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L'EPS au Sénégal PAR A. MAUFFREY L'EPSauSénégalL'andernier, en tant que PLC 2 à l'IUFM de Franche- Comté, nous avons pu réa- liser un projet fort enri- chissant : séjourner quatre semaines dans un établisse- ment sénégalais, et partici- per aux cours d'EPS dans le but de réaliser notre mémoire professionnel (1). Celui-ci a consisté en une analyse comparative des systèmes éducatifs sénéga- lais et français, mais égale- ment de l'EPS dans les deux pays. Pour cela, nous nous sommes basés sur les documents officiels et sur l'observation des deux établissements : le lycée Lamine Gueye de Dakar et le lycée Augustin Cournot de Gray, où nous avons effectué notre stage en res- ponsabilité. Nous propo- sons ici un condensé de ce travail, en nous centrant sur la situation sénégalaise. L'EPS AU SÉNÉGAL Caractère de la discipline Selon les textes officiels, l'ensei- gnement des activités physiques et sportives est obligatoire dans toutes les classes de l'enseigne- ment moyen et secondaire (2) général et technique, ainsi que dans l'enseignement supérieur (article premier du décret n° 73- 896 du l'octobre 1973). Ministère de tutelle Après avoir longtemps appartenu au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), les enseignants d'EPS ont été récemment ratta- chés au ministère de l'Education nationale (MEN). En revanche, le sport scolaire est resté affilié au MJS. ce qui ne va pas sans poser quelques difficultés. Il faut également souligner que l'EPS est la seule discipline dont les programmes n'ont pas été révisés depuis 1973. En raison du caractère récent de son rattache- ment au MEN, la réflexion sur ses objectifs et contenus n'est en effet pas encore organisée. En outre, la profession ne dispose pour l'heure ni de suivi, ni de for- mation continue, ni de corps d'inspection. Objectifs généraux Les derniers textes en date régis- sant la discipline (décret n D 73- 896 du L'octobre 1973) s'inspi- rent des instructions officielles françaises de 1967. Ils proposent une classification des activités selon les effets recherchés (activi- tés visant la maîtrise du corps / du milieu / du comportement), et stipulent que le maître doit pour- suivre simultanément ou alterna- tivement les objectifs suivants : le développement organique et fon- cier, l'éducation motrice fonda- mentale et le développement des qualités de caractère. Horaires Officiellement (3), quatre heures hebdomadaires devraient être consacrées à la discipline EPS dans l'enseignement moyen et secondaire. Or, seules deux heures sont programmées à l'em- ploi du temps des élèves, de la sixième à la terminale. EPS aux examens L'EPS intervient sous la forme d'un contrôle ponctuel dans la certification de diplômes tels que le brevet de fin d'études moyennes (BFEM) et le bacca- lauréat, dotée d'un coefficient 1. Seule la performance est évaluée. Au BFEM. la gymnastique au sol. la course de vitesse et le saut en hauteur constituent des épreuves obligatoires. Les élèves choisissent leur quatrième épreuve entre lancer de poids, grimper et demi-fond. En ce qui concerne le baccalau- réat, le lancer de poids s'ajoute à la liste des épreuves obligatoires, et les élèves font le choix entre grimper et demi-fond. Formation des enseignants Les professeurs d'EPS sont for- més à l'Institut national d'édu- cation populaire et sportive (INSEPS) de Dakar après le bac- calauréat. Ils ont obtenu leur cer- tificat d'aptitude au professorat d'EPS (CAPEPS) après six années d'études (DEUG, licence, maîtrise STAPS + deux années de formation professionnelle). Les maîtres d'EPS. quant à eux, deviennent titulaires du certificat d'aptitude à la maîtrise d'EPS (CAMEPS) après avoir effectué une formation de trois ans au centre national d'EPS (CNEPS) de Thiès, situé à 70 km à l'est de Dakar. Depuis 1978, sa durée a été portée à trois ans après le BEFM. Pour être admis au CAPEPS et le CAMEPS, qui sont des examens et non des concours, les étudiants doivent obtenir une moyenne générale de 10/20. Ceux d'entre eux qui échouent à l'examen, auquel on ne peut se présenter plus de trois fois, deviennent pro- fesseurs et maîtres-adjoints. Ils peuvent alors enseigner, mais en étant moins bien rémunérés. Service hebdomadaire Un professeur certifié d'EPS consacre 14 heures à l'enseigne- ment de sa discipline et 4 heures à l'animation de l'association sportive de son établissement. Il effectue donc un service hebdo- madaire de 18 h, pour un salaire mensuel brut compris entre (l'équivalent de) 315 à 500 euros. Quant au service des maîtres d'EPS, il s'élève à 22 h hebdoma- daires (18+4). Sport scolaire L'union des associations spor- tives scolaires et universitaires (UASSU) regroupe le sport sco- laire de l'enseignement élémen- taire, de l'enseignement moyen et secondaire et de l'enseignement supérieur. À noter le scrabble fait également partie des activités gérées par l'UASSU. 62 Revue EP.S n°306 Mars-Avril 2004 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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L'EPS au Sénégal

