mouvante
ue
ces
points
orment.
En faitde
petit
étail,
appelons
nfin
es deux
versions
nciennes,
babeletbalbel le moderne abiole,cousind'un bibelot onore)qui, à
mille
ogorrhées
e
distance,
ont cho
au
lapsus
fondateur
iblique.
33
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Il
n'en
va
pas
de même
pour
une récente
roduction,
Excalibur
,
de John
oorman,
ont
l
nous
paraît
ntéressant
e
dire
uelques
mots.
Ce
film,
ui
se réfère
xplicitement
u
Moyen
Age
en mettant n
images
les vieilles
égendes
rthuriennes e la tradition retonne connu ors
de sa sortie
un
important
uccès.
Salué
par
une
grande partie
de la
critique
comme
un
événement
inématographique
majeur,
il
obtint
mêmeune
récompense
u dernier estival
de Cannes.
Il
a fait
'objet
d'une
gigantesque
romotion
ublicitaire
urant
plusieurs
emaines
t
a
été
programmé
imultanémentans
plusieurs
izainesde
salles de la
région arisienne
insi
qu'en
province.
onstatation
ui
n'est
pas
sans
importance
ans la
mesureoù
il
signifie
ue plusieurs
entaines
de
milliers e spectateurs nt,de ce faitmême,eu accès à une œuvre
importante
transposée
au
cinéma,
certes
-
de la
littérature
médiévale.
Evénement
ntéressant
puisque
pour
l'immense
majorité
des
spectateurs
par
définition
on
spécialistes
la vision
du
MoyenAge
véhiculée
ar
ce
film era eur
eule source
d'information.
Il va de
soi
que
nous
n'aurons
pas
la
pédanterie
e
reprocher
ce
film e n'êtrepas undocumentur 'époquemédiévale t à son auteur
d'ignorer
uperbement
a
réalité
de celle-ci.
Tel
n'a
jamais
été
son
propos,
nous
e savons
bien
sa
volonté
tant,
emble-t-il,
e situer
on
histoire
ans
une sorte
de
passé
mythique,
ntemporel,
e
qui
est
assez
satisfaisant
n
finde
compte.
Le
cycle
rthurien
tant
insi
renvoyé
u
plus
profond
es
origines
e
la civilisation
eltique,
par
conséquent
e
la
nôtre
pour
l'auteur.
Nous
considérerons
toutefois
que
cela
n'autorisait
as
pour
autant
faire
n'importe
uoi.
C'est néanmoins
e
cas,
il faut
bien
le
dire.
Coťhment
n
effet,
arder
son sérieux
devant
certaines
cènes
absurdes,
dignes
d'un
mauvais
Cecil
B. de
Mille
illustrant
'Egypte
pharaonique?
Scènes
qui
n'ont
même
pas
l'excuse
d'être
ignifiantes
ans
'économie
nterne
u récit.
a reconstitution
e
danses
médiévales
est
particulièrement
nénarrable
qui présente
d'énormes
hevaliers
aisant
passer
par-dessus
eurs
arges
épaules
de
frêles amoiselles
u
coursd'une
sorte e
«be-bop»
endiablé.
Evoquons
aussi
pour
mémoire a
ridicule
prestation
horégraphi-
que
la
pauvre
Igerne,
contrainte
d'éxécuter
une
danse
provocante
et lascive sous le regard ubrique de chevaliers vinés. Numérode
music-hall
ue
n'auraient
pas
désavoué es Salomé
des studios de la
MetroGoldwin
Que
dire
de
ces
guerriers
ardés
de fer
ui
ne
quittent
35
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jamais
leurs armures
armures
rès
peu
médiévalesd'ailleurs
-
ni
pour
manger,
i
pour
dormir,
i
même
pour
faire 'amour L'auteur
veut
insi
probablementuggérer
a
violence
ui,
selon
ui,
dominentes
rapports
umains
l'époque.
Il n'en reste
pas
moins
que
ses
procédés
sont
primaires
t n'ont
rien à envier
ces
gros
symboles
l'emporte
pièce
qu'affectionne
ne certaine
psychologie»
méricaine
orsqu'elle
sévit u cinéma.
l
serait
acilede
multiplier
es
exemples.
On
baigne
à
chaque plan
dans
1'«
Hénaurme
Tout ceci serait
videmment isible t ne
mériterait
as
qu'on
s'y
attache 'il
s'agissait
d'un
film
d'aventure
seudo-historique
e
«
série
B», sans prétentions,omme en ont produitHollywood t Cinecittà
dans
es années
50.
Or,
l
n'en est rien.Tout
un
discours
ritique,
nduit
d'ailleurs
par
les
propos
de
l'auteur
ui-même,
end
à
présenter
ette
œuvrecomme une très sérieuse
daptation
de la
«Morte Arthur»
de
Thomas
Mallory,
uteur
nglais
du XVe siècle. Affirmations
our
le
moins
éméraires
ui
nous
autorisent
porter
ur
e
film
un
ugement
tout utre
ue
s'il
s'agissait
d'un
simple
divertissement.
our le metteur
en
scène,
J.
Boorman,
l
ne
s'agit
rien
moins
que
de
transmettren
message mportantur a fondamentalitées mythes eltiques n tant
que
fondement e
notre
maginaire
ccidental. our un
peu
celui-ci e
réclamerait e
Marcel Mauss
ou de
Georges
Dumézil.
Or,
de
quoi
s'agit-il
n
réalité?
Le nécessaire
etour
ces
mythes
ppelés
par
Boorman
st,
l faut
bien le
dire,
d'une
inquiétante
évidence
si,
dans
son
esprit,
ils
ressemblent
ce
qu'il
nous en
donne
à
voir.
Disons-le
tout
net,
l'idéologiequi
paraît
sous-tendre
ette
vision
de
la
chevalerie,
belle
époquequi
ne sera
amais
oubliée
(Boorman
dixit),
st
-
malgré
es
dénégations
de
l'auteur
-
une
idéologie
fascisante.
Nous
pensons
d'ailleurs
qu'il
ne
peut
en
être
autrement
ès
lors
qu'on
considère
volontairement
ette
chevalerie
pour
elle-même
t
hors
du
contexte
historique
qui
l'explique.
Cette
procédure
est
trop marquée.
Nous
prendrons our
exemple
cette série
de
plans
époustouflants
'une
troupe
de chevaliers
érissés
'acier
faisantreverdir
a nature ous
les
sabots
de leurs
chevaux,
e
tout
accompagné
comme
par
hasard
-
de
la
tonitruante
usique
de
Cari Orff.
équence
lisible
uniquement
partird'une connaissancedu thème médiévalde la chevauchée du
«chevalier
u
Printemps»
mais
qui,
hors
contexte,
e
fonctionne
lus
36
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qu'en
faisant
ppel
à une fascination
mbigüe
de
la violence n
tant
que
phénomène
esthétique.
Propos qui
renvoie
forcément
u
côté
de
réseaux
discursifs
ont
on
sait
parfaitement
u'ils
ont
servi
justifier
Thystérieuerrière
e certains rdres e «chevaleriemodernes.
Cette
violence
evient
rès
ite,
d'ailleurs,
e thème
nique
du
film.
On
s'étripe,
n
se
découpe
en
rondelles,
n
se
transperce
longueur
e
temps.
ourquoi
cette
iolence
xtrême
asse-t-elle
ans
problème
ans
les
textes,
ar
exemple
ans
a Chanson
de
Roland
où
Ton nous
parle
de chevaliers
ranchés
n
deux
avec
leur
cheval,
alors
qu'elle
paraît
ridicule
dans
Excalibur
?
C'est
qu'on
se
trouve
n
fait
au
sein
d'un
discours
totalement
ncohérent,
ans
la
plus
pure
tradition
de
la
super-productionhollywoodiennequi privilégie uniquement le
spectaculaire
aux
dépends
de
la
production
d'un
sens.
Il
faut
«accrocher»
e
plus
de
monde
possible.
La
Morte
Arthur
se
voit
réduite
à
une
succession
de
combats
et
de
scènes
violentes.
La
«
psychologie
des
personnages
st,
du
coup,
complètement
acrifiée
t
réduite
sa
plus
simple
expression.
ertes
l
n'y
en
avait
guère
dans
l'épopée
médiévale.
ourtant
st-ce
une
raison
pour
faire
du
roi Arthur
un
eune
benêt
dépassé
par
es
événements
ui
se
transforme
eu
à
peu,
grâceà Excalibur, n superman lay-boyrônant ur un siègeà faire
frémir
iollet-le-Duc
ui-même
n
compagnie
de
ses
chevaliers
e
la
Table
Ronde
ripaillant
ans
une
débauche
de
nourriture
l'idée
est
plaisante
l'époque
-
tel
un
PDG
parmi
on
conseil
d'administration.
Il
ne reste
plus
à Guenièvre
u'à
distribuer
es
etons
de
présence
out
en
lorgnant
ancelot
Tout ceci
n'est vraiment
as
sérieux.
Merlin
st
dépeint
omme
un
gaffeur
figure
ymbolique
u
metteur
n
scène
lui-même,
araît-il
emberlificoté
ans ses
formules
magiques
et
accumulant
bêtise
sur bêtise.
Personnage shakespeariend'après
certains
critiques.
On
se
demande
bien
pourquoi.
Au
demeurant,
personnage
arbitrairement
omique
dont rien
ne
peut
justifier
e
caractère
t
dont
a
place
aurait
plutôt
té
dans
le
film
Sacré Graal
qui
lui,
du
moins,
ne
se
prenait
as
au
sérieux.
Précisons
ue
le
film
ne
saurait s'achever
sans
que
nous
ayons
eu droit
à
quelques
plans
de
Stonehedge
ur
fond
de coucher
de soleil
-
celtitude
blige
-
ainsi
bien ûr
qu'à
la
musique
de
Parsifal
dont
on
sait
qu'elle
est
a seule
à
pouvoir
ccompagner
'évocation
es
mythes
ermano-celtiques.
Finalement
e film
n'est
qu'une
accumulations
de
poncifs
t
de
37
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stéréotypes
aciles
malgré
e discours
prétentieux ui
raccompagne.
l
donnede l'universmédiéval ne vision
out
fait nexacte
t
contestable
et
n'apporte
strictement
ien à la connaissance de
celui-ci.
C'est
l'exemple
ype
de l'œuvre
prétexte ui
réduit, n
prétendant
e faire
connaître
n texte
ittéraire
mportant,
ar
appartenant
ffectivement
au
fonds
culturel
de
notre
civilisation,
une banale
succession
d'aventures
iolentes
ouvant
e
passer
n'importe uand
et
n'importe
où.
Il
est
triste
e
penser
que
les
nombreux
pectateurs
ui
le
verront
sortirontn
pensant
ue
le
Moyen
Age
c
était
a
.
38
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Orlando
de
Rudder
La
Version
X
de
LA VIE
DE
SAINTE
MARIE
L'EGYPTIENNE
Mise
en
prose
et catéchèse
.
n
texte,
ttribué
un
patriarche
e
Jérusalem,
u
Vile ou
du
Ville
siècle,
nommé
ophronios
erait
l'origine
e
tous
les
récits onnusde la viede Marie
l'Egyptienne.
ettevie,cette
légende
ut
un
grand
uccès,
nspirant,
e
Jacques
de Varraze
à
Rutebeuf,
maint
poète,
jusqu
a,
de
nos
jours,
Andre
Pieyre
de
Mandiargues.
Sainte
Marie,
dont 'histoire tait
usceptible
e toucher
es
âmes,
fut
'objet
d'un
culte
mportant.
lle eut son
église
Paris,
dans
la
rue
de la
Jussienne,
nom
dans
lequel
on
reconnaîtra
aisément
une
corruption
u
mot
égyptienne
Des versions e sa vie circulèrent ans l'Europe entière, utant
qu'en
Orient.
On
en
connaît
des versions
néerlandaises,
norroises,
portugaises,
taliennes,
d'autres en
vieil
anglais
et
en allemand
moyen.
ans
oublier
es
textes
rméniens,
thiopiens,
éorgiens,
laves,
syriaques,
urcs,
relatant
on
histoire...
Une
traduction
e la version
dont nous allons traiter
ut même
l'heur d'être
le
premierpoème
castillan
composé
en
versi
nnéasyllabiques
Vida
de
Santa
Maria
Egipcaccia,
dont il n'existe
qu'un
manuscrit,
la
bibliothèque
de
l'Escurial). Cettetraductionn versd'un texte en prose,suppose en
plus
des
problèmes ropres
u
passage
d'une
langue
dans
une
autre,
certaine
réécrijure
. C'est d'un
phénomène
nalogue,quoique
moins
39
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 42/114
complexe,
ontnous
allons
traiter.
Car,
les versions
rançaises,
lles-mêmes,
ont
fort
nombreuses
t
diffèrent
es
unes
par
rapport
ux
autres,
de
façon
sensible.
Certains
élémentsdu récitfurentugés moins pertinents ue ďautres par
certains
cribes.
La forme
hoisie,
elle
même,
pose
la
question
du
«
statut
du texte
la
prose,
e
toute
vidence,
e
peut
diretout
fait a
même
chose
que
le
vers
;
dire
autrement,
omme
dire à
nouveau,
modifie
a teneur
u récit.
Ainsi,
a version
X n'a-t-elle
as
tout
fait a
même
onction
ue
ďautres
rédactions,
elles
es versions
ou
W.
Un
grand
nombrede
manuscrits
es versions
X et
T de la
Vie de
SainteMarie l'Egyptienneontà notredisposition. ans le groupeX,
certaines
versions
sont
attribuées
à
Jean
Belet
et cotoient
des
traductions
e la
Legende
Dorée tandis
que
ďautres
proviennent
e
légendiers
divers.
D'autres, enfin,
font
précéder
e récit
qui
nous
intéresse
ci d'une vie
de Sainte
Marie
Madeleine,
e
qui
fournit
n bel
ensemble
e vies de
pécheresses,
outesdeux
nommées
Marie,
et
ayant
des
rapports
vidents
'une
avec
l'autre,,
out en étant
toutes
deux
placées
ous e
signe
de
la
Vierge.
Les manuscritse la version ,
s'ils
présentent
ne
certaine
nité,
varient
ur
des
points
de
détail.
Toutefois,
Peter
Dembowski
nous
précise,
ans
son
étude,
que
les
parties
théologiquement»
mportantes
sont
uniformes
1
.
Ces
manuscrits
ont
ous
des XlIIe et
XlVe
siècles.
L'éditeur
en
a
choisi
deux
: le
récit
tiré
du
manuscrit
7275
de
l'Aditionnal
de
la
bibliothèque
u
British
Museum,
qui
date
du
milieu
du
XI
Ve
siècle
pour
X
;
et
e
manuscrit
3112
de
la
bibliothèque
Nationale
fourni
a
base
de l'édition
e
la
version
(XlIIe
siècle).
Cette dernière st foisonnante. e texteversifié st remplide
descriptions
t
débute
par
un
long
prologue
moralisant
ans
lequel,
semble-
-il,
e
vers
suit
son
cours,
dirigé
par
un
certain
plaisir
de
récriture.
a
version
X
va
droit
u
but
et
nous
présente
Marie
tout
de
suite.
On
n'invente
as,
ex
nihilo
la
vie
d'une
sainte.
Tout
au
plus
peut-on
résenter
e
façon
différente
ertains
pisodes,
ertains
étails.
Le
merveilleux
hrétien
'exprime,
dans
la
version
T
par
la
lyrique
courtoise.
X
l'affirme
par
un
plus
grand
nombre
de
références
(
1
La
Vie eSainte
Marie
'Egyptienne.
d.
Dembowski,
roz,
Genève
977.
40
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On
peut
tout
de même e
rendre
ompte
de
l'importance
es
lieux
qui s'opposent
la
ville,
a
forêt u
le
désert,
'Egypte,
Alexandrie,
Jerusalem,
a
mer,
e
fleuve,
e
monastère,
ont
autant
d'étapes
d'un
itinéraire.
Marie
est
décrite,
ans
la
version
X,
chez
elle,
puis
en
Alexandrie
ensuite
ans
e désert.
a version
la
décrit
e
même
n
ces
trois
ieux.
L'ordonnance
des
épisodes,
leur
progression,
a
succession
des
séquences
narratives
ont,
peu
de
chose
près,
dentiques
ans
les
deux
récits.
La
plus
grande
différence
éside
dans
l'importance
des
descriptions,
esquelles
ont
plus
détaillées,
lus
«
poétiques
dans
T. Ce
qui
sépare
es
deux
versions,
n
dehors
de
la
forme
prose
pour
X,
vers
pourT - estailleurs.
Deux
réthoriques
'opposent
orsqu'on
compare
a
version
T à
la
version
X
de
la
vie
de
sainte
Marie
l'Egyptienne.
Cette
opposition,
disions-nous,
e
manifeste
ès
l'incipit
celui
de
la
version
X
nous
fait
tout
de
suite
onnaître
e
sujet
de
la
narration
n
opposant
a
Dame
et
a
pécheresse
«Ci
commence
a
vie ma
Dame
sainte
Marie
l
égyptienne
ui
fu
pech r sse .
L'histoire
st
en
quelque
sorte
racontée
les
mots
dame
sainte
pécheresse
expliquent
déjà
ce
dont
il
s'agit.
Ce
n'est
point
le
cas
de
l'incipit
de
la
version
T.
Cette
rubrique
n'informe
as
sur le
contenu
du
texte
t
le
sépare
simplement
e
ce
qui
précède
dans
le
codex
t Chi
commence
e
viede
Marie
égyptienne*
Cette
première
pposition
ntre
es
deux
versions
nous
semble
indiquer ne sortede différence
statutaire»
ntre
es
deux
narrations.
La
version
X est
moins
une
histoire
acontée
u'une
sorte
de réflexion
au
sujet
de
Marie.
Le
fait
de
réécrire
en
prose
un
texte
versifié
suppose
un
remaniement
ui
ne
peut
pas
se
manifester
niquement
ans
a
forme,
si
l'on
admet
que
l'écriture
elle-même
modèle
son
contenu.
La
différence
ormelle
uppose
elle-même
ne
modification
e
statut
la
prose
«dit
la
vérité»
et
le
texte
de
la
version
X
nous
semble
plus
favorable
son
utilisation
eligieuse,
voire
monastique.
Sa
relative
concision,
a
façon
decommentera viede Marie
peut
mieuxpermettre
la lecture
mi-voix,
a
lecture
méditative,
a
lecture
ente
et
réfléchie,
42
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contemplative
i bien décrite
par
P.
Leclercq
dans son Initiation ux
auteurs
monastiques
u
moyen
ge
(2).
Cette
ecture,
rônéepar
saint
Benoît,
ien
que supposant
une
prononciation,
n
murmure
u
texte,
étaitnécessairement
lus
intime,
plus personnelle, ue
la lectureà
hauteet
ntelligible
oix. Nous ne
saurions
videmment
ssurer
ue
la
version ne devait
point
tre ue
à haute
voix,
ni
que
la
version
n'ait
jamais
été lue de
façon
solitaire
des finsméditatives.
ependant,
a
distinction
ue
nous tentons
d'établir
peut
illustrer a différence
profonde
ntre
es deux
textes.
Les
charmes
littéraires»
e
la
version
nous
font
généralement
négligeres autresversions.C'est souvent e cas lorsqu'onétudie
des
textes
médiévaux
nous
observons
ttentivement
a
«bonne»
version,
choisie
par
1'édkeíir,
t
regardons
plus
distraitement
es
versions
annexes.
Mais
dans
e
cas
d'une
mise
n
prose,
l
semble
u'il
faille
'in-
terroger
ur la
«fonction»
même
du
texte.
Nous
allons
ici
tenter
de
définir
es
différentes
onctions.
outefois,
ans
un
domaine
aussi
peu
sûr,
nous
ne
pouvons
qu'émettre
des
suppositions
et
employer
précautionneusement
ne
démarche
hypothético-déductive
ans
réellement
ouvoir
onfronter
os
conclusions
ux faits.
Nous
dirons,
our
a commodité e la
chose,
que
la version nous
raconte
une
histoire
pour
elle-même,
utilisant es
ressources
de
la
poétique,
ouant
de
tous es
effets
e l'art en
posant
une
réthorique
u
déplacement
un
effet
sthétique
ertain st
obtenu
par
la
première
description
e
Marie,
prostituée
épeinte
u
moyen
e la
terminologie
courtoise
ui
sert
généralement
décrire ne
Dame.
Cette
description
courtoise
ait
ens
et
nous
permet
de
voir
Marie
l'Egyptienne
ans le
temps quelque
chose de cette
prostituée
st
déjà
différent
e ce
qu'est
uneprostituée.
Au
rebours,
e
versionX ne
s'occupe pas
autant
de
disposition,
e
l'art
du récit.
a
réthorique
st celle
de
l'adéquation
de ce
qui
est,
en
tant
que
cela
doit être.X
«christianise»
a
vie de
Marie,
l'instaure
n
tant
qu'enseignement
ses
péchés
n'y
sont
pas
des
épisodes
d'une
aventure,
des
«accidents
de
parcours»
ou
encore
des
curiosités
esthétiques.
es
péchés
en
question
ne sont
d'ailleurs
pas
décrits,
mais
simplement ommés, épertoriésn une sortede listecommeautant
(2)
Editions
u
Cerf,
957.
43
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 46/114
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 47/114
parents
ce
qui,
assurément
'est
pas
bien.
Puis,
elle les
quitte.
Ensuite,
elle
se
prostitue.
'est
déjà beaucoup,
mais,
le
scripteur
e X
insiste,
montrant,
u
passage,
'un des clichésde la
fantasmatique
masculine
noncontente e se
prostituer,
arie
y
prend plaisir.
D'ailleurs,
pour
bien
aggraver
on
cas,
Marie
ne
néglige as
de
bien
manger
t de bien
boire,
ce
qui
ne
l'empêche
pas
de
se
prostituer
ous les
jours.
L'accumulation e tous ces détails
produits
our
nous
un
certain
ffet
humoristique
ui
n'était
eut-être as
voulu
par
e scribe.
Jusqu'ici,
es
péchés
de
Marie
s'ils
mettaient
'autres
personnes
n
cause,
puisque
a
prostituée
ait
pécher
on
usager,
taient
uand
même
«internes» t
concernaient
lus
la
personne
de
Marie
que
les autres.
Puis,Marie devient esponsablede la mortde ceux qui s'entretuent
pour
elle.
Même,
elle
rit
de ces
morts.En
fait,
lle
contamine e
pays
dans
equel
elle exerce a
coupable
ndustrie.
A
ce
moment,
lle
décide
de
s'embarquer
vec
es
pèlerins.
lle
dit
à
ces
derniers
u'elle
n'a
pas
de
Parents.
Ce
reniement
joute
une
faute
à
la
liste
des
péchés
de
l'égyptienne.
lle se
moque
alors
des
pèlerins
(X)
avantde
faire
écher
eux
qui
étaient
ur a
voie
du
salut.
Un
énoncé
tonnant
rend
lors
place
:
iMais le deableVavoit i sorprise ue ellefu toutenuiten sa
chemise t
gisoit
toute
eule en
un
lit
pour
faire
son
délit
en
habandon
#.
Marie,
durant a
tempête,
e
masturbe
Enfin,
our
clore
ette
iste
de
péchés,
Marie
se
mêle à
une
procession,
mais
pas
i
par
bonne
entendons.
Il
semble
ue
Marie
doive
gravir
ous es
échelons
peccatifs,
es uns
après
es
autres,
uisqu'il
est
nécessaire
u'elle
se
conduise
omme
une
espèce
de «fonctionnaireu
péché»
qui
doit,
pour
finirainte, ccumu-
lerdes
étapes.
Ayant
eaucoup
péché,
l
lui
sera
beaucoup
pardonné.
ans
doute,
l'accumulation,
a
consécution
e
noirceurs
ermettent-elles
e
montrer
au
lecteur
que,
quelle
que
soit
la
gravité
des
fautes
commise,
a
rédemption eut
avoir
ieu. Il
y
a
dans
l'accumulation
des
fautes de
Marie,
omme
un
rituel,
ne
liturgie
ui
aura
pour
parallèle
e
repentir
et a mortification,esquelssuivrontussiun itinérairerogressifêtre
en
Egypte,
asser
a
mer,
ller en
Terre
ainte
puis
au
Jourdain.
ce
déplacement
éographique
épondront
es
différents
utrages
e
la
vie
45
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 48/114
sauvage
dans
e désert
les
vêtements e la
sainte e
déchirent,
'abord,
puis
son
corps
era
abimé
par
e
soleil vant d'être
blessé
par
les
ronces.
Ces
trois
tapes
de
la
mortification
'inscriventur le
corps
même
de
Marie, ur e
moyen
mêmedu
péché
d'abord
par
le
dépouillement
e
l'enveloppe
u
corps,
e
vêtement,
igne
ocial
dont
'absence
ouligne
a
solitude du
désert,
puis par
le
noircissement
e la
peau, première
atteinte
u
corps
ui-même,
uis par
pénétration
e
ce
corps
au
moyen
des
épines qui
le meurtrissent.a
blessure,
'est-à-dire a
rupture
u
tissu
pithélial ar
les
épines
est aussi un
ritede
purification
le
sang
qui
doit s'en écouler
nstaure
une certaine
ymbolique,
ont
le
sang
d'une
femme,
ortementié à
l'impureté
ans les textes
religieux
cf
Marc V ; 25 : la guérison e l'hémoroïse st 'undesmiracleses plus
«forts» u Christ
ustement
cause de
l'impureté
iée
au
sang
dans la
tradition
ébraïque)
st 'un des
signes
majeurs.
X canonise
'histoire e Marie. N'oublions
pas que
le XlIIe* iècle
futune
époque
de
polémiquesreligieuses. 'importance
e
l'image
de
la
Vierge,
utre e souci de
promouvoir
e culte
mariai nous montre e
vieux thème
de la
contemplation
'une
image
sainte assurant
la
rédemption. n grandnombre e textes e ce sièclerelatent es mira-
clesfaits
u
moyen
e
la
contemplation
e
l'image
de
la
Vierge
u dans
lesquels
sa
représentation
pparaît
: c'est
l'époque
de Gautier
de
Coinci,
'est e moment
ù le culte
mariai,
malgré 'opposition,
urant
le siècle
précédeñt,
de Bernard de
Clairvaux,
prend
une
grande
importance.
La
profession
e
foi
de
Marie,
qui
est un
mélange
de
citations,
e
paraphrases
t
d'applications
du Credo
illustre
'aspect catéchétique
et
a
fonction octrinale
e
la versionX.
Il
s'agit pour
elle de
préciser
e
sens
de
l'histoire
acontée. es
moyens
our
ce
faire,
nous
l'avons
vu,
sontdivers
t,
nous
pouvons
eur
ajouter
une
listede
signes
usuels
de la
chrétienté
les
épines,
a vie
sauvage
près
du
Jourdain,
a
nourriture
frugale, ui
évoque
saint
Jean-Baptiste,
mais aussi le
lion,
le
lion
marcien,
lément
e cetensemble
ui place
Marie
dans une
thématique
du «retour
u
sources» du christianisme.
ozyme
lui-même,
ssu du
«
moustier aint-Jehan
peutévoquer
un
sage
essénien,
mage
baptiste
s'il en
fut.
La version peutnousapparaître ommeunmétatextexplicitant
plus
précisément
e
sens
profond
u récit.On
peut
y
voir,
u
point
de
vue
littéraire,
ar rien
ne
peut
l'affirmer
istoriquement,
ne
étape
46
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entre
T et les versions
e
type
W.
En
effet,
i nous
simplifions our
mieux
llustrer
otre
ropos,
e
qui importe
ans
T,
c'est e récit
ue
X
place
dans un
plan légèrement
econd,
tandis
que
W
ne fait
que
résumer 'histoire
pour
en mieux donner a
signification
eligieuse,
morale t
métaphysique.
W
suppose,par
ailleurs,
ue
l'histoire
oit
déjà
connue.
La mise en
prose peut
être considérée
omme
un
remaniement,
non
eulement
e
la
forme,
mais aussi
du sens
d'un
récit.
e
rejet
d'une
formulation
ittéraire
t
poétique pour
une
langue précise permet
d'affirmerette
fonction. a
comparaison
des
styles
montre a même
différenceu'il peuty avoirentredes textescomme es Miraclesde
Votre ame de Gautier
de
Coici
et ceux de
saint
Louis
par
Guillaume
de
Saint-Pathus
dans les
premiers,
ne
réthorique,
ne
poétique,
une
esthétique
onstruisente
texte,
ans les
second,
l
s'agit quasiment
es
minutes u
procès
de canonisation t
nous avons affaire un
langage
juridique.
Sans
marquer
une
opposition
ussi
nette,
par rapport
la
version
,
la version se souciemoinsdu
style,
mais tend
plutôt peser
ses
mots,
coordonner es
phrases
dans une
logique syntaxique ui
est
cellede l'enseignement.
47
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ébauche de
classification
e
ces
édifices n fonction
e leurscaractères
communs.
Sans revenir ur le contenude ce
travail,
l
est
cependant
intéressant de
signaler qu'une correspondance frappante
pour
l'ensemble et pour les détails de la composition ntre plusieurs
exemples
nous a conduits
à
la
recherche
d'éventuels
principes
ou
procédés
de tracés
géométriques égissant
'établissement es
plans
(coupes
et élévations tantvolontairement
cartées).
Connaissant
ertainsbâtisseurs
grâce
à
des
parchemins
t
à
des
inscriptions
ur les cathédrales
elles-mêmes,
l
faut cerner
plus
précisément
e rôle des architectes ans
la
construction,
eur
manière
de
projeter
t
la
façon
dont
leurs
tracés ont été
exécutés au sol
grandeur ature.Plusieurs lans,même 'ils ne comportenti échelle,
ni
cotes,
même s'ils ne sont
souvent
ue
des
reproductions
'édifices
existantsou
au
contraire des
améliorationsde
ceux-ci,
prouvent
l'existence e
projets
de la
part
des
architectes.
es
épures
tracées au
sol ou sur
certainsmursmontrent
ue
le
tracé des
plans
ou celui des
voûtes se faisaient sur
place,
sans
aucun doute
par
des
procédés
géométriques ui
ont
dû êtrerelativement
imples.
