LES PONTS à ROMANS

Vue aérienne de Romans et Bourg de Péage Introduction Romans sur Isère, ville moyenne de 33 000 habitants, est située à 15 kilomètres au Nord-Est de Valence, dans le Département de la Drôme dont elle est d'ailleurs la 2ème ville. Cette ville est reliée à Bourg de Péage, une plus petite agglomération de 10 000 habitants, par deux ponts qui enjambent l'Isère : le Pont Vieux et le Pont Neuf. C'est l'histoire de ces deux ponts que nous nous proposons de vous raconter. Nous étudierons tout d'abord dans une première partie les fonctions de ces deux ponts y compris pendant la Seconde guerre mondiale. En deuxième partie, nous examinerons ce que la construction d'un pont peut nous apprendre à travers l'exemple du Pont Neuf. Enfin nous verrons que ces deux ponts peuvent faire partie du patrimoine Romanais. 1 ere partie : Les fonctions d’un pont 2 nde partie : ce que la construction d’un pont nous apprend conclusion : les ponts, un patrimoine

Pont Vieux avant guerre

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I - A) LES PONTS : UN LIEU STRATEGIQUE ? ♣♣♣♣LES PONTS : UN LIEN ENTRE DEUX VILLES Selon l'Encyclopédie Larousse, un pont est considéré comme "un ouvrage destiné à mettre en communication deux points séparés par un obstacle". n pourrait penser que le Pont Vieux a donc été construit pour relier la ville de Romans à celle de Bourg de Péage, séparées par une rivière : l'Isère. Or, il n'en est rien. aux alentours de 840, on ne pouvait traverser l'Isère qu'au moyen d'un gué qui fut remplacé au Xème siècle par un bac. Saint Barnard, un archevêque, décida de construire un pont pour satisfaire les besoins de passage des Romanais. Mais pour le traverser, on doit payer un droit de passage qui revient à l'Eglise. Or certaines personnes venant de l'autre rive ne pouvaient ou ne voulaient pas payer. Elles restèrent donc de l'autre côté. C'est comme cela que fut fondée la ville de Bourg de Péage. C'est ainsi que cela développa deux villes concurrentes qui rivalisent et s'ignorent à la fois. Le Pont Neuf, pour sa part, a été construit vers 1907 afin, tout d'abord, de relier deux lignes de tramway. De plus, le pont vieux devenait insuffisant pour palier au besoin de développement industriel des deux villes. On décida donc de construire un pont palliant aux problèmes démographiques et de communication.

♣♣♣♣LES PONTS : UN AXE DE COMMUNICATION

Comme le montre le plan précédent, le pont se présente vraiment comme l'artère principale du réseau urbain reliant les deux zones d'activité urbaine, celles-ci d'étant développer autour de ce dernier. Il représente donc en même temps le centre de cette zone urbaine, le lien entre les deux sections de cette dernière ainsi que son point de départ aussi bien sur le plan géographique qu'historique.

Plan de Romans/Bourg de

Péage en 1882

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♣LES PONTS : UN LIEU DE FÊTES

Comme nous le montrent ces deux photos, le pont, plus qu'un lieu de passage, était un endroit de promenade. On voit les gens en habits du dimanche. De plus, à l'occasion des processions, des fêtes, le passage sur le pont était de mise. Cela occasionnait d'éventuelles rencontres entre Péageois et Romanais, le pont devenant un lieu de rencontres. D'ailleurs l'inauguration du nouveau pont fut l'occasion d'une grande fête et d'un grand défilé avec les élus en tête. C'est en quelques sortes, les "Champs Elysées" de la commune. Quoi qu'il en soit, on s'aperçoit donc que les ponts étaient bien un endroit stratégique pour les Romanais et les Péageois. ♣♣♣♣PONT NEUF : DEBAT TRAMWAY OU CHARRETTE Lors de la construction du Pont Neuf, de grands débats commencent. Doit-on construire une voie pour le tramway ? Le pont sera-t-il assez solide ? Certaines personnes le voient comme un avantage permettant de pouvoir circuler de Sainte Eulalie à Saint Donat plus rapidement, sans se fatiguer et avec un confort supérieur à celui d'une charrette. D'autres pensent que cela va coûter beaucoup trop cher et qu'avec les nouvelles technologies en béton armé, le pont risque de s'effondrer. Ce matériau est récent. Les Romanais connaissaient surtout la pierre et les ponts suspendus en fer inventés par un annonéen célèbre, Seguin.

