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dévelopement durable

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ÉGALIT

égalité d’accès

égalité d’accès

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justice économique

Les Femmes Défientla Mondialisation Un point de vue sexospécifique sur la Conférence internationale des Nations Uniessur le financement du développement, 18-22 mars 2002, Monterrey, Mexique

Les Femmes Défientla Mondialisation

Organisation des femmes pour l’environnement et

le développement

Fonds de développement des Nations Unies pour la femme

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Les Femmes Défient la MondialisationUn point de vue sexospécifique sur la Conférence internationale des Nations Uniessur le financement du développement, 18-22 mars 2002, Monterrey, Mexique

Préface DE NOELEEN HEYZER, DIRECTRICE EXECUTIVE, UNIFEM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3

Introduction: De la parole à l’acte PAR JUNE ZEITLING, DIRECTRICE EXECUTIVE, WEDO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4

1. Le Consensus de Monterrey: Un échec contre le statu quoPAR JANICE GOODSON FOERDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8Les problèmes, le processus et les résultats.Ce que les femmes voulaient, ce que nous avons obtenu et ce qui nous a bloqué.

• Le pouvoir d’influence: Le FdD, les Etats-Unis et l’APD PAR EMIRA WOODS . . . . . .12

• La réunion ministérielle de Doha: Rien de bon pour le développement,rien de bon pour l’égalité entre les sexes PAR MARIAMA WILLIAMS . . . . . . . . . . . . .19

2. Les femmes dans l’économie mondiale: Problèmes,rôles et plaidoyers PAR NADIA JOHNSON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20Contrôler, analyser et suggérer des stratégies d’action pour transformer le cadre macroéconomique actuel.

• Où les mitraillettes protègent la crème glacée PAR MARTA BENAVIDES . . . . . . . . . . .21

• Pas de paix, pas de développement: le cas du Burundi,PAR LILIANE RUVAKUBUSA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22

• Le NEPAD, piège du sexe et de la pauvreté, PAR ZO RANDRIAMARO . . . . . . . . . . . . . .24

• Dans les nouveaux Etats indépendants,les femmes paient le tribut de la dette PAR OKSANA KISSELYOVA . . . . . . . . . . . . . . . .27

• Biens publics mondiaux: controverses, espoirs et craintesPAR MARINA FE B. DURANO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28

• Elargir le débat sur la Taxe Tobin mondiale PAR GIGI FRANCISCO . . . . . . . . . . . . . . .30

• Mettre le pouvoir entre les mains des communautés PAR DEVAKI JAIN . . . . . . . . . .32

Ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35

Organisation des femmes pour l’environnement et

le développement

Fonds de développement des Nations Unies pour la femme

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WOMEN’S ENVIRONMENT & DEVELOPMENT ORGANIZATION (WEDO)355 Lexington Avenue, 3rd Floor New York, NY 10017, U.S.ATel: 212-973-0325; Fax: 212-973-0335E-mail: [email protected] www.wedo.org

WEDO est une organisation d’intervention internationale, aspirant à accroître le pouvoir des femmes dans le monde en tant quedécideures à tous les niveaux, des gouvernements, des institutions etdes forums, pour aboutir à une justice économique et sociale, à bâtirune planète saine et paisible et aux droits de la personne pour tous.

UNITED NATIONS DEVELOPMENT FUND FOR WOMEN (UNIFEM)304 East 45th Street, 15th FloorNew York, NY 10017, U.S.ATel: 212-906-6400; Fax: 212-906-6705E-mail: [email protected]: www.unifem.undp.org

L’UNIFEM est le Fonds de développement des Nations Unies pour lafemme. Il apporte une assistance technique et financière à des stratégies et à des programmes innovateurs visant à promouvoir lesdroits de la personne,* la participation politique et la sécuritééconomique de la femme. Dans le système de l’ONU, l’UNIFEM veilleà promouvoir l’égalité entre les sexes et relie les questions et lespréoccupations de la femme aux ordres du jour à l’échelon national,régional et mondial, en encourageant la collaboration et enfournissant une expertise technique pour l’intégration d’une démarchesexospécifique et de stratégies d’émancipation de la femme.

Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurset ne reflètent pas nécessairement les points de vue de l’UNIFEM, del’Organisation des Nations Unies ou de ses institutions spécialisées.

UN POINT DE VUE SEXOSPÉCIFIQUE DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DES NATIONS UNIES SUR LE FINANCEMENT DUDÉVELOPPEMENT, 18-22 MARS 2002, MONTERREY, MEXIQUEDirectrice de publication: Joan Ross FranksonRédactrice en chef: Nadia JohnsonConsultante de rédaction: Gretchen SidhuRéviseur: Leslie ShafferRecherche et Documentation: Ayan Ali, Lenka Simerska, Rebecca WornerConception: The Handy Design Company

Traduction: Ihsan Bouabid, Translate ITImprimé par Astoria Graphics sur du papier recyclé, sans chlore

Droits d’auteur© octobre 2002 ISBN: 0-9670314-9-4

£

* “Les droits de l’homme” est une terminologie

qui est tombée en désuétude surtout parmi les

feministes et autres public averti. De plus en plus,

l’on parle de “droits de la personne” un terme

neutre qui inclue tant les hommes que les femmes

et de fait reflete les droits des femmes et ceux

des hommes.

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En ma qualité de Directrice Générale du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), j’aile plaisir d’appuyer les efforts tendant à inclure la femme et lesperspectives féminines dans le processus d’élaboration de la mon-dialisation. L’appui de l’UNIFEM aux femmes pour qu’elles s’or-ganisent pendant la préparation de la Conférence sur le financement du développement (FdD) faitpartie de notre programme tendant àrenforcer la sécurité et les droitséconomiques de la femme. Il répondau Programme d’action de Beijing(1995) qui a chargé l’UNIFEM “d’ac-croître les choix et les opportunitéspour une émancipation politique etéconomique des femmes dans les paysen développement de sorte qu’ellespuissent effectivement contribuer à/etbénéficier du développement de leurspays et de leurs communautés”.

La Conférence internationale sur le financement du dévelop-pement a offert l’occasion de créer un système financier interna-tional fondé sur la démocratie, la transparence et la responsabilisa-tion économique, et sur l’inclusion et l’émancipation de toutes lespersonnes, afin de garantir que les valeurs énoncées au Sommet duMillénaire deviennent une réalité, et que les ressources suivent larhétorique. Elle a été une occasion d’oeuvrer en faveur d’un sys-tème mondial permettant aux femmes et aux hommes d’accroîtreleurs chances et d’améliorer leurs aptitudes, pour éliminer les iné-galités entre les sexes qui inhibent le développement en freinant laproductivité, l’efficacité et le progrès.

En m’adressant aux ministres et aux délégués à Monterrey, j’ai

réitéré ce à quoi les femmes se sont employées, partout: première-ment, l’accès à/et le contrôle des ressources productrices; deu-xièmement, la reconnaissance et la valorisation du travail nonrémunéré des femmes dans l’économie domestique; tercio, l’inté-gration d’une analyse sexospécifique quant à la manière dont lesressources nationales sont développées et dépensées et; quatrième-

ment, une participation accrue dans laprise de décisions économiques.

A Monterrey, j’avais conclu endéclarant: “Nous avons l’occasionaujourd’hui de définir avec exactitudecomment, dans quelles limites tem-porelles et avec quels repères appro-priés, peut-on ancrer un dévelop-pement basé sur la transparence, laresponsabilité et l’égalité, à travers lessystèmes financiers nationaux et inter-nationaux, et contrôlé quant à ses effetssur le progrès humain”.

Sans doute, le message le plus clair résultant de la conférenceest que les efforts déployés pour saisir ces chances de refaçonneret de transformer le processus de mondialisation devraient êtreconstants et continus, et que l’organisation des femmes est une par-tie nécessaire et vitale de ce processus.

Ce rapport reflète cette réalité et explore les moyens dont dis-posent les organisations féminines et la société civile pour aller del’avant. Le chemin à parcourir est ardu, certes, mais comme tel, ilreflète et synthétise la longue ascension des femmes vers l’égalité,et bien qu’il soit difficile, Il ne Saurait y Avoir de Retour.Noeleen Heyzer est la Directrice Générale du Fonds de dévelop-pement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM)

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Préface D E N O E L E E N H E Y Z E R

Le message le plus clair sansdoute est qu’il faudrait que lesefforts tendant à transformer leprocessus de mondialisationsoient continus, et quel’organisation des femmesconstitue une partie vitale de ce processus.

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Au fil des trente années écoulées, les femmes ont participé etse sont organisées dans les conférences internationales desNations Unies pour promouvoir l’émancipation et les droits dela femme—depuis la Première Conférence sur la Femme àMexico City en 1975, en passant par la Deuxième Conférence àCophenhague (1980), la Troisième à Nairobi (1985), et jusqu’à laQuatrième Conférence à Beijing en 1995. Lors de ces conférences,les femmes ont apporté des témoignages, des analyses, des proposi-tions, des solutions et une énorme énergie. Nous avons attiré l’attention du public sur diverses circonstances d’ordre économique,sociale, environnementale et politique, et obtenu des engagementspolitiques de la part des Gouvernements et des institutions interna-tionales pour redresser les torts.

Ces conférences ont constitué un succès sans précédent, four-nissant par la même le ciment qui a scindé en un mouvement mon-dial divers réseaux régionaux et organisations de femmes, à traversles pays et ceux du Nord et du Sud et à travers un éventail de ques-tions liées à la femme. Elles ont non seulement servi de forums pourle développement d’un ordre du jour mondial de la femme, maiselles ont également forcé les Gouvernements, dans les quatre coinsdu monde, à être à l’écoute de la problématique de la femme et àadopter des mesures pour répondre à nos doléances. Des questionstelles que la violence à l’égard de la femme, la pauvreté et l’anal-phabétisme des femmes, la santé et les droits à la reproduction, ainsique la sous-représentation de la femme dans le gouvernement, sontdevenues parties intégrantes du discours public.

Les conférences des Nations Unies, qui ont eu lieu durant la décen-

nie des années 90, ont fourni aux femmes l’occasion de faire avancerd’un cran leurs revendications, et d’incorporer leurs préoccupationsdans les agendas du développement humain et des droits de la per-sonne au sein des Nations Unies. A partir de la Conférence desNations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED),en 1992, à Rio de Janeiro, au Brésil, les femmes des quatre coins duglobe ont convergé pour élaborer des stratégies et pour obtenir unereconnaissance formelle de leur rôle crucial dans la réalisation d’unnouveau type de développement qui soit durable du point de vuesocial, économique et écologique. Lors des conférences suivantes,les femmes ont arraché aux Gouvernements des engagements signi-ficatifs pour protéger et promouvoir les droits humains de la femme,la santé et les droits à la reproduction, la lutte contre la pauvreté etle développement social, et une grande plate-forme d’action poli-tique, sociale et économique.

Les femmes ont concentré leurs énergies, à l’échelon local etmondial, sur la mise en oeuvre de ces engagements, et se sontbattues pour que les gouvernements ensoient comptables. Bien deschoses ont été réalisées: des réformes juridiques ont en lieu dans denombreux pays pour définir les droits des femmes, des programmespour pallier à la violence à l’égard de la femme ont été établis, lemicro-crédit a été amplement institué en faveur de la femme etquelques femmes sont arrivées à occuper de hautes fonctionspubliques. Mais, comme l’avait souvent déclaré la co-fondatrice deWEDO, Bella Abzug: “Nous avons les paroles, à présent il nous fautla musique. Et la musique, c’est l’action”.

Qui se trouve en travers de la musique? Les réponses sont sim-

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Le calendrier de la Conférence sur le FdD: Chronologie d’un processus

Introduction: De la parole à l’acte PA R J U N E Z E I T L I N

199720 juin 1997: En adoptantl’Agenda pour le développement,l’Assemblée générale des NationsUnies décide:“Il convient d’ac-corder une considération partic-ulière aux modalités de conduited’un dialogue intergouvernemen-tal sur le financement pour ledéveloppement...”

18 décembre 1997: L’AssembléeGénérale adopte la résolutionA/RES/52/179 intitulée “Partenariatmondial pour le développement:considération de haut niveauinternational intergouvernemen-tal sur le financement pour ledéveloppement”, à l’issue de négo-ciations basées sur un projet de

résolution proposé par le Groupedes 77 et la Chine. Elle établit unGroupe de travail spécial à compo-sition non limitée pour faire desrecommandations “sur la forme, laportée et l’agenda en vue d’uneconsidération de haut niveauinternational intergouvernemen-tal sur le thème du financementpour le développement...”.

1999 22 décembre 1999: L’AG adoptela résolution A/RES/54/196 intitulée “Considération de haut niveau international inter-gouvernemental du financementpour le développement”, qui élabore les décisions relatives

à la procédure pour la conférence FdD.

200030 mai-2 juin 2000: Reprise de lasession d’organisation et premièresession de fonds du Comité pré-paratoire (PrepCom I). Documents:Deuxième Rapport du Bureau auComité préparatoire (A/AC.257/8);Ordre du jour préliminaire adopté(A/AC.257/L.2/Rev.1).

2-5 août 2000: CESAP(Commission économique etsociale pour l’Asie et le Pacifique),consultations régionales, Jakarta,Indonésie. Documents: Rapportfinal (A/AC.257/13)

6-7 novembre 2000: Audiencesavec des représentants des ONG,New York.

9-10 novembre 2000: CEPALC:Commission économique etsociale pour l’Amérique latine etles Caraïbes, consultationsrégionales, Bogota, Colombie.Documents: Rapport final(A/AC.257/17).

15-22 novembre 2000: CEA:Commission économique etsociale pour l’Afrique), consulta-tions régionales, Addis Abeba,Ethiopie. Documents: Rapport final(A/AC.257/14).

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ples, hélas: POUVOIR ET ARGENT. Les domaines dans lesquels lesfemmes continuent à être à la traîne sont la prise de décisions poli-tiques et économiques. Et, en dépit des avancées et des acquis dansles existences de beaucoup de femmes, en tant que groupe à l’échellemondiale, les femmes demeurent les plus pauvres parmi les pauvres.

Il ne fait aucun doute que les défis de l’inégalité et de la fémini-sation de la pauvreté ont été exacerbés par la mondialisation rapidede l’économie. Il est désormais de notoriété publique que le modèleactuel de mondialisation, le Consensus de Washington, reposant surune libéralisation commerciale et financière sans frein, sur la dérégu-lation et la privatisation, a approfondi lesinégalités entre les peuples et entre lesnations. Pour ceux au bas de l’échelleéconomique, en particulier pour lesfemmes, qui assurent des rôles multiplesen tant qu’agents économiques, person-nes prodiguant des soins et chevillesouvrières du foyer, les impacts négatifssont exacerbés.

Les femmes de par le monde ontcompris l’importance du processus definancement du développement; et qu’ilfaut que les engagements pris par lesGouvernements lors des précédentesconférences de l’ONU soient appuyés par des ressources. De nou-velles ressources nationales et internationales seraient nécessaires etcelles-ci dépendent en partie de la suppression des inégalités struc-turelles du système économique mondial. En conséquence, l’accentmis sur le processus a été bien accueilli.

En partenariat avec l’UNIFEM, WEDO a exécuté le projet “Investir

dans les femmes”, qui a permis à davantage de femmes travaillant auniveau des organizations de base et de la politique de participeractivement au processus de la conférence sur le FdD. Le résultat enfut que les femmes ont parlé haut et fort à Monterrey. Elles ont exigél’identification et la réallocation de ressources financières supplé-mentaires pour atteindre les objectifs de développement antérieure-ment approuvés par les Gouvernements.

La promesse du processus du FdD consistait à relier lesressources financières à la promotion du développement. Ce lienétait censé écarter cette réunion, sponsorisée par l’ONU, de la rou-

tine des discussions financières duFonds monétaire international (FMI) etde la Banque mondiale, ainsi qued’autres institutions strictement finan-cières. Elle devait aussi tenir lieu deforum où tous les pays, en développe-ment et développés, auraient une voixréelle dans la formulation de la poli-tique, et où la société civile aurait unechance réelle d’apporter son point devue. Malheureusement, et comme l’a ditFoerde dans son évaluation du proces-sus, ces promesses n’ont pas été réal-isées. Tandis que d’une part, les

délégués des Gouvernements et des autres parties prenantes, princi-palement les institutions financières internationales, parlaient beau-coup des finances et des mécanismes financiers, il y avait d’autrepart peu de volonté politique d’engager vraiment de nouvellesressources ou de créer de nouveaux mécanismes. En pratique, Il n’ya eu aucune discussion sur la façon dont les ressources existantes

Les promesses de la FdD étaientque les ressources nécessairespour mettre en oeuvre unedécennie d’engagements de lapart des gouvernements enfaveur du développementseraient identifiées et que lesfemmes réussiraient à avoir unimpact réel.

23-24 novembre 2000: CESAO(Commission économique etsociale pour l’Asie occidentale),consultations régionales,Beyrouth, Liban. Documents:Rapport final (A/AC.257/16).

6-7 décembre 2000: CEE(Commission économique pourl’Europe), consultations régionales,Genève, Suisse. Documents:Rapport final (A/AC.257/15).

11-12 décembre 2000: Audiencesavec la communauté des affaires,New York.

2001Janvier 2001: Rapport duSecrétaire général au Comité pré-

paratoire pour la rencontre dehaut niveau international inter-gouvernemental sur le finance-ment du développement, ONU,New York.http: //esa.un.org/ffd/policydb/sgreport).htm.

12-23 février 2001: Deuxièmesession de fonds du Comité pré-paratoire (PrepCom II).Documents: Rapport du Comité(A/AC.257/L.5). Le Comité desONG décide de tenir un Forumde la Société Civile sur le finance-ment du développement, paral-lèle à la conférence officielle.

2-8 mai 2001: Troisième sessionde fonds du Comité préparatoire(PrepCom III). 1ère Partie.

Organisation des travaux.Documents: Rapport du Comité àsa troisième session (A/AC.257-22,Cor.1, Add. 1).

15-19 octobre 2001: Reprise de laTroisième session de fonds duComité Péparatoire (2ème partie(PrepCom III cont.). Documents:Rapport du Comité sur la reprisede sa troisième session (A/56/28).

200214-27 janvier 2002: Quatrièmesession de fonds du Comité pré-paratoire (PrepCom IV).Documents: Cinquième rapport duBureau (A/AC.257/33) ; Projet detexte du Consensus de Monterrey

approuvé le 27 janvier 2002(A/AC.257/32).

14-16 mars 2002,Monterrey, Mexique: Forummondial des ONG: Financementdu droit à un développementdurable et équitable

18-22 mars 2002,Monterrey,Mexique: Conférence interna-tionale sur le financement dudéveloppement.

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pourrait effectivement dynamiser le développement. En fait, commelors de la Quatrième Réunion ministérielle de l’OrganisationMondiale du Commerce (OMC) en 2001 à Doha, Qatar (page 20), oùle libre commerce était perçu comme une fin en soi plutôt qu’unmoyen de faire progresser le développement humain et la prospéritémondiale, le “financement’’ est aussi devenu une fin en soi et poursoi. Bien que les pays en développement étaient présents, leursvoix—si évidentes dans les avant-projets du Consensus de Monterreyet le document négocié de la conférence, ont été mises en sourdinedans le texte final. De même, les préoccupations de la société civilede maniére génénerale ont été trop fréquemment ignorées.

Comme le Caucus des Femmes l’a noté dans une de ses dernièresinterventions, à la Table ronde sur“Regard sur l’avenir”, “Les femmes ont étéactivement engagées dans le processusde la Conférence du financement pour ledéveloppement. Nous y avons participéen toute bonne foi. Mais nous n’avonspas été “entendu”. Comme nous l’avonsclairement souligné dans la Déclarationdu Forum des ONG, nous désapprou-vons le Consensus de Monterrey. Decrainte que notre participation soit malinterprétée, le Caucus des Femmes s’étaitcatégoriquement dissocier du consensuset déclarait ne pas y adhéder.

Nous sommes profondément préoc-cupées par le peu de progrès accompli dans la mise à disposition deressources financières suffisantes pour un développement durable. Lesressources pour atteindre les objectifs de Développement duMillénaire (MDG) n’ont pas encore été dégagées. Les pespectives sontmême pis pour un ordre du jour plus élargi du développement....”

Nombreux sont ceux qui à l’ONU et certainement beaucoup dereprésentants des Gouvernements ont parlé de la “trinité”des con-férences—la ministérielle de l’OMC à Doha, la FdD à Monterrey etle Sommet mondial de l’ONU sur le développement durable(WSSD) à Johannesburg en août/septembre 2002. Ces conférencesétaient liées les unes aux autres car, ensemble, elles étaient sup-posées traiter du commerce et du financement mondial pour attein-

dre un développement durable. Doha, saluée par certainsGouvernements comme une “percée” après l’impasse politique dela Conférence ministérielle de Seattle en novembre 1996, était sup-posée déboucher sur un nouveau round de “développement”. Or, ilexiste beaucoup de désaccords et d’incertitudes concernant lanature exacte des accords conclus à Doha et, maintenant, mêmecertains pays en développement qui y étaient présents s’interrogentsur la pertinence et sur l’utilité de son résultat. Pourtant, quelquespays industrialisés, les Etats-Unis à leur tête, se sont évertuer à an-crer le langage de Doha dans les documents de Monterrey et deJohannesburg. Les efforts des ONG et de plusieurs pays endéveloppement tendant à se pencher, une nouvelle fois, sur des

questions liées au commerce, tels queles subventions préjudiciables ou quibiaisent le commerce, ont été vaincusdans ces deux conférences car, commenous nous le sommes entendus dire, lecommerce a déjà été traité à Doha.

Monterrey était censé examiner àfonds cinq mécanismes financiers pouridentifier de nouvelles ressources des-tinées au développement. Ceux-ci com-prenaient une mobilisation desressources nationales, les investisse-ments étrangers directs (IED), le com-merce, l’assistance publique audéveloppement (APD) et la réduction de

la dette. La conférence sur le FdD a également abordé des questionssystémiques, qui auraient pu inclure un examen de la gouvernancemondiale par les institutions financières internationales. Durant leprocessus de la FdD, les pays en développement ont mis l’accent surla nécessité d’avoir des sources internationales de financement. Cetterequête a été fortement contestée par les pays industrialisés, par lesEtats-Unis en particulier, qui ont souligné à maintes reprises qu’il fal-lait que le document se concentre à 90 pour cent sur les ressourcesnationales, et à 10 pour cent sur les ressources internationales. LeConsensus final de Monterrey porte l’accent sur la mobilisation desressources nationales.

En termes de ressources internationales, le Consensus de

ADPIC: Accord sur les aspects desdroits de propriété intellectuellequi touchent au commerceAPD: Aide publique au développementBM: Banque mondialeBPM: biens publics mondiauxCDF: Cadre de développementde paysCEDAW: Convention sur l’élimination de toutes les formesde discrimination à l’égard de la femme

CEE/NEI: Europe centrale et del’Est/ Nouveaux Etats indépendantsDSRP: Documents stratégiques deréduction de la pauvretéFMI: Fonds monétaire internationalGATS: Accord général sur les services et le commerceGDP: croissance, emploi etredistributionIBW: Institutions de Bretton Woods

IED: investissement étrangersdirectsIFI: institutions financières internationalesMCA: Millenium ChallengeAccountNEPAD: Nouveau Partenariat pourle Développement de l’AfriqueOCDE: Organisation de coopération et de développementéconomiquesODM: Objectifs de développement du Millénaire

OMC: Organisation mondiale du commerceONU: Organisation des NationsUniesPAM: Pays les moins avancésPAS: Programmes d’ajustementstructurelPNB: Produit national brutPPTE: pays pauvres très endettésSWAPs: Approches par secteurST: sociétés transnationales TTM: taxe sur les transactionsmonétaires

Grâce à leurs expériences,riches et diverses, et à desanalyses appprofondies reliantla durabilité, l’égalité et lesdroits de la personne, lesfemmes sont en passe deforger un nouveau paradigmede développement, profitable à toute l’humanité.

Abréviations utilisées dans ce rapport

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Monterrey contient peu d’engagements nouveaux—il réitère Dohasur le commerce, encourage les investissements privés et un envi-ronnement national propice, il réaffirme l’initiative en faveur despays pauvres très endettés sur la réduction de la dette, et continue àinviter les pays donneurs/créditeurs à atteindre l’objectif de 0,7 pourcent de l’APD, sans aucun calendrier spécifique. En substance, laconférence FdD a laissé en place le modèle économique du con-sensus de Washington. Les Gouvernements ont appelé à undéveloppement durable, sensible à la sexospécificité, centré sur lapersonne, mais n’ont pas altéré l’architecture financière ou lesmécanismes financiers existants pour mettre les paroles en musique.