Les documentsdes carnets
de Villard
de Honnecourt
1)
pro-
posentde telsplans et de telsprocédés,mettant n évidence a notion
de modèle. Certains
plans «type»,
isputés
entre Villard et
Pierre de
Corbie
ncitent
penserque
certains
difices taient onsidérés e la
part
des maîtresd'oeuvre omme des
exemplesparfaits.
'historique
de
plusieurs
cathédrales,
même
lorsqu'il
y
a un certainnombre de
lacunes,
nous
prouve qu'il
y
a eu
une continuité ertainedans
la
projetation
t dans la mise en
œuvre,
ontinuité
ui
s'est
faite l'aide
de
documents,
u
par
transmission
rale de certains
rincipes.
Plusieursdocuments
tablissent
'extrêmemobilité es architectes
commedes ouvriers travers
'Europe,
ainsi
que
la communication e
certains ocuments.On
peut
affirmer
ue
les idées
ont
été
transmises
d'un architecte un
autre,
que
certains
principes
ommuns nt
été
utilisés,
opiés, adaptés
ou
améliorés
à
travers e
temps
et
à
travers
l'espace.
L'existence
des
tracés nous a
conduits
étudier
lus
précisément
les
instruments
éométriques
utilisés
par
les
architectes
parmi
lesquels,
nous
semble-t-il,
'équerre
eu
une
place prépondérante.
(1)
Las u
,
L
Album e
Villard
e
Honnecourt,
aris,
858.
49
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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1.
L'architecte
médiéval
Les comptesrendusdes chantiers u XlIIe parlentd'architectes,
de
divers
corps
de
métiers,
rès
spécialisés,
et d'une
multitude
de
manœuvres
t de
saisonniers,
ans
qualification, ayés
à
la tâche. Le
travail st très
organisé,
ivisé t
fortement
iérarchisé.
Un
petit
groupe
de
spécialistes
les architectes
ngénieurs,
e
trouvait
on
seulement
u sommetde
V
chelledes salaires
en
vigueur
dans
Vindustrie
médiévaledu bâtiment mais
encore avait
la
possi-
bilité
d'exiger
et
ď obtenirune série de
privilèges
attachés
à
cette
profession.
1)
1.1. Les
divers itres
e l'architecte
médiéval
Le
terme architecte»
'apparaissantpas
au
Moyen Age,
il nous
semble
mportant
e
nous référer ux
expressions
ui
désignaient
es
chefs e
chantier
l'époque.
Elles
nous
renseignent
n effet
lus préci-
sément
ur e
statut ocial
particulier
ont bénéficiaient
es architectes
et
sur e
rôle
qui
leur
était
ttaché.
Il n'existait
pas
de terme
unique pour
qualifier
ces
«maîtres
d'oeuvre».De nombreusesinscriptions eurs confèrentdes titres
différents,
ttachés
pourtant
une
même
profession.
On
peut
ainsi
ire es
épitaphes
uivantes
Ci
gît
Pierrede
Montreuil,
leurparfaite
des
bonnes mœurs
en
son
vivant,
octeur
s
pierres
que
le
roi des deux
le
conduise aux
hauteurs
des
pôles.
Epitaphe
de Pierre
de
Montreuil,
rchitecte
e
Saint
Louis,
à
la
Sainte
Chapelle.
Ci
gît
Maître
Hue
Libergier,
ui
commença
cette
église
en
Van
1229et trespassaVan 1267 pierre ombalede Hue Libergier, rchi-
tecte
de
l'église
St-Nicaise
Reims
détruite).
Ci
gît
Guillaume
trèsélevé dans
Fart
des
pierres
qui
acheva
ce
nouvel
uvrage.
Architecte
e St-Etienne
e
Caen.
Ces
épitaphes,
n associant
a
plupart
du
temps
'architecte
son
œuvre,
nous
ndiquent
ue
les architectes es
cathédrales
'étaient
as
des
anonymes
t
bénéficiaient
e
surcroît
'une
grande
renommée
leur
époque,
s'ils sont
tombés
maintenant ans
l'oubli.
Parfois
même,
(1)
Gimpel,
evolution
ndustrielle
u
Moyen
ge,
p.
113)
50
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 53/114
leurs
ffigies
ont restées
ravées
ur es
édifices
labyrinthe
e
Reims,
tombe de
Libergier,)
u sur des
manuscrits
carnets
de
Villard de
Honnecourt).
es
portraits
eprésentant
ouvent 'architecte u milieu
de ses outils de travail nous seronttrès
précieux pour
la suite de
l'étude.
L'architecte
pparaît
ainsi
sous
plusieurs
titres
u traversde
diversmonuments
Machinator,machoun,
ngeniator
Magister
pens Apparator
Maistre
maçon
Magister
ernent
rius.
magister
athomus
Doctor
athomorum,
octor
eyrier,
octeur
s
pierres
Expressions uxquellesnous nousréféreronsouvent u filde ce
chapitre.
1.2.
L'hommede
chantier.
L'architecte
médiéval
est
d'abord un
homme
de
chantier.
Certaines
expressions
'associent
au
travail
manuel)
de la
pierre
:
Magister
cementarius
maître
maçon),
Magister
athomorum
maître
des
tailleurs e
pierres).
Nous
avons
la
chance
de
pouvoir
suivre e
récitdétaillé de la
reconstruction
e
l'église
de
Cantorbery,
partir
de
1174.
Le
moine
Gervais
nous
renseigne
ur
les
qualités
qui
avaient
provoqué
e choix
de
l'Architecte
uillaumede
Sens,
ors
d'une
sortede
concours
Parmi
d'autres vint
un
architecte
e
Sens,
nommé
Guillaume
un
homme
nergique
t
ouvrier
ngénieux
n
pierre
t en
bois.
En
raison
de son
esprit
t
de
sa
renommée
on
lui
confia
oeuvre
lutôt
qu
aux
autres.
1)
L'architecte
evait
tre
insi
un
spécialiste
e la
pierre,
mais
aussi
du bois. En fait, l patronnaitMagister) ous les corpsde métier t
chaque
opération
evait
ui
être
familière.
Gervais
montre,
ar
la
suite,
Guillaume de
Sens
mettrea
main
à
l'ouvrage,
u
milieu
des
ouvriers,
t
être
malencontreusement
ictime
d'un
accident
du
travail
Comme il
préparait
es
machines
propres
à
établir
es
grandes
voûtes
les
poutres
e
rompirent
ous
ses
pieds
et l
tomba
ur e
sol,
de
la
hauteur
de
la
voûte
upérieure,
est
à
dire
50
pieds
les
pierres
t
(1)
Gimpel,
âtisseurs
e
cathédrales,
p.
145).
51
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 54/114
les
échafaudages
accompagnant
ans sa
chute.
Blessé,
l
continuera
diriger
es
travaux
de
son
lit,
en
choisissant
un
eune
moine
«ingénieux
t
intelligent»our
transmettrees ordres
sur le chantier. Le malheureuxGuillaume de Sens
marque
ici,
pourrait-on
ire,
une
étape
dans
la
division
du
travail,
de
plus
en
plus
poussée
dans
l'industrie u
bâtiment,
ès la fin
du Xlle siècle. En
effet,
es architectes
ssisteront e
moins
n
moins u
déroulement
es
travaux t se
feront
ouvent
eprésenter
ar
des
intermédiaires
ur le
chantier les
parliers.
1.3.
Architecte
t/ou
ngénieur
L'architecte st ensuiteun Techniciendes artsmécaniques nté-
ressé
la
recherche
e
nouveaux
procédés
Machinator
mécanicien,
nventeur u
fabricant 'une
machine
architecte
ngénieur,
u
figuré
machinateur.
Machoun,
ngeniator
Tel Guillaume
de
Ses,
par
exemple
Il
construisit
'ingénieuses
machines
pour
charger
et
décharger
es
navires
et
pour
lever
les
pierres
t
e
mortier.
De
même
Villard
de
Honnecourt
1.4.
Le
conceptear.
Le
titre
Magister
signifie
ussi
maître
de
l'œuvre,
maître
d'une
œuvre
précise,
c'est
à
dire
concepteur
et
c'est
cette
fonction
ui
primera
ès la fin
du
Xlle
siècle.
L'architecte
tablit
es
plans
de
l'édifice,
es
propose
et
il
reste
pour
surveiller
a
réalisation
étant
payé
à
l'année
ou
pensionné.
Par
contre,
our
es
petits
hantiers,
on
rôle
se
limite la
projetation,
t
il
s'en va les plans admis, car conscientde sa valeur, l demande des
salaires
très élevés.
Dans
cette
situation,
n
pourrait
dire
qu'il
s'en
tient u
«permis
e
construire».
Ainsi,
dès
le
XlIIe
siècle
l'architecte
erd
en
partie
sa
vocation
manuelle
pour
s'intellectualiser..
L'architecte
oncevait a
forme
de
l'édifice
sans en
manipuler
a
matière
St
Thomas,
cité dans
Panofsky
Archi.
oth.f .
89.
A ce sujet, on peut noter 'indignation 'un Nicolas de Biard,
contemporain
e
Villard
Dans ces
grands
édifices
l
a
accoutumé
d'y
avoir
un
maître
52
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Carnetse
illard
e
onnecourt.
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1.6. La
tradition
ntique.
La
tradition
ntique
a en
effet
té
transmise
out
u
long
du
Haut
Moyen
Age, par
la
transcription
éticuleuse es
textes
grecs
et latins
que Ton pouvaittrouver. es nouvellesécoles laïques urbainesont
profité
e
ce
travail
de
«Bénédictin»
t
on
pouvait
ainsi se
procurer
dans
les
bibliothèques
des
extraits
de
Platon, Aristote,Archimède,
Varron,
Virgile,
Cicerónou
Vitruve.
On
note aussi la
traduction es
Eléments
'Euclide
de
l'arabe)
par
Adélardde Bath au
Xlle,
et 'étude
des
connaissances
rabes
par
Leonard
Fibonacci de
Pise dans Liber
Abacci
étude
des
nombres).
Contrairement
la
Renaissance,
le
Moyen
Age envisage
cette
culture omme un moyen, n outilet noncomme un but en soi. En
effet,
e
«respect»
our
les
Anciens ne se
traduit
pas par
la
simple
imitation
'un
archétype,
modèle considérécomme
œuvre
parfaite,
mais
par
l'utilisation,
'adaptation
ou
l'amélioration,
ransgression
d'un modèle
non
plus «parfait»
mais
«pour
faire»,
our
reprendre
es
termes
e
Nicolas Soulier.
Les siècles
classiques, prônant
au
contraire a
loi
d'imitation,
tentative
de se
rapprocher
de la
«Beauté»
parfaite
atteinte
par
l'Antiquité recqueet latine, oumettraa création à une série de
règles
t
de carcans
respecter.
Fort
de
l'héritage
ntique,
un Bernard de
Chartres,
ncore
tout
jeune
écolâtre
n
1117,
pouvait
'écrier
Nous sommesdes
Nains
uchés
sur des
épaules
de
géants
Nous
voyons
insi
davantage
t
plus
loin
qu
eux
;
non
pas parce
que
notre
vue
est
plus aiguë
ou notre
taille
plus
haute mais
parce
qu'ils
nous
portent
n Vair t
nous
élèvent
e
toute
eur hauteur
igantesque.
Vitruve,dans son Traité d'Architecture onne la définition e
l'architectedéal
:
Qu
ils soient
nstruits,
apables
de manier
e
crayon, ompétents
en
géométrie
t
en
histoire,
ntéressés
ar
les
théories
hilosophiques,
la
musique
et
quelque
peu
la
médecine,
qu
ils
aient
aussi des
connaissances
uridiques
et
quelques
notions
'Astronomie t d'Astro-
logie
(1)
L'architecte médiéval
possède
cette même
aspiration
à
une
(1)
Vitruve,
raité 'Architecture,
,
1.
55
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culture
ncyclopédique
il
est
le
témoignage
ivant u
rapprochement
des
«Arts
Mécaniques»
et
des
«ArtsLibéraux». Ainsi
l'architecte es
cathédrales
t l'intellectuel
colastique
sont en relationcar
produits
d'un même phénomène l'essor urbain, qui s'accompagne de la
création es
grandes
athédrales
t
des
universités,
réant
une
nouvelle
culture
La
transformation
es
méthodes colaires
t
intellectuelles
st la
technique
d'un métier
nouveau d'une nouvelle
corporation
Vuniversitas es
maîtres
et
des
étudiants
Elle devient
'affaire
de
professionnels ui pour
leur
travail vont demander salaire.
Elle
consommede
plus
en
plus
de
livres
devenus nstrument e
travail
entre es mains d'une nouvelle atégorie ociale ; celledes travailleurs
intellectuels
(
1
L'architecte du
XHIe
issu
des Arts
Mécaniques
de
par
sa
formation
ur le
chantier,
end
à
se
rapprocher
des méthodes de
l'enseignement
colastique.
voir
a
discutatio ntre
Villardde Honne-
court t Pierrede
Corbie).
l
participe
ussi des
Arts
Libéraux,
prati-
quant»
surtout 'Art
de la
Géométrie,
éométrie
ui
au
Moyen
Age
est
réappréhendée travers neinstrumentationratique.
2.
La
géométrie
nstrumentale
Un
texte
de Bernard
Palissy,
tiré
de son Dessein
du
jardin
délectable
évoque
d'une
manière
ttrayante
es
divers
utils
«par
les-
quels
on
conduit a
Géométrie
t
l'Architecture»t nous
renseigne
ainsi sur
eurs
qualités
et
usages
respectifs
Nous avons e Compas
La
Reigle
L
Escarre
Le
Plomb
Le
niveau
La
sauterelle
Et
l
Astrolabe
Voilà
les
outils,
par
lesquels
on
conduit
la
Géométrie
et
(l)
J.
Le
Goff,
a civilisatione
l'occident
édiéval,
rthaud,
963.
56
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PL X
it
PtpàíC
4jrcteWm <mf
W
w*
^ Bul
«,«
tpàíC
4jrcteWm
4el
<mf
W
^ Bul
«,«
on<r
W
*juUrS-m«n
t»úT¿e-moti(
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íjuáj-cUf
ÒA
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lelwí Vvtť« agtefa ¿<ļcy oneicgýy.
ÒA
xtvnc
•
pârchu
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n
pi
Jtas
hutad
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tt£
ytfcl
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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V
Architecture.
uisque
nous sommes ur
le
propos
de la Géométrie
il
advint,
a
semaine
passée
qu'estant
en
mon
repos
sur l'heure
de
minuict,
l
m estoit
vis
que
mes outilsde Géométrie
estoient slevez
l'un contre 'autreet qu'ils se debatoyent qui appartenoit'honneur
d'aller
le
premier.
Et estant en ce débat
le
Compas
disoit
: ill
m'appartient
'honneurcar
c'est
moy qui
conduis
et
mesure
toutes
choses
aussi
quand
on
veut
réprouver
n homme
de sa
despense
superflue
on
l'admoneste
de
vivre
ar
compas
La
Reigle
disoit
au
compas
i Tu
ne
sais
pas
ce
que
tu dis
tu
ne saurois rien
aire
qu'un
rond
seulement
ui
est
le
trou
du cul
;
mais
moy
e
conduis
toutes
choses
directement
et
du
long
et
de
travers et
en
quelque
sorte
que
ce soit e fais mon cherdroitdevantmoi Ainsi quand un hommeest
mal vivant
on
dit
qu
il
vit
desreiglement,
ui
est
autant
à
dire
que
sans moi
il ne
peut
vivre
roitement.
oilà
pourquoy
'honneur
m
ap-
partient
d'aller devant
1
Lors
l'Escarre
dit :
C'est
à
moy
à
qui
l'honneur
ppartient
car,
pour
un
besoin,
on
trouvera
eux
reigles
n
moy
aussi
c
est
moi
qui
conduis es
pierres ngulaires
t
principales
du coin sans
lesquelles
nul bâtiment
e
pourroit
enir.»
Trois des instrumentse géométrie e Palissynous intéressent
particulièrement
ceux
dont
'architecte
e
sert
pour
tracer
es
plans,
dans la
chambre aux
traits.
Ce
sont
La
Reigle,
le
Compas
et
l'Esquarre.»Le
Plomb,
le
Niveau,
a
Sauterelle
sont
des
instruments
géométriques
u
chantier.
On
peut
dès
maintenant
emarquer ue
la
corde
peut
facilement
e
substituerux
trois
nstruments
e dessin
sur
le
chantier.
n
étudiant
lus précisément
a
géométrie
médiévalenous
verrons
u'elle
est essentiellementnstrumentale.
2.1. Les instruments.
La
Règle
sert
tracer
droit
à
tirer
ne droite ntre
deux
points.
Elle
n'est
pas
graduée
car ce
n'est
pas
un
instrument
e
mesure
la
géométrie
u
Moyen
Age
ne
passe
pas
par
la mesure directe
des
choses,
pour
mesurer lle
passe
par
la
comparaison
n
fois e
segment
A
=
p
fois
e
segment
B
;
ou
par
la
proportion
A
est
à
B
ce
que
B
est
C.
Le compas «fait es ronds» t par là même l «conduit t mesure
les choses».
Il
permet
n
effet e matérialiser
es
segments ue
l'on
veut
reporter
u
multiplier,
ans
pour
autant
passer
par
la mesure
58
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Lo
p
V.*
eu
iff
s.Manuscrit
ers250
i. M'siriut
ii
e
'Eglise
aint
ban
i. Britishuseum.
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abstraite
es nombres.
On
peut
remarquer u'une
certaine
position
de Taxe de
rotation
de ses branches
peut
en faireun
instrument
articulier
un
compas
de
proportion,
ermettant,
partir
d'un
segment
donné,d'avoir direc-
tement
es
2
segments ui
lui
sont
associés
par
une
certaine
propor-
tion.Nous
reviendronsur
'hypothèse
e son
existence
u
MoyenAge.
La chansondes
tailleurs
e
pierre,
elevée
par
Moessel
dans
:
Die
Proportion
n
Antike und
Mittelalter
1926,
met
en
garde
contre
a
règle
t
ne
mentionne
as
le
compas
L'équerrea unart uffisantuand onV mploiebien la règle un
art divers
C'est
donc
à
l'équerre que
reviendrait
l'honneur»,
ar
c'est elle
qui
donne
la
solution
des
problèmes
à
condition, videmment,
e
savoir
'utiliser,
t
en
premier
ieu de savoir
a
construire.
a
chanson
des
tailleurs
e
pierre
ivre
d'ailleurs
une charade
mystérieuse,
ermet-
tant
aux initiésde
construire
'équerre.
Le
mystère
e
cette
charade,
rapprochée
de
l'anecdote
de
l'évêque
assassiné
pour
être
entrédans
la chambre aux traits,met bien en relief a protection ontla pro-
fession
ntourait es
secrets.
T'
'importance
de
l'équerre,
en
tant
qu'instrument
e
tracé
et
mêmede
conception,
été mise en
évidence e
façon
remarquable ar
Alain
Séné
(1).
Ce dernier
recherché
t
classé les
outils
représentés
sur des
portrais
d'architectes u sur
des
documents
qui
nous les
montrent
u
travail
Dans la
plupart
des cas le
ou les
instruments
e
travail ne
semblent
as
là
seulement
our
blasonner e
personnage.
ls ont été
soigneusementbservés t sont représentésvec soin. Rares sont les
schématisations
tylistes
u dues
à
la
négligence.
l
semble
que
faute
de
l'instrument
éel
du moins
une
copie
en
plan
d'une
exactitude
aussi
parfaite ue possible
ait
accompagné
'architecte ans son ultime
voyage
dans
le
cas des
pierres
tombales
;
mieux
dans le rendu
(1)
Un
nstrument
e
précision
u service
es
rchitectes
u
Moyen
ge
l'équerre
in
«Cahiers
eCivilisation
édiévale»
°
4,
oct-déc.
970,
niversité
e
Poitiers.
Les équerresu Moyei' ge remarquesur aformenattendueunoutil
simple
n
«Bulletin
rchéologique»,
eims,
970.
60
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symbolique
du
métier
quand
l
anonymat
st
de
rigueur
les
mêmes
scrupules
pparaissent
ans
la
représentation
e
V
util
Séné étudieainsi des documents, ourune période llant du Xle
au
XVe siècle. Leurs
origines
ont
pour
la
plupart
monumentales
sculptures, peintures
murales,
tombes
;
d'autres sont
tirées
de
manuscrits ont
es
Carnets
de
Villardde
Honnecourt. a
période
qui
nous
intéresse
particulièrement
le XHIe
-
est
la
plus
riche en
témoignages
ur
es
maîtres
d'oeuvre
t leurs
nstruments.
'éventaire
(non
exhaustif
ien
sûr)
présenté
par
Séné,
semble
cependant
assez
représentatif,
ar,
malgré
l'étendue de
l'époque
envisagée
et
la
diversité
es
endroits 'où
ils
proviennent,
es
documents
résentent
descaractéristiquesommunesndéniables.
Sur
es
23 documents u Xle
au
XHIe,
l'équerre
t
e
compas
sont
les
instruments
es
plus
représentés
on
note
aussi
une
canne,
des
gabarits
de
profils
de
nervures,
es
niveaux
à
équerres
et
à
fil
à
plomb).
L'équerreapparaît
20
fois,
ontre
pour
e
compas,qui, pour
sa
part,
n'apparaît qu'à partir
du
XlIIe.
L'équerre
apparaît
5
fois
seule,
ce
qui
tendrait
prouver
ue
certains
rchitectes
n
faisaient
leurunique nstrumente tracé.
Des
sondages,
portant
ur 20
œuvres
postérieures,
montrent
ue
peu
à
peu
le
compas
tendra
à
prendre
a
place
de
l'équerre, qui
conserve éanmoins
es
fidèles
xclusifs
usqu'au
XVe.
Jusqu'au
XlIIe
on
note donc
la
suprématie
e
l'usage
de
l'équer-
re. l
peut paraître
tonnant
e
rapprocher
es deux
instruments,
ais
on
constate
que
là
où
nous
utiliserions e
préférence
e
compas,
l'architectemédiéval e
sert
plutôt
de
l'équerre.
Villardde
Honnecourt
traceun pentagone vec l'équerre Dürer le tracera avec une seule
ouverture e
compas.
Les
compas représentés
ressemblent
à
ceux
que
l'on
peut
connaître
ujourd'hui.
Séné ne
se
prononce
pas
sur la
nature
du
seul
compas
de forme
péciale,
sur
a
tombe
de
Hue
Libergier
Reims. Il
s'en
remet
l'opinion
de
Otto
Van
Simpson,
ui
en
faitun
compas
de
proportion
asé sur a
section
'or.
La
mesure de
l'écartement es
branches
nous a
prouvé
que
ce
n'étaitpas une proportion orée.Les bouts arrondisdes 2 branches
61
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La iee aintlhanII.Manuscritaprès250)Fondatione
'abbaye
e aintlban
ar
e oi ffa
Dublin,
rinity
ollège.
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 65/114
supérieures
emblent
même,
comme e
dit Pierre du Colombier
1),
écarter
'hypothèse
'un
compas
de
quelque
autre
proportion.
Comme
nous l'avions
pensé
précédemment,
e
compas
médiéval
ne sembleutiliséque pourtracer es cercles et surtout our
reporter
des mesures.
2.2.
L'équerre
L'aspect
des
équerres
représentées
ans
ces
œuvres
médiévale
st
bien
plus
surprenant.
omme
a
plupart
d'entre lies
ont
cettemême
apparence
pour
le
moins
inattendue,
n
ne
peut
admettre
ue
le
hasard,
le
manque
de
connaissances
ou de
savoir-faire
es
miniatu-
ristes oientdeshypothèses envisager.
il
s'agit
donc,
dans la
plupart
des
cas,
d'une
représentation
fidèle 'un
objet
concret,
yant
réellement
u
cet
aspect
En
gros
les
équerres
romanes
et du
premier
rt
gothique
se
présentent
omme de
fausses
équerres
c
est
à
dire
qu
il
leur
manque
le
côté de
l'hypothénuse,
e
qui
est
parfaitement
lassique
mais
les
plus
anciennes
d
entre
lles
possèdent
une
particularité
emarquable
leurs
bras sont de
largeurs
négales
et,
fait
plus
étrange
ncore
les
bords
n
en
sont
pas parallèles
deux
à
deux
ils
convergent
t
divergentcréantun
angle
droit nternesitué sur un axe
différent
e l extern
:
ainsi
sous
l'apparence
dun
seul
instrument
ixe
il
y
a
deux
équerres
A
notre
vis
d'ailleurs
Séné
ne
tirera
pas
assez
partie
de
cette
dernière
constatation,
ji
nous
paraît
des
plus
importantes.
Séné nous
propose
lors un
premier
lassement
2)
-
Equerres
branches
e
largeur
differente
t
à
bords
parallèles
deux
à deux
Ce
sont es
plus
anciens
nstruments.
Exemples - équerrede la construction e la Tour de Babel,
dans
le
manuscrit Hortus
delicorum
d'Herrade
de
Lansberg
1175-1185)
-
Equerre
du
cloître e la
cathédrale e
Gerone.
2ème
moitié
u
Xlle
siècle.
-
Equerres
bords
divergents
à
2
:
Ce
sont es
plus
intéressantes
ar les
plus
inattendues
ar
leurs
formes.
lles
sont
nombreuses
t leur
représentation
été
faite avec
(1)Pierrea ColombierLe compas esmaîtres'oeuvre,ull. oc.
nftt es
Antiquaires
e
France,
966.
(2)
Voir
es
chémas
'équerres
u
chapitre
.
63
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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soin. Elles s'étendent
de la fin du Xlle au
premier uart
du XlVe
siècle.
Exemples
pour
esmanuscrits
-
Carnets
de Villardde
Honnecourt, 220-1235,
.N.
-
La
vie
des deux
offas
,
de Mathieu
Paris
(daté
avant
1250)
miniature u
XlVe,
BritishMuseum.
-
La viede Saint
Alban
,
daté des environs
de
1250?
Dublin
Trinity ollege.
pour
es œuvres
lastiques
- MaîtreHumbert' - Colmar,collégialeSt Martin vers 1235)
-
Tombe
de
Hue
Libergier
Reims
après
1263)
-
L
'Architecte
Poitiers,
athédrale
t
Pierre
vers
1370).
Séné,
pour
affiner
on
classement,
tudie
ensuite
es
propriétés
angulaires
des
équerres.
l
s'appuie, pour
ce
faire,
ur
les thèses
de
B.G.
Morgan.
Il étudie
insi deux
équerresparticulières
-
Equerre
de la
pierre
ombalede
Libergier
Reims. 1263)
Les
bords
ne sont
pas
tout
à fait
parallèles
deux à deux.
Le
décalage
ainsi
créé
permet
eux nstruments
ifférents.
Angles
xternes e
l'équerre
30°
et 60°
Angles
nternes 31° 30*10 et 58° 29' 50
D'après Morgan
Il
s'agit
d'une
équerre anonique,
'est
à
dire servant
e base aux
mesures,
u
pita
exactement la miseen
symétrie
u commodulation.
f
équerre
de
Libergierpossède
des
angles identiques,
à
ceux du
64
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triangle
d'or,
dans
lequel
la
grande
cathète est
égale
à
1,618,
en
prenant
comme
base
unitaire
a
petite
cathète
Ce
type
ď
équerre
permet
de
multiples
mises en
place
des éléments
n
composition,
e
tellesortequ'ils soient itués es unspar rapport ux autres sur des
points
harmonieusement
hoisis.
Nous
sommes
donc
en
présence
ďune
équerre
dont
es
qualités
dépassent
de
très
oin
la
simple
construction
'un
angle
droit.
Elle
permet
n
effet
eux
systèmes
e mise en
proportion
-
triangle
0
.
60
-
triangle
'or
- Equerrede «l'Architecte»,coinçon entraldes stallesméridionales
de la
cathédrale
e
Poitiers
1270).
Bords
non
parallèles.
D'après
Séné
les
angles
ntérieurs
t
extérieurs
ont
droits
en
fait
l'extérieur
e l'est
pas).
Si
nous
menons
la
perpendiculaire
au
grand
côté
extérieur
jusqu
a son
intersection
vec
le
prolongement
u
grand
côté ntérieur
au
delà
du
plan
coupé,
a
seconde
équerre
insi
reconstituée
rend
es
dimensionsuivantes 0,13mpour la grandecathète t 0,096pour la
petite
;
ses
angles
obtenus
par
la
méthode
des
Tangentes
sont
respectivement
e
53°
33'
22 et
de
36°
26'
38 .
Ces
résultats
correspondent
vec une
marge
d'erreur
e
1%
aux
données
ngulaires
du
triangle
es
coordonnées
écagonales,
oient
6°
et
54°.
Séné
considère
insi
que
le
sculpteur
n'a
pas
représenté
'équerre
entière,
ne
partie
de celle-ci
tant
oupée
par
une
voussure.
Ayantretrouvé ette équerre décagonale par ailleursde notre
côté,
nous
pouvons
dès
maintenant,
'une
manière
générale,
décrire
65
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les
possibilités
u'elle
offre.
lle
permet
de diviserune circonférence
en
5
arcs
égaux
et en
multiples
e ce
nombre
5
X
36
=
180°)
C'est
précisément
vec
cette
équerre
que
Villard de Honnecourt
peut
construireentagones tdécagones.
Elle
permet, our
a même
raison,
d'assurer e
retournement
es
collatéraux,
n
5
absides et même
parfois
n
7.
L'étude sur
a
géométrie
es
pentagones
t
des
décagones,
mettra
en évidence les
qualités
fondamentales
de ces
figures, qui
sont
formées,
u
point
de vue des
angles,par
des
triangles
36°
-
2
X
36°
-
2
X
36°)
ou
(36°
:
36°
-
3
X
36°)
Séné donne alors d'autresde ses résultats.
La
plupart
des
équerres,
u XlIIe sont
apparentées
irectement
la section
'or
angles
90°,
58°
16'
57 ,
31° 43*
03 ).
D'autres instruments
lus allongés que
les
autres
seraient des
équerres
du double carré
;
(hypothénuse
'¡5)
;
double carré
qui
permet
'obtenir
a
proportion
orée.
r
EqMRM
a
rable
ané
Eqawti-
u
ombre
or
Eqnen-
écag
-Im
(26*
3*
4**)
63*
6*
4**)
(31*
3**
3**)
(58*
6*
7**) 36**54«
.
Saintavin
Vienne),
resque
***-
de aNefLa
our
e
Babel»
(finle)
.
