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Le 14 Janvier 2013
La Réalité Démographique Libanaise
Lebanese Information CenterLebanon
La Réalité Démographique Libanaise
Le présent rapport a été revu par
Statistics Lebanon
Table des matières
I. Introduction …..........…..……………………………………………………………….… 1
II. Histoire de l’émigration ..................................................................… 2
III. L’émigration par confessions ………………............……………...……………… 4
IV. Taux de fécondité ……………………………………………………..........………...… 10
V. La population générale par confessions ……………………………..………..... 13
VI. Résumé des données projetées …………..………………………….……………... 17
VII. Résumé général ……………………………………………………….……………...……. 19
VIII. Références …………………………………………………………………..…………….….. 20
1
I Introduction :
Le dernier recensement officiel au Liban [3, 4, 11, 12] qui a été mené en 1932, indique que le nombre d’habitants au Liban était de 875,252 habitants avec environ 53% de chrétiens. D’autres recensements ont été effectués d’une manière non officielle ; par exemple, en 1956, on estimait que le nombre d’habitants était de 1, 411,416, avec environ 54% de chrétiens et 44% de musulmans. Selon des statistiques récentes effectuées par la « World fact-book », les chrétiens représentent environ 39% de la population alors que les musulmans constituent environ 59,7%. Dès lors, les recensements ont constitué un sujet très sensible en raison des divisions confessionnelles au sein du pays et de la pression que certains groupes pourraient exercer au cas où les statistiques montraient un décalage important au niveau des données démographiques.
Le rapport qui suit met en exergue les données démographiques au Liban sur base de l’appartenance religieuse et cela d’un point de vue scientifique. Les données sur le nombre d’émigrants du Liban sont présentées en premier lieu ainsi qu’une estimation sur l’émigration par confessions, basée sur des étapes historiques cruciales. Cependant, il convient de mentionner que les chiffres sur les émigrants représentent le nombre réel d’émigrants et non leurs descendants. Le nombre d’émigrants désigne de même l’estimation nette de l’immigration qui prend en considération les émigrants qui retournent à leur pays dans une année donnée. Les facteurs qui pourraient probablement être directement liés à l’évolution de l’émigration par confessions sont également présentés, ainsi que des données sur le taux de fécondité par confessions et le déclin du taux de fécondité de la population musulmane. Par ailleurs, les facteurs qui pourraient jouer un rôle dans ce déclin sont de même précisés. Enfin, une estimation sur les confessions et sur la population au Liban est présentée.
Nous avons utilisé les listes électorales comme point de départ de nos calculs et nous avons procédé en ajoutant et en déduisant des données pertinentes sur les élèves des écoles et les étudiants universitaires et les étudiants des écoles techniques et des émigrants. En outre, et pour des raisons pratiques, un autre ± 2% peut être estimé pour couvrir les imprécisions du taux de mortalité, du taux d’analphabétisme, des approximations dans le calcul de l’émigration et d’autres faits pertinents (ex: environ 25,000 condamnés ne figurent pas sur les listes électorales, les forces armées ne sont pas inscrites sur les listes électorales, etc.). En conséquence, ± 2% peut être considéré en tant que ligne de rupture de l’erreur d’estimation de la population totale par confessions.
2
II Histoire de l’émigration :
Depuis plus d’un siècle et demi, le Liban a été caractérisé par des flux d’émigration élevés en raison de la situation économique et politique. Cette réalité est due à la situation géographique du Liban ainsi qu’à des conflits internes et externes. Il est vrai que l’émigration, dans toute nation, entraîne généralement la fuite des cerveaux. Cependant, durant de nombreuses périodes de l’histoire, l’émigration au Liban, a été la force motrice pour de nombreux tournants importants dans l’histoire de ce pays.
L’histoire du Liban a été marquée par une série de vagues de migration [9, 14, 18]:
❏❏ Avant 1870, des centaines d’habitants ont émigré du Mont Liban (en gardant à l’esprit que la population à l’époque était constituée de 200.000 habitants environ).
❏❏ De 1870 à 1900, près de 3000 personnes par an ont émigré du Liban.
❏❏ De 1900 à 1914, près de 15.000 personnes par an ont émigré du Liban, ce qui montre une forte augmentation de l’émigration au cours de ces 14 ans.
❏❏ En 1914 et durant la Première Guerre Mondiale, environ un tiers de la population de la montagne a émigré (Il est important de mentionner que cette vague d’émigration a donné au Liban ultérieurement un fort élan économique. Il est également estimé qu’un tiers de ceux qui ont quitté le Liban au cours de cette période y sont retournés. Ces personnes-là sont ceux qui ont créé une classe moyenne (chrétienne) très dynamique qui est à l’origine de la création du Liban moderne.
❏❏ De 1914 à 1945, peu de gens ont quitté le Liban en raison de la grave crise économique qui a frappé le monde en 1929.
❏❏ De 1945 à 1950, l’émigration a repris avec une moyenne de 3000 personnes par an.
❏❏ De 1950 à 1960, un nombre d’habitants très limité a émigré en raison de la vigueur de l’économie au Liban au cours de cette période (avec une moyenne de 3000 personnes par an également).
❏❏ De 1960 à 1970, l’émigration a augmenté à un taux de 9000 personnes par an en raison de la guerre israélo-arabe qui a éclaté en 1967.
❏❏ De 1970 à 1975, le taux d’émigration est passé à environ 10.000 personnes par an.
3
L’émigration récente au Liban, ainsi que les facteurs qui y ont contribué sont discutés dans ce qui suit.
Années 1975-1977 1978-1984 1985-1990 1991* 1992-2007 2008-2011** TOTAL
Nombred’émigrants
272,510 233,906 385,000 10,000 466,019 200,000 1,567,435
Source
Nabil Harfoush
Jihad Nasri Akl
Nabil Harfoush
Jihad Nasri Akl
Ali El ChamiJihad
Nasri Akl
General Security
Departures/Arrivals
ChohigKasparian
Guitta Hourani
*1990 - 1991: Informations collectées de l’Aéroport (arrivées/départs). (Sûreté générale) ; en raison du manque d’informations en 1991, nous avons réussi à utiliser le nombre de départs-arrivées en provenance de l’Aéroport International de Beyrouth. C’est pourquoi l’erreur de cette estimation peut être considérée comme négligeable.
** 2008 - 2011: Les chiffres sont basés sur une entrevue menée avec Dr. Guita Hourani qui a donné une estimation sur le nombre d’émigrants sur base d’une recherche discutée lors d’une conférence tenue au Japon sur l’émigration libanaise (4-6 Octobre, 2007).
4
III L’émigration par confessions :
Dans ce qui suit, nous donnons le pourcentage d’émigrants par confessions et énumérons plusieurs facteurs qui pourraient avoir influé ces variations en nombre sur une période de cinq ans. Il est à noter que les sources ont été choisies en fonction de leur indice de référence, en plus de plusieurs conseils qui recommandent l’utilisation de ces sources pour les années mentionnées.
1975 1984 506,416 [1,8]
Chrétiens 78% 395,004
Musulmans 22% 111,412
Facteurs Possibles
1- La Guerre des Deux ans (1975-1977)
2- Les effets de l’assassinat de Kamal Joumblatt (1977)
3- La Guerre des 100 Jours à Achrafieh (1978)
4- La Guerre de Zahlé (1981)
5- L’assassinat de Béchir Gemayel (Répercussions en 83 – 84)
6- La Guerre du “Jabal” (1983)
5
1985 1990 385,000 [1,12]
Chrétiens 17% 65,450
Musulmans 83% 319,550
Facteurs Possibles
1- Les répercussions de l’invasion israélienne.
2- Les développements majeurs dans la résistance chrétienne libanaise.
3- L’émigration des musulmans vers la région du Golfe et vers l’Afrique
(Pas de Visa pour L’Afrique).
4- Les conflits internes majeurs entre différents partis musulmans et palestiniens (La
Guerre des Camps).
6
1991 10,000
Chrétiens N/D N/D
Musulmans N/D N/D
Il est à noter que 10.000 personnes ne constituent pas un nombre significatif par rapport à la population totale du Liban et au nombre total d’émigrants.
7
1992 2007 466,019 [10]
Chrétiens 39.40% 183,611
Musulmans 60.60% 282,408
Facteurs Possibles
1- Les répercussions des guerres de « Tahrir » et « Ilgha »
2- Taux plus élevé d’émigration de musulmans vers la région du Golfe et de l’Afrique
3- Les guerres israéliennes (1993 – 1996 – 2006)
4- L’assassinat de Rafic Hariri (2005)
5- Le regain de l’élan politique chrétien
6- Le retrait de l’armée syrienne (2005)
7- Le développement économique
8
2008 2011 200,000 [1]
Chrétiens 41% 82,000
Musulmans 59% 118,000
Facteurs Possibles
1- Les répercussions de la guerre israélienne de 2006
2- L’invasion de l’Ouest de Beyrouth par le Hezbollah (le 7 mai 2008)
3- L’accroissement des tensions entre Chiites et Sunnites
4- Le développement de la communauté chrétienne
5- Le développement majeur du secteur de l’immobilier
9
Résumé par confessions
Dans le tableau suivant, nous donnons des estimations sur le nombre total d’émigrants de 1975 à 2011.
1975 2011 1,567,435
Chrétiens 46.64% 731,066
Musulmans 53.36% 836,369
10
IV Taux de fécondité :
Dans ce qui suit, le taux de fécondité est discuté et comparé au niveau des différentes confessions au Liban, notamment pour les années 1971 et 2004. Le taux de fécondité obtenu en 2004 sera mentionné et adopté; il est scientifiquement accepté de considérer le taux de fécondité comme presque constant pour une période de 10 ans. En d’autres termes, aucun changement significatif n’a été enregistré au niveau du comportement reproducteur pour une courte période de temps (moins de 10 ans), en tenant compte du fait qu’aucun rebondissement majeur ne s’est produit dans le comportement social entre 2004 et 2012. (Par exemple, le taux de fécondité au Liban en 2004 était de 1,70 tandis qu’en 2011, il est de 1,60).
Par conséquent, et avec des approximations mineures, le taux de fécondité enregistré en 2004 peut être adopté pour l’année 2012.
Les tableaux ci-dessous montrent un écart important au niveau du taux de fécondité au sein de la communauté musulmane et, en particulier, la population chiite, et ce en raison des facteurs ultérieurement présentés. Ces chiffres sont en accord avec de nombreuses études menées dans ce sens [5, 6]. Dans le cadre de la moyenne pondérée des taux de fécondité entre chrétiens et musulmans au Liban comme indiqué ci-dessous, on peut noter que la moyenne nationale du taux de fécondité va de pair avec le taux de fécondité estimé par la Banque Mondiale pour l’année 2012.
11
Taux de fécondité pour la période 1971 - 2004
Taux de fécondité pour la période 1971 - 2004
“Le rattrapage par les chrétiens, des musulmans en général et des chiites en particulier, est spectaculaire”Youssef Courbage
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Les facteurs qui ont directement touché le comportement reproducteur
Nous énumérons ci-dessous tous les facteurs qui, selon nous, ont contribué à la baisse du taux de fécondité en 2004. Bien que l’instabilité politique soit indirectement liée à la diminution du taux de fécondité dans la communauté musulmane, nous pensons que les facteurs suivants jouent un rôle dans cette transformation.
1- L’augmentation de l’éducation chez les garçons et à un stade ultérieur chez les filles, a abouti chez la plupart des jeunes à la possibilité de lire et d’écrire au début de la vingtaine.
2- L’accroissement du niveau d’éducation a retardé l’âge du mariage.
3- L’accroissement du niveau d’éducation a contribué à l’utilisation des moyens contraceptifs, surtout par les femmes.
4- Une diminution significative du mariage entre cousins et parents, ce qui a entraîné l’abaissement de la rigidité familiale et de la fermeture des groupes sociaux.
5- L’urbanisation – Le déplacement interne dans les villes et les banlieues nécessite un mode de vie différent de celui en cours dans les villages.
6- La diminution du taux de fécondité a permis aux parents de se concentrer davantage sur chaque enfant, spécialement sur le niveau d’éducation.
7- L’effet direct de la mondialisation.
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V La population générale par confessions :
Dans cette section, nous déterminons une estimation de la population générale par confessions. Des graphes basés sur les listes électorales sont considérés comme point de repère et les nombres en question sont ajoutés et déduits à partir de l’âge entre 0 et 18 ans, les émigrants, et l’âge entre 18 et 21 ans, si disponibles.
La population générale par confessions (Liste des électeurs inscrits, 2011)
La population générale par confessions (0 à 3 ans+ Elèves des écoles (3-18) + Liste des électeurs)
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La population générale par confessions (0 à 3 ans+ Elèves des écoles (3-18) + Elèves des écoles techniques (<21) + Liste des électeurs)
La population générale par confessions (0 à 3 ans+ Elèves des écoles (3-18) + Elèves des écoles techniques (<21) + Liste des électeurs + Etudiants universitaires (18-21))
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La population générale par confessions (Tout ce qui précède, y compris la déduction des émigrants)
Il est important de mentionner que 80% des émigrés (1991-2011) ont été déduits du compte sur la liste électorale, alors que les 20% restants y ont été considérés inclus ; pour ceux de moins de 21 ans, ils ne sont statistiquement pas inclus. En outre, plusieurs experts estiment que des nombres élevés de décédés n’ont pas été barrés des listes électorales, en particulier dans les communautés pauvres comme au Akkar, au Bekaa et au Sud.
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Résumé des données générales
Critères Globale Chrétiens Musulman
Population générale (> 21)
3,334,691 1,274,529 2,054,855
Emigration 1,432,231 664,985 767,246
Elèves d’écoles (< 18)+ (0 à 3 ans)
834,988 296,578 538,410
Etudiants Universitaire (18 – 21)
138,840 83,304 55,536
Elèves d’écoles techniques (<21)
104,727 37,633 67,094
Il faut mentionner que les druzes sont listés en tant que confession islamique. Il est difficile de trouver des études précises ou des projections séparées relatives à la confession druze. Cependant, la population druze résidante au Liban a été estimée en 2009 à environ 250.000 [20], ce qui constitue 6 à 8% de la population totale. Les chiffres mentionnés dans plusieurs sources confirment cette estimation.
17
VI Résumé des données projetées :
Dans le tableau suivant, nous présentons une projection dans le temps, d’ici 19 et 34 ans, sur l’estimation de la population du Liban par confessions. Tous les facteurs pris en considération pour déterminer une telle projection sont considérés comme constants à partir de 2011. Une explication détaillée est donnée ci-dessous concernant les facteurs qui ont été pris en compte dans la détermination de cette projection.
Populationgénérale
Globale Chrétiens Musulmans
2011 2,981,015 1,024,038 34.35% 1,951,669 65.47%
2030 4,133,015 1,552,038 37.55% 2,575,669 62.32%
2045 5,033,015 1,964,538 39.03% 3,063,169 60.86%
18
1. Les données sur les taux de fécondité de l’année 2011 ont été utilisées et considérées comme constants pour les années projetées. En outre, le taux de fécondité (chrétiens et musulmans) pourrait diminuer légèrement chaque 10-15 ans mais reste au-dessus du taux moyen de fécondité dans les pays de l’Union européenne (Euro stat: 1,59 en 2009).
2. Le taux de mortalité n’a pas été inclus dans notre calcul. Nous prévoyons que le taux de mortalité va augmenter légèrement mais non significativement en raison de la baisse des conditions de vie en général (par exemple: l’affaiblissement du pouvoir d’achat) chaque 10-15 ans jusqu’en 2050. En outre, les musulmans ont un taux de mortalité plus élevé .
3. Il est important de mentionner que la capacité de remplacement ou la croissance de la population (natalités > mortalités) pour les chrétiens et les musulmans restera positive jusqu’en 2050.
4. L’émigration et l’immigration ne sont pas prises en compte dans les données projetées étant donné qu’elles ne peuvent pas faire l’objet d’une extrapolation.
Dans ce qui suit, nous présentons une projection dans le temps, de 19 et de 34 années, sur l’estimation de la population selon les pourcentages figurant sur la liste électorale. Il est également intéressant de mentionner que les hypothèses présentées ci-dessus se basent sur la détermination des projections.
Liste électorale Globale Chrétiens Musulmans
2011 3,334,691 1,274,529 38.22% 2,054,855 61.62%
2030 4,486,691 1,802,529 40.18% 2,678,855 59.71%
2045 5,386,691 2,215,029 41.12% 3,166,355 58.78%
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VII Résumé général :
Les principaux points du rapport présenté se résument comme suit :
1- Depuis le début de la guerre en 1975, et jusqu’au milieu des années 80, l’émigration des chrétiens était significativement plus élevée que l’émigration musulmane ; cependant, ce fait a été inversé pendant la période qui s’étend de 1984 à 2011. En conséquence, le nombre total d’émigrants entre 1975 et 2011 selon l’appartenance religieuse touche 46% des chrétiens et 54% des musulmans.
2- Le taux de fécondité au sein de la communauté musulmane a considérablement diminué entre 1971 et 2004. D’autre part, le taux de fécondité au sein de la communauté chrétienne a aussi diminué dans les années mentionnées, mais à un rythme plus lent, ce qui laisse le taux de fécondité dans les deux communautés beaucoup plus proche de nos jours qu’il ne l’était dans les années 70 et même au début des années 80.
3- Les chrétiens libanais résidant au Liban sont estimés à environ 34% de la population totale résidente et environ 38% des listes électorales. Contrairement à la perception populaire, cette étude démontre que la tendance qui avait cours durant les dernières quarante années, et qui semblait destinée à continuer indéfiniment s’est inversée. En effet, cette étude montre que la population chrétienne s’est stabilisée durant les dernières années, et allait en fait augmenter pour atteindre environ 38% de la population chrétienne résidente et près de 40% des listes électorales dans 19 ans, et environ 39% des chrétiens résidents et 41% des listes électorales dans 34 ans.
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