lexis, dictionnaire de la langue françaiseby jean dubois

4
Lexis, Dictionnaire de la langue française by Jean Dubois Review by: Henriette Walter La Linguistique, Vol. 18, Fasc. 2 (1982), pp. 139-141 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248448 . Accessed: 11/06/2014 03:31 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.48 on Wed, 11 Jun 2014 03:31:18 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Upload: review-by-henriette-walter

Post on 12-Jan-2017

218 views

Category:

Documents


5 download

TRANSCRIPT

Page 1: Lexis, Dictionnaire de la langue françaiseby Jean Dubois

Lexis, Dictionnaire de la langue française by Jean DuboisReview by: Henriette WalterLa Linguistique, Vol. 18, Fasc. 2 (1982), pp. 139-141Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248448 .

Accessed: 11/06/2014 03:31

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to LaLinguistique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 195.78.108.48 on Wed, 11 Jun 2014 03:31:18 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: Lexis, Dictionnaire de la langue françaiseby Jean Dubois

Comptes rendus 139

Jean DunoIs (sous la direction de), Lexis, Dictionnaire de la languefranGaise, Paris, Larousse, 1975, 1950 p.

Compte rendu par Henriette WALTER, Universite de Haute-Bretagne, Rennes.

Parmi les dictionnaires de taille 6quivalente (entre I 6oo et 2 ooo pages) le Lexis est sans doute actuellement celui qui presente le plus grand nombre d'entries (plus de 70 ooo), devangant largement dans ce domaine les autres dictionnaires tels que le Dictionnaire du frangais contemporain, Larousse (25 ooo), le Petit Larousse en couleurs (45 ooo si l'on exclut les noms propres), le Dictionnaire du fran;ais vivant de Bordas (45 000 galement) et mdme Le Petit Robert (un peu plus de 50 ooo). Pour le Dictionnaire usuel en couleurs de Quillet-Flammarion, le nombre d'entries n'est pas precise.

Les auteurs ont voulu dtcrire le frangais sous toutes ses facettes : I'usage courant contemporain sous sa forme ecrite et orale, l'usage traditionnel et

litttraire, vehicule de la langue classique, le vocabulaire scientifique et tech-

nique, ainsi que les ndologismes ou des extensions de sens pour des termes d6jA existants. En effet, en dehors du vocabulaire le plus courant, de nombreuses formes anciennes y trouvent leur place et une grande quantit6 d'articles y sont r6serv6s au vocabulaire technique et scientifique, qui couvre plus de 300 disci-

plines, avec priorit6 aux disciplines contemporaines. On a pu ainsi relever, au mot tdche, l'acception restreinte et specialisde prise pour ce terme dans le domaine de l'informatique depuis 1960. Enfin, parmi les ndologismes, on a remarque zippd<< muni d'une fermeture A glissibre >> ouflipper << 6tre d6prim >>, les nouveaux

emplois de verbes comme planer << &tre dans un etat de bien-etre calme >> ou itre branch6<< &tre au courant >> et des expressions recentes comme prendre son pied << prouver du plaisir >>.

Imposant par le nombre de termes definis, ce dictionnaire est igalement remarquable par la quantit6 d'information contenue dans chaque article. On y trouve, en effet, des indications precises sur l'6tymologie et la premiere attes- tation de la forme, une vivante illustration des emplois possibles grace A des

exemples choisis dans la langue ecrite ou orale, et, surtout, des d6finitions presentees avec le souci d'enumbrer tous les traits semantiques du terme en 6vitant le recours aux synonymes qui aboutit trop souvent, dans d'autres dic- tionnaires, A des cercles fermes du genre : fucus << espace d'algue >> et algue << esp&ce de fucus >>.

Ces preoccupations didactiques sont particulierement sensibles dans la

presentation des termes techniques et scientifiques. Tel est le cas, par exemple, de platine, terme particuli.rement polysimique, divise en deux entr~es, la platine et leplatine. En ce qui concerne la platine, douze sens sont recenses selon le domaine

d'emploi (armement, horlogerie, construction, industrie du papier ou du textile,

ilectro-acoustique) parmi lesquels sont rappelhs, A titre indicatif, deux emplois anciens et qui n'ont plus cours, l'un familier (<< grande facilit6 de parole >>), l'autre technique (<< grand rond de cuir servant A secher et A repasser le linge >>). En face de cette abondance, un dictionnaire tel que Le Petit Robert ne signale que six acceptions pour ce terme.

