les pathogenes des crevettes peneides : exemple …

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UNIVERSITÉ D'ANTANANARIVO FACULTÉ DE MÉDECINE DÉPARTEMENT D’ENSEIGNEMENT DES SCIENCES ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRES ANNÉE : 2008 N°0004 LES PATHOGENES DES CREVETTES PENEIDES : EXEMPLE DES ELEVAGES LARVAIRES A MADAGASCAR, INTERET THERAPEUTIQUE DES PROBIOTIQUES. THÈSE Présentée et soutenue publiquement le 07 avril 2008 à Antananarivo Par Mademoiselle FARIDA Hassani Née le 21 Septembre 1981 à Mahajanga Pour obtenir le grade de DOCTEUR EN MÉDECINE VÉTÉRINAIRE (Diplôme d'État) MEMBRES DU JURY Président : Professeur ANDRIANASOLO Roger Juges : Docteur GRANGMONTAGNE Claude : Docteur RAJAONARISON Jean Joseph Rapporteur : Docteur LE GROUMELLEC Marc

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UNIVERSITÉ D'ANTANANARIVO

FACULTÉ DE MÉDECINE

DÉPARTEMENT D’ENSEIGNEMENT

DES SCIENCES ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRES

ANNÉE : 2008 N°0004

LES PATHOGENES DES CREVETTES PENEIDES : EXEMPLE DES

ELEVAGES LARVAIRES A MADAGASCAR, INTERET THERAPEUTIQUE

DES PROBIOTIQUES.

THÈSE

Présentée et soutenue publiquement

le 07 avril 2008 à Antananarivo

Par

Mademoiselle FARIDA Hassani

Née le 21 Septembre 1981 à Mahajanga

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR EN MÉDECINE VÉTÉRINAIRE

(Diplôme d'État)

MEMBRES DU JURY

Président : Professeur ANDRIANASOLO Roger

Juges : Docteur GRANGMONTAGNE Claude

: Docteur RAJAONARISON Jean Joseph

Rapporteur : Docteur LE GROUMELLEC Marc

UNIVERSITÉ D'ANTANANARIVO

FACULTÉ DE MÉDECINE

DÉPARTEMENT D’ENSEIGNEMENT

DES SCIENCES ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRES

ANNÉE : 2008 N°

LES PATHOGENES DES CREVETTES PENEIDES : EXEMPLE DES

ELEVAGES LARVAIRES A MADAGASCAR, INTERET THERAPEUTIQUE

DES PROBIOTIQUES.

THÈSE

Présentée et soutenue publiquement

le 07 avril 2008 à Antananarivo

Par

Mademoiselle FARIDA Hassani

Née le 21 Septembre 1981 à Mahajanga

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR EN MÉDECINE VÉTÉRINAIRE

(Diplôme d'État)

MEMBRES DU JURY

Président : Professeur ANDRIANASOLO Roger

Juges : Docteur GRANGMONTAGNE Claude

: Docteur RAJAONARISON Jean Joseph

Rapporteur : Docteur LE GROUMELLEC Marc

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DEDICACES

« Et invoque ton Seigneur en toi-même, en humilité et crainte, à mi-voix, le matin et

le soir, et ne sois pas du nombre des insouciants. »

A mes parents : Monsieur HASSANI Moussa (feu) et Madame SOAMANANA

Rosette

Pour tant d’amour et dévouement. Pour vos affections, en témoignage de ma fierté,

permettez-moi de vous exprimer ma reconnaissance éternelle. Que Dieu vous bénisse.

A mon Frère et mes Sœurs et mes Beaux-Frères

Sans votre aide et votre soutien, peut-être que je …. Donc ma réussite est la nôtre.

A Adonis,

Un compagnon dévoué, tendre et aimable et qui est toujours présent dans les meilleurs

comme dans les mauvais moments.

A mes Neveux et mes Nièces

Toutes mes tendresses et mes meilleurs vœux. Je vous aime!

A mes Cousins et Cousines

Vos encouragements me sont précieux.

A mes Amis

Vos soutiens sont des forces.

A tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de cette thèse

Votre aide a été capitale.

Nos sincères salutations

 

À NOS MAÎTRES ET HONORABLES JUGES DE THÈSE

Monsieur le Docteur GRANDMONTAGNE Claude

Docteur vétérinaire, Assistant technique français

Conseiller du Chef de Département

FOFIFA-DRZV

Monsieur le Docteur vétérinaire RAJAONARISON Jean Joseph

Docteur vétérinaire et microbiologiste

Enseignant de maladies infectieuses et de pathologie des animaux de rentes

Qui nous ont fait le grand honneur de siéger parmi les membres du jury de cette thèse.

Qu’ils veuillent recevoir l’expression de notre respectueuse admiration et nos vifs

remerciements.

À NOTRE RAPPORTEUR DE THÈSE

Monsieur le Docteur LE GROUMELLEC Marc

Docteur vétérinaire et Docteur d’Université

Directeur de Domestication, Biosécurité et Génétique Aqualma

Qui m’a accepté au sein de la Société Aqualma comme stagiaire.

Qui a accepté sans hésitation la direction de ce travail.

Pour la confiance et la disponibilité qu’il nous a accordée.

Qu’il veuille accepter l’assurance de notre profonde considération et nos sincères

reconnaissances.

 

 

A NOTRE PRESIDENT DE THESE

Monsieur le Professeur ANDRIANASOLO Roger

Professeur spécialiste en nutrition et santé publique

Enseignant à l’Université d’Antananarivo et Mahajanga à la faculté de médecine.

Qui nous a fait le grand honneur de présider la soutenance de cette thèse.

Qu’il veuille recevoir l’expression de notre profonde gratitude.

 

À NOTRE MAÎTRE ET DOYEN DE LA FACULTE DE MEDECINE

D’ANATANANARIVO

Monsieur le Professeur RAJAONARIVELO Paul

Veuillez recevoir l’expression de notre haute considération.

À TOUS NOS MAÌTRES ET PROFESSEUR DE LA FACULTE DE

MEDECINE-DEPARTEMENT D’ENSEIGNEMENT DES SCIENCES ET DE

MEDECINE VETERINAIRES.

Notre reconnaissances pour tous les enseignements que vous nous avez prodigué.

 

AUX RESPONSABLES DE LABORATOIRE CENTRAL AQUALMA (LCA) ET

TOUS LES PERSONNELS.

Vos précieuses collaborations, tous nos hommages respectueux.

Ma grande reconnaissance

AUX RESPONSABLES DE SITES D’ELEVAGE LARVAIRE DE MIFIKO ET

ECLOSERIE DE MORAMBA PROPRIETE D’AQUALMA.

Pour vos aides techniques. Tous nos remerciements et nos reconnaissances.

 

SOMMAIRE

 

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

I-Rappels sur la crevette pénéide 4

I-1- Biologie 4

I-1-1 Le cycle de la reproduction des crevettes pénéides 5

I-1-2 Les différents stades de crevettes pénéides 6

I-2-La crevetticulture dans le monde et à Madagascar 8

II-Les pathogènes de crevettes pénéides 9

II-1 Pathogènes viraux 9

II-1-1 Pathogènes viraux dans le monde 9

II-1-1-1 WSSV: White Spot Syndrome virus 10

II-1-1-2 TSV: Taura Syndrome Virus 11

II-1-1-3 YHV: Yellow Head Virus 13

II-1-1-4 IHHNV: Infectious Hypodermal and Haematopoietic

Necrosis Virus 15

II-1-1-5 IMNV: Infectious MyoNecrosis Virus 16

II-1-1-6 HPV: Hepatopancreatic Parvovirus 16

II-1-1-7 MBV: Monodon Baculovirus 17

II-1-2 Pathogènes viraux à Madagascar (ouest océan indien et est de

l’Afrique) 18

II-1-2-1 HPV: Hepatopancreatic Parvovirus 19

II-1-2-2 MBV: Monodon Baculovirus 19

II-1-2-3 MONODON SLOW GROWTH SYNDROME

(MSGS) et les autres virus de crustacés décrits en Afrique de l’Est (y compris

Madagascar). 20

II-2 Les parasites 20

II-2-1 les parasites des crevettes dans le monde 20

II-2-1-1 Les parasites internes 21

 

II-2-1-2 Les parasites externes 22

II-2-1-3 Les pathogènes fongiques 23

II-2-2 Les parasites des crevettes à Madagascar 24

II-2-2-1 Parasites internes 24

II-2-2-2 Parasites externes (Zoothamnium spp.; Vorticella spp.;

Epistylis spp.) 25

II-3 Pathogènes bactériens 25

II-3-1 Pathogènes bactériens dans le monde 25

II-3-1-1 Bactéries intracellulaires 25

II-3-1-1-1NHP-B: Necrosis Hepatopancreatic

Bacterium 25

II-3-1-1-2 RLB: Rickettsia Like Bacterium 27

II-3-1-1-3 Spiroplasma 27

II-3-1-2 Eubactéries 28

II-3-2 Pathogènes bactériens à Madagascar 30

II-3-2-1 Bactéries intracellulaires 30

II-3-2-2 Eubactéries 31

II-4 Les pathogènes de crevettes pénéides en élevage larvaire a Madagascar 32

II-4-1 Les champignons 32

II-4-2 Les parasites 32

II-4-3 Les bactéries 33

DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES

I-Contexte de l’étude 34

I-1 Description de l’élevage larvaire de Mifoko 34

I-2 Les techniques d’élevage larvaire des pénéidés 35

I-3 Les moyens de contrôle des élevages larvaires et de leur état sanitaire 35

II- Objectifs et intérêts 38

III- Matériels et méthodes 39

III-1 LES PROBIOTIQUES Y COMPRIS AQUACULTURE

THERAPY 42

 

III-2 Observation des larves 43

III-2-1 Observation visuelle des larves 45

III-2-2 Observation microscopique des larves 46

III-3 Analyse bacteriologique 47

III-3-1 Définition et objectif 47

III-3-2 Prélèvement des échantillons 47

III-3-3 La culture bactérienne 47

III-3-4 La lecture des colonies bactériennes 48

IV-Analyse histologique 50

IV-1 Définition et Objectifs 50

IV-2 La technique histologique 50

IV-2-1 Prélèvement des échantillons 51

IV-2-2 Fixation et immersion 51

IV-2-3 Dissection et mise en cassette 55

IV-2-4 Paraffination 57

IV-2-5 Mise en bloc 58

IV-2-6 Coupe et montage sur lame 60

IV-2-7 Coloration et montage sur la lamelle 62

IV-2-7-1 Colorations de routine Hématoxyline-éosine 62

IV-2-7-2 Colorations spéciales 68

IV-2-7-2-1 La coloration de Giemsa 68

IV-2-7-2-2 La coloration de Feulgen 70

IV-2-7-2-3 La coloration de Gram de Twort 70

IV-2-8 Observation microscopique 71

IV-2-8-1 Observation microscopique de la coloration de

routine 71

IV-2-8-2 Observation microscopique des colorations

spéciale 72

TROISIEME PARTIE : LES RESULTATS

I- RESULTATS 73

I-1 Résultat d’élevage 73

 

I-1-1 Résultat de la survie des larves et post-larves 73

I-I-2 Résultat des analyses bactériologiques 76

I-1-2-1 Résultat de l’analyse bactériologique de l’eau de

remplissage 76

I-1-2-2 Résultat des colonies bactériennes de broyat des

animaux 78

I-2 Résultats des observations in vivo, à l’œil nu et à la loupe binoculaire 81

I-3 Résultats histologiques 81

II-Interprétation et Discussion 90

II-1 Interprétation 90

II-2 Discussion 93

III-Suggestions 98

CONCLUSION 101

Annexes

Références Bibliographiques et Webographies

 

LISTE DES TABLEAUX

Tableau I : Protocole pour le test d’efficacité du produit Aqaculture Therapy 40

Tableau II : Critères de lecture des bactéries de la famille Vibrionaceae 49

Tableau III: Méthode de fixation en fonction de l’âge 54

Tableau IV: Méthode de fixation en fonction du poids 54

Tableau V: Nombre d’animaux fixés en élevage larvaire 55

Tableau VI: Séquence de la coloration de routine 67

Tableau VII: Séquence de coloration de Giemsa 70

Tableau VIII : Résultats des colorations spéciales 72

Tableau IX: Résultat du dénombrement des colonies bactériennes de l’eau de

remplissage 77

Tableau X: Résultat histologique en pourcentage 83

 

LISTES DES FIGURES

Figure I: Diagramme d’étude histologique 51

Figure II : Fixation 52

Figure III : Immersion 53

Figure IV : Diagramme de dissection 56

Figure V : Mise en cassette 57

Figure VI : Diagramme de la mise en bloc 59

Figure VII : Coupe 60

Figure VIII : Diagramme du montage sur lame 61

Figure IX : Diagramme général de la coloration 62

Figure X : Montage de la lamelle 64

Figure XI: Courbe de survie des larves et post-larves 73

Figure XII : Composition relative de la flore microbienne vibrionacée des broyats des

animaux, mise en évidence par le rapport du nombre de colonies vertes sur le nombre de

colonies jaunes (ratio vertes/jaunes). 78

Figure XIII : Lésions bactériennes de l’HP au grossissement x1000 à la coloration H&E

(Hématoxyline – éosine – phloxine) 84

Figure XIV: Lésions bactériennes de l’HP au grossissement x600 à la coloration de

Giemsa 84

Figure XV : Lésions bactériennes de l’HP au grossissement x1000 à la coloration de

Giemsa 85

Figure XVI : Mélanisation de l’appendice causée par les bactéries ; Zoothamnium au

x600 à la coloration H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine) 85

Figure XVII : Mélanisation de l’appendice causée par les bactéries ; Zoothamnium au

x400 à la coloration H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine) 86

Fugure XVIII : Nodule hémocytaire au Grossissement x600 à la coloration

H&E 87

Figure XIX : Mélanisation abdominale ventrale au grossissement x600 à la coloration

H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine) 88

 

Figure XX : Mélanisation abdominale dorsale au grossissement x600 à la coloration

H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine) 88

 

LISTE DES ABREVIATIONS ADN: Acide Désoxyribonucléique

ARN: Acide Ribonucléique

Booster : Bac de volume réduit servant à faire des expériences à petite

échelle.

FMT: Flore Mésophile Total

H&E: Hématoxyline et Eosine

HPV: Hepatopancreatic Parvovirus

IHHNV: Infectious Hypodermal and Haematopoietic Necrosis Virus

IMNV: Infection Myonecrosis Virus

ISH: In Situ Hybridation

MBV : Monodon Baculovirus

ml: millilitre

MSGS: Monodon Slow Growth Syndrom

NHP-B: Necrosis Hepatopencreatic Bacterium

OIE: Office International des Epizooties

PCR: Polymarese Chain Reaction

PLs: Post-Larves

RDS: Runt Deformity Syndrome

RLB: Rickettsis Like Bacterium

TCBS: Thiosulfate Citrate Bile Sucrose Agar

TSV: Taura Syndrome Virus

UFC: Unité Format Colonies (CFU en anglais)

WSSV: White Spot Syndrome Virus

YHV: Yellow Head Virus

 

INTRODUCTION

 

INTRODUCTION

A Madagascar, la crevette est devenue l’un des principaux produits

d’exportation, d’abord en pêche puis en aquaculture, industrie qui depuis une dizaine

d’année a connu un développement et a ouvert une nouvelle ère dans le secteur

halieutique malgache. Ce développement permet notamment de combler l’éventuelle

surexploitation en pêche de ces espèces de crustacés et de diversifier la gamme des

produits malgaches, notamment pour l’exportation. Cet élevage constitue un secteur

intéressant de l’aquaculture, compte tenu des bénéfices qu’il génère et des cycles de

production courts.

Au cours des dernières années, l'élevage des crustacés s'est remarquablement

développé à travers le monde. Plusieurs pays ont poussé ce type de production et

d'autres lancent des programmes de développement. Mais depuis une vingtaine

d’années, la production a fortement reculé dans certains pays en raison de la mortalité

massive due à plusieurs maladies (Chen, 1996). C’est comme dans tous les autres types

d'élevage, il est possible que les agents pathogènes se multiplient et causent des pertes

considérables (Vanelli, 2000). Ce sont les pathogènes viraux qui font surtout des

ravages sur la pénéiculture mondiale. Des virus, tels que le syndrome de Taura qui a

frappé les côtes américaines en premier (Lightner, 1997) et le syndrome des taches

blanches qui a fâcheusement touché l’Asie. Mais tous ces pathogènes redoutables

n’existent pas encore sur les côtes malgaches, et ce sont plutôt des pathogènes

bactériens qui dérangent la production à Madagascar. Ceux-ci sont pour la plupart des

pathogènes opportunistes, mais il existe comme on le verra par la suite de véritables

agents pathogènes bactériens chez la crevette pénéide.

La bonne santé des crevettes en élevage passe avant tout par une maîtrise de la

biosécurité, pour éviter qu’elles n’attrapent des maladies provenant de leur

environnement, ainsi que par la prophylaxie, qui est indispensable au succès pour

l'élevage des crevettes, et passe notamment par le maintien de la meilleure qualité d'eau

possible, avec un renouvellement en quantité suffisante, ainsi que par le contrôle de

l'excès de sédiments riches en matières organiques dans le fond du bassin et la maîtrise

du risque de surpopulation (densités très éloignées de leurs conditions de vie dans la

nature) (Vanelli, 2000).

 

C’est dans ce cadre de l’amélioration des conditions de vie en élevage

qu’Aqualma a décidé de mener des essais de produits commerciaux à base de

probiotiques dans ses élevages larvaires, afin de mieux prévenir les infections

bactériennes qu’il est fréquent d’observer à ce stade de développement. Les

probiotiques sont définis comme des microbes vivants ayant des effets bénéfiques sur la

communauté microbienne ambiante de l’élevage voire sur l’hôte lui-même (tractus

digestif). Ces effets sont obtenus par la modification de la flore microbienne de l’eau

d’élevage larvaire, la modification de la flore intestinale, en assurant l’amélioration de

la qualité du milieu ambiant et la stimulation de la résistance des post-larves ou

juvéniles aux maladies bactériennes (Preetha et al., 2007).

L’un de ces produits est appelé Aquaculture Therapy. C’est un produit

commercial constitué de plusieurs souches bactériennes probiotiques en dormance. Il est

censé agir en enrichissant la qualité de l’eau d’élevage, et conséquemment en réduisant

le risque d’une infection bactérienne et en augmentant la survie, en diminuant le stress

et en stimulant la croissance saine de toutes les espèces aquatiques. Les bactéries qu’il

contient sont supposées « nettoyer » le fond du bac d’élevage en consommant la matière

organique en dégradation, provenant des microorganismes et organismes morts qui vont

tapisser le fond des bacs d’élevage larvaire et constituer un biofilm complexe avec les

débris alimentaires. Selon la documentation fournie, Aquaculture Therapy comprend

des souches bénéfiques spécialement développées pour améliorer la qualité de l’eau en

limitant la croissance des microorganismes pathogènes. Un groupe de bactéries

bénéfiques a été sélectionné et isolé. Ce groupe est un antagoniste des espèces

pathogènes. Les souches bénéfiques rivalisent pour la même source d’aliment avec les

souches essentiellement pathogènes, et agissent sur celles-ci par compétition pour une

même niche écologique.

L’objectif recherché dans l’utilisation de ce produit est de diminuer la nécessité

de traitement antibiotique ou antiparasitaire voire de les supprimer si possible, et

également d’éliminer ou du moins de réduire le siphonage, pour mieux aider les larves

et les post-larves à résister aux infections bactériennes qui peuvent être la cause de

beaucoup de mortalités en élevage larvaire. Ainsi notre étude s’est concentrée sur

l’efficacité de ce produit vis-à-vis des infections bactériennes et parasitaires.

 

Afin de bien dégager la nécessité ou l’intérêt de cette expérience en élevage

larvaire, nous allons tout d’abord décrire les pathogènes des crevettes pénéides au

niveau mondial, puis plus spécifiquement à Madagascar pour souligner les enjeux

économiques existants. Nous traiterons dans un chapitre spécifique les agents

pathogènes présents en élevage larvaire à Madagascar, car c’est durant cette phase

d’élevage que notre travail expérimental s’est effectué. Nous décrirons ensuite les

diverses méthodes d’élevage et d’analyse utilisées pour obtenir nos résultats concernant

l’effet du probiotique testé en petits bacs d’élevage, tant sur les paramètres d’élevage

que sur les flores bactériennes. Nous insisterons plus particulièrement sur les analyses

bactériennes effectuées et les éventuelles lésions bactériennes ou parasitaires des

crevettes révélées par les examens réalisés au laboratoire de pathologie des crustacés

d’Aqualma.

 

PREMIERE PARTIE: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

I- RAPPELS SUR LA CREVETTE PENEIDE (cf. Annexe I)

La pêche crevettière mondiale est en baisse constante de production, en raison

notamment d’une mauvaise gestion des populations sauvages et de la préssion de pêche

qu’elles peuvent supporter. Plusieurs espèces sont réparties dans le monde. Les

crevettes les plus importantes dans le Golfe du Mexique sont les crevettes brunes

Penaeus aztecus, les crevettes blanches Penaeus setiferus et les crevettes roses Penaeus

duorarum. En aquaculture, deux crevettes exotiques sont produites sur la côte du Golfe

du Mexique. Ce sont les crevettes blanches du Pacifique Litopenaeus vannamei et les

crevettes bleues du Pacifique Penaeus stylirostris. Ces deux espèces sont les plus

utilisées à travers les côtes Est et Ouest de l’Amérique. En Asie, dans le Pacifique et en

méditerranée, les espèces suivantes sont les plus utilisées : Penaeus monodon, Penaeus

merguiensis, Penaeus chinensis, Penaeus japonicus, Penaeus semisulcatus, Penaeus

indicus, Penaeus penicillatus et Metapenaeus ensis (il est cependant important de noter

que Litopenaeus vannamei est de plus en plus souvent élevée en Asie, supplantant

même largement la culture de Penaeus monodon dans les plus gros pays producteurs).

Penaeus monodon, souvent appelée encore la crevette tigre géante ou « black

tiger prawn » était l’espèce leader en pénéiculture mondiale, jusqu’à 2003, date à

laquelle Litopenaeus vanamei est devenue l’espèce la plus élevée sur l’ensemble des

continents. (Johnson et al., 1995).

Les espèces pêchées à Madagascar sont Penaeus indicus ou « White », Penaeus

monoceros ou « Pink », Penaeus monodon ou « black tiger », Penaeus semisulcatus ou

«brown tiger », Penaeus japonicus (Couteaux et al., 2003). Mais seule la fameuse

Penaeus monodon est élevée à Madagascar et Aqualma possède de plus une population

domestiquée de cette variété (cf. en Annexe I).

I-1- BIOLOGIE (cf. Annexe III)

La crevette est recouverte d’une cuticule protectrice appelée exosquelette, qui

est articulée, et elle possède des appendices, comme les autres arthropodes. La plupart

des organes sont localisés au niveau de la « tête » appelée « céphalothorax » et les

muscles sont concentrés au niveau de l’abdomen. (Johnson et al., 1995).

