letras brassens

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Je serai triste comme un saule Quand le Dieu qui partout me suit Me dira, la main sur l'épaule: "Va-t'en voir là-haut si j'y suis." Alors, du ciel et de la terre Il me faudra faire mon deuil... Est-il encore debout le chêne Ou le sapin de mon cercueil? S'il faut aller au cimetière, Je prendrai le chemin le plus long, Je ferai la tombe buissonnière, Je quitterai la vie à reculons... Tant pis si les croque-morts me grondent, Tant pis s'ils me croient fou à lier, Je veux partir pour l'autre monde Par le chemin des écoliers. Avant d'aller conter fleurette Aux belles âmes des damnées, Je rêve d'encore une amourette, Je rêve d'encore m'enjuponner... Encore une fois dire: "Je t'aime"... Encore une fois perdre le nord En effeuillant le chrysanthème Qui est la marguerite des morts. Dieu veuille que ma veuve s'alarme En enterrant son compagnon, Et que pour lui faire verser des larmes Il n'y ait pas besoin d'oignon... Qu'elle prenne en secondes noces Un époux de mon acabit: Il pourra profiter de mes bottes, Et de mes pantoufles et de mes habits. Me pondré triste como sombra Cuando el dios con quien siempre voy Me diga con la mano al hombro: Vete pa'arriba a ver si estoy La tierra entonces y el cielo Todo tendré que abandonar ¿Aun estará de pie el roble El de mi caja funeral? ¿Aun estará de pie el roble El de mi caja funeral? Si hay que ir al cementerio Me fumaré el funeral Y si no puedo hacer novillos, A rastras y a no poder más Y que más da si me creen loco Si me riñe el enterrador Caminito del otro barrio Pasen ustedes por favor. Caminito del otro barrio Pasen ustedes por favor. Antes de ir a hacer el oso Con las ánimas de Plutón Quiero otra vez estar celoso Otra vez dar mi corazón Una vez más decir "te quiero" Una vez más desatinar Al deshojar el crisantemo Que es margarita funeral. Al deshojar el crisantemo Que es margarita funeral. Dios quiera que mi viuda sienta Al enterrarme un gran dolor Y no necesite cebollas Para demostrar su amor Que tome en segundas nupcias Esposo de mi calidad Así podrá sacar provecho De mis chinelas y mi ajuar. Así podrá sacar provecho De mis chinelas y mi ajuar. Que sea dueño de mi esposa Que beba y fume en mi hogar Pero que nunca cien mil diablos Mi jaca se atreva a montar Aunque no tenga yo ni pizca Ni sombra de perversidad

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Page 1: Letras Brassens

Je serai triste comme un sauleQuand le Dieu qui partout me suitMe dira, la main sur l'épaule:"Va-t'en voir là-haut si j'y suis."Alors, du ciel et de la terreIl me faudra faire mon deuil...Est-il encore debout le chêneOu le sapin de mon cercueil?

S'il faut aller au cimetière,Je prendrai le chemin le plus long,Je ferai la tombe buissonnière,Je quitterai la vie à reculons...Tant pis si les croque-morts me grondent,Tant pis s'ils me croient fou à lier,Je veux partir pour l'autre mondePar le chemin des écoliers.

Avant d'aller conter fleuretteAux belles âmes des damnées,Je rêve d'encore une amourette,Je rêve d'encore m'enjuponner...Encore une fois dire: "Je t'aime"...Encore une fois perdre le nordEn effeuillant le chrysanthèmeQui est la marguerite des morts.

Dieu veuille que ma veuve s'alarmeEn enterrant son compagnon,Et que pour lui faire verser des larmesIl n'y ait pas besoin d'oignon...Qu'elle prenne en secondes nocesUn époux de mon acabit:Il pourra profiter de mes bottes,Et de mes pantoufles et de mes habits.

Qu'il boive mon vin, qu'il aime ma femme,Qu'il fume ma pipe et mon tabac,Mais que jamais - mort de mon âme! -Jamais il ne fouette mes chats...Quoique je n'aie pas un atome,Une ombre de méchanceté,S'il fouette mes chats, y'a un fantômeQui viendra le persécuter.

Me pondré triste como sombraCuando el dios con quien siempre voyMe diga con la mano al hombro:Vete pa'arriba a ver si estoyLa tierra entonces y el cieloTodo tendré que abandonar¿Aun estará de pie el robleEl de mi caja funeral?¿Aun estará de pie el robleEl de mi caja funeral?

Si hay que ir al cementerioMe fumaré el funeralY si no puedo hacer novillos,A rastras y a no poder másY que más da si me creen locoSi me riñe el enterradorCaminito del otro barrioPasen ustedes por favor.Caminito del otro barrioPasen ustedes por favor.

Antes de ir a hacer el osoCon las ánimas de PlutónQuiero otra vez estar celosoOtra vez dar mi corazónUna vez más decir "te quiero"Una vez más desatinarAl deshojar el crisantemoQue es margarita funeral.Al deshojar el crisantemoQue es margarita funeral.

Dios quiera que mi viuda sientaAl enterrarme un gran dolorY no necesite cebollasPara demostrar su amorQue tome en segundas nupciasEsposo de mi calidadAsí podrá sacar provechoDe mis chinelas y mi ajuar.Así podrá sacar provechoDe mis chinelas y mi ajuar.

Que sea dueño de mi esposaQue beba y fume en mi hogarPero que nunca cien mil diablosMi jaca se atreva a montarAunque no tenga yo ni pizcaNi sombra de perversidadSi tal hiciera mi fantasmaLe vendría a perjudicar.Si tal hiciera mi fantasmaLe vendría a perjudicar.

Page 2: Letras Brassens

Ici gît une feuille morte,Ici finit mon testament...On a marqué dessus ma porte:"Fermé pour cause d'enterrement."J'ai quitté la vie sans rancune,J'aurai plus jamais mal aux dents:Me voilà dans la fosse commune,-----------------------------------------

 Stances à Un Cambrioleur:Prince des monte-en-l'air et de la cambrioleToi qui eus le bon goût de choisir ma maisonCependant que je colportais mes gaudriolesEn ton honneur j'ai composé cette chanson

Sache que j'apprécie à sa valeur le gesteQui te fit bien fermer la porte en repartantDe peur que des rôdeurs n'emportassent le resteDes voleurs comme il faut c'est rare de ce temps

Tu ne m'as dérobé que le stricte nécessaireDélaissant dédaigneux l'exécrable portraitQue l'on m'avait offert à mon anniversaireQuel bon critique d'art mon salaud tu ferais

Autre signe indiquant toute absence de tareRespectueux du brave travailleur tu n'asPas cru décent de me priver de ma guitareSolidarité sainte de l'artisanat

Pour toutes ces raisons vois-tu, je te pardonneSans arrière-pensée après mûr examenCe que tu m'as volé, mon vieux, je te le donneÇa pouvait pas tomber en de meilleures mains

D'ailleurs moi qui te parle, avec mes chansonnettesSi je n'avais pas dû rencontrer le succèsJ'aurais tout comme toi, pu virer malhonnêteJe serais devenu ton complice, qui sait

En vendant ton butin, prends garde au marchandageNe vas pas tout lâcher en solde au receleursTiens leur la dragée haute en évoquant l'adageQui dit que ces gens-là sont pis que les voleurs

Fort de ce que je n'ai pas sonné les gendarmesNe te crois pas du tout tenu de revenirTa moindre récidive abolirait le charmeLaisse-moi je t'en prie, sur un bon souvenir

Monte-en-l'air, mon ami, que mon bien te profiteQue Mercure te préserve de la prison

Aquí yace la hoja muertaMi testamento se acabóHay un letrero en mi puertaCerrado porque se murióYa no me dolerán las muelasYo me despido sin rencorA la fosa común del tiempoY del olvido ya me voy.A la fosa común del tiempoY del olvido ya me voy.

Príncipe de roba ladrón y Tú, que tuvo el buen gusto de elegir mi casa Sin embargo, me colportais mis canciones alegres En su honor compuse esta canción

Sepa que agradezco el gesto a su valor ¿A quién se cierra la puerta dentro y fuera Para que los guardaparques emportassent haga el resto Los ladrones, ya que es raro que esta vez Usted robó el estrictamente necesario Dejando el retrato desdeñoso execrable Que había ofrecido mi cumpleaños ¿Qué hijo de puta buen crítico de arte que había

Otro signo que indica la falta de tara Trabajador friendly bien que hagas No creo decente para privarme de mi guitarra Solidaridad santo oficio

Por todas estas razones, usted ve, yo te perdono Sin pensarlo dos veces después de madura reflexión Que te robaste mi hombre, te doy No podía caer en mejores manos

Además de eso estoy hablando con mis canciones Si yo no hubiera tenido el éxito cumplir Me gustaría que usted, podría convertirse deshonesto Me había convertido en su cómplice, quien sabe

Al vender su botín, tenga cuidado de ganga No va a dejar todo en las cercas de balance Como una vela en su recordar el adagio ¿Quién dice que estas personas son peores que los ladrones Con esto no llamar a la policía ¿No crees en absoluto obligado a devolver Su recurrencia inferior abolir el encanto Déjame te ruego, una buena memoria

Monte-en-aire, mi amigo, mi buen beneficio ti El mercurio que preservar la cárcel Y no demasiado remordimiento, por otra parte

Page 3: Letras Brassens

Et pas trop de remords, d'ailleurs nous sommes quittesApres tout ne te dois-je pas une chanson

Post-Scriptum, si le vol est l'art que tu préfèresTa seule vocation, ton unique talentPrends donc pignon sur rue, mets-toi dans les affairesEt tu auras les flics même comme chalands------------La Camarde qui ne m'a jamais pardonné,D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez,Me poursuit d'un zèle imbécile.Alors cerné de près par les enterrements,J'ai cru bon de remettre à jour mon testament,De me payer un codicille.

Trempe dans l'encre bleue du Golfe du Lion,Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion,Et de ta plus belle écriture,Note ce qu'il faudra qu'il advint de mon corps,Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord,Que sur un seul point : la rupture.

Quand mon âme aura pris son vol à l'horizon,Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson,Celles des titis, des grisettes.Que vers le sol natal mon corps soit ramené,Dans un sleeping du Paris-Méditerranée,Terminus en gare de Sète.

Mon caveau de famille, hélas ! n'est pas tout neuf,Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf,Et d'ici que quelqu'un n'en sorte,Il risque de se faire tard et je ne peux,Dire à ces braves gens : poussez-vous donc un peu,Place aux jeunes en quelque sorte.

Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus,Creusez si c'est possible un petit trou moelleux,Une bonne petite niche.Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins,Le long de cette grève où le sable est si fin,Sur la plage de la Corniche.

C'est une plage où même à ses moments furieux,Neptune ne se prend jamais trop au sérieux,Où quand un bateau fait naufrage,Le capitaine crie : "Je suis le maître à bord !Sauve qui peut, le vin et le pastis d'abord,Chacun sa bonbonne et courage".

Et c'est là que jadis à quinze ans révolus,A l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus,

estamos renuncia Después de todo no te debo una canción

Post-Scriptum, si el vuelo es arte lo prefiere Su único propósito, su talento único Por tanto, tomad tienda, ponte en negocios Y conseguir que la policía incluso como barcazas

La muerte que no me ha perdonado nuncade haberme burlado de ellame persigue con un celo imbécil.Entonces, acosado de cerca por los enterradores,he creído oportuno de poner al día mi testamento,de pagarme un codicilo.

Moja en la tinta azul del Golfo de León,moja, moja tu pluma, oh mi viejo escribanoy con tu letra más bonita,anota lo que tenga que pasar con mi cuerpo,cuando mi alma y él no estén de acuerdo másque sobre un solo punto: la ruptura.

Cuando mi alma tome su vuelo hacia el horizonte,hacia la de Gavroche y de Mimi Pinson,las de los golfillos de París, de las modistillas.Que hacia mi tierra natal mi cuerpo sea llevado,en un coche-cama de Paris-Mediterraneo,con llegada en la estación de Sète.

Mi panteón familiar, ¡ay! no es muy nuevo,vulgarmente hablando, está lleno a rebosar,y de aquí a que alguien salga de allí,puede pasar mucho tiempo y yo no puedo,decir a esa buena gente: apretaos un pocoy dejad un poco de sitio a los jóvenes.

Justo al borde del mar a dos pasos de las olas azules,cavad si es posible un pequeño agujero blandito,un buen nicho pequeñito.Cerca de mis amigos de la infancia, los delfines,a lo largo de esta playa donde la arena es tan fina,sobre la playa de la Corniche.

Es un playa donde incluso en sus momentos más furiosos,Neptuno no es tomado jamás demasiado en serio,donde cuando un barco naufraga,el capitán grita: “Yo soy el jefe a bordo!sálvese el que pueda, el vino y el pastis lo primero,cada uno su botella y coraje.”

Y es aquí, donde a mis quince años ya perdidos,en la edad donde divertirse solo ya no era suficiente,conocí el primer amorcito.

Page 4: Letras Brassens

Je connu la prime amourette.Auprès d'une sirène, une femme-poisson,Je reçu de l'amour la première leçon,Avalai la première: “arête!”.

Déférence gardée envers Paul Valéry,Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris,Le bon maître me le pardonne.Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens,Mon cimetière soit plus marin que le sien,Et n'en déplaise aux autochtones.

Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau,Ne donnera pas une ombre triste au tableau,Mais un charme indéfinissable.Les baigneuses s'en serviront de paravent,Pour changer de tenue et les petits enfants,Diront : chouette, un château de sable !

Est-ce trop demander : sur mon petit lopin,Planter, je vous en prie une espèce de pin,Pin parasol de préférence.Qui saura prémunir contre l'insolation,Les bons amis venus faire sur ma concession,D'affectueuses révérences.

Tantôt venant d'Espagne et tantôt d'Italie,Tous chargés de parfums, de musiques jolies,Le Mistral et la Tramontane,Sur mon dernier sommeil verseront les échos,De villanelle, un jour, un jour de fandango,De tarentelle, de sardane.

Et quand prenant ma butte en guise d'oreiller,Une ondine viendra gentiment sommeiller,Avec rien que moins de costume,J'en demande pardon par avance à Jésus,Si l'ombre de sa croix s'y couche un peu dessus,Pour un petit bonheur posthume.

Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon,Pauvres grands disparus gisant au Panthéon,Pauvres cendres de conséquence,Vous envierez un peu l'éternel estivant,Qui fait du pédalo sur la plage en rêvant,Qui passe sa mort en vacances.

Cerca de una sirena, una mujer-pez,yo recibí del amor la primera lección,tragué mi primer: “¡Quieto!”

Con el debido respeto hacia Paul Valery,yo, el humilde trovador, sobre él yo sobresalga,el buen maestro me lo perdone.Y que, al menos, si sus versos valen más que los mios,mi cementerio sea más marino que el suyo,y no disguste a los autóctonos.

Esta tumba como un sándwich entre el cielo y el agua,no dará una sombra triste al paisaje,sino un encanto indefinible.Las bañistas se servirán de ella como biombo,para cambiar de ropa y los niñosdirán: ¡qué bonito, un castillo de arena!

Y si no es demasiado pedir: sobre mi parcelita,plantad, os lo ruego, alguna especie de pino,pino parasol preferentemente,que sabrá proteger contra la insolación,a los buenos amigos que vengan a mi sepultura para hacer,afectuosas reverencias.

Que vengan de España, o que vengan de Italiatodos cargados de perfumes de músicas bonitas,el Mistral y la Tramontana.Sobre mi último sueño verterán los ecos,de villanelles un día y otro de fandangos,de tarantelas y de sardanas.

Y cuando tomando mi colina por una especie de almohada,una ondina venga a dormitar gentilmente,con menos que nada de vestidos,yo pido perdon por adelantado a Jesús,si la sombra de su cruz se echa un poco encima de ella,para una pequeña felicidad póstuma.