En ce qui concerne le platine, on trouve dans le Lexis un commentaire d6taill6 sur les utilisations de ce m6tal qui, par ses qualit6s, permet d'effectuer des reactions A temperature l1evee et en pr6sence de certains acides, et qui entre

This content downloaded from 195.78.108.48 on Wed, 11 Jun 2014 03:31:18 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: Lexis, Dictionnaire de la langue françaiseby Jean Dubois

I40 La Linguistique

dans la fabrication de nombreux appareils de precision et d'objets de joaillerie, toutes explications qui sont absentes du Petit Robert (mais prdsentes, quoique moins developpees, dans le Petit Larousse).

Le cas de ce terme est exemplaire en ce qu'il montre jusqu'oui a eti pouss6e la recherche de la precision dans l'elaboration de ce dictionnaire. Mais cette recherche n'a pas 6t6 aussi loin dans le cas de la temperature de fusion du platine dont on apprend dans le Lexis qu'elle est de I 755 OC et dans Le Petit Robert de I 773 OC. Renseignements pris aupris du Bureau international des Poids et Mesures A Sdvres, il apparait que cette temperature, qui est un point de repere de l'6chelle des temperatures, est d6finie par une commission interna- tionale qui l'a fix&e actuellement A la valeur de I 769 OC. On ne saurait, cepen- dant, faire grief de cette absence de precision dans un dictionnaire de langue.

En revanche, on peut regretter quelques n6gligences dans la r6daction des articles. Ainsi, toujours A propos du platine, il est dit que ce metal est<< inoxydable A aucune temperature>> pour dire, en fait, qu'il n'est << oxydable A aucune tempe- rature >>. Il a fallu, de meme, se reporter au Petit Robert pour comprendre ce que signifiait la d6finition, inutilement abstraite du Lexis, pour le terme << pragma- tique sanction >>.

Toujours dans le souci d'6tre complet, ce dictionnaire comprend, outre la partie lexicale, un dictionnaire grammatical oii, en une soixantaine de pages, sont present&s les principaux traits de la grammaire frangaise, avec des regles pour l'orthographe et la liste des formes irreguli&res des verbes.

Enfin, le Lexis a voulu mettre A profit les derniers resultats de la linguistique moderne en regroupant des formes synchroniquement apparentees et en degrou- pant des formes 6tymologiquement voisines mais synchroniquement divergentes.

En revanche, on est surpris de constater que le meme souci de mise A jour ne se soit pas manifest6 dans la notation de la prononciation. En effet, les auteurs semblent tout ignorer des travaux effectu's dans ce domaine pour le franCais puisqu'ils notent, sans commentaires, une prononciation unique avec [&] dans brun, aucun, parfum, [c] pour pdte, male, mdt, digdt, laissant ainsi se perpetuer l'id&e longtemps admise d'une seule prononciation recommandable pour chaque mot du frangais. Or les travaux ayant abouti A la publication du Dictionnaire de la prononciation franfaise dans son usage rdel (Paris, France-Expansion, 1973) d'Andre Martinet et Henriette Walter ont montr6 la tendance

A. l'dlimination

de /ef arrondi au profit de /-/, A celle de /a/ postdrieur au profit d'un /a/ realise comme une voyelle ouverte de profondeur variable. II y a donc 1z, de la part des auteurs, maintien de la prononciation traditionnelle. Contradictoirement, il y a rejet de la tradition dans la notation de bite, tite, fite, fafte avec un /e/ bref.

En ce qui concerne les consonnes, les auteurs ne semblent pas non plus tonscients du fait que, meme lorsque le Frangais moyen ne connait pas 1'anglais, il ne prononce jamais camping avec [-ng] (notation constante de -ing dans le Lexis), mais [-rjg] ou [-jp] ou meme [-n], quelquefois [-xj] comme en anglais, mais en tout cas jamais [-ng]. Certes, la soci6te d'6dition Larousse s'est rattrap&e depuis avec la publication en 1980 d'un Dictionnaire de la prononciation par Alain Lerond qui tient compte des r6sultats mentionnes ci-dessus et dont l'auteur semble avoir bien lu le Martinet-Walter, qu'il cite dans son introduction et en avoir tire profit pour l'6laboration de son propre dictionnaire. On peut seule- ment regretter qu'un ouvrage de la qualit6 du Lexis n'en ait pas tenu compte en 1975, alors que le Martinet-Walter etait deja publia depuis deux ans.

