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La copie ou reproduction est réservée à un usage strictement privé du copiste © charrier 2010
Pilotes privés, professionnels et cosmonautes, un point commun : le stress (1) « Le stress rencontré par les pilotes privés en instruction est équivalent à celui rencontré par les pilotes de chasse ou les astronautes ». (Melton, Hoffman, and Delafield, 1969). Après la période d’instruction, il y a des chances qu’il soit parfois aussi important, voir plus. Un jeune pilote de planeur avait été formé à se poser peu après le seuil de piste pour des raisons qui lui échappaient alors, la piste étant longue. Lors d’une approche, en vent arrière il aperçoit deux planeurs qui occupent cette zone sacrée pour lui. Elle était aussi importante que les brins du porte-‐avion pour un pilote de l’aéronavale en finale au milieu de l’Atlantique. Il imagine qu’un des deux planeurs va être rangé promptement, mais en fin de vent arrière sa « zone vitale » est toujours encombrée, autant que peut l’être son cerveau qui bouillonne de plus en plus sous l’effet du stress. Il a bien envisagé de se poser long et passer au dessus, mais cette bonne solution était pour lui synonyme d’échec. En finale une solution apparaît ! Ca passe entre les deux planeurs, tout juste, mais ça passe. La décision de poursuivre à tout prix ou presque son atterrissage en prenant un risque, malgré une autre option de bon sens beaucoup plus raisonnable (se poser long), était la résultante d’un stress qui est apparu soudainement et qui n’a fait que s’amplifier en l’espace de deux ou trois minutes.
Objectifs
Qu’est-‐ce que le stress, comment apparaît-‐il, pourquoi, quels sont ses effets et comment y faire face ? A l’issue de la lecture de ce sujet vous posséderez des connaissances basiques sur le stress, complétées par des connaissances spécifiques à l’activité du pilote, qui vous permettront d’identifier ses symptômes et de mettre en place des stratégies d’atténuation de ses effets.
LE STRESS 1
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Stress et pilotage : une combinaison à haut risque
Tous les pilotes sont confrontés au stress. Ses symptômes sont très déplaisants et vont affecter leurs comportements, leurs ressources mentales et physiques. Cela peut aller de la simple anxiété à l’incapacité en vol à prendre une décision, au blocage total. Facteur aggravant, les stress s’accumulent. Même s’il ne s’en rend pas compte, ses ennuis personnels accompagnent le pilote quand il va voler et diminueront d’autant sa résistance au stress en cas de confrontation en vol. Au début du processus il n’y a pas de voyant rouge pour prévenir le pilote qu’il est sous l’influence du stress. Ces symptômes peuvent commencer à faire leur effet en affectant ses capacités sans qu’il s’en aperçoive. Si le stress est à l’origine de nombreux accidents son absence dans certaines circonstances peut-‐être préjudiciable. Le stress est une alarme qui prévient souvent le pilote d’un danger face auquel il n’est peut-‐être pas suffisamment armé. Le déclenchement de cette alarme implique la perception des dangers, sous entendu la conscience des risques.
Le stress fait partie de la vie du pilote. Il ne faut pas le nier, au contraire. C’est une information supplémentaire dont l’origine doit être recherchée et prise en compte.
Le mécanisme du stress Le stress est un mécanisme d'adaptation qui entraine des pulsions primitives en rapport avec le processus de survie. Son origine remonte à la nuit des temps et il a pour but de se préparer à affronter un danger ou une situation inconnue. Il apparaît chez le pilote lorsqu’il existe un déséquilibre entre l’évaluation de ce que sont ses propres ressources et les exigences perçues (et souvent réelles) d’une situation, lorsque le pilote à un doute sur ses capacités à faire face. En pratique : Vous devez effectuer un vol alors que les conditions sont marginales avec un vent fort, vous êtes anxieux. Arrivé au terrain le vent est plus fort que vous ne le pensiez et votre passager est déjà là. Vous commencez à avoir une boule au ventre, vous stressez.
Les Symptômes du stress Le stress va se manifester sous différentes formes. Les symptômes psychologiques peuvent prendre plusieurs formes : l’anxiété, l’irritabilité, l’agressivité, la peur, un sentiment de dévalorisation etc.
Les symptômes physiques Ils sont nombreux, on retiendra : la bouche sèche, la transpiration, des tensions musculaires, les crampes d’estomac, les tremblements, les palpitations, les douleurs thoraciques, la migraine, la nausée, le ralentissement de la respiration (lorsque la respiration devient difficile il s’ensuit une réduction de l’oxygénation qui va augmenter la situation de stress).
