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C E N T R E DE COORDINATION
D E L A S A N T É P U B L I Q U E
DE LA R É G I O N DE Q U É B E C
D S C H Ô P I T A L DL' S A I N T - S A C R E M E N T
D S C H Ô P I T A L D E L ' E N F A N T - J ÉS US
D S C C E N T R E H O S P I T A L I E R
D E L ' U N I V E R S I T E L A V A L
S A N T É A U T R A V A I L
LES EFFETS DU PLOMB SUR LA SANTÉ ASSOCIÉS À UNE EXPOSITION PROFESSIONNELLE
MARC DESROCHES DSC CENTRE HOSPITALIER DE L'UNIVERSITÉ LAVAL
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TEL.. (418) 66 7-10 90 FAX: (118) 6 fl I - 5 6 3 5 M3 6 FAX: MIS) 6 8 3•45 23 1)8) 6 2 3-1010 FAX: MIS) 623-7513 I) 665-6413 FAX. (418) 6 63.7207
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C UN TRI. DE COORDINATION
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D I L L \ I Y Y K S I T L I \ \ I
SANTÉ AU TRAVAIL
LES EFFETS DU PLOMB ASSOCIÉS À UNE EXPOSITION PROFESSIONELLE FAIBLE OU MODÉRÉE
Dion*» MOSTP- - M M*TC
MARC DESROCHES
Essai présenté
pour l'obtention du grade de maître ès science (M.Sc.)
DSC CENTRE HOSPITALIER DE L'UNIVERSITÉ LAVAL
AOÛT 1992
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® Droits réservés 1992
Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISBN : 2-921304-34-1
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I
AVANT-PROPOS
Je tiens à remercier tout particulièrement mon directeur de stage et d'essai, Monsieur
Robert Plante, médecin-conseil au D.S.C. du C.H.U. L. pour son appui constant ainsi que
son aide considérable.
J'adresse aussi mes remerciements :
À Benoît Lévesque et Marc Rhainds, médecins-conseil, ainsi qu'à Reine Roy,
hygiéniste industrielle pour leurs conseils et leurs commentaires sur le contenu de
l'essai.
À Sylvie Bélanger, documentaliste, pour son dévouement et son soutien au niveau
de l'acquisition de la documentation.
À Lyne Poiré et Danie Poulin pour leur travail de traitement de texte et de révision.
Mon appréciation toute sincère aux membres des équipes de Santé au Travail, Santé
Environnementale et du Projet Nord du D.S.C. du C.H.U.L., qui m'ont accueilli, soutenu
et encouragé tout au long de mon projet.
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TABLE DES MATIÈRES
I I I
AVANT-PROPOS i
TABLE DES MATIÈRES Il
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES IV
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I LE PLOMB : UN CONTAMINANT FAMILIER ENCORE TRÈS PRÉSENT
1. Historique 2
2. Propriétés physico-chimiques 3
3. Sources d'exposition 4
3.1 professionnelles 4
3.2 domestiques 5
3.3 récréatives 6
4. Absorption, métabolisme et excrétion 6
CHAPITRE 11 LES PRINCIPAUX EFFETS DU PLOMB SUR LA SANTÉ
1. Effets sur le système sanguin 8
1.1 biosynthèse de l'hème 8
1.2 biosynthèse de la globine 9
2. Effets sur le système nerveux 11
2.1 système nerveux central 11
2.1.1 troubles cognitifs 11
2.1.2 troubles neuro-comportementaux 12
2.2 système nerveux périphérique 13
3. Effets sur la tension artérielle 14
-
IV
4. Effets sur la fonction rénale 16
5. Effets sur le système reproducteur 16
5.1 homme 16 5.2 femme 17
5.3 contamination parent-enfant 17
CHAPITRE III LA RÉGLEMENTATION
1. Revue des règlements et des recommandations canadiennes 19
1.1 limites d'exposition environnementale 19
1.2 retrait préventif 19 1.3 réintégration 20 1.4 protection des femmes 20
2. Ailleurs dans le monde 20
2.1 limites d'exposition environnementale 20
2.2 retrait préventif 22
2.3 réintégration 22
2.4 protection des femmes 22
SYNTHÈSE 24
TABLEAU SYNTHÈSE 25
BIBLIOGRAPHIE 26
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LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
FIGURE 1 : Interférence du plomb sur la biosynthèse de l'hème 10
TABLEAU 1 : Étude de la relation entre le plomb et la tension artérielle 15
TABLEAU 2 : Réglementations canadiennes - limites 21
TABLEAU 3 ; Réglementations dans d'autres pays - limites 23
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INTRODUCTION
L'utilisation du plomb est répandue et il est même possible qu'elle augmente encore. En
effet, la demande pour les accumulateurs, la fabrication de contenants pour déchets
nucléaires, le développement des marchés pour des petits véhicules à piles (chariots
élévateurs, équipement de soutien au sol dans les aéroports, tracteurs domestiques) et
l'utilisation du plomb dans l'asphalte, dans les stabilisants du PVC ainsi que dans les
composants de revêtements de toitures vont multiplier le nombre des sources
d'exposition.
En même temps que les usages du plomb augmentent et se diversifient, on met en
évidence ses effets sur la santé à des niveaux de plus en plus bas.
Cet essai traite des effets de l'exposition chronique au plomb à des niveaux faibles ou
modérées.
Le contenu de ce travail est divisé en quatre chapitres. Le premier chapitre décrit le
plomb comme contaminant (historique, propriétés physico-chimiques, sources
d'exposition, etc.). Le second chapitre traite des principaux effets du plomb sur la santé;
seront plus spécifiquement revus, ses effets sur les systèmes hématologique et nerveux,
son influence sur la tension artérielle et la fonction rénale de même que son action sur
la fonction reproductrice. Finalement, le dernier chapitre décrit les normes
environnementales d'exposition et les normes biologiques au Québec, au Canada ainsi
que dans d'autres pays pour protéger la santé des travailleurs.
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CHAPITRE I LE PLOMB
1. HISTORIQUE
Le plomb est l'un des premiers produits utilisé par l'homme, qui s'est révélé neurotoxiques; ses effets sur la santé sont connus depuis des siècles. Des colliers
de plomb ont été découverts en Asie datant de 6 500 avant J.-C. (Wedeen, 1984).
Les Romains étaient de très grands utilisateurs de plomb; leur production annuelle
est estimée à 80 000 tonnes. Parmi les différents emplois dans l'antiquité, notons :
- ia fabrication de pigments de peinture, de maquillage et de matériaux de
plomberie. (Le terme plomberie est d'ailleurs tiré du latin Plumbus signifiant
plomb1);
- la fabrication de contenants dans lesquels on faisait bouillir le vin afin d'en
augmenter le goût sucré et accroître la fermentation; de nombreux cas
d'empoisonnement découlèrent de cette pratique;
- le recrouvrement du col de leur utérus comme moyen de contraception chez les
femmes; des malformations à la naissance, des développements anormaux ainsi
que de très hauts niveaux de stérilité auraient été engendrés par cette pratique.
1 Lévesque, B., Le plomb inorganique. DSC du Centre Hospitalier Régional de la Beauce, Beauceville, 30p., 1986
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2. PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES
Encore de nos jours, les multiples applications du plomb sont reliés à ses propriétés
physico-chimiques idéales, (Centre Régional de Toxicologie, 1977) soit:
1- son point de fusion très bas ( 327° C) qui le rend très utile pour ia soudure, la
joaillerie ainsi que pour l'association avec certains alliages;
2- son inertie chimique et son activité électrochimique qui expliquent l'usage
considérable qui en est fait pour la production de batteries et d'accumulateurs;
3- sa densité élevée de 11,3 qui en fait une matière de choix dans la fabrication de
lests de toutes sortes ( quilles de bateaux, pesées de pêche et munitions pour
la chasse sportive); le plomb est également utilisé sur une grande échelle dans
la construction de parois ou de revêtements servant à protéger les gens contre
les rayonnements (salles de rayons-x, centrales nucléaires, etc.);
4- son élasticité qui le rend utile comme additif dans certains lubrifiants, ou associé
à d'autres métaux, pour réduire les problèmes de friction et de grippage.