Une fois de plus, on nous a déclaré que le développementdurable serait abordé au Sommet mondial sur le développementdurable. Ayant en mémoire les acquis des femmes dix années aupar-avant au Sommet de la Terre de Rio, nous nous sommes frénétique-ment préparées pour Johannesburg. Nous savions que les doléncesdes femmes et de toute l’humanité étaient plus importants et plusurgents que jamais. Le fossé entre les riches et les pauvres, entre lespeuples et les nations, se creuse chaque de plus en l’environnementen perpetuel dégradation. Nous craignions que ce soit la dernièrechance pour que les Gouvernements du monde—rassemblés sousles auspices de l’ONU—changent, de la collision actuelle entre lesriches et les pauves, à une approche qui mette en oeuvre les troispiliers du développement durable (l’économie, le social et l’écolo-gie) pour tous les peuples et pour la Planète.

En dépit de l’urgence des besoins et des réclamations de lasociété civile et des Sud-africains sans terre et des pauvres, à l’ex-térieur du centre de la conférence, il n’y avait pas de volonté poli-tique ou de pouvoir suffisant pour s’écarter du paradigmeéconomique actuel vers un autre mettant l’accent sur un développe-ment durable. En fait, aucune nouvelle disposition institutionnellen’a vu le jour pour mettre les piliers sociaux et environnementauxdu développement sur un pied d’égalité avec le pilier économique.La suprématie de l’OMC était réaffirmée. Les questions en rapportavec la protection de l’environnement, les droits de l’homme ou lesdroits du travail (aucune mention de l’égalité entre les sexes) étaientde simples façades. Ainsi, bien que les femmes aient obtenu certainsacquis nouveaux, cette triade de réunions mondiales, de Doha àMonterrey puis Johannesburg, n’a pas réussi à nous mettre sur lechemin de l’égalité entre les sexes, de l’éradication de la pauvreté etdu développement durable.

Ce rapport est un outil précieux pour les décideurs, les univer-sitaires et les militant(e)s des droits de la personne en vue de pro-mouvoir une neilleure compréhension des dimensions sexospéci-fiques du processus du FdD, précisément les expériences desfemmes dans l’économie mondiale, et les mesures à mettre en oeu-vre pour s’attaquer véritablement à la pauvreté. Dans la premièresection, Janice Goodson Foerde emprunte la route cahoteuse queles femmes ont traversée tout au long du processus conduisant à laconférence du FdD, et procède à une analyse sexospécifique des résultats du Consensus de Monterrey. Dans la deuxième section,Nadia Johnson rend compte des rôles et des problèmes de la femmedans l’économie mondiale de marché. Elle décrit quelques unes desinnovations apportées par les femmes pour incorporer unedémarche sexospécifique dans la prise de décisions économiques.Tout le long du rapport, plusieurs participantes à travers le mondeont offert des témoignages de premier ordre des préoccupationsrégionales et ont fourni une expertise sur des questions variées.

Le rapport s’achève sur des stratégies d’action.Les directions suggérées sont claires: nous, femmes, devons

continuer à réclamer à nos gouvernements d’honorer les engage-ments qu’ils ont pris et nous devons utiliser toutes les plates-formes,disponibles, nationales et internationales pour inciter à la trans-parence et à la responsabilisation. Nous devons revisiter nosengagements envers nos communautés et nous organiser. Commeles participantes l’ont si éloquemment décrit dans le présent rap-port, les femmes subissent l’impact des forces économiques multi-ples (mondiales et locales) dans leurs existences quotidiennes. Laplupart des femmes ne connaissent pas le jargon actuel de laBanque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), maiselles peuvent certainement décrire les effets de ces politiques surleurs vies de tous les jours.

En tant que femmes citoyennes du monde, nous continuerons àmettre l’accent et à tisser des liens, du national à l’international aunational. Nous redoublerons nos efforts pour accroître l’alphabéti-sation économique de la femme, pour renforcer l’aptitude à faire des analyses économiques, pour expérimenter différentes approcheset pour plaider en faveur de politiques répondant aux besoins de la femme. Grâce à notre expérience, riche et diversifiée, et à desanalyses approfondies reliant la durabilité, l’égalité et les droits de la personne, nous sommes en passe de forger un nouveau para-digme de développement qui ne soit pas uniquement avantageuxpour les femmes et les enfants mais pour la communauté humainetoute entière.June Zeitlin est la Directrice exécutive de l’Organisation des femmespour l’environnement et le développement (WEDO).

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Parties Prenantes

1. Gouvernements/Etats membres de l’ONU2. Institutions:

• Institutions de Bretton Woods: Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale (BM)

• Organisation mondiale du commerce (OMC) • Organisation de coopération et de développement

économiques (OCDE)• Banque des Règlements Internationaux (BRI)• Banque régionale de développement

3. Système de l’ONU:• Commissions, Fonds, Programmes et Organisations

4. ONG commerciales, groupes d’intérêt et compagnies5. Organisations de la société civile

Principaux Blocs de Négociation

• G-77/Chine: Regroupement de plus de 133 pays endéveloppement et de la Chine. La présidence est assurée par chaque région sur une base annuelle.

• Union européenne (UE): Actuellement 15 pays.La présidence change tous les six mois.

• Etats-Unis

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L’examen récent par les Nations Unies des questions relativesau financement du développement a s’est parachevé en mars2002 avec la tenue à Monterrey, au Mexique, de la Conférenceinternationale sur le Financement du Développement. Lorsque ceprocessus était amorcé en l’an 2000, il a été qualifié d’approchenovatrice pour promouvoir les plans d’action et les initiatives adop-tés, mais rarement mis en oeuvre, durant la précédente décennie deconférences et de sommets mondiaux sur un éventail de questionsen rapport avec le développement.

Dès la Conférence de l’ONU sur l’environnement et ledéveloppement (CNUED) en 1992, les femmes de différentes partiesdu monde, ayant déployé des stratégies conjointes, ont obtenu unereconnaissance formelle de leur rôlecrucial dans la réalisation d’undéveloppement durable du point de vue social, économique etécologique. A l’occasion des con-férences qui se sont succédées au fildes années 90, notamment laConférence mondiale sur les droitsde la personne (CMDH) en 1993 àVienne, en Autriche; la Conférenceinternationale sur la population et ledéveloppement (CIPD) en 1994 auCaire, en Egypte; le Sommet mon-dial sur le développement social à Copenhague, au Danemark(1995); et la Quatrième Conférence mondiale sur la femme à Pékin, en Chine (1995), les femmes ont fait avancer leur ordre dujour, obtenant des engagements des Gouvernements pour protégeret promouvoir les droits de la personne et les droits et la santéreproductive de la femme, et pour adopter des mesures pour unevaste plate-forme d’objectifs de développement politique,économique et social.

Or, tandis que les femmes luttaient pour que lesGouvernements rendent des comptes concernant l’application deleurs engagements, les défis de l’inégalité et de la féminisation dela pauvreté ont été exacerbés par la mondialisation rapide de l’économie. Pour les femmes donc, le processus conduisant à laconférence sur le FdD renfermait un grand potentiel, puisqu’il étaitcentré sur les identification des ressources et sur les mécanismesde financement des engagements en faveur du développement prislors des conférences des années 90 et du Sommet de l’ONU sur leMillénaire tenu en septembre 2000 à New York, qui a affirmé nom-bre de ces objectifs.

Les femmes, qui ont gardé l’oeil pendant des années sur les ten-dances dans six aspects critiques du financement du développe-ment—mobilisation des ressources nationales, mobilisation desressources internationales, commerce, coopération internationale,dette extérieure et questions systémiques—ont pris à bras le corpsl’occasion d’arriver à une compréhension plus commune de ces pro-blèmes interdépendants et de bâtir un consensus pour la mise enoeuvre des engagements antérieurs. La conférence sur le FdD était

perçue comme un moyen nécessaire à la réalisation d’un développe-ment durable pour tous, prenant encompte à la différence entre lessexes, et centré sur l’individu, un concept qui donne à penser que lesquestions liées au développement de la femme, notamment la distri-bution équitable des revenus et une égalité d’accès aux ressources deproduction et au développement humain, doivent constituer desthèmes centraux et transversaux.

Comme il s’est avéré, le Consensus de Monterrey, le documentfinal que les Gouvernements ont signé à l’issue de la conférence auMexique, conserve la définition populiste du “développement” (par.8,9). Pourtant, en dépit d’une grande participation de grandesautorites et de l’enthousiasme des femmes et des autres parties

prenantes, au bout du compte, le Consensusde Monterrey n’a pas réussi à défier le cadremacroéconomique actuel qui perpétue lesdéséquilibres, l’inégalité et les souffrancesdans le monde.

Le Consensus de Monterrey: Les lacunes et les acquisLes ONG avaient de grandes attentes etnourrissaient des espoirs pour leConsensus de Monterrey, fondés sur ledocument de travail final. Mais le texte aété progressivement altéré pendant le

processus de négociation. Il est particulièrement faible en ce quiconcerne les types de changements systématiques et les analysessur la parité des sexes qui auraient signifié une réelle différencepour les femmes et pour les pauvres.

Beaucoup de lacunes du Consensus de Monterrey émanent d’unfacteur central: son incapacité à traiter des mauvaises politiques ducadre macroéconomique actuel—dérégulation, privatisation, libéral-isation commerciale et financière—qui ont grossi les rangs des pau-vre dans le monde, en particulier des femmes, et ont conduit à unaccroissement de l’inégalité à l’échelle mondiale. Connu comme leConsensus de Washington, ce modèle économique néolibéralrepose quasi exclusivement sur la libéralisation du commerce et surles investissements étrangers pour dynamiser le développementéconomique, accordant peu de poids, hormis de bonnes paroles, audéveloppement humain ou à la protection de l’environnement.

Des coups pour l’égalité entre les sexes: En s’attachant au modèle duConsensus de Washington, il était impossible aux Gouvernementsde considérer les réalités économiques des conditions de vie desfemmes. Bien qu’il soit généralement admis que les femmes con-situtent la majorité des pauvres dans le monde, le consensus atteintpar les Gouvernements à Monterrey est pratiquement exemptd’une analyse sexospécifique et ne reflète qu’un engagement limitéen faveur de l’égalité entre les sexes.

Le document accorde peu de reconnaissance à la position parti-culière de la femme sur le marché de l’emploi—concentrée dans lesecteur informel, dans le secteur de l’agriculture rurale et dans des

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Le Consensus de Monterrey: Un échec contre le statu quo PAR JANICE GOODSON FOERDE

Au bout du compte, laconférence sur le financementdu développement n’a pasréussi à défier le cadremacroéconomique actuel quiperpétue les déséquilibresmondiaux, l’inégalité et lessouffrances.

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postes à faible salaire dans le marché de l’emploi formel—et à l’im-pact différencié et négatif des politiques économiques mondialessur ces secteurs. Il n’a pas non plus reconnu que les femmes sontcelles qui souffrent le plus des aspects préjudiciables du stylenéolibéral de mondialisation en termes de responsabilités familialeset communautaires supplémentaires puisque les services sociauxsont privatisés, réduits ou éliminés.

Le lien entre la sexospécificité et d’autres formes d’équité et lamacroéconomie est ignoré. Sous la mondialisation économiquelibérale, les rôles multiples de la femme au foyer, au sein des col-lectivités et dans la main d’oeuvre rémunérée, ont abouti à la mar-ginalisation, à l’exploitation et, finalement, à la féminisation de lapauvreté. Il faut une solution structurelle pour remédier à ce genrede discrimination structurelle.

Grâce essentiellement aux efforts du Women’s Caucus, leConsensus de Monterrey contient, ici et là, quelques référencessoucieuses de la parité entre les sexes, même si les Gouvernementsont accepté bien moins de références que celles qui ont été pro-posées. La section “Rester engagés”(par.68-73) encourage à unecoopération accrue entre les Nations Unies et les institutions finan-cières internationales—Banque mondiale, Fonds monétaire interna-tional (FMI) et Organisation mondiale du commerce (OMC)—dans lamise en oeuvre des engagements pris aux conférences antérieures,un grand acquis pour le militantisme féminin. Et il existe uneréférence à une budgétisation pour le social et la parité, même s’ilne s’agit que d’un exemple illustrant l’appui aux “efforts qui sont faitsà l’échelon national dans les pays en développement et les pays entransition pour renforcer les capacités nationales dans l’édificationdes capacités des pays en développement et des pays à économiesde transition” (par.19).

Dans la section consacrée à la mobilisatioon des ressourcesnationales (par.10-19), “la protection des droits des travailleurs et lasauvegarde de l’environnement” sont citées en même temps que“l’autonomisation des femmes”, mais uniquement dans le contexte

de la mise en place de “cadres législatifs et réglementaires quiencouragent l’initiative publique et privée(...) dans le respect des lég-islations nationales”. Même sans l’amalgame de “l’autonomisationdes femmes” et des “droits des travailleurs”, aucune nouvelle sug-gestion n’a été faite en vue d’atteindre ces objectifs.

Le document encourage les parties prenantes à: “intégrer unedémarche de parité entre les sexes dans les politiques dedéveloppement à tous les niveaux et dans tous les secteurs (...) pourrenforcer l’efficacité de l’appui du système économique mondial audéveloppement” (par. 64). Or, des propositions antérieures plussolides en vue d’intégrer une démarche de parité entre les sexesdans les institutions internationales financières et de développe-ment, fondamentale pour les objectifs de la conférence sur le FdDd’élimination de la pauvreté et de développement durable, n’ontpas réussi à passer la phase finale.

Placer quelques références, ici et là, dans le document final nepeut faire avancer la lutte contre la discrimination entre les sexes,raciale et contre les autres formes d’injustice. Des réformes delongue portée et des étapes à long terme sont nécessaires pour pal-lier aux relations inégales de pouvoir inhérentes au modèleéconomique actuel.

Divisions Nord/Sud, Riches/Pauvres: Le Consensus de Monterreyse conjugue également avec une économie mondiale discrimina-toire et inégalitaire, avec un accentuation des déséquilibres entreles pays du Nord et du Sud et les pays de l’ex-Union Soviétique,ainsi qu’au sein des nations.

Des choses peu réalistes sont exigées des pays en développe-ment, tandis que les nations développées ne sont tenues qu’àquelques obligations. La priorité a été accordée à la mobilisation desressources nationales, qui fait peser la responsabilité du développe-ment sur les Gouvernements à l’échelon national même s’il estuniquement requis des donateurs internationaux qui dictent les ter-mes—par l’ouverture des marchés nationaux au libéralisme du

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1. Mobiliser des ressourcesfinancières nationales au ser-vice du développement:Instaurer un climat national favorable en remédiant à plusieursproblèmes de gouvernancenationale et de prises de décisionsmacroéconomique.2. Mobiliser des ressourcesinternationales au service dudéveloppement: Stimuler les fluxde capitaux privés aux fins dufinancement du développementen favorisant les flux privés, enparticulier les flux à long terme;étendre l’acheminement des fluxdes investissements étrangersdirects vers davantage de pays endéveloppement et de pays en

transition; pallier à l’impact desinvestissements des sociétéstransnationales dans les pays endéveloppement; promouvoir, dansles pays d’origine et de destina-tion, des mesures propres àatténuer la fébrilité des capitaux àcourt terme.3. Commerce: Ouvrir davantagetous les marchés aux exporta-tions des pays en développe-ment; remédier aux problèmesliés à la libéralisation du com-merce et aux politiques commer-ciales internationales et régionalescomme celles de l’OMC; renforcerla coopération régionale dans lecommerce mondial.4. Renforcement de la coopéra-

tion financière internationalepour le développement:Augmentation de l’aide publiqueau développement (APD) pouratteindre les objectifs consistant àlui consacrer 0,7% du produitnational brut (PNB) tout enaméliorant son efficacité et sonefficience; séparer le financementde l’APD des biens mondiauxpublics; explorer internationale-ment les initiatives coopérativesde taxes telles que la taxe sur lestransactions monétaires.5. Dette extérieure: S’attaqueraux problèmes de la dette des paysen développement; améliorer etrenforcer l’Initiative en faveur despays pauvres très endettés (IPPE);

explorer les moyens d’éviter unerécurrence des crises de la dette ;apporter une assistance techniquepour la gestion de la dette; évaluerles politiques de prêt de la Banquemondiale et du FMI.6. Problèmes systémiques:Améliorer la gouvernance et lacohérence des systèmes moné-taires, financiers et commerciauxinternationaux.; améliorer la gou-vernance économique mondiale;promouvoir la responsabilisation,la transparence et une plus largeparticipation dans la prise de déci-sions et dans l’élaboration desnormes; renforcer le rôle de l’ONUdans la prise de décisionséconomiques internationales.

Définition des problèmes du financement du développement

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marché et aux investissement étrangers directs—de prendre desmesures “volontaires”. Ce déséquilibre va à l’encontre des pauvres,des pays en développement, mais n’est pas perçu comme une vio-lation du droit de ces pays au développement.

Mobilisation de nouvelles ressources financières: La Coopérationinternationale a été affaiblie par l’opposition des Etats-Unis à con-sacrer un minimum de 0,7 pour cent du produit intérieur brut(PNB) à l’assistance publique au développement (APD), et ce, endépit du fait que les Gouvernements s’étaient mis d’accord sur cetaux dans d’autres réunions et documents de l’ONU. Lesréférences à cet objectif félicitent les pays qui ont atteint l’objectifde 0,7 pour cent (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Suède, d’unemanière constante ; et le Luxembourg, depuis l’an 2000), maisd’autres pays sont seulement “invités” à atteindre cet objectif(par.42). Dans la période allant de ladernière réunion préparatoire, à la finjanvier 2002, jusqu’à la conférence enmars, une pression accrue a été exer-cée pour que les pays prennent desengagements individuels en signe debonne foi. Les 30 milliards de dollarsd’APD supplémentaire promis parl’Union Européenne et par les Etats-Unis pour les prochaines années ensont un exemple, même si ce montantest loin des 50 milliards de dollarsannuels des besoins estimés par laBanque mondiale.2 Le Consensus deMonterrey contient également un plan pour que les pays dona-teurs utilisent plus efficacement les fonds sans augmenter lesfinancements, en améliorant la qualité de l’aide ou en transférantles sources de financement.

Aucun mécanisme n’a été introduit pour mobiliser des nouvellesressources financières en vue d’atteindre les objectifs de développe-ment énoncés dans la Déclaration du Millénaire, approuvée par 189Gouvernements au Sommet de l’ONU pour le Millénaire (2000).Seuls l’APD, la réduction de la dette, les investissements étrangers,le commerce et les ressources nationales sont considérés commedes sources potentielles de ressources supplémentaires. Dans la sec-tion sur l’assistance au développement, les Gouvernements sontconvenus “d’étudier, dans les enceintes appropriées, les résultats del’analyse exploratoire demandée au Secrétaire Général sur lessources novatrices de financement”. Ils ont noté la proposition d’utiliser les droits de tirage spéciaux pour le développement, enestimant néanmoins que l’affectation de ces droits doit être con-forme aux Statuts du Fonds Monétaire International et à ses règleset procédures, qui exigent de prendre en compte le besoin globalde liquidités au niveau international” (par.44). Dans la section surles problèmes systémiques, il n’existe pas de nouvelles procédurespour renforcer la coopération fiscale internationale, mais seulementun appel encourageant à un dialogue plus poussé et à une plusgrande coordination (par.52-67).

Faiblesse du langage, Peu de résultats concrets: En général, le langagedu Consensus de Monterrey est faible et la plupart des propositionsne sont pas concrètes pour être appliquées. Le langage demandepoliment (avec des mots tels que “considère”, “encourage”, “invite”et

“prie instamment”) ou énonce des faits (tels que “la nécessité d’as-surer”). Il n’y a que 12 phrases contenant un langage qui pourrait êtreconsidéré comme un engagement, avec des expressions comme“nous honoreront nos engagementst” ou “nous nous engageons”. Laplupart, ne faisant qu’affirmer les décisions prises à la QuatrièmeRéunion Ministérielle de l’OMC tenue à Doha, au Qatar en 2001, setrouvent dans la section sur le commerce (par.26-38); une ou deuxfigurent dans la section sur l’APD/la coopération financière et tech-nique aux fins du développement (par. 39-46), et le reste dans la sec-tion traitant des problèmes systémiques (par.52-67).

Occasions ratées: Aucune mention n’est faite des accords contenusdans les plans d’action des conférences et des sommets de l’ONUde la décennie, à l’exception des objectifs de développement de laDéclaration du Millénaire; de la Déclaration du Millénaire elle-même

(par.2-4;39-41;49,52;71), et de la Chartede l’ONU (par. 9,57).

L’occasion n’a pas été saisie pourétablir un cadre des droits de la person-ne pour faire face aux défis du finance-ment d’un développement durable. Unetelle approche, appliquée aux problèmesmacroéconomiques, aurait utilisé lesinstruments internationaux de l’ONU etceux relatifs aux droits de la personnecomme directives et indicateurs priori-taires aux fins d’un développementéconomique soutenu.

Le document n’emploie pas destratégies novatrices comme le financement des biens publics mon-diaux (BPM) pour promouvoir un développement durable. Ses par-tisans ont suggéré que l’égalité entre les sexes (une condition préal-able à la réalisation d’un développement durable) devrait être con-sidérée comme un BPM. Ils sont aussi tombés d’accord sur la néces-sité d’une recherche et d’une analyse plus poussées afin d’évaluerles avantages potentiels de cette approche. Or, comme il a étéabsolument impossible d’obtenir un consensus sur les BPM, aucunedes références initiales ne figure dans le document final.

La sauvegarde de l’environnement est brièvement mentionnée(par.3,12,23,46), bien qu’elle constitue un élément essentiel dans laréalisation d’un développement durable, soucieux de la parité entreles sexes et centré sur la personne.

Un vague processus de suivi est évoqué (par.73), mais sil’Assemblée générale de l’ONU et le Conseil économique et social(ECOSOC) y ont tous les deux un rôle clair à jouer, en revanche,aucun mandat précis n’est assigné à l’ONU en tant qu’agence phareen termes de gouvernance des relations économiques mondiales.

Réaction officielle aux résultats A la fin de la conférence, les parties prenantes gouvernementaleset intergouvernementales paraissaient satisfaites, malgré quelquesvoix gouvernementales critiques et les faiblesses du Consensus deMonterrey, qui ne contient qu’un nombre limité d’engagements etd’échéanciers de mise en oeuvre. Les participants ont mis l’accentsur plusieurs résultats positifs, notamment l’appui au processus definancement du développement, l’accord sur sa nécessité, le con-sensus général quant à sa poursuite en tant que forum innovateurde dialogue, et l’engagement

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Le document n’inclue pas lesaccords ou les stratégies desconférences antérieures en vuede la promotion d’undéveloppement durable, et n’apas saisi l’occasion pour établirun cadre des droits de l’hommepour le financement dudéveloppement.

(À suivre page 13)

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Le Consensus de Monterrey: Coup d’oeil sur les engagements

I.COMMENT FINANCER LE DEVELOPPE-MENT: UNE ACTION MONDIALE

Par. 4: La réalisation des objectifsde développement de la commu-nauté internationale, notammentceux énoncés dans la Déclarationdu Millénaire, appelle à unnouveau partenariat entre lespays développés et les pays endéveloppement. Nous nous enga-geons à appliquer des politiquesrationnelles, à instaurer unebonne gouvernance à tous lesniveaux et à assurer la primautédu droit. Nous nous engageonségalement à mobiliser lesressources nationales, à attirer lesflux internationaux, à promouvoirle commerce international en tantque moteur du développement, àintensifier la coopération finan-cière et technique internationalepour le développement, lefinancement viable de la dette etl’allègement de la detteextérieure et à renforcer lacohérence des systèmes moné-taires, financiers et commerciauxinternationaux.

II. PRINCIPAUX AXES D’INTERVENTION

• Mobiliser des ressourcesfinancières nationales auservice du développementAucun engagement.

• Mobiliser des ressourcesinternationales au service dudéveloppement: investisse-ments étrangers directs etautres flux financiers privésAucun engagement.

• Le commerce international,moteur de la croissance et dudéveloppement

Par.26: (...) A cet égard, nous réaf-firmons notre engagement enfaveur de la libéralisation ducommerce et entendons veiller àce que le commerce joue pleine-ment son rôle dans la promotionde la croissance économique, del’emploi et du développementpour tous. Nous saluons donc lesdécisions de l’Organisationmondiale du commerce quitendent à placer les besoins et lesintérêts de pays en développe-

ment au coeur de son programmede travail et nous engageons à lesappliquer.

