magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie...

19
Centre d'action laïque la ïcité magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN

Upload: others

Post on 21-Jan-2021

32 views

Category:

Documents


12 download

TRANSCRIPT

Page 1: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

Centre d'action laïque

la ïc i té

magie, sorcellerie, parapsycliologie

Direction scientifique

Hervé HASQUIN

Page 2: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

Superstitions, christianisme et paganisme à la fin de l'époque mérovingienne ­

A propos de VIndiculus superstitionum et paganiarum

Plus aucun historien n'en doute : le baptême de Clovis n'a pas entraîné la conversion au christianisme des habitants de son royaume ^ L'opinion de Fustel de Coulanges — selon laquelle «les documents, dès le Vlème siècle, ne nous montrent pas de Francs païens» et «c'est à peine si quelques vies de saints autorisent à penser qu'il en était resté quelques­uns dans le pays de Tournai ou de Cologne»^ — ne résiste pas à une lecture, même superficiel­le, des vies de saints, des actes de conciles, des capitulaires^. Dans ces textes tout au contraire, on perçoit la force et la vivacité des pratiques païennes dans nos régions jusqu'à la fin du Vl lème siècle. Qu'il suffise de rappeler la Vita de saint Amand pour la Neustrie de la première moitié du Vl lème siècle et les Vitae des saints évêques Lambert et Hubert pour le diocèse de Maastricht­Liège dans la seconde moitié du siècle'*.

1. Cet article, dédie à la mémoire de l'homme probe et libre que fut Guy Cambier (cfr. M. DE WAHA dans Revue Belge de Philologie ei d'Hisloire, LX. 1982, pp. 255-262), n'a pas la prétention de reprendre ab ovo tous les problèmes liés à VIndiculus superstitionum et paganiarum; on n'y trouvera donc qu'une bibliographie sommaire, limitée aux sources et aux travaux les plus récents ou les plus marquants. Je tiens à remercier C. Deroux (qui a bien voulu relire avec moi quelques passages obscurs des textes mis en œuvre). H. Hasquin, J.-L. Kuppcr (dont l'amitié et l'efficacité m'ont permis de disposer en temps utile de la thèse fondamentale d'H. Homann), M. Mat-Hasquin, Chr. Peeters (qui m' i fourni d'importantes indications sur les Responsiones baptismales) et J.-M. Sansterre (qui, avec une rare compétence, m'a permis de clarifier les problèmes chronologiques posés par les lettres du pape Zacharie).

2. FUSTEL DE COULANGES, La monarchie franque, Paris, 1888, pp. 507-508. 3. Dès 1899. E. Varandard avait d'ailleurs insisté, avec brio, sur les abus et les lacunes de l'interpré

tation de Fustel de Coulanges; cfr. E. VACANDARD, «L'idolâtrie en Gaule au Vlème et au Vllème siècle». Revue des Questions Historiques. LXV (n.s., XXI), 1899, pp. 424-454, aux pp. 424-425.

4. Saint Amand: Vita Amandi episcopi prima; éd. B. KRUSCH, M.G.H., SSRM, V (Hanovre-Leipzig, 1910), pp. 428-449, et Vita Amandi secunda (= Suppletio Milonis). éd. B. KRUSCH. ibidem, pp. 450-483. — Saint Lambert: Vita prima Landiberti Leodiensis episcopi; éd. B.,KRUSCH, M.G.H.. SSRM, VI (Hanovre-Leipzig, 1913), pp. 299-384. — Saint Hubert: Vita prima Hugberli Leodiensis episcopi; éd. W.

par Alain DIERKENS

Page 3: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

10 A. DIERKENS

Les témoignages archéologiques également mettent en évidence, pour l'actuelle Belgique, une absence quasi totale d'indices du christianisme en miHeu rural avant le milieu du Vl lème siècle^. La modification des rites funéraires, à laquelle le christianisme a contribué de façon décisive, est accomplie entre la fin du Vl lème et le milieu du VlIIème siècle: les inhumations, orientées Est-Ouest et dépourvues (ou presque) de mobilier funéraire, se rangent autour de l'église paroissiale^.

Sous quelque angle qu'on l'étudié, la christianisation des campagnes des diocèses de Tournai, Cambrai et Maastricht-Liège s'effectue entre les environs de 650 et le milieu du VlIIème siècle, notamment grâce à l'accrois-

LEVISON, M.G.H., SSRM, VI, pp. 471-496. Sur Amand, voir, en plus des études classiques d'E. de Moreau (E. DE MOREAU, Saint Amand, apôtre de la Belgique et du Nord de la France, Lx>uvain, 1927; Saint Amand, le principal évangélisateur de la Belgique, Bruxelles, 1942; «La Vita Amandi prima et les fondations monastiques de saint Amand», Analecta Bollandiana. LXVIl, 1949, pp. 447-464), on verra les synthèses récentes de M. COENS, «Amand», dans Biographie Nationale. XXXI (Bruxelles, 1962), col. 17-24; H. PLATELLE et D. MISONNE, «Amande», dans Bibliolheca Sanclorum, 1 (Rome, 1961), col. 918-923; J. NAZET, «Antoing et Leuze: fondations monastiques de saint Amand?», dans Centenaire du séminaire d'histoire médiévale de l U.L.B. (1876-1976), éd. G. DESPY, Bruxelles, 1977, pp. 9-19; W.H. FRITZE, " Universalis gentium confessio, Formeln, Trâger und Wege universalmissionarischen Denkens im 7. Jahrhundert», Frûhmittelalierliche Sludien, III, 1969, pp. 78-130; M. VAN UYTFANGHE, «La vallée de l'Escaut et de ses affluents à l'époque mérovingienne: le témoignage des textes», dans De merovingische beschaving in de Scheldevallei, éd. A. VAN DOORSELAER, Courtrai, 1981, pp. 23-65. Sur Amand, Lambert et Hubert, voir M. WERNER, Der Lûtticher Raum in frùhkarolingischer Zeit. Vntersuchungen zur Geschichte einer karolingischen Stammiandschaft, Gôttingen, 1980, surtout pp. 231-280. Synthèses récentes: J.-L. KUPPER, «Leodium», dans Séries episcoporum ecclesiae catholicae occidentalis, ab initio i4sque ad annum MXCVHI, ser. V: Germania, t. 1: Archiepiscopalus Coloniensis, Stuttgart, 1982, pp. 43-83, aux pp. 51-56; A. DIERKENS, L'implantation du christianisme dans les campagnes de iEntre-Sambre-et-MetÀSe: abbayes et paroisses (VlIème-XIème siècles), Bruxelles, 4 vol., 1983 (thèse de doctorat en histoire U.L.B., encore inédite), au t. I, pp. 255-275. L'exposé général d'E. DE MOREAU, Histoire de l'Eglise en Belgique, t. i : La formation de la Belgique chrétienne, Bruxelles, 2ème éd., 1945, pp. 75-129 et passim, conserve une très grande valeur.

5. Pour les campagnes de l'Entre-Sambre-et-Meuse par exemple, une enquête exhaustive n'a pu révéler qu'un seul objet antérieur au milieu du Vllème siècle, qui refléterait l'implantation du christianisme en milieu rural; cfr. DIERKENS, Implantation du christianisme, t. 1, pp. 72-79. Sur l'interprétation des symboles chrétiens sur les objets d'époque mérovingienne, A. DIERKENS, «Examen critique des symboles chrétiens sur les objets d'époque mérovingienne », dans Actes du colloque «L'art des invasions en Hongrie et en Wallonie» (Mariemont, 1979), éd. G. DONNAY et J. CESSION-LOUPE, Mariemont, à paraître et ID., «Cimetières mérovingiens et histoire du Haut Moyen Age. Chronologie-Société-Religion», dans Histoire et méthode, éd. J. STENGERS, Bruxelles, 1981 (Acta Historica Bruxellensia, IV), pp. 15-70, aux pp. 63-66.

6. Le christianisme s'est peu préoccupé, à l'époque mérovingienne, de codifier ou de réglementer les rites funéraires; on ne peut d'ailleurs considérer comme indices de christianisme, ni l'abandon progressif du mobilier funéraire, ni l'orientation Est-Ouest des tombes, ni la pratique de l'inhumation en remplacement de l'incinération (très rare d'ailleurs en Gaule mérovingienne). Il ne fait cependant aucun doute que la progression du christianisme a entraîné ipso facto une uniformisation des pratiques funéraires et qu'en ce sens, le rôle de la religion du Christ fut décisif. Sur ce point, DIERKENS, Cimetières mérovingiens, pp. 56-63 et Implantation du christianisme, t. I, pp. 4-10; les études de base sont dues à W.A. VAN ES, Grafrilueel en kerstening, Bussum, 1968 (traduction allemande: «Grabsitte und Christianisierungin den Niederlanden», Problème der Kiistenforschung im siidiichen Nordseegebiet, IX, 1970, pp. 77-90); B. YOUNG «Paganisme, christianisation et rites funéraires mérovingiens». Archéologie Médiévale, VII, 1977, pp. 5-81 et D. BUL-LOUGH, «Burial, Community and Belief in the Early Middie Ages», dans Idéal and Reality in Frankish and Anglo-Saxon Society. Sludies presented toJ.M. Wallace-Hadrill, ed. P. WORMALD, D. BULLOUGH et R. COLLINS, Oxford, 1983, pp. 177-201.

Page 4: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

SUPERSTITIONS, CHRISTIANISME, PAGANISME 11

sèment du pouvoir épiscopal, l'implantation d'un réseau dense d'abbayes, l'établissement d'un réseau paroissial effectif et l'appui important fourni par la dynastie mérovingienne (surtout en Neustrie) ou par les maires du palais (les futurs Carolingiens, Pippinides et Arnulfiens, en Austrasie). Dès 750 environ, l'évangélisation de la Gaule du Nord peut être considérée comme virtuellement achevée; les efforts porteront dès lors sur l'explication du message chrétien et la pastorale, l'approfondissement de la foi, les pratiques quotidiennes, la formation du clergé'.

On n'en observera qu'avec plus d'intérêt une liste de «superstitions» et de «pratiques païennes», annexée aux actes du concile des Estinnes du 1er mars 744. Cet Indiculus superstitionum et paganiarum^ a déjà suscité l'intérêt d'innombrables historiens et archéologues qui ont, longuement et âprement, discuté de la date et du lieu de sa rédaction, de sa portée exacte et du sens précis de chacun de ses termes. Quelques études récentes^

7. Pour la province ecclésiastique de Reims, J. PYCKE et J. DUMOULIN, «L'évangélisation de la Belgique seconde du Illème au Vlème siècle. Etat de la question ». dans Recueil d'études d'histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, éd. J.-M. GAUCHIES et J.-M. DUVOSQUEL, Mons, 1983, t. I, pp. 439-460. Pour la province ecclésiastique de Trêves, N. GAUTHIER, L'évangélisation des pays de la Moselle. La province romaine de Première Belgique entre Antiquité et Moyen Age illlème-VlIlème siècles), Paris, 1980. Pour la province ecclésiastique de Cologne, voir différentes études de Fr. W. OEDIGER (notamment Die Regesten der Erzbischôfe von Kôln im Mittelalter, I: 313-1099, Bonn, 1954-1961) et d'E. EWIG ; pour le diocèse de Maastricht-Liège, WERNER, Lûtiicher Raum, passim; DIERKENS, Implantation du christia­nisme, t. I, passim; M. VAN REY. Die Lùtticher Gaue Condroz und Ardennen im Fruhmittelalter. Untersuchungen zur Pfarrorganisation, Bonn, 1977.

8. Fac-similé des T 7 r° et v° du ms. Vat. Pal. lat. 577, dans H. HOMANN, Der Indiculus superstitionum et paganiarum und verwandte Denkmàler, Diss. Gôttingen, 1965, pp. V-VI. Pour les éditions, par ex., ed. G.H. PERTZ, M.G.H., LL., I (Hanovre, 1831), pp. 19-20. — Ed. BORETIUS, M.G.H., LL., Cap., I (Hanovre, 1883), pp. 222-223, n° 108 — Ed. R. RAU, Briefe des Bonifatius. Willibalds Leben des Bonifa-tius, Darmstadt, 1968, pp. 444-448. — Ed. M. ERBE, Quellen zur germanischen Bekehrungsgeschichte (5 -8. Jahrhundert), Gùtersioher, 1971, pp. 75-76, n" 27; etc. Sauf exception, je renvoie à l'édition Boretius. Parmi les nombreuses traductions et les commentaires de V Indiculus, on relèvera celles d'H. Homann et de R. Rau, déjà citées, en allemand ; celles d'E. SALIN, La civilisation mérovingienne d'après les sépultures, les textes et le laboratoire, t. IV: Les croyances, Paris, 1959, pp. 482-484; E. DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I, pp. 127-129 et, surtout, J. HEFELE, Histoire des conciles d'après les documents originaux. Nouvelle traduction (...) par H. LECLERQ, t. III, 2, Paris, 1910, pp. 835-844, en français; et Fr. CARDIN!, Magia, stregoneria, superstizioni neU'Occidente médiévale, Florence, 1979, pp. 197-198, n° 21, en italien. VIndiculus a fait l'objet de nombreuses études monographiques: en plus de la très importante thèse d'H. Homann citée ci-dessus (et dont je me sépare sur certains points fondamentaux), voir surtout L. MACHIELSEN, «De Indiculus superstitionum et paganiarum (742-754). Een capitulare van Karloman of Pepijn de Korte», Leuvense Bijdragen, LI, 1962, pp. 129-149. Comme études plus anciennes, on relèvera Ant. MAYER, Abhandlung iiber die von dem Liptininensischen Konzilium aufgezàhlten aberglâubischen und heidnische Gebràuche der alten Teutschen, Ingolstadt, 1828; A. SAUPE, Der Indiculus superstitionum et paganiarum, ein Verzeichnis heidnischer und aberglàubischer .Gebràuche und Meinungen aus der Zeit Karls des Grossen, Leipzig, 1891 ; F. WIDLAK, Die aberglâubischen und heidnische Gebràuche der alten Deuts-chen nach dem Zeugnisse der Synode von Liftinae im Jahre 743, Znaim, 1903-1904. Je n'ai pu consulter les études d'A. Saupe et F. Widiak.

9. En plus de la thèse d'H. Homann et de l'étude de L. Machielsen, citées dans la note précédente, il s'agit principalement d'études de Th. SCHIEFFER (Angelsachsen und Franken. Zwei Studien zur Kirchenges-chichte des 8. Jahrhunderts, Mayence, 1950. — Winfrid-Bonifatius und die christliche Grundlegung Europas, Fribourg, 1954; réimpr. avec complément, 1972), K-U. JÀSCHKE, «Die Grtindungszeit der mitteldeuts-

Page 5: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

12 A. DIERKENS

permettent aujourd'hui d'arriver à des conclusions définitives — à mes yeux, du moins - ; ce bref article voudrait présenter avec clarté ces conclu­sions en insistant sur l'intérêt de 1' Indiculus pour l'histoire religieuse des environs de 750 et pour la compréhension de la «religion populaire» du Moyen Age '°.

Le seul manuscrit qui conserve le texte de Y Indiculus superstitionum et paganiarum (le manuscrit latin 577 du fonds Palatin du Vatican) fut copié, en minuscules anglo-saxonnes, dans un scriptorium continental de tradition anglo-saxonne au VlIIème ou au IXème siècle ; les opinions les plus répan­dues l'attribuent au scriptorium de la célèbre abbaye de Fulda ou à celui de Mayence et le datent des environs de 800 Dans ce codex, les actes du «concile germanique» (743) présidé par Boniface et le maire du palais Carloman et ceux du concile des Estinnes (744) sont suivis par l'Indiculus, une formule (en vieux-saxon) d'abjuration et de foi intitulée Interrogationes et responsiones baptismales, et des discours au clergé et au peuple La question fondamentale, préalable à toute analyse du contenu et de la portée de l'Indiculus, est donc de savoir si ces textes étaient dès l'origine annexés aux actes des conciles de 743-744 ou s'ils ont été ajoutés lorsque vers 800 on recopia le capitulaire de Carloman qui nous a conservé les décisions de ces

chen Bistumer und das Jahr des Concilium Germanicum», darts Feslschrift fur Waller Schlesinger, ed. H. BEUMANN, Cologne-Vienne, 1974, t. II, pp. 71-136) et J. JARNUT («Bonifatius und die frânkische Reformkonzilien, 743-748», Zeitschrift der Savigny-Sliflung fur Rechlsgeschichle, XCVI, Kanonislische Abteilung. LXVI, 1979, pp. 1-26).

10. Dans un souci de clarté et de concision, je ne citerai pas ici tous les arguments — surtout des parallèles textuels — qui justifient la chronologie qu'après d'autres, j'ai adoptée; je me contenterai, en anticipant quelque peu sur mes conclusions, de présenter sommairement les documents qui permettent de restituer à Ylndiculus sa date et sa valeur.

11. Les positions sont, en réalité, plus complexes et nuancées, surtout depuis E.A. LOWE, Codices Latini Amiquiores. Part I : The Vatican City. Oxford, 1934. pp. 29 et 42-43. La bibliographie détaillée est donnée et discutée par dom L. Machielsen (Indiculus. pp. 146-149; «De Angelsaksische hcrkomst van de zogenaamde Oudsaksische doopbelofte. Een bijdrage tôt de externe geschiedenis», Leuvense Bijdragen. L, 1961, pp. 97-124 : le manuscrit aurait été copié entre 762 et 768 dans le scriptorium de Mayence et aurait été destiné à révêque anglo-saxon LuIl) et H. Homann (Indiculus. pp. 4-12, qui penche pour un livre de visite épiscopal. peut-être celui de Liudger de Munster au début du IXème siècle). Pour le détail des opinions et des justifications, on se reportera à ces études; à relever surtout W.M. LINDSAY et P. LEHMANN, «The (early) Mayence scriptorium», Paleografia Latina. IV, 1925, pp. 15-39.

12. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, pp. 834-836; C. DE CLERCQ, La législation religieuse franque de Clovis à Charlemagne (507-814). Louvain-Paris, 1936, pp. 116 et 120-121; E. BROUETTE, «Estinnes (Les)», dans Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastiques. XV (Paris, 1963), col. 1064-1068. La composition détaillée du codex Vat. Pal. lat. 577 (et une discussion de ses composantes) se trouvera dans MACHIELSEN, Angelsaksische herkomst. pp. 102-105 (ajouter L. MA­CHIELSEN, «Les fragments patristiques du ms. Vat. Pal. lat. 577», .Sacris Erudiri. XII. pp. 596-623) et dans HOMANN. Indiculus. pp. 8-9.

Page 6: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

SUPERSTITIONS, CHRISTIANISME, PAGANISME 13

conciles. Pour y répondre, il convient d'examiner successivement deux lettres de la correspondance de saint Boniface et les actes de trois conciles'^.

Dans une lettre non datée (lettre 50, selon la numérotation tradition­nelle)''*, Boniface félicite le nouveau pape, Zacharie, qui vient d'être élu à Rome. Il lui demande, d'abord, de confirmer l'érection de trois évêchés qu'il vient de fonder (Wurzbourg, Biiraberg et Erfurt). Il signale que le maire du palais Carloman l'a fait venir afin de lui demander de rassembler un synode in parte regni Francorum quae in sua est potestate : le dux Franco­rum a alors promis de ne pas ménager ses efforts pour restaurer la pratique religieuse «foulée aux pieds et dissipée depuis 60 ou 70 ans»'''. C'est pourquoi Boniface requiert l'approbation du Saint-Siège (consilium et pre-ceptum vestrae auctoritatis) avant de réunir ce synode, «le premier synode depuis plus de 80 ans»'^. Boniface brosse ensuite un tableau sombre de la situation religieuse dans le royaume franc et demande, sur de nombreux points précis, l'avis du pape. La date de cette lettre peut être déduite avec une bonne approximation : Zacharie est devenu pape le 10 décembre 741 et Boniface n'a pu être mis au courant de son élection par des messagers (per nuntios) avant janvier 742 ; la lettre doit donc dater du début de 742 ou d'un peu après

On a conservé le texte de la réponse du pape à Boniface (lettre 51) ; la lettre est datée du 1er avril 743: data Kalend. Apriles, imperante domno piissimo augusto Constantino a Deo coronato magno imperatore anno vicesi-mo quarto, post consulatum eius anno secundo, indictione undecima. Les éléments de la date concordent " et permettent de considérer — ce qui est

13. Les conciles seront cités d'après l'ed. A. WERMINGHOFF, M.G.H.. LL.. Conc. II (Hanovre, 1893), respectivement pp. 2-4, 6-7 et 33-36. Les lettres de Boniface seront citées d'après l'éd. M. TANGL, Die Briefe des heiligen Bonifalius und Lullus. Berlin, 1916 (M.G.H., Ep. seleclae, I) et l'éd. RAU, Briefe des Bonifatius.

14. Boniface à Zacharie, lettre 50; éd. TANGL, pp. 80-86 et éd. RAU, pp. 140-149. 15. Lettre 50; éd. TANGL, p. 82; éd. RAU, p. 142: Noium simililer sil palernilali vestrae, quod

Carlomannus dux Francorum me arcessilum ad se rogavil, M in parte regni Francorum, quae in sua est potestate, synodum deberem congregare. Et promisit se de ecclesiastica religione, quae iam longo tempore, id est non minus quam per LX vel LXX annos, calcata et dissipata fuit, aliquid corrigere et emendare vellet.

16. Lettre 50; éd. TANGL, p. 82 = éd. RAU. p. 142: Quapropter, si hoc Deo inspirante veraciter implere voluerit, consilium et preceptum vestrae auctoritatis, id est apostclicae sedis, habere et sapere debeo. Franci enim, ut seniores dicuni, plus quam per tempos octuaginta annorum synodum non fecerunl (...).

17. Les historiens s'accordent tous sur cette date ; par ex. TANGL, Epistolae, p. 50 (Anfang 742) ; RAU, Briefe des Bonifatius, p. 140 (Mitte 742); SCHIEFFER, Winfrid-Bonifatius, pp. 207-208. Voir cependant les excellentes remarques méthodologiques de JÀSCHKE, Grûndungszeit, pp. 74-80 et 128-129.

18. Zacharie à Boniface, lettre 51 ; éd. TANGL, pp. 86-92 = éd. RAU, pp. 148-159. 19. Cette date n'est pourtant pas sans poser de problèmes, liés notamment aux dates du couronnement de

Constantin V et au calcul du post-consulat dans les documents byzantins du Vllème siècle. Sur le couronne­ment de Constantin V le 18 juin 741 (cl non 740, comme l'écrit V. GRUMEL, Traité d'études byzantines, I. La chronologie, Paris, 1958, p. 357). voir, par exemple. St. GERO, Byzantine Iconoclasm during the Reign of Constantin V. Louvain, 1977, p. 14 et n. 18 ou D. STEIN, Der Beginn des byzantinischen Bildenstreites und seine Eniwicklung. bis in die 40er Jalire des H. Jalirhunderis, Munich, 1980. p. 221. Sur le post-consulat au Vllème siècle, voir R. GUILLAND, Recherches sur les institutions byzantines, t. Il, Berlin-Amsterdam,

Page 7: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

14 A. DIERKENS

capital — le 1er avril 743 comme un terminus post quem pour le «concile germanique» dont il sera question plus loin. Zacharie a reçu la lettre de Boniface par l'intermédiaire de Denehard, religiosus presbiter tuus, et ré­pond, point par point, aux questions de Boniface. Il marque son accord pour la constitution des trois évêchés d'Allemagne du Nord et annonce l'envoi, à chacun des trois évêques, d'une lettre pontificale en ce sens (on en a conservé deux, datées, elles aussi, du 1er avril 743)^". Quant au synode que Carloman souhaitait rassembler, le pape en approuve l'initiative et donne des instructions sur la conduite à tenir si Carloman persiste dans son projet et donc si Boniface et Carloman président à la réunion Enfin, Zacharie envisage successivement chacun des points litigieux que lui a signalés l'archevêque et leur propose une solution. La lettre se termine par l'annonce de l'envoi à Carloman d'une lettre similaire, aujourd'hui perdue

Le synode projeté par Carloman et approuvé par Zacharie est connu par un capitulaire de Carloman, dux et princeps Francorum, daté anno ab incarnatione Christi septingentesimo XLII, XI Kalendas Maias^^. De toute évidence — et malgré les assertions de très nombreux historiens^'' —, la date doit être lue (dimanche) 21 avril 743 et non (samedi) 21 avril 742^^. L'er­reur de millésime, comme l'a montré magistralement Theodor Schieffer^^,

1%7, pp. 44-47. Sur la coïncidence des années post-consulaires et des années effectives de règne, voir E. STEIN, «Post-consulat et aiÎTOxpaxopia», Annuaire de l'Institut de Philologie et d'Histoire Orientales, Il 1933-1934 f= Mélanges J. BIDEZ), pp. 869-912, aux pp. 896-898, suivi par F. DÔLGER, dans Byzantinis-che Zeitschrift, XXXVI, 1936, pp. 123-145, à la p. 124. Sur les rapports entre Constantin V et Zacharie, ainsi que sur l'usurpation d'Artabasdos, voir O. BERTOLINI, «I rapport! di Zaccaria con Costantino V e con Artarasdo nel racconto del biografo del papa e nelle probabile realtà storica». Archiva délia Società romana di Sloria patria. LXXVIII, 1955, pp. 1-21 et P. SPECK, Artabasdos, der rechtglàubige Vorkampfer der gôttlichen Lehrer, Bonn, 1981. La date du 1er mars 743 pour la lettre 51 de Zacharie est acceptée, en dernier lieu, par STEIN, Bildenstreit. pp. 94, 231 et 237 et par SPECK, Artabasdos. pp. 122-123.

20. Lettres 52 et 53 ; éd. TANGL, pp. 92-94 et 94-95. Seule la lettre 52 est reprise par RAU, pp. 160-162. Sur ces lettres et la date du 1er avril 743, voir JÀSCHKE, Grûndungzeit, pp. 123-128.

21. Lettre 51; éd. TANGL, p. 89 = éd. RAU, p. 150: De eo autem, quod nobis intimasii, quod te Carolumannus filius noster apud se rogavit accedere, ut in parte regni Francorum in sua ditione sive potestate conslitula synodum celebrares. eo quod omnis ecclesiastica régula sive disciplina ab eadem provincia funditus abolita est (...). Sed dum iuvante Deo, quae a prefato filio promissa sunt, ad effectum perducta fuerint. tua fraternitas memorato concilio cum presederit cum eodem excellentissimo vira,...

22. Lettre 51 ; éd. TANGL, p. 91 = éd. RAU, p. 158: Et Carolomanno filio nostro alla scripia direxi-mus, ut quae tibi promisit adimplere festinet atque adminicula prestet.

23. Concilium germanicum; éd. WERMINGHOFF. pp. 2-4. Voir, par exemple, les commentaires appro­fondis de DE CLERCO, Législation religieuse. I, pp. 117-120 et de HEFELE-LECLERCQ, Histoire des conciles, III, 2, pp. 815-825.

24. Voir, par exemple, la bibliographie donnée par BROUETTE, Estinnes, col. 1064-1065. 25. Il s'agit du premier dimanche après Pâques. La date de 743 a été prouvée magistralement par

SCHIEFFER, Winfrid-Bonifatius, pp. 208-211 (et nv. éd., annexe, pp. 333-335, qui maintient sa position, notamment contre H. Lôwe) et Angelsachsen. pp. 1463-1471. La position de Schieffer acceptée en dernier lieu par JÀSCHKE, Grûndungzeil, pp. 101-122 et JARNUT, Bonifatius, pp. 1-5, a été suivie notamment par F-L Ganshof (Qu est-ce que la féodalité?, 4ème éd., Paris, 1982, p. 39, n° 1), alors qu'il avait précédemment opté pour 742.

26. SCHIEFFER,/Ingeisacfcra. pp. 1463-1471.

Page 8: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

SUPERSTITIONS, CHRISTIANISME, PAGANISME 15

provient de l'utilisation d'une date ab incarnatione, en usage alors dans le monde anglo-saxon mais dont le premier exemple sur le continent est le présent «concile germanique»^^. La comparaison des prescriptions de la lettre 51 de Zacharie et des décrets du «concile germanique» démontre, sans aucun doute possible, que le concile applique très scrupuleusement — et presque littéralement — les directives pontificales ; la date du 1er avril 743 constitue donc un terminus sûr^^.

Un des premiers canons du «concile germanique» de 743 prescrit la réunion annuelle de nouveaux synodes destinés à permettre la «restaura­tion» de la religion du Christ^^. On possède effectivement, pour 744, les actes de deux conciles, similaires et complémentaires: l'un, valable pour la partie du regnum Francorum sous la potestas du maire du palais Carloman, s'est tenu dans la résidence «publique» des Estinnes le 1er mars^°; l'autre, présidé par le maire du palais Pépin III, eut lieu à Soissons le 3 mars^^ L'année du concile des Estinnes n'est pas précisée, mais la date de 744 fournie pour Soissons (anno septingentesimo quadragesimo quarto ab incar­natione Christi sut die VI. Nonas Martii et luna XlIIl in anno secundo Childerici régis Francorum) vaut pour les deux réunions que les contempo­rains considéraient d'ailleurs — la démonstration de Jôrg Jarnut est impec­cable — comme deux éléments d'un même e n s e m b l e L e s décisions prises aux Estinnes et à Soissons se recoupent et se complètent ; quelques articles seulement diffèrent et concernent les partes regni respectives. A Soissons par exemple, on s'attache à condamner Adelbert^^, dont Boniface obtiendra plus tard (au synode de Rome du 25 octobre 745) une condamnation pontificale^"*. Aux Estinnes, on envisage le problème de ces précaires appe-

27. Bonnes remarques sur ce point dans W. LEVISON, England and the Continent in the eighl Century, Oxford, 1946, pp. 83-87 (qui plaide pour 742). Cfr. SCHIEFFER, Winfrid-Bonifatius, pp. 213-214.

28. Les parallèles textuels abondent. Pour une démonstration, voir les études citées supra, n. 25, et, en particulier, lÀSCHKE, Grundungszeit. pp. 101-128.

29. Concilium germanicum. art. I b ; éd. WERMINGHOFF, p. 3 : Statuimus per annos singulos synodum congregare. ut nobis presentibus canonum décréta et aecclesiae iura restaurentur. et religio Christiana emen-detur.

30. Concilium Liptinense; éd. WERMINGHOFF, pp. 6-7. Voir, par exemple, les commentaires appro­fondis de DE CLERCQ, Législation religieuse. I, pp. 120-121 et HEFELE-LECLERCQ, Histoire des conciles. III, 2, pp. 825-834.

31. Concilium Suessionense; éd. WERMINGHOFF, pp. 33-36. Voir, par exemple, les commentaires approfondis de DE CLERCQ, Législation religieuse. I, pp. 122-125 et HEFELE-LECLERCQ, Histoire des conciles, III, 2, pp. 854-861. La date du concile de Soissons a été établie, de façon définitive, par B. KRUSCH, «Das Datum des Concils von Soissons, 744 màrz 3», Neues Archiv, XXX, 1904, pp. 708-709.

32. JARNUT, Bonifatius, pp. 1-9. 33. Concilum Suessionense. art. 2 et 7; éd. WERMINGHOFF, pp. 34-35. 34. Zacharie à Boniface, lettres 59 et 60; éd. TANGL, pp. 108-125 = éd. RAU, pp. 174-183 (lettre 60)

et 394-415 (actes du synode). Analyse ; HEFELE-LECLERCQ, Histoire des conciles. III, 2, pp. 873-884. La date de ce synode (Imperante domno piissimo augusto Constantino imperatore anno XXVI. post consulatum eius anno V. mense Octobri die vicesima quinta. indictione XIIIl = 25 octobre 745) a été acceptée, en dernier lieu, par SPECK, Artabasdos. pp. 231 et 250 et STEIN, Bildenstreit, pp. 135-136.

Page 9: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

16 A. DIERKENS

lées plus tard precariae verbo régis " ". Les deux conciles de 744 comportent un article relatif aux pratiques païennes: ut populus Christianus paganus non fiant (sic) à Soissons "'̂ , ut qui paganas observationes in aliqua re fecerit, multetur et damnetur quindecim solidis aux Estinnes"*^. C'est ici que, dans le manuscrit Pal. lat. 577 du Vatican, s'insèrent les Interrogationes et respon-siones baptismales et l'Indiculus superstitionum et paganiarum.

Ces trois conciles («concile germanique» du 21 avril 743, concile des Estinnes du 1er mars 744, concile de Soissons du 3 mars 744) forment un tout cohérent, que les contemporains considéraient comme tel"***. Ainsi, quand Boniface écrit à son ami Cuthbert, archevêque de Canterbury, en 747, il désigne les trois réunions par une formule au singulier: in nostro sinodali conventu et, plus loin, synodum congregandam et hortandam iussu pontificis Romani et rogatu principum Francorum et Gallorum sub spe restaurandae legis Christi suscepi^'^. Aucune réunion synodale ne se tint, dans le royaume franc, entre 743/744 et le début de 748'*".

. , * * *

Avant de montrer que l'Indiculus se rattache très étroitement à cet ensemble conciliaire, il n'est pas inutile d'ouvrir une courte parenthèse sur le choix de la résidence des Estinnes comme lieu de réunion en 744.

Après la mort du roi Thierry IV en 737, le maire du palais Charles Martel n'avait pas estimé nécessaire l'autorité nominale d'un roi mérovin­gien. Lorsque Charles mourut en octobre 741, des problèmes de succession se posèrent et opposèrent les deux fils légitimes du maire du palais, Pépin III et Carloman, à leur demi-frère; après leur victoire, ceux-ci procédèrent, au début de 743, à la nomination d'un roi symbolique, Childéric III'". Le

35. Concilium Liplinense. art. 2; éd. WERMINGHOFF, p. 7. — Capitulaire de Herstal, a° 779; éd. BORETIUS. M.G.H.. LL.. Cap.. I. pp. 46-51, n° 20, art. 13. Cfr. GANSHOF, Féodalité, pp. 38-40.

36. Concilium Suessionense. art. 6; éd. WERMINGHOFF, p. 35. 37. Concilium Liplinense. art. 4; éd. WERMINGHOFF. p. 7. Cet art. 4 fait allusion à une interdiction

similaire déjà édictée par Charles Martel (quod et pater meus ante praecipiebat), mais qu'on ne connaît pas par ailleurs.

38. JARNUT, Bonifatius. pp. 9-24. 39. Boniface à Cuthbert, lettre 78; éd. TANGL, pp. 161-170 (aux pp. 163 et 165) = éd. RAU, pp. 238-

255 (aux pp. 240 et 244). 40. JARNUT, Bonifatius. pp. 22-26. 41. Sur les problèmes liés à la succession de Charles Martel et sur le «règne» capital de Carloman, C.

RODENBERG, Pippin. Karlmann und Papst Stephan II. Berlin, 1923, pp. 14-27; G. TANGL. «Die Scndung des ehemaligen Hausmeiers Karlmann in das Frankenreich im Jahre 754 und der Konflikt der BrUder». Quellen und Forschungen aus ilalienischen Archiien und Bihliothelien, XL. 1960. pp. 1-42; E. HLAWITSCHKA, «Die Vorfahren Karls des Grossen». dans Karl der Grosse, t. I: Personlichkeil und Geschichte, éd. H. BEUMANN, Dusseldorf, 1965, pp. 51-82 (aux pp. 66-67 et 81); K-H. KRÛGER, Kônigsgrabkirchen der Franken. Angelsachsen und Langobarden bis zur Mille des 8. Jahrhunderis, Munich, 1971, pp. 493-496; K-H. KRUGER, « Kônigskonversionen im 8. Jahrhundcrt », Fruhmilielallerliche Stu-

Page 10: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

SUPERSTITIONS, CHRISTIANISME, PAGANISME 17

partage des influences des deux maires du palais est mal connu dans le détail: à Carloman revinrent l'Austrasie, l'Alémanie et la Thuringe; à Pépin, la Neustrie, la Bourgogne et la Provence ; mais certaines parties de la Neustrie relevaient du pouvoir de Carloman, alors que Pépin avait la haute main sur une partie de l'ancienne Austrasie"^. Ainsi la résidence royale neustrienne des Estinnes fut-elle attribuée à Carloman'*"', C'est notamment des Estinnes qu'est datée une charte de Carloman pour l'abbaye voisine de Lobbes sur la Sambre : actum Liptinas villa publica, quo facit Febmarius dies sex, anno secundo régnante Hilderico, c'est-à-dire probablement le 6 février 744, quelques jours avant le concile des Estinnes'*'*, Cet acte n'est d'ailleurs pas le seul exemple de liens étroits, dans la première moitié du VlIIème siècle, de Lobbes avec les Pippinides et la résidences des Estinnes"*^.

* * * •

dien, VII, 1973, pp. 169-222 (aux pp. 183-201); I. HASELBACH, Aitstiefi und Herrschaft der Karlinger in der Darslellung der sogenanten Annales Mettenses priores. Lubcck-Hambourg, 1970, pp. 97-110. Exposé commode dans GAUTHIER, Moselle, pp. 268-270.

42. Annales Mettenses priores; éd. B. DE SIMSON, Hanovre-Leipzig, 1909 (M.G.H., Scriptores rerum germanicarum in usum scholarum) a° 741, p. 31: (Carolus) principatum suum inter filios suas aequa lance divisil. Primogenito suo Carolomanno Austriam, Alamanniam, Toringiam subiugavit, filio vero iuniori sua Pippino Niustriam. Bijrgundiam Provinciamque concessit. Sur ce partage, voir notamment E. EWIG, «Descriptio Franciae. Francia, Austria, Neustria», dans Karl der Grosse, I, pp. 143-177 (aux pp. 144-145).

43. Les Estinnes, aujourd'hui Estinnes-au Mont et Estinnes-au-Val. prov. Hainaut, arr. Thuin, chef-lieu de commune fusionnée. Sur les Estinnes, on se référera à l'étude ancienne de Th. LEJEUNE, «Histoire des Estinnes», Annales du Cercle Archéologique de Mom. XII, 1875, pp. 1-106 et XV, 1878, pp. 1-2(X) et, plus récemment, Chr. DEMOUSTIER, Recherches sur un domaine hennuyer au Moyen Age. Les Estinnes des origines au XVème siècle, Bruxelles, Mémoire de licence en Histoire U.L.B., inédit, 1974. G. Faider-Feytmans (G. FAIDER, Les collections d'archéologie régionale du Musée de Mariemont. II : Les nécropoles mérovingiennes, Mariemont, 1970, 2 vol., au t. I, pp. 26-36) a proposé de faire de la très riche nécropole de Trivières, le cimetière dépendant de la villa des Estinnes; voir cependant les remarques critiques d'A. DASNCY, «Epoque mérovingienne», dans Archéologie de la région de Mons. Le bassin de la Haine de la Préhistoire au Mérovingien, Mons, 1973, pp. 99-102,

44. Charte perdue (I. HEIDRICH, «Titulatur und Urkunden der arnulfingischen Hausmeier», Archiv fiir Diplomalik. XI-XII. 1965-1966, pp. 71-279; deperdita. n° 50, pp. 275-276), dont la date, une partie de la souscription et la clause dispositive principale sont conservées dans les Gesta abbatum Lohhiensium, écrits vers 980 par Folcuin (éd. G.H. PERTZ, M.G.H.. SS., IV (Hanovre, 1841), pp. 52-74, ehap. VI, p. 58);cfr, DIERKENS, Implantation du christianisme, t. I, pp. 149 et 283. La date acceptée habituellement (745), fournie par la seconde année du règne de Childérie III, est possible ; je lui préfère cependant 744 : l'accession de Childérie III au trône n'est pas datée avec une précision suffisante en février ou mars 743 et la coïncidence entre la date de la charte perdue, la présence certaine de Carloman aux Estinnes le 1er mars 744 et la date du concile de Soissons (3 mars 744, in anno secundo Childerici régis Francorum) fait pencher pour 744. Sur Childérie III, on verra, par exemple, L. LEVILLAIN, «La filiation de Childérie III», Le Moyen Age, XII, 1899, pp. 476-487; K-H. KRÛGER, «Sithiu/Saint-Bertin als Grablegc Childerichs III. und der Grafen von Flandern», Fruhmittelalterliche Studien. VIII, 1974, pp. 71-81; JÀSCHKE, Grundungszeil, pp. 113-121 (qui donne d'ailleurs d'autres arguments pour la présence de Carloman dans nos régions en 744).

45. Voir, par exemple, FOLCUIN, Gesta abbatum Lohhiensium. XXXI; éd. PERTZ, p. 71 (sur une visite de saint Ursmcr aux Estinnes). Deux chartes fausses de Pépin II, respectivement pour l'abbé de Lobbes, saint Ursmer, (éd. K.A. PERTZ, M.G.H., DD. maiorum domus regiae (Hanovre, 1872), Spuria Pippini IL n° 2, p. 210: 15 novembre 691) et pour le supérieur de Wallers alors dépendance de Lobbes, saint Dodon (éd. PERTZ, Spuria Pippini IL n° 4, pp. 211-212: 17 novembre 697), sont toutes deux datées des Estinnes, et, même si ces deux faux grossiers ne sont pas antérieurs au Xllème siècle, le choix des Estinnes reste intéressant ; sur ces deux actes — qui mériteraient une étude approfondie —, voir surtout

Page 11: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

18 A. DIERKENS

Le titre porté par l'Indiculus superstitionum et paganiarum est, à lui seul, indicatif. Le mot paganiae (pratiques païennes) est, en effet, fort rare : on le trouve notamment attesté dans la lettre 50 de Boniface au pape Zacharie'**, dans le texte du «concile germanique» de 743'*'' et dans le Poenitentiale d'Egbert d'York, avec qui Boniface c o r r e s p o n d a i t Q u a n t au mot superstitio, il ne se trouve, dans la correspondance de Boniface, qu'à un seul endroit: dans la lettre déjà citée de 747 par laquelle Boniface fait part à Cuthbert de Canterbury des résolutions des trois réunions ecclésiastiques de 743/744'*^. La convergence de ces attestations, à elle seule, plaide pour une datation de Vlndiculus vers 744.

VIndiculus se présente, sans explication ou commentaire, comme une énumération de trente «superstitions et pratiques païennes», dont voici la liste accompagnée d'un bref commentaire.

1. De sacrilegio ad sepulchra mortuorum (Du sacrilège commis auprès des tombes des défunts). La nature de ce sacrilegium ne peut être précisée^".

2. De sacrilegio super defunctos, id est dadsisas (Du sacrilège commis sur les défunts, c'est-à-dire dadsisas). Les dadsisas sont peut-être des repas funéraires ou des libations

HEIDRICH, Titulalur. pp. 255-258 et DIERKENS, Implantation du christianisme, t. I. p. 112, n" 72. Il faut, enfin, faire état ici des problèmes liés à l'identification d'un episcopus Abel qui aurait habité à Lobbes vers 750 (FOLCUIN, Gesta abbatum Lobbiensium. V et VII ; éd. PERTZ, p. 58) et sur l'identité duquel les historiens ont amplement disserté : on y voit souvent l'archevêque nommé par Boniface et Carloman à Reims en 744 et dont, peut-être, parle le concile de Soissons de 744 (éd. WERMINGHOFF. p. 34, art. 3). Sur Abel, on trouvera la bibliographie dans DIERKENS, Implantation du christianisme. 1, pp. 148-149; surtout GAUTHIER, Moselle, pp. 364-365, E. EWIG, «Saint Chrodegang et la réforme de l'Eglise franque», dans Saint Chrodegang, Metz, 1967, pp. 25-53 (à la p. 45) et «Milo et eiusmodi similes», dans Sankt Bonifatius. Gedenkgabe zum 1200. Todestag, Fulda, 1953, pp. 412-440 (aux pp. 419-420).

46. Lettre 50; éd. TANGL, p. 85 = éd. RAU, pp. 146-148: Nam si istas paganias ibi paternitas vestra in Romana urbe prohibuerit,...

47. Concilium germanicum, art. 5 ; éd. WERMINGHOFF, pp. 3-4: ut populus Dei paganias non faciat. 48. Boniface à Egbert, lettres 75 (746-747) et 91 (747-754); éd. TANGL, pp. 156-158 et 206-208 = éd.

RAU, pp. 230-233 et 308-313. Sur les sens et les emplois de paganiae, voir J-F. NIERMEYER, Mediae Latinitatis Lexicon minus, Leiden, 1954-64, p. 751, sub verho ; DU CANGE, Glossarium mediae et infimae Latinilatis. nv. éd., Niort, 1886, t. VI, p. 90.

49. Lettre 78 (cfr. supra, n. 39), éd. TANGL, p. 170 = éd. RAU, pp. 252-254: Supervacuam et Deo odibilem vestimentorum superstitionem omni intentione prohibere stude. La superstitio est. ici, l'utilisation de motifs animaliers pour décorer certains vêtements religieux; le ton de Boniface est, de façon surprenante, très semblable à celui de saint Bernard vilipendant les sculptures des chapiteaux romans. On trouvera une étude exhaustive des emplois et des sens du mot superstitio au Haut Moyen Age, dans l'ouvrage capital de D. HARMENING, Superstitio. Ûberlieferungs- und theoriegeschichtliche Untersuchungen zur kirchlich-Iheologischen Aberglaubensliteratur des Mittelaliers. Berlin, 1979, pp. 14-42 et passim.

50. HEFELE-LECLERCQ, Histoire des conciles, III, 2, p. 837; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I, p. 128; HOMANN, Indicutus, pp. 21-30, 182 et passim.

51. HEFELE-LECLERCQ, Histoire des conciles, III, 2, p. 837 ; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise. 1, p. 129; HOMANN, Indiculus, pp. 31-34, 182 et passim.

Page 12: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

SUPERSTITIONS, CHRISTIANISME, PAGANISME 19

3. De spurcalibus in Februario (Des spurcalia en février). On ne sait si les spurcalia désignent seulement des fêtes païennes ou s'il s'agit de spurci-tiae, de pratiques sales et immondes

4. De casulis, id est fanis (Des petites maisons, c'est-à-dire des petits temples)

5. De sacrilegiis per aecclesias (Des sacrilèges commis dans les églises). Une nouvelle fois, la nature exacte de ces sacrilèges échappe à l'historien^'*.

6. De sacris silvarum quae nimidas vocant (Des cultes — ou des tem­ples? — des forêts, qu'on appelle nimidas). Le sens précis de ces nimidas n'est pas connu^^.

7. De hiis quae faciunt super petras (De ce que l'on fait au-dessus des pierres)

8. De sacris Mercurii vel lovis (Des cultes — ou des temples? — à Mercure et à Jupiter). Mercure et Jupiter désignent probablement, par interpretatio romana, les dieux équivalents du panthéon germanique (Wotan et Donar) ou/et gaulois".

9. De sacrificio quod fit alicui sanctorum (Des sacrifices commis en l'honneur de quelque saint). Il s'agit probablement des sacrifices dont parle le «concile germanique» de 743^**.

52. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, pp. 837-838 (pour qui les spurcalia sont seule­ment des fêtes de février. Sporkel, sans connotation négative); DE MOREAU, Histoire de VEglise, I, p. 129; HOMANN, Indiculus, pp. 34-39 et passim. Pour RAU (Briefe des Bonifatius, p. 444) et d'autres il faudrait comprendre spurcitiae, d'après le décret 5 du «concile germanique» (éd. WERMINGHOFF, p. 4). L'interprétation la meilleure est celle de M. ZENDER, «Die Frauen machen im Februar das Wetter», dans Dona elhnologica. Beilrâge zur vergleichenden Volkskunde. Festschrift Leopold Kretzenbacher. Munich, 1973, pp. 340-347; cfr. aussi HARMENING, Superstitio, pp. 148-154.

53. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, p. 838; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I, pp. 128-129; HOMANN, Indiculus, pp. 39-44, 182 et passim. A rapprocher du capitulaire «saxon» de c. 785 (éd. BORETIUS, M.G.H.. LL., Cap., I, pp. 68-70, n. 26), art. 1: ecclesiae Christi, que modo consiruunlur in Saxonia et Deo sacratae sunt, non minorem habeant honorem sed maiorem et excellentiorem quam vana (= fana) habuissent idolorum.

54. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, p. 838; DE MOREAU, Histoire de rEglise, I, p. 129; HOMANN, Indiculus, pp. 44-51, 183 et passim.

55. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, p. 838; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise. I, p. 129 et n. 3; HOMANN, Indiculus, pp. 51-55, 183 et passim. Le culte des forêts (comme celui des fontaines et des pierres) fut condamné dans de nombreux conciles ; cfr. notamment le capitulaire «saxon» de 785 (éd. BORETIUS, p. 69, art. 21): si quis ad fontes aut arbores vel lucos votum fecerit (...). Excellent commentaire dans HARMENING, Superstitio. pp. 49-56.

56. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, p. 838; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I, p. 128; HOMANN, Indiculus, pp. 56-58, 183 et passim. Cfr. aussi supra, n. 55.

57. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, p. 838; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I, p. 128; HOMANN, Indiculus, pp. 58-66, 183-184 et passim.

58. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, p. 838; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I, p. 129; HOMANN, Indiculus, pp. 67-70 et passim.

Page 13: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

20 A. DIERKENS

10. De filacteriis et ligaturis (Des phylactères et des cordons en ban­dage)

11. De fontibus sacrificiorum (Des sources à sacrifices)^.

12. De incantationibus (Des incantations)

13. De auguriis vel avium vel equorum vel bouum stercora vel sternuta-tiones (Des présages provenant de l'observation des oiseaux, des chevaux, des excréments de bovidés ou des éternuements). L'usage grammatical des cas génitif/accusatif ne permet pas d'avoir la certitude sur la compréhen­sion exacte de ce passage''^.

14. De divinis vel sortilegis (Des devins et des prophètes)

15. De igne fricato de ligno, id est nodfyr (Du feu obtenu par frotte­ment de bois, c'est-à-dire nodfyr) ^.

16. De cerebro animalium (De la cervelle des animaux)^^.

17. De observatione paganorum in foco vel in incoatione rei alicuius (De l'observation païenne du foyer ou avant d'entreprendre quelque chose)

59. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, pp. 838-839; HOMANN, Indiculus. pp. 70-75, 184 et passim. HARMENING, Supersiilio, pp. 238-246 eipassim. Sur les amulettes et phylactères, on verra, en dernier lieu, AL.L MEANEY, Anglo-Saxon Amulels and Curing Slones. Oxford, 1981 (livre à compléter, pour la bibliographie et la critique, par le compte rendu de L. PAULI dans Germania. LXI, 1983, pp. 218-229). Cfr. aussi infra. n. 82.

60. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, p. 839; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I, p. 128; HOMANN, Indiculus, pp. 75-77, 184 et passim: cfr. aussi supra, n. 55. La plupart des auteurs traduisent cet article par «sacrifices aux fontaines»; c'est possible, mais je préfère me tenir à une traduction plus littérale: sources à sacrifices, à comprendre peut-être comme puits à sacrifices.

61. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, p. 839; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise. I, p. 129 ; HOMANN, Indiculus. pp. 78-83, 184-185 et passim. Les condamnations des incantations sont parmi les plus fréquentes au Haut Moyen Age.

62. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, p. 839; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I. p. 128; HOMANN, Indiculus, pp. 84-89, 185 et passim.

63. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2. pp. 839-840; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise. I, p. 129; HOMANN, Indiculus. pp. 89-95, 185-186 et passim.

64. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, p. 840; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise. 1, p. 128; HOMANN, Indiculus. pp. 96-98 et pajs/m.

65. HEFELE-LECLERCO. Histoire des conciles, III, 2, p. 840; HOMANN, Indiculus. pp. 98-100 et passim.

66. HEFELE-LECLERCO. Histoire des conciles. III, 2, p. 840; DE MOREAU. Histoire de l'Eglise. I, p. 129; HOMANN,/ndic«/<is. pp. 100-106, 186-187 et posj/m.

Page 14: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

SUPERSTITIONS, CHRISTIANISME, PAGANISME 21

18. De incertis locis que colunt pro sanctis (Des lieux mal assurés qu'on honore comme s'ils étaient saints)

19. De petendo quod boni vocant Sanctae Mariae (Du fait de demander ce que les fidèles disent appartenir à la Vierge). Cet article est probable­ment le plus difficile à comprendre de VIndiculus^.

20. De feriis quae faciunt lovi vel Mercurio (Des fêtes en l'horineur de Jupiter et de Mercure)*'^.

21. De lunae defectione quod dicunt «vinceluna» (De l'éclipsé de lune qu'on appelle vinceluna)^^\

22. De tempestatibus et cornibus et cocleis (Des tempêtes, des cornes et des escargots — ou des cuillers? ou des cloches? —)^'.

23. De sulcis circa villas (Des fossés creusés autour des villae — ou des domaines? —)^^.

24. De pagano cursu quem yrias nominant saisis pannis vel calciamentis (De la course païenne, appelée yrias, qui se fait avec les vêtements et les chaussures déchirés). Cette course n'est pas connue en dehors de cet article de VIndiculus^^.

25. De eo quod sibi sanctos fingunt quoslibet mortuos (Du fait de s'imaginer que tout défunt est saint)

67. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, p. 840; HOMANN, Indiculus, pp. 106-108 et passim.

68. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, pp. 840-841; DE MOREAU, Hi.iioire de l'Eglise. I, pp. 128-129, s'abstient de tout commentaire; HOMANN, Indiculus. pp. 108-110 et passim. Les historiens remplacent volontiers petendo par potando (et en font un philtre d'amour) ou par petenstro (germ. herbes de lit); il n'y a aucune raison de refuser la traduction obvie.

69. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III. 2, p. 841 ; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise. I, p. 128; HOMANN, Indiculus. pp. 111-112, 187 et passim. On ne sait s'il faut comprendre ce passage comme l'interdiction de fêtes spécifiques à ces dieux païens ou comfne la condamnation de l'usage du nom des dieux dans la dénomination des jours de la semaine; cfr. HARMENING, Supersiitio. pp. 159-161.

70. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, p. 841 ; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise. I, p. 129; HOMANN, Indiculus. pp. 113-117, 187 et passim. On rapproche ordinairement cet article d'une homélie de Hraban Maur (Homilia contra eos qui in lunae defeclu clamoribus se fatigabani); éd. MIGNE, P.L.. LVII, pp. 453-454.

71. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. 111, 2, p. 841 ; HOMANN, Indiculus. pp. 117-122, 188 et passim. Voir, en dernier lieu, M. BLÔCKNER, «Wetterzauber. Zu einem Glaubenscomplex des friihen Mittelalters», Francia. IX, 1981. pp. 117-131 (aux pp. 126-128).

72. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III, 2, p; 841; HOMANN, Indiculus. pp. 122-123 et passim.

73. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. III. 2, pp. 841-842; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, p. 12S : HOMANN. Indiculus. pp. 123-126 et pasj/m.

74. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles. 111, 2, p. 842; HOMANN, Indiculus. pp. 126-127 et passim.

Page 15: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

22 A. DIERKENS

26. De simulacro de consparsa farina (Des images faites de farine répandue)

27. De simulacro de pannis factis (Des images faites de tissus)

28. De simulacro quod per campas portant (Des images qu'ils portent à travers la campagne)

29. De ligneis pedibus vel manibus pagano ritu (Des pieds et des mains faits en bois suivant le rite païen)

30. De eo quod credunt quia femine lunam comendent, quod possint corda hominum tollere iuxta paganos (Du fait de croire que les femmes commandent à la lune et qu'elles peuvent arracher le cœur des hommes, selon l'opinion des païens)

On s'en sera rendu compte : la traduction de ces trente articles pose d'insolubles problèmes de compréhension voire de syntaxe et de vocabu­laire^". Les interprétations proposées par les historiens divergent souvent; il est prudent de ne pas tenter de résoudre à tout prix les incertitudes qu'offre le seul manuscrit du texte

Les lettres 50 et 51 de Boniface et de Zacharie faisaient allusion à des rites païens (fêtes des calendes de janvier, rites de table, phylactères, cordons en bandage) mais le parallèle est tout à fait éloquent entre le décret 5 du «concile germanique» et YIndiculus^^.

75. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, p. 842; DE MOREAU, Histoire de l'Eglise, I, p. 129; HOM-ANN,/fidic«/«s, pp. 127-131 et pasîi'm,

76. HEFELE-LECLERCQ, Histoire des conciles, III, 2, p. 842; HOMANN, Indiculus, pp. 131-132 et passim.

11. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, p. 842 (qui explique que les Rogations chré­tiennes ont pris la relève de ces processions) ; HOMANN, Indiculus, pp. 132-135 et passim.

78. HEFELE-LECLERCQ, Histoire des conciles, III, 2, p. 842; HOMANN, Indiculus. pp. 136-137 et passim.

79. HEFELE-LECLERCO, Histoire des conciles, III, 2, pp. 842-843; HOMANN, Indiculus, pp. 137-141 et passim.

80. Je n'ai volontairement donné ici qu'une seule interprétation — celle qui me semblait la plus recevable —; on trouvera d'autres versions et d'abondants parallèles textuels, historiques et ethnologiques dans des études comme celles d'Harmening, d'Hefele-Leclercq et d'Homann. mentionnées dans les notes.

81. Ceci constitue une des raisons pour lesquelles je n'ai pas, dans cet article, donné de commentaires approfondis de chacun des articles de ['Indiculus; une autre — le nombre considérable de pages qu'une telle présentation aurait requis — est contournée par l'existence de la thèse d'H. Homann, souvent citée.

82. Lettre 50; éd. TANGL, pp. 84-85 = éd. RAU, p. 146. Lettre 51 ; éd. TANGL, p. 90 = éd. RAU, p. 156: De Kalendis vero lanuariis vel céleris auguriis, filacteriis et incantationibus vel aliis diversis observatio-nibus (...) lia et a nobis cavendum esse censemus, ut nullis auguriis vel observationibus adtendamus (...) et quia per instigatione diaboli iterum pullulabant.

83. Cette comparaison n'est pas originale. Voir, par ex., MACHIELSEN, Indiculus, p. 140 et HO­MANN, Indiculus, p. 164.

Page 16: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

SUPERSTITIONS, CHRISTIANISME, PAGANISME 23

«Concile germanique» (743) Decrevimus (...) ut populus Dei paganias non faciat sed ut omnes spurcitias gentilitatis abi-ciat et respuat, sive sacrificia mortuorum

sive sortilegos vel divinos sive filacteria et auguria sive incantationes sive hostias immolaticias, quas stulti homines iuxta aecclesias ritu pagano faciunt sub nomine sanctorum marty-rum vel confessorum, Deum et suos sanctos ad iracundiam provocantes sive illos sacrilegos ignés quos niedfyr vacant sive omnes, quecumque sint, pagano-rum observationes diligenter prohibeant

Indiculus Indiculus superstitionum et paga-niarum (De spurcalibus: art. 3)?

De sacrilegio ad sepulchra mor­tuorum (art. 1) De sacrilegio super defunctos (art. 2) De divinis vel sortilegis (art. 14) De filacteriis et ligaturis (art. 10) De auguriis... (art. 13) De incantationibus (art. 12) De sacrificio quod fit alicui sanc­torum (art. 9) De sacrilegiis per aecclesias (art. 5) (...) pagano ritu (art. 29) De igne fricato de ligno, id est nodfyr (art. 15) De observatione paganorum... (art. 17)

L'emploi des mots paganiae et superstitio ainsi que les parallèles rigou­reux montrent donc que Vlndiculus s'inscrit dans le prolongement direct du «concile germanique»; la tradition manuscrite interdit cependant de penser que Vlndiculus était, à l'origine, annexé au texte de 743. Or le concile des Estinnes commence par une confirmation des décisions du précédent sy­node : omnes venerabiles sacerdotes Dei et comités et praefecti prioris syno-dus décréta consentientes firmaverunt, se inplere velle et observare promise-runt^; il s'achève par une condamnation d'observationes paganas^^. Vlndi­culus est donc parfaitement à sa place à la suite du concile des Estinnes d'autant plus — on l'a vu — que ce concile était considéré comme une partie de l'ensemble conciliaire de 743/744**^.

84. Condiium Liptinense. art. 1 ; éd. WERMINGHOFF, pp. 6-7. 85. Concilium Liptinense, art. 4; éd. WERMINGHOFF, p. 7. 86. JARNUT, Bonifatius, pp. 22-24. On remarquera ici que des pratiques païennes explicitement dénon­

cées par Boniface après 744 ne sont pas reprises dans Vlndiculus: par ex. de liquore, in quo mus aut mostella mortua invenitur (cfr. HEFELE-LECLERO, Histoire des conciles-, III, 2, p. 843); pro sacrilegis presbiteris, qui tauros et hyrcos dits paganorum immolabani manducantes sacrificia mortuorum habentes (lettre 80, mai 748 ; éd. TANGL, p. 174 — éd. RAU, p. 258) ; de votatilibus, id est graculis et corniculis atque ciconiis, quae omnino cavendae sunt ab esu christianorum ; etiam et fibri atque lepores et equi silvatici multo amplius vitandi (lettre 87, 4 novembre 751 ; éd. TANGL, p. 196 = éd. RAU, p. 294).

Page 17: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

24 A. DIERKENS

Ceci permet, je crois, d'affirmer que VIndiculus n'est pas une addition tardive d'un copiste de Fulda vers 800, mais bien une annexe (organique ou non)**^ aux conciles de 743-744. Cette déduction n'implique évidemment pas que les trente superstitiones et paganiae concernent spécifiquement nos régions****. La pars regni de Carloman comprenait en effet aussi la Saxe et la Thuringe; en 744, quelques jours après le concile des Estinnes, allait être fondée, avec l'appui de Carloman, la fameuse abbaye de Fulda, dont on connaît le rôle missionnaire en Basse-Saxe dès le milieu du VlIIème siècle**^. D e plus, Boniface connaissait bien le monde saxon du Continent, et il n'y a rien de surprenant à ce que, parmi les trente coutumes citées, figurent certaines pratiques plus répandues en Saxe*'. On remarquera toutefois que VIndiculus ne reprend pas des caractéristiques que les archéologues s'accor­dent à rattacher au monde saxon et nordique d'époque mérovingienne: notamment les sacrifices de chevaux lors des funérailles^' et, surtout, l'inci­nération explicitement condamnée par le capitulaire «saxon» des environs de 785

su De

Les superstitiones et paganiae dénoncées dans VIndiculus témoignent de conceptions très différentes et leur rapprochement révèle à l'évidence une confusion entre des pratiques totalement h é t é r o g è n e s S i l'on excepte les articles 1, 2 et 5 — dont la nature exacte n'est pas connue (sacrilegia) —, on peut regrouper et observer la postérité de ces pratiques païennes.

87. A mes yeux, VIndiculus n'est pas une addition «organique» aux textes eonciliaires (comme le pense dom MACHIELSEN, Indiculus. pp. 145-149. qui en fait un capitulaire à part entière): la forme donnée à la liste et la tradition manuscrite (un seul manuscrit donne VIndiculus, alors que les conciles de 743-744 sont connus par des dizaines de manuscrits) semblent plutôt en faire une liste «de travail», non limitative et écrite sans cohérence interne (cfr. n. 93).

88. Pour certains auteurs, la lecteur des superstitiones et paganiae renverrait à la Saxe germanique (par ex. HOMANN, Indiculus, pp. 141-144); ceci me semble irrecevable. D'abord parce que certains articles ne concernent assurément pas le monde saxon (art. 3), ensuite parce que le contenu des articles est souvent trop imprécis et la religion germanique (et celtique?), trop peu contraignante, pour qu'on puisse limiter l'impact de VIndiculus à une partie seulement de la Germanie ou du royaume franc.

89. EIGIL, Vita Sturmi, XIII; éd. G.H. PERTZ, M.G.H., SS., II (Hanovre, 1829), pp. 365-377, aux pp. 370-371. Sur la fondation de Fulda, voir, par ex., en plus de SCHIEFFER, Winfrid-Bonifatius, pp. 222-228. J. VONDERAU et J. SCHALKENBACII, Die Grundung des Khsiers Fulda. Fulda, 1944.

90. Sur saint Boniface et son activité missionnaire en Saxe, on trouvera une abondante bibliographie dans Kirchengeschichte als Missionsgeschichie, II, 1; Die Kirche des frûheren IVIittelaliers, éd. Kn. SCHÀFFER-DICK, Munich, 1978, pp. 225-226 et 512-513. Les travaux antérieurs ii 1955 sont commentés et critiqués dans un excellent article de M. COENS, «Saint Boniface et sa mission historique d'après quelques auteurs récents»,/Inu/ecM BolUmdiana. LXXIII, 1955, pp. 462-495.

91. M. MÙLLER-WILLE. «Pferdegrab und Pferdeopfer im frùhcn Mittelalter», Berichten van de Rijks-dienst voor hel Oudheidkundige Bodemunderzoek. XX-XXI, 1970-1971, pp. 119-248.

92. Capitulaire «saxon», art. 7 ; éd. BORETIUS, p. 69: Si quis corpus defuncii hominis secundwn riiuin paganorum flamma consumi feceril et ossa eius ad cinerem redierit, capitae punietur.

93. HOMMin. Indiculus. pp. 162-163 et f>uis/m.

Page 18: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

SUPERSTITIONS, CHRISTIANISME, PAGANISME 25

La plupart des articles, en effet, révèlent la vivacité de coutumes que l'Eglise ne pourra jamais extirper et qui, relevant d'une «religion popu­laire» intemporelle, seront tolérées par l'Eglise comme pratiques «folklori­ques»'^'', par exemple par le biais du culte, plus ou moins exacerbé ou excessif, des saints (art. 4, 9, 18, 19, 25)''"^ ou par celui de la christianisation des astres, des manifestations de la nature et des éléments (art. 6, 7, 11, 15, 21, 22). Les ex-votos (art. 29) ou les amulettes et phylactères (art. 10) connaissent un usage ininterrompu. Ce ne sont plus toujours des fossés (art. 23) mais des croix qui servent à délimiter les propriétés ou des zones juridiques pendant tout le Moyen Age. Il n'y a qu'un pas entre les simulacra quae per campos portant (art. 28) et les statues de saints portées lors des processions, tout comme on a pu montrer la permanence des simulacra dont font état les art. 26 et 27. Les temples (art. 3 et, peut-être, art. 6 et 8) ont souvent été maintenus et dédiés à des saints chrétiens, en suivant la recom­mandation de Grégoire le Grand au début du Vl lème siècle**^, recomman­dation qui s'applique aussi aux fêtes païennes (art. 20 et, peut-être, art. 3)^^.

Tantôt consciente et volontaire, tantôt imposée par la résistance pas­sive des populations, cette récupération de pratiques ou d'habitudes pré­chrétiennes (plutôt que païennes) permit à l'Eglise de s'implanter en milieu rural, auprès d'habitants que la culture «cléricale» ne pouvait toucher ou convaincre par des arguments théoriques et doctrinaux.

En fin de compte, seuls quelques articles de VIndiculus échappent à toute récupération par l'Eglise, même si, en dépit de condamnations répé­tées et de persécutions, on en trouve des manifestations sans interruption jusqu'à nos jours: il s'agit de m a g i e d e sorcellerie (art. 30), de divination

94. Pour cette terminologie, je reprends celle de J. LE GOFF, «Culture cléricale et traditions folkloriques dans la civilisation méroviengicnnc». Annales E.S.C.. XXII, 1967, pp. 780-791. La «religion populaire» a fait l'objet de très nombreux travaux récents, parmi lesquels se détachent ceux d'E. Delaruelle, R. Manselli et A. Vauchcz; on en trouvera une bibliographie très complète dans CARDINI, Magia, pp. 137-141.

95. Sur le culte des saints, ses origines et sa réglementation progressive, voir N. HERRMANN-MAS-CARD. Les reliques des saints. Formation coutumière d'un droit, Paris, 1975 ; A. VAUCHEZ, La sainteté en Occident aux derniers siècles du Moyen Age. Paris-Rome, 1981, pp. 15-67; P. BROWN, The Cuit of Ihe Saints. Its Rise and Function in Latin Christianity, Chicago, 1982.

96. GREGOIRE le Grand, Lettre XI, 56; éd. L. HARTMANN. M.G.H.. Epistolae. II (Berlin, 1899), pp. 3.10-3.11: (...) fana idolorum destrui in eadem génie minime debeant, sed ipsa, quae in eis suni, idola destruanlur. Aqua henedicta fiât, in eisdem fanis aspergatur, altaria construanlur, reliquiae ponantur, quia, si fana eadem hene constructa sunt. necesse est. ut a cultu daemonum in obsequio veri Dei debeant commutari. Toute la lettre (18 juillet 601) mériterait d'être citée ici. Pour un commentaire, voir notamment R.A. MARKUS, «Gregory the Great and a Papal Missionary Sirategy», dans The Mission of ihe Church and the Propagation of the Faith. éd. G.J. CUMING. Cambridge. 1970, pp. 29-44.

97. Notamment M. MESLIN, «Persistances païennes en Galice, vers la fin du Vlème siècle», dans Hommages à Marcel Renard, Bruxelles, 1969, t. II, pp. 512-524; M. MESLIN. La fête des kalendes de janvier dans l'Empire romain, Bruxelles, 1970.

98. P. RICHE, «Croyances et pratiques religieuses populaires pendant le Haut Moyen Age», dans Le christianisme populaire, éd. B. PLONGERON et R. PANNET, Paris, 1976, pp. 79-104; P. RICHÉ, «La magie ;i l'époque carolingienne». Comptes-rendus de l'Académie des Inscriptions et Belies-Lellres, 1973, pp. 127-1.38.

Page 19: magie, sorcellerie, parapsycliologie · 2018. 7. 5. · magie, sorcellerie, parapsycliologie Direction scientifique Hervé HASQUIN . Superstitions, christianisme et paganisme à la

26 A. DIERKENS

OU de lecture de l'avenir (art. 12, 13, 14, 16, 17). En rédigeant VIndiculus superstitionum et paganiarum au milieu du VlIIème siècle, un membre du milieu « clérical » de l'entourage de saint Boniface a souvent confondu forme et fond et a englobé dans une même réprobation une série de coutumes qu'il qualifia de superstitieuses ou de païennes. Par une christianisation des manifestations extérieures des pratiques «déviantes», l'Eglise a pu récupé­rer, à son profit, la plupart des habitudes religieuses d'une population convertie superficiellement; son intransigeance n'en sera que plus forte envers les pratiques qu'elle ne pouvait contrôler et qu'elle proclama diaboli-

99 ques .

Université libre de Bruxelles F.N.R.S.

99. Dans l'état actuel de mes recherches, je n'ai pas de certitude suffisante pour restituer aux Respon-siones baptismales, leur place éventuelle aux côtés de VIndiculus dès les environs de 744. Les opinions sont d'ailleurs très différentes sur la date du texte, le lieu de sa rédaction, son auteur, l'origine du prototype (latin?). La littérature complète est donnée, en dernier lieu, par HOMANN, Indiculus, pp. 9 (n. 5) et 202-208; les études de base sont celles d'A. LASCH, «Das altsâchsische Taufgelôbnis», Neuphilologische Mitteilungen. XXXVL 1935, pp. 92-133 (très convaincant); G. BAESECKE, Die althochdeutschen und ttltsachsischen Taufgelôbnisse, Gôttingen, 1944; MACHIELSEN, Angelsaksische herkomst, pp. 97-124.