I-1-1 Le cycle de la reproduction des crevettes pénéides (cf. en

Annexe II)

La Penaeus monodon mature se reproduit seulement dans des habitats marins tropicaux

et passe par les stades larvaires, les stades post-larvaires, le stade juvénile/adolescent et

adulte dans les estuaires côtiers, les zones lagunaires ou les mangroves. Dans la nature,

elles montrent une activité nocturne marquée, en s'enfuyant dans le substrat durant le

jour et émergeant la nuit pour chercher de la nourriture comme tous les mangeurs

benthiques.

Les mâles sauvages produisent des spermatozoïdes à partir d’un poids corporel de 35 g

et les femelles deviennent gravides à partir de 70 g. L'accouplement a lieu durant la nuit,

juste après la mue des femelles pendant que la cuticule est encore souple, et le sperme

véhiculé dans un spermatophore (sac) est introduit puis subséquemment conservé dans

les voies génitales femelles, inséré dans un thélycum fermé. La maturation de l'ovaire

suit cinq étapes: non développé, développé, presque mature, mature, et épuisé. Les

femelles de P. monodon ont une fécondité élevée, les femelles gravides produisant

500.000 à 750.000 œufs voire plus, dont plus de 80 à 90 % sont en général fécondés. La

ponte a lieu la nuit et la fécondation, externe, a lieu au sortir des voies génitales

femelles. L'éclosion a lieu 12 à 15 heures après la fécondation (Anonyme, 2002).

Après l’éclosion, les larves mènent une vie planctonique marine, pendant deux

ou trois semaines. Elles passent par différents stades larvaires puis post-larvaires.

Ces post-larves vont alors remonter dans les estuaires, dans les lagunes d’eau

saumâtre et les mangroves où elles vont rester 4 à 5 mois. Elles se nourrissent alors de

petits crustacés, de moules, de vers et de matière organique en décomposition

(cadavres).

Devenus sub-adultes ou juvéniles au cours de cette période, les crevettes

retournent alors vers la mer pour commencer à nouveau leur cycle de reproduction. Les

adultes de crevettes pénéides vivent en mer dans les zones de profondeur de 20 m à

70 m d’eau ; ils rampent au fond et sont capables de nager. La reproduction dépend

surtout de la saison, des conditions climatiques (salinité et température) et également du

cycle lunaire. A Madagascar, elle a lieu du mois de novembre au mois de février, cela

explique la période de la fermeture de la pêche. (Pradel, 2000).

I-1-2 Les différents stades de crevettes pénéides (cf. en Annexe II)

Les stades larvaires et post-larvaires

Au cours de son développement, le genre Penaeus présente plusieurs stades

larvaires avant d’atteindre le stade adulte. Ces stades sont morphologiquement et

biologiquement très différents du stade juvéniles-adultes. Le premier stade larvaire,

appelé nauplius, est morphologiquement très simple et ne se nourrit pas. Il ne dure que

quelques heures. Le second stade larvaire, appelé zoé, est d’une organisation assez

éloignée de l’adulte et mène une vie planctonique. Le troisième stade larvaire, appelé

mysis, est clairement une étape de transition entre les stades antérieurs et la forme de la

post-larve. Ces stades restent planctoniques pendant quelques temps et sont transportés

vers la côte par les courants des marées. Les post-larves ressemblent aux juvéniles et

aux adultes, et deviennent progressivement plus benthiques.

Stade nauplius

Après une courte période de développement embryonnaire de 14 à 18 heures,

l’œuf donne naissance à une larve appelée nauplius de 0,3 à 0,7 mm de long. Elles

nagent librement et ressemblent à des petites araignées. C’est le premier stade du

développement larvaire. Le stade nauplius ne se nourrit pas, mais utilise ses réserves

vitellines pour se développer. Selon les auteurs, six stades nauplius successifs ont été

décrits, depuis le nauplius II qui sort de l’œuf jusqu’au nauplius VI, les mues

successives permettent à l’animal de se métamériser en quelques heures et de constituer

ses organes internes, pour obtenir le nauplius VI, prêt à ouvrir la bouche et à

commencer à s’alimenter, après sa métamorphose dans le stade larvaire suivant appelé

zoé. Ceci a lieu dans un processus de développement qui dure une quarantaine d’heures

au total. (Le Groumellec, 1996).

Stade zoé

Il succède au stade nauplius et débute par l’ouverture de la bouche, les crevettes

mesurant 0,9 à 2,6 mm de longueur et étant capables de s’alimenter. Les stades zoés ont

des appendices simples et des corps allongés, muent trois fois et se métamorphosent

avant d’atteindre un nouveau stade. Chaque stade dure 24 heures ou plus et ils se

nourrissent principalement d’algues phytoplanctoniques.

Stade mysis

Les mysis qui ont des corps segmentés, des yeux pédonculés, une queue plus

proche de celle des crevettes adultes, et muent aussi trois fois avant de passer au stade

post-larve. Elles mesurent entre 2,6 et 4,5 mm de longueur. Elles ont un régime

omnivore et un comportement de recherche active de la nourriture (chasseur).

Stade post-larve

La mysis 3 se métamorphose en une jeune crevette morphologiquement

semblable à l’animal adulte, appelée post-larve. Les post-larves mènent une vie

pélagique puis deviennent rapidement benthiques ainsi elles changent leurs habitudes

alimentaires pour se nourrir des détritus benthiques, des vers polychètes et des petits

crustacés, surtout à partir du stade post-larve 6 (six jours après la métamorphose

mysis – post-larves).

Stade adulte

L’acquisition de l’ensemble des caractéristiques de l’adulte (mise en place de

tous les organes ou tissus) a lieu environ un mois et demi après l'éclosion. Mais

l’apparition des caractères sexuels secondaires n’est nettement visible que plus tard,

lorsque leur poids atteint de 5 à 10 g. Les stades juvéniles et adolescent peuvent tolérer

des conditions de salinité aussi basses que 1-2 ‰, elles sont donc beaucoup plus

euryhalines que les stades larvaires ou adultes. (cf. Annexe III)

Mue et croissance

Chez les crevettes Pénéides, la croissance est un phénomène discontinu, comme

chez les autres crustacés. Ceci s’explique par le phénomène de l’exuviation de la

cuticule et le remplacement de celle-ci par une nouvelle cuticule, qui s’accompagne

d’une entrée massive d’eau provoquant une augmentation rapide du poids et de la

longueur de l’animal. Le cycle de mue correspond à la répétition cyclique des

exuviations. Entre celles-ci, la crevette élabore de nouveaux tissus à partir des composés

et de l’énergie métabolisée lors de ses consommations d’aliment (Pradel, 2000).

I-2 LA CREVETTICULTURE DANS LE MONDE ET A MADAGASCAR

(cf. en Annexe II)

Il existe globalement trois méthodes d’élevage industriel pour le grossissement en

crevetticulture actuellement dans le monde. Cependant, certaines petites exploitations

sont dites artisanales ou familiales et ne rentrent pas forcément dans ces catégories.

Elevages extensifs

Dans l’élevage extensif, la densité utilisée est faible, de moins 5 individus par

m2. Les rendements sont en conséquence faibles, de l’ordre de 200 kg par hectare et par

an. Ce système nécessite peu de maintenance, il est utilisé dans les zones très riches en

proies naturelles des pénéides. Aucune alimentation artificielle (granulés) n’est

apportée. Cette méthode d’élevage correspond à ce qui se pratiquait traditionnellement

en Asie. L’aquaculture actuelle ne pourrait jamais satisfaire la demande mondiale en

restant à ces rendements, compte tenu également de la superficie réduite des zones où

l’on peut pratiquer cette aquaculture.

Elevages semi-intensifs

L’élevage semi-intensif est le type d’élevage le plus utilisé dans les pays en voie

de développement. Ce type d’élevage montre le plus de stabilité et de rentabilité dans le

temps (Anonyme, 1987). Les crevettes sont élevées dans des bassins de terre de 5000

m2 au minimum jusqu’à 10 hectares voire plus, à raison de 20 individus par m2, ce qui

représente une densité moyenne (Akiyama, 1994 ; Samudra, 1994). La hauteur de l’eau

est en moyenne de 120 cm dans ces bassins. L’alimentation se fait à la fois par les

proies vivantes (zooplancton) présentes dans le bassin et par un apport de granulés qui

complémente la ration, et apporte notamment les doses nécessaires de vitamines.

Elevages intensifs

Ce type d’élevage était à l’origine très peu répandu dans le monde car il

nécessite des investissements importants. Les bassins sont de petite taille et électrifiés,

car il est nécessaire d’ajouter des aérateurs en raison des biomasses très élevées qu’ils

peuvent contenir. Ils nécessitent aussi beaucoup de maintenance, une alimentation

quasi-totalement basée sur l’apport de granulés et un contrôle strict des paramètres

d’élevage. La biomasse dans le bassin d’élevage est supérieure à 1.2 à 1.3 kg/m2 soit 50

à 200 crevettes/m2. Le rendement peut être très élevé, de 15 à 20 t/ha/an. Si cette

méthode d’élevage est alléchante sur le papier, elle est néanmoins très risquée et a pour

l’instant systématiquement mené à des échecs économiques, si la biosécurité des

élevages n’est pas parfaitement maîtrisée.

La raison en est principalement les mortalités déclenchées par des agents

pathogènes qui deviennent épizootiques du fait de la densité élevée des individus et du

stress supérieur des crevettes qui les rendent plus sensibles à ces maladies. Si ce modèle

d’élevage représente une des voies d’avenir possibles de la crevetticulture, il n’est pas

encore applicable sur le terrain, car les animaux mis en bassins sont très souvent

porteurs d’agents pathogènes et de plus ils sont le produit de géniteurs sauvages dont le

statut sanitaire est par principe inconnu et n’ayant également subi aucun processus de

sélection en vue de les rendre plus résistants au stress ou aux maladies. L’étape

préalable de la domestication prend donc ici toute son importance, afin de pouvoir

contrôler l’état sanitaire et le bagage génétique de ces animaux. Elle est indispensable à

l’intensification des élevages, qui devient malheureusement souvent nécessaire pour des

raisons économiques et de biosécurité en zone endémique d’un pathogène listé OIE par

exemple.

II-LES PATHOGENES DE CREVETTES PENEIDES (cf. Annexe IV)

II-1 LES PATHOGENES VIRAUX

II-1-1 PATHOGENES VIRAUX DANS LE MONDE

On dénombre une vingtaine de virus connus affectant les crevettes marines

pénéides. La plupart de ces virus ont été découverts suite aux problèmes rencontrés dans

les élevages. En Occident, les virus du syndrome de Taura (TSV) et de la nécrose

hypodermique et hématopoïétique infectieuse (IHNNV) ont gravement affecté les

élevages des côtes américaines et d’Hawaii et, dans un cas, une pêcherie commerciale a

également été affectée; alors qu’en Asie, les virus du syndrome des taches blanches

(WSSV) et de la maladie de la tête jaune (YHV) ont provoqué des pandémies dont

l’impact économique est considérable. Ces maladies virales qui affectent les crevettes

10 

depuis une dizaine d’années freinent considérablement la réussite de ce secteur dans

nombre de pays pratiquant cet élevage (Lightner et al., 1997).

 

II-1-1-1 WSSV: White Spot Syndrome virus

Généralités

C’est une maladie hautement infectieuse, contagieuse commune en pénéiculture.

Elle continue d'être l'une des plus graves maladies rencontrées dans l'industrie de la

crevette. Elle cause une perte considérablement élevée en aquaculture industrielle. La

maladie causée par le White Spot Syndrome Virus est encore appelée la maladie des

taches blanches.

Etiologie

Le virus des points blancs ou du syndrome des points blancs est un virus à ADN

circulaire à double brin, enveloppé, dont la forme varie du bâtonnet à une silhouette

obovale, actuellement classé dans la famille des Nimaviridae, genre Whispovirus. Il

présente un appendice filamenteux unique. Sa localisation cellulaire est nucléaire, et le

génome est de taille importante, atteignant environ 305 kb (Van Hulten et al., 2002).

Diagnostic clinique et lésionnel

La plupart des infections à WSSV affectent l’ectoderme et le mésoderme. Ils

comprennent l’épithélium subcuticulaire, les branchies, les organes lymphoïdes, les

glandes antennaires, les tissus hématopoïétiques, les ovaires et les cordes nerveuses

ventrales.

Les principaux signes cliniques du syndrome sont les taches blanches sur

l’exosquelette et l’épiderme des crevettes malades, d’une taille d’environ 0,5 à 2 mm de

diamètre. Les autres signes de la maladie comprennent la réduction rapide de

consommation d’aliment des crevettes léthargiques ou moribondes, l’anorexie, la

coloration rougeâtre ou rose du corps. En 3 jours, on observe fréquemment 100% de

mortalité dans un bassin dont la population est infectée (Nakano et al. 1999).

L’histopathologie sur des sections colorées à l’hématoxyline-éosine montre un

nombre modéré à important de noyaux hypertrophiés contenant des inclusions

basophiles centrales, entourées de chromatine excentrée, dans les tissus d’origine

11 

ectodermique et mésodermique (en particulier les tissus sous-cuticulaires de l’estomac,

du céphalothorax et des branchies). L’amplification par polymérisation en chaîne (PCR)

des tissus et de l’hémolymphe permet de confirmer la maladie, ainsi que le transfert de

type western (western blot) et l’hybridation in situ (ISH) d’ADN.

La présence simultanée de WSSV avec les autres virus comme le Monodon

Baculovirus (MBV) et l’Hepatopancreatic Parvovirus (HPV) a été signalée en Inde

(Otta et al., 2003).

Epidémiologie

Le virus de la maladie des points blancs est hautement infectieux pour les

espèces de crevettes pénéides, plusieurs espèces de décapodes ou d’autres crustacés

(Chakraborty et al., 2002).

Il existe une transmission horizontale, une transmission verticale du virus. La

transmission transovarienne a été confirmée et la transmission dans l’œuf n’a pas été

exclue (Lo et al., 1997).

Géographiquement, la maladie des points blancs a été enregistrée dans la plupart

des pays asiatiques où les crevettes pénéides sont élevées en viviers. Les foyers initiaux

ont été signalés dans la République Populaire de Chine en 1993, et se sont disséminés

rapidement en Asie. Depuis le début de 1999, elle est largement présente dans les

fermes d’aquaculture de crevettes en Amérique. Ces foyers infectieux peuvent

apparaître à toutes saisons et à toutes phases de l’élevage en étang, mais ils semblent

fortement influencés par les conditions environnementales, comme les températures

basses, qui déclenchent l’infection en dessous de 30°C. D’autres facteurs déclenchant

sont notamment liés au stress.

II-1-1-2 TSV: Taura Syndrome Virus

Généralités

C’est un virus hautement infectieux surtout pour la crevette d’Amérique

centrale, L. vannamei. Il a causé les plus lourdes pertes économiques après le WSSV par

la mortalité élevée de crevettes d’élevage. Le Taura Syndrome Virus est encore appelé

le syndrome de Taura en français.

12 

Etiologie

Le virus du syndrome de Taura se trouve dans la famille des Dicistroviridae.

C’est un virus à ARN non enveloppé icosaédrique, à réplication cytoplasmique.

Son diamètre est de 31-32 nm et avec un génome de 10,2 kb.

Diagnostic clinique et lésionnel

Sur le plan clinique le syndrome de Taura présente trois phases distinctes :

une phase aiguë, une phase de transition et une phase chronique.

Les crevettes au cours de la phase aiguë arrêtent de s’alimenter, sombrent

rapidement dans une phase d’agonie. Elles prennent une teinte rougeâtre à cause de

l’expansion des chromatophores. Elles présentent des carapaces molles, et un intestin

vide. Un examen minutieux de l’épithélium cuticulaire des annexes cutanées

(notamment des bords des uropodes ou des pléopodes) avec une loupe de grossissement

10 permet souvent d’observer des signes d’une nécrose épithéliale focale.

Les crevettes dans la phase de transition sont des crevettes qui ont survécu à la

phase aiguë. Elles montrent des lésions cuticulaires mélanisées, multiples et de forme

irrégulière qui se répartissent au hasard. On observe des cuticules souples et une

expansion des chromatophores rouges. Elles recommencent à se comporter et à se

nourrir normalement. Après plusieurs mues successives, les crevettes en phase de

transition passent en phase chronique, dans laquelle il n’existe aucun signe distinctif.

Au laboratoire, la coloration éosinophile de la fragmentation du cytoplasme

confère une apparence caractéristique « poivrée » ou « criblée à la chevrotine » à ces

lésions. L’organe lymphoïde est typiquement indemne dans la phase aiguë du syndrome

de Taura. Durant la phase de transition du syndrome de Taura, les lésions mélanisées de

la cuticule ressemblent à des lésions d’une maladie bactérienne de la carapace. Et dans

la phase chronique à l’exception des importants sphéroïdes dans l’organe lymphoïde,

aucune autre lésion n’est apparente. Les sphéroïdes dans l’organe lymphoïde donneront

des résultats positifs au test d’identification du virus du syndrome de Taura par ISH

d’ADN spécifiques/complémentaires de l’ARN transcrit du virus du syndrome de

Taura. L’ISH d’ADN spécifiques donne des détails complémentaires.et le PCR avec la

transcriptase inverse d’extrait d’ARN des tissus et de l’hémolymphe confirme la

maladie.

13 

Epidémiologie

Le virus du syndrome de Taura est un virus hautement infectieux pour la

crevette d’Amérique centrale, L. vannamei. Toutes les crevettes pénéides contractent

cette maladie. Des études d’épreuves virulentes effectuées en laboratoire suggèrent que

P. monodon et P. japonicus sont résistants au syndrome de Taura. Le syndrome de

Taura peut survenir chez les post-larves approximativement à partir du stade post-larve,

au douzième jour après la métamorphose (P12), chez les juvéniles et chez les adultes.

La plupart des épizooties se produisent dans les élevages en stades précoces des

juvéniles.

Il y a une transmission horizontale et une transmission verticale.

Le syndrome de Taura a été diffusé de l’Amérique vers l’Asie après avoir été

identifié pour la première fois en Équateur en 1991 et 1992. Il a été isolé, décrit et

identifié comme la cause du syndrome de Taura en 1994 et 1995. De 1992 à 1995, le

virus du syndrome de Taura s’est propagé par l’expédition de post-larves et de

reproducteurs infectés. Il est enzootique dans les populations de crevettes d’élevage et

dans certaines populations sauvages de pénéides en Amérique.

II-1-1-3 YHV: Yellow Head Virus

Généralités

Yellow Head Virus (YHV) est une maladie hautement infectieuse de crevettes

pénéides connues. Il cause des pertes économiques énormes. On appelle encore la

maladie de la tête jaune.

Etiologie

Le virus de la tête jaune est un virus à ARN, en bâtonnet, enveloppé, et à brin

unique de sens positif, actuellement classé dans la famille des Rinoviridae de l’ordre des

Nidovirales, genre Okavirus. C’est un virus à réplication cytoplasmique, d’environ

15nm de diamètre et contenant 22 kb d’acide nucléique. Le virus est associé au virus

des branchies (Gill-Associated Virus) et le virus de vacuolisation des organes

lymphoïdes (Lymphoid Organ Vacuolization Virus) provenant d’Australie, qui sont

étroitement apparentés, bien que seul le virus associé aux branchies semble s’avérer

pathogène. Les éléments présentés ci-après s’appliquent à la fois au virus de la tête

jaune et au virus associé aux branchies.

14 

Diagnostic clinique et lésionnel

Les signes cliniques de la maladie de la tête jaune commencent par une forte

consommation d’aliments, suivie par une interruption brutale de l’alimentation, et une

mortalité dans la population (observation inconstante). La région du céphalothorax peut

prendre une coloration jaunâtre due à la légère coloration jaune de l’hépatopancréas

sous-jacent et à sa consistance anormalement molle (observation inconstante).

La coloration générale du corps est toujours d’une clarté anormale ou d’apparence

blanchie.

Sur le plan lésionnel, la décoloration jaune du céphalothorax n’est pas toujours

observée.

L’examen histopathologique de sections colorées à l’hématoxyline-éosine de crevettes

moribondes montre un nombre modéré à important d’inclusions cytoplasmiques

intensément basophiles dans les tissus d’origine ectodermique et mésodermique

(en particulier les tissus sous-cuticulaires de l’estomac, du céphalothorax et des

branchies). Dans le même étang, des frottis d’hémolymphe provenant de crevettes

infectées mais non moribondes montrent des noyaux caryorrhectiques et pycnotiques en

l’absence de septicémie bactérienne. Le PCR de tissus et de l’hémolymphe, le Transfert

de type western (Western blot), de l‘ISH d’acides nucléiques confirment la maladie.

La lecture de l’examen histopathologique peut se réaliser à l’aide de TEM.

Epidémiologie

Le virus de la maladie de la tête jaune est hautement infectieux pour les crevettes

pénéides. Parmi eux, des infections surviennent sans qu’elles montrent de signes

pathologiques.

La transmission est uniquement horizontale.

Le virus a été signalé pour la première fois en Thaïlande en 1991. Le virus

associé aux branchies, qui lui est étroitement apparenté, a été signalé uniquement

comme associé à des mortalités dans des fermes d’aquaculture de crevettes d’Australie.

Le virus de la maladie de la tête jaune frappe surtout le stade juvénile dans les

populations naturelles de P. monodon, l’adulte est plus ou moins résistant et le stade

post-larve montre une forte résistance. Et le virus entraînant la vacuolisation des

organes lymphoïdes, qui est étroitement apparenté et non pathogène, a été observé

fréquemment dans les populations sauvages de P. monodon d’Australie, mais pas chez

15 

les autres espèces de crevettes. Des foyers de la maladie peuvent survenir en toute

saison, mais ils se déclarent généralement 50 à 70 jours après le peuplement de l’étang.

II-1-1-4 IHHNV: Infectious Hypodermal and Haematopoietic

Necrosis Virus

Généralités

IHHNV est une maladie mortelle de crevettes Pénéides P. stylirostris au stade

juvénile. Elle affecte également d’autres espèces de pénéides.

Etiologie

L’IHHNV est un petit virus à ADN simple brin linéaire 4,1 kb, icosaédrique,

non enveloppé de diamètre 20 à 22 nm. La réplication du virus est nucléaire. Le virus

est dans la famille de Parvoviridae.

Diagnostic clinique et lésionnel

La virulence de ce virus varie selon les espèces de pénéides. Ainsi, les crevettes

telles que L. vannamei et P. monodon infectées par le IHHNV ne meurent pas.

Toutefois, l'infection chronique par ce virus se traduit par une maladie appelée Runt

Deformity Syndrome (RDS) pour les deux espèces et également P. stylirostris. Le RDS

peut également causer des pertes économiques importantes (Primavera et al., 2000).

Les crevettes infectées montrent une diminution de la consommation d’aliment,

un cannibalisme marqué, une léthargie et des mortalités, dans le cas de P. stylirostris.

Sur le plan lésionnel les animaux montrent une musculature abdominale opaque,

de nombreux foyers mélanisés. Au laboratoire, la détection du virus se fait

habituellement par l’histopathologie. L’ISH et la PCR peuvent fournir la plus haute

détection.

