médecin de l’education nationale promotion 2001 - 2002 · martine fady – etude professionnelle...
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Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
Médecin de l’Education Nationale
Promotion 2001 - 2002
Les élèves et le médecin de l’Education
Nationale : une impossible rencontre ?
Martine FADY
Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
S o m m a i r e
A – INTRODUCTION :(page 3)
1) Contexte de la rencontre médecin de l’EN - élève
- particularités
- circonstances de consultation
- l’image du médecin scolaire
- mots d’enfants
2) Contexte propre au collège dans lequel je travaille
B – OBJECTIFS DE L’ETUDE :(page 5)
1) Objectif général
2) Objectifs spécifiques
C – METHODOLOGIE :(page 5)
D – RESULTATS (page 7)
1) Qui sont ces élèves ?
2) Quel est le dernier médecin rencontré ?
3) Leur définition de la bonne santé
4) Leur premier interlocuteur en cas de soucis
5) Quelle est leur définition du médecin ?
6) Connaissent ils les raisons de leur convocation ?
7) Peut on rencontrer le médecin scolaire ?
8) Quels sont les motifs de consultation ?
9) Quelles sont leurs raisons de ne pas consulter le médecin scolaire ?
10) Leur propre ressenti de la visite médicale
11) Quelles sont leurs propositions d’améliorations ?
12) Les commentaires des élèves
- appréciation positive
- appréciation négative
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E – DISCUSSION :(page 15)
1) Critique de la méthode
2) Les représentations des élèves
3) Réflexions sur la position du médecin de l’EN
4) Les propositions dans le contexte spécifique du collège dans lequel a eu lieu
l’enquête
F– CONCLUSION :(page 16)
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L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s é s
Médecin de l’EN : médecin de l’Education Nationale
SEGPA : section d’enseignement général professionnel adapté
Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
A INTRODUCTION :
1) Contexte de la rencontre médecin de l’EN- élève :
D’une manière générale les adolescents ne consultent pas (1), hormis les consultations ayant
trait à la contraception et le sport.
En milieu scolaire la rencontre médecin scolaire – élève a lieu dans un contexte particulier et
ce pour diverses raisons.
De par ses missions (2), le médecin de l’Education Nationale rencontre certains élèves de
façon systématique en début d’année (comme les élèves de SEGPA) mais aussi les élèves
en souffrance à la demande de l’équipe éducative, afin d’appréhender au mieux leurs
difficultés et de réfléchir à une aide éventuelle(3)(4).
« Mdame, pourquoi je dois venir vous voir ? »
« Ch’ui pas malade »
« Et pourquoi y a que les troisième F qui viennent ? » (Les troisième F sont les élèves de
SEGPA dans le collège de mon secteur).
Le blouson boutonné jusqu’au menton, l’adolescent refuse dans un premier temps de
s’asseoir, les premières minutes de l’entretien sont tendues, presque conflictuelles. Il faudra
patience et doigté pour le mettre en confiance, expliquer les raisons de notre entrevue, notre
rôle auprès des élèves afin de dissiper tout malentendu et que la confiance s’installe.
Il est vrai que les circonstances de consultation sont spécifiques :
- La demande de consultation n’est jamais formulée par l’adolescent. L’équipe éducative
signale à l’équipe de santé scolaire un élève pour différentes raisons, (absentéisme, attitudes
provocatrices dans le collège, grandes difficultés scolaires……) qui est alors convoqué à
l’infirmerie pour rencontrer le médecin scolaire.
- Le jeune ne peut choisir le médecin qu’il aurait envie de voir, il doit rencontrer celui ou celle
qui travaille sur le secteur géographique dont dépend l’établissement dans lequel il se trouve.
- Il n’y a pas de suivi possible du fait d’une présence irrégulière du médecin dans le collège,
contrairement à l’infirmière qui elle y assure un mi-temps.
- L’élève sait que le médecin a un certain nombre d’informations le concernant mais il n’en
connaît ni le contenu ni le circuit de diffusion,
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- Le médecin scolaire appartient à la communauté scolaire mais ne fait pas partie de l’équipe
administrative (5), il est entre autre détenteur du secret médical.
