les cathares

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En souvenir de Bernard REUL, parfait en 1199 Miraval-Carbardes

Les Cathares

INTRODUCTION

Chapitre I : le Languedoc fodalUne rgion charge d'histoire Terre de culture et d'essort conomique Un pays accueillant l'hrsie

Une rgion charge d'histoireLA LIBRE BELGIQUE du 15 mars 1994 titrait un de ses articles : " Les Franciscains de Bosnie ont chang la politique croate " . Selon l'auteur de l'article " Les premiers Franciscains se sont installs en Bosnie en 1291 pour y remplacer les Dominicains qui y oeuvraient depuis 1233 (1) pour contrer l'hrsie cathare des chrtiens bosniaques ". Nous revoil la fin du 2me millnaire plong dans un souvenir qui date de son origine. Aprs le dclin de l'Empire romain, la Gaule fut successivement envahie par diverses peuplades venues de l'Europe centrale ou de l'Est ainsi que d'Asie. Parmi eux, les Francs et les Wisigoths. Les premiers rtablirent, avec Clovis au Vme sicle, une certaine unit territoriale qui ne manqua pas de s'effriter. Quant aux Wisigoths arrivs en Occident au IVe sicle, aprs avoir pris l'Italie et Rome, ils s'installent Toulouse en 413. Battus par Clovis en 507 Vouill, ils ne conserveront que l'ancienne province romaine de Narbonne et l'Espagne. La Narbonnaise aussi appele Septimanie est devenue Languedoc. Ce nom aurait notamment comme origine soit le pays de langue d'OC (oui = oc) soit le pays des Goths ou LANDGOTH.

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Les Wisighoths en furent chasss par les Sarrasins au dbut du VIII sicle. Ces derniers repassrent les Pyrnes une vingtaine d'annes aprs Poitiers (732), battus par Charles Martel puis par Ppin le Bref. Charlemagne, leur successeur, reprit le flambeau et rebtit un vaste empire d'Occident runissant la Germanie et la France du Nord au Sud. A sa mort, ce vaste territoire se morcela. Au Trait de Verdun, une bonne part de la France actuelle fut l'Ouest du Rhne attribue Charles le Chauve, la partie l'Est du Rhne devint la Lotharingie (du milieu). Ultrieurement, cette dernire fut spare au profit du Royaume de France (Flandre, Bourgogne, ...) ou du Saint Empire Romain Germanique (rive gauche du Rhne, Provence, Savoie). L'autorit royale dclina constamment en France. Les vassaux devenaient plus puissants que le Roi. Parmi eux, les Comtes de Toulouse. A la fin du XIme sicle, un grand mouvement branle toutes les couches sociales de la socit mdivale savoir les Croisades (1re en 1095) qui visaient en principe dlivrer les Lieux saints de la domination musulmane. Paralllement celle-ci fut de plus en plus carte du territoire espagnol. Au XIIme sicle (voir carte de France) , le Comt de Toulouse est une rgion o le commerce et l'agriculture se redressent. Les croisades et la navigation commerciale vont ramener des terres trangres des ides nouvelles. Si l'Eglise (2) a pu susciter l'lan des Chrtiens partant guerroyer en Palestine, elle s'est galement installe comme pouvoir temporel possdant terres, abbayes et droits de taxation.Certes, dans l'inscurit du Moyen Age, les abbayes furent la fois des lieux de sciences, de scurit et de prosprit relatives. Leur enrichissement (par les dons de chrtiens) devait toutefois entraner diverses drives qui lui furent nouveau reproches quelques sicles plus tard par un certain Luther. Au XIIme sicle, l'Eglise voulut se rformer (rforme grgorienne) notamment l'aide de grands ordres monastiques (CITEAUX). Les papes tentaient de se dgager de l'influence des princes. Pour tablir leur domination morale, ils voulaient dvelopper leur indpendance politique. Les Croisades s'inscrivent aussi dans cette perspective tout autant que les conflits entre l'Evque de Rome et les empereurs germaniques ou de Byzance.

Terre de culture et d'essor conomique Dbut de pageEn Languedoc, la culture, ne d'une certaine richesse, et une forme de tolrance fleurissent.

Les troubadours (trouvres au Nord) sont priss. Ils sont ct des clercs, les intellectuels du Languedoc (3). Leurs textes subliment l'amour courtois tout en faisant preuve d'impertinence, par exemple vis--vis des prtres. " Les clercs se donnent pour des bergers et ce sont des assassins sous leurs airs de saintet " Peire CARDENAL Du mme auteur : " Le clerg traite d'hrtique qui ne jure par ses rgles de tromperie et fausset. Il tient pour rien les saintes Ecritures et du matin au soir ment sans nulle mesure mais voudrait qu'on le tnt pour gent de grand'droiture. ... Ils sont pleins de folie, d'orgueil et d'arrogance, tous ces matres pasteurs de l'Eglise romaine ; ils sont faux et truands envers la gent chrtienne " D'un autre troubadour Guilhem Figueira : " Rome, il est bien vrai que tu es touffe par les prches menteurs que tu fais contre Toulouse. Comme une chienne enrage, tu t'es rougi les mains aux humbles et aux grands. Mais si notre comte vit encore deux ans, la France se repentira de ton engeance. Rome dloyale, racine de tous maux, au feu infernal tu brleras sans nul doute " L'esprit de contestation dans le monde chrtien n'est pas rserv aux potes du Languedoc. Plus au Nord, des contestataires apparaissent. Au XIme s., des Chrtiens sincres de la base, des clercs (prtres) rvolts contre les oublis du message d'amour et de dsintressement du Christ se dressent contre l'autorit de l'Eglise, voire contre celle des princes (ayant parfois aussi des fonctions cclsiastiques). D'autres vont plus loin en mettant en cause les fondements de la doctrine chrtienne (4). Parmi ces derniers, si tous ne furent pas Cathares, certains professaient dj les grands principes qui font l'originalit de cette hrsie. Les PATARINS (Italie), les Frres prcheurs (non hrtiques), les PUBLICAINS (Champagne, Nivernais), les POPULICANI (Angleterre), les partisans de VALDES Lyon (Vaudois) surgissent et l. Aprs les excommunications et les bchers sporadiques du XIme s. (Orlans, 1022), les condamnations mort par le feu (Soissons ds 1115, Lige en 1135 et 1145, Cologne en 1141, Reims en 1148, Arras en 1182, Angleterre en 1210) s'intensifient autant pour tuer dans l'oeuf des dviations de la doctrine religieuse (hrsie) que pour touffer tout esprit de contestation (5). Les accusations d'hrsie eurent parfois d'autres motivations que la seule contestation de dviances religieuses (6). Des clercs ou des lacs voulant affermir les reformes du clerg voulue par la papaut se heurtent parfois de fortes rsistances de la part du hautclerg local dont le style et les pratiques taient critiqus. Pour se dbarrasser de leurs pourfendeurs, ces derniers n'hsitent pas, avec des succs divers, les accuser d'hrsie.

Vers 1145, le chapitre de la cathdrale de Lige (cfr. en annexe : Le catharisme dans le Nord ) envoie au Pape LUCIUS II une lettre dcrivant "les blasphmes de cette nfaste hrsie qui consistent nier la rmission des pchs dans le baptme, rputer vain le sacrement du corps et du sang du Christ, condamner le mariage, prtendre qu'il n'y a d'autre Eglise catholique que la leur, considrer tout serment comme un crime ". Selon les conceptions de l'poque, l'hrtique trouble l'ordre social mais il est en outre inspir et en contact avec le diable dont le Moyen Age avait grande peur.

Un pays accueillant l'hrsie Dbut de pageEn Languedoc, par contre, les partisans d'une hrsie dualiste ne sont gure inquits. Pourquoi ? L'esprit mridional plus tolrant ou les restes de la domination des Wisigoths, dualistes, en sont des lments partiels d'explication tout autant qu'une noblesse assez anticlricale. Ds le dbut du XIIme s., les ides hrtiques qualifies de cathares (7) s'implantent plus largement dans les populations languedociennes qui sont sduites par une religion qui ne peroit pas la dme ecclsiastique, qui parle la langue du peuple plutt que le latin et veut montrer l'exemple d'une vie religieuse plus proche de la lettre des Textes sacrs. Ces ides ont peut tre t ramenes par des Croiss au retour d'Orient. Selon certaines sources, le catharisme languedocien aurait d'aill:eurs t la base du dveloppement de cette contre-glise en Italie et non l'inverse. Outre les premires manifestations hrtiques du XIme s. (8), le catharisme est officiellement signale un Concile de Toulouse en 1119 qui dnonce ceux qui nient les sacrements, le sacerdoce, la hirarchie religieuse et les liens du mariage. L'tendue du phnomne fut mesure lors de la mission de St Bernard, notamment dans la rgion d'Albi (d'o le nom d'Albigeois) en 1145. Une certaine organisation structure de l'Eglise cathare du Languedoc semble atteste par le " Concile " de Saint Flix Caraman en Lauragais (1167). En prsence du pape dualiste (pope) Nicetas (venu de Bulgarie ou de Constantinople) des vques cathares y furent consacrs et des croyants consols (consolament) ou ils changrent d'option et quittrent le catharisme dit de dualisme mitig pour le dualisme absolu. Les paysans, la petite noblesse, les bourgeois commerants ou artisans, le clerg mme (clercs) en comptent de nombreux adeptes.

Les paysans sont attirs par une doctrine et des prdicateurs proches d'eux, vivant sobrement et prchant une doctrine leur porte et dans leur langue. Ces hrtiques s'appelaient entre eux " Chrtiens " , " Bons Chrtiens ", ... En Languedoc, les nobles, souvent dsargents, ne sont pas coups du reste de la population. Le droit d'anesse n'existe pas dans le Sud contrairement au Nord de la France. Les cadets de famille dans le Sud hritent d'une parcelle chaque fois plus rduite des terres ancestrales alors que dans les Comts du Nord, ils entrent dans les ordres. Certains domaines seigneuriaux seront diviss chaque gnration. Les quatre tours de Cabaret (Lastours) par exemple appartenaient diffrents coseigneurs. Leur hostilit contre la puissance ecclsiastique qui elle est, chaque fois plus concentre (9), va croissant. Ils seront un fer de lance des rvoltes cathares mais auparavant ils avaient souvent empch par leur inertie les tentatives d'radication de l'hrsie. La socit rurale n'est donc pas foncirement divise entre les paysans et la petite noblesse. D'une part, cette dernire n'a souvent gure les moyens financiers de se distinguer du reste de la population, d'autre part, les villages sont des lieux de vie commune : le chteau (rsidence) du seigneur (des coseigneurs), l'glise, les habitations sont imbriqus les uns dans les autres (castrum) pour former un ensemble fortifi. Cette communaut des campagnes sera l'une des forces du Languedoc. Elle explique en partie la propagation de l'idologie cathare de la petite noblesse vers les paysans, plus par symbiose que par force. Quant aux bourgeois, la condamnation du prt intrt par l'Eglise (qui touche aussi les Juifs) les jettent dans les bras du catharisme plus ouvert ce mode de financement des affaires. Les villes du Sud fortes de leur richesse s'taient gnralement affranchies du pouvoir fodal et avaient obtenu des autorits propres (Consuls ou Capitouls). Elles voudront prserver cette autonomie contre les armes du Nord. La faiblesse relative, cause du morcellement du pouvoir, des Comtes de Toulouse les conduira un certain laxisme face l'hrsie, contrairement l'attitude plus ferme de leurs collgues du Nord. Si les Raimond (RAI-MON = rayon pur ou Rei dei Moundo = rois du Monde) de Toulouse avouent parfois tre dpasss par leurs rebelles sujets, ils sont nanmoins de grands fodaux jaloux de leur autonomie vis--vis du Roi de France. Celui-ci sera terme intress par la possibilit de reprise en main de ce vaste territoire que lui offrira la croisade contre les Albigeois.

A la fin du XIIme sicle, l'idologie cathare ou albigeoise est largement rpandue (sans tre ncessairement majoritaire) au grand courroux des autorits de l'Eglise romaine. En 1177, le Comte Raimond V constate que " l'hrsie a pntr partout. Elle a jet la discorde dans toutes les familles ... des prtres eux-mmes cdent la tentation. Les glises sont dsertes et tombent en ruine ". L'Eglise de Rome tente des campagnes de reconversion mais sans grand succs. Ses tentatives ne sont gure appuyes par les autorits civiles, que du contraire. Ses incitations mener le combat contre l'hrsie ne recueille alors gure d'cho. En 1179, lors d'un Concile de LATRAN, le pape Alexandre III aurait dj engag, en vain, le peuple chrtien prendre les armes contre les hrtiques. La tragdie cathare sera le rsultat de tous ces lments, mls dans le Languedoc, tel un mlange explosif dont l'aspect religieux ne sera manifestement qu'un des lments. Dbut de page1 Comme en Languedoc Retour 2 Au Xime sicle, l'Eglise de Rome a galement subi un grave chec par la sparation d'avec Byzance (Eglise orthodoxe) qui la conduisit d'une part tenter de reprendre pied au Moyen -Orient et d'autre part raffermir son influence en Occident Retour 3 Les liens entre les troubadours e t les clercs sont non ngligeables. FOULQUE, le futur vque de Toulouse, a t troubadour. Quand la noblesse, elle est aussi reprsente parmi les troubadours Retour 4 Selon les thologiens occidentaux des XIIme et XIIIme sicles est " hrtique celui qui choisit, isole de la vrit globale, une vrit partielle et qui, ensuite s'obstine dans son choix.. Ce trait caractristique sert toujours de critre dans la dlimitation difficile des frontires de la vrit rvle. Et ici intervient l'autorit de l'Eglise. Le refus de se soumettre entrane l'arrt de condamnation : la minorit rcalcitrante fonde une hrsie " SUTOR Retour 5 Les attaques furent, semble-t-il, assez gnrales contre les minoritaires : hrtiques, juifs, voire lpreux, qui suscitrent plus le rejet que la compassion. Retour 6 " Celui qui rsiste au pouvoir dlgu par Dieu l'Eglise rsiste Dieu..." phrase attribue au Pape Boniface VIII par Ch. LEA (" L'hrsie politique utilise par l'Eglise " dans l'histoire de l'Inquisition au Moyen Age paru en 1905) Retour 7 Terme qui fut d'abord donn dans les rgions germaniques, catheros = pur en grec Retour 8 " On trouva des Manichens Toulouse et on les dtruisit ... " attribu Adhmar de Chabannes, moine Angoulme crivant avant 1031 Retour 9 Les domaines de l'Eglise passent de gnration en gnration sans l'cueil des hrit ages et des partages Retour

Chapitre II : cathare ou dualiste

Les origines Le dualisme fodal Une contre-glise Le consolament Des textes rares Eglise ou mouvement religieux Les biens et les dlices matriels Le rle des femmes en Occitanie cathare Les miracles et les saints Le catharisme prrvolutionnaire?

Les originesLe dualisme serait une thorie ou une doctrine religieuse formule par Mans (Manichens) en Asie mineure au III sicle aprs J.C., s'inspirant la fois de la Bible, de la pense grecque, de religions orientales et d'autres ides ayant partiellement influencs le judasme (Kabbale ou les Esseniens - 1er sicle avant J.C.) ainsi que de Zoroastre (VIIme s. avant J.C.). Ces thses ont eu un impact trs important (St Augustin fut dualiste avant de devenir un des pres de l'Eglise). Les textes bibliques montrent qu'un courant dualiste est apparu trs tt dans les premires glises chrtiennes (Eptre de Saint Pierre). Si Mans a influenc le catharisme, les crits de cette religion y font peu rfrence. Le Nouveau Testament (l'Ancien tant rejet) semble prdominant mme s'il s'agit parfois de textes non reconnus par Rome (Apocryphes). L'ide de base est l'existence de deux (dualisme) principes fondant et gouvernant le monde (1) . D'une part, Dieu, parfait et bon, qui rgne dans les cieux (ou les esprits), d'autre part Satan, mauvais et prissable, ange dchu qui prside aux destines du monde infrieur ou terrestre (et de la matire). Dieu ne peut avoir cr le mal ; si ce dernier existe, il ne peut tre que le produit d'une puissance dvoye, de Satan (identifi au dragon apocalyptique). Les consquences de cette croyance sont multiples. L'me ou l'esprit est l'objet de toute la considration divine alors que le corps matriel est rprouv. Gagner son salut ternel n'est possible qu'en adhrant totalement Dieu et en dlaissant la condition terrestre. L'asctisme en est une des suites logiques. Les mes ne prissent pas mais se rincarnent successivement dans un corps tant qu'elles n'ont pas atteint le degr de perfection leur permettant d'atteindre la vie ternelle (2). La nature divine de Jsus-Christ, si elle n'est pas conteste, implique l'inexistence de sa nature humaine puisque l'eau et le feu ne peuvent se mlanger. Toutefois, des crits semblent attester d'une vnration de la mort du Christ et de la Croix par certains Cathares. Quant la mre de Jsus (Marie, Sophia, ...), son existence humaine n'est pas accepte par tous les Cathares. Pour certains, elle est l'image de l'Eglise cathare elle-mme.

La naissance du Christ serait soit symbolique (le Christ n'entre pas dans un corps matriel, il n'en prend que l'apparence), soit charnelle. Dans cette seconde hypothse, des textes cathares voquent un enfantement par l'oreille qui est galement cit dans le Nouveau Testament. Ces thses se basent surtout sur l'Evangile de Jean (Apocalypse) et sur certains crits dits apocryphes, c'est--dire prsents comme crits par les aptres mais non reconnus par l'Eglise romaine. Citons par exemple, l'Interrogatio IOHANNIS (ou le questionnaire de Jean) qui est un apocryphe d'origine bogomile (fin du XIIme sicle). Il s'agit d'un texte relatant un pseudo entretien entre le Christ et St Jean au cours duquel ce dernier lui pose diverses questions dont les rponses constituent une bonne part des croyances cathares : " Et ensuite moi, Jean, j'ai interrog le Seigneur en disant : Seigneur, comment l'homme prend-il sa naissance de l'esprit dans le corps de chair ? Et le Seigneur me dit : Des esprits dchus des cieux entrent dans les corps de boue des femmes, et ils reoivent la chair de la concupiscence de la chair et l'esprit nat de l'esprit, et la chair, de la chair ; et c'est ainsi que le rgne de Sathanas s'accomplit en ce monde. Et j'ai interrog le Seigneur en disant : Jusqu' quand Sathanas rgnera-t-il en ce monde sur l'existence humaine ? Et le Seigneur me dit : Mon Pre lui permit de rgner sept jours, savoir sept sicles. " Les interrogatoires d'hrtiques par l'Inquisition attestaient que les ides contenues notamment dans cet apocryphe taient connues ou partages par de nombreux cathares.

Le dualisme fodal Dbut de pageAprs diverses pripties, les partisans du manichisme inspirrent ds le X s. des " hrsies " dualistes dans l'Europe orientale, spcialement les BOGOMILS (3) de Bulgarie. Leur influence sur le catharisme a t souligne par exemple par la prsence d'un " pape " bogomil Nicetas lors du premier Concile de l'Eglise cathare. Au dpart des crits bulgares (boulgres) ou antrieurs, relisant la Bible avec un autre regard, baignant dans un climat de contestation de l'Eglise romaine, le catharisme va dvelopper une religion qui se voudra plus proche de la lettre des vangiles (dont ils ont une lecture souvent plus symbolique qu'historique), contestant Rome son caractre d'glise du Christ puisqu'elle renie en partie son enseignement. " je vous envoie comme des brebis au milieu des loups " (Evangile de St Mathieu). Les Parfaits ont beau jeu de demander qui, en Languedoc, sont les brebis et les loups.

Une contre-glise Dbut de pageLes Cathares ne se considraient pas, au contraire d'autres contestataires de leur poque, comme un courant de pense voulant rformer l'Eglise de Rome mais comme une autre Eglise, la vraie selon leur croyance. C'est cette prtention qui explique vraisemblablement l'acharnement mis l'exterminer ds que sa diffusion prit des proportions inquitantes. Cette hrsie prsente deux aspects fondamentaux : - une existence guide strictement par les principes qui auraient t noncs par le Christ : l'idal cathare est de se laisser pntrer de la parole de Dieu (Esprit-Saint) ; - une vie religieuse base sur des sermons qui consistent expliciter des textes sacrs et sur un seul sacrement (comme dans l'Eglise primitive) qui est la seule source de Rdemption.

Le consolement, sacrement unique et totalDbut de page Le sacrement cathare est une synthse des sacrements diffrentis de l'Eglise catholique. Il se reoit par l'imposition des mains (4) d'un Parfait sur la tte du rcipiendaire (qui devient ainsi Consol) au terme d'une formation religieuse et d'une priode de privation (jeune). Le consolement est la fois baptme, confirmation, extrme-onction, ordination et sacrement de pnitence, voire Eucharistie. Ceux qui l'ont reu sont tenus la perfection (les Parfaits). Ils se doivent de respecter les principes chrtiens la fois pour prcher d'exemple (Bonshommes) et pour assurer leur salut ternel, c'est-dire pour que leur me puisse quitter dfinitivement son enveloppe terrestre. Les Cathares contestent la validit de l'ensemble des sacrements catholiques : - le baptme de l'eau donn aux enfants ne pourrait tre valable car ils sont trop jeunes pour agir consciemment. En outre, l'usage de l'eau ressemble au baptme de Jean-Baptiste que Jsus, selon les Evangiles, est venu remplacer par le vrai baptme de l'esprit. Enfin, l'eau est matire, c'est--dire lment mauvais ; - l'hostie ne peut devenir le corps du Christ : comment ce dernier qui n'appartient qu' Dieu pourrait-il devenir matire qui n'appartient qu'au Prince de ce monde ; - le refus du mariage et de son sacrement s'explique par la procration qui n'est nullement magnifie (5) par les Cathares puisqu'elle conduit la rincarnation d'une me dans un corps matriel. Le Consol qui commet une faute grave (tuer, jurer, avoir des relations sexuelles, ...) perd les fruits de son sacrement et doit le recevoir nouveau. S'il meurt entre-