Par.31: Nous honorerons lesengagements pris à Doha pourdémarginaliser les pays les moinsavancés sur le plan du commerceinternational et pour appliquer leprogramme de travail adopté au sujet de l’examen des questionsrelatives au commerce des petits pays”.

Par.32: Nous nous engageons parailleurs à renforcer le rôle desaccords régionaux et sous-régionaux et des zones de libre-échange dans le cadre du systèmecommercial multilatéral en vued’en édifier un meilleur au niveaumondial...

• Renforcement de la coopéra-tion financière et techniqueinternationale pour ledéveloppement

Par.44: (...) nous convenons d’étudier, dans les enceintesappropriées, les résultats del’analyse exploratoire demandéeau Secrétaire général sur lessources novatrices de finance-ment, en notant la propositiond’utiliser les droits de tiragespéciaux pour le développement.

Par.46: Nous veillerons à ce queles ressources à long terme dontdispose le système de finance-ment international, y compris lesinstitutions et fonds régionaux etsous-régionaux, lui permettentd’appuyer comme il convient ledéveloppement économique etsocial durable, l’assistance tech-nique pour le renforcement descapacités et les systèmes de pro-tection sociale et de défense del’environnement. Nous contin-uerons également à améliorerl’efficacité globale des prêts parune maîtrise accrue au niveau despays, des opérations qui aug-mentent la productivité etdonnent des résultats quanti-fiables pour réduire la pauvreté,ainsi qu’une coordination plusétroite avec les donateurs et lesecteur privé.

• Dette extérieureAucun engagement.

• Règlement des problèmessystémiques: renforcement dela cohérence et la gouvernancedes systèmes monétaires, fin-anciers et commerciaux inter-nationaux d’appui audéveloppement

Par.53: (...) Nous soulignons aussi notre attachement à l’exis-tence de secteurs financiersnationaux robustes qui apportentune contribution vitale aux effortsnationaux de développement entant qu’élément important d’unearchitecture financière interna-tionale propice au développement.

Par.65: Nous nous engageons ànégocier et à conclure dans lesmeilleurs délais une conventiondes Nations Unies sur la luttecontre la corruption sous tous sesaspects, y compris la question durapatriement des fonds acquisillégalement dans les pays d’orig-ine, ainsi qu’à promouvoir unecoopération plus vigoureuse pouréliminer le blanchiment del’argent. Nous encourageons lesEtats qui ne l’ont pas encore fait àenvisager de signer et de ratifierla Convention des Nations Uniescontre la criminalité transna-tionale organisée.

Par.67: Nous attachons unegrande importance à la revitalisa-tion du système des NationsUnies, pilier central de l’actionmenée en vue de promouvoir lacoopération internationale pour ledéveloppement et de mettre enplace un système économiquemondial qui soit avantageux pourtous. Nous réaffirmons notredétermination à donner àl’Assemblée générale les moyensde maintenir sa position centraleen tant que principal organedélibérant et représentatif de l’Or-ganisation des Nations Unies et àcontinuer de renforcer le Conseiléconomique et social pour l’aiderà s’acquitter du rôle qui lui estattribué dans la Charte de l’Or-ganisation.

III. RESTER ENGAGES

Par.68: (...) Nous sommes doncpleinement résolus à poursuivrenotre action, aux niveauxnational, régional et international,pour que les accords adoptés etles engagements pris à laprésente conférence reçoivent lasuite voulue et à continuerd’établir des liens entre les organi-sations qui s’occupent de ques-tions relatives au développement,aux finances et au commerce etles initiatives connexes dans lecadre de l’ordre du jour global dela Conférence (...).

Par.70: Pour appuyer les élémentssusmentionnés aux niveauxnational, régional et international,nous décidons: De continuer àaméliorer la cohérence de nospolitiques internes...; de mobiliserle soutien actif des commissionsrégionales et des banquesrégionales de développement; demaintenir le processus de finance-ment pour le développement àl’ordre du jour des organismesintergouvernementaux de toutesles parties prenantes (...).

Par.71: (...) Nous appuierons lacampagne d’informationmondiale menée par l’ONU sur lesobjectifs de développementconvenus par la communautéinternationale, notamment ceuxqui figurent dans la Déclarationdu Millénaire (...).

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Les Etats-Unis n’ont accordé del’attention au processus dufinancement du développementqu’à partir de la session ducomité préparatoire d’octobre2001. Lors des deux sessionsprécédentes (PrepComs), en 2000et au début de 2001, les pays endéveloppement et le facilitateurde la conférence avaient dominéles discussions autour des conclu-sions du document final.

Or en octobre, les Etats-Unisont déclaré avec fracas que ledocument était mal orienté,appelant à une nouvelle rédac-tion du texte dont 90 pour centdevait être centré sur ce que lespays en développement pou-vaient faire pour eux-mêmes, et10 pour cent axé sur ce que lemonde développé pourrait fairepour promouvoir le développe-ment. La délégation américaine amenacé de se retirer du proces-sus de la conférence et a avertique, faute de changements, leprésident Bush ne participeraitpas à la conférence de Monterrey.

La stratégie a fonctionné:Les délégués se sont démenéspour axer le document sur lamobilisation des ressourcesnationales. Six semaines avantMonterrey, ils ont signé uneversion finalisée du texte.

Une semaine avant la con-férence, le président Bush a prisl’engagement d’augmenter l’aidepublique au développement(APD), une nouvelle qui affichaitle désir des Etats-Unis de ne pasarriver les mains vides. Lors del’annonce de son ‘MillenniumChallenge Account’ (MCA), leprésident Bush a appelé à unnouveau développement mondialcompact, défini par une nouvelleresponsabilisation aussi bien desnations pauvres que des nationsriches; s’est engagé à augmenterde 5 milliards de dollars par anl’assistance américaine audéveloppement par rapport auxniveaux actuels d’ici l’annéefiscale 2005; et a spécifiquementendossé les objectifs de

développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire en déclarant:“L’Amérique appuie les objectifsde développement énoncés par lacommunauté internationale dansla Déclaration du Millénaire, etestime que ces objectifs sontune responsabilité partagée des pays développés et endéveloppement”.

Le MCA reposera sur descritères de sélection des récipi-endaires, notamment la bonnegouvernance, l’investissementdans la divers secteurs de lasociété (surtout dans la santé etl’éducation), et les réformes poli-tiques encourageant la libreentreprise et l’investissement.

Les Etats-Unis ont pompeuse-ment déclaré qu’il s’agissait d’unengagement historique, le niveaule plus élevé d’accroissement duvolume de l’APD qu’ils aientjamais offert, en négligeantpourtant de mentionner l’impactde l’inflation. La décision interve-nait une semaine après unengagement du même ordre dela part de l’Union européenne:celle-ci s’engageait à la moyennede l’APD de l’UE à 0,39 du PNB,grossissant ses contributions de20 milliards de dollars en 2006.

Les deux annonces jumellesont fortement réorientées ledébat à Monterrey vers l’APD, audétriment d’autres problèmes.Non seulement les Etats-Unis ontdétourné l’ordre du jour pourservir leurs intérêts, mais Wash-

ington et Bruxelles pourraientavoir sapé un processus multi-latéral avec leurs interventionsunilatérales. Il y a eu des occa-sions d’utiliser les négociationspour promouvoir les engage-ments en faveur de l’APD,antérieurement un sujet paria etle seul sur lequel les délégués ontessayé de se rétracter unesemaine avant la réunion.

Depuis Monterrey, laplupart des discussions àWashington ont tournéautour du MCA et desindices pour mesurer lesréalisations des pays quisont de “bons acteurs”, etexiger davantage deprogrès des “mauvaisacteurs”. Les hauts respons-ables américains procla-ment que le MCA sera unprogramme pilote encou-rageant “les bons acteurs”,avec d’importants flux

d’assistance, et les “mauvaisacteurs”, en retenant desexemples de ce qui est possible.

A la question de savoir ce qu’iladviendra aux “mauvais élèves”et à leurs citoyens, qui sont sanc-tionnés tant par la situationnationale que par le manqued’assistance extérieure, l’Adminis-tration rétorque que l’actuelleAgency for International Develop-ment des Etats-unis, et d’autresprogrammes, continueront àrépondre à leurs besoins.

Mais beaucoup de praticiensdu développement et analystesde la politique de développementexpriment leur inquiétude engénéral sur les critères spéci-fiques posés comme conditionspréalables à l’aide au développe-ment, notamment les conditionséconomiques et de gouvernancedéfinies par Washington. L’impo-sition unilatérale de conditional-ités dicte les politiques aux paysen développement au lieu d’ap-puyer les stratégies nationalesque les gouvernements ontélaboré en réponse aux besoinsde leurs populations.

En reposant lourdement sur lemarché pour énoncer les objectifsde développement, ces politiquesfont porter un plus grand fardeauaux femmes qui constituent déjàune part disproportionnée deceux qui vivent dans la pauvretéou qui sont marginaliséeautrement. Les conditionalitésrestreignent l’espace politique etlimitent davantage la voix despays en développement dans laprise de décisions économiques.Elles diminuent l’efficacité desprogrammes de développementen dépendant uniquement desforces du marché au lieu dedéfinir des objectifs d’éliminationde la pauvreté. Et, la réductiondes dépenses sociales dans dessphères telles que la santé etl’éducation, qui accompagnentsouvent l’application des condi-tions, affectent les femmescomme premières porteuses de soins, avec plus de demandesde services et moins d’optionsd’appui.

Il est de la responsabilité desEtats-Unis et des autres dona-teurs d’offrir une assistance audéveloppement qui soit dequalité et de bon escient—enrespectant les situations et lesstratégies de chaque pays, enéliminant la pauvreté et enoffrant aux femmes des avancéessubstantielles.Emira Woods (Liberia/Etats-Unis)est membre du Civil SocietyInterim Facilitation Group forFollow-up to Monterrey.

Le pouvoir d’influence: le financement du développement,les Etats-Unis et l’APD PA R E M I R A W O O D S

Les Etats-Unis ont nonseulement détournél’agenda pour servirleurs intérêts propres,mais ils ont égalementaidé à saper unprocessus multilatéralavec leurs interventionsunilatérales.

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individuel de certains pays à accroître la coopération aux fins dudéveloppement.

De leur côté, les participants issus des ONG sont arrivés à uneautre conclusion. Durant les trois jours qui ont précédé la conférencede Monterrey, le Forum Mondial des ONG s’est tenu sous le slogan“Financer le droit à un développement équitable et durable”. Desreprésentants des organisations de la société civile du monde entieront débattu du but de la conférence sur le financement dudéveloppement et ont évalué le Consensus de Monterrey, d’ores etdéjà finalisé en janvier 2002 à la dernière réunion préparatoire. LesONG, ayant sousestimé le projet de document final par rapport auxobjectifs du financement du développement et l’ayant jugé insuffisant,ont déclaré: “Nous ne souscrivons pas au Consensus de Monterrey”.Elles n’ont pas considéré le consensus comme “une base suffisantepour combattre la pauvreté ou pour faire avancer les droitséconomiques, sociaux et culturels”, mais ont décidé de “resterengagées dans tous les efforts visant à atteindre les objectifs dedéveloppement du Millénaire”, en reconnaissant toutefois que,“même si ceux-ci sont atteints, nous aurons encore un demi-milliard

de personnes vivant dans une pauvreté abjecte”. Les ONG ont con-venu de “continuer à mobiliser leurs bases en vue de l’application desengagements que [les gouvernements et les parties prenantes inter-gouvernementales] ont pris au cours de la décennie écoulée”.3

De nombreux militants de la société civile ont consacré deuxannées à la discussion et à l’analyse de la promotion d’undéveloppement durable ayant un visage humain et, dans une décla-ration à l’ouverture de la conférence, ils ont exprimé leur mécon-tentement par rapport aux résultats de la conférence sur le finance-ment du développement. Pour WEDO et bien d’autres encore, lemécontentement concernait en particulier l’absence de références àl’égalité entre les sexes, aux droits économiques de la femme et dela fillette; à l’incapacité du processus de pleinement prendre en con-sidération les points de vue des ONG; et à l’absence de dispositionstendant à transformer les systèmes du commerce mondial et l’archi-tecture financière, et à garantir une annulation de la dette extérieuredes économies des pays en développement les plus pauvres.

L’enjeu de Monterrey résidait dans la nécessité d’établir un cadre,d’obtenir des engagements, d’élaborer un échéancier fixe des obli-

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Le Consensus de Monterrey:Femme et références sexospécifiques en un clin d’oeil

L E S F E M M E S D É F I E N T L A M O N D I A L I S AT I O N

I.COMMENT FINANCER LE DEVELOPPE-MENT: UNE ACTION MONDIALEPar. 8: Les pays étant de plus enplus dépendants les uns desautres sur le plan économique, il ya lieu d’adopter une conceptionglobale des problèmes nationaux,internationaux et systémiquesinterdépendants que pose lefinancement du développement,un développement durable à vi-sage humain soucieux de la paritéentre les sexes—aux quatre coinsde la planète.

II. PRINCIPAUX AXES D’INTERVENTION

• Mobiliser des ressources finan-cières nationales au service dudéveloppement

Par.11: Un bon gouvernement estla condition sine qua non d’undéveloppement durable. (...) La lib-erté, la paix et la sécurité, la sta-bilité intérieure, le respect des droitsde l’homme, y compris le droit audéveloppement, et de l’état dedroit, l’égalité entre les sexes, despolitiques fondées sur l’économiede marché et la volonté généralede créer des sociétés justes etdémocratiques sont égalementnécessaires et synergiques.Par.12: Dans le respect des législa-

tions nationales, nous mettrons enplace les cadres législatifs et régle-mentaires qui encouragent l’initia-tive publique et privée, notam-ment à l’échelle locale, et quiassurent le bon fonctionnement etle dynamisme du secteur privétout en favorisant l’accroissementdes revenus et leur redistributionéquitable, la hausse de la produc-tivité, l’autonomisation desfemmes, la protection des droitsdes travailleurs et la sauvegardede l’environnement.

Par.16: Il est indispensable, pourque les populations, et notam-ment leurs composantes les pluspauvres, puissent mieux s’adapterà l’évolution des conjonctures etdes perspectives économiques,d’investir dans l’infrastructureéconomique et sociale de base, lesservices sociaux et la protectionsociale (...) qui visent particulière-ment les enfants et les personnesâgées, répondent aux besoins desfemmes et couvrent l’ensemble dusecteur rural et des communautésles plus déffavorisées.

Par.18: Les microfinancements etles crédits accordés aux petites etmoyennes entreprises, notammentcelles du secteur rural, et en partic-

ulier au profit des femmes (...)Compte tenu de diverses consid-érations économiques et sociales,des mesures devraient être prisespour intégrer le secteur informeldans l’économie formelle partoutoù cela est possible.

Par.19: Il est capital d’appuyer lesefforts qui sont faits à l’échelonnational dans les pays endéveloppement et les pays entransition pour renforcer lescapacités dans des domaines telsque... la mise en valeur desressources humaines ... [et]l’analyse par sexe des effets deschoix budgétaires...

• Mobiliser des ressources inter-nationales au service dudéveloppement: investissementsétrangers directs et autres fluxfinanciers privés

Par.23: (....) il revient en revanche àcelles-ci [les entreprises] de par-ticiper au développement demanière fiable et cohérente. Nousengageons donc les millieux d’af-faires à tenir compte des con-séquences de leurs actes nonseulement sur l’économie et lesfinances, mais également sur ledéveloppement, la société, les

femmes et l’environnement.

• Le commerce international,moteur du développementAucune référence à la femme et àla sexospécificité.

• Renforcement de la coopéra-tion financière et techniqueinternationale pour ledéveloppementAucune référence à la femme et àla sexospécificité.

• Dette extérieureAucune référence à la femme et àla sexospécificité.

• Règlement des problèmes sys-témiques: renforcement de lacohérence et la gouvernancedes systèmes monétaires,financiers et commerciauxinternationaux d’appui audéveloppement

Par.64: Pour renforcer le rôle utileque le système économique mon-dial joue dans la promotion dudéveloppement, nous préconisons:(...) Intégrer une démarchesoucieuse d’équité entre les sexesdans les politiques de développe-ment à tous les niveaux et danstous les secteurs.

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gations et de donner le coup d’envoi de la réalisation d’undéveloppement durable soucieux de l’égalité entre les sexes. Denombreux officiels et commentateurs ont établi un lien entre la con-férence et deux autres événements internationaux majeurs: LaQuatrième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale ducommerce, à Doha (Qatar), en novembre 2001; et le Sommet mon-dial pour le développement durable (SMDD), à Johannesburg, enAfrique du Sud, en août 2002. Ensemble, ces réunions constituaientune stratégie à trois volets en vue d’atteindre la croissanceéconomique, le développement socioéconomique et une planètesaine. Comme la conférence de Doha n’a pas répondu aux attentesdes ONG, les espoirs ont alors été tournés vers Monterrey. Et encoreune fois, les résultats furent limités.

Les acteurs du processusDevant le Comité préparatoire de janvier, le Secrétaire général del’ONU, Kofi Annan, a proposé ce qui suit comme critère de réus-site du processus du financement pour le développement:• Renforcer et affiner les politiques relatives aux flux des capi-taux et aux investissements étrangers; • Bâtir sur les résultats de la Conférence ministérielle de Doha

et se pencher sur les domaines d’importance pour les nations en développement négligés à Doha, tels que la crise des marchandises ;

• Doubler l’APD dans le cadre d’un calendrier fixe, ce qui sera encore inférieur à l’objectif de 0,7 pour cent, mais qui ne manquera pas d’avoir un impact significatif;

• Appliquer l’Initiative en faveur des pays pauvres les plus endettés pour une meilleure gestion des dettes;

• Accorder une place plus importante aux pays en développement dans la gestion de l’économie mondiale;

• Développer des mécanismes de suivi.

On peut dire que seuls les thèmes relatifs à l’APD et aux mécan-ismes de suivi ont été partiellement abordés par le Consensus deMonterrey. Etant donné que tous sont des objectifs à long terme, ilfallait poser les jalons conduisant à leur résolution au cours duprocessus de la conférence sur le financement du développement.Les co-présidents de la conférence du FdD, les ambassadeurs RuthJacoby (Suède) et Shamshad Ahmed (Pakistan), ont mis en exerguele processus que le Consensus de Monterrey allait mettre en marcheet garantir le travail futur sur les problèmes du financement dudéveloppement. Ce processus comprendrait:

• Des réunions annuelles au printemps entre le Conseil économique et social de l’ONU, la Banque mondiale et le FMI, en collaboration avec l’OMC et, jusqu’à un certain degré, avec la société civile et le secteur privé;

• Le dialogue de haut niveau sur le renforcement de la coopéra-tion internationale pour le développement par le partenariat, que l’Assemblée générale tient tous les deux ans, serait réaménagéde manière à en faire un instrument de coordination intergou-verne-mentale pour le suivi de la conférence;

• Un rapport annuel de l’ECOSOC et d’autres organes sur la conférence du FdD, en coopération avec la Banque mondiale, le FMI et l’OMC.

Durant un événement parallèle des ONG financé par WEDO etpar l’Equipe du Conseil mondial des églises lors de la clôture de laconférence de Monterrey, Mme Jacoby a fait la synthèse de troisautres faits importants: la conférence a bien eu lieu; elle a constituéun événement intersectoriel et interinstitutionnel; elle a suscité uneattention permettant d’approfondir le débat international; et les Etats-Unis, les pays de l’Union Européenne ainsi que d’autres nations ontpromis environ 30 milliards de dollars au titre des flux de l’APD.

Les Blocs négociateurs: Toutes les parties au PrepCom de janvier, ycompris le Groupe des 77 et la Chine, se sont démenés pour arri-ver à un consensus, en dépit des clivages et de la pression desEtats-Unis qui, à un moment donné, ont menacé de se retirer sileurs propositions n’étaient pas incorporées. Dans le documentfinal, la section “Rester engagés” a été la dernière à être finalisée,le dernier point de friction étant la date de la convocation d’uneconférence internationale de suivi pour faire le point sur l’applica-tion du Consensus de Monterrey sur le FdD. Le G77 et la Chineont fait pression pour qu’elle ait lieu en 2006, mais les gouverne-ments ont seulement convenu que les dispositions concernantcette conférence seront arrêtées “en 2005 au plus tard”(par.73).

Les autres pommes de discorde entre les parties concernaientl’APD et les ressources internationales, notamment les investisse-ments étrangers directs. Le G77 et la Chine ont obtenu l’inclusiond’un certain nombre de propositions, tels qu’un langage spécifiantque “les initiatives doivent être prises avec la participation active detoutes les parties prenantes...les organisations de la société civile...”(par.71), que les flux de capitaux doivent correspondre aux besoinsde pays en développement, et que le suivi de la conférence sur leFdD doit être placé sous le contrôle de l’Assemblée générale del’ONU. Le Groupe a également aidé à définir des mécanismes pour

L E S F E M M E S D É F I E N T L A M O N D I A L I S AT I O N14

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Les idées novatrices qui n’ont pas été retenues

Hormis le fait de contenir peud’engagements et de manquerde mécanismes et de mesuresde responsabilisation pour promouvoir et réaliser ledéveloppement durable, leConsensus de Monterrey est uneversion extrêmement édulcoréedes précédents projets de document final. Comme il y avait

déjà peu d’idées et de méca-nismes novateurs sur la tabledes négociations tout le long duprocessus, certains gouverne-ments du Nord, surtout lesEtats-Unis, ont imposé leur poidspolitique pour affaiblir le docu-ment, menaçant de se retirer duprocessus si certains thèmesrestaient sur la table. Cela était

fortement évident après lePrepCom d’octobre 2001, lorsqueplusieurs idées contenues dansle projet de document le plus récent,préparé par le Facilitateur [18septembre 2001, A/AC.257/25],n’ont pu atteindre l’étape suiv-ante des négociations,en particulier:

• biens publics mondiaux (BPM)(par. 31-33)

• taxes sur les transactions monétaires, ou “Taxe Tobin”(par. 36)

• taxation du carbone (par.36) • Organisation internationale de

taxation (par.54:7)• agence économique mondiale

sous l’égide de l’ONU (par. 58, 62)

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continuer le débat sur le financement du développement—notam-ment le dialogue de l’ONU sur la coopération internationale pour ledéveloppement—et a prié le Secrétaire général de veiller à ce queles accords adoptés et les engagements pris à la conférence fassentl’objet d’un suivi permanent au sein du système de l’ONU, defournir un appui efficace du Secrétariat sur le plan administratif, etde présenter un rapport annuel sur cette action de suivi.

Avant le dernier PrepCom, plusieurs réseaux d’ONG, notammentWEDO, ont produit un “contre-projet” du document final, surproposition des délégués du G77 et de la Chine, et l’ont mis à la dis-position des Gouvernements. Le G77 et la Chine ont utilisé ce con-tre-projet dans les négociations internes, mais tandis que certainespropositions d’amendement du texte soumises par les ONG ont étéincorporées, la plupart d’entre elles ont été écartées. Le G77 et laChine ont plaidé en faveur d’un apport continu des ONG durant ladeuxième semaine de négociations de la session de janvier, alorsque les E-U, le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande et le Japonauraient préféré limiter la participation des ONG. Cependant, cettealliance n’a pas été dûment développée. Le G77 et la Chine n’ontpas saisi l’occasion pour gagner un levier politique, en étendant audelà de janvier les négociations concernant certains points donnés.

Pour certains pays en développement, il était plus avantageux derechercher des solutions individuelles. D’autres membres du G77 etla Chine ont considéré qu’il était fondamental d’arriver à un con-sensus quant à la poursuite du débat sur le financement dudéveloppement après Monterrey.

Les IFI actives dans le processus: Les délégués nationaux ont perçucomme un élément novateur la participation de la Banque mon-diale, du FMI et de l’OMC dans un processus de l’ONU. Les Etatsmembres de l’ONU, industrialisés du Nord en particulier, égale-ment membres de la Banque mondiale, du FMI et de l’OMC, nevoulaient pas courir le risque de les perdre en tant que partiesprenantes. Ces institutions ont été actives dans les réunions pré-paratoires et à Monterrey, en offrant un conseil technique. Maisces présentations ont eu lieu au moment où d’autres partiesprenantes, telles que les ONG et les groupes du milieu desaffaires, n’avaient pas la parole. La participation des institutionsfinancières internationales est certes essentielle pour le finance-ment du développement durable et pour la cohérence de la poli-tique macroéconomique, mais les opportunités de dialogue et dedébat avec la société civile ont été inadéquates.