Gerone
Espagne)
Clôîtree
la
cathédrale,
alerie
cciden-
tale
fin
lle)
Chapiteau
ux eux
culpteurs
XWmt
.
Strasbourg
Bibl.
Mun.,
manuscritdétruit)Hortusdeliciarum,'Herradee ans-
bergd
75-1185)
tLa
oure abel
______________________
•
Colm
Collegiale
t
Martin
Cathédralee aint
Dublin
Trinity
ollege.
.Mahre
umbert,
Pierre.
talk,
¿camçon
,
r-
Manuscrit:
a
ie
e
aint
lban
Paris
ibl.at.225-1235
hitecte*,
près
270.
///>,
onction
e
'abbaye
e t
Carnetse
Villarde
Honnç-
Alban
ar
e oi
ffa.
court.
2
cènes
après
250)
•
Londres.
ritish
useum.
La ie
es
eux
ffas
av.
250).
Construction
e
'église
t lban
.
Reims.
athédrale
otrek.
Tombee ue
bergier
1263)
.
Hanovre
Stalle.eculpteururois.s.
-
.
Niederhaslach
-
XIVèaM
Cimetièredallee
ombe.
66
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3
De
l'instrument
l'édifice
Reims
Nous avons effectué, la suite d'Alain Séné, des recherches
personnelles
ur es instruments
e tracé des architectes
médiévaux,
t
ce
parallèlement
l'étude des tracés de la
cathédralede
Reims. De
précédentes
tudes avaient en effet
dissocié ces deux
aspects
de
la
question quelques
architectes vaient étudié es tracés
régulateurs,
sans
essayer
de retrouvera
trace des instruments
ar
lesquels
ceux-ci
passaient,
un historien vait étudié
les
équerres
de
façon
remar-
quable)
mais sans
appliquer
ses
constatations des
plans
d'édifices
précis.La
géométrie
du
Moyen
Age
étant,
rappelons
le,
purement
instrumentale,
l
était
primordial,
ous
semble-t-il,
e ne
pas
séparer
ces deux
aspects
d'une même
recherche.
Notre
tude de la
cathédrale e
Reims,
u
chapitre
uivant,
écèle
deux
systèmes
e mise en
proportion, omplémentaires
l'un
passant
par
la
«manipulation»
e
triangles
6-54
(coordonnées
décagonales),
l'autre
par
la
manipulation
e
triangles
'or
(31°
43' 03
et
58° 16'
57 etgrandcôtésurpetit ôté=<f = 1,618).
3.1
Equerres
décagonales
t
équerres
dorées.
Séné avait
mis
en évidence
'existence de différentes
querres
correspondant
ces deux
triangles.
'architectede Reims aurait
pu
utiliser
équerres
différentes.
Or une
étude
plus approfondie
es
équerres
dessinées dans
les
Carnets
de Villardde Honnecourt ous a montré
ue
quelques
uns de
ces instrumentsermettaientux-mêmes es deuxpossibilités e mise
en
proportion.
Ainsi sous
l'apparence
d'une seule
équerre
s'en
cachaient n
fait
deux
:
l'équerredécagonale
et
l'équerre
dorée.
Nous
rapprocherons
ette
constatationdè la
phrase
de «L'Escarre» de
Bernard
Palissy
C'est
à
moy
que
revient
'honneur
car
pour
un
besoin
on
trouvera
eux
reigles
n
moy
que
nous
pourrions
raduire
pour
les
tracés
on
trouvera en
moi
deux
systèmes
de mise en
proportions.
Certains
nt
voulu
voir
dans
les Carnets
de
Villardde
Honnecourt
des dessins faits
en vitesse u de
façon
malhabile.
l
est vrai
que
ce
67
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sont
ouvent es
schémas
qui
n'ont
pas
besoin ďune
grande
précision
car
ils
servent donnerdes
méthodes t des
recettes
our
un intérêt
pratique.
ls se
veulent
moyens
lutôt
ue
résultats chevés.On
notera
cependant
a constancede la forme
énérale
des
équerres.
En fait si
elles
diffèrent
ans le
détail,
en
particulier
ux deux
extrémités e
leurs
branches,
'est
que
certainsde
leurs
points
seulement
nt
une
signification
rès
utile.
Ce sont
es
points
ui,
reliés
ntre
ux,
donnent
des
proportions,
ue
l'on
retrouve
our
chacune des
équerres
et
les
proportions
btenues
ont,
ui
plus
est,
out fait
remarquables.
Exemple
type
une
équerre
de Villardde
Honnecourt
-
Equerre
à
bords
non
parallèles
deux
à
deux.
Le
décallage
des
axes
des
angles
droits
permet
ainsi
deux
systèmes
e mise
en
proportion.
-
Seuls les
6
points
dessinés
«comptent»
raiment.
Ainsi la
découpe
entre es
points
aux
extrémités es deux
branches
peut
être
d'une forme
uelconque.
Elle varie selon les
équerres,
a formene
découle sans doute
que
d'un souci
de solidité.En
effet,
es
équerres
étant en
bois,
des
extrémités n
angle
aigu
seraient
particulièrement
fragiles.
Etude des
propriétés
ngulaires
es
équerres
e Villard
de Honnecourt
Méthode
trigonométrique.
e
reporter
ux illustrations
our
le
vrai
dessindes
équerres.
Bordsdes branches
non
parallèles
à 2.
angle
ntérieur
peu près
droit
angle
extérieur roit
équerre
ntérieure
36
décagonale
53° 45'
équerre xtérieure31° 30'
dorée
58°
30
Equerre
1_
68
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Equerre
2
Cette
querre
st différentees autres.
En
effet,
ne des branches
possède
des côtés
parallèles
à 2
;
et l'autre
non.
L'angle
extérieur,
ui pouvaitparaître
roit,
e l'est
donc
pas.
Nous
pensons
que
cette
équerre
est
uniquement
écagonale.
Sa
manipulation
st
plus
compliquée
;
bien
qu'elle comporte
façons
d'avoir
e 36°
54°.
Bordsdesbranches on
parallèles.
Les
angles
extérieurs
t
intérieursont
droits.
Equerre
ntérieure
36
décagonale
54
Equerre
xtérieure
31°
40'
dorée
58°
20
Equerre
3
Bords
des
branches
on
parallèles.
Les
angles
ntérieurs
t extérieursont
droits.
Equerre
ntérieure 32°
dorée
58°
Equerre
extérieure
30°
60°
Equerre
4
69
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Deux
autres
documentsmontrent
es
équerres
emarquables
Tombedu maître
maçon
William e
Wermingtonreprésentée
dans
l'ouvrage
de Pierre
du
Colombier
Les
chantiers es
cathédrales.
Manuscrit La Viede SaintAlban III , Dublin,cité
par
Séné,
qui
n'en
remarquepas
toutes es
caractéristiques.
Equerre
de
Williamde
Wermington
Les bords de
l'équerre
ont
peu près
parallèles
à 2
-
2
angles
droits.
36° 31° 30'
54°
58° 30'
La vie
de SaintAlban
II
Cette
équerre
donne la
proportion
dorée
de 2
manières
diffé-
rentes
31° 30'
58° 30'
Equerre
5
Equerre
6
70
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Les
équerres
1
et 3 de Villard de
Honnecourt ous
paraissent
es
plus remarquables
ar
1
seul
instrament onne es
deux
systèmes
e
proportion
rouvés
Reims
et ce
par
une
manipulation
acile.
Proportion écagonale
Equerre
d'or
3*2Le
plan
de la
cathédrale e
Reims
Plutôt
ue
de
faire
omme
dans
les
études
antérieures
ne
simple
analyse
sur
un
relevé,
ne
donnant
ainsi
que
des
lignes
majeures,
l
nous a
semblé
plus
clair de
présenter
ette
étude
par
un
système
e
séquences.
Ainsi
on
obtient
es
principaux
racés
du
plan.
Les
tracés
présentés
âchent
de
montrer
ne
façon
de
«reconsti-
tuer» e
plan
de la cathédralede
Reims.
Précisons
'entrée
ue
l'ordre
des
opérations
st
purement
rbitraire
e
notre
part
et
que
la
logique
que
nous
utilisons
e
saurait
être
forcément
a
même
que
celle
utilisée
au
Moyen
Age.
Il
ne
s'agit
que
d'une
façon
de
procéder,
'un
essai
de
démonstration
'une
méthode.
Notons
que
les
tracés
sont
souvent
ne
façon
de
procéder
armi
plusieurs.
Nous
nous
permettons
e
donner
de
temps
autre
plusieurs
constructions
our
un
même
point.
Plutôt ue de surchargern relevédéjà complexe,nouspréférons
présenter
tracés,
'un
pour
es
rapports
de
proportion
décagonale»,
l'autre
pour
les
rapports
dorés.
D'autres
tracés
que
ceux
indiqués
existent
ans
cependant
être
ndiqués,
ceci
pour
une
compréhension
plus
grande.
Nous
reconnaissons
tiliser
our
notre
nalyse
des
équerres
omme
toute
assez
différentes
e
celles
que
nous
avons
pu
relever
dans
les
documents
ités.
Le
problème
réside
en
effet
ans
l'absence
d'hypo-
thénuse
ur ces
équerres.
Nous
avouons
donc
nous
servir
d'instruments
yant
une
hypo-
thénuse,
n'ayant
pu
trouver
une
manière
pratique
d'utiliser
les
71
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équerres
dans
la forme
ue
leur
donnent es
représentations
ont nous
avons
disposé.
On
peut
d'autre
part supposer ue
les instrumentses
architectes
médiévauxne
permettaient
ue
de
reporter
es
rapports
de
propor-
tion
dans
ce cas
effectivement
'hypothénuse
e serait
pas
utile).
Il
nous a été
mpossible our
'instant e confirmer
ette
hypothèse.
Notre
analyse
se fait
en
prenant
es
axes des
piliers
et
l'aplomb
des
murs ou des
contreforts.
ous
n'avons
pas
de
décalage
entre a
trame t
a réalité
onstruite.
Notre trame
ne vientdonc
pas
s'adapter
plus
ou
moins bien à
l'édifice,
comme c'était
le cas
dans
l'étude de M.
Paquet.
Nous
sommes oindu «tâtonnementivant», u «tremblement»ontparlait
Ghyka
pour ustifier
e
décalage
entre a méthode t le
plan.
Pas de
supposition
ur des erreurs
ors
de la mise en
œuvre ou
sur une
incapacité
des
ouvriers
rovoquant,
oi-disant,
e
charmedes
édifices
médiévaux.
Les
décalages
existants
ans le
plan
de la cathédrale
ont
ustifiés
par
notre
analyse
fin
de la nef
peu
avant le
transept,
aissant
une
légère
bande
fig.
10,
deuxième
ollatéral u chœur
fig.
20).
Chaque «hiatus» st ustifié ar la conceptionmêmede l'édifice t
s'explique par
sa
géométrie
ropre.
Ceci
est souvent
n
correspon-
dance
avec
l'alternance ans
l'utilisation es deux
équerres.
Cettefaible
différence
ntre
es deux
proportions
st
utiliséedans
le
projet
par
exemple
a
largeur
de la
nef
par
rapport
celle
de la
façade
d'entrée
ig.
3 et
5).
Plusieurs
oints
'obtiennent
ndifféremmentvec
'une ou
l'autre
des
deux
équerres,
eci
à
cause
de leur
affinité.
On
constate
ue
les
angles
des
porches
d'entrée ont
de 54°
par
rapport l'horizontale.
72
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7
La
nefst
ivisée
n rec-
tangles
2
rectangles
èca-
gonaux
dentiques
t
ce
qui
reste
e
a nef.
8
La
découpe
n
aisseau
en-
tral
2 collatéraux
e
fait
l'équerre
'or ur
e
plus
petit
es
ectangles.
9
On
rriveu même
ésultat
avec a même
querre
n
partant
usommet
u
pre-
mier
ectangle.
10
La
nef st
iviséen
8
tra-
vées
l'aide
de
l'équerre
d'or.
On
remarque
u'il
reste
lors
ne
bande rès
étroitenhaut urectanglede a nef.
11
Remarquonsue
3 travées
sont
oujours
nscrites
ans
un
ectangleécagonal.
12
La
largeur
u
transept
st
donnée
ar 'équerre
'or
partir
u
centree
gravité
du
ectangle
upérieur.
74
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13
Le
transept
st nscrit
ans
un
rectangle
'or
partir
des imites
ixées
récédem-
ment.
14
La
largeur
e
la
nef
st
poursuivie
travers
e
tran-
sept.
es
points
insi
bte-
nus,
n
trace
l'équerre
décagonale
es
deux
ollaté-
raux.
15
La
découpe
orizontaleu
transept
e
fait
vec
'é-
querre
'or
our
a
1ère
ra-
vée,
partir
u
centre
e
gravité
u
rectangle
ou
encore
l'équerre
éca-
gonale).
16
La
deuxième
ravée
'obtient
de
même
l'aide
e
'une
u
l'autre
es
eux
querres.
17
La
largeur
u
chœur
'ob-
tient
vec
'équerre
éca-
gonale
partir
u
entre
e
gravité
u
plan
pris
en
entier.
18
Le
chœur
st
lui-même
formé
e'
deux
rectangles
dorés.
75
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19
La
division erticaleu
chœur
efaitn
rolongeant
celle
u
transept.
orizon-
talement,
a divisione fait
en
prenant
'axe e
ymétrie
horizontal
u
grand
ec-
tangle.
20
Le deuxième
ollatéral
u
chœur'arrête
n
eu
vant
la
limite
e la nef.
ette
différence
st
tracée
l'équerre
'or
u avec
'é-
querre
écagonale.
21
Le retournement
u colla-
téral
efait
ris
implement
à
l'équerreécagonale
di-
vision
n
fois
6°)
22
La
limiteu
retournement
du
ollatéral
st onnée
ar
l'équerre
écagonale.
out
le
reste
e trace vec
a
même
querre
en ffet
ous
les
ngles
ont
multiples
e
36
ude
4°.
76
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33. Conclusion.
Il
convientde
rappeler
a
grande
division
du travail dans
les
chantiers
es cathédrales.
oin
d'êtredes bénévoles
uidés par
la
Foi,
comme n l'a trop ongtempsaissécroire,esbâtisseurs taient n fait
rémunérés
t
plus
ou
moins
pécialisés
dans leurs
âches.
Sans revenir
ur
e rôle
de
l'architecte
ui
a été
déjà longuement
exposé,
rappelons
toutefois
ue
son activité
ne se
limitait
pas
à
la
simple
onception
e l'édificemais
qu'il
était
aussi,
et ce
presque
tou-
jours,
e maître
'ouvrage.
L'architecte,
our
nous
s'il nous est
permis
d'emprunter
es
vers
à
un trèsmauvais
oète
du XVIème
siècle
Le Fèvre
de la
Boderie,
est
celui iqui a conçu au fond de sa cervelle l'idée et le dessein d'une
fabrique
telle*,
ref,
'auteurdu
projet
est secondairement
'exécutant
s'il
ne se
confond
as
avec
e
premier.
P.
du
Colombier)
Entre
'architecte
t 'abondantemain
d'oeuvre,
ans a hiérarchie
des métiers
u
bâtiment,
e trouvaient
e nombreux
ntermédiaires,
dont
'appareilleur.