Carnaval de 1977

Carnaval de 1900

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Le tramway sur le Pont Neuf

Extrait du journal "Le Bonhomme jacquemart" - 21 mars 1908 : Sera-ce bien solide ? Bien des gens et nous le premier ont mis en doute la résistance du béton armé… Pour la durée du béton seul, on n'a qu'à penser aux innombrables ouvrages bâtis par les Romains et conservés jusqu'à nous. Et le mortier n'était pas de meilleure qualité que de nos temps, donc le béton moderne durera aussi longtemps. Reste la question du métal fer ou acier, enrobé dans le béton. Ce métal est protégé par une gangue de béton qui le rend inattaquable par les agents physiques extérieurs". Finalement, le pont sera construit en béton armé avec une voie pour le tramway et une voie charretière. Les gens n'ont été rassurés que lorsque des officiels à bord d'un train franchissent le pont, le 3 juin 1908. Le pont a tenu : on peut donc l'utiliser. I - B) LES DEUX PONTS PENDANT LA GUERRE 39/45 ♣♣♣♣LE PONT VIEUX Comme les artificiers français l’ont fait en 1814, pour protéger les troupes napoléoniennes des autrichiens, l'armée française fait sauter le Pont Vieux le 20 juin 1940, pour se défendre des troupes allemandes. Lors de la restauration de l’arche du pont, une passerelle est installée pour les piétons, contrairement à la circulation automobile qui est réouverte le 23 juillet 1940. Seulement un mois après, le 29 août 1940, le pont vieux est de nouveau miné, cette fois-ci par les allemands pour couvrir leur retraite. L’arche est rapidement reconstruite tel qu’on le voit maintenant, mais le pont vieux n’est accessible à la circulation automobile qu’à partir du 13 juillet 1945.

"Mardi 29 août : A 6 heures, une explosion formidable : les boches ont fait sauter le Vieux Pont. Quelques romanais affolés essaient d'évacuer. C'est une journée de grosse inquiétude. Le collège flambe, les explosions se succèdent et les tanks venant alors du nouveau pont roulent toujours en direction de Peyrins, Beaurepaire. Dans l'après-midi les bombardements reprennent. Les batteries américaines installées à Sain-Paul tirent sur la ville et toute la nuit les obus s'abattront sur notre cité. Arrivées, départs font un bruit assourdissant et pendant ce temps l'aviation est active. C'est une nuit de terreur et d'angoisse." Les années noires : J. DEVAL

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♣♣♣♣ LE PONT NEUF

Comme le pont vieux, le pont neuf est lui aussi miné le 20 juin 1940 à 7 h 05 pour les mêmes raisons. Il est réouvert à la circulation peu après.

Le 30 août 1940, les allemands minent deux arches du pont neuf pour se défendre.

La reconstruction du pont commence en mars 1941 par l’entreprise Valette et Nommée. En octobre, il est réouvert à la circulation.

Explosion du Pont Neuf

Ces deux ponts sont reconstruits pour les besoins urbains, commerciaux et économiques,

pour le développement des deux villes, pour relier les habitants de ces deux villes au reste de la France, facilitant la communication des résistants avec leurs homologues. " Le Vieux Pont Coupé (dédié au Maire de Bourg de Péage) L'antique Pont dressait ses arches imposantes Sur les flots argentés de l'Isère en courroux Il défiait le temps, les vagues écrasantes Mais au seuil du danger intrépide et jaloux Sauta ce fier héros de nos luttes géantes Devant sa brèche énorme enfin l'envahisseur Trouva nouvel Arcole un rude défenseur Pour tenir jusqu'au bout cet ultime barrage. C'était en juin 40 .