Les organisations non gouvernementales: La participation desONG dans la conférence du FdD s’est amplifiée au fil du temps,mais leurs voix ont été limitées par le processus. Les groupes lesplus visibles étaient impliqués dans les problèmes financiers et lacoopération pour le développement, en plus des groupes théma-tiques d’intervention (caucus) qui ont régulièrement surveillél’ONU, comme le Caucus des Femmes, le Caucus sur le Travail etl’Equipe du Conseil mondial des églises. Les mouvements sociauxcentrés sur un commerce équitable, sur l’OMC et les institutionsde Bretton Woods, étaient moins visibles, en partie parce que le

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RÉIMPRIMÉS DE NEWS & VIEWS DE WEDO, VOLUME 15, NUMÉRO 1,MARS 2002.

Une initiative conjointement spon-sorisée par WEDO et UNIFEM pouraider à intégrer une politique etune prise de décisions soucieusesde la parité entre les sexes dans leprocessus de financement dudéveloppement a englobé desateliers régionaux pour l’Afrique,l’Europe de l’Est etcentrale/Nouveaux Etats indépen-dants (CEE/NEI) et l’Asie et le Paci-fique. Ces ateliers ont rassemblédes responsables des pouvoirspublics, des militantes des organi-sations communautaires et deséconomistes féministes, pourpartager leurs expériences,élaborer des stratégies et créer desréseaux autour des problèmes dufinancement du développementdans leurs régions. Les atelierscherchaient à attirerr l’attentionrégionale sur le processus definancement du développement età catalyser les futurs efforts d’in-

tervention aux niveaux national,régional et mondial.

L’atelier régional pour l’Afrique aété organisé par l’African Women’sEconomic Policy Network(AWEPON), et s’est déroulé àKampala, en Ouganda. Il a couvertles dimensions régionales de lagouvernance économique etsociale, la différence entre les sexeset le commerce, la detteextérieure, la sécurité et la paix, leVIH/Sida, l’aide technique, lasécurité alimentaire et la mobilisa-tion des ressources nationales.

L’atelier régional pour laCEE/NEI à Kiev, en Ukraine,organisé par l’Institut de laSociété Libérale et axé sur la cor-ruption, l’accès au micro-finance-ment, la mobilisation desressources nationales, la protec-tion sociale, les nouvelles formesde violence à l’égard de la femme,le trafic sexuel, et la récente émer-gence de la dette extérieure.

L’atelier pour l’Asie et le Paci-fique a été organisé au Népal par

South Asia Watch et par San-charika Samuha à Katmandou. Lanécessité de décentraliser lepouvoir et d’accroître l’autonomiede l’Etat a été mise en exergue, etla crise de la dette extérieure,l’analphabétisme, la sécurité ali-mentaire, la corruption, le traficdes femmes en vue d’uneexploitation sexuelle, et l’ex-ploitation des travailleurs, encour-agés par les investissementsnéolibéraux étrangers et lescadres commerciaux, étaient lesquestions sur la table.

Un atelier régional enAmérique Latine a eu lieu à l’ini-tiative de REPEM/DAWN, avecUNIFEM, à Cartagène des Indes,Colombie, et a traité de diversproblèmes en rapport avec lefinancement du développement,les priorités et les stratégiesrégionales. L’atelier a formé l’Ini-tiative Féministe de Cartagènepour continuer le travail dugroupe.

Ces ateliers ont servi d’arène

pour informer et renforcer lesréseaux, et pour mettre au pointdes stratégies en vue de futuresactivités telles que l’échange d’in-formations, la recherche et l’édu-cation, la formation, le lobby et leplaidoyer, la publication et la par-ticipation. Des liens ont étéétablis entre la conférence sur lefinancement du développementet le Sommet mondial sur ledéveloppement durable, la recon-naissance de la nécessité de fairele lien entre le financement dudéveloppement et la durabilitééconomique, sociale et environ-nementale. Les discussions ontété à la fois sources d’informationet d’inspiration, et les réseauxconjugués des participantes ontmis en lumière le potentiel pour leplaidoyer des femmes autour del’impact des problèmes macroé-conomiques aux niveauxnational, régional et mondial, àMonterrey et au-delà.

Mobilisation des femmes dans les ateliers régionaux

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Forum social mondial s’est tenu en février, juste quelquessemaines avant Monterrey.

L’aspect le plus positif a été le niveau élevé de participation desONG dans certaines des sessions préparatoires, en dépit de l’incer-titude sur le fait de savoir si ce niveau de participation serait ga-ranti on non. Cela est devenu évident lorsque certaines délégationsont demandé le retrait des ONG des négociations. L’absence deprocédures précises a forcé les militants à jongler pour ajuster leursstratégies, réduisant le temps pour les contributions planifiées. Iln’en reste pas moins que beaucoup de délégués nationaux se sontréunis de leur plein gré avec les représentants de la société civile.

Plusieurs caucus d’ONG—qu’ils soient formés autour de pro-blèmes, de thèmes ou en fonction de la répartition géo-

graphique—ont bien travaillé ensemble, aidé par des listservsd’ONG entre une réunion et une autre. Mais le nombre élevé decaucus d’ONG a également fait en sorte que beaucoup de tempsait été consacré aux discussions internes en vive de bâtir un con-sensus et formuler des interventions collectives. Les caucus et les groupes ont eu à se souder coudes pour intervenir devant les délégués, tandis que les réunions que les caucus tenaient enparallèle compliquaient encore plus le partage de l’information.Une pléthore d’événements préparés en marge de la conférence,de même que la plénière officielle et les réunions de groupes, ont également rivalisé pour attirer l’attention des ONG.

Ce tourbillon d’activités a détourné les groupes de travail de l’in-tervention directe auprès des délégations officielles et a entravé le

L E S F E M M E S D É F I E N T L A M O N D I A L I S AT I O N16

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...en consultations Au milieu de la deuxième session du Comitépréparatoire de la conférence sur le finance-ment du développement, tenue en février àNew York, les femmes ont fait une pause etont réfléchi ensemble, à l’occasion d’une consultation organisée par WEDO, en parte-nariat avec l’UNIFEM, à de sérieuses straté-gies sur les problèmes posés. Une trentainede représentantes d’organisations fémininesdes quatre coins du monde ont passé unejournée à définir les moyens de doter les réunions sur le financement du développe-ment d’une perspective féministe. En se fondant sur l’analyse sexospécifique contenue dans le Rapport duSecrétaire général, différents groupes ont pris la responsabilité de six sections: l’Equipe du Conseil mondial deséglises et Freedom from Debt (Philippines) a passé en revue la section sur la dette; le commerce a été couvertpar le Center of Concern (Etats-Unis), et le International Gender and Trade Network; Women’s Eyes on theMultilaterals (Mexique), ont évalué les problèmes systémiques; l’Association for Women’s Rights in Development(AWID), sise au Canada, a évalué l’aide publique au développement, tandis que WEDO s’est penchée sur lesinvestissements étrangers directs et la mobilisation des ressources nationales. Les participantes étaient (dans lesens de l’aiguille, en commençant par la gauche/haut): Esther Camac-Ramirez (Costa Rica/Pérou); Hilda Lini (Fidji);Gemma Adaba (Trinité-et-Tobago/Etats-Unis) et Laura Frade (Mexique); Wendy Flannery (Australie/Etats-Unis),Maria Floro (Philippines/Etats-Unis); et (l-d) Rebecca Lozada (Philippines), Nicoleta Druta (Roumanie), MarinaDurano (Philippines) et Mariama Williams (Jamaïque).

Les Femmes de par le monde ont mené une action collective

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compte-rendu systématique aux réunions quotidiennes du caucusdes ONG. Les réunions du caucus ont également été confrontées auxcontraintes imposées par le temps et à des problèmes d’ordre divers.Parfois les annonces, les points d’information et les mises à jour ontpris le pas devant les révisions des stratégies ou des tactiques enréaction aux renseignements recueillis dans les couloirs.

Dans certaines situations, l’utilisation stratégique des médias apermis aux ONG de faire passer leur message. Au Mexique, lesmédias ont fait une bonne couverture, en raison du travail de ford,ardu et efficace effectué par le Comité mexicain d’organisation duForum et appuyé par le Comité directeur international.

Le Caucus des Femmes à la conférence sur le financement dudéveloppement était un des groupes thématiques sur place qui a été

très efficace en général. Les organisations de la société civile plaidanten faveur d’une perspective du développement attentive à la différenceentre les sexes, d’une analyse sexospécifique et d’une approche dudéveloppement sensibles aux droits de la personne ont uni leursforces, sous la houlette de WEDO et de l’UNIFEM. Les participantescomprenaient des organisations de femmes, des églises et dudéveloppement; des syndicats; et des mouvements sociaux. Nombred’entre elles ont contribué à une analyse sexospécifique des thèmesde la conférence, ont oeuvré à l’intégration d’une démarche soucieused’équité entre les sexes dans le processus et les questions abordées, etont garanti la visibilité des droits de la femme et de la fillette.

En règle générale, le Caucus des Femmes a appuyé, à partir de laperspective de la parité entre les sexes et du développement de la

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...dans les ruesManifestant pour la justice économique et lesdroits fondamentaux de toutes les femmes à la findu Forum des ONG et à l’ouverture des négocia-tions officielles: Grace Okonji (Kenya), Carol Barton(Etats-Unis), Nadia Johnson (Etats-Unis), ShareenGokal (Pakistan/Canada), Norah Makgopela(Afrique du Sud), Ejim Dike (Nigeria/Etats-Unis),Phelisa Nkomo (Afrique du Sud), Laine Alston(Etats-Unis), Pam Rajput (Inde)

...création d’outils d’intervention Un comité de haut niveau composé de min-istres, de fonctionnaires de l’ONU et d’émi-nents économistes et militants a lancé àMonterrey un dossier d’information sur lapolitique sexospécifique à la conférence surle financement du développement. Il s’agitde (gauche à droite): Zo Randriamaro, ThirdWorld Network/GERA (Ghana); Maria Floro,American University (Philippines/Etats-Unis); Sarawathi Menon, Représentant rési-dent du PNUD, Mongolie; l’ambassadriceTanya van Gool, Ministère des Affairesétrangères, Pays-Bas ; Jocelyn Dow,WEDO/Red Thread (Guyane); NoeleenHeyzer, Directrice exécutive de l’UNIFEM;Mark Malloch Brown, Administrateur duPNUD, et H.E. Juanita Amatong, SousSecrétaire aux Finances, Philippines. JuneZeitlin, Directrice exécutive de WEDO, remetune copie du dossier à Horst Kohler,Administrateur adjoint, Fonds monétaireinternational.

...et de slogans • Eradication de la pauvreté =

Volonté politique• La banque de qui?• Parité entre les sexes dans

l’ordre du jour • Consensus de Monterrey ...

...L’absurdité de Washington • Imposition du Fondamentalisme

de Marché• Financement d’une Distribution

Equitable • Pas de Droits de l’homme,

Pas de Consensus• Réservé aux Transnationales Nanties...et pour célébrer

Dansant la salsa au terme du long processusde la conférence sur le financement dudéveloppement.

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femme, les principales revendications des ONG, en particulier l’an-nulation de la dette extérieure publique des nations pauvres; unmécanisme d’arbitrage de la dette avec les banques privées, notam-ment pour les pays en développement à revenu moyen; une taxe surles transactions monétaires susceptible de financer le développementet de réduire la spéculation financière; et une assistance accrue audéveloppement, contrôlée par les pays récipiendaires.

Les femmes ont aussi soutenu les demandes tendant à limiter lerôle et l’ordre du jour de l’OMC pour faire en sorte que tous lesmembres déterminent sincèrement leurs meilleurs intérêts en termesde développement durable; pour en finir avec la croyance aveugledans les rôles du commerce et des investissements étrangers directsen tant que principaux mécanismes du financement du développe-ment; pour attribuer à l’ONU un rôle accru dans les efforts definancement ; et pour responsabiliser les institutions financièresinternationales.

Durant les quatre PrepComs et la conférence, le Caucus desFemmes s’est réuni tous les jours. Des consultations organisées parWEDO ont eu lieu avant trois des PrepComs, et d’autres séances destratégie ont été organisées à l’occasion des réunions d’octobre etjanvier. Le Caucus a coordonné la participation dans le Caucus ONGplus élargi et dans les réunions de groupes autour de problèmescommuns. Les membres ont passé au crible et échangé des infor-mations sur les séances officielles et les événements en marge destravaux, et ont préparé les déclarations utilisées dans les couloirspour épauler les positions du caucus.

Les positions ont été formulées dans les Recommandationsissues des consultations des femmes, en mai 2001, et dans lesDocuments d’information sur les consultations des femmes enoctobre 2001(Voir l’encadré de la page 35). Deux rapports com-mandés par l’UNIFEM, 4 préparés par l’économiste, Maria Floro, ontguidé la préparation de ces instruments d’intervention.

Une fois à la conférence, les méthodes de défense ont changécar les Gouvernements se sont rétractés sur les conclusions du do-cument final. La focalisation a été modifiée à travers la présentationdes positions dans une série de tables rondes et d’événements enmarge des travaux.

Au Forum mondial des ONG à Monterrey, quelques réunions duCaucus des Femmes ont été convoquées en raison de la diversité dugroupe des participantes, dont beaucoup étaient nouvelles à la con-férence/problématique du financement du développement. Par con-tre, les militantes se sont concentrées sur l’organisation d’activités enrapport avec la sexospécificité et le développement de la femme,comme l’organisation par WEDO de plusieurs ateliers sur les straté-

gies régionales aux fins d’un financement du développementsoucieux de la parité entre les sexes. A la conférence officielle,quelques ONG se sont glissées dans les trois tables rondes de laconférence—discussions sur les partenariats, la cohérence et la voieà suivre—et ont produit des déclarations et des activités parallèlessur ces thèmes.

Tout au long du processus du la conférence sur le FdD, WEDO,l’UNIFEM et leurs partenaires ont mis à disposition une documenta-tion copieuse et du matériel d’intervention, aidant ainsi à maintenirvisible la dimension sexospécifique dans l’ordre du jour de la con-férence sur le FdD.

En dépit des lacunes, la conférence sur le financement dudéveloppement a constitué un forum déterminant pour souligner lanécessité d’un plaidoyer en faveur de l’égalité et de l’équité entre lessexes dans toutes les discussions en rapport avec le financement et ledéveloppement. Elle a rassemblé un éventail sans précédent d’acteursnationaux et internationaux du secteur du financement pour amorcerun débat dont le besoin se faisait ressentir depuis longtemps. Et lesfemmes étaient présentes et ont fait entendre leurs voix. Malgré leslacunes et les déficits, et comme il est prévu de poursuivre le proces-sus de financement du développement dans le futur, les femmespourraient finir par percevoir la conférence de Monterrey et sesaccords comme des jalons importants de ce qui demeure comme laplus grande recherche d’une justice économique et entre les sexes,de la paix et d’une existence exempte de pauvreté pour toutes lesfemmes, partout dans le monde. Janice Goodson Foerde, Principale conseillère de WEDO enmatière de justice économique et sociale pour la conférence sur lefinancement du développement, est présidente de l’ICDA et deK.U.L.U.-Femmes et Développement, Danemark, et Coordinatricede l’IGTN-Europe.

Notes1 Soixante-dix pour cent est l’estimation la plus usitée, mais comme “il reste encoreà établir des indicateurs de revenus-pauvreté différenciés par sexe...il n’existe pasde moyen d’estimation de l’ampleur de la féminisation de la pauvreté”, “Rapportbiennal: Progrès mondial de la femme 2000”, UNIFEM, 2000, p.95.2 Shantayanan, D., Miller, M., Swanson, E. The Costs of Attaining the MillenniumDevelopment Goals. Banque mondiale, février 20023 “Civil Society Statement to the 5th Plenary Meeting for the InternationalConference on FfD.” http://www.un.org/ffd/statements/csfE.htm4 Floro, M. Gender Dimensions of the Financing for Development Agenda. April 22,2001. Gender Audit of the Facilitator’s Draft Outcome Document of theInternational Conference on Financing for Development. 15 octobre 2001.UNIFEM, New York.

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Appui des médias: Au Mexique, les médias nationaux ont réservé unelarge couverture aux activités des ONG tant au Forum des ONG qu’à laconférence officielle, et aux manifestations des groupes locaux. Ceciétait amplement dû aux efforts de mobilisation du Comité mexicaind’organisation du Forum des ONG, une alliance d’organisationsnationales. Elles étaient appuyées par un Comité directeur internationalcomposé de représentants de groupes d’Afrique, d’Asie, d’Europe,d’Amérique Latine et d’Amérique du Nord. Certains membres duComité directeur, y compris les représentantes de WEDO, apparaissentà la séance de clôture du Forum, dans un article publié en premièrepage de la rubrique culturelle du quotidien ‘El Norte’.

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EXTRAIT DU BULLETIN MENSUELINTERNATIONAL GENDER AND TRADENETWORK; VOL. 2, NO.1, JANVIER 2002.

La Quatrième conférence mi-nistérielle de l’Organisation mondiale du commerce, tenue en2001 à Doha, Qatar, était la plusrécente d’une série de négocia-tions multilatérales destinées àrefondre l’architecture de l’écono-mie mondiale. Elle a produit uneDéclaration ministérielle quipromet tout en vrac: protectionde l’environnement, développe-ment et retour rapide à une crois-sance économique mondiale. Elleest pertinente sur certains pointsmais ceux-ci n’englobent pas ledéveloppement.

L’International Gender andTrade Network (IGTN) et d’autresONG à Doha ont réclamé uneréforme du système de l’OMC etune révision à la baisse de sonordre du jour, soutenant que ledéveloppement, la vie humaineet l’équité doivent primer sur lecommerce et le profit. Au lieu decela, l’Union européenne et lesEtats-Unis ont ramené l’OMC surles rails d’une rapide libéralisa-tion commerciale.

Somme toute, la déclarationne fait que réaffirmer les plati-tudes habituelles, et la permis-sion est donnée aux pays endéveloppement “de prendre encompte leurs besoins dedéveloppement, notamment lasécurité alimentaire et ledéveloppement rural” (par.13).Mais elle ne contient aucune dis-position en vue d’une libéralisa-tion agricole effective dans leNord, et ne propose pas demécanismes pour garantir unesécurité alimentaire. Outre defaibles concessions relatives àl’appui à l’agriculture dans lespays développés, l’UE a acceptéd’envisager des réductions detoutes les formes de subventionsà l’exportation, en vue de leur“retrait progressif”. Cependant,aucune date n’a été fixée et lavéritable question—la réduction

de l’utilisation des subventions“permise” par les pays développés—devra être négociéelors d’une prochaine série denégociations.

D’aucuns estiment que lerésultat positif de Doha est laDéclaration distincte sur l’Accordsur les aspects des droits de pro-priété intellectuelle qui touchentau commerce (Accord sur lesADPIC) et la santé publique. Touten réaffirmant l’engagement del’OMC à l’accord sur les ADPIC,elle considère que l’accord“devrait être interprété etappliqué d’une manière quiappuie le droit des membres del’OMC à protéger la santépublique, en promouvant en par-ticulier l’accès aux médicamentspour tous...”(par.4).

Toutefois, la déclarationn’offre aucune garantie que lespays ne seront pas vulnérables àdes poursuites judiciaires s’ils nerespectent pas la protection desbrevets. Elle n’aborde pas nonplus les problèmes plus largesdes droits à la propriété intel-lectuelle et au développement: laprivatisation et le monopole dusavoir, le blocage de l’accès auxressources génétiques, et letransfert des semences et de latechnologie. Avec la prédomi-nance des sociétés transna-tionales, les femmes et leshommes paupérisés perdrontl’accès aux semences, à la variétéet aux ressources génétiques.

Beaucoup de raisonsexpliquent l’absence de progrèssignificatifs à Doha: le déséquili-bre du pouvoir entre le Nord et leSud; la nature non démocratiqueet non participative de l’OMC;l’absence de consultation avec lasociété civile dans les capitalesnationales; les marchandages etles arrangements entre les gou-vernements du Nord et du Sud;les menaces et l’intimidation dela part des nations puissantes.

Un facteur critique est que leSud est piégé par le cadre de

l’accès au marché. Ayant gobél’argument néolibéral quiproclame que la libéralisation ducommerce est le moteur de lacroissance, de nombreux gou-vernements du Sud se sontretrouvés dans des positionschaque fois plus affaiblies,coincés par des engagementspris dans les négociationsbilatérales et régionales. Ayantpeu de marge de manoeuvre,beaucoup de gouvernements duSud participant aux négociationscommerciales multilatérales onteu tendance à renoncer, derechef,à tout ce qu’ils voulaient, enéchange d’une ou deux conces-sions à la fin.

Pourtant, les gouvernements àDoha ne pouvaient nier lespreuves croissantes des catastro-phes économiques et socialesrésultant de la libéralisation. LesONG et d’autres sources ontévalué les accords existants et lestextes des futures négociations. Ilfaudrait à présent que les gou-vernements du Sud recueillentdes données pour défendre leurcause. Le développement desnations à long terme ne sauraitêtre sacrifié au profit d’un partipolitique ou pour attirer unemaigre portion de l’aide.

Les ONG ont encore beaucoupà faire, aux niveaux local,national, régional et interna-tional. L’IGTN et d’autres parti-sans de l’égalité entre les sexes etde la justice en matière decommerce doivent opérer à partirde la perspective selon laquellele développement n’est pas l’a-panage de la conférence min-istérielle de Doha et qu’il estcontinu. Même les problèmes dedéveloppement explicités dansl’ordre du jour—petiteséconomies, dette et financement,transfert technique, coopérationtechnique et édification des apti-tudes—ont été relégués à part,dans des groupes de travailséparés.

En outre, la plupart des débats

de l’OMC écartent la démarchesexospécifique, même si lalibéralisation menace l’accès dela femme à l’alimentation, auxsoins de santé, à l’éducation etaux ressources naturelles. Lesefforts de plaidoyer doivent con-tinuer pour mettre en exergue lasexospécificité et les répercus-sions sociales de la libéralisationde l’agriculture et des services,les droits à la propriété intel-lectuelle, les déficits dus aucommerce dans le revenunational et les liens entre lecommerce et la pauvreté. Lesnouveaux problèmes quiméritent une attention parti-culière comprennent la réductiondes tarifs industriels, l’investisse-ment, la politique de la concur-rence, la transparence dugouvernement dans l’achat etla facilitation commerciale.

D’une manière générale, lanouvelle offensive en faveurd’une libéralisation plus poussée,amorcée par la Banque mondialeet par le Fonds monétaire inter-national, doit être étroitementcontrôlée et critiquée. Lesdéfenseurs de l’égalité entre lessexes et du commerce doiventinsister sur l’intégration d’uneanalyse, différenciée par sexe,dans toutes les formes de poli-tique et de théorie commerciale,pour garantir qu’une attentionappropriée sera accordée auxproblèmes du développementsocial, de l’éradication de lapauvreté et de l’équité pour tous.

Mariama Williams (Jamaïque) estCoordinatrice de recherche à l’International Gender and TradeNetwork et Associée de rechercheau Center of Concern àWashington, D.C.

La Conférence ministérielle de Doha: Rien de bon pour le développement,Rien de bon pour l’égalité entre les sexes PA R M A R I A M A W I L L I A M S

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Durant des années, les groupes féminins d’intervention ontsurveillé, analysé et développé des alternatives aux politiquesmacroéconomiques qui ont affecté leurs existences et leurscommunautés. Liées par des expériences similaires et recon-naissant leur sous-représentation dans divers forums de prise dedécisions économiques, les femmes ont activement cherché àtransformer le courant économique en forgeant des alliances etdes réseaux à l’échelle locale, nationale et internationale. Lesrésultats de tels efforts sont reflétés dans de nombreux accordsinternationaux et dans des réformes nationales appelant à l’égalité entre les sexes et à la durabilité sociale, économique,politique et environnementale.

Dans la plupart des processus de prise de décisions, cependant,la durabilité demeure une réflexion après coup à la croissance—unterme ajouté, pas un cadre—Les garde-fous sociaux tels que lesnormes de travail, les mesures de pro-tection de l’environnement et les pro-grammes de réduction de la pauvreté,sont simplement attachés aux politiquesprévalentes, basées sur le marché.1 Et lesinstitutions créant et exécutant les poli-tiques n’ont pas de compte à rendre auxpersonnes qui sont supposées en béné-ficier. Le système macroéconomiqueprospère grâce aux déséquilibres dupouvoir et à la réthorique, proclamantque ses plans vont “éradiquer la pau-vreté”, alors que dans la pratique, ils laperpétuent.

