lucier, p. (2004) « perspectives 2004 »

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    Chaire Fernand-Dumont sur la culturePierre Lucier 1 de 7 2004

    Lucier, PierrePerspectives 2004

    Notes dallocution de monsieur Pierre Lucier, sous-ministre de lducation, lors delAssemble annuelle de lADIGECS, Association des directeurs gnraux des commissionsscolaires, Qubec, le 16 janvier 2004.

    Monsieur le Prsident,Chers collgues,Mesdames, Messieurs,

    Je vous remercie de maccueillir avec mes collgues dans le cadre de votre runiondassociation et de mavoir ainsi permis dhonorer un engagement pris antrieurement et li des intrts qubcois importants. Merci de votre comprhension.

    Il mest trs agrable de vous retrouver aprs une absence de presque sept annes uneabsence au cours de laquelle je nai cependant pas cess de suivre lvolution de notresystme dducation dans son ensemble, ce qui explique sans doute partiellement que jaie

    vcu mon retour comme une rentre la maison . Je vous salue tous cordialement, celleset ceux avec qui je renoue, celles et ceux dont jai plaisir faire la connaissance.

    Dans le cadre de ces journes de rencontre, il est de tradition que le sous-ministre partage cequil peroit de la conjoncture et des enjeux qui sannoncent pour les mois venir, dans unesorte de discours sur ltat de lunion que, rassurez-vous, je ne transformerai ni en discours dutrne ni en sermon sur la montagne! Je men acquitterai aujourdhui en quatre temps. Jecommencerai en parlant de nous, de ce qui nous rassemble comme de ce qui nous distingue :ce sera ma manire de rappeler notre mission et nos responsabilits. Ce sera la premirepartie de mon expos. Dans un deuxime temps, je traiterai du chantier qui nous sollicite enpriorit : limplantation de ce que, faute de mieux, nous appelons la rforme delenseignement primaire et secondaire. La troisime partie sera dallure plus proprementprospective. Je me propose dy faire le point sur lentreprise gouvernementale de ringnierie ou de modernisation de ltat, comme on prfre maintenant lappeler. Enfin, en quatrimelieu, jvoquerai brivement certains paramtres clefs du contexte qui se dessine et danslequel nous sommes appels travailler ensemble. Vous me permettrez daborder toutes ceschoses de la manire la plus directe et la plus transparente possible, tout en respectant mondevoir de rserve.

    1. Notre mission

    Il y a bien des faons de parler de la mission. Pour ma part, jaime bien celle qui consiste

    partir de celles et ceux qui ont charge de la porter, de la promouvoir et de la raliser. cetgard, nous sommes, vous et moi, vous et nous, dans des situations remarquablementcomparables. titre de premiers responsables administratifs, nous servons des lus qui lapopulation confie un mandat de mise en uvre dune mission que nos lois dfinissent et dontelles prcisent les devoirs et responsabilits qui en dcoulent pour les uns et pour les autres.

    Cette similitude de nos situations me semble appeler un certain nombre de remarques quiconcernent aussi bien les bases de notre solidarit que les assises de notre vision de la chosepublique. La premire la plus importante, lvidence , cest que, si lgitime soit-elle, la

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    perspective du service des lus ne doit pas occulter ce fait incontournable que noussommes nous-mmes porteurs de la mission. Comme premiers fonctionnaires responsables,nous ne sommes pas seulement sous la direction politique dlus qui, eux, porteraient lamission. La vrit, cest plutt que nous sommes, avec eux, responsables de promouvoir et deraliser la mme mission. La loi du Ministre est claire cet gard, qui stipule que lautorit du sous-ministre est celle du ministre (article 8). La Loi de linstruction publique

    nenseigne pas dautre doctrine votre sujet. Vous devez, prcise-t-elle, assister le conseildes commissaires et le comit excutif dans lexercice de leurs fonctions et pouvoirs (article201). Cest dire que nous ne pouvons pas tre des gestionnaires chargs des seules affairesadministratives dorganisations qui, incidemment, soccupent dducation, laissant entendrepar l que nous grons cela comme nous grerions nimporte quel autre trafic. Ceux qui nousmandatent et ceux pour qui nous concevons ou assurons les services sont donc en droit desattendre trouver en nous des gestionnaires des dimensions les plus essentielles de la choseducative. En clair et en bref, et mme sils appellent des comptences spcifiques, lesprogrammes de formation, la russite ducative et la pdagogie elle-mme, par exemple ilfaudra dire tantt la mme chose de la rforme elle-mme , ne peuvent pas ne pas tre aucur de nos proccupations et de nos engagements quotidiens. Javais lhabitude de dire deschefs dtablissements universitaires quils sont, ex officio, les premiers responsables et les

    premiers porte-parole acadmiques de leur tablissement. Quelque chose de cela vaut pournous, jen suis convaincu.

    La similitude de nos situations et ce sera ma deuxime remarque nautorise pas pourautant gommer des diffrences importantes, dont la teneur explique quil ny ait pas, entrenos niveaux de responsabilit, quelque rapport de subordination. Les diffrences, elles sontclaires pour lessentiel et elles trouvent leur source dans les missions que nos lois dfinissentpour chacune des instances que nous servons. Pour vous, il sagit dassurer, sur le territoireque vous desservez, les services ducatifs celles et ceux qui y ont droit. Pour nous, il sagitde travailler la mise en uvre des responsabilits ministrielles de promotion de lducation,de dfinition des politiques ducatives, de rpartition des ressources et dvaluation dusystme. Ces diffrences appellent des complmentarits videntes, mais elles ne font pas denous vos patrons . La logique de nos lois et de notre systme est la fois plus subtile etplus dynamique : nous accomplissons, chacun pour notre part, des mandats lis des voletsdistincts de la mission ducative. Nous avons, vous et nous, des responsabilits propres,convergentes mais diffrentes, que nous remplissons sous la direction de nos autorits, dont laloi prvoit aussi les relations quelles ont entre elles.

    Lexplicitation de ce qui nous unit et de ce qui nous distingue nest pas un exercice purementthorique. Je tiens vous dire que, mes yeux et pour ma propre gouverne, elle entrane desperspectives daction clairement campes. Cest elle, par exemple, qui doit inspirerfondamentalement notre comportement en matire de planification stratgique, une oprationdont vous avez parl mercredi et propos de laquelle vous nous aviez nagure pertinemment

    rappel la nature et les dimensions de nos patinoires respectives. Dans la foule desralignements exigs par la nouvelle approche gouvernementale, nous y travaillons avec unsouci renouvel didentifier les cibles et les livrables qui sont du ressort de notre missionpropre. Vous en tiendrez compte progressivement et en temps et lieu, comme le prvoit laloi. Mais ce ne sera pas sous le mode de la dduction ou dans une perspective desubordination de type hirarchique. Vous avez vos tches propres, et nous avons les ntres,les unes et les autres aux services dun mme service public.

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    Cest cette mme explicitation qui guide notre volont partage de faire voluer les rencontrespriodiques que les reprsentants de votre association tiennent avec les membres de lquipesous-ministrielle. Vos reprsentants, mes collgues et moi-mme, nous avons souhait ydvelopper un type de dialogue et dchange de caractre plus prospectif et plus stratgique

    je nai pas dit abstrait autour denjeux que nous avons affronter dans la mouvance denos mandats spcifiques, plutt qu nous informer de ce que nous traitons couramment de

    multiples instances. Il me semble pouvoir dire que nous avons dj franchi en ce sens des pasprometteurs. Je men rjouis. Et jestime que lapprofondissement de la nature de nosrapports lintrieur de notre systme nous aidera poursuivre dans cette voie, qui en est unede respect de nos champs respectifs de dcision.

    Ces rappels concernant nos missions et ce que nous sommes ne constituent pas un dtour. Entout cas, si cen est un, permettez-moi dy voir un dtour par les fondements. Permettez-moiaussi de considrer que cest une expression destime que de souhaiter un tel dialogue avecvous. Aussi est-ce sur cette toile de fond que je veux aborder les autres thmes que jaiannoncs.

    2. La rforme en cours dimplantation

    La rforme en cours est un vaste chantier qui complte son premier tour de roue au primaire etquune centaine dcoles secondaires commencent exprimenter cette anne. Cest unenorme entreprise, structurante sil en est, dans la mesure o elle tablit le cadre mme descheminements dapprentissage, leurs objectifs, leur esprit, leur cohrence, leur valuation.Nous en attendons quelle soit le vecteur mme de laccroissement de la russite de celles etceux qui frquentent nos coles.

    Je nai pas lintention de rappeler ici le contenu, les tenants et aboutissants de cette grandernovation, non plus que les nombreux dfis quelle dcoupe pour nous tous et, au premierchef, pour les enseignants et pour les directions dtablissement. Quil suffise de dire quellefigure srement au premier rang des facteurs qui dessineront pour nous la figure relle denotre cole de ce dbut de 21e sicle. Je veux plutt et seulement mettre en vidence deuxparamtres de ce grand chantier : son caractre prioritaire et les impratifs de gestion quilentrane pour nous.

    Prioritaire, dabord, cette rnovation de notre cole de base lest trs explicitement dans la courte liste du plan daction ministriel et gouvernemental. Sous le signe delaccroissement de la russite, dont elle est le principal point de chute et de convergence, elleintgre, comme il se doit, les nouvelles actions dont le gouvernement fait la promotion, telslaccroissement du temps denseignement au primaire, lintroduction de langlais, langueseconde en premire anne du primaire, le dveloppement du tutorat et de laide au devoir et,plus globalement, des actions dencadrement des lves. Et il en sera de mme pour tout

    autre accent nouveau que le gouvernement pourrait ventuellement dcider de promouvoir.Pour le ministre et pour nous, ces nouveauts sinscrivent et doivent sinscrire dans lemouvement de la rforme, la manire dinsistances souhaites par des couches importantesde la population, et sans aucune distorsion de perspectives. Le discours ministriel estconstant cet gard, qui place lensemble de ces actions sous le signe du renouvellement encours de lcole qubcoise. Je tiens vous redire ici que, sous limpulsion du ministre, mescollgues et moi-mme, nous maintenons le cap sur limplantation de la rforme, uneentreprise collective qui mobilise toujours des milliers dintervenants dans le rseau et qui

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    plonge ses racines dans des mouvements de fond qui transcendent demble le registre desprfrences passagres. Ne cherchez donc pas, ce chapitre, dtecter quelque hsitationdans laction ministrielle et gouvernementale : nous sommes pleinement engags dans larnovation entreprise. Pour ma part, bien plus quun devoir doffice, il y a mme l un objetde conviction : ce que nous sommes accomplir sinscrit dans ce que lon peut observer demieux inspir et de mieux orient dans les rformes ducatives promues dans de nombreux

    systmes de lhmisphre nord.

    Une telle priorit entrane pour nous des impratifs de gestion concerte. Pour ma part, jyaccorde une trs grande importance stratgique. Cest ce que jai voulu signifier en prsidantmoi-mme les tables de pilotage qui encadrent limplantation de la rforme. Je veux quil soitclair quil sagit de chantiers et de priorits ministriels. Je continuerai le faire avecdtermination. Avec dtermination et dans la perspective dun pilotage partag, car cest celaque nous exprimentons graduellement et qui me semble particulirement porteur. cestables, nous ne sigeons pas en touristes, en grants destrade ou, pire, en voyeurs. Nous nenous runissons pas pour jaser . Il sagit de pilotage responsable : nous y sommes donc dans la cabine de pilotage et, chacun pour la part qui concerne ses responsabilits,littralement aux commandes . Et ds lors responsables devant les acteurs du systme et

    envers ceux qui nous dsignent nos postes. Avec nous, avec les directions dcole et lesautres membres, vos reprsentants de lADIGECS sont partie prenante cette gouverneconcerte et solidaire. Et ils le font trs bien. Je vous invite tre en contact avec eux. Pourma part, je tiens pour acquis quils agissent en lien avec vous.

    Sagissant de limplantation de cette rnovation de lcole qubcoise, permettez-moi deformuler une question qui me proccupe, je ne vous le cache pas, et autour de laquelle ilconviendrait que nous poursuivions nos rflexions. Il sagit du type daccompagnement et desoutien quil est normal dattendre du Ministre quand il sagit dimplanter ce genredinnovation sur le terrain, sur vos territoires et dans vos coles. Pour le moment, je suis unpeu perplexe cet gard. Ainsi, il marrive de penser que nous allons un peu loin enconduisant nous-mmes des oprations qui ne sont pas strictement de lordre des orientationset du policy making . Il me semble que nous y sommes mme parfois tout prs delactivit pdagogique, voire pas trs loin de la porte de la classe. En revanche, je constate belet bien que les personnels, ceux des coles et les vtres, rclament de telles initiatives, les unsallguant quils nauraient pas la capacit de les conduire eux-mmes, les autres, que leschose ne se feraient pas si le Ministre se retirait et sil prenait les choses de plus loin. Dequoi tre partag entre la conviction que ce sont les commissions scolaires qui ont mission deservice sur le terrain, lobligation de faire en sorte que les politiques ducatives simplantentefficacement et le souci de ne pas dcevoir les attentes et les appels venant des intervenants depremire ligne. De quoi, aussi, sinterroger sur la validit et la fonctionnalit de nos pilotages,les vtres, les ntres, et ceux dans lesquels nous sommes partenaires.

    La question nest pas nouvelle et on ne peut pas la rsoudre de manire simpliste ou cavalire.Mais, revenant aprs quelques annes dabsence, je suis contraint de constater, non sans uncertain tonnement, que les choses nont pas beaucoup dcant cet gard et que la volontpartage daffirmer lautonomie des commissions scolaires na pas totalement investi lechamp le plus central de votre mission, celui, proprement ducatif, de la formation et de lapdagogie. Jobserve mme que notre rforme elle-mme, lance avec le ferme propos depromouvoir des vises et non des mthodes pdagogiques, est doucement revenue vers lapdagogie, entranant dans son sillage nos oprations dimplantation. Je souhaiterais quenous puissions rflchir ensemble cela, vous confessant demble que mes annes passes

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    dans une institution qui est de celles qui, surtout en matire acadmique et pdagogique, sontfarouchement autonomistes et bon droit nont fait que confirmer une lecture djenracine de nos lois et de nos missions respectives. En tout cas, il me semble que le cur etle sens de votre propre pilotage est ici en cause, un pilotage, soyez-en srs, que nous ne vousempcherons pas dassumer pleinement, conformment votre mission ducative. Cela nestdailleurs peut-tre pas sans lien avec la ringnierie de ltat, dont je veux maintenant dire

    quelques mots.

    3. Ringnierie et modernisation

    Le premier ministre du Qubec a lanc une importante opration de modernisation de ltatqubcois, de ses structures, de ses faons de faire. Il la dit et rpt, les objectifs et lesenjeux dpassent largement la perspective des conomies budgtaires, encore quil ne soit pasdu tout insens de vouloir vivre selon ses moyens. Ce qui y est prioritairement vis, cestlamlioration des services aux citoyens, au meilleur cot et en mettant profit les moyens lesplus efficaces possible.

    En raison de son poids tous gards, lducation figure naturellement en bonne place dans ce

    grand projet. Un chantier, pilot par notre ministre, y est mme spcifiquement consacr,avec des couleurs clairement affiches : recentrer le systme dducation autour de llve etde ltudiant recentrer, ou centrer plus nettement, si vous prfrez, puisque les lves et lestudiants ne sont tout de mme pas en dehors des vises actuelles du systme. Je participemoi-mme aux travaux du comit de pilotage de ce chantier. Vous comprendrez quil ne merevient pas de faire rapport de ces travaux. Je peux par ailleurs partager avec vous un certainnombre de considrations portant sur certains paramtres pratiquement incontournables que tout ringnieur devrait savoir .

    Disons dabord et demble que ltat nest pas seul avoir mission en ducation. Notresystme est plutt un ensemble complexe dinstitutions et dintervenants, dont plusieursfaisaient uvre dducation avant mme que ltat ne dcide de sen occuper. Cela nerelativise en rien le rle maintenant central de ltat en cette matire, ni la ncessit dereconnatre que lducation constitue une des missions essentielles de ltat. Cela obligeseulement aborder les choses avec un peu de modestie et avec une conscience vive de lacomplexit des systmes dducation, du fait quil accueille ici prs de deux millions depersonnes et, par les relations familiales, amicales ou professionnelles, rejoint sans doute unepartie majoritaire de la population. Et puis, cest un systme qui, en dpit de certains rats,russit des performances remarquables et remarques. La ringnierie en ducation est dslors interdite aux apprentis sorciers et aux cow-boys, ou ceux qui pourraient oublier quenotre socit y est concerne dans son centre mme, ses enfants, ses adolescents, ses jeunes,ses adultes, lensemble de ses forces vives, et cela, dans leur cheminement de dveloppementpersonnel et dapprentissage. On le voit, on revient toujours infailliblement la mission

    ducative elle-mme : cest elle qui doit tre ici la premire rfrence et cest bien sur cettebase que, pour ce qui le concerne, le Ministre conduit ses propres travaux de ringnierie.

    Le fait que nous soyons dj engags dans une vaste opration de ringnierie delenseignement primaire et secondaire constitue un deuxime paramtre prendre en compte.Car cest bien ce quest la rforme, considre selon lensemble de ses facettes. Je diraimme quil nen est pas de plus structurante et de plus porteuse pour notre modernisation,surtout quand on y intgre les accents nouveaux voulus par le gouvernement. moins quetout le monde ne se soit tromp en convenant de la rforme en cours et cela, cest beaucoup

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    de monde! , le sens des responsabilits et un minimum de suite dans les ides imposent icileurs exigences. Cest quon ne joue pas avec de tels systmes, encore moins aveclducation. En inscrivant cette rforme dans ses priorits, le plan de match gouvernementalne dit pas autre chose : en enseignement primaire et secondaire, nous sommes dj enmarche. De plus, certains projets spcifiques de ringnierie sont dj annoncs : je pense iciau projet de crer un ordre professionnel des enseignants, dont la mise sur pied entranera de

    soi une importante ringnierie de processus au Ministre mme. Je pense aussi ce quipourrait dcouler des dcisions qui seront prises en rapport avec le rendez-vous que nousavons avec les clauses drogatoires touchant la place de la religion lcole.

    Troisime paramtre considrer : des oprations majeures sont prvues en enseignementsuprieur, dont les rsultats seront videmment dterminants pour la suite de toutes lesringnieries en ducation. Une commission parlementaire sur la qualit, laccessibilit et lefinancement des universits commencera ses travaux la mi-fvrier et, au cours du printemps,on tiendra un forum sur lavenir de lenseignement collgial. Ces oprations commanderontlargement la suite des choses, car il nest videmment pas question de conclure avant decommencer!

    Je tiens ici attirer votre attention sur le fait que ces dbats vous concernent invitablement.Si certains dentre vous ont pu penser que, en raison de ces vnements cibls ou pire, enraison des engagements antrieurs communs du ministre ou du sous-ministre ,lenseignement primaire et secondaire allait passer au second plan et que le Ministre nenaurait que pour le post-secondaire, eh bien! ils se trompent. Il faut les rassurer; au besoin, lesen dissuader avec vigueur. Outre quils ne peuvent pas oublier la rforme prioritaire surlaquelle nous gardons le cap, ils doivent prendre acte de ce que, en lanant le rapport Bdard,les commissions scolaires ont srement fait ce quil fallait pour que lon noublie pas de parlerde lcole de base et de la formation professionnelle. En fait, pour quiconque penseringnierie de systme, il nest gure possible de soulever des questions qui ne ressemblentpas un peu celles que pose ce rapport. En fait, le forum sur lenseignement collgial, pasplus que le comit prsid par notre ministre, dailleurs, ne pourra pas faire lconomie delexploration dhypothses qui sont dores et dj sur la place publique et figurent forcmentau menu de toute rflexion de ringnierie. On sait que certaines avenues sont dores et djexclues le ministre la dit de l abolition des collges. On peut sans doute aussi penserque des voies qui nous singulariseraient encore davantage en Occident serontvraisemblablement cartes sans trop dhsitations. Mais, cela tant dit, des questions sontposes, qui exigent rflexion, analyse et discernement. Je nai pas les commenter ici, mais,sagissant de ringnierie, il faut bien reconnatre quelles font mme sans doute partie desincontournables. Vous ne pourrez donc pas tre absents de leur discussion, notamment en cequi a trait la formation professionnelle et larticulation de nos ordres denseignement.

    Ce nest rvler aucun secret doffice que de vous dire que le comit prsid par notre

    ministre devra tenir compte de lensemble de ces paramtres; ceux-ci balisent mmeforcment son travail. De rappeler aussi que sa ligne de fond ou sa ligne de crte, si vousprfrez les hauteurs! , cest celle de llve et de ltudiant, dont il sagit de favoriser aumieux la russite de leur cheminement, partout sur le territoire du Qubec, et de contribuerainsi faire de lducation et de la russite ducative un ferment pour le dveloppement delensemble des rgions du Qubec. Ce sont dailleurs l les deux attentions prioritaires quenotre ministre ne se lasse pas de rpter quand il traite du chantier gouvernemental demodernisation dans le domaine de lducation et, plus globalement, de ses priorits daction.

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    4. Une conjoncture difficile

    Je terminerai en voquant brivement deux lments-clefs de la conjoncture dans laquellenous aurons travailler ensemble au cours des prochains mois. Vous pourriez me soulignerque, avec ce que jai dj voqu, la chaloupe est pleine . Et vous nauriez pas tort! Maisil nous faut quand mme avoir une ide commune des flots sur lesquels nous aurons ramer!

    Il y a dabord les perspectives budgtaires : elles ne sont pas roses, autant ne pas se raconterdhistoire. Oui, le gouvernement tiendra parole et investira en ducation et en sant nettementplus que dans les autres secteurs. Mais, avec les taux de croissance budgtaire prvus, on nevoit pas bien comment il pourra le faire la hauteur des facteurs de croissance de lensembledu systme dducation. Je ne sais pas plus que vous ce que seront les crdits mis notredisposition. Mais nous serions mal venus de rver en couleurs. moins de revirements pourlinstant imprvisibles, ce sera donc ardu pour tout le monde. Nous ferons tout pour que leschoses se fassent dans le bon sens et dans lquit. Dans la transparence galement. Maisnous ne pourrons pas changer les dures rgles de laddition et de la soustraction.

    Et puis, ce seront des mois de ngociations des conventions collectives du secteur public. L

    aussi, ce serait cder la langue de bois que de dire que les choses sannoncent aises. Enfait, il ny en aura pas de facile! Surtout si se combinent des discussions dj difficiles parnature des composantes de type atmosphrique ayant des traits et des accents dunaffrontement idologique et politique. De concert avec le ministre et avec lappui comptentde notre collgue responsable, je suis et suivrai de prs cette dmarche dlicate, avec le soucisans cesse rappel de garder le cap sur notre mission et sur ce quelle exige de cohsion et devolont de convergence.

    Lensemble de cette conjoncture sera notre rel commun des mois qui viennent. dfaut dedisposer dune boule de cristal ou de tenir le secret des solutions rapides, je tiens vousassurer dune chose : nous serons ensemble et solidaires dans cette navigation. Telle est bienlintention du ministre lui-mme. Telles sont aussi ses attentes et les miennes vis--vis delquipe sous-ministrielle.

    * * *

    Je marrterai ici, conscient davoir dj abus de votre hospitalit. En vous redisant et jeles sais partags mon engagement inconditionnel pour la promotion et la ralisation de lamission ducative et, tout la fois, ma volont de le faire dans le respect des responsabilitsdiffrentes, mais complmentaires, qui sont les ntres.

    Je vous remercie de votre attention et nous souhaite une anne de collaboration et de russite.

    Bonne anne tous!