Le stress va affecter directement la performance du pilote et parfois dans des situations très exigeantes. Certaines organisations considèrent que c’est un des premiers facteurs d’accident chez les professionnels et en ont fait leur cheval de bataille. Chez les pilotes privés il est indéniablement un facteur contributif dans de nombreux accidents et il est surement à l’origine d’arrêts prématurés de l’activité.
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Les symptômes psychologiques : La performance mentale Plus le pilote est stressé moins il sera capable de se concentrer, de raisonner, de prendre des décisions... Il fait des omissions, commet des erreurs. Il se focalise sur des détails aux dépends de la situation globale : on évoque l’effet de « tunnelisation » mentale. La vigilance, la disponibilité, l’attention dispersée diminuent.
Les symptômes psychologiques : Les comportements Les symptômes psychologiques peuvent prendre différentes formes. Le pilote peut devenir hyperactif ou au contraire se laisser porter par les événements. Il a tendance à prendre des raccourcis pour effectuer ses tâches. Sa motivation diminue. Des rires nerveux peuvent apparaître. Il peut être agité.
Absence d’alarme Au début du processus il n’y a pas de voyant rouge pour prévenir le pilote qu’il est sous l’influence du stress. Ces symptômes peuvent commencer à faire leur effet en affectant ses capacités sans que le pilote s’en aperçoive.
Les particularités du stress chez les pilotes
Des stresseurs physiques Température, vibrations, facteurs de charge, turbulences, bruit, sont des facteurs qui peuvent s’accumuler pour générer un niveau de stress plus ou moins important en fonction de l’intensité des phénomènes et de l’expérience du pilote. Dans certains cas de turbulences sévères qui rendent difficiles même la lecture des instruments on imagine facilement les conséquences sur le stress. Peu de personnes sont capables d’effectuer des opérations mentales dans des jeux de foire, excepté peut-‐être des pilotes expérimentés.
Des stresseurs physiologiques La fatigue, la déshydratation, la faim, l’anoxie, les drogues, les problèmes médicaux, vont agir sur les mécanismes du stress.
Des stresseurs psychologiques Ce sont les incertitudes concernant l’accomplissement d’une mission, la recherche d’une information, la résolution d’un problème, un contrôle en vol, une mauvaise visibilité, la pression temporelle, etc.
Le stress dégrade les capacités du pilote, et plus particulièrement ses capacités mentales. Il
s’accompagne d’émotions qui peuvent aller de la simple anxiété à la peur panique.
Performance
Anxiété
Panique
Stress
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Des événements subis Quand on évoque le stress on parle souvent du trac de l’artiste qui va monter sur les planches. Face au public sa performance ne dépendra pourtant que de lui. Tout est prévu pour que rien ne vienne le perturber. Un pilote peut-‐être confronté à cette même incertitude, mais son théâtre d’évolution, du fait de ses nombreuses composantes, génère beaucoup d’interrogations et des situations plus ou moins complexes qu’il subira malgré lui.
La soudaineté et l’intensité des événements L’apparition d’un danger critique et physique (perçu ou réel) qui requiert une réponse rapide et judicieuse peut entrainer un pic de stress très rapide. Si dans la vie courante, de nombreuses réponses existent pour éviter la confrontation au danger une fois celui-‐ci identifié: stopper, différer, annuler, changer, contourner … en vol les portes de sortie existent, mais elles sont moins nombreuses.
Stress et nature de l’activité En aviation le stress est la plupart du temps déclenché par des phénomènes externes : météo, niveau d’exigence du vol, environnement particulier. Si un des avantages de l’aviation légère est de voler avec peu de contraintes, l’inconvénient ce sont les nombreux aléas : un égarement en navigation, un vent de travers plus fort que prévu, une visibilité qui diminue, un équipement compliqué à utiliser etc. Les normes ont pour objectif de limiter les aléas : niveau de compétence, règles d’exploitation… Une activité peu normée génère plus d’aléas, donc plus de stress.
La conscience des risques Si le stress est à l’origine de nombreux accidents son absence dans certaines circonstances peut-‐être préjudiciable. Le stress passé un certain seuil est aussi une alarme qui prévient le pilote d’un danger, qui lui indique qu’il n’est peut-‐être pas suffisamment armé pour y faire face. Cette alarme aide à la perception des dangers et à la conscience des risques associés.
Les conséquences du stress
Une perte de performance Le stress va agir sur le noyau dur des compétences du pilote : - Perte de vigilance ; - Perte de repère temporel (c.f. ci-‐dessous) ; - Phénomène de régression (c.f. ci-‐dessous) ; - Diminution de la conscience des risques ; - Erreurs : routinières, de lecture, de jugement… - Phénomène de « tunnelisation » ; - Omissions ; - Crispation sur les commandes, pilotage heurté, imprécis ; - Acceptation de compromis allant vers la facilité ; - Diminution de l’attention divisée ; - Ralentissement du circuit visuel ; - Désorientation spatiale ; - Perte de conscience de la situation.