Aujourd’hui, les femmes sont au premier plan dans l’identifica-tion des impacts dévastateurs de ce système et de sa manifestationla plus ignominieuse, la mondialisation des entreprises, portant lefardeau des retombées de plusieurs années de programmes d’a-justement structurel. Etant donné que les femmes et les enfants souf-frent le plus sévèrement des hauts et des bas des événements poli-tiques, les plaidoiries stipulent qu’ils faudrait qu’ils soient les pierresde touche pour jauger l’efficacité des théories et des solutions auxfins du développement.

Cette approche a jeté les bases de la vision que les femmes vontavoir du développement, dans la pratique, la recherche, l’interven-tion et l’analyse.2

Plaider en faveur d’un système mondial durableLes femmes ont activement participé dans l’ère des politiques dedéveloppement depuis ses balbutiements, après la DeuxièmeGuerre Mondiale, au moment où les nations cherchaient à rebâtirleurs économies ravagées par la guerre, en créant des institutionsmultilatérales telles que l’Organisation des Nations Unies. Lesfemmes militantes ont argumenter qu’il fallait intégrer les besoinsdes femmes dans tous les programmes de prise de décisions et dedéveloppement, en partant du niveau local jusqu’à l’international.Les militantes des droits de la femme et les économistes féministes

ont pendant longtemps affirmé que le chemin vers un développe-ment durable passe par la transformation du système économiqueet de la prise de décisions macroéconomiques. Elles ont soulignéque le climat mondial était miné par de profonds déséquilibresdans la productivité, la mobilisation des ressources et la distribu-tion des biens et services, résultant en partie des politiques biaiséesde la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

Le fameux Consensus de Washington fait l’apologie d’un mod-èle de mondialisation basé sur la dérégulation, la privatisation del’entreprise publique et la libéralisation financière et commerciale,reléguant au second plan les coûts sociaux et écologiques.3 Il esttruffé de contradictions qui perpétuent la stratification, l’inégalitéet l’injustice. Les institutions et politiques présumément conçuespour éradiquer la pauvreté dans les pays en développement ontau lieu de cela servi à élargir les marchés et accroître la richesse

des pays développés. Il existe unepromotion gratuite du développementà travers un paradigme qui sert lesintérêts des entreprises, tout en étantexempt de gouvernance participative,de transparence, de régulation et deresponsabilisation.

Au sein de ce système, la Banquemondiale, le Fonds monétaire interna-tional et l’Organisation mondiale ducommerce (OMC) agissent quasimentcomme des entités souveraines, appli-quant des politiques et des mesures d’a-justement structurel farcies de condi-

tionalités, ainsi que des pratiques de libéralisation du commerce quiignorent des préoccupations fondamentales comme la protection dela culture; la souveraineté et la sécurité alimentaires; l’environ-nement, l’emploi, les droits de l’homme et les normes de la santépublique. Au vu de ces préceptes, il est évident que le sous-développement du Sud est le résultat direct du développement duNord. Dans un monde avec une population de six milliards d’âmes,plus d’un milliard d’habitants, dont la majorité sont des femmes, sur-vivent avec moins d’un dollar par jour. Le système actuel peutpromettre des richesses et des opportunités sans fin à quelques unsmais pour le reste, il perpétue et approfondit les graves inégalitésqui existent entre les nations et les peuples.

Un aspect déterminant de la mondialisation économique a été laréorganisation des modèles de travail et d’emploi, de même qu’uneconcurrence accrue, une production internationalisée et des inno-vations dans less techniques ‘de pointe’. Avec le changement destendances de la mobilité internationale de l’emploi, la flexibilité del’emploi s’est accrue, et la composition par sexe et la structure del’apport de la main d’oeuvre ont changé.4

Or, les tentatives des Gouvernements des pays en développe-ment tendant à améliorer l’efficacité, à attirer les capitaux et lesinvestissements étrangers, et à se conformer aux conditionsimposées par les institutions finan-

Les femmes dans l’économie mondiale: Problèmes, rôles et intervention PA R N A D I A J O H N S O N

Les femmes sont en premièreligne dans l’identification desimpacts dévastateurs du système macroéconomiqueactuel, car elles ont porté lefardeau, pendant de nombreuses années, des programmes d’ajustement structurel débilitants.

L E S F E M M E S D É F I E N T L A M O N D I A L I S AT I O N20

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(À suivre page 23)

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Il existe un pays, dans ce qu’ontappelle aujourd’hui l’Amériquecentrale, où les autochtones por-tent le nom de Cuscatlan. De nosjours, le nom est uniquement util-isé par les banques, les stades etautres, car son utilisation est nonseulement considérée commeincorrecte, politiquement, maisaussi subversive.

Etre étiqueté comme subversifn’est pas chose aisée car mêmeaujourd’hui, cela peut vouscoûter la vie. Cuscatlan signifie“terre des riches”, et elle l’étaitpour les autochtones qui, jadis,pouvaient célébrer une terreriche en eau, fertilité, créativité etbiodiversité. Ce nom n’a sansdoute plus sa place, maintenantque l’érosion est partout et quele pays, toujours aussi beau avecses montagnes et ses volcans, estsur le point de devenir un désertaride.

Il y a eu trois tremblements deterre terrifiants au début de l’anpassé, ce qui a fait qu’un demimillion de personnes est venus’ajouter au quart de million quiétait sans abris. Subitement, onne pouvait trouver de l’eau quedans les grandes profondeurs, ouelle est devenue saline carl’océan s’y est infiltré, alors queles montagnes se sont écraséessur les communautés et quechaque fois moins de terres pou-vaient être cultivées.

La réponse officielle à cesproblèmes a consisté à maintenirla loi et l’ordre en formant plusde police et en créant plus d’ac-cords commerciaux, même si lepays a une économie agricole. Iln’existe aucun plan pour pallieraux catastrophes ou pourassister la majorité de la popula-tion qui, chaque année, subit cessouffrances. Il n’existe pas deplan agricole ni de programmepour reconnaître et préserver labiodiversité. Nous avons certainsdes taux les plus élevés degrossesse précoce (adolescente)et de foyers dirigés par une mèrecélibataire, ainsi que l’une des

populations les plus élévée de larégion, mais parler d’éducationsexuelle et de droits reproductifsest trop radical, pire qu’un pêché.

Entre temps, notre gouverne-ment ouvre chaque fois plus dezones de commerce libre. Nousles avons depuis plus de cinqdécennies, mais le gouvernementdéclare que nous devons enouvrir davantage, et nous enavons à présent dans les cam-pagnes, sur les terres les plusarables. Nous devons en ouvrirplus que dans les années 80 etsupprimer toutes les barrièresaux investissements étrangers.Nous devons offrir des mesuresincitatives. Après tout, les zonesde commerce ne sont pas pour lecommerce libre. Elles sont pourque les compagnies étrangèresviennent et fassent leurs affaires,sans respecter les lois nationaleset internationale protégeant lesdroits des travailleurs, préservantl’environnement, interdisant l’ex-ploitation du travail des enfantset ainsi de suite. Ces usines s’envont quand bon leur chante,laissant les travailleurs sanssalaires, et sans aucun égardpour l’état de l’économie. L’abussexuel et le harcèlement“peuvent se produire”, disent-ils,et des maladies comme lesprobléme de reins, les problèmesde dos et des yeux, frappent lesouvrières à un âge précoce.

Le chomâge est galopant. Avecla “dollarisation” de l’économiel’an dernier, nous disons quec’était aussi mauvais que lestremblements de terre, qu’ils’agissait en fait du premier et dupire tremblement de terre: lasociété civile s’est écroûlée. Lenombre d’enfants vivants dansles rues a fortement grimpé, ainsique celui des bandes de jeunesviolents. Des soldats avec desmitraillettes montent la gardedevant les salons de crèmeglacée et devant d’autres bou-tiques destinées à ceux quipeuvent encore payer. Les enlève-ments sont devenus un fléau et

le gouvernement a déclaré qu’ilne sait plus quoi faire. Et les gensne sont pas uniquementenlevés—plus de 25 chargementsd’engrais, des dons interna-tionaux destinés à appuyer lespetits cultivateurs au lendemaindes tremblemets de terre, ontaussi “mystérieusement disparu”,avant d’être retrouvés quelquessemaines plus tard, avecbeaucoup de brouhaha, dans desentrepôts de riches.

On parle déjà de l’imminenced’une nouvelle guerre, plusterrible que celle qui a déchiré le

pays pendant douze annéesavant de prendre fin en 1992.Cette fois-ci, elle proviendra detous les problèmes que nousavons vus, mais surtout à causedu manque de terre et d’eau,ainsi que de la désertification denos champs.

Les routes vers Monterrey etJohannesburg ne semblent pasfigurer sur la carte de trèsnombreux autres pays dans lemonde, en tous cas pas dans celledu Salvador pays d’Amériquecentrale. Comment pourrions-nous alors agir pour garantir uneplanète paisible et saine, tant àl’intérieur qu’à l’extérieur de noscommunautés, de nos nations etde nos régions? Ces deux routesconduisent aux objectifs dedéveloppement énoncés dans laDéclaration du Millénaire,approuvés en l’an 2000 par 189Gouvernements en tant quemoyens de réaliser le développe-ment durable pour tous. Nousnous devons donc de trouver etde consolider ces chemins et faireen sorte que nos gouvernements,

et pas seulement les branches del’exécutif, mais aussi les brancheslégislatives et judiciaires, par-ticipent à ce processus.

Nous, peuples, devons devenirces routes. Nous devons êtresclairs sur nos accords. Si nousdésirons une planète paisible etsaine, nous devons user de clartéà cet égard. Il s’agit d’une per-spective féministe, et il faudraitqu’elle devienne aussi notrepratique, car nous savons qu’il nes’agit pas uniquement d’espacepour les femmes et de dif-férencier les sexes dans tous les

programmes. C’est tout celacertes, mais aussi l’intégra-tion des préoccupations etdes actions résultant de labonne gouvernance, l’inclu-sion, le respect de tous lespeuples, la protection de labiodiversité et la garantiedes droits sociaux,écologiques, culturels, poli-tiques et de la personne. Il

faudrait que cela devienne lanature même de notre existence,partout, à l’échelle individuelle,collective, nationale et mondiale.

Marta Benavides (El Salvador) est directrice de l’Institutinternational pour la coopérationentre les peuples/InternationalInstitute for Cooperation AmongstPeoples (IICP)

Où les mitraillettes protègent la crème glacée PAR MARTA BENAVIDES

Le premier et le plusterrible tremblementde terre a été la“dollarisation”de l’économie l’andernier.

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22 L E S F E M M E S D É F I E N T L A M O N D I A L I S AT I O N

Dévasté par quarante années deconflit civil et par une hémorragieéconomique, le Burundi se débatdans le cycle vicieux de la pauvreté et de la guerre. Tandisque la violence interethnique adévasté la lutte du pays pour sedévelopper, la dispute tendueautour de ressources quasi in-existantes provoque chaque fois plus d’hostilités.

Dans un des pays les moinsavancés du monde, la majoritédes Burundais arrachent leur viede l’agriculture de subsistance.Deux cultures seulement sontproduites pour les exportations,le café et le thé, et le diktat del’Organisation Mondiale duCommerce a ouvert la voie pourque ces industries soient de plusen plus tributaires des intérêtsétrangers, la population localeen retirant peu de profit. Peuaprès que l’OMC soit entrée auBurundi et mis l’économienationale dans des difficultés, leconflit civil s’est accéléré.

Pour financer les secteurs debase du développement, commel’éducation et la santé, le gou-vernement en proie à l’agitationn’a pas eu d’autre choix que des’adresser, le bonnet à la main,aux bailleurs de fonds interna-tionaux, à la Banque mondiale etau Fonds monétaire internatio-nal, ouvrant ainsi le pays à l’impo-sition d’un ajustement structurel,à la dévaluation de la monnaielocale et à la privatisation.

La violence et les massacresinterethniques ont débuté en1962 au Burundi, après que laBelgique ait divisé en troisnations son ancien territoire colo-nial dans la Région des GrandsLacs de l’Afrique centrale et sesoit retirée. Des années avantl’indépendance, les Belges ontmonté les ethnies les unes contreles autres, pratiquant une poli-tique de ‘diviser pour régner’ dansce qui est aujourd’hui le Rwanda,le Burundi et la Républiquedémocratique du Congo (RDC).

Le 21 octobre 1993, six moisavant le génocide qui a fait envi-ron 800 000 morts au Rwanda,

la violence a éclaté au Burundi,les Hutus tuant leurs voisinsTutsis, au lendemain de l’assassi-nat du premier président hutuélu. Bien qu’une mission del’ONU ait conclu, en 1994, augénocide, la communauté inter-nationale a refusé d’acceptercette désignation.

Depuis, on estime à 200 000le nombre des personnes tuéesau plus fort des affrontements,

aussi bien Tutsis que Hutus. Leshommes et les garçons ont étéles premiers tués, puis lesfemmes et les filles étaient vio-lées et tuées. Nombre de ceuxayant pu échapper aux massacresont fui leurs habitations, qui ontété détruites. Quelque 400 000personnes, des femmes et desenfants pour la plupart, n’ont pasencore été en mesure de retourn-er chez elles.

La majorité de ces femmesviennent du milieu rural, où ellessubsistaient grâce à leurs terres.Aujourd’hui, elles dépendent del’aide humanitaire, dans des con-ditions propices à la propagationde maladies telles que le choléraet le HIV/Sida. Les femmes ayantdes emplois informels ou formelsdans les villes ont souvent desliens avec des membres de lafamillle dans les zones rurales, etont amené chez elles beaucoupde ces déplacés.

Toutefois, les familles nom-breuses, la dévaluation de lamonnaie et la crise issue d’unembargo économique, imposé auBurundi de 1996 à 1999, signi-fient que le salaire moyen n’estplus suffisant désormais pourune existence normale. Les prix

des denrées essentielles ont aug-menté de 100 à 200 pour centdepuis le déclenchement de laguerre.

En août 2000, 19 parties auprocessus de paix au Burundi ontsigné un accord de paix à Arusha,en Tanzanie. Un gouvernementde transition, inclusif, a été misen place en novembre de lamême année. Or, les factionsarmées refusent souvent de

reconnaître leursdirigeants politiques et,dans certains cas, nesemblent pas être con-trôlés par leurs maîtresofficiels. Les tentativestendant à approcherces groupes n’ont pasété judicieuses, lesidentifiant à la foiscomme « forces néga-tives » et comme «partenaires » à la table

des négociations.Au Burundi, les femmes se

sont unies pour développer leurspropres demandes en vue de l’ap-plication des accords d’Arusha etpour développer le pays. Cesdemandes sont comme suit:• Les prêts des donateurs inter-

nationaux ne doivent pas être assortis de conditions, qui perpétuent la pauvreté etla guerre.

• Davantage de transparence de la part du Gouvernementdans l’allocation de l’aide.

• Tous les niveaux de l’administration du pays doivent embrasser la tradition de ‘ubushingantahe’, reposantsur les chefs communautaires jouissant de talents dans la résolution des conflits et la réconciliation. La société civile doit aussi être consolidée.

• Il convient de restructurer le système judiciaire, avec des sanctions appropriées pour génocide et pour tous les crimes contre l’humanité.La communauté interna-tionale doit étendre au Burundi le tribunal pénal chargé de juger les crimes de guerre au Rwanda.

• Il faut que le processus de paix devienne attentif à la différence entre les sexes, en incluant les femmes, depuis le niveau des communautés de base jusqu’à celui de la prise de décisions.

• Toutes les communautés doivent pouvoir participer à travers le système de droitindirect.

• Les dirigeants du processus de paix dans la Région des Grands Lacs (Lusaka, Prétoria et Arusha) doivent faire en sorte que les accords soientplus cohérents, consistants ettransparents.

• Les priorités de la reconstruc-tion doivent être centrées sur les personnes déplacées, en particulier sur les femmes etles enfants, et il faudraitmettre l’accent sur les éta-blissements scolaires et les hôpitaux.

Pour garantir une paix réelleet durable, il convient de changerl’orientation du développementdes exportations, contrôlées pardes intérêts étrangers, vers lesbesoins des femmes rurales.

Liliane Ruvakubusa (Burundi) estla présidente de l’Association desfemmes pour la paix, et travaille àla Banque FINALEASE S.A. àBujumbura.

Pas de paix, pas de développement: Le cas du Burundi PA R L I L I A N E R U VA K U B U S A

Au Burundi, les femmesont formulé une série dedemandes incluant uneparticipation accrue deschefs communautairesdans la résolution desconflits.

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cières, ont parfois obligé à des coupures draconiennes dans les sub-ventions, les investissements dans l’infrastructure publique et lesdépenses sociales en faveur de l’éducation, de la santé et des ser-vices publics. 5Ces coûts sociaux ont été orientés vers le marché del’emploi, où ils ont disparu des indicateurs économiques formelsmais sont devenus fortement manifestes pour les femmes qui tra-vaillent, en particulier dans les marchés du travail peu rémunéré.

Tandis que les prôneurs des politiques d’ajustement structurelsoutiennent qu’elles améliorent l’efficacité, en réalité, l’inefficacité n’afait que s’épanouir. Elle se cache, par exemple, derrière la quasiinvisibilité de la majorité des emplois féminins. La participation de lafemme dans la main d’oeuvre s’est accrue d’une manière significa-tive mais elles travaillent surtout dansdes secteurs informels de l’emploi, dansdes conditions précaires, hostiles etdégradantes.6 Elles restent pour la plu-part, analphabètes et appauvries, sansaccès aux ressources, à l’éducation, à laformation et aux soins de santé.

Les retombées disparates de la mon-dialisation sont une justification clairede la nécessité d’un système de gou-vernance économique mondial—unsystème garantissant une plus grandeégalité entre les pays et une gouver-nance plus démocratique et responsables des institutions finan-cières internationales. L’ONU pourrait jouer un rôle vital, en répon-dant à la nécessité d’établir d’un organisme multilatéral qui gou-vernerait les institutions commerciales, monétaires et financièresinternationale, dans le but de garantir la cohérence, la participa-tion, la transparence et l’application des engagements interna-tionaux. Comme le Consensus de Washington s’avère insoutenabledu point de vue économique, social et politique, le défi à présentconsisterait à mettre en place une structure et des règles aux finsd’un développement humain durable et profitable pour tous.7

Tout commence par la macroéconomieDans le processus en faveur d’une transformation structurelle,les femmes ont procédé à des analyses novatrices des problèmesde la politique macroénomique, offrant de nouvelles perspec-tives sur la mobilisation des ressources, le commerce, l’assistanceau développement et la dette extérieure. Elles ont montré com-ment certains des indicateurs utilisés pour quantifier la richesse(comme le PNB) ont sous estimé ou omis les contributions de lafemme au développement économique. Les économistes fémi-nistes ont non seulement poussé à des changements des mod-èles de la croissance macroéconomique employés par desorganisations telles que le FMI, mais elles ont aussi créé desmodèles alternatifs incluant la sexospécificité et le travail nonrémunéré comme variables.8

Beaucoup de défenseurs de la femme ont mis l’accent sur le faitque, tandis que les gouvernements sont responsables au premierchef du développement du secteur financier national—fournissantles services sociaux et apportant les ressources du développementhumain—la mondialisation et la libéralisation du marché ontsérieusement limité leurs aptitudes à assumer ces rôles. Au lieu decela, les Gouvernement sont confrontés au dilemme de faire surgirun climat économique “compétitif” de politiques conduisant à une

dévastation sociale et économique.9 Les marchés qui ont été libéra-lisés sans prendre gare aux conséquences ont intensifié la subordi-nation des femmes dans de nombreux domaines—parmi eux, l’al-phabétisation, l’espérance de vie, et l’accès aux sources productricetelles que la terre, à l’information, à la technologie et à l’éducation.

La libéralisation elle-même a souvent découragé le développe-ment de politiques pouvant aider à pallier à ses pires répercus-sions. Les taxations, par exemple, pourraient s’avérer un instru-ment utile dans la redistribution de la richesse et l’atténuation desinégalités sociales, mais la capacité des Gouvernements à générerdes revenus des taxes est inhibée par le style de réformes du FMI et de la Banque mondiale, qui privilégie les hommes, les

catégories à revenu moyen et élevé,tout en réduisant ou en éliminant lessubventions des denrées essentiellescomme le lait, le pain et le gaz de cuisine, grâce auxquelles les commu-nautés pauvres, notamment lesfemmes, peuvent survivre.10

La mobilisation des ressources finan-cières internationales est égalementexempte d’une approche soucieuse dela différence entre les sexes. Les poli-tiques d’investissement et les institutionsaffectent différemment les hommes et

les femmes, puisque celles-ci contrôlent moins de 10 pour cent desressources mondiales et gagnent moins que les hommes pour untravail comparable, et ne possèdent qu’environ 1 pour cent de lapropriété foncière mondiale. Les tendances de la mobilisation desressources, tant nationales qu’internationales, approfondissent cesdisparités car les inégalités qui existent réduisent l’aptitude desfemmes à saisir des opportunités, à répondre aux initiatives poli-tiques ou à faire des progrès substantiels en termes de droitsfonciers, de crédit et de technologie. 11 Les politiques commercialessupposées attirer l’investissement étranger direct, par exemple, ontdébouché sur une prolifération des zones des exportations, avecleurs lots d’histoires d’horreur sur les conditions dangereuses de tra-vail, notamment des femmes et des enfants.

En règle générale, le commerce libéralisé, élargi et propagésous le régime de l’OMC, a considérablement contribué à l’affai-blissement de la capacité des autorités nationales à réguler leurséconomies et à gouverner leurs peuples. Les sociétés trans-nationales des nations industrialisées se sont servies de l’OMC pourouvrir les marchés étrangers et imposer de nouvelles directives auxfins d’optimiser les profits, sans aucune considération pour lescoûts sociaux. Les limitations ont diminué encore plus l’aptitudedes Gouvernements à fournir une protection sociale et desressources pour le développement humain. Dans certains endroits,les sociétés transnationales ont subordonné, d’une façon bien dis-cutable, les gouvernements nationaux au pouvoir, à l’intérieur et au-delà des frontières nationales.

En dépit de son rude impact sur la parité entre les sexes et l’égal-ité sociale, la libéralisation du commerce progresse rapidement etpose des défis particuliers pour les femmes dans les sphères de lasécurité alimentaire et de la protection, des moyens d’existence agri-coles et du développement rural, de la santé et des soins sanitaires,de l’accès aux services publics, de la diversité biologique et de latechnologie. Les mesures restrictives d’investissement ont également

L E S F E M M E S D É F I E N T L A M O N D I A L I S AT I O N 23

La participation des femmesdans la main d’oeuvre s’estconsidérablement accrue maiscelles-ci travaillent bien souvent dans des emploisinformels, dans des conditionsprécaires, hostiles etdégradantes.

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eu de graves répercussions sur la croissance et le développement despetites et micro-entreprises, où sont concentrées les femmes.12

Bien qu’on ait pu pallier à certains impacts de la libéralisationgrâce à l’aide publique au développement (APD) des paysdéveloppés aux nations en développement et à celles en transition,l’aide a nettement diminué au cours de la décennie écoulée, et lesconditions en vue de l’assistance demeurent très contentieuses. LesGouvernements ont signé de nombreux accords internationauxstipulant qu’il faudrait que les pays développés consacrent envi-ron 0,7 pour cent de leur produit national brut à l’aide publique audéveloppement, mais seuls cinq pays européens ont atteint cetobjectif. Les Etats-Unis, la nation la plus riche du monde, est aussile donateur le plus pingre, ne déboursant de son portefeuille que

0,1 pour cent du PNB par an. L’assistance financière internationaleest considérée comme un apport crucial à une politique macro-économique rationelle car l’APD, et d’autres formes d’appui, jouentune rôle significatif dans la définition du cadre macroéconomique.Pourtant, plusieurs nouvelles stratégies importantes jouissant dupotentiel de dynamiser la coordination des bailleurs de fonds et del’appropriation locale des modèles de développement—comme lesCadres de développement par pays (CDP), les Documents deréduction de la pauvreté (DRSP), les Approches par secteur(SWAp)—ont encore tendance à négliger les besoins distincts deshommes et des femmes. A l’instar des précédentes politiques deréformes économiques, ces nouvelles approches risquent d’avoirdes répercussions déstabilisantes, en particulier pour les femmes. Il

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EXTRAIT: “THE NEPAD, GENDER ANDTHE POVERTY TRAP: THE NEPAD ANDTHE CHALLENGES OF FINANCING FORDEVELOPMENT IN AFRICA FROM AGENDER PERSPECTIVE”; CODESRIA ETTWN-AFRICA, AVRIL 2002.