Voici ce
qu'en
dit
Deneux
:
Chef
du
chantier
de
taille,
pour
lequel
il
fournit
es
épures,
es
relevés e
gabarit
et les
panneaux,
ce
qui exige
des
connaissances
n
dessin t en stéréotomie.
l
distribue
e travail ux tailleurs
e
pierre.
Pierredu Colombier
récise
tC'est encore ui
qui
prépare
'aire
ou l'enduit
ur
lequel
il
trace en
grandeur
d'exécution
a
face
d'une
voûte ou
d'une
autre
pièce d'appareil
avec tous
les
développements
dontelle est
susceptible.
l
fait
ensuite
outes
es
projections.)
Ces
appareilleurs,
hargés
de la mise en
place
des
différentes
parties
de
l'édifice,
evaient
econder es
arpenteurs
ou traceurs)
ans
l'implantation
u
plan
dans
son
ensemble. Reste
à
savoir comment
pouvait
'opérer
e
passage
du
plan
conçu
par
l'architecte la mise
en
place au sol.
Le
problème,
our
ces
arpenteurs,
tait d'avoir
à
leur
disposition
des
méthodes
imples
pour reproduire
n
grandeur
d'exécution
es
proportions
ntroduites
ans la
conception
e
l'ouvrage.
Le
plus simple
de ces
moyens
st
bien sûr
la chaîne
d'arpenteur,
la
ficelle nœuds dont
parle Paquet.
Pour la mise en
place
de
l'angle
droit,
ous
savons
que
le
triangle
e
Pythagore
-
4
-
5,
dont
es côtés
ont
des valeurs
entières,
tait une
solution
fort
simple
et
rapide.
Signalonsaussi un autre trianglede Pythagore ont les côtés sont
entiers
5
-
12
-
13).
77
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Cette
«ficelle»
ermet
e construire n
«carré»
1)
et de
diviser n
segments
gaux
une
longueur
onnée.
Outre cet outil
on
peut
aussi
signaler
a
possibilité
'une
autre
«chaîne»,découlantde la suite de Fibonnacci,dans
laquelle
chaque
nombre st a sommedes
deux
qui
le
précèdent
1, 1,
2, 3, 5,
5, 8, 13,
21...
Encore faut-il
préciser
u'il
n'est
pas possible
de tracer
d'angle
droit vec
cetteméthode.
On
peut supposer
lors e
traçage
au sol d'un
triangle
'or de la
manière uivante
angle
droit
obtenu
à
l'aide
du
triangle
-4-5 dont
es deux côtés
de l'angle droit sont augmentés cf. le triangle «égyptien» e
Viollet e
Duc).
(1) Eneffet,est acile econstateransesrelevésescathédralesu'iln'y pour
ainsi
ire
as
de
carré. 'est
vec ne
rande
apidité
e
ugement
ue
certains
nt
u
décomposer
ne
ravéen
un
ollatéral
1carré
la nef
=
2 carrés
le
2e
collatéral
1 carré
En
fait,
'après
osmesures
ersonnelles
ffectuéesReims,
es «carrés»
es
çnllatfraii»
ont
es
rectangles
e côté
X
1,08.
es
mesures
ur
e nombreux
lans
nous nt
redonné
ette
roportion,
etrouvée
'ailleurs
n
retraçant
e
plan
de la
cathédrale
vec
es nstruments
e
'époque.
Certainsuteurs,onstatantes«petitscarts»,nattribuenta cause une
certaine aladresse
u à
un
manque
e
savoir-faire
es
uvriers
e
'époque
ce
qui
nous
araît
nacceptable.
78
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t
E
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 82/114
Schématisation
du
plan
de la
cathédrale de
Reiis
(intérieur)
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Tracés obtenus avec
l'équerre
décagonale
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Tracés
obtenus
avec
l'équerre
dorée
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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83
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84
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-1-janvier-1982pdf 87/114
Lucien
Gillard
UNITES
DE
COMPTE
ET
ESPECES
MONNAYEES
AU MOYEN AGE
:
quelques
définitions.
a
préparation
des
édits
et
ordonnances
royales
fixant
es
conditions
égales
de
circulation
es
métaux
précieux,
mon-
nayés
u
non,
e
fait
dans
entourage
es
rois
entre
xperts
e
la cour
des
monnaies les
Généraux
maîtres)
des
monnaies.
rour
etre
publies,
es
textes
Chctels oivent
tre
nregistres
ar
la
Cour
des
divers
arlements
égionaux,
t
c est
celle de
Paris
qui
donne
généralement
e ton.
La
publication
effectue
lors
par
cri
du roi
sur
toutes
es
places
publiques,
foires t
marchés
l instigation
es
juges
ordinaires
es
provinces
baillis,
énéchaux
t
ieutenants.
n
parle
de
décri
quand
il
s agit
d effectuer,
elon
les
même
procédures,
ne
démonétisation
e
certaines
espèces,
qui
ne
doivent
plus
avoir
désormais nicours nimise .
11
fallu
plusieurs
iècles
pour
que
les
uristes
e
dégagent
d une
conception
médiévalede la
monnaie,
considérée
omme
a chose
du
prince
son
portrait
st
d ailleurs
gravé
dessus),
qui
fait
partie
de son
domaine,
et dont il
fait
ce
qu il
veut
Le
caractère
régalier
de la
monnaie
xplique
ue
les
droits
erçus
ur a
fabrication
seigneuriage)
seront
ongtemps
a
préoccupation
ssentielle
es
édits ur
es
monnaies
Ussontd ailleurs une desprincipales essources esprinces u moyen
âge.
Les
réquisitions
e
métal
fin,
les
interdictions
es
monnaies
85
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étrangères,
t
les refontes
e monnaies
décriées
participent
e cette
préoccupation.
Quand
s instaure
progressivement armi
les
généraux
des
monnaies
une
conception
e la
monnaie comme
moyen
d échange
de
toute la
communauté,
es
préoccupations changent
(
1
;
elles
deviennent
ssentiellement archandes.
D abord,
c est
a
légitimité
êmedu
seigneuriage
ui
est
remise n
cause
par
de nombreux
uristes
pour qui
le
prix
du
métal
monnayé
e
devraitdifférer u
prix
du
métal en
lingot que
du seul coût
de
fabrication
de
plus
en
plus
faible)
de
cette
marchandise
2).
De
façon
plusgénérale, e sont espréoccupationsur a valeurdela monnaie ui
vont
ésormais
uider
outes
es
politiques.
L opération
spécifique qu il
revient alors
aux
généraux
des
monnaies
accomplir
onsiste
déterminer,
u nom
du
roi,
e
pied
des
monnaies
nationales,
c est-à-dire a
mesure de leur
valeur
en
fonction
es
différents
léments
ui
la
composent.
a
formule u
pied
d une
espèce
métallique
onnée
pied=taille
X
cours/titre)
3)
permet
alorsde calculer a valeur ictiveumétalfin u poids,sur a base de la
valeur
égale
des
espèces monnayées
compte
tenu
des fraisde
frappe).
Elle
permet
ussi,
bien
sûr,
a
conversion
nverse u nombre ictif
e
fois
u on peut
avoirun sou
de cette
spèce
à
partir
du marc de
métal
fin
sans
tenir
ompte
es frais e
frappe).
Les
composantes
de la
détermination
égale
d une monnaie
nationale sont donc au
nombrede trois elles
définissent
n même
temps
les
divers
arbitrages
ou
modalités
possibles
à
l usage
des
politiques ui
visent
modifier
a
valeurde la monnaie:
-
la
taille
au
marc,
c est à dire le nombre de
pièces qui
sont
frappées
dans un
poids
de
métal
équivalent
une demi-livre
e huit
onces
?n
s tuf
énéralement
e
tournant
octrinal
vec
e De
Monete
e
Nicolas
resme
l emportent
attendre
uelques
énérations
our
ue
ses
idées
(2)
Le
seigneuriage
st n
héritage
u
droit
omain
à
Rome
es
prélèvement
taient
e
1/3
our
e
uivre
t
de
1/4
our
argent.
(3) La formulexacteu
pied
accompagne
ux
14e
t
15e
iècles
un
oefficient
correcteur
u
dénominateur
5)
qui
pour
ut
e
rapporter
a
valeur
ictivee
a
pièce
considérée
celle
u
gros
nitial
e
1329
qui
tait
e
5).
A
partir
e
1467,
ette
éférence
est
bandonnée.
86
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-
le
titre,
n denier u en
carat ďaloi
(ou
de
loi),
c est-à-dire
a
pureté
de métal
fin
frappé,
valué
par rapport
12
deniers
quand
il
s agitd argent
ur
4),
et à 24 carats
quand
il
s agit
d or
pur
5)
;
- le cours
égal
de
l espèce
considérée,
xprimé
our
a France en
termede deniers
ournois,
est-à-dire e
nombre de fois
qu elle
est
contenue dans l unité de numéraire ervant à
compter
toutes les
monnaies
ationales. es
espèces
n effet e
portent
ur elles
qu effigies
et autres itres e
reconnaissance,
mais
aucune ndication
e valeur.
Une monnaiede
compte
ou
unité
numéraire)
st le
système
e
mesure
particulier
ui
sertde
référence
nique
pour
évaluer a
valeur
des différentes onnaies n circulation.Du pointde vue historique,
l unité
de
compte
ossède
deux
caractéristiques
1)
-
elle n est
pas
d emblée
maginaire,
mais
possède
toujours
ne
base réelle
2)
-
elle ne
résulte
pas
d une
volonté
délibérée,
mais
apparaît
plutôt
omme e
produit
es
circonstances.
Confondue
l origine
vec un
système
e mesure
es
poids,
unité
monétaire tendu s endétacher èsque les piècesfrappées ontplus
correspondu
irectement,
n
terme e
métal
in,
des fractions
xistant
dans
échelle
des
poids.
La
diversification
es
espèces
frappées
partir
du
13e
siècle,
eurdoublebase
métallique,
uis
eur
ltération
réquente
rendirent autant
plus
nécessaire
existence
d un
réfèrenttable
et
général.
Quelques temps
ncore,
e
réfèrent
ontinuera e
reposer
ur
une
pièce
effectivement
xistante
avant
de s en
autonomiser
complètement
u
15e
siècle
6).
Sans
qu ils
n existent
ulle
part
en tant
que pièces,
e
sol
(ou sou)
prend
donc valeur
d une
expression
numérique
ervant
désigner
2
(4)
En
fait,
a
définition
e
argent
e
fait ur
a
base
margent
e
roi»,
itré
23/24°
e
fin,
est-à-dire
ontenant
éjà
1/24°
soit
n
€
rain*)
e
cuivre..
n
titre
lld
18
g
argent
e
roi,
ar
xemple,
est
onc
la
vérité
u un
itre1
d
12g
efin.
(5)
La
précision
e
mesureu
aux
e
fin
st
our
argent
e
1/96
enier
essayage
la
coupelle,
partir
u
14e
iècle)
t
pour
or
e
1/32
arat
essayage
l eau
orte,partir
du
16e
iècle).
(6)
Dans
a
France
u
14e
iècle,
ar
xemple,
t
usqu à
436,
a
pièce
éelle
ui
matérialise
unitée
ompte
st
e
denier
argent
à
très as
itre).
u
13e
iècle,
lle
e
matérialisait
ar
ontre
anse
gros
ui
valait
u
début
xactement
n
ol.
87
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deniers,
t a livre ne autre
xpression our
désigner
0
sols.
A la
seule
exception
de
l Espagne
(Séville)
et
du
Portugal, qui
adoptèrent
d emblée
un
système
écimal,
etteéchelle
divisionnaire
e
généralisa
sous desnomsdivers ans toute
Europe
de la chrétienté.n sorte
ue
dans
n importe quel
pays, chaque espèce
circulante
représentait
toujours
ne fraction
u un
multiple
ans le
système
nique
de
compte
par
douzième
et
vingtième
et
quart
et
moitié,
pour
les
plus petites
subdivisions)7).
Pendant
longtemps,
n double réfèrent
ubsistera même
en
France,
comme résidu
historique
une
période
de constitutiont
de
consolidation u royaume 12e siècle) : la livre tournois t la livre
parisis.
Un
temps
es rois
purent ouer
ainsi d un
système
e
compte
contre
autre,
mais es
rapports
e stabilisèrent
u
13e siècle
à
4
parisis
pour
5
tournois,
t
confirmèrentunicité
du
réfèrent
omptable
dans
chaque
pays.
(7)
Les subdivisions
xistantn
deçà
du denieront
îd
=
2 oboles
1 obole
ou
maille
=2
pites
1
pite
ou
page)
2
semipites.
88
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Annie
Dennery
LES NOTATIONS
MUSICALES
AU MOYEN AGE
es
musiciens,
u'ils
soient
hanteurs
u instrumentistes
'ont
pas
toujours
eu
la
chance
d'avoir
à leur
disposition
une
notationmusicale.Le solfege ctuel,qui donnetantde soucis
aux futurs
rtistes
t
dont
'origine,
emonte
u Xe
siècle,
est
en
effet,
e
résultat
d'une
longue
et
constante
évolution,
faite
de
recherches
t de
tâtonnements.
ar
avantcette
poque
on ne savait
pas
noter
a
musique.
Les
grecs
de
l'antiquité
connaissaient
bien
une
notation,
mais
sa
signification
'était
perdue
au
cours des
âges.
Aussi,
durant
de
nombreux
siècles,
la
musique
européenne
s'était-elle
transmise
ralement.
Cest dans la musique religieuse u'il faut chercher'originedes
premiers
ignes
musicaux.
Ils
apparaissent
au cours de
la seconde
moitié
u IXe
siècle,
dans
des
manuscrits
iturgiques
provenant
'une
région
ituéeentre
eine et
Rhin,
et
plus spécialement
es
abbayes
de
Saint- mand t de
Corbie.
Une mélodie
notée
à cette
époque
ne ressemblait n rien
aux
partitions
musicales
ue
nous
sommeshabitués lire
aujourd'hui.
Les
signes
utilisésn'étaient
pas
des
notes,
elles
que
nous les
connaissons,
représentantes sons de hauteuret de duréedéterminées,mais des
signes appelés
neuntes,
ui
visaient urtout matérialiser
ne
ligne
mélodique,
ans se
préoccuper
n
aucune
sorte de hauteur
absolue,
89
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notion
nconnue cette
poque.
La
notation
eumatique
e
comporte
n
effet,
i
portée,
i
clef.On
dit
qu'elle
est
a
campo
aperto.
On
récrivait
implement
u dessus
des
textes
ui
devaient tre hantés. voir llustrations.
Dans
cet
article,
nous
rappellerons
'origine
des
neumes et
nous
montrerons
eur
volution
usqu'à
la notation
arrée
plus
connue
ous e
nom
de
notation
régorienne.
ORIGINE
DES
NEUMES
Nisi
enim
ab homine
memoria
teneantur,
oni
perenni quia
scribi
nonpossunt etsi,eneffet,ls ne sontpas retenus arl'Hommedans
sa
mémoire,
es sons
périssent
ar
ils ne
peuvent
tre écrits.
,
écrivait
Isidorede
Séville,
u Vile
siècle,
dans ses
Etymologiae
chap.
III).
On
peut
déduire
de cette
phrase,
et les
faits viennent
onfirmer
ette
assertion,
ue
la notation
musicale tait
nconnue cette
poque.