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La rétraction du temps Un symptôme particulier du stress est l’impression de rétraction du temps. Il n’est pas spécifique au
stress rencontré par les pilotes, par contre cela devient critique quand on sait que le calage en temps réel du pilote sur la situation dans l’espace temps est primordial. Même si le décalage semble être dans le bon sens, il est source d’erreurs, de surcharge mentale, de stress supplémentaire. En pratique : Lors d’un contrôle par un examinateur, pendant la préparation du vol on aura la sensation de ne pas avoir assez de temps pour effectuer ses tâches. Cette impression sera
amplifiée par une éventuelle désorganisation générée par le stress.
Un phénomène de régression Sous la pression du stress le pilote peut éprouver de grosses difficultés à analyser les choses les plus simples. Il va alors faire appel à ce qui est profondément ancré en lui, comme ce qu’il a appris lors son apprentissage de base. Il va agir de façon machinale, ce qui ne sera pas forcément adapté ce jour là. En pratique : Lâché sur un nouvel avion, dans un environnement exigeant source de stress, à l’apparition d’un voyant fuel low press, le pilote « sans réfléchir » actionnera le sélecteur d’essence comme sur l’avion qu’il pilotait auparavant. Sauf que sur cet avion, la position au milieu correspond à la fermeture des réservoirs.
Des décisions médiocres Une mauvaise décision est reportée comme facteur contributif majeur dans la majorité des accidents. En pratique : En retour de vol local, le pilote de planeur rencontre de nombreuses descendances. Alors qu’il peut encore raccourcir ses trajectoires, il se raccroche à ce qu’il connaît et rentre en début de vent arrière mais beaucoup trop bas. Il en a bien conscience, mais il se raccroche à ce qu’on lui a apprit. Il est tétanisé par le stress. Seule la certitude qu’il ne pourra pas rejoindre le terrain et la perception d’un danger imminent lui fera alors raccourcir ses trajectoires au dernier moment.
Les stress s’accumulent Certaines personnes peuvent être sujettes à un stress chronique lié à leur vie personnelle. Celui-‐ci va alors venir se cumuler à celui qui serait généré par son activité de pilote.
Des inégalités face au stress La résistance au stress varie selon les individus. On peut retenir que les personnes d’un naturel nerveux sont à priori plus sensibles au stress que des ceux d’un naturel calme.
Les stress s’additionnent. La résistance au stress sera moindre chez un pilote déjà sujet à un stress de la vie quotidienne.
Temps
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Ce que vous devez retenir
Connaissances générales sur le stress Le stress chez le pilote est un phénomène normal. C’est une alarme face à un danger perçu (et souvent bien réel) qui doit vous faire réagir. Il apparaît lorsqu’il existe un déséquilibre entre la perception de vos ressources et les exigences perçues d'une situation.
Il s’accompagne de symptômes physiologiques, psychologiques et comportementaux. Son apparition est insidieuse, vous ne percevez pas ses premiers symptômes qui sont pourtant bien présents et qui vont affecter votre performance. La résistance au stress est variable selon les individus. Les stress sont cumulatifs. Un stress lié à un événement quelconque viendra s’additionner à celui que vous rencontrerez dans une autre situation et diminuera d’autant vos marges de résistance. Sous l’influence du stress votre performance mentale diminue; cela va de la simple difficulté à raisonner, à l’incapacité à prendre une décision, voire jusqu’à la peur panique.
Les facteurs de stress spécifiques du pilote L’environnement physique du pilote est particulier : confinement, vibrations etc. Il est source de stress. Sous l’influence du stress, votre perception du temps est faussée : il se contracte avec l’impression dans certaines circonstances de ne plus pouvoir faire face. La pratique du pilotage est une activité qui comporte des risques physiques synonymes de stress aigu dans certaines circonstances. Les aléas génèrent du stress, ils sont plus nombreux dans les activités peu normées (aviation légère). Les capacités mentales diminuent sous l’effet du stress et affecte au final la qualité des prises de décision du pilote. Les stress sont cumulatifs : les facteurs de stress du pilote sont nombreux et viendront le cas échéant s’additionner avec un stress plus personnel (diminution de la résistance). Un pilote qui ne connaît pas le stress a soit une perception un peu trop simple de son activité, soit un profil psychologique particulier (ou bien les deux !). Le pilote peut rencontrer des événements soudains, l’apparition du stress est alors rapide et son intensité aigue.