Le Nouveau Partenariat pour leDéveloppement de l’Afrique(NEPAD) est le dernier d’unelongue série de cadres politiquesvisant à mettre l’Afrique sur lesrails de la croissance et dudéveloppement durable. Alors quele plan est célébré par la commu-nauté internationale comme unmodèle de coopération interna-tionale, conçu et mis en oeuvrepar les Africains eux-mêmes, sesprincipes cachent des dangerspour les femmes pauvres du continent.

Le NEPAD aborde une questionau coeur du débat actuel sur lagouvernance en Afrique ennotant:“Aujourd’hui, l’Etat faibledemeure une contrainte majeuredu développement durable dansun certain nombre de pays. Eneffet, un des défis majeurs pourl’Afrique consiste à renforcer lacapacité de gouverner et dedévelopper des politiques à longterme. Simultanément, il existeun besoin pressant d’appliquerdes réformes et des programmesde grande portée dans dansnombreux Etats africains”.(para.23). Mais chose troublante,le NEPAD proclame que le but duNEPAD est de :“...augmenter l’in-

tégration rapide de l’Afrique dansl’économie mondiale” (Para. 52).

Les défenseurs de l’égalitéentre les sexes soulignent égale-ment que “les tendances actuellesindiquent que les Etats sontentrain d’être réorganisés dans lebut de servir les intérêts desforces du marché, et ces intérêtsne coïncident pas avec ceux desdépossédés. En outre, la réalitédes femmes pauvres à travers lespays révèle que la réorganisationde l’Etat n’a que peu de rapportavec le processus de transforma-tion sociale.1

Or, tout en souscrivant à cespréoccupations, le NEPAD appuiebeaucoup de facteurs qui lescausent. Le plan risque donc deperpétuer l’exclusion économiqueet sociale des femmespaupérisées, tout en ancrantdavantage les modèles patriar-caux dans la politique.

A LA VEILLE DU 11 SEPTEMBRE La promotion internationale duNEPAD a démarré à la veille desattentats du 11 septembre 2001aux Etats-Unis, qui ont marqué untournant dans la politiqueétrangère américaine en vue del’établissement d’une coalitioninternationale de lutte contre leterrorisme. Avec le changementbrusque de discours, de nombreuxanalystes prédisent que le NEPADpourrait devenir une nouvelleplate-forme pour combattre le

terrorisme, au lieu de s’attaquer àdes problèmes fondamentauxpour les femmes et pour les pau-vres. Les éléments du NEPAD liés àla sécurité, à la résolution des con-flits et à la gouvernance, pour-raient recevoir une aide spécialedes pays donateurs, et les maigresressources détournées vers lesbudgets de la défense. En outre,l’association de protestationslégitimes avec le “terrorisme” con-stitue une menace pour les luttesdes femmes et de la société civileen faveur d’une transformationsociale graduelle.

Mieux encore, la coalitioncontre le terrorisme a fortifié lesliens entre les institutions com-merciales et financières interna-tionales et les pays riches, quiappuient le modèle de gouver-nance économique contenu dansle Consensus de Washington. Celasautait aux yeux durant la con-férence sur le financement dudéveloppement et représente undéfi majeur pour les militantes enAfrique et ailleurs.

QUI PARLENT POUR LES FEMMES?A partir d’une perspectivesoucieuse de l’égalité entre lessexes, la notion de démocratie quiprévaut dans la majorité des paysafricains suscite des doutes. Quelgouvernement représente vérita-blement les intérêts de la femme?Ignorant le large fossé entre lessexes dans la participation poli-

tique, quel pays d’Afrique peutprétendre être réellement démo-cratique lorsque les intérêts de lamoitié de la population ne sontpas servis?

Un objectif énoncé dans leNEPAD est de promouvoir la par-ticipation de la femme dans la viepolitique africaine (par.49). Or,même l’élaboration du plan amanqué de démocratie et detransparence, reflétant enrevanche les perspectives et lesintérêts des participants. La rédac-tion de la principale composantedu NEPAD, le Programme deredressement de l’Afrique pour leMillénaire, a été l’apanage“d’élites triées sur le volet”2 ,surtout du Nord, notamment leprésident des Etats-unis et lesdirigeants d’autres pays nantis, lesdirecteurs des multinationales, etle président de la Banquemondiale. La consultation a eulieu avec quelques Gouverne-ments africains seulement, enl’occurrence l’Afrique du Sud, l’Al-gérie et le Nigéria, tandis que lasociété civile et d’autres forcessociales du continent ont été marginalisées.

Bien qu’il y ait eu des discus-sions avec des membres choisisau sein de la société civile,notamment des associationsféminines, des partis politiqueset des médias, celles-ci se sonttenues bien après l’adoption duNEPAD par l’Organisation de

Le NEPAD, piège de la pauvreté et de la différence entre les sexes PA R Z O R A N D R I A M A R O

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convient de les réviser pour appuyer des politiques socio-économiques rationnelles, fondées sur l’égalité entre les sexes,axées sur des préoccupations clé telles que la protection de l’envi-ronnement et les droits des travailleurs.13

Une APD accrue et plus clairement focalisée ne suffira pas àelle-seule à résoudre le problème de la dette. L’investissement effi-cace de l’aide repose sur une politique et une réforme structurelles,impossibles pour des pays à la fois coincés par les exigences de laBanque mondiale et du FMI et sérieusement handicapés par leservice de la dette. Même si la dette extérieure continue de s’ac-croître exponentiellement (les flux qui entrent dans le pays ydemeurent peu, comparés aux flux sortants pour rembourser lesprêts) l’allègement de la dette persiste comme un exercice de pou-

voir et de contrôle à travers les politiques d’ajustement. Les pro-grammes d’ajustement structurel privilégient les remboursementsde la dette, au détriment des dépenses en faveur de la santé, l’éducation, l’assainissement, l’eau saine et des autres besoins soci-aux. Cette situation entrave la responsabilisation des gouverne-ments endettés envers leurs peuples et érode les institutionsdémocratiques locales. La corruption fleurit car les négociationssont secrètement conduites entre les élites du Nord et du Sud.

Les propositions actuelles relatives à l’aménagement de la dette -L’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés et l’IPPE renfor-cée - offrent bien peu à trop peu de pays puisqu’elles sont élaboréespar les créanciers aux fins du remboursement de la dette et non desa réduction. Si les plans actuels d’aménagement de la dette ne sont

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l’Unité Africaine (OUA). Lesréunions, restreintes et spo-radiques, sont en contradictionavec les proclamations du NEPADen faveur de la démocratie, dupluralisme, de la transparence etde la responsabilisation.

WASHINGTON VA EN AFRIQUE L’absence de consultations aengendré un plan qui ferme lesyeux sur l’égalité entre les sexes etreproduit le Consensus deWashington. Au titre des autreslacunes, le NEPAD ne procède pasà une analyse critique de la mon-dialisation et des causes présidantà la marginalsation de l’Afriquedans l’économie mondiale. Ilendosse le libre commerce et laprivatisation sans reconnaître desproblèmes tels que le pouvoir desmultinationales et les dangersd’un libéralisme financier incon-trôlé. Il n’exhorte pas à l’annula-tion des dettes extérieures, accu-mulées pendant des décennies,qui font peser un lourd fardeausur les femmes en particulier, etattribue pratiquement la pauvretéau manque d’accès aus ressources,sans mettre en cause les struc-tures de subordination qui ontpaupérisé les femmes. En outre, leNEPAD exalte explicitement lesrelations avec les partenaires duplan, issus du Nord, dans le Cadreglobal de développement de laBanque mondiale.

Une des principales lacunes duNEPAD est d’ignorer l’incidencetraumatisante que les pro-grammes d’ajustement structurelont sur la femme, ainsi que celle

des autres politiques imposéespar les institutions financièresinternationales, de même que leurcontribution à l’appauvrissementdes pays africains. En dépit du faitque le NEPAD mentionne que lesPAS “...encouragent des réformestendant à supprimer les gravesdistortions des prix, mais qui ontoctroyé une attention inadéquateà la prestation des servicessociaux”, aucune mention n’estfaite du fardeau que portent lesAfricains à cause des mesures destabilisation préconisées par leFMI et par la Banque mondiale,qui ont greffé les services publicsde base, privatisé les bienspublics, coupé l’accès des pauvresau crédit et aux ressources pro-ductives, et transféré les coûts desbesoins de base, souvent inabor-dables, aux communautés etaux ménages

Il n’est pas surprenant de cons-tater que le plan fait une impassesur les femmes, qui représententla majorité des pauvres. En fait, lecadre économique recommandépar le NEPAD risque d’emprison-ner les femmes dans la pauvretéet de renforcer les inégalités entreles sexes puisqu’il s’inspire de lapolitique macroéconomiquenéolibérale de l’Afrique du Sud,connue sous l’appellation Crois-sance, Emploi et Redistribution[Growth, Employment and Redis-tribution (GEAR)]. Les analystessud-africains affirment que leGEAR n’a créé ni nouveauxemplois ni croissance, et a appro-fondi en revanche le fossé entreles riches et les pauvres.

PROMESSES VAGUES,GRANDES LIMITATIONSUn des objectifs à long-terme duNEPAD est “de promouvoir le rôledes femmes dans toutes les acti-vités” (par. 67). Mais, au lieu d’intégrer des considérations sexospécifiques et les besoins dela femme, le programme d’actiondu NEPAD s’attache à offrir auxfemmes une poignée de mesuresgénératrices de revenus. Le planne s’attaque pas aux causes fon-damentales de la pauvreté desfemmes et de l’inégalité entre lessexes, aux lois et aux normes culturelles discriminatoires, auxpriorités de développementfavorisant les hommes, à l’accèslimité à la terre, aux dépensespubliques déséquilibrées et auxpolitiques macroéconomiquespartiales.

Le NEPAD contourne, en partic-ulier, l’impact de la mondialisa-tion sur l’emploi des femmes.Même là où les femmes con-stituent une partie importante dela main d’oeuvre, elles occupentessentiellement des emplois trèspeu rémunérés, offrant de mau-vaises conditions de santé etde sécurité.

UN AUTRE TYPE DE CONSENSUS Si l’on veut que le NEPAD englobevéritablement les préoccupationsdes femmes et des pauvres, il doits’écarter du Consensus deWashington et de ses dispositifsinstitutionnels. Il lui faut utiliserun cadre fondé sur les droits de lapersonne pour formuler des poli-tiques garantissant une justice

économique et sociale, incluantl’éradication de la pauvreté et l’é-galité entre les sexes. Il doitécouter les femmes et les hommesafricains de tous les secteurs, etprivilégier les droits des désavan-tagés par rapport aux intérêts descapitaux étrangers. Il convientqu’il établisse des mécanismespour une participation démocra-tique à la prise de décisionséconomiques.

Finalement, les Gouverne-ments du Sud ne doivent pasaccepter d’aide, de commerce etd’investissements en échanged’une complaisance politique etmilitaire. En tant que femmes,nous ne sacrifierons pas nos vies,ni celles de nos enfants, de nosfamilles et de nos communautés,pour de l’argent tâché de sang.

Zo Randriamaro (Madagascar/Ghana) est directrice de pro-gramme au Gender and EconomicReforms in Africa (GERA), sis àAccra.1. Taylor, V. Marketization ofGovernance: Critical Perspectivesfrom the South. DAWN 2000, p.59.2. Bond, P. “Interpreting ThaboMbeki’s various AfricanInitiatives.” 18 novembre 2001.

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pas convertis en des opportunités d’allègement de la dette qui soienteffectives, équitables, orientées vers le développement et durables, lecycle dévastateur de l’accumulation de la dette ira en se répétant,condamnant par là même des millions d’autres personnes à la souf-france.14 Un nombre écrasant parmi elles seront des femmes.

Participer là où les décisions sont prises Derrière l’intégration d’une démarche soucieuse de l’égalité entreles sexes dans la structure macroéconomique se cache un nou-veau défi: faire en sorte que les femmes participent pleinementdans la définition des politiques. Les femmes sont peu représen-tées à tous les niveaux de la prise de décicions économiques, ycompris en termes de plaidoyer, en raison des limitations desressources financières et humaines des ONG féminines. Cette si-tuation perdure, et ce, en dépit de nombreux accords interna-tionaux prônant une participation sur un même pied d’égalité.

Le Programme d’Action de Beijing (1995) stipule: “Pour éliminerla pauvreté et parvenir à un développement durable, il faut que leshommes et les femmes participent pleinement et sur un pied d’éga-lité à la formulation des politiques et des stratégies macro-économiques et sociales.”15. Les signataires se sont également engagésà: “Revoir et réorienter, avec la pleine participation des femmes, surun pied d’égalité avec les hommes, les politiques macro-économiqueset sociales en vue d’atteindre les objectifs du Programme d’action.”16

Le Consensus de Monterrey a en outre convenu d’”intégrer unedémarche soucieuse d’équité entre le sexes dans les politiques dedéveloppement à tous les niveaux et dans tous les secteurs”.17 Mêmes’il ne contient pas de mention directe concernant l’égalité entre lessexes dans la représentation, il existe un lien sans équivoque. Enoutre, la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de dis-crimination à l’égard de la femme (CEDAW), un traité juridiquementcontraignant élaboré en 1979 et ratifié par 170 pays en juin 2002,contient plusieurs articles spécifiques quant à l’égalité entre lessexes dans les organes et les processus de prise de décisions.

Les chiffres parlent d’eux-mêmesEn dépit de ces engagements, les femmes ne représentent que 13 pour cent des parlementaires et 14 pour cent des ministresdans le monde. Dans les domaines de prise de décisions, l’é-conomie et les finances affichent les niveaux les plus faibles dereprésentation (tous pays confondus, seulement 28 femmes ministres détiennent des portefeuilles en rapport avec l’économie(les finances, l’économie, le commerce, le développement, l’industrie et l’agriculture, entre autres). Les femmes sont surtoutconcentrées dans les secteurs dits “légers” tels que l’éducation, lasanté, les affaires sociales et les ressources humaines. A l’écheloninternational, le nombre de femmes dans les structures de prisede décisions des principales institutions financières et commer-ciales internationales est également terriblement faible.

Au FMI et à la Banque mondiale, le Conseil des Gouverneurs estcomposé de hauts fonctionnaires économiques du gouvernement,tels que les ministres des Finances et les présidents de la Banquecentrale, et chaque pays membre est représenté. A la Banque mon-diale, 5, 5 pour cent des Gouverneurs sont des femmes et au FMI,seulement 2,2 pour cent. Au niveau du Conseil d’Administration, lapremière instance de décision des deux organisations, le tableau estencore plus sombre (deux des directeurs de la Banque mondialesont des femmes, et aucune femme n’a le statut de directeur au FMI(voir tableau ci-après).

L’OMC n’a pu fournir des données comparables à celles ci-dessus, mais nous savons que, sur les 159 experts de la politiquecommerciale choisis en 1998 pour la liste de contentieux de l’OMC,l’organisme qui arbitre les désaccords en rapport avec le commerce,12 sur 159 (7,5 pour cent) étaient des femmes. Sur les représentantsdes pays ayant pris part à la quatrième conférence ministérielle del’OMC, tenue à Doha, Qatar, en novembre 2001, 8,4 pour centétaient des femmes.18

Tant que les femmes ne seront pas en nombre suffisant etqu’elles ne pourront partager leurs expériences et perspectives dis-

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Ventilation par sexe des Conseils de Gouverneurs et des Conseils des Administrateurs de la Banque mondiale et du FMI*

0

20

40

60

80

100

Conseil des Gouverneurs

du FMI

Conseil des Gouverneurs de la Banque

mondiale

Conseil d'Administration

du FMI

Conseil d'Administration

de la Banque mondiale

POURCENTAGE HOMMES175

(97,8%)

HOMMES171

(94,5%)

HOMMES24

(100%) HOMMES22

(91,7%)

FEMMES4

(2,2%)

FEMMES10

(5,5%)FEMMES

0(0%)

FEMMES2

(8,3%)

* Les Conseils sont nommés

par les Gouvernements.

Au FMI, les femmes

constituent 6,3 pour cent

des suppléants au sein du

Conseil des Gouverneurs,

et 4,2 pour cent des sup-

pléants au sein du Conseil

d’Administration. A la

Banque mondiale, les

femmes constituent 9 pour

cent des suppléants au

sein du Conseil des

Gouverneurs, et 16,7 pour

cent des suppléants au

Conseil d’Administration.

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EXTRAIT DE LA FICHE D’INFORMATION“EXTERNAL AND INTERNAL DEBTS OFTHE NEWLY INDEPENDENT STATES:SOCIAL AND GENDERCONSEQUENCES” ; LIBERAL SOCIETYINSTITUTE; KIEV; 2001.

A la suite de l’effondrement del’Union soviétique, les nouveauxEtats indépendants (NEI) ont sol-licité l’assistance des institutionsfinancières multilatérales, et ontentamé des réformes orientéesvers le marché telles que la sta-bilisation financière, la privatisa-tion, la libéralisation des prix etla convertibilité de la monnaie. Lerésultat fut un chaos et une crise.

En dépit du fait que lesréformes ont temporairementredressé les budgets et lesmonnaies, aidant à freiner l’infla-tion, elles n’ont par contre pastraité les réalités locales essen-tielles, depuis les structures poli-tiques jusqu’aux comportementscollectifs. Les concepteurs desréformes ont également négligéde les assortir de calendriers clairset de mécanismes d’exécutionefficaces, et ont complètementignoré les retombées socialespotentielles.

Vers le milieu des années 90, ilest devenu évident que lesréformes de marchéengendraient des coûts sociauxdraconiens, parmi lesquels, destaux de chomâge élevés, desdéclins des feuilles de paie persis-tants, des paniers ménagersréduits, une baisse de la qualitédes allocations sociales, une iné-galité accrue entre les sexes sur lemarché de l’emploi, et desdécalages croissants de revenus,qui créent une tension sociale.

Les réformes ont égalementplongé dans une dette per-pétuelle beaucoup de nouveauxEtats Indépendants, dont la surviedépend largement des infusionsfinancières étrangères. Lesfinances sont souvent admin-istrées d’une manière inefficientepar le Gouvernement, et le rem-boursement de la dette absorbe

une portion chaque fois plusgrande des budgets nationaux.Par exemple, les dettesextérieures du Tadjikistan et duTurkménistan ont dépassé levolume de leur PNB, tandis quedans la République de Moldova,la dette est passée de 54 pourcent du PNB, en 1994, à 73 pourcent en 1999. La plupart deséconomies ne peuvent développerassez de capacités d’exportationspour faire face à la situation.

Les Gouvernements signent desaccords de prêt et sont supposésêtre responsables au premier chefpour le remboursement. Or, lesremboursements de prêt provien-nent des fonds publics, ce qui faitque ce sont les contribuables quien supportent le poids. Les accordsde réaménagement de la dette, enrègle générale, ne prévoient quedes reports de paiement etpassent donc le fardeau auxgénérations futures, alors que l’intérêt augmente le montanttotal à payer.

Le remboursement de la detteextérieure est aussi associé auxdettes de l’Etat à l’égard de tousles secteurs de l’économienationale, y compris la santé et l’é-ducation. Ainsi, en Ukraine, la detteextérieure récemment contractéeest passée de 250 millions à 7,8milliards de dollars, alors que ladette intérieure a grimpé de 2,8millions à 3,9 millions de dollars.

Cette tendance fait que lesemployés du secteur public sontsouvent impayés, en particulierdans les Etats baltiques, en Russie,en Ukraine et dans l’ensemble del’Asie centrale. Le montant dû auxemployés de tous les secteurséconomiques atteint désormais784 millions de dollars enUkraine, et 1,13 milliard de dollarsen Russie. Une violation directedes droits de la personne, lesarriérés de salaires contribuent àl’aggravation de la pauvreté, à larestriction de l’accès aux biens etbénéfices publics, à la dévaluationde l’importance sociale de

l’emploi professionnel et à l’éro-sion de la confiance de la sociétécivile à l’égard du gouvernement.

Les secteurs dominés par lesfemmes (par exemple: l’industrielégère, la santé, l’éducation et laculture) sont les plus menacés parles arriérés de salaires. Vu que lessalaires des femmes durant lesréformes ont baissé de 55 à 70pour cent par rapport à ceux deshommes, l’accumulation desarriérés confirme et approfonditla discrimination existante.

Les femmes souffrent d’unemanière disproportionée, et demanières diverses, de la crise de ladette. Les taux de chomâge lesplus élevés sont parmi les secteursayant les plus grands pourcen-tages d’employées. Les femmessans emploi ont moins de chancesque les hommes au chomâge detrouver un travail et, en dépit deshauts niveaux d’éducation,beaucoup d’entre elles ont étéforcées à quitter des postes stableset bien payées. Celles jouissantd’une qualification professionnelledans la tranche d’âge entre 30 et49 ans, forment la majorité desmarchands ambulants.

Lorsqu’elles désirent lancer uneentreprise, les femmes sont con-frontées à un manque de capitalde départ et font état de sérieuxproblèmes quand elles tentent denaviguer au milieu d’une extrêmecorruption. Dans l’agriculture desubsistance (la plupart desfamilles citadines possèdent unlopin de terre où elles fontpousser des légumes pour com-pléter leur bessins alimentaire.Les femmes jouent un rôledominant, contribuant au tiers durevenu moyen du ménage, maiselles sont en butte à un manquede machines et d’équipement. Lesfemmes passent le plus clair deleur temps à rechercher de lanourriture pas chère. Elles fontpratiquement toutes les tâchesménagères et, généralement, ellesne peuvent s’offrir de services deconsommation. Seuls deux pour

cent utilisent une lessiveuse et sixpour cent une machine à sécher lelinge, et six pour cent seulementpeuvent payer les denrées de con-sommation courante. Par-dessusle marché, les allocations socialespour les femmes ayant desenfants, pour les handicapées etles retraitées, sont bien plusinférieures au minimum officielde survie. Et pour couronner tousces problèmes, la faible propor-tion de femmes occupant dehautes fonctions publiques, ce quiexclue effectivement les préoccu-pations de la femme de la prise dedécisions économiques.

Face à cette toile de fonds, ilest urgent d’agir pour faire ensorte que la démocratie et l’éga-lité entre les sexes fassent partiede l’aménagement de la detteextérieure et intérieure. Cesmesures doivent inclure:* L’étendue de l’autorité du

Gouvernement doit être clairement identifiée etappuyée par des dispositions juridiques pertinentes.

* les accords de prêts doiventdevenir transparents par le biais d’une participation publique et de procédures adéquates d’information pour maintenir les contribuables informés.

* Les accords de réaménage-ment de la dette doiventreposer sur le consentementde la société civile.

* Le Gouvernement doit créer des allocations pour pallier aux éventuelles répercussions que les prêts risquent d’avoir en matière sociale et pour chacun des sexes.

* Une agence intersectorielle avec une représentation équitable de femmes doitsuperviser la gestion de la dette publique.

Oksana Kisselyova (Ukraine) estprésidente et co-fondatrice del’Institut pour une société libérale/Liberal Society Institute à Kiev.

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Dans les nouveaux Etats indépendants,les femmes paient le tribut de la dette PA R O K S A N A K I S S E LY O VA

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tinctes, leurs préoccupations ne seront pas reconnues dans lesdébats sur la politique. Ceci est vrai non seulement pour les insti-tutions gouvernementales et intergouvernementales mais aussipour les organisations de la société civile. Pour l’heure, les préoc-cupations des femmes ne sont pas proéminentes dans le mouve-ment protestataire international contre la mondialisation finan-cière, qui est au premier plan dans la redéfinition des approchescentrées sur une promotion du développement durable et et pourtraiter de l’inégalité des revenus. Les militantes doivent s’organiseret influencer cette lutte, en se plaçant, ainsi que leurs problèmes,au coeur des ordres du jour de toutes les entités.