Pobres reyes faraones, pobre Napoleón.pobres grandes desaparecidos que yacen en el Panteón,pobres cenizas de gente importante,vosotros envidiaréis un poco al eterno veraneante,que se pasea en hidropedales sobre la playa, soñando,y que pasa su muerte como si fuesen unas vacaciones.

vosotros envidiaréis un poco al eterno

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Vous envierez un peu l'éternel estivant,Qui fait du pédalo sur la plage en rêvant,Qui passe sa mort en vacances.Mourir pour des idées

Mourir pour des idées, l'idée est excellenteMoi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas euCar tous ceux qui l'avaient, multitude accablanteEn hurlant à la mort me sont tombés dessusIls ont su me convaincre et ma muse insolenteAbjurant ses erreurs, se rallie à leur foiAvec un soupçon de réserve toutefois:

Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente,D'accord, mais de mort lente

Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeureAllons vers l'autre monde en flânant en cheminCar, à forcer l'allure, il arrive qu'on meurePour des idées n'ayant plus cours le lendemainOr, s'il est une chose amère, désolanteEn rendant l'âme à Dieu c'est bien de constaterQu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idéeMourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lenteD'accord, mais de mort lente

Les saint jean bouche d'or qui prêchent le martyreLe plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-basMourir pour des idées, c'est le cas de le direC'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pasDans presque tous les camps on en voit qui supplantentBientôt Mathusalem dans la longévitéJ'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté"Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente Des idées réclamant le fameux sacrificeLes sectes de tout poil en offrent des séquellesEt la question se pose aux victimes novicesMourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles ?Et comme toutes sont entre elles ressemblantesQuand il les voit venir, avec leur gros drapeauLe sage, en hésitant, tourne autour du tombeauMourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente

veraneante,que se pasea en hidropedales sobre la playa, soñando,que pasa su muerte como si fuesen unas vacaciones.-----------------------------------------------Morir por las ideas, la idea es excelenteyo he estado a punto de morir por no haberla tenido,pues todos los que la tenían, multitud agobiante,ahuyando a la muerte, me han caído encima.Ellos han sabido convencerme y mi musa insolente,abjurando de sus errores, se ha unido a su fecon un poco de reserva en todo caso:Muramos por las ideas, de acuerdo, pero de muerte lenta,de acuerdo, pero de muerte lenta.

Juzgando que no hay peligro en la tardanza,vayamos hacia el otro mundo ganduleando por el camino,pues, si forzamos la marcha, sucede que se muerepor unas ideas que no tienen futuro el día de mañana.Y si hay una cosa amarga, desoladoraal entregar el alma a Dios, es darse cuentaque hemos equivocado el camino, que nos hemos equivocado de idea:Muramos por las ideas, de acuerdo, pero de una muerte lentade acuerdo, pero de una muerte lenta.

Los charlatanes que predican el martirionormalmente, por otra parte, se rezagan aquí abajo.Morir por las ideas, todo hay que decirlo,es su razón de vivir, y no se privan de ello.En casi todas partes se ve que superanfácilmente a Matusalén en la longevidad,y yo concluyo que ellos deben decirse, bajito:“Muramos por las ideas, de acuerdo, pero de muerte lentade acuerdo, pero de muerte lenta”.

A las ideas que reclaman el cacareado sacrificiolas sectas de toda índole les ofrecen retahílas enterasy la cuestión se plantea a la victimas novatasmorir por las ideas, esta bien, pero por cuál?Y como todas se parecen entre sícuando las ve venir, con su gran bandera,el sabio titubea y duda delante de la tumba.Muramos por las ideas, de acuerdo, pero de muerte lentade acuerdo, pero de muerte lenta.

¡Y si aún bastasen algunas hecatombes

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D'accord, mais de mort lente

Encor s'il suffisait de quelques hecatombesPour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeâtDepuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombentAu paradis sur terre on y serait dejaMais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendesLes dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assezEt c'est la mort, la mort toujours recommencée…Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lenteD'accord, mais de mort lente

O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres,Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pasMais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!La vie est à peu près leur seul luxe ici basCar, enfin, la Camarde est assez vigilanteElle n'a pas besoin qu'on lui tienne la fauxPlus de danse macabre autour des échafauds!Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lenteD'accord, mais de mort lente