- Le médecin intervient essentiellement auprès d’élèves en souffrance, en échec scolaire,
présentant des difficultés d’apprentissage, des troubles du comportement, un mal être, et tous
les élèves, sans savoir précisément ce que fait le médecin, savent qu’il y a toujours une raison
valable d’être convoqué à l’infirmerie.
Dans quelle mesure ces circonstances jouent elles un rôle dans la rencontre médecin de l’EN-
élève ?
Ne constituent elle pas une barrière quand il s’agit pour le médecin de s’inscrire dans une
relation d’aide (6) (7) et de se situer comme une personne ressource auprès de l’élève en
difficulté ?
L’image du médecin de l’EN a été étudiée auprès d’adultes partenaires (8) et de lycéens de
lycées d’enseignement général et professionnel (9) : seuls les élèves de lycées
professionnels connaissent le médecin de l’EN pour l’avoir rencontré en classe de troisième
lors de la visite d’orientation mais ils ne connaissent pas du tout ses missions.
Des mots d’enfants, d’enfants plus jeunes , au gré des rencontres ;
Claire, 11 ans : « Le médecin scolaire, c’est celui qui voit si les enfants sont en bon état »
Marie, 9 ans : « C’est celui qui guérit les enfants malades d’aller à l’école »
2) Contexte spécifique au collège dans lequel je travaille :
Dans le collège de mon secteur, les visites médicales auprès des 4ème et des 3ème se sont
toutes déroulées entre le 15 octobre 2001 et le 30 novembre 2001 dans le but de vérifier leur
état de santé et de les autoriser à travailler sur machines dangereuses puisqu’ils utilisent
l’atelier cuisine dès la 4ème.
J’ai déjà rencontré personnellement tous ces élèves lors des visites systématiques quand ils
étaient en sixième et en cinquième. Il s’agit donc au minimum de notre troisième voire
quatrième rencontre dans le contexte de la visite médicale.
La visite médicale se passe dans le cabinet attenant à l’infirmerie dans une pièce minuscule.
La porte donnant sur le couloir reste fermée à clef pour éviter les intrusions intempestives. Il
n’y a qu’un seul combiné téléphonique et l’infirmière doit entrer dans le cabinet médical pour
toute communication téléphonique. Ces deux pièces sont très mal insonorisées et je reste
vigilante à ne pas hausser la voix pour que l’entretien reste confidentiel. Les élèves sont tous
avertis la semaine précédente par l’infirmière du jour de la visite et il leur est demandé
d’apporter leur carnet de santé.
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L’infirmière va chercher le premier élève, le pèse et le mesure, lui fait passer l’examen
ophtalmologique et audiométrique. Quand le bilan infirmier est terminé, l’élève me rejoint
dans le cabinet médical.
Je commence toujours l’entretien en me présentant, en expliquant les raisons de notre
rencontre. J’évoque avec l’adolescent sa vie dans le collège, ses relations avec les copains,
les adultes de son entourage, les sports qu’il pratique, ses passions, son avenir
professionnel, ses doutes, ses espoirs, ses réussites et ses difficultés scolaires. Puis je
procède à l’examen médical jusqu’au moment de la récréation où l’infirmerie étant le plus
souvent envahie d’élèves, je suis obligée de suspendre les visites médicales.
B OBJECTIFS DE L’ETUDE :
1) Objectif général :
Il s’agit de mieux connaître les représentations des élèves de SEGPA concernant le rôle du
médecin de l’EN afin de faciliter la rencontre avec les élèves.
2) Objectifs spécifiques :
- mieux connaître le contexte des rencontres élèves - médecins à l’extérieur du collège et
élèves - médecin au cours de leur scolarité,
- identifier les représentations des élèves concernant la santé et le travail du médecin de
l’EN,
- préciser le vécu des élèves au cours de la visite médicale avec le médecin scolaire,
- cerner les attentes des élèves à l’égard du médecin de l’EN.
C METHODOLOGIE :
J’ai envisagé une certaine « progression » dans le recueil des informations : partir tout
d’abord de leur propre définition de la bonne santé, puis cerner la qualité de leurs relations
avec les médecins en général pour terminer par leurs impressions, leur vécu de la visite
médicale reçue au cours du premier trimestre de l’année scolaire en cours et leurs attentes
éventuelles, le tout dans un contexte de confiance et de liberté.
Avant de m’appuyer sur le recueil de données par questionnaire, j’ai envisagé plusieurs
stratégies en collaboration avec le directeur de la SEGPA..
- travail en ateliers par petit groupe sur différentes questions puis mise en commun
au sein du groupe classe pour élaborer une réponse commune ;
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- avec l’accord de leur instituteur, proposition d’un devoir de français « racontez la
dernière visite médicale avec le médecin de l’EN » ;
- entretiens semi - directifs ;
- élaboration d’un questionnaire.
Il faut savoir que les SGPA accueillent des élèves présentant des difficultés scolaires
graves et persistantes auxquelles n’ont pu remédier les actions de prévention, de soutien,
d’aide et d’allongement des cycles dont ils ont pu bénéficier. Ces élèves ne maîtrisent pas
toutes les compétences attendues à la fin du cycle des apprentissages fondamentaux et
présentent, à fortiori, des lacunes importantes dans l’acquisition des compétences prévues
à l’issue du cycle des approfondissements. L’organisation de leur scolarité est différente
des autres classes du collège, ils sont pris en charge par des instituteurs spécialisés et
travaillent en atelier à partir de la 4ème.
Selon leur directeur qui connaît bien leurs possibilités, il est impossible de leur demander
par écrit de formuler leurs idées, leurs attentes, leurs propositions sur un sujet aussi
abstrait que leurs représentations de la santé et du médecin.
Le travail en atelier puis rapport du travail de petit groupe au groupe classe demandait une
animation stricte et rigoureuse, une certaine autonomie et une trop grande
responsabilisation dans le travail.
Pour utiliser les entretiens semidirectifs, il aurait fallu choisir certains élèves ; sur quels
critères ? de quelle manière ce choix serait il vécu tant par les élèves choisis que par les
autres ?
Le choix du questionnaire paraissait donc le plus « facile » à mettre en œuvre pour obtenir
un certain nombre de réponses, tout en se méfiant de leur probable rigidité, du fait même
du questionnaire.
Son élaboration a été laborieuse, chaque mot pesé et réfléchi. J’ai choisi d’utiliser des mots
simples, des paraphrases mais ont elles été comprises comme je l’entendais ? à la
question 11 par exemple je voulais être sûre que les élèves savaient qu’ils pouvaient
consulter le médecin scolaire pour une situation de maltraitance. Ne pouvant utiliser le mot
de maltraitance aussi crûment, j’ai donc biaisé en disant « à ton avis, pour quelles raisons
un élève peut consulter le médecin scolaire ? parce qu’il a des soucis en dehors du
collège » .
Une courte introduction au questionnaire posait le cadre de l’intervention, je rappelais
l’importance de l’anonymat des réponses et je m’engageais à leur faire part des résultats
de l’enquête.
Le directeur de la SEGPA a proposé le questionnaire aux élèves de 3ème et de 4ème, a lu les
questions les unes après les autres et les élèves répondaient au fur et à mesure. Nous
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avions décidé que je ne serais pas présente pour laisser aux élèves toute latitude pour
leurs réponses.
D RESULTATS :
Etant donné le nombre de questionnaires recueillis, aucun chiffre n’a une valeur
statistique. De plus, j’ai choisi délibérément de laisser les expressions des élèves écrites comme
je les ai recueillies.
1- Profil des élèves concernés :
J’ai recueilli 27 questionnaires au total :
◄ 13 élèves de troisième dont 2 filles, tous dans leur 16ème année, hormis un garçon
dans sa 17ème année ;
◄ 14 élèves de quatrième dont 6 filles tous dans leur 15ème année sauf une fille dans
sa 16ème année.
2- Quel médecin ont- ils rencontré lors de leur dernière visite médicale ?
La visite médicale au collège a eu lieu entre le 15 octobre 2001 et le 30 novembre
2001, le recueil des questionnaires s ‘est passé fin janvier 2002.
Pendant ce laps de temps, c’est à dire entre deux mois et trois mois et demi, la
moitié des élèves a rencontré son médecin de famille, 6 d’entre eux n’ont pas
consulté et 3 élèves ont eu une visite par le médecin du sport à deux reprises et un
ostéopathe dans le dernier cas.
Je ne tiens pas compte du résultat de la troisième question qui est la date de la
dernière consultation, car je n’ai obtenu que trop peu de réponses pour qu’il y ait une
interprétation possible.
3- Quelle est leur définition de la bonne santé ?
Presque la moitié d’entre eux (12/27) considère que « être en bonne santé consiste
non seulement à ne pas être malade mais aussi à être bien dans son corps et dans
sa tête » ;
8 choisissent la définition « être bien dans sa tête et bien dans son corps » ;
3 « ne pas être malade » ;
et 3 seulement « être bien dans son corps ».
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La plus jolie définition est la suivante :
4- Quel est leur premier interlocuteur, si des soucis de santé les concernant
apparaissent ?
Les élèves devaient classer leurs réponses par ordre d’importance, ce qui a été très
mal fait. Je ne tiens donc compte que des deux premiers choix, a priori choix qui me
semblent les plus réfléchis.
L’objectif de cette question était de savoir si ces adolescents confiaient plus
facilement leurs soucis à leurs pairs ou si les adultes restaient leurs interlocuteurs
privilégiés.
◄ Les adultes et en particulier les parents restent majoritairement les premiers
interlocuteurs :
11 fois sur 26, les élèves ont répondu en première position les parents puis en
deuxième position le médecin de famille.
6 fois sur 26, les confidences vont aux parents d’abord puis aux copains,
3 fois sur 26 seuls les parents sont cités sans deuxième choix.
Un élève cite le professeur en premier choix puis l’infirmière du collège, un autre les
copains en premier puis un professeur.
4 fois sur 26 ce sont les pairs les premiers informés puis les parents en deuxième
intention.
Une non réponse a été obtenue.
◄ Au total seuls 5 élèves sur 26 se confient tout d’abord à leurs copains.
◄ Le médecin scolaire n’est jamais cité comme interlocuteur auprès des élèves.
5) Leur définition du médecin :
La aussi, la demande de classement par ordre d’importance n’a pas été respectée, je
ne conserve donc que le premier choix.
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16/27 ont répondu que le médecin est celui qui guérit,
6 fois sur 27 celui qui écoute,
dans 3 cas le médecin est celui qui garde un secret,
et 2 fois il est celui qui conseille.
Les élèves ont rajouté comme définition à laquelle je n’avais pas songé que le
médecin est aussi celui qui soigne.
6) Est ce que les élèves connaissent les raisons de leur convocation ?
Etant donné que je spécifiais systématiquement et individuellement avant la visite les
raisons de notre entretien, je pensais que cette question ne présentait aucune
ambiguïté et qu’ils répondraient tous « pour être autorisé à travailler en atelier » en
rajoutant éventuellement « pour savoir si l’on est en bonne santé ». A ma grande
surprise, cinq d’entre eux n’ont pas la moindre idée du but de la visite, deux n’ont pas
répondu ( faut-il les classer dans les non réponses ?).
L’un dit que c’est seulement pour parler, un autre élève pense que c’est pour un
problème de santé ; le dernier coche « autre raison » et note :
Heureusement 17 d’entre eux répondent que le but de la visite médicale est
l’obtention de l’autorisation à travailler en atelier en association soit avec la réponse
« problème de santé » ou « parler ».
7) La grande majorité des élèves (22/27) savent qu’ils ont le droit de demander à
consulter le médecin scolaire mais connaissent - ils le circuit pour prendre rendez-
vous ?
8) Les motifs de la consultation connus et /ou imaginés par les élèves sont divers et
variés.
Que savent les élèves des missions du médecin de l ‘EN ? le soin, mais aussi
l’écoute, la prise en compte des difficultés à l’extérieur du collège et sous jacent les
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situations de maltraitance, le rôle d’éducateur à la santé avec la notion de demande
de renseignements sur une maladie…..
Par ordre de fréquence, les réponses suivantes apparaissent :
25 fois parce qu’il est malade, alors que c’est un motif de consultation plutôt rare,
14 fois l’élève n’a pas le moral et 14 fois pour obtenir des renseignements sur une
maladie,
13 fois pour travailler en atelier,
11 fois pour des soucis en dehors du collège
et 6 fois pour un problème d’orientation et de difficultés scolaires.
9) Malgré les conseils d’un adulte du collège de consulter le médecin scolaire, 12/27
n’acceptent pas à priori de le faire, l’un d’entre eux ne répond pas à cette question.