Les défis de la transformation Les femmes ont reconnu, pendant des décennies, que les politiquesattentives à la différence entre les sexes et leur mise en oeuvre

étaient cruciales non seulement pour la femme, mais aussi pour toutschéma d’éradication de la pauvreté. Les militantes ont insisté qu’undiscours économique plus rationnel, avantageux pour tous, devaitfondre ensemble: une pluralité des stratégies de développement; uneinsistance politique sur la responsabilisation et la transparence; unefocalisation sur les secteurs local, national et international; la recon-naissance que l’économie sous entend une corrélation entre l’entre-prise privée, le secteur public et l’économie des soins, la nécessitéde démystifier l’économie pour qu’elle devienne accessible à tous; etl’identification de la nature différenciée par sexe des institutionsfinancières et des politiques macroéconomiques qu’elles exécutent.19

Le mouvement féminin pour une justice économique mondiale ajoué un énorme rôle dans l’incorporation, en général, de cesprincipes et de ces démarches sexospécifiques dans les politiques, lesinstitutions et les processus de prise de décisions variés. L’impact est

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A la suite de l’ouverture des fron-tières économiques nationalesdans le monde, le concept tradi-tionnel des biens publics a étéélargi au nouveau secteur desbiens publics mondiaux (BPM).Cela pouvait englober des ques-tions comme le contrôle desstupéfiants, la gestion des ma-ladies et la pureté de l’air, end’autres termes, tous lesdomaines où les risques et lesprofits s’étendent au-delà despays individuels ou séparés.

Durant les discussions autourde la Conférence internationalesur le financement du développe-ment, le thème des BPM estdevenu un débat proéminent etchaudement contesté. Les pays endéveloppement et beaucoupd’ONG ont appelé les nationsdonatrices à fournir une assis-tance publique au développementsupplémentaire pour financer lesBPM, et à garder ces fonds séparésdes allocations existantes.

Cet appel s’est vu opposé unerésistance farouche, les Etats-Unis et le Japon en particulier ontinsisté pour que toutes lesréférences à cette question soientsupprimées du document, ce quia fini par se produire lors de ladernière phase de négociations.Les Etats-Unis sont allés jusqu’àdénoncer les BPM comme “haute-ment politisés (et) intellectuelle-

ment douteux”. Tandis quel’Union européenne était favo-rable à l’idée d’avoir des discus-sions pour définir au moins ceque devraient être les bienspublics mondiaux, elle a néan-moins rejeté tous les appels pourde nouveaux financements.

Entre temps, les ONG ontsoumis leur propre liste dethèmes à examiner, comprenantl’égalité entre les sexes, ledéveloppement durable, l’at-ténuation de la pauvreté, etl’éradication du VIH/Sida ainsique d’autres maladies infec-tieuses.

A part la question de ce queconstitue un bien publicmondial, les pays donateursobjectaient, par peur, contre lanotion que cela impliquera nonseulement de payer plus d’argentmais que cela diminuera aussileur contrôle sur la distribution del’APD. Pour répondre à cescraintes, un système de comp-tabilité à double vérification a étéproposé pour distinguer les fondsvéhiculés par les canauxbilatéraux de ceux destinés auprofit du monde entier.

Dans la communauté de l’aideau développement, le concept ajoui d’un soutien considérable dela part de la Banque mondiale etdu Programme des Nations Uniespour le développement.

Ses partisans proclament que

les biens publics mondiauxoffrent une solution possible àl’échec du marché d’atteindre lesobjectifs de développement, sus-citant l’espoir que l’orientationdu marché pourrait êtretempérée par un désir de

garantir des résultats sociauxmutuellement bénéfiques,comme l’éducation pour tous.

En même temps, le conceptde biens publics mondiaux tireson origine de l’économieglobale, qui met en exergue lesfonctions de l’utilité et de l’effi-cacité en tant que normes demesure. Il n’est pas clair, parexemple, comment les BPM vontrésoudre le problème de l’équitési l’allocation efficace desressources devient la premièreconsidération prioritaire.

Si les biens publics mondiauxdeviennent acceptables interna-tionalement, les nations en

développement risquent dedevenir la seule motivation defournir une assistance, qui a déjàfortement baissé. Il ne doit pasêtre nécessaire aux Gouverne-ments et aux citoyens de ratio-naliser la poursuite des objectifs

sociaux comme la fourni-ture des biens publics.

La question du choixsocial, comme articuléedans les constitutionsnationales ou dans lestraités internationaux, estbien plus large que ladétermination d’une al-location basée sur, si oui ou non, un bien publicdevrait être financé, ou si oui ou non, un résultatsocial qualifie comme un

bien public.

Marina Fe B. Durano (Philippines)est étudiante de Doctorat et coordi-natrice de recherche au Asia Genderand Trade Network.

Biens publics mondiaux: polémique,espoirs et craintes PA R M A R I N A F E B . D U R A N O

Les pays donateurss’opposent aux bienspublics mondiaux depeur que ceux-ci nonseulement leur coûtentde l’argent mais qu’ilsdiminuent leurcontrôle sur l’APD.

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vivace, pas uniquement au sein de l’ONU mais aussi dans des insti-tutions comme la Banque mondiale qui, au cours de la décennieécoulée, a chaque fois plus considéré les femmes comme des agentsdynamiques du changement politique, économique et social.Beaucoup d’organisations transnationales et de gouvernements à tra-vers le monde, même s’ils traînent en termes de réponse, reconnais-sent à présent que l’égalité entre les sexes est un objectif en lui-mêmeet qu’il faudrait l’intégrer dans tous les cadres de développement.

Désormais, la participation de la femme est attendue commepartie intégrante des négociations à l’ONU, et les allusions à la dif-férence entre les sexes, souvent assorties d’objectifs spécifiquesd’action avec des échéanciers d’exécution, sont parsemées dans lestextes de nombreux accords relatifs audéveloppement socioéconomique.

Un défi plus complexe a surgilorsqu’il s’est agi de traduire ces accordsen actions locales et nationales. Lamajorité des négociations aboutissent àdes promesses politiques au lieu d’obli-gations juridiquement contraignantes, ce qui rend pratique pour lesGouvernements de ne pas joindre l’acteà la parole. Même si le manque deressources est un problème légitimecertes, notamment dans les pays pau-vres, l’absence de volonté politique estencore plus inquiétante. Il n’en reste pasmoins que les femmes, de par le monde, ont utilisé les engagementsinternationaux pour réclamer des changements significatifs dans leslois, les politiques et les allocations des ressources à l’échellenationale. Pour ne citer que quelques exemples, elles ont obtenu desquotas pour des sièges politiques, ont créé de nouveaux ministèresde la femme, réformé les lois relatives à la succession en vued’etablir l’égaliter entre les sexes, introduit des budgets nationauxventilés par sexe, et scolarisé des millions de filles.

La quête de changement a également incité les femmes à con-fronter les organisations transnationales et du secteur privé, les plusgros investisseurs dans les pays en développement. Leurs efforts ontconsisté en plusieurs campagnes prônant des thèmes tels que desconditions de travail et un salaire meilleurs pour les ouvrières, etdes boycotts des consommateurs. Ces efforts ont recueilli un certainsuccès, certaines compagnies ayant volontairement créé par la suitedes codes de conduite, régissant l’impact social, écologique et dutravail de leurs pratiques tant dans leur pays d’origine qu’à l’étranger. Toutefois, les codes sur la base du volontariat pâtissentd’un manque d’application car ils ne sont pas assortis de mesuresde contrôle, de responsabilisation et de mise en oeuvre. Ils ne rem-placent pas les lois nationales ou sur les droits des travailleurs. Enconséquence, les femmes appuient des mécanismes plus solides,englobant la participation des Gouvernements et de la société civiledes pays en développement.

Les réalisations des femmes n’ont pas été sans grande difficulté.Les militantes ont lutté pour pénétrer les structures institutionnelleset culturelles, se démenant contre une résistance au changement.Un travail énorme a souvent été nécessaire pour progresser, mêmeà petits pas, et les organisations féminines font face à des problèmesde financement qui limitent leur capacité de participation et dimin-uent leur impact potentiel.

Aller de l’avant: Stratégies pour un monde meilleurLe moment est venu d’appliquer les accords, de sauver l’environ-nement et de mettre un terme à la mondialisation de la pauvretéet de l’injustice découlant du chaos macroéconomique actuel.Bref: le monde est en crise et il n’y a plus de temps à perdre. LesGouvernements doivent faire plus qu’une législation superficielleet une maigre assistance financière, pour commencer à mettre enoeuvre des stratégies de développement orientées vers les besoinsdes pauvres, pas vers ceux des riches.

Une approche du développement reposant sur les droits auraitcomme premier objectif la garantie du respect des droits de la per-

sonne. Elle veillerait à ce que les actionsde développement appuient les normesrelatives aux droits de l’homme interna-tionalement reconnues, et stipulerait quele développement n’est pas exclusive-ment un processus économique, maisplutôt une trame de tous les aspects desdroits de l’homme, civils, politiques,économiques, sociaux et culturels.

Les approches basées sur les droitsde l’homme renferment des principesdirecteurs importants pour la coopéra-tion internationale et les stratégiesnationales de développement, et offrentaux individus, en particulier aux

femmes, des outils puissants pour combattre la pauvreté et la mar-ginalisation. L’intégration des droits de l’homme et du développe-ment sont la gageure que les systèmes de gouvernance au niveaunational, régional et international, sont transparents et responsables,en partie grâce à la participation renforcée de la société civile. Cetobjectif global doit guider tout le travail en vue de la réalisation d’undéveloppement équitable et durable.

Durant le processus de la conférence sur le financement dudéveloppement, les femmes de tous les coins du monde ont présen-té un ordre du jour clair et concis pour aller dans cette direction(voir “Agissez!,” pages 33 et 34). D’autres stratégies et instrumentsplus généraux sont énumérés ci-après.

1. Les objectifs de développement pour le Milénaire Au cours des dix dernières années, les conférences de l’ONUautour d’une série de problèmes différents ont fourni une plate-forme exhaustive pour la transformation du développement. Lesrésultats de ces initiatives ont été mis ensemble en septembre2000, lorsque 149 chefs d’Etat, un nombre sans précédent, se sontrassemblés au Siège de l’ONU à New York pour le Sommet duMillénaire, partie intégrante de la 55ème session de l’Assembléegénérale, également baptisée Sommet du Millénaire. Ensemble, ilsont élaboré un document concis relatif au développement: laDéclaration du Millénaire. Elle renferme huit objectifs dedéveloppement pour le Millénaire (ODM) qui pourraient réduire,d’une manière considérable, le pourcentage des personnes vivantdans la pauvreté dans le monde, et améliorer les normes de vie.

Toute discussion concernant la réalisation des objectifs de laDéclaration du Millénaire doit commencer par une compréhensiondes places différentes des hommes et des femmes, des filles et desgarçons dans la société.20 Or, la Déclaration du Millénaire n’est pas

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Le monde est en crise et il n’y aplus de temps à perdre. Lesmilitantes à la conférence surle financement du développe-ment ont montré la voie à tra-vers un ordre du jour clair etconcis en vue d’atteindre undéveloppement équitable et durable.

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sophistiquée dans son approche de l’égalité entre les sexes en tantque moyen d’éliminer la pauvreté, et ne prend en compte quequelques uns des problèmes que les femmes ont présenté pendantles récentes décennies. La bouée de sauvetage est qu’elle contientun langage critique que seules les femmes peuvent employer pourcontrôler les actions du Gouvernement en vue d’atteindre les objec-tifs d’ici l’année 2015.

La Déclaration décide de “promouvoir l’égalité entre les sexes etl’autonomisation des femmes comme moyens efficaces de lutte con-tre la pauvreté, la faim et la maladie, et de stimuler un développe-ment qui soit véritablement durable” 21 ; et de “combattre toutes lesformes de violence à l’égard de la femme et d’appliquer laConvention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination àl’égard de la femme”.22 Elle traite également de questions essentiellestelles que l’éducation des filles et les taux de mortalité maternelle.

Afin d’influencer l’application des objectifs de développement

pour le Millénaire, il est crucial que les femmes présentent leurspoints de vue, à leurs Gouvernements d’abord, car ils créent les poli-tiques et les stratégies. Les femmes doivent aussi continuer à encou-rager leur gouvernement à adopter une aide au développement ven-tilée par sexe, en termes de qualité et de quantité. Des études ontd’ores et déjà indiqué que si l’on veut atteindre les objectifs de laDéclaration du Millénaire, il faudrait augmenter l’APD d’environ 50milliards de dollars américains par an.23 Et, en travaillant au niveausystémique aux fins de restructurer l’architecture économique, lesfemmes doivent aider à faire en sorte que tant les politiques que l’as-sistance financières soient orientées vers les droits de l’homme et ladurabilité.

Pour faire le suivi des progrès des objectifs de développement dela Déclaration du Millénaire, l’ONU a lancé une initiative reposant surla recherche, l’information et des campagnes pour galvaniser la co-ordination et l’échange. Le Projet d’analyse pour le Millénaire com-

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EXTRAIT DE “EXPANDING THE DEBATEON GLOBAL TOBIN TAX”; DAWNINFORMS; MARS 2002.

Parmi ceux aspirant à une réformedu système financier mondial, ledébat autour de la taxe Tobin pro-posée (également connue commela taxe sur les transactions moné-taires), une taxe sur les mouve-ments multilatéraux pour réduirela spéculation monétaire, s’estélargi pour inclure des négocia-tions sur les régulations et lescontrôles nationaux des mouve-ments de capitaux. Une telle ten-dance renforce, au lieu de dimin-uer, l’importance vitale de laproposition. Les discussionsautour de la régulation nationaledes flux de capitaux révèle lesdimensions importantes de lafaçon dont les Gouvernementstraitent aussi bien les flux indésir-ables que les revenus accrus issusdes opérations financières.

Aujourd’hui, il existe une prise de conscience accrue del’opinion publique quant au faitque la régulation des flux decapitaux est un choix politiquelégitime dans l’architecture finan-cière actuelle, malgré l’objectionactuelle du FMI aux mesuresrégulatoires. Une forte volontépolitique de la part des Gou-vernements serait nécessairepour mettre en place des poli-tiques économiques autonomes

et pour surmonter la censure du FMI.

L’analyse de la faisabilité et dela désirabilité des contrôles descapitaux nationaux a abouti àune reconnaissance accrue de lanécessité d’une coordinationentre les pays, ce qui diminueraitla pression pour des réductionscompétitives des taux de la taxe,qui forcent les pays à abroger lesrégulations déjà en place.

A cet égard, il y a lieu de citerle cas du Chili: qui a été obligé desupprimer son exigence de dépôtsans intérêt sur les avoirs à courtterme pour concurrencer d’autrespays pour les investissementsétrangers, après la crise financièreasiatique.

Une telle coordination a puêtre instituée au niveau régional,où existaient déjà des réseaux etassociations de pays. Des groupesde nations pouvaient envisagerun cadre régulatoire limité desmouvements de capitaux pourleur avantage collectif. Desméthodes alternatives decoopération entre les économiesen développement sont devenuesvitales, au vu du processus deprise de décisions décevant etnon démocratique des mécan-ismes mondiaux de gouvernance.

La taxe nationale sur les fluxet les avoirs financiers pouvaits’appliquer tant aux avoirs finan-ciers nationaux qu’aux étrangers,

supprimant de la sorte la discrim-ination locale contre le finance-ment étrangers et augmentantles revenus nationaux si néces-saire. Les avoirs financiers et lesentreprises financières—qu’ellessoient étrangères ou locales—peuvent tous les deux agirimprudemment et tirer avantagedes faibles mécanismes régula-toires du Sud, et il faudrait que lesGouvernements traitent d’unemanière plus efficace avec leurspropres élites et entreprisesfinancières. Avec la taxenationale, le débat sur l’utilisa-tion du revenu est plus prochedes femmes et des hommes quisont directement affectés par lapauvreté, par la dégradation del’environnement et par les criseséconomiques déclenchées par uncomportement financier nonréglementé et non responsabilisé.Une volonté politique dans l’ap-plication et le maintien d’unepolitique de taxation pourraitêtre consolidée par un engage-ment clair en faveur des gainssociaux. Les finances publiquesdoivent commencer à accorder lapriorité à la pauvreté chorniqueet au sous-financement desbesoins élémentaires de la popu-lation.

Beaucoup d’ONG et de mouve-ments sociaux, y compris Deve-lopment Alternatives withWomen for a New Era (DAWN),

plaident d’ores et déjà pour quele revenu issu de la taxe Tobin(mondial ou national) soitconsacré à l’éradication de lapauvreté et à la réalisation desobjectifs de développementsocial.

DAWN met l’accent sur l’objectif d’appuyer une reproduc-tion sociale basée sur le respectdes droits de la femme et sur lapromotion de l’égalité entre lessexes, en particulier dans lesrégions et dans les pays les pluspauvres.

Gigi Francisco (Philippines) est laCoordinatrice régionale de DAWNpour l’Asie du sud-est (vérifier)

Elargir le débat sur la Taxe Tobin mondiale PA R G I G I F R A N C I S C O

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prend dix équipes spéciales couvrant un large éventail de sujets visantà des pratiques et à des politiques novatrices. Les Bureaux de paysdu Programme des Nations Unies pour le Développement, en col-laboration avec les autorités nationales, le secteur privé et la sociétécivile, compileront les rapports de pays détaillant les acquis et lesobstacles. Une campagne pour le Millénaire, conduite essentiellementpar la société civile tant au niveau national que mondial, cherchera àrecueillir un large appui politique et public, mais il est égalementvital d’intégrer les perspectives et la représentation des femmes dansce processus critique. Les femmes devront en outre développer desprocessus de contrôle indépendants afin de s’assurer qu’on répondrapleinement à leurs besoins.

2. Rester engagés, Donner un sens L’initiative de l’ONU invite spécifiquement à un engagement dela société civile, et il est crucial que les femmes y participent,ainsi que dans le suivi des activités de l’ONU en général. Uneparticipation active conduit à une transparence et à une respon-sabilisation accrues, et à l’inclusion de lasociété civile dans tous les domaines dela prise de décisions. Contrairement auxinstitutions de Bretton Woods (IBW) et àl’OMC, l’ONU est relativement ouverteaux ONG, (même si certains militantscommencent à mettre en cause le degréréel de leur accès à la prise de décisionà l’ONU, au vu des restrictions que cer-tains gouvernements ont cherché à leurimposer lors des récentes conférences).

Tant à Monterrey qu’à la premièrerencontre dans le cadre du processus desuivi, la réunion d’avril 2002 entre leConseil économique et social et les IBW,les représentants des ONG ont notéqu’en dépit du fait qu’ils prononcent desdiscours et prennent part aux discussions, leurs contributions nepesaient pas lourd. Ainsi, les synthèses des débats durant les tablesrondes, par exemple, contenaient rarement les interventions de lasociété civile. La réthorique autour de la signification de la partic-ipation des ONG est plus commune.

Les femmes ont appelé en particulier à explorer les moyens desdonner plus de sens aux apports des ONG, car pour beaucoupd’ONG féminines, les obstacles institutionnels ne sont qu’une partied’une série de barrières à la participation, en commençant par desniveaux faibles de ressources financières et humaines vue. La parti-cipation des femmes dans la prise de décisions économiques limiteaussi la portée de l’attention accordée aux femmes et à leurs posi-tions. Cette tendance continue, en dépit des accords internationauxvariés appuyant une représentation sur un même pied d’égalité.

C’était évident à Monterrey, où les références aux changementssystémiques ou à l’analyse basée sur la différence entre les sexes,qui constitueraient une réelle différence pour la femme, étaientabsentes du document final. Les femmes ont été profondémentdéçues par le “consensus” qui a émergé, en particulier au vu de leurparticipation dévouée, tout au long des deux années du processuspréparatoire. Pendant que les militants mettent au point de nou-velles stratégies pour continuer à travailler sur le financement dudéveloppement, sur les objectifs de dévelopement énoncés dans la

Déclaration du Millénaire et sur le suivi des débat de l’ONU engénéral, il faudrait également procéder à une évaluation continue del’impact de ce travail. Les femmes disposent d’un savoir et d’uneexpérience, et il serait impossible d’atteindre ces objectifs sans leurparticipation éclairée.

3. Mainstreaming du genreEn dépit des longues luttes actuelles des femmes encourager lesgouvernements à adopter une approche qui tienne compte desquestions sexo specifiques quant à la prise des décisions macro-économique, les femmes continue à être représentée en propor-tion infime, et se termine par peu, voire aucune reconnaissancede la différence entre les sexes, donnant lieu à des stratégies et àdes plans d’action préjudiciables aux femmes et aux effortsd’éradication de la pauvreté.

Les femmes ont réclamé une incorporation et une intégration desanalyses différenciées par sexe dans toutes les sphères de prise dedécisions économiques, elles ont mis les Gouvernements au défi de

reconnaître les rôles et les contributions dela femme dans les économies nationalesau-delà du niveau microéconomique. Bienque les initiatives de microcrédit soient desmesures importantes dans l’élargissementdes ressources et des capitaux desfemmes, celles-ci ne peuvent, à ellesseules, éliminer les obstacles que lesfemmes doivent surmonter pour accéderaux marchés et aux ressources financières.Les politiques macroénomiques relativesaux accords commerciaux et aux prêts, àl’agro-industrie, à la distribution foncière età l’administration des taxes, doivent incor-porer une prise en considération des impli-cations par sexe.

Un point de départ important pourcommencer à intervenir en faveur de politiques soucieuses de l’égalité entre les sexes consisterait à contrôler ce que les différentsacteurs macroéonomiques ont promis de faire, ce qu’ils prétendentfaire, et ce qu’ils font effectivement. Les activités de contrôle et de suivi conduites par les femmes se sont accélérées après la con-férence de Beijing (1995), mais il serait nécessaire à présent de coor-donner ces efforts d’une manière plus cohérente (voir “Agissez!”page 33).

Le suivi de l’application des mesures nécessaires à la réalisationdes objectifs de développement contenus dans la Déclaration duMillénaire offre aux militantes une opportunité sans pareil de fairepression sur les Gouvernements et sur les institutions internationalesafin d’intégrer la différence entre les sexes, en établissant des indi-cateurs et des mécanismes qui révélent l’ampleur réelle de l’impactdes politiques macroéconomiques sur les femmes et sur les filles.

4. Ventiler les chiffres Un instrument nécessitant une attention accrue est l’élaboration dedonnées ventilées par sexe en tant qu’indicateur de l’égalité entreles sexes. Sans ce type de données, il n’est pas possible de mesu-rer et de contrôler l’impact fiscal et économique des politiques surles femmes, par rapport aux hommes.

Sur le marché du travail, par exemple, les chiffres ventilés par

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Les femmes demandent uneintégration et des analysesdifférenciées par sexe danstoutes les prises de décisionséconomiques, et la reconnaissance de la partdes Gouvernements de leurscontributions vitales auxéconomies nationales,au-delà du niveau microéconomique.

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sexe pourraient aider à accroître leschances des femmes d’obtenir desemplois et des services financiers encanalisant les fonds publics vers lescapacités économiques des femmes eten garantissant leurs droits. Pour lesGouvernements qui essaient d’accroîtrela croissance économique dans desconditions sociales responsables, cesdonnées sont essentielles, et devraientêtre appliquées aux analyses des poli-tiques à tous les niveaux, national,provincial et local.24

5. Analyser les budgets par sexe Depuis la conférence de Beijing, les femmes se sont étroitementconcentrées sur l’importance des approches soucieuses de la pa-rité entre les sexes dans les allocations budgétaires. Les budgetsventilés par sexe examinent l’impact des politiques gouverne-

mentales sur les femmes et sur lesfilles, par rapport aux hommes et auxgarçons, dans n’importe quel groupesocioéconomique donné. Les budgetsnationaux revêtent une importancemajeure car ils indiquent la façon dontle gros des ressources publiques estmobilisé et distribué, et la façon dontles gouvernements s’acquittent deleurs responsabilités économiques etsociales.25

En reliant les dépenses aux engage-ments pris par les Gouvernements quant

aux droits des femmes et à l’égalité entre les sexes, les initiatives debudgétisation par sexe aident les femmes à responsabiliser lesGouvernements. Dans l’idéal, les budgets nationaux aspirent à éradi-quer la pauvreté et à remédier aux inégalités dans la distribution desressources, et les budgets répartis par sexe sont une étape crucialepour calculer si oui ou non ceci est en train de se produire. Les pays

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Les initiatives budgétaires ventilées par sexe aident lesactivistes à responsabiliserleurs Gouvernements en liantles dépenses aux engagementspris quant aux droits de lafemme et à l’égalité entre lessexes.

EXTRAIT DE “IN SEARCH OFEQUITABLE AND JUST DEVELOPMENT:A ROUND TABLE ON ‘FINANCING FORDISTRICT LEVEL DEVELOPMENT,’” 19MAI 2001, INDE.