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3. SOURCES D'EXPOSITION
Les sources d'exposition dans les domaines professionnel, domestique et récréatif
sont fort nombreux :
3.1 Professionnelle
Plusieurs activités industrielles sont suceptibles d'entrainer des expositions
professionelles au plomb (Lauwerys, 1990). Parmi les principales notons :
1- industrie de première fusion : extraction et traitement du minerai du plomb;
2- métallurgie du plomb : fabrication de feuilles de plomb, tuyaux, etc.;
3- industrie de deuxième fusion : recyclage du plomb;
4- fabrication de munitions;
5- fabrication d'accumulateurs (batteries au plomb : le plomb représente
environ 70% du poids d'une batterie);
6- industrie des matières plastiques : utilisation de sels et d'oxydes de plomb
comme stabilisants (par ex. stéarate de plomb);
7- fabrication de pièces diverses composées de plomb et de ses alliages
(étain, antimoine, cuivre);
8- fabrication de barrières anti-bruits et anti-vibrations (mélange plomb-
plastique);
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9- production d'écrans anti-radiations (corpusculaires et électromagnétiques);
10- soudures et découpages au chalumeau ou à l'arc électrique de pièces
métalliques à base de plomb ou peintes au plomb;
11- sablage de pièces métalliques à base de plomb ou peintes au plomb;
12- recouvrement des câbles et des fils pour qu'ils demeurent flexibles et qu'ils
résistent à la corrosion;
13- polissage des soudures (alliages plomb-étain) dans l'industrie automobile;
14- tailleries de diamants;
15- exposition aux poussières et fumées de plomb dans les salles de tir
(moniteurs de tir et policiers);
16- utilisation de lubrifiants contenant des sels organiques de plomb.
3.2 Domestique
Des poussières de plomb aéroportées se retrouvent souvent dans la poussière
domestique. La peinture fabriquée avant l'adoption de la réglementation
actuelle, les conduites de plomb, les soudures dans la tuyauterie résidentielle
et des aqueducs municipaux peuvent contribuer à l'exposition au plomb. Le
décapage ou le sablage de la vieille peinture, la réfection de la plomberie des
maisons ainsi que l'utilisation de l'eau de premier jet ou de l'eau chaude pour
la consommation peuvent représenter des sources d'exposition au plomb.
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3.3 Récréative
L'exposition au plomb peut aussi découler des habitudes de vie de l'homme et
de ses loisirs. Ainsi, la fumée de chaque cigarette renferme 1 /xg de plomb. De
plus," les loisirs tels que la peinture, le tir à la cible, la céramique et le vitrail sont
des activités susceptibles d'augmenter l'exposition2" au plomb.
4. ABSORPTION, MÉTABOLISME ET EXCRÉTION
Absorption
Les principales voies d'entrée du plomb dans l'organisme sont l'inhalation et
l'ingestion. Les deux processus coexistent souvent; les poussières inhalées
sont expulsées des voies respiratoires par le processus ciliaire des bronches,
puis elles sont avalées. L'absorption cutanée lorsque la peau est intacte est
rare, sauf lors de l'exposition au tétraéthyle de plomb.
Métabolisme
De 90 à 95% du plomb que l'on retrouve dans le sang est lié aux érythrocytes
et transporté par ces derniers dans l'ensemble du corps. Du sang, le plomb
diffuse dans les tissus mous et, principalement, dans les tissus osseux; si bien,
qu'à l'état d'équilibre, plus de 90% du plomb de l'organisme se retrouve au
niveau des os. Dans le tissu osseux compact, la demi-vie du plomb est de
l'ordre de plusieurs décennies alors que la demi-vie du plomb sanguin peut être
aussi courte que 2 à 3 semaines.
2 Lévesque, B„ Le plomb inorganique. DSC du Centre Hospitalier Régional de la Beauce, Beaucevitle, 30p., 1986
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Excrétion
Le plomb est principalement éliminé par la voie urinaire (80%). Une certaine
quantité peut cependant être éliminée par la bile, les sécrétions gastro-
intestinales, la sueur et les phanères. Comme ia concentration du plomb dans
la bile est environ dix fois supérieure à celle de l'urine, il est probable que le
plomb excrété par les voies biliaires soit en grande partie réabsorbé au niveau
intestinal pour être finalement excrété par la voie urinaire (Lauwerys, 1990).
Cette élimination urinaire varie considérablement selon le taux sanguin et la
mobilisation du plomb à partir des tissus.
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CHAPITRE U LES PRINCIPAUX EFFETS DU PLOMB SUR LA SANTÉ
1. EFFETS SUR LE SYSTÈME SANGUIN
Selon la Commission d'étude du plomb dans l'environnement, (1986), le plomb a des
effets sur la production de l'hémoglobine en entravant la biosynthèse de ses deux
fractions soit :
Thème
et
la globine.