PAR A. MAUFFREY

L'EPS au Sénégal L'an dernier, en tant que PLC2 à l'IUFM de Franche-Comté, nous avons pu réa­liser un projet fort enri­chissant : séjourner quatre semaines dans un établisse­ment sénégalais, et partici­per aux cours d'EPS dans le but de réaliser notre mémoire professionnel (1). Celui-ci a consisté en une analyse comparative des systèmes éducatifs sénéga­lais et français, mais égale­ment de l'EPS dans les deux pays. Pour cela, nous nous sommes basés sur les documents officiels et sur l'observation des deux établissements : le lycée Lamine Gueye de Dakar et le lycée Augustin Cournot de Gray, où nous avons effectué notre stage en res­ponsabilité. Nous propo­sons ici un condensé de ce travail, en nous centrant sur la situation sénégalaise.

L'EPS AU SÉNÉGAL

Caractère de la discipline

Selon les textes officiels, l'ensei­gnement des activités physiques et sportives est obligatoire dans toutes les classes de l'enseigne­ment moyen et secondaire (2) général et technique, ainsi que dans l'enseignement supérieur (article premier du décret n° 73-896 du l 'oc tobre 1973).

Ministère de tutelle

Après avoir longtemps appartenu au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) , les enseignants d 'EPS ont été récemment ratta­chés au ministère de l'Education nationale (MEN). En revanche, le sport scolaire est resté affilié au MJS. ce qui ne va pas sans poser quelques difficultés. Il faut également souligner que l'EPS est la seule discipline dont les p rogrammes n ' on t pas été révisés depuis 1973. En raison du caractère récent de son rattache­ment au MEN, la réflexion sur ses objectifs et contenus n ' es t en effet pas encore organisée. En outre, la profession ne dispose pour l'heure ni de suivi, ni de for­mat ion con t inue , ni de corps d'inspection.

Objectifs généraux

Les derniers textes en date régis­sant la discipline (décret n D 73-896 du L'octobre 1973) s'inspi­rent des instructions officielles françaises de 1967. Ils proposent une classification des activités selon les effets recherchés (activi­tés visant la maîtrise du corps / du milieu / du comportement) , et stipulent que le maître doit pour­suivre simultanément ou alterna­tivement les objectifs suivants : le développement organique et fon­cier, l'éducation motrice fonda­mentale et le développement des qualités de caractère.

Horaires

Officiellement (3), quatre heures hebdomadai res devraient être consacrées à la discipline EPS dans l 'enseignement moyen et s e c o n d a i r e . Or, seu les deux heures sont programmées à l'em­ploi du temps des élèves, de la sixième à la terminale.

EPS aux examens

L'EPS intervient sous la forme d 'un contrôle ponctuel dans la cert if icat ion de d ip lômes tels que le brevet de fin d ' é t u d e s moyennes (BFEM) et le bacca­lauréat, dotée d'un coefficient 1.

Seule la performance est évaluée. Au BFEM. la gymnast ique au sol . la course de vi tesse et le s au t en h a u t e u r c o n s t i t u e n t des épreuves obligatoires. Les élèves choisissent leur quatrième épreuve entre lancer de poids, grimper et demi-fond. En ce qui concerne le baccalau­réat, le lancer de poids s'ajoute à la liste des épreuves obligatoires, et les élèves font le choix entre grimper et demi-fond.