Il existe un appui grandissant,dans certains milieux, en vue deremettre le pouvoir, surtout pource qui a trait aux décisions finan-cières, au niveau local. Si le pou-voir de recueillir, de dépenser etd’administrer les financementsest développé, il pourrait con-stituer un processus plus efficaceet brasser des sommes plus sub-stantielles que lorsque l’argentprovient des Etats ou des mi-nistères. Le fait de savoir où val’argent stimulera une collectedes revenus, localement.Comme les ressources nationaleset internationales destinées au développement social s’amenuisent, les représentantsdes pouvoirs locaux sont dansune position idéale pour com-prendre les besoins de leurs communautés et comment y répondre au mieux.

L’idée de développer desressources nationales aux fins dudéveloppement est vigoureuse-ment et fréquemment suggérée,y compris par certains groupes

internationaux. Ainsi, le Comitéde haut niveau des personneséminentes, établi par le Secrétairegénéral de l’ONU pour la Con-férence internationale sur lefinancement du développement,a pris cette position. Les person-nalités sont d’avis que trop dedépendance vis-à-vis de l’aidepublique au développement ainsique l’emprunt sont malsains,portent atteinte à la souverainetéet créent une dépendance et unendettement, en sus de la possi-bilité que de tels financementsrisquent de ne pas venir dans lesprochaines décennies.

La Conférence sur le Finance-ment du Développement a égale-ment poser des jallons pourréclamer un espace pour l’ONUdans la gouvernance économiqueinternationale, une alternativeéconomique plus démocratiqueau système actuel dirigé par lespays développés, sous la tutellede la Banque mondiale et duFonds monétaire international.Cet appel suscite de l’espoir car ilsoutient la croyance selonlaquelle que le fait de réduire ladépendance vis-à-vis des pays lesplus riches, et un certain degréd’autosuffisance, conduisant àune plus grande souveraineté.

Plusieurs grandes figures dumonde des finances, de la planifi-cation et de la politique ont fer-mement appuyé ce point de vue,notamment Manmohan Singh,ancien secrétaire au ministèredes Finances de l’Inde, le défuntArun Ghosh, ancien membre de laCommission de planification del’Inde, et feu Julius Nyéréré, ex-président de la Tanzanie.

Un autre argument favorableau développement des pouvoirslocaux en vue de recueillir et dedépenser des financements estqu’il ne s’agit plus d’une alternative. La gestionmacroénomique en vigueur nefonctionne plus. Il existe unimmense potentiel si on débrideles énergies disponibles chez lespersonnes - mais ceci ne peutêtre fait que si les organisationslocales disposent d’un espace etd’un enjeu dans le processus.

En Inde, la dévolution a unedimension légale, en plus desraisons d’ordre idéologique etpratique. La Constitutionindienne a édicté des formeslocales de gouvernance - même sicela n’a pas été absorbé par laconscience de nos dirigeants poli-tiques, qu’ils soient ministresd’Etats ou ministres du

Développement rural ou desFinances.

Le Comité directeur nationalpour l’émancipation de la femmeet le développement de l’enfant,une initiative de la Commissionde planification de l’Inde, a forte-ment suggéré que les institutionslocales d’autogouvernementsoient utilisées comme canauxpour la formulation et l’exécutiondes plans de développement. Il aaussi encouragé à la mise surpied de comités de femmes,composés de représentantesélues. Avec un soutien adéquat,elles peuvent concevoir, exécuteret faire le suivi de plans,nouveaux et appropriés, destinésà améliorer leurs communautés,au lieu de simplement mettre enoeuvre ceux existants et venus de haut.

Devaki Jain (Inde) est co-fondatricede l’Institute of Social Studies Trust,New Delhi, et de DAWN.

Mettre le pouvoir aux mains des communautés PA R D E VA K I J A I N

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ayant mené à bien des initiatives budgétaires soucieuses de la dif-férence entre les sexes ont d’ores et déjà commencé à en tirer pro-fit,26 car une telle pratique aide à supprimer les contraintes de lamacroéconomie basée sur le sexe, au bénéfice de toute la société.Le résultat de la croissance économique et du développementhumain augmente simultanément d’une manière qui continue àfavoriser l’autonomisation de la femme.27

6. S’ouvrir sur le monde Les stratégies de divulgation joue un rôle important dans lesefforts de liaison entre les femmes, les organisations de la sociétécivile et les décideurs. Les initiatives futures doivent promouvoirdes politiques économiques durables et soucieuses de la paritéentre les sexes, améliorer l’alphabétisation économique desgroupes féminins et du public en général, et promouvoir la par-ticipation de la femme dans la prise de décisions économiques.Il faudrait également déployer des efforts en vue de former lesdécideurs quant aux rôles critiques que les droits économiquesde la femme jouent dans l’économie au sens large, et améliorerles données ventilées par sexe.28 Ces activités ne doivent pas êtreuniquement conduites au niveau local, mais également au seindes institutions financières et commerciales internationales(Banque mondiale, FMI et OMC), et des Nations Unies, par lebiais des processus de suivi de la conférence sur le financementdu développement.

ConclusionLes femmes ont toujours été en première ligne dans la défense desalternatives au cadre néolibéral actuel. Le contrôle, l’intégrationd’une approche sexospécifique, la ventilation des données, les ini-tiatives budgétaires attentives à la différence entre les sexes, lesstratégies de divulgation à multiples facettes, la participation, lesrecommandations de politiques et une pression continue enfaveur de nouvelles approches, sont autant de voies empruntéespar les femmes pour transformer la théorie et la pratiqueéconomiques en vigueur.

Alors que des alternatives sont sur la table, le mouvementféminin doit se consolider en vue d’inciter les Gouvernements à agirpour un monde meilleur. Il est nécessaire de bâtir et d’établir con-tinuellement des ponts entre les organisations et les réseaux defemmes, à l’intérieur et entre les régions, et de devenir chaque foisplus pluridisciplinaires, tissant l’intervention des femmes en faveurd’une justice économique à travers une expertise dans les secteursdes droits de l’homme, de l’environnement et de la politique. Grâceà leurs riches expériences et à leurs stratégies approfondies issuesd’une compréhension étendue de la durabilité, de l’égalité et desdroits de l’homme, les femmes ont un rôle unique à jouer dans lacréation d’un paradigme de développement qui ne soit pas com-promis par l’omnipotence du marché. Nadia Johnson est Associée du Programme de WEDO pour la jus-tice sociale

Notes1 Elson, D. and Cagatay, N. “The Social Content of Macroeconomic Policies.” WorldDevelopment. Vol. 28, No. 7. p. 1347. 2 Antrobus, P. and Christiansen-Ruffman, L. “Women Organizing Locally andGlobally: Development Strategies, Feminist Perspectives.” Feminists DoingDevelopment. Zed Books. Londres et New York. 1999. p.183.

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Agissez!

Tout au long de la conférence sur le financement du développe-ment, les femmes ont mis en exergue quelques uns des problèmeséconomiques et sociaux affectant nos existences, et ont suggérédes stratégies et des alternatives pour transformer la mondialisa-tion. En nous fondant sur la recherche développée et sur nos inter-ventions durant le processus conduisant à Monterrey, voiciplusieurs moyens concrets pour concrétiser nos idées dans le con-texte des efforts tendant à promouvoir l’égalité entre les sexes etla justice sociale, tant sur le front national qu’international.

Niveau de pays:• Effectuer à l’inclusion de tous les secteurs de la société civile,des femmes en particulier, dans la formulation et l’exécution despolitiques financières, fiscales et commerciales.• Conduire et disséminer une recherche et une analyse sexo-spécifique des politiques macroéconomique relatives à la taxation,au commerce, aux dépenses publiques, à l’investissement et auxpolitiques financières.• Organiser des séminaires d’alphabétisation économique, etplusieurs audiences publiques pour s’assurer que les préoccupa-tions concernant les droits et la capacité économiques de lafemme soient prises en compte dans tous les forums nationaux deprise de décisions.• Développper une analyse sexospécifique des budgets locaux,nationaux et provinciaux et des politiques de taxation en vue derestructurer une collecte et une allocation des fonds publics orien-tées vers la promotion des droits et des capacités économiques dela femme, et vers une parité entre les sexes dans la gouvernance etle leadership.• Intervenir en faveur d’un processus d’arbitrage transparentpour négocier l’annulation de la dette, garantissant que les perteset les profits soient partagés sur un pied d’égalité, et élaborer despolitiques éthiques de prêt et d’emprunt pour prévenir de futurescrises de la dette.• Recueillir des données ventilées par sexe, identifier etréduire les fossés en matière d’information, y compris sur le travailnon rémunéré.• Effectuer une autre recherche sur l’égalité entre les sexes etl’élimination de la pauvreté en tant que biens publics mondiaux.• Bâtir des liens entre les groupes féminins à travers tous lesniveaux, national, régional et mondial.

Niveau mondial:• Souligner le rôle majeur de l’ONU pour remédier au manquede démocratie et de transparence institutionnelle des institutionsde Bretton Woods et de l’OMC, et encourager à une participationaccrue des défenseurs des droits de la femme à l’ONU.• Surveiller les conditions, les politiques et les institutionséconomiques mondiales pour qu’elles atteignent les objectifsmondiaux de développement, notamment l’éradication de la pau-vreté et l’égalité entre les sexes, comme énoncés dans la Charte del’ONU, dans la Déclaration du Millénaire et dans toutes les con-férences de l’ONU de la décennie écoulée. (À suivre page 34)

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3 Johnson, N. “Systemic Issues: Women’s Consultation Briefing Paper.” février 2002.New York.4 Division de l’ONU pour la promotion de la femme, Département des affaireséconomiques et sociales. 1999 Etude mondiale sur le rôle de la femme dans ledéveloppement, New York. 1999. p.21. 5 Ibid. p. 53.6 Ibid. p. 54. 7 Johnson, N. “Systemic Issues: Women’s Consultation Briefing Paper.” février 2002.New York.8 Ibid. p. 193.9 Johnson, N. “Mobilizing Domestic Resources: Women’s Consultation BriefingPaper.” septembre 2001. New York.10 Ibid.11 Goodson Foerde, J. “Mobilizing International Resources: Women’s ConsultationBriefing Paper.” septembre 2001. New York.12 Williams, M. and Riley, M. “Trade: Women’s Consultation Briefing Paper.” sep-tembre 2001. Washington, DC.13 Kerr, J. “Official Development Assistance: Women’s Consultation Briefing Paper.”septembre 2001. Canada.14 Lerner, G.; Lozada, R.; and Torres, V. “Debt: Women’s Consultation BriefingPaper.” septembre 2001. New York et Philippines.15 Département de l’information du public, ONU, Programme d’action etDéclaration de Beijing, New York. 1996. Par.47. 16 Ibid. Para.58. 17 Conclusions de la Conférence des Nations Unies sur le financement dudéveloppement, le Consensus de Monterrey. A/CONF/198. 1er mars 2002. Par.64.18 WEDO. Fiche signalétique de WEDO “Les femmes dans la prise de décisions:“Les chiffres parlent d’eux-mêmes”, New York. 2002.19 Bakker, I. “The New Global Architecture, Gender and Development Practices.”Feminists Doing Development. Zed Books. Londres et New York. 1999. p.214.20 Zeitlin, J. and Johnson, N. “Women Push Their Development Demands on theFinancing Front.” Social Watch Report 2002. Montevideo, Uruguay. 2002. p.75.21 Déclaration des Nations Unies pour le Millénaire. Par. 20.22 Ibid. Par. 25.23 Rapport sur le rapport Zedillo au Secrétaire général. Nations Unies. 26 Juin 2001.A/55/1000. Shantayanan, D., Miller, M., and Swanson, E. Les coûts pour atteindreles objectifs de développement pour le Millénaire. Banque mondiale. février 2002.24 Office of the Special Advisor on Gender Issues, UN Department of Economicand Social Affairs. Gender Mainstreaming: An Overview. Nations Unies. New York.2002.25 Conference Communique: “Towards Gender-Responsive Budgeting.”.Bruxelles. 17 octobre 2001.26 UNIFEM, Secrétariat du Commonwealth, IDRC. “Gender Budget Initiatives.”27 Budlender, D.; Elson, D.; Hewitt, G.; and Mukhopadhyay, T. Gender BudgetsMake Cents. Commonwealth Secretariat. Londres. 2002. p. 43.28 Office of the Special Advisor on Gender Issues, UN Department of Economicand Social Affairs. Gender Mainstreaming: An Overview. Nations Unies. New York.2002.

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Financing for Development Gender Policy Briefing KitTélécharger: www.wedo.org Gender Budget Initiatives: Strategies, Concepts and Experienceswww.unifem.undp.org

• Créer un groupe de suivi pour mettre au point une approchede suivi plus coordonnée des négociations collectives des princi-pales parties prenantes internationales (l’ONU, la Banque mon-diale, le FMI et l’OMC), de promotion effective d’une élaborationdes politiques plus concrète, cohérente et sexospécifique etl’intégration d’une démarche attentive à la différence entre lessexes dans l’ensemble des opérations institutionnelles.• Procéder à un examen sexospécifique (parallèle aux Examensde la politique commerciale, de l’OMC) des négociations et destraités commerciaux bilatéraux, régionaux et internationaux,dans le but d’identifier les discriminations fondées sur le sexe entermes d’accès aux ressources productives, de niveaux du revenu,de sécurité de l’emploi, de droits des travailleurs et des fardeauxdu travail non rémunéré.• Elaborer un cadre global et soucieux de la différence entre lessexes qui améliore l’évaluation de l’impact social des flux finan-ciers comme partie intégrante de toute planification de la stabilitéfinancière internationale.• Plaider en faveur de l’adoption d’une Convention de l’ONUsur la responsabilité des entreprises, comportant des accordsjuridiquement contraignants, et rétablir le Centre de l’ONU sur lessociétés transnationales avec un mandat élargi et les ressourcesnécessaires pour surveiller et remédier aux violations commisespar les entreprises.• Promouvoir l’établissement d’un code standard de conduitepour les investissements étrangers directs et pour les sociétéstransnationales qui soit transparent, équitable et applicable, et quiinclue une attention aux perspectives sexospécifiques et à d’autresquestions d’équité sociale.• Plaider en faveur d’un système de transferts obligatoiresdes régions riches aux régions les plus pauvres du monde pourinclure la TTM, la taxation mondiale du carbone, et faire en sorteque ces fonds soient alloués à travers des schémas mondiaux definancement orientés vers l’autonomisation des femmes et vers lesbesoins des femmes les plus paupérisées.• Inciter à la suppression des politiques d’ajustement struc-turel qui servent les intérêts des pays développés en nuisant à ladurabilité et à la croissance dans les économies en développementet en transition.• Soutenir la recherche sur les dimensions sexospécifiquesdes politiques macroéconomiques, sur les approches recom-mandées aux fins de l’intégration d’une démarche soucieuse de ladifférence entre les sexes, de l’égalité entre les sexes et de l’éradi-cation de la pauvreté en tant que biens publics mondiaux, sur lerapport entre le financement du développement et la réalisationsdes objectifs énoncés dans le Progamme d’action de Beijing etdans la Déclaration du Millénaire• Appuyer une représentation et une participation de la

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Organisations nongouvernementales(ONG)African Women’s EconomicPolicy Network (AWEPON)P.O. Box 14123Church of Uganda, KampalaUgandaTél: (256 4) 127-0218Fax: (256 4) [email protected]

Association for Women’sRights in Development (AWID)96 Spadina Ave., Suite 401Toronto, ON, Canada M5V 2J6Tél: (416) 594-3773 Fax: (416) [email protected]/

Center of Concern1225 Otis St., NEWashington, D.C. 20017Tél: (202) 635-2757E-mail:[email protected] www.coc.org/

Development AlternativesWith Women for a New Era(DAWN)PO Box 13124, Suva, FijiTél/Fax: (679) [email protected]/

InterAction1717 Massachusetts Ave., NWSuite 701Washington, D.C. 20036Tél: (202) 667-8227Fax: (202) [email protected]

International Confederation ofFree Trade Unions (ICFTU) United Nations Office211 E. 43rd St., Suite 710New York, NY 10017, USATél: (212) 370-0180Fax: (212) [email protected]

International Gender and TradeNetwork (IGTN)1225 Otis Street, NEWashington, DC 20017Tél: (202) 635-2757 ext. 115Fax: (202) 832-9494

[email protected]/(Visiter le site Internet pour les con-tacts régionaux en Afrique, en Asie,dans les Caraïbes, en Europe, enAmérique Latine, en Amérique duNord et dans le Pacifique).

International Institute for Cooperation AmongstPeoples (IICP)Apdo. 2372 Centro de GobiernoSan Salvador, El Salvador, C.A.Tél/Fax: (503) [email protected]

Jubilee South-Philippines54-C Mapagbigay StreetCentral DistrictQuezon City, PhilippinesTél/Fax: (63 2) [email protected]://jubileesouth.net

KULU: Women and DevelopmentBorgergade 14, 2.th1300 Copenhagen KDenmarkTél: (45 3) 315-7870Fax: (45 3) [email protected] www.kulu.dk/

Liberal Society Institute16 I. Klimenko #32 m/b 193Kiev 03110, UkraineTél: (380.44) 277-9970Fax: (380 44) [email protected]

Red de Educacion Popular EntreMujeres (REPEM)Colonia 2069Montevideo 11200, UruguayTél: (589 2) 40-6994Fax: (589 2) [email protected]

South Asia WatchPunjab UniversityArts Block-IVChandigarh 160014, IndiaTél: (91 17) 254-1819Fax: (91 17) [email protected]

Women’s Eyes on theMultilaterals-Latin AmericaCalle Chapultepec #257-BCreel, Chihuahua 33200Mexico

Tél: (52 635) 456-0134 Fax: (52 635) [email protected]

Women’s InternationalCoalition for Economic Justice (WICEJ)12 Dongan Place #206New York, NY 10040, USATél: (212) 304-9106 Fax: (646) 349-2195

[email protected]

World Council of ChurchesPO Box 21001211 Geneva 2, Switzerland.Tél: (41 22) 791-6111.Fax: (41 22) [email protected]/

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Ressources

Lire encore...

Télécharger ce qui suit sur le site www.wedo.org

Documents:• Women’s Consultation Recommendations• Women’s Consultation Briefing Papers (disponible en

espagnol)• Is the FfD Investing in Women? • Report from the Day of Dialogue on Gender and

Financing for Development• Financing for Development Gender Policy Briefing Kit

Interventions:• Women’s Declaration of the Global Forum,

NGO Global Forum, 03/14-16/02• An Equitable World is Possible and Necessary Women

at the FfD Declare, Statement by the Women’s Caucus 03/19/02

• Women’s Caucus Statement on Partnerships,Table ronde ministérielle, 19/03/02

• Women’s Caucus Statement on Looking Ahead,Table ronde du Sommet, 21/03/02

...et encoreContacter la maison de publication pour la disponibilité et pourcommander des copies.

• “Introduction: Gender, Adjustment and Macroeconomics”By Nilufer Cagatay, Diane Elson, and Caren Grown (World Development, Vol. 23, No. 11, 1995)

• “Financial Crisis, Gender and Power: An Analytical Framework” By Maria Floro and Gary Dymski (World Development Vol. 28, No. 7, 2000)

• “Introduction: Growth, Trade, Finance and Gender Inequality”, par Caren Grown, Diane Elson and Nilufer Cagatay (World Development, Vol. 28, No. 7, 2000)

• Social Watch Report 2002 (No. 6, 2002)• Progress of the World’s Women 2000: UNIFEM Biennial

Report (2000)• The World’s Women 2000: Trends and Statistics.

Département de l’ONU des affaires économiques et socials (2000).

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Institutions

Banque mondiale Siège:1818 H Street, N.W.Washington, DC 20433 U.S.A.Tél: (202) 473-1000Fax: (202) 477- 6391www.worldbank.org

Bureaux régionaux:• Afrique subsaharienne

http://wbln0018.worldbank.org/afr/afr.nsf

• Asie de l’Est et Pacifiquehttp://lnweb18.worldbank.org/eap/eap.nsf

• Europe et Asie centralehttp://lnweb18.worldbank.org/eca/eca.nsf

• Amérique latine et Caraïbeswbln0018.worldbank.org/external/lac/lac.nsf

• Moyen-Orient et Afrique duNord http://lnweb18.world-bank.org/mna/mena.nsf

• Asie du sudhttp://lnweb18.worldbank.org/sar/sa.nsf

• Centres d’information dupublic/ Banque mondiale www.worldbank.org/infoshop/picworld.htm

Fonds monétaire international (FMI) Siège:700 19th Street, N.W.Washington, D.C 20431Tél: (202) 623-7300Fax: (202) 623-6278 [email protected]• Bureau en Europe

64-66, Avenue d’léna75116 Paris, FranceTél: (33 1 4) 069-3070Fax: (33 1 4) 723-4089

• Bureau à Genève 58, Rue de Moillebeau1209 Genève, SuisseTél: (41 22) 918-0300Fax: (41 22) 918-0303

• Bureau régional du FMI pourl’Asie et le Pacifique21st Floor, FukokuseimeiBuilding2-2-2 UchisaiwaichoChiyoda-ku, Tokyo 100-0011,Japan

Tél: (81 3 3) 597-6700Fax: (81 3 3) 597-6705

Organisation mondiale ducommerce (OMC)Centre William Rappard Rue de Lausanne 154CH-1211 Genève 21 SuisseTél: (41 22) 739-5111Fax: (41 22) [email protected]

Organisation des NationsUnies (ONU)www.un.org• Conférence des Nations

Unies sur le commerce et ledéveloppement (CNUCED)Palais des Nations1211 Genève 10SuisseTél: (41 22) 907-5890Fax: (41 22) [email protected]

• Programme des NationsUnies pour le développe-ment (PNUD) One United Nations PlazaNew York, NY 10017, USA Tél: (212) 906-5558 Fax: (212) 906-5364www.undp.org

• UN Economic Commissionsfor Asia and the Pacific(ESCAP)The United Nations BuildingRajadamnern Nok AvenueBangkok 10200Thailand Tél: (66 2) 288-1234Fax: (66 2) 288-1000www.unescap.org

• UN Economic Commissionfor Latin America and theCaribbean (ECLAC)Av. Dag Hammarskjöld s/nVitacura,Santiago de ChilePostal Address: Casilla deCorreo 179-D, Santiago deChileTél: (56 2) 210-2000 /(56 2) 208-5051Fax: (56 2) 208-0252www.eclac.cl/

• UN Economic Commissionfor Africa (ECA)P.O. Box 3001, Addis Ababa,EthiopiaTél: (251 1) 517-200

Cable: ECA ADDIS ABABA Fax: 251-1-51-44-16(Addis Ababa) 1- 212-963 4957 (New York)[email protected] www.uneca.org/

• Economic and SocialCommission for Western Asia(ESCWA)P.O. Box 11-8575, Riad el-SolhSquareBeirut, Lebanon Tél: (961) 198-1301Fax: (961) 198-1510Satellite Tel via NY HQ: (212)963-9731 Satellite Fax via NY HQ: (212)963-9732www.escwa.org.lb/

• UN Economic Commissionfor Europe (ECE)UN Economic Commission forEuropeInformation ServicePalais des NationsCH - 1211 Geneva 10SwitzerlandTél: (41 22) 917-4444Fax: (41 22) [email protected]/

Inter-American Development Bank 1300 New York Avenue, NWWashington, DC 20577, USA

Tél: (202) 623-1000www.iadb.org

Asian Development BankSiège:6 ADB Avenue,Mandaluyong City0401 Metro Manila, PhilippinesTél: (632) 632-4444Fax: (632) 636-2444 • Adresse Postale:

P.O. Box 7890980 Manila, Philippineswww.adb.org/[email protected]

Groupe de la Banque africainepour le développementRue Joseph Anoma01 BP 1387 Abidjan 01 Côte d’IvoireTél: (225 2) 020-4444Fax: (225 2) [email protected]/

The European Bank forReconstruction andDevelopment (EBRD)One Exchange SquareLondon EC2A 2JNUnited Kingdom Tél: (44 207) 338-6000Fax: (44 207) [email protected]/

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Pour en savoir plus:téléchargement des données surla conférence du financementdu développement

Site officiel de la conférence des Nations Unies sur lefinancement du développement:• http://www.un.org/esa/ffd/

Liens de la société civile:• http://www.ffdforoglobal.org/• http://www.un.org/esa/ffd/civilsociety

Base de données pour la recherche sur la politique dufinancement du développement:• http://esa.un.org/ffd/policydb/

Documents de l’Association danoise des Nations Unies:• http://www.una.dk/ffd/