Gaston Boucher"

"De bonne heure les allemands viennent chercher les armes dissidentes restées à l'Eden. A 8 heures, dans un fracas épouvantable, le Pont Neuf saute, la charge était énorme, il ne reste plus rien du pont. Nous prenons espoir, les américains sont aux portes de laville. On sent une certaine inquiétude chez les frigolins. A 13 heures, le Commandant Coche pénètre en ville pour préparer l'entrée des F.F.I. Les allemands, harcelés par les américains, n'ont pu à temps faire sauter le pont du Barrage de Pizançon, comme de Saint-Paul les américains entrent dans la cité pendant que les boches fuient vers le nord." Les années noires : J. DEVAL

Le Pont neuf avec sa passerelle en 1944 et après avoir été de nouveau détruit

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Photo: La construction du Pont Neuf II- A) SUR LA PROCEDURE DE PRISE DE DECISION

L’origine même du projet était le raccordement des tramways ROMANS – TAIN – SAINT DONAT et BOURG de PEAGE – VALENCE - SAINTE EULALIE.

Le 15 octobre 1901, un projet est présenté par la compagnie des chemins de fer de la

Drôme comprenant une partie : une poutre métallique droite dont la largeur entre les gardes-corps ne permet que le passage du tramway. De là naît un débat, certains voulant un élargissement du pont avec pour but le passage de charrettes en plus. Une pétition rassemblant mille quatre signatures pour l’adjonction d’une voie charretière est déposée à la mairie.

Une fois la décision de la construction d’un pont ratifiée, on lance un concours avec pour

but de trouver un projet de construction. Sur une vingtaine de concurrents seulement huit sont retenus et c'est le projet « St GEORGES et DALPHINE » qui est approuvé à l’unanimité par le jury comprenant : le Maire de ROMANS, l’Adjoint délégué à la Voirie, M. Rouméas, le Docteur Gailly, les conseillers du département de l’Isère, le président de la société des architectes de la Drôme et de l’Ardèche ainsi que M. Dorne, architecte de la Ville. II- B) LE PROBLEME DU CHOIX DU MODELE ET DU MATERI AU Le Pont Neuf, au départ, devait être un pont en pierre à trois arches dont le coût serait de 335 000 Francs pour sept mètres trente de largeur et de 430 000 Francs pour neuf mètres soixante de largeur. Il devait donc ressembler au Pont Vieux. La municipalité dut reprendre ces deux projets car la largeur du premier était insuffisante et le prix du deuxième était trop élevé. En 1903 celle-ci opta pour la construction d’un pont en ciment armé.

Le prix de revient est excessivement réduit et ce système est doté d’une très grande résistance.Le ciment armé comporte deux grands avantages : la résistance au feu et l’inaltérabilité. Le fer ne peut pas s’oxyder et le béton se durcit d’année en année.

Pont en ciment armé : sorte d’armature métallique, variable selon l’ouvrage réalisé et formé à l’aide de tiges et de fil de fer dont la force est rigoureusement calculée, qu’on entoure d’un mortier tout spécialement préparé.

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II - C) LA CONSTRUCTION En 1907, la construction du pont neuf commence. Elle aurait du démarrer en 1906, mais une grève de l’industrie métallurgiste a provoqué du retard dans les livraisons des fers. De plus après livraison de ceux-ci, l’Isère est en crue retardant encore plus la construction. Le 26 juillet 1906, des détails officiels sont donnés. La hauteur du pont sera de 14 m à Bourg de Péage et de 11 m à Romans. Il sera long de 100 m et haut de 4,60 m au dessus de l’Isère. Il comportera 10 m de largeur, 2 arceaux de 5 m sur chaque rive et présentera une pente de 35 mm/m. Le pont a été calculé pour résister à des charges de 40 tonnes et 16 tonnes produites respectivement par 2 locomotives et une suite ininterrompue de wagons. Il pourra aussi résister à des charges bien supérieures à celles qu’il sera appelé normalement à supporter.

Le temps de décision dure donc 2 ans de 1901 à 1903. De la décision au début de la construction 4 ans, de 1903 à 1907. Du début de la construction à l'inauguration 1 an, de 1907 à 1908. Le pont neuf est inauguré en1908.