temps, son me sera rincarne, y compris dans le corps d'animaux d'o, le refus de tuer et de manger des animaux (6). En ce qui concerne les pchs vniels, l'aparelhament tait une sorte de confession priodique des parfaits. Le Nouveau Testament (les Cathares rejetaient gnralement l'Ancien Testament) est une source d'inspiration de la doctrine des Parfaits. Nanmoins, ce n'est pas la seule et ils n'ont manifestement pas repris la totalit de l'enseignement contenu dans les 4 vangiles ou les ptres des aptres. Pour le refus du serment, les Cathares trouvent leur inspiration dans l'ptre de St Jacques (7) qui prcisait : " Avant tout mes frres, abstenez-vous de jurer soit par le ciel, soit par la terre, soit en employant quelque autre formule. Que votre oui soit un oui, que votre non, un non ; ainsi vous ne tomberez pas sous le coup du jugement " . Dans certains cas, les Cathares ont une autre lecture ou traduction (8) des crits vangliques. Prenons l'exemple de la cration du monde soit par Dieu (crateur de toutes choses pour les Catholiques), soit par le diable pour les Cathares. Le texte biblique (Jean 1,3) " Toutes choses ont t faites par Lui et sans Lui rien n'a t fait " peut tre cit l'appui des deux thses. Dans son sens littral, elle conforte l'opinion de l'Eglise officielle. Mais les Cathares s'en servaient galement l'appui de leur conception dualiste. Pour eux, le second membre de phrase signifie : " sans lui le nant (ou rien) a t fait " . Le nant est justement le monde mauvais de la matire qui ne vient pas de Dieu et qui retournera au nant. Par contre, d'autres crits du Nouveau Testament n'ont manifestement pas retenu l'attention des Cathares. Citons, St Paul (1er ptre Timothe, 4) : " Ils (les esprits sducteurs et diaboliques) proscrivent le mariage et l'usage d'aliments que Dieu a crs " . Le refus de consommer certaines nourritures conduit rendre l'alimentation des Parfaits fort simple : lorsqu'ils ne jenaient pas (3 jours par semaine), ils se nourrissaient de " pain, de vin, de poissons et de fruits " . Pas de viande, pas d'oeuf ou de fromage et gure de graisses animales. Tous les Cathares ne reoivent pas de leur vivant, le consolement. Ils sont guids pas pas vers la perfection par l'coute des prches des Parfaits (qui font office de prtres) ou Parfaites allant deux par deux (le Parfait et son sosie ou sosius). Les simples croyants ne pratiquaient que le melhorament (salutation des Parfaits). La famille d'un croyant le voyant dcliner s'empressera d' appeler les Parfaits pour qu'ils puissent consoler leur parent l'article de la mort (9). Le croyant avait auparavant convenu (convenenza) avec l'Eglise cathare qu'il serait consol l'article de la mort.

Des textes rares ou suspects Dbut de pageLes textes authentifiant cette description du catharisme sont rares, l'cri ture n'tant gure rpandue l'poque. En outre, durant les perscutions, il valait mieux ne pas tre pris en possession d'crits hrtiques. Les seuls documents proprement cathares dont dispose l'historien sont de rares textes apocryphes et les rituels, la fois recueils de textes bibliques et descriptions des crmonies cathares avec leurs prires (Pater) : " Pre Saint, Dieu des Bons esprits, toi qui jamais ne trompas, ni ne mentis, ni n'hsitas subir la mort dans le monde du dieu tranger, donnenous de connatre ce que tu connais et d'aimer ce que tu aimes ... " . La question a ds lors t pose : n'existait-il pas des secrets, des rites cachs (10). Si l'adhsion la doctrine cathare tait faite progressivement (initiation), tait-ce par got du secret ou simplement pour des raisons pdagogiques ? Une autre source d'information historique est constitue des transcriptions d'interrogatoires des Parfaits rdigs par les inquisiteurs eux-mmes.

Une Eglise ou un mouvement religieux Dbut depage " Nous voulons rappeler quelques tmoignages des Saintes Ecritures, pour donner comprendre et connatre ce qu'est l'Eglise de Dieu. Laquelle Eglise n'est ni de pierre, ni de bois, ni de rien fait de main d'homme. Car il est crit aux Actes des Aptres (Act 7,48) : " Le trs haut ne sige pas dans une demeure faite de main d'homme " . Mais cette sainte Eglise est l'assemble des fidles et des saints, dans laquelle Jsus-Christ se tient et se tiendra jusqu' la fin des sicles, ainsi que le dit Notre-Seigneur dans l'vangile de Saint Matthieu (Mt 28,20) : " Voici : je suis avec vous pour toujours jusqu' la consommation des sicles " . Fragment d'un rituel cathare crit en occitan, conserv Dublin. Le terme mme d'Eglise pour les Cathares peut tre contest. S'il y avait une organisation gographique reprenant les caractristiques de l'Eglise romaine par exemple les vchs (Lavaur, Lautrec, Lombers, Aragon, Montsgur), la structure du "clerg " tait nettement moins organise. Les vques cathares , aids de diacres et assists par les Parfaits (11), taient foncirement itinrants. Ils allaient de village en village, prchant et consolant les croyants. Mais n'est-ce pas une caractristique de toutes nouvelles organisations ? En ce qui concerne l'organisation " supranationale " des cathares, il semble difficile d'en avoir une ide prcise. Certes, les Cathares du Languedoc reconnatront une certaine prminence l'Eglise de Bulgarie mais n'est-ce pas plutt pour se rattacher une glise plus ancienne qui aurait des liens avec les premiers ges du Christianisme. De cette manire, les Cathares voulaient dmontrer qu'ils se

raccrochaient galement l'poque du Christ (filiation apostolique) comme l'Eglise officielle. Y eut-il une pape cathare ? En l'tat actuel des connaissances, la rponse n'apparat pas claire. Par ailleurs, qu'elle tait la participation des fidles la vie et aux dcisions de l'Eglise cathare (thocratie ou dmocratie). Incontestablement, l'esprit qui conduisait cette Eglise tait plus proche des premires communauts chrtiennes que de l'Eglise de Rome. Les Parfaits auraient particip au choix de leur vque, du moins dans les priodes o cela a t possible. Quant aux choix sur la doctrine, il semble que des Conciles cathares avaient t organiss et l, notamment pour rpondre diverses questions thologiques. Oserait-on prtendre que les Eglises protestantes sont une meilleure image de ce qu'ont pu tre les Eglises cathares ?

Les biens matriels et les dlices d'ici-basDbut de page Les lieux de culte n'ont videmment pas la mme importance que pour l'Eglise romaine. Il s'agit d'endroits pour des prches ou des crmonies exceptionnelles. L'Eucharistie n'existant pas, il n'tait pas ncessaire de disposer de btiments fixes pour conserver les hosties consacres sans parler des possibles rpressions. Par ailleurs, la pauvret des Parfaits ne les conduisait pas disposer de fonds ncessaires la construction d'difices propres (12). L'asctisme des Bonshommes n'exclut pas les dons soit en nature (vtements ou nourriture) ou en argent. Diffrents crivains ont souvent voqu le trsor cathare. Selon les historiens modernes, rien ne sert de partir la recherche d'une caverne d'Ali Baba dans les environs de Montsgur. A ct des dons leur permettant d'aider leurs frres et leur famille en difficults ou de nourrir leurs permanents, les Parfaits auraient vraisemblablement jou le rle de banquiers (gardiens des fonds eux confis) pour les grands commerants qui avaient toute confiance en eux. Les participants la Croisade contre les Albigeois ont peut-tre t impressionns par les quantits d'or trouves en Languedoc par rapport ce qu'il tait commun de rencontrer en France. Cela provient peut-tre de l'existence dans les environs de Carcassonne de mines d'or et d'argent (13). Les Cathares ont parfois t accuss par leurs opposants de faire preuve d'une sexualit dbride. En principe, la procration tait nfaste puisque conduisant prolonger les souffrances d'une me enserre dans un corps matriel. Toutefois, seuls les Consols taient tenus la chastet. Les sympathisants n'avaient pas les

mmes obligations. Par ailleurs, les accusations de luxure sont systmatiquement reprises contre les hrtiques. Les premiers Chrtiens en firent aussi les frais lorsqu'ils en furent accuss par les empereurs romains.

Le rle des femmes en Occitanie cathareDbut de page A l'poque des Croisades, le rle de la femme mdivale s'est nouveau impos, ne serait-ce qu'en raison des circonstances. Si les hommes taient en Palestine pour de longs mois, voire des annes, il fallait bien que quelqu'un prenne en main le domaine. En Occitanie, l'amour courtois qui y est n plus tt qu'ailleurs, va galement magnifier la femme : "Lorsque les jours sont longs en mai, J'aime le doux chant des oiseaux qui vient de loin. Il me souvient d'un amour lointain. Plein de dsirs, je vais morne et attrist Si bien que chant ou fleur d'aubpine Ne me rjouissent pas plus que l'hiver glac. " Jaufr Rudel (vers 1140). Toutefois, ce rle de la femme ne sera gure reconnu tant par l'Eglise officielle que par la socit civile qui, par le mariage entendait soumettre l'pouse son mari. Dans l'Eglise cathare, les femmes pouvaient recevoir le Consolement et devenir Parfaites. Elles y eurent un rle non ngligeable. Quant voir dans le catharisme, l'anctre fminisme du XX s., il y a videmment une marge. Elles vivaient dans des communauts de femmes travaillant notamment dans le textile. Elles prchrent (quoiqu'avec retenue) l'instar de leurs collgues masculins. Selon des tudes partielles, le nombre de dames hrtiques tait semblable leur proportion dans la population totale. Lorsque les temps furent plus durs, elles montrent sur le bcher l'instar des hommes. Esclarmonde est le prnom de Parfaite qui vient l'esprit. Originaires de la famille du Comte de Foix, elles furent au moins trois le porter. D'autres prnoms fminins jalonnent les bchers, citons Dame Guiraude ou Gralda de Laurac qui mourut en 1211 Lavaur : aprs avoir t livre aux soldats, elle fut jete vive au fond d'un puits et enfouie sous les pierres.

Les miracles et les Saints Dbut de pageLe rle des miracles, des Saints et des plerinages (les routes de "Saint-Jacques " existent aussi en Languedoc) est trs important dans la religion officielle du Moyen Age.

Les Cathares contestent ces trois lments. Pour eux, les miracles doivent se comprendre dans une signification symbolique : si le Christ rend la vie un aveugle, cela signifierait qu'il lui permet de mieux comprendre la parole de Dieu. Quant aux Saints, ils sont le produit de l'Eglise de Rome dont les Bonshommes contestent la lgitimit. Ils ne voyaient pas l'intrt de promouvoir le culte des reliques de Saints qui visaient sacraliser des restes humains pour eux appartenant au monde du Malin. Les plerinages bass sur ce culte des reliques ne trouvaient galement pas grce leurs yeux.