Comment
ransmettait-on
lors
un
répertoire
musical? Par
la
tradition
rale.
Mais
ce n'était
qu'un
inconvénient
minime, ar,
aux
Vile et
Ville
siècles,
les chants
liturgiques
étaient
encore
peu
nombreux. n fait,nous ne savonspas où, ni quand, le premier hant
fut
noté.
Les
manuscritses
plus
anciens,
contenant
es
chantsnotés
avec des
neumes
d'origine
1),
sont
généralement
atés du
Xe
siècle.
Ce
sont le
Graduel
de
Laon{ Laon,
Ms.
239),
un
Graduel
Sacramentaire,
peut-être
crit
à
Angers Angers,
Ms.
91),
le Graduel
de
Chartres
(Chartres,Ms.47)
et e Cantatorium
e Saint-Gall
Saint-Gall,
Ms.
59).
Même,
si
l'on voulait démontrer
ue
les
livresde chants
ont été
neumésdès
le IXe
siècle,
l
ne faudrait
pas
oublier
que
des livresde
chants
ans neumes
ont été écrits
usqu'au
Xe siècle.
l
y
a
donc
eu,
à
unecertaine
poque,
deuxtraditions n
présence
celle,
répandue
dans
l'Empire
franc,
des livres
de chants
non
neumés,
qui
contenaient e
répertoire
allican
car
l'étude
des
plus
anciens
manuscrits
nous
apprend
ue
les
premiers
eumes
nt été e fait
du chant
grégorien
3).
(
1
-
Lorsque
'usage
esneumes
efut
épandu,
n
prit
'habitudee es
rajouter
au-dessuses
pièces
e
chant,
ans esmanuscrits
on
eumés
l'origine.
(2)
-
Il
convient,
n
effet
e
distinguer
e chant
allican
des
Gaules),
u chant
grégorien.ous euxppartiennentdeux ouchesifférentes.
(3)
-
Le chant
régorien,
enante
Rome,
été
ntroduit
ar
Charlemagne,
ans
son
mpire,
ans
nbut
'unification.
90
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Par la
suite,
a
tradition
es livres
non
notés
a
fait
place
aux livres
neumés,
t
à la
findu Xe
siècle,
ette
ernière
tape
étaitdéfinitivement
installée.
Mais,
qu'est-ce
u'un
neume?Nousne déciderons
as,
ci, 'il vaut
mieux
employer
e
mot nota
ou
bien le
mot
neuma
Il
suffit
simplement
e
préciser
ue
le
motde
neume,
dans son sens
de notation
musicale
ans
ligne,
date du
XIXe siècle.
Au
Moyen
Age,
on
utilisait
plus
volontier e
mot de
nota ou
figura
notae.
Mais,
puisque
l'expression
e
notation
eumatique
st universellement
dmise,
nous
la
garderons
fin
de
nousfaire
omprendre
e tous.
Les neumestirent rèsprobablementeuroriginedes signesdes
grammairiens
accent
aigu,
accent
grave,
point
d'interrogation,
tc...
Mais,
avantd'aller
plus
oin,
l
paraît
nécessaire
e
rappeler
rièvement
les
grandes ignes
de
l'accentuation atine
et de son
évolution,
ont
on
distingue,pproximativement,
uatres
périodes.
1. La
période
rchaïque
Jusqu'au
le siècle
avant
J.-C,
a
langue
est
caractérisée
ar
deux
accents
l'un,
spécialement
ntensif,
'applique
à la
première
yllabe
l'autre,
plus
mélodique,
porte
sur une
autre
syllabe
on
ne sait
pas
biendéfinir
aquelle).
2.
La
période
lassique
Elle
va
du Ile siècle
avant
J.-C.
usqu'au
IVe siècle
après
J.-C.
L'accent
d'intensité
isparaît,
andis
que
l'accent musical
subsiste n
acquérant progressivementne légère intensité,sa place étant
déterminée
ar
a
quantité
es
syllabes
naturelle
ans le
langage
parlé,
plus
artificielle
ans
a
langue
écrite).
3.
La
période ost-classique
Elle s'étenddurant es
Ve
et Ve siècles t
au delà.
L'accent,
encore
mélodique,
est
maintenant
doté d'une intensité
plus marquée.
La
quantité disparaît, les syllabes s'égalisent. La syllabe accentuée
conserve
a
place
ancienne
ue
la
quantité
ui avait ttribuée.
91
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4.
L'époque
romane
C'est le
triomphe
de l'accent d'intensité.
La
syllabe
accentuée
s'allonge,
ans
que
l'anciencaractèremusical
disparaisse our
utant.
C'est
au coursde cette
ériode ue
s'estformé e chant
grégorien.
ELABORATION
DES
NEUMES
Pour la récitation
es Préfacesde
la
messe,
t
dans les lectures
évangiles,
pîtres,
t,
plus particulièrement,
es lectures
e
la
Passion,
les syllabes ur esquelles a voixdevaitmoduler taient ndiquéespar
des
signes,
es
notae L'accent
tonique
tait
marquépar
un accent
igu
')
Lorsque
a voixdevait
baisser,
a
syllabe
tait
urmontée
ar
un accent
grave
).
C'est
donc toutnaturellement
ue
l'on
a
emprunté
es
signes
aux
grammairiens
orsqu'on
a voulu noter es
inflexions
montantes
u
descendantes
e
la
voix.
A
l'époque
où le chant
grégorien
'est
constitué,
'accent
tonique
e
faisait n
montant a voix
adjutorium
nostrum
òmini
(ex.
1).
Il
a
donné e signe , ou virga.L'accent graves'est couché :
*
, puis
racourci
-
,
pour
donner
e
punctum
.
La
virga
t le
punctum
ont
es neumes
es
plus
simples,
e sont
deux
signes
ui
représentent
hacun
une seule note
voir
tableau
des neumes
élémentaires).
Nous avons
vu
qu'à
côté
de l'accent
d'intensité
l
existait
ncore
l'accent
de
quantité.
renons,
n
guise
d'exemple,
e
motRoma
(ex.
2).
On
sait
qu'une longue équivaut,
dans la scansion
classique,
à deux
brèves.
On
peut
accentuer
e mot
Romae
de
la
façon
suivante
Romae
(ex. 3).
Sur
a
syllabe
Ro,
on
a
posé
'accent
circonflexe
es
grecs
A. Par
évolution e
l'écriture,
l
a
donné e
signe
,
encore
ppelé
clivis
plié),
devenu e
signe
*
n
notation
arrée.
C'est un neume
de deux notes
descendantes omm
Ré-Do,
ou bien
La-Sol
(voir
tableau des
neumes).
Reprenons 'exemple
du mot Romae
Au
génitif,
a formeest
Rômãè.
Pour
les mêmes
raisons,
on
peut
l'accentuer
de la
façon
U
suivante
Rômãè.
Mais
il
est une
règle
absolue
: l'accent
aigu
doit
tomber
ur la
syllabe
antépénultième.
l faut donc accentuer
e
mot
Romaede la façon uivante Rdmâë.Sur a premièreyllabe umot, n
a alors l'accent
anticirconflexe es Grecs
:
v
.Dans la
notation
neumatique,
et accent 'est
égèrement
odifié
uant
à la
forme
il
est
92
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Pl.
B.N.at.7305,ot.aléoťranque,c.
Pl.
I
Vat.,at.86,ot.retonne,le.
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devenu
^
,
puis^
et//.
Au
stade
ultimede la
transformation,
l
est
devenu
¿'
3
.
(Voir
tableau des
neumes).
C'est un neume de deux
notes scendantes
ommeDo-Ré
ou
Fa-Sol
Nous venonsdonc
d'exposer 'origine
des neumes élémentaires
punctum
accent
grave),virga
accent
aigu),
clivis
accent
circonflexe)
et
pes
(accent
anticirconflexe).
ar la
combinaison
e
ces
accents,
n
a
obtenu es autres
neumes lémentaires
a/
Aigu-Grave-
igu
Porrectus
La-Sol-Si
voir
ableau)
;
«vss
Grave-Aigu-Grave
Torculus
Sol-La-Fa
,
voir
ableau).
Puis à l'aide de
ces
neumes,
n
en
a
composé
de
plus
complexes
/
ģ
Scandicus
Mi-Fa-Sol
voir
ableau)
;
' Climacus Do-Si-La,voir ableau).
Remarquons,
ependant,
ue
l'on
ne connaît
pas
de manuscrit
comportant
ne
notation
eumatique
udimentaireu
qui présenterait
des caractères
'archaïsme.
e
plus
ancien
manuscrit eumé
nous offre
une
notation
neumatique complète,
tant dans l'éventail
des
signes
utilisés
ue
dans a
manière otalement laborée
de s'en servir.
n
peut
s'en
étonner
u
premier
bord,
mais
on
peut penser
que
la notation
neumatiquene futportée ur es textes iturgiques ue lorsqu'ellefut
parfaitement
tilisable.
DIFFUSION
DES
NEUMES
La
plus
ancienne
notation,
appelée
notation
paléofranque,
apparaît,
omme
nous
l'avons
vu,
vers
a
seconde moitié
du Xe
siècle,
dans la
région
de Corbie-Saint-Amand
voir
Pl.
I).
Son
système, ui
montrait n souci évident
e
diastématie
4),
était fort
ifférent,
ans
sa
conception,
e
ce
que
seront es futures otations. ar
exemple,
e
signe
/,
qui représentait
ans
cette
première
notationun
neume de
deux
notes
une
pour
e
point
de
départ
du
bas,
et une seconde
pour
e
point
'arrêt
u
trait).
Toutefois,
ans
que
l'on
sache bien
pourquoi,
ettenotation ut une
vieassez brève t
disparut
non
sans avoir essaimé
après d'importantes
transformations.
(4)
-
Diastématie
système
uipermet
e noter
es
ntervalles
ans ne
notation
musicale,
définition
e
Y
ncyclopédie
e
a
musique
Paris,
asquelle,
958).
94
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PI.II
Laon.
s.
39.
c
..
Not. essine
Pl.
V
B.N.,
at
61.
ot.
e
ours,
le
.
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Pl.
Evreux,
s.
0,
ot.
ormande,
le.
PI. I
Saint-Gall,
hapitre,
76,
le.
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LES
DIFFERENTES
GRAPHIES
DES
NOTATIONS
NEUMATIQUES
Pendant la périodeallant du Xe au Xlle siècle, les notations
musicales
se
sont
diversifiées,
t leur
graphisme,
out comme les
écritures,
ifféra
elon es
régions.
eux
notations,
robablement
ssues
de l'ancienne
notation
paléofranque,
essaimèrent
pour
donner la
notation retonne
Pl. II)
et a notation
quitaine
répandue
dans tout e
sud-ouest
e la
France,
et
plus
particulièrement
ans le Limousin.Une
autre
forme,
ui
peut
lui
être
apparentée,
st remontée e
long
de
la
Meuse et
de
l'Escaut,
pour
donner es notations
messines,
ue
Ton
trouve ans es manuscrits e l'est etdunordde la France Pl. III).
Ces trois notations ont
désagrégées
c'est à
dire
qu'elles
sont
essentiellement onstituées
de
points
plus
ou
moins
déformés,
t
montrentrès
ôt,
dès
la findu Xe
siècle,
une recherche e diastématie.
C'est
d'ailleurs e
la
notation
quitaineque
viendra
a
première
igne
la
pointe
èche servant
e
repère
de
hauteur. On
appelle
ce
système
notation
oint.
Dans
ce
qu'il
est
convenu
d'appeler
le centre de la
France,
entendons
ar
à hors
du
domaine
des
notations
xposéesplushaut,
n
Suisse,
apparaissent
des
notations u
graphisme
bien
plus
lié,
dans
lesquelles
les
ancients accents des
grammairiens
ont encore
très
reconnaissables. e
sont es notations
ites
françaises
Pl.
IV
et
V),
et
sangalliennes
Pl.
VI).
Elles
révèlent
un
souci
de
diastématie rès
relatif.Par
contre,
lles
s'attachent,
urtout n
ce
qui
concerne a
notation e
Saint-Gall,
fixer t
à
préciser
es
moindres
nuances de
l'interprétation
usicale l'aide de
toutun
eu
d'épisèmes,
e
lettres t
de
neumes ux formes
rès
diversifiées.
n
appelle
ce
système
otation
accent.
Avec e
temps,
outes
es
notations
ont
'épaissir.
La
têtedu
Pes
ainsi
que
le Punctumvont
grossir
t,
d'une
manière
générale,
ous les
appuis
de
plume prennent
e
l'importance
comparer
à
cet
égard
les
planches
VI
et
V).
Au
Xlle
siècle,
un
événement
mportant
du
point
de vue
paléogéographique
e
produit.
a
manièrede
tailler a
plume
change
de
très
in
u'il
était,
on
bec devient
lus arge,
t
il
est
taillé
en
biseau.
L'écriture 'apaissit t se brisepourévoluerpetit petitvers 'écriture
gothique
u XVIe
siècle
Pl. VII).
Parallèlement
cette
évolution,
ne
inovation
a
bouleverser a
97
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Pl. u
ProcessionalmpriméuMans,518,r.éminaire.
Pl. III
B.N.,
at.
0508,
eumes
ur
ignes.
le.
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Pl.
X
Rouen.
s.,
ot.
etitsoints,
lle.
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conception
même de notation
neumatique.
C'est la
portée
à
quatre
lignes,
ortant
es lettres
lefs t inventée
ar
Gui
d'Arezzo
5).
Nous
ne
traiterons
as
ici
en détail
ce
chapitre
de
l'histoire e la
musique
(l'undes
plus mportants)
ar bien des chosesrestentncore
préciser.
Mais
il
faut
ouligner'importance
e l'invention u
moine
de
l'abbaye
de
Pompose.
L'utilisation e
la
clef t l'idée de
logerpar
interligne
ne
note
à
la
fois
mit
en évidence
'emplacement
u
demi-ton
t fixa
la
hauteur
elative es notes es
unes
par
rapport
ux
autres.La
musique
pouvait
ésormais
tre ue et
apprise
rès
acilement
6).
Cette
nvention
qui
date de 1035
nviron
ut,
après
es
quelques
oppositions
abituelles
à
toute
nnovation,
e
succès
que
l'on
sait,
puisque
notre
musique
n'est
autre ue la continuation,prèstoutefoisuelques simplifications,u
système
uidonien.
Dès le
Xlle
siècle,
tous
les
manuscrits
musicaux
sont
notés sur
lignes.
On
assiste
alors à
l'évolution es
neumes
qui
vont
s'étirer,
e
déformer
our
se
soumettre
ux
règles
de la
diastématie
uis
s'épaissir
pour
voluer
nfin ers
a
notation
arrée,
u notation
régorienne
voir
Pl.
VIII,
IX,
X
et
tableau
des
neumes).
Au
XHIe
siècle,
a
notation
arrée ur
quatre
ou
cinq
lignes
était
définitivementdoptée, esgraphies égionales 'étantuniformiséesu
point
de se
fondre
dans
une notation
unique.
Les
neumes
avaient
définitivement
écu.
(5)
-
Onnepeut ttribuerGui 'inventione aportée. ais 'est luique 'on
doit
a
portée
e
quatre
ignes,
t
'idée
e
rendre
isible
'emplacement
u
demi-ton
grâce,
'une
art,
l'emploi
e
ignes
e
couleur,
ouge
our
e
Fa
et
aune
our
'Ut,
et
l'utilisation
e
ettres-clef
voir
l.