1.1 Biosynthèse de I ' hème
À l'aide de l'enzyme acide-amino lévulinique synthétase (AAL-S), les précurseurs
de Thème sont transformés en acide delta aminolévulinique (5AAL), un
intermédiaire neurotoxique. La condensation de deux de ces molécules de 5AAL
par de l'AAL-Déshydratase (AAL-D) donne la porphobilinogène. Par la suite, une
cascade de réactions enzymatiques découlant de la porphobilinogène produisent
la protoporphyrine qui est finalement transformée par la ferrachélatase en hème.
Le plomb interfère dans cette biosynthèse à trois étapes (voir figure 1) :
Lors de la transformation de &AAL en porphobiiine :
À des concentrations de 0,48 /im/L, le plomb inhibe l'AAL-Déshydratase; entre
0,87 et 0,97 fim/L, cinquante pourcent des personnes adultes ressentent cette
inhibition.
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Lors de la transformation des précurseurs de f'hème en SAAL :
À des concentrations de 1,93 ^m/L, le plomb active l'AAL-Synthétase. Ces
réactions d'inhibition et d'activation entraînent une augmentation du 6AAL, qui a
des propriétés neurotoxiques.
Lors de l'insertion du fer dans l'anneau de porphyrine :
Le plomb inhibe l'enzyme ferrachelatase en empêchant l'insertion du fer dans
l'anneau de porphyrine. Ceci permet au zinc de pénétrer dans l'anneau en
formant un composé stable et biologiquement inactif appelé protoporphyrine de
zinc. Ce dernier persiste pendant toute l'existence de la cellule (+ 120 jours).
Ces réactions mentionnées précédemment entraînent une diminution de Thème
pouvant causer des dommages dans les tissus nerveux; en effet, une diminution
des taux d'hème dans le foie provoque une augmentation du tryptophane, de la
sératonine et de l'acide 5-hydroxy indoleacétique dans le cerveau où ces
substances peuvent causer des dommages neurologiques importants.
1.2 Biosynthèse de la globine
La biosynthèse de la globine semble entravée par l'exposition de l'organisme au
plomb (Dresner et coll., 1982); en général, à des concentrations d'environ 2,41
jum/L, on remarque une carence en hémoglobine.
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F igu re 1 Interférence du plomb sur ia biosynthèse de Thème
1 1
Précurseurs de l 'hème
I A A L - S y n t h é t a s e * Pb ac t ive
(1 ,93 fJum/L)
S AAL
A A L - D é s h y d r a t a s e
Excrét ion du surp lus par voie ur ina i re (1 ,45 /LOTI/L)
Pb inh ibe (0 ,48 fAjm/U
Porphob i l inogène
P r o t o p o r p h y r i n e
/ Fer
Hème
I Hémoglob ine
Pb inh ibe la Fer raché la tase
Glob ine Pb inh ibe (2 ,41 ptm/L)
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2. EFFETS SUR LE SYSTÈME NERVEUX
Les effets d'une exposition chronique au plomb, sur les systèmes nerveux centrai et
périphérique, ne se traduisent pas toujours par des atteintes franches et facilement
diagnosticables. De nombreux auteurs tels que : Arika et coll. (1987), Baker et coll.
(1984), Chen et coll. (1985), Grandjean et coll. (1978), Johnson et coll. (1980), Repko
et coll. (1975), ont mis en évidence des symptômes tels que; plaintes
gastrointestinales, fatigue, modification de l'humeur ainsi qu'une réduction des
performances psychologiques et motrices à des niveaux considérés inoffensifs il y a
pas très longtemps.
2.1 Système nerveux central
2.1.1 Troubles cognitifs
Baker, suite à ses études, conclut que les signes initiaux de la toxicité du
plomb chez l'adulte se manifestent au niveau du système nerveux central.
Ceci est attribuable à la capacité limitée de regénération du système
nerveux central et à la vulnérabilité particulière de ses cellules.
Chez les travailleurs dont la plombémie se situe entre 1,45 et 2,70 jum/L,
on peut déceler les atteintes suivantes :
à partir de 1,45 jum/L une détérioration des performances psy-
chologiques et une réduction au niveau de
l'intelligence et de l'attention (Arika et coll.,
1987);
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à partir de 1,93 Mm/L apparition de problèmes au niveau de la
mémoire visuelle (agnosie visuelle), et de la
formation de concepts visuels. Bien que Baker
et coli. (1984), ainsi que Williamson et coll.