Le Catharisme : une idologie prrvolutionnaire ? Dbut de pageCertains auteurs, notamment des historiens marxistes d'Europe de l'Est (durant la priode o ces pays furent marxistes) tudiant le catharisme slave, ont cru trouver dans le catharisme une idologie pr-rvolutionnaire visant librer le peuple de l'oppression fodale. Si l'attention au petit peuple est marque dans l'Eglise cathare (par exemple la traduction de la Bible en langues vulgaires), si la contestation des pouvoirs tablis (dont celui des Princes de l'Eglise romaine) sont prsentes, faut-il y voir une originalit du catharisme ou plutt l'empreinte de l'esprit du temps ? La conception dualiste implique le caractre foncirement nfaste des puissances terrestres. Le pouvoir fodal (dont le pouvoir de justice) serait l'oeuvre du Malin. La soumission ce pouvoir ne serait donc pas voulue par Dieu. Considre comme une contre-glise, le catharisme a vraisemblablement accompagn et profit d'un certain esprit de contestation qui animait de nombreux contemporains soumis aux injustices et une vie rude. Par contre, ce caractre d'opposition aux pouvoirs tablis a vraisemblablement t dulcor (contrairement la Bosnie de l'poque) en Languedoc compte tenu de l'adhsion de diverses couches sociales au catharisme dont de nombreux nobles. Dbut de page1 Le dualisme existe dans de nombreuses civilisations. Il serait par exemple prsent dans des lgendes de Cte d'Ivoire. Retour 2 Cette notion de rincarnation si elle existait en Asie, n'tait pas trangre en Occident gaulois ou celtique. " Ce dont ils cherchent surtout persuader, c'est que les mes ne prissent pas mais passent aprs la mort d'un corps dans l'autre " , Jules CESAR parlant des Druides, De Bello Gallico (VI, 3). Retour 3 De leur initiateur, plus ou moins mythique, le pape BOGOMIL ou de BOUGOU MILI , c'est --dire " Ami de Dieu " de l'imposition des mains Retour

4 C'est au geste qu'il est possible de reconnatre des groupes cathares ou pr -cathares. En 1022 dj, des chanoines d'Orlans furent mis au bcher sur ordre de Robert le Pieux pour avoir pratiqu l'imposition des mains " qui selon eux lavait les pchs, emplissait du don du Saint -Esprit et sauvait l'me " . Vingt ans plus tard, l'vque de Chalons crivait son collgue de Lige Wason que des paysans de son diocse " prtendaient mensongrement donner le Saint-Esprit par une sacrilge imposition des mains ". Retour 5 La virginit des filles reprsente donc une valeur dans l'Eglise cathare. La volont de garder sa virginit en dehors des ordres religieux catholiques passera parfois comme un signe d'appartenance l'hrsie. Cet lment a-t-il jou dans la condamnation de Jeanne d'Arc ? Retour 6 Mais qui consommait habituellement de la viande l'poque ?

Retour

7 Epitre de St-Jacques 5.12 " Avant tout, mes frres, abstenez -vous de jurer, soit par le ciel, soit par la terre, soit en employant quelque autre formule " Retour 8 Les apports rcents de la linguistique (science de la langue) montrent les difficults d'interprtation des textes du nouveau Testament selon la langue dans laquelle ils auraient t conus, crits ou recopis ( hbreu, aramen, grec, latin). Retour 9 L'endura consistait se laisser mourir. Est-ce une forme de suicide ou la volont d'hter la mort pour le Consol qui ainsi tait certain d'chapper aux tentations nouvelles auxquelles il pouvait su ccomber et perdre ainsi le bnfice du consolement s'il venait survivre. Retour 10 Si les Chrtiens comprenaient les secrets de la religion comme d'autres membres du Clerg et moi-mme les comprenons, ils ne croiraient pas plus que les Juifs et les Sarrasins, certaines choses qui passent pour vraies ", Arnaud MORLANE, Fin du XIIIme sicle, Cur de Pennautier et Consul de Carcassonne. Il fut vraisemblablement consol. Retour 11 Le terme " parfait " est peut-tre une drision imagine par les adversaires des Cathares. Ils devaient plutt utiliser les termes de " Bonshommes " ou " Bons Chrtiens ". Retour 12 L'Eglise catholique investissait des fonds normes dans ses difices, ce qui strilisait cette pargne pour d'autres investissements plus utiles l'conomie. Retour 13 SALSIGNE, prs des chteaux cathares de LASTOURS, est la seule mine d'or encore en activit en France. Retour

Chapitre III: la Croisade contre les AlbigeoisLa conversion par le verbe Une vritable Croisade Des rcits romancs Raimond devient Crois Bziers, premire victime Simon dirige la Croisade Une Croisade internationale Une guerre sanglante Violences et pacifisme cathare La prise de Carcassonne Minerve perdue par l'eau Raimond VI attaque la Croisade La bataille de Muret

La conversion par le verbe et l'exemple

A l'aube du XIIIme sicle, le catharisme s'est largement dvelopp dans le Languedoc au vu et au su de l'ensemble de la socit. Une telle situation devenait chaque jour de plus en plus intolrable pour l'Eglise officielle et ne pouvait laisser indiffrent le pouvoir royal. Toutefois, diverses initiatives seront prises pour tenter, par la persuasion, de convertir les hrtiques. Cela donna lieu de grandes confrontations entre les prdicateurs " romains " et les reprsentants cathares devant un public qui n'hsitait pas montrer ses prfrences pour les seconds. Si dans le pays de langue d'ol, le glaive crasait largement les vellits contestataires, cette mthode semblait moins efficace ds l'instant o une large part de la population dont la noblesse embrassait l'hrsie. Certes, il y eut et l quelques tentatives forces de reconversion et quelques bchers mais ils restrent isols au XIIme dans les Etats du Comt de Toulouse. Ds 1206, un prdicateur d'origine espagnole, Dominique de GUZMAN, le futur St Dominique, fondateur des Dominicains, comprit vite que la persuasion viendrait de l'exemple. Il fallait concurrencer le clerg cathare sur des propres terrains : ceux du prche et du dpouillement. Comme l'crivait un chroniqueur de l'poque : " Ils (les Dominicains) se prsentent dans l'humilit, allant pieds nus, sans or et argent ... . En quelque sorte, ils imitent en tout le modle des aptres " . Mais plus prs de nous, c'est une religieuse belge, Soeur Sourire, qui nous avait enchant avec sa chanson : " Dominique, nique, nique S'en allait prchant Toujours souriant Pour convaincre les Albigeois Et les Albigeois convaincant. " Les quelques succs de St Dominique, FANJEAUX (1) notamment, ne furent pas suffisants pour calmer les ardeurs des autorits romaines. Il faut reconnatre que pour l'Eglise catholique, la mthode de l'exemple tente par St Dominique, si elle devait tre gnralise, reprsentait un bouleversement et un danger fondamental. Se transformer en une Eglise dpouille "apolitique " comme l'Eglise cathare reprsentait la fin de la puissance ecclsiastique. Pour des papes qui tentaient d'imposer leur hgmonie pour " civiliser " la socit fodale, cette tactique de dpouillement ne se concevait pas grande chelle. Le dbat entre les deux Eglises ne pouvait, selon la logique de la papaut, tre tranch que par l'crasement du plus faible.

Une vritable Croisade Dbut de pageAvec l'accession au trne de St Pierre du Pape Innocent III en 1198, la " politique " de l'Eglise allait tre mene avec plus de rigueur et de fermet. Incontestablement,

ce grand Pape avait des objectifs clairs en ce qui concerne la primaut de l'Eglise et de la Papaut dans la socit mdivale. Les Cathares taient une pine dans le pied de l'Eglise d'Occident. Ils taient aussi l'occasion pour la papaut de s'immiscer dans les problmes du Royaume de France(2). Ce Pape suscita les croisades contre les cathares mais il le fit graduellement au fur et mesure des checs de tentatives moins violentes de reconversion des populations languedociennes et en fonction d'une mobilisation en crescendo des catholiques du Nord. A l'instar des Croisades pour dlivrer les Lieux saints du joug musulman (3), il lana, aprs diverses tentatives infructueuses en 1208 une mobilisation de la Chrtient d'Occident pour chasser l'hrsie des terres chrtiennes du Languedoc. Il venait en effet de subir un affront particulirement vif par l'assassinat la frontire des Etats du Comte de Toulouse, de son reprsentant personnel le lgat Pierre de CASTELNAU (4) dans des circonstances qui ne furent pas lucides mais dans lesquelles le nom du Comte ou de ses proches apparaissaient souvent. L'Eglise catholique du Languedoc s'effora d'obtenir l'excommunication du Comte de Toulouse pour sa participation l'assassinat de Pierre de CASTELNAU. Aprs diverses enqutes et contre-enqutes, ce grand fodal dont un des prdcesseurs, Raimon IV, avait pourtant t un personnage central (au moins autant que Godefroid de Bouillon selon certaines sources) de la 1re Croisade en Palestine, sera excommuni. L'excommunication avait des consquences religieuses mais aussi politiques et matrielles : les biens d'excommuni pouvaient tre saisis et les sujets d'un seigneur excommuni taient mis, comme ce dernier, au banc de la socit. Raimon VI ne mnagera pas ses efforts pour obtenir la leve de son excommunication. La rponse du peuple chrtien du Royaume de France, voire (5) du Saint-Empire Romain Germanique (dont le Hainaut : l'Evque de Tournai y aurait particip), l'appel du Pape fut cette fois enthousiaste mme si le Roi de France se maintint dans une certaine rserve du moins au dbut. Pourtant l'appel du Pape Innocent III au Roi avait t pressant : " Levez-vous et jugez ma cause ! Ceignez vous de l'pe. Veillez sur l'unit entre la royaut et le sacerdoce, unit dsigne par Mose et par Pierre et les Pres des deux Testaments ! Ne laissez pas l'Eglise faire naufrage dans ces contres ! Courez son secours ! Combattez fortement et avec l'pe tire, les hrtiques qui sont encore plus dangereux que les Sarrasins " (Cit par Th. JUSTE dans son Prcis de l'Histoire du Moyen Age, 1848). Philippe-Auguste (voir carte de France) avait en effet d'autres proccupations et entendait rsister l'ingrence papale. Il entendait d'abord conserver ses possessions avant d'entamer de nouvelles conqutes. La coalition anglo-germanique qui l'attaquait ne sera crase qu'en 1214 Bouvines par la dfaite de Jean sans

Terre. Les souverains anglais garderont encore durant de nombreuses dcennies un pied sur le sol aujourd'hui franais, spcialement en Guyenne toute proche du Languedoc.

Des rcits romancs Dbut de pageLes rcits de la Croisade sont ceux de chroniqueurs voulant parfois souligner le rle de tel ou tel commanditaire (6). Tous ces crits sont largement romancs et partisans pour l'un ou l'autre des deux camps en prsence. Ils s'inspirent du modle de la chanson de Roland. L'histoire moderne n'a pas fini de sparer le vrai du faux mais il est possible de prsenter les grandes lignes d'un sicle de combats ou d'escarmouches.

Raimond devient crois Dbut de pageEn juin 1209, les troupes (considrables et impressionnantes pour l'poque) de la Croisade se rassemblent Lyon et s'apprtent descendre le Rhne pour entrer par la Provence dans les Etats du Comte de Toulouse. Juridiquement cette expdition est une Croisade, ce qui implique divers avantages moraux (indulgences) et matriels pour les participants tout autant que des dsagrments srieux pour ceux qui s'y opposent. C'est un ensemble de rgles extrmement prcises par les papes de la guerre juste. Le Comte Raimond VI trouve l'astuce lui permettant d'chapper l'enthousiasme des Croiss. Il se joint eux contre le Vicomte TRENCAVEL (son neveu) qui domine Albi, Carcassonne, Bziers et le Razes. Par ce coup de haute politique, Raimond VI rend inattaquables ses propres possessions puisqu'elles sont celles d'un crois. Il aura d auparavant obtenir l'annulation de son excommunication et faire pnitence publique Saint-Gilles.