VIII).
(6)
-
Une
mélodie
st
n
effet
éfinie
ar
es
rapports
es
tons
t
demi-tons
a
composant.
ransposer
ne
pièce
musicale
onsiste
la
ouer
u
a
chanter
lus
aut
ou
plus
bas
qu'elle
n'est
crite
riginellement,
out
n
conservant
e
rapport
es
intervalles
ntre
ux.
(7)
La
notation
ur
uatre
ignes
tait
éservée
la
musiqueiturgique,
t
a
notationur inqignes lamusiquerofane,
sage
ncoreonservéenos
ours
cf.
Graduale
acrosanctae
omanae
cclesiae
e
tempore
t
de
sanctis,
bbatia
ancti
Petri
e
Solemnis,
974).
101
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La
paléographie
musicale
du
Moyen
Age
LES
NEUMES
Exemples
Ex.
1
Adjutórium
nostrum Domini.
Ex. 2
:
Romã
;
Rõomã.
v
N
«/
- ZJZ
*_V
/
Ex.
3 : Roma
Romae
;
Roomae
Roomae.
tableau
des neumes lémentaires
Aigu
^
Virga
//111
^
Tractulus
^
^
•
^rave
Punctum
Circonflexe
A
Clivis
^ n
A
'
ffc
Anticirconflexe
v
Pes
v
4
J 3
Combinaisons
™
Porrectus
*✓
«/
NJ
p
d'accents
v'
Torculus
v' 4/
'
A
/
Scandicus
s'
J
'
s
ť
N
Climacus
n
1
'
■
'
'
«
*
102
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CHA L LEY
(
Jacques
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Moyen
Age
Paris.
P.U.F.,
1969.
NORBERG
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Introduction l'étude
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Stockolm,
Alinqvist
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Wicksel,
1958.
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Studia
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)
POTHIER
(Dom
Joseph)
:
Les mélodies
grégoriennes.
réface
de
Jacques
Chailley,
Nouvelle dition, aris,Stock,1980.
SM1TS
VAN
WAESBERGHE
(Le
père
Joseph)
:
De musico
paedagogico
et
theorico
Guidone
Aretino
eiusque
vita
et motģibus
uctore
Florence,
.S.
Olschki,
1953.
-
The
musical
notation
f
Guido
darezzo in
:
Musica
Disciplina
1951,
pp.
15-53.
SUNYOL (Dom Gregori) Introduction la paléographiemusicale.
Paris,Desclée,
1935.
103
8/9/2019 Medievales - Num 1 - Janvier 1982.pdf
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Orlando
de Rudder
Edition
de
Texte :
DE L'ENFANT
QUI
FU REMIS
AU SOLEIL
,
hacune de
nos
livraison
ontiendra n
texte court
dans sa
version
riginale.
Nous
pensons,
n
effet,
u'une
revue onsa-
crée à
l'époque
médiévale
t à sa
littérature
e doit
pas
seule-
ment e contenter 'une description e cettedernière,mais
doit ussi a
présenter,
a
promouvoir.
Nous
éditerons
onc
des
textes
ue
nous avons
choisis n
signalant
simplement
ue
toute édition
de
texte est
un
compromis.
l
est,
par
exemple,
écessaire fin
de
rendre e
texte
ntelligible,
e le
ponctuer
ce
qui
constitue out
de
mêmeune
modification sans
le trahir.Nos
seuls
préalables,
quant
à la
pratique
éditoriale
eront
d'aller au
plus
simple,
au
plus
clair,
en
évitant,
dans la
mesure du
possible,
de
surchargere texte de signesde ponctuation.Aprèstout, es textes
médiévaux
n'avaient
point,
en leur
temps,
besoin
d'être
ponctués,
puisqu'ils
ne l'étaient
as
: nous
devonsdonc
tâcherde
garder,
e
plus
possible
e
caractère
riginel,
u
supposé
tel de
ce
que
nous
éditons. e
meilleur
moyen
e lire t
de
comprendre
n texte u
moyen
ge
est de le
lire hautevoix
notre
onctuation
ervira
aider
cette ecture
lutôt
que
d'avoir une fonction
purement
syntaxique
de
séparation
des
propositions,
tc.
Le
problème
de la
ponctuation
es textes
nciens
n'estpas résolu.Peut-être audrait-ilnventer es signesparticuliers,
fondés
sur
la
respiration,
e
rythme
du
vers,
un
peu
comme la
ponctuation
espiratoire
u'on
trouve dans
les
manuscrits e Jean
104
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Racine.
Une telle
ponctuation,
notre
ens,
devrait ésoudre e conflit
permanent
ntre
'aspect logique
et
l'aspect
pausai
de la
ponctuation
des textes
médiévaux.De
plus,
elle
garderait
u texte
une certaine
«oralité
qui
serait,
eut-on enser, lus
proche
de la naturemême de
ce
qu'on
édite.
Le
texte
ue
nous
présentons
ette
ois-ci
st un texte
yant
xisté
au
Moyen
Age.
Nous
éviterons,
énéralement
'éditer autre chose
qu'une
version
yant
éellement irculé cette
poque.
Nous
préférons
cette olution
lutôt
ue
la
compilation
e
plusieurs
eçons
aboutissant
à
une version
ptimale
ui, parfois,
nous
satisfait
moins
que
l'un
des
manuscrits,ui-même. etteposition,par ailleurs,nous permettra e
présenter
es
versions
ejetées
de certains
extes,
esquelles
versions,
croyons-nous,
ffrentn
ntérêt ertain.
Nous avons
peu
modifié
e texte
des trémas
')
permettront
e
distinguer
diérèses et
synérèses.
Bien
sûr,
nous avons
résolu les
abréviations
Dieus
pour
Diex)
ce
qui,
à notre
sens,
favorise
a
compréhension.
Les notes exicales nt
té établies
de la
façon
uivante
nous
avons
demandéà un lecteurpeu habitué aux termesmédiévauxde nous
signaler
es mots
posant
problème.
Cette attitude onduit
peut-être
une
pléthore
de
notes,
mais
il
vaut
tout
de même
mieux
avoir
trop
d'informations
ue
d'en
manquer.
Il n'est
pas
toujours
possible
de
donner
un
équivalent
actuel
à
chaque
mot
d'ancien
français.
Une
langue
n'est
pas
une
collection
e
mots t
la
phrase,
e
contexte,
joutentfréquemment
u
«sens»
à un
terme
donné.
De
plus,
un
bon
nombre
d'« auteurs»
médiévaux
oue
justement,
vec
les
mots,profitant
e leur
polysémie réquente.
our
illustrer
e
problème,
oici
comment
e Dictionnaire
ancien
Français
d'A.-J.
Greimas
éfinit
'un des
mots
mportant
e
notre exte
iRemetre
Io
repousser,
°
Assigner
omme
délai
3°
Fondre,
...)
se
fondre,
'évanouir».
Les divers
ens de ce
verbe
ouent
certainement ans le texte
ue
nous
proposons.
l
ne faut
pas
s'étonnerde trouver eux
explications
différentes
our
e mot
inçois
c'est,
d'une
part
un
adverbe
ignifiant
avant,
auparavant
pouvant
devenir
conjonction
avant
que,
ou
préposition.
C'est
aussi,
dans
une
proposition,
une
marque
de
105
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préférence
our
fun des
deux
termes,
exprimé
ou
non,
voire une
dénégation
e cette
référence
Nouscontinueronstenter e
proposer
es éditionses
plus
claires
possibles.
Notre
équipe
souhaite continuer
de réfléchir
ur les
problèmes
e l'édition
peut-être
rriverons-nous
n
jour,
avec
l'aide
des
suggestions
e
nos lecteurs mettre
u
point
certaines
normes
nécessaires
pour
faciliter
a
compréhension
es
textes
c'est notre
souhait
principal.
DE L'ENFANT QUI FU REMIS AU SOLEIL.
B.N.
ms.fr.
37f°241
v°
Jadis e fu
uns
marchéanz
Qui
n'estoit
mie
recréanz*
recreanz lâche
Ne de
gaaignier
sbahis.
Ainz
chercha
oventmaintpais
5
Por ses denrées
mploier
De son avoir
mouteploier
Ne
fu
pas
sovent
sejor.
De sa
fame e
part.
.
or
Et
va
en
sa marchéandise.
10
Ainsi,
om cis
contedevise
Bien demora
ii. anz entiers.
La
marchéande,
ndementiers*,
endementiers
pendant
e
Fu
ençainte
'unbacheler temps
Amors
ui
ne se
pot
celer
15
Mist
'un et
'autre n
tel désir
Que
ensamble
es
fist
ésir.
Mes
lo
œvre
ne fu
pas
fainte
Car
a dame
en remest
nçainte
.1.fil
n
ot
ainsi
advint.
20
Et
quant
marchéanz
evint,
A fuer* e sageseprova. afuerdesage à lafaçon
De
l'enfançon
ue
il
trova
d un
sage
A sa fame éson
demande.
106
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«
Ah
sire,
et a
merchéande,
25
Une
foiz
m'estoie
poie
Là,
sus a vo haute
poie,
Moultdolente tmoult
splorée
Tout
por
a vostre emorée*
demoree
déverbal
e
Dont
g'ère
en moult
rant
esconfort.
demorer tarder
30
Yvert
rt,
i
négeoit
moult
ort,
s attarder
Amont
ers e ciel
esgardoie,
Et
e,
qui point
ne me
doutoie,
Par meschief*
eçui
n ma bouche
meschief:
mesaventure,
.1.
poi
de
noif*,
ui,
tantfu
douce,
noif neige.
35 Que cebel enfant nconçui
D'un seul
petit ue
'en
reçui.
Ainsim'avint
om
e
vousdi».
Et
li
prudom
i
respondi
«
Dame,
ce soit bon
eür
40
Desormès
ui
e
tout eür
Que
Dieus
m'aime,
eue
merci,
Quant
cest
bel
oir*
que
e
voi
ci
oir héritier.
Nous consent insià avoir
Ausi
n'avions
nous nul
oir
45
Et,
cist rt
preudom,
e Dieu
plest».
ainçois
e
test
préfé-
Ne
plus
ne
dist,
inçois
e
test*,
rant e
taire.
Ne de
son
euer
point
ne
gehi*.
gehir
avouer.
Et
li
enfes rut t
tehi*
tehir
croître
grandir.
et
prist
moult
one
norreçon.
50
Mès toz
ors
fu
en
soupeçon
Li
preudom
t en
porveance
Qu'il
en voiesa
délivrance.
Quant
'enfes
t
xv. nz
passez,
Cil,
qui
n'est
mie
fespassez*
respassez
guéri.
55
De son
mal,
qui
moult
st
rais,
A
sa
fame 'est
un
or
trais
Et
dist
«Dame
ne
vous
griet*
as
ne
vous
griet
as
:
Que demainvueil, ans nul
trespas,
(
que
cela nevous
En
marchéandise
aler
;
peine
pas
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60
F
etes ostmes
dra enmaler
Moi
auques
matin
sveillier,
Et
vostre
il
ppareillier,
Q'o
moi e vueilmener emain.
Savez vous
porqoi
e
Ti
main
65
Jel ousdirai ans demander
Por
aprendre
marchéander,
Entruesqu'il*
st de
one
aage.
entruesque
pendant
tandis.
Jane verrez ome
fin,
age,
De nul
mestier,
achiez anz
doute,
70
Se il
n'i
met on senset boute
Ainçois* u'il aitusésontans. ainçois avant auparavant.
-
Sire,
bien
m'i
suis
assentans
Mais
encore,
'il
vous
pleiist
Mon
fils ncor
ne s'en
meüst.
75
Et,
puisque
voz
plesir
est,
Au
contredit
'a
point
ďaquest,
Ne desfendre
e m'en
porroie
Demin
vous
metrez la
voie,
EtDieus,qui là susestetmaint,
80
Vous
conduie t mon
fils
amaint,
Et
doinst a
bone
destinée
.
A
tant u a
reson
inée,
Et
i
preudom
matin
e
liève
Cui
ses
afères
oint
ne
griève,
85
Quar
sa
chose
i
vient
point.
Mais
la
dame
n'
belist*
point
abelir
plaire
à.
Ce
qu'ele
en voit
on fil
ler,
Que
de
li
part,
anz
retorner.
Et
li
preudon
lui 'en
guie
90
Tout
e chemin
ez
Lombardie.
Ne
conterai
as
lor
ornées,
Que
tantes
erres nt
passées,
Qu'à
Gênes
droit
'en
sont
venu,
A
.i.
ostel
ont
descendu.
95
Li
preudom
changiéAgraine
A .i.marchéantui l'enmaine
En
Alixandre
or
revendre.
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Et
cil, antost,
ans
plus
attendre
Qui
le
fil
a fame
vendi
100
A son autre fère ntendi.
Lors
repera
nsa contrée
Et tante erre
trespassée
Qu'à
son ostel
vint t descent.
Mes
ne e vous
diroient
ent
105
Le
duel
que
la dame
demaine
De
son
fil,
ue pas
ne
ramaine.
Savent
e
pasme,
insi
avint,
Et
quant
de
pâmoison
evint,
Enplorant,irequierttprie
110
Por amor
Dieu
que
il li
die
De son
fil
u'il
estdevenuz.
De
respondre
e s'est
tenuz
Cil
qui
moult
iau
parler
avoit
«Dame,
selonc
e
que
l'en
voit
115
Doit
chascuns
e siècle
mener
Quar,
en
trop
rand
duel demener
Nepuet-il voirnulconquest.
Savez
vous
que
avenu
m'est
Enz el
país
où
'ai
esté
120
Par un chaut
or
el tens
d'esté,
Ja
stoit
miedis
passez,
Et
i
chauz ert
moult
repassez,
Lors erroie
e
et vo
fieus,
Lez
moi
*
passage
manquant
125
Deseure
un
mont
ui
tant u
hauz,
dans e
manuscrit
Li,
solaus,clercs,
rdanzet
chauz,
Sor nous
ardanzraiz
descendi,
Que
sa clarté
hiernous
vendi,
Que
vos fil emetre
ovint
130
De l'ardeur
ui
du soleil
vint.
A
ce sai bien
et
aperçoif
Que
vostre
ilz
ufezde
noif
Et
por
ce,
pas
ne m'en
merveil
S'il est remis l chaut oleil ».
135
La dame s'est
aperceiie
109
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Que
son
mari 'a desceüe
Qui
dist
que
son filz st remis.
Or
i
est
bienen ieu remis
Ses
engiens,
ttornez
perte,
140
Dont
folementstoit
ouverte
Bel
s'en est
es sires
engiez,
Qui
laidement
u
engingniez
Et
par paroles
t
par
dis.
Mes,
ames
n'en sera
aidis
145 Por ce
qu'ele
se sent
meffette
Ses
meffez
ceste
pais
fete
BienTen advint u'avenir ut
Qu'ele
brassa
ce
qu'ele
but.
Explicit
e l'enfant
ui
furemis u soleil.
110
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Depot
légal
1er
trimestre
1982
Imprimé
u
Centre de
Recherche
de l Université
de
Paris
VIII
Composition
ARIES/BRAINE
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