C'est vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villagesTous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces citésAvec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plagesIls n'ont qu'un seul point faible et c'est être habitésEt c'est être habités par des gens qui regardentLe reste avec mépris du haut de leurs rempartsLa race des chauvins, des porteurs de cocardesLes imbéciles heureux qui sont nés quelque partLes imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Maudits soient ces enfants de leur mère patrieEmpalés une fois pour toutes sur leur clocherQui vous montrent leurs tours leurs musées leur mairieVous font voir du pays natal jusqu'à loucherQu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de SèteOu du diable vauvert ou bien de ZanzibarOu même de Montcuq il s'en flattent mazetteLes imbéciles heureux qui sont nés quelque partLes imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Le sable dans lequel douillettes leurs autruchesEnfouissent la tête on trouve pas plus finQuand à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs 

para que finalmente todo cambiase, finalmente todo se arreglase!Después de tantas “grandes noches”, de tantas cabezas cortadas,ya tendríamos el paraíso sobre la tierra.Pero la edad de oro sin cesar se pospone,los dioses tienen siempre sed, nunca tienen suficientey he aquí la muerte, la muerte que siempre vuelve a empezar...Muramos por las ideas, de acuerdo, pero de muerte lentade acuerdo pero de muerte lenta.

Oh vosotros, los agitadores, oh vosotros los buenos apóstolesmorid, pues, los primeros, os cedemos el sitio.Pero por favor, joder! dejad vivir a los demás!La vida es casi el único lujo aquí abajopues, finalmente, la Muerte está siempre vigilantey no es necesario ayudarle con la guadaña.¡Basta de danzas macabras alrededor de los patíbulos!Muramos por las ideas, de acuerdo, pero de muerte lenta,de acuerdo pero de muerte lenta.Verdad que son hermosos sus pequeños parajesAldeas y ciudades, todas dignas de verCon todas sus mansiones, iglesias y paisajesSólo un defecto tienen; el defecto de serEl sitio donde viven personajes que miranAl resto con desprecio desde un pedestalChauvinistas que van ostentando las tirasEsos felices idiotas de cualquier lugar

Malditos sean estos infantes de la patriaQue habría de una vez por todas que empalarQue ufanos de sus campos, museos y prosapiaTe muestran el país natal hasta bizquearQue vengan de Argentina, o de España o de FranciaDe dónde quiera ser, hasta Madagascar,O del culo del mundo, destilan arroganciaEsos felices idiotas de cualquier lugar

Los campos en los que sus reses se apretujanPastando dulcemente ofenden la razónY hasta el aire que emplean inflando sus burbujasEs el soplo divino en pompas de jabón.Y poco a poco es que sus ínfulas subenTan alto que cualquiera les debe envidiarHasta la bosta que sus haciendas producen

Page 7: Letras Brassens

baudruchesLeurs bulles de savon c'est du souffle divinEt petit à petit les voilà qui se montentLe cou jusqu'à penser que le crottin fait parLeurs chevaux même en bois rend jaloux tout le mondeLes imbéciles heureux qui sont nés quelque partLes imbéciles heureux qui sont nés quelque part

C'est pas un lieu commun celui de leur connaissanceIls plaignent de tout cur les petits malchanceuxLes petits maladroits qui n'eurent pas la présenceLa présence d'esprit de voir le jour chez euxQuand sonne le tocsin sur leur bonheur précaireContre les étrangers tous plus ou moins barbaresIls sortent de leur trou pour mourir à la guerreLes imbéciles heureux qui sont nés quelque partLes imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommesSi on y rencontrait cette race incongrueCette race importune et qui partout foisonneLa race des gens du terroir des gens du cruQue la vie serait belle en toutes circonstancesSi vous n'aviez tiré du néant tous ces jobardsPreuve peut-être bien de votre inexistenceLes imbéciles heureux qui sont nés quelque partLes imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Esos felices idiotas de cualquier lugar

No ha sido un lugar más el de su nacimiento;Compadecen al pobre de todo corazónAl desafortunado que no tuvo el contento,La gracia de haber visto la luz en su bastiónPero si algo amenaza su bienestar precarioYa saltan del agujero para irse a pelearContra los inmigrantes más o menos primariosEsos felices idiotas de cualquier lugar

Mi Dios que sería bueno que en el mundo del hombreNo tuviera esta raza razón para existirLa casta inoportuna que lustra los blasonesLa raza de las gentes del terruño y la vidQue la vida sería bella en toda circunstanciaSi Usted no les cediera el permiso de estarCosa que pone en duda su Divina EficaciaPor esos felices idiotas de cualquier lugar.