Formation des enseignants

Les professeurs d 'EPS sont for­més à l'Institut national d 'édu­cat ion popu la i r e et spor t ive (INSEPS) de Dakar après le bac­calauréat. Ils ont obtenu leur cer­tificat d'aptitude au professorat d ' E P S ( C A P E P S ) après six années d'études (DEUG, licence, maîtrise STAPS + deux années de formation professionnelle). Les maîtres d'EPS. quant à eux, deviennent titulaires du certificat d 'apt i tude à la maîtrise d 'EPS (CAMEPS) après avoir effectué une formation de trois ans au centre national d 'EPS (CNEPS) de Thiès, situé à 70 km à l'est de Dakar. Depuis 1978, sa durée a été portée à trois ans après le BEFM.

Pour être admis au CAPEPS et le CAMEPS, qui sont des examens et non des concours, les étudiants doivent obteni r une moyenne générale de 10/20. Ceux d'entre eux qui échouent à l ' examen , auquel on ne peut se présenter plus de trois fois, deviennent pro­fesseurs et maîtres-adjoints. Ils peuvent alors enseigner, mais en étant moins bien rémunérés.

Service hebdomadaire

Un professeur cert i f ié d ' E P S consacre 14 heures à l'enseigne­ment de sa discipline et 4 heures à l ' an imat ion de l ' associa t ion sportive de son établissement. Il effectue donc un service hebdo­madaire de 18 h, pour un salaire mensue l brut compr i s en t re (l'équivalent de) 315 à 500 euros. Quant au service des maî t res d'EPS, il s'élève à 22 h hebdoma­daires (18+4).

Sport scolaire

L'union des associations spor­tives scolaires et universitaires (UASSU) regroupe le sport sco­laire de l'enseignement élémen­taire, de l'enseignement moyen et secondaire et de l'enseignement supérieur. À noter le scrabble fait également partie des activités gérées par l'UASSU.

62 Revue EP.S n°306 Mars-Avril 2004 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

L'EPS AU LYCÉE LAMINE GUEYE

Le lycée Lamine Gueye, situé en plein centre-ville de Dakar, offre de bien meilleures conditions de travail que les établissements des banlieues à concentration et croissance démographiques très fortes, où la demande en éduca­tion - quand elle est satisfaite - ne peut l'être qu'au prix d'effectifs pléthoriques, pouvant dépasser la centaine d'élèves par classe. Notre étude s'étant limitée à cet établissement, il faut donc bien être conscient qu'elle ne reflète

pas l'EPS à Dakar (et encore moins au Sénégal), mais bien l'EPS au lycée Lamine Gueye.

L'établissement et sa program­mation L'établissement offre actuelle­ment une formation littéraire (L1, L2) et scientifique (S1, S2) à ses 1905 lycéens. Il compte 59 classes et 131 enseignants, dont plus de 70 % sont des hommes. Récemment, le lycée a adopté une stratégie visant à diminuer considérablement les effectifs de ses classes. Depuis la rentrée

2001, il a en effet instauré une sélection parmi les candidats à l'entrée en seconde, basée sur leurs résultats scolaires. De cette façon, le lycée a vu évoluer ses effectifs de 50 élèves par classe à 35 environ. En ce qui concerne l'EPS, les cours ont lieu exclusivement le matin en raison de la chaleur. Ceux-ci sont mixtes (classes entières), organisés en deux séquences hebdomadaires d'une heure. L'équipe pédagogique, constituée d'une femme et de neuf hommes, a programmé six cycles annuels : un premier cycle de préparation physique générale (PPG), qui dure douze séances (soit 12 heures) et s'adresse à toutes les classes de l'établissement, puis cinq cycles de six séances, répartis différemment selon le niveau d'enseignement (tableau 1). Dans cet établissement les ensei­gnants ont la chance de disposer d'installations sportives intra-muros, à savoir : un terrain de football et une piste d'athlétisme en sable, ainsi que plusieurs plate-formes goudronnées per­mettant l'enseignement des sports collectifs et de la gymnas­tique au sol. L'association sportive, particuliè­rement dynamique, propose des interclasses en sports collectifs (football, basket-bail, handball et volley-ball) tous les mercredis et vendredis après-midi.