Epidémiologie

Toutes les espèces de pénéides sont infectées. L’IHHNV a été détecté pour la

première fois à Hawaii en 1981 chez P. stylirostris au stade juvénile. Le virus a été

détecté dans d'autres espèces Pénéides dans le monde. Il est présumé être enzootique

dans l’Indopacifique et en Equateur (Lightner et al., 1983a). Il existe une transmission

horizontale et une transmission verticale.

16 

II-1-1-5 IMNV: Infectious MyoNecrosis Virus

Généralités

C’est une maladie infectieuse causant de lourdes pertes économiques. La

maladie est récemment inscrite dans la liste de l’OIE.

Etiologie

L’IMNV est un virus à ARN non enveloppé, icosaédrique. La taille du virus est

d’environ 40 nm et possède un génome d’environ 7,7 kb. Le virus appartient à la famille

de Totiviridae.

Diagnostic

Les foyers blancs dans le muscle et en particulier sur l’abdomen sont des signes

révélateurs de la maladie, ainsi que la nécrose de l’uropode qui devient rouge. Les

organes lymphoïdes sont hypertrophiés. On observe un faible taux de survie (30-40%).

Tous ces signes sont observés aux stades post-larves, juvéniles et adultes.

Au laboratoire, des nécroses musculaires aigues du foyer, avec coagulation et

œdème, des inclusions cytoplasmiques basophiles, une inflammation hémocytaire et des

fibroses sont observées. Il y a fréquemment des sphéroïdes (LOS) dans l’organe

lymphoïde, mais souvent ectopiques aussi.

Epidémiologie

Le virus de l’IMNV est hautement contagieux. Chez L. vannamei il est apparu

dès les post-larves du sixième jour, chez P. stylirostris aux post-larves du treizième jour

et chez P. monodon il n’y a pas des signes cliniques. Dans les deux dernières espèces, il

n’y a pas de mortalité mais sur L .vannamei la mort survient dès le stade post-larve du

treizième jour.

Le virus a été signalé pour la première fois en 2003 au Brésil, et s’est ensuite

largement diffusé dans le monde, d’abord en Amérique du Nord puis en Asie (Tang et

al., 2005).

II-1-6 HPV: Hepatopancreatic Parvovirus

Généralités

L’Hepatopancreatic Parvovirus (HPV) est une maladie infectieuse qui

touche essentiellement P. monodon et P. chinensis, mais également de nombreuses

autres espèces.

17 

Etiologie

C’est un virus à ADN simple brin de taille 4 à 5,8 kb, non enveloppé et

icosaédrique avec des particules virales de 22 à 24 nm de diamètre approximativement.

Diagnostic clinique et lésionnel

Souvent les crevettes infectées par le HPV montrent des signes non spécifiques

comme l’anorexie, un hépatopancréas atrophié, un faible taux de croissance. Les

crevettes deviennent faibles, les branchies sont souillées par les organismes

épicommensaux.

Le diagnostic de la maladie peut s’effectuer par l’histopathologie. Un test rapide

à la coloration de Giemsa de l’hépatopancréas met en évidence des taches. La sonde et

la PCR sensibles, ont été aussi développés pour le diagnostic du HPV (Sukhumsirichart

et al., 1999).

Epidémiologie

De nombreuses espèces de pénéides sauvages et domestiques ont été signalées

comme hôtes biologiques du HPV.

Les plus hauts niveaux de l’infection au HPV ont été signalés très tôt au stade

juvénile (Flegel et al., 1995). La transmission est horizontale et verticale.

Le HPV était signalé pour la première fois en Thaïlande en 1992 chez P.

monodon. Le virus HPV infecte la plupart des espèces de pénéides et est présent dans le

monde entier.

II-1-1-7 MBV: Monodon Baculovirus

Généralités

Monodon Baculovirus ou MBV est le premier virus signalé chez P. monodon

(Lightner and Redman, 1981).

Etiologie

Le virus du MBV est un virus à ADN double brin circulaire, enveloppé. C’est un

virus à localisation nucléaire de forme polyédrique. Il appartient à la famille des

Baculoviridae (Rohrmann, 1986).

18 

Diagnostic clinique et lésionnel

Le MBV est un pathogène fréquent à large dissémination et à large distribution,

malgré sa faible virulence sur P. monodon. Les crevettes infectées par le MBV montrent

un retard de croissance significatif et leur hépatopancréas infecté devient pâle avec une

couleur jaune à brunâtre. On observe généralement le MBV dans des infections mixtes,

avec d’autres maladies virales (IHNNV, HPV, WSSV), ou des maladies bactériennes

causées par des bactéries opportunistes (Vibrio spp., Pseudomonas spp.) et des maladies

parasitaires Zoothamnium spp., Epistylis spp. Les organes cibles de la maladie sont

l’hépatopancréas et l’intestin supérieur (Anderson et al., 1987).

La caractéristique principale du diagnostic de l’infection au MBV est la présence

d’un noyau hypertrophié avec des inclusions sphériques simples ou multiples.

L’histopathologie est utilisée pour détecter la maladie. Toutefois la PCR et les sondes

moléculaires ont été développés pour la détection, ainsi que le test (Hsu et al., 2000).

Epidémiologie

Le MBV est un pathogène fréquent à large dissémination et à large distribution,

malgré sa faible virulence sur P. monodon. Il a été identifié et signalé chez toutes les

espèces de pénéides.

La transmission est uniquement horizontale.

La maladie a été observée et signalée en Asie et en Australie. La maladie est

enzootique de la région chez les espèces sauvages.

Le MBV a été trouvé au Moyen Orient et on a aussi noté sa présence en Italie,

en Afrique et en Amérique suite à l’importation des crevettes pénéides (Lightner, 2001).

II-1-2 LES PATHOGENES VIRAUX A MADAGASCAR (OUEST

OCEAN INDIEN ET EST DE L’AFRIQUE)

Etant donné la virulence et l’étendue des pathogènes viraux inscrits dans la liste

de l’OIE, même si Madagascar est encore indemne de ces maladies virales réputées

hautement infectieuses et contagieuses, il est nécessaire de connaître parfaitement leurs

caractéristiques pour mieux se défendre contre leur apparition et se préparer à contenir

leur diffusion sur l’île. Compte tenu des énormes pertes qu’elles provoquent et de la

difficulté de les éradiquer, cela semble essentiel si Madagascar veut conserver son statut

19 

sanitaire et son industrie aquacole. Il faut toujours être vigilant concernant les maladies

contagieuses, et le moyen le plus efficace pour prévenir leur apparition est de se doter

des moyens de les dépister précocement. Pour dépister une maladie, la connaissance de

ses caractères est primordiale.

Mais il n’existe à ce jour à Madagascar que des pathogènes viraux signalés sur

les zones côtières de l’Afrique et à l’Ouest de l’Océan Indien et qui touchent

essentiellement l’espèce P. monodon. Ce sont les virus HPV, MBV et un syndrome,

nommé le « Monodon Slow Growth Syndrome » ou MSGS qui est présent dans la faune

sauvage malgache et que l’on suspecte d’être causé par un virus à ARN. Il existe de plus

des virus déjà détectés dans la faune crustacée malgache mais qui à ce jour n’ont pas

posé de problèmes chez les crevettes pénéides en élevage, en particulier un iridovirus

chez les chevaquines (Tang et al., 2007), un Baculovirus chez les crabes et un

Parvovirus chez les P. indicus sauvages.

II-1-2-1 HPV: Hepatopancreatic Parvovirus

Le virus du HPV infecte la plupart des espèces pénéides et est distribué dans la

nature dans beaucoup de parties du monde y compris Madagascar (Fulks and Main,

1992).

Le virus infecte également P. monodon qui est la seule espèce exploitée en élevage

industriel à Madagascar. Il n’a cependant pas causé à ce jour de dégâts particuliers en

élevage, n’a pas été considéré comme responsable de mortalités ni n’a induit de baisse

de performance des animaux notable. La souche de virus malgache est génétiquement

distincte des souches thaïlandaises et coréennes.

II-1-2-2 MBV: Monodon Baculovirus

Cette maladie a été observée et signalée au Sri Lanka, qui est dans l’Océan

Indien. La maladie est enzootique de la région chez les espèces sauvages. Au Moyen

Orient, le MBV a été détecté à Oman qui est un pays dans l’Océan Indien (Lightner,

2001). Comme le virus a été signalé et est présent dans l’Océan Indien et qu’il infecte

de façon enzootique les espèces sauvages, alors l’Ile n’est pas épargnée de sa présence.

20 

Il disparaît cependant des populations en élevage si les crevettes ont un confort de vie

acceptable.

II-1-2-3 MONODON SLOW GROWTH SYNDROME

(MSGS) et les autres virus de crustacés décrits en Afrique de l’Est (y compris

Madagascar).

Le retard de croissance qui affecte quelques fermes d’élevage de crevettes en

Afrique de l’Est et dans l’Océan Indien ressemble à un problème appelé « Monodon

Slow Growth Syndrome » qui a été décrit chez P. monodon en Thaïlande dès 2001. Le

problème du syndrome de retard de croissance a pu être observé dans des crevettes

produites en Afrique pour la première fois en 2004. Le poids moyen des crevettes

affectées au bout de six mois d’élevage ne dépassait pas 19 g. C’est une perte de 30 %

par rapport aux crevettes à la croissance normale au même âge.

Il reste à démontrer que les retards de croissance observés en Afrique et en

Thaïlande, en Inde voire ailleurs en Asie sont dus aux mêmes agents pathogènes,

à moins qu’ils ne soient liés à d’autres facteurs encore inconnus (Anantasomboon et al.,

2006).

II-2 LES PARASITES

II-2-1 LES PARASITES DES CREVETTES DANS LE MONDE

Certains parasites jouent un rôle non négligeable sur la santé des crevettes.

Comme leur enveloppe extérieure est également leur squelette, certains animaux s’y

fixent et s’y développent, surtout dans les endroits protégés et à surface importante

comme les branchies. Lorsque l’infestation est trop forte, la physiologie de la crevette,

et notamment sa respiration peut en être très affectée. Le seul moyen pour la crevette

pour s’en débarrasser est de changer de carapace, ce qui a lieu pendant la mue. Jusqu’au

stade adulte, si l’animal vit confortablement, il pourra maintenir ces ectoparasites à des

niveaux acceptables.

Il existe également des parasites internes affectant gravement la crevette, qui possède un

arsenal de défenses réduit.

21 

II-2-1-1 LES PARASITES INTERNES

MICROSPORIDIES

Les microsporidies sont des parasites internes qui envahissent le muscle, lequel

devient blanc laiteux. A ce stade, elles sont encore appelées cotton shrimp ou milk

shrimp nosema disease. Bien que l'infection ne soit pas immédiatement mortelle,

l’apparence affecte la valeur marchande et la qualité des produits parasités.

Trois des genres de microsporidies ont été signalés chez les crevettes pénéides à

Madagascar. Ces trois genres sont : Agmasoma (ou Thelohania), Ameson (ou Nosema)

et Pleistophora (ou Plistophora). Les espèces connues chez les pénéides sont A.

penaei, A. duorara, A. nelsoni, et P. penaei dans l’Océan Atlantique, et plus

particulièrement le golfe du Mexique.

Trois des quatre espèces de microsporidies listées plus haut infectent et changent

la couleur du muscle qui devient opaque ou blanc laiteux. Ag. penaei infecte les

gonades, le cœur, l’hémolymphe, les branchies, l’hépatopancréas et l’intestin en

produisant une couleur blanche opaque des gonades et souvent de multiples tumeurs

blanches sur les branchies et les tissus subcuticulaires du corps et des appendices. Les

crevettes sévèrement infectées, en plus d’avoir le muscle ou les gonades de couleur

blanc opaque ont typiquement la coloration de la cuticule bleu noir qui est due à

l’expansion des mélanophores cuticulaires.

Probablement toutes les espèces de crevettes pénéides peuvent être infectées par

une ou plusieurs espèces des microsporidies. Les infections aux microsporidies chez les

pénéides ont été signalées dans tous les élevages de crevettes dans le monde. (Lightner,

2001).

GREGARINES

Les grégarines sont des parasites internes qui vivent dans le tube digestif sous

forme de trophozoïtes ou occasionnellement de gamétocytes.

Les grégarines sont représentées par trois genres infectant les crevettes pénéides.

Ce sont les genres Nematopsis spp., Cephalolobus spp. et Paraophioidina spp.

Sur le plan clinique, les populations de crevettes juvéniles sévèrement infectées

accusent un retard de croissance. Des individus infectés ont des grosses tâches jaunes

dans l’intestin.

22 

Les trophozoïtes sont visibles dans l’intestin moyen des larves et des post-larves

à la dissection au microscope au grossissement de 10 à 20 x.

Les grégarines ont été observées chez les pénéides d’élevage et sauvages partout

dans le monde (Lightner, 2001).

HAPLOSPORIDIES

Les haplosporidies sont des parasites internes. On les retrouve dans

l’hépatopancréas.

Une espèce d’haplosporidie au moins est connue chez les crevettes pénéides. Les

haplosporidies des crevettes sont différentes de celles des mollusques.

Les haplosporidies ont été observées dans les élevages de crevettes et les

pénéides sauvages en Cuba et Nicaragua (P. vannamei), au Mexique (P. stylirostris), en

Indonésie (P. monodon) et en Philippines. (Lightner, 2001)

II-2-1-2 LES PARASITES EXTERNES

Zoothamnium spp. , Vorticella spp. , Epistylis

Un certain nombre de parasites, en particulier les protozoaires, affectent la

crevette à différents stades de développement. Les protozoaires épicommensaux

peuvent être observés adhérant aux branchies, céphalothorax, péréiopodes et autres

appendices voire dans les organes internes. Ces protozoaires appartiennent aux genres

Zoothamnium spp., Epistylis spp., Vorticella spp., Anophrys spp., Acineta spp.,

Lagenophrys spp. et Ephelota spp.

A des niveaux élevés d'infection, les protozoaires peuvent provoquer une

obstruction des branchies (branchies sombres) et conduire à l'anorexie, un retard de

croissance et une susceptibilité accrue aux infections par les pathogènes opportunistes.

Il a été observé en outre un état de souffrance et une agitation des crevettes en cas

d’infestation aigue, certaines deviennent léthargiques et d'autres peuvent même mourir.

Les crevettes vivantes et mortes ont été échantillonnées et observées. Les signes

évidents étaient des taches brunâtres, floconneuses sur l'exosquelette, souvent étendues

aux appendices; les branchies étaient aussi brunâtres. L'examen au microscope a montré

un grand nombre de colonies de Zoothamnium ciliés, péritriches et pédonculés.

23 

On observe l’infection du Zoothamnium spp. à tous les stades d’évolution des

crevettes, en élevage larvaire, en nurserie et en ferme de grossissement.

La prolifération du Zoothamnium spp. est favorisée par le non renouvellement de

l'eau, une grande quantité de déchets organiques et une grande concentration de

crevettes (Vanelli, 2000).

II-2-1-3 LES PATHOGENES FONGIQUES

Lagenidium spp. et Sirolpidium spp.

Ces espèces fongiques ont été isolées de la mer et des estuaires marins. Certains

de ces champignons sont des pathogènes aquatiques opportunistes de la crevette.

Les agents pathogènes communs, Lagenidium callinectes et Sirolpidium spp.

touchent surtout les stades larvaires. Les zoé et mysis sont généralement les stades

touchés avec des signes cliniques tels que la léthargie et la mortalité.

Les infections dues à Lagenidium spp. apparaissent en particulier aux stades

nauplii, Zoé et mysis. Tandis que les infections dues à Sirolpidium spp. sont souvent

observées au stade tardif de mysis et au premier stade des post-larves (Lightner, 2001).

Les spores et les mycéliums sont observés dans les tissus atteints,

particulièrement les branchies (Vanelli, 2000).

La mycose larvaire est un problème dans des écloseries en Inde (Gopalan et al.,

1980) L’infection par Lagenidium marina et Sirolpidium parasitica de P. monodon a

signalé des mortalités de larves aux stades Nauplii, zoé et mysis chez P. monodon

(Ramasamy et al., 1996).

Fusarium spp.

Fusarium spp. est également un champignon. Il pousse d'habitude sur des tissus

endommagés et ne cause pas de problèmes sévères.

Chez P. japonicus, on a cependant décrit une pathologie nommée “black gill”

(branchie noire) causée par Fusarium spp. Ce nom est dû à l'important dépôt de

mélanine dans les branchies. Une lésion de l'œil a également été décrite, caractérisée par

une tache blanche.

24 

Le diagnostic est fait par mise en évidence des macroconidies en forme de coque

de bateau (Vanelli, 2000) qui sont les hyphes fongiques.

Le Fusarium spp. peut affecter tous les stades de développement de la crevette

pénéide. Les Fusarium spp. (F. solani, F. moniliformae) sont opportunistes.

Les agents pathogènes peuvent mener à de fortes mortalités (90%).

II-2-2 LES PARASITES DES CREVETTES A MADAGASCAR

Madagascar n’est pas épargnée par la présence des parasites dans

l’environnement. Ces parasites qui touchent essentiellement les branchies provoquent

des fortes gênes des crevettes et provoquent une léthargie, un retard de croissance, des

mortalités et une susceptibilité accrue aux infections des pathogènes opportunistes.

Ainsi, les infestations parasitaires constituent-elles une perte non négligeable pour

l’industrie de la crevette malgache en comparaison des autres pathologies, étant donné

l’absence des pathogènes redoutables sur l’île.

II-2-2-1 Parasites internes

Microsporidies

Les microsporidies existent sur les cotes malgaches. Elles affectent au moins

trois espèces de crevettes pénéides à Madagascar, qui sont Fenneropenaeus indicus, P.

monodon et P. semisultacus, classiques crevettes de pêche sur la côte ouest malgache.

Parmi les genres de microsporidies rencontrés sur l’île, le plus fréquent est

Ameson. La spore ovale a la taille de 1,4 x 1,1 µm, et est différente des deux autres

genres de parasites observés à ce jour à Madagascar.

Les infections sont évidentes comme les lésions musculaires avec une couleur

blanche coton frappante.

Grégarines

Ces parasites existent à Madagascar, et ont pu être détectés à plusieurs reprises

dans le tube digestif des post-larves sauvages, voire de post-larves d’écloserie.

25 

II-2-2-2 Parasites externes (Zoothamnium spp.; Vorticella spp.;

Epistylis spp.)

Ces parasites classiques sont également présents à Madagascar, où ils causent les

mêmes troubles que ceux observés dans le reste du monde.

II-3 PATHOGENES BACTERIENS

Les infections bactériennes ont été observées depuis plusieurs années en

crevetticulture. Les scientifiques ont remarqué que les infections bactériennes sont

souvent apparues quand les crevettes sont faibles. Mais les crevettes normales peuvent

avoir des infections bactériennes lors des conditions défavorables du milieu, ou quand

les agents bactériens sont fortement pathogènes (Johnson et al., 1995).

II-3-1 PATHOGENES BACTERIENS DANS LE MONDE

II-3-1-1 Bactéries intracellulaires

II-3-1-1-1NHP-B: Necrosis Hepatopancreatic

Bacterium

C’est une infection bactérienne qui touche essentiellement l’hépatopancréas. Elle

est considérée comme un agent pathogène d’importance majeure, et fait d’ailleurs partie

des maladies listées par l’OIE.

Etiologie

La bactérie est classée parmi les Alpha-Proteobacteria (Frelier et al., 1994).

C’est une petite bactérie intracellulaire Gram négative, qui affecte les cellules

épithéliales de l’hépatopancréas. Il existe deux morphologies différentes de cette même

bactérie NHP, comme on peut le constater dans l’infection des cellules de

l’hépatopancréas. L’une est une sorte de rickettsia-like bacteria, en forme de tige

mesurant 0.3 µm x 9 µm, sans flagelle. Et l’autre est en forme d’hélice mesurant

0.2 µm x 2.6 à 2.9 µm. L’hélice possède huit flagelles sur l’apex basal et un flagellum

sur la crête de l’hélice.

26 

Le diagnostic clinique et lésionnel

Les signes cliniques majeurs de la maladie observables sur le terrain sont la fréquence

accrue d’intestins vides et la réduction de la croissance. La carapace et le corps

deviennent plus mous. Les branchies sont sombres voire noires. On observe une

expansion des chromatophores, donnant une apparence sombre caractéristique sur les

bords des pléopodes et des uropodes. L’hépatopancréas est atrophié et devient

blanchâtre au milieu et les tubules sont pâles et striés en noir.

L’examen histopathologique révèle un hépatopancréas avec des tubules

atrophiés, des lésions granulomateuses multifocales qui touchent un ou plusieurs

tubules. Les cellules épithéliales tubulaires adjacentes de l’hépatopancréas sont

atrophiées et réduites sous forme cubitale, et elles contiennent des petites vacuoles

lipidiques et des vacuoles non sécrétoires. Les colorations spéciales comme la

coloration de Giemsa aide à mettre en évidence les formes en tige et en hélice. Les

vibrionacés sont souvent présents comme une infection secondaire des lumières de

tubules dans les cas sévères et individuels. Certaines infections des Vibrio spp.

deviennent systémiques.

Epidémiologie

Les infections à NHP ont été uniquement observées chez les crevettes pénéides

d’Amérique. Toutefois, des cas de NHP ont pu être décrits et rapportés en Erythrée. Ils

sont la conséquence de l’importation de Litopenaeus vannamei, non maîtrisée sur le

plan sanitaire.

La NHP a été identifiée pour la première fois dans des pénéicultures du Texas.

Une bactérie similaire a été trouvée et associée avec une sérieuse maladie épizootique

dans les fermes du Pérou, d’Equateur, du Venezuela, du Brésil, du Panama et du Costa

Rica.

La température et la salinité jouent un rôle important dans l’apparition de la

maladie.

II-3-1-1-2 RLB: Rickettsia Like Bacterium

La Rickettsia Like Bacterium est un pathogène bactérien qui touche les crevettes

pénéides. Elle existe notamment dans l’Océan Indien, et une pathologie similaire a pu

27 

être décrite en Malaisie dans les années 1990. Nous traiterons donc plus

particulièrement de cette maladie dans le chapitre concernant les maladies bactériennes

présentes à Madagascar.

II-3-1-1-3 Spiroplasma

La Spiroplasma spp. est une bactérie intracellulaire à localisation cytoplasmique.

C’est un nouveau pathogène qui a pu être identifié lors de mortalités affectant

Litopenaeus vannamei.

Etiologie

Avant cette observation, ce genre a été isolé uniquement dans des fleurs et autres

parties des plantes, dans les intestins et hémolymphes d’insectes variés, dans les résines

des plantes et les insectes qui mangent ces résines. C’est une bactérie avec des flagelles

mobiles caractérisée par la présence d’une hélice.

Le diagnostic clinique et lésionnel

Les crevettes présentent cliniquement des chromatophores en expansion. Les

crevettes moribondes flottant à la surface balancent leur queue à l’aide des uropodes et

regardent vers le ciel.