II - C LA LARGEUR : UN DEBAT SUR LE FINANCEMENT Les Romanais désiraient un pont assez large pour un tramway et une voie charretière. Au printemps 1906, le Conseil Municipal demanda au ministre si en plus du tramway, on pouvait ajouter une voie charretière sur le pont. De plus, ils pourraient obtenir une aide financière pour compléter l’argent donné par les actionnaires.

Les Péageois, eux, ne voulaient pas payer parce que ce pont leur coûterait cher sans leur rapporter des bénéfices, ceux-ci se trouvant du côté de l’Isère ouvert au commerce, au développement…

Ils finirent par accepter de payer une partie du pont et le Ministre accepta cette proposition.

Photo: Inauguration du nouveau Pont

Photo: Le Pont Vieux Photo: Le Pont Neuf

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Conclusion - Les ponts :un patrimoine qui nous raconte l’histoire de Romans La ville de Romans sur Isère s'est développée tout d'abord autour de la collégiale Saint

Barnard construite par l'Archevêque Saint Barnard. L'Isère étant un obstacle à franchir, une passerelle en bois est installée en 1033, facilitant

ainsi le commerce de la ville vers l'extérieur. Par la suite, un pont en pierre remplacera cette passerelle facilement endommagée par des crues successives. Du fait du droit de péage, la ville de Bourg de Péage se développera de l'autre côté du pont. Du côté Romanais, le pont favorise diverses activités au bord de l'Isère. C'est le cas pour les tanneurs qui s'installent dans le quartier dit "la Presle", au bord de la Savasse, ruisseau se jetant dans l'Isère, et surtout proche du pont, ce qui permet une exportation des peaux plus facile.

Au fil des siècles, ce pont, premier axe de communication, deviendra nous l'avons vu, insuffisant, c'est pourquoi on construira le Pont Neuf. Ces deux ponts seront pour Romans d'une grande utilité démographique, urbaine et commerciale. Les Romanais d'ailleurs en étaient fiers puisque chaque manifestation importante à Romans se déroulait toujours sur un des ponts.

Les gens sont très dépendants des ponts. On peut prendre comme exemples les différentes périodes où les armées les ont fait exploser.En 1977, avec le pont de Pizançon apparaît un nouveau fonctionnement : le pont dégage la circulation de la ville et organise les flux autour de celle-ci. Désormais il y a des ponts intra-muros et des ponts réservés aux voitures. On cherche a revivifier le noyau historique de Romans en réactivant des fêtes. Le feux d'artifices du 14 juillet est tiré du pont et on y a même brûlé récemment Carmantran (Monsieur Carnaval à Romans).

Comme en 1906, en 2001 il y a des problèmes de circulation et de pression urbaine.A

quand un 3ème pont ? Avec quel matériau ? Qui paiera ?

bibliographie - Articles de presse du "Bonhomme Jacquemart" - Articles de presse de "l'Impartial" - "Almanach Jacquemart", n° 83 à 87, (1905) - "Le Pont Neuf" et "Le Pont Vieux", Dossier préparé par Laurent Jacquot, Professeur d'Histoire au lycée du Dauphiné (Romans), Sauvegarde du patrimoine romanais-péageois (mars 1995) - "Essai sur les monuments et anciens édifices de la ville de Romans", Louis Vinay, Architecte (1904) - "Romans et Bourg de Péage", André Lacroix, page 114 à 120, cote FLR LAC ROM - "Cette année là : Romans 1880-1999, Laurent Jacquot - "Notice d'histoire locale et régionale", Laurent Jacquot, de 1 à 150 - Cartons d'archives municipales de Romans, 10 G - "Les années noires", Jeanne Deval, page 23, page 36, page 263, page 272 - Délibérations Conseil Municipal de Romans, Microfilms Archives Municipales de Romans: séances du 28 octobre 1904, 29 mars 1904, 27 avril 1904, 6 août 1904, 30 octobre 1904, 11 février 1906, 12 août 1906, 7 avril 1907, 23 juin 1907, 26 février 1941

Sandra GALOP, Amandine GROS, Aurélie LAUREYS, Judith VERMANDEL Elèves de 4ème, année 2000/2001, Collège DEBUSSY, 26100 ROMANS

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