J’ai essayé de poursuivre l’investigation afin de cerner les raisons : méconnaissance
du médecin ? méfiance, puisqu’il fait partie du collège ? ou toute autre raison.
Les douze élèves refusant de rencontrer le médecin de l’EN cochent les raisons
suivantes (classées par ordre de fréquence – ils pouvaient cocher plusieurs
réponses) :
11 fois qu’ils préfèrent voir un médecin à l’extérieur du collège,
4 fois parce qu’ils ne connaissent pas le médecin de l’établissement,
3 fois ils ont peur que le secret de l’entretien ne soit pas respecté,
2 élèves n’aiment pas les médecins et deux élèves ne veulent pas que l’on sache
qu’ils consultent le médecin scolaire.
L’objectif de cette question était d’entrevoir les raisons du refus de rencontrer le
médecin scolaire et malgré les consignes 9 élèves sur les 14 qui acceptaient de
rencontrer le médecin scolaire sur les conseils d’un adulte du collège ont répondu à
cette question.
6 d’entre eux préfèrent consulter un médecin à l’extérieur du collège, 2 ne veulent pas
que l’on sache qu’ils l’ont consulté et l’un d’entre eux a peur que le médecin répète
ses propos.
Cela veut il dire qu’ils acceptent de consulter mais en se sentant contraints et forcés,
sans véritable choix ?
10) Quel est leur ressenti de la visite médicale ?
9 d’entre eux disent qu’ils ont été « moyennement à l’aise » mais c’était sûrement la
réponse la plus facile à donner puisque la moins impliquante,
7 sont très à l’aise, deux très mal à l’aise, deux indifférents,
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2 d’entre eux répondent en même temps « très à l’aise » et « indifférent » comme si
ces deux sentiments étaient de même nature.
5 élèves ne répondent pas, mais est-ce si facile d’exprimer ses émotions, de qualifier
un moment passé ?
Il me paraissait intéressant de séparer, artificiellement bien sûr, la visite médicale en
deux parties : d’une part l’entretien, d’autre part l’examen médical à proprement
parler.
Est ce que les élèves se sentent plus à l’aise dans l’un ou l’autre moment ?
Apprécient-ils ce temps de discussion concernant leurs centres d’intérêt personnels,
leur avenir professionnel, leurs relations avec leurs copains, les professeurs ?
Parmi les 9 élèves disant qu’ils sont très à l’aise, 5 préfèrent le temps de l’entretien, 3
le moment de l’examen médical et l’un d’entre eux est à l’aise tout le temps de la
consultation.
L’un des élèves ayant été très mal à l’aise a tout de même préféré le temps de
l’entretien, l’autre ne répond pas ; ce qui sous entend que tout le temps de la
consultation a été difficile.
De la même manière l’un des adolescents ayant répondu qu’il avait été indifférent
s’est senti plus à l’aise au moment de la discussion, l’autre ne répond pas à la
question.
Parmi les élèves qui n’ont pas qualifié le temps de la consultation, deux d’entre eux
spécifient que le temps le plus facile a été le temps de la discussion, l’un le moment
de l’examen, les deux autres ne se prononcent pas.
Parmi les 9 élèves qui étaient moyennement à l’aise, 3 ont tout de même préféré le
temps de l’examen, deux le temps de la discussion, deux d’entre eux répondent
qu‘aucun moment n’a été facile et le dernier dit que les deux temps de la consultation
ont été faciles pour lui.
11)Propositions d’amélioration quant à l’organisation des visites médicales :
18 élèves sur 27 aimeraient connaître le médecin avant la consultation et la même
proportion voudrait avoir des commentaires sur les raisons et le but de ces visites
médicales.
14 d’entre eux proposent une meilleure organisation des rendez vous mais j’aurais
aimé savoir ce qui les gênait le plus, recueillir leur avis.
Deux d’entre eux proposent tout de même des solutions, difficiles à envisager…..
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Et……..
12) Les commentaires des adolescents dans la rubrique « qu’as tu apprécié ? »
9 d’entre eux ont répondu :
l’un :
un élève n’a probablement pas osé se dire :
Provocations ?
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et
Quatorze d’entre eux ont apprécié de « parler avec le médecin », en spécifiant pour
deux élèves « lire les lettres avec des lunettes » et l’un parle « du truc dans les
oreilles les bruit ».
Un garçon paraît soulagé d’avoir son autorisation de travailler en atelier :
Un autre de son orientation professionnelle : « j’ai apprécié c’est de parler de se que
je faire dans le futur ».
Pourtant la réponse d’un jeune garçon de 16 ans me laisse perplexe :
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Que pouvait-il imaginer de la rencontre avec un adulte de l’établissement ?
Quelles appréhensions ? Quelles angoisses ?
13) Leurs commentaires à la question « ce que tu n’as pas aimé » :
Je retrouve les deux réflexions « je sais pas » et « je ne dit rien » déjà notées puisque
ce sont les mêmes élèves qui répondent de la même manière aux deux items.
Trois d’entre eux ne répondent pas.
Deux d’entre eux répondent « tout », les trois autres répondent « rien » mais cela ne
veut il pas dire la même chose ? La question était posée de façon négative et pouvait
de ce fait prêter à confusion.
La façon, la manière de ressentir le moment de la consultation m’a interrogé puisque
13 élèves spécifient ne pas aimer se mettre en « caleçon » ou « culotte et soutif »
mais trois répondent qu’ils n’ont pas aimé se mettre nu…… et un garçon dit qu’il a
même « été obligé de sortir en « caleçon » car l’alarme s’est mise à sonner. Dans
tous les cas, les élèves sont restés en sous vêtement et lors de la manœuvre
d’évacuation du collège, le jeune garçon en question a eu le temps de se rhabiller
décemment.
Une jeune fille me reproche de ne pas avoir été disponible car envahie par le
téléphone….ce qui est une réalité.
Le « passage », le « monde » est évoqué à plusieurs reprises.
Je vous laisse lire ce commentaire qui me paraît résumer le mieux les critiques :
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E - DISCUSSION :
Cette enquête n’a pu qu’effleurer, ébaucher les difficultés des rencontres des
médecins de l’Education Nationale avec les adolescents de SEGPA.
1) Critiques de la méthode :
La méthode du questionnaire ne semble pas la plus pertinente.
◈ Le libellé des questions doit être élaboré avec soin et simplicité, ne laissant pas la
possibilité d’une interprétation personnelle par le jeune qui répond au questionnaire,
◈ La forme elle même du questionnaire est difficile à manipuler quand il s’agit de
parler des émotions, du ressenti,
◈ Il aurait été intéressant de coupler avec quelques entretiens semidirectifs auprès
de jeunes de la SEGPA avant l’élaboration du questionnaire afin de cerner les
questions, les doutes, les attentes des adolescents.
2) Les représentations des élèves :
◈ Les élèves ont une vision globale de la santé, leur définition se rapprochant de
celle de l’Organisation Mondiale de la Santé,
◈ l’adulte en général (et leurs parents le plus souvent) reste leur interlocuteur
privilégié en cas de problème,
◈ leur représentation du médecin est celle du médecin de famille qui soigne et guérit.
Mais le rôle du médecin scolaire leur est souvent inconnu, ils ne savent pas, n’ont pas
compris, oublié ou mal interprété la raison de leur rencontre avec lui. La position du
médecin au carrefour de l’individuel et du collectif n’est comprise ni par les
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adolescents ni par leurs parents ni peut être par tous les intervenants de l’Education
Nationale. C’est peut être la raison pour laquelle les élèves n’ont pas d’attentes
particulières vis à vis du médecin scolaire.
Se faire connaître auprès de ces élèves que nous sommes amenés à rencontrer
chaque année, ne pas simplement avertir mais expliquer également aux parents le
but de la visite médicale , ne pas hésiter à prendre contact avec les médecins de
famille si le besoin s’en fait ressentir, faire le lien entre les différents partenaires dans
et hors le système scolaire tout en gardant l’adolescent comme pivot central me parait
indispensable.
◈ De nombreux élèves parlent en négatif des conditions matérielles dans lesquelles
s’est déroulée la visite médicale (le passage, le monde, se déshabiller, je suis restée
longtemps au téléphone …….). Ils y ont donc été sensibles et il me semble évident
que ces conditions interfèrent dans la relation médecin scolaire –élève. Comment
parler, confier ses soucis, ses difficultés dans un lieu bruyant et difficilement
intimiste ?
3) Propositions :
◈ Il est donc important que les élèves connaissent le médecin avant la visite
médicale. Jusqu’à présent, je pensais que le fait de me présenter aux élèves de façon
individuelle en début de consultation nous permettait de faire plus facilement
connaissance, mais selon le vœu des adolescents, il paraît judicieux de me
présenter en début d’année à toute la classe et de leur expliquer dans quelle mesure
ils peuvent faire appel au médecin scolaire.
◈ Il sera nécessaire de leur expliquer de quelle manière ils seront convoqués par le
l’infirmière pour la visite médicale, qu’ils devront en avertir leurs parents et leur faire
parvenir un courrier d’explication. Les élèves doivent comprendre qu’il s’agit d’un
moment privilégié leur appartenant, qu’il est important qu’ils se responsabilisent (en
apportant leur carnet de santé par exemple). Lors de cette présentation, il sera très
important d’expliquer les différentes missions du médecin scolaire, le but de la visite
médicale, de préciser que chaque élève peut rencontrer le médecin s’il le désire et
quelle en est la démarche. La présence de l’infirmière de l’établissement est capitale
puisque de part sa présence dans le collège à mi-temps elle peut faire le lien entre les
adolescents et le médecin et transmettre un rendez vous.
◈ L’organisation du cabinet médical est à repenser, de manière à le rendre plus
accueillant, plus convivial, plus respectueux. Cette démarche est à entreprendre en
lien avec l’infirmière et le chef d’établissement.
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F- CONCLUSION :
Le médecin de l ’EN a un rôle primordial à jouer vis à vis des élèves de la
SEGPA, non seulement pour leur permettre de travailler en atelier mais également comme
personne référente dans le domaine de la santé pris au sens large du terme.. Pour que ce rôle
puisse être joué, il est nécessaire et primordial que certaines conditions soient requises, tant
matérielles que personnelles.
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B i b l i o g r a p h i e
1 - EVANS A., LABBE M. Données sur la situation sanitaire et sociale en France en 1999.
Coll Etudes et Statistiques, pp 23-41.
2 - LA MISSION DU MEDECIN DE L’EDUCATION NATIONALE. Orientations générales
pour la politique de santé en faveur des élèves. Circulaire, 12/01/01, n° 2001-013.
3 - GUY A., DURET P. Les jeunes en difficulté. Panoramiques n° 26, pp 1-210.
4 – CARVALHO J., MAITROT C., Médecins de l’Education Nationale : enjeux et perspectives
pour un nouveau métier. Santé publique 1998, vol 10 n° 3, pp 269-285.
5 - CODE DE LA SANTE PUBLIQUE. Code de déontologie médicale appliqué à l’exercice
salarié de la médecine. Article 95.
6 - PAWLAK C. Empathie, incertitude et identité professionnelle du médecin . Annales
médicopsychologiques,. 1996, vol 154, n° 8-9, p 511.
7 - BOURSIER F. et all.. Des représentations dans les institutions sociales et médico-
sociales. Coll. Recherches en pratiques sociales. Ed. Scopedit, Lyon, 2000, 140p.
8 – GOESTER I. Une meilleure image pour un meilleur partenariat, le MEN et les autres
membres de la communauté éducative. Mémoire de médecin de l’Education Nationale. ENSP
1995.
9 - AGEORGES F. Histoire, fonctions et image du médecin scolaire . Thèse de médecine :
Université Clermont Ferrand, 1995.
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L i s t e d e s a n n e x e s
- Annexe 1 : introduction au questionnaire - Annexe 2 : questionnaire
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ANNEXE 1
Bonjour,
Je suis médecin scolaire et je travaille dans ton établissement. Nous
avons déjà eu un certain nombre de rencontres ensemble et
J’aimerais avoir ton avis concernant le travail du médecin scolaire,
recueillir ton impression de la visite médicale et apporter des
améliorations si possible.
Ne marque pas ton nom, ainsi personne ne reconnaîtra tes réponses. Dans la mesure de mes possibilités et si tu le souhaites, je te
donnerai les résultats de l’enquête.
Dr Martine FADY
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ANNEXE 2 Numéro de fiche :
1- Quelle est ta date de naissance ? − − ⁄ − − ⁄ − −
jour ⁄ mois ⁄ année
Ne rien inscrire dans
ces cases
1-|__|__|
2- Es-tu ? un garçon ڤune fille ڤ
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3- Es tu ? en quatrième ڤ en troisième ڤ
3- |__|
4- La dernière fois que tu as consulté un médecin, est-ce que c’était :
ton médecin de famille ڤ
le médecin du sport ڤ
le médecin du Planning Familial ڤ
le médecin scolaire ڤ
un médecin spécialiste (lequel ?) ڤ
un autre médecin (lequel ?) ڤ
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5- cette dernière consultation date de quand ?
(donne le mois et l’année)
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Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
6- Pour toi, être en bonne santé, c’est :
ne pas être malade ڤ
être bien dans son corps ڤ
être bien dans sa tête ڤ
être bien dans sa tête et dans son corps ڤ
autre (peux tu donner des précisions ?) ڤ
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7- Si tu avais des soucis de santé, à qui en parlerais tu en premier ?
(à classer par ordre d’importance, le n°1 étant le plus important)
tes parents ڤ
tes copains ڤ
ton médecin de famille ڤ
l’infirmière de ton établissement ڤ
un professeur ڤ
le médecin scolaire de ton collège ڤ
autre (peux tu préciser ?)ڤ
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Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
8- Pour toi, un médecin c’est :
(A classer par ordre d’importance de 1 à 5, le n°1 étant le plus important pour toi)
quelqu’un qui écoute ڤ
quelqu’un qui guérit ڤ
quelqu’un capable de garder un secret ڤ
quelqu’un qui donne des conseils ڤ
autre (donne des précisions) ڤ
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9- Tu as déjà été convoqué par le médecin scolaire en début d’année, sais tu
pour quelles raisons ?
pour être autorisé à travailler en atelier ڤ
pour un problème de santé ڤ
pour des difficultés en classe ڤ
pour parler ڤ
je en sais pas ڤ
pour une autre raison (laquelle ?)ڤ
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Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
10- A ton avis, est ce qu’un élève a le droit tout seul de demander à rencontrer le médecin scolaire ? oui ڤ non ڤ
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11- A ton avis, pour quelles raisons un élève peut consulter le médecin scolaire ?
parce qu’il est malade ڤ
parce qu’il n’a pas le moral ڤ
parce qu’il a des soucis en dehors du collège ڤ
pour son orientation professionnelle ڤ
parce qu’il a des difficultés scolaires ڤ
pour pouvoir travailler en atelier ڤ
pour avoir des renseignements sur une maladie ڤ
je ne sais pas ڤ
pour une autre raison (peux tu préciser ?) ڤ
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12- Si un adulte du collège te conseillait de consulter le médecin scolaire, est ce que tu accepterais d’y aller ? oui ڤ
si tu mets une croix dans cette case, tu passes directement à la question 14
non ڤ si tu mets une croix dans cette case, tu réponds à la question 13
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Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
13- Tu n’acceptes pas de consulter le médecin scolaire, quelles sont tes
raisons ? Je ne le connais presque pas ڤ J’ai peur qu’il répète ce que je vais lui dire ڤ Je ne veux pas que l’on sache que je suis allée le voir ڤ Je préfère aller voir un médecin de l’extérieur ڤ Je n’aime pas les médecins ڤ Autre raison (donne des précisions) ڤ
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14- Au cours de la visite médicale que tu as passée avec le médecin scolaire de
ton collège, comment t’es tu senti ? Très à l’aise ڤ Moyennement à l’aise ڤ Très mal à l’aise ڤ Indifférent ڤ
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Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
15- Au cours de cette consultation médicale, qu’est ce que tu as apprécié ?
17 – Au cours de cette consultation médicale, qu’est ce que tu n’as pas aimé ?
Martine FADY – Etude Professionnelle – Ecole Nationale de la Santé Publique - 2002
18- Pour faciliter la consultation médicale, il faudrait :
- connaître le médecin avant la consultation ڤ
- mieux comprendre le but de la visite médicale ڤ
- une meilleure organisation des rendez-vous ڤ
- autre (peux tu donner des idées ?)ڤ
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Merci pour toutes ces réponses et bonne journée