This content downloaded from 195.78.108.48 on Wed, 11 Jun 2014 03:31:18 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: Lexis, Dictionnaire de la langue françaiseby Jean Dubois

Comptes rendus 1 41

Nianmoins, si l'on excepte les critiques - importantes, il est vrai - concer- nant la partie phon6tique qui n'est pas & la hauteur du reste de l'ouvrage, ce dictionnaire semble devoir 8tre un instrument de grande valeur pour qui veut avoir l'information la plus complete sur la langue frangaise dans son usage actuel ainsi que des indications sur les traces laiss6es dans le lexique par des &tats de langue antcrieurs.

Ulrick RiCKEN, Grammaire et philosophie au sidcle des Lumiwres (Controverses sur l'ordre naturel et la clart6 dufranjais), publications de l'Universite de Lille III, s.d. [1978], 241 p.

Compte rendu par Georges MOUNIN, Universit6 de Provence.

Le titre de l'ouvrage est explicite. Ricken demontre, avec un depouillement bibliographique abondant, le cheminement du concept d'ordre naturel en syntaxe, depuis Denys d'Halicarnasse jusque vers I8oo. 11 demontre surtout que les prises de position sur ce th6me, au xvIIme siecle, sont toujours sous-tendues, de fagon directe ou m6diate, par des partis pris philosophiques issus du dualisme cart6- sien : sa m&taphysique inneiste d'une part; sa physiologie mecaniste d'autre part, qui debouchera dans le sensualisme lockien et condillacien. De ce point de vue, le livre est une veritable anthologie, tres riche, tres patiente, et vraiment neuve par cette patience envers les textes m6mes. Expliciter cette richesse exigerait vingt pages. Le livre n'est pas resumable, il est A lire par tous les interesses.

Peut-on prendre le risque, dans un compte rendu, de detourner quelque peu l'intention centrale du livre et sa these, pour y prendre l'occasion de plusieurs r6flexions de linguistique gendrale ? Un tel livre, d'abord, peut 6tre lu aussi pour justifier avec eclat cette id&e : qu'on n'insistera jamais assez, aupres des linguistes d'aujourd'hui, sur la necessit6 absolue pour eux de poss6der assez d'histoire des sciences du langage, afin de prendre conscience que cette histoire fait partie de la culture linguistique indispensable, sous peine de red6couvrir l'Amerique chaque instant. Bref, il faut lire aussi ce livre comme une cure contre l'id&e outrde des o ruptures 6pistemologiques >; pour se rendre compte, sur les textes, de caractbre cumulatif ind6niable du savoir, m6me le plus revolutionnaire. (II est tr's difficile, certes, de rep6rer absolument tout ce qu'un savant genial a lu; plus difficile encore de savoir, s'il ne le dit pas, ce qui l'a marque, stimul6, condi- tionnd. Mais, meme ni&es polemiquement, les sources existent. Ii n'y a plus d'instant zero de la culture - linguistique - depuis deux mille ans au moins.)

Le livre de Ricken, A cet 6gard, rafraichira bien des m6moires, informera bien des incultures exclusivement synchroniques par definition. On verra l'hypoth6se de Whorf 6bauch6e - et ni6e - chez Le Laboureur (1669) (cf. p. 9, 19), ou parfaitement formul6e par Locke, apres Hobbes (p. 91) et par Condillac et Diderot (p. 124). On verra aussi comme est nette la prise de conscience de la lin6arit' du langage vocal chez Bernard Lamy (1701) (p. 62, 65), chez Batteux

(x748) (p. II5), chez Diderot (1751) (p. 128), voire chez Du Marsais (p. 134). On verra meme tout le programme de Pavlov dans un paragraphe de Cordemoy (1668) (p. 43). On sera surpris de trouver chez Fontenelle les calculs exacts sur

This content downloaded from 195.78.108.48 on Wed, 11 Jun 2014 03:31:18 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions