lu pour vous

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Éthique et santé (2014) 11, 54—57 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Lu pour vous Disponible sur Internet le 20 evrier 2014 Anthropologie Cheng F. Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie. Ed A. Michel; 2013. Franc ¸ois Cheng aborde dans son livre la question de la mort. Il est l’héritier d’une double culture, la culture chinoise, sa culture de naissance et la culture occidentale et franc ¸aise, sa culture d’adoption. Comme dans son livre Cinq méditations sur la beauté, l’auteur part d’échanges avec des amis et nous invite, nous lecteurs, à les rejoindre, à le rejoindre dans ses réflexions sur la mort. Il s’agit d’une véritable lec ¸on de vie. Le livre est chargé de poésie jusqu’au dernier chapitre qu’il présente sous la forme de poèmes. Descriptions, évocations de moments, d’embrassements du quotidien, à chaque instant, de la vie et de la mort. La vie et la mort sont inséparables. Chaque vie suit sa trajectoire et son destin qui parti- cipent à la grande aventure, la seule, celle de l’humanité. Il n’y a aucune tristesse ni mélancolie à avoir mais l’acceptation de cette prodigieuse aventure qui nous dépasse. Livre qui se lit avec beaucoup de sérénité. Pas de message pédagogique, de conduite à suivre. Mais néanmoins une démarche pour aborder la fin de vie d’une autre fac ¸on, avec un autre regard. . . Ce livre peut se ranger au nombre des livres à lire pour des personnels soignants qui travaillent dans des services de soins palliatifs, dans des services de soins médicaux en général. Tison Brigitte Artières P. Clinique de l’écriture. Ed La découverte Poche; 2013. Dès 1850, l’écriture devient objet de la clinique. Des médecins en lisant des écritures ordinaires découvrent des éléments étranges, anormaux. Désormais, l’écriture fera partie des éléments à prendre en compte, en particulier, dans les expertises. L’affaire Dreyfus n’échappera pas au regard de l’expert en écriture et révèlera l’usage du faux en écriture. Les psychiatres examineront de plus près l’écriture de leurs patients : distinguer le normal de l’anormalité. C’est le début des travaux de la graphologie ; en utili- sant les outils inventés par Michel Foucault, l’approche de Artières, historien et directeur de recherches au CNRS, nous montre comment la médecine s’est saisie de l’écriture pour opérer un nouveau partage entre le vrai du faux, entre le normal et le pathologique, le naturel et l’artificiel. Ce livre original à plus d’un égard intéressera surtout les médecins psychiatres, les psychologues et tout personnel soignant qui s’intéresse à la « folie » et travaille comme expert auprès des tribunaux. Lecture dense mais accessible. Tison Brigitte Biotechnologie Fontaine B. Biotechnologies, quelles limites ? Quo vadis Homosapiens ? L’Harmattan; 2013. Ce livre est réalisé par un éminent scientifique ancien cher- cheur au CNRS spécialistes de l’énergie. Il affronte ici, comme une sorte de néophyte mais avec les bases scien- tifiques majeures (en tant que chercheur-citoyen se nomme t-il), les questions éthiques posées par les avancées des bio- technologies. Il présente chapitre après chapitre la place de la science, du scientifique, du chercheur face aux thèmes suivant : les nouvelles techniques de procréation médicale assistée, les cellules souches et manipulations génétiques, un chapitre sur la génomique humaine (utilisation des connaissances désormais complète du génome humain et son utilisation pour des manipulations à visée thérapique 1765-4629/$ see front matter http://dx.doi.org/10.1016/j.etiqe.2014.02.001

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thique et santé (2014) 11, 54—57

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ScienceDirectwww.sciencedirect.com

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isponible sur Internet le 20 fevrier 2014

nthropologie

� Cheng F. Cinq méditations sur la mort, autrementdit sur la vie. Ed A. Michel; 2013.

rancois Cheng aborde dans son livre la question de la mort.l est l’héritier d’une double culture, la culture chinoise, saulture de naissance et la culture occidentale et francaise,a culture d’adoption.

Comme dans son livre Cinq méditations sur la beauté,’auteur part d’échanges avec des amis et nous invite, nousecteurs, à les rejoindre, à le rejoindre dans ses réflexionsur la mort.

Il s’agit d’une véritable lecon de vie. Le livre est chargée poésie jusqu’au dernier chapitre qu’il présente sous laorme de poèmes. Descriptions, évocations de moments,’embrassements du quotidien, à chaque instant, de la viet de la mort. La vie et la mort sont inséparables.

Chaque vie suit sa trajectoire et son destin qui parti-ipent à la grande aventure, la seule, celle de l’humanité.l n’y a aucune tristesse ni mélancolie à avoir mais’acceptation de cette prodigieuse aventure qui nousépasse. Livre qui se lit avec beaucoup de sérénité. Pas deessage pédagogique, de conduite à suivre. Mais néanmoins

ne démarche pour aborder la fin de vie d’une autre facon,vec un autre regard. . .

Ce livre peut se ranger au nombre des livres à lire poures personnels soignants qui travaillent dans des servicese soins palliatifs, dans des services de soins médicaux enénéral.

Tison Brigitte

� Artières P. Clinique de l’écriture. Ed La découvertePoche; 2013.

ès 1850, l’écriture devient objet de la clinique. Desédecins en lisant des écritures ordinaires découvrent des

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765-4629/$ — see front matterttp://dx.doi.org/10.1016/j.etiqe.2014.02.001

léments étranges, anormaux. Désormais, l’écriture feraartie des éléments à prendre en compte, en particulier,ans les expertises. L’affaire Dreyfus n’échappera pas auegard de l’expert en écriture et révèlera l’usage du fauxn écriture.

Les psychiatres examineront de plus près l’écriture deeurs patients : distinguer le normal de l’anormalité.

C’est le début des travaux de la graphologie ; en utili-ant les outils inventés par Michel Foucault, l’approche dertières, historien et directeur de recherches au CNRS, nousontre comment la médecine s’est saisie de l’écriture pour

pérer un nouveau partage entre le vrai du faux, entre leormal et le pathologique, le naturel et l’artificiel. Ce livreriginal à plus d’un égard intéressera surtout les médecinssychiatres, les psychologues et tout personnel soignant qui’intéresse à la « folie » et travaille comme expert auprèses tribunaux.

Lecture dense mais accessible.

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iotechnologie

� Fontaine B. Biotechnologies, quelles limites ? Quovadis Homosapiens ? L’Harmattan; 2013.

e livre est réalisé par un éminent scientifique ancien cher-heur au CNRS spécialistes de l’énergie. Il affronte ici,omme une sorte de néophyte mais avec les bases scien-ifiques majeures (en tant que chercheur-citoyen se nomme-il), les questions éthiques posées par les avancées des bio-echnologies. Il présente chapitre après chapitre la place dea science, du scientifique, du chercheur face aux thèmesuivant : les nouvelles techniques de procréation médicalessistée, les cellules souches et manipulations génétiques,

n chapitre sur la génomique humaine (utilisation desonnaissances désormais complète du génome humain eton utilisation pour des manipulations à visée thérapique

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hstcfilddmpénale de voies procédurales constituant des alternativesau jugement, etc. On sent, là comme ailleurs, la logiqued’amoindrissement des coûts. L’auteur brosse un tableau

Lu pour vous

ou non), les nanobiotechnologies, les organismes génétique-ment modifiés (OGM) et l’agriculture industrielle. Chaquechapitre reprend les derniers éléments de la recherche pouren montrer les perspectives certes positives mais aussi lesrisques immédiats et à venir. Sans donner de réponse, lesconclusions nous alertent sur l’obligation pour le chercheurà redécouvrir sa responsabilité pour le monde de demain.La solution pour ne pas tomber dans une course sans fin estde redonner au citoyen une vraie place dans les débats surles perspectives scientifiques qu’il faut faciliter et celles quisont à risques de déshumanisation.

Livre très pédagogique, facile à lire et donc à propo-ser pour commencer à comprendre les enjeux posés par lesthèmes abordés.

de Broca A.

Philosophie

� Ricot J. Du bon usage de la compassion. PUF; 2013.

Petit ouvrage de 56 pages, comme aime à le faire JacquesRicot, qui nous aide à nous ouvrir sur nous-même, c’est-à-dire sur cette humanité si fragile, vulnérable et de cefait si riche de relation. La compassion est ici dévoiléecomme « cette sensibilité désarmante devant l’irruption enmoi de la douleur d’autrui ». Sans cette ouverture à soi et àl’autre, comment rejoindre l’universel, une sorte d’art duvivre ensemble, et de ce fait du vivre en soi.

Belles pages à lire et à faire travailler par les étudiantspour qu’ils apprennent à dialoguer sur leurs émotions, leursrapports à l’autre et sur tous ces concepts qu’il faut réap-privoiser pour leur donner tout leur sens.

de Broca A.

� Svandra P, et al. Faut-il avoir peur de la bientrai-tance ? Estem de Boeck, Sciences du Soin; 2013.

La bientraitance est ici revisitée de facon tonique. Ce néo-logisme est née bizarrement. La maltraitance était le motqu’il fallait rechercher, qu’il fallait bannir des actes soi-gnants. L’absence de maltraitance amenait à considérer quel’acte était alors bon et positif. Pourquoi a-t-il fallu nom-mer ce qui n’était pas maltraitance comme la bientraitance ?Est-ce à dire que le soin peut être soit maltraitant, soit bien-traitant ou neutre ? Que voudrait dire un soin neutre ? Tousles auteurs, éminents spécialistes du « care » reprennentavec humour et compétences soignantes, juridiques et ouphilosophiques ce terme et le déconstruisent afin d’enmontrer peut-être sa face obscure, c’est-à-dire l’idée quela bientraitance pourrait n’être qu’application de proto-coles et de règlements qui auraient été écrits pour direau soignant ce qu’est la bientraitance ? La notion est plusqu’ambiguë.

Un livre à travailler absolument avec tous les étudiantsen santé pour qu’ils apprennent qu’une notion doit toujoursêtre apprivoisée avec tact, mesure et prudence ou qu’ilsapprennent qu’une fin bonne pour le patient ne peut pass’apparenter à un suivi d’un code de la route ni à de bonnesconduites sans relation.

de Broca A.

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roit de la santé

� Roland H, Dagognet F, Girer M, Rousset G, Marti-net E, et plus de 30 collaborateurs. Mélanges enl’honneur de Marie-France Callu. Ed. LexisNexis;2013.

et ouvrage remarquable de 653 pages est publié par la plusrestigieuse maison d’édition juridique francaise, Lexis-exis. Il comporte 39 textes, coordonnés par un Comité deatronage composé du Président Henri Roland, du professeurrancois Dagognet et de trois anciens élèves de Marie-Franceallu : Marion Girer, Guillaume Rousset et Eric Martinent. Cetuvrage est passionnant.

Marie-France Callu est maître de Conférences émérite,o-fondatrice, avec Jean-Pierre Claveranne de l’Institut deormation et de recherche sur les organisations sanitaires etociales (Ifross) à l’université Jean-Moulin Lyon-3. Madameallu est une juriste de grande réputation nationale et inter-ationale. Elle a réfléchi, enseigné et écrit magistralementurant toute sa carrière à l’Université Jean Moulin de Lyon.lle est, par cet ouvrage, l’objet d’une reconnaissance danse domaine du droit, en particulier du droit de la santé,ais aussi dans d’autres disciplines et domaines, une recon-

aissance pour l’apport intellectuel de ses travaux, uneeconnaissance pour l’efficacité avec laquelle elle démontre’utilité du mouvement qu’elle a contribué à développer,elui du droit de la santé et de son corollaire l’éthiqueédicale.Ces Mélanges constituent une ressource impressionnante

our les lecteurs de la revue Éthique & Santé. Les chapitresont, dans le sommaire groupés en deux parties. La premièreartie, Varia, comporte un titre portant sur « Droit, Juridic-ion, Législation » et un autre sur « Littérature, Philosophie,piritualité ». La seconde partie concerne plus précisémente droit de la santé avec un titre se rapportant aux « Acteurse la santé », un deuxième titre s’intéressant aux « Relationsntre les acteurs de la santé » et un dernier titre portant sur

L’organisation du système de santé. ».Voici quelques idées et thèmes développés par un tiers

e ces auteurs.Francine Demichel, professeur de droit émérite à

’université Paris-8 et ancienne directrice de l’enseignementupérieur, a écrit « Repenser le droit médical. . . au fémi-in » : tout un programme, progressiste mais, surtout, quiait le point sur l’évolution des rapports entre science médi-ale et droit. Tous les professionnels de la santé et du droite retrouvent dans ces lignes.

Henri Roland, agrégé et professeur de droit, Présidentonoraire de l’université Jean-Moulin Lyon-3, écrit sur « Laanté du droit. Vers un pronostic vital. » Il dresse un tableaurès détaillé et très sombre du droit en France. Pour l’auteur,e droit régresse ; son pronostic vital s’assombrit. Anémienancière depuis plus d’un demi-siècle, transformation de

a demande en justice en un bien de consommation couranteès les années 1980, concentration des moyens au niveaue la première instance, choix de la transaction commeode de règlement d’un conflit, multiplication en matière

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nquiétant des « pathologies » de la production normativet du pouvoir normatif. Le législateur manque de plus enlus à la fonction régulatrice de la loi qui a une portée delus en plus incertaine : lois bavardes, verbalisme creux, loisolles. Tous les premiers ministres invitent par circulaire

es membres de leur gouvernement à respecter les impéra-ifs d’une meilleure législation. . . Toutes ces mesures fontgure de leurres et de faux-semblants,. . . L’auteur utilise

’expression « lucide incrédulité pour l’avenir ».NDRL : nous conseillons la lecture d’un article que

’ai écrit avec Marie-France Callu « Droit-éthique. Quelleomparaison pour quel dialogue ? » Éthique & Santé, 2011,ol 8, no 4, p. 204 à 210.

Yves Maillaud, agrégé de droit et professeur à l’universitéanthéon-Assas, a écrit « La répression des comportementst les qualifications juridiques à l’épreuve des catas-rophes ». Les catastrophes citées comportent, entre autres,e sang contaminé, l’explosion de l’usine AZF, l’incendieu tunnel du Mont Blanc, le procès de l’hormone de crois-ance. Ce chapitre est très utile pour un non-juriste quieut comprendre ce que signifie une qualification juridiquedémarche consistant à rattacher un fait à une infrac-ion pénale, à une démarche civile d’indemnisation) eton importance pour les professionnels. L’auteur insiste sur’étendue des retombées répressives des catastrophes.

Nicolas Kopp, professeur émérite de l’université Claude-ernard Lyon-1, membre de l’Espace éthique Rhône-Alpest du Comité d’éthique du CHU de Lyon consacre son articleu thème « De quel droit se mélanger avec l’éthique bio-édicale ? » à partir de cette question fondamentale : « qui,e l’éthique et du droit influence l’autre ? » Dans un pre-ier temps, l’auteur démontre que les disciplines ont unode de construction parallèle de leurs normes : elles ont

eurs propres définitions et leur structuration est spécifique chacune de ces discipline, tant pour leurs fondementsue pour leur nature (disciplines scientifiques ou non ?).nsuite, l’auteur s’interroge sur ce qui peut faire conver-er — et donc travailler ensemble — l’éthique et le droit.n dépit d’un certain nombre de difficultés (stabilité dehacune de ces disciplines, leur caractère public, leur per-eption par le grand public), il semble que l’éthique et leroit soient l’affaire de tous, ce parallélisme ayant pourimite le principe de responsabilité dont le contenu et lesonséquences divergent dans chacune de ces disciplines.oulignons l’importance de la conclusion de l’auteur : « Maisotre conviction personnelle, en tant que médecin impliquén éthique (. . .) est qu’éthique bio-médicale et droit de laanté ne peuvent que gagner à une écoute réciproque. ».

Robert Kohler, docteur en droit et directeur d’EHPAD, acrit « La présence animale dans les maisons de retraite :ers une affectivisation du soin ». Il fait allusion à une

petite question » à propos de son article. Qui ne pense deemps à autre à sa future et éventuelle entrée en EHPAD ?lle fait l’objet de peu d’études. « Le recours à un animalédiateur n’est que le corollaire d’un déséquilibre humain.ans ce cadre, l’animal devient très souvent le miroir dans

equel se réverbère l’homme, depuis des temps immémo-iaux. » En EHPAD, l’animal devient une source et un objet

’affection, mais peut également se transformer en un objete substitution et de transmission L’animal peut devenir cetbjet transitionnel décrit par Donald Winnicott. Le chien

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evrait être pris en considération comme la sexualité et,lus largement, l’intimité du patient. Comme un droit.

Guy Lavorel, professeur émérite de Langue et de Littéra-ure d’expression francaise à l’Université Jean Moulin Lyon, écrit « Santé et littérature : de quelques maladies traitéesar jouissance humoristique ». A priori, il s’agit d’un « petithapitre ». Mais ce chapitre a un double mérite. Tout d’abordl est original car il est probablement assez unique. Ensuitees Mélanges sont un endroit idéal pour un tel texte. Il seourrit d’une analyse du Gargantua, de Rabelais, du Malademaginaire de Molière, de Proust, d’Henri Michaux. Un bonédecin, un bon soignant se doit de rester suffisamment

erein, solide et en bonne santé d’humeurs et de comporte-ent. Savoir rire est l’origine de l’esprit carabin. L’humour

t le rire sont devenus un recours médical, ce qui nous feraitire que nous flirtons avec l’éthique des valeurs.

Pierre Le Coz, professeur en philosophie à la faculté deédecine de l’université d’Aix-Marseille, a consacré son

rticle à « La culture nous éveille à notre humanité » dont’idée centrale se trouve dans son introduction : « La cultureu sens le plus élevé incline au respect des différences sanshercher à les accuser. Elle donne sens et saveur à notrexistence ; elle nous fait accéder au rang de ‘‘citoyen duonde’’ ». L’auteur nous entraîne sur la piste philosophiqueui fait que la culture est ce qui s’ajoute à la nature,ans le sens anthropologique de la culture, à la créatione civilisations, mais aussi à la dimension humaniste de laulture, condition nécessaire à l’humanisation des mœurs.

La culture permet de véhiculer une image gratifiante de’être humain qui n’est pas uniquement destiné à survivret à assurer sa descendance. ».

Liliane Daligand est professeur de médecine légale à’université Claude-Bernard Lyon-1, psychiatre des hôpi-aux, Expert près de la Cour d’appel de Lyon, Présidentee l’association « VIFF SOS Femmes ». Elle a écrit sur « Lesoins des victimes de violence ». « Je dois aux victimes,encontrées grâce à la médecine légale et à l’urgence,on orientation vers la psychiatrie et la psychanalyse. . .

râce à la psychanalyse, la consultation de médecine légale’est développée vers la prise en charge des victimes. Lesictimes d’agression, accident, attentat, hold-up, séques-ration, etc. Des adultes au début, puis de plus en plus’enfants, m’ont été adressés pour des traitements. . . « Laonsultation de médecine légale psychiatrique où je ren-ontre les victimes de violence, affirme l’articulation de laédecine et du droit. L’importance du rapport du soin à la

oi » (NDRL) doit être soulignée car il s’agit du rétablisse-ent du sujet de la parole et donc de la loi. . . L’agression

end à l’annulation de la différence entre les êtres que la loiondamentale affirme. Le soin vise à son rétablissement. ».

Le mot pédophilie n’est pas utilisé dans ce texte maislle est toujours présente. Dans la littérature d’éthiqueiomédicale, la pédophilie est, me semble t-il peu pré-ente. Ainsi, en 10 ans de la revue Éthique & Santé, (pluse 300 articles), je n’ai vu que deux article traitant de mal-raitance et mentionnant la pédophilie (ou plus exactementa décrivant en une demi ligne sans utiliser le mot pédo-hilie ou inceste parmi d’autres nombreuses manifestations

t actions malfaisantes (2005 Tison Vol 2 no 2, 2005 Philipst Draperi Vol 2 no 2, Centre Droit et Éthique de la SantéCL).

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Lu pour vous

Jean-Pierre Claveranne (professeur de gestion àl’université Jean-Moulin Lyon-3, co-créateur de l’Ifross)et Christophe Pascal (maître de conférences en gestionet directeur de l’Ifross) écrivent un chapitre intitulé « Lagouvernance clinique ou la réconciliation du sacré et duprofane en psychiatrie ». Ils militent pour l’invention d’unnouveau mode d’organisation réconciliant les sphères médi-cales et gestionnaires, dénommé gouvernance clinique. Peuconnu en France, ce concept propose un cadre stimulantpour repenser les facons de faire, de vivre ensembleet de décider dans les établissements. Le risque d’unetelle gouvernance, si elle comprise comme un moyen derenforcer le pouvoir des professionnels, est de consolider laséparation entre la sphère clinique et la sphère administra-tive en déplacant le champ de légitimation des contraintescliniques totalement à l’extérieur des établissements desanté.

Guillaume Rousset, maître de conférences en droit àla faculté de droit et, en particulier à l’Ifross, universitéJean-Moulin Lyon-3, écrit « Et si le droit de la santé cessaitd’exister ? Fiction ou anticipation sur l’application subsé-quente du droit de la consommation aux relations de santé ».

Ce brillant juriste se souvient combien Marie-France Calluinsiste sur l’importance et la pertinence de réinterroger lesprincipes fondamentaux. Madame Callu a su me convaincre,moi aussi : il y a quelques années seulement je vivait avecla croyance que les lois sont stables, parfaites et valableséternellement ou plus exactement jusqu’à ce qu’elles soientabrogées. Ne dit-on pas que nous sommes un peuple de droitromain et que nous devons beaucoup de nos lois à Bona-parte/Napoléon 1er ? Et ce n’est que récemment que leslois bioéthiques innovaient en annoncant « nous autres loisbioéthiques savons désormais que nous sommes mortelles »et serons modifiées tous les 5 ans. Guillaume Rousset sup-pose que, demain, le droit de la santé n’existe plus. Carle patient s’est transformé en consommateur, purement etsimplement. Le droit de la consommation triompherait. Etl’auteur de conclure « le droit de la santé est une disciplinenoble et essentielle. Il permet de respecter le particula-risme des rapports de soin, de protéger les patients et lesprofessionnels de santé, lesquels se retrouvent autour dela vulnérabilité, notion centrale pour la compréhension dumonde de la santé ».

Marion Girer, comme Guillaume Rousset, maître deconférences en droit à la faculté de droit et, en parti-

culier à l’Ifross, Université Jean Moulin Lyon 3 s’intéresseà une « Chronique de la mort annoncée du contrat médi-cal. ». L’auteur démontre brillamment comment l’obligationd’information pesant sur le médecin vis-à-vis de son malade

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e relève plus d’un contrat mais directement de la loi etomment l’obligation de soins et les responsabilités qui’y attachent ne sont plus représentatives de ce contrat,ssu de l’arrêt Mercier de 1936. La mort du contrat médi-al est inévitable et l’auteur conclut ainsi : « nous militonsn faveur d’une absence d’obstination déraisonnable visant

maintenir artificiellement en vie le contrat médicalour privilégier l’administration de soins palliatifs afin’accompagner ses dernières lueurs. » On ne peut être pluslair.

Alfonso Lopez de la Osa Escribano, professeur de droitdministratif à l’université de Madrid, nous apprend quellest « La protection légale des données génétiques enspagne. ». Cet article s’intéresse à « toute donnée, de touteorte, mise en relation avec les caractères héréditaires d’unndividu ou composant le patrimoine d’un groupe d’individusarentés. » Il implique tout à la fois la vie privée et lesécessités de l’information en santé. Le lecteur francaisa trouver un référentiel de questionnement dans un paysoisin, mais aussi une réflexion approfondie sur les normesnternationales et les groupes de travail internationaux qui,à, nous concernent directement.

Eric Martinent, docteur en droit, enseignant à l’universitée Paris Descartes, s’intéresse à « La foi qui guérit. Prièren faveur d’une présence spirituelle en fraternité dans lesôpitaux et les établissements de santé. » Article remar-uablement bien écrit et documenté sur l’histoire de larésence cultuelle pour les malades dans les établissementse soins avec tous ses aléas législatifs et judiciaires. Spécia-iste de droit public, mais aussi de philosophie et d’histoire,’auteur nous explique, de manière claire et complète,omment s’est construit la liberté de conscience et deroyances en regard de la neutralité des services publics.’est un article de référence.

Nous consacrerons ce dernier paragraphe à Francoisagognet, docteur en médecine, éminent juriste, devenuoyen de la Faculté de philosophie de l’universitéean-Moulin Lyon-3 et professeur émérite de l’Universitéanthéon Sorbonne, qui consacre son article « La fin de viet à la vie qui prend fin ». Là encore, article précieux,rillant, qui s’intéresse aux débats autour de la certitudee la mort de l’être aimé, aux prélèvements d’organes,u mariage in extremis, à la procréation post-mortem. « Laort demeure la mort, on tend à l’apprivoiser, le droit y

ollabore. ».

Voici quelques lignes de force de ces Mélanges. Les autres

ont aussi passionnantes. À découvrir.

Kopp Nicolas