Cycle de préparation physique générale (PPG) Ce cycle, programmé pour toutes les classes en début d'année sco­laire (octobre-novembre), se ter­mine avant les vacances de Noël. D'après leurs résultats au test ini­tial (distance réalisée lors d'une course de 12 minutes), les élèves

sont répartis en quatre groupes de niveau plutôt que par classe, de façon à suivre un programme dif­férencié. La mise en place de trois tests de 12 min est prévue en début, milieu et fin de cycle (T1, T2, T3). Les critères retenus pour l'éva­luation sont les suivants : - performance sur 12 points : dis­tance moyenne parcourue lors des trois tests ; - assiduité sur 5 points : nombre de présences de l'élève en cours d'EPS ; - progression sur 3 points : diffé­rence entre le meilleur des tests T2 et T3 (milieu et fin de cycle) et le test initial T1. L'équipe péda­gogique a élaboré des barèmes différenciés selon le groupe de niveau.

UN EXEMPLE DE CYCLE EN GYMNASTIQUE AU SOL

Niveau de classe : première.

Effectif : 35 élèves.

Installation et matériel dispo­nibles : plate-forme goudronnée (extérieur), 5 à 8 tapis type « Sar-neige ».

Durée : 5 séances (soit 5 h).

Mode de fonctionnement choisi : non-mixité (ateliers gar­çons et filles séparés).

Objectifs : réviser différents élé­ments afin de renforcer les connaissances psycho-motrices des élèves et de favoriser une reprise plus accessible au pro­chain cycle de gymnastique (deux cycles sont en effet pro­grammés annuellement en pre­mière).

Leçon n° 1 Durée effective (4) : 40 min Objectif : révision des éléments gymniques, et travail de certains d'entre eux. Description Quatre rangs d'élèves sont for­més. Ils font face à des chemins de deux tapis, posés l'un derrière l'autre. Consignes Effectuer, dans l'ordre : - une roulade avant simple ; - un saut vertical demi-tour plus une roulade arrière arrivée pieds joints ; - un appui tendu renversé (ATR) avec ciseau de jambes (pour les filles) ou un ATR-rouler (pour les garçons).

Tableau 1. Cycles programmés selon le niveau d'enseignement

(*) En terminale, la programmation découle des modalités d'évaluation du bacca­lauréat (cf. partie « EPS aux examens »), ce qui explique qu'aucun cycle de sports collectifs ne soit proposé. De la même façon, les trois cycles d'athlétisme corres­pondent aux trois épreuves obligatoires de l'examen, à savoir la course de vitesse, le saut en hauteur et le lancer de poids.

Autonomie des garçons à l'entraînement (gym). La démonstration au centre.

EPS № 306 - MARS-AVRIL 2004 63 Revue EP.S n°306 Mars-Avril 2004 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

ENTRETIEN AVEC LES ENSEIGNANTS Nous avons pu interroger cinq membres de l'équipe pédagogique : 1. Mr Forbis (15 ans d'ancienneté), 2. Mr Faye (7), 3. Mr Diop (12), 4. Mr Mendy (24), et 5. Mr Fall (14). « Quel est votre principal objectif, votre principal souci dans une séance d'EPS ? » 1. « Mon principal objectif, c'est d'ar­river à rendre opérationnels les objectifs que j'ai, de pouvoir faire comprendre aux élèves ce que je veux leur faire comprendre, ce que je veux leur faire réaliser. Et mon souci premier, c'est que les jeunes puis­sent, durant cette heure d'EPS, com­plètement s'éclater ou bien vraiment être à l'aise, et pouvoir également progresser un peu dans ce qu'ils font ». 2. « C'est d'essayer d'obtenir des qualités qui concernent l'habileté motrice chez les élèves, en géné­ral ». 3. « Dans un premier temps, moi j'ai­merais qu'il y ait une bonne quantité de travail, parce que les élèves en général, ils ne bougent qu'aux cours d'EPS, surtout les filles... donc il va falloir mettre le maximum de travail. Ça, c'est le premier objectif, et à chaque séance de chaque discipline, il y a des choses spécifiques ». 4. « Mon principal souci, c'est déjà d'avoir intéressé tout le monde à la discipline que je leur enseigne. Et puis ensuite, après cet intérêt-là, quand il s'agit d'une discipline assez technique (exemple du lancer de poids), c'est d'avoir un maximum de réussite, peut-être pas de tout le monde mais d'un maximum d'élèves qui, à la fin du cycle, puissent faire quelque chose en accord avec l'ob­jectif de départ ». 5. « Mon principal souci, c'est d'at­teindre mon objectif puisque dans chaque séance, il y a un objectif visé ». À partir de quels critères vous estimez-vous satisfait d'une séance ? 1. « Quand l'ambiance de la classe est bonne ». 2. « Quand, par exemple, il y a une écrasante majorité qui semble avoir compris ». 3. « Je dégage des critères au départ. En fin de cycle, j'évalue, je veux voir si ça a été respecté ou pas. Si l'objectif a été surestimé, je me dis qu'il y a quelque chose qui pose pro­blème. Sinon, ça va ». 4. « Quand, du point de vue pour­centage, le maximum, - enfin, quand

on a par exemple un effectif de 25, quand au moins 18 à 20 élèves réus­sissent à peu près à faire l'exercice correctement. Ou, dans les disci­plines comme les sports collectifs, quand la majorité des élèves com­mence à jouer, que le jeu est intéres­sant, que l'on peut voir des choses, là je me sens satisfait du résultat ». 5. « Si la grande majorité de la classe arrive à atteindre l'objectif visé ». Quelle est, selon vous, votre prin­cipale mission en tant qu'ensei­gnant d'EPS ? 1. « C'est d'arriver à faire aimer aux enfants une activité saine, que ce soit une activité récréative ou spor­tive... pour qu'au moins, durant la séance, les élèves puissent vraiment être à l'aise dans ce qu'ils font, ne pas être « contraints à », recevoir des ordres mais, au moins, être un peu plus participants, donc plus enclins à faire une activité, qu'elle soit sportive ou d'animation ». 2. « C'est de donner aux élèves des savoirs en matière de connais­sances, de sports, et de leur apprendre tout ce qui concerne les savoir-faire sociaux ». 3. « Nous d'abord, on est des éduca­teurs, c'est ça qui est le plus impor­tant, parce qu'on agit sur l'individu en général. C'est ça mon objectif princi­pal. Mais par le biais du sport, j'es­saie de m'acquitter de cette tâche ». 4. « Je dirais que c'est plus une mis­sion d'instruction. Je me considère plutôt comme un enseignant d'une manière générale. Je souhaiterais que, même à la fin de leur cycle sco­laire, les élèves que j'ai eus pendant toute cette période-là puissent dans leur vie future, dans leur vie active continuer à pratiquer ou à faire de l'exercice physique pour leur bienfait, selon ce que j'ai eu à leur inculquer du point de vue apprentissage et même du point de vue instruction par rapport à l'effort physique et à leur vie, d'une manière générale. Je pense qu'en tant qu'enseignant, on a plutôt cette mission d'instruction : faire comprendre aux élèves que ça ne s'arrête pas au niveau de l'éduca­tion physique à l'école, mais que ça doit pouvoir servir même dans leur vie future ». 5. « Ma principale mission, c'est de faire passer tous mes objectifs, de m'assurer que, à chaque séance du cycle, dans l'activité que j'enseigne, les élèves parviennent en grande majorité à atteindre l'objectif que j'avais visé dans cette séance-là ».

Nous remercions tous ceux qui nous ont aidés dans notre entreprise, pour leur accueil et leur générosité : personnel du ministère de l'Éducation nationale, de l'INSEPS, du CNEPS, du lycée Limamou Laye et de l'institution Sainte Jeanne d'Arc, mais également et surtout l'administration, les enseignants et élèves du lycée Lamine Gueye. Dieuredieuf ci lëp !

Dans la leçon, ont été ensuite abordés les éléments suivants : roue pour les garçons, et ATR (montée d'une jambe, puis deux) pour les filles.

Leçon n° 2 Durée effective : 41 min Objectif : travail des éléments suivants : - l'ATR, en insistant sur la notion de gainage du corps ;

- le trépied pour les garçons ; - la roulade arrière arrivée jambes écart pour les filles.

Leçon n° 3

Durée effective : 41 min

Objectifs (garçons uniquement) : - consolidation de l'ATR-rouler, puis combinaison avec un saut 1/2 tour et une roulade arrière

QUELQUES ELEMENTS DU CONTEXTE Au Sénégal, les difficultés écono­miques liées aux chocs pétroliers, à une sécheresse persistante et à la baisse vertigineuse des recettes d'exportation dans les années quatre-vingts, ont conduit à l'élabo­ration de différents programmes d'ajustement dont le dernier (« plan d'urgence ») a été immédiatement suivi de la dévaluation du franc CFA, intervenue le 11 janvier 1994. Dès lors, des restrictions financières drastiques ont entraîné une exacer-bation des difficultés des secteurs dits sociaux, au premier rang des­quels figure l'éducation. Ce secteur a d'ailleurs été le plus touché du fait d'un accroissement rapide et massif de la demande scolaire dans la même période. Grâce à l'UNESCO, nous avons pu obtenir les taux bruts de scolarisation sénégalais et français dans les diffé­rents niveaux d'enseignement. Ceux-ci sont obtenus en divisant le nombre d'enfants qui sont scolarisés dans un niveau d'enseignement donné, quel que soit leur âge, par le nombre total d'enfants de la tranche d'âge légale­

ment retenue pour ce niveau d'ensei­gnement. Contrairement au taux net (qui ne prend pas en compte, par exemple, les élèves redoublants), il peut donc dépasser 100 % (tableau 2). Nous pouvons remarquer qu'un effort important est consenti pour scolariser les enfants sénégalais en âge d'entrer à l'école primaire. Celui-ci se traduit d'ailleurs par une part de budget conséquente accordée à ce niveau d'enseignement (43 %). Néanmoins, eu égard aux progrès restés insuffisants en matière de couverture éducative, le Sénégal vient d'adopter le programme décen­nal de l'éducation et de la formation (PDEF). Développé dans le cadre de l'initiative spéciale des Nations Unies, cet instrument de planification se donne pour objectif d'élargir l'ac­cès à l'éducation et à la formation en privilégiant une approche à long terme. Élaboré pour la décennie 2000-2010, il vise notamment à cor­riger les disparités existant entre les régions du pays, entre les zones urbaines et rurales, et entre les filles et les garçons.

Tableau 2. Taux bruts de scolarisation par niveau d'enseignement

Ces chiffres sont issus de l'Annuaire statistique de l'UNESCO (1999). (...) signifie que les données ne sont pas disponibles.

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(arrivée jambes tendues et serrées) ; - exercice de coordination : prise d'élan en enchaînant une roue.

Leçon n° 4 Durée effective : 42 min pour les garçons, 46 min pour les filles. Objectif: révision des éléments. Description Les élèves, selon leur sexe, ont à nouveau travaillé les éléments suivants : roulade avant (simple/ arrivée jambes écart), roulade arrière (simple/arrivée jambes tendues et serrées), ATR-ciseau de jambes, ATR-rouler, trépied, trépied-rouler et roue. Les filles ont également reçu des consignes relatives au saut ciseau et au saut de biche.

Leçon n° 5 Durée effective : 42 min Matériel utilisé : 2 tapis type « Sarneige ». Objectifs : évaluer les élèves : dresser un constat, voir où ils en sont pour pouvoir mesurer leurs éventuels progrès après le second cycle (prévu au mois d'avril). Description Un enchaînement différent, sous forme d'aller-retour, est imposé aux filles et aux garçons. L'ensei­gnant porte une appréciation pour chaque élément, en fonction de la qualité de son exécution (+ ; +/- ; -). Cette évaluation intermédiaire n'est pas notée. L'enchaînement des garçons comprend, dans l'ordre, un ATR-rouler, un saut vertical avec demi-tour, une roulade arrière arrivée jambes tendues et serrées, un tré­pied-rouler et une roue. Quant à celui des filles, il se com­pose d'un ATR-ciseau de jambes, d'une roulade avant arrivée

jambes écart, d'une roulade arrière arrivée jambes dissociées et d'une roue.

UN EXEMPLE DE CYCLE D'ATHLÉTISME (course de vitesse)

Niveau de classe : seconde.

Effectif : 36 élèves.

Installation et matériel dispo­nibles : terrain central en sable (extérieur), seaux retournés pour délimiter les points de départ et d'arrivée.

Durée : 4 séances (soit 4 h).

Mode de fonctionnement choisi : en classe mixte.

Objectifs : permettre aux élèves de réagir vite à un signal, de cou­rir droit en maintenant leur vitesse et de ne pas freiner à l'arrivée.

Leçon n° 1 Durée effective : 39 min Objectif : prise de performance (60 m pour les filles / 80 m pour

les garçons), pour pouvoir mesu­rer les progrès accomplis par les élèves durant le cycle. Description : les élèves ont été chronométrés individuellement à la suite de réchauffement.

Leçon n° 2 Durée effective : 41 min Objectifs - préparer les élèves au relais, en mettant l'accent sur le maintien de la vitesse (sur 60 m) ; - les faire courir en ligne droite, en leur demandant de viser un objec­tif : le seau (absence de couloirs). Description Des équipes de relais de niveau homogène sont constituées. Cha­cune d'entre elles se situe au niveau d'un plot central, et les

relayeurs effectuent chacun 60 m en contournant deux seaux (en avant et en arrière du groupe), avant de transmettre le témoin à leur partenaire.

Leçon n° 3 Durée effective : 39 min Objectif : initier les élèves au relais, et les amener à maintenir leur vitesse maximale sur 60 m. Description : contenu identique à celui de la leçon n° 2.

Leçon n° 4 Durée effective : 42 min Objectifs - pour l'enseignant : évaluer les élèves ; - pour les élèves : réagir rapide­ment au signal, courir le plus vite

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possible, franchir la ligne à vitesse maximale et courir en ligne droite (évaluation indivi­duelle), gagner le relais (évalua­tion collective). Description Les critères d'évaluation retenus à l'issue de ce cycle sont les sui­vants : - performance au 60 m/80 m : barème sur 9 points ; - réaction au signal : 0, 1 ou 2 points en fonction de l'appré­ciation de l'enseignant ;

- attitude à l'arrivée (maintien de la vitesse, ralentissement, etc.) : 0, 1 ou 2 points ; - relais par équipes : sur 2 points, selon l'ordre d'arrivée de la leçon n° 3 et de celle d'aujourd'hui ; - assiduité (nombre de présences en cours) : 5 points.

***

Nous espérons que cet article contribuera à donner un aperçu concret de l'EPS au Sénégal, que ce soit au niveau institutionnel ou

à l'échelle « locale », à partir des observations réalisées au lycée Lamine Gueye de Dakar. Actuellement, l'association nationale des enseignants d'EPS (ANEEPS) s'attache à dénoncer quelques dysfonctionnements (cf. partie « Ministère de tutelle »), tandis que des équipes pédagogiques s'organisent pour faire évoluer la discipline. C'est ainsi que le lycée Limamou Laye a choisi cette année d'expérimen­ter un fonctionnement par « option » (préconisé dans les

textes officiels de 1973), comp­tant sur la motivation des élèves pour réduire le taux d'absen­téisme et le nombre de dispenses en EPS.

Aurélie Mauffrey Professeur EPS,

Collège Alfred de Vigny, Courbevoie (92).

Notes (1) Étude comparative entre le Sénégal et la France. Le système éducatif et l'éduca­tion physique et sportive dans l'enseigne­ment public. IUFM de Franche-Comté, avril 2003. 241 p. Inclus : un CD-ROM sur l'EPS au lycée Lamine Gueye. (2) L'enseignement moyen correspond au collège, l'enseignement secondaire au lycée. (3) Décret n° 73-896 du 1" octobre 1973. (4) La durée effective d'une leçon corres­pond au temps passé par les élèves sur les installations, entre le moment où le cours débute (prise en main) et celui où il se ter­mine (bilan de l'enseignant).

NDLR : A partir de son mémoire profes­sionnel, Aurélie Mauffrey a rédigé cet article qui témoigne de la réalité de l'EPS au Sénégal. Nous souhaitons que ce travail incite des étudiants à nous faire part de questions qui ont pu faire l'objet de la rédaction de leur propre mémoire.

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