L’examen histologique révèle des infections bactériennes systémiques, des

crevettes moribondes avec des nécroses modérées ou sévères. Cet examen montre des

réactions inflammatoires systémiques des hémocytes, des formations des nodules

hémocytaires, des phagocytoses. Les organes infectés sont la corde nerveuse ventrale,

les muscles squelettiques, le cœur, la glande antennaire, l’organe lymphoïde et le tissu

connectif. L’hépatopancréas, l’estomac, les branchies et les appendices ne sont pas

atteints. Dans plusieurs cas, il a été observé des cellules nécrotiques présentant des

vacuoles cytoplasmiques de différentes tailles avec une coloration basophile.

Epidémiologie

En janvier 2002, des mortalités sévères sont survenues sur les L. vannamei dans

les fermes d’élevages de crevettes en Colombie et sur les Caraïbes. Spiroplasma spp. est

un pathogène naturel des plantes et des insectes. Elle provoque beaucoup de mortalités

dans les fermes d’élevage des crevettes pénéides (Nunan et al., 2004).

28 

II-3-1-2 Eubactéries

Vibrio spp., Proteus spp. Aeromonas spp., Pseudomonas spp.

Les maladies bactériennes peuvent causer une série de problèmes allant de la

mortalité massive, aux retards de croissance voire aux mortalités sporadiques. Le genre

Vibrio renferme les bactéries pathogènes les plus importantes dans la pénéiculture. Les

Vibrio aquatiques sont des bactéries qui sont largement présentes dans l’eau de mer,

dans l'eau douce, et dans les estuaires marins (Otta et al. 1999a, Otta et al. 2001). Bien

que la plupart des Vibrio spp. soient considérés comme des pathogènes opportunistes,

certains pourraient être pathogènes primaires comme les souches luminescentes en

particulier V. harveyi (Ruby et al., 1978, Yetinson and Shilo, 1979, Orndorff and

Colwell, 1980, Otta et al., 1999a, Otta et al., 2001), ou d’autres souches très virulentes,

telles que Vibrio penaeicida ou Vibrio nigripulchritudo, respectivement responsables du

syndrome 93 et du syndrome d’été en Nouvelle-Calédonie (Mermoud et al, 1998). Ils

peuvent causer de graves mortalités dans les écloseries de crevettes en Asie (Sunaryanto

and Mariam, 1986, Sunaryanto and Mariam, 1987, Lavilla-Pitogo et al., 1990,

Karunasagar et al., 1994).

Etiologie

De nombreux pathogènes Vibrio spp. ont pu être isolés dans les échantillons des

crevettes malades. Ces souches appartiennent aux espèces V. alginolyticus, V. costicola,

V. harveyi, V. splendidus, et V. parahaemolyticus (Duraisamy, 1997). Ce sont des

bactéries Gram négative, oxydase positive. V. parahaemolyticus, V. vulnificus,

Aeromonas spp, et Pseudomonas spp. étaient présentes dans les crevettes pénéides

malades et V. parahaemolyticus, V. vulnificus, V. anguillarum, V. damsela, Aeromonas

spp. et Pseudomonas spp chez les moribondes sur les côtes Sud du Vietnam comme

dans le Delta du Mekong. Le cas de l’infection était de 65% lié à la présence du genre

Vibrio. Les espèces du genre Vibrio et Proteus spp. sont présentes dans 65% de

l’échantillon. (Hao et al., 1997).

En écloserie, les agents les plus fréquemment signalés sont V. parahaemolyticus,

V. alginolyticus, V. harveyi et V. vulnificus. En nurserie et dans les fermes de

grossissement, les agents les plus fréquents sont V. parahaemolyticus, V. alginolyticus,

29 

V. harveyi et V. vulnificus. Les espèces V. damsela et V. fluvialis sont

occasionnellement signalées (Lightner, 2001).

Le diagnostic clinique et lésionnel

Les signes principaux de la maladie sont la coloration rouge au niveau des

segments abdominaux (surtout les quatrième, cinquième et sixième segments) ainsi que

sur les uropodes, une nécrose des antennes secondaires et la réduction de la taille de

l’hépatopancréas par rapport aux crevettes normales. Une mortalité élevée en particulier

chez les post-larves et les juvéniles est observée (Lightner D.V, 1996, Le Groumellec

1997, Le Groumellec, 1995).

L’examen bactériologique montre des infections systémiques bactériennes qui

sont dues à V. parahaemolyticus uniquement (20% de l’échantillon). Les crevettes

moribondes montrent des éclats noirs sur les uropodes, des nécroses sur les péréiopodes

et pléopodes, des uropodes rougeâtres, et des petites taches blanches sur la région

abdominale ou sur l’exosquelette. Vibrio, Proteus spp., Aeromonas spp. et

Pseudomonas spp. sont également trouvées sur les crevettes saines examinées (Le

Moullac et al., 1997).

Epidémiologie

On trouve ces bactéries dans le monde entier et dans toutes les phases d’élevage

mais plus fréquemment en écloserie.

Toutes les espèces de crevettes pénéides en aquaculture sont sensibles à ces infections,

notamment sous l’effet du stress. La plupart des épizooties ont été signalées sur P.

japonicus au Japon, sur P. monodon en Indopacifique et sur L. vannamei en Equateur,

au Pérou, en Colombie et en Amérique centrale. Tous les stades de crevettes sont

touchés par ces bactéries.

Microcoques Gram positif

Les microcoques Gram positif peuvent également être responsables d’infections

chez la crevette. Dans les cas connus, elles apparaissent uniquement à basse salinité, ce

qui déclenche un stress majeur chez les crevettes. Dans le Moyen-Orient, le responsable

est le Lactococcus spp. qui frappe les crevettes L. vannamei. La L. vannamei est aussi

30 

touchée par Micrococcus lors de tests d’infections expérimentales. En Guyane française

et en Amérique du Sud c’est encore la L. vannamei qui est infectée par la maladie.

Peritrichous spp

Les bactéries péritriches ne sont pas à proprement parler des pathogènes pour la

crevette, mais à l’instar des ectoparasites, elles colonisent les branchies des animaux

vivant dans un milieu riche en matière organique, et dont les branchies ne sont pas

nettoyées assez fréquemment. Elles participent donc à l’asphyxie des animaux

lorsqu’elles prolifèrent en grand nombre sur les lamelles branchiales, et colorent ces

branchies en leur donnant un aspect nommé « branchies sales ». Elles sont souvent

associées aux ectoparasites dont elles complètent l’action néfaste.

II-3-2 PATHOGENES BACTERIENS A MADAGASCAR

Les bactéries sont des pathogènes fortement redoutés à Madagascar. Elles

provoquent une forte mortalité surtout en élevage larvaire et même dans les fermes,

entraînant ainsi des pertes importantes pour l’industrie. Ce sont ces pathogènes

bactériens qui sont les plus menaçants tout au long du cycle d’élevage dans la situation

sanitaire actuelle de l’île.

II-3-2-1 Bactéries intracellulaires

RLB: Rickettsia Like Bacterium

La Rickettsia Like Bacterium (RLB) a déjà causé des mortalités sévères dans les

fermes d’élevage à Madagascar.

La RLB est une bactérie intracellulaire, Gram négative, à localisation

cytoplasmique.

Les signes cliniques comprennent des nécroses des carapaces au niveau du

céphalothorax avec des dépôts de calcium sur les crevettes moribondes. Avant la mue,

les hépatopancréas des crevettes moribondes deviennent blanc laiteux mais ne sont pas

atrophiés.

Des crevettes moribondes fixées à Davidson montrent une infection systémique

en examen histopathologique. A la coloration Gram de Twort, l’infection de RLB

31 

affecte, dans l’ordre décroissant de gravité, l’organe lymphoïde et les tissus connectifs,

notamment de l’hépatopancréas.

Les industries d’élevage de P. monodon à Madagascar ont pu observer des

mortalités sévères dans les fermes dues aux infections par RLB durant l’année 1999

dans la région Ouest de Madagascar (Nunan et al., 2003).

II-3-2-2 Eubactéries

Vibrio spp.

Le fameux groupe des Vibrionacés touche effectivement les crevettes élevées à

Madagascar, depuis l’élevage larvaire jusqu’aux fermes crevetticoles.

Le diagnostic lésionnel s’effectue au niveau du laboratoire par des différents

examens, notamment des coupes histologiques avec des colorations spéciales, une

analyse bactériologique par mise en culture des animaux infectés, et éventuellement une

analyse de biologie moléculaire pour déterminer l’espèce bactérienne en cause voire ses

gènes de virulence.

Microcoques Gram positif

Les microcoques impliqués dans des infections de crevettes à Madagascar sont

des bactéries Gram positives. Elles apparaissent uniquement à basse salinité. Cette

bactérie existe à Madagascar et touche en particulier P. monodon. Elle déclenche une

infection systémique foudroyante, qui affecte surtout l’organe lymphoïde de la crevette

et provoque des lésions de nécrose avancée, déclenchant la mort en quelques heures.

Les moribondes peuvent se détecter sur les berges des bassins affectés, et ne présentent

pas de signes cliniques particuliers à part une léthargie très prononcée.

Peritrichous spp.

Ces bactéries sont aussi présentes à Madagascar, comme partout ailleurs dans le monde

32 

 

II-4 LES PATHOGENES DE CREVETTES PENEIDES EN ELEVAGE

LARVAIRE A MADAGASCAR

Les pathogènes qui affectent les crevettes pénéides au cours de leurs stades

larvaires sont assez spécifiques. Outre certains virus comme le HPV, qui semble plutôt

se répliquer durant ces jeunes stades sans affecter les animaux, les lésions les plus

fréquemment rencontrées et provoquant des mortalités sont causées par des

champignons, des ectoparasites et des bactéries.

II-4-1 Les champignons

Les champignons sont des germes ubiquistes, donc Madagascar n’est pas

exempte en particulier durant les stades larvaires. A cette étape du cycle de vie, il

n’existe que deux genres de germes fongiques qui affectent l’espèce P. monodon. Ce

sont les genres Lagenidium spp. et Sirolpidium spp.

Lagenidium spp et Sirolpidium spp

Lagenidium spp. et Sirolpidium spp. affectent les crevettes jeunes au début de

leurs stades de vie. Lagenidium spp. est observée très tôt, elle affecte les stades

nauplius, zoé et mysis. Tandis que Sirolpidium spp. est observée un peu plus tard en

général, elle affecte les stades mysis avant la métamorphose en post-larve (mysis 3), et

les premiers stades de post-larves (post-larve de premier et deuxième jours surtout).

II-4- 2 Les parasites

On trouve des parasites partout, dans l’air, sur terre et dans l’eau (en eau douce

et en eau de mer). Les protozoaires comme Zoothamnium spp. et les autres parasites

externes sont des pathogènes qui vivent dans l’eau. Ils affectent les espèces aquacoles à

tous les stades y compris les crevettes en stades larvaires.

Zoothamnium spp et autres parasites externes

En élevage larvaire, le Zoothamnium spp. et autres parasites externes touchent

les crevettes en stade mysis. Et il s’observe jusqu’en nurserie.

33 

 

Durant cette expérience, le Zoothamnium spp. et autres parasites ont observé à

partir du stade mysis 3 surtout, dans l’eau et sur les crevettes. Et elles sont de plus en

plus abondantes dans le bac d’élevage si aucune action n’est entreprise. Les post-larves

montrent des branchies sales dues à la présence de ces protozoaires, et qui se traduisent

éventuellement par une léthargie. Les crevettes deviennent anorexiques. Ces parasites

arrivent à obstruer les branchies des crevettes qui sont alors en souffrance, s’agitent

beaucoup et meurent rapidement par asphyxie.

II-4-3 Les bactéries

Les germes bactériens sont trouvés partout dans l’environnement. Ils peuvent

être bénéfiques pour l’organisme autant qu’ils peuvent être pathogènes directs (agent

étiologique) ou opportunistes. Pour ces cas, la pénéiculture n’est pas épargnée. Elle

présente ces trois formes d’action des bactéries, même en élevage larvaire. En ce stade

d’élevage, les bactéries du genre Vibrio et apparentées, causent de nombreux problèmes

aux éleveurs dans le monde, et à Madagascar comme partout ailleurs dans le monde.

Vibrio spp.

En élevage larvaire, ce sont surtout les infections dues aux souches vibrionacées

qui sont les plus redoutables et menacent les stades larvaires. Ces infections frappent

fréquemment aux stades zoé 2 et zoé 3 où les bactéries sont en prolifération massive

surtout les souches vertes luminescentes qui sont les souches les plus pathogènes pour

les larves de crevette parmi le genre Vibrio.

Les bactéries du genre Vibrio provoquent des lésions caractéristiques, par

exemple des antennes tordues ou dite communément nécrose de la seconde antenne, des

pléopodes grisâtres (pattes grises ou nécrose sur pattes), des segments rougeâtres

(nécrose sur corps) et également des uropodes rougeâtres. Mais les larves et post-larves

deviennent de plus en plus résistantes à la maladie au fur et à mesure qu’elles

grandissent, même si les souches pathogènes sont en prolifération dans le milieu. Sauf

en cas de stress des crevettes, où même les souches non spécifiquement pathogènes

opportunistes peuvent causer des infections.

 

DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES

34 

 

I-Contexte de l’étude

I-1 Description de l’élevage larvaire de Mifoko (cf. Annexe V)

La partie expérimentale de cette thèse s’est déroulée dans l’élevage larvaire de

Mifoko, situé au nord de la baie de la Mahajamba et au sud de la baie de Moramba. Ce

centre est la propriété de la société Aqualma.

• Situation géographique et climatique

Localisé à 15°07'01.16" de latitude Sud et 47°05'49;56" de longitude Est, le site

d’Ambatomifoko (dit Mifoko) est construit dans une zone de clairière, au sein d’une

forêt primaire sèche typique de la côte ouest malgache. Le pompage s’effectue dans une

zone d’eau très claire, entourée de massifs coralliens. Les effluents sont contrôlés et

traités de manière à ne générer aucune pollution organique ou chimique du milieu

environnant.

• Description des installations

Les infrastructures sont pour l’essentiel constituées de serres contenant de grands bacs

en fibre de verre, dans lesquels les animaux sont élevés en conditions physico-

chimiques contrôlées.

Les larves sont élevées dans des bacs d’élevage larvaire elliptiques, maintenues en

suspension dans la colonne d’eau par un système d’aération continu. Les post-larves

sont quant à elles élevées dans des bacs de nurserie, de forme rectangulaire, dès qu’elles

atteignent leur stade benthique (soit à partir du cinquième jour du stade post-larve).

• Production et importance économique du site

Ce site a une capacité de production théorique de 350 millions de post-larves par an, et

est progressivement devenu le seul centre de production d’Aqualma, pour ses deux

fermes de Mahajamba et de Besalampy. Il reçoit uniquement des nauplii provenant du

Centre de Domestication de Moramba, lequel ne produit qu’à partir de géniteurs au

niveau sanitaire maîtrisé, nommés « Specific Pathogen Free ». Cela permet à la société

de produire.

35 

 

I-2 Les techniques d’élevage larvaire des pénéidés

Les phases larvaires étant toutes planctoniques, leur alimentation se réalise dans

la colonne d’eau. Des algues phytoplanctoniques et des aliments composés leur sont

distribués jusqu’aux stades Mysis, auxquels des proies vivantes sont progressivement

rajoutées, pour suivre les métamorphoses larvaires durant lesquelles l’animal devient

carnassier. Les algues microscopiques, consommées aux jeunes stades périclitent par la

suite en générant une matière organique importante qui se dépose au fond des bacs

d’élevage et peuvent servir de substrat aux agents pathogènes. De même les fèces et les

proies vivantes ou les aliments composés non consommés, où les flores bactériennes

sénescentes se déposent sur les parois du bac en formant des biofilms complexes dans

lesquels de nombreux organismes saprophytes se développent. Ces changements

brutaux de régime alimentaire dans des périodes de temps très courtes génèrent une

évolution rapide de la flore bactérienne, qui peut se déséquilibrer facilement.

Ce sont ces déséquilibres qui doivent être maîtrisés autant que faire se peut, car des

agents pathogènes opportunistes peuvent en profiter pour se développer aux dépens des

stades larvaires, dont la physiologie est simpliste et qui ne possèdent que peu de

mécanismes de défense. Il est donc essentiel pour les performances d’élevage de

concevoir des outils de contrôle adaptés à la détection précoce d’un déséquilibre du

milieu.

I-3 Les moyens de contrôle des élevages larvaires et de leur état sanitaire

• Les contrôles des paramètres physico-chimiques mesurés quotidiennement sont

la température, la salinité, l’oxygène dissous, le pH.

• Les analyses du niveau sanitaire des élevages :

Les observations à l’œil nu du comportement des larves permettent de constater

qu’elles se déplacent normalement dans leur milieu de vie, et qu’elles s’alimentent

correctement. Il est aussi facile de repérer ainsi des comportements cannibales des

animaux. Elles sont complétées par des observations à la loupe binoculaire, qui permet

d’observer les organes de l’animal par transparence, et notamment les appendices, les

branchies, l’hépatopancréas et le tractus digestif. Toute observation d’un tissu anormal

est enregistrée, et quantifiée (en pourcentage du nombre de larves présentant ces lésions

36 

 

par rapport au nombre de larves observées). Il est possible d’observer des symptômes

d’attaque bactérienne, telles que les pattes grises ou les nécroses internes, même si les

analyses bactériennes sont conformes. En effet, certaines bactéries pathogènes ne vont

pas cultiver sur un substrat inerte. C’est le cas notamment pour des souches du genre

Vibrio, qui possèdent souvent des formes « viables non cultivables ». C’est pourquoi il

est essentiel de savoir reconnaître des signes cliniques précoces d’attaque bactérienne,

ce qui permet de mener les actions nécessaires en temps et heure.

L’analyse bactériologique a pour objectif d’évaluer grâce à des indicateurs

prédéfinis si la flore bactérienne des élevages est conforme aux standards ou non.

Classiquement, on recherche la flore vibrionacée, pour la comparer à la flore totale.

C’est pourquoi nous utilisons le milieu de culture sélectif TCBS, qui permet d’inhiber

les flores mésophiles non vibrionacées (ou apparentées), notamment par les sels

biliaires qu’il contient. Nous distinguons classiquement plusieurs compartiments de

flore, qui doivent rester dans des proportions définies en fonction des stades de

développement larvaires pour que l’environnement des élevages larvaires reste adéquat :

le premier compartiment est constitué des flores « TCBS jaunes » correspondent à

l’ensemble des bactéries capables de dégrader le saccharose en acides, ce qui fait virer

l’indicateur coloré présent dans le milieu du vert au jaune. Ces souches sont en général

inoffensives pour les crevettes en élevage. Le deuxième compartiment est constitué des

flores « TCBS vertes », qui sont incapables de dégrader le saccharose. Celles-ci

contiennent des souches qui peuvent devenir pathogènes pour les crevettes dans

certaines circonstances. Il est normal qu’une certaine proportion de la flore bactérienne

soit constituée de souches « TCBS vertes », mais leur prédominance dans le milieu

signe un déséquilibre de celui-ci, et par conséquent un risque accru d’apparition de

souches pathogènes pour les larves. Enfin, il est important de détecter les souches

luminescentes, et de déterminer leur proportion par rapport aux souches non

luminescentes. En effet, la luminescence est directement liée à un mécanisme de

communication entre les bactéries nommé le « Quorum Sensing ». L’augmentation de la

proportion de souches luminescentes est corrélée avec le fait que la flore bactérienne

atteint une phase de développement plateau et commence à manquer de sources

37 

 

énergétiques. Les mêmes molécules qui activent la luminescence des souches activent

également des facteurs de virulence, ce qui permet aux bactéries de devenir pathogènes

pour les larves, et donc de retrouver un substrat sur lesquelles elles peuvent se

développer. Il est donc important de ne pas laisser les souches luminescentes s’installer

comme la flore prédominante dans les bacs d’élevage. C’est pourquoi ces trois

compartiments de flore sont suivis quotidiennement et déclenchent des actions

préventives ou curatives en fonction des seuils atteints, ou de leurs proportions relatives.

L’analyse histologique confirme les observations visuelles à l’œil nu ou au

microscope, ainsi que les analyses bactériologiques effectuées. Elle permet de mettre en

évidence des infections bactériennes ou parasitaires avérées, et de mieux en évaluer la

gravité par rapport à la simple observation in vivo. Elle est donc indispensable à une

analyse sanitaire complète des élevages.

38 

 

II- OBJECTIFS ET INTERETS

L’objectif de cette étude est d’évaluer l’intérêt de l’utilisation en élevage larvaire

d’un probiotique commercial, dénommé « Aquaculture Therapy », afin de diminuer la

nécessité de traitement en antibiotique voire de la supprimer si possible, en améliorant

par son usage les conditions du milieu d’élevage afin que les crevettes puissent mieux

résister aux pathogènes.

Il s’agit donc de limiter les infections bactériennes par la prévention, et

notamment par l’amélioration du milieu. L’intérêt de l’étude est de progresser dans la

connaissance du déclenchement des infections bactériennes en élevage larvaire de

crevettes pénéides, et de tenter de maîtriser celles-ci sur les stades précoces de

l’élevage. Et l’étude pourrait enfin permettre à terme d’éviter l’utilisation

d’antibiotiques, car c’est à ce stade que les éleveurs y ont le plus fréquemment recours,

même si les quantités utilisées sont très faibles en général.

Lors de cette étude, les signes de la présence des infections bactériennes

apparaissent en général aux stades zoé 2 et zoé 3. A ces stades, les crevettes sont

facilement infectées et la maladie peut causer beaucoup de mortalités. Et nous avons

également pu observer des nécroses internes au niveau du tube digestif, qui perd alors

son péristaltisme, ce qui diminue l’absorption d’aliment et la métabolisation de ceux-ci

par les larves infectées. Quand ces symptômes apparaissent, les larves de crevettes n’ont

plus aucune chance de survivre, et l’objectif est de limiter rapidement le nombre de

larves touchées par l’infection.

39 

 

III- MATERIELS ET METHODES

AQUALMA suit de près sa production crevetticole, surtout par le contrôle

bactériologique, en amont du cycle de la production jusqu’en aval. C'est-à-dire que le

contrôle a commencé depuis les géniteurs sauvages capturés avant la phase de

domestication jusqu’à l’importation des produits finis dans les pays consommateurs. Ce

niveau de maîtrise est important, car même si les bactéries sont des germes pathogènes

banaux, elles peuvent provoquer des mortalités massives, surtout en élevage larvaire, et

peuvent se retrouver également sur les produits finis (bien qu’il ne s’agisse en général

pas des mêmes espèces, et en tous cas pas des mêmes souches qui affectent l’homme et

la crevette). De même, de nombreuses observations des larves sont pratiquées tous les

jours, pour détecter le plus petit signe d’apparition d’un problème d’élevage, quel que

soit sa nature. C’est grâce à ce système de contrôle permanent et au management de la

qualité utilisant l’ISO 9001 version 2000 que les performances de l’écloserie sont

maintenues voire améliorées de manière continue. Nous avons appliqué ces outils de

contrôle à la comparaison entre un élevage standard en petit volume avec un autre

élevage en conditions similaires, excepté l’application du probiotique « Aquaculture

Therapy».