(1986), en soient venus aux mêmes
conclusions, les taux auxquels ils ont observé
ces effets diffèrent, avec respectivement 1,93 et
2,36 /im/L;
à partir de 2,17/LOTI/L les mémoires sensorielle (Williamson et coll.,
1986) et verbale (Pastenak et coll., 1989), sont
à leur tour atteintes.
Des troubles de l'orientation visuo-spatiale (autre signe de l'agnosie
visuelle), une diminution du temps de réaction (Williamson et coll., 1986 et
Johnson et coll., 1983), ainsi que des troubles de l'apprentissage (Ryan et
coll., 1987) sont aussi susceptibles d'apparaître.
2.1.2 Troubles neuro-comportementaux
Les signes avant-coureurs d'une intoxication sont, trop souvent, confondus
avec des manifestations de la personnalité. Au cours des années quatre-
vingts, des chercheurs ont étudié les effets du plomb sur le comportement
humain. Leurs terrains d'étude ont été des fonderies de première et
deuxième fusions ainsi que des usines de production de composantes
électroniques utilisant du verre à base de plomb.
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Ces études ont démontré que la toxicité du plomb se manifeste d'abord par
une modification du comportement. À partir de 1,93Mm/L, l'augmentation
du niveau de fatigue, de tension, d'agressivité, de dépression et de
confusion est franche (Baker, 1983,1984).
D'autres auteurs ont démontré, en plus de ces atteintes, que des
plombémies variant entre 1,88 et 2,70 ^m/L avaient des effets sur le degré
d'anxiété (Pastenak, 1989), d'hostilité face au travail et aux autres
travailleurs (Johnson, 1983) et une réduction de la sociabilité en générai
(Cassitto, 1989).
2.2 Système nerveux périphérique
Le plomb agit sur le système nerveux périphérique en s'attaquant à la gaine de
myéline autour de la fibre nerveuse (axone), ce qui provoque leur dégénérescence.
Selon certains auteurs, ces atteintes neurologiques périphériques se manifestent
déjà à des niveaux de plombémies de Tordre de 1,45 /*m/L (Seppalainen et coll.,
1983 et Hânninen et coll., 1978).
Les principales atteintes sont :
Une réduction de la dexérité (Baker et coll., 1984, Pastenak et coll., 1989
et Hânninen et coll., 1978)
Une diminution de la vitesse psycho-motrice (Baker et coll., 1984, Pastenak
et coll., 1989 et Ryan et coll., 1987)
Une perte de (a force musculaire (Pastenak et coll., 1989).
Toutes ces atteintes surviennent à des niveaux de plombémie de 1,54 à 2,41
jim/L
-
Baker a noté dans ses études, qu'à des concentrations de 1,93 à 2,85 Atm/L, le
plomb s'attaque aux neurones moteurs, ce qui entraîne une faiblesse au niveau
des muscles extenseurs, notamment les extenseurs du poignet. Montoya, (1977)
précise qu'au delà des muscles extenseurs du poignet, le nerf radial est touché.
Des perturbations occulo-motrices, (précision de mouvements saccadiques)
peuvent aussi être décelées (Baloh et coll., 1979). Cavalleri et coll., (1982) ont
suggéré qu'une atteinte infraclinique du nerf optique, (présence de scotomes à
l'examen du champ visuel) serait engendrée par une exposition au plomb inférieure
à 2,90 jum/L.
3. EFFETS SUR LA TENSION ARTÉRIELLE
Pocock et coll. (1984), Harlan et coll. (1985), Pirkle et coll. (1985), et Schwartz (1985
a, b; 1986 a, b) ont analysé les effets du plomb sur la tension artérielle à partir des
données du National Health and Nutrition Examination Survey (NHNES II) recueillies
dans la population américaine de 1976 à 1980 et des données du British Regional
Heart Study (BRHS) tirées de l'évaluation de l'état de santé des hommes âgés de 40
à 59 ans habitant 24 villes d'Angleterre. Ces études figurent parmi les plus
significatives.
Ces études sont particulièrement intéressantes parce qu'il s'agit d'études
longitudinales et qu'elles sont réalisées auprès d'un très grand nombre de sujets. Le
tableau 1 en présente les principales conlusions.
-
1 6
TABLEAU 1 : ÉTUDES DES EFFETS DU PLOMB SUR LA TENSION ARTÉRIELLE
NOMS SOURCES RÉSULTATS
Pocock et coll. (1985)
BRHS - Pas d'hypertension significative dans l'ensemble de la population.
- Chez les hommes ayant une plombémie de 1.79 /*m/L:
• une augmentation de la prévalence d'hypertension systolique 30 % comparée à 21 % pour l'ensemble des hommes.
• une augmentation de la prévalence d'hypertension diastolique 15 % comparée à 9 % pour l'ensemble des hommes.
Hartan et coll. (1984) Pirkle et coll. (1985) Schwartz (1985 a,b) (1986 a,b)
NHNES II - Les hommes du groupe d'âge 21 -55 ans ayant une pression sanguine diastoli-que élevée ont un niveau de plombémie significativement plus haut que les sujets masculins dont la tension est normale.
- Des résultats similaires ont été obtenue chez les femmes du même groupe d'âge ayant une pression sanguine diastolique élevée.
Harian et coll. (1984)
NHNES II - Présence d'une association linéaire statistiquement significative entre les concentrations de plomb sanguines et la pression sanguine (systolique et diastolique) parmi les hommes et les femmes âgés de 12 à 74 ans.
- Après régression multiple, contrôlée pour plusieurs facteurs confondant, l'association entre le plomb sanguin et la pression sanguine s'est avérée significative pour les hommes mais pas pour les femmes.
Pirkle et coll. (1984)
NHNES 11 - L'étude d'un sous-groupe du NHNES II a démontré une association significa-tive entre la plombémie et la pression sanguine.
- La relation dose-réponse indique qu'une croissance rapide de ia pression sanguine apparaît à un niveau de plombémie sanguine relativement bas. Cette hausse est suivie d'un nivellement de la pression sanguine à un niveau de plombémie sanguine élevé.
-
4. EFFETS SUR LA FONCTION RÉNALE
17
Les études épidémiologiques ne permettent pas de conclure définitivement que le
plomb a des effets sur la fonction rénale. On ne peut démontrer avec certitude si la
diminution de la filtration du rein est la cause ou le résultat de l'augmentation de la
plombémie. En effet, une capacité réduite de concentrer l'urine, attribuable à
différentes pathologies, entraîne une diminution de l'élimination des toxiques et résulte
en une augmentation du niveau de plombémie.
Par contre, des chercheurs ont démontré que l'exposition au plomb peut provoquer
certaines modifications fonctionnelles et morphologiques du rein. À un stade
précoce, ces changements se limitent aux tubules rénaux et sont plus prononcés au
niveau des cellules tubulaires proximales. L'exposition chronique au plomb entraîne
des changements graduels de la morphologie débutant avec l'apparition de fibrose
péritubulaires et périglomérulaire, particulièrement dans le cortex profond ou la zone
juxtamédullaire (Goyer, 1971a).
5. EFFETS SUR LE SYSTÈME REPRODUCTEUR
L'exposition au plomb peut avoir de sérieux effets sur la fonction reproductrice
humaine. ,
5.1 Chez l'homme
Le plomb peut engendrer l'impuissance, la stérilité, une diminution de la production
de spermatozoïdes en santé, ainsi qu'une baisse de libido. Il peut produire des
malformations au niveau des spermatozoïdes (tératospermie), une diminution de leur
nombre (hypospermie) et de leur mobilité (asthénospermie).
-
La United State Occupational Safety and Health Administration mentionne qu'à 1,98
jug/dLsurvinent l'hypospermie et l'asthénospermie, et à 2,56 Mg/dL, latératospermie.
5.2 Chez la femme
Peu de chercheurs se sont intéressés aux effets du plomb sur la fonction sexuelle et
reproductrice des femmes en dehors du cours de la grossesse. Les recherches
réalisées à ce jour ont démontré que la plombémie du cordon ombilical est la même
que celle de la mère; ceci confirme que le plomb traverse la barrière placentaire.
Hamilton et Hardy (1974), ainsi que Needleman et coll. (1984), rapportent que ce
phénomène augmente le risque de fausse-couche, de mortinatalité et d'anomalies
congénitales.
Des anomalies congénitales et des altérations des performances psychomotrices
chez les nouveau-nés, ont été associées à un niveau de plombémie sanguine dans
le cordon ombilical aussi bas que 0,29 à 0,48 jum/L (Needleman, 1984).
Rockway et coll., (1984), Kovar et coll., (1984), ainsi que Rabinowitz et coll., (1985),
ont établi une corrélation entre la plombémie de la mère et le niveau de plomb dans
le lait maternel. Cependant, ils n'ont pu démontrer que le lait maternel représentait
un danger plus grand que le lait commercial pour le nouveau-né puisque le taux de
plomb dans le lait maternel oscillait entre 0,08 et 0,10 Atm/L, ce qui est en deçà du
niveau obtenu dans certains laits commerciaux.
5.3 Contamination parent - enfant
Watson et coll., (1978) ainsi que Morton et coll., (1982), ont démontré l'existence
d'une relation significative entre la plombémie des enfants et les poussières
plombifères transportées par l'un des parents du milieu de travail à la maison.
-
De nombreuses études ont démontré que les effets du plomb sur l'enfant s'observent
à des niveaux plus bas que chez l'adulte. Ces effets sont aussi plus sévères en
raison du phénomène de croissance chez l'enfant.
Lorsque les parents adoptent des mesures de décontamination avant de retourner
à la maison, les plombémies de leurs enfants sont comparables à celles d'un groupe
témoin d'enfants dont les parents n'étaient pas exposés au plomb.
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CHAPITRE III LA RÉGLEMENTATION
Ce chapitre décrit les différentes normes précisant les limites d'exposition
environnementale et biologique, ainsi que les niveaux biologiques de réintrégration au
travail édictées au Québec, au Canada ainsi que dans d'autres pays afin de protéger la
santé des travailleurs exposés au plomb.
1. REVUE DES RÈGLEMENTS ET DES RECOMMANDATIONS CANADIENNES
Le tableau 2 tiré de l'étude intitulée "Recherche, Validation et Mesure de certains
indicateurs pouvant permettre l'amendement du projet de règlement pour le retrait
préventif des travailleurs exposés au plomb3" présente les informations les plus
récentes concernant les règlements au Canada.
1.1 Limites d'exposition environnementale
Toutes les provinces ont retenu la même limite de concentration de plomb dans
l'air de 0,15 jig/m3 pour 8h/jour, 40h/semaine).
1.2 Retrait préventif
Le retrait préventif est basé, dans toutes les provinces qui ont adopté de tels
règlements, sur la plombémie comme indicateur biologique. Les limites varient
cependant de 500 à 800 mç/L (2>41 à 3,86 fim/L)
3 réalisée par Ada Vyskocil, Claude Viau et Jules Brodeur du Département de médecine du travail et d'hygiène du milieu de l'Université de Montréal
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1.3 Réintégration
La réintégration, comme le retrait préventif, est basée sur la plombémie. Les
limites varient entre 400 et 700 /xg/L (1,93 à 3,38 /*m/L); le Québec utilise aussi
comme critère permettant le retour au travail, une valeur de ZPP égale ou
inférieure à 3,6 /xg/g Hb.
1.4 Protection des femmes
L'Alberta, l'Ontario et la Nouvelle-Écosse ont fixé un niveau de plombémie maximal
spécifique pour les femmes enceintes ou en âge de procréer. Il varie de 300 à
400 jug/L (1,45 à 1,93 /xm/L).
2. AILLEURS DANS LE MONDE
Ce chapitre présente les réglementations et les recommandations dans le monde à
l'égard du plomb en milieu de travail. Le tableau 3, tiré lui aussi de "Viskocil, Viau et
Brodeur", décrit la réglementation actuelle ailleurs qu'au Canada.
2.1 Limites d'exposition environnementale
La majorité des pays fixent la limite de la concentration du plomb dans l'air dans
les milieux de travail à 0,15 /xg/nn3 pour 8h/jour et 40h/semaine. L'OMS, les
États-Unis et l'Allemagne ont les limites les plus basses.
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TABLEAU 2. RÉGLEMENTATIONS CANADIENNES - LIMITES
PROVINCES PLOMB DANS L'AIR (P9/m3)
NIVEAU DE RETRAIT (PLOMBÉMIE)
NIVEAU DE RÉINTÉGRATION (PLOMBÉMIE)
LIMITE POUR LES FEMMES ENCEINTES OU EN ÂGE DE PROCRÉER
QUÉBEC 0,15 (8il) 0,45 (15 min)
600 400 et PPZ < 3,60
pg/gHb
COLOMBIE-BRITANNIQUE 0,15 (8h) 0,45 (15 min)
800 700
ALBERTA 0,15 (8h) 0,45 (15 min)
500 400 300
SASKATCHEWAN 0,15 (8h) 0,45 (15 min)
Le nombre de cas connus où les plombémies ont dépassé l'indice d'exposition de l'ACGIH (500 ^g/L) est si faible que chaque cas a été pris en charge individuellement
MANITOBA 0,05 Dépassement autorisé sur recommandation d'un ingénieur qualifié selon le contexte
700 600 Transféré dans une zone d'exposition plus faible jusqu'à < 500
ONTARIO 0,15 (40h/sem) 0,45 (15 min)
700 500 400
NOUVELLE-ÉCOSSE Les limites ACGIH 800 300
NOUVEAU-BRUNSWICK Les limites ACGIH AUCUNE LOI EXISTANTE
TERRE-NEUVE ET LABRADOR Les limites ACGIH PAS D'INFORMATION
ILE DU PRINCE-EDWOUARD AUCUN PROGRAMME GOUVERNEMENTAL
TERRITOIRES DU NORD-OUEST
0,15 (8h) 0,45 (15 min)
AUCUN PROGRAMME GOUVERNEMENTAL
YUKON 0,15 (8h) 800 700 et disparition des
symptômes
Plombémie exprimée en jug/L
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2.2 Retrait préventif
Le retrait préventif est basé dans tous les pays sur la plombémie. Les limites
varient de 500 à 700 hq/L (2,41 à 3,38 i i m / L ) . Aucun pays ne s'est encore
conformé aux recommandations de l'OMS de 1980 de 400 mg/L (1,93/im/L). Aux
États-Unis et à la CEE la décision de retirer une travailleuse peut être basée sur
le jugement médical, même à des niveaux de plombémie inférieurs à la normes.
2.3 Réintégration
Les niveaux de plombémie auxquels la réintégration au travail est autorisée n'est
pas mentionnée, sauf aux États-Unis où cette norme est de 400 ng/L (1,93 ^m/L).
Habituellement, c'est le jugement médical qui prévaut.
2.4 Protection des femmes
Les femmes enceintes ou en âge de procréer sont spécifiquement visées dans
tous les pays, à l'exception du Canada et de la Belgique, par des limites
biologiques d'exposition plus basses. Elles sont de l'ordre de 300 à 400 mg/L
(1,45 à 1,93 ^m/L). En France la grossesse et l'allaitement constituent une contre-
indication pour le travail dans les milieux où il y a exposition au plomb. En
Australie la loi interdit de faire travailler une femme dans des milieux contaminés
par le plomb.
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TABLEAU 3. RÉGLEMENTATIONS DANS LE MONDE - LIMITES
PAYS ou ORGANISATIONS
PLOMB DANS L'AIR
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27
SYNTHÈSE
Les connaissances actuelles sont à l'effet que des atteintes significatives à la santé sur
diverses fonctions métaboliques s'observent à des niveaux de plombémie se situant entre
0,48 et 2,90 jum/L. Il est à noter que ces niveaux se situent de façon générale en deçà
des normes régissant le retrait préventif des travailleurs.
En étant attentifs afin d'identifier les signes précurseurs et les atteintes précoces résultant
d'une exposition professionnelle faible ou modérée les practiciens pourront contribuer à
la prévention des cas d'intoxication. L'importance de corriger avec beaucoup plus de
vigueur les milieux de travail pour réduire ces dégâts.
-
2 9
TABLEAU SYNTHÈSE
La revue de la littérature permet de dégager le portrait suivant.
LES EFFETS DU PLOMB SUR LA SANTÉ SELON LE NIVEAU DE PLOMBÉMIE
PLOMBÉMIE ATTEINTES
0,29 (cordon ombilipal)
Altération des performances psychomotrices chez les nouveau-nés.
0,48 Inhibition de l'AAL-Déshydratase.
1,46 Détérioration des performances psychomotrices et réduction du niveau de l'intelligence.
Atteinte du système nerveux périphérique.
1,54 Réduction de la dextérité, de la vitesse psychomotrice et de la force musculaire.
1,79 Augmentation de la prévaience d'hypertension systolique et diastolique.
1,88 Hausse du niveau d'anxiété et d'hostilité.
Réduction de la sociabilité.
1,93 Activation de l'AAL-Synthétase.
Apparition de problèmes au niveau de la mémoire visuelle (agnosie visuelle) et de la formation de concepts visuels.
Modification du comportement : augmentation du niveau de fatigue de tension, d'agressivité, de dépression et de confusion.
2,17 Atteinte des mémoires sensorielle et verbale.
2,41 Carence en hémoglobine.
2,90 Atteinte infraclinique du nerf optique (présence de scotomes à l'examen du champ visuel).
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31
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