le surréalisme par giuseppina martoriello
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LE SURREALISME l’histoire d’un mot
par giuseppina martoriello
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Avant, il y avait le DadaLe mouvement Dada, souvent appelé « dadaïsme » par erreur, puisque les artistes le composant refusaient ce terme, est
un mouvement intellectuel, littéraire et artistique qui, pendant la Première Guerre mondiale, se caractérise par une
remise en cause, à la manière de la table rase, de toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et
politiques. Dada connaît notamment une rapide diffusion internationale.
Dada met en avant un jeu avec les convenances et les conventions, le rejet de la raison et de la logique, et marque, avec
son extravagance notoire et son art très engagé, sa dérision pour les traditions.
Les artistes de Dada se voulaient irrespectueux, extravagants, affichant un mépris total envers les « vieilleries » du
passé. Ils cherchaient à atteindre la plus grande liberté d'expression, en utilisant tout matériau et support possible.
Ils avaient pour but de provoquer et d'amener le spectateur à réfléchir sur les fondements de la société. Ils cherchaient
également une liberté du langage, qu'ils aimaient lyrique et hétéroclite.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dada
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la Fontaine de Marcel Duchamp, 1917.
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et les avant-gardes venaient de
naitre
Le terme avant-garde désigne, depuis le XIXe siècle, des personnes qