marleau.physique des particules

214
Introduction Ă  la physique des particules L. Marleau

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Page 1: Marleau.physique Des Particules

Introduction Ă la physique

des particules

L. Marleau

Page 2: Marleau.physique Des Particules
Page 3: Marleau.physique Des Particules

Introduction Ă la physique

des particules

L. Marleau

DĂ©partement de physique ⋆ UniversitĂ© Laval ⋆ QuĂ©bec ⋆ Canada

Page 4: Marleau.physique Des Particules

Cet ouvrage a été rédigé avecScientific WorkPlace

et composer avec LATEX 2Δ.© 1997 L. Marleau.DĂ©partement de physiqueUniversitĂ© LavalQuĂ©bec,Canada.Tous droits rĂ©servĂ©s. Aucun extrait de cet ouvrage ne peut ĂȘtre reproduit, sous quelque

forme ou par quelque procĂ©dĂ© que ce soit (machine Ă©lectronique, mĂ©canique, Ă  photoco-pier, Ă  enregistrer ou tout autre) sans l’autorisation Ă©crite prĂ©alable de l’auteur.

Page 5: Marleau.physique Des Particules

Table des matiĂšres

Avant-Propos xi

1 NOTIONS DE BASE 1

1.1 Survol rapide 1MatiĂšre 1

Les types d’interaction 4

1.2 DĂ©finitions utiles 4Bosons et fermions 4

Particule-Antiparticule 5

1.3 SystĂšme d’unitĂ©s naturelles 5

1.4 Formalisme quadri-dimensionnel 8

1.5 Notions de physique quantique 11MĂ©canique quantique relativiste 11

Interactions versus champs 12

1.6 Échelle des interactions 17Interactions Ă©lectromagnĂ©tiques 17

Interactions faibles 17

Interactions fortes 21

Interactions gravitationnelles 22

Tableau récapitulatif 22

2 SOURCES ET DÉTECTEURS 25

2.1 Sources 25Radioactivité 25

Rayons cosmiques 25

Accélérateurs 26

2.2 Détecteurs 38Principes de détections 38

Instruments de détection 42

Page 6: Marleau.physique Des Particules

vi Table des matiĂšres

3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES 573.1 CinĂ©matique d’une rĂ©action - Variables de Mandelstam 57

SystÚme du centre de masse (4-corps) 59SystÚme du laboratoire (4-corps, cible fixe) 61La rapidité 62

3.2 Les interactions en mécanique quantique 63

3.3 La matrice de diffusion, S 66

3.4 Espace de phase 67

3.5 Section efficace 68Diffusion (4-corps) 71

3.6 Largeur de désintégration et vie moyenne 72Désintégration en 2 corps 73Désintégration en 3 corps 74

4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS 774.1 SymĂ©tries en mĂ©canique quantique 77

4.2 Invariance sous une translation 79

4.3 Rotation en trois dimensions 80

4.4 Parité 81Parité orbitale 82Parité intrinsÚque 83Conservation de la parité totale 83Parité des antiparticules 84Exemples 85

4.5 Inversion du temps 86L’opĂ©rateur d’inversion du temps,T 86Application: le bilan dĂ©taillĂ© 87

4.6 Invariance de jauge 88Transformation de jauge 89Les photons 90

4.7 Contrainte d’unitaritĂ© 91

5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS 935.1 SymĂ©tries globales et rĂšgles de sĂ©lection 93

Charge Ă©lectrique,Q 93Nombre leptonique total,L 94Nombre Ă©lectronique, muonique, tauonique... 94Nombre baryonique,B 95

5.2 Isospin 96Symétrie SU(2) 98

Page 7: Marleau.physique Des Particules

Table des matiĂšres vii

Générateurs de SU(2) 99

Relation de Gell-Mann-Nishijima 99

Conservation d’isospin 100

5.3 ÉtrangetĂ© et hypercharge 101

5.4 Autres saveurs 103Charme 103

Bottom 104

Top 104

Relation de Gell-Mann-Nishijima (révisée) 105

5.5 Conjugaison de la charge 105Parité de charge totale 106

Invariance sousC 107

Les pions et les photons 107

SystĂšmes particule-antiparticule 108

Violation deCP ouT et ThéorÚmeCPT 109

5.6 Parité-G 110

5.7 RĂ©sonances 111

6 LE MODÈLE DES QUARKS 115

6.1 Introduction 115Historique 115

6.2 ThĂ©orie des groupes 118PropriĂ©tĂ©s gĂ©nĂ©rales d’un groupe 118

Groupe de Lie (compact) 119

Représentations 120

Racine, rang et poids 121

Rotation en 2D — groupeSO(2) 123

Rotation en 3D — groupeSO(3) 123

GroupeU(1) 123

GroupeSU(N) 123

6.3 Quarks et Représentations SU(N) 129Lien entre représentationSU(N) et modÚle des quarks 129

Représentations irréductibles et Tableaux de Young 130

Construction des fonctions d’onde 135

6.4 Couleur 141GroupeSU(3) de Couleur 141

Fonctions d’onde de couleur 142

Évidence expĂ©rimentale 143

6.5 Masses et Moments Magnétiques 144Masses 144

© 1997 L. Marleau

Page 8: Marleau.physique Des Particules

viii Table des matiĂšres

Moments magnétiques 147

6.6 Diagrammes de quarks 150

6.7 Charme et SU(4) 152MĂ©sons 152

Baryons 156

7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES 159

7.1 Diffusion e−N 159

7.2 Le spin 159

7.3 Facteur de forme 159

7.4 Production de paires de muons 160

7.5 SuccĂšs de QED 160

7.6 Invariance de jauge 160

8 INTERACTIONS FAIBLES 161

8.1 Classification 161

8.2 Théorie de Fermi 161

8.3 Non conservation de la parité 161

8.4 Interaction V −A 162

8.5 ModĂšle de Weinberg-Salam (survol) 162

8.6 Angle de Cabbibo et matrice de Kobayashi-Maskawa 162

8.7 Courants neutres 162

8.8 ModĂšle GIM et le charme 162

8.9 Observation du Z0 et des W± 163

8.10 Physique du K0 163

8.11 Violation de CP 163

9 INTERACTIONS FORTES (QCD) 165

9.1 Couleur 165GroupeSU(3) de Couleur 165

Fonctions d’onde de couleur 166

Liberté asymptotique 167

Évidence expĂ©rimentale 167

9.2 Interactions 168Interactions faibles 168

Page 9: Marleau.physique Des Particules

Avant-Propos ix

Interactions Fortes 169

9.3 ModĂšle des partons 169

9.4 Diffusion inélastique profonde de eN 169

9.5 Invariance d’échelle et partons 170

9.6 Diffusion inélastique profonde avec neutrinos 170

9.7 Diffusion lepton-quark 170

9.8 Collisions hadron-hadron 170

10 UNIFICATION DES FORCES 17310.1 Divergences et renormalisabilité 174

10.2 Bosons intermédiaires 174

10.3 Théorie de jauge non-abélienne 174

10.4 Interactions Ă©lectrofaibles 174

10.5 Grande unification 174

10.6 Autres extensions du modĂšle standard 175

A Notation, conventions, constantes... 177A.1 Notations 177

A.2 Constantes fondamentales en physique 177

A.3 Unités SI 180

A.4 Unités naturelles 181

A.5 Coefficients de Clebsh-Gordan 183

A.6 Références 184

B Rappel de relativité restreinte et cinématique relativiste 185B.1 La relativité restreinte 185

B.2 Cinématique relativiste 187

C Équation de Dirac 195

D Particules stables, collisionneurs,... 197

Index 199

© 1997 L. Marleau

Page 10: Marleau.physique Des Particules
Page 11: Marleau.physique Des Particules

Avant-ProposCet ouvrage contient l’essentiel du matĂ©riel couvert dans le cadre du cours dePhysiquedes particules (PHY-10518)offert aux Ă©tudiants de derniĂšre annĂ©e du B.Sc. au DĂ©parte-ment de physique de l’UniversitĂ© Laval. Il requiert des notions Ă©lĂ©mentaires de relativitĂ©restreinte et de mĂ©canique quantique.Les chapitres 1, 2 et 3 portent respectivement sur les notions de base, les techniques expĂ©-rimentales et sur la dynamique des collisions. Les chapitres 4 et 5 couvrent les symĂ©trieset lois de conservation observĂ©es alors que dans le chapitre 6 on introduit le modĂšle desquarks. Les interactions Ă©lectromagnĂ©tiques, faibles et fortes sont traitĂ©es aux chapitres7, 8 et 9. On termine par un survol des diffĂ©rentes tentatives d’unification ou d’extensiondu ModĂšle Standard. Les appendices contiennent un rĂ©sumĂ© des notations, des tables depropriĂ©tĂ©s, un aide-mĂ©moire et quelques rĂ©fĂ©rences complĂ©mentaires.

Avertissement: Ces notes sont ne sont qu’une version partielle et prĂ©liminaire del’ouvrage. Il peut s’ĂȘtre glissĂ© — c’est mĂȘme une certitude — par inadvertance une mul-titude de coquilles plus ou moins importantes. Je saurais grĂ© au lecteur de m’accordersa patience et sa comprĂ©hension Ă  cet Ă©gard et l’invite Ă  me communiquer ses commen-taires et suggestions.

D’autre part, certaines illustrations (notamment dans la section sur les accĂ©lĂ©rateurset dĂ©tecteurs) proviennent de pages HTML. Au meilleur de ma connaissance, ces illust-rations sont du domaine public et leur provenance est en gĂ©nĂ©ral trĂšs bien identifiĂ©e.. Jen’en tiens pas moins Ă  exprimer ma reconnaissance aux institutions concernĂ©es.

QuébecMai 1997

Luc MarleauDĂ©partement de Physique

Université Laval

© 1997 L. Marleau

Page 12: Marleau.physique Des Particules
Page 13: Marleau.physique Des Particules

1 NOTIONS DE BASE

1.1 Survol rapide

MatiĂšre

La description de la matiĂšre a depuis toujours intriguĂ© l’humanitĂ©. Vu l’immense di-versitĂ© des formes que prend la matiĂšre Ă  l’échelle humaine, il est tentant de penser qu’àune Ă©chelle plus petite, elle existe sous une forme plus fondamentale voire plus simple.À tors ou Ă  raison, l’approche scientifique s’est laissĂ©e guider par ce concept en espĂ©rantqu’une fois lesbriques fondamentalesobtenues, il serait possible de reconstruire l’édi-fice jusqu’à notre Ă©chelle et mĂȘme au-delĂ . Dans les faits, une telle reconstruction nousĂ©chappe encore...

La premiĂšre notion d’élĂ©ments fondamentaux nous vient des grecs. On pensait quela Nature Ă©tait composĂ©e de quatre Ă©lĂ©ments: l’air, le feu, l’eau et la terre (voir figure1.1).

Figure 1.1 Les quatre éléments fondamentaux de la Nature (selon les grecs).

Page 14: Marleau.physique Des Particules

2 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

Ces Ă©lĂ©ments (toujours chez les grecs) furent ultĂ©rieurement remplacĂ©s par une notionqui semblent simplificatrice de la Nature, celle de l’atome. Au dĂ©but de notre siĂšcle, s’estdĂ©veloppĂ©e une version moderne de l’atome qui est reprĂ©sentĂ©e de façon simplifiĂ©e Ă  lafigure 1.2.

Échelle Échelle en unitĂ©s datome

noyau

nucléon

Ă©lectronquark

10 m-10

-14

-15

-18

10 m

10 m

< 10 m

10 m

-18

100,000,000

10,000

1,000

< 1

Figure 1.2 Échelles subatomiques.

Il faut toutefois mentionner que cette approche n’a pas toujours fait l’unanimitĂ©. Laphilosophie arabe suggĂ©rait que les propriĂ©tĂ©s d’un objet devaient ĂȘtre dĂ©crites globale-ment et non Ă  partir de ses constituants. Malheureusement, cette approche s’est avĂ©rĂ©eĂȘtre un trop grand obstacle au progrĂšs scientifique. Notre perception de la matiĂšre rĂ©vĂšleune structure passablement riche dont voici une description sommaire.

LeptonsLes leptons (ainsi nommés parce que leurs masses étaient relativement petites) sont

caractérisés par les propriétés suivantes:

1. Ce sont des particules qui n’interagissent pas fortement (aucuneinteraction forte).

2. Ils ont des charges Ă©lectriques entiĂšres (multiples de la charge de l’électron).

3. Ils possùdent une charge ’’faible’’ et forment des doublets d’interaction faible.

4. Ils obéissent à la statistique de Fermi-Dirac (fermions)

Les trois familles ou générations de leptons connues:

Leptons(

Îœee

) (

Μ””

) (

Μττ

)

Hadrons:Les hadrons sont caractérisés par les propriétés suivantes:

Page 15: Marleau.physique Des Particules

1.1 Survol rapide 3

1. Ce sont des particules qui interagissent fortement (soumises Ă  l’interaction forte ’’rĂ©-siduelle’’).

2. Ils ont des charges Ă©lectriques entiĂšre (multiple de la charge de l’électron).

3. Ils ont des interactions faibles.

4. Ils sont formés de quarks.

Les hadrons ne sont pas des particules fondamentales, mais plutĂŽt des Ă©tats liĂ©s dequarks. On en observe plus de deux cents. Les hadrons peuvent eux-mĂȘmes ĂȘtre classifiĂ©sen deux groupes: les baryons, auxquels on associe un nombre quantique (le nombrebaryonique) et, les mĂ©sons, qui sont responsables des interactions fortes entre hadrons.Voici les hadrons les plus frĂ©quemment observĂ©s:

Hadrons

p protonn neutron

π+, π0, π+ pionsρ+, ρ0, ρ− mĂ©sonsρ

Λ lambdaK+,K0, K0,K− mĂ©sonsK

Une liste plus exhaustive se trouve en appendice.

Quarks:

Les quarks sont les particules fondamentales qui forment la matiÚre nucléaire.

1. Ce sont des particules qui interagissent fortement (soumises à l’interaction forte)

2. Ils ont des charges Ă©lectriques fractionnaires.

3. Ils possùdent une charge faible et forment des doublets d’interaction faible.

4. Ils possĂšde une charge colorĂ© (couleur) et forment des triplets d’interaction forte.

5. On a observé six espÚces (saveurs ou parfums) de quarks regroupés en trois familles:

Quarks

Q = 23

Q = −13

(

u(up)d(down)

) (

c(charme)s(Ă©trange)

) (

t(top)b(bottom)

)

Les quarks apparaissent au moins en six parfums (l’existence du quark top a Ă©tĂ©confirmĂ© en 1995). Comme les leptons, ils peuvent ĂȘtre regroupĂ©s en doublets qui sontdes copies conformes sauf pour ce qui est de leurs masses.

De façon générale, on soupçonne que les familles de quarks et leptons sont reliées;il en existe trois de chaque.

© 1997 L. Marleau

Page 16: Marleau.physique Des Particules

4 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

Les types d’interaction

L’interaction entre particules de matiĂšre se fait via l’échange de particules (e.g. bo-sons de jauge) qui portent les quanta d’énergie-impulsion de quatre types d’interactions(gravitationnelle, faible, Ă©lectromagnĂ©tique et fortes).

MĂ©sons (interactions)

photon Îł3 bosons faibles Z0,W

±

8 gluons gHiggs (non-observĂ©) Hgraviton h”Μ

(1.1)

Le graviton et le Higgs n’ont jamais Ă©tĂ© observĂ©s. On recherche le Higgs activement.Par des moyens indirects on estime aujourd’hui sa masse Ă  environ 350 GeV (cet estimĂ©change frĂ©quemment et pourrait dĂ©jĂ  ĂȘtre obsolĂšte). Il existe toutefois plusieurs scĂ©na-rios qui ne requiĂšrent pas de Higgs; son existence reste pour le moment une questionouverte. Par ailleurs, d’autres modĂšles proposent plusieurs Higgs. Le graviton quant Ă  luin’existe que dans le cadre de thĂ©ories quantiques de la gravitation. Cependant aucune deces thĂ©ories n’est entiĂšrement satisfaisante mĂȘme si malgrĂ© certaines sont prometteuses(supergravitĂ©, cordes, supercordes,...).

gravitationnelle

électromagnétique

forte

q q

faible

n ΜΜΜΜp

e

Figure 1.3 Les quatre forces de la Nature.

1.2 DĂ©finitions utiles

Bosons et fermions

Page 17: Marleau.physique Des Particules

1.3 SystĂšme d’unitĂ©s naturelles 5

Bosons:

Les bosons sont des particules de spin entier(0~, ~, 2~, 3~, ...) qui obĂ©issent Ă  lastatistique de Bose-Einstein i.e., un systĂšme de deux particules identiques, notĂ©es 1 et 2,possĂšde une fonction d’onde est symĂ©trique sous l’échange des particules

ψ1←→2−→ ψ. (1.2)

Fermions:

Les fermions sont des particules de spin12 -entier

(

~

2 ,3~2 , 5~2 , ...

)

qui obĂ©issent Ă  lastatistique de Fermi-Dirac i.e., un systĂšme de deux particules identiques, notĂ©es 1 et 2,possĂšde une fonction d’onde est antisymĂ©trique sous l’échange des particules

ψ1←→2−→ −ψ. (1.3)

Particule-Antiparticule

La notion d’antiparticule fut proposĂ©e par Dirac en 1928. Ce dernier interprĂ©ta cer-taines solutions de l’équation qui porte son nom comme des antiparticules. Les solutionsassociĂ©es aux antiparticules donnent lieu Ă  diffĂ©rentes interprĂ©tations, e.g. une particulequi se propage Ă  rebours dans le temps ou encore des trous dans une mer de particules.L’antiparticule est caractĂ©risĂ©e par

1. des charges opposées à celle de la particule (charges électrique, faible, et autres nombresquantiques...)

2. masse et vie moyenne Ă©gales Ă  celles des particules.

L’existence d’antiparticules fut confirmĂ©e par Anderson en 1933 suite Ă  la dĂ©couvertedu positron (anti-Ă©lectron). Certaines particules (e.g. le photonÎł et le boson faibleZ0)sont leur propre antiparticule, toutes leurs charges Ă©tant nulles.

Par convention, on dĂ©signe gĂ©nĂ©ralement l’antiparticule par une barre:

e ↔ eÎœ ↔ Îœp ↔ pÎŁ ↔ ÎŁ.

1.3 SystĂšme d’unitĂ©s naturelles

Le systĂšme d’unitĂ©s SI requiert trois Ă©talons de mesure:

[masse ou Ă©nergie], [temps], [longueur] (1.4)

© 1997 L. Marleau

Page 18: Marleau.physique Des Particules

6 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

La nature nous fournit deux constantes fondamentales qui sont particuliùrement per-tinentes pour des systùmes quantiques relativistes:c et~ . Il est donc plusnaturel d’ex-primer une vitesse comme une fraction dec, et un moment angulaire comme un multiplede~

Vitesse = fraction decSpin = multiple de~

2

(1.5)

Le systĂšme d’unitĂ©s naturelles consiste Ă  prendre comme Ă©talon

~ = c = 1 (1.6)Rappelons que dans le systĂšme SI:

c = 3× 108 m · s−1 (1.7)

~ = 1.054× 10−34 J · s= 6.58× 10−22 MeV · s (1.8)

Exemple 1.1Exprimons le mÚtre et la seconde en unité naturelle:1 mÚtre:

1 mc~

=1 m

3× 108 m · s−1 · 6.58× 10−22 MeV · s

= 5.1× 1012 MeV−1

1 seconde:1 s~

=1 s

6.58× 10−22 MeV · s

= 1.52× 1021 MeV−1

On remarque de ces exemples que les unitĂ©s de longueur dans ce systĂšme s’exprimenten inverse d’unitĂ©s d’énergie

[longueur] = [masse ou Ă©nergie]−1 (1.9)

que les unitĂ©s de temps s’expriment aussi en inverse d’unitĂ©s d’énergie

[temps] = [masse ou Ă©nergie]−1. (1.10)

Une quantité dans les unités SI (systÚme international) qui possÚde des dimensions

MpLqT r

oĂčM ,L etT reprĂ©sente les unitĂ©s de masse, longueur et temps respectivement, aura des

Page 19: Marleau.physique Des Particules

1.3 SystĂšme d’unitĂ©s naturelles 7

unitĂ©s d’énergie Ă  la puissancep− q − r, soitEp−q−r.

SI UNQuantitĂ© p q r nAction 1 2 −1 0Vitesse 0 1 −1 0Masse 1 0 0 1Longueur 0 1 0 −1Temps 0 0 1 −1Impulsion 1 1 −1 1Énergie 1 2 −2 1Const. structure fineα 0 0 0 0Const. de Fermi 1 5 −2 −2

© 1997 L. Marleau

Page 20: Marleau.physique Des Particules

8 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

1.4 Formalisme quadri-dimensionnel

La similitude entre les notion de temps et d’espace nous suggĂšre d’adopter un for-malisme quadri-dimensionnel. Par exemple, le vecteur positionx est reprĂ©sentĂ© par sescomposantes contravariantesx” tel que

x” = (x0, x1, x2, x3) = (x0,x). (1.11)

En gĂ©nĂ©ral, dans un espace vectoriel Ă D dimensions, il est possible de choisirDvecteurs de basee” et de reprĂ©senter un vecteurA Ă  partir de ses composantes (contra-variantes)A”, parallĂšles auxe”. Alors le vecteurA s’écrit dans un espace Ă 4D

A =3

∑

”=0

A”e” = A”e”. (1.12)

Le produit scalairedes vecteursA etB prend la forme

A ·B ≡ A”e” ·BÎœeÎœ = A”BÎœg”Μ (1.13)

oĂčg”Μ ≡ e” · eÎœ (1.14)

est appelĂ© letenseur mĂ©triqueou simplement lamĂ©trique.Il est commun, et plus simplede choisir une base oĂč les vecteurs sontorthogonaux,i.e.

g”Μ = 0 si ” 6= Μ (1.15)

et doncA ·B = A”B”e2”. (1.16)

Pour le cas des quadri-vecteurs d’espace-temps dans l’espace de Minkowski, la longueurgĂ©nĂ©ralisĂ©e d’un vecteur position espace-temps est reliĂ©e Ă  l’intervalle, e.g.

x2 = x”x”e2”

= t2 − x2 − y2 − z2. (1.17)

Ainsi la norme des vecteurs de base est

e2” =

−1 si ” = 01 si ” = 1, 2, 3

(1.18)

et le tenseur mĂ©trique s’écrit

g”Μ =

1 0 0 00 −1 0 00 0 −1 00 0 0 −1

. (1.19)

Les composantes covariantes sont des projections orthogonales deA sur les vecteursde basee”. Par exemple,

e” ·A ≡ A” (1.20)(notez l’indice infĂ©rieur) ou autrement dit

A” ≡ e” ·A = e” ·AÎœeÎœ

= g”ΜAΜ

Page 21: Marleau.physique Des Particules

1.4 Formalisme quadri-dimensionnel 9

À noter, le tenseur mĂ©triqueg”Μ et son inverseg”Μ coĂŻncident

g”Μ = g”Μ (1.21)

etg”ΜgΜλ = Ύ”λ (1.22)

d’oĂčA” = g”ΜAÎœ (1.23)

etg”Μg”Μ = 4. (1.24)

Par exemple, pour le quadri-vecteur contravariant de position

x” = (x0, x1, x2, x3) = (x0,x). (1.25)

on aura un quadri-vecteur covariant de position:

xΜ = (x0, x1, x2, x3)

= g”Μx”

=

1 0 0 00 −1 0 00 0 −1 00 0 0 −1

x0

x1

x2

x3

= (x0,−x1,−x2,−x3) (1.26)

et donc

x” = (x0,x)

x” = (x0,−x). (1.27)

Remarque 1.1

iToute quantité qui a la forme

a · b = a”b” (1.28)est un invariant de Lorentz sia et b sont des vecteurs de Lorentz, c’est-Ă -dire que cettequantitĂ© n’est pas affectĂ©e par une transformation de Lorentz et donc a la mĂȘme valeurdans tous les systĂšmes de rĂ©fĂ©rence inertiels.

Les notions d’énergie et d’impulsion sont aussi intimement liĂ©es (tout comme l’es-pace et le temps) en relativitĂ© restreinte. On peut dĂ©finir le quadri-vecteur Ă©nergie-impulsion(composantes contravariantes)

p” = (E,px, py, pz) (1.29)

oĂčE est l’énergie totale etpi (i = x, y, z ou1, 2, 3) sont les impulsions. L’énergie cinĂ©-tique s’obtient par

K = E −m0

= (γ − 1)m0. (1.30)

(rappelons qu’on utilise le systĂšme d’unitĂ©s naturelles).Par ailleurs, lagrandeurdep est un invariant de Lorentz et s’écrit comme

p2 = gαÎČpαpÎČ

=(

p0)2 −

(

p1)2 −

(

p2)2 −

(

p3)2

© 1997 L. Marleau

Page 22: Marleau.physique Des Particules

10 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

= E2 − p2

= m20. (1.31)

On a donc finalementE2 − p2 = m2

0 (1.32)ou

E2 = p2 +m20 (1.33)

Les relations de conservation d’énergie et d’impulsion peuvent maintenant ĂȘtre ex-primĂ©e de façon compacte. L’énergie-impulsion totale d’un systĂšme est la somme

P” =∑

n

p”n. (1.34)

Si on pose qu’il y a conservation d’énergie et d’impulsion, on a

P”avant= P”

aprĂšs; (1.35)

et il en découle queP i

avant= P iaprĂšs ou Pavant= PaprĂšs, (1.36)

ce qui reprĂ©sente la conservation de l’impulsion totale et

P 0avant= P 0

aprĂšs, (1.37)

la conservation de l’énergie totale, qui s’écrit aussi comme

Etotavant= E tot

aprĂšs. (1.38)

On peut aussi dĂ©duire une autre relation importante. D’une part, la quantitĂ©P” (l’énergie-impulsion totale) est conservĂ©e, et d’autre part, lagrandeurde toute Ă©nergie-impulsion(E2−p2) est un invariant relativiste (mĂȘme grandeur dans tous les repĂšres). Par exemple,dans le repĂšre du laboratoire

(

P”avantLab

)2

=

(

P”aprÚsLab

)2

. (1.39)

Dans un repĂšreSâ€Č on a(

P”avantLab

)2

=

(

P”aprÚsLab

)2

=

(

P”avantSâ€Č

)2

=

(

P”aprĂšsSâ€Č

)2

. (1.40)

Dans le repĂšre d’impulsion totale nulle (RIN), i.e. le repĂšre oĂč le centre de masse dusystĂšme est au repos, les calculs sont gĂ©nĂ©ralement plus simples. Alors que la derniĂšrerelation tient toujours

(

P”avantLab

)2

=

(

P”aprÚsLab

)2

=

(

P”avantRIN

)2

=

(

P”aprÚsRIN

)2

. (1.41)

on aura dans ce repÚre spécial,(

P”avantRIN

)2

=(

P 0avantRIN

)2

−(

PavantRIN

)2

=(

P 0avantRIN

)2

=(

EtotavantRIN

)2

=

(

∑

n

En

)2

. (1.42)

Page 23: Marleau.physique Des Particules

1.5 Notions de physique quantique 11

Cette quantité correspond à la somme des énergies totales dans le RIN, élevée au carré.

1.5 Notions de physique quantique

MĂ©canique quantique relativiste

Le passage de la mĂ©canique quantique Ă  la mĂ©canique quantique relativiste a Ă©tĂ©historiquement basĂ© sur une gĂ©nĂ©ralisation de l’équation de Schrödinger Ă  un systĂšmerelativiste.

L’équation d’onde de Schrödinger

Rappelons que l’équation d’onde de Schrödinger est obtenue en dĂ©finissant l’Hamil-tonien (Ă©nergie) et l’impulsion par les opĂ©rateurs diffĂ©rentiels suivant:

H ≡ i~∂

∂t(1.43)

p ≡(−i~

∂

∂x,−i~

∂

∂y,−i~

∂

∂z

)= −i~∇ (1.44)

Dans le langage quadri-dimensionnel, on Ă©crit (~ = c = 1)

p” =

(i~

∂

∂t,−i~∇

)= i~

∂

∂x”= i

∂

∂x”. (1.45)

La notation est souvent simplifiée par

p” ≡ i∂”. (1.46)

L’équation de mouvementp2

2m+ V = E (1.47)

devient alors l’équation de Schrödinger

(−i~∇)2 ψ + V ψ = i~∂ψ

∂t(1.48)

− ~2

2m∇

2ψ + V ψ = i~∂ψ

∂t= Eψ (1.49)

(1.50)

oĂčψ est la fonction d’onde du systĂšme.

L’équation de Klein-Gordon

Les équations de mouvement relativistes obéissent plutÎt à la relation(~ = c = 1)

p”p” = E2 − p2 = m2 (1.51)

© 1997 L. Marleau

Page 24: Marleau.physique Des Particules

12 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

qui correspond, aprĂšs substitution des quantitĂ©s par leur reprĂ©sentation en terme d’opĂ©-rateurs, Ă  l’équation de Klein-Gordon

(i~

∂

∂t

)2

ψ − (−i~∇)2ψ = m2ψ

−∂2ψ

∂t2+∇

2ψ = m2ψ

ou encore

0 = −(− ∂2

∂t2+∇

2

)ψ +m2ψ = 0

=(−∂”∂

” −m2)ψ

=(p2 −m2

)ψ

Cette équation décrit les bosons (spin entier). Elle est toutefois non-linéaire en énergieE. Incidemment, les états ne se combinent pas en général de façon triviale.

L’équation de DiracDans une tentative visant Ă  linĂ©ariser cette Ă©quation (et Ă  rĂ©gler certains autres pro-

blĂšmes conceptuels comme des densitĂ©s probabilitĂ© nĂ©gatives), Dirac introduit un systĂšmelinĂ©aire de quatre Ă©quations couplĂ©es, l’équation de Dirac. Voici sa version la plus cou-rante que nous Ă©crivons sans beaucoup plus d’informations

(iÎłÂ”âˆ‚

” −m)ψ = 0. (1.52)

oĂč lespineurψ possĂšde quatre composantes et lesγ” (” = 0, 1, 2, 3) sont les quatre mat-rices4×4de Dirac. Les matricesγ” intĂšgre la notion de spin puisque qu’elle correspondeĂ  une version gĂ©nĂ©ralisĂ©e des matrices de spin de Pauli. Pour cette raison, l’équation deDirac convient Ă  la description des fermions (spin demi-entier). Une description plusdĂ©taillĂ©e de l’équation de Diracse trouve en Appendice.

La théorie quantique des champsLa théorie quantique des champs est depuis quelques années considérée comme un

outil plus fondamental et plus puissant que la mĂ©canique quantique. Sans trop aller dansles dĂ©tails, mentionnons qu’elle est basĂ©e sur la seconde quantification des champs, c’est-Ă -dire sur les relations de commutation ou d’anticommutation des opĂ©rateurs de crĂ©ationet d’annihilation (champs quantiques).

La thĂ©orie permet d’interprĂ©ter chaque phĂ©nomĂšne comme une sĂ©rie d’opĂ©rateursagissant sur le vide, e.g. crĂ©ation de particule (opĂ©rateur de crĂ©ation), interaction entreparticules (opĂ©rateur de sommet) et Ă©change ou propagation de particules (propagateur).

Interactions versus champs

La mĂ©canique classique et la mĂ©canique quantique (ou plus prĂ©cisĂ©ment la thĂ©oriequantique des champs) ont des approches diffĂ©rentes lorsqu’il s’agit de dĂ©crire des inter-actions (voir figure 1.4).

Page 25: Marleau.physique Des Particules

1.5 Notions de physique quantique 13

Q Q 21E F

r

Q1 2Q

q

(b)(a)

Figure 1.4 Approche classique (a) et quantique (b) des interactions.

© 1997 L. Marleau

Page 26: Marleau.physique Des Particules

14 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

1. En mécanique classique:Un champ est produit par une particule 1 à la position de la particule 2. La particule2 interagßt avec la valeur de ce champ.

2. En mĂ©canique quantique:L’interaction est interprĂ©tĂ©e comme un Ă©change de quanta. L’échange obĂ©it aux lois deconservation des nombres quantiques et de la quadri-impulsion. Rappelons cependantque la quadri-impulsion n’obĂ©it Ă  l’équation d’onde que dans les limites du principed’incertitude, c’est-Ă -dire

∆E ·∆t ≄ 1, ~ = 1. (1.53)

Les états transitoires sont appelésvirtuels (e.g. un photon virtuel peut avoir unequadri-impulsion telle quep2

= 0).

Approche de YukawaEn 1935, H. Yukawa propose une connexion entre la portĂ©e d’une interaction et la

masse du quantum Ă©changĂ© pendant l’interaction. Il s’intĂ©resse plus particuliĂšrement Ă dĂ©crire les interactions fortes qui ont une portĂ©e finie de quelques fm. Par exemple, l’é-change virtuel d’un boson de massem peut se produire pendant un temps

∆t ≈ 1

∆E≈ 1

m. (1.54)

Il est donc caractérisé par une porté maximale de (c = 1)

R = c∆t = ∆t ≈ 1

m. (1.55)

Ce rĂ©sultat peut ĂȘtre dĂ©duit plus formellement de l’équation de Klein-Gordon

∇2ψ +m2ψ − ∂2ψ

∂t2= 0.

ConsidĂ©rons une composante deψ statique Ă  symĂ©trie sphĂ©riqueψ(x”) = U(r). On peutalors Ă©crire

0 = ∇2U(r) +m2U(r)

=1

r2∂

∂r

(r2

∂

∂rU(r)

)+m2U(r)

oĂč r = 0 est identifiĂ© Ă  l’origine. La composante radiale de la fonction d’onde a poursolution

U(r) =g

4πre−

rR , r > 0 (1.56)

oĂč

R =1

m: portée des interactions

g = constante d’intĂ©gration.

Exemple 1.2

Page 27: Marleau.physique Des Particules

1.5 Notions de physique quantique 15

Interaction Ă©lectromagnĂ©tique.Le photon est le quantum d’échange dans une interaction Ă©lectromagnĂ©tique mais la masse duphoton Ă©tant nulle

∇2U(r) = 0, r > 0 (1.57)

d’oĂč

U(r) =g

4πr=

Q

4πr. (1.58)

Si on interprĂšteU(r) comme le potentiel Ă©lectrostatique alorsQ est la charge Ă©lectrique Ă  uneconstante multiplicative prĂšs.

Doncg, la constante d’intĂ©gration, joue le rĂŽle de charge. La portĂ©e des interactionnuclĂ©aire fortes est deR ≃ 10−15 m, ce qui poussa Yukawa Ă  prĂ©dire une particuled’échange de massem = 1

R ≃ 100 MeV et sans spin pour les interactions fortes. En1947, le pion (spin 0,m = 140 MeV) fut dĂ©couvert.

L’approche de Yukawa est toutefois trop naĂŻve pour expliquer le reste des phĂ©nomĂšnesforts de façon adĂ©quate.

Propagateur du boson

Il est appropriĂ© de dĂ©crire une collision entre deux particules en terme d’amplitudesde probabilitĂ©. L’approche perturbative de la thĂ©orie des champs suppose que les par-ticules se propagent librement sauf en certains points oĂč il y a Ă©mission ou absorptionde quanta. Il s’agit d’écrire la solution des Ă©quations de mouvement couplĂ©es commeune sĂ©rie perturbative autour des solutions libres des Ă©quations de mouvement pour deschamps quantiques libres (aucun potentiel d’interaction implique des solutions libres).La mĂ©thode utilise les fonctions de Green auxquelles R.P. Feynman a donnĂ© son inter-prĂ©tation probabiliste des amplitudes.

L’équations de mouvement d’un boson libre (Ă©quations de Klein-Gordon) sont(p2 −m2

)ψ (p) = 0 (1.59)

oĂčψ(p) est une fonction scalaire. La fonction de GreenG(p), dans l’espace des impul-sions, obĂ©it Ă  (

p2 −m2)G (p) = ή4 (p) (1.60)

ou encore

G (p) =ÎŽ4 (p)

(p2 −m2). (1.61)

avec la fonction de DiracΎ4 (p)définie commeΎ4 (p) = Ύ (p0) Ύ (p1) Ύ (p2) Ύ (p3). Feyn-man interprÚte cet opérateur comme une amplitude de probabilité que le boson se propageavec une quadri-impulsionp

Propagateur=i

p2 −m2. (1.62)

De la mĂȘme façon, Feynman dĂ©finit une amplitude de probabilitĂ© que le boson soit Ă©mispar la particule 1 (et/ou absorbĂ© par la particule 2). Comme la grandeur de cette amplitudeest proportionnelle Ă  la force de l’interaction, elle dĂ©pend directement de la constante decouplage

Sommet= g1 (etg2). (1.63)Cette interprétation a permis de développer une méthode graphique simple pour calculerla probabilité de certains processus: lesrÚgles et diagrammes de Feynman.

© 1997 L. Marleau

Page 28: Marleau.physique Des Particules

16 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

g 2

p

g 1

Figure 1.5 Exemple de diagramme de Feynman.

Page 29: Marleau.physique Des Particules

1.6 Échelle des interactions 17

Exemple 1.3L’interaction Ă©lectromagnĂ©tique entre deux particules chargĂ©es via l’échange d’un boson (voir fi-gure1.5) est donnĂ©e par le produit des amplitudes (sommets de couplageg1 (etg2) et propaga-teur):

Amplitude∝g1g2

p2 −m2(1.64)

ProbabilitĂ©âˆ

∣∣∣∣g1g2

p2 −m2

∣∣∣∣2

. (1.65)

En QED, la masse du photon est nulle et le couplage est proportionnel à la chargee. La sectionefficace pour la collision de particules chargées est

d2σ

dp2∝

∣∣∣∣e2

p2

∣∣∣∣2

=e4

p4, (1.66)

un rĂ©sultat qui a aussi Ă©tĂ© obtenu par Rutherford Ă  l’aide de mĂ©thodes plus rudimentaires.

1.6 Échelle des interactions

Interactions électromagnétiques

La force du couplage (aux sommets) est déterminé par la constante adimensionnelle

αem =e2

4π~c=

e2

4π=

1

137.0360(1.67)

Par exemple, la formule de Rutherford (Ă©q. (1.66)) pourrait s’exprimer comme

d2σ

dp2∝ α2

em

p4. (1.68)

Les interactions électromagnétiques (voir figure 1.7) sont alors caractérisées par lespropriétés suivantes:

— mettent en jeu des particules chargĂ©es Ă©lectriquement;— couplage Ă©lectromagnĂ©tique:αem = e2

4π = 1137.0360 ;

— temps d’interaction et/ou vie moyenne typique de∌ 10−20 s;— section efficace typique de∌ 10−44 m;— Ă©change de photons (Îł);— mÎł = 0, donc portĂ©eR = ∞.

Interactions faibles

Les principales manifestations des interactions faibles sont:

1. La dĂ©sintĂ©grationÎČ du neutron, e.g.n → p+ e− + Îœe.

© 1997 L. Marleau

Page 30: Marleau.physique Des Particules

18 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

e

Îł

-

e- e -

e -

e -

e -

Îł

e -

e -

Ze

Îł

Îł

(a) (b) (c)

(d)

++ + ...

Figure 1.6

e

Îł

-

e- e -

e -

e -

e -

Îł

e -

e -

Ze

Îł

Îł

(a) (b) (c)

(d)

++ + ...

Figure 1.7 Exemples d’interactions Ă©lectromagnĂ©tiques: (a) effet photoĂ©lectrique, (b) diffusion de

Rutherford, (c) rayonnement de freinage et (d) diagrammes Ă  plusieurs boucles pour la self-Ă©nergie.

Page 31: Marleau.physique Des Particules

1.6 Échelle des interactions 19

2. La capture d’antineutrinos, e.g.p+ Îœe → n+ e+.

3. Les réactions hadroniques pures, e.g. la désintégration desΣ peut passer par le modefaible ou le mode électromagnétique mais les caractéristiques diffÚrent suivant lemode de désintégration:

int. faibles int. e.m.Σ− → n+ π ïž·ïž· ïžž ÎŁ0 → Λ+ Îłïžž ïž·ïž· ∆S = 1 ∆S = 0

τ ≃ 10−10 s τ ≃ 10−19 s

oĂč∆S est le changement du nombre quantique d’étrangetĂ© etτ est la vie moyenneou durĂ©e des interactions.

d

dun

d

uu

eWq

eΜ

(a)

uu u

d

dd

W

eΜ e

(b)

p

p n

Figure 1.8 Exemples d’interaction faibles: (a) dĂ©sintĂ©gration du neutron et (b) capture de neutrinos.

Le contenu en quark du proton et du neutron (uudet ddu respectivement) est illustré clairement.

Les interactions faibles (voir figure 1.8) sont alors caractérisés par les propriétés sui-vantes:

— mettent en jeu des neutrinos ou des quarksqui changent de parfum i.e. des particules ayant unecharge faible;

— couplage faible(entre protons):αFermi =GFm2

p

4π ≈ 10−6;— temps d’interaction et/ou vie moyenne typique de∌ 10−10 s;— section efficace de∌ 10−33 m;— Ă©change de bosonsW± (courants chargĂ©s)etZ0 (courant neutre);— mW = 80 GeV, donc portĂ©eR = 10−18 m.

Les interactions faibles sont dĂ©crites par le modĂšle de Glashow-Weinberg-Salam (1967)et mettent en jeu un couplage faiblegW et l’échange des bosons de jaugeW± etZ0. LesrĂ©actions faibles sont caractĂ©risĂ©es par une amplitude de probabilitĂ© de la forme

Amplitude∝ g2Wq2 −M2

W,Z

. (1.69)

oĂč q2 est le transfert de quadri-impulsion portĂ© dans l’échange du quantum. Dansla limite q2 → 0, la thĂ©orie de Glashow-Weinberg-Salam se ramĂšne Ă  la thĂ©orie desinteractions faibles de Fermi (1935) oĂč les interactions impliquant quatre particules sont

© 1997 L. Marleau

Page 32: Marleau.physique Des Particules

20 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

(a) (b)

W

GF

Figure 1.9 Théorie de Weinberg-Salam versus théorie de Fermi.

Page 33: Marleau.physique Des Particules

1.6 Échelle des interactions 21

ponctuelles et de forceGF , la constante de Fermi (voir figure 1.9).

Amplitude ∝ g2Wq2 −M2

W,Z

(1.70)

−→q2→0

g2WM2

W

≡ GF∌= 10−5 GeV−2. (1.71)

À l’instar de la thĂ©orie de Fermi, le modĂšle de Glashow-Weinberg-Salam a l’avantaged’ĂȘtrerenormalisable. C’est aussi est exemple d’unification de forces (faible et e.m.).

Interactions fortes

Les interactions fortes sont fréquentes dans les collisions de hadrons à haute énergie.Elles impliquent, au niveau fondamental, les interactions entre quarks et gluons. On lesretrouve par exemple dans la collision

K− + p → Σ0

dont la durĂ©e est d’environτ ≃ 10−23 s.

u u

uu

R

R B

B

gluon RB

Figure 1.10 Exemple de diagramme de Feynman pour une interaction forte entre quarks.

Les interactions fortes (voir figure 1.10) sont caractérisées par les propriétés sui-vantes:

— mettent en jeu des particules portant une chargecolorĂ©e (quarks et/ou gluons);— couplage trĂšs fort:αs ≃ 1;— temps d’interaction et/ou vie moyenne typique de∌ 10−23 s;— section efficace typique de∌ 10−30 m;— Ă©change de gluons;— confinement des quarks et gluons;— libertĂ© asymptotique;— portĂ©e effective deR = 10−15 m en raison du confinement;

Interactions fortes résiduelles

Les interactions fortes rĂ©siduelles se situent Ă  l’échelle nuclĂ©aire. Il s’agit de forcesefficaces entre hadrons qui persistent malgrĂ© le confinement des quarks et des gluons.Elles sont responsables de la cohĂ©sion des noyaux et se manifestent dans les collisions

© 1997 L. Marleau

Page 34: Marleau.physique Des Particules

22 Chapitre 1 NOTIONS DE BASE

hadroniques Ă  basses Ă©nergies. La portĂ©e des interactions efficaces est finie ce qui corres-pond, selon l’approche de Yukawa, Ă  des masses non-nulles pour les bosons d’échange,les mĂ©sons (voir figure 1.11).

p n

pn

π +

Figure 1.11 Exemple d’interactions fortes rĂ©siduelles.

Interactions gravitationnelles

Il n’existe pas actuellement une thĂ©orie quantique gravitationnelle satisfaisante bienque la supergravitĂ©, les cordes ou les supercordes soient des bons candidats. Par contre,une thĂ©orie quantique gravitationnelle devrait possĂ©der les caractĂ©ristiques suivantes:

— impliquent tout ce qui possĂšde une Ă©nergie-masseet qui modifie la mĂ©trique (tenseur Ă©nergie-impulsion);— couplage trĂšs faible: le couplage typique

entre deux protons estαG =Gm2

p

4π ≃ 4.6× 10−40;— boson d’interaction de spin 2 correspond Ă  unefluctuation quantique de la mĂ©trique: le graviton;— la gravitation ayant une portĂ©e infinie impliqueun graviton de masse nulle.

Tableau récapitulatif

Interactions GravitĂ© ÉlectromagnĂ©tique Faibles FortesÉchange 10 gravitons Photon Z0,W± 8 gluonsSpinParitĂ© 2+ 1− 1−, 1+ 1−

Masse (GeV) 0 0 90, 81 0PortĂ©e (m) ∞ ∞ 10−18 ∞,≀ 10−15

Source Masse Charge Ă©lec. Charge faible CouleurCouplage 4.6× 10−40 1

137 8.1169× 10−7 ≃ 1τ typique(s) 10−20 10−8 10−23

σ typique (m2) 10−33 10−44 10−30

Page 35: Marleau.physique Des Particules

2.0 23

© 1997 L. Marleau

Page 36: Marleau.physique Des Particules
Page 37: Marleau.physique Des Particules

2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Le but de ce chapitre est de donner un aperçu des méthodes expérimentales utiliséesen physique des particules.

2.1 Sources

Radioactivité

La radioactivitĂ© provient de la dĂ©sintĂ©gration spontanĂ©e (faible) de noyaux lourds.Elle est caractĂ©risĂ©e par l’émission d’une ou plusieurs des particules lĂ©gĂšres suivantes

e−, e+, p, n etα(He++)

dont les Ă©nergies sont de l’ordre de grandeur des Ă©nergies de liaison nuclĂ©aire (environ10 MeV).

Rayons cosmiques

Les rayons cosmiques sont des particules trĂšs stables (principalement des protons, desneutrons et des photons) qui se propagent Ă  des distances astronomiques avantd’entrerdans l’atmosphĂšre terrestre. DĂšs lors, ils interagissent avec les particules qui s’y trou-vent et peuvent gĂ©nĂ©rer une multitude de sous-produits. Cette source a le dĂ©savantaged’ĂȘtre incontrĂŽlable. En effet, on ne connaĂźt a priori ni la nature, ni l’énergie, ni la tra-jectoire de la particule. De plus, les rayons cosmiques sont absorbĂ©s par l’atmosphĂšre desorte que seulement une fraction de ceux-ci arrive jusqu’à la surface de la Terre. Par ail-leurs, l’énergie des rayons cosmiques est beaucoup plus grande que celle associĂ©e Ă  laradioactivitĂ©. On leur identifie deux sources principales: une source stellaire associĂ©eaux basses Ă©nergies et une source galactique caractĂ©risĂ©e par des Ă©nergies pouvant allerjusqu’à103 TeV.

Page 38: Marleau.physique Des Particules

26 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Accélérateurs

Outre les sources naturelles, les physiciens des hautes énergies se sont donnés desoutils pour étudier les phénomÚnes subatomiques: les accélérateurs de particules. Cesappareils ont mené à un progrÚs phénoménal notamment en physique des particules enpermettant de sonder la matiÚre à des distance de plus en plus petites.

Ce progrĂšs n’a Ă©tĂ© possible que grĂące Ă  un accroissement constant de l’énergie desparticules projectiles. Cet accroissement rĂ©pond Ă  deux objectifs:

1. La production de nouvelles particules finales, ce qui est possible si l’énergie initialedans le centre de masse est suffisante.

2. Sonder la matiĂšre de plus en plus profondĂ©ment pour dĂ©couvrir des sous-structures,en diminuant la longueur d’onde des particules incidentes (λ = 1

p ) pour obtenir unplus grand pouvoir sĂ©parateur au cours de diffusions Ă  hautes Ă©nergies(exemple :diffusion trĂšs inĂ©lastique d’électrons trĂšs Ă©nergĂ©tiques sur des protons).

Principe

Une particule de chargeq placée dans les appareillages qui produisent des champsE

etB subira une force (conséquence des équations de Maxwell)

F(t) = qE+ qv×B. (2.1)Cette relation tient pour des systĂšmes relativistes si on dĂ©finit:

F(t) =dp

dt= m

dx

dt=

d

dtγmv = qE+ qv×B. (2.2)

D’autre part, le taux de travail accompli sur une particule chargĂ©e ou le gain d’énergiepar unitĂ© de temps de la particule s’écrit

dW

dt=

dp0dt

= F · v = qE · v.Notons que le champB n’effectue aucun travail sur la particule. Donc de façon gĂ©nĂ©rale,le champ Ă©lectrique est nĂ©cessaire pour d’accĂ©lĂ©rer les particules tandis que les champsmagnĂ©tiques sont utilisĂ©s pour contrĂŽler leur trajectoire. Un champ magnĂ©tique perpen-diculaire Ă  la vitesse des particules permet de maintenir celles-ci sur une trajectoire cir-culaire si nĂ©cessaire. Des aimants quadripolaires (et quelques fois sextupolaires) tiennentle faisceau de particules chargĂ©es focalisĂ© sinon le faisceau aurait tendance Ă  se diffuserĂ©tant formĂ© de particules avec des charges Ă©lectriques de mĂȘme signe.

Accélérateur linéaire (Linacs) :

Dans un tube cylindrique sous vide sont alignĂ©es des Ă©lectrodes cylindriques. On al-terne la paritĂ© Ă©lectrique des Ă©lectrodes en les connectant Ă  une source de radio-frĂ©quence(voir figure 2.1). Les particules chargĂ©es sont accĂ©lĂ©rĂ©es pendant leur court passage entredeux Ă©lectrodes successives puisque soumises Ă  une diffĂ©rence de potentiel,V . Une foisque les particules sont dans les Ă©lectrodes cylindriques et pendant la durĂ©e de leur tra-jet, il s’opĂšre une inversion de polaritĂ© des Ă©lectrodes avoisinantes si bien qu’à la sortie

Page 39: Marleau.physique Des Particules

2.1 Sources 27

elles sont soumises Ă  la mĂȘme diffĂ©rence de potentiel,V , et sont accĂ©lĂ©rĂ©es dans le mĂȘmesens. Les Ă©lectrodes sont conçues pour que le passage des particules Ă  l’intĂ©rieur de cha-cune d’elles ait une durĂ©e correspondant Ă  la moitiĂ© de la pĂ©riode de la radio-frĂ©quence.

RF ~Sourced'ions

Figure 2.1 Accélérateur linéaire: Des électrodes avoisinantes sont soumises à une différence de

potentiel oscillant Ă  haute frĂ©quence. La longueur de chaque Ă©lectrode est ajustĂ©e pour qu’il ait

toujours accélération des particules lors du passage entre deux électrodes.

Cette contrainte est toutefois moins importante pour une particule lĂ©gĂšre puisque dĂšsqu’elle atteint une Ă©nergie cinĂ©tique comparable Ă  sa masse, sa vitesse s’approche dec.Elle peut alors ĂȘtre accĂ©lĂ©rĂ©e par une onde Ă©lectromagnĂ©tique produite dans une cavitĂ©rĂ©sonnante. Les particules chargĂ©es, qui sont en gĂ©nĂ©ral accĂ©lĂ©rĂ©es en paquets, se pro-pagent alors en phase avec cette onde. Les accĂ©lĂ©rateurs linĂ©aires Ă  Ă©lectrons permettentd’accĂ©lĂ©rer simultanĂ©ment des positrons en alternant les paquets d’électrons et de posit-rons. Les positrons sont accĂ©lĂ©rĂ©s dans le mĂȘme sens puisque soumis Ă  une diffĂ©rence depotentiel,−V , Ă  leur sortie des Ă©lectrodes. Il est ensuite possible de sĂ©parer les faisceauxĂ  la sortie de l’accĂ©lĂ©rateur grĂące un champ magnĂ©tique.

Le plus grand de ces accélérateurs à électrons est encore celui de Stanford (U.S.A.)qui atteint une énergie de 20 GeV avec une longueur de 3 km. Depuis quelques années, ilsest toutefois utilisé comme injecteur pour un projet plus ambitieux, le SLC. On y sépareles faisceaux électrons-positrons pour les orienter sur des trajectoires distinctes et, touten continuant de les accélérer, on les guide vers une collision face-à-face (50 GeV sur 50GeV) (voir figure 2.2).

AccĂ©lĂ©rateurs circulaires (Synchrotrons)L’ancĂȘtre de ces appareil est le cyclotron, une invention due Ă  Lawrence (1930). Il

est basĂ© sur l’idĂ©e de contenir la particule dans une rĂ©gion limitĂ©e Ă  l’aide d’un champmagnĂ©tique. L’accĂ©lĂ©ration est obtenue au moyen d’un champ Ă©lectrique.

La source de particules est placĂ©e au centre d’une enceinte cylindrique sous vide.Les particules se propagent entre les deux piĂšces polaires d’un Ă©lectro-aimant et sontdonc constamment soumises Ă  un champ magnĂ©tique uniforme B. L’appareil ressembleĂ  un sandwich cylindrique coupĂ© en deux le long de son diamĂštre (voir figure 2.3). LesĂ©lectro-aimants ont une forme de D (d’oĂč le nom de ‘‘dee‘‘). Deux Ă©lectrodes entrelesquelles est appliquĂ©e une tension variable Ă  haute frĂ©quence (HF) sont disposĂ©es dansl’espace sĂ©parant les deux D. Le champ Ă©lectrique est nul Ă  l’intĂ©rieurd’un D, l’équationde mouvement s’écrit

dp

dt= Îłm

d

dtv = qv×B

© 1997 L. Marleau

Page 40: Marleau.physique Des Particules

28 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Figure 2.2 Le collisionneur SLC du SLAC (Stanford Linear Accelerator Center) Ă  Stanford, USA.

Page 41: Marleau.physique Des Particules

2.1 Sources 29

Figure 2.3 Cyclotron: la trajectoire des particules chargéee est circulaire entre les électro-aimants

en forme de D alors que celles-ci sont accélérées grùce à une tension appliquée dans la région

séparant les deux D.

© 1997 L. Marleau

Page 42: Marleau.physique Des Particules

30 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

la vitesse|v| Ă©tant constante.Pour un champ uniforme et constant, si la vitesse initiale est perpendiculaire Ă  la di-

rection deB, la trajectoire sera circulaire tout en demeurant dans le plan perpendiculaireĂ B puisque

B·dpdt

=d

dt(B · p) = B· (qv×B) = 0

Le rayon de la trajectoire entre les D est donné par

ρ =Îłm |v||q| |B| =

|p||q| |B| (2.3)

avec une frĂ©quenceω = |q||B|Îłm . Le cyclotron atteint rarement des vitesses relativistes.

Dans ce cas,Îł ≃ 1 etω ne dĂ©pend pas dev:

ω ≃ |q| |B|m

.

Il est possible d’accĂ©lĂ©rer la particule Ă  chaque passage d’un D Ă  l’autre, en appliquantune tension haute frĂ©quence bien synchronisĂ©e. Il en suit un accroissement d’impulsionde

∆p = |q| |E|∆t = |q| |E| d

|v| =|q||v|V

oĂčd est la distance entre les D etV, la tension appliquĂ©e.Puisque le rayon de la trajectoire dĂ©pend de l’impulsion, le tout se traduit par un

accroissement correspondant du rayonρ, et la trajectoire ressemble globalement Ă  unespirale faite de demi-cercles.

Pour un rayon, un champs magnĂ©tique et une impulsion exprimĂ©s en mĂštre, Tesla etGeV respectivement, (2.3) s’écrit (|q| = 1),

|p| = 0.3 |B| ρ.Par ailleurs, la direction de la courbure permet en gĂ©nĂ©ral de dĂ©terminer le signe de lacharge.

Lorsque la vitesse devient relativiste, la frĂ©quence de rotationω = |q||B|Îłm est modifiĂ©e

Ă  chaque passage. Il est donc nĂ©cessaire de modifier la frĂ©quence du champ Ă©lectriquepour le synchroniser aux passages d’un paquet de particules au centre de la machine.C’est sur ce principe que sont construits les synchro-cyclotrons.

Toutefois, on atteint vite les limites raisonnables pour la dimension des Ă©lectroaimantssi on persiste Ă  utiliser les synchro-cyclotrons pour des protons de plus de 1 GeV.

Finalement, dans les synchrotrons, on ajuste le champ magnĂ©tique B pendant l’accĂ©lĂ©-ration de façon Ă  maintenir le rayon de courbure du faisceau Ă  peu prĂšs constant (voirfigure 2.5). L’accĂ©lĂ©rateur consiste en: une sĂ©rie d’aimants dipolaire qui servent Ă  cour-ber la trajectoire, intercalĂ©s Ă  des endroits stratĂ©gique des aimants quadripolaires (voirfigure 2.3) pour focaliser le faisceau, des cavitĂ©s rĂ©sonantes Ă  haute frĂ©quence pouraccĂ©lĂ©rer les particules et finalement des aires d’interactions oĂč sont logĂ©s les dĂ©tecteurs.Le faisceau lui-mĂȘme est sous un vide presque parfait pour Ă©viter des diffusions inutileset des pertes d’intensitĂ© et d’énergie.

L’un des plus grands dĂ©fis techniques dans la conception de ces appareils rĂ©side dansla focalisation optimale du faisceau. Puisque le faisceau est composĂ© de particules decharges identiques, ces derniĂšres ont tendance Ă  s’éloigner les unes des autres causantune diffusion du faisceau de plus en plus grande. En plaçant un champ magnĂ©tique non-

Page 43: Marleau.physique Des Particules

2.1 Sources 31

Figure 2.4 Aimants dans une section du tunnel au Tevatron, Fermilab Ă  Batavia, USA.

© 1997 L. Marleau

Page 44: Marleau.physique Des Particules

32 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

RF~RF~

Aires

d'interaction

Cavités

résonantes

Aimaint dipolaire Aimaint quadrupolaire

Figure 2.5 SchĂ©ma trĂšs Ă©lĂ©mentaire d’un synchrotron. Il faut noter qu’en gĂ©nĂ©ral, un accĂ©lĂ©rateur

est composĂ© de beaucoup plus d’élĂ©ments (aimants sextupolaires, systĂšmes de refroidissement et

de contrĂŽle,...) et leur disposition est assez complexe.

Page 45: Marleau.physique Des Particules

2.1 Sources 33

homogĂšne (quadrupĂŽles), il est toutefois possible de focaliser le faisceau en ramenant lesparticules dans la direction principale.

Accélérateurs de particules dans le monde

La conception optimale d’un accĂ©lĂ©rateur dĂ©pend d’un certain nombre de paramĂštresimportants tels que ses dimensions, sa luminositĂ©, son cycle de vie, la nature des parti-cules accĂ©lĂ©rĂ©es et, non le moindre, le coĂ»t.

De façon gĂ©nĂ©rale, le collisionneur qui consiste en deux anneaux concentriques (syn-chrotrons) oĂč sont accĂ©lĂ©rĂ©es les particules en sens inverses est un des plus performantspuisque l’énergie disponible dans le centre de masse est trĂšs grande. Cependant, la pro-babilitĂ© d’une interaction lorsque deux faisceaux arrivent face-Ă -face est beaucoup plusfaible que dans le cas d’une collision sur cible fixe Ă  cause de la densitĂ© des faisceauxnotamment. Cette probabilitĂ© est paramĂ©trisĂ©e par une quantitĂ© appelĂ©e luminositĂ©,L.Le taux de rĂ©actionT pour un processus ayant une section efficaceσ est alors

T = Lσ.La luminositĂ© dĂ©pend uniquement de la conception de l’accĂ©lĂ©rateur et non du processus:

L = f · n · N1N2

AoĂčf est la frĂ©quence de rĂ©volution des particules,n, le nombre de paquets dans les fais-ceaux,N1 etN2, le nombre de particules par paquet dans chaque faisceau et finalement,A est la section efficace des faisceaux dans le cas simple oĂč ceux-ci se recouvrent com-plĂštement. La luminositĂ© s’exprime en unitĂ©s de pb−1·s−1 oĂč pb dĂ©note une unitĂ© desurface appelĂ©e le picobarn ( 1 pb= 10−36 cm2 = 10−40 m2).

La nature des particules accĂ©lĂ©rĂ©es joue aussi un rĂŽle important dans le choix dudesign. Par exemple, on sait que des particules chargĂ©es en mouvement accĂ©lĂ©rĂ© Ă©mettentun rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique. Lorsque l’accĂ©lĂ©ration est normale, comme c’est lecas pour une trajectoire circulaire, il est appelĂ©rayonnement synchrotron. Il y a donc perted’énergie mĂȘme si on ne fait que maintenir les particules chargĂ©es sur leur trajectoirecirculaire. L’énergie perdue par tour est donnĂ©e par

∆E =4π

3

e2v2Îł4

ρ

oĂč v est la vitesse des particules,Îł =(1− v2

) 12 est le facteur relativiste etρ le rayon

de courbure du faisceau. Cependant, on voit aisĂ©ment que la perte d’énergie est d’autantplus grande que la masse des particules est petite pour des faisceaux de mĂȘme Ă©nergie.En effet

Îł =E

m,

et, par exemple, si on compare des faisceaux d’électrons et de protons de mĂȘmes Ă©nergieet courbure,

(∆E)e(∆E)p

=

(mp

me

)4

≃ 1013.

En fait, les derniers grands accĂ©lĂ©rateurs ont tous Ă©tĂ© construits sur le principe du col-lisionneur. La prochaine gĂ©nĂ©ration d’accĂ©lĂ©rateurs d’électrons (au-delĂ  du TeV) devraĂȘtre basĂ©e sur le principe des machines linĂ©aires (voir figure 2.6).

© 1997 L. Marleau

Page 46: Marleau.physique Des Particules

34 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Figure 2.6 La prochaine génération de collisionneurs linéaires électron-positron, NLC (Next Linear

Collider).

Page 47: Marleau.physique Des Particules

2.1 Sources 35

Collisionneurs

Projet/LaboratoireÉnergie(GeV)

Circonférence(km)

e+e−CESR (1979)Cornell–Ithaca,USA

6 + 6

PEPSLAC–Stanford,USA

15 + 15

PEP-II (1999)SLAC–Stanford,USA

9 + 3.1

PETRA (1992-)DESY–Hambourg,All.

23 + 23

TRISTAN (1999)Tsukuba–KEK,Japon

30 + 30

SLC (1989)SLAC–Stanford,USA

50 + 50

LEP I et II (1990-)CERN–Genùve,Suisse

I: 45 + 45II: 87 + 87

26.659

VLEPP (? )INP–Serpukov,Russie

500 + 5001000 + 1000

pp, ppSppS (1981–1990)CERN–Genùve,Suisse

315 6.911

Tevatron (1987-)Fermilab–Batavia,USA

900 + 900 6.28

LHC (~2004)CERN–Genùve,Suisse

7000 + 7000 26.659

SSC (AnnulĂ©)SSC–Waxahachie,USA

20000 + 20000 87.12

epHERA (1992-)DESY–Hambourg,All.

e: 30 + p: 820 6.336

Outre leur utilisation en physique des particules, les accĂ©lĂ©rateurs s’avĂšrent mainte-nant essentiels dans l’étude de la radiation synchrotron, pour des expĂ©riences en physiqueatomique, en physique du solide, en biologie et pour Ă©talonner certains instruments d’as-trophysique. Notons qu’ils se rĂ©vĂšlent des instruments de vĂ©rification trĂšs efficaces de lathĂ©orie de la relativitĂ© restreinte.

© 1997 L. Marleau

Page 48: Marleau.physique Des Particules

36 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Figure 2.7 Vue aérienne du Tevatron de Fermilab à Batavia, USA.

Page 49: Marleau.physique Des Particules

2.1 Sources 37

Figure 2.8 Plan des accĂ©lĂ©rateurs (PS, SPS et LEP) et des sites d’interactions (ALEPH, OPAL, L3

et DELPHI) du CERN Ă  GenĂšve, Suisse.

© 1997 L. Marleau

Page 50: Marleau.physique Des Particules

38 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

2.2 DĂ©tecteurs

Un détecteur sert à identifier les caractéristiques des particules en jeu dans une réac-tion. De maniÚre plus générale, les détecteurs peuvent remplir de nombreuses fonctions.

DĂ©crire dans la mesure du possible la trajectoire de chacune des particules. À cet ef-fet, on utilise plusieurs mĂ©thodes soit des petits compteurs dont la position et l’alignementpermettent de dĂ©terminer la direction d’une particule, soit des dĂ©tecteurs entrecroisĂ©s etempilĂ©s formant une matrice pouvant identifier les directions de plusieurs particules, oubien encore tout simplement un dĂ©tecteur Ă  trace, qui comme son nom l’indique, trace latrajectoire des particules qui le traversent.

Mais ce n’est pas tout de’’voir’’ la particule, il faut aussi ĂȘtre en mesure de:

DĂ©terminer l’impulsion et la charge Ă©lectrique des particules chargĂ©es. Dans biendes cas, ces informations sont obtenues en observant la trajectoire de la particules dansun champ magnĂ©tique appliquĂ© sur une partie du trajet;

Identifier chaque particule en mesurant sa masse. Pour les particules chargĂ©es, lamesure simultanĂ©e de leur impulsion et de leur vitesse par l’ionisation d’un milieu mĂšneĂ  ce rĂ©sultat;

Finalement, la sĂ©lection d’évĂ©nements par ce qu’on appelle ‘‘triggers‘‘ ou dĂ©clen-cheurs est une fonction cruciale dans les dĂ©tecteurs pour Ă©viter un cumul inutile d’évĂ©-nements qui ne sont pas pertinents dans l’étude en cours. Cette sĂ©lection doit s’effectuertrĂšs rapidement. Elle est en gĂ©nĂ©ral effectuĂ©e par des dĂ©tecteurs possĂ©dant un temps derĂ©ponse trĂšs court.

Ce ne sont pas les seules contraintes auxquelles sont confrontĂ©s les expĂ©rimentateurs.Le dĂ©tecteur parfait devrait ĂȘtre aussi efficace quelque soit le type de particules, devraitprendre ses mesures sans influencer le systĂšme ou sans ĂȘtre affecter par le faisceau, de-vrait avoir une prĂ©cision illimitĂ©e, etc... Dans la pratique, on fait appel Ă  une combinaisonde dĂ©tecteurs diffĂ©rents chacun spĂ©cialisĂ© Ă  des tĂąches bien prĂ©cises afin d’optimiser laquantitĂ© et la qualitĂ© des mesures effectuĂ©es. Ces derniĂšres sont alors mises en communet analysĂ©es.

Mais avant de décrire les principaux détecteurs, examinons quels principes physiquessont exploités dans la construction de ces appareils.

Principes de détections

Pour qu’il y ait dĂ©tection, il faut qu’il y ait interaction. La trĂšs grande majoritĂ© des dĂ©-tecteurs se basent sur les interactions Ă©lectromagnĂ©tiques des particules avec la matiĂšre.C’est pourquoi, Ă  quelques exceptions prĂšs, que seules les particules chargĂ©es sont dĂ©-tectĂ©es directement. Les photons, bien que neutres, se manifestent par leurs interactionsavec ces particules chargĂ©es.

Les autres particules neutres n’ont aucune interaction Ă©lectromagnĂ©tique. Ils ne peu-vent ĂȘtre ’’vues’’ qu’à la suite de collisions, dĂ©sintĂ©grations ou tout autre processus pro-duisant des particules chargĂ©es secondaires.

Page 51: Marleau.physique Des Particules

2.2 DĂ©tecteurs 39

Ionisation

Le processus le plus courant est l’ionisation. Le champ Ă©lectromagnĂ©tique d’une par-ticule chargĂ©e en mouvement accĂ©lĂšre les Ă©lectrons des atomes avoisinant sa trajectoireet les ionisent. L’ion est alors dĂ©tectable soit chimiquement, soit Ă©lectriquement (voirfigure 2.9).

e -

e -

Îł e -

Figure 2.9 Processus d’ionisation d’un atome.

Dans le processus, la particule chargĂ©e continue sa trajectoire mais une partie de sonĂ©nergie est absorbĂ©e par le milieu. La thĂ©orie permet de trĂšs bien prĂ©dire le taux de cespertes qui sont principalement dues Ă  la diffusion coulombienne par des Ă©lectrons ato-miques (Ă  ne pas confondre avec la diffusion coulombienne avec les noyaux). Les calculsde Bethe, Bloch et d’autres dans les annĂ©es ’30 mĂšnent Ă  la formule de Bethe-Bloch quiexprime le taux de perte en fonction de la distance de pĂ©nĂ©trationx,

−dE

dx=

DZ2ne

v2

[ln

2mv2Îł2

I− v2 − ή (γ)

2

]

oĂčm, Z et v sont la masse, la charge et la vitesse de la particule respectivement (ℏ =

c = 1). Îł est le facteur de Lorentz1− v2− 12 . La constanteD est donnĂ©e par

D =4παem

malors queI est le potentiel d’ionisation moyen (I = 10Z eV pourZ > 20). La fonctionÎŽ tient en compte l’effet d’écran diĂ©lectrique. Finalement,ne est la densitĂ© Ă©lectroniquedu milieu.

En principe, la formule ci-haut s’applique seulement aux particules de spin-0 maisles corrections pour les particules de spin-1

2 sont petites et Ă  toutes fins pratiques nĂ©gli-geables. À petite vitesse, le comportement de−dE

dx est dominĂ© par le facteur1v2 dansl’expression. Toutes les particules chargĂ©es passent par un minimum d’ionisation pourdes valeursvÎł d’environ 3 ou 4. Finalement, pour de trĂšs grande impulsion,v est pra-tiquement l’unitĂ© et l’expression augmente logarithmiquement jusqu’à ce qu’elle soitcontrebalancĂ©e par l’effet d’écran.

Une connaissance approfondie du milieu ionisé permet alors de déterminer la vitesseet la charge de la particule chargée.

© 1997 L. Marleau

Page 52: Marleau.physique Des Particules

40 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Diffusion de Coulomb

La particule chargĂ©e peut aussi interagir Ă©lectromagnĂ©tiquement avec des noyauxlourds. C’est ce qu’on appelle la diffusion de Coulomb.(Voir figure 2.10) La rĂ©action

e -

e -

Îł

Figure 2.10 Diffusion de Colomb (particule chargée avec noyau).

est en général plus brutale pour la particule incidente à cause de la masse du noyau. Ceprocessus est caractérisé:

‱ une cible immobile ou presque;

‱ une diffusion transverse ou un angle de diffusion apprĂ©ciable;

‱ une collision Ă©lastique ou quasi-Ă©lastique (conservation de l’énergie).

Rayonnement de freinage

Dans ce processus, la collision particule-noyau est accompagnĂ©e de l’émission d’unphoton et donc se distingue de la diffusion de Coulomb par son inĂ©lasticitĂ©(voir figure2.11). Des calculs dĂ©taillĂ©s donnent un taux de perte d’énergie pour des Ă©lectronsrelativistes (avecE ≫ m

αemZ13

) de

−dE

dx=

E

λoĂčλ est la longueur de radiation

λ−1 = 4Z (Z + 1)

m2α3

emna ln

(

183

Z13

)

avec la densitĂ© atomiquena. Contrairement Ă  l’ionisation, le rayonnement de freinagedĂ©pend fortement de la masse de la particule chargĂ©e (∝ m−2) et sera dominant pour desparticules peu massives (Ă©lectrons et positrons).

Absorption de photons par la matiĂšre

Les photons ont une forte probabilitĂ© d’ĂȘtre absorbĂ©s ou diffusĂ©s Ă  de grands anglespar les atomes dans un matĂ©riau. La densitĂ©I de photons monochromatiques d’un fais-

Page 53: Marleau.physique Des Particules

2.2 DĂ©tecteurs 41

e -

e -

Îł

Îł

Figure 2.11 Rayonnement de freinage.

© 1997 L. Marleau

Page 54: Marleau.physique Des Particules

42 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

ceau (ou l’intensitĂ© d’un faisceau) varie selondI

dx= − I

λoĂčλ est le chemin libre moyen qui est inversement proportionnel Ă  la densitĂ© du matĂ©riauet Ă  la section efficace d’absorption ou de diffusion:

λ−1 = naÏƒÎł.

IntĂ©grant l’équation prĂ©cĂ©dente, on trouve

I(x) = I(x0)e−(x−x0)/λ,

ce qui indique une diminution exponentielle de l’intensitĂ© du faisceau en fonction de ladistance de pĂ©nĂ©tration.

L’absorption de photons par la matiĂšre passe par trois processus qui contribuent tousĂ  la section efficace totaleÏƒÎł:

‱ Effet photoĂ©lectrique: Un photon absorbĂ© libĂšre un Ă©lectron des couches plus oumoins profondes. Le spectre d’absorption du milieu dĂ©pend de l’énergie des photonsmais est surtout caractĂ©risĂ© par des pics correspondant aux Ă©nergies de liaisons desĂ©lectrons (voir figure 2.12).

Îłe -

Figure 2.12 Effet photoélectrique.

‱ Effet Compton: L’effet Compton dĂ©crit le processus de diffusion d’un photon par lamatiĂšre. Ce processus est inĂ©lastique (voir figure 2.13).

‱ CrĂ©ation de paires: Au delĂ  d’un certain seuil d’énergieE2 = 2mec2, les photons

peuvent, en prĂ©sence d’un champ externe, induire la crĂ©ation d’une paire particule-antiparticule de masse dont les masse sontme (voir figure 2.14). On identifiedeux contributions distinctes Ă  la section efficace: une premiĂšre oĂč le champ ex-terne est celui des Ă©lectrons atomiques et une seconde oĂč les photons interagissentavec le champ du noyau. À trĂšs haute Ă©nergie, la crĂ©ation de paires domine les effetsphotoĂ©lectrique et Compton dans l’expression de la section efficace totaleÏƒÎł.

Instruments de détection

Page 55: Marleau.physique Des Particules

2.2 DĂ©tecteurs 43

e -

e -

Îł Îł

e -

e -

Îł Îł

Figure 2.13 Effet Compton

e -

e -

γγ

Figure 2.14 Création des paires particule-antiparticule.

© 1997 L. Marleau

Page 56: Marleau.physique Des Particules

44 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Chambre d’ionisation, compteur proportionnel et compteur de Geiger-MĂŒller

Ces trois dĂ©tecteurs sont en quelque sorte le mĂȘme appareil qui fonctionne Ă  troisrĂ©gimes diffĂ©rents. Ils consistent d’un tube mĂ©tallique rempli d’un gaz et traversĂ© enson axe central par un fil de mĂ©tal. Le fil et le cylindre sont soumis Ă  une diffĂ©rence depotentielV (voir figure 2.15). Lorsqu’une particule chargĂ©e traverse l’enceinte, le

Ampli.fil

gaz

particule

ionisante

V

Figure 2.15 Chambre Ă  ionisation.

gaz est ionisĂ©. Électrons et ions se dirigent alors vers le fil ou la paroi du tube provoquantune impulsion Ă©lectrique dĂ©tectable aux bornes du dĂ©tecteur. La tensionV dĂ©termine lanature du signal. En deçà d’un certain seuil,V < Vseuil, l’ion et l’électron se recombineavant mĂȘme de pouvoir atteindre les bornes. Alors aucun signal et aucune ionisation nesont dĂ©tectable. PourV > Vseuil, trois rĂ©gimes sont possibles:

1. Le rĂ©gime de la chambre d’ionisation oĂčVseuil < V < Vion: Les ions primairesproduits par la particule chargĂ©e sont recueillis. Le signal est alors proportionnel aunombre, Ă  la charge et Ă  l’énergie des particules.

2. Le rĂ©gime du compteur proportionnel oĂč Vion < V < VGM: Pour un potentielsuffisamment grand, les ions sont accĂ©lĂ©rĂ©s Ă  des Ă©nergies telles qu’ils ionisent eux-mĂȘmes les autres atomes du gaz. Il en dĂ©coule une amplification du signal qui esttypiquement proportionnel Ă  l’énergie des particules incidentes.

3. Le rĂ©gime du compteur de Geiger-MĂŒller oĂčV > VGM: Dans ce rĂ©gime, uneparticule chargĂ©e dĂ©clenche l’ionisation complĂšte du gaz. Le signal consiste alors enune brĂšve impulsion dont l’intensitĂ© n’est plus proportionnelle Ă  l’énergie.

Ces trois types de détecteurs peuvent aussi détecter des photons mais ceux-ci sontabsorbés dans le processus.

Chambre à fils (ou compteur proportionnel multifils):Le compteur proportionnel multifils, introduit par G. Charpak (1968-70), est basé

sur l’idĂ©e d’aligner cĂŽte-Ă -cĂŽte des compteurs proportionnels. Les tubes sont remplacĂ©spar deux plans cathodiques espacĂ©s de 2 mm entre lesquels on place des fils anodiquesparallĂšles Ă  tous les 20”m. L’enceinte entre les deux plans est remplie de gaz ionisant(voir figure 2.16).

Une particule chargée passant à travers cet appareil produit une impulsion électriquesur le fil le plus proche de sa trajectoire. En disposant un deuxiÚme détecteur de façon àce que les fils des deux compteurs forment un quadrillage, on obtient la position de la par-

Page 57: Marleau.physique Des Particules

2.2 DĂ©tecteurs 45

fils (anodes)

plaques

(cathodes)

particule

ionisante

Figure 2.16 SchĂ©ma d’une chambre Ă  multifils.

© 1997 L. Marleau

Page 58: Marleau.physique Des Particules

46 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

ticule. Un empilement des plusieurs de ces compteurs permet de déterminer la trajectoirede la particule à 500”m prÚs avec un temps de réponse typique de30 ns.

Chambre Ă  streamer et chambres Ă  flash:UtilisĂ©es dans le rĂ©gime de Geiger-MĂŒller, des chambres proportionnelles gĂ©nĂšrent

des avalanches d’électrons dans le gaz qui Ă  leur tour produisent un plasma appelĂ© ‘‘strea-mer‘‘ visible Ă  l’oeil nu. Ce dĂ©tecteurs se nomme ‘‘chambre Ă  streamer‘‘. La chambre estprĂ©parĂ©e en envoyant de courtes impulsions Ă©lectriques de 10 Ă  50 kV cm−1 entre desplaques transparentes parallĂšles. Lorsqu’une particule chargĂ©e passedans la chambre,elle dĂ©clenche une sĂ©rie de dĂ©charges qui dessinent sa trajectoire. Celle-ci peut ĂȘtre pho-tographiĂ©e ou enregistrĂ©e Ă©lectroniquement. La rĂ©solution spatiale de ces appareils esttypiquement de200”m.

Pour une impulsion de trĂšs haut voltage, il se forme une ionisation complĂšte entre lepoint de passage de la particule et le fil, produisant ainsi un ‘‘flash‘‘. Dans ce rĂ©gime,on parle de ‘‘chambre Ă  flash‘‘. Elles sont formĂ©es d’une multitude de tubes transpa-rents et sont donc limitĂ©s dans leur rĂ©solution spatiale par le diamĂštre des tubes. CesdĂ©tecteurs sont toutefois plus simples et moins coĂ»teux que des chambres Ă  multifils, cequi reprĂ©sente un avantage certain dans la construction de dĂ©tecteurs de grande dimensiontels que les calorimĂštres.

Chambre à dériveLes chambres à dérive représentent aussi un choix valable face aux chambres à multi-

fils. Dans ces dĂ©tecteurs, les fils sont sĂ©parĂ©s d’une bonne distance. L’avalanche d’élect-rons dĂ©clenchĂ©e par une particule chargĂ©e qui traverse le gaz met alors un certain tempsavant d’ĂȘtre recueillie par les Ă©lectrodes (voir figure 2.17). La trajectoire est reconstituĂ©een tenant compte du temps de dĂ©rive de l’avalanche qui est typiquement de l’ordre 2”s— ceci reprĂ©sente aussi une contrainte puisqu’un seul Ă©vĂ©nement peut ĂȘtre reconstituĂ©pendant ce temps. Avec une vitesse de dĂ©rive d’environ 40 km/s et des dĂ©rives typiquesde 10 cm, on atteint une rĂ©solution spatiale de 0.1 mm.

cathode

fils formant le champs de dérive

anode

particuleionisante

-1 -2-.5 -3 kV-2.5

1.7 kV -3.5 kV

Ă©lectrons

Figure 2.17 SchĂ©ma d’une chambre Ă  dĂ©rive.

Page 59: Marleau.physique Des Particules

2.2 DĂ©tecteurs 47

DĂ©tecteur Ă  semiconducteurDans le mĂȘme ordre d’idĂ©e, on a mis au point plus rĂ©cemment des dĂ©tecteurs Ă  semi-

conducteurs,qui sont en quelque sorte, des chambres Ă  ionisation au silicone. Les pairesĂ©lectron-trou y jouent le rĂŽle des paires Ă©lectron-ion dans le dĂ©tecteur Ă  gaz. Ces dĂ©tec-teurs, beaucoup plus petits, ont une rĂ©solution spatiale sans Ă©gal (5”m) et sont souventutilisĂ©s pour localiser prĂ©cisĂ©ment la position d’un vertex d’interaction. Par ailleurs, ilsont facilement endommagĂ©s par la radiation et ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©s prĂšs du faisceauprincipal.

Chambre de Wilson, chambre Ă  bulles et Ă©mulsion photographiqueCes trois types de dĂ©tecteurs sont maintenant beaucoup moins utilisĂ©s qu’il y a moins

de vingt ans et ce, principalement parce qu’ils ont un temps de rĂ©ponse trop Ă©levĂ© et qu’ilsont mal adaptĂ©s aux conditions qui prĂ©valent dans les collisionneurs.

Les chambres de Wilson sont remplies de vapeurs d’alcool qui sont soudainementcomprimĂ©es. Dans un Ă©tat ‘‘superfroid’’, le gaz se condense Ă  la moindre perturbation dumilieu tel que le passage d’une particule chargĂ©e.

La chambre Ă  bulles (inventĂ©e par Glaser) a connu des heures de gloire dans les annĂ©es’60. Elle consiste en un rĂ©cipient oĂč de l’hydrogĂšne liquide est maintenue sous pressionpour ĂȘtre pĂ©riodiquement (Ă  toute les 0.1 s) relĂąchĂ©e rapidement. L’hydrogĂšne liquideest donc temporairement Ă  une tempĂ©rature ‘‘superchaude’’ (T > Tebullition). Le passaged’une particule chargĂ©e dĂ©clenche la formation de bulles le long de la trajectoire. Le toutest photographiĂ© sous deux angles de vue, ce qui permet de reconstituer la trajectoire entrois dimensions (voir figure 2.18).

Finalement, les Ă©mulsions photographiques sont sensibles aux radiations. Le milieuenregistre chimiquement la trajectoires des particules. Les Ă©mulsions sont exposĂ©es pen-dant un certain temps puis ensuite doivent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es et analysĂ©es. La rĂ©solutionspatiale est excellente soit 1”m mais la rĂ©solution temporelle est presque inexistante Ă cause des dĂ©lais de dĂ©veloppement.

Compteur à scintillationsL’excitation d’atomes dans certains milieux peut induire la luminescence (scintilla-

tion) qui Ă  son tour est dĂ©tectable par des photomultiplicateurs. C’est ce principe qui estutilisĂ© dans les compteurs Ă  scintillations.

Le scintillateur peut ĂȘtre soit organique, inorganique, solide ou liquide. Dans tousles cas, le passage de particules chargĂ©es entraĂźne l’émission de lumiĂšre visible, dans lecas d’un cristal, ou ultraviolette (UV) dans des matĂ©riaux organiques. Dans ce derniercas, des colorants sont incorporĂ©s aux matĂ©riaux pour convertir l’UV en lumiĂšre bleuevisible par fluorescence. La lumiĂšre ainsi produite est ensuite guidĂ©e vers un tube pho-tomultiplicateur. Celui-ci est formĂ© d’une photocathode enduite d’une mince couche demĂ©tal alcalin. Les photons, en arrivant sur la photocathode, libĂšrent des Ă©lectrons pareffet photoĂ©lectrique. Le signal est alors amplifiĂ© en passant par une sĂ©rie d’électrodespour donner une impulsion Ă©lectronique rapide (voir figure 2.19).

Le temps de rĂ©ponse total est trĂšs rapide — typiquement de 10 ns — ce qui fait deces dĂ©tecteurs des dispositifs de dĂ©clenchement idĂ©aux (‘‘trigger’’). Un compteur Ă  scin-tillation typique a des dimensions de 1m× 10cm× 1cm et donc une faible rĂ©solution

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Page 60: Marleau.physique Des Particules

48 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Figure 2.18 Exemple d’évĂ©nement dans une chambre Ă  bulle du SPS au CERN(gauche) et de sa

reconstitution (droite).

Tubephotomultiplicateur

Scintillateur

guide

d'ondes

Figure 2.19 SchĂ©ma d’un scintillateurs.

Page 61: Marleau.physique Des Particules

2.2 DĂ©tecteurs 49

spatiale. Une disposition judicieuse de plusieurs de ces détecteurs peut, bien sur, amélio-rer sensiblement cette résolution.

Compteur Cerenkov

Lorsqu’une particule chargĂ©e traverse un milieu dispersif d’indice de rĂ©fractionn(i.e. cmilieu = c

n ), des atomes sont excités dans le voisinage de sa trajectoire et de lalumiÚre est émise. Si la vitesse de la particulev est plus grande que celle de la lumiÚredans le milieu,cmilieu = c

n , alors un effet analogue au bang sonique Ă©mis par un avionsupersonique se produit, c’est-Ă -dire qu’un front d’onde se forme et se propage Ă  un angleΞ (voir figure 2.20),

cos Ξ =1

vn.

C’est ce qu’on appelle l’effet Cerenkov. Les compteurs Cerenkov permettent donc

Ξ

∆ t/n

∆v t

Figure 2.20 Forme du front d’onde dans l’effet Cerenkov.

de déterminer la vitesse des particules. On en utilise surtout deux types:

1. Les Cerenkov Ă  seuil, oĂč l’on compte les particules dont la vitesse dĂ©passe une vites-se seuil. Ce seuil peut ĂȘtre ajuster en variant l’indicen dans les Cerenkov Ă  gaz depression variable.

2. Les Cerenkov diffĂ©rentiels, qui mesurent directement l’angleΞ et doncv.

DĂ©tecteur Ă  rayonnement de transition

Lorsqu’une particule chargĂ©e traverse l’interface entre deux milieux de constantesdiĂ©lectriques diffĂ©rentes, unrayonnement de transitionest Ă©mis. Celui-ci est causĂ© par unchangement brusque du champ Ă©lectromagnĂ©tique crĂ©Ă© par la charge en mouvement. Ceteffet collectif avec le milieu peut ĂȘtre dĂ©crit classiquement. L’utilisation du rayonnementde transition dans les dĂ©tecteurs est possible dans le rĂ©gime oĂč les particules sont trĂšsrelativistes, ce qui correspond Ă  des longueurs d’onde du domaine des rayons X.

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Page 62: Marleau.physique Des Particules

50 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Compteur Ă  gerbes et calorimĂštre

Avec la construction d’accĂ©lĂ©rateurs de plus en plus puissants, et des particules pou-vant atteindre des Ă©nergies supĂ©rieures Ă  100 GeV, les mĂ©thodes de dĂ©tection ont du ĂȘtremodifiĂ©es. Une technique s’est rĂ©vĂ©lĂ©e extrĂȘmement performante dans ce nouveau rĂ©-gime d’énergie: la calorimĂ©trie. Une particule de trĂšs haute Ă©nergie, lorsqu’elle est ab-sorbĂ©e dans un dĂ©tecteur, produit des particules secondaires qui Ă  leur tour sont absorbĂ©eset produisent des particules tertiaires....Presque toute l’énergie de la particule est alorsperdue par crĂ©ation de particules (gerbes ou avalanches) jusqu’au moment oĂč l’ionisa-tion ou l’excitation du milieu domine. Il est alors possible d’estimer prĂ©cisĂ©ment l’énergie(du moins avec autant de prĂ©cision que par dĂ©flexion magnĂ©tique) aussi bien pour deshadrons neutres que pour des particules chargĂ©es. Ces dĂ©tecteurs prĂ©sentent l’inconvĂ©-nient d’ĂȘtre destructifs. Par ailleurs, sur un plan plus pratique, ils permettent de mesurertrĂšs rapidement l’énergie de la particule initiale et de sĂ©lectionner les Ă©vĂ©nements. Deplus ils sont particuliĂšrement adaptĂ©s Ă  l’étude desjets. Il existe deux types de dĂ©tecteursde gerbes:

e+

e -

Îł

Plomb

gaz rare ou

scintillateurs

V

Figure 2.21 SchĂ©ma d’un calorimĂštre Ă©lectromagnĂ©tique.

1. DĂ©tecteurs de gerbes Ă©lectromagnĂ©tiques: Un dĂ©tecteur de gerbes Ă©lectromagnĂ©-tiques consiste typiquement en une batterie de plaques absorbantes faite d’un matĂ©-riau lourd (e.g. plomb) entre lesquelles on place un matĂ©riau dotĂ© de propriĂ©tĂ©s ’’acti-ves’’ tel que l’argon liquide. Une tension est appliquĂ©e entre les plaques et les anodes.Les Ă©lectrons provenant de l’ionisation sont alors recueillis par les anodes (voir figure2.21).

2. Détecteurs de gerbes hadroniques: Les détecteurs de gerbes sont construits sur un

Page 63: Marleau.physique Des Particules

2.2 DĂ©tecteurs 51

principe similaire mais visent la dĂ©tection des particules hadroniques qui peuvent ĂȘtreneutres (e.g. neutrons). Il doivent donc ĂȘtre sensibles aux interactionsfortes. C’est leseul type de dĂ©tecteurs qui n’est pasexclusivement Ă©lectromagnĂ©tique.En effet, dansle but d’amplifier le signal hadronique notamment dans la dĂ©tection de neutrons, onutilise souvent des plaques d’uranium dans le dĂ©tecteur. Lorsqu’un neutron entre encollision avec un noyau d’uranium, il peut y avoir fission du noyau et production detrois neutrons, qui Ă  leur tour, peuvent interagir avec l’uranium et ainsi de suite. Lessections efficaces nuclĂ©aires Ă©tant plus faibles, les calorimĂštres hadroniques sont engĂ©nĂ©ral plus grands que les calorimĂštres Ă©lectromagnĂ©tiques.

Figure 2.22 Schéma du détecteur SLC utilisé au collisionneur électron-positron du SLAC de Stan-

ford, USA.

DĂ©tecteur hybride

Les dĂ©tecteurs qui sont dĂ©crits plus haut ont des caractĂ©ristiques diffĂ©rentes, cha-cun ayant des forces et des faiblesses. Les grands dĂ©tecteurs modernes sont en fait deshybrides formĂ©s d’un regroupement quelques fois assez imposant (de la hauteur d’unĂ©difice de trois Ă©tages) de ces diffĂ©rents appareils, exploitant ainsi chacune de leurs ca-ractĂ©ristiques (voir figures 2.22, 2.23, 2.24 et 2.25). La reconstitution des Ă©vĂ©nements estalors prise en charge par l’électronique et les ordinateurs (voir par exemple figures 2.26et 2.27). Vu la complexitĂ© de ces appareils, on a mis au point des programmes de simula-tion basĂ©s sur la gĂ©nĂ©ration alĂ©atoire de collisions (simulation Monte Carlo). Ces Ă©tudespermettent de dĂ©terminer l’efficacitĂ© du dĂ©tecteur hybride dans une situation rĂ©aliste.

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Page 64: Marleau.physique Des Particules

52 Chapitre 2 SOURCES ET DÉTECTEURS

Figure 2.23 Schéma du détecteur H1 utilisé au collisionneur électron-proton de DESY de Ham-

bourg, Allemagne.

De nombreux défis se posent durant la conception et le fonctionnement des détec-teurs:

Le dĂ©clenchement: Seulement une faible portion (typiquement 1 sur 105) des col-lisions sont intĂ©ressantes. Il faut donc prĂ©voir des processus de veto rapide pendant lesexpĂ©riences Ă  dĂ©faut de quoi il serait nĂ©cessaire d’accumuler et d’analyser une banquede donnĂ©es inutilement grande.

Le bruit : Tout Ă©vĂ©nement est caractĂ©risĂ© par ce qu’on appelle sa signature, c’est-Ă -dire une combinaison de traces ou particules. Souvent, cette signature peut ĂȘtre imitĂ©e pard’autres processus. Il est donc nĂ©cessaire d’analyser (par simulation ou autre mĂ©thode)quelle portion du signal vient de ce bruit.

Le taux de comptage: Avant mĂȘme d’entreprendre l’analyse d’un processus, il fautĂȘtre en mesure d’estimer son taux de production. Le taux d’un Ă©vĂ©nement par annĂ©e est engĂ©nĂ©ral inacceptable. Celui-ci dĂ©pend de la section efficace mais aussi de la luminositĂ©et du temps-machine disponible. Une bonne partie des travaux aux accĂ©lĂ©rateurs vised’ailleurs Ă  rehausser le plus possible ces paramĂštres.

La diminution de la section efficace en fonction de l’énergie: Typiquement, lasection efficace d’un processus exclusif Ă  haute Ă©nergie varie selon

σ ∌ 1

s.

Cela qui implique que plus on sonde profondément la matiÚre, moins les collisions sontfréquentes, i.e. le taux de comptage est plus faible.

Les rumeurs et les préjugés: Finalement, la science étant une entreprise humaine, il

Page 65: Marleau.physique Des Particules

3.0 53

Figure 2.24 DĂ©tecteur CDF au Tevatron de Fermilab, Batavia, USA.

faut bien sĂ»r prendre toutes les mesures possibles pour Ă©viter que les prĂ©jugĂ©s en faveurde telle ou telle thĂ©orie ou rĂ©sultat et les rumeurs de dĂ©couverte par d’autres groupesn’influencent l’analyse et les conclusions.

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Page 66: Marleau.physique Des Particules

Figure 2.25 DĂ©tecteur D0 au Tevatron de Fermilab, Batavia, USA.

Figure 2.26 Exemple de reconstitution d’évĂ©nements dans le dĂ©tecteur SLD.

Page 67: Marleau.physique Des Particules

3.0 55

Figure 2.27 Exemple de reconstitution d’évĂ©nements dans le dĂ©tecteur ZEUS utilisĂ© dans le projet

HERA Ă  DESY, Hambourg, Allemagne.

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Page 68: Marleau.physique Des Particules

56 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

Page 69: Marleau.physique Des Particules

3 DIFFUSION ET INTERACTIONENTRE PARTICULES

La plupart des renseignements sur les propriĂ©tĂ©s des particules nous proviennent desexpĂ©riences de diffusion. Ce chapitre dĂ©crit les notions Ă©lĂ©mentaires qui permettent decalculer les sections efficaces et les largeurs de dĂ©sintĂ©gration. Nous introduisons d’abordles principales quantitĂ©s cinĂ©matiques impliquĂ©es dans ces interactions. Puis, nous dĂ©cri-vons tour Ă  tour la reprĂ©sentation des interactions, la matrice de diffusion,S et l’espacede phase, tous des Ă©lĂ©ments essentiels aux calculs des quantitĂ©s observables.

3.1 CinĂ©matique d’une rĂ©action - Variables de Mandelstam

Les propriĂ©tĂ©s combinĂ©es d’invariance sous une transformation de Lorentz et deconservation de certaines quantitĂ©s cinĂ©matiques s’avĂšrent trĂšs utiles dans l’analyse dela cinĂ©matique des processus de diffusion. En effet, dans un processus subatomique, lesconditions suivantes sont respectĂ©es:

1. On peut définir un ou des invariants de Lorentz i.e. des quantités indépendantes dusystÚme de référence (Lab., CM, ...)

2. La quadri-impulsion est conservée dans une réaction.

Mandelstam a défini des variables cinématiques qui combinent ces deux propriétés.Pour une réaction impliquant deux particules initiales et deux particules finales

1 + 2 → 3 + 4 (3.1)

(voir figure 3.1), on peut définir les trois quantités

s ≡ (p1 + p2)2 = (p3 + p4)

2

= m21 + 2E1E2 − 2p1 · p2 +m2

2

t ≡ (p3 − p1)2 = (p4 − p2)

2

= m21 − 2E1E3 + 2p1 · p3 +m2

3

u ≡ (p3 − p2)2 = (p4 − p1)

2

= m21 − 2E1E4 + 2p1 · p4 +m2

4

oĂč les variabless et t sont respectivement le carrĂ© de la somme des Ă©nergies initiales

Page 70: Marleau.physique Des Particules

1

p2

4

3

p

pp

Figure 3.1 Processus Ă  quatre corps.

Page 71: Marleau.physique Des Particules

3.1 CinĂ©matique d’une rĂ©action - Variables de Mandelstam 59

dans le CM et le carrĂ© du transfert d’énergie-impulsion.

Exemple 3.1Prouver que:

s+ t+ u =

4∑

i=1

m2i (3.2)

oĂčmi = masse de la particulesi (i = 1, 2, 3, 4).Posons dans le CM des particules incidentes

(p1 + p2) = 0 (3.3)

et pour des particules de masses identiques

mi = m pouri = 1, 2, 3, 4

|p1| = k = |p2|

Ξ = angle entrep1 etp3.

Alors la variables se calcule comme suit

s = (p1 + p2)2

= (E1 + E2)2 − (p1 + p2)

2

= (E1 +E2)2 = (2E1)

2

= 4k2 +m

2. (3.4)

La variablet est donnée par

t = (p3 − p1)2

= p23 + p

21 − 2p3 · p1

= 2m2 − 2 (E3E1 − p3 · p1)

= 2m2 − 2(√

k2 +m2 ·√

k2 +m2 − k2 cos ξ

)

= −2k2 (1− cos ξ) (3.5)

alors queu est par symĂ©trie (p1 ↔ p2)

u = (p3 − p2)2

= −2k2 (1 + cos ξ) . (3.6)

SystĂšme du centre de masse (4-corps)

On peut Ă©tablir un certain nombre de relations pour un systĂšme Ă  quatre corps (voirfigure 3.2). En terme des variables de Mandelstam, les quantitĂ©s dynamiques s’écri-vent:

E1CM =s+m2

1 −m22

2√s

E2CM =s+m2

2 −m21

2√s

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Page 72: Marleau.physique Des Particules

60 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

Ξ

p

p

1p

4

3

p 2

Figure 3.2 Collision dans le repĂšre du centre de masse.

Page 73: Marleau.physique Des Particules

3.1 CinĂ©matique d’une rĂ©action - Variables de Mandelstam 61

pCM ≡ |p1CM| = |p2CM| =√λ (s,m2

1,m22)

2√s

(3.7)

E3CM =s+m2

3 −m24

2√s

E4CM =s+m2

4 −m23

2√s

pâ€ČCM ≡ |p3CM| = |p4CM| =√λ (s,m2

3,m24)

2√s

(3.8)

oĂčλ (x, y, z) = x2 + y2 + z2 − 2xy − 2xz − 2yz.

SystĂšme du laboratoire (4-corps, cible fixe)

De la mĂȘme façon, on peut Ă©crire des relations semblables dans systĂšme du laboratoire(voir figure 3.3). Dans ce cas, on considĂšre une des particules, la cible, est au repos,

Ξ

p

Lab

p

1p

4

3

Figure 3.3 Collision dans le repĂšre du laboratoire (cible fixe).

i.e. on peut assigner les impulsions suivantes

p1 = (E1Lab, 0, 0, p1Lab) (3.9)

p2 = (m2, 0, 0, 0) (3.10)

p3 = (E3Lab,p3Lab) (3.11)

p4 = (E4Lab,p4Lab) (3.12)

oĂč |p1| = p1Lab est l’impulsion longitudinale dont la direction coĂŻncide avec l’axe desz.

Alors

s = (p1 + p2)2

= p21 + p22 + 2p1 · p2= m2

1 +m22 + 2m2E1Lab (3.13)

t = (p3 − p1)2

= m21 +m2

3 − 2E1LabE3Lab

+2p1Lab |p3Lab| cos ΞLab (3.14)

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Page 74: Marleau.physique Des Particules

62 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

etE2

iLab = piLab +m2i pouri = 1, 2, 3, 4.

Il en découle que

E1Lab =s−m2

1 −m22

2m2

p1Lab =

√λ (s,m2

1,m22)

2m2.

L’avantage de cette mĂ©thode est que puisque les variables de Mandelstam sont desinvariants de Lorentz et que l’énergie-impulsion est conservĂ©e, il est possible de calculerces quantitĂ©s indĂ©pendamment du rĂ©fĂ©rentiel.

La rapidité

La variable de rapiditĂ© est souvent utilisĂ©e pour reprĂ©senter le direction d’une parti-cule.

1. Lorsque le mouvement de la particule est identifiĂ© au systĂšmeSâ€Č, i.e. queSâ€Č corres-pond au systĂšme de la particule qui a une vitesseV = V k, alors les transformationsde Lorentz nous donnent

Eâ€Č − pâ€Č3 = λ (E − p3)

Eâ€Č + pâ€Č3 =1

λ(E + p3)

oĂčλ =√

(1+V )(1−V ) . Pour la particule au repos dansSâ€Č (pâ€Č3 = 0, Eâ€Č = m), il est possible

de récrireλ comme suit

λ =E + p3Eâ€Č =

Eâ€Č

E − p3. (3.15)

La rapidité est alors

η = lnλ =1

2ln

(1 + V )

(1− V )

=1

2ln

E + |p|E − |p| (3.16)

puisquep3 = |p|. De plus, on a

E + |p| = meη

E − |p| = me−η

E = m coshη (3.17)

|p| = m sinh η.

2. En gĂ©nĂ©ral,p n’est pas parallĂšle Ă  l’axe du faisceau (i.e. l’axeOz).Les composantes perpendiculaire,pT , et longitudinale de l’impulsion,pL = p3, dela particule sont alors non-nulles. Il est toutefois possible d’identifier le systĂšmeSâ€Č

Page 75: Marleau.physique Des Particules

3.2 Les interactions en mécanique quantique 63

avec une composantepâ€ČL = 0 et on aura encore

λ2 =E + p3E − p3

η = lnλ =1

2ln

E + p3E − p3

(3.18)

oĂč cette fois-ciEâ€Č =

√m2 + p2T . (3.19)

L’avantage d’utiliser la variable de rapiditĂ© devient Ă©vident lorsqu’on effectue unetransformation de Lorentz parallĂšlement Ă pL. Cette transformation correspond Ă une diffĂ©rence de rapiditĂ© soit

ηb − ηa =1

2ln

Eb + pb3Eb − pb3

− 1

2ln

Ea + pa3Ea − pa3

=1

2ln

Eb + pb3Ea + pa3

· Eb − pb3Ea − pa3

(3.20)

mais cette diffĂ©rence est une quantitĂ© invariante de Lorentz, c’est-Ă -dire

ηb − ηa =1

2ln

Eâ€Čb + pâ€Čb3

Eâ€Ča + pâ€Ča3

· Eâ€Čb − pâ€Čb3

Eâ€Ča − pâ€Ča3

. (3.21)

Sous la mĂȘme transformation, bien sĂ»r, la quantitĂ©pT est Ă©galement invariante.

3.2 Les interactions en mécanique quantique

Rappelons quelques notions de mécanique quantique:

‱ les particules sont reprĂ©sentĂ©es par des Ă©tats|Ïˆă€‰ et,

‱ les observables physiques sont des valeurs moyennes d’opĂ©rateurs,Q, qui agissentsur|Ïˆă€‰

q = 〈Q〉 = ă€ˆÏˆ|Q |Ïˆă€‰

=

∫dV ψ∗Qψ.

oĂčdV est l’élĂ©ment de volume.

ConsidĂ©rons alors un processus d’interaction. Celui-ci est caractĂ©risĂ© par:

1. un Ă©tat initial|i〉 qui dĂ©crit une ou plusieurs particules dont les impulsions se situententrepi etpi + dpi Ă  un momentt → −∞ (longtemps avant l’interaction Ă t = 0),et,

2. un Ă©tat final|f〉 qui dĂ©crit une ou plusieurs particules dont les impulsions se situententrepf etpf + dpf Ă  un momentt → ∞ (longtemps aprĂšs l’interaction ).

Le taux de transition est alors donné par:

ω = 2π |〈f |V |i〉|2 ρf (Ef )

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Page 76: Marleau.physique Des Particules

64 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

oĂčV est l’Hamiltonien des interactions, i.e.

H = H0 + V.

Ce rĂ©sultat est valide lorsqueV est suffisamment petit pour ĂȘtre traitĂ© comme une pertur-bation du systĂšme dont l’Hamiltonien estH0 ayant des Ă©tats propres|i〉 et |f〉. ρf (Ef )est la densitĂ© d’états finaux, c’est Ă  direρf (Ef )dEf = nombre d’états finaux dont l’é-nergie se situe entreEf etEf + dEf .

On utilise gĂ©nĂ©ralement trois points de vue diffĂ©rents pour dĂ©crire l’évolution de lavaleur moyenneq dans le temps:

1. Le point de vue de Schrödinger:Lepoint de vue de Schrödingerconsiste Ă  inclure la dĂ©pendance temporelle deq dansl’état |Ïˆă€‰. Alors

|Ïˆă€‰ = |ψ(t)〉SQ = QS indĂ©pendant det.

L’état |ψ(t)〉S obĂ©it Ă  l’équation de Schrödinger soit (~ = 1)

id

dt|ψ(t)〉S = H |ψ(t)〉S

oĂčH est l’opĂ©rateur Hamiltonien. SiH est indĂ©pendant du temps, l’équation prĂ©cĂ©-dente a pour solution

|ψ(t)〉S = T (t, t0) |ψ(t0)〉SoĂč l’opĂ©rateur d’évolutionT s’écrit

T (t, t0) = exp (−iH (t− t0)) .

2. Le point de vue des interactions:Le point de vue des interactionsest plus utile pour dĂ©crire les interactions entre par-ticules. Dans ce cas, aussi bien les Ă©tats|ψ(t)〉I que les opĂ©rateurs peuvent avoir unedĂ©pendance temporelle. Le principal avantage de ce point de vue est qu’ilpermetde traiter sĂ©parĂ©ment la partie de l’Hamiltonien qui causent les interactions (V dansnotre cas). Les reprĂ©sentations des Ă©tats sont reliĂ©es par une transformation unitaire

|ψ(t)〉I = eiH0t |ψ(t)〉Set la dĂ©pendance temporelle de l’état|ψ(t)〉I s’écrit

id

dt|ψ(t)〉I = −H0 |ψ(t)〉I + eiH0tHe−iH0t |ψ(t)〉I .

Mais

eiH0tHe−iH0t = eiH0t (H0 + V ) e−iH0t

= eiH0tH0e−iH0t + eiH0tV e−iH0t

= H0 + eiH0tV e−iH0t.

On dĂ©finit, du point de vue des interactions, l’opĂ©rateurVI tel que

VI(t) = eiH0tV e−iH0t

Page 77: Marleau.physique Des Particules

3.2 Les interactions en mécanique quantique 65

de sorte que

id

dt|ψ(t)〉I = −H0 |ψ(t)〉I + eiH0tHe−iH0t |ψ(t)〉I

= VI(t) |ψ(t)〉I .De façon gĂ©nĂ©rale, les reprĂ©sentations des opĂ©rateurs sont reliĂ©es par la transforma-tion unitaire suivante

QI(t) = eiH0tQe−iH0t

avec dépendance temporelle

id

dtQI(t) = [QI(t),H0]

qui ne dĂ©pend que de la partieH0 de l’Hamiltonien.

3. Le point de vue de Heisenberg:Finalement, lepoint de vue de Heisenbergchoisit d’exclure toute dĂ©pendance tem-porelle de l’état|Ïˆă€‰, i.e.

|Ïˆă€‰ = |Ïˆă€‰H indĂ©pendant det

Q = QH(t).

On note que la valeur moyenne de l’opĂ©rateur,q, doit ĂȘtre la mĂȘme dans tous lespoints de vue, notamment ceux de Schrödinger et de Heisenberg. Si on pose queles Ă©tats|ψ(t)〉S et |Ïˆă€‰H coĂŻncident dans les deux reprĂ©sentations Ă  l’instantt0, i.e.|ψ(t0)〉S = |Ïˆă€‰H etQS = QH(t0), il s’en suit queq (t)

ă€ˆÏˆ|QH(t) |Ïˆă€‰H = ă€ˆÏˆ(t)|QS |ψ(t)〉S =

= ă€ˆÏˆ(t0)|T−1 (t, t0)QST (t, t0) |ψ(t0)〉S= ă€ˆÏˆ|T−1 (t, t0)QH(t0)T (t, t0) |Ïˆă€‰I .

Donc, la dĂ©pendance temporelle de l’opĂ©rateurQ dans la reprĂ©sentation des interac-tions s’écrit

QH(t) = T−1QH(t0)ToĂč ici, pour simplifier,T ≡ T (t, t0) . Par ailleurs,

id

dtQH(r, t) = i

d

dt

[T−1QH(t0)T

]

= i

dT−1

dtQH(t0)T + T−1QH(t0)

dT

dt= i

[iHT−1QH(t0)T − iT−1QH(t0)TH

]

= − [HQH(t)−QH(t)H]

= [QH(t),H] . (3.22)

Puisque, dans cette reprĂ©sentation, toute la dĂ©pendance temporelle est contenue dansl’opĂ©rateur, on conclut queles quantitĂ©s conservĂ©es sont associĂ©es Ă  des opĂ©rateursqui commutent avec l’Hamiltonien.

De façon plus gĂ©nĂ©rale, si l’opĂ©rateurQ dĂ©pend explicitement du temps dans la re-

© 1997 L. Marleau

Page 78: Marleau.physique Des Particules

66 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

présentation initiale, on écrit

idQ

dt= i

∂Q

∂t+ [Q,H] .

3.3 La matrice de diffusion, S

La matrice de diffusionS est un Ă©lĂ©ment important du traitement quantique des inter-actions. ConsidĂ©rons un Ă©tat|a〉 qui dĂ©crit une ou des particules Ă  un momentta et un Ă©tat|b〉 qui dĂ©crit une ou des particules Ă  un momenttb. La probabilitĂ© de trouver le systĂšmedans l’état|b〉, quand le systĂšme Ă©tait dans un Ă©tat|a〉 est donnĂ©e par|Cif (tb, ta)|2 oĂč

Cfi (tb, ta) = 〈b|U (tb, ta) |a〉avecU (tb, ta) un opĂ©rateur unitaire (U†U = I) puisqu’il dĂ©crit l’évolution temporellede l’état|a〉 du momentta au momenttb oĂč il prend la forme de l’état|b〉 . Cet opĂ©rateurvient directement de l’Hamiltonien des interactionsV dans

H = H0 + V.

Dans les limites respectivesta → −∞ et tb → +∞, les Ă©tats|a〉 et |b〉 redeviennent desĂ©tats propres deH0 (e.g. des particules libres) qu’on identifie aux Ă©tats initial|i〉 et final|f〉. On dĂ©finit alors l’opĂ©rateurS comme la limite

S = U (+∞,−∞) = limta→−∞tb→+∞

U (tb, ta)

avec pour éléments de matrice

Sfi = 〈f |U (+∞,−∞) |i〉 = 〈f |S |i〉qui composent ce qui est appelĂ© la matrice de diffusionS.

La matriceS est unitaire. Cette importante propriĂ©tĂ© dĂ©coule de la conservation dela probabilitĂ©. ConsidĂ©rons la probabilitĂ© de trouver le systĂšme dans n’importe quel Ă©tatfinal. Cette quantitĂ© doit ĂȘtre l’unitĂ©

1 =∑

f

|Cfi (+∞,−∞)|2

=∑

f

〈f |S |i〉 〈f |S |i〉∗

=∑

f

〈i|S† |f〉 〈f |S |i〉

= 〈i|S†S |i〉et doncS est unitaire

S†S = I.

Il est utile de séparer la matrice de la façon suivante

Sfi = ÎŽfi + iTfi (3.23)

= ÎŽfi + i (2π)4 ÎŽ4 (Pf − Pi)Mfi (3.24)

oĂč T est appelĂ©e la matrice de transition.Pf et Pi sont les quadri-vecteurs d’énergie-

Page 79: Marleau.physique Des Particules

3.4 Espace de phase 67

impulsion totale des Ă©tats final et initial et la fonction-ÎŽ

ή4 (Pf − Pi) = ή3 (Pf −Pi) ή (Ef −Ei) .

assure que ces quantitĂ©s sont conservĂ©es dans la diffusion. Dans l’expression (3.23), onpeut facilement identifier la composante deSfi qui laisse l’état initial intact i.e. le premiertermeÎŽfi. Par ailleurs, le second terme est responsable des transitions d’un Ă©tat|iversdes Ă©tats|fdistincts de|i(i.e. i = f). La probabilitĂ© de transition correspondantes’écrit, pouri = f,

P = |Cfi (+∞,−∞)|2

= |f |S |i|2= (2π)

8ή4 (Pf − Pi) ή

4 (0)∑

f

|Mfi|2 .

De plus, il est possible d’écrire

ÎŽ4 (p) =1

(2π)4

∫

d4xeip·x

ÎŽ4 (0) =1

(2π)4

∫

d4x =1

(2π)4Vt

oĂč V est le volume d’intĂ©gration. Il en dĂ©coule que le taux de transition par unitĂ© devolume macroscopique est donnĂ© par

ωfi =P

Vt = (2π)4 ÎŽ4 (Pf − Pi)∑

f

|Mfi|2 . (3.25)

Ce dernier rĂ©sultat requiert une somme sur les diffĂ©rents Ă©tats finaux. Il est toutefoisnĂ©cessaire de pondĂ©rer cette somme par l’espace de phase disponible.

3.4 Espace de phase

Une particule est dĂ©crite par sa position et son impulsion. Or, la probabilitĂ© de trouverune particule libre dans un Ă©lĂ©ment de volume de l’espace des positions et des impulsiond6V = d3xd3p est indĂ©pendante de la position et de l’impulsion (invariance de Poin-carĂ©). Il en dĂ©coule que le nombre d’états est proportionnel Ă  l’élĂ©ment de volume, soit

# d’états dansdV = dN =d3xd3p

(2π)3. (~ = 1)

Pour le cas de solutions de la forme onde plane (puisqu’il s’agit ici de particules libres)

ψ = Aeip·x,

on peut choisir de normaliser la fonction d’onde de façon que∫

d3xψ∗ψ =

∫

d3x |A|2 = 1

sans nuire au caractÚre général du traitement qui suit.

AprĂšs intĂ©gration sur les espaces des positions et des impulsions, le nombre d’états

© 1997 L. Marleau

Page 80: Marleau.physique Des Particules

68 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

devient

# d’états=∫

dN =1

(2π)3

∫

d3p.

On dĂ©finit la densitĂ© d’états par unitĂ© d’énergie,ρ (E) , comme le nombre d’états ayantune Ă©nergie entreE etE + dE

ρ (E) =dN

dE=

1

(2π)3d

dE

∫

d3p

=1

(2π)3p2 dp

dE

∫

dΩ

oĂčdΩ est l’élĂ©ment d’angle solide.Mais l’élĂ©ment de volumed3p dans l’espace des impulsions n’est pas un invariant de

Lorentz alors que la quantitĂ©d3pE l’est. ConsidĂ©rons plutĂŽt un espace de phase invariant

de Lorentz que l’on peut rĂ©crire sous la forme∫

dN =

∫

d3p

2E(2π)3

=

∫

d3p

(2π)3

∫

dE

(2π)· 2πΎE2 − p2 −m2Ξ (E)

=

∫

d4p

(2π)4· 2πΎp2 −m2Ξ (p0) (3.26)

oĂč la fonction-ÎŽ reflĂšte la relation masse-Ă©nergie pour des particules relativistes etΞ estla fonction de Heaviside

Ξ (p0) =1 pourp0 > 00 pourp0 < 0

Elle assure que seules les configurations ayant une Ă©nergie positive contribueront commeil se doit. Cet espace de phase reprĂ©sente la probabilitĂ© de trouver une particule libre avecune impulsion entrep” et p” + dp”. L’espace de phase (3.26) gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă n particulesindĂ©pendantes s’écrit alors

dNtot = dN1dN2dN3 · · · dNn

=n∏

j=1

d4pj(2π)4

· 2πΎp2j −m2jΞ (pj0) . (3.27)

3.5 Section efficace

La section efficace est une mesure de la probabilitĂ© d’un processus de diffusion. In-tuitivement, elle correspond Ă  la surface perpendiculaire au flux des projectiles qui dĂ©critla zone d’interaction autour de la cible. Si l’interaction est plus forte, la zone d’interac-tion — ou la section efficace — augmente et la probabilitĂ© de diffusion en est d’autantplus Ă©levĂ©e(voir figure 3.4). L’unitĂ© de section efficace couramment utilisĂ©es est lebarn dĂ©finit comme suit

1 barn = 10−24cm2 = 10−28m2

= 2568 GeV−2 (dans les unitĂ©s naturelles).

Page 81: Marleau.physique Des Particules

3.5 Section efficace 69

σ

Figure 3.4 La section efficace d’une rĂ©action.

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Page 82: Marleau.physique Des Particules

70 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

ConsidĂ©rons la diffusion mettant en jeu deux particules initiales etn − 2 particulesfinales (voir figure 3.5):

1 + 2 → 3 + 4 + · · ·+ n (3.28)Le calcul de la section efficace met en jeu le taux de transition (3.25) pondĂ©rĂ© par

p

1

2n

3

p

pp

p

p

4

5

Figure 3.5 Collision de deux particules.

l’espace de phase disponible (3.27). En gĂ©nĂ©ral, on connaĂźt les Ă©nergies et impulsions desparticules initiales (e.g. faisceau quasi-monochromatique de particules dans un accĂ©lĂ©-rateur). L’espace de phase pourn− 2 particules finales doit par contre ĂȘtre incluse

dN3dN4 · · · dNn =n∏

f=3

d4pf(2π)4

· 2πΎp2f −m2fΞ (pf0)

si bien que le taux de transitionpondéréest donné par

ωfi =P

Vt = (2π)4f

ÎŽ4 (Pf − Pi) |Mfi|2 · dN3dN4 · · ·dNn.

Pour une densitĂ© de flux de particules initialesφ (# de particules par unitĂ© de tempset de surface), la section efficace diffĂ©rentielle s’écrit

dσ =ωfi

φ.

Le flux est proportionnel à la vitesse relative projectile-cible, c’est-à-dire

|v1 − v2| =p1

E1− p2

E2.Dans le systĂšme du laboratoire

|v1 − v2| =p1Lab

E1=λ (s,m2

1,m22)

2m2E1

oĂčE2Lab = m2.

Cependant, le flux, qui s’écrit dans le systĂšme du laboratoireφ = 2E1·2E2·|v1 − v2|,est un invariant de Lorentz de la forme

φ = 2λ (s,m2

1,m22)

= 2(p1 · p2)2 −m2

1m22.

Page 83: Marleau.physique Des Particules

3.5 Section efficace 71

Finalement, la section efficace est donnée par

σ(1 + 2 → 3 + 4 + · · ·+ n) =1

2√

λ (s,m21,m

22)

∫

n∏

f=3

d4p

(2π)4· 2πΎp2f −m2

fΞ (pf0)· (2π)4 ÎŽ4 (Pf − Pi) |Mfi|2

Dans les cas de processus non polarisés, (en général les faisceaux des particules initialesne sont pas polarisés), on substitue

|Mfi|2 −→i

f

|Mfi|2

oĂč∑

i et∑

f signifient respectivement la moyenne sur les Ă©tats de spin possibles desparticules initiales et la somme sur les Ă©tats de spin des particules finales.

Diffusion (4-corps)

1

p2

4

3

p

pp

Processus Ă  quatre corps.

Rappelons les définitions des variables de Mandelstam pour les systÚme à 4 corps:

s ≡ (p1 + p2)2= (p3 + p4)

2

= m21 + 2E1E2 − 2p1 · p2 +m2

2

t ≡ (p3 − p1)2= (p4 − p2)

2

= m21 − 2E1E3 + 2p1 · p3 +m2

3

u ≡ (p3 − p2)2 = (p4 − p1)

2

= m21 − 2E1E4 + 2p1 · p4 +m2

4.

Alors la section efficace du proscessus s’écritdσ

dt=

1

64πs

1

|p1CM|2|Mfi|2 .

Des limites cinĂ©matiques s’appliquent: dans le centre de masse,

t = (E1CM −E3CM)2 − (|p1CM| − |p3CM|)2

−4 |p1CM| |p3CM| sin2ξCM

2

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Page 84: Marleau.physique Des Particules

72 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

= t0 − 4 |p1CM| |p3CM| sin2ξCM

2oĂčΞCM est l’angle entrep1CM etp3CM et

t0 = (E1CM −E3CM)2 − (|p1CM| − |p3CM|)2

La variablet ne peut prendre que des valeurs entre

t(ΞCM = π) = t1 ≀ t ≀ t0 = t(ΞCM = 0)

oĂč

t0 (t1) =

[

m21 −m2

2 −m23 +m2

4

2√s

]

− (|p1CM| ∓ |p3CM|)2 .

3.6 Largeur de désintégration et vie moyenne

Le traitement est similaire pour un processus de désintégration (voir figure 3.6):

1 → 2 + 3 + · · ·+ n

La mesure de probabilitĂ© d’une dĂ©sintĂ©gration s’exprime en terme de sa largeur de dĂ©-

n

1

2

p

p

p

p

p

3

4

Figure 3.6 DĂ©sintĂ©gration d’une particule en n− 1 particules finales.

sintĂ©grationΓ. Cette quantitĂ© reprĂ©sente la largeur Ă  demi-hauteur du pic dans le spectred’énergie de la dĂ©sintĂ©gration. L’interprĂ©tation physique de cette quantitĂ© est directementreliĂ©e Ă  l’incertitude dans la mesure de la masse (ou l’énergie). On sait que le principed’incertitude Ă©tablit un lien entre∆E et∆t, les incertitudes dans la mesure de l’énergieet du temps:

∆E ·∆t ≄ 1

Γ · τ ≄ 1

Puisque∆E ≈ Γ et∆t ≈ τ , la vie moyenne de la particule, il est naturel de retrouverla relation

Γ = τ−1.La largeur de dĂ©sintĂ©grationΓ est calculĂ©e en fonction des Ă©lĂ©ments de la matrice de

Page 85: Marleau.physique Des Particules

3.6 Largeur de désintégration et vie moyenne 73

transition et de l’espace de phase disponible, i.e.

τ−1 = Γ(1 → 2 + 3 + · · ·+ n) =1

2m1

∫

n∏

f=2

d4pf(2π)4

· 2πΎp2f −m2fΞ (pf0)

· (2π)4 ÎŽ4 (Pf − Pi) |Mfi|2 .Pour des particules non polarisĂ©es on substitue|Mfi|2 −→ ∑

i

∑

f |Mfi|2 dans l’équa-tion prĂ©cĂ©dente. Cette expression permet de calculer la vie moyenne,τ .

Si une particule de massem1 et d’énergie-impulsion(E1,p1)possĂšde une vie moyenneτ = 1

Γ , alors la probabilitĂ© qu’elle survive pendant un temps∆t ou plus est donnĂ©e par

P (∆t) = eΓ∆tγ = e

m1Γ∆t

E1

et la probabilitĂ© qu’elle parcourt une distance∆x ou plus est

P (∆t) = em1Γ∆xt

|p1| .

Désintégration en 2 corps

1

2

p

p

p

3

Dans une désintégration en 2 corps la cinématique est trÚs simple:

E2 =m2

1 −m23 +m2

2

2m1

|p2| = |p3|

=

m2

1 − (m2 +m3)2m2

1 − (m2 −m3)212

2m1

La largeur de désintégration se simplifie pour donner

dΓ =1

32π2

|p2|m1

|Mfi|2 dΩ

oĂčdΩ2 = dϕ2d (cos Ξ2) associĂ© Ă  la particule 2.

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Page 86: Marleau.physique Des Particules

74 Chapitre 3 DIFFUSION ET INTERACTION ENTRE PARTICULES

Désintégration en 3 corps

1

2

p

p

p

p3

4

Dans une rĂ©action impliquant trois particules finales, l’espace de phase combinĂ©e Ă la fonction-ÎŽ de la matrice de transition donne

Ntot =

∫

4∏

f=2

d4pf(2π)4

· 2πΎp2f −m2fΞ (pf0) · (2π)4 ÎŽ4 (Pi − Pf )

oĂčPf =∑

f pf = p2 + p3 + p4 etPi = p1.

Posons les invariants

s24 = (p2 + p4)2 , s34 = (p3 + p4)

2 .

En insérant les relations

1 =

∫

ds24ήs24 − (p2 + p4)21 =

∫

ds34ήs34 − (p3 + p4)2

dansNtot, on obtient

Ntot =

∫

4∏

f=2

d4pf(2π)4

· 2πΎp2f −m2fΞ (pf0) · (2π)4 ÎŽ4 (p1 − p2 − p3 − p4)

·∫

ds24ÎŽs24 − (p2 + p4)2∫ ds34ÎŽs34 − (p3 + p4)

2.Les fonctions-ÎŽ permettent d’intĂ©grer sur les Ă©nergiesp20, p30, etp40 et sur l’impulsionp4:

Ntot =

∫

d3p2d3p3

(2π)58E2E3E4· ds24ds34 · ÎŽ (E1 −E2 −E3 −E4)

·Ύs24 − (p2 + p4)2ÎŽs34 − (p3 + p4)

2.oĂč

p4 = p1 − p2 − p3,

pf0 = Ef =√

p2f +m2

f .

Dans le repĂšre du centre de masse,p1 = 0, E1 =√s = m1. On peut donc Ă©crire

d3p2 = 2π |p2|2 d |p2| d cos Ξ23,d3p3 = 4π |p3|2 d |p3| ,

Page 87: Marleau.physique Des Particules

3.6 Largeur de désintégration et vie moyenne 75

oĂčΞ12 est l’angle entrep1 etp2 et on a intĂ©grer sur trois angles dont l’espace de phasedĂ©pend trivialement. L’expression ci-haut devient

Ntot =

∫

d |p2|d |p3| d cos Ξ23 · ds24ds34 ·|p2|2 |p3|2

4(2π)3E2E3E4

·Ύ√s−E2 −E3 −E4ÎŽs24 − (p2 + p4)2ÎŽs34 − (p3 + p4)

2.Utilisant un changement de variables en faveur deE2, E3 etE4,

d |p2| d |p3| d cos Ξ23 = J · dE2dE3dE4

oĂčJ est le Jacobien de la transformation,

J =∂ (|p2| , |p3| , cos ξ23)

∂ (E2, E3, E4)=

E2E3E4

|p2|2 |p3|2

Les intégrales surE1, E2 etE3 sont triviales et on obtient

dNtot =1

16(2π)3m21

ds24ds34 =1

4(2π)3dE2dE4 (3.29)

ou

dΓ =1

(2π)31

32m31

ds24ds34 =1

(2π)31

8m1dE2dE4 (3.30)

Le dernier rĂ©sultat est significatif: l’espace de phase est indĂ©pendant des24 ets34. Donc,Ă  moins qu’il y ait une dĂ©pendance explicite de la matrice de transition en fonction des24 et s34 comme dans le cas de pics Ă  la Breit-Wigner, la distribution des Ă©vĂ©nementssuivant les masse invariantess24 ets34 doit ĂȘtre uniforme.

Par ailleurs, seule une rĂ©gion dans l’espace dess24 et s34 est cinĂ©matiquement per-mise: pour une valeur des24 donnĂ©e,s34 est minimum ou maximum lorsquep3 etp4

sont parallĂšles ou anti-parallĂšles:

(s34)min = (Eâ€Č3 +Eâ€Č

4)2 −√Eâ€Č2

3 −m23 −

√

Eâ€Č24 −m2

42(s34)max = (Eâ€Č

3 +Eâ€Č4)

2 −√Eâ€Č23 −m2

3 +√

Eâ€Č24 −m2

42 (3.31)

oĂčEâ€Č3 etEâ€Č

4 sont les énergies des particules 3 et 4 dans le référentiel du CM des particules2 et 4

Eâ€Č3 =

s24 −m22 −m2

4

2√s24

Eâ€Č4 =

m21 − s24 −m2

3

2√s24

. (3.32)

(voir figure??)

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Page 88: Marleau.physique Des Particules

76 Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

( s34)max

s24

s34 (m −m3)2

1

(m2+m4)2

(m3+m4)2( s34)min

(m −m2)21

Diagramme de Dalitz: espace de phase disponible dans une désintégration à trois corps.

Page 89: Marleau.physique Des Particules

4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

La premiĂšre Ă©tape de toute analyse scientifique en est une de classification des Ă©lĂ©-ments et des processus qui font partie de cette analyse. En physique des particules, cetteclassification a tout d’abord consistĂ© Ă  dĂ©terminer lesquels des processus possibles Ă©taientpermis et lesquels Ă©taient interdits. AprĂšs une Ă©tude exhaustive, il fut possible de classi-fier les particules en leur associant des nombres quantiques et de dĂ©terminer des lois deconservation qui devaient (ou non) ĂȘtre respectĂ©es durant un processus d’interaction. Parailleurs, il est important de mentionner que toute classification ou loi de conservation im-plique la prĂ©sence de symĂ©tries. Ces symĂ©tries jouent un rĂŽle crucial dans l’élaborationdu ModĂšle Standard des particules Ă©lĂ©mentaires.

4.1 Symétries en mécanique quantique

Lorsqu’on effectue une transformation physique sur l’appareillage pendant une expĂ©-rience sur un systĂšme, et que le rĂ©sultat demeure inchangĂ©, on dit que le systĂšme Ă©tudiĂ©est invariant sous cette transformation.

Le traitement de cette transformation en mĂ©canique quantique requiert que celle-cisoit une transformation unitaire. Cette condition est essentielle pour que l’observable,i.e. la valeur moyenne d’un opĂ©rateur, reste le mĂȘme. Par exemple, si la transformationa pour effet de modifier notre perception de l’état initial et final d’un processus, on peutĂ©crire

|iâ€Č= U |i|f â€Č= U |f

oĂč U reprĂ©sente la transformation unitaire sur les Ă©tats. La transition de l’état initial Ă l’état final requiert la matrice-S et, puisque le rĂ©sultat demeure inchangĂ©, les Ă©lĂ©mentsde matrice sont invariants sous la transformation

f |S |i=f â€Č|S |iâ€Č=f |U†SU |i

ce qui implique que l’opĂ©rateur de transformationU commute avec la matrice-S

[S,U ] = 0. (4.1)

Page 90: Marleau.physique Des Particules

78 Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

Comme la matrice-S est reliĂ© Ă  l’Hamiltonien,U doit aussi commuter avec ce dernier

[H,U ] = 0, (4.2)

pour que le systĂšme soit invariant. Rappelons l’expression (3.22) qui implique que, si telest le cas, on peut associer Ă  la transformationU une quantitĂ© conservĂ©e. La conclusionprĂ©cĂ©dente peut ĂȘtre formulĂ©e sous la forme plus gĂ©nĂ©rale du thĂ©orĂšme de Noether pourla mĂ©canique quantique:

Theoreme 4.1 ThĂ©orĂšme de Noether:À toute transformation qui laisse invariantes les Ă©quations de mouvement ou autrementdit, qui commute avec l’Hamiltonien, on peut associer une quantitĂ© conservĂ©e.

Plus schématiquement:

Invariance des Ă©quations de mouvementm

OpĂ©rateur commute avec l’Hamiltonienm

SymĂ©trie de l’Hamiltonienm

Quantité conservée.

L’opĂ©rateur de transformation Ă©tant unitaire, il peut s’écrire

U = eiΔA

oĂčA est hermitique. D’autre part, on identifie deux types de transformation et/ou symĂ©-trie:

1.U est une transformation continue (e.g. translation, rotation):On peut, dans ce cas, examiner l’effet d’une transformation infinitĂ©simale (Δ â‰Ș 1)

U = eiΔA ≃ 1 + iΔA.

Si la transformation laisse les observables physiques invariantes, le commutateur(4.1) entraĂźne

[S,A] = 0ce qui implique que l’observable associĂ©e Ă A est conservĂ©e. Par ailleurs, considĂ©ronsdes Ă©tats initial et final qui sont des Ă©tats propres de l’opĂ©rateurA

A |i〉 = ai |i〉

A |f〉 = af |f〉 ,

le commutateur[S,A] Ă©tant nul, la valeur moyenne

〈f | [S,A] |i〉 = 0

est aussi nulle, ce qui implique

(af − ai) 〈f |S |i〉 = 0

oĂč(af − ai) = 0 si 〈f |S |i〉 6= 0.

Autrement dit, les valeurs propres deA sont conservĂ©es durant la transition|i〉 → |f〉.L’opĂ©rateurA dĂ©finit donc une constante du mouvement.

Page 91: Marleau.physique Des Particules

4.2 Invariance sous une translation 79

2.U est une transformation discrĂšte (e.g. paritĂ©, conjugaison de charge,...):Dans ce cas, une action double de l’opĂ©rateur de transformation laisse le systĂšmeinvariant, i.e.

U2 |Ïˆă€‰ = |Ïˆă€‰SiU a des Ă©tats propres|ψU 〉 dont les valeurs propres sont dĂ©finies comme suit

U |ψU 〉 = ηU |ψU〉

U2 |ψU 〉 = (ηU)2 |ψU〉

oĂčηU sont les valeurs propres tel que

ηU = ±1.

U est alors hermitique etηU sont les observables.

La discussion qui prĂ©cĂšde peut aussi ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e aux symĂ©tries internes de l’Ha-miltonien comme nous le verrons plus loin.

4.2 Invariance sous une translation

Les propriĂ©tĂ©s d’une particule libre ne dĂ©pendent pas de sa position. En effet, lesĂ©quations de mouvement associĂ©es sont invariantes sous une translation. L’effet d’unetranslation infinitĂ©simale,x → x+ ÎŽx, sur la fonction d’onde est

ψ(x) → ψâ€Č(x) = ψ(x+ÎŽx)

= ψ(x) + ÎŽx·∂ψ(x)

∂x

=

(

1 + ÎŽx ·∂

∂x

)

ψ(x)

≡ Dψ(x)

ouD est l’opĂ©rateur infinitĂ©simal (ou le gĂ©nĂ©rateur) de la translation

D ≡

(

1 + ÎŽx ·∂

∂x

)

.

Une translation finie dans l’espace par∆x s’obtient par une action rĂ©pĂ©tĂ©e de l’opĂ©rateurde translation infinitĂ©simale, soit

Df ≡ limn→∞

Dn = limn→∞

(

1 +∆x

n·∂

∂x

)n

= exp (−ip·∆x)

oĂč∆x = limn→∞ nÎŽx et,p = i ∂∂x est donc le gĂ©nĂ©rateur de translation. Il en dĂ©coule

queInvariance sous translation 3D

m[D,H] = 0 =⇒ [Df ,H] = 0 =⇒ [p,H] = 0

mp est une quantité conservée.

Il est facile de généraliser ce résultat à un systÚme invariant sous une translation

© 1997 L. Marleau

Page 92: Marleau.physique Des Particules

80 Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

en quatre dimensions, i.e. dans l’espace-temps, en substituant dans le calcul prĂ©cĂ©dentx → x” etp → p”. On obtient

Invariance sous translation 4Dm

[p”,H] = 0m

p” est une quantité conservée.

4.3 Rotation en trois dimensions

ConsidĂ©rons maintenant un systĂšme dont les Ă©quations de mouvement sont inva-riantes sous une rotation. L’effet d’une rotation infinitĂ©simale autour de l’axe desz, setraduit par le changement de variableφ → φ + Ύφ (en coordonnĂ©es sphĂ©riques) dontdĂ©pend la fonction d’onde:

ψ(φ) → ψâ€Č(φ) = ψ(φ+ Ύφ)

= ψ(φ) + Ύφ·∂ψ(φ)

∂φ

=

(

1 + Ύφ ·∂

∂φ

)

ψ(φ)

≡ Rψ(φ)

ouR est l’opĂ©rateur infinitĂ©simal (ou le gĂ©nĂ©rateur) de la rotation

R ≡

(

1 + Ύφ ·∂

∂φ

)

.

Une rotation finie dans l’espace par∆φ s’obtient par une action rĂ©pĂ©tĂ©e de l’opĂ©rateurde rotation infinitĂ©simale, soit

Rf ≡ limn→∞

Rn = limn→∞

(

1 + Ύφ ·∂

∂φ

)n

= exp (−iJz·∆φ)

oĂč∆φ = limn→∞ nΎφ. L’opĂ©rateur de moment angulaire,Jz = i ∂∂φ = i

(

x ∂∂y − y ∂

∂x

)

est donc le gĂ©nĂ©rateur de rotation autour de l’axe desz. Il en dĂ©coule que

Invariance sous rotation autour deOzm

[R,H] = 0 =⇒ [Rf ,H] = 0 =⇒ [Jz,H] = 0m

Jz est une quantité conservée.

Un systĂšme Ă  symĂ©trie sphĂ©rique est invariant sous une rotation autour de n’importe quel

Page 93: Marleau.physique Des Particules

4.4 Parité 81

axe et par conséquent

Invariance sous rotation arbitrairem

[J,H] = 0m

J est une quantité conservée.

Il est Ă  noter queJ est l’opĂ©rateur de moment angulaire total. Lorsque le spin d’uneparticule est non nul

J = L+ S

oĂčL est le moment angulaire orbital etS est celui de spin. L’invariance sous rotation im-plique la conservation deJmais ne signifie pas nĂ©cessairement queL etS sont conservĂ©ssĂ©parĂ©ment. De plus, en mĂ©canique quantique, toutes les composantes du moment angu-laire ne commutent pas entre-elles et donc seulement|J|2 etJz sont observables simul-tanĂ©ment.

4.4 Parité

La transformation correspondant Ă  une rĂ©flexion dans l’espace,

x → xâ€Č = −x,

dĂ©finit l’opĂ©rateur de paritĂ© (unitaire discret) sur une fonction d’onde

ψ(t,x) → ψâ€Č(t,x) = Pψ(t,x) = ψ(t,−x).

Pour des fonctions propres deP,

PψP (t,x) = ηPψP (t,x)

oĂčηP etψP sont les valeurs et les fonctions propres respectivement. Puisque aprĂšs deuxrĂ©flexions

P2ψP (t,x) = ψP (t,x)

= η2PψP (t,x),

les valeurs propresηP correspondant à la parité prennent les valeurs

ηP

+1 pourψP (t,x) paire−1 pourψP (t,x) impaire.

Remarque 4.1

i En gĂ©nĂ©ral, la fonction d’onde d’une particule ou d’un systĂšmeψ(t,x) n’est pas unefonction propre deP et sa paritĂ© n’est pas dĂ©finie.

© 1997 L. Marleau

Page 94: Marleau.physique Des Particules

82 Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

Les quantitĂ©s ou opĂ©rateurs suivants se transforment sous l’opĂ©rateur de paritĂ©

QuantitĂ© P(QuantitĂ©)t tx −x

p −p

σ,J,L σ,J,LE −E

B B.

Les quantitĂ©s vectorielles qui ne changent pas de signe (e.g.σ, J, L,...) sous l’opĂ©rateurde paritĂ© sont appelĂ©esaxialesoupseudo-vecteursalors que des quantitĂ©s scalaires quichangent de signe (e.g.p · σ, x · L,...) sous l’opĂ©rateur de paritĂ© sont appelĂ©espseudo-scalaires.

Un systÚme (ou des interactions) qui conserve la parité est décrit par un Hamiltonienqui commute avecP,

[P,H] = [P, S] = 0.On observe que la parité est conservée dans les interactions électromagnétique et forte.Par ailleurs, les interactions faibles ne respectent pas cette symétrie.

[P,He.m.] = [P,Hfortes] = 0

[P,Hfaibles] 6= 0.

Parité orbitale

Dans le cas d’un atome, d’états liĂ©s ou de particules qui interagissent, la fonctiond’onde du systĂšmeψ peut ĂȘtre dĂ©crite en termes des harmoniques sphĂ©riques

ψ(r, Ξ, φ) = R(r)Ylm(Ξ, φ)

oĂč

Ylm(Ξ, φ) =(−)m

4π

√(2l + 1) (l −m)!

(l +m)!Pml (cos Ξ)eimφ.

Sous rĂ©flexion dans l’espace,x → −x ou, en coordonnĂ©es sphĂ©riques

(r, Ξ, φ) → (r, Ξ − π, φ+ π)

et

Pml (cos ξ) → Pm

l (cos(Ξ − π)) = (−)l+mPml (cos Ξ)

eimφ → eim(π+φ) = (−)meimφ

si bien que pour les harmoniques sphériques

PYlm(Ξ, φ) = (−)lYlm(Ξ, φ)

le moment angulaire orbitall de l’état dĂ©termine la paritĂ© orbitale. Ainsi

ηP

+1 pour des Ă©tatsl = 0, 2, 4, ...(i.e.s, d, g, ...)−1 pour des Ă©tatsl = 1, 3, 5, ...(i.e.p, f, h, ...).

Page 95: Marleau.physique Des Particules

4.4 Parité 83

Parité intrinsÚque

IndĂ©pendamment de la paritĂ© orbitale d’un systĂšme, chaque particule qui le composepeut possĂ©der une paritĂ© intrinsĂšque si sa fonction d’onde est une fonction propre del’opĂ©rateur de paritĂ© (voir table des particules en Appendice). On classifie ces particulesselon la nomenclature suivante:

Spin= 0 Spin= 1ηP = +1 scalaire axialeηP = −1 pseudo-scalaire vectorielle

Le photon, par exemple, dont la représentation en théorie quantique des champs coïn-cide avec le concept de potentiel vecteur,A, est une particule vectorielle, i.e. de spin 1et de parité négative.

Conservation de la parité totale

La paritĂ© est un nombre quantiquemultiplicatif. Par cela, on entend que la loi deconservation de la paritĂ© s’applique au produit des paritĂ©s. Pour mettre en lumiĂšre cettepropriĂ©tĂ©, il convient d’examiner tout d’abord un systĂšme de particules libres. Dans cecas, l’état initial du systĂšme est reprĂ©sentĂ© par le produit

|i〉 = |a〉 · |b〉 · · · |n〉

si bien que si chacune des particules a une parité intrinsÚque définie, alors la parité totale,ηiP , est le produit des parités intrinsÚques

P |i〉 = P (|a〉 · |b〉 · · · |n〉)

= ηaP |a〉 · P (|b〉 · · · |n〉)

= ηaP ηbP · · · ηnP · |a〉 · |b〉 · · · |n〉

= ηaP ηbP · · · ηnP |i〉

ouηiP = ηaP η

bP · · · ηnP .

De la mĂȘme façon, pour un Ă©tat final formĂ© de

|f〉 = |p〉 · |q〉 · · · |z〉

on a la parité totaleηfP = ηpP η

qP · · · ηzP .

La loi de conservation de la paritĂ© dans ce cas s’écrit

ηiP = ηfP .

Par ailleurs, si deux particules interagissent, le mouvement relatif de l’état est dĂ©crit parune fonction du typeR(r)Ylm(Ξ, φ) dont les propriĂ©tĂ©s de paritĂ© sont dĂ©crites plus haut.La paritĂ© totale de ce systĂšme simple est alors

ηiP = (−)lηaPηbP .

© 1997 L. Marleau

Page 96: Marleau.physique Des Particules

84 Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

De façon gĂ©nĂ©rale, la paritĂ© totale s’écrit

ηtotaleP =

(∏

a

ηaP

)· ηorbitale

P .

Le calcul de la parité orbitale du systÚme,ηorbitaleP , est toutefois plus complexe pour des

systĂšmes de plus de deux particules.

Parité des antiparticules

Il est facile de démontrer que

ηP (boson) = ηP (antiboson)

ηP (fermion) = −ηP (antifermion).

Par convention, on choisitηP (fermion) = 1 etηP (antifermion) = −1.

ConsidĂ©rons le cas des fermions. L’équation de Dirac qui dĂ©crit la particule et l’anti-particule

(iÎłÂ”âˆ‚Â” −m)ψ (t,x) = 0devient sousP

(iÎłÂ”âˆ‚Â” −m)ψ (t,−x) = 0iÎł0∂0 − iÎłi∂i −mψ (t,−x) = 0.

En multipliant cette expression parÎł0 et en utilisant la relation d’anticommutationγ”, ÎłÎœ =2g”Μ on obtient

iÎł0∂0 + iÎłi∂i −mÎł0ψ (t,−x) = 0.

MaisÎł0 est en fait l’opĂ©rateur de paritĂ© pour les fonctions d’onde de Dirac, i.e.Îł0ψ (t,−x) =ψ (t,x). Plus prĂ©cisĂ©ment, les Ă©tats d’énergie positive et de spin±1

2 , et les Ă©tats d’énergienĂ©gative et de spin±1

2 sont représentés par

u1 =

1000

, u2 =

0100

, v1 =

0010

, v2 =

0001

qui se transforment sousP

Îł0u1 =

1000

, Îł0u2 =

0100

, γ0v1 = −

0010

, γ0v2 = −

0001

d’oĂč on tire que les fermions ont une paritĂ© positive et les antifermions, une paritĂ© nĂ©ga-tive.

Un état lié fermion-antifermion dans un état avec un moment angulaire orbitallf auraune parité

ηtotP = (−)

lf ηfPηfP .

Page 97: Marleau.physique Des Particules

4.4 Parité 85

Exemples

Exemple 4.1Le positronium est un Ă©tat formĂ© d’une paire Ă©lectron-positron. Il existe sous deux formes: leparapositronium (lf = 0) et l’orthopositronium (lf = 1) dont les paritĂ©s sont respectivement

ηparaP = −1

ηorthoP = +1.

Exemple 4.2Les hadrons sont des Ă©tats liĂ©s de quarks. Les mĂ©sons sont formĂ©s de paires quark-antiquark telqueqiqj oĂč i, j indiquent les saveurs de quarks. Alors, la paritĂ© des mĂ©sons est donnĂ©e par

ηmĂ©sonP = (−)l ηq

P ηqP = (−)l+1

oĂč l est le moment angulaire orbital entre les quarks. Les mĂ©sons de plus basse Ă©nergie (l = 0)devraient donc avoir une paritĂ© nĂ©gative ce qui est le cas pour les mĂ©sonsπ, K, etD. Par ailleurs,les baryons sont des Ă©tats Ă  trois quarks tel queqiqjqk dont la paritĂ© totale est

ηbaryonP = (−)l1,2 (−)l12,3 ηqi

P ηqjP η

qkP = (−)l1,2+l12,3 .

Ici la parité orbitale reçoit deux contributions: la premiÚre est due au moment angulaire orbitalentre les quarks 1 et 2 ,l1,2, et la seconde vient du moment angulaire orbital entre le centre demasse du systÚme formé des quarks 1 et 2 et le quark 3,l12,3. Les antibaryonsqiqj qk ont bien sûrla parité

ηantibaryonP = (−)l1,2 (−)l12,3 η~qi

P ηqjP η

qkP = (−)l1,2+l12,3+1

= −ηbaryonP .

Les baryons de plus basse énergie (l1,2 = l12,3 = 0) devraient donc avoir une parité positive cequi concorde avec les observation pour les baryons de spin1

2tels quep, n,Λ,Λc.

Exemple 4.3Considérons un systÚme de deux pions dans des étatss (l = 0) etp (l = 1): la parité totale est

l = 0 : ηtotaleP = (−)l (ηπ

P )2 = 1

l = 1 : ηtotaleP = (−)l (ηπ

P )2 = −1.

Exemple 4.4Considérons la réaction suivante impliquant des particules sans spin:

1 + 2 → 3 + 4.

La conservation de la parité implique alors

ηiP = (−)lη1

P η2P = (−)l

â€Č

η3P η

4P = η

fP .

Si le moment angulaire est conservĂ© dans le processus, alorsl = lâ€Č et

η1P η

2P = η

3P η

4P

De plus, si les particules initiales sont des particules identiques, par exemple dans la rĂ©actionπ +π → 3 + 4

η3P η

4P = 1

et donc seuls deux cas sont possibles

η3P = η4

P = +1 les états 3 et 4 sont tous deux des scalairesη3P = η4

P = −1 les Ă©tats 3 et 4 sont tous deux des pseudo-scalaires.

1997 L. Marleau

Page 98: Marleau.physique Des Particules

86 Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

4.5 Inversion du temps

L’opĂ©rateur d’inversion du temps, T

La transformation d’inversion du temps,T , est l’analogue temporelle de la rĂ©flexionde l’espace. Elle correspond Ă  regarder un systĂšme alors que le temps dĂ©file Ă  rebours:

t → tâ€Č = −t

x → xâ€Č = x

On dĂ©finit l’opĂ©rateur d’inversion du temps,T , sur une fonction d’onde par

ψ(t,x) → ψâ€Č(t,x) = T ψ(t,x) = ψ(−t,x).

Les quantitĂ©s ou opĂ©rateurs suivants se transforment sous l’opĂ©rateur d’inversion dutemps

QuantitĂ© T (QuantitĂ©)t −tx x

p −p

σ,J,L −σ,−J,−L

E E

B −B.

Toutefois, malgrĂ© l’analogie entreT etP, il est facile de dĂ©montrer queT ne peutĂȘtre un opĂ©rateur unitaire. La relation de commutation

[xi, pj ] = iÎŽij (4.3)

devient[xi, pj ] = −iήij

sousT et n’est donc pas invariante. La transformationT ne peut donc pas ĂȘtre unitaire.Ceci a pour consĂ©quence queT ne possĂšde pas de valeurs propres et qu’on ne peut yassocier des observables.

RedéfinissonsT en la combinant à une transformationanti-unitaire (qui transformeun nombre complexe en son complexe conjugué) tel que

T :

xi → T xiT −1 = xipj → T pjT −1 = −pj

i → −i,

et queT laisse la relation de commutation (4.3) intacte alors cette transformation laisseaussi invariante la relation de commutation

[Ji, Jj ] = iΔijkJk

puisqueT JT −1 = −J.

L’invariance des interactions sous la transformationT implique plus formellement

Page 99: Marleau.physique Des Particules

4.5 Inversion du temps 87

queTHT −1 = H ⇒ T ST −1 = S

et donc que la matrice de transition se transforme comme

T TT −1 = T †.

Une observable est invariante si

〈f(t)|T |i(t)〉 = 〈f(t)| T −1(T TT −1

)T |i(t)〉

= 〈f(−t)|T † |i(−t)〉∗

= 〈i(−t)|T |f(−t)〉 .

ce qui dĂ©crit exactement les Ă©lĂ©ments de matrice de transition pour le processus inverse.La forme exacte de l’expression prĂ©cĂ©dente pour des Ă©tats initiaux caractĂ©risĂ©s par

leurs impulsionspi, leurs troisiÚmes composantes de spinmi et leurs autres nombresquantiquesαi et des états finaux caractérisés par leurs impulsionspf , leurs troisiÚmescomposantes de spinmf et leurs autres nombres quantiquesαf est

〈pf ,mf , αf |T |pi,mi, αi〉 = 〈−pi,−mi, αi|T |−pf ,−mf , αf 〉 (4.4)

Il y a donc égalité de probabilité entre un processus et son processus inverse dont lesimpulsions et les spins sont dans des directions opposées.

Finalement, la transformationT n’étant pas unitaire, ceci a pour consĂ©quence queT n’a pas de valeurs propres observables. Les Ă©tats ne peuvent ĂȘtre Ă©tiquetĂ©s en termede telles valeurs propres et on ne peut pas tester la violation de l’invariance sousT enutilisant la prĂ©sence de modes de dĂ©sintĂ©gration interdits.

Les interactions fortes sont invariantes sous un renversement du tempsT :

[T ,Hfortes] = 0

Application: le bilan détaillé

Exemple 4.5Le spin du pion:Supposons qu’il y ait invariance sous le renversement du temps,T , combinĂ©e Ă  l’invariance sousla paritĂ©,P. Pour un systĂšme donnĂ©, l’identitĂ© dĂ©rivĂ©e en (4.4) devient

〈ÎČ,pf ,mf | T |α,pi,mi〉 = ă€ˆÎ±,−pi,−mi|T |ÎČ,−pf ,−mf 〉

= ă€ˆÎ±,−pi,−mi| P−1

TP |ÎČ,−pf ,−mf 〉

= ă€ˆÎ±,pi,−mi|T |ÎČ,pf ,−mf〉 .

Ces conditions sont remplies pour un processus d’interaction forte par exemple. Alors, la sommesur les Ă©tats de spin initiaux et finaux est donnĂ©e par

∑

spin

|〈ÎČ,pf ,mf |T |α,pi,mi〉|2 =

∑

spin

|ă€ˆÎ±,pi,mi|T |ÎČ,pf ,mf 〉|2

puisque toutes les composantes de spin±mi et± mf sont somméesEn général, dans une réaction à 4-corps les particules initiales sont souvent non-polarisées, ce quiimplique une moyenne sur les états de spin initiaux si bien que la section efficace du processus

1997 L. Marleau

Page 100: Marleau.physique Des Particules

88 Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

direct1 + 2 → 3 + 4

s’écritdσ

dΩ(12 → 34) =

1

16π2

m21

E2CM

p34

p12

1

(2S1 + 1) (2S2 + 1)

∑

i

∑

f

|Mfi|2

alors que la section efficace du processus inverse

3 + 4 → 1 + 2

s’écritdσ

dΩ(34 → 12) =

1

16π2

m21

E2CM

p12

p34

1

(2S3 + 1) (2S4 + 1)

∑

i

∑

f

|Mif |2.

Puisque∑

i

∑

f

|Mfi|2 =

∑

i

∑

f

|Mif |2

on trouve la relation de proportionnalité

dσ

dΩ(12 → 34) =

p234p212

(2S3 + 1) (2S4 + 1)

(2S1 + 1) (2S2 + 1)

dσ

dΩ(34 → 12).

Considérons maintenant la réaction

p+ p → π+ + d

oĂč le spin du proton est12

et celui du deutéron est de 1. Alors

dσ

dΩ(pp → π

+d) =

p2πp2p

(2Sπ + 1) · 3

2 · 2

dσ

dΩ(π+

d → pp).

Une mesure expĂ©rimentale des sections efficaces permet alors de dĂ©terminer le spin du pion: onvĂ©rifie queSπ = 0.

4.6 Invariance de jauge

La formulation quantique du principe d’invariance de jauge est due Ă  Wigner (1949).Cependant, le principe Ă©tait connu depuis fort longtemps en mĂ©canique classique. En ef-fet, rappelons que les forces Ă©lectromagnĂ©tiques (ou les champs Ă©lectrique et magnĂ©tique,E etB) sont indĂ©pendantes du choix de la jauge ce qui n’est pas le cas des potentielsĂ©lectrostatique et vecteur,φ etA.

En mĂ©canique quantique, la densitĂ© de probabilitĂ© est invariante sous la multiplicationde la fonction d’onde par un facteur de phase.

Par exemple, la solution sous forme d’une onde plane

ψ = eip·x

doit ĂȘtre Ă©quivalente Ă Ïˆâ€Č = e−ieαeip·x = ei(p·x−eα).

Cette transformation laisse la densité de probabilité spatiale invariante

ă€ˆÏˆ |Ïˆă€‰ =⟚ψâ€Č âˆŁâˆŁÏˆâ€Č⟩ .

Page 101: Marleau.physique Des Particules

4.6 Invariance de jauge 89

Transformation de jauge

Un transformation de jauge est définie par la transformation unitaire

ψ → ψâ€Č = e−ieαψ

oĂč e est un paramĂštre constant dont on verra la signification physique plus bas etα(x)est une fonction arbitraire:

1. Siα(x) est une constante arbitraire (indĂ©pendante de la position), la transformationde jauge est diteglobale.Elle consiste Ă  multiplier la fonction d’onde par le mĂȘmefacteur de phase quelle que soit la position. Un phase globale n’est pas observable enmĂ©canique quantique.

2. Siα(x) est une fonction scalaire arbitraire dĂ©pendant de la position, la transformationde jauge est ditelocale.Elle consiste Ă  multiplier la fonction d’onde par un facteurde phase arbitraire en chaque point de l’espace. L’invariance d’un systĂšme sous unetelle transformation mĂšne Ă  des propriĂ©tĂ©s trĂšs spĂ©ciales qui sont d’une importantecruciale dans la description des thĂ©ories modernes des particules Ă©lĂ©mentaires

Par analogie, si on considĂšre la rotation des spins sur un rĂ©seau, une rotationglobaleconsiste Ă  faire une rotation de tous les spins par le mĂȘme angle sur chaque site alors quela transformationlocale fait tourner les spins par un angle arbitraire sur chaque site.

ConsidĂ©rons maintenant l’effet de la transformation de jaugelocale sur l’Hamilto-nien. Les Ă©quations de mouvement mettent en jeu l’opĂ©rateur∂” = ∂

∂x” qui agit de façonnon-triviale

∂”ψ(x) → ∂”ψâ€Č(x) = i (p” − e∂”α (x))ψâ€Č(x)

alors que∂”ψ(x) = ip”ψ(x).

Donc, les Ă©quations de mouvement ne sont pas, en gĂ©nĂ©ral, invariantes sous une trans-formation de jaugelocale.ConsidĂ©rons les particules chargĂ©es qui interagissent Ă©lectro-magnĂ©tiquement avec le potentielA” = (φ,A). En fait, l’interaction Ă©lectromagnĂ©tiquepeut ĂȘtre introduite en mĂ©canique grĂące Ă  la substitution de l’impulsion par l’impulsioncanonique

p” → p” + eA”.En incluant le potentiel, une onde plane a la forme

ψ (x) = ei(p·x+eA·x)

oĂčA ≡ A (x) . La transformation de jauge a un effet surA,

A” → Aâ€Č”,

si bien que la fonction d’onde en prĂ©sence d’interaction sous une transformation de jaugelocale s’écrit

ψ (x) → ψâ€Č (x) = ei(p·x+eAâ€Č·x−eα(x))

et∂”ψ(x) → ∂”ψ

â€Č(x) = i (p” + eAâ€Č − e∂”α (x))ψâ€Č(x).

L’invariance de jauge requiert donc que

Aâ€Č” = A” + ∂”α (x)

© 1997 L. Marleau

Page 102: Marleau.physique Des Particules

90 Chapitre 4 SYMÉTRIES DE L’ESPACE-TEMPS

et que les équations de mouvement deA” soient aussi invariantes sous cette transforma-tion de jauge. Alors

ψ → ψâ€Č

∂”ψ = ip”ψ → ∂”ψâ€Č = ip”ψ

â€Č

A” → Aâ€Č”

Finalement, deux conditions sont nĂ©cessaires Ă  l’invariance sous une transformationde jaugelocale:

1. Il doit exister un champsA” Ă  longue portĂ©e qui agit sur les particules et qui changela phase de leur fonction d’onde.

2. La charge doit ĂȘtre conservĂ©e (l’identitĂ© ci-haut n’est plus valide si la charge varie enfonction du temps).

Les photons

Les Ă©quations de Maxwell en Ă©lectrodynamique classique s’écrivent gĂ©nĂ©ralement entermes des champs Ă©lectrique et magnĂ©tique

B = ∇×A

E = −∇φ−∂

∂tA.

En l’absence de charge et courant, elle peuvent prendre la forme

∂”∂”AÎœ(x) = 0

ou, dans l’espace de impulsions,

k”k”AΜ(k) = 0,

ce qui implique que la masse des photons est nulle.Les Ă©quations de mouvement sont invariantes de jauge, ce qui se traduit par la condi-

tion de Lorentz (nommĂ©e ainsi parce qu’elle est invariante de Lorentz)

∂”A”(x) = 0 ou k”A

”(k) = 0.

En imposant cette condition sur une solution de type onde plane

A”(k) = ǫ”(k)a0eik·x

oĂč ǫ” est un vecteur unitaire de polarisation eta0, un facteur de normalisation, on a

k”ǫ”(k) = 0. (4.5)

En gĂ©nĂ©ral, seulement trois des quatre degrĂ©s de libertĂ© sont indĂ©pendants pour une par-ticule vectorielle qui obĂ©it Ă  l’invariance de jauge. Ces particules de spin 1 peuvent alorsse trouver dans trois Ă©tats reprĂ©sentĂ©es par les trois Ă©tats de spinJz = −1, 0 ou1.

Les équations de mouvement imposent cependant la contrainte supplémentaire

k2ǫ”(k) = 0 ⇐⇒ k2 = 0

c’est-Ă -dire que la masse du photon est nulle. Il ne reste que seulement deux degrĂ©s de

Page 103: Marleau.physique Des Particules

5.0 91

libertĂ© rĂ©siduels soit les Ă©tats de spinJz = ±1. En fait, il est facile de se convaincre quel’état Jz = 0 n’est pas un invariant de Lorentz alors que le photon devrait ĂȘtre dĂ©crit dela mĂȘme façon quel que soit le repĂšre inertiel (sa vitesse est toujours la mĂȘmec = 1).

Les résultats physiques sont indépendants du choix de la jauge. Choisissons ici lajauge de Coulomb, i.e.

A0 = φ = 0.Alors (4.5) devient

k · ǫ = 0aussi appelée la condition de transversalité

k ⊄ Ç«

i.e. seules les composantes transverses du vecteur de polarisation sont non-nulles pourun photon.

En conclusion, les implications sont les suivantes:

1. Le vecteur de polarisation d’une particule de spin 1 possĂšde en gĂ©nĂ©ral trois Ă©tats:les Ă©tats de spinJz = ±1, 0. L’invariance de Lorentz (ou la masse du photon nulle)Ă©limine la possibilitĂ©Jz = 0.

2. Un photon peut ne pas obĂ©ir aux Ă©quations de mouvement ou Ă  la condition d’inva-riance de jauge pendant un temps permis par le principe d’incertitude. On dit que lephoton est alorsvirtuel .

3. L’invariance de jauge =⇒ mphoton= 0 =⇒ conservation de la charge=⇒2 hĂ©licitĂ©s pour photons rĂ©els.

Invariance de jaugemphoton= 0

(2 hélicités pour photons réels)[Q,H] = 0

Conservation de la charge

4.7 Contrainte d’unitaritĂ©

© 1997 L. Marleau

Page 104: Marleau.physique Des Particules
Page 105: Marleau.physique Des Particules

5 SYMÉTRIES INTERNES ETHADRONS

5.1 Symétries globales et rÚgles de sélection

On observe expĂ©rimentalement que certaines rĂ©actions sont possibles alors que d’autressemblent totalement interdites. Pourtant, la seule conservation d’énergie-impulsion n’ar-rive pas Ă  expliquer ces rĂ©sultats.

Par exemple, le simple principe de l’augmentation de l’entropie favorise la dĂ©sintĂ©-gration d’une particule en particules plus lĂ©gĂšres. Dans une telle dĂ©sintĂ©gration, l’entro-pie augmente puisqu’elle est reliĂ©e Ă  l’espace de phase,S = kB ln(Espace de phase) quiest plus grande pour des particules lĂ©gĂšre. Cependant certaines dĂ©sintĂ©grations ne sontpas observĂ©es.

Il doit donc y avoir un principe thĂ©orique qui explique ces phĂ©nomĂšnes, e.g. des rĂšglesde sĂ©lection ou encore des lois de conservation. Dans la plupart des cas, ceci est possibleen introduisant une charge gĂ©nĂ©ralisĂ©e (un nombre quantique associĂ© Ă  une symĂ©trie glo-bale) Ă  chacune des particules et une loi de conservation additive correspondante. Alors,la somme des charges gĂ©nĂ©ralisĂ©es demeure la mĂȘme avant et aprĂšs la rĂ©action:

∑

i

Qi =∑

f

Qf .

Charge Ă©lectrique, Q

La charge Ă©lectrique est conservĂ©e Ă  l’échelle macroscopique. Il est donc naturelqu’elle soit conservĂ©e aussi Ă  l’échelle microscopique. Cependant, cette prĂ©somptiondoit ĂȘtre scrupuleusement vĂ©rifiĂ©e. En principe, l’électron pourrait se dĂ©sintĂ©grer en par-ticules plus lĂ©gĂšres si ce n’était de la conservation de la charge Ă©lectrique. On sait que leprocessus de dĂ©sintĂ©gration

e− 9 Îœ + ÎłpossĂšde une vie moyenneτ ≄ 2×1022 annĂ©es (il n’est essentiellement pas observĂ©). Lacharge Ă©lectrique est donc un nombre quantique conservĂ© additivement. Cela implique

Page 106: Marleau.physique Des Particules

94 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

l’invariance sous une transformation de jauge globale de l’Hamiltonien

|Ïˆă€‰ â†’âˆŁâˆŁÏˆâ€Č⟩ = e−iQα |Ïˆă€‰

et[Q,H] = 0

oĂčQ est le gĂ©nĂ©rateur du groupe des transformation unitaireU(1). Siα est indĂ©pendantde la position, on dit que la transformation de jauge est globale alors que pourα =α(x), la transformation de jauge est locale. Une des particularitĂ©s de la charge Ă©lectriqueest qu’elle est le seul nombre quantique qui correspond Ă  la fois au gĂ©nĂ©rateur de latransformationU(1) globale et au gĂ©nĂ©rateur de la transformationU(1) locale.

Nombre leptonique total, L

Le ModĂšle Standard requiert la prĂ©sence de trois gĂ©nĂ©rations (ou familles) de leptons.Chaque gĂ©nĂ©ration est formĂ©e d’un lepton chargĂ© et d’un neutrino (et de leurs antiparti-cules respectives). Les rĂ©actions impliquant des leptons permettent de constater qu’il y aconservation dunombre leptoniquesi on assigne un nombre leptonique,L = 1, aux lep-tons,L = −1 aux antileptons etL = 0 Ă  toute autre particule (e.g. hadrons, quarks,....)

Leptons,L = 1(

Îœee−

) (Μ””−

) (Μττ−

)(5.1)

Antileptons,L = −1(

e+

Îœe

) (”+

Μ”

) (τ+

Μτ

)(5.2)

La conservation du nombre leptonique implique l’invariance de l’Hamiltonien sous unetransformation de jauge globale dĂ©finie par

|Ïˆă€‰ â†’âˆŁâˆŁÏˆâ€Č⟩ = e−iLα |Ïˆă€‰

avec[L,H] = 0

oĂčL est le gĂ©nĂ©rateur de la transformation.

Nombre Ă©lectronique, muonique, tauonique...

Toutefois la simple conservation du nombre leptonique total ne rĂ©ussit pas Ă  expliquerl’observation suivante. Lorsque des antineutrinos provenant de la dĂ©sintĂ©gration du pion

π− → ”−Μ” (5.3)

entrent en collision avec un proton, la réaction

Μ” + p → n+ e+ (5.4)

n’est pas observĂ©e. Par ailleurs, la rĂ©action est possible si les antineutrinos incidents sont

Page 107: Marleau.physique Des Particules

5.1 Symétries globales et rÚgles de sélection 95

de type Ă©lectronique,Îœe + p → n+ e+. (5.5)

Pourtant, la seule loi de conservation du nombre Ă©lectronique total permet la captured’antineutrinos de tous les types dans (5.4).

Historiquement, cette question a permis de faire la lumiÚre sur la nature des neutrinosen nous obligeant à en distinguer différents types et en à attribuer à chaque famille deleptons un nombre leptonique distinct. Ainsi, chaque nombre leptonique (les nombresélectronique, muonique et tauonique) est conservé séparément. On assigne les nombresleptoniques suivant la rÚgle

Le L” Lτ L

e−, Îœe +1 0 0 +1e+, Îœe −1 0 0 −1”−, Μ” 0 +1 0 +1”+, Μ” 0 −1 0 −1τ−, Μτ 0 0 +1 +1τ+, Μτ 0 0 −1 −1

,

les autres particules ayant toutes des nombres leptoniques nuls.On voit aisément que les nombres électronique et muonique ne sont pas conservés

dans la rĂ©actionΜ” + p → n+ e+:

Le(Μ”) + Le(p) = 0 → Le(n) + Le(e+) = −1

L”(Μ”) + L”(p) = −1 → L”(n) + L”(e+) = 0

alors qu’ils le sont dans la rĂ©actionÎœe + p → n+ e+:

Le(Îœe) + Le(p) = −1 → Le(n) + Le(e+) = −1

L”(Îœe) + L”(p) = 0 → L”(n) + L”(e+) = 0.

Nombre baryonique, B

Le proton est une particule trĂšs stable avec une vie moyenneτ ≄ 1031 annĂ©es. Or,Ă  prime abord, on pourrait s’attendre Ă  ce que le proton puisse se dĂ©sintĂ©grer en uneparticule plus lĂ©gĂšre. Ce n’est pas le cas. Cette observation suggĂ©ra que la stabilitĂ© devaitĂȘtre la consĂ©quence d’une loi de conservation d’un nouveau nombre quantique, le nombrebaryonique. On assigne un nombre baryoniqueB = +1 aux baryons etB = 0 auxmĂ©sons et aux leptons. Les antibaryons ont bien sĂ»r une charge opposĂ©e, soitB = −1:

B = +1 : p, n,Λ,ÎŁ+,−,0,Ξ0,−,Ω−−, ...B = 0 : π+,−,0,K−,+,0, ρ, ...

Par ailleurs, les constituants des hadrons, les quarks, doivent aussi porter une chargebaryonique

B (quark) =1

3

B (antiquark) = −1

3

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Page 108: Marleau.physique Des Particules

96 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

qui est indépendante de la saveur.

La conservation du nombre baryonique implique l’invariance de l’Hamiltonien sousune transformation de jauge globale dĂ©finie par

|Ïˆă€‰ â†’âˆŁâˆŁÏˆâ€Č⟩ = e−iBα |Ïˆă€‰

avec[B,H] = 0

oĂčB est le gĂ©nĂ©rateur de la transformation.

5.2 Isospin

Comme une bonne partie de ces rĂšgles de sĂ©lection s’appliquent aux hadrons quisontformĂ©s de particules plus fondamentales, les quarks, nous commençons ce chapitre parun survol rapide des propriĂ©tĂ©s des hadrons. MalgrĂ© qu’il en existe plusieurs centaines,on peut les classer en deux types: les baryons de spinJ = 1

2 ,32 et les mésons de spin

J = 0, 1. De plus, les hadrons peuvent ĂȘtre rangĂ©s en groupes dĂ©finis, des multiplets quisont identifiĂ©s par des paritĂ©s et spins identiques,JP . Les tableaux suivants illustrent lespectre des hadrons les plus lĂ©gers (des Ă©tats plus lourds existent mais sont interprĂ©tĂ©scomme des Ă©tats excitĂ©s).

Multiplet JP = 0−

MĂ©sons Mass(MeV) Nomπ+, π0, π− 139.6, 135.0, 139.6 pionK+,K0 493.6, 497.7 kaonK0,K− 497.7, 493.6 antikaon

η 548.8 etaηâ€Č 957.5 eta prime

Multiplet JP = 1−

MĂ©sons Mass(MeV) Nomρ+, ρ0, ρ− 770 rho

ω0 783 omĂ©gaK∗+,K∗0 982 kaon Ă©toileK∗0,K∗− 982 antikaon Ă©toile

φ0 1020 phi

Multiplet JP = 12

+

Baryons Mass(MeV) Nomp, n 938.3, 939.6 nuclĂ©onΛ0 1115.7 lambda

Σ+,Σ0,Σ− 1189.4, 1192.6, 1197.4 sigmaΞ0,Ξ− 1314.9, 1321.3 cascade

Page 109: Marleau.physique Des Particules

5.2 Isospin 97

Multiplet JP = 32

+

Baryons Mass(MeV) Nom∆+,∆0,∆−,∆−− ≈ 1232 deltaΣ∗+,Σ∗0,Σ∗− 1382.8, 1383.7, 1387.2 sigma Ă©toile

Ξ∗0,Ξ∗− 1530.8, 1535.0 cascade Ă©toileΩ− 1672.5 omĂ©ga

La premiĂšre remarque qui vient Ă  l’idĂ©e en regardant les propriĂ©tĂ©s des particules formantles multipletsJP est sans doute que la structure de multiplets ne s’arrĂȘte pas Ă  la notionde spin et paritĂ©. En effet, la plupart des particules peuvent former des sous-multipletscaractĂ©risĂ© par des masses trĂšs semblables mais dont les Ă©lĂ©ments se distinguent par leurcharge Ă©lectrique. Par exemple, on retrouve des singulets, doublets, triplets et quadrupletsde charges, e.g.:

singulets: η, ηâ€Č, ω0, φ0,Λ0,Ω−−

doublets:(

pn

)

,

(K+

K0

)

,

(K0

K−

)

,

(K∗+

K∗0

)

,

(K∗0

K∗−

)

,

(Ξ0

Ξ−

)

triplets:

π+

π0

π−

,

ρ+

ρ0

ρ−

,

ÎŁ+

ÎŁ0

Σ−

,

Σ∗+

Σ∗0

Σ∗−

quadruplets:

∆+

∆0

∆−

∆+

On remarque de plus que les interactions fortes sont approximativement identiquespour les systĂšmesp − n, p − p et n − n. Par analogie avec le concept de spin (oĂč latroisiĂšme composante du spin distingue les deux manifestations d’une mĂȘmeparticule)il est possible d’interprĂ©ter le proton et le neutron comme les deux Ă©lĂ©ments d’un doubletd’isospin (nuclĂ©on)

N =

(pn

)

=

(I = 1

2 , I3 = +12

I = 12 , I3 = −1

2

)

.

Le proton et le neutron sont donc des particules identiques (ou la mĂȘme particule) dupoint de vue des interactions fortes. Leurs masses diffĂšrent trĂšs peu,

∆m

m=

1.2 MeV939 MeV

= 0.001,

et cette diffĂ©rence peut ĂȘtre attribuĂ©e Ă  des effets coulombiens qu’on estime ĂȘtre de l’ordrede la constante de couplage des interactions Ă©lectromagnĂ©tiques,O(αem).

Il s’agit toutefois d’une propriĂ©tĂ© qui ne se limite pas au proton et au neutron maisqui s’étend Ă  toutes les interactions fortes, c’est-Ă -dire que celles-ci sont indĂ©pendantesde la charge Ă©lectrique.

Le traitement de l’isospin ressemble en tout point Ă  celui du moment angulaire. Onintroduit un vecteurI = (I1, I2, I3) dans l’espace des isospins. L’opĂ©rateur d’isospinI

obĂ©it Ă  des rĂšgles de commutation similaires Ă  celles qui s’appliquent au moment angu-laire ou au spin,

[Ii, Ij ] = iǫijkIk i = 1, 2, 3

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Page 110: Marleau.physique Des Particules

98 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

ce qui permet l’existence simultanĂ©e de plusieurs Ă©tats propres|I, I3〉 avec pour obser-vablesI2 et I3,

I2 |I, I3〉 = I(I + 1) |I, I3〉

I3 |I, I3〉 = I3 |I, I3〉

oĂč I3 dans le membre de gauche de la derniĂšre Ă©quation reprĂ©sente un opĂ©rateur.I3possĂšde(2I + 1) valeurs propres qui prennent les valeurs

−I,−I + 1, ....., I − 1, I.

Par consĂ©quent, un multiplet d’isospinI est formĂ© de(2I +1) Ă©tats propres, i.e. il s’agitd’un (2I + 1)-plet.

Par exemple, le multiplet formĂ© du proton et du neutron possĂšde deux Ă©tats de charged’oĂč I = 1

2 et

|p〉 =

∣∣∣∣I =

1

2, I3 =

1

2

⟩

=

∣∣∣∣

1

2,1

2

⟩

|n〉 =

∣∣∣∣

1

2,−

1

2

⟩

,

alors que le quadruplet du∆ possĂšde les Ă©tats propres∣∣∆+

⟩=

∣∣∣∣

3

2,3

2

⟩

∣∣∆0

⟩=

∣∣∣∣

3

2,1

2

⟩

âˆŁâˆŁâˆ†âˆ’âŸ© =

∣∣∣∣

3

2,−

1

2

⟩

âˆŁâˆŁâˆ†âˆ’âˆ’âŸ© =

∣∣∣∣

3

2,−

3

2

⟩

.

Symétrie SU(2)

On peut donc dĂ©crire plusieurs Ă©tats de charge d’une particule sous la forme de mul-tiplets. Ces Ă©tats ont les mĂȘmes interactions fortes. On peut dire que l’Hamiltonien desinteractions fortes est invariant sous une transformation qui change un Ă©tat de chargepour un deuxiĂšme qui fait partie du mĂȘme multiplet, e.g. transformation d’un proton enneutron. Mais comment dĂ©finit-on un telle transformation? Encore une fois, l’analogieavec le spin est d’une grande utilitĂ©.

Posons un opĂ©rateur de transformationU tel queâˆŁâˆŁÏ†â€Č⟩ = U |Ï†ă€‰ .

oĂč |Ï†ă€‰ reprĂ©sente le multiplet d’isospin.

1. PuisqueU agit sur un multiplet, il peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ© par une matrice qui est com-plexe en gĂ©nĂ©ral.

Page 111: Marleau.physique Des Particules

5.2 Isospin 99

2. Pour conserver l’hermiticitĂ© et gĂ©nĂ©rer des valeurs propres rĂ©elles,U doit ĂȘtre uni-taire,

U†U = I.

3. On exige en plus que le produit scalaire soit conservé, e.g.

ă€ˆÏ† |Ï†ă€‰ =⟚φâ€Č âˆŁâˆŁÏ†â€Č⟩

ce qui implique quedetU = 1.

4. Finalement, l’état de charge Ă  l’intĂ©rieur d’un multiplet est dĂ©terminĂ© par un seulnombre quantiqueI3. Ceci implique qu’il existe une seule matrice diagonalisablesimultanĂ©ment. On dit alors que le rang de l’opĂ©rateur matriciel est de un.

Les matrices qui obĂ©issent Ă  ces conditions forment le groupeSU(2), les matrices2× 2 spĂ©ciales unitaires.

Générateurs de SU(2)

PuisqueU est unitaire, il peut se récrire

U = eiω

oĂčω est une matrice complexe2×2. Elle est dĂ©terminĂ©e par 8 paramĂštres, 4 rĂ©els et 4 ima-ginaires. Cependant, tous ces paramĂštres ne sont pas indĂ©pendants puisque les 4 condi-tions d’unitaritĂ© s’appliquent (U†U = I) et une condition d’unimodularitĂ© (detU = 1)doit aussi ĂȘtre imposĂ©e. Il reste donc trois degrĂ© de libertĂ© indĂ©pendants ce qui signifiequeω est une combinaison linĂ©aire de trois matrices linĂ©airement indĂ©pendantes.

ω = ωiσi i = 1, 2, 3

oĂčωi sont de coefficients alors queσi sont les matrices2×2 linĂ©airement indĂ©pendantes.Il est pratique d’identifierσi au gĂ©nĂ©rateur du groupeSU(2), c’est-Ă -dire aux mat-

rices de Pauli

σ1 =

(0 11 0

)

σ2 =

(0 −ii 0

)

σ3 =

(1 00 −1

)

,

qui obéissent aux rÚgles de commutation

[σi, σj ] = iǫijkσk i = 1, 2, 3.

À noter, les gĂ©nĂ©rateurs ne commutent pas. On dit alors que le groupeSU(2) est non-commutatif ou non-abĂ©lien.

Relation de Gell-Mann-Nishijima

Par analogie avec le spin, il est clair que la conservation deI3 implique l’invariancede l’Hamiltonien sous une rotation autour de la troisiĂšme direction d’isospin. Par ailleurs,la valeur propreI3 est une mesure de l’état propre de charge de la particule Ă  l’intĂ©rieur

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Page 112: Marleau.physique Des Particules

100 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

du multiplet. Il doit donc exister une relation directe entre la charge et la troisiĂšme com-posante d’isospin de l’état. On serait tenter de confondre les deux quantitĂ©s mais il fautse rappeler que la chargeQ est conservĂ©e partout alors queI3 ne l’est que dans les in-teractions fortes. En fait, d’autres charges sont impliquĂ©es dans la relation entreQ etI3,

Q = I3 +Y

2oĂč Y est appelĂ© l’hypercharge.Il est facile de dĂ©montrer que l’hyperchargeassociĂ©eĂ  un multiplet d’isospin correspond Ă  la charge moyenne des particules qui forment lemultiplet

Y = 2Q.

Conservation d’isospin

La conservation de l’isospin implique l’invariance de Ă©quations de mouvement sousune rotation dans l’espace des isospins et les rĂšgles de commutation

[U,Sfortes] = 0

[U,Hfortes] = 0

ou

[I, Sfortes] = 0

[I,Hfortes] = 0.

Cependant comme dans le cas du moment angulaire ou du spin, seulement deux opéra-teurs matriciels commutent simultanément entre eux et avecHfortes,

[I2, I3

]=

[I2,Hfortes

]= [I3,Hfortes] = 0,

et il existe donc seulement deux bons nombres quantiques qui dĂ©crivent les Ă©tats d’isos-pin et, puisqu ’ils sont conservĂ©s, ils mĂšnent aux rĂšgles de sĂ©lections suivantes dans lesinteractions fortes:

∆ |I|2 = 0

∆I3 = 0

qui viennent s’ajouter aux rĂšgles dĂ©jĂ  dĂ©crites

∆B = 0 et

∆Q = 0 ⇒ ∆Y = 0.

La combinaison de deux ou plusieurs isospins est analogue Ă  celle de spins. Posonsdeux Ă©tats d’isospin|Ia, Ia3 〉 et

∣∣Ib, Ib3

⟩. Ils se combinent selon les rĂšgles suivantes

1. L’isospin totalI prend des valeurs∣∣Ia + Ib

∣∣ ,∣∣Ia + Ib

∣∣− 1, ......,

∣∣Ia − Ib

∣∣+ 1,

∣∣Ia − Ib

∣∣

2. La troisiĂšme composante d’isospin est conservĂ© additivement

I3 = Ia3 + Ib3.

Page 113: Marleau.physique Des Particules

5.3 ÉtrangetĂ© et hypercharge 101

Plus prĂ©cisĂ©ment, l’état final est une combinaison linĂ©aire de tous ces Ă©tats∣∣Ia, Ia3 ; I

b, Ib3⟩= |Ia, Ia3 〉 ⊗

∣∣Ib, Ib3

⟩

= α∣∣∣∣Ia + Ib

∣∣ , Ia3 + Ib3

⟩+ ÎČ

∣∣∣∣Ia + Ib

∣∣− 1, Ia3 + Ib3

⟩

+ · · ·+ γ∣∣∣∣Ia − Ib

∣∣ , Ia3 + Ib3

⟩

oĂčα,ÎČ etÎł sont des coefficients de Clebsch-Gordan

α =⟹∣∣Ia + Ib

∣∣ , Ia3 + Ib3

∣∣Ia, Ia3 ; I

b, Ib3⟩

ÎČ =⟹∣∣Ia + Ib

∣∣− 1, Ia3 + Ib3

∣∣Ia, Ia3 ; I

b, Ib3⟩

...

γ =⟹∣∣Ia + Ib

∣∣− 1, Ia3 + Ib3

∣∣Ia, Ia3 ; I

b, Ib3⟩.

Les interactions Ă©lectromagnĂ©tiques brisent la symĂ©trie sous la rotation dans l’espacedes isospin,

[I,He.m.] = 0.Toutefois on a que

[I3,He.m.] = 0.L’Hamiltonien Ă©lectromagnĂ©tique conserve donc la troisiĂšme composante de l’isospinI3. En utilisant

[Q,He.m.] = 0on déduit que (relation Gell-Mann-Nishijima)

[Y,He.m.] = 0.

On a finalement les rÚgles de sélections pour les interactions électromagnétiques sui-vantes

∆I3 = 0 ∆B = 0 ∆Y = 0∆ |I|2 = 0.

Les interactions faibles, pour leur part, ne conservent niI3, ni I2 et, incidemment lesrÚgles de sélection sont

∆ |I|2 = 0 ∆Y = 0 ∆B = 0.

5.3 ÉtrangetĂ© et hypercharge

Historiquement, le nombre quantique Ă©trange fut proposĂ© afin d’expliquer des pro-priĂ©tĂ©s apparemment contradictoires (Ă©tranges) de certaines particules:

1. une production copieuse dans les interactions fortes (∆t ≃ 10−23s) et,

2. une longue vie moyenne (τ ≃ 10−9s) caractĂ©ristique des interactions faibles.

Elles ont donc Ă  la fois des interactions fortes et des interactions faibles mais ne sedĂ©sintĂšgrent pas fortement sinon leurs vies moyennes seraient beaucoup plus courtes.Une rĂšgle de sĂ©lection doit donc s’appliquer. La solution consiste Ă  introduire le nombrequantique appelĂ©Ă©trangetĂ©,S. S est conservĂ© dans les interactions fortes par lesquelles

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Page 114: Marleau.physique Des Particules

102 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

les particules sont produites en paires d’étrangetĂ©opposĂ©e. La dĂ©sintĂ©gration en parti-cules non-Ă©tranges ne peut cependant procĂ©der que par la voie faible ce qui implique quedans les interactions faibles,S n’est pas conservĂ© en gĂ©nĂ©ral.

En fait, les observations ont permis de prĂ©ciser les propriĂ©tĂ©s de ces particulesĂ©t-ranges. ConsidĂ©rons, par exemple, les mĂ©sons qui forment le multipletJP = 0− parmilesquels on peut identifier trois pions(π+, π0, π−), deux doublets de mĂ©sonsK, i.e.(K+,K0

)et

(K0,K−) et deux mĂ©sonsη et ηâ€Č. Ces Ă©lĂ©ments du mĂȘme multiplet se

distinguent par leur dĂ©sintĂ©gration faible. L’étrangetĂ© doit ĂȘtre assignĂ©e de la maniĂšresuivante.

Multiplet JP = 0−(K+,K0

): S = +1

(π+, π0, π−), η, ηâ€Č : S = 0(K0,K−) : S = −1

De la mĂȘme façon, le multipletJP = 12

+compte le doublet(p, n), le triplet(Σ+,Σ0,Σ−),

leΛ0, et le doublet(Ξ0,Ξ−).

Multiplet JP = 12

+

(p, n) : S = 0(Σ+,Σ0,Σ−),Λ0 : S = −1

(Ξ0,Ξ−) : S = −2

L’étrangetĂ© est conservĂ©e additivement (rĂšgle de sĂ©lection∆S = 0) dans les rĂ©actionshadroniques (fortes). Par exemple,

p+ π− → Λ0 +K0 ∆S = 0

→ n+K+ +K− ∆S = 0

9 p+K− ∆S = −1

9 K− +Σ− ∆S = −2.

Par ailleurs, les désintégrations faibles suivantes sont possibles:

Λ0 → p+ π− ∆S = +1

K0 → π+ + π− ∆S = +1

Ξ0 → Λ0 + π0 ∆S = +1

avec des vies moyennes typiques de10−10s. À noter que malgrĂ© l’étrangetĂ©S = −2pourΞ0, son mode de dĂ©sintĂ©gration correspond à∆S = +1. En fait, il s’agit d’uneautre rĂšgle de sĂ©lection observĂ©e dans les interactions faibles,

|∆S| = 1.

Il est souvent pratique d’utiliser le nombre quantique d’hyperchargedĂ©fini comme:

Y = B + S.

PuisqueB etS sont tous deux conservĂ©s dans les interactions fortes, l’hyperchargeestaussi conservĂ©e. La conservation de l’hyperchargeimplique l’invariance de l’Hamilto-nien fort sous une transformation de jauge globale dĂ©finie par

|Ïˆă€‰ â†’âˆŁâˆŁÏˆâ€Č⟩ = e−iY α |Ïˆă€‰

Page 115: Marleau.physique Des Particules

5.4 Autres saveurs 103

avec[Y,Hfort] = 0

oĂčY est le gĂ©nĂ©rateur de la transformation.

5.4 Autres saveurs

Les nombres quantiques charme, bottom et top ont d’abord et avant tout Ă©tĂ© introduitsdans le contexte du modĂšle des quarks Ă  l’origine formĂ© seulement des quarks up (u),down (d) et Ă©trange (s) (voir chapitre 6 pour une discussion dĂ©taillĂ©e du modĂšle desquarks). Mentionnons seulement pour le moment l’existence de ces nouveaux nombresquantiques et des rĂšgles de sĂ©lection associĂ©es.

Charme

MalgrĂ© ses nombreux succĂšs, le modĂšle des quarks original ne permettait pas d’ex-pliquer tous les phĂ©nomĂšnes observĂ©s. Citons pour exemple une rĂ©action dans laquellela charge Ă©lectrique totale est conservĂ©e, mais oĂč l’étrangetĂ© ne l’est pas:

K0 → ”+ ”−

Charge Ă©lectriqueQ 0 = +1 −1ÉtrangetĂ©S −1 = 0 0

(5.6)

Ce type de rĂ©action faible, oĂč un quarks se transforme en quarkd, est permis par lathĂ©orie, Le taux de rĂ©action est toutefois trĂšs faible par rapport Ă  des rĂ©actions similaires,sans raison apparente.

L’addition d’une quatriĂšme saveur de quark, avec la mĂȘme charge Ă©lectrique que lequark up, fut suggĂ©rĂ©e en 1964 par Glashow surtout par soucis de symĂ©trie entre lenombre de quarks et de leptons connus Ă  ce moment. Ce ne fut que quelques annĂ©esplus tard qu’on rĂ©alisa qu’un quatriĂšme quark aurait des rĂ©percussion importantes sur lesprĂ©dictions. Une d’entre-elles est le mĂ©canisme de GIM (Glashow-Illiopoulos-Maiamni1970) qui dĂ©crit les modes de dĂ©sintĂ©gration avec changement d’étrangetĂ©. La consĂ©-quence de l’introduire un quatriĂšme type de quark est de permettre deux voies de dĂ©-sintĂ©grations au quark Ă©trange dans leK0:

s → u → d (5.7)

s → c → d (5.8)La suppression du processusK0 → ”+”− s’explique alors par le fait que les amplitudesde probabilitĂ© associĂ©es aux deux routes possibles interfĂšrent de façon destructive (ets’annulent donc l’une l’autre).

On assigne au quatriĂšme quark (le quark charmĂ©c) un nouveau nombre quantiqueappelĂ© lecharmeC (oĂčC = 1 pour le quarkc etC = −1 pour l’antiquarkc correspon-dant).

La dĂ©couverte en 1974 de la particuleJ/ψ (un Ă©tat liĂ©cc baptisĂ©e ’’charmonium’’)permit de confirmer l’hypothĂšse de Glashow et apporta encore plus de crĂ©dibilitĂ© aumodĂšle des quarks.

© 1997 L. Marleau

Page 116: Marleau.physique Des Particules

104 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

Le charmeC est conservé dans les interactions fortes et électromagnétiques seule-ment:

[C,Hfortes] = 0

[C,He.m.] = 0

et[C,Hfaibles] 6= 0.

Bottom

En 1977, une nouvelle sĂ©rie de rĂ©sonnances fut dĂ©couverte Ă  des Ă©nergies d’environ10 GeV lors de collisionsppĂ  Fermilab. L’interprĂ©tation est la mĂȘme que pour la particuleJ/ψ: il s’agit d’un Ă©tat liĂ©bb, baptisé΄.

On assigne Ă  ce cinquiĂšme quark le nombre quantique appelĂ©bottom ou beauty(‘‘beauté’’) B. Ici, B = 1 pour le quarkb et B = −1 pour l’antiquarkb correspon-dant.

Tout comme pour le charme et l’étrangetĂ©, seules les interactions faibles ne conser-vent pas le nombre quantique bottomB:

[B,Hfortes

]= 0

[B,He.m.

]= 0

et [B,Hfaibles

]6= 0.

Top

TrĂšs rĂ©cemment, l’existence du quarktop t a Ă©tĂ© confirmĂ©e (1995). Mais de fortesprĂ©somptions planaient dĂ©jĂ  depuis quelques temps sur l’existence de ce sixiĂšme quarksurtout Ă  cause d’une possibilitĂ© de symĂ©trie entre quarks et leptons. Ces deux classesde particules sont considĂ©rĂ©es comme Ă©lĂ©mentaires et ponctuelles. Or, il existe au totalsix leptons, qui sont regroupĂ©s en trois doublets par la thĂ©orie des interactions faibles:l’électron et le neutrino Ă©lectronique, le muon et le neutrino muonique, ainsi que le tauonet le neutrino tauonique. Il semblait particuliĂšrement logique et satisfaisant qu’il existe,de la mĂȘme façon, trois doublet de quarks:(u, d), (s, c) et (b, t). Cette symĂ©trie est plusqu’esthĂ©tique puisqu’elle facilite l’annulation des anomalies.

On assigne au quarktop le nombre quantique appelĂ©top outruth (‘‘vĂ©rité’’) T ,T = 1pour le quarkt et T = −1 pour l’antiquarkt. La masse du quark top est trĂšs Ă©levĂ©,i.e. environ 175 GeV. Celui-ci se dĂ©sintĂšgre donc en quarks plus lĂ©gers trĂšs rapidementen moins de10−23s. c’est-Ă -dire en moins de temps qu’il n’en faut pour s’échapper del’intĂ©rieur d’un hadron ou pour former des hadrons (voir rĂ©sonance 111)

Seules les interactions faibles ne conservent pas le nombre quantique bottomT :

[T,Hfortes] = 0

Page 117: Marleau.physique Des Particules

5.5 Conjugaison de la charge 105

[T,He.m.] = 0

[T,Hfaibles] 6= 0.

Relation de Gell-Mann-Nishijima (révisée)

La relation de Gell-Mann-Nishijima se lit comme suit:

Q = I3 +Y

2(5.9)

Elle Ă©tablit la relation entre la troisiĂšme composante d’isospin et la charge Ă©lectriquequi est conservĂ©e dans toutes les interactions. Les interactions faibles, comme on l’a vu,interviennent dans le changement de saveur et donc modifient les nombres quantiquesI3, S, C, B etT sans toutefois modifierQ. En fait, on observe que tout changement desaveur obĂ©it Ă 

∆2I3 + S +C + B + T= 0.

On peut inclure ce dernier résultat dans la relation Gell-Mann-Nishijima (généralisée)

Q = I3 +(B + S +C + B + T )

2ce qui Ă©quivaut Ă  dĂ©finir l’hyperchargepar

Y = B + S +C + B + T

oĂč

B = nombre baryonique

S = nombre d’étrangetĂ©

C = nombre de charme

B = nombre de bottom

T = nombre de top.

Le nombre baryonique est introduit ici pour que la formule s’applique aux multiplets debaryons et de mĂ©sons.

5.5 Conjugaison de la charge

La conjugaison de chargeC Ă©change une particule par son antiparticule dans le mĂȘmeĂ©tat d’impulsion, de position, etc... Dans les faits, cette opĂ©ration inverse le signe descharges et du moment magnĂ©tique de chaque particule.

En mĂ©canique classique, les Ă©quations de Maxwell sont invariantes sous le change-ment de signe deρ etJ, la densitĂ© de charge et de courant, et deE etH.

En mĂ©canique quantique, l’interprĂ©tation deC est donc plus gĂ©nĂ©rale puisque l’é-change particule-antiparticule implique que toutes lescharges quantiques(ou nombresquantiques additifs) tels que les nombre leptonique, baryonique,... changent de signe.

© 1997 L. Marleau

Page 118: Marleau.physique Des Particules

106 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

De façon gĂ©nĂ©rale, l’opĂ©rateur de conjugaison de charge agit sur un Ă©tat|Ïˆă€‰ (parti-cule) en le transformant vers son Ă©tat conjuguĂ© de charge (antiparticule):

C |Ïˆă€‰ =âˆŁâˆŁÏˆ

⟩.

Toutes les particules ne sont pas des Ă©tats propres de la conjugaison de chargeC. Eneffet, un Ă©tat propre deC doit obĂ©ir Ă  l’identitĂ©

C |Ïˆă€‰ = ηC |Ïˆă€‰ ,oĂč ηC est appelĂ© la paritĂ© de charge. Ceci implique queC |Ïˆă€‰ a les mĂȘmes nombresquantiques (ou charge) que|Ïˆă€‰. Les seuls Ă©tats qui rĂ©pondent Ă  cette conditions sontlessystĂšmes vraiment neutres, c’est-Ă -dire les Ă©tats dont toutes charges quantiques et lemoment magnĂ©tique sont nuls. C’est notamment le cas pour le photon et pour les Ă©tatsliĂ©s particule-antiparticule, e.g.

Îł, π0, e−e+, η, . . .

Par ailleurs, le neutron, bien que neutre, possĂšde un moment magnĂ©tique non-nul et doncn’a pas de paritĂ© de charge dĂ©finie.

La conjugaison de charge est, tout comme la parité, une opérateur unitairediscretdont les valeurs propres sont

ηC = ±1.

Parité de charge totale

Tout comme dans le cas de l’opĂ©rateur de rĂ©flexion, la loi de conservation associĂ©e Ă la conjugaison de charge est mutiplicative. Par exemple, pour un systĂšme de particuleslibres: on a

C |a, b, c, . . . z〉 = ηaCηbCη

cC · · · ηcC

∣∣a, b, c, . . . z

⟩.

La parité de charge totale est alors donnée par

ηtotC =

∏

i

ηiC .

Par contre, en prĂ©sence d’interactions la paritĂ© de charge totale reçoit une contribu-tion supplĂ©mentaire associĂ©e au moment angulaire orbital. ConsidĂ©rons l’exemple simpled’un systĂšme constituĂ© d’une paireπ+π− dans un Ă©tat de moment angulaire orbital dĂ©-fini, l. En interchangeant leπ+ et leπ−, on inverse leur vecteur de position relative dontla partie spatiale de la fonction d’onde totale dĂ©pend. Cette derniĂšre opĂ©ration est Ă©qui-valente Ă  une rĂ©flexion appliquĂ©e sur une harmonique sphĂ©rique, et gĂ©nĂšre un facteur dephase de(−)l, i.e.

CâˆŁâˆŁÏ€+π−⟩ = (−)l

âˆŁâˆŁÏ€+π−⟩ .

Le cas des paires de fermions de spin-12 est similaire (e.g.e+e−, qq, ...). Toutefois,

deux facteurs additionnels viennent contribuer:

1. un facteur de(−)s+1 dĂ» Ă  l’échange de la partie spinorielle de la fonction d’onde;

2. un facteur de(−)1 qui apparaĂźt lorsque des fermions ou antifermions sont inter-changĂ©s.

Page 119: Marleau.physique Des Particules

5.5 Conjugaison de la charge 107

La paritĂ© de charge totale s’écrit alors

C∣∣ff

⟩= (−)l(−)s+1(−)1

∣∣ff

⟩

= (−)l+s∣∣ff

⟩

soitηffC = (−)l+s.

Invariance sous CL’opĂ©rateur de conjugaison de charge n’affecte pas les nombres quantiques que sont

la masse, l’impulsion, l’énergie dans les interactions fortes et Ă©lectromagnĂ©tiques, le spinet laisse aussi invariante l’opĂ©ration de conjugaison complexe,K

[C,p] = [C,Hfortes] = [C,Hem] = [C,J] = [C,K] = 0.

Par ailleurs, il inverse le signe de charges Ă©lectriques, baryonique, leptonique, l’étrangetĂ©,l’isospin, et le moment magnĂ©tique, i.e.

C,Q = C, B = C, L = C, S = C, I3 = C,” = 0.

Exemple 5.1

ConsidĂ©rons le proton et l’antiproton reprĂ©sentĂ©s respectivement par|p〉 et |p〉. Le proton et l’an-tiproton sont des Ă©tats propres de charge

Q |p〉 = |p〉

Q |p〉 = − |p〉 .

La conjugaison de charge transforme proton en antiproton

C |p〉 = |p〉

C |p〉 = |p〉

Il en découle naturellement que

CQ |p〉 = C |p〉 = |p〉

QC |p〉 = Q |p〉 = − |p〉

c’est-à-dire(CQ+ CQ) |p〉 = C, Q |p〉 = 0.

Les pions et les photons

Il n’existe que quelques particules qui sont des Ă©tats propres de la conjugaison decharge.

Leπ0, qui est un Ă©tatS = 0 etL = 0 de quarksuu etdd, est un Ă©tatvraiment neutre.Il doit avoir une paritĂ© de chargeηπ

0

C = (−)l+s = 1. Ce rĂ©sultat est effectivement vĂ©rifiĂ©expĂ©rimentalement par l’observation du processus

π0 → Îł + Îł.

1997 L. Marleau

Page 120: Marleau.physique Des Particules

108 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

La conservation de la parité de charge implique dans ce cas

ηπ0

C = (ηγC)2= 1,

quelque soit la paritĂ© de charge du photon.D’autre part, la paritĂ© de charge des photons peut ĂȘtre facilement dĂ©duite des pro-

priĂ©tĂ©s classique du champ Ă©lectromagnĂ©tique. Puisque l’opĂ©ration consiste Ă  inverser lacharge et le moment magnĂ©tique, elle inverse donc les champs Ă©lectrique et magnĂ©tique.Le quadri-vecteurA”(x) = (φ(x),A (x)) se transforme donc suivant

Cφ(x) = −φ(x)

CA (x) = −A (x)

ce qui correspond Ă  un paritĂ© de charge nĂ©gative,ηγC = −1.Cette conclusion est confirmĂ©epar l’absence du mode de dĂ©sintĂ©gration

π0 → Îł + Îł + Îł.

Ce mode implique normalement un couplage Ă©lectromagnĂ©tique de plus et on serait endroit de s’attendre Ă  une suppression

R =σ(π0 → 3Îł)

σ(π0 → 2Îł)= O(αem)

maisR < 3 × 10−8 â‰Ș αem. Si ce mode Ă©tait permis, alors la conservation de la paritĂ©de charge mĂšnerait Ă  une paritĂ© positive pour le photon

ηπ0

C = 1 6= (ηγC)3= ηγC = −1.

SystĂšmes particule-antiparticule

Dans le cas de systĂšmes particule-antiparticule, on peut invoquer le principe de PauligĂ©nĂ©ralisĂ© selon lequel il y a symĂ©trie ou antisymĂ©trie sous l’échange total de particules.Par Ă©change total, on entend Ă©change de leur charge Ă©lectrique, de leur position et de leurspin.

Le positronium procure une vĂ©rification complĂ©mentaire de la conservation de laparitĂ© de charge dans les interactions Ă©lectromagnĂ©tiques. Il s’agit d’un Ă©tat liĂ©e+e− quiressemble beaucoup Ă  l’atome d’hydrogĂšne pour peu qu’on tient compte de la diffĂ©rencede masse rĂ©duite et des effets relativistes. Les Ă©tats liĂ©s peuvent ĂȘtre dĂ©crits par la notationspectroscopique

2S+1LJ ,oĂčS,L etJ sont le spin total, le moment angulaire orbital et le moment angulaire total.La paritĂ© et la paritĂ© de charge pour ces Ă©tats liĂ©s sont donnĂ©es par

ηP = ηe+

P ηe−

P (−)L

ηC = (−)L+S.

Le parapositroniumet l’orthopositroniumsont les Ă©tats1S0 et 3S1 (niveaun = 1,L = 0, S = 0, 1) respectivement et possĂšdent les paritĂ©s de charge+1 et−1. Dans ladĂ©sintĂ©gration de ces Ă©tats en deux photons (η2ÎłC = 1) et trois photons (η3ÎłC = −1), on

Page 121: Marleau.physique Des Particules

5.5 Conjugaison de la charge 109

observe expĂ©rimentalement les modes permis et interdits suivant:1S0 → Îł + Îł

9 Îł + Îł + Îł

3S1 → γ + γ + γ

9 Îł + Îł

en accord avec la conservation de la paritĂ© de charge.Le mĂȘme type de raisonnement s’applique aux systĂšmes quark-antiquark dont la pa-

ritĂ© de charge estηC = (−)L+S.

Par ailleurs, dans les systĂšmes de particule-antiparticule impliquant des pions (e.g.π+π− ouπ0π0) pour lesquelsB = Y = Q = 0, le principe de Pauli gĂ©nĂ©ralisĂ© requiertla symĂ©trie sous l’échange d’oĂč

ηC(−)L = 1ou

ηC = (−)L.Pour un systĂšmeπ0π0, le principe de Pauli ordinaire s’applique puisque lesπ0 sont desparticules identiques et donc

(−)L = +1etL doit ĂȘtre pair. Il en dĂ©coule que

ηπ0π0

C = +1

alors que pourπ+π−

ηπ+π−

C = (−)L.

Violation de CP ou T et ThĂ©orĂšme CPTL’invariance sousCP (action combinĂ©e de la conjugaison de chargeC et d’une rĂ©-

flexionP) n’est en gĂ©nĂ©ral pas respectĂ©e dans les interactions faibles

[CP,Hfaibles] 6= 0.

C’est notamment le cas dans la dĂ©sintĂ©gration deK0 et K0. Cependant, un effort expĂ©-rimental soutenu depuis quelques annĂ©es tente d’analyser l’invariance sousT en raisondu thĂ©orĂšmeCPT .

Le thĂ©orĂšmeCPT dĂ©coule de l’interprĂ©tation des Ă©quations de mouvement relati-vistes en terme de particules et antiparticules. Il est valide pour toute thĂ©orie relativistepour laquelle les particules ne peuvent atteindre une vitesse supĂ©rieure Ă  celle de la lu-miĂšre.

Posons la transformationR = CPT (opération combinée deC ,P et deT ); son effetest:

R :

x” → −x”

Q,B,Le, ... → −Q,−B,−Le, ...Par exemple,R change une particule au repos en son antiparticule au repos. Toutes deuxsont dĂ©crites par la mĂȘme Ă©quation de mouvement si l’invariance sousCPT n’est pas

© 1997 L. Marleau

Page 122: Marleau.physique Des Particules

110 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

brisĂ©e. Elles sont donc caractĂ©risĂ©es par la mĂȘme masse et la mĂȘme vie moyenne. AutresconsĂ©quences: une brisure de l’invariance sousP implique une brisure de l’invariancesousC ouT , ou encore, l’invariance sousCP implique l’invariance sousT , etc...

La démonstration expérimentale duthéorÚmeCPT reste toutefois une question ou-verte malgré les arguments théoriques sur lesquels il est fondé. Voici une liste de quelquestests duthéorÚmeCPT .

aa Limite

Demi-vie (∆ττ )

”− − ”+

π− − π+

K− −K+

< 10−4

< 10−3

< 10−3

Moment magnĂ©tique (∆|”||”| )

e− − e+

”− − ”+< 10−10

< 10−8

Masse (∆mm )

π− − π+

K− −K+

K0 − K0

p− p

< 10−3

< 10−4

< 10−14

< 10−4

5.6 ParitĂ©-GLa conservation de la paritĂ© de charge ne s’applique qu’à un nombre trĂšs limitĂ© de

systĂšmes (les systĂšmes vraiment neutres). Par exemple, considĂ©rons le pion qui existesous trois Ă©tats de charge. Seul leπ0 est un Ă©tat propre de la conjugaison de charge

C∣

âˆŁÏ€0= ∣

âˆŁÏ€0C∣

âˆŁÏ€Â±6= ±∣

âˆŁÏ€âˆ“.D’autre part, on sait que dans les interactions fortes la charge Ă©lectrique n’a aucun effet.Il est donc impossible, du point de vue des interactions fortes seulement, de distinguer leπ0 duπ− ouπ+. On peut donc penser Ă  gĂ©nĂ©raliser le concept de conjugaison de chargede maniĂšre Ă  l’étendre Ă  tous les Ă©tats de charge d’un mĂȘme multiplet, i.e.

G

π+

π0

π−

= ηG

π+

π0

π−

oĂčηG = ±1. Le nouvel opĂ©rateur de paritĂ©-G est dĂ©fini par

G = CeiπI2

oĂč I2 (= σ2) est l’opĂ©rateur associĂ© Ă  la deuxiĂšme composante du vecteur d’isospin.Gest la combinaison de la conjugaison de charge et d’une rotation deπ autour du deuxiĂšmeaxe dans l’espace d’isospin.

ConsidĂ©rons le multiplet de pions. Pour ĂȘtre en mesure d’apprĂ©cier la rotation dansl’iso-espace,eiπI2 , il est plus pratique d’écrire les Ă©tats de charge du pion en terme descomposantes d’isospinI1, I2 etI3, i.e.|π1〉 , |π2〉 et |π3〉 comme

∣

âˆŁÏ€Â±= 1√2(|π1〉 ∓ i |π2〉)

∣

âˆŁÏ€0= |π3〉 .

Page 123: Marleau.physique Des Particules

5.7 RĂ©sonances 111

Alors l’effet d’une rotation sur les Ă©tats est:

eiπI2 |π1〉 = − |π1〉eiπI2 |π2〉 = |π2〉eiπI2 |π3〉 = − |π3〉 .

D’autre part, la conjugaison de charge donne

C |π1〉 = |π1〉C |π2〉 = − |π2〉C |π3〉 = |π3〉 .

En combinant, on obtient

G∣

âˆŁÏ€0= −∣

âˆŁÏ€0G∣

âˆŁÏ€Â±= −∣

âˆŁÏ€Â±soit une paritĂ©-G de−1.

Puisque la paritĂ© de charge et l’isospin sont tous deux conservĂ©s dans les interactionsfortes, la paritĂ©-G l’est aussi.

[G,Hfortes] = 0

[G,He.m.] 6= 0

[G,Hfaibles] 6= 0.

Les interactions électromagnétique et faible ne sont pas invariantes sousG.Tous les multiplets ne sont pas nécessairement des états propres de la parité-G. G

implique une conjugaison de charge dont les Ă©tats propres sont comme on le sait vraimentneutres. Lorsqu’appliquĂ©e sur tout le multiplet, la conjugaison de charge devrait voir lemultiplet globalement comme un objet vraiment neutre. Donc seuls les multiplets dontles charges moyennes sont nulles peuvent ĂȘtre des Ă©tats propres deG.

Q = 0, B = 0, Y = 0

C’est le cas du multiplet du pion dont la paritĂ©-G est -1. Le multiplet des nuclĂ©ons n’apas de paritĂ©-G dĂ©finie.

En gĂ©nĂ©ral, la paritĂ©-G d’un Ă©tat d’isospinI est donnĂ© par

ηG = ηC (−)I.

Par consĂ©quent, les systĂšmes fermion-antifermion (e.g.pp, qq,...) ont un paritĂ©-GηG = ηC (−)L+S+I ,

alors que les systĂšmes boson-antiboson (e.g.π+π−, ρ+ρ−,...) ont un paritĂ©-GηG = ηC (−)L+I .

5.7 RĂ©sonances

Dans des processus impliquant des interactions fortes, on observe des Ă©tats trĂšs in-stables (τ ≀ 10−23s) appelĂ©srĂ©sonances. On les dĂ©tecte par l’analyse des distributionsde masse invariantes oĂč des pics du type Breit-Wigner sont observĂ©s.

© 1997 L. Marleau

Page 124: Marleau.physique Des Particules

112 Chapitre 5 SYMÉTRIES INTERNES ET HADRONS

Considérons par exemple la réaction

π+ + p → π0 + π+ + p. (5.10)

Pendant cette rĂ©action (τ ≀ 10−23s), des Ă©tats intermĂ©diaires peuvent se former (voirfigures 5.1) . Si c’est le cas, la matrice de transition du processus prend la forme

p

+

p

π

∆0π

+π

+p

+

p

π

∆

+π

0π

++

p

+

0

p

π

ρ

+π

π

+

Figure 5.1 Exemple de résonances hadroniques.

T ∌ T0g1g2

si,j −m2 + iΓm

oĂčT0 est la partie de la matrice de transition qui ne dĂ©pend pas de la rĂ©sonance.g1 etg2sont les couplages de la rĂ©sonance avec le reste du processus.m etΓ sont respectivementla masse et la largeur de dĂ©sintĂ©gration de la rĂ©sonance. Finalement, la masse invariantesij des particulesi et j est donnĂ©e par

sij = (pi + pj)2 = M2

ij

oĂč pi et pj sont les impulsions des particules finales. On observe alors un pic dans ledistribution en fonction desij autour de la masse de la rĂ©sonancem.

Page 125: Marleau.physique Des Particules

5.7 RĂ©sonances 113

Dans une rĂ©action impliquant trois particules finales comme dans (5.10), l’espace dephase est dĂ©crit par l’équation (3.29)

Ntot =1

16(2π)3s

∫

ds34ds24

oudNtot

ds34ds24=

1

16(2π)3s.

À moins qu’il y ait une dĂ©pendance explicite de la matrice de transition en fonction des34 et s24 comme dans le cas de pics Ă  la Breit-Wigner, la distribution des Ă©vĂ©nementssuivant les masse invariantess34 ets24 doit ĂȘtre uniforme.

s24 et s34 sont bornĂ©s cinĂ©matiquement. Les limites sont les mĂȘmes que celles dĂ©-crites dans la dĂ©sintĂ©gration Ă  trois corps dĂ©crite dans une section prĂ©cĂ©dente Ă  l’équation(3.31). Le diagramme de la figure 5.2 illustre la rĂ©gion cinĂ©matique permise (partie om-brĂ©e). Icim1 =

√s.

( s34)min

(m −m3)21

(m +m )22 4

(m3+m4)2

( s34)max

(m −m2)21

0 0.3 0.6 0.9 1.2 1.5

1

3

s24 (GeV2)

s34

(G

e V2 )

Figure 5.2 Diagramme de Dalitz: Une distribution uniforme des événements en fonction des

masses invariantes signifie qu’aucune rĂ©sonance n’est observĂ©e. Par ailleurs, si on note que la

distribution de événements est regroupée autour des de certaines valeurs des masses invariantes

s34 ou s24 (partie foncĂ©e), il est possible d’en dĂ©duire la masse et la largeur de dĂ©sintĂ©gration des

résonances. Par exemple, la position et la largeur du pic dans la distribution des événements en

fonction de s34 sont recpectivement m2∆+et Γ∆+ alors que ceux associĂ©s Ă  s24 = sont m2

ρ+et

Γ2ρ+

. (m∆+ = 1232 MeV, Γ∆+ = 115.0 MeV, mρ+ = 768.5 MeV et Γρ+ = 150.7 MeV).

© 1997 L. Marleau

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114 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

Les diagrammes de Dalitz illustrent la distribution des Ă©vĂ©nements en fonction desmasses invariantes. Alors, une distribution uniforme des Ă©vĂ©nements en fonction desmasses invariantes signifie qu’aucune rĂ©sonance n’est observĂ©e. Par ailleurs, si on noteque la distribution de Ă©vĂ©nements est regroupĂ©e autour des masse invariantes (e.g.∆+(1232MeV) et duρ+(768.5 MeV)), il est possible d’en dĂ©duire la masse et la largeur de dĂ©-sintĂ©gration des rĂ©sonances. Dans le cas des rĂ©sonances∆+ etρ+, les pics devraient seretrouver autour des masses

m∆+ = 1232 MeV

mρ+ = 768.5 MeV

et avoir une largeur Ă  mi-hauteur de

Γ∆+ = 115.0 MeV

Γρ+ = 150.7 MeV.

Page 127: Marleau.physique Des Particules

6 LE MODÈLE DES QUARKS

6.1 Introduction

Historique

Le modĂšle des quarks fut Ă  l’origine motivĂ© par deux observations empiriques:

1. Le nombre de leptons connus est limitĂ© Ă  six alors qu’il existe une multitude de ha-drons;

2. La classification de ces hadrons en fonction de leurs nombres quantiques (nombre ba-ryonique, spin, isospin, Ă©trangetĂ©) rĂ©vĂšle l’existence d’une structure (d’une symĂ©trie)sous-jacente.

Nous l’avons dĂ©jĂ  mentionnĂ© au chapitre prĂ©cĂ©dent: on observe expĂ©rimentalementque les hadrons apparaissent en singulets, en octets ou en dĂ©cuplets. En fait, chaquemultiplet est caractĂ©risĂ© par un nombre baryonique, un spin et une paritĂ© dĂ©finis. Parexemple, les multiplets les plus lĂ©gers de baryons(JP = 1

2

+) et de mĂ©sons(JP = 0−)

sont respectivement un octet et un nonet. Il est particuliĂšrement instructif de visualiser cesparticules en fonction de leur nombre quantique d’hypercharge et d’isospin (voirfigures6.1 et 6.2). On note tout de suite que les reprĂ©sentations des multipletsde baryons et demĂ©sons sont dans ce cas-ci trĂšs similaires.

De plus, Ă  l’intĂ©rieur d’un multiplet, les particules de mĂȘme valeur d’étrangetĂ©S ontdes masses approximativement Ă©gales, alors que l’écart de masse correspondant Ă  unintervalle∆S = ∆Y = 1 est une constante d’environ150 MeV.

En 1964, Murray Gell-Mann et George Zweig suggĂ©rĂšrent que les hadrons n’étaientpas vĂ©ritablement des particules Ă©lĂ©mentaires, mais Ă©taient constituĂ©s de composantesplus fondamentales, lesquarks. Pour rendre compte de la variĂ©tĂ© des hadrons connus Ă l’époque, on avait besoin de trois types (troissaveursou parfums) de quarks, que l’onnommaup, down etĂ©trange(respectivementu, d et s). La reprĂ©sentation en multiplets( singulets, octets et dĂ©cuplets) des hadrons peut ĂȘtre dĂ©rivĂ©e de la reprĂ©sentationfonda-mentale(u, d, s) (voir figures 6.3).

Page 128: Marleau.physique Des Particules

ÎŁ (1193)

Λ (1116)Σ Σ

+ 3I

Y

1

-1 1

-1

ÎŁ

Ξ Ξ

0

-

-

0

pn

Λ

N(939)

Ξ(1318)

Figure 6.1 Multiplet de baryons JP = 12

+: la position des baryons est assignée en fonction de

l’hypercharge et l’isospin. La colonne de droite montre la masse moyenne (en MeV) des diffĂ©rents

Ă©tats de charge d’un sous-multiplet d’isospin.

'

+π π

3I

Y

1

-1 1

-1

π 0

-

-

K

η

K(496)

π (138)

η (958) η (549)

K(496)

K

KK

0

8

+

0

η1

Figure 6.2 Multiplet de mĂ©sons JP = 0−: la position des mĂ©sons est assignĂ©e en fonction de

l’hypercharge et l’isospin. La colonne de droite montre la masse moyenne (en MeV) des diffĂ©rents

Ă©tats de charge d’un sous-multiplet d’isospin. On note ici que les Ă©tats propres de masse des parti-

cules η et ηâ€Č diffĂšrent des Ă©tats d’hypercharge-isospin η1 (singulet) et η8 (octet).

Page 129: Marleau.physique Des Particules

u

s

d

3I

Y

1/3

1/2-1/2

-2/3

Figure 6.3 Représentation fondamentale des quarks u, d et s.

Page 130: Marleau.physique Des Particules

118 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

Selon ce modĂšle, les baryons (antibaryons) sont formĂ©s de trois quarks (antiquarks),alors que les mĂ©sons sont formĂ©s d’un quark et d’un antiquark.

Plus tard, la construction d’accĂ©lĂ©rateurs plus puissants a permis de dĂ©couvrir l’exis-tence de deux autressaveursde quarks (charmĂ© c et bottom b). Tout rĂ©cemment, en1995, l’existence d’une sixiĂšmesaveur, le top t, fut confirmĂ©e.

On n’a jamais observĂ© directement de quarks isolĂ©s, mais leur existence physique estsupportĂ©e de façon indirecte par le bombardement de protons et de neutrons par un fais-ceau d’électrons fortement accĂ©lĂ©rĂ©s. DĂšs la fin des annĂ©es ’60, des expĂ©riences menĂ©es Ă l’accĂ©lĂ©rateur linĂ©aire de Stanford rĂ©vĂ©lĂšrent que la distribution angulaire et Ă©nergĂ©tiquedes Ă©lectrons diffusĂ©s Ă©tait en accord avec le modĂšle; les Ă©lectrons semblaient entrer encollision avec des particules ponctuelles chargĂ©es Ă  l’intĂ©rieur des protons et des neut-rons.

Puisque certains aspects du modĂšle des quarks sont mieux compris avec le langage dela thĂ©orie des groupes, la premiĂšre partie de ce chapitre introduit certains concepts utilessur les groupes. Ces concepts peuvent sembler abstraits ou mĂȘme peu utile Ă  prime abord.C’est pourquoi nous tenterons de visualiser chacun de ces concepts dans le contexte d’ungroupe bien connu en mĂ©canique quantique, le groupe qui dĂ©crit le spin et l’isospin,SU(2).

Nous Ă©tablirons aussi le lien entre la reprĂ©sentation du groupeSU(N) et le modĂšledes quarks, pour ensuite construire les fonctions d’onde associĂ©es aux baryons et auxmĂ©sons.

Par la suite, nous considĂ©rerons les extensions du modĂšle original, i.e. l’ajout de troisnouvellessaveurset l’introduction du concept de lacouleur. Certaines propriĂ©tĂ©s sta-tiques (masse, moment magnĂ©tique) des quarks seront Ă©tudiĂ©es, ainsi que leur dynamique(interactions fortes et faibles).

6.2 Théorie des groupes

Commençons par dĂ©crire formellement ce qu’est un groupe.

PropriĂ©tĂ©s gĂ©nĂ©rales d’un groupe

Les groupes de transformation considérés ici sont desgroupes continus, i.e. que lesparamÚtres décrivant les transformations sont des variables continues.

Un groupeG est formĂ© d’un ensemble d’élĂ©ments(a, b, c, ...) et d’une rĂšgle de com-position (notĂ©e ici par le symbole). Il possĂšde les propriĂ©tĂ©s suivantes:

1. Relation de fermeture:Si a etb sont des éléments du groupeG, alorsa b est également un élément deG

∀a, b ∈ G : a b ∈ G. (6.1)

2. Existence d’un Ă©lĂ©ment identitĂ©:Il existe un Ă©lĂ©ment-identitĂ©I tel que pour tout Ă©lĂ©menta deG, la relationa I =

Page 131: Marleau.physique Des Particules

6.2 Théorie des groupes 119

I a = a est satisfaite,

∀a ∈ G, ∃I ∈ G : a I = I a = a. (6.2)

3. Existence d’un Ă©lĂ©ment inverse:Chaque Ă©lĂ©menta du groupe possĂšde un inverse uniquea−1 tel queaa−1 = a−1 a = I,

∀a ∈ G, ∃a−1 ∈ G : a a−1 = a−1 a = I. (6.3)

4. Associativité:Sia, b etc sont des éléments deG, alors la relation(ab)c = a(bc) est satisfaite,

∀a, b, c ∈ G : (a b) c = a (b c). (6.4)

Groupe de Lie (compact)

Les groupes de Lie compacts sont particuliĂšrement utiles en physique des particules(e.g. le groupeSU(2) de l ’isospin). Il sont caractĂ©risĂ©s par des transformations uni-taires continues, c’est-Ă -dire que chaque transformation est dĂ©finiepar un ensemble deparamĂštres continus et une loi de multiplication qui dĂ©pend de maniĂšre monotone desparamĂštres.

Ces transformations sont Ă©quivalentes Ă  une reprĂ©sentation d’opĂ©rateur unitaire

U = eiαaTa

oĂč αa ∈ ℜ aveca = 1, 2, 3, ..., N . Ta sont des opĂ©rateurs hermitiques linĂ©airementindĂ©pendants qui sont souvent identifiĂ©s aux gĂ©nĂ©rateurs du groupe. DansSU(2), Upeut ĂȘtre assimilĂ© Ă  la notion de rotation dans l’espace des spins ou isospins.

ConsidĂ©rons le produit suivant d’élĂ©ments du groupe (pouvant par exemple reprĂ©-senter des rotations infinitĂ©simales successives dans l’espace des spins ou isospins pourSU(2)),

P = eiλTbeiλTae−iλTbe−iλTa

= 1 + λ2 [Ta, Tb] + · · ·oĂčλ est infinitĂ©simal. La propriĂ©tĂ© de fermeture du groupe nous permet d’écrire

P = eiαcTc = 1 + iαcTc + · · ·

Il en dĂ©coule qu’à l’ordreλ2,

λ2 [Ta, Tb] = iαcTc

et qu’en Ă©crivantαc = λ2fabc, on obtient l’identitĂ©

[Ta, Tb] = ifabcTc

qui dĂ©finit l’algĂšbre du groupe. Les quantitĂ©sfabc, appelĂ©es constantes de structure, sontdes paramĂštres constants qui caractĂ©risent chaque groupe.

Les propriĂ©tĂ©s de cyclicitĂ© des gĂ©nĂ©rateurs se traduisent par une identitĂ© trĂšs impor-tante en thĂ©orie des groupes, l’identitĂ© de Jacobi

[Ta, [Tb, Tc]] + [Tc, [Ta, Tb]] + [Tb, [Tc, Ta]] = 0

© 1997 L. Marleau

Page 132: Marleau.physique Des Particules

120 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

ou encorefbcdfade + fabdfcde + fcadfbde = 0.

PourSU(2), la relation de commutation s’écrit

[Ji, Jj ] = iǫijkJk

oĂč on reconnaĂźt le tenseur de Levi-Civita.

Représentations

Pour tout Ă©lĂ©mentx d’un groupe, il existe un opĂ©rateur unitaireD(x). Par ailleurs, sion a deux Ă©lĂ©ments du groupex ety et que

D(x) ·D(y) = D(x · y)alorsD(x) est appelé unereprésentation. De plus, siD est diagonalisable en bloc on ditque la représentation est réductible. Il est donc possible de trouver une matriceS telleque

Dâ€Č = SDS−1

est diagonale en bloc, par exemple

a b c 0 0 0d e f 0 0 0g h i 0 0 00 0 0 j k 00 0 0 l m 00 0 0 0 0 n

.

Dans le cas contraire oĂčD n’est pas diagonalisable en bloc, la reprĂ©sentation est diteirrĂ©ductible. Deux reprĂ©sentations sont particuliĂšrement intĂ©ressantes:

La reprĂ©sentation fondamentale:c’est la plus petite reprĂ©sentation irrĂ©ductible (i.e.qui ne contient pas de sous-espace invariant) et non-triviale du groupe. PourSU(2), ils’agit d’un doublet

X =X1

X2.La représentation adjointe: les constantes de structure du groupe génÚrent elles-

mĂȘmes une reprĂ©sentation, la reprĂ©sentation adjointe, de l’algĂšbre. Posons un ensemblede matrices dĂ©finies par

(Ta)bc ≡ ifabcalors(Ta)bc obĂ©it forcĂ©ment Ă  la relation

[Ta, Tb] = ifabcTc

Ă  cause de l’identitĂ© de Jacobi. De plus, il est facile de prouver que

Tr [TaTb] = λ Ύab

fabc = − i

λTr [[Ta, Tb]Tc] .

PourSU(2), la représentation adjointe est défini par le tenseur de Levi-Civita.

Page 133: Marleau.physique Des Particules

6.2 Théorie des groupes 121

Racine, rang et poids

Puisque les gĂ©nĂ©rateurs d’un groupe dĂ©finissent les transformations, il ne faut pas s’é-tonner qu’un certain nombre de propriĂ©tĂ©s associĂ©es Ă  ce groupe dĂ©coulent directementde l’analyse des gĂ©nĂ©rateurs.

Rang:

On peut tout d’abord diviser les gĂ©nĂ©rateurs d’un groupe en deux ensembles:

1. Les opérateurs hermitiques diagonaux,Hi (e.g.J3 dansSU(2))

2. Les opĂ©rateurs de crĂ©ation et d’annihilihation,Eα (e.g.J± dansSU(2)).

ConsidéronsTa, les générateurs dont les combinaisons linéairesHi aveci = 1, 2, ...,msont diagonales, hermitiques et possÚdent les propriétés suivantes:

1.Hi = CiaTa,

2. [Hi,Hj ] = 0,

3. Tr[HiHj ] = kDÎŽij ,

4.m est le plus grand possible.

Alors, le rangm est le nombre maximum d’opĂ©rateurs hermitiques diagonalisables.Physiquement, ceci correspond aux nombre maximum de nombres quantiques qui dĂ©ter-minent un Ă©tat. DansSU(2) par exemple, le rang est de 1.

Poids:

Posons des Ă©tats caractĂ©risĂ©s par deux quantitĂ©s” et D, le vecteur de poids dontles composantes sont”i et la reprĂ©sentation, respectivement. Sous les opĂ©rateurs hermi-tiquesHi, les Ă©tats propres|”,D〉 deviennent

Hi |”,D〉 = ”i |”,D〉oĂč”i, les poids, sont les valeurs propres deHi.

Puisque dansSU(2), le rang estm = 1, il existe un seul opĂ©rateur hermitique dia-gonalisable qui correspond Ă J3. DĂ©pendant de la reprĂ©sentation (singulet, doublet, tri-plet,...), le vecteur de poids, qui ici ne possĂšde qu’une seule composante, peut prendreles valeurs

” = −J,−J + 1, ...., J − 1, J.La quntitĂ©J , comme on le voit, est le poids le plus Ă©levĂ© de la reprĂ©sentation.

Racines:

Dans la reprĂ©sentation adjointe, chaque Ă©tat correspond Ă  un gĂ©nĂ©rateur du groupe. Ilsont reprĂ©sentĂ©s par la matrice(Ta)bc = −ifabc. En abrĂ©geant la notation on peut Ă©crire

Ta → |Ta〉

© 1997 L. Marleau

Page 134: Marleau.physique Des Particules

122 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

avec un produit scalaire défini par

〈Ta |Tb〉 = λ−1Tr[

T †aTb

]

.

L’action d’un gĂ©nĂ©rateur sur ces Ă©tats est

Ta |Tb〉 = |[Ta, Tb]〉mais alors on connaĂźt dĂ©jĂ  les vecteurs de poids nul puisqu’on sait que les opĂ©rateurshermitiquesHi commutent entre eux

Hi |Hj〉 = |[Hi,Hj ]〉= 0.

Le reste des gĂ©nĂ©rateurs est dĂ©crit par les Ă©tats|Eα〉 tels que

Hi |Eα〉 = αi |Eα〉ce qui correspond au commutateur

[Hi, Eα] = αiEα.

Ces objets ne sont pas nécessairement hermitiques, alors on écrira[

Hi, E†α

]

= −αiE†α

puisqueE†α = E−α.

En normalisant

〈Eα |EÎČ〉 = λ−1Tr[

E†αEÎČ

]

= ΎαÎČ

〈Hi |Hj〉 = λ−1Tr [HiHj ] = ÎŽij .

DansSU(2), E±α = J± est l’opĂ©rateur de crĂ©ation/annihilation etHi = J3 est l’opĂ©-rateur hermitique diagonal.

Les vecteurs de poids,” = α, de la reprĂ©sentation adjointe sont appelĂ©sracines.L’opĂ©rateur de crĂ©ation/annihilation Ă©lĂšve ou abaisse la valeur propre du nouvel Ă©tat

E±α |”,D〉 = N±α,” |”±α,D〉En utilisant ces Ă©tats, on peut prouver que le produit scalaire des vecteurs” etα

α · ” = −p− q

2α2

oĂč p et q sont des entiers. Il en dĂ©coule que le produit scalaire de deux racinesα etÎČobĂ©itt aux relations suivantes

α · ÎČ = −m

2α2

α · ÎČ = −mâ€Č

2ÎČ2

oĂčm etmâ€Č sont des entiers. Mais alors l’angle entre les deux vecteursα etÎČ est

cos2 Ξ =α · ÎČα2ÎČ2 =

mmâ€Č

4.

Page 135: Marleau.physique Des Particules

6.2 Théorie des groupes 123

Le couple d’entiersm etmâ€Č dĂ©finit donc les seuls angles possibles, soient:

(m,mâ€Č) mmâ€Č Ξ

(0,mâ€Č), (m, 0) 0 π2

(1, 1) 1 π3 ,

2π3

(1, 2), (2, 1) 2 π4 ,

3π4

(1, 3), (3, 1) 3 π65π6

(1, 4), (2, 2), (4, 1) 4 0, π

Rotation en 2D — groupe SO(2)

Isomorphe Ă U(1)

Rotation en 3D — groupe SO(3)

Homomorphe Ă SU(2)

Groupe U(1)

U (1) est le groupe le plus simple. Il inclut l’ensemble de tous les facteurs de phasecomplexesU(H) = eiH , oĂčH est un paramĂštre scalaire rĂ©el. La rĂšgle de compositionest la multiplication:

U(H)U(H â€Č) = eiHeiHâ€Č

= ei(H+Hâ€Č)

= U(H +Hâ€Č)

= U(H â€Č)U(H)

À l’instar des groupes de la section suivante, ce groupe est commutatif ou abĂ©lien puisqueces Ă©lĂ©ments commutent.

Groupe SU(N)

Les Ă©lĂ©ments du groupeSU(N) sont reprĂ©sentĂ©s par des matricesN ×N unitaires,dont le dĂ©terminant est Ă©gal Ă  1. Le groupeSU(N) lui-mĂȘme est caractĂ©risĂ© parN2 − 1paramĂštres indĂ©pendants, notĂ©sKi. Les Ă©lĂ©ments du groupe sont reprĂ©sentĂ©s par:

U = eiL = eiKjLj

= ei(K1L1+K2L2+K3L3+···)

© 1997 L. Marleau

Page 136: Marleau.physique Des Particules

124 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

oĂč

j = 1, 2, 3, ..., N2 − 1

Kj = paramÚtres réels

Lj = matricesN ×N hermitiennes,

appeléesgénérateursdu groupe

Les générateurs du groupe obéissent à la relation:

[Li, Lj ] = ifijkLk (6.5)oĂč lesfijk sont les constantes de structure du groupe.

La plus petite représentation irréductible (i.e., qui ne contient pas de sous-espaceinvariant) et non-triviale du groupe est de dimensionN . On la nommereprésentationfondamentaledu groupe:

X =

X1

X2

X3

...XN

. (6.6)

LesN2−1 gĂ©nĂ©rateurs d’un groupeSU(N) peuvent ĂȘtre regroupĂ©s en deux catĂ©gories:

1. les opĂ©rateurs hermitiques diagonaux dont le nombre maximal estN − 1 (le rang estdoncN − 1);

2. les opĂ©rateurs de crĂ©ation et d’annihilation qui sont donc au nombre deN(N − 1).

Le groupeSU(2)

Regroupons maintenant les propriétés du groupeSU(2) décrites plus haut. La repré-sentation fondamentale du groupeSU(2) est un doublet:

X =X1

X2. (6.7)

En fait, tout Ă©tat peut donc ĂȘtre construit comme une combinaison linĂ©aire des deux vec-teurs de base 1

0et01.

Les gĂ©nĂ©rateurs sont proportionnels aux trois matrices de Pauli (i.e.Ji =12σi):

J1 =1

20 1

1 0, J2 =1

20 −i

i 0, J3 =1

21 0

0 −1. (6.8)

On note qu’un seul gĂ©nĂ©rateur est diagonal puisque le rang est de 1.De plus, tout Ă©lĂ©ment deSU(2) peut s’écrire

U(K1,K2,K3) = ei(K1J1+K2J2+K3J3). (6.9)

Une transformation arbitraire deX est alors notée:

Page 137: Marleau.physique Des Particules

6.2 Théorie des groupes 125

X → Xâ€Č = U(K1,K2,K3)X. (6.10)Les constantes de structure deSU(2) sont les composantes du tenseur antisymĂ©trique deLevi-Civita:

fijk = Ç«ijk =

+1 si (ijk) est une permutation paire de(123)−1 si (ijk) est une permutation impaire de(123)0 autrement

(6.11)

Les trois gĂ©nĂ©rateurs peuvent ĂȘtre regroupĂ©s sous la forme:

1. opérateur hermitique diagonal:J3;

2. opĂ©rateur de crĂ©ation:J+ = 1√2(J1 + iJ2);

3. opĂ©rateur d’annihilation:J− = 1√2(J1 − iJ2).

Il est facile de dĂ©montrer queJ± a pour effet d’élever ou de rĂ©duire d’une unitĂ© lavaleur propre deJ3 d’un Ă©tat. Posons un Ă©tat|m〉 tel que

J3 |m〉 = m |m〉 .Alors en utilisant la relation de commutation

[J3, J±] = ±J±

on obtient

J3J± |m〉 = J±J3 |m〉 ± J± |m〉= (m± 1)J± |m〉 .

On en conclut donc que l’étatJ± |m〉 a la valeur propre(m± 1) et correspond Ă  l’état|m± 1〉 . Sur un axe reprĂ©sentant les valeurs propres deJ3 (ou encore les Ă©tats propres),on note l’action des opĂ©rateurs de crĂ©ation et d’annihilation sur les Ă©tats propres (voirfigure 6.4). Ceux-ci qui Ă©levent ou rĂ©duisent les valeurs propres (e.g. spin, isospin,...).

J3

+- JJ

Figure 6.4 Action des opĂ©rateurs de crĂ©ation et d’annihilation sur les Ă©tats propres.

Certains opérateurs commutent avec tous les générateurs du groupe. On les appelleles opérateurs de Casimir. Dans le cas deSU(2), un seul opérateur de Casimir est défini:

C = J2 = J+J− + J−J+ + J23 =σ

22 .Il est facile de déterminer la valeur de cet opérateur. Posons par exemple un état de spin

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Page 138: Marleau.physique Des Particules

126 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

|mmax〉 dont la troisiùme composante est maximale dans le multiplet de spinJ . Alors

J3 |mmax〉 = mmax |mmax〉oĂčmmax = J et l’opĂ©rateur de Casimir qui agit sur cet Ă©tat donne

C |mmax〉 =(

J+J− + J−J+ + J23

)

|mmax〉= mmax (mmax + 1) |mmax〉= J (J + 1) |mmax〉

Le groupeSU(3)

La représentation fondamentale, souvent simplement dénotée par3,du groupeSU(3)est un triplet:

X =

X1

X2

X3

. (6.12)

Tout Ă©tat peut donc ĂȘtre construit comme une combinaison linĂ©aire des trois vecteurs debase

100

,

010

et

001

.

Les huit générateursTa obéissent aux relations

[Ta, Tb] = −ifabcTc

Ta, Tb =1

3ÎŽab + dabcTc

oĂč fabc et dabc sont les constantes de structures symĂ©trique et antisymĂ©trique. On Ă©critsouvent les gĂ©nĂ©rateurs du groupeSU(3) en terme des matrices de Gell-Mann

Ta =λa

2.

Les huit matrices de Gell-Mann sont:

λ1 =1

2

0 1 01 0 00 0 0

, λ2 =1

2

0 −i 0i 0 00 0 0

,

λ4 =1

2

0 0 10 0 01 0 0

, λ5 =1

2

0 0 −i0 0 0i 0 0

,

λ6 =1

2

0 0 00 0 10 1 0

, λ7 =1

2

0 0 00 0 −i0 i 0

,

λ3 =1

2

1 0 00 −1 00 0 0

, λ8 =1√3

1 0 00 1 00 0 −2

.

Il est possible de faire ressortir le sous-groupeSU(2) deSU(3) en Ă©liminant des matrices3× 3 les rangĂ©es et colonnes qui ne contiennent que des zĂ©ros. On retrouve en effet les

Page 139: Marleau.physique Des Particules

6.2 Théorie des groupes 127

deux premiĂšres matrices de Pauli Ă  l’intĂ©rieur deλ1 et λ2, deλ4 etλ5, et deλ6 etλ7,respectivement. Ces trois couples de matrices forment donc respectivement des sous-groupeSU(2) qui sont appelĂ©s le sous-groupe d’isospin (ouI-spin), le sous-groupe deV -spin et le sous-groupe deU-spin.

Les huit gĂ©nĂ©rateurs peuvent encore une fois ĂȘtre regroupĂ©s en deux catĂ©gories:

1. Opérateurs hermitiques diagonaux :

I3 =1

2λ3

Y =1√3λ8.

SU(3) est donc de rang 2.

2. Opérateurs de création/annihilation:

I± =1

2(λ1 ± iλ2)

V± =1

2(λ4 ± iλ5)

U± =1

2(λ6 ± iλ7).

De la mĂȘme façon qu’on identifie le couple d’opĂ©rateurs de crĂ©ation/annihilation deSU(2) Ă  des opĂ©rateurs de transformation entre les quarksu et d, on peut aussi as-socier les opĂ©rateurs de crĂ©ation/annihilation deSU(3) Ă  des opĂ©rateurs de transfor-mation pour les couples suivants:

I± : (u, d)

V± : (d, s)

U± : (u, s).

souvent appelĂ©sI−spin,V−spin etU−spin respectivement.

Les vecteurs de base ont les valeurs propres suivantes:

100

010

001

I312 −1

2 0Y 1

313 −2

3

Les vecteurs de base de la reprĂ©sentation fondamentale3 sont souvent reprĂ©sentĂ©s parleur position sur undiagramme de poidsdont les axes correspondent aux valeurs desopĂ©rateursI3 etY (voir figure 6.5). De façon gĂ©nĂ©rale, les reprĂ©sentations irrĂ©duc-tibles de dimension supĂ©rieure sont obtenu en combinant la reprĂ©sentation fondamentale.Les opĂ©rateurs deI−spin,V−spin etU−spin (crĂ©ation/annihilation) permettent de sedĂ©placer sur le diagramme de poids (voir figure 6.6).

Dans le cas deSU(3), l’opĂ©rateur de Casimir est dĂ©fini:

C = TaTa =

1

2(I+I− + I−I+) + I23 +

1

2(U+U− + U−U+)

© 1997 L. Marleau

Page 140: Marleau.physique Des Particules

128 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

3I

Y

1/3

1/2-1/2

-2/3

Figure 6.5 Diagramme de poids des vecteurs de base de la représentation fondamentale deSU(3).

3I

Y

1

-1 1

-1

I-spin

U-spin V-spin

Figure 6.6 Diagramme de poids de l’octet: on note l’action des opĂ©rateurs de crĂ©ation/annihilation.

Page 141: Marleau.physique Des Particules

6.3 Quarks et Représentations SU(N) 129

+1

2(V+V− + V−V+) +

3

4Y 2.

On peut dĂ©terminer la valeur de cet opĂ©rateur en considĂ©rant un Ă©tat|χmax〉 dont la troi-siĂšme composante d’isospin (I3) et d’hypercharge (Y ) sont Ă  leur valeurs maximalesdans le multiplet. Alors

I3 |χmax〉 = mmax |χmax〉Y |χmax〉 = Ymax |χmax〉

et l’opĂ©rateur de Casimir qui agit sur cet Ă©tat donne

C |χmax〉 =(

I23 + 2I3 +3

4Y 2

)

|χmax〉 .

Les constantes de structure deSU(3) sont quant à elles données par:

f123 = 1 (6.13)

f147 = f246 = f257 = f345 = f516 = f637 =1

2(6.14)

f458 = f678 =

√3

2. (6.15)

alors quefijk = −fjik = −fikj fiij = fijj = 0.

6.3 Quarks et Représentations SU(N)

Lien entre représentation SU(N) et modÚle des quarks

Du point de vue mathĂ©matique, l’idĂ©e de base derriĂšre le modĂšle des quarks estd’identifier les composantes de la reprĂ©sentation fondamentale d’un groupe avec lesdiffĂ©rentes saveurs de quarks. Ainsi, si on ne regardait que les multiplets d’isospin, ilserait appropriĂ© de considĂ©rer le groupeSU(2):

SU(2) : X =

(

X1

X2

)

=

(

ud

)

(6.16)

qui nécessite seulement deux quarks.Cependant, les hadrons sont en général décrit par deux étiquettes: la troisiÚme com-

posante d’isospin et l’hypercharge. Ceci implique donc un groupe de rang 2 (deux opĂ©-rateurs hermitiques, donc deux valeurs propres rĂ©elles). Le choix du groupe pointe toutnaturellement vers une extension du groupe d’isospin, c’est-Ă -dire le groupeSU(3) dontla reprĂ©sentation fondamentale est un triplet,

SU(3) : X =

X1

X2

X3

=

uds

, (6.17)

formé de trois quarks.

© 1997 L. Marleau

Page 142: Marleau.physique Des Particules

130 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

Les états physiques (baryons et mésons) sont obtenus à partir des représentations dedimension supérieure.

1. Baryons:Les baryons sont des Ă©tats Ă  trois quarks. Dans le modĂšle original Ă  trois saveurs, onforme donc le produit de la reprĂ©sentation3 avec elle-mĂȘme:

3⊗ 3⊗ 3 = 27 (6.18)

Cette nouvelle représentation (à laquelle on associe 27 états) est cependant réductible.Elle peut se décomposer en représentations irréductibles, sous la forme:

3⊗ 3⊗ 3 = 10⊕ 8⊕ 8â€Č ⊕ 1 (6.19)

En couplant les trois triplets originaux, on peut donc former un dĂ©cuplet10, 2 octets8⊕ 8â€Č et un singulet1 ( i.e., les multiplets d’isospin et d’étrangetĂ©)

2. MĂ©sons:Les mĂ©sons sont formĂ©s d’un quark et d’un antiquark. Notant3 la reprĂ©sentationconjuguĂ©e Ă 3, on obtient:

3⊗ 3 = 8⊕ 1 (6.20)Cette fois-ci, les reprĂ©sentations irrĂ©ductibles formĂ©es sont un octet et un singulet.

Chaque multiplet formĂ© est caractĂ©risĂ© par ses propriĂ©tĂ©s de symĂ©trie: il est symĂ©t-rique, antisymĂ©trique ou Ă  symĂ©trie mixte sous l’échange de deux de ses composantes.

Représentations irréductibles et Tableaux de Young

Les rĂ©sultats prĂ©cĂ©dents sur les reprĂ©sentations irrĂ©ductibles ont Ă©tĂ© citĂ©s sans plusd’explications. On est en droit de se demander d’oĂč viennent ces rĂ©sultats. Pourquoi27

est-il réductible? etc...En général, la combinaisons des représentations et leurs propriétésne sont pas évidente à premiÚre vue.

Mais revenons tout d’abord sur les reprĂ©sentatinos irrĂ©ductibles deSU(3). Nousconnaissons dĂ©jĂ  le triplet

Xi

et l’octet qui peut s’écrire comme le produit de deux triplets oĂč on s’est assurĂ© que latrace est nulle, i.e.

Xij = XiXj −1

3ÎŽijXkXk.

De maniÚre plus générale, on construit des multiplets de représentation irréductible enutilisant la procédure suivante:

1. Construire les tenseursXj1···jqi1···ip en général comme des produits de la représentation

fondamentaleXi.

2. Symétriser par rapport aux indicesi1 · · · ip et j1 · · · jq.

3. Soustraire les traces de maniĂšre Ă  ce que la contraction des indices du tenseur soit

Page 143: Marleau.physique Des Particules

6.3 Quarks et Représentations SU(N) 131

nulleÎŽi1j1X

j1···jqi1···ip = 0.

Le tenseur qui en résulte forme alors une représentation irréductibleXj1···jqi1···ip caracté-

risée par les entiers(p, q). Il est facile de trouver la dimension de cette représentation encalculant le nombre de composantes indépendantes de ce tenseur. Rappelons que chaqueindiceia oujb ne peut prendre que trois valeurs (1, 2 ou 3) dans le groupeSU(3). Alorsle nombre de façon de combiner les indicesi1 · · · ip coresponds aux nombres de combi-naisons (

p

2

)=

(p+ 2)!

p!2!=

(p+ 2) (p+ 1)

2.

Il y a donc

N (p, q) =(p+ 2) (p+ 1) (q + 2) (q + 1)

4combinaisons différentes du tenseurX

j1···jqi1···ip en général. Mais la condition de trace nulle

impose que tous les tenseurs constractĂ©s d’un indice sont nuls. AprĂšs contraction, il nereste queN (p− 1, q − 1)combinaisons diffĂ©rentes pourXi1···jq

i1···ip qui sont alors tous nuls.Le nombre de degré de liberté ou la dimension du tenseur est donc

D(p, q) = N (p, q)−N (p− 1, q − 1)

= (p+ 1) (q + 1)

(p+ q

2+ 1

).

On peut donc caractĂ©riser les reprĂ©sentatoin deSU(3) par le couple d’entiers(p, q).

Représentation(p, q) DimensionD(p, q)

(0, 0) 1 : singulet(1, 0) 3 : triplet(0, 1) 3 : triplet(1, 1) 8 : octet(3, 0) 10 : décuplet(2, 2) 27

Par dĂ©duction, il nous a Ă©tĂ© possible de construire des reprĂ©sentations de dimensionssupĂ©rieures en prenant des produits directs de la reprĂ©sentation fondamentale. Les pro-priĂ©tĂ©s de rĂ©ductibilitĂ© des reprĂ©sentations n’a toutefois pas Ă©tĂ© abordĂ©. Heureusement,il existe des mĂ©thodes systĂ©matiques pour construire reprĂ©sentations irrĂ©ductibles et endĂ©terminer les symĂ©tries dont la plus simple est sans nul doute la mĂ©thode destableauxde Young.Elle procĂšde comme suit:

On identifie d’abord la reprĂ©sentation fondamentaleN du groupe par une case et lareprĂ©sentation fondamentale conjuguĂ©eN par une colonne deN − 1 cases:

N : (6.21)

© 1997 L. Marleau

Page 144: Marleau.physique Des Particules

132 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

N :

...

(6.22)

On forme les représentations de dimension supérieure en juxtaposant de toutes les façonspossibles ces cases, tout en respectant les conditions suivantes:

1. Le nombre de cases par colonne doit aller en ordre décroissant vers la droite.

2. Le nombre de cases par ligne doit aller en ordre décroissant vers le bas.

On pourrait assigner Ă  chacune des cases une Ă©tiquette (e.g.a, b, c....). Alors unereprĂ©sentation (par exemple, un tenseur portant les Ă©tiquettesa, b, c....) est dĂ©terminĂ©epar les Ă©tiquettes du tableau de Young. La reprĂ©sentation est alors antisymĂ©trique parrapport Ă  l’échange de deux Ă©tiquettes d’une mĂȘme colonne et symĂ©trique par rapport Ă l’échange de deux Ă©tiquettes d’une mĂȘme ligne.

Exemple 6.1

3⊗ 3 = 3⊕ 6

⊗ = ⊕ (6.23)

Exemple 6.2

3⊗ 3 = 1⊕ 8

⊗ = ⊕ (6.24)

Exemple 6.3

3⊗ 3⊗ 3 = 1⊕ 8⊕ 8â€Č ⊕ 10

⊗ ⊗ =

(⊕

)⊗

=

⊕

⊕

(⊕

)

On peut associer à chacune des combinaisons de cases (i.e., à chacun des tableaux deYoung) obtenues ci-haut une représentation irréductible. On détermine dans chaque casleur état de symétrie et leur dimension grùce aux rÚgles suivantes:

Symétrie:

On pourrait assigner à chacune des cases une étiquette (e.g.a, b, c....). Alors une re-présentation (par exemple, un tenseur portant les étiquettesa, b, c....) est déterminée par

Page 145: Marleau.physique Des Particules

6.3 Quarks et Représentations SU(N) 133

les Ă©tiquettes du tableau de Young. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, une reprĂ©sentation est alors anti-symĂ©trique par rapport Ă  l’échange de deux Ă©tiquettes d’une mĂȘme colonne et symĂ©triquepar rapport Ă  l’échange de deux Ă©tiquettes d’une mĂȘme ligne.

Regardons de nouveau le premier exemple,3⊗ 3 = 3⊕ 6. Si la reprĂ©sentation fon-damentale est dĂ©crite par le vecteurφa et la reprĂ©sentation conjuguĂ©e parφb, alors lacombinaison de deux reprĂ©sentations fondamentale peut s’écrire

φaφb =1

2(φaφb − φaφb) +

1

2(φaφb + φaφb)

= Aab + Sab

oĂč Aab et Sab sont antisymĂ©trique et symĂ©trique sousa ↔ b et de dimensions 3 et 6respectivement.

Aab =1√2(φaφb − φaφb)

Sab =1√2(φaφb + φaφb)

Les tableaux de Young nous permettent d’obtenirotenir ces rĂ©sultats sans construireexplicitement les reprĂ©sentations. En assignant cette fois-ci des Ă©tiquettes Ă  chaque case:

a ⊗ b =ab

⊕ a b (6.25)

oĂč la reprĂ©sentationab

est le triplet conjugué3 (dimension 3) antisymétrique sous

a ↔ b alors que a b est le sextuplet6 (dimension 6) symĂ©trique sousa ↔ b.Les tableaux de Young comportant une seule ligne sont associĂ©s Ă  une reprĂ©sentation

complÚtement symétrique. Les tableaux de Young comportant une seule colonne sontassociés à une représentation complÚtement antisymétrique. Les autres tableaux corres-pondent quant à eux à des symétries mixtes. Par exemple, si on assigne au tableau suivantles indicesa, b et c :

a bc

(6.26)

alors la reprĂ©sentation correspondante sera symĂ©trique par rapport Ă  l’échange des indicesa etb mais, antisymĂ©trique par rapport Ă  l’échange des indicesa et c.

Dimension d’une reprĂ©sentation

La dimension d’une reprĂ©sentation est donnĂ©e par le rapport de deux nombres, quisont Ă©valuĂ©s comme suit:

1. NumĂ©rateur: Pour calculer le numĂ©rateur, on associe d’abord le nombreN (dimen-sion du groupeSU(N)) Ă  la premiĂšre case en haut Ă  gauche et aux autres cases de ladiagonale. On associe les nombresN + 1, N + 2, N + 3, ... aux cases suivantes etles nombresN − 1, N − 2, N − 3, ... aux cases prĂ©cĂ©dentes sur chacune des lignes.Le numĂ©rateur est alors donnĂ© par le produit de tous ces nombres.

2. DĂ©nominateur: À partir de chacune des cases du tableau, on trace une ligne versla droite et une ligne vers le bas, puis on compte le nombre total de cases croisĂ©es

© 1997 L. Marleau

Page 146: Marleau.physique Des Particules

134 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

par ces deux lignes. On répÚte pour chacune des cases du tableau et on obtient ledénominateur en faisant le produit de tous ces nombres.

Exemple 6.4Prenons le tableau de Young suivant:

N N + 1 N + 2

N − 1 N

N − 2 N − 1

(6.27)

alors le numérateur est donné par

N · (N + 1) · (N + 2) · (N − 1) ·N · (N − 2) · (N − 1) (6.28)

Le calcul du dénominateur assigne les nombres suivants à chacune des cases:

5 4 1

3 22 1

(6.29)

alors le dénominateur est donné par

5 · 4 · 1 · 3 · 2 · 2 · 1 (6.30)

La dimension de la représentation est alors

D =N2 · (N + 1) · (N + 2) · (N − 1)2 · (N − 2)

5 · 4 · 1 · 3 · 2 · 2 · 1(6.31)

Exemple 6.5Pour prendre un exemple concret, considĂ©rons les reprĂ©sentations obtenues par le produit3⊗3⊗3:

⊗ ⊗ = ⊕ ⊕ ⊕ (6.32)

1. États complĂštement symĂ©trique (S):

(6.33)

Ici, la dimension est donnée par

D =N · (N + 1) · (N + 2)

3 · 2 · 1

=3 · 4 · 5

3 · 2 · 1= 10

et correspond donc à un décuplet complÚtement symétrique.

2. États Ă  symĂ©trie mixte (M):

(6.34)

Le calcul de la dimension donne

D =N · (N + 1) · (N − 1)

3 · 1 · 1

=3 · 4 · 2

3 · 1 · 1= 8

ce qui correspond à un octet à symétrie mixte.

Page 147: Marleau.physique Des Particules

6.3 Quarks et Représentations SU(N) 135

3. États complĂštement antisymĂ©trique (A):

(6.35)

Le calcul de la dimension donne

D =N · (N − 1) · (N − 2)

3 · 2 · 1

=3 · 2 · 1

3 · 2 · 1= 1

ce qui correspond à un singulet complÚtement antisymétrique.

Finalement on a de façon schématique:

3⊗ 3⊗ 3 = 10S⊕8M⊕8â€Č

M ⊕ 1A (6.36)

Construction des fonctions d’onde

Baryons

ConsidĂ©rons maintenant plus en dĂ©tail la façon dont on forme les fonctionsd’ondeassociĂ©es aux baryonsSU(3), obtenus par combinaison de 3 quarks de 3 saveurs diffĂ©-rentes(u, d, s).

Le systùme de 3 quarks, chacun provenant d’un triplet3 de saveur deSU(3), estconstruit par la combinaison

3⊗ 3⊗ 3.

Par la méthode des tableaux de Young, on détermine les représentations irréductiblesgénérées par ces combinaisons:

⊗ ⊗ = ⊕ ⊕ ⊕ (6.37)

c’est-à-dire,

3⊗ 3⊗ 3 = 10S ⊕ 8M ⊕ 8â€ČM ⊕ 1A (6.38)

Les 27 Ă©tats sont reprĂ©sentĂ©s dans les tableaux suivants. Il est alors facile d’associerĂ  chacun de ces Ă©tats un baryons. Le dĂ©cuplet10S correspond aux particules avecJP =32

+

1997 L. Marleau

Page 148: Marleau.physique Des Particules

136 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

3 particulesSU(3), états symétriques (JP = 32

+)

Constituants 10S

∆++(uuu) uuu∆+(uud) 1√

3(uud+ udu+ duu)

∆0(udd) 1√3(udd+ dud+ ddu)

∆−(ddd) dddΣ∗+(uus) 1√

3(uus+ usu+ suu)

Σ∗0(uds) 1√6(uds+ dsu+ sud+ usd+ sdu+ dus)

Σ∗−(dds) 1√3(dds+ dsd+ sdd)

Ξ∗0(uss) 1√3(uss+ sus+ ssu)

Ξ∗−(dss) 1√3(dss+ sds+ ssd)

Ω−(sss) sss

(6.39)

Le diagramme de poids du décuplet10S est illustré à la figure 6.7

*

*

Ξ-*

ÎŁ +3

I

Y

1

1/2-1/2

-2

3/2-3/2

-1

∆ ∆∆ ∆

ÎŁÎŁ

Ξ

Ω

-+++

0-

0

-

0

* * *

*

ÎŁ (1385)

Ξ (1534)

Ω(1672)

∆ (1232)

Figure 6.7 Diagramme de poids du décuplet de baryon.

L’octet 8M correspond aux particules avecJP = 12

+

Page 149: Marleau.physique Des Particules

6.3 Quarks et Représentations SU(N) 137

3 particulesSU(3), Ă©tats mixtes (JP = 12

+)

Constituants 8M

p(uud) 1√2(ud− du)u

n(udd) 1√2(ud− du) d

Σ+(uus) 1√2(us− su)u

Σ0(uds) 12 (dsu+ usd− s (ud+ du))

Σ−(dds) 1√2(ds− sd) d

Λ0(uds) 1√12

(s (du− ud) + usd− dsu− 2 (du− ud) s)

Ξ−(dss) 1√2(ds− sd) s

Ξ0(uss) 1√2(us− su) s

(6.40)

Le diagramme de poids du8M est illustrĂ© Ă  la figure 6.8 L’octet8â€ČM correspond Ă  des

ÎŁ (1193)

Λ (1116)Σ Σ

+ 3I

Y

1

-1 1

-1

ÎŁ

Ξ Ξ

0

-

-

0

pn

Λ

N(939)

Ξ(1318)

Figure 6.8 Diagramme de poids de l’octet de baryon.

baryons plus lourds.

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Page 150: Marleau.physique Des Particules

138 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

3 particulesSU(3), Ă©tats mixtes

Constituants 8M,S

uud 1√6((ud+ du)u− 2uud)

udd − 1√6((ud+ du) d− 2ddu)

uus 1√6((us+ su)u− 2uus)

uds 1√12

(s (du+ ud) + dsu+ usd− 2 (ud+ du) s)

dds 1√6((ds+ sd) d− 2dds)

uds 12 (dsu− usd+ s (du− ud))

dss − 1√6((ds+ sd) s− 2ssd)

uss − 1√6((us+ su) s− 2ssu)

(6.41)

Finalement, le singulet1A correspond à la particulesΛ(1405)

3 particulesSU(3), états antisymétriques

Constituants 1A

usd 1√6(s (du− ud) + (usd− dsu) + (du− ud) s)

(6.42)

MĂ©sons pseudo-scalaires

Les mĂ©sons sont construits par la combinaison de quarks et d’antiquarks (avec desspins anti-alignĂ©s et moment orbitall = 0) qui correspond aux reprĂ©sentions fondamen-tale et Ă  son conjuguĂ© (e.g.3⊗ 3 pourSU(3)).

Par la méthode des tableaux de Young, on obtient les représentations irréductiblessuivantes:

⊗ = ⊕ (6.43)

soit3⊗ 3 = 1A ⊕ 8M (6.44)

c’est-Ă -dire un singulet antisymĂ©trique dans l’échange de saveurs et un octet symĂ©trique.

Il est donc possible de reconstituer les Ă©tats comme suit: L’octet8M

particule-antiparticule dansSU(3), Ă©tats mixtes

Constituants 8M

π+(du) duπ0(uu, dd) 1√

2(uu− dd)

π−(ud) udK+(su) suK0(sd) sdK0(ds) dsK−(us) us

η8(uu, dd, ss)1√6

(uu+ dd− 2ss

)

(6.45)

Page 151: Marleau.physique Des Particules

6.3 Quarks et Représentations SU(N) 139

et le singulet1A

particule-antiparticule dansSU(3), états antisymétriques

Constituants 1A

η1(uu, dd, ss)1√3

(uu+ dd+ ss

) (6.46)

Le diagramme de poids de l’octet et du singulet de mĂ©sons pseudo-scalaires i.e. de spinet paritĂ©JP = 0− est illustrĂ© Ă  la figure 6.9

'

+π π

3I

Y

1

-1 1

-1

π 0

-

-

K

η

K(496)

π (138)

η (958) η (549)

K(496)

K

KK

0

8

+

0

η1

Figure 6.9 Diagramme de poids de l’octet et du singulet de mĂ©sons JP = 0+.

On note que les Ă©tatsη1 et η8 qui proviennent du singulet et de l’octet respective-ment ont les mĂȘmes nombres quantiques et sont formĂ©s des mĂȘmes quarks. La seulepropriĂ©tĂ©s qui les distingue est la symĂ©trie sous le changement de saveurs. Dans un telcas, il est possible que les Ă©tat propres de masse notammentη(549) etηâ€Č(958) soient descombinaisons linĂ©aires deη1 etη8. Alors, on peut Ă©crire

∣∣∣∣ηηâ€Č

⟩= R

∣∣∣∣η1η8

⟩ou

∣∣∣∣η1η8

⟩= R−1

∣∣∣∣ηηâ€Č

⟩

oĂčR est une matrice de mĂ©lange (rotation) dĂ©finie par

R =

(cos ξP sin ξP− sin ξP cos ξP

).

Lorsque l’Hamiltonien au repos (masse) est diagonal pour les Ă©tats propres de massesobĂ©issent Ă  ⟹

ηηâ€Č

∣∣∣∣H∣∣∣∣ηηâ€Č

⟩=

⟚ηηâ€Č

∣∣∣∣(

m2η 0

0 m2ηâ€Č

)∣∣∣∣ηηâ€Č

⟩

alors que la mĂȘme valeur moyenne, mais cette fois Ă©valuĂ©e en utilisant les Ă©tatsη1 etη8comme base s’écrit⟹

η1η8

∣∣∣∣H∣∣∣∣η1η8

⟩=

⟚η1η8

∣∣∣∣(

m211 m2

18

m281 m2

88

)∣∣∣∣η1η8

⟩

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Page 152: Marleau.physique Des Particules

140 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

=

⟚ηηâ€Č

Rm211 m2

18

m281 m2

88R−1

ηηâ€Č ⟩.

Il en découle quem218 = m2

81 et

m2η = m2

11 cos2 ξP − 2m2

18 cos ΞP sin ΞP +m288 sin

2 ΞP

m2ηâ€Č = m2

11 sin2 ΞP + 2m2

18 cos ΞP sin ΞP +m288 cos

2 ΞP

0 = (m211 −m2

88) cos ξP sin ξP +m218sin2 ξP − cos2 ξP

En Ă©liminantm211 et m2

18 des relations prĂ©cĂ©dentes, on obtient une expression pourl’angle de mĂ©lange

tan2 ΞP =m2

88 −m2η

m2ηâ€Č −m2

88

.

De plus

tan ΞP =m2

88 −m2η

m218

ce qui implique queΞP > 0. On trouve expérimentalementΞP = 11o.

MĂ©sons vectoriels

Les mésons vectoriels sont formés de paires quark-antiquark avec des spin alignés etmoment orbitall = 0.

Un diagramme de poids similaire peut servir Ă  illustrer les mĂ©sons vectoriels, i.e. despin et paritĂ©JP = 1− (voir figure 6.10) On note encore une fois que les Ă©tatsφ1 et

*

φ

-*K

φ1

+ρ

3I

Y

1

-1 1

-1

ρ 0ρ -

K (982)

ρ(770)

φ (1020) ω(783)

K (982)

+K0* K*

K0*

*

8

Figure 6.10 Diagramme de poids de l’octet et du singulet de mĂ©sons JP = 0+.

φ8 qui proviennent du singulet et de l’octet respectivement ont les mĂȘmes nombres quan-tiques et sont formĂ©s des mĂȘmes quarks. Il y a donc possibilitĂ© de mĂ©lange tout comme

Page 153: Marleau.physique Des Particules

6.4 Couleur 141

dans le cas des mésons pseudo-scalaires. De façon analogue, on obtient les relations

tan2 ΞV =m2

88 −m2φ

m2ω −m2

88

avec

tan ΞV =m2

88 −m2φ

m218

ExpĂ©rimentalement,ΞV ≈ 40o Mais rappelons que

φ1 =1√3

(uu+ dd+ ss

)

φ8 =1√6

(uu+ dd− 2ss

)

Le mélange implique donc que

φ = φ1 cos ΞV + φ8 sin ΞV

=1√3

(uu+ dd+ ss

)cos ΞV +

1√6

(uu+ dd− 2ss

)sin ΞV

ω = −φ1 sin ΞV + φ8 cos ΞV

= − 1√3

(uu+ dd+ ss

)sin ΞV +

1√6

(uu+ dd− 2ss

)cos ΞV

ConsidĂ©rons le cas dumĂ©lange idĂ©al: Poursin ΞV = 1√3, le contenu deφ est purement

dĂ» au quark Ă©trange alors queω est constituĂ© de quarku etd:

φ =1√3

(φ1 −

√2φ8

)= ss

ω =1√3

(√2φ1 + φ8

)=

1√2

(uu+ dd

).

6.4 Couleur

L’introduction de lacouleur comme nombre quantique supplĂ©mentaire pour dĂ©crireun quark avait pour but de rĂ©soudre un paradoxe. En effet, les quarks possĂ©dant un spindemi-entier, il est naturel de les considĂ©rer comme des fermions. Mais alors le principed’exclusion de Pauli semblerait suggĂ©rer que des hadronsexotiquestels que le∆++et leΩ− ne peuvent exister. Ils consistent respectivement de trois quarksu et de trois quarksset possĂšdent un spin Ă©gal Ă 3

2 . Les spins des trois quarks sont donc nĂ©cessairement alignĂ©s,ce qui implique qu’ils possĂšdent tous les trois les mĂȘmes nombres quantiques. La seulefaçon de rĂ©soudre ce paradoxe sans modifier profondĂ©ment le modĂšle des quarks est depostuler l’existence d’une dĂ©gĂ©nĂ©rescence supplĂ©mentaire. Le nombre quantique associĂ©Ă  cette dĂ©gĂ©nĂ©rescence fut nommĂ©ecouleur.

Groupe SU(3) de Couleur

© 1997 L. Marleau

Page 154: Marleau.physique Des Particules

142 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

En supposant l’existence de trois couleurs diffĂ©rentes (rouge, vert et bleu), on peutposer une rĂšgle simple qui assure qu’aucun quark isolĂ© ne puisse ĂȘtre observĂ©:

Tous les Ă©tats observables doivent ĂȘtre des singulets de couleur — aucun multiplet dedimension supĂ©rieure n’est permis.

Un tel singulet peut ĂȘtre construit de deux façons: en combinant un quark colorĂ© avecun antiquark possĂ©dant l’anticouleur correspondante (chacun des trois couleurs Ă©tant Ă©ga-lement reprĂ©sentĂ©es) ou encore en combinant trois quarks ou antiquarks de couleurs diffĂ©-rentes (un rouge, un vert et un bleu).

Cette rĂšgle s’inscrit Ă  l’intĂ©rieur d’une thĂ©orie de jauge basĂ©e sur la couleur: la chro-modynamique quantique (ou QCD). Comme toute thĂ©orie de jauge, elle est fondĂ©e sur unpostulat d’invariance: lemondeest invariant sous une transformation locale de couleur.Le groupe de symĂ©trie associĂ© Ă  cette transformation est le groupeSUc(3), oĂč l’indicecsert Ă  le distinguer du groupeSU(3) de saveur.

Contrairement Ă  la symĂ©trie de saveur, qui est une symĂ©trie brisĂ©e (en raison de ladiffĂ©rence de masse entre les quarks up, down et Ă©trange) et globale, la symĂ©trieSUc(3)est une symĂ©trie exacte etlocale. Parlocale, on entend que la transformation considĂ©rĂ©edĂ©pend de l’espace et du temps. Les particules qui assurent la symĂ©trie locale de couleursont au nombre de huit et sont nommĂ©esgluons.

Par exemple, un quark donnĂ© peut changer de couleur indĂ©pendamment des autresquarks qui l’entourent, mais chaque transformation doit obligatoirement s’accompagnerde l’émission d’un gluon (de la mĂȘme façon qu’un Ă©lectron changeant de phase Ă©met unphoton). Le gluon Ă©mis se propage et est rĂ©absorbĂ© par un autre quark dont la couleurvariera de telle façon que le changement initial soit compensĂ©. On retrouve donc ici notrerĂšgle selon laquelle tout hadron demeure incolore.

Pour citer un exemple concret, supposons qu’un quark rouge se transforme en quarkbleu. Pour cela, il devra Ă©mettre un gluon rouge-antibleu, qui une fois absorbĂ© par unquark bleu le transformera Ă  son tour en quark rouge. La couleur globale est alors conservĂ©e,puisque le nombre total de quarks d’une couleur donnĂ©e sera le mĂȘme avant et aprĂšs leprocessus.

Les gluons agissent donc en quelque sorte comme les agents de la force forte Ă  l’intĂ©-rieur du hadron. La force forteconventionnellequi s’exerce entre deux hadrons diffĂ©rentsn’est qu’une interaction rĂ©siduelle par rapport Ă  cette force originale, comme la force deVan der Walls l’est par rapport Ă  la force Ă©lectromagnĂ©tique entre deux charges Ă©lect-riques.

Fonctions d’onde de couleur

Avec l’introduction du nombre quantique de couleur, on peut reprĂ©senter la fonctiond’onde totaleψ d’un hadron sous la forme:

ψ = ψ(spin) · ψ(spatial) · ψ(saveur) · ψ(couleur) (6.47)

Pour le baryons, la fonction d’ondeψ(couleur) est reprĂ©sentĂ©e symboliquement par lacombinaison complĂštement antisymĂ©trique suivante:

ψ(couleur) =1√6(RV B +BRV + V BR−RBV −BV R− V RB) (6.48)

Page 155: Marleau.physique Des Particules

6.4 Couleur 143

L’échange de deux quarks (par exemple, les deux premiers) donnera:

ψ(couleur) → ψâ€Č(couleur) =

=1√6(V RB +RBV +BV R

−BRV − V BR−RVB)

= −ψ(couleur)

Pour les mĂ©sons, la fonction d’onde sera symĂ©trique (puisque ce sont des bosons):

ψ(couleur) =1√3(RR+ V V +BB). (6.49)

Évidence expĂ©rimentale

L’hypothĂšse de l’existence de la couleur est supportĂ©e par l’expĂ©rience. Par exemple,lors d’annihilations Ă©lectron-positron on observe que les particules produites peuventĂȘtre, soit une paire muon-antimuon, soit une paire quark-antiquark se transformant enjets de baryons. La section efficaceσ pour ce dernier processus sera:

σ(e+e− → hadrons) = σ(e+e− → qiqi)

= σ(e+e− → q1q1) + σ(e+e− → q2q2) + · · ·oĂč i = 1, 2, ..., n etn = nombre total de types de quarks (saveur et couleur comprises).

Puisque la section efficace de Rutherford est proportionnelle au carré de la chargeélectrique du diffuseur, on peut écrire:

R =σ(e+e− → hadrons)

σ(e+e− → ”+”−)=

∑

i Q2i

Q2”

(6.50)

oĂčQi = charge Ă©lectrique du quarki etQ” = charge Ă©lectrique du muon.Si trois saveurs de quarks — soitu,d ets— peuvent ĂȘtre produites (nous considĂ©rons

ici que nous sommes en-dessous du seuil de création de quarks lourds), on a donc:

R =Q2

u +Q2d +Q2

s

Q2”

=232 +−132 +−1

321

=2

3En introduisant la couleur, ce rapport triple pour passer Ă R = 2.

R =

∑3j=1Q

2uj +Q2

dj +Q2sj

Q2”

= 2

oĂč j = 1, 2, 3 est l’indice de couleur.MalgrĂ© une marge d’erreur importante, les rĂ©sultats expĂ©rimentaux montrent que ce

rapport est prùs de2 (quarksu, d et s), en accord avec l’hypothùse de la couleur. On

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Page 156: Marleau.physique Des Particules

144 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

observe par ailleurs, des sauts dans ce rapport lorsque le seuil du quark charmé et duquark bottom est franchi ce qui porte successivement la valeur deR théorique àR = 10

3(quarksu, d, s et c) etR = 11

3 (quarksu, d, s, c et b) (voir figure 6.11).

R

Ecm (GeV)

10 15 5510 20 25 30 35 40 45 50 602

3

4

5

R

2 3 4 5 6 71

2

3

4

5

6

MARK IMARK I/LGW

MEA

γγ 2

J/ψ(1S) ψ(2S)

1234(nS)

n=

TOPAZ VENUS

AMYCELLOCLEO

CRYSTAL BALLCUSBDASP II

JADELENAMAC

MARK JPLUTOTASSO

Figure 6.11 RapportR =σ(e+e−→hadrons)

σ(e+e−→”+”−): La prĂ©diction thĂ©orique donne d’abord R = 2 (quarks

u, d et s), puis R = 103

(quarks u, d, s et c) et R = 113

(quarks u, d, s, c et b) aprĂšs le seuil de

production du quark charmé et du quark bottom respectivement. La partie ombrée correspond aux

plateaux successifs de R.

6.5 Masses et Moments Magnétiques

Masses

Si la symĂ©trieSU(3) de saveur Ă©tait une symĂ©trie exacte, les particules appartenant Ă une mĂȘme repĂ©sentation irrĂ©ductible devraient avoir des masses identiques. Mais commenous le rĂ©vĂšlent les diffĂ©rences de masse∆m entre les composantes des multiplets de

Page 157: Marleau.physique Des Particules

6.5 Masses et Moments Magnétiques 145

baryons et de mĂ©sons, la symĂ©trieSU(3) est brisĂ©e par les interactions fortes. L’Hamil-tonien peut donc ĂȘtre sĂ©parĂ© en deux parties:

H = H1 +H2

dont la premiÚreH1 est invariante sousSU(3) alors queH2 est responsable de la bri-sure de symétrie et donc de la différence de masse. Puisque ce sont les générateurs quidécrivent les transformations sousSU(3), il en découle que

[Ta,H1] = 0

[Ta,H2] 6= 0

oĂčTa est un gĂ©nĂ©rateur deSU(3). Par ailleurs, les interactions fortes prĂ©servent l’isospinet l’hypercharge donc l’HamiltonienH2 responsable de la brisure doit tout de mĂȘme obĂ©iraux contraintes:

[I,H2] = 0 et [Y,H2] = 0en plus d’ĂȘtre sensiblement plus petit queH1 puisque la symĂ©trieSU(3), sans ĂȘtre exacte,est tout de mĂȘme approximativement correcte. La forme la plus simple queH2 peutprendre est alors

H2 ∝ λ8.Okubo a dĂ©montrĂ© que les particules dans la reprĂ©sentation irrĂ©ductible(p, q) de

SU(3) dans des états de isospin-hypercharge donnés parI et Y possÚde les élémentsde matrice suivant

〈(p, q), I, Y |H2 |(p, q), I, Y 〉 ∝ 〈(p, q), I, Y |λ8 |(p, q), I, Y 〉

= a+ bY + c[Y 2

4− I(I + 1)]

oĂča, b, c = constantes indĂ©pendantes de laI etY mais dĂ©pendent en gĂ©nĂ©ral de la reprĂ©-sentation(p, q). Gell-Mann et Okubo ont proposĂ© une formule de masse ayant la mĂȘmeforme:

m = a+ bY + c[Y 2

4− I(I + 1)].

Pour l’octet de baryons, ce rĂ©sultats a pour consĂ©quences que

3mΛ +mÎŁïžž ïž·ïž· ïžž

4541 MeV

= 2mN −mΞ ïž·ïž· ïžž

4514 MeV

ce qui est valide Ă 1% prĂšs.Dans le cas du dĂ©cuplet de baryons, on a en plus la relation suivante entre l’isospin

et l’hypercharge qui s’applique

I =Y

2+ 1

ce qui ramĂšne la relation de masse Ă 

m = a+ bY.

La diffĂ©rence de masse dans ce cas ne dĂ©pend que de l’hypercharge; on obtient

mΣ∗ −m∆ ïž·ïž· ïžž

152 MeV

= mΞ∗ −mÎŁâˆ—ïžž ïž·ïž· ïžž

149 MeV

= mΩ −mΞ∗ ïž·ïž· ïžž

139 MeV

en accord avec les rĂ©sultats expĂ©rimentaux.Une relation similaire peut ĂȘtre Ă©crite pour les mĂ©sons, Cependant, dans ce cas, le

terme de masse qui apparaĂźt dans le Lagrangien ou l’Hamiltonien — c’est l’équation

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Page 158: Marleau.physique Des Particules

146 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

de Klein-Gordon qui s’applique aux bosons — est quadratique enm. La relation pourl’octet de mĂ©sons pseudo-scalaire a donc la forme

4m2K

ïžž ïž·ïž· ïžž

.988 GeV2

= 3m2η8

+ m2π

ïžžïž·ïž·ïžž

0.0196 GeV2

À noter ici que la masse qui apparaĂźt dans la relation est celle de l’état faisant partie del’octet η8 (m2

η8= m2

88) et non celle deη ouηâ€Č. Cette relation permet de dĂ©terminerm288

m288 =

1

3

4m2

K −m2π≃ (568 MeV)2

et l’angle du mĂ©langeη − ηâ€Č, i.e.ΞP qui prend la valeur de11o.Le traitement de l’octet de mĂ©sons vectoriels est en tous points semblables. La relation

donne

m288 =

1

3

4m2

K∗ −m2ρ≃ (927 MeV)2 .

On peut en dĂ©duire l’angle de mĂ©langeω−φmentionnĂ© plus haut dont la valeurΞV ≃ 40o

s’approche de l’angle de mĂ©lange idĂ©al.En principe, on faire une analyse plus dĂ©taillĂ©e de la masse des hadrons pour y inclure

les corrections hyperfines et. Ă©lectriques qui sont dues Ă  la brisure de la symĂ©trieSU(2)d’isospin par les interactions Ă©lectromagnĂ©tiques. Elle implique trois effets

1. la différence de masse entre les quarksu etd

2. les interactions dipÎle-dipÎle mettent donc en jeu les moments magnétiques respectifsdes quarks

3. l’énergie de Coulomb associĂ©e Ă  la charge de quarks.

Les prĂ©dictions se rĂ©vĂšlent en accord avec les observations Ă 1% prĂšs ou mieux.La masse des quarks eux-mĂȘmes n’est pas aussi bien dĂ©finie que celles des hadrons

et le modĂšle standard ne les prĂ©dit pas. En fait, puisqu’il est confinĂ© de façon permanenteĂ  l’intĂ©rieur des hadrons, il n’aurait aucun sens de parler de la masse au repos d’un quarklibre. On dĂ©finit plutĂŽt une masse efficace qui est obtenue Ă  partir des masses hadroniqueset qui tient compte des interactions entre quarks.

Les masses les plus simples Ă  obtenir sont celles des quarks lourds:

ms =1

2mss =

1

2mψ = 500 MeV

mc =1

2mcc =

1

2mJ/ψ = 1500 MeV

mb =1

2mbb =

1

2m΄ = 4700 MeV

mt ≃ 175 GeV

La masse des quarks up et down est plus difficile Ă  Ă©valuer, puisque l’énergie deliaison qui les unit Ă  l’intĂ©rieur des hadrons est du mĂȘme ordre de grandeur que leurmasse et puisqu’il n’existe pas d’états pursuu, dd . Par contre, les particulesρ0 etΩ sontformĂ©es par des combinaisons de ces deux Ă©tats et ils nous donnent une masse d’environ380 MeV pour les deux quarks (en supposant que leurs masses sont Ă©gales). On peutĂ©galement posermu = md = 1

3mN = 310 MeV oĂčmN est la masse moyenne d’un

Page 159: Marleau.physique Des Particules

6.5 Masses et Moments Magnétiques 147

nucléon. On estime finalement:

mu = md = 350 MeV. (6.51)

Cet estimĂ© est souvent dĂ©signĂ© sous l’appellation de masse ‘‘habillĂ©e’’ puisqu’elle inclutune partie de l’énergie de liaison associĂ©e aux hadrons. Par opposition on dĂ©finie aussila masse ‘‘nue’’ ou masse ‘‘courant’’ des quarks comme la masse des quarks libres ponc-tuels. La masse des quarks a aussi la caractĂ©ristique de dĂ©pendre logarithmiquement del’échelle Ă  laquelle elle est mesurĂ©e puisque selon qu’on sonde plus ou moins profondĂ©-ment la matiĂšre, elle nous paraĂźtra plus ou moins ‘‘habillĂ©e’’ de ses interactions. Si on fixecette Ă©chelle Ă  une Ă©nergie correspondant Ă  la masse duZ0, MZ = 91.1884 ± 0.0022GeV, on trouve les valeurs suivantes:

Masse des quarksmu(MZ) 3.4± 0.6 MeVmd(MZ) 6.3± 0.9 MeVms(MZ) 118.0± 17.0 MeVmc(MZ) 880.0± 48.0 MeVmb(MZ) 3.31± 0.11 MeVmt(MZ) 172.0± 6.0 MeV

Moments magnétiques

Si on considĂšre les quarks comme des fermions de spin12 et de charge Ă©lectriqueQi,

leur moment magnétique”i sera donné par:

”i =Qi

2miσi (6.52)

oĂčσi est le vecteur unitaire de spin si bien que la longueur de”i est simplement

”i = |”i| =Qi

2mi(6.53)

Le modĂšle des quarks prĂ©dit que le moment magnĂ©tique total d’un baryon sera donnĂ©par la sommevectorielle(dans le sens de somme de moments angulaires) des momentsmagnĂ©tiques individuels des quarks.

Exemple 6.6Proton (Ă©tatuud):Le proton est un Ă©tat de spin1

2 . Sa composante de spin up est donc

|p〉 =

∣∣∣∣1212

⟩

dans la notation

∣∣∣∣J

m

⟩. Les quarks sont aussi des particules de spin1

2et donc on peut les retrouver

dans les Ă©tats up et down

|u〉 =

∣∣∣∣12

± 12

⟩|d〉 =

∣∣∣∣12

± 12

⟩

La fonction d’onde du proton est obtenue en combinant deux quarksu correspondant Ă  un Ă©tat

1997 L. Marleau

Page 160: Marleau.physique Des Particules

148 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

triplet symĂ©trique de spin: Il s’écrit alors

|uu〉 =

∣∣∣∣12

±12

⟩⊗

∣∣∣∣12

± 12

⟩

= a

∣∣∣∣1−1

⟩⊕ b

∣∣∣∣10

⟩⊕ c

∣∣∣∣11

⟩

oĂča, b etc sont des coefficients de Clebsh-Gordan. Notons que la combinaison

∣∣∣∣00

⟩est exclue

ici puisqu’elle est issue du singulet antisymĂ©trique sous l’échange des deux quarksu. Le protonest formĂ© de la combinaison

|uu〉 ⊗ |d〉 =

(a

∣∣∣∣1−1

⟩⊕ b

∣∣∣∣10

⟩⊕ c

∣∣∣∣11

⟩)⊗

∣∣∣∣12

± 12

⟩.

On note que toutes ces combinaisons ne mÚnent pas à un proton de spin up. En effet, seulesles combinaisons suivantes∣∣∣∣

10

;1212

⟩=

∣∣∣∣10

⟩⊗

∣∣∣∣1212

⟩et

∣∣∣∣11

;12

− 12

⟩=

∣∣∣∣11

⟩⊗

∣∣∣∣12

− 12

⟩

donnent le spin recherché. Les tables de coefficients de Clebsh-Gordan nous permettent de connaßtrele mélange précis de ces deux combinaisons qui forment le proton avec un spin up:

∣∣∣∣1212

⟩= −

√1

3

∣∣∣∣10

;1212

⟩+

√2

3

∣∣∣∣11

;12

− 12

⟩(6.54)

Mais, on peut tirer aussi des informations similaire sur les Ă©tats|uu〉∣∣∣∣10

⟩=

√1

2

∣∣∣∣12

− 12

;1212

⟩+

√1

2

∣∣∣∣1212

;12

− 12

⟩

∣∣∣∣11

⟩=

∣∣∣∣1212

;1212

⟩

Finalement, en regroupant les expressions prĂ©cĂ©dentes, on obtient l’état en terme de ses compo-santes∣∣∣∣

1212

⟩= −

√1

6

∣∣∣∣12

− 12

;1212

;1212

⟩−

√1

6

∣∣∣∣1212

;12

−12

;1212

⟩+

√2

3

∣∣∣∣1212

;1212

;12

− 12

⟩

(6.55)normalisé

⟹1212

∣∣∣∣1212

⟩=

(−

√1

6

)2 ⟹12

− 12

;1212

;1212

∣∣∣∣12

−12

;1212

;1212

⟩

+

(−

√1

6

)2 ⟹1212

;12

−12

;1212

∣∣∣∣1212

;12

− 12

;1212

⟩

+

(√2

3

)2 ⟹1212

;1212

;12

− 12

∣∣∣∣1212

;1212

;12

−12

⟩

= 1

Évaluons maintenant le moment magnĂ©tique du proton terme de celui des quarks constituants

”p =

⟹1212

∣∣∣∣”∣∣∣∣

1212

⟩

=1

6

⟹12

− 12

;1212

;1212

∣∣∣∣”∣∣∣∣

12

−12

;1212

;1212

⟩

Page 161: Marleau.physique Des Particules

6.5 Masses et Moments Magnétiques 149

+1

6

⟹12

− 12

;1212

;1212

”12−12

;1212

;1212

⟩

+2

3

⟹1212

;1212

;12

− 12

”1212

;1212

;12

−12

⟩

=1

6(−”u + ”u + ”d) +

1

6(”u − ”u + ”d) +

2

3(”u + ”u − ”d)

=1

3(4”u − ”d)

Exemple 6.7Neutron (Ă©tatudd):La fonction d’onde du neutron est simplement obtenue Ă  partir de celle du proton en remplaçantles quarksu par des quarksd, et inversement. On a donc:

”n = ”p(u ↔ d)

=1

3(4”d − ”u) (6.56)

De la mĂȘme façon, il est possible d’obtenir les moments magnĂ©tique pour leÎŁ+, Σ− etc...

”Σ+ = ”p(d → s) =1

3(4”u − ”s) (6.57)

Â”ÎŁâˆ’ = ”p(d → s, u → d) =1

3(4”d − ”s) (6.58)

Exemple 6.8ParticuleΛ (Ă©tatuds)La particuleΛ possĂ©dant un isospin nul, la paire de quarksud est nĂ©cessairement dans un Ă©tatantisymĂ©trique d’isospin et de spin (I = J = 0). Cela signifie que ces deux quarks ne contribuentpas au moment magnĂ©tique total de la particuleΛ et que

”Λ = ”s (6.59)

En utilisant les résultats expérimentaux, on a donc que

”p =4

3”u − 1

3”d = 2.79”N

”n =4

3”d −

1

3”u = −1.91”N

”Λ = ”s = −0.61”N

oĂč

”N = magnéton nucléaire=e~

2mp. (6.60)

Inversant ces relations, on trouve

”u =2

3

e~

2mu= 1.85”N

”d = −1

3

e~

2md= −0.97”N

”s = −1

3

e~

2ms= −0.61”N .

1997 L. Marleau

Page 162: Marleau.physique Des Particules

150 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

On obtient Ă  partir de ces relations

mu = 0.36mp = 340 MeV

md = 340 MeV

ms = 510 MeV.

Ces valeurs sont en bon accord avec celles obtenues dans la section prĂ©cĂ©dente.Étant donnĂ© la similitude entre leurs Ă©tats de spin respectifs, il est facile de dĂ©duire

les moments magnétiques des baryons les plus légers:

Moments magnétiques des baryonsJP = 12

+

Baryons Formule prédite Valeur prédite (”N ) Valeur observée (”N )

p 13 (4”u − ”d) → 2.793±

n 13 (4”d − ”u) −1.862 −1.913±

Λ ”s → −0.613± 0.005ÎŁ+ 1

3 (4”u − ”s) 2.687 2.42± 0.05ÎŁ0 1

3 (2”u + 2”d − ”s) 0.785 ∗Σ− 1

3 (4”d − ”s) −1.037 −1.157± 0.025Ξ0 1

3 (4”s − ”u) −1.438 −1.25± 0.014Ξ− 1

3 (4”s − ”d) −0.507 −0.679± 0.031

Ce modÚle élémentaire ne tient évidemment pas compte des effets collectifs que peu-vent générer les quarks en formant des états liés. Cependant, malgré cette approximationgrossiÚre, on voit que le modÚle prédit assez bien le moment magnétique des baryonslégers.

6.6 Diagrammes de quarks

Puisque les nombres de quarks de chaque saveur est conservĂ© dans les interactionsfortes, il est souvent pratique de visualiser les rĂ©actions hadroniques au niveau de leursconstituants, les quarks. Alors, dans une telle rĂ©action, si un nouveau quark apparaĂźt dansune des particules produites, l’antiquark correspondant doit aussi faire son apparition.Les diagrammes de quarks illustrent graphiquement une rĂ©action en tenant compte dela rĂ©partition des quarks dans les particules initiales, finales et mĂȘme intermĂ©diaires.Cette technique possĂšde en plus quelques autres avantages. Il est facile d’identifier lesproduits intermĂ©diaires par laquelle une rĂ©action peut se produire simplement en tenantune comptabilitĂ© de quarks. De la mĂȘme maniĂšre, la technique peut ĂȘtre servir Ă  Ă©numĂ©rerles produits de dĂ©sintĂ©gration de particules ou mĂȘme de rĂ©sonances

Considérons, par exemple, la réaction hadronique

∆++ → p+ π+.

Elle correspond au niveau des quarks à la réaction

uuu → uud+ ud.

On illustre cette rĂ©action Ă  la figure 6.12. La production de la rĂ©sonance∆++ peutpasser par le processus suivant:

p+ π+ → ∆++ → p+ π+

Page 163: Marleau.physique Des Particules

6.6 Diagrammes de quarks 151

u

∆ ++

+π

p

u

uud

d

uuu

Figure 6.12 Diagramme de quarks pour le dĂ©sintĂ©gration ∆++→ p+ π+.

© 1997 L. Marleau

Page 164: Marleau.physique Des Particules

152 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

Ce processus est permis comme on le voit Ă  la figure 6.13. Par ailleurs, la figure 6.14

∆ ++

p

u +π

uud

d

u+π

puud

d

u

Figure 6.13 Production et dĂ©sintĂ©gration d’une rĂ©sonance ∆++.

illustre la possibilitĂ© qu’une rĂ©sonanceX++ soit produite dans la rĂ©action hadronique

p+K+ → X++ → p+K+.

Cette rĂ©sonance qui serait formĂ© de quatre quarks et d’un antiquarks n’a toutefois jamaisĂ©tĂ© observĂ©e expĂ©rimentalement.

Deplus, il existe une rĂšgle de sĂ©lection due Ă  Okubo, Zweig et Iisuka — la rĂšgle OZI— qui stipule que la probabilitĂ© d’un processus qui implique une discontinuitĂ© dans leslignes de quarks est rĂ©duite (voir exemple figure 6.15).

6.7 Charme et SU(4)

L’introduction du quark charmĂ© suggĂšre que la symĂ©trie d’isospinSU(2) d’abordĂ©tendueSU(3) pour dĂ©crire la spectroscopie des hadrons avec le quark Ă©trange, pourraits’élargir encore une fois jusqu’àSU(4) pour inclure le quatriĂšme quark. Cependant, lasymĂ©trieSU(3), on l’a dĂ©jĂ  vu, est partiellement brisĂ©e avec pour consĂ©quence la plusĂ©vidente une masse du quark Ă©trange sensiblement plus Ă©levĂ©e. Il est difficile alors deparler de symĂ©trieSU(4) dans le cas des quarksu, d, s et c puisque avec1.5 GeV pourla masse du quark charmĂ©, on parle d’un ordre de grandeur face Ă  la masse des autresquarks et d’un quark qui est mĂȘme plus lourds que le proton.

Il reste que certains outils de la thĂ©orie des groupes peuvent ĂȘtre d’une grande utilitĂ©notamment pour la construction des diffĂ©rents Ă©tats liĂ©s de quarks.

MĂ©sons

Les mĂ©sons sont construits par la combinaison de quarks et d’antiquarks (avec desspins anti-alignĂ©s pour les mĂ©sons scalaires et alignĂ©s pour les mĂ©sons vectoriels) dansles reprĂ©sentions fondamentale4 et Ă  son conjuguĂ©4 deSU(4).

Page 165: Marleau.physique Des Particules

6.7 Charme et SU(4) 153

uud

us

puud

u

++

p

us

+K

X

+K

Figure 6.14 Diagramme pour la rĂ©action p+K+→ X++

→ p+K+.

u +πd

sφ s π

d 0

d

πu -

d

Figure 6.15 Exemple de processus rare selon la rĂšgle OZI.

© 1997 L. Marleau

Page 166: Marleau.physique Des Particules

154 Chapitre 6 LE MODÈLE DES QUARKS

Par la méthode des tableaux de Young, on obtient les représentations irréductiblessuivantes:

⊗ = ⊕ (6.61)

soit4⊗ 4 = 1A ⊕ 15M (6.62)

c’est-Ă -dire un singulet antisymĂ©trique dans l’échange de saveurs et un15-plet symĂ©t-rique. Parmi les Ă©tats formĂ©s, on retrouve les mĂ©sons deSU(3) et des nouveaux mĂ©sonscharmĂ©s et non-charmĂ©s:

Mésons charmés

Particule JP C Structure

D0,D+s ,D

+ 0− +1 cu, cs, cdD−,D−

s ,D0 0− −1 dc, sc, uc

ηc 0− 0 ccD∗0,D∗+

s ,D∗+ 1− +1 cu, cs, cdD∗−,D∗−

s ,D∗0 1− −1 dc, sc, ucJ/ψ 1− 0 cc

(6.63)

Les particules correspondent alors Ă  des positions sur les diagrammes de poids des re-prĂ©sentations irrĂ©ductibles15M (voir figures 6.16-6.17). La position des singulets demĂ©sons pseudo-scalaire et vectorielηc sur ces figures se situe cĂŽte-Ă -cĂŽte avec les Ă©tatsπ0 etρ0.

D 0D -

D -

s

K 0K+

η

ππ 0

-

-

η

KK

8

0

1

+π

D+

sD +

D 0

*

* *

I3

C

Y

Figure 6.16 Multiplet de mĂ©sons JP = 0− formĂ© d’un 15-plet de SU(4). Le singulet 1 de SU(4)

est l’état ηc qui se situe Ă  la mĂȘme position que les Ă©tats π0, η1 et η8.

Page 167: Marleau.physique Des Particules

6.7 Charme et SU(4) 155

D+

sD +

D0

*

* *

K0*

8φ

-*K

φ1

ρ 0ρ

-

+K*

K 0*

+ρ

0DD-

* *

D-

s*

I3

C

Y

Figure 6.17 Multiplet de mĂ©sons JP = 1− formĂ© d’un 15-plet de SU(4). Le singulet 1 de SU(4)

est l’état J/ψ qui se situe Ă  la mĂȘme position que les Ă©tats ρ0, φ1 et φ8.

© 1997 L. Marleau

Page 168: Marleau.physique Des Particules

156 Chapitre 7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

Baryons

Le systùme de 3 quarks, chacun provenant d’un quadruplet4 de saveur deSU(4),est construit par la combinaison

4⊗ 4⊗ 4.Par la mĂ©thode des tableaux de Young, on dĂ©termine les reprĂ©sentations irrĂ©ductibles

générées par ces combinaisons:

⊗ ⊗ = ⊕ ⊕ ⊕ (6.64)

c’est-à-dire, un quadruplet et trois20-plets:

4⊗ 4⊗ 4 = 4A ⊕ 20M ⊕ 20â€ČM ⊕ 20S (6.65)

Parmi les états formés, on retrouve les baryons charmés de spin et paritéJP = 12

+:

Baryons charmés (JP = 12

+)

Particule C Structure

ÎŁ0c,ÎŁ

+c ,ÎŁ

++c , +1 ddc, udc, uuc

Ξ−c ,Ξ

0c +1 dsc, usc

Ω0c +1 ssc

Λ+c +1 udc

Ξ+cc,Ξ

++cc +2 dcc, ucc

Ω+cc +2 scc

et des baryons charmés de spin et paritéJP = 32

+qu’on identifie par des symboles

identiques pour alléger la nomenclature:

Baryons charmées (JP = 32

+)

Particule C Structure

ÎŁ0c,ÎŁ

+c ,ÎŁ

++c , +1 ddc, udc, uuc

Ξ−c ,Ξ

0c +1 dsc, usc

Ω0c +1 ssc

Ξ+cc,Ξ

++cc +2 dcc, ucc

Ω+cc +2 scc

Ω++ccc +3 ccc

Les baryonsJP = 12

+et JP = 3

2

+sont regroupés dans deux20-plets différents (voir

figures 6.18-6.19). On reconnaßt aussi dans ces multiplets les baryons non-charmés deSU(3) dans les plans inférieurs des figures 6.18-6.19 qui correspondent àC = 0.

Page 169: Marleau.physique Des Particules

7.0 157

n

-

ÎŁÎŁ

Ξ Ξ

0-

0

p

ΛΣ

+

ÎŁ ++c

Ξ +c

ÎŁ +cÎŁ 0

c Λ +c

Ω 0c

Ξ 0c

Ξ ++ccΞ +

cc

Ω +cc

I3

C

Y

Figure 6.18 Multiplet de baryons JP = 12

+formĂ© d’un 20-plet de SU(4).

© 1997 L. Marleau

Page 170: Marleau.physique Des Particules

158 Chapitre 7 INTERACTIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

Ω ++ccc

Λ +c

Ξ0

c

ÎŁ++

c

Ξ+

c

ÎŁ+

cÎŁ

0

c

Ω0

c

Ξ ++ccΞ

+cc

Ω+cc

Ξ -*

ÎŁ+

∆ ∆∆ ∆

ÎŁÎŁ

Ξ

Ω

- +++

0-

0

-

0

**

*

*

I3

C

Y

Figure 6.19 Multiplet de baryons JP = 12

+formĂ© d’un 20-plet de SU(4).

Page 171: Marleau.physique Des Particules

7 INTERACTIONS ÉLECTROMA-GNÉTIQUES

7.1 Diffusion e−N

En construction

7.2 Le spin

En construction

7.3 Facteur de forme

En construction

Page 172: Marleau.physique Des Particules

160 Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES

7.4 Production de paires de muons

En constructione+e− → ”+”−

7.5 SuccĂšs de QED

En construction

7.6 Invariance de jauge

En construction

Page 173: Marleau.physique Des Particules

8 INTERACTIONS FAIBLES

8.1 Classification

En construction

8.2 Théorie de Fermi

En construction

8.3 Non conservation de la parité

En construction

8.4 Interaction V −A

Page 174: Marleau.physique Des Particules

162 Chapitre 8 INTERACTIONS FAIBLES

8.5 ModĂšle de Weinberg-Salam (survol)

En construction

8.6 Angle de Cabbibo et matrice de Kobayashi-Maskawa

En construction

8.7 Courants neutres

En construction

8.8 ModĂšle GIM et le charme

Page 175: Marleau.physique Des Particules

9.0 163

En construction

8.9 Observation du Z0 et des W±

En construction

8.10 Physique du K0

En construction

8.11 Violation de CP

En construction

© 1997 L. Marleau

Page 176: Marleau.physique Des Particules
Page 177: Marleau.physique Des Particules

9 INTERACTIONS FORTES(QCD)

9.1 Couleur

L’introduction de lacouleur comme nombre quantique supplĂ©mentaire pour dĂ©crireun quark avait pour but de rĂ©soudre un paradoxe. En effet, les quarks possĂ©dant un spindemi-entier, il est naturel de les considĂ©rer comme des fermions. Mais alors le principed’exclusion de Pauli semblerait suggĂ©rer que des hadronsexotiquestels que le∆++et leΩ− ne peuvent exister. Ils consistent respectivement de trois quarksu et de trois quarksset possĂšdent un spin Ă©gal Ă 3

2 . Les spins des trois quarks sont donc nĂ©cessairement alignĂ©s,ce qui implique qu’ils possĂšdent tous les trois les mĂȘmes nombres quantiques. La seulefaçon de rĂ©soudre ce paradoxe sans modifier profondĂ©ment le modĂšle des quarks est depostuler l’existence d’une dĂ©gĂ©nĂ©rescence supplĂ©mentaire. Le nombre quantique associĂ©Ă  cette dĂ©gĂ©nĂ©rescence fut nommĂ©ecouleur.

Groupe SU(3) de Couleur

En supposant l’existence de trois couleurs diffĂ©rentes (rouge, vert et bleu), on peutposer une rĂšgle simple qui assure qu’aucun quark isolĂ© ne puisse ĂȘtre observĂ©:

Tous les Ă©tats observables doivent ĂȘtre des singulets de couleur — aucun multiplet dedimension supĂ©rieure n’est permis.

Un tel singulet peut ĂȘtre construit de deux façons: en combinant un quark colorĂ© avecun antiquark possĂ©dant l’anticouleur correspondante (chacun des trois couleurs Ă©tant Ă©ga-lement reprĂ©sentĂ©es) ou encore en combinant trois quarks ou antiquarks de couleurs diffĂ©-rentes (un rouge, un vert et un bleu).

Cette rĂšgle s’inscrit Ă  l’intĂ©rieur d’une thĂ©orie de jauge basĂ©e sur la couleur: la chro-modynamique quantique (ou QCD). Comme toute thĂ©orie de jauge, elle est fondĂ©e sur unpostulat d’invariance: lemondeest invariant sous une transformation locale de couleur.Le groupe de symĂ©trie associĂ© Ă  cette transformation est le groupeSUc(3), oĂč l’indicecsert Ă  le distinguer du groupeSU(3) de saveur.

Page 178: Marleau.physique Des Particules

166 Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)

Contrairement Ă  la symĂ©trie de saveur, qui est une symĂ©trie brisĂ©e (en raison de ladiffĂ©rence de masse entre les quarks up, down et Ă©trange) et globale, la symĂ©trieSUc(3)est une symĂ©trie exacte etlocale. Parlocale, on entend que la transformation considĂ©rĂ©edĂ©pend de l’espace et du temps. Les particules qui assurent la symĂ©trie locale de couleursont au nombre de huit et sont nommĂ©esgluons.

Par exemple, un quark donnĂ© peut changer de couleur indĂ©pendamment des autresquarks qui l’entourent, mais chaque transformation doit obligatoirement s’accompagnerde l’émission d’un gluon (de la mĂȘme façon qu’un Ă©lectron changeant de phase Ă©met unphoton). Le gluon Ă©mis se propage et est rĂ©absorbĂ© par un autre quark dont la couleurvariera de telle façon que le changement initial soit compensĂ©. On retrouve donc ici notrerĂšgle selon laquelle tout hadron demeure incolore.

Pour citer un exemple concret, supposons qu’un quark rouge se transforme en quarkbleu. Pour cela, il devra Ă©mettre un gluon rouge-antibleu, qui une fois absorbĂ© par unquark bleu le transformera Ă  son tour en quark rouge. La couleur globale est alors conservĂ©e,puisque le nombre total de quarks d’une couleur donnĂ©e sera le mĂȘme avant et aprĂšs leprocessus.

Les gluons agissent donc en quelque sorte comme les agents de la force forte Ă  l’intĂ©-rieur du hadron. La force forteconventionnellequi s’exerce entre deux hadrons diffĂ©rentsn’est qu’une interaction rĂ©siduelle par rapport Ă  cette force originale, comme la force deVan der Walls l’est par rapport Ă  la force Ă©lectromagnĂ©tique entre deux charges Ă©lect-riques.

Fonctions d’onde de couleur

Avec l’introduction du nombre quantique de couleur, on peut reprĂ©senter la fonctiond’onde totale Psi d’un hadron sous la forme:

ψ = ψ(spin) · ψ(spatial) · ψ(saveur) · ψ(couleur) (9.1)

Pour le baryons, la fonction d’ondeψ(couleur) est reprĂ©sentĂ©e symboliquement par lacombinaison complĂštement antisymĂ©trique suivante:

ψ(couleur) =1√6(RV B +BRV + V BR−RBV −BV R− V RB) (9.2)

L’échange de deux quarks (par exemple, les deux premiers) donnera:

ψ(couleur) → ψâ€Č(couleur) =

=1√6(V RB +RBV +BV R

−BRV − V BR−RVB)

= −ψ(couleur)

Pour les mĂ©sons, la fonction d’onde sera symĂ©trique (puisque ce sont des bosons):

ψ(couleur) =1√3(RR+ V V +BB). (9.3)

Page 179: Marleau.physique Des Particules

9.1 Couleur 167

Liberté asymptotique

Aucune collision Ă  haute Ă©nergie n’a encore pu produire un quark libre, ce qui sembleconfirmer qu’ils sont confinĂ©s de façon permanente Ă  l’intĂ©rieur des hadrons. Mais les rĂ©-sultats d’expĂ©riences de diffusion profondĂ©ment inĂ©lastiques rĂ©vĂšlent une propriĂ©tĂ© cont-radictoire des quarks: Ă  courte distance, ils semblent se mouvoir en libertĂ©, comme s’ilsn’étaient pas liĂ©s.

Cette propriĂ©tĂ© s’explique par le fait que les quanta du champ de couleur (au contrairedes photons) sont eux-mĂȘmes porteurs de charge et interagissent donc directement avecles quarks.

Ainsi, alors qu’un Ă©lectron qui Ă©met un photon conserve sa charge Ă©lectrique, un quarkchange de couleur Ă  chaque fois qu’il Ă©met un gluon. Pour cette raison, lacharge de cou-leur n’est pas localisĂ©e ponctuellement, mais est plutĂŽt Ă©tendue sur une sphĂšre d’environun Fermi. Un autre quark qui pĂ©nĂštre cette sphĂšre interagira donc moins fortement Ă mesure qu’il s’approche de son centre.

Lors des expĂ©riences de diffusion profondĂ©ment inĂ©lastiques, les distances impli-quĂ©es sont de beaucoup infĂ©rieures au Fermi, ce qui fait qu’on n’observe qu’une faiblefraction de la charge totale de couleur. C’est ce qui explique le phĂ©nomĂšne dit delibertĂ©asymptotiqueobservĂ©.

Évidence expĂ©rimentale

L’hypothĂšse de l’existence de la couleur est supportĂ©e par l’expĂ©rience. Par exemple,lors d’annihilations Ă©lectron-positron on observe que les particules produites peuventĂȘtre, soit une paire muon-antimuon, soit une paire quark-antiquark se transformant enjets de baryons. La section efficaceσ pour ce dernier processus sera:

σ(e+e− → hadrons) = σ(e+e− → qiqi)

= σ(e+e− → q1q1) + σ(e+e− → q2q2) + · · ·oĂč i = 1, 2, ..., n etn = nombre total de types de quarks (saveur et couleur comprises).

Puisque la section efficace de Rutherford est proportionnelle au carré de la chargeélectrique du diffuseur, on peut écrire:

R =σ(e+e− → hadrons)

σ(e+e− → ”+”−)=

∑i Q

2i

Q2”

(9.4)

oĂčQi = charge Ă©lectrique du quarki etQ” = charge Ă©lectrique du muon.Si trois saveurs de quarks — soitu,d ets— peuvent ĂȘtre produites (nous considĂ©rons

ici que nous sommes en-dessous du seuil de création de quarks lourds), on a donc:

R =Q2

u +Q2d +Q2

s

Q2”

=

232 +−1

32 +−132

1

=2

3

© 1997 L. Marleau

Page 180: Marleau.physique Des Particules

168 Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)

En introduisant la couleur, ce rapport triple pour passer Ă R = 2.

R =

∑3j=1Q

2uj +Q2

dj +Q2sj

Q2”

= 2

oĂč j = 1, 2, 3 est l’indice de couleur.MalgrĂ© une marge d’erreur importante, les rĂ©sultats expĂ©rimentaux montrent que ce

rapport est prĂšs de2, en accord avec l’hypothĂšse de la couleur. On observe par ailleurs,des sauts dans ce rapport lorsque le seuil du quark charmĂ© et du quark bottom est franchice qui porte successivement la valeur deR thĂ©orique Ă R = 10

3 etR = 113 .

9.2 Interactions

Toutes les rĂ©actions et dĂ©sintĂ©grations de particules Ă©lĂ©mentaires peuvent ĂȘtre inter-prĂ©tĂ©es Ă  travers le modĂšle des quarks. Certaines rĂšgles s’appliquent toutefois

1. Les interactions fortes ne changent pas la saveur des quarks. Seuls des réarrangementsde quarks entre les particules impliquées peuvent se produire.

2. Des paires quark-antiquark peuvent ĂȘtre crĂ©es et annihilĂ©es, par analogie avec lespaires lepton-antilepton.

3. Les interactions faibles peuvent changer la saveur des quarks grĂące Ă  l’émission ou Ă l’absorption d’un boson faible

u → dW+ u → dW−

s → uW− s → uW+

Par contre, les processus du type:s → Z0, impliquant un changement de saveur maisnon un changement de charge Ă©lectrique, sont interdits. Les seuls processus neutrespermis sont du typeZ0 → uu, oĂč une crĂ©ation de paire est impliquĂ©e.

Interactions faibles

Les quarks de mĂȘme saveur mais de couleur diffĂ©rente sont considĂ©rĂ©s comme iden-tiques dans toutes leurs propriĂ©tĂ©s sauf la couleur (en d’autres mots, la symĂ©trieSUc(3)est une symĂ©trie exacte). Cependant, deux quarks de saveurs diffĂ©rentes n’ont pas engĂ©nĂ©ral la mĂȘme charge Ă©lectrique ni la mĂȘme masse (i.e., la symĂ©trieSU(3) de saveurest une symĂ©trie approximative).

Comme on l’a vu, la saveur des quarks n’est pas affectĂ©e dans les interactions fortes.Au contraire, les interactions faibles laissent la couleur invariante mais changent la sa-veur.

Les interactions faibles introduisent par ailleurs un couplage entre quarks et leptons.Par exemple, envisagĂ©e du point de vue du modĂšle des quarks, la dĂ©sintĂ©gration-bĂȘta

Page 181: Marleau.physique Des Particules

9.5 Diffusion inélastique profonde de eN 169

d’un neutron en proton s’écrit

d → uW− → ue−Μ. (9.5)

Ce dernier exemple dĂ©montre que les interactions faibles couplent effectivement quarkset leptons: le quark change de saveur en Ă©mettant un bosonW , qui se dĂ©sintĂšgre Ă  sontour en un Ă©lectron et un antineutrino Ă©lectronique. C’est donc le bosonW qui assure lelien entre les deux groupes de particules.

Interactions Fortes

Plusieurs des caractĂ©ristiques de la thĂ©orie des interactions fortes, ou QCD, ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© mentionnĂ©es pus haut. Rappelons que c’est une thĂ©orie de jauge modelĂ©e en bonnepartie sur l’électrodynamique quantique. Chaque quark possĂšde unecharge de couleur,analogue Ă  la charge Ă©lectrique, qui agit comme source du champ de jauge. Les bosonsassociĂ©s Ă  ce champ sont au nombre de 8 et sont nommĂ©sgluons. Il existe cependantd’importantes diffĂ©rences entre les deux thĂ©ories, surtout en ce qui concerne la nature dela charge. En QED, la charge est un scalaire et elle demeure avec le fermion (soit avec lasource du champ). En QCD, ce qui agit comme charge est une quantitĂ© trivalente, qui estcontinuellement Ă©changĂ©e entre quarks, et entre quarks et gluons. Une consĂ©quence de cefait est que la chargeeffective(ou la constante de couplage) est une fonction croissantede la distance de la source: prĂšs de la source, la force est presque nulle (phĂ©nomĂšneconnu sous le nom delibertĂ© asymptotique), alors qu’elle augmente rapidement Ă  desdistances de l’ordre du Fermi (distance Ă  laquelle la constante de couplage devient Ă©galeĂ âˆŒ 1). Pour des distances plus grandes, la constante de couplage ne demeure pasfiniecomme en QED, mais semble augmenter indĂ©finiment (ce qui entraĂźne qu’on ne puissepas observer de quark isolĂ©).

9.3 ModĂšle des partons

En construction

9.4 Diffusion inélastique profonde de eN

© 1997 L. Marleau

Page 182: Marleau.physique Des Particules

170 Chapitre 9 INTERACTIONS FORTES (QCD)

En construction

9.5 Invariance d’échelle et partons

En construction

9.6 Diffusion inélastique profonde avec neutrinos

En construction

9.7 Diffusion lepton-quark

En construction

9.8 Collisions hadron-hadron

Page 183: Marleau.physique Des Particules

9.8 Collisions hadron-hadron 171

En construction

© 1997 L. Marleau

Page 184: Marleau.physique Des Particules

172 Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES

Page 185: Marleau.physique Des Particules

10 UNIFICATION DES FORCES

Page 186: Marleau.physique Des Particules

174 Chapitre 10 UNIFICATION DES FORCES

10.1 Divergences et renormalisabilité

En construction

10.2 Bosons intermédiaires

En construction

10.3 Théorie de jauge non-abélienne

En construction

10.4 Interactions Ă©lectrofaibles

En construction

10.5 Grande unification

Page 187: Marleau.physique Des Particules

10.0 175

En construction

10.6 Autres extensions du modĂšle standard

En construction

© 1997 L. Marleau

Page 188: Marleau.physique Des Particules
Page 189: Marleau.physique Des Particules

Annexe A: Notation, conventions,constantes...

A.1 Notations

Dans cet ouvrage, une certain nombre de conventions ont été adoptées pour faciliterla lecture. Les vecteurs à trois dimensions sont notés par des caractÚres gras

x, r,v,F, ...

alors que les quadri-vecteurs sont notés par

x, p, ...

ou par leur composantes contravariantes

x”, p”, ...

L’alphabet grec est utilisĂ© frĂ©quemment:

Alphabet GrecMajuscule Minuscule Prononciation

A α alphaB ÎČ bĂȘtaΓ Îł gamma∆ ÎŽ deltaE Ç«, Δ epsilonZ ζ zetaH η etaΘ Ξ, ϑ thetaI Îč iotaK Îș kappaΛ λ lambdaM ” mu

Majuscule Minuscule Prononciation

N Îœ nuΞ Ο xiO o omicronΠ π piP ρ rhoÎŁ σ sigmaT τ tau΄ υ upsilonΊ φ,ϕ phiΚ ψ psiX χ chiΩ ω, omega

A.2 Constantes fondamentales en physique

Page 190: Marleau.physique Des Particules

178 Annexe A Notation, conventions, constantes...

Constantes universelles

QuantitĂ© Symbole ValeurVitesse de la lumiĂšre (vide) c 2.99792458× 108ms−1

PermĂ©abilitĂ© du vide ”0 1.25664× 10−6NA−2

PermittivitĂ© du vide (1/”0c2) Ç«0 8.854187817× 10−12Fm−1

Constante gravitationnelle G 6.67259× 10−11m3kg−1s−2

Constante de Planck h 6.6260755× 10−34Jsen Ă©lectron volts 4.135669× 10−15eVsh/2π ~ 1.05457266× 10−34Jsin Ă©lectron volts 6.5821220× 10−16eVs

Masse de Planck ((~c/G)12 ) mP 2.17671× 10−8kg

Longueur de Planck (~/mP c = (~G/c3)12 ) lP 1.61605× 10−35m

Temps de Planck (lP/c = (~G/c5)12 ) tP 5.39056× 10−44s

Constantes électromagnétiques

QuantitĂ© Symbole ValeurCharge de l’électron e 1.60217733× 10−19CRapporte surh e/h 2.41798836× 1014AJ−1

Quantum de flux magnĂ©tique (h/2e) Ί0 2.06783461× 10−15WbRatio frĂ©quence-voltage Josephson 2e/h 4.8359767× 1014HzV−1

Conductance Hall quantique e2/h 3.87404614× 10−5SRĂ©sistance Hall quantique (h/e2 = ”0c/2α) RH 25812.8056ΩMagnĂ©ton de Bohr ”B 9.2740154× 10−24JT−1

en Ă©lectron volts 5.78838263× 10−5eVT−1

MagnĂ©ton nuclĂ©aire ”N 5.0507866× 10−27JT−1

en Ă©lectron volts 3.15245166× 10−8eVT−1

Page 191: Marleau.physique Des Particules

A.2 Constantes fondamentales en physique 179

Constantes atomiques

Quantité Symbole ValeurStructure fine (”0ce

2/2h) α 7.29735308× 10−3

α−1 137.0359895Constante de Rydberg R∞ 1.0973731534× 107m−1

en hertz 3.2898419499× 1015Hzen joules 2.1798741× 10−18Jen Ă©lectron volts 13.6056981eVRayon de Bohr (α/4πR∞) a0 0.529177249× 10−10mÉnergie de Hartree Eh 4.3597482× 10−18Jen Ă©lectron volts 27.2113961eVQuantum de circulation h/2me 3.63694807× 10−4m2s−1

h/me 7.27389614× 10−4m2s−1

Constantes physico-chimique

Quantité Symbole Valeur

Nombre d’Avogadro NA 6.0221367× 1023mol−1

Constante d’Avogadro 1023mol−1

UnitĂ© de masse atomique (112m(12C)) mu 1.6605402× 10−27kg

en Ă©lectron volts (muc2/e) 931.49432MeV

Constante de Faraday F 96485.309Cmol−1

Constante de Planck molaire NAh 3.99031323× 10−10Jsmol−1

NAhc 0.11962658Jmmol−1

Constant des gaz R 8.314510Jmol−1K−1

Constante de Boltzmann k 1.380658× 10−23JK−1

en Ă©lectron volts 8.617385× 10−5eVK−1

en hertz 2.083674× 1010HzK−1

Volume molaire (gaz parfait)1 Vm 22.41410Lmol−1

Constante de Loschmidt 101325 Pa2 n0 2.686763× 1025m−3

100 kPa3 Vm 22.71108Lmol−1

Constante de Sackur-Tetrode 100 kPa4 S0/R −1.151693Constante de Sackur-Tetrode 101325 Pa5 −1.164856Constante de Stefan-Boltzmann σ 5.67051× 10−8Wm−2K−4

Constante de radiation primaire c1 3.7417749× 10−16Wm2

Constante de radiation secondaire c2 0.01438769mKConstante de Wien b 2.897756× 10−3mKConstante de Coulomb k0 8.98755× 109Nm2C−2

Constante de permĂ©abilitĂ© ”0/4π 10−7TmA−1

© 1997 L. Marleau

Page 192: Marleau.physique Des Particules

180 Annexe A Notation, conventions, constantes...

A.3 Unités SI

Les lettres SI dĂ©signent le SystĂšme International d’unitĂ©s. Il s’agit d’un systĂšmed’unitĂ©s cohĂ©rentes approuvĂ©s internationalement qui est en usage dans plusieurs pays etutilisĂ© de façon systĂ©matique pour les ouvrages scientifiques et techniques. Le systĂšmeSI, basĂ© sur les unitĂ©s MKS, replace les systĂšmes CGS et f.p.s. (SystĂšme ImpĂ©rial). Onpeut diviser les unitĂ©s SI en trois groupes: le unitĂ©s de base, supplĂ©mentaires et dĂ©rivĂ©es.Il y a sept unitĂ©s de base qui sont dimensionnellement indĂ©pendantes.

Unités de base SIQuantité Physique Nom Symbolelongueur mÚtre mmasse kilogramme kgtemps seconde scourant électrique ampÚre Atempérature kelvin Kquantité de matiére mole molintensité lumineuse candela cd

Unités supplémentaires SIQuantité Physique Nom Symboleangle plan radian radangle solide steradian sr

1 T = 273.15K, p = 101325Pa2 T = 273.15K, p = 101325Pa3 T = 273.15K, p = 100kPa4 p0 = 100kPa5 p0 = 101325Pa

Page 193: Marleau.physique Des Particules

A.4 Unités naturelles 181

Unités dérivés SIQuantité Physique Nom Symbolfréquence hertz Hzénergie joule Jforce newton Npuissance watt Wpression pascal Pacharge électrique coulombCdifférence de potentiel électrique volt Vrésistance électrique ohm Ωconductance électrique siemensScapacité électrique farad Fflux magnétique weber Wbinductance henry Hchamp magnétique tesla Tflux lumineux lumen lmillumination lux lx

Les unités SI sont étendues grùce à des préfixes qui désignent les multiples ou frac-tions décimales des unités.

Préfixes utilisés avec unités SINom du Nom du

Facteur PrĂ©fixe Symbole Facteur PrĂ©fixe Symbole10 dĂ©ca- da 10−1 dĂ©ci- d102 hecto- h 10−2 centi- c103 kilo- k 10−3 milli- m106 mĂ©ga- M 10−6 micro- ”109 giga- G 10−9 nano- n1012 tera- T 10−12 pico- p1015 peta- P 10−15 femto- f1018 exa- E 10−18 atto- a

A.4 Unités naturelles

Les unités naturelles (UN) sont définies de façon àce que lesconstantes fondamen-talesquesont laconstantedePlanck et lavitessede la lumiÚresoient

~ = 1

c = 1.

Elles sont utiles dans les systÚmes physiques relativistes et/ou qui impliquent des ef-fetsquantiquesmesurables. Unequantitédans lesunitésSI (systÚme internationale) quipossÚdedesdimensions

MpLqT

r

ouM ,L et T représentelesunitésdemasse, longueur et tempsrespectivement, aurades

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Page 194: Marleau.physique Des Particules

182 Annexe A Notation, conventions, constantes...

unitĂ©s d’énergie Ă  la puissancep− q − r, soitEp−q−r.

SI UNQuantitĂ© p q r nAction 1 2 −1 0Vitesse 0 1 −1 0Masse 1 0 0 1Longueur 0 1 0 −1Temps 0 0 1 −1Impulsion 1 1 −1 1Énergie 1 2 −2 1Const. structure fineα 0 0 0 0Const. de Fermi 1 5 −2 −2

Page 195: Marleau.physique Des Particules

A.5 Coefficients de Clebsh-Gordan 183

A.5 Coefficients de Clebsh-Gordan

Figure 10.1 Coefficients de Clebsh-Gordan. Note: Un radical est sous-entendu dans les tables de

coefficients, e.g. − 815

doit se lire −

√815

.

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Page 196: Marleau.physique Des Particules

184 Annexe B Rappel de relativité restreinte et cinématique relativiste

A.6 Références

Les notes sont assez complĂštes mais les volumes suivants peuvent ĂȘtre utilisĂ©s Ă  titrecomplĂ©mentaire.1. Introduction to high energy physics, 3e Ă©dition, D.H. Perkins, Addison-Wesley (1987).

2. Introduction Ă  la physique des particule,R. Nataf, Masson (1988).

3. A modern introduction to particle physics,Fayyazuddin et Riazuddin, World-Scientific(1992).

Les deux derniers volumes introduisent et utilisent quelques notions de théorie deschamps ce qui dépasse donc le cadre de ce cours.

Page 197: Marleau.physique Des Particules

Annexe B: Rappel de relativité res-treinte et cinématique relativiste

B.1 La relativité restreinte

Les deux principes sur lesquels repose la relativité sont:

Postulat 10.1 Le principe de relativitĂ©: les lois de la physique doivent avoir la mĂȘmeforme dans tous les repĂšres inertiels.

Postulat 10.2 UniversalitĂ© de la vitesse de la lumiĂšre: la vitesse de la lumiĂšre est lamĂȘme dans tous les repĂšres inertiels. Cette vitesse ne dĂ©pend pas de l’état de mouvementde la source.

L’intervalle

ConsidĂ©rons deux Ă©vĂ©nementsE1 etE2 reliĂ©s par un rayon lumineux. Dans un rĂ©fĂ©-rentielS, on a∆t = t2 − t1, ∆x = x2 − x1, ∆y = y2 − y1 et∆z = z2 − z1. CesquantitĂ©s satisfont la relation:

− (∆t)2 + (∆x)2 + (∆y)2 + (∆z)2 = 0 (B.1)

en raison du fait que nous avons posĂ©c = 1. En raison de l’universalitĂ© dec, on a aussidans un second rĂ©fĂ©rentielSâ€Č:

− (∆tâ€Č)2+ (∆xâ€Č)

2+ (∆yâ€Č)

2+ (∆zâ€Č)

2= 0. (B.2)

Plus gĂ©nĂ©ralement, pour deux Ă©vĂ©nements quelconques sĂ©parĂ©s dans l’espace de∆x,∆yet∆z et dans le temps de∆t, on appelle intervalle entre ces Ă©vĂ©nements la quantitĂ©:

∆s2 = − (∆t)2 + (∆x)2 + (∆y)2 + (∆z)2 . (B.3)

En relation avec ce que l’on vient tout juste de voir, on constate que si∆s2 est nulpour deux Ă©vĂ©nements donnĂ©s,∆s2 est Ă©galement nul. Il y a en fait une invariance

Page 198: Marleau.physique Des Particules

186 Annexe B Rappel de relativité restreinte et cinématique relativiste

de l’intervalle lors d’un passage des coordonnĂ©es deS(t, x, y, z) aux coordonnĂ©es deSâ€Č(tâ€Č, xâ€Č, yâ€Č, zâ€Č):

(∆s)2 = (∆sâ€Č)2. (B.4)

Classification des évÚnements et causalité

Comme la quantitĂ©(∆s)2 entre deux Ă©vĂ©nements est indĂ©pendante des observateurs,on peut s’en servir pour classifier les Ă©vĂ©nements l’un par rapport Ă  l’autre. Si l’inter-valle entre deux Ă©vĂ©nements (E etS) est positif, on dira qu’il est dugenre-espace; sil’intervalle est nĂ©gatif (E et T ), on dira qu’il est dugenre-tempsalors que s’il est nul,on le dira dugenre-lumiĂšre. Par rapport Ă  un Ă©vĂ©nement donnĂ©E , l’ensemble des Ă©vĂ©-nements contenus dans le cĂŽne infĂ©rieur forment lepassĂ© absoludeE ; ceux du cĂŽnesupĂ©rieur, lefutur absoludeE (Ă©vĂ©nements dugenre-temps). Ceux qui sont Ă  l’extĂ©rieurdu cĂŽne constituent l’ailleurs deE (Ă©vĂ©nements dugenre-espace) (voir figure 10.1).

(∆s)2 > 0 ; genre − espace

(∆s)2 < 0 ; genre − temps

(∆s)2 = 0 ; genre − lumiere

Figure 10.1 Relation de causalité entre les événements.

On voit donc que chaque Ă©vĂ©nement a son passĂ©, son futur et son ailleurs. Quantau prĂ©sent, il n’existe Ă  toutes fins pratiques qu’en un point. Cette façon de voir estradicalement diffĂ©rente de celle qui avait prĂ©valu jusqu’en 1905 oĂč le temps Ă©tait quelquechose d’absolu.

On peut aisĂ©ment admettre que l’évĂ©nementS de la figure 10.1 ne peut ĂȘtre l’effet

Page 199: Marleau.physique Des Particules

B.2 Cinématique relativiste 187

de l’évĂ©nementE car la distance (selonOx) est trop grande pour qu’un rayon lumineuxait pu connecter ces deux Ă©vĂ©nements. Il en est de mĂȘme pour tous les Ă©vĂ©nements del’ailleurs deE ; ainsi l’évĂ©nementE ne peut ĂȘtre l’effet d’aucun Ă©vĂ©nement situĂ© dansl’ailleurs-passĂ©.

Par contre, une relation de causalitĂ© est possible entreE et T qui est dans lefuturabsoludeE . En effet, il est possible qu’un rayon lumineux ou qu’un signal moins rapideait connectĂ© ces deux Ă©vĂ©nements, ce qui veut dire queE pourrait ĂȘtre la cause deT . DemĂȘmeE peut ĂȘtre l’effet de tout Ă©vĂ©nement faisant partie de son passĂ© absolu.

B.2 Cinématique relativiste

Transformations de Lorentz

L’invariance de la vitesse signifie notamment qu’un front d’onde Ă©manant d’unesource lumineuse ponctuelle demeure sphĂ©rique dans tous les repĂšres en mouvementrelatif uniforme (voir figure 10.2). Nous choisirons d’identifier l’axe desz Ă  la directionde la direction de la vitesse relative entre les rĂ©fĂ©rentielsS etSâ€Č. Soit des repĂšresS

Figure 10.2 RĂ©fĂ©rentiels S et Sâ€Č.

etSâ€Č en mouvement relatif uniforme. Un front d’onde Ă©mis ent = 0, par une source fixeĂ  l’origine deS, sera dĂ©crit ent > 0 par un observateur du mĂȘme repĂšre par la sphĂšre

x2 + y2 + z2 = t2. (B.5)Un observateur d’un repĂšreSâ€Č, qui coĂŻncidait avecS Ă  t = 0 mais qui se dĂ©place

uniformément par rapport àS, verra la sphÚre

xâ€Č2 + yâ€Č2 + zâ€Č2 = tâ€Č2. (B.6)On peut alors dĂ©duire de cette observation la transformation de Lorentz pour les coor-

© 1997 L. Marleau

Page 200: Marleau.physique Des Particules

188 Annexe B Rappel de relativité restreinte et cinématique relativiste

donnĂ©es d’espace-temps,

tâ€Č = Îł(t− V z)xâ€Č = xyâ€Č = yzâ€Č = Îł(z − V t)

t = Îł(tâ€Č + V zâ€Č)x = xâ€Č

y = yâ€Č

z = Îł(zâ€Č + V tâ€Č)

(B.7)

les transformations de Lorentz des vitesses,

uâ€Čx = ux

γ(1−uzV )

uâ€Čy =

uy

γ(1−uzV )

uâ€Čz = uz−V

1−uzV

ux = uâ€Čx

Îł(1+uâ€ČzV )

uy =uâ€Čy

Îł(1+uâ€ČzV )

uz = uâ€Čz+V

1+uâ€ČzV

(B.8)

et les transformation de Lorentz de l’énergie-impulsion,

Eâ€Č = Îł(E − V pz)pâ€Čx = pxpâ€Čy = pypâ€Čz = Îł(pz − V E)

E = Îł(Eâ€Č + V pâ€Čz)px = pâ€Čxpy = pâ€Čypz = Îł(pâ€Čz + V Eâ€Č).

(B.9)

oĂčÎł = (1− V 2)−

12 . (B.10)

Formalisme quadri-dimensionnel

La similitude entre la notion de temps et d’espace suggùre d’adopter un formalismequadri-dimensionnel. En adoptant la notation covariante avec des indices(0, 1, 2, 3), ona:

x0â€Č = Îł(x0 − V x3)x1â€Č = x1

x2â€Č = x2

x3â€Č = Îł(x3 − V x0)

(B.11)

que l’on peut Ă©crire sous forme matricielle ainsi:

x0â€Č

x1â€Č

x2â€Č

x3â€Č

=

γ 0 0 −γV0 1 0 00 0 1 0

−γV 0 0 γ

x0

x1

x2

x3

. (B.12)

Remarque 10.1La forme de la matrice de transformation s’apparente Ă  une matrice de rotation (gĂ©nĂ©-ralisĂ©e Ă  un angle imaginaire). Isolons ici, les composantesz et t. Alors on peut rĂ©crire

x0â€Č = x0 cosh η + x3 sinh η

x3â€Č = x3 cosh η − x0 sinh η

oĂčη, la rapiditĂ©, est dĂ©finie comme

V ≡ tanh η. (B.13)

Page 201: Marleau.physique Des Particules

B.2 Cinématique relativiste 189

La forme matricielle qui précÚde

x”â€Č =3∑

Μ=0

Λ”Μx

Μ (B.14)

oĂčΛ”Μ est appelĂ©e matrice de transformation de Lorentz et oĂčx” est un quadri-vecteur

x” = (x0, x1, x2, x3) = (x0,x). (B.15)

Souvent, on abrùge cette notation par lanotation d’Einstein

x”â€Č = Λ”Μx

Μ (B.16)

oĂč la rĂ©pĂ©tition d’indice grec (e.g.”, Îœ, λ, σ... ) sous-entend la somme sur des indices0, 1, 2, 3. Toutefois, la rĂ©pĂ©tition d’indice latin (e.g.i, j, k, l... ) sous-entend la sommesur des indices1, 2, 3. Donc, l’expression prĂ©cĂ©dente n’est pas Ă©quivalente Ă 

x”â€Č = Λ”Μx

Îœ 6= Λ”i x

i (B.17)

puisque la somme dans le terme de droite ne s’effectue que sur les composantesi =1, 2, 3.

La transformation inverse de Lorentz peut aussi s’écrire dans cette notation

x0

x1

x2

x3

=

Îł 0 0 ÎłV0 1 0 00 0 1 0ÎłV 0 0 Îł

x0â€Č

x1â€Č

x2â€Č

x3â€Č

(B.18)

ou encorex” = Λ”

ÎœxÎœâ€Č (B.19)

oĂč Λ”Μ = (Λ”

Îœ )−1 .

Le tenseur métrique

Plus formellement, dans un espace vectoriel Ă D dimensions, il est possible de choi-sir D vecteurs de basese” et de reprĂ©senter un vecteurA Ă  partir de ses composantesparallĂšles auxe”. Alors tout vecteurA s’écrit

A =3∑

”=0

A”e” = A”e” (B.20)

oĂč A” sont appelĂ©es les composantes contravariantes deA. Dans un changement desystĂšme de coordonnĂ©es, comme une transformation de Lorentz, les bases deviennent

e” → e”â€Č = Λ”Μe

Μ . (B.21)

Le produit scalairede deux vecteursA etB prend la forme

A ·B ≡ A”e” ·BÎœeÎœ = A”BÎœg”Μ (B.22)

oĂčg”Μ ≡ e” · eÎœ (B.23)

est appelé letenseur métriqueou simplement lamétrique.Il est commun, et plus simple

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Page 202: Marleau.physique Des Particules

190 Annexe B Rappel de relativité restreinte et cinématique relativiste

de choisir une base oĂč les vecteurs de base sontorthogonaux: soit,

g”Μ = 0 si ” 6= Μ (B.24)

et doncA ·B = A”B”e2” (B.25)

Pour le cas des quadri-vecteurs d’espace-temps dans l’espace de Minkowski, la longueurgĂ©nĂ©ralisĂ© d’un vecteur espace-temps est reliĂ© Ă  l’intervalle, e.g.

x2 = x”x”e2”

= (x”)2 e2”

=(

x0)2

+(

x1)2

+(

x2)2

+(

x3)2

= t2 − x2 − y2 − z2 (B.26)

alors la norme des vecteurs de base est

e2” =

−1 si ” = 01 si ” = 1, 2, 3

(B.27)

est le tenseur mĂ©trique s’écrit

g”Μ =

1 0 0 00 −1 0 00 0 −1 00 0 0 −1

. (B.28)

Composantes covariantes

Les composantes covariantes sont des projections orthogonales deA sur les vecteursde basee”. Par exemple,

e” ·A ≡ A” (B.29)(Ă  noter l’indice infĂ©rieur) ou autrement dit

A” ≡ e” ·A = e” ·AÎœeÎœ

= g”ΜAΜ

À noter, le tenseur mĂ©triqueg”Μ et son inverseg”Μ coĂŻncident

g”Μ = g”Μ (B.30)

etg”ΜgΜλ = Ύ”λ (B.31)

d’oĂčA” = g”ΜAÎœ (B.32)

etg”Μg”Μ = 4. (B.33)

Par exemple, pour le quadri-vecteur contravariant de position

x” = (x0, x1, x2, x3) = (x0,x). (B.34)

Page 203: Marleau.physique Des Particules

B.2 Cinématique relativiste 191

on aura un quadri-vecteur covariant de position:

xΜ = (x0, x1, x2, x3)

= g”Μx”

=

1 0 0 00 −1 0 00 0 −1 00 0 0 −1

x0

x1

x2

x3

= (x0,−x1,−x2,−x3) (B.35)

et donc

x” = (x0,x)

x” = (x0,−x). (B.36)

Remarque 10.2Toute quantité qui a la forme

a · b = a”b” (B.37)est un invariant de Lorentz, c’est-Ă -dire que cette quantitĂ© n’est pas affectĂ©e par unetransformation de Lorentz et donc a la mĂȘme valeur dans tous les systĂšmes de rĂ©fĂ©renceinertiels

Les notions d’énergie et d’impulsion sont intimement liĂ©es (tout comme l’espace etle temps). Ce lien devient Ă©vident dans la notation quadri-vectorielle (ou covariante). EnrelativitĂ© restreinte, il est pertinent de dĂ©finir un nouvelle quantitĂ©: la quadri-vitesseu”,

u” = (dt

dτ,dx

dτ,dy

dτ,dz

dτ). (B.38)

oĂč les vecteur de position est dĂ©rivĂ© par rapport au temps propreτ, un invariant de Lo-rentz, (dτ = γ−1dt).

Le quadri-vecteur impulsion est alors modelé sur le vecteur impulsion classique:

p” ≡ m0u” = (m0

dt

dτ,m0

dx

dτ,m0

dy

dτ,m0

dz

dτ). (B.39)

oĂčm0 est la masse propre. Commedτ = γ−1dt, la partie spatiale de ce quadri-vecteurs’écrit:

pj = Îłm0(v1, v2, v3) (B.40)

c’est-à-direp = γm0v (B.41)

oĂčv est la vitesse de la particule dans le repĂšreS. Par ailleurs, la composante temporellep0 du quadri-vecteur impulsion est

p0 = Îłm0 = m0 +1

2m0v

2 + · · · (B.42)

On reconnaĂźt dans le deuxiĂšme terme de cette relation l’énergie cinĂ©tique habituelle.Mais qu’en est-il du premier terme qui s’écritm0c2? Cette expression qui est devenuela formule fĂ©tiche de la relativitĂ© a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e par Einstein comme Ă©tant l’énergiepropre de la matiĂšre. Autrement dit, du seul fait qu’une particule a une massem0, elle aun contenu en Ă©nergie de grandeurm0c

2, lequel contenu, comme le dit Einstein peut-ĂȘtremis en Ă©vidence par les Ă©missions d’atomes lourds comme le radium.

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Page 204: Marleau.physique Des Particules

192 Annexe B Rappel de relativité restreinte et cinématique relativiste

Il s’avĂšre que le quadri-vecteur impulsion est en fait un quadri-vecteur Ă©nergie-impulsion

p” = (E,px, py, pz) (B.43)

oĂč l’énergieE est l’énergie totale. Si on a besoin de l’énergie cinĂ©tique, on devra Ă©crire

K = E −m0

= (γ − 1)m0 (B.44)

ce qui signifie, en fait, que l’expression classique12mv2 n’est qu’une approximation

valide pour les vitesses faibles.Voyons maintenant quelle est lagrandeurdep”. On écrit donc

(p”)2 = gαÎČpαpÎČ

=(

p0)2

−(

p1)2

−(

p2)2

−(

p3)2

= E2 − p2

= (γm0)2− (γm0v)

2

= γm20(1− v2)

= m20. (B.45)

On a donc finalementE2 − p2 = m2

0 (B.46)ou

E2 = p2 +m20 (B.47)

On a donc trouver un autre invariant qui s’avĂšre trĂšs utile dans un grand nombre decalculs relativistes. En rĂ©insĂ©rant la vitesse de la lumiĂšrec, on a

E2 = p2c2 +m20c

4 (B.48)

Les relations de conservation d’énergie et d’impulsion peuvent maintenant ĂȘtre ex-primĂ©e de façon trĂšs compacte. L’énergie-impulsion totale d’un systĂšme est la somme

P” =∑

n

p”n. (B.49)

Si on pose qu’il y a conservation d’énergie et d’impulsion

P”avant= P”

aprĂšs (B.50)

il en découle queP i

avant= P iaprĂšs ou Pavant= PaprĂšs (B.51)

ce qui est la conservation de l’impulsion totale et

P 0avant= P 0

aprĂšs (B.52)

ce qui est la conservation de l’énergie totale, qui s’écrit aussi

Etotavant= E tot

aprĂšs. (B.53)

On peut aussi dĂ©duire une autre relation importante. D’une part, la quantitĂ©P” (l’énergie-impulsion totale) est conservĂ©e, et d’autre part, lagrandeurde toute Ă©nergie-impulsionest un invariant relativiste (mĂȘme grandeur dans tous les repĂšres). On aura donc, parexemple dans le repĂšre du laboratoire

P”avantLab2 =

P”

aprĂšsLab2 (B.54)

Page 205: Marleau.physique Des Particules

C.0 193

mais puisqu’il s’agit d’invariant de Lorentz (relativiste), cette quantitĂ© est la mĂȘme danstous les repĂšres. Dans un repĂšreSâ€Č on aura

(

P”avantLab

)2

=

(

P”aprÚsLab

)2

=

(

P”avantSâ€Č

)2

=

(

P”aprĂšsSâ€Č

)2

. (B.55)

Dans le repĂšre d’impulsion totale nulle (RIN), i.e. le repĂšre oĂč le centre de masse dusystĂšme est au repos, les calculs sont gĂ©nĂ©ralement plus simples. Alors que la derniĂšrerelation tient toujours

(

P”avantLab

)2

=

(

P”aprÚsLab

)2

=

(

P”avantRIN

)2

=

(

P”aprÚsRIN

)2

. (B.56)

on aura dans ce repÚre spécial,(

P”avantRIN

)2

=(

P 0avantRIN

)2

−(

PavantRIN

)2

=(

P 0avantRIN

)2

=(

EtotavantRIN

)2

=

(

∑

n

En

)2

. (B.57)

Cette quantité correspond donc à la somme des énergies totales, élevée au carré.

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Page 206: Marleau.physique Des Particules
Page 207: Marleau.physique Des Particules

Annexe C: Équation de Dirac

En construction

Page 208: Marleau.physique Des Particules
Page 209: Marleau.physique Des Particules

Annexe D: Particules stables, collision-neurs,...

Collisionneurs

Projet/LaboratoireÉnergie(GeV)

Circonférence(km)

e+e−CESR (1979)Cornell–Ithaca,USA

6 + 6

PEPSLAC–Stanford,USA

15 + 15

PEP-II (1999)SLAC–Stanford,USA

9 + 3.1

PETRA (1992-)DESY–Hambourg,All.

23 + 23

TRISTAN (1999)Tsukuba–KEK,Japon

30 + 30

SLC (1989)SLAC–Stanford,USA

50 + 50

LEP I et II (1990-)CERN–Genùve,Suisse

I: 45 + 45II: 87 + 87

26.659

VLEPP (? )INP–Serpukov,Russie

500 + 5001000 + 1000

pp, ppSppS (1981–1990)CERN–Genùve,Suisse

315 6.911

Tevatron (1987-)Fermilab–Batavia,USA

900 + 900 6.28

LHC (~2004)CERN–Genùve,Suisse

7000 + 7000 26.659

SSC (AnnulĂ©)SSC–Waxahachie,USA

20000 + 20000 87.12

epHERA (1992-)DESY–Hambourg,All.

e: 30 + p: 820 6.336

Page 210: Marleau.physique Des Particules
Page 211: Marleau.physique Des Particules

Index

Accélérateurs, 26circulaires, 27linéaires, 26

Antiparticule, 5

Baryons, 135charmés, 156masse, 144moments magnétiques, 147

Bosons, 4Bosons intermédiaires, 174Bottom, 104

Cabbiboangle de, 162

CalorimĂštre, 50Chambre Ă  bulles, 47Chambre Ă  dĂ©rive, 46Chambre Ă  flash, 46Chambre Ă  fils, 44Chambre Ă  streamer, 46Chambre d’ionisation, 44Chambre de Wilson, 47Champs

théorie quantique des, 12Charme, 103

quarks, 152Charme, 162Cinématique relativiste, 187Clebsh-Gordan

coefficients de, 183Collisions hadron-hadron, 170Compteur

Cerenkov, 49de Geiger-Muller, 44Ă  gerbes, 50

proportionnel, 44proportionnel multifils, 44

Compteur Ă  scintillations, 47Conjugaison de la charge, 105

antiparticule, 108invariance, 107parité totale, 106photon, 107pion, 107

Couleur, 141Ă©vidence expĂ©rimentale, 143fonctions d’onde, 142GroupeSU(3), 141

Couleur, 165Courants neutres, 162CP

violation de, 163Création de paire, 42

Désintégrationlargeur de , 72

DĂ©tecteurs, 38Ă  rayonnement de transition, 49calorimĂštre, 50chambre Ă  bulles, 47chambre Ă  dĂ©rive , 46chambre Ă  fils, 44chambre Ă  flash, 46chambre Ă  streamer, 46chambre d’ionisation, 44chambre de Wilson, 47compteur Ă  gerbes, 50Compteur Ă  scintillations, 47compteur Cerenkov, 49compteur de Geiger-Muller, 44compteur proportionnel, 44compteur proportionnel multifils, 44

Page 212: Marleau.physique Des Particules

200 Index

Ă©mulsion photographique, 47semiconducteur, 47

Diagrammes de Dalitz, 114

Diffusion e−N , 159Diffusion inĂ©lastique profonde avec

neutrinos, 170Diffusion inélastique profonde deeN ,

169Diffusion lepton-quark, 170Diffusion de Coulomb, 40Dirac

Ă©quation d’onde , 12matrices de, 12

Équation de Dirac, 195Divergences, 174

Effet Compton, 42Effet photoĂ©lectrique, 42Émulsion photographique, 47Espace de phase, 67, 74, 112ÉtrangetĂ©, 101

Facteur de forme, 159Fermi

Théorie de, 161Fermions, 4Formalisme quadri-dimensionnel, 8

Gell-Mann-Nishijima, relation, 99, 105ModĂšle GIM, 162Groupe SU(2), 98Groupes

de rotation, 123de Lie, 119poids, 121propriétés, 118racine, 121rang, 121représentations, 120, 129, 130, 133SU(2), 124SU(3), 126SU(N), 123, 129tableaux de Young, 130théorie des, 118U (1), 123

Hadrons, 2Heisenberg

point de vue, 65Hypercharge, 101

InteractionV −A, 162Interactions, 4

point de vue, 64Interactions

quarks, 168Interactions Ă©lectrofaibles, 174Interactions faibles

classification, 161Interactions électromagnétiques, 17Interactions faibles, 17, 101, 161

autres saveurs, 103étrangeté, 101parité, 82symétrieCP, 109

Interactions fortes, 21autres saveurs, 103résiduelles, 21

Interactions gravitationnelles, 22Interactions électromagnétiques, 159Invariance de jauge, 160Invariance de jauge, 88Invariance sousC, 107Inversion du temps, 86

opérateurT , 86Ionisation, 39Isospin, 96

conservation, 100

Physique duK0, 163Klein-Gordon

Ă©quation d’onde , 11Kobayashi-Maskawa

matrice de, 162

Largeur de désintégration, 72Leptons, 2Lois de conservation

charge Ă©lectrique, 93nombre baryonique, 95nombre Ă©letronique, 94nombre leptonique total, 94Nombre muonique, 94Nombre tauonique, 94

Mandelstam, variables, 57Masse

baryons, 144mésons, 144

MatiĂšre, 1Matrice de diffusion, 66MĂ©canique quantique relativiste, 11

Page 213: Marleau.physique Des Particules

Index 201

Mésonscharmés, 152masse, 144moments magnétiques, 147pseudo-scalaires, 138vectoriels, 140

ModĂšle des partons, 169ModĂšle standard

extensions, 175ModÚle de Weinberg-Salam, 162Moments magnétiques

baryons, 147mésons, 147

Muonsproduction de paires, 160

NoetherthéorÚme de, 78

Nombre baryonique, 95Nombre Ă©letronique, 94Nombre leptonique total, 94Nombre muonique, 94Nombre tauonique, 94

Parité, 81des antiparticules, 84conservation de la, 83intrinsÚque, 83orbitale, 82

Pariténon conservation, 161

Parité de charge totale, 106Parité-G, 110ModÚle des partons, 169partons

Invariance d’échelle et partons, 170Photon, 90, 107Pion, 107Point de vue

des interactions, 64de Heisenberg, 65de Schrödinger, 64

Propagateur, 15

Interactions fortes (QCD), 165QED

SuccĂšs, 160

Quarks, 3charme, 152diagrammes de, 150modĂšle des, 115, 129

Radioactivité, 25Rapidité, 62Rayonnement de freinage, 40Rayons cosmiques, 25Relativité restreinte, 185Renormalisabilité, 174Résonances, 111Rotation, invariance sous, 80

SchrödingerĂ©quation d’onde , 11point de vue, 64

Section efficace, 68Spin, 159Symétrie SU(2), 98Symétries, 77Synchrotrons, 27SystÚme à 4 corps

centre de masse, 59laboratoire, 61

SystĂšmed’unitĂ©s naturelles, 5

ThéorÚmeCPT , 109Théorie de jauge non-abélienne, 174Top, 104Transformation de jauge, 89

invariance sous, 89Translation, invariance sous, 79

Unification des forces, 173Unification

grande unification, 174UnitaritĂ©, contrainte d’, 91

Vie moyenne, 72Violation deCP, 109

Yukawa, 14

Z0 etW±

observation, 163

© 1997 L. Marleau

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