macro l3 2010.dvi - macro l2 chap3

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Chapitre 3 Inflation, Activité et croissance de la masse monétaire Objectif de ce chapitre : — Introduction à une vision dynamique et bouclée de l’économie (interaction entre production, inflation et monnaie) — Dans choix de politique économique, important de tenir compte des effets à court / moyen terme 3.1 Production, chômage et inflation Graphique 3.1 : petit modèle de l’économie, particularité : aspect dynamique 1. Loi d’Okun 2. Courbe de Phillips 3. Demande Globale 3.1.1 Loi d’Okun : de la croissance de la production au chô- mage Qu’est-ce que la loi d’Okun? Loi d’Okun : relation entre — le taux de croissance de la production et — le taux de chômage Hypothèse : relation directe entre niveau de l’emploi et production Y t = N t Nombre de chômeurs U t = L t - N t 67

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Page 1: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

Chapitre 3

Inflation, Activité et croissance de

la masse monétaire

Objectif de ce chapitre :— Introduction à une vision dynamique et bouclée de l’économie (interaction

entre production, inflation et monnaie)— Dans choix de politique économique, important de tenir compte des effets à

court / moyen terme

3.1 Production, chômage et inflation

Graphique 3.1 : petit modèle de l’économie, particularité : aspect dynamique

1. Loi d’Okun

2. Courbe de Phillips

3. Demande Globale

3.1.1 Loi d’Okun : de la croissance de la production au chô-

mage

Qu’est-ce que la loi d’Okun?

Loi d’Okun : relation entre— le taux de croissance de la production et— le taux de chômage

Hypothèse : relation directe entre niveau de l’emploi et production

Yt = Nt

Nombre de chômeurs

Ut = Lt −Nt

67

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F��. 3.1 — Croissance de la masse monétaire, de la production, inflation et chômage

Hypothèse : Lt = L, population active constante. Donc

Ut − Ut−1Variation du nombre de chômeurs

= Yt − Yt−1Variation de la quantité produite

Taux de chômage

ut =Lt −Nt

Lt= 1−

Nt

L= 1−

Yt

L

ut − ut−1 =Yt−1 − Yt

L

Si ut petit, L ≈ Nt−1 = Yt−1, donc

ut − ut−1 =Yt−1 − Yt

Yt−1= −gyt (3.1)

Equation (3.1) est la loi d’Okun qui établit une relation directe entre le taux decroissance de la production et le taux de chômage : une hausse de la production de5% est associée à une baisse du chômage de 5%.

Empiriquement, le coefficient dans la loi d’Okun est en réalité plus petit que 1.— graphiques3.2 : sur données américaines, -0.4— graphique 3.3 : sur données françaises, -0,15

— 1961 - 1980 : -0,17— 1981 - 2000 : -0,4, croissance plus riche en emploi depuis début des années

80Remarques :Le rôle de la constante dans l’équation estimée : interprétation pour l’équation

américaine

ut − ut−1 = −0, 4(gyt − 3%)

Plusieurs différences avec l’équation (3.1)

Page 3: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 69

F��. 3.2 — Chômage et croissance aux Etats-Unis, 1970 - 2000

F��. 3.3 — Croissance et chômage en France, 1961 - 2003

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1. 3%? Traduit l’influence de 2 facteurs négligés dans l’équation (3.1)

(a) Taux de croissance de la population active

ut = 1−Nt

Lt

Avec un taux de croissance de Lt de 1,7%, pour que ut reste constant, ilfaut que Nt progresse de 1,7%

(b) Taux de croissance de la productivité

Supposons que la fonction de production s’écrive

Yt = ANt

Si l’emploi croît de 1,7% par an et la productivité du travail de 1,3% =la production croît de 3%.

Intuition :

— la population active croît, donc pour maintenir le taux de chômageconstant, il faut de manière continue une hausse de la production

— la productivité du travail croît, donc les firmes pourraient produireautant avec moins de travailleurs. Pour maintenir le taux de chômageconstant, il faut de manière continue une hausse de la production

Pour maintenir le taux de chômage constant, la production doit croître de3%. Ce taux de croissance de la production telle que le taux de chômageest constant est appelé taux de croissance potentielle

ut − ut−1 = −gy

2. Coefficient devant gyt n’est pas -1. Pourquoi ?

(a) croissance de la production de 1% = +0,6% d’emploi, -0,4% de chômage.

— Certains travailleurs sont nécessaires quel que soit le niveau de pro-duction : exemple : comptabilité, ressources humaines, nombre de per-sonnes indépendant du niveau de production (vrai dans une certainemesure)

— Rétention de main d’oeuvre : formation de nouveaux employés est coû-teuse— croissance soutenue : peu d’embauches supplémentaires, faire tra-

vailler davantage leurs salariés déjà formés— croissance ralentie : firmes gardent leurs employés plutôt que de les

licencier, pour éviter de payer les coûts de formation en cas d’em-bauche lors de la prochaine reprise économique

(b) Augmentation du taux de participation au marché du travail : quandl’emploi augmente = marché du travail dynamique, augmentation de laprobabilité de trouver un emploi, les personnées inactives (chômeurs dé-couragés, femmes au foyer, ...) se mettent à chercher un emploi, sontalors comptés comme chômeurs donc faisant partie de la population ac-tive. Donc la hausse de la production s’accompagne d’une hausse du tauxde chômage avant la hausse de l’emploi (qui intervient donc + tard)

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Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 71

F��. 3.4 — Coefficient β de la loi d’Okun et Indice de protection de l’Emploi (OCDE1999)

La loi d’Okun

ut − ut−1 = −β(gyt − gy)

— gyt le taux de croissance potentielle de l’économie.— β mesure comment un excès de croissance par rapport à la croissance poten-

tielle se traduit en baisse de chômage. β = +0, 4 pour les Etats-Unis, et laFrance (depuis 1981)

Loi d’Okun dans la monde

Le graphique 3.4 reporte— le coefficient β estimé par Blanchard et Cohen sur la loi d’Okun pour 4 pays

dans la période 1981 - 2000— l’indice de protection de l’emploi, OCDE, 1999 :

— licenciement : plan social obligatoire en cas de licenciement collectif, auto-risation administrative en cas de licenciement

— recours au CDD : nombre de renouvellement, soumis à motif objectifCoefficient β dépend de l’organisation interne de l’entreprise et de la législation

concernant les licenciements et l’embauche— Japon : sécurité de l’emploi, variations de la production a peu d’effets sur

l’emploi— Etats-Unis : contraintes sociales et légales sur embauches et licenciement sont

faibles— Allemagne : contraintes sur licenciement (coût du licenciement, autorisation

de l’Etat pour licencier, ...)Hausse du β : moins de protection de l’emploi, graphique 3.5.

Page 6: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

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F��. 3.5 — Indice de protection de l’emploi dans les années 80 et les années 90. Source :

OCDE, Perspectives de l’emploi 2004. LPE : L égislation en faveur de la Protection de l’Emploi

3.1.2 La courbe de Phillips : du chômage à l’inflation

Relation entre écart du taux de chômage au NAIRU et taux d’inflation

πt = πet − α (ut − un)

avec πet = πt−1 : anticipations adaptatives θ = 1

πt = πt−1 − α (ut − un)

3.1.3 La relation de la demande globale : de la croissance

de la masse monétaire et de l’inflation à la croissance

La demande globale issue de IS / LM :

Yt = Y

(Gt, Tt,

Mt

Pt

)

Simplification : Théorie Quantitative de la monnaie

Yt = γMt

Pt(3.2)

La courbe LM est verticale.

Pour une quantité de bien produite donnée (Yt), l’économie a besoin en termesréels de Mt

Ptquantité de monnaie pour assurer les transactions. La différence entre

les 2 quantités peut provenir de la vitesse de circulation de la monnaie : γ = PYM

Combien de fois la monnaie change-t-elle de mains ?exemple :

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Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 73

F��. 3.6 — Expansion de la masse monétaire dans le modèle IS / LM avec LMverticale

— PY=5 millions, M = 5 millions, pour échanger les biens, la monnaie change 1fois de mains

— PY=5 millions, M = 2.5 millions, pour échanger les biens, la monnaie change2 fois de mains

vitesse de circulation de la monnaie =Nominal GDP

Money Supply

Vitesse elevée : la monnaie circule rapidement, une petite quantité de monnaiesuffit pour couvrir un nombre élevé de transactions, la monnaie change de mainstrès frequemment

On retrouve les effets usuels de la politique monétaire expansionniste avec unecourbe LM verticale (graphique 3.6) : le taux d’intérêt baisse, ce qui relance l’inves-tissement, donc la demande de bien

La relation dynamique (en taux de croissance) : l’équation (3.2) conduit à

gyt = gmt − πt (3.3)

Hypothèse : vitesse de circulation de la monnaie est constante

Démonstration :Rappel :

d lnX

dt=

d lnX

dX

dX

dt

=1

X

dX

dt= taux de croissance de X

Page 8: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

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Or, ln(Y Z) = lnY + lnZ donc

d ln(Y Z)

dt=

d ln(Y )

dt+

d ln(Z)

dt= taux de croissance de Y + taux de croissance de Z

— Le taux de croissance d’un produit est la somme des taux de croissance— Le taux de croissance d’un ratio est la différence des taux de croissance

3.2 Le moyen terme

Notre maquette de l’économie dynamique contient 3 équations— La loi d’Okun (définition du taux de chômage, ajustement sur le marché du

travail organisation de la firme, institutions sur le marché du travail) déterminesi la croissance de l’activité économique est riche en emploi

— La courbe de Phillips (maximisation du profit de l’entreprise + négociationssalariales)

— La courbe de demande globale (IS et LM)Ces 3 équations sont :

ut − ut−1 = −β(gyt − gy) (3.4)

πt = πt−1 − α (ut − un) (3.5)

gyt = gmt − πt (3.6)

Ces équations caractérisent la dynamique de— la masse monétaire— le taux d’inflation— le taux de croissance du PIB— le taux de chômage

Le système est a priori indéterminé, nous avons une variable endogène supplé-mentaire. Comment allons-nous nous servir de notre système dynamique ?

Souplesse : se donner la trajectoire d’une variable et en déduire la comportementdes autres. Exemple : la désinflation (se donner la trajectoire de π)

Equilibre de long terme :Avant de s’attacher à la description de la dynamique de notre économie, carac-

térisons l’équilibre de long terme (appelé équilibre de moyen terme dans le manuel)= état tel que l’économie a atteint un équilibre = les variables ne bougent plus.

Supposons que la croissance de la masse monétaire soit constante gmt = gmEcrivons les équations (3.4) à (3.6) à cet équilibre

ut − ut−1 = 0 = −β(gyt − gy)⇒ gyt = gy

πt − πt−1 = 0 = −α (ut − un)⇒ ut = un

gyt = gmt − πt ⇒ π = gm − gy

Commentaires :π = gm − gy :

Page 9: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 75

F��. 3.7 — Inflation et chômage à moyen terme

— A vitesse de circulation de la monnaie inchangée, Hausse de la quantité debiens disponibles dans l’économie (3% par xemple) = hausse proportionnellede la quantité de monnaie dans l’économie (de 3%)

— Si hausse de la quantité de monnaie dans l’économie de plus de 3% = monnaie"inutile" = inflation : si gm > gy alors π > 0.

On retrouve neutralité de la monnaie à long terme : la monnaie n’a qu’un impactinflationniste. A long terme, le seul déterminant de l’inflation = le taux de croissancede la masse monétaire.

Friedmand "la monnaie est toujours et partout un phénomène monétaire"

graphique 3.7 : baisse du taux de croissance de la monnaie :

— on reste sur le taux de chômage naturel— baisse du taux d’inflation : les prix croissent moins vite

3.3 Desinflation : le 1er aperçu

Résumé : 3 équations dynamiques

— Loi d’Okun— courbe de Phillips— demande globale

4 variables :

— taux de croissance de production— taux de croissance de prix— taux de croissance de masse monétaire— taux de chômage

Comment utiliser notre modèle dynamique de l’économie ? se donner la trajec-toire d’une variable, en déduire les autres.

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Exemple : désinflation = trajectoire de l’inflation donnée. Sachant évolution dansle temps de l’inflation

— Courbe de Phillips => évolution du taux de chômage— Loi d’Okun => évolution du taux de croissance du PIB— demande globale => évolution de la masse monétaire

Devinons les effets de cette désinflation :

— baisse de l’inflation => hausse du taux de chômage au - dessus de son niveaunaturel

— ensuite, on sait qu’à long terme, retour vers le taux de chômage naturel (équi-libre de long terme)

= hausse temporaire du chômage au dessus de son niveau de long terme, pendantcombien de temps ? forte baisse de l’emploi ?

= loi d’Okun (déduire de la trajectoire du taux de chômage, ce qu’il en découlepour la croissance économique) : récession économique temporaire puis retour verstaux de croissance potentiel, , pendant combien de temps ? forte baisse de l’activité ?

3.3.1 Conséquences sur le chômage : combien de chômeurs

pour combien de temps ?

Courbe de Phillips

πt = πt−1 − α (ut − un)

Estimations empiriques : α = 1

πt = πt−1 − (ut − un)

Exemple : désinflation de 14% à 4%. En combien de temps ?

— Exemple : 1 an

πt − πt−1 = −10% = − (ut − un)

donc hausse du taux de chômage de 10% au dessus du taux naturel— Exemple : 2 ans, chaque année

πt − πt−1 = −5% = − (ut − un)

— donc hausse du taux de chômage de 5% au dessus du taux naturel pendant 2ans

La banque centrale peut modifier la vitesse d’ajustement mais ne peut pas chan-ger le % d’augmentation de chômage par rapport au taux de chômage naturel =10% en cumulé sur toutes les années.

Arbitrage entre durée et ampleur de l’ajustement— lente montée du chômage étalée sur plusieurs années— très fort chômage pendant peu de temps

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Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 77

Ratio de sacrifice = hausse du taux de chômage au-delà du taux naturel qu’ilfaut accepter pour baisser l’inflation de 1%

Ratio de sacrifice =points de chômage supplémentaire

baisse de l’inflation

Sur une période T donnée :

Ratio de sacrifice =(u1 − un) + (u2 − un) + ...+ (uT − un)

π0 − πT

combien de % de chômage sont nécéssaires pour réaliser une baisse donnée de l’in-flation ?

Exemple : α = 0.5désinflation de 1%, (πt − πt−1) = −1%

πt − πt−1 = −α (ut − un)

ut = un −1

α(πt − πt−1)

— le taux de chômage augmente de 1α% au dessus du taux de chômage naturel

pour une désinflation de 1%.— Le ratio de sacrifice = 1

αdans le cas des anticipations naïves

Le ratio de sacrifice ne dépend pas du nombre de périodes choisies par la banquecentrale pour réduire l’inflation. Toutefois, ce choix de timing n’est pas neutre pourla croissance économique

Croissance économique

ut − ut−1 = −β(gyt − gy)

10% = −0, 4(gyt − 3%)

gyt =−10%

0, 4+ 3% = −22%

— Enorme récession (à titre de comparaison, Grande Dépression des années 30 :-15% en 1931 aux Etats-Unis)

— Taux de chômage élevés, faillite d’entreprises, impossible pour une économiede se relever après une telle récession

3.3.2 A la recherche du sentier optimal de la masse moné-

taire

Exemple : désinflation de 14% à 4%.— La banque centrale ne contrôle pas l’inflation, elle contrôle la masse monétaire.

Quel sentier de croissance de la masse monétaire la banque centrale doit-ellechoisir ?

— Quelles conséquences sur l’économie ?

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T��. 3.1 — Sentier de désinflationPré- Equation Désinflation Post-desinflation

Période 0 1 2 3 4 5 6 7 8

πt 14% 12% 10% 8% 6% 4% 4% 4% 4%

ut 6% ut = un −1α(πt − πt−1) 8% 8% 8% 8% 8% 6% 6% 6%

gyt 3% gyt = gy −ut−ut−1

β-2% 3% 3% 3% 3% 8% 3% 3%

gmt 17% gmt = gyt + πt 10% 13% 11% 9% 7% 12% 7% 7%

Tableau 3.1 : Sentier de désinflation sur 5 années pour les valeurs suivantes :1α= 1

gy = 3%un = 6%β = 0, 4Graphique 3.8 : trajectoire du taux de croissance de la masse monétaire semble

bizarre— Année 1 :

— pour réduire l’inflation, la banque centrale doit réduire de manière drastiquela masse monétaire,

— politique monétaire très restrictive => crise économique temporaire (baissedu PIB)

— Ensuite :la banque centrale sait que le taux de chômage doit rester constant (à 8%,soit 3% de taux de croissance de PIB par la loi d’Okun) tout au long de ladésinflation (courbe de Phillips). Donc, hausse de la masse monétaire en année2 pour relever le taux de croissance du PIB

— Année 6 :Retour du taux de chômage à son niveau naturel, rendu possible par une haussede la masse monétaire, politique de demande expansionniste

Trajectoires— Autre représentation du sentier de désinflation. graphique 3.9.— Autres trajectoires possibles graphique 3.10Conclusion :— Approche traditionnelle : dans la désinflation, la banque centrale ne peut que

choisir comment étaler le ratio de sacrifice, l’augmentation du taux de chômagerequise pour atteindre la désinflation.

— Cause de la récession : anticipations adaptatives des salariés. Ils sur-estimentl’inflation pendant toute la durée de la désinflation (tableau 3.2). Ils mettentdu temps à ajuster leurs anticipations d’inflation, ils mettent du temps à serendre compte de la baisse de l’inflation, le salaire nominal est trop élevé

3.4 Anticipations, crédibilité et contrats nominaux

Deux critiques à l’approche traditionnelle :— la critique de Lucas

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Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 79

F��. 3.8 — Sentier de desinflation

F��. 3.9 — Un sentier de désinflation

T��. 3.2 — Sentier de désinflation et anticipations de prix des salariésPré- Désinflation Post-desinflation

Période 0 1 2 3 4 5 6 7 8

πt 14% 12% 10% 8% 6% 4% 4% 4% 4%

ut 6% 8% 8% 8% 8% 8% 6% 6% 6%

gyt 3% -2% 3% 3% 3% 3% 8% 3% 3%

gmt 17% 10% 13% 11% 9% 7% 12% 7% 7%

πet 14% 14% 12% 10% 8% 6% 4% 4% 4%

πet − πt 0% 2% 2% 2% 2% 2% 0% 0% 0%

Page 14: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

80

F��. 3.10 — Sentier de désinflation : autres trajectoires possibles

Autres

trajectoires

possibles

— rigidités nominales

3.4.1 Anticipations et crédibilité : la critique de Lucas

Critique de Lucas

— A la suite d’un changement de politique économique, modification des antici-pations des agents. Or l’approche traditionnelle fait l’hypothèse que les antici-pations des agents sont identiques tout au long de la trajectoire de désinflation= les agents sont idiots ? Ils continuent à former des anticipations à πet = πt−1alors que la banque centrale a annoncé une désinflation de 2% pendant 5 ans.

— Lucas :— les agents tiennent compte de la politique de désinflation de la banque cen-

trale dans la détermination des salaires nominaux, ils révisent à la baisseleurs anticipations d’inflation futures

— conséquence : désinflation sans récession. Intuition : les salariés intègrent labaisse du taux d’inflation dans les négociations salariales, donc, le salaireréel n’est pas trop élevé

Pour comprendre le raisonnement de Lucas, reprenons la courbe de Phillips

πt = πet − α (ut − un)

2 cas :

— Si les anticipations ne sont pas modifiées πet = πt−1, alors, seule une augmen-tation du taux de chômage au delà de son taux naturel parvient à réduirel’inflation

— En revance, si les agents intègrent dans leurs anticipations, le succès de la

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Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 81

politique de la banque centrale, alors πet = 4% et

πt − πet = −α (ut − un)

4%− 4% = −α (ut − un)

Le taux de chômage peut rester à son taux naturel.Intuition du mécanisme : baisse instantannée du salaire réel,

Sargent : attention, au coeur de ce mécanisme, la crédibilité de la banque

centrale

— les salariés pensent que la banque centrale va effectivement parvenir à baisserle taux d’inflation à 4%. En l’absence de cette crédibilité, on revient au castraditionnel.

— un programme de désinflation clair et rapide est plus crédible qu’un programmelong. Crédibilité = rapidité

Critique possible :— cas traditionnel : politique rapide = coût élevé en emploi— Réponse de Sargent : Avec une politique crédible, réduction du coût en emploi

d’une politique rapide

3.4.2 Rigidités nominales et contrats

Fisher et Taylor : les prix et les salaires sont fixés par des contrats nominauxpour un certain temps = même effets que les anticipations adaptatives = les salairesréels sont trop élevés, ils mettent du temps à intégrer la baisse de l’inflation

Fischer :

— une baisse trop rapide de l’inflation = fort chômage. Car les salaires sontfixés pour plusieurs périodes, fondés sur les anticipations d’inflation passées.(graphique 3.11)

— La réduction de l’inflation ne peut donc passer que par une hausse temporairedu chômage

Conséquence : la politique de désinflation doit être annoncée bien à l’avancepour que les firmes et les salariés intègrent cette dimension dans les négociationssalariales. (graphique ??)

Taylor :

Echelonnement des décisions salarialesTous les salariés ne négocient pas leur salaire en même temps : Graphique 3.13 :

2 secteurs dans l’économie— Secteur A : salaires négociés avant la désinflation, fondé sur une inflation à

14% = salaires nominaux élevés

Page 16: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

82

F��. 3.11 — Contrats nominaux

temps

Contrat de salaire fixé pour 3 ans,

fondé sur inflation anticipée = 14%

t t +1

Désinflation de

14% à 4%

2 années pendant lesquelles

le salaire réel est trop élevé

F��. 3.12 — Annonce de désinflation

temps

Contrat de salaire fixé pour 3 ans,

fondé sur inflation anticipée = 14%

t t +1

ANNONCE de

désinflation de

14% à 4%

t+3 :

2 ans + tard

désinflation

Page 17: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 83

F��. 3.13 — Contrats échelonnés de Taylor

temps

Contrat de salaire fixé pour 3 ans,

fondé sur inflation anticipée = 14%

t t +1

SECTEUR A

temps

Contrat de salaire fixé pour 3 ans,

fondé sur inflation anticipée = 4%

t t +1

SECTEUR BDésinflation

Désinflation

— Secteur B : la renégociation a lieu l’année du début de la désinflation, donc,si crédibilité de la banque centrale, intégration de cette désinflation dans lesnégociations salariales, baisse du salaire nominal

mais Taylor :

— salariés ne veulent pas gagner moins d’un seul coup que leurs homologues dusecteur A, ils veulent préserver leur salaire relatif (relativement aux autrestravailleurs dans l’économie) donc frein à l’ajustement à la baisse des salairesnominaux, une baisse trop rapide des salaires nominaux ne conduit pas à unebaisse rapide de l’inflation

— Taylor va plus loin que Ficher : désinflation = encore plus lente que celle propo-sée par Fischer, le temps que tous les contrats imbriqués s’ajustent lentement

Taylor estime un modèle avec échelonnement de salaire sur l’économie améri-caine. Le graphique 3.14 montre un sentier de désinflation compatible avec un tauxde chômage constant.

— Pendant la faible désinflation (trimestres 1 à 9) : baisse très progressive de lamasse monétaire, les salaires présents dans l’économie ont été négociés sachantune inflation plus élevée. le temps que tous les contrats imbriqués intègrentune nouvelle inflation

— Ensuite, accélération de la désinflation, renouvellement de tous les contrats desalaire dans l’économie.

Crédibilité de la banque centrale est encore une fois au coeur de ce mécanisme :

— la banque centrale doit annoncer l’ensemble de la trajectoire avant la désin-flation. Est-il crédible que dans 2 ans, la banque centrale mettra en place enaccélération de la désinflation ?

— Plaidoyer en faveur d’une désinflation lente mais crédible : moins coûteuse entermes de chômage

Page 18: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

84

F��. 3.14 — Désinflation sans chômage dans le modèle de Taylor

F��. 3.15 — Taux d’intérêt et inflation aux Etats-Unis, 1979 - 1984

3.5 Un exemple : la désinflation américaine 1979

- 1985

Le graphique 3.15 résume la situation en 1979 :— taux d’inflation élevé = 10% en 1979, nécessite de procéder à une désinflation.

Août 1979, le président Carter nomme Paul Volcker à la tête de la banquecentrale américaine.

— baisse progressive du taux d’inflation, désinflation réussie mais à quel prix ?Tableau 3.3 et graphiques 3.16 et 3.17 : gains de crédibilité ?— Approche traditionnelle prédit que le ratio de sacrifice est proche de 1. Gain

de crédibilité si le ratio de sacrifice est faible et inférieur à 1 (cf : arguments deLucas - Sargent et Fischer - Taylor : crédibilité diminue le ratio de sacrifice)

— Ratio de sacrifice faible dans les annéées 1981, 1982. Les autres années, ratio

Page 19: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 85

T��. 3.3 — Désinflation américaine : 1979 - 19851979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

gyt 2,5 -0,5 1,8 -2,2 3,9 6,2 3,2

ut 5,8 7 7,6 9,7 9,6 7,5 7,2

πt 13,3 12,5 8,9 3,8 3,8 3,9 3,8

ut − un avec un = 6% 1 1,6 3,7 3,6 1,5 1,2annee∑

t=1

(ut − un) 1 2,6 6,3 9,9 11,4 12,6

Désinflation : −(πt − πt−1) 0,8 3,6 5,1 0 -0,1 0,1annee∑

t=1

−(πt − πt−1) 0,8 4,4 9,5 9,5 9,4 9,5

Ratio de Sacrifice =

annee∑

t=1

(ut−un)

annee∑

t=1

−(πt−πt−1)

1,25 0,59 0,66 1,04 1,21 1,33

de sacrifice >1 : Pour chaque % de réduction de l’inflation, hausse plus queproportionnelle du taux de chômage

Aujourd’hui ? Graphiques 3.18 et 3.19, Greenspan nommé en 1987

Autre épisodes : BallBall estime les ratios de sacrifice de 65 désinflations dans 19 pays de l’OCDE— diversité des institutions sur les marchés du travail— Diversité des crédibilités des banques centrales

Résultats : tableau 3.20— Aucun ratio nul— hausse temporaire du chômage, la croissance de la masse monétaire n’est pas

neutre à court terme— désinflations rapides = ratios de sacrifices plus faibles (Lucas et Sargent : effets

d’anticipations sont à l’oeuvre)— ratios de sacrifices plus faibles dans pays où contrats salariaux sont plus courts,

ce qui confirme Taylor et Fischer

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86

F��. 3.16 — Sentier de désinflation à la volker

F��. 3.17 — Désinflation à la Volker

Page 21: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire 87

F��. 3.18 — Politique de Greenspan

F��. 3.19 — Une courbe de Phillips place depuis les années 90 ? Source : coursINSEAD, Fatas, session 11

Page 22: Macro l3 2010.Dvi - Macro L2 Chap3

88

F��. 3.20 — Résultats de Ball, NBER Working Paper 4306