Le Comte avait peut-tre d'autres raisons d'tre sceptique devant le dveloppement du catharisme dont il ne partageait pas totalement les ides. Un de ses proches n'crivait-il pas que " les hrtiques feront venir les insenss qui viendront dsoler et ravager le pays car les Franais de France et les gens de Lombardie et tout le monde dj leur courent sus et leur portent haine acharne plus qu' gent sarrasine " (Laisse 47 de la Chanson de la Croisade de Guilhem de TULEDA crite aprs les premire campagnes vers 1213). Si tout le monde n'est pas dupe, cette attitude eut deux consquences : le Comt de Toulouse ne fut pas d'emble ravag et son Comte resta en place, par contre les 4

vicomts de TRENCAVEL subirent seuls et sans aide le choc de l'arme des Croiss.

Bziers, premire victime Dbut de pageL'arrive de ces derniers devant Bziers en juillet 1209 ne sembla pas bouleverser outre mesure les habitants de cette ville fortifie. Peut-tre croyaient-ils que l'autonomie du Languedoc les protgerait. La population n'tait pas majoritairement hrtique mais n'hsita pas prendre parti pour ses concitoyens cathares lorsque les Croiss les sommrent de les leur livrer. A cette poque, l'hrsie est surtout dveloppe dans les villes et la petite noblesse. La forteresse aurait pu rsister d'autant que le Vicomte tait parti chercher du secours. Une erreur tactique fut la cause d'un effondrement rapide de la rsistance biterroise. Se croyant assez forts pour attaquer les Croiss, les assigs tentrent une sortie le 22 juillet. Elle fut nanmoins repousse et dans leur retour prcipit au bercail, les Biterrois ne purent fermer temps les portes de la cit. Les routiers (soldats errants) et les armes croises s'engouffrrent dans la brche et soumirent Bziers par un carnage rest clbre par un commandement attribu vraisemblablement tort Arnaud AMAURY, Abb de la grande abbaye de Citeaux : " Tuez les tous, Dieu reconnatra les siens " .(7) Les glises catholiques dans lesquelles les enfants, les femmes et les vieillards s'taient rfugis, furent incendies (Eglise de la Madeleine). Vite la nouvelle se rpandit aux alentours et la peur commena s'installer. La ville, sa cathdrale, tout fut dtruit. Les vestiges de la Croisade y sont donc rares tout autant que dans les autres lieux fortifis o les ruines actuellement visibles proviennent gnralement de constructions ultrieures. Si BEZIERS constitue le premier carnage important, il y en aurait dj eu un quelques jours auparavant au nord du Comt de Toulouse o une petite troupe de croiss du QUERCY se serait dj empare d'hrtiques et les auraient brls.

Simon de Montfort dirige la Croisade Dbut depage Au dpart, la Croisade tait commande par de grands princes franais dont le Duc de Bourgogne assist du lgat du Pape, Arnaud AMAURY qui en tait autant l'aumnier que l'inspirateur " politique ". Le commandement ne s'entendait gure. Presss de rentrer dans leur domaine en France, les Grands Croiss (le Comte de Nevers et le Duc de Bourgogne) laissrent

la responsabilit de l'entreprise un noble de l'Ile de France, Simon, seigneur de Montfort. Contrairement ce qui a t affirm, ce n'tait pas un petit noble dsargent, il tait galement (Vi)comte de Leicester en Angleterre (encore que son fief ait t saisi) mais sa puissance n'galait toutefois pas celle de ses prdcesseurs. Il s'inspirait des idaux de la Chevalerie et de la Croisade (8) mais ne ddaignait pas, comme la plupart de ses contemporains, d'agrandir l'occasion ses domaines. La Palestine fut galement peuple de mini-tats fodaux taills sur les dpouilles des possessions musulmanes. A l'poque, ce n'tait nullement choquant.

Une croisade internationale Dbut de pageLe recrutement des Croiss fut surtout concentr dans le Royaume de France (Ile de France) mais il a souvent eu un caractre international : des Bretons, des Frisons, des Allemands, des Anglais y participrent. Conduit par leur seigneur ou leur vque, ces troupes apportrent durant une priode plus ou moins longue (au minimum 40 jours) leur appui l'arme de l'Eglise. Le principe de la quarantaine gne souvent Simon de Montfort qui se retrouve parfois confront au plus fort d'un sige avec des troupes qui le quittrent ayant termin leur priode de 40 jours. Pour viter de tels dsagrment, il fut fait constamment appel de nouvelles troupes fraches l'instigation des prlats allant prcher l'appel la Croisade dans les rgions rceptives.

Une guerre sanglante Dbut de pageLes tueries, parfois gratui tes, eurent nanmoins des consquences psychologiques non ngligeables (9). Elles s'expliquent fondamentalement par l'hostilit des Croiss du Nord devant le monde mridional dont ils diffraient tant par la culture, par l'histoire et par une forme de jalousie, vu l'essor conomique naissant au bord de la Mditerrane. La notion de guerre sainte ou juste dveloppe par l'Eglise l'occasion des Croisades a vraisemblablement libr les Croiss de contraintes morales et a engendr un sadisme dont notre poque nous montre encore maints exemples. Ces tueries (et les dvastations) s'expliquent galement par l'organisation militaire de l'poque. Les " armes " fodales taient constitues de la juxtaposition de diffrentes petites armes, chacune sous la conduite de leur seigneur, autour desquelles s'agglutinaient des routiers peu recommandables qui tels des vautours

taient toujours l'afft de bonnes proies. N'oublions pas que tout le monde engageait ou acceptait l'aide de ces routiers, tant les Croiss que leurs adversaires.

Violences et cathares pacifiques ? Dbut de pageRappelons que si les Parfaits, taient tenus la stricte observance des principes cathares dont celui " tu ne tueras point ", leurs amis et compagnons n'y taient pas formellement tenus. Si ces derniers voulaient les protger, c'est en fonction d'une commune appartenance religieuse mais aussi par solidarit avec des parents ou des voisins. Peu de famille n'tait pas touche par l'hrsie. Enfin, les petits et grands nobles sentaient confusment que la Croisade des gens du Nord si elle tait victorieuse sonnerait le glas de l'autonomie du Languedoc et de la relative libert qui y rgnait.

La prise de Carcassonne Dbut de pageProfitant de l'impact de la prise rapide de Bziers, la Croisade s'branla vers la capitale du Vicomte Trencavel : Carcassonne. C'tait dj un site fortifi mais seul le chteau pouvait rsister une attaque. La ville fortifie actuelle, reconstruite par VIOLLET LE DUC au XIXme sicle, est plus importante que celle du dbut du XIIIme sicle. C'tait la capitale de Raimond Roger TRENCAVEL, qui entendait rsister et dfendre ses possessions. Il tait plus proche des Cathares que son oncle, le Comte de Toulouse, mais avait-il t consol ? Nul ne pourra en apporter la preuve. Le sige dura toute la premire quinzaine du mois d'aot 1209. Les rserves d'eau s'puisant vite en t, TRENCAVEL proposa aux chefs de la Croisade, une solution honorable. Il remettrait les cls de la ville contre la vie sauve pour ses habitants. Fort de son esprit chevaleresque et de son code d'honneur, il se rendit en toute confiance pour ngocier au campement de Simon de Montfort. Mal lui en prit, il sera jet dans un cachot. Il y mourra quelques mois plus tard, soit de maladie, soit assasin. La ville fut ainsi conquise et les hrtiques qui y furent pris n'chapprent pas au bcher. Cette victoire conduisit les Croiss proclamer Simon de Montfort, Vicomte la place de son prisonnier. Mais elle leur donna aussi l'impression que la guerre tait finie et qu'ils pouvaient s'en retourner dans leur lointain foyer, d'autant que diffrentes villes avaient fait, entre-temps, leur soumission dont Albi et Castres. Les combattants taient las et ils avaient rempli leurs obligations de croisade (quarantaine). Simon de Montfort aprs avoir tent de les retenir, fit appel Rome

qui s'effora de prolonger la dure de la croisade. Si tous ne s'en retournrent pas vers le Nord, l'arme croise n'en tait pas moins dgarnie la fin de 1209. Elle passa l'hiver tout en vitant toute attaque frontale avec ses adversaires rfugis dans les multiples chteaux du Minervois, faisant le gros dos dans Carcassonne. Au printemps 1210, Simon de Montfort reoit les renforts tant attendus et peut nouveau lancer son arme l'assaut des forteresses des environs (10).

Minerve, perdue par l'eau Dbut de pageParmi celles-ci, Minerve o de nombreux Cathares s'taient rfugis sous la protection du Seigneur du lieu, Guilhem de Minerve, qui tait l'exemple mme de la petite noblesse de ces contres : pas ncessairement cathare mais li aux Bonshommes par divers liens de voisinage et rsolu prserver son autonomie. Face lui, l'arme des Croiss, qui a eu le temps de se rorganiser, et reu des renforts, y compris sur place dont des Narbonnais (11), est en position de force. Les prises de Carcassonne et de Bziers ainsi que la mort de TRENCAVEL les ont galvaniss Si Minerve est une forteresse naturelle particulirement bien situe sur un piton rocheux difficilement accessible, ce n'tait pas pour autant un nid d'aigles pyrnen. Le talon d'Achille de cette bourgade fortifie (comme de beaucoup d'autres), c'est videmment son approvisionnement en eau qu'elle ne peut garantir (surtout pendant les priodes sches de l't) qu'en accdant aux bords des rivires qui la bordent savoir la Cesse et le Briant. Le sige dura prs d'un mois. Les Croiss russissent dtruire le chemin protg d'accs au puits de Minerve avec une machine infernale appele la MALVOISINE, sorte de catapulte gante. Cette pice d'artillerie (utilisant des pierres comme projectiles) avant la lettre et ses semblables, seront la force des assigeants contre les forteresses cathares. Fallait-il encore qu'il soit possible de l'installer en position d'attaque ; ce qui tait manifestement le cas Minerve. Guilhem tentera bien une paix des braves qui eut sauv ses troupes, les habitants de Minerve et les rfugis cathares du bcher. Magnanime, le lgat du pape accepta cette proposition condition que les hrtiques adjurent publiquement leur foi. Il savait que peu le ferait et que le bcher serait massivement utilis (12). Ce fut le cas puisque 140 Parfaits et Parfaites moururent rsolument sur un des premiers bchers de masse de la croisade contre les Albigeois. Les Catholiques considraient le bcher (13) comme le chtiment extrme rserv aux hrtiques les plus opinitres et aux apostolats : " Si aprs avoir accueilli et connu la vrit, nous l'abandonnons volontairement, il ne nous restera plus de sacrifice pour expier ce pch ; nous n'aurons plus qu' attendre un effrayant

jugement et le feu jaloux qui doit dvorer les rebelles " (Eptre de St Paul aux Hbreux, 10). Pour les Cathares, ils taient synonymes de dlivrance : "je ne me soucie pas de ma chair car je n'ai rien en elle : elle appartient aux vers. Le Pre cleste n'a rien lui dans ma chair ... car elle appartient au Prince de ce monde qui l'a faite " , Belibaste, dernier Parfait. Au cours de cette premire priode, la force des Croiss rside spcialement dans leur tactique. Groups, ils attaquent leurs adversaires les uns aprs les autres, vitant ainsi de rencontrer chaque fois une rsistance insurmontable. En outre, pour une arme fodale, celle des Croiss fera preuve d'une grande mobilit et d'une forme de commandement relativement intgr surtout ds sa prise en main par Simon de Monfort (14).

Raimond VI attaque la Croisade Dbut de pageLa position du Comte de Toulouse devient de plus en plus difficile. D'une part, ses sujets le pressent, y compris dans sa capitale, de dfendre leurs frres assigs ; d'autre part, le camp des Croiss le regarde de plus en plus en ennemi. Le Pape, longtemps hsitant s'attaquer de front un puissant seigneur, accepte sur proposition de ses lgats de le mettre au pied du mur, en l'invitant livrer et pourchasser les hrtiques vivant sur ses terres.

La bataille de Muret Dbut de pageEn 1212, Simon de Monfort poursuit une politique d'encerclement du Comte de Toulouse qui va susciter en retour un resserrement des liens entre les habitants et leur suzerain. Ce dernier ragit en se plaant sous la suzerainet du Roi Pierre II d'Aragon, qui finira par voler son secours. Cette alliance entre l'Aragon et le Comt de Toulouse pouvait tre les prmices d'un grand Etat transpyrnen dont les Rois d'Aragon avaient dj jet les premires bases en tendant leurs possessions en Provence au-del du Rhne (15). Mal leur en prit. Rassemble Muret, la coalition occitano-aragonaise, quoique plus forte en nombre, fut battue par les Croiss en 1213. Pierre II est un exemple typique du caractre complexe des alliances politiques de cette priode. Voil un Roi qui combat avec courage et succs les Musulmans en Espagne au nom de la foi catholique et qui s'associe en Languedoc avec le Comte de Toulouse, son beau-frre, pour abattre une croisade lance par les papes de Rome.

La dfaite de Muret entrana ultrieurement la chute de Toulouse (1215). Raimon VI est dpouill de ses tats qui seront confis Simon de Montfort par dcision romaine et non par celle du Roi de France. Si des villes et des forteresses sont prises par la Croisade, le " pays " reste farouchement hostiles aux Croiss. Une sorte de gurilla s'installe. Le catharisme va surtout s'incruster dans les campagnes o il est plus difficile de l'extirper. " Ay Tolosa e Provensa ! E la terra d'Agensa ! Bezers e Carcassey ! Quo vos vi, quo vos vey(*) (*) Toulouse et Provence et terre d'Agen, Bziers et le Carcasses, Qui vous vit, Qui vous voit" traduction libre : Toulouse et Provence et terre d'Agen, Bziers etCarcasses; qui vous vit, qui vous voit !

Dbut de page1 Les Dominicains franais sont encore diviss en 3 provinces : Paris, Lyon et Toulouse

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2 Il est paradoxal de constater qua la Papaut laissera subsister plus longtemps le catharisme dans ses propres Etats qu'en royaume de France. Retour 3 La situation de ces Lieux Saints n'taient pas un motif de satisfaction pour Rome puisque Saladin avait repris Jrusalem en 1190 et que les 3me et 4me Croisades menes entre-temps pour le librer n'avait pas atteint leur but. Retour 4 Le meurtre de Pierre de Castelnau, archidiacre de Maguelone (Montpellier) eut lieu, Saint-Gilles prs de Nimes (rive droite du Petit Rhne). Retour 5 Le dveloppement de l'hrsie cathare dans le Nord de la France et en Lotharin gie (cfr. annexe) y a vraisemblablement sensibilis la population au " danger " que le catharisme faisait courir l'Eglise et peut-tre au pouvoir fodal. Retour 6 " L'Histoire des Albigeois " de Pierre de Vaux de Cernay pour les Croiss. Quant la " Chanson de la Croisade " , elle comprend deux parties : la premire due Guilhem de TULEDA est proche du parti des Croiss, la seconde anonyme est plus proche du parti toulousain. Retour 7 Cette parole pourrait nanmoins rsumer assez largement l'tat d'esprit des Croiss.

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8 Son chec et celui de certains de ses compagnons lors de leur Croisade prcden te en Palestine explique en partie l'enthousiasme qu'ils mirent en compensation dans cette croisade contre les Albigeois. Retour 9 Le carnage de Bziers a vraisemblablement rduit la volont de rsistance de nombreuses cits

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10 Les chteaux du Minervois, des Corbires et Razs tombent les uns aprs les autres ou se endent : SAISSAC (1209), TERMES (1210), DURFORT (1210), PUIVERT (1210), AGUILAR (1210), LASTOURS (1211), LAVAUR (1211). Retour 11 La prsence de ces derniers serait due des conflits prexistant entre les Vicomtes de Narbonne et de Minerve. Retour 12 A Minerve, en patois occitan contemporain, l'insulte la plus grave est LOUS AMORIS (Arnaud AMAURYS,Abb de Citeaux) Retour

13 Est-ce une image du feu ternel dans lequel se consume les damns ? Deux sicles plus tard, dans l'Eloge de la Folie, ERASME n'hsite pas se moquer de ces raisonnements lgitimant les buchers : "quelqu'un ayant demand par quels passages de l'Ecriture on prouvait qu'il vaut mieux brler les hrtiques que de les convaincre par de bons raisonnements, un vieillard renfrogn qui portait sur la figure tout l'orgueil et toute la prsomption thologique, rpondit en criant de toutes ses forces : "C'est saint Paul qui l'a recommand expressment, quand il dit Hereticum hominem post unam et alteram correptionem devita" Cet interlocuteur zl poursuit selon la Folie "le mot devita n'est-il pas compos de la prposition de, qui marque retranchement, et du nom substantif vita, qui veut dire vie ? il signifie par consquent retrancher de la vie..." alors que selon ERASME la traduction de la phrase est "Evitez l'hrtique aprs l'avoir repris une et deux fois". Retour 14 " La capitulation des forteresses ne tint pas des raisons techniques mais des raisons politiques ; autant la force militaire des castra (chteaux) tait adapte l'miettement des pouvoirs qui caract risait encore cette rgion la veille de la Croisade, autant elle devenait drisoire devant le type de pouvoir dont la Croisade va investir Simon de Montfort " - " La Croisade Albigeoise - la technique des siges " Monique ZernerChardavoine, 1979, Edit. Gallimard. Retour 15 La dfaite de MURET est aussi celle de cette tentative. La France n'abandonnera plus le Languedoc mais devra encore attendre quelques sicles avant de rejeter les Espagnols au -del des Pyrnes Retour

Chaptre IV : une reconqute politiqueLa reconqute Un combat autonomiste Soulvement gnralis Victoire sans lendemain Le trait de Meaux Les Cathares du dsert Naissance de l'Inquisition Dernier sursaut Fin de Montsgur Mort de Raimond VII Nouvelle vie pour les chteaux

La reconqute du Comt de ToulouseAprs la mort d'Innocent III, le 16 juillet 1216, le Comte Raimon VI, qui s'tait rfugi la Cour d'Angleterre, va tenter avec son fils, le futur Raimon VII, de reconqurir ses Etats avec l'aide notamment de son puissant vassal, le Comte de Foix (1). Toulouse, o l'agitation autonomiste et hrtique n'a pas faibli, se libre. Simon de Montfort revient la charge mais est tu au combat le 25 juin 1218. Les Rois de France qui avaient espr recueillir les fruits des efforts des Croiss, craignent que le sursaut du Midi ne les prive de toute influence dans cette contre. Ils se doivent donc de s'engager plus avant et personnellement dans la Croisade dont les buts politiques vont de plus en plus apparatre au grand jour. En 1219, le prince royal Louis (le futur Louis VIII) participa aux combats mais sans grand succs. En 1221, Raimon VI dcde et son fils Raimond VII qui s'est acquis une solide rputation dans ses combats contre les Croiss franais , lui succde. Dbut de page

Un combat " autonomiste "La stratgie politique de domination des Franais sur le Languedoc sous couvert de croisade contre l'hrsie, apparat de plus en plus nettement aux Mridionaux. La Chanson de la Croisade, spcialement dans sa seconde partie crite vers 1218/1219, ne mentionne gure la lutte contre les Cathares mais s'attache magnifier la rsistance des habitants du Languedoc unis contre l'invasion franaise. Evoquant des combats devant Toulouse o Simon de Montfort fut tu, l'auteur de la Chanson voque les cris ardents des dfenseurs toulousains par ces vers : " A mort ! A mort, foutus Franais ! La roue de la Fortune a tourn ! Vive Dieu, il nous rend Raymondet (Raymon VII), l'hritier de Toulouse, et le feu dans nos coeurs brle nouveau tout droit ! " (Laisse 201) Les Catholiques du Languedoc ne pouvaient gure appuyer la Croisade ou combattre l'hrsie sous peine de passer pour tratres leur comte. Les Croiss comprendront vite que le Languedoc ne se soumettra pas de bon gr. La lutte ne cessera (selon Guilhem de Puylaurens) que le jour o ce peuple n'existera plus en tant que " nation " (avant la lettre). Dbut de page

Un soulvement gnralisEn 1223, Raimon TRENCAVEL, le fils de l'emmur de Carcassonne, aprs avoir longtemps err, reconquiert ses vicomts avec l'appui d'une population que la peur n'atteint plus et avec l'aide des chevaliers faydits qui sont les petits nobles dpossds de leur domaine par les Croiss qui avaient pris leur place. En 1224, Amaury de Montfort qui avait succd son pre, est dfinitivement battu. Il abandonne la lutte en cdant toutefois ses droits sur le Languedoc directement au Roi de France. Dbut de page

Une victoire sans lendemainLe Languedoc croit pouvoir nouveau jouir de la paix, de la tolrance et de son autonomie. Ce n'tait toutefois qu'une victoire superficielle. Si des villes, des places fortes ont t reprises, le pays est ruin et certains se mettent douter de l'intrt de prolonger le combat.

En effet, de plus en plus les Rois de France et leur importante machine de guerre se sont impliqus dans la Croisade. S'ils dcident d'y mettre le prix, les pitons rocheux languedociens ne rsisteront pas longtemps. Pour asservir le pays, les Croiss ont appliqu (2) la thorie de la terre brle. Le Languedoc ne se rendra pas la suite de la prise de l'une et l'autre cit, de l'un ou l'autre chteau qui se jettent dans les bras de leurs anciens matres ds qu'ils s'en les Croiss se sont loigns. C'est en affaiblissant l'conomie, en affamant les villes et les campagnes que les armes trangres pourront durablement s'imposer et rgner sur un peuple exangue. " C'est une arme puissante et bien organise qui se livre avec mthode cette guerre sans combat o les adversaires sont les bls, les ceps de vigne et le btail " . Zo OLDENBOURG (Le bcher de Montsgur) En 1226, le Roi de France, inspir par son pouse Blanche de Castille, participe luimme aux oprations militaires (3) mais elles ne lui donnent pas de victoire dcisive. Il assiste Caunes-Minervois au jugement et l'excution d'un vque cathare, Pierre ISARN. Dcdant peu aprs d'une maladie contracte au sige d'Avignon, il est remplac par son fils Louis IX (au dpart sous la rgence de sa mre), le futur Saint Louis qui aura un rgne de prs de 44 ans. Dbut de page

Le trait de Meaux, la fin de l'autonomie du LanguedocLe succs des armes change une nouvelle et dernire fois de camp. Le Comte de Toulouse aprs avoir tent d'carter la menace contre ses Etats par le double jeu devra se soumettre au Roi de France par le trait de Meaux confirm Paris en 1229. Ce document est essentiel pour l'avenir du Languedoc et du catharisme. Non seulement, le Comte reconnat la suzerainet de Louis IX mais il promet de chasser l'hrsie sur ses terres. Autre clause fondamentale du trait : il marie sa fille (son hritire) au frre du Roi de France (Alphonse de Poitiers), ce qui implique terme le retour du Comt de Toulouse dans le giron royal. Ultrieurement, Raimon VII n'aura de cesse de tenter de revenir sur sa signature et d'essayer de se remarier pour avoir un hritier mle. En vain ! Dbut de page

Les Cathares du dsertSe sentant de plus en plus menacs, les Parfaits cherchent refuge dans des endroits qualifis d'inaccessibles, notamment dans les Corbires et les contreforts des Pyrnes. En 1232, Montsgur devient " la tte et le sige protg de l'Eglise

cathare " . Des grottes prhistoriques seront nouveau occupes par des clandestins. Dbut de page

Naissance de l'InquisitionL'Eglise romaine a compris qu'une occupation militaire (dont les buts sont de moins en moins religieux) n'arrivera pas seule extirper l'hrsie. Il faut s'occuper des mes individuellement et mthodiquement. L'Inquisition, embryonnaire jusqu'alors (4), est organise en 1233 dans une " socit pour laquelle, tort ou raison, la prservation de la foi paraissait aussi importante que de nos jours celle de la sant physique " (5). Au XIXme sicle, l'Abb LACORDAIRE a voulu disculper St Dominique (mort en 1221) de pratiques inquisitoriales en soulignant qu'elles furent surtout le fait des Cisterciens et des prtres sculiers (6). Toutefois, en Languedoc, l'Inquisition dpend directement de Rome et sera confie des hommes srs dont les Dominicains. Elle organise, tant en ce qui concerne la recherche du renseignement que la condamnation des hrtiques, des tribunaux spciaux dont les jugements sont excuts par le seigneur civil. Maladroite ou trop efficace, l'Inquisition rencontre des succs non ngligeables tout en suscitant une hostilit de plus en plus ouverte de la population. Dbut de page

Un dernier sursautA Toulouse, Narbonne, la foule moleste des Inquisiteurs trop zls. A Albi, ayant voulu dterrer du clotre St Salvy les restes de chanoines convaincus d'hrsie pour les brler, l'Inquisition suscite une rvolte en 1235. Les nobles dchus tentrent de profiter de ce climat insurrectionnel mais cette fois les armes franaises sont organises et TRENCAVEL par exemple, ne russit plus reprendre ses possessions qui entrent dfinitivement dans le giron royal. Les Franais occupent de plus en plus le terrain : d'une part les seigneuries ont t reprises par des Croiss, d'autre part des cits nouvelles apparaissent pour regrouper les populations (bastides et castelnaux). La lutte devient de plus en plus ingale. Les rancoeurs s'avivent chaque jour. Les Chevaliers de Montsgur ont assassin quelques Inquisiteurs Avignonet en 1242. Profitant de cet incident et de l'motion qu'il provoque dans les deux camps, le Comte Raimon VII se soulve nouveau. Il croit bnficier de l'appui d'une vaste coalition laquelle les Anglais de Guyenne participeraient ainsi que les Aragonais.

Les troupes du Roi de France dfont les allis avant de s'attaquer au Comte de Toulouse qui capitula Lorris en 1243. Dbut de page

La fin de MontsgurDe plus en plus le rocher de Montsgur dont les dfenses ont t sensiblement amliores, apparat comme un symbole de la dernire rsistance cathare qu'il s'indique, pour les Croiss, de dtruire au plus vite (7). Le sige durera plusieurs mois. Le 2 mars 1244, Pierre Roger de Mirepoix, le Commandant de la place, capitula mais obtint une ultime trve de quinze jours. Le 16 mars 1244, l'expiration de ladite trve, deux cent vingt hrtiques seront brls. L'Inquisition sera dsormais l'instrument essentiel d'radication de l'hrsie. Ds 1252, elle sera autorise pratiquer la torture par la bulle " Ad extirpenda " . Face cette puissance et ne disposant plus de refuge sr, l'Eglise cathare devra s'enfoncer plus profondment dans la clandestinit ou s'expatrier vers l'Espagne et plus srement vers l'Italie. Dans cette dernire, l'hrsie florissait encore, profitant des dissensions entre les partisans du pape et ceux de l'empereur du Saint Empire germanique. En 1249, Raimon VII reprenant son double jeu, fera cette fois brler quatre-vingts cathares Berlaigues prs d'Agen. Dbut de page

Mort de Raimon VIIIl mourra cette mme anne sans descendance mle. Son beau-fils, Alphonse de Poitiers, frre du Roi Louis IX, lui succdera jusqu' sa mort galement sans hritier, en 1271. Le Comt deviendra alors, l'instar des anciens vicomts TRENCAVEL, une possession directe du Roi de France. C'en sera fait de l'autonomie du Languedoc. Aprs PADERN (1248) et PUILAURENS (1255), QUERIBUS, dernier site fortifi se rend en 1255. L'histoire des Cathares n'est plus alors qu'une suite de vaines tentatives de redressement de leur glise sur fond d'Inquisition. Celle-ci dveloppe et amliore sans cesse l'efficacit de ses mthodes. La population n'ose plus gure, sauf quelques soubresaults, s'y opposer.Dbut de page

Une nouvelle vie pour les chteaux catharesLe Roi de France ayant pris possession du Languedoc, se doit de fortifier sa frontire avec le royaume d'Aragon. Celui-ci comprend l'poque le Roussilon

(Perpignan, ...). La France reconstruit de nombreux anciens chteaux qui furent " cathares ". Peyrepertuse pris en 1240 est reconstruit ds 1242 par St Louis pour en faire un bastion contre l'Aragon. Le rle dfensif de ces sites disparaitra videmment au trait des Pyrnes (1659) qui verra la frontire repousse jusqu'aux montagnes du mme nom. Les fortifications ou les ruines que le visiteur peut aujourd'hui contempler sont donc gnralement postrieures aux constructions de l'poque cathare.Dbut de page1 Bernard de Foix fera sa soumission au Roi de France. Aprs tre devenue coprince d'Andorre en 1278, la ligne s'teignit au profit direct du Roi de France au XIVme sicle avec Gaston FEBUS, dernier comte de Foix mais surtout vicomte de Barn. Retour 2 Ds le dbut de cette croisade, les deux camps n'ont pas hsit brler les rcoltes et anantir les vignes pour gner les approvisionnement de l'adversaire. Retour 3 Durant ces campagnes, les Croiss perdirent de nombreux combattants dont un Comte de Namur Retour 4 Le concile de Vrone en 1184 jeta les premires bases de l'Inquisition. Les premiers inquisiteurs furent envoys en Languedoc en 1198 et St-Dominique en rencontra trois Montpellier en 1205 Retour 5 " Pour en finir avec le Moyen Age " Rgine P ERNOUD Retour 6 Au concile de Toulouse en 1229, le clerg local est charg de l'Inquisition : " Les vques choisiront en chaque paroisse un prtre et deux ou trois laques de bonne rputation , auxquels ils feront serment de rechercher exactement et frquemment les hrtiques ... " ,cit par Lacordaire. Toutefois, les succs de l'Inquisition " locale " furent mitigs d'o la reprise en main par la Papaut qui la confiera notamment aux ordres mendiants (Dominicainset Franciscains). Retour 7 D'aucuns mettent l'hypothse que les Franais aient consciemment laisss la tte de l'Eglise cathare se rassembler Montsgur dans une certaine impunit pour mieux lui porter le coup final ! Retour

Chapitre V : les derniers ParfaitsDe vaines tentatives de relance Mort du dernier Parfait : Belibaste Rsistance passive et nostalgie Le refuge italien s'croule

De vaines tentatives de relance de la foi cathareDes Parfaits revenant d'Italie tentent de raviver la foi. Aprs quelques succs, qui dmontrent que la population restait proche de cette religion, ils furent tous pris par les Inquisiteurs.

De ces annes noires mles de quelques lueurs d'espoir pour les Cathares, deux priodes se dtachent : l'action de Guilhem Pags de 1262 1283 dans le Cabards et celle des frres Authier de 1301 1309. Les uns et les autres terminrent leurs prdications dans les flammes. Durant ces priodes incertaines, beaucoup d'occitans n'hsitrent pas pratiquer, comme leur Comte l'avait fait, le double jeu : catholiques de jour, cathares de nuit. Ils voulaient peut-tre tout simplement prendre le maximum de garantie pour le jour du jugement dernier en sacrifiant aux deux Eglises antagonistes mais se rclamant galement de Jsus. Des prtres mme ne rpugnaient pas la double appartenance. Dbut de page

1321 : mort du dernier ParfaitLes derniers Parfaits, pour viter d'tre pris par l'Inquisition, n'hsiteront pas dissimuler leur foi : par exemple, Blibaste, le dernier d'entre eux, se justifiera d'avoir communi selon le rite catholique en soulignant qu' " il faudrait avoir bien petit apptit pour ne pas manger ce petit gteau " . Lorsqu'il avait asperg d'eau bnite des participants un enterrement, il dira avec une pointe d'humour : " ce n'est pas grand dommage de recevoir trois ou quatre gouttes d'eau car on en supporte bien davantage lorsqu'on voyage " . Les grands prdicateurs cathares disparus, il reste la population le souvenir des prches ravives c et l par des croyants plus entreprenants que d'autres. Sont-ils des consols ou tout simplement des dvous ? L'essentiel est que malgr la force de l'Inquisition qui bnficie dsormais de l'appui sans rserve du pouvoir civil, une forme de catharisme va perdurer en Languedoc jusqu'en 1329 (1) avec un ultime bcher de trois hrtiques Carcassonne. Le dernier Parfait connu sera brl ds 1321 Villerouge-Termenes. En effet, Blibaste avait t repris, la suite de l'action d'un " agent double ", en Catalogne o il s'tait rfugi. De 1318 1325, un grand Inquisiteur du diocse de Pamiers mettra quasiment la touche finale l'limination de l'hrsie. C'est un personnage non ngligeable de ce XIVme sicle. D'une part la rdaction de ses interrogatoires de suspects d'hrsie est particulirement riche de prcisions propos de la doctrine cathare. L'vque Jacques Fournier avait un vritable souci de recherche que nous pourrions aujourd'hui qualifier de scientifique. D'autre part, il deviendra pape ( Avignon) sous le nom de Benot XII de 1334 1342. Dbut de page

Rsistance passive et nostalgie

L'Eglise cathare disparue, il restera aux habitants du Languedoc une forme de rsistance passive. Cela se traduira notamment dans des chansons double sens. Par exemple, (Chanson de l'Aude) :" Sur la terre de Larida L'un perd et l'autre gagne Las, mon ami Nous y avons beaucoup perdu : Nous avons perdu notre Dame Las, mon ami ! Mais o l'irons-nous chercher ? "

Larida est un chteau du Carcasss dont le seigneur fut faydit. La Dame pourrait tre l'Eglise cathare. Dbut de page

Le refuge italien s'crouleLes dualistes italiens sont galement pourchasss depuis le milieu du XIIIme sicle. Les premiers bchers apparaissent en 1270. Les refuges de Lombardie et de l'Italie centrale deviennent donc de plus en plus incertains pour les exils cathares du Languedoc et leurs corligionnaires locaux. En Italie, la dernire sentence de condamnation d'hrtiques dualistes au bcher date de 1412, soit environ un sicle aprs la mort du dernier Parfait d'Occitanie. Les Vaudois, qui quoique n'ayant pas les mmes convictions que celles des Cathares dont ils furent contemporains, subirent parfois les mmes perscutions. Nanmoins, ils eurent quant eux une dure nettement plus longue. Certaines communauts perdurrent jusqu'au XVIme sicle. Au synode de Chamforan, les communauts vaudoises du Pimont adhrrent la rforme protestante qui eut un grand impact en Languedoc (Cevennes). Dbut depage1 Soit plus de deux sicles aprs le Concile de Toulouse de 1119 Retour

ConclusionsUne secte chrtienne ? Le catharisme du Nord Le catharisme peut-il revivre ? Les chrtiens d'aujourd'hui et les cathares d'hier Au prix de l'Inquisition Les Ordres mendiants Une hrsie parmi d'autres Revoil la Bosnie

Il y a sept sicles que s'vanouissait l'glise dualiste d'Occitanie tue par l'Eglise de Rome mais aussi par une certaine ide du pouvoir royal en France.

Une secte chrtienne ?

Comprendre l'pope cathare aujourd'hui n'est gure ais. La naissance de cette religion a eu lieu dans une socit profondment religieuse. Y avait-t-il cette poque d'autres certitudes que celles tires des croyances religieuses ? Le terme d'pope est peut-tre excessif. Selon Anne BRENON, Directrice du Centre d'Etudes cathares - Ren NELLI, " Le catharisme aurait t un phnomne sans doute amplifi; jusqu' quel point ne sommes-nous pas victimes des documents ? " se demandait-elle en septembre 1993 en considrant par exemple que l'Inquisition aurait fait table rase de beaucoup d'crits, laissant la place (avec ceux qu'elle a prservs) toutes les exagrations (1). Reprenant la mme hypothse d'une certaine "manipulation" par l'Eglise, Monique ZERNER-CHARDAVOINE (1), dans la revue "Pays Cathare" de mars 1999, prcise par exemple : "Je pense qu'il n'y a pas eu une hrsie unique, dveloppe entre le XIme et le XIIIme sicle, et une glise qui seraient cathares, contre lesquelles on aurait lanc, un moment prcis, une croisade. L'hrsie est multiple. Et il semble qu'on ait beaucoup exagr les aspects organisationnels : l'ide mme d'une institution ecclsiastique (pour les cathares) ne tient pas...". Sans aller si loin, le catharisme tait-il ou non une doctrine chrtienne ? Certes, les livres de base (Evangiles, surtout celui de St Jean) taient largement tudis et comments. Les objectifs des Cathares taient incontestablement semblables ceux de l'Eglise catholique, savoir parvenir au salut ternel en suivant l'enseignement du Christ. Toutefois, les principes de base qui influenaient la slection, l'analyse et l'interprtation des textes bibliques conduisent une doctrine assez loigne de l'enseignement de l'Eglise de Rome. A posteriori, il est permis de constater que les implications du christianisme n'taient pas parallles celles du catharisme. Le dualisme distinguait le monde d'ici-bas (globalement mauvais) et celui de l'audel. Cela pose videmment le principe de la vanit des espoirs et des efforts en l'amlioration de la vie sur terre. Nanmoins, ceci n'a pas empch les Cathares et leurs dirigeants de participer aux tches d'ici-bas. Le clerg cathare plutt que d'tre charge de la communaut des croyants, n'hsitait pas travailler pour contribuer sa subsistance. Par ailleurs, la plus large ouverture d'esprit des Cathares face aux forces nouvelles de l'conomie prcapitaliste (l'approbation du prt intrt qui permet le financement d'activits novatrices) aurait pu acclrer l'essor conomique. Dbut de page

Le catharisme du NordSi le catharisme mridional est la mode, celui des contres au nord de la Loire mriterait un examen plus attentif. Pourquoi les premiers " cathares " apparus en

Flandre, en Hainaut, en Artois, dans la Principaut de Lige, Cologne, n'ont-ils pas pu durablement s'implanter ? Quelle a t leur influence relle ? Malheureusement, ici plus encore qu'aux bords de la Mditerrane, les sources historiques sont gnralement dues leurs adversaires.

Le catharisme peut-il revivre ?Dans le monde troubl que nous vivons, des sectes et des croyances diverses se dveloppent. Les religions traditionnelles sont l'objet de bouleversements parfois accompagns de volont de purification ou de retour aux sources. Le catharisme peut-il revivre dans un monde o les repres moraux semblent aujourd'hui moins solides qu'hier ? " Als cap de sept cents ans verdeja le laural " (dans sept cents ans, le laurier reverdira) chante un troubadour de la fin du catharisme. Nous y voil ! En Languedoc, une certaine recherche d'authenticit culturelle conduit certains milieux s'intresser plus qu'hier au catharisme. Dbut de page

Les chrtiens d'aujourd'hui et le catharismePar ailleurs, des conceptions cathares sont aujourd'hui partages par les socits authentiquement chrtiennes. Citons ple-mle au sein des mondes catholique et protestant : - des offices religieux en langues modernes - une tude plus pousse des textes bibliques (galement en langues modernes) ainsi qu'une lecture plus symbolique de l'Ecriture Sainte. Par exemple, l'Esprit-Saint descendant sous la forme d'une colombe la Pentecte est de plus en plus peru comme une image et non comme un volatile (2) - une approche plus rationnelle des phnomnes miraculeux - un culte des saints gnralement plus discret - un clerg plus dpouill (en France notamment depuis la sparation de l'Eglise et de l'Etat) - de nombreux Catholiques d'Occident qui n'abandonnant pas ncessairement leur croyance en Jsus-Christ et en son message, se sont de fait largement loigns de la plupart des sacrements contests par les Cathares, dont l'Eucharistie

- le monde de l'conomie qui n'est plus fondamentalement rejet par le Christianisme. Certains historiens attribuent la bienveillance des religions protestantes, pour le prt intrt et le capitalisme, un essor conomique plus rapide de nombreux pays dvelopps de confession protestante. Oserait-on prtendre que les Catholiques d'aujourd'hui ont des conceptions parfois plus proches des Cathares que de celles de leurs anctres du XIII sicle ? Ce serait certainement un raccourci abusif (3) puisque ce serait ngliger d'une part l'explication dualiste qui tait fondamentale aux yeux des Cathares et d'autre part le dogme de l'Incarnation du Christ fondamental et original pour les Chrtiens. Dbutde page

Au prix de l'InquisitionUne autre question qui mrite d'tre pose, c'est celle de l'influence de la lutte contre le catharisme pour l'volution du catholicisme. Ce dernier n'est rellement venu bout de ce qu'il considrait comme une dangereuse hrsie qu'au prix de l'organisation de l'Inquisition. Peu importe de savoir si cette dernire fut, notamment en Espagne dvoye par le pouvoir civil, c'est l'Eglise catholique (romaine) elle-mme qui avait mis le doigt dans un dangereux engrenage. Certains considreront l'instar de feu le chanoine Leclercq que : "La meilleure preuve que l'Eglise est une, sainte, catholique et apostolique est qu'elle existe toujours en ce XX sicle, malgr les btises et les mfaits de ses prtres et de des papes, malgr l'Inquisition et les Borgia ! " D'autres estimeront que l'Inquisition fut l'poque un progrs du droit sur l'anarchie des impulsions populaires. Il reste nanmoins difficile et prilleux pour des esprits du XXme s. de vouloir juger une institution ne au creux de la 'une socit mdivale. Pour l'histoire de l'Eglise, l'Inquisition aura conduit insensiblement, spcialement en France, la structure cclsiale se laisser infoder au pouvoir civil alors qu'elle naquit en une priode o au contraire la papaut voulait affermir son indpendance. Dbut de page

L'essort des Ordres mendiantsPar ailleurs, la lutte contre l'hrsie peut galement avoir des consquences sur le plan de la distribution du pouvoir au sein de l'Eglise catholique elle-mme. Certains vques (4) vitrent par exemple de recourir aux ordres mendiants (franciscains, Dominicains,..), trop soumis, leur estime, l'influence de Rome, pour en venir bout. Dbut de page

Une hrsie parmi d'autres ?

Ds l'origine du christianisme, la problmatique du dualisme et celle de la vraie nature du Christ (Homme ou Dieu) tait apparue. Au dbut de notre millnaire, sous l'effet de diverses forces et mutations, diffrents mouvements plus ou moins loigns de l'orthoxie religieuse vont clore. Les cathares auraient t parmi les plus radicaux. Paralllement, les textes prchrtiens , notamment ceux des philosophes grecs (Aristote) vont tre redcouvert ces poques. Le choc sera aussi important pour l'Eglise romaine que celui impos par le catharisme. En 1277, l'Evque de Paris, Etienne TEMPIER, condamnera 219 thses dont certaines deviendront, malgr lui, les bases du monde moderne occidental de plus en plus indpendant de l'autorit religieuse. Mais, c'est une autre histoire ! Les cathares auront depuis longtemps vu leur influence eradique que l'Eglise de Rome sera toujours au prise avec un certain esprit lac. Dbut de page

Revoil la BosnieNous avons commenc ce voyage en catharisme par la Bosnie. C'est aussi par cette rgion ravage que nous le terminerons. Les Musulmans bosniaques dont le sort est, si souvent voqu ces derniers mois, seraient les descendants des derniers Cathares. Ces rgions, o une glise cathare s'tait largement implante comme en Languedoc, furent les dernires o elle perdura. Au XIVme sicle, elle tait encore trs vivace jusqu'au milieu du XVme lors de la prise du pays par les Turcs (1463). La population autochtone, majoritairement cathare, sans appui externe dans le monde chrtien tant romain qu'orthodoxe qui la considrait comme hrtique, ne disposant que d'une structure d'glise lche, se convertit plus facilement l'Islam. Ce dernier lui serait, au dpart, apparu comme tant moins rpressif que les religions chrtiennes qui n'avaient pas hsit la combattre durement. Les musulmans de Bosnie seraient les descendants de ces derniers Cathares des Balkans et sont donc des Slaves et non des descendants des soldats de l'arme ottomane. L'histoire ne serait-elle qu'un ternel recommencement ? Dbut de page

Philippe REUL1 Pour Anne BRENON voir par exemple le Midi Libre , 4.09.93. Pour Monique ZERNER CHARDAVOINE, voir la Revue "Pays cathare" de mars 99 ainsi que "Inventer l'hrsie ? Discours polmiques et pouvoirs avant l'Inquisition" ouvrage collectif sous la direction de Monique ZERNER CHARDAVOINE, Centre d'Etudes mdivales de Nice, Facult des Lettres, Universit de Nice-SophiaAntipolis, CID diffusion, 1998 Retour

2 Voir ce propos, les crits rcents relatifs la vie du Christ dont " Jsus " de Jacques DUQUESNE, 1994, Edit. Flammarion/Descle de Brouver Retour 3 Lors d'une sance d'information sur le catharisme Mons, tenue le 11 octobre 1996, les organisateurs ont reu (cfr le quotidien "La Province" du 19/10/1996, citant M. N. GOUZY du Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne) un courrier s'tonnant de ce qu'une confrence su r un tel sujet puisse avoir lieu dans les locaux d'une universit catholique (en l'occurrence les Facults Universitaires Catholiques de Mons : FUCAM) Retour 4 Cf