40 

 

Tableau I : Protocole pour le test d’efficacité du produit Aquaculture Therapy

LOT N° 1 2 3 4 5

BAC N° 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22

VOLUME DU BAC 1,5M3 1,5M3 1,5M3 1,5M3 1,5M3 1,5M3 1,5M3 1,5M3 1,5M3 1,5M3

NOMBRE DE NAUPLII ENSEMENCEMENT PAR

LITRE 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200

ALIMENT

DOSE ET TYPE SELON LE PROTOCOLE D'ELEVAGE

PROBIOTIQUE

1ère DISTRIBUTION 6H après passage en Zoé1 NON 6H après passage en Zoé1

FREQUENCE DE DISTRIBUTION SELON LE PROTOCOLE CLASSIQUE

SELON LE PROTOCOLE CLASSIQUE

DOSE

ANTIBIOTIQUE

DOSE SELON LE PROTOCOLE CLASSIQUE

NON NON

SELON LE PROTOCOLE CLASSIQUE

FREQUENCE SELON LE PROTOCOLE CLASSIQUE

SELON LE PROTOCOLE CLASSIQUE

AQUACULTURE THERAPY

1ère DISTRIBUTION 6H après passage en Zoé1 A partir Zoé3 6H après passage en Zoé1

DOSE 5ppm à augmenter en cas de nécrose interne NON

FREQUENCE 4fois/jour à augmenter en cas de nécrose interne

SUIVIE BACTERIOLOGIQUE

SELON LE PROTOCOLE CLASSIQUE

AUTRES

SELON LE PROTOCOLE CLASSIQUE

41 

 

Booster 13 et 14: probiotique avec Aquaculture Therapy, distribution 6h après passage

Zoé 1, traité à l’antibiotique.

Ce lot n°1 a reçu le probiotique classique et l’Aquaculture Therapy. La distribution de

ce dernier est 6 heures après passage en Zoé1 en raison de 5 ppm. Il est traité à

l’antibiotique lorsque les larves observées ont de nécrose interne.

Booster 15 et 16 : probiotique à distribuer 6h après passage Zoé 1, avec Aquaculture

Therapy distribué à partir de stade Zoé 3, traiter à l’antibiotique.

Ce lot n°2 a reçu le probiotique classique et l’Aquaculture Therapy. La distribution de

ce dernier est 6 heures après passage en Zoé3. Il est traité à l’antibiotique lorsque les

larves observées ont de nécrose interne.

Booster 17 et 18 : probiotique avec Aquaculture Therapy, distribution 6 h après passage

Zoé 1, le traitement adapté est Aquaculture Therapy mélangé avec des microparticules

en cas de nécrose interne.

Ce lot n°3 a reçu le probiotique classique et l’Aquaculture Therapy. La distribution de

ce dernier est 6 heures après passage en Zoé1. Le traitement adapté est Aquaculture

Therapy mélangé avec des microparticules en cas de nécrose interne afin que les larves

ingèrent l’Aquaculture Therapy en même temps que les microparticules.

Booster 19 et 20 : Aquaculture Therapy distribué après passage Zoé 1, traité à

l’Aquaculture Therapy mélangé avec des microparticules en cas de nécrose interne.

Ce lot n°4 n’a reçu que l’Aquaculture Therapy. En cas de nécrose interne le traitement

adapté est la distribution de l’Aquaculture Therapy mélangé avec des microparticules.

La dose et la fréquence distribution de l’Aquaculture Therapy sont à augmenter lors de

cette lésion.

42 

 

Booster 21 et 22 : témoin, probiotique distribué après passage Zoé 1, sans Aquaculture

Therapy, traité à l’antibiotique.

Ce lot n°5 représente le lot témoin. La distribution de probiotique s’effectue après

passage en Zoé 1. Il ne contient pas l’Aquaculture Therapy et le traitement fait appel à

l’antibiotique seulement. C’est le protocole d’élevage classique.

III-1 LES PROBIOTIQUES Y COMPRIS AQUACULTURE THERAPY

Les probiotiques contiennent des souches des bactéries qui appartiennent toutes

au genre Bacillus (B. subtilis, B. licheniformis, B. megaterium, B. pumilis), qui ont été

pré-sélectionnnées et dont la quantité par millilitre de produit est dépasse les 100

millions (cf. Annexe VI).

Ces Bacilles jouent à la fois un rôle probiotique et immunostimulant des

animaux en aquaculture. Ainsi ces bactéries de souches probiotiques aident les animaux

contre les agressions bactériennes provoquées par les bactéries pathogènes comme les

Vibrio harveyi, Vibrio parahaemolyticus, Vibrio anguillarum et Vibrio vulnificus, qui

causent beaucoup de mortalité en élevage larvaire et dans les fermes de crevettes.

Dans cette présente étude comme nous avons décrit en haut, il existe deux types

de probiotiques qui sont le probiotique classique utilisé habituellement en élevage

larvaire et l’Aquaculture Therapy qui est l’objet de notre étude.

Le probiotique classique est cultivé quotidiennement pour la distribution

journalière à fréquence régulière. Donc la culture se fait tous les jours. Parce que nous

savons que les bactéries ont un pic de croissance en huit heures et qu’au delà de cette

durée, les bactéries atteignent une phase de sénescence. Alors la distribution de

probiotique doit tenir compte de cette caractéristique des bactéries pour obtenir le

43 

 

résultat souhaité. Il fait partie du protocole normal appliqué à Mifoko, et est utilisé dans

l’ensemble des expériences, excepté pour le lot N°4 (boosters 19 et 20).

Quant à l’Aquaculture Therapy, la fréquence de distribution pour les bacs

d’élevage avec des animaux sains est de quatre fois par jour avec une dose 5ml/m3 par

booster. C’est pour la prévention de la maladie, conformément aux indications

apparaissant sur le mode d’emploi fourni par le fabricant.

La dose et la fréquence de distribution de l’Aquaculture Therapy sont à augmenter

lorsqu’il y a des animaux montrant le signe de nécrose interne. La distribution se fait

alors toutes les deux heures de temps à la dose de 6 ml/m3, comme c’est le cas par

exemple pour le lot n°3 (boosters n°17 et 18) qui est traité uniquement en Aquaculture

Therapy, donc sans antibiotique et 10ml/m3 par booster pour le lot n°4 (boosters n°19 et

20) qui ne reçoit que de l’Aquaculture Therapy durant toute l’expérience.

Durant cette étude, nous avons souhaité tester deux voies d’administration différentes

de l’Aquaculture Therapy. Les lots N°1, 2 et 3 permettent de tester son action dans le

milieu d’élevage, que ce soit dans un but préventif et/ou dans un but curatif. Le lot N°4

permet d’évaluer la capacité de l’Aquaculture Therapy à coloniser l’intérieur du tube

digestif des larves et à traiter de manière curative une infection bactérienne naissante.

Pour ce faire, lors de l’apparition des nécroses internes, l’Aquaculture Therapy est

mélangé avec un aliment larvaire liquide pour avoir une meilleure ingestion de produit

afin de renforcer la flore intestinale des larves.

III-2 OBSERVATION DES LARVES

L’élevage larvaire des crevettes pénéides consiste à élever les larves de crevettes

Penaeus monodon, venant du centre de domestication de Moramba, dans une eau

thermo régulée, dont la salinité est également étroitement contrôlée. Elles sont

alimentées par des algues planctoniques, des microparticules d’aliments composés et

des proies vivantes comme les artémias (au stade nauplii). La répartition varie en

fonction des stades larvaires, qui passent progressivement du régime herbivore (stade

44 

 

Zoé) au régime carnivore (de Mysis 1 aux stades post-larves). La qualité du milieu

d’élevage est préservée par de fréquents changements d’eau filtrée et stérilisée à l’aide

de radiations d’ultra-violets, et de l’ajout éventuel de souches bactériennes connues et

inoffensives pour les animaux et les hommes, nommées probiotiques.

Cette expérience est effectuée dans un Booster rempli d’eau de mer d’un volume

de 1,5 m3 ensemencé à une densité de 200 nauplii par litre. La surveillance de la

température d’élevage, à l’aide du thermoplongeur, est régulière ainsi que celle du pH

du milieu, par un pH-mètre, et que l’état sanitaire des larves et des post-larves qui

s’effectue dans le bac d’élevage à l’état vivant, de l’observation microscopique et de

suivie bactériologique des broyats des larves et post-larves. La salinité de l’eau est

également surveillée régulièrement à l’aide d’un salinomètre.

Pour réaliser l’observation visuelle dans les bacs d’élevages et l’observation

microscopique, il est nécessaire de connaître la morphologie des crevettes à l’état vivant

des différents stades des larves et les post-larves, ainsi que les étapes respectives de ces

stades.

Stade nauplii

Les nauplii à différentes étapes sont tous en forme d’araignée. Elles sont faciles

à reconnaître.

Stade zoé

Les zoés muent trois fois avant d’être en stade mysis. Les étapes respectives sont

zoé1, zoé2 et zoé3. Le déplacement des zoés sont vers l’avant.

Les zoé1 ont des ébauches oculaires non ouvertes. Les zoé2 ont des yeux bien ouverts

par rapport à zoé1. On observe ces larves partout dans le bac, c'est-à-dire que se soit en

surface ou en milieu du bac. Par contre les zoé3 sont plutôt à la surface du bac,

contrairement à l’étape précédente. Elles possèdent tous une épine dorsale.

45 

 

Stade mysis

Les mysis muent trois fois aussi comme le stade zoé. Mais elles se déplacent

vers l’arrière et sont généralement en position verticale dans l’eau, la tête vers le bas.

On différentie ces différents stades par la taille. Elles s’agrandissent au fur et à mesure.

Les étapes sont respectivement de mysis 1 à mysis 3.

Mysis 1 se différencie par ses uropodes bien différenciés et elles ont des

ébauches de pléopodes. En se déplaçant, leur tête se dirige vers le bas. En mysis 2, on

observe une double antenne qui n’existe pas encore à l’étape précédente. Les pléopodes

commencent à s’élargir. Et les mysis 3 ont des pléopodes de plus en plus visibles.

Les post-larves

Les post-larves se déplacent vers l’avant comme le stade zoé. Tous les

appendices sont complets comme des crevettes adultes. Dès le passage en post-larve, on

fait un décompte journalier pour déterminer leur âge.

III-2-1 Observation visuelle des larves

L’observation visuelle est indispensable durant l’élevage et se déroule dans les

bacs. Elle consiste à observer le comportement des larves et post-larves, c'est-à-dire le

déplacement et la mobilité, le stade d’évolution, et les signes cliniques éventuels des

larves et post-larves de crevettes. Pour mieux visualiser les animaux à l’état vivant, on

pratique un prélèvement dans le bac à l’aide d’un bécher. Les échantillons sont prélevés

au plus près des bulles d’air provoquées par l’aération, soit à la surface de l’eau soit au

fond du bac selon les stades de développement, qui sont planctoniques au stade larvaire

et deviennent benthiques aux stades post-larves , afin d’avoir le maximum d’échantillon

dans 1 Litre d’eau. Les matériels de prélèvement sont stérilisés dans de l’eau chlorée.

46 

 

Durant ce stade d’élevage, les larves et les post-larves sont régulièrement

comptées. Le comptage consiste à déterminé la survie des animaux. Il se réalise à l’aide

d’un bécher et que le prélèvement se réalise comme tous les prélèvements effectués

pour le différent niveau de contrôle. Les animaux sont comptés par ses différents états,

la mobilité, les faibles, les morts et les stades des animaux dans le même bécher qui

représente le bac. Les animaux dans un même bac ne sont pas forcément du même stade

lors du comptage par ce que la mue se fait progressivement. Le comptage s’effectue

plusieurs fois par jours afin de mieux surveiller l’élevage.

III-2-2 Observation microscopique des larves

Durant l’élevage larvaire les larves et les post-larves sont observées

régulièrement au microscope binoculaire. L’observation microscopique consiste à

examiner les signes cliniques des larves et post-larves, leur croissance et leur

développement. Le prélèvement pour le diagnostic clinique se fait de la même manière

que ceux pour l’observation visuelle. Lors de l’apparition des lésions on applique

l’action corrective nécessaire, qui varie selon la lésion observée. Les lésions sont

différentes et leur apparition dépend du stade de développement des crevettes.

Les larves prélevées pour l’observation sont tamisées dans des pots plastiques

pour dégager l’eau et mises sur un verre de montre que l’observateur met sur la plaque

lumineuse du microscope binoculaire. Lors de l’observation, les larves mortes ou

faibles ou présentant des lésions sont faciles à observées.

L’observation microscopique s’effectue plusieurs fois par jour pour pouvoir

observer à temps les anomalies et les lésions associées et d’avoir une bonne suivie de

croissance des animaux.

47 

 

III-3 ANALYSE BACTERIOLOGIQUE

III-3-1 Définition et objectifs

La bactériologie est l’étude des bactéries. L’analyse bactériologique en élevage

larvaire débute par le contrôle bactérien de l’eau de remplissage du bac d’élevage et des

nauplii venant du centre de domestication et de l’écloserie de Moramba propriété

d’Aqualma. Elle a pour objectif de quantifier les charges bactériennes apportées par

l’eau de l’élevage, par l’animal et tout ce qui est relatif à l’élevage ; par les aliments et

les matériels utilisés. En général, l’analyse bactériologique en élevage est un outil de

contrôle, un indicateur de l’état sanitaire global de l’animal et du fait que l’élevage se

passe normalement. Le suivi bactériologique de l’élevage larvaire se fait au laboratoire

de contrôle qualité du site de production.

III-3-2 Prélèvement des échantillons

Il consiste à prélever les échantillons dans un litre d’eau. Le prélèvement des

échantillons se fait par la même technique que les échantillons de suivi d’élevage.

Les animaux prélevés sont tamisés dans un pot plastique propre à chaque bac

représentatif.

III-3-3 La culture bactérienne

Les crevettes récoltées sont broyées sur un verre de montre stérile à l’aide d’un

pilon. On y ajoute 10 ml d’eau de mer stérile dont la salinité correspond à celle du bac

d’élevage larvaire d’origine, et on obtient ainsi une solution mère qui est diluée au 1/10.

Pour la famille des Vibrionacés, on utilise comme milieu de culture le

Thiosulfate Citrate Bile Sucrose agar (TCBS), qui est un milieu sélectif conçu

notamment pour sélectionner et isoler les bactéries du genre Vibrio (bien que des

bactéries appartenant à d’autres genres puissent y pousser, et que certains vibrions ne le

puissent pas).

48 

 

L’ensemencement se fait en surface à raison de 0,1 ml par boite de Pétri, et on

étale cette suspension bactérienne sur toute la surface de la boite contenant le milieu

TCBS. La fréquence du prélèvement suivie de l’ensemencement dépend du stade des

larves et des post-larves de crevettes.

Pour l’estimation de la charge en Flore Mésophile Totale (FMT), on utilise du

Marine Agar 2216E, l’ensemencement se fait généralement dans la masse à raison de

0,1 ml dans un agar en surfusion, versé ensuite immédiatement dans la boite de Pétri et

refroidi rapidement.

III-3-4 La lecture des colonies bactériennes

La lecture des bactéries isolées se fait par dénombrement des colonies bactériennes

poussées dans la boite de Pétri après 24 heures d’incubation à la température adéquate

dans un étuve.

• Le dénombrement des Vibrionaceae

Après l’incubation de la boite de Pétri pendant 24 heures dans l’étuve à 30°C, les

colonies qui poussent à la surface de la boite sont observées, identifiées, distinguées les

unes des autres par leur couleur, leur forme, leur contour, leur taille et leurs

caractéristiques. Le comptage de chaque type de colonie est réalisé suivant les critères

prédéterminés (voir tableau n° 1).

49 

 

Tableau II : Critères de lecture des bactéries de la famille Vibrionaceae

Couleur Caractéristique Taille Contour Forme

Jaune

Verte

Jaune-verte

Claire

Laiteuse

Foncée

Point noir

Point jaune

Petite

Moyenne

Grosse

Irrégulier

Régulier

Plate

Pointue

Mamelonnée

Bombée

• Le dénombrement de la Flore Mésophile Totale

La technique de dénombrement est la même que sur TCBS, mais la lecture se

fait en deux temps. La première est après incubation à 30°C pendant 24 heures de la

boite de Pétri à l’étuve et la seconde est après 24 heures supplémentaires à la

température de la salle de travail.

• L’identification des souches bactériennes

• Cette technique n’est utilisée que lorsqu’un agent pathogène bactérien est

clairement identifié. C’est le cas lorsque l’on observe une dominance nette d’un type de

colonies sur les boites de Pétri. Les colonies sont alors isolées, et une suspension

bactérienne en eau salée à la concentration de 10 ppt est réalisée. Afin de réaliser une

identification biochimique, nous utilisons des galeries API 20E. Les cupules sont

remplies comme l’indique le mode d’emploi à l’aide de la suspension bactérienne, et la

galerie est mise à incuber à la température de l’élevage larvaire, en général 30°C. La

lecture se fait conformément au mode d’emploi, et à l’aide du catalogue des souches

types API 20E et des réactions biochimiques attendues. Par contre, lorsqu’aucune

souche bactérienne n’apparaît dominante sur les milieux de culture, il est communément

admis qu’il n’y a pas d’agent pathogène véritable, mais plutôt des pathogènes

opportunistes appartenant à de nombreuses espèces de Vibrio. Il est également possible

50 

 

que certains Vibrio ne se cultivent pas bien sur TCBS, comme c’est par exemple le cas

pour Vibrio penaeicida, mais dans ce cas la dominance reste visible sur le milieu

Marine Agar 2216, et c’est à partir de ce milieu que sont réalisées les identifications.

IV ANALYSE HISTOLOGIQUE

IV-1 Définition et Objectifs

L’histologie est l’étude microscopique des tissus vivants. En crevetticulture,

l’analyse histologique a pour objectif de caractériser morphologiquement les tissus

normaux. L’histopathologie est alors définie comme la science qui permet de

reconnaître des lésions anatomopathologiques. Il s’agit d’observer le changement ou la

déformation d’état de la cellule par rapport à son état normal. Pour cela on utilise des

colorations de routine Hématoxyline-Eosine (H&E) et des colorations spéciales suivant

la maladie suspectée.

IV-2 La technique histologique

La technique histologique utilisée au Laboratoire Central d’AQUALMA est

celle décrite par le Professeur Donald V. Lightner adaptée aux crustacés (Lightner,

1996).

51 

 

Diagramme général

Prélèvement des échantillons

Fixation et immersion

Inclusion de paraffine

Mise en bloc

Coupe et Montage sur lame

Coloration

Observation microscopique

Figure I: Diagramme d’étude histologique

IV-2-1 Prélèvement des échantillons

C’est l’étape préliminaire mais essentielle pour l’étude histologique, car elle

détermine le pool d’un échantillon d’un bac d’origine. Les échantillons sont prélevés au

plus près de l’ébullition d’aération soit à la surface de l’eau soit au fond du bac selon les

stades larvaires à l’aide du bécher. Le nombre de crevettes fixées est variable suivant

l’âge des animaux (Voir Tableau n°2).

IV-2-2 Fixation et immersion

La fixation est la base de l’étude histologique. Elle a pour rôle de préserver la

structure de la cellule telle qu’elle était à son état vivant, et fige les structures dans un

état stable et analysable. Pour l’analyse histopathologique des crevettes, la solution

Davidson AFA est la plus adaptée (Humason, 1972).

52 

 

La solution de Davidson conserve la structure morphologique de la cellule grâce

à sa composition :

Ethanol absolu 315 ml

Formaldéhyde 37 – 40% 200 ml

Acide acétique (solution aqueuse) 115 ml

Eau distillée 350 ml

La méthodologie de fixation dépend essentiellement de l’âge (Tableau n° 2) et

du poids de l’animal (tableau n° 3).

Depuis les stades nauplii, Zoé, Mysis et jusqu’au stade de post-larve de

cinquième jour ou P5, après la collecte, les crevettes sont directement immergées dans

la solution fixatrice. Et à partir de P6, il faut injecter le fixateur Davidson dans les tissus

de l’animal de part et d’autre du céphalothorax pour éviter l’autolyse, puis de l’abdomen

avant de les plonger dans la solution fixatrice Davidson.

Figure II : Fixation

53 

 

Figure III : Immersion

La durée de la fixation est également fonction de l’âge de l’animal. Le volume

de la solution Davidson doit toujours être 10 fois supérieure au volume de l’animal à

fixer (Redman et al., 1999).

L’immersion est l’étape qui succède à la fixation. C’est un mode de conservation

des animaux pour une durée indéterminée. Il s’agit de garder les animaux fixés dans une

solution d’éthanol de 50° à 70° (Bell and Lightner, 1988).

54 

 

Tableau III: Méthode de fixation en fonction de l’âge

Durée de fixation en fonction de l’âge

Stade Durée en heures

Nauplii-Zoé 12

Mysis 12 à 24

PL < 10 24

P10< PL < P20 24

P20< PL < P25 24 à 32

PL < 25 24 à 32

Juvéniles 48

Pré-adultes En fonction du poids

Géniteurs

Petits organes (tube digestif, gonades) 30

Demi-tête 48 à 50

Tête entière 72

Tableau IV: Méthode de fixation en fonction du poids

Durée de fixation en fonction du poids

Poids en gramme Durée en heures

0,5 < x < 5 12 à 24

5 < x < 30 24 à 48

30 < x < 60 60

60 x < 90 72

> 90 96

55 

 

Tableau V: Nombre d’animaux fixés en élevage larvaire

Age de l’animal Nombre prélevé Nombre par cassette

P5 100 15 à 18

P15 50 12 à 15

P20 25 10 à 12

P25 25 8 à 10

IV-2-3 Dissection et mise en cassette

La mise en cassette consiste à mettre les échantillons dans une microcassette. Le

nombre d’animaux mis en cassette dépend de la taille de ceux-ci. Si l’animal est gros, il

faut couper entre le premier et le deuxième segment puis réaliser une dissection

longitudinale pour faciliter les opérations suivantes. Il est à noter que la partie disséquée

doit être mise face contre la base de la cassette systématiquement, afin de pouvoir

automatiser les opérations.

56 

 

Figure IV : Diagramme de dissection

 

 

 

 

 

Dissection du céphalothorax

 

 

 

 

 

Céphalothorax disséqué

57 

 

Figure V : Mise en cassette

IV-2-4 Paraffination

La paraffination a pour but d’infiltrer de la paraffine liquide, portée à plus de

54°C, à l’intérieur de l’animal mis en microcassette afin que celui-ci s’imbibe de cette

substance et puisse se solidifier lorsque la température sera descendue aux environ de

25°C, et que la pièce puisse donc se couper aisément.

.

Procédure de paraffinage

Les pièces fixées subissent une phase de déshydratation classique, suivie d’une

imprégnation puis d’une inclusion en paraffine, selon la méthode décrite par Gabe

(1968) et adaptée aux crustacés (Lightner 1995).

Au Laboratoire Centrale, nous utilisons une machine à paraffinage automatique

de type Tissue-TEK VIP 1000. On met les pièces à l’intérieur d’un panier et l’ensemble

58 

 

est porté dans une chambre étanche à l’intérieur de la machine. Cette machine selon un

programme comprend 14 étapes, dont 8 étapes contenant de l’alcool de différents degrés

respectivement 70°, 80°, 90°, puis 100°, ensuite 2 stations de solution d’imprégnation

contenant du xylène ou « Safety Solve » (substitut du Xylène) et enfin 4 dernières

stations de paraffine liquide (car maintenue à 60°C).

Les 8 premières stations ont pour rôle de déshydrater les pièces en augmentant

progressivement le degré d’alcool dans les pièces, ce qui diminue leur concentration en

eau, puis les 2 suivantes à la déshydratation totale et les 4 dernières contiennent la

paraffine pour l’inclusion de la pièce. La durée de chaque station est d’une heure.

IV-2-5 Mise en bloc

Cette étape sert à fixer physiquement les pièces paraffinées dans un bloc de

paraffine solide. Elle est réalisée dans un moule métallique d’une dimension de 2,5 cm

par 3, 4, 5 cm voire plus, à l’aide d’une machine Tissue-Tek TEC. La machine

comprend une petite plaque à froid, trois petites plaques chaudes, un plateau froid et un

récipient contenant de la paraffine chaude à 60°C.

La procédure est comme suit : on met un peu de la paraffine liquide dans le

moule, on range les pièces d’une cassette sur ce lit de paraffine, en les alignant et en les

pressant pour bien les coller sur le fond, puis on porte le moule dans la zone froide pour

que l’animal se fixe à la base du moule et enfin on couvre avec la cassette

correspondante, qui servira de support lors de la coupe au microtome. On y ajoute de la

paraffine liquide jusqu’à la partie supérieur du moule et on la laisse se refroidir

progressivement sur le plateau à froid, qui assure une solidification en un seul bloc de

la pièce et de la paraffine qui l’entoure. Quand la paraffine est refroidie, elle devient

solide et le bloc se détache facilement du moule.

59 

 

Figure VI : Diagramme de le mise en bloc

Rangement dans le moule métallique

 

 

 

Bloc 

 

 

 

Détachement du moule

Refroidissement progressif

Couvrement du moule métallique avec la cassette

60 

 

IV-2-6 Coupe et montage sur lame

C’est la partie la plus difficile en histologie, elle nécessite une attention

particulière. Elle est effectuée à l’aide d’un microtome manuel. La pièce mise en bloc

est coupée en fine tranches, en forme de ruban de paraffine avec une épaisseur de 10 µm

jusqu’à ce que l’on obtienne le niveau de coupe souhaité, contenant les organes cibles

(Hépatopancréas, organe lymphoïde, …). Une fois ce niveau obtenu, on diminue à

4 µm l’épaisseur de la coupe pour avoir une belle section très mince.

Le montage sur lame de la section coupée est complexe et présente des

difficultés techniques. Le ruban obtenu est déposé sur une lame surmontée d’une couche

d’éthanol 50°. Ensuite on porte la lame comportant le ruban sur un bain-marie

thermostaté à la température de 40°C. L’éthanol 50° assure la dilatation du ruban dans

le bain-marie qui est rempli d’eau distillée 1,5 l avec 1,1 g de gélatine. La plus belle

section du ruban qui contient le plus d’informations est alors sélectionnée, c'est-à-dire

une section révélant bien les différents organes et tissus. Ainsi obtenue, le tissu de

paraffine sélectionné est déposé sur une lame porte objet. Cette section se dépose et se

colle facilement sur la lame grâce à la présence de la gélatine. Ainsi faite, on laisse

sécher la lame à l’air libre.

Figure VII : Coupe

61 

 

Figure VIII : Diagramme du montage sur lame

 

 

 

 

Ruban déposé sur lame surmonté d’éthanol 50°

 

 

 

 

Le ruban dans le bain marie à 40° C

62 

 

IV-2-7 Coloration et montage sur la lamelle

C’est l’étape avant l’observation microscopique. Avant la coloration proprement

dite, les lames prêtes à colorer vont être déparaffinées à l’aide d’un four à chaleur sèche

de 60°C pendant 30 à 45 minutes. Quand l’excès de paraffine des lames est fondu, elles

sont prêtes à colorer.

Diagramme général

Mise au four des lames

Etape de paraffination

Etape de coloration principale

Etape de rinçage

Etape de contre coloration ou de différentiation

Etapes de déshydration

Etape de montage de la lamelle

Figure IX : Diagramme général de la coloration

IV-2-7-1 Colorations de routine Hématoxyline-éosine

Pour la coloration de routine, la méthode de Mayer modifiée par Bennett est

adaptée pour le diagnostique de routine des maladies des crevettes. En fait c’est une

excellente coloration de routine, en particulier pour la détection de virus (Sheehan and

Hrapchak 1980). Elle est de plus assez facile à réussir.

63 

 

Procédure de la coloration en histologie :

La coloration comprend une phase de déparaffinage (finition) au xylène, une

phase de réhydratation à l’aide d’éthanol de différents degrés : de 100°, 95°, 80° et 50°

(Tableau n° 5), puis un rinçage à l’eau distillée, un passage dans une solution

d’hématoxyline suivi d’un rinçage à l’eau de robinet, et enfin une deuxième coloration

avec un mélange d’éosine-phloxine B qui joue un rôle de contre coloration. Pour

terminer, les lames subissent une autre phase de déshydratation à l’éthanol 100° et 95°,

et le dernier passage dans des solutions de xylène et un bain dans une autre solution de

xylène pendant le montage.

Ensuite la section colorée doit être recouverte de la lamelle couvre objet. Le

montage de la lamelle se réalise sous hotte chimique et à l’aide d’une résine de

montage. La résine permet de coller la lamelle sur la lame du coté qui porte les organes

ou tissus à observer. Après le collage on range les lames dans une chemise

d’observation.

64 

 

Figure X : montage de la lamelle

 

 

 

 

Résine 

 

 

 

 

Collage de la lamelle 

 

 

 

 

Rangement dans la chemise d’observation 

 

 

 

 

Essuyage 

65 

 

La coloration dépend à la fois (Ross, 1985) :

• De la texture des tissus fixés ;

• De la nature physico-chimique des colorations ;

• Des réactions physico-chimiques survenant entre les tissus fixés et les colorants.

Le tableau suivant décrit la composition des solutions utilisées pour cette

coloration, ainsi que les étapes de la coloration de routine : Mayer Bennett

Solution de colorant de la coloration de routine Hématoxyline-Eosine :

• Solution Hématoxyline

Eau distillée chauffée à 60°C 500 ml

Hématoxyline 0,5 g

Iodate de sodium 0,1g

Sulfate d’aluminium potassium 45 g

Acide citrique anhydre 0,5 g

Hydrate chloral 25 g

• Solution Eosine (1% de la solution aqueuse)

Eosine Y 1 g

Eau distillée 100 ml

• Solution Phloxine (1% de la solution aqueuse)

Phloxine B 1 g

Eau distillée 100 ml

66 

 

• Solution Eosine/Phloxine (1% de la solution aqueuse)

Solution Eosine 100 ml

Solution Phloxine 100 ml

Ethanol 95° 780 ml

Acide acétique glacial 4 ml

67 

 

Les étapes de coloration de routine

Tableau VI: Séquence de la coloration de routine

Les étapes de coloration de routine

Réactifs Processus Fréquence ou durée

1- Xylène Bain 5 minutes

2- Xylène Bain 5 minutes

3- Xylène Bain 5 minutes

4- Ethanol 100° Bain 3 minutes

5- Ethanol 100° Bain 3 minutes

6- Ethanol 95° Plongeon 10 fois

7- Ethanol 95° Plongeon 10 fois

8- Ethanol 80° Plongeon 10 fois

9- Ethanol 80° Plongeon 10 fois

10- Ethanol 50° Plongeon 10 fois

11- Eau distillée Rinçage 6 fois 10 fois par rinçage

12- Hématoxyline Bain 30 à 45 secondes

13- Eau de robinet courant Rinçage 6 fois 10 fois par rinçage

14- Eau de robinet Bain 30 à 45 secondes

15- Phloxine-éosine Bain 3 à 5 secondes

16- Ethanol 100° Plongeon 10 fois

17- Ethanol 95° Plongeon 10 fois

18- Xylène Plongeon 10 fois

19- Xylène Plongeon 10 fois

20- Xylène Plongeon 10 fois

21- Xylène Bain Pendant montage

68 

 

IV-2-7-2 Colorations spéciales

Les colorations spéciales jouent un rôle important en analyse histopathologie

parce qu’elles spécifient exactement la nature de la lésion, permettent de connaître un

peu la nature chimique des structures anormales visibles dans les lésions. Parfois elles

déterminent s’il s’agit des lésions virales, bactériologiques ou fongiques, ou par

exemple de savoir s’il existe de l’ADN dans certaines inclusions cellulaires douteuses.

Parmi les colorations spéciales utilisées en laboratoire, il y a trois types de

coloration les plus employés en histologie actuellement, qui ont chacun un rôle

spécifique.

La méthodologie des premières étapes est identique à celle décrite

précédemment pour les colorations de routine :

• Les échantillons fixés à l’aide d’une solution fixatrice de Davidson AFA ;

• Une étape de mise en cassette et une inclusion de paraffine sont réalisées ;

• Une étape de mise en bloc ;

• Une coupe mince de 4 µm

• Une étape de déparaffinage au four sec

IV-2-7-2-1 La coloration de Giemsa

La coloration spéciale de Giemsa a pour objectif de mieux mettre en évidence la

présence de lésion bactérienne, fongique ou parasitaire (procaryotes).

Colorants pour la coloration de Giemsa :

• Solution mère de Giemsa :

Giemsa R 1g

Méthanol (méthyle alcool) 50 ml

Glycérol (glycérine) 50 ml

69 

 

• Solution tampon n°1

Acide citrique hydraté 2,1 g

Ou

Acide citrique déshydraté 1,9 g

Eau distillée 100 ml

• Solution tampon n°2

Na2HPO4 1,42g

Eau distillée 100 ml

• Solution de travail : Giemsa extemporanément pour 5 lames

Eau distillée 62,5 ml

Solution n°1 2,25 ml

Solution n°2 2,75 ml

Solution mère de Giemsa 5 ml

70 

 

Les étapes de coloration de Giemsa :

Tableau VII: Séquence de coloration de Giemsa

Réactifs

Processus Fréquence ou Durée

1- Xylène Bain 5 minutes

2- Xylène Bain 5 minutes

3- Ethanol 100° Bain 5 minutes

4- Ethanol 95° Bain 5 minutes

5- Ethanol 70° Bain 5 minutes

6- Eau distillée Rinçage 2 fois puis bain 10 minutes

7- Giemsa Bain 1 heure

8- Acétone Plongeon 2-3 secondes

9- Acétone xylène Plongeon 2-3 minutes

10- Xylène Bain Avant montage de lamelle

La coloration spéciale de Gram de Twort est utile si on veut confirmer la

présence des corps bactériens et déterminer s’ils sont Gram positif ou négatif. (cf. en

Annexe IX)

Et la coloration spéciale de Feulgen est utile lorsqu’on veut connaître la nature

biochimique de certaines inclusions intracellulaires, et notamment déterminer si elles

contiennent des acides nucléiques. Comme c’est le cas lorsqu’il s’agit des agents

pathogènes bactériens ou viraux.

71 

 

IV-2-8 Observation microscopique

L’observation microscopique est la dernière étape en examen histologique. Pour

cela, la connaissance parfaite des cellules normales sont indispensable.

IV-2-8-1 Observation microscopique de la coloration de

routine

Une fois colorée et montée, on distingue nettement à l’œil nu une préparation

contrastée bicolore. Avec la coloration de routine Hématoxyline-Eosine / Phloxine de

Mayer Bennett (H&E), tout ce qui est basophile se colore en violet et tout ce qui

éosinophile se colore en rose.

Les acides nucléiques se colorent donc en violet et les protéines apparaissent en

rose. On observe les cellules à différents niveaux de grossissement. On regarde d’abord

au plus faible grossissement à 5x et 10x pour reconnaître la structure morphologique

des différents tissus et si quelque chose d’anormale est détectée, et on augmente le

grossissement à 20x pour qu’on puisse distinguer la déformation cellulaire et tissulaire.

S’il s’agit d’une lésion on augmente encore une fois le grossissement à 40x pour

identifier le type de cette lésion.

Au Laboratoire Central, nous avons effectué la lecture à l’aide d’un microscope

photonique perfectionné OLYMPUS BX50. L’observation exige une connaissance

parfaite de l’histologie des crevettes, pour une bonne prise de décision.

72 

 

IV-2-8-2 Observation microscopique des colorations spéciales

Les résultats se résument dans le tableau suivant :

Tableau X : Résultats des colorations spéciales

Type de coloration Structure tissus ou cellules Résultats

Giemsa

Noyau Bleu/violet

Collagènes et autres éléments Rose foncé ou pale

R L B Bleu

Bactéries Bleu

Gram Twort

Bactérie Gram positif Bleu-Violet

Bactérie Gram négatif Rouge-Rose

Noyau Rouge

Autres tissus Jaune-Vert

Feulgen DNA inclusion Rose foncé ou pale

Autres éléments Verts

 

TROISIEME PARTIE: LES RESULTATS

73 

 

I-RESULTATS

I-1 Résultats d’élevage (cf. Annexe VII)

I-1-1 Résultats de la survie des larves et post-larves

Figure XI: Courbe de survie des larves et post-larves

Protocole lot N°1 : Booster 13 et 14: probiotique avec Aquaculture Therapy,

distribution 6h après passage Zoé 1, traité à l’antibiotique.

Protocole lot N°2 : Booster 15 et 16 : probiotique à distribuer 6h après passage Zoé 1,

avec Aquaculture Therapy distribué à partir de stade Zoé 3, traiter à l’antibiotique.

Protocole lot N°3 : Booster 17 et 18 : probiotique avec Aquaculture Therapy,

distribution 6 h après passage Zoé 1, le traitement adapté est Aquaculture Therapy

mélangé avec microparticules en cas de nécrose interne.

Protocole lot N°4 : Booster 19 et 20 : Aquaculture Therapy distribué après passage

Zoé 1, traité à l’Aquaculture Therapy mélangé avec microparticules en cas de nécrose

interne.

Protocole lot Témoin négatif : Booster 21 et 22 : témoin, probiotique distribué après

passage Zoé 1, sans Aquaculture Therapy, traité à l’antibiotique.

74 

 

Remarque : pour des raisons de place disponible, les bacs réplicats ont été regroupés en

un seul bac à partir du stade Zoé 3. C’est pourquoi une seule valeur apparaît ensuite par

type de traitement effectué.

Protocole lot N°1 : Boosters 13 et 14 sont regroupés dans le booster 14

Protocole lot N°2 : Boosters 15 et 16 sont regroupés dans le booster16

Protocole lot N°3 : Boosters 17 et 18 sont regroupés dans le booster17

Protocole lot N°4 : Boosters 19 et 20 sont regroupés dans le booster 20

Protocole lot Témoin négatif : Boosters 21 et 22 sont regroupés dans le booster 21

Au premier stade larvaire qui s’alimente, appelé Zoé, lorsque le lot est encore

représenté par 2 réplicats, les lots n°1 et n°5 sont homogènes. Leur perte de survie est

semblable avec des valeurs respectives de 10 % et 28 %. Durant cette première phase de

vie l’allure de la courbe est nettement diminuée mais la plus marquée est celle de 17

suivie de 19, 21, 22 ensuite 15 et 20 et puis 18 et 16 et enfin 13 et 14. Au passage en

Zoé 2 (jour 3) tous les boosters ont subi des traitements curatifs sauf les boosters 13 et

19, suite aux observations visuelles et microscopiques qui montrent des signes de

nécrose interne. Dans les boosters 13 et 19 apparaissent ces mêmes symptômes au

passage en Zoé 3 (jour 4) et ils ont reçu les traitements curatifs aussi. La nécrose interne

touche notamment l’intestin des larves. Les larves touchées perdent le péristaltisme de

l’intestin.

Au second stade de vie larvaire (de Mysis 1 à Mysis 3), la courbe de survie est

encore descendue mais l’importance de la perte a diminué par rapport au stade

précédent. Dans cette phase les boosters 16 et 17 sont les plus touchés. Durant cette

phase de vie les boosters n’ont pas reçu de traitement. Seul le booster 13 a eu un

traitement au jour 8 parce qu’il a montré des signes de pattes grises lors de l’observation

microscopique. Au stade de post-larve la courbe de survie du booster 14 est stable,

suivie du booster 16 qui a une faible diminution de survie et a reçu un traitement contre

l’infestation à Zoothamnium aux stades P2 et P3. En ce qui concerne le booster 17,

75 

 

son allure est stable de Mysis 3 à P2 (Post-Larve de 2ème jour), jour où la courbe

commence à diminuer à cause de l’infestation par le Zoothamnium et les pattes grises.

C’est pourquoi il a reçu un traitement curatif. La courbe de survie du booster 20 ne

cesse de diminuer. Il a subi une action corrective pour le Zoothamnium à P2 et pour les

pattes grises à P3. La courbe du booster 21 se stabilise de Mysis 3 à P3 et il y a eu une

diminution à P3-P4. Au jour 12 il est infesté par le Zoothamnium et a reçu un

traitement.

Au final, les boosters 14 et 16 ont les meilleures survies, de l’ordre de 60 %,

alors que les trois autres boosters ont des survies d’environ 40 %. Les meilleurs résultats

en élevage sont donc obtenus en administrant quotidiennement un probiotique de

manière préventive, et prescrivant un traitement curatif lorsqu’une infection bactérienne

avérée est observée. Le seul traitement thérapeutique préventif du probiotique permet

d’obtenir une survie équivalente à l’emploi de l’antibiotique curatif seul, et la

performance est inférieure d’un tiers à l’emploi des deux stratégies simultanées.

76 

 

I-I-2 Résultats des analyses bactériologiques

I-1-2-1 Résultats de l’analyse bactériologique de l’eau de

remplissage

L’eau de remplissage des bacs d’élevage provient de l’eau de mer naturelle à

l’aide de pompage. Avant d’entrer dans la plate forme, l’eau passe au travers d’un filtre

à sable à faible granulométrie en raison de 50 à 60 µm ; puis d’un filtre à cartouche à

1 µm. Elle est ensuite exposée aux rayons Ultras Violets avant d’entrer dans les bacs

d’élevage.

77 

 

Tableau IX: Résultats du dénombrement des colonies bactériennes de l’eau de

remplissage

Booster Dilution Colonies non

luminescentes UFC/ml Luminescente

Verte jaune Verte jaune

13 10-1 0 456 4640 8 0

14 10-1 20 4 310 7 0

15 10-1 0 363 3660 3 0

16 10-1 0 956 9570 1 0

17 10-1 92 512 6040 0 0

18 10-1 1 947 9480 0 0

19 10-1 0 213 2400 27 0

20 10-1 4 3864 38700 2 0

21 10-1 1 2060 20680 3 0

22 10-1 9 365 3740 0 0

Le tableau des résultats du dénombrement des colonies bactériennes de l’eau de

remplissage nous révèle la présence des bactéries des différentes souches. Tous les

boosters contiennent des bactéries vertes luminescentes sauf les bacs 17, 18 et 22. Les

« vertes luminescentes » est le compartiment au sein duquel les souches des bactéries

les plus pathogènes sont observées en général. Nous observons donc qu’excepté le

booster 14, les flores bactériennes de l’eau sont largement dominées par les flores

78 

 

jaunes sur TCBS. Les flores vertes luminescentes apparaissent en faible quantité dans

l’eau sans larves, en proportion des non luminescentes. Ces eaux sont donc de bonne

qualité, et peuvent recevoir des larves en élevage, sans risque d’apporter des flores

bactériennes pathogènes leur causant des dommages.

I-1-2-2 Résultats des colonies bactériennes de broyat des

animaux (cf. Annexe VIII)

Résultats de l’analyse bactériologique

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

J1 J2 J3 J4 J5 J6 J7 J8 J9 J10 J11 J12 J13

jours

vale

urs

ratio

(en

UFC/

ml)

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

vale

ur ra

tio (U

FC/m

l)

Boo13Boo14Boo15Boo16Boo17Boo18Boo19Boo20Boo21Boo22

Figure XII : Composition relative de la flore microbienne vibrionacée des broyats des

animaux, mise en évidence par le rapport du nombre de colonies vertes sur le nombre de

colonies jaunes (ratio vertes/jaunes).

79 

 

Booster 13 à 18 : ont des valeurs entre 0 à 40, leur axe des ordonnées se trouve à

gauche.

Booster 19 à 22 : ont des valeurs entre 0 à 5000, leur axe des ordonnées est à droite.

Booster 13 et 14: probiotique avec Aquaculture Therapy, distribution 6h après passage

Zoé 1, traité à l’antibiotique.

Booster 15 et 16 : probiotique à distribuer 6h après passage Zoé 1, avec Aquaculture

Therapy distribué à partir de stade Zoé 3, traiter à l’antibiotique.

Booster 17 et 18 : probiotique avec Aquaculture Therapy, distribution 6 h après passage

Zoé 1, le traitement adapté est Aquaculture Therapy mélangé avec microparticules en

cas de nécrose interne.

Booster 19 et 20 : Aquaculture Therapy distribué après passage Zoé 1, traité à

l’Aquaculture Therapy mélangé avec microparticules en cas de nécrose interne.

Booster 21 et 22 : témoin, probiotique distribué après passage Zoé 1, sans Aquaculture

Therapy, traité à l’antibiotique.

J1 à J13 sont des jours d’élevage larvaire.

Au J1, les larves sont encore au stade nauplii.

Au J2 à J6, les larves sont en stades Zoé.

Au J7 à J9, les larves sont en stades Mysis.

Au J10 à J13, les larves deviennent post-larves.

La valeur ratio est le rapport des souches vertes et des souches jaunes,

c'est-à-dire les souches vertes en UFC/ml divisées par les souches jaunes en UFC/ml. Le

résultat de comptage de bactéries s’exprime en Unité Format Colonie par ml, car il est

impossible de savoir combien de bactéries sont à la base de la formation d’une seule

colonie sur la boite de culture. En effet, il peut s’agir à la base d’une seule bactérie, ou

d’un groupe de bactéries attachées entre elles.

80 

 

Au passage en Zoé 2 (jour 3) tous les boosters ont une valeur ratio supérieure à 1

c'est-à-dire la dominance de souches vertes pathogènes par rapport aux souches jaunes

non pathogènes; sauf le booster 13. Au passage en Zoé 3 le booster 13 montre une

valeur supérieure à 1. Dans ce même jour la valeur ratio des boosters 15, 17, 18, 19 et

20 est encore augmentée avec une forte augmentation dans les boosters 17 et 19. Cette

valeur ne cesse d’augmenter dans le lot n°4 avec une prolifération massive de souches

vertes au jour 5 au stade Zoé 3 et où on trouve aussi une forte dominance de ces souches

pathogènes au niveau de lot n°5 ainsi qu’une légère augmentation dans le booster 16.

Au jour 6 passage en Mysis 1 le rapport souches vertes/souches jaunes a

augmenté dans le lot n°1, n°2, et dans le booster 17 avec une valeur élevée dans les

boosters 14 et 16. Par contre le booster 18 et les lots n°4 et n°5 montrent une diminution

de valeur même si dans les boosters 20 et 21 la valeur reste encore élevée. Ce rapport

continue à diminuer et montre une valeur en-dessous de 1 à partir du jour 8 au passage

en Mysis 3 jusqu’au stade P4 (post-larve de 4 jours) le jour avant la fixation des

échantillons pour le Laboratoire Central d’Aqualma. Mais le booster 14 au jour 12

montre un pic élevé de valeur ratio et cette valeur a diminué à 1 au jour 13 au stade P4.

Il est notable que pour l’ensemble des boosters recevant régulièrement le probiotique, le

rapport des souches vertes sur les souches jaunes dénombrées sur le milieu TCBS est

largement en faveur de ces dernières, et que cette proportion est très stable sur

l’ensemble de la durée d’élevage. A l’inverse, pour les protocoles d’élevage ne recevant

qu’occasionnellement du probiotique, les flores peuvent être alternativement à

prédominance jaunes, puis vertes, en particulier entre les jours 4 à 7, puis aux jours 11 à

13. Cela dénote un déséquilibre de la flore bactérienne des larves à ces dates, moments

privilégiés durant lesquels les bactéries pathogènes opportunistes peuvent se développer

plus facilement.

Aucune souche bactérienne dominante n’a été détectée dans les boites de Pétri

ensemencées, tant en TCBS qu’en Marine Agar. Par conséquent, il n’a pas été

nécessaire d’isoler des souches bactériennes et de les identifier.

81 

 

I-2 Résultats des observations in vivo, à l’œil nu et à la loupe binoculaire

Cependant, ces résultats bactériologiques ne sont pas totalement corroborés par

les observations visuelles durant le début de l’élevage, aux stades Zoé et Mysis, des

nécroses internes et pattes grises ont été observées dans l‘ensemble de ces « boosters »

expérimentaux, d’élevage en petits volumes, que le probiotique ait été administré ou

pas. Mais les observations visuelles d’infections bactériennes telles que les nécroses

internes ou les pattes grises apparaissent plus rares pour les élevages ayant reçu des

probiotiques aux stades post-larves. Les observations in vivo étant soumises à caution, il

est donc nécessaire de le confirmer en utilisant l’histologie.

I-3 Résultats histologiques

Pour reconnaître des lésions, tissus anormaux qui permettent notamment de

détecter la présence des agents pathogènes, il faut d’abord avoir une parfaite

connaissance de la structure normale des tissus. Nous allons donc décrire dans un

premier temps la structure de quelques organes ou tissus importants chez les crevettes.

Il s’agit de l’hépatopancréas, des branchies, de l’organe lymphoïde et de la glande

antennaire.

L’hépatopancréas

C’est un organe constitué des tubules juxtaposés qui sont tous connectés sur le

tube digestif. Chaque tubule est structuré de la même manière, avec de l’extérieur vers

l’intérieur une membrane basale, un épithélium constitué d’une seule couche de cellules

et une lumière centrale. Les cellules de l’épithélium peuvent être de différents types,

mais elles suivent un schéma de type équivalent, proche de la cellule glandulaire

typique. Il est facile d’observer le noyau assez volumineux par rapport à la taille totale

de la cellule, constituant environ un tiers de son volume. A l’intérieur de ce noyau, la

chromatine apparaît périphérique, marginée, et il est fréquent d’observer un nucléole

central de taille cinq fois inférieure environ à la taille du noyau. La coupe transversale

ci-dessous nous permet en outre de mettre en évidence que c’est un organe très riche en

82 

 

protéines et en lipides, ceux-ci étant impliqués dans le stockage des réserves chez la

crevette.

Les branchies

C’est un organe très ramifié, qui présente différentes lames et lamelles, ce qui

permet d’optimiser le contact entre l’eau et les tissus internes. Il est également notable

que la cuticule de cet organe est de très faible épaisseur, ce qui facilite d’autant les

échanges de gaz dissous. La description détaillée de cet organe montre qu’outre cette

cuticule externe, il existe un épithélium sous-cuticulaire composé d’une seule couche de

cellules fines, avec un noyau très visible, constituant à peu près la moitié de la taille de

la cellule. Ce noyau possède une chromatine marginée et un nucléole qui est de taille

relativement modeste. Il est important de noter qu’en temps normal, les branchies sont

très propres même sur la face externe de la cuticule. Si de la matière organique ou des

parasites étaient détectés en grand nombre sur cette face de la cuticule, c’est une

situation anormale, qui peut diminuer grandement l’efficacité de la respiration et

stresser les animaux. Il faudrait donc le noter dans les lectures de lames.

L’organe lymphoïde

C’est un organe tubulaire, qui est juxtaposé à l’hépatopancréas dans sa partie

proximale. Sa structure observée en section peut être décrite comme une accumulation

de plusieurs couches de cellules de type épithélial, organisée en feuilles d’oignon, et

dont la partie centrale est constituée d’une lumière soit vide, soit remplie d’hémocytes.

Ces hémocytes sont parfois visibles également dans l’épaisseur de la paroi.

Le rôle de cet organe est principalement de purifier l’hémolymphe de tous les

corps étrangers et particules de tissus dégradés. Ces cellules ont une intense activité

macrophagique, complémentées dans cette tache par les hémocytes.

La glande antennaire

C’est un tissu plutôt diffus, qui ne constitue pas à proprement parler un organe. Il se

situe en partie antérieure du céphalothorax, autour de l’estomac et de l’œsophage

83 

 

notamment. Il est constitué d’un épithélium simple dont les cellules possèdent un

cytoplasme plutôt éosinophile et un noyau dont le volume représente environ un tiers de

la cellule. Cet épithélium apparaît posséder de nombreuses circonvolutions, et en temps

normal aucun autre type cellulaire ne le compose. Néanmoins, en cas d’inflammation, il

n’est pas rare de voir des accumulations de composés inertes ou des hémocytes au sein

de ce tissu.

Les lésions observées sur les animaux fixés en cours d’élevage à Mifoko peuvent

maintenant être présentées. Nous les décrirons d’un point de vue structurel, puis en

préciserons la cause. Les échantillons fixés sont au nombre de 48 individus analysés

pour chaque booster élevé, au stade post-larve 5.

Tableau X: Résultats histologiques, présentés en pourcentage de post-larves présentant

des lésions sur le nombre total d’individus observés.

Booster 14 16 17 20 21

Lésions

bactériennes 0 0 2,08 8,33 2,08

Zoothamnium 6,25 2,08 20,83 20,83 27,08

Les résultats histologiques nous révèlent l’existence de lésions bactériennes

dans les boosters 17, 20, 21, alors qu’elles n’apparaissent pas dans les boosters 14 et 16.

84 

 

 

Figure XIII : Lésions bactériennes de l’HP au grossissement x1000 à la coloration

H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine)

 

Figure XIV: Lésions bactériennes de l’HP au grossissement x600 à la coloration de

Giemsa

Corps bactériens 

Corps bactériens 

85 

 

Figure XV : Lésions bactériennes de l’HP au grossissement x 1000 à la coloration de

Giemsa

Figure XVI : Mélanisation de l’appendice causée par les bactéries et Zoothamnium au

x 600 à la coloration H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine)

Zoothamnium

Mélanisation

Corps bactériens 

86 

 

Figure XVII : Mélanisation de l’appendice causée par Bactéries et Zoothamnium au

x 400 à la coloration H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine)

Par ailleurs, le booster 17 présente des nodules hémocytaires au niveau

mandibulaire d’une post-larve sur 48 examinées, comme le montre la figure XVIII. Ceci

est un signe que l’infection bactérienne était devenue systémique, et gagnait donc

l’ensemble des organes internes de l’animal.

Mélanisation

Zoothamnium

87 

 

Fugure XVIII : Nodule hémocytaire au Grossissement x 600 à la coloration H&E

(Hématoxyline – éosine – phloxine)

Le booster 20 présente une mélanisation de la cuticule au niveau de l’abdomen.

Dans ce booster, 4 post-larves présentent des lésions sur les 48 observées. A

l’observation microscopique in vivo, ce Booster montre aussi une post-larve sur 48

colonisées par des bactéries, mais qui ne présente pas de lésions tissulaires.

Nodule

hémocytaire 

88 

 

Figure XIX : Mélanisation abdominale ventrale au grossissement x 600 à la coloration

H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine)

Figure XX : Mélanisation abdominale dorsale au grossissement x 600 à la coloration

H&E (Hématoxyline – éosine – phloxine)

Mélanisation

Mélanisation

89 

 

Les échantillons prélevés dans le booster 21 présentent une post-larve atteinte de

mélanisation au niveau des appendices articulaires sur 48 observées (Figure XVI et

XVII).

Les infestations par le parasite externe Zoothamnium des boosters 14 et 16

(traités régulièrement à l’Aquaculture Therapy) sont moindres par rapport aux autres

boosters. Le nombre de post-larves atteintes de Zoothamnium dans le booster 14 est de

3 sur 48 soit 6,25%. Ceux du booster 16 est de 1 sur 48 soit 2,08 %.

Pour les boosters 17 et 20, les post-larves atteintes sont au nombre de 10 sur 48, soit

20,83 % et 13 post-larves sur 48 sont infestées pour le booster 21, soit un pourcentage

de 27,08%.

Nous confirmons donc par cette technique la présence des bactéries et des

parasites observés in vivo, mais avec une plus grande précision, et une évaluation

quantitative plus aisée. C’est ce qui en fait un outil irremplaçable pour la détection et la

confirmation de la présence des pathogènes en aquaculture.

Grâce à l’analyse histologique, nous arrivons en effet à déterminer l’étendue des lésions

et le pourcentage des animaux atteints.

Tous ces résultats nous montrent que l’utilisation de l’Aquaculture Therapy

diminue le risque d’infection bactérienne et d’infestation par Zoothamnium, surtout

pour les stades les plus âgés de l’élevage larvaire.

90 

 

II Interprétation et Discussion

II-1 Interprétation

Avec l’eau de remplissage contenant des souches vibrionacées, il est normal que

les crevettes se retrouvent dans un milieu contenant des bactéries banales qui sont des

souches écologiques. Il contient également des souches bactériennes potentiellement

pathogènes, mais qui ne posent pas de problèmes en élevage si l’équilibre bactérien est

maintenu, et que celles-ci ne deviennent pas majoritaires.

La perte de survie durant les stades Zoé est due à l’apparition de nécroses

internes qui est causée par la prolifération de souches vertes, et surtout des vertes

luminescentes. Cette lésion apparaît surtout au passage de Zoé 1 à Zoé 2. La dose et la

fréquence de distribution de l’Aquaculture Therapy choisies n’arrivent pas à limiter la

prolifération de souches vertes pour cette phase dans les lots sans antibiotique, et il est

nécessaire de déclencher un traitement curatif pour juguler l’infection. A la fin de cette

phase de vie (stade Zoé 3) les lots traités à l’antibiotique et au probiotique ainsi que le

lot témoin résistent mieux à la nécrose interne même si les souches vertes prolifèrent

dans le bac. Certes dans les lots n°1, n°2, n°3 la survie reste meilleure au fur et à mesure

que le stade de vie avance mais l’abondance de souches vertes et en particulier la

dominance de souches vertes luminescentes dans le milieu peuvent être corrélées avec

la diminution massive de la population de crevettes dans le bac d’élevage. L’infestation

postérieure par le Zoothamnium et l’apparition de nécroses externes peuvent être reliés

à cette baisse de survie précoce, même si l’importance de cette seconde baisse est

diminuée par rapport à la première phase de vie.

Les nécroses externes se trouvent au niveau de la cuticule sur l’ensemble du

corps, des appendices articulaires, et sur les antennes. Ces lésions peuvent apparaître

lorsque les crevettes sont stressées et faibles après la mue et peuvent se rencontrer à

partir du stade Mysis et ainsi que l’infestation à Zoothamnium. Ces lésions sont dues à

la présence des bactéries pathogènes opportunistes. L’importance et/ou fréquence

91 

 

d’apparition de nécroses externes est amplifiée s’il y a du cannibalisme, conséquence

d’une alimentation inadaptée.

Tant pour les nécroses internes qu’externes, l’apparition de ces signes d’infection

bactériennes ne sont pas clairement associées à la montée dans les boites de culture

d’une flore bactérienne dominante, qui pourrait être considérée comme la souche

responsable, donc l’agent étiologique des infections bactériennes observées. Il peut y

avoir deux raisons possibles à cette différence : soit il existe réellement un agent

étiologique, mais il ne cultive pas sur les milieux de culture choisis, soit les souches

responsables des infections sont des pathogènes opportunistes, qui profitent des

moments où les larves sont plus fragiles, notamment durant les phases de mues entre les

stades larvaires pour pouvoir proliférer jusqu’à un niveau qui affecte les larves. Il est

par contre notable que l’apparition des nécroses bactériennes les plus graves en

pourcentage des populations infectées est concomitante à l’observation des

déséquilibres de flore bactérienne mis en évidence grâce aux indicateurs bactériens

suivis.

Le résultat de la coloration de routine nous montre la présence des germes à

l’intérieur des tissus lésés. Sur les photos, nous observons que les lésions bactériennes

touchent essentiellement les cellules de l’hépatopancréas et les infestations par les

Zoothamnium se retrouvent au niveau des appendices articulaires, de la mandibule et

sur la cuticule de l’abdomen, ainsi que sur les lamelles branchiales. Les lésions

bactériennes sont caractérisées par des mélanisations au niveau des différentes cellules

et de nodules hémocytaires des mandibules. Ces lésions se distinguent par leur couleur

différente de la couleur violette basophile (les acides nucléiques) et de la couleur rose

des éosinophiles (les protéines). Ces sections de tissus sont réalisées au stade post-larve

de cinquième jour (P5).

Quant à la coloration de Giemsa, elle confirme encore plus aisément la présence

de corps bactériens dans les lésions. Cette coloration spéciale colore le noyau en

bleu/violet, les bactéries en bleu et le reste de la cellule en rose. Sur ces photos, elle

nous montre la présence de bactéries dans les cellules de l’hépatopancréas. Cette

92 

 

coloration ne permet pas d’identifier si les bactéries sont Gram positives ou Gram

négatives. Pour les différencier, nous devons utiliser la coloration de Gram de Twort. La

coloration de Gram de Twort colore les bactéries Gram négatives en rose, les Gram

positives en rouge foncé ou violet et le reste de la préparation en jaune. Dans cette

présente étude, nous n’avons pas pu faire cette coloration parce que les P5 sont encore

trop petites pour subir plusieurs coupes successives. Ainsi les organes cibles peuvent

disparaître à la coupe.

93 

 

II-2 Discussion

Depuis la maîtrise industrielle de la reproduction, de l’élevage larvaire et de la

nutrition des crevettes au cours des années mille neuf cent soixante-dix, la

crevetticulture a connu un développement très rapide. Elle est devenue l’une des

premières productions aquacoles au niveau mondial, dans un schéma de culture de

rente. Et cette culture de crevettes connaît à Madagascar un essor important.

Parmi les principaux facteurs limitants du développement et de la durabilité des

activités aquacoles, autant que compromettants pour les ressources naturelles, les

maladies sont reconnues comme figurant au tout premier rang. Ces maladies,

essentiellement virales (WSSV, TSV, YHV, IHNNV, IMNV), qui affectent les crevettes

limitent depuis près d’une quinzaine d’années le succès du secteur dans un bon nombre

des pays qui pratique cet élevage, en Amérique centrale et latine aussi bien qu’en Asie.

Leur incidence est aggravée par les dégradations environnementales, qui produisent un

stress accru pour les animaux. Les transferts internationaux des crevettes vivantes pour

des besoins d’aquaculture ont de toute évidence été également une des causes majeures

de la propagation de ces virus à l’échelle mondiale. Pour les pays importateurs, les

crevettes congelées sont aussi un facteur d’introduction et de dissémination potentielles

des ces virus. Ces maladies ont déjà provoqué d’énormes pertes économiques.

A l’écart de ces pays producteurs ou importateurs, l’aquaculture malgache est

pour l’instant encore préservée de ces épizooties. La Grande île ne présente pas les

pathogènes viraux inscrits dans la liste de l’OIE, car ces pathogènes sont absents sur les

côtes malgaches (excepté pour le MBV, qui devrait bientôt être retiré des listes de

l‘OIE, car peu important économiquement). Elle est indemne de ces maladies qui sont

transmises souvent par les échanges commerciaux des crevettes qu’elles soient vivantes

ou congelées, parce que Madagascar est riche en espèces sauvages, utiles pour être des

géniteurs, dans les zones côtières. Donc elle n’importe ni des géniteurs ni des nauplii ou

des larves de crevettes pénéides vivantes d’ailleurs dans le monde, comme la loi le

prescrit. Cela devrait également être le cas des produits congelés, qui sont également

des sources majeures des épizooties, mais il est malheureusement moins sûr que cela

94 

 

soit respecté à la lettre. Ce sont les maladies bactériennes qui représentent les maladies

économiquement les plus importantes à Madagascar, et peuvent engendrer des pertes

importantes dans les élevages affectés, sans toutefois arriver au niveau de gravité des

grandes pandémies virales observables ailleurs dans le monde.

En ce qui concerne l’élevage larvaire, c’est toujours les problèmes bactériens qui

dominent également les pathologies observées, en particulier celles causées par des

souches appartenant au genre Vibrio, présentes dans les sédiments et l’eau d’élevage. Et

parmi les Vibrio, ce sont surtout les souches vertes luminescentes qui provoquent

beaucoup de mortalités à ces stades de développement très fragiles des crevettes. C’est

aussi le cas à Madagascar.

Alors pour prévenir ces infections bactériennes en élevage larvaire, AQUALMA

souhaite améliorer le milieu ainsi que les conditions de vie des larves et post-larves de

crevettes, notamment en testant un produit commercialisé comme un probiotique appelé

Aquaculture Therapy, qui contient de nombreuses souches du genre Bacillus (cf.

Annexe n° VI).

Notre étude a surtout consisté à pratiquer des analyses bactériologiques,

cliniques et pathologiques en cours d’élevage larvaire ainsi qu’au laboratoire. Les

analyses au laboratoire concernent notamment les lésions bactériennes. Cette démarche

diagnostique se limite aux analyses histologiques avec la coloration de routine

hématoxyline-éosine et la coloration spéciale de Giemsa.

Les résultats de cette expérience permettent d’évaluer l’efficacité de l’Aquaculture

Therapy vis-à-vis des infections bactériennes, parasitaires ou fongiques des larves et

post-larves de crevettes. Il est à souligner que les bactéries peuvent être bénéfiques en

élevage. Elles ne sont pas uniquement pathogènes, par exemple, l’Aquaculture Therapy

comprend des souches bénéfiques pour l’aquaculture, en quantités importantes (au

minimum 100 millions d’UFC/ml selon la documentation fournie par le fabricant).

95 

 

Le probiotique déclenche la stimulation de l’immunité des animaux en aquaculture. Ce

qui procure son efficacité vis-à-vis des agressions bactériennes (Mariel et al., 2003).

Ainsi, les résultats bactériologiques nous montrent la présence des bactéries et

même les souches vertes luminescentes dans l’eau de remplissage qui est une source

majeure d’introduction des bactéries pathogènes en écloserie (Alabi, 1997). Donc il est

normal que le bac d’élevage contienne des bactéries. C’est pour cela que l’AQUALMA

veut améliorer le milieu de son élevage. Les bactéries se rencontrent toujours en plus

grand nombre dans l’eau d’élevage ainsi que dans les dépôts présents au fond du bac, où

elles dégradent les matières organiques mortes (Ruangpan, 1997). Les aliments

préfabriqués distribués dans le bac d’élevage pour les larves et post-larves de crevettes

constituent une autre source d’apport des bactéries dans le milieu, ainsi que les algues et

les nauplii d’artémia qui sont utilisés pour leur alimentation en proies vivantes.

Certaines de ces bactéries provoquent des mortalités importantes durant les

premiers stades de vie des larves. Au stade Zoé, nous avons observé des nécroses

internes qui touchent essentiellement le tube digestif. La mortalité induite est corrélée à

la présence des bactéries souches vertes luminescentes dans le bac. Le même cas est

observé en Inde en élevage larvaire, causé par une espèce de Vibrio luminescente qui est

Vibrio harveyi (Duraisamy, 1997).

Au second stade larvaire, en Mysis, dans cette présente étude les nécroses ont été

détectées au niveau de l’antenne et des appendices articulaires. Nous avons observé

moins de mortalité durant ce stade. Au Vietnam, une étude a été faite pour la virulence

des bactéries en écloserie. L’étude avait donné 100% de mortalité des crevettes au

cinquième jour de vie par injection de V. parahaemolyticus, et au septième jour de vie

par le bain dans une suspension de cette même espèce. Sur les crevettes moribondes,

cette espèce de Vibrio donne des lésions de nécroses sur l’antenne, les muscles et les

appendices articulaires. Vu cette étude, l’infection à Mysis est imputée à V.

parahaemolyticus (Nguyen et al., 1997). Nous avons continué d’observer ces lésions

jusqu’au stade de post-larve, mais les mortalités sont de moins en moins observées.

96 

 

A Madagascar, il n’existe pas un type bactérien dominant pouvant être considéré

comme l’agent étiologique de ces infections, mais ce sont plutôt des souches

opportunistes, au profil biochimique variable, qui profitent d’un déséquilibre bactérien

pour s’établir dans des proportions anormalement élevées de la flore, ce qui affecte les

animaux, surtout les jeunes stades, plus primitifs. Nous pouvons nous poser la question

de savoir si la non détection d’une flore réellement pathogène associée à l’apparition de

ces lésions est due :

- à l’emploi de milieux de culture non adaptés à la croissance in vitro de

ces souches,

- ou si ces bactéries pathogènes se mettent immédiatement dans un stade

de résistance classique dans les espèces du genre Vibrio, à savoir le

stade « viable non cultivable », qui ne permet pas d’obtenir les souches

quel que soit le milieu de culture inerte employé.

- Ou si enfin il n’existe pas d’agent pathogène très virulent, mais plutôt

un ensemble de souches pathogènes opportunistes qui profitent des

déséquilibres bactériens pour synthétiser des facteurs de virulence et

provoquer des dommages dans les tissus des larves, notamment leur

tube digestifs ou leurs cuticules, en particulier quand les ressources en

nutriments deviennent rares dans le milieu de vie des bactéries, à savoir

l’eau d’élevage des larves. Cela expliquerait la montée en proportion

des souches bactériennes expriment une luminescence, car celle-ci est

fréquemment associée au phénomène de « Quorum Sensing », via

lequel les bactéries communiquent et s’informent mutuellement d’une

baisse des ressources énergétiques disponibles. Il a déjà été décrit que

ce « quorum sensing » peut aussi déclencher la synthèse de molécules

activant l’expression de facteurs de virulence bactériens, qui sont l’on

se place d’un point de vue finaliste, permet aux bactéries d’accéder à de

nouvelles ressources énergétiques, en l’occurrence les tissus des larves

de crevettes pénéides. Celles-ci sont d’autant plus affectées par ces

97 

 

facteurs de pathogénicité qu’elles sont jeunes ou en situation

physiologique précaire, comme c’est le cas au moment

des mues / métamorphoses.

Cette étude ne nous permet pas de conclure sur laquelle de ces trois

raisons est la bonne, mais des faisceaux de preuves nous amènent à

penser que la troisième hypothèse est la plus plausible.

En effet nous avons constaté lors de cette étude que plus les crevettes sont en

stade avancé plus elles sont résistantes aux agressions de ces bactéries, surtout lorsque

l’utilisation d’un probiotique permet de réguler les flores bactériennes.

Le résultat histologique nous a révélé que les bacs d’élevage ayant reçu de

l’Aquaculture Therapy avec ou sans traitement en antibiotique ont de faibles taux de

crevettes ayant des lésions bactériennes. Et surtout, les infestations par le Zoothamnium

sont significativement moindres dans ces bacs, par rapport au bac témoin, c'est-à-dire au

bac ayant suivi le protocole d’élevage classique sans ce probiotique.

98 

 

III-SUGGESTIONS

Le maintien de la santé dans l’aquaculture est aujourd’hui considéré comme l’un

des plus importants aspects de développement et de gestion du secteur aquacole.

L’explication des causes des maladies est le plus souvent liée à un manque de

biosécurité, difficile à mettre en place dans un environnement aquatique ouvert.

Nous savons que le non respect de l’environnement entraîne une émergence des

maladies liées au stress des animaux et les rendent vulnérables face aux pathogènes qui

existent dans leur milieu de vie. Alors face à ces problèmes, les mesures de protection

de l’environnement sont primordiales pour la pérennisation du secteur. En effet il faut

disposer d’une étude d’impact environnemental, et suivre les directives et les normes

prévues par les Lois et les Règlements relatifs à l’environnement. Il ne faut par exemple

jamais défricher les mangroves pour augmenter la surface d’emprise de la ferme, et

systématiquement réhabiliter la surface exploitée en cas de cessation d’activités. Le

traitement des eaux usées est obligatoire avant de les évacuer dans la nature.

Le Code de conduite pour l’aquaculture de crevettes responsable et durable à

Madagascar établit les principes fondamentaux devant favoriser le développement

durable, écologiquement acceptable et économiquement viable de la crevetticulture. Il

vise aussi une meilleure intégration de l’activité dans l’environnement.

Extrait : « Loi N° 2001 – 020 portant développement d’une aquaculture de crevettes

responsable :

Le « Titre III » est relatif à la protection de l’environnement.

Le « Titre IV » indique les procédures à suivre quant à la mise en place d’un

établissement d’aquaculture de crevettes à caractère industriel et artisanal.

Concernant les crevettes d’élevage, les mesures de prévention contre

l’émergence des maladies reposent surtout sur la règlementation de l’importation,

99 

 

c’est-à-dire le contrôle des mouvements des animaux vivants ou des produits congelés.

Les aliments importés doivent être soumis à des contrôles auprès des Services

Vétérinaires. Pour les animaux en élevage, la densité d’ensemencement et la biomasse

finale ne doivent pas être trop élevés afin d’éviter le stress des animaux. La stratégie de

l’épidémio-surveillance des zones côtières et l’analyse de risque de l’émergence des

maladies complètent le dispositif, en plus de la nécessité de respecter une bonne

conduite d’élevage. Le contrôle sanitaire doit être effectué régulièrement à toutes les

étapes de la production. La maîtrise de la température et la salinité, ainsi que du pH du

milieu d’élevage est indispensable en crevetticulture. Nous avons vu que la forte

variation de ces paramètres provoquent un stress des animaux. Cette variation est l’une

des causes majeures des maladies évoquées plus haut.

Loi N° 2001 – 020 portant développement d’une aquaculture de crevettes responsable

Le titre II est réservé aux mesures de prévention contre les maladies

Ainsi, le confort des animaux tout au long de l’élevage est primordial pour la

réussite de la chaîne de production. La détérioration de la qualité de l’eau est à éviter.

En élevage larvaire, l’utilisation d’antibiotique de prévention conduit à une résistance

des bactéries pathogènes. Il ne faut donc les utiliser que pour des traitements curatifs et

ponctuels. Alors l’utilisation de probiotiques, qui sont des produits contenant des

souches bénéfiques et qui purifient l’eau d’élevage en aidant ainsi les larves et les post-

larves de crevettes à résister aux agressions des germes pathogènes et les opportunistes,

donne aujourd’hui un nouvel espoir à l’amélioration des conditions d’élevage.

Néanmoins, sur notre présente étude la seule distribution de probiotique selon le

protocole d’administration choisi ne suffit pas encore à limiter la prolifération

bactérienne dans le milieu d’élevage au stade larvaire. Mais en plus de la distribution de

probiotiques, l’utilisation d’antibiotique en traitement curatif ponctuel, lors de

manifestation des signes cliniques ou perturbations des flores bactériennes observées

permet d’obtenir une meilleure survie des animaux dans les élevages.

100 

 

Alors il est possible que si le probiotique est distribué à fréquence plus

importante et avec une dose plus élevée bien que raisonnable économiquement, même

en absence de l’apparition des lésions, il puisse limiter la prolifération des germes

pathogènes. Ainsi faisant, il améliore le confort des animaux dans le milieu et les aide à

résister aux agressions bactériennes ou plus généralement à celles de leur milieu de vie.

Des essais répétés de ces produits commerciaux à échelle industrielle est donc fortement

souhaitable, afin de sélectionner le meilleur probiotique commercial, et qu’il fasse partie

intégrante du protocole d’élevage larvaire telle que définie dans les procédures ISO

utilisées.

 

CONCLUSION

101 

 

CONCLUSION

La pénéiculture, après une trentaine d’année d’existence entre maintenant dans

sa phase d’industrialisation. Néanmoins, cette industrie en développement est

confrontée de plus en plus à des maladies épizootiques dues aux virus et à des bactéries

causant des pertes économiques considérables dans de nombreux pays. Le transport

non contrôlé des animaux vivants, quel que soit leur âge, favorise la dissémination des

pathogènes de la maladie d’un pays à un autre, alors que l’aquaculture des crevettes

prend une part de plus en plus grande chaque année dans la production mondiale

d’origine halieutique.

Notre étude sur les maladies bactériennes de crevettes pénéides à Madagascar

repose en particulier sur l’espèce Penaeus monodon domestiquée à Madagascar, espèce

très exploitée dans le monde de l’aquaculture de nos jours. Des analyses

bactériologiques faites pour détecter la présence des germes et l’apparition des signes

cliniques ont pu être utilisées dans les laboratoires de contrôle qualité et de l’élevage

larvaire. De plus, des analyses histologiques effectuées au Laboratoire Central ont pu

être utilisées pour observer l’étendue des lésions bactériennes de ces larves et post-

larves de crevettes.

Chaque étape d’analyse permet de déterminer la présence des bactéries dans le

milieu d’élevage et l’évolution des infections durant l’expérience. Ainsi la culture des

broyats des crevettes et de l’eau nous fournit des indicateurs précieux de la flore

bactérienne présente dans le bac d’élevage. Le suivi d’élevage accompagné des

observations visuelles et microscopiques ainsi que le comptage des larves permet de

détecter les signes cliniques précoces de la maladie et de déterminer le pourcentage de

survie des animaux à tous moments. Au Laboratoire Central d’Aqualma, l’étape de

l’histopathologie nous permet d’observer les lésions et ses caractéristiques afin de

pouvoir localiser les germes responsables de celles-ci et les lésions qu’elles induisent

grâce à la coloration de routine hématoxyline-éosine, ou à l’aide des colorations

102 

 

spéciales comme le Giemsa ou le Gram de Twort. Les résultats des analyses nous

révèlent la présence des pathogènes bactériens et des parasites sur les larves. Il n’y a pas

à ce jour de pathogènes viraux engendrant des mortalités dans les élevages larvaires

malgaches.

En effet, Madagascar est indemne des maladies épizootiques virales listées par

l’OIE, comme le WSSV ou la maladies des taches blanches, TSV ou le Syndrome de

Taura, YHV ou la maladie de la tête jaune, IHNNV ou la nécrose hypodermique et

hématopoïétique infectieuse et IMNV, ou encore de la seule maladie bactérienne listée

par l’OIE, la NHP-B, qui ont ravagées les autres pays pratiquant la pénéiculture. Seules

les bactéries sont actuellement économiquement dommageables pour l’industrie de la

crevette malgache et surtout en élevage larvaire. C’est pour cette raison que nous avons

réalisé l’étude sur l’efficacité de l’Aquaculture Therapy vis-à-vis des germes pathogènes

en élevage larvaire.

Compte tenu des résultats de cette expérience et en comparant les cas des études

faites dans d’autres pays, il semble possible que l’Aquaculture Therapy améliore la

survie des larves et post-larves de crevettes en les aidant à mieux résister aux infections

bactériennes. Donc l’utilisation de l’Aquaculture Therapy en élevage larvaire de

crevettes s’avère être bénéfique. Bien qu’elle n’améliore pas spécialement la survie des

larves en absence de traitement antibiotique durant la première phase d’élevage jusqu’à

mysis, elle semble améliorer le milieu et diminuer les infections bactériennes voire les

infestations parasitaires à Zoothamnium sur les larves, surtout aux stades post-larves

avancés.

Il est également à noter que ces essais se sont déroulés dans des petits volumes,

en bacs cylindro-coniques, et que la survie moyenne finale à P5 est nettement inférieure

à celle obtenue en moyenne dans les bacs elliptiques industriels de 15 m3 classiques.

Ces tests sont donc utiles pour sélectionner les probiotiques les plus intéressants, mais

ils ne peuvent pas simuler ce qu’il se passera en élevage industriel. Une fois plusieurs

103 

 

probiotiques pré-sélectionnés de cette manière, des phases d’essai à plus grande échelle

pourront avoir lieu, puis l’usage de ces produits pourra être généralisé si les tests sont

concluants, tant techniquement qu’économiquement.

L’utilisation de ces probiotiques, si elle se révèle efficace comme thérapeutique

préventive, pourra apporter un confort accru aux animaux et limiter la nécessité

d’utiliser des traitements thérapeutiques curatifs. C’est donc désormais une voie de

recherche prioritaire pour l’aquaculture de crevettes.

 

ANNEXES

 

Annexe I : Classification de crevettes pénéides

EMBRANCHEMENT : Arthropodes

SOUS-EMBRANCHEMENT : Antennates

SUPER CLASSE : Crustacés

CLASSE : Malacostracés

SOUS-CLASSE : Eumalacostracés

SUPER ORDRE : Eucarides

ORDRE : Décapodes

SOUS-ORDE : Pénaéides

FAMILLE : Peneidea

SOUS-FAMILLE : Penaeinea

GENRE : Penaeus

 

Annexe II : Cycle de reproduction de crevettes pénéides

 

Annexe III : Morphologie de crevette Pénéides spp.

 

Annexe IV : Tableau résumant les pathogènes de crevettes pénéides

PATHOGENES VIRAUX MALADIES Acide Nucléique Signes cliniques Continents

touchés

WSSV ADN double brin Taches blanches sur l’exosquelette et épiderme

Asie Amérique

TSV ARN non enveloppé Teinte rougeâtre du corps Amérique Asie

YHV ARN enveloppé Coloration jaune du céphalothorax

Asie Amérique Australie

IHHNV ADN simple brin Opacité des muscles Asie Amérique

IMNV ARN non enveloppé Muscles comprenant des foyers blancs

Amérique Asie

HPV ADN simple brin Non spécifique (confirmation à l’histopathologie)

Mondial Madagascar

MBV ADN double brin Hépatopancréas pâle (jaune à brunâtre)

Mondial Madagascar

MSGS Retard de croissance marqué Asie

Afrique Madagascar

LES PARASITES

MALADIES Localisation Signes cliniques Continents touchés

Microsporidies Interne Muscle blanc laiteux Mondial Madagascar

Grégarines Interne Tache jaune sur l’intestin Mondial Madagascar

Haplosporidies Interne Hépatopancréas touché Asie

Zoothamnium spp. Externe Agitation des animaux Mondial Madagascar

Lagenidium spp. Sirolpidium spp. Champignons Micelliums fongiques

Présents dans les tissus internes Asie

Fusarium Champignon Dépôt de mélanine dans les branchies Asie

PATHOGENES BACTERIENS

MALADIES Gram Localisation Signes cliniques Continents touchés

NHP-B Négatif Intracellulaire Corps mou Branchies sombres Amérique

RLB Négatif Intracellulaire Nécrose de carapace du céphalothorax Madagascar

Spiroplasma Intracellulaire Expansion de chromatophore Amérique

Vibrio Négatif Eubactérie Segments abdominaux rouge

Mondial Madagascar

Microgrammes positifs Positif Eubactérie Stress Mondial

Madagascar

Peritrichous spp. Négatif Eubactérie Branchies sales Mondial Madagascar

 

Annexe V : Carte de localisation des sites d’Aqualma

 

Annexe VI : Certicat des analyses de l’Aquaculture Therapy CERTIFYING BODY CERTIFYING BODY

Parkway Research Div. Brandt Consolidate, Inc. 211 West Rt. 125 Pleasant Plains, IL 62677 USA 800.252.2905 217.626.1123 217.626.1927 Fax TOTAL CFU COUNT GUARANTEE (If applicable) 1000,000,000 CFU per ml MICROBIAL GENUS/ SPECIES Bacillus subtilis, Bacillus licheniformis, Bacillus megaterium, Bacillus pumulis, OTHER GUARANTEE LOT NUMBER TBD INTEDED USE To improve water conditions in aquaculture environments INSTRUCTION FOR USE Refer to label for specifics HAZARDOUS SITUATIONS None ofvthe ingredients in this material meet the definition of “Hazardous Chemical” 29 CFR 1910.1200

DATE OF CERTIFICATION TBD ADDITIONAL INFO Store product in original container with lid tightly secured. Store product between 35°F / 1.7°C-100°F / 37.8°C NAME OF CERTIFYING OFFICER Ray Kimmel

CERTIFICATE OF ANALYSIS FOR

AQUACULTURE THERAPY

 

Annexe VII : Pourcentage de survie de post-larves

Z1 Z2 Z3 M1 M2 M3 P1 P2 P3 P4

Bo13 78,01 73,77 68,52

Bo14 91,49 87,04 81,57 73,92 72,97 66,97 66,79 66,61 66,22 65,85

Bo15 95,45 73,76 71,48

Bo16 95,98 90,76 78,31 80,24 74,13 65,68 65,37 63,74 61,09 58,24

Bo17 88,76 74,09 59,59 69,59 66,66 54,19 53,8 53,41 46,58 43,66

Bo18 95,31 83,07 74,04

Bo19 90,01 74,44 62,03

Bo20 87,5 76,83 63,97 54,49 48,33 47,03 41,88 38,74 36,91 32,84

Bo21 97,36 75,65 65,56 59,64 54,38 51,37 50,87 50,12 48,85 40,1

Bo22 91,22 76,02 63,13

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Annexe VIII : Composition relative de la flore microbienne vibrionacée des

broyats des animaux, mise en évidence par le rapport du nombre de colonies vertes

sur le nombre de colonies jaunes (ratio vertes/jaunes)

 

 

 

N° Booster Ratio J1 J2 J3 J4 J5 J6 J7 J8 J9 J10 J11 J12 J13

Boo13 0,005 0,033 0,339 7,527 3,5 5,299 Boo14 0,013 0,002 10,48 0,164 0,837 40,002 5,3991 0,0455 0,105 0,079 0,156 22 1 Boo15 0,003 0,0065 1,051 2,303 1,274 5,166 Boo16 0,001 0,018 1,747 0,974 1,96 33,766 4,6603 0,212 0,1305 0,825 0,134 0,035 0,03Boo17 0,004 0,029 3,15 22,146 1,548 5,487 2,7733 0,347 0,0875 0,023 1,643 0,146 0,04Boo18 0,001 0,011 1,583 2,883 2,017 0,785 Boo19 0,008 0,092 56,2 682,03 1540,78 9,025 Boo20 0,002 0,013 1,765 5,454 5006,98 300,79 6,1293 0,0725 0,128 0,184 0,08 0,004 0,03Boo21 0,005 0,08 62,337 6,641 1769,8 68,725 9,3173 0,384 0,5335 0,405 0,381 0,134 0,02Boo22 0,036 0,003 11,099 1,171 100,089 1,095

 

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Serment des Docteurs en Médecine Vétérinaire

DÉPARTEMENT D’ENSEIGNEMENT

DES SCIENCES ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRES

(DESMV – Faculté de Médecine – Université d’Antananarivo)

" Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux, en présence des membres de l’Ordre National des Docteurs Vétérinaires Malgaches et devant mes Enseignants, je fais le serment d'avoir à tout moment et en tout lieu le souci constant de la dignité et de l'honneur de la profession vétérinaire.

Ainsi, je promets et je jure :

• de conformer ma conduite professionnelle aux règles prescrites par le Code de Déontologie et d'en observer en toute circonstance les principes de correction et de droiture, • d'être fidèle aux lois de l'honneur, de la moralité, de la probité et de l'éthique dans l'exercice de la médecine vétérinaire et d'honorer ceux qui m'ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur enseignement, • de respecter la vie des animaux, de jouer un rôle primordial dans la protection de leur santé et de leur bien être et d'œuvrer à l'amélioration de la santé de l'homme et de son bien être, • d'œuvrer pour la préservation de l'environnement et pour la promotion d'une vie harmonieuse entre tous les êtres vivants et de m'efforcer de créer les conditions idéales de coexistence entre l'homme et l'animal, • d'essayer de maîtriser les récentes connaissances et techniques en médecine vétérinaire et de les inculquer à d'autres tout en veillant à promouvoir les échanges avec les sciences apparentées afin de permettre l'évolution de la science.

En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et mon état pour corrompre les mœurs et favoriser des actes répréhensibles.

Que les hommes m'accordent leur estime si je suis resté fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé des confrères si j'y manque. "

 

PERMIS D’IMPRIMER

LU ET APPROUVE

Le Président de Thèse

Signé: Professeur ANDRIANASOLO Roger

VU ET PERMIS D’IMPRIMER

Le Doyen de la Faculté de Médecine

d’Antananarivo

Signé: Professeur RAJAONARIVELO Paul

 

 

Name and first name: FARIDA Hassani Title thesis: LES PATHOGENES DES CREVETTES PENEIDES : EXEMPLE DES ELEVAGES LARVAIRES A MADAGASCAR, INTERET THERAPEUTIQUE DES PROBIOTIQUES.

Number of pages : 103 Number of tables : 10 Number of figures : 20 Number of appendix: 10

SUMMARY

In Madagascar, shrimp larval rearing can be facing bacterial infections like in the rest of

the world. Aqualma is aiming at limiting or even eradicate bacterial infections if

possible in order to improve the rearing conditions of the animals and ameliorate the

performances. Our experience has taken place in Mifoko, the hatchery site which

belongs to Aqualma. At larval stages, bacterial infections can induce massive outbreaks.

The AQUACULTURE THERAPY product defined as probiotic, has been tested in

order to limit bacterial infection by favouring the larvae and post-larvae shrimp

resistance against bacteria attacks. It is claimed that this product consumes the organic

matter which resulted from the dead micro-organisms and organisms which cover the

pond and constitutes complex biofilms with food wastes. By doing so, it is supposed to

clean the bottom and improve the rearing environment of the larvae. During this

experience, the AQUACULTURE THERAPY has been showing some effect in

improving the shrimp resistance to bacterial infection, especially to older post-larvae

stages. The tank which has been treated with antibiotics when required and that has

also received AQUACULTURE THERAPY on a regular basis have had a low

percentage of parasitic lesions in young post-larvae stages and have shown an absence

of the bacterial lesions. The other tanks did show occasionally bacterial and parasitic

lesions. There were more affected post-larvae in the negative control tank (standard

larval rearing protocol) than there was in the tanks which received AQUACULTURE

THERAPY on a regular frequency. We have shown that AQUACULTURE THERAPY

can significantly limit the bacterial infection and the parasitic infestation which result

from Zoothamnium in larval rearing.

Words-keys: Pathogens; Shrimps; Peneid; Hatchery; Madagascar; Probiotics Director of the thesis: Professor ANDRIANASOLO Roger Reporter of thesis : Doctor LE GROUMELLEC Marc Address of the author: [email protected]

 

Nom et prénom : FARIDA Hassani Titre de la thèse : LES PATHOGENES DES CREVETTES PENEIDES : EXEMPLE DES ELEVAGES LARVAIRES A MADAGASCAR, INTERET THERAPEUTIQUE DES PROBIOTIQUES.

Nombre de pages : 103 Nombre de tableaux : 10 Nombre de figures : 20 Nombre d’annexes : 10

RÉSUMÉ

Les pathogènes bactériens causent fréquemment des problèmes en élevage larvaire de

crevette à Madagascar. Aqualma essaie de limiter les infections bactériennes, voire les

supprimer, par l’amélioration des conditions de vie de crevette en élevage. A Mifoko,

site d’élevage larvaire propriété d’Aqualma se déroulait l’expérience que nous avons

mené. A ce stade d’élevage, les bactéries pathogènes ou opportunistes causent des

infections allant jusqu’à la mortalité massive des larves. Le produit Aquaculture

Therapy, défini comme un probiotique commercial est testé pour limiter les infections

bactériennes en aidant les larves et les post-larves de crevettes à mieux résister aux

agressions des bactéries de leur milieu d’élevage. Il améliore le milieu d’élevage en

nettoyant le fond du bac en consommant la matière organique en dégradation provenant

des microorganismes et organismes morts qui tapissent les bacs d’élevage en constituant

un biofilm complexe avec les débris alimentaires. Durant cette expérience, nous avons

pu montrer que l’Aquaculture Therapy aide les crevettes à résister aux infections

bactériennes surtout aux stades post-larves avancées. Les bacs avec les traitements en

antibiotique et avec la distribution régulière de l’Aquaculture Therapy ont eu un faible

pourcentage des lésions parasitaires et révèlent une absence des lésions bactériennes en

histologie. Les autres bacs ont révélé occasionnellement des lésions bactériennes et

parasitaires, notamment Zoothamnium, lors de l’observation microscopique. Le nombre

des post-larves atteintes par cette parasitose est plus important dans le bac témoin par

rapport aux autres bacs. L’Aquaculture Therapy limite de manière significative les

infections bactériennes et les infestations par Zoothamnium en élevage larvaire.

Mots clés : Pathogènes, Crevettes, Pénéides, Elevages larvaires, Madagascar, Probiotiques Président de thèse : Professeur ANDRIANASOLO Roger Rapporteur de thèse : Docteur LE GROUMELLEC Marc Adresse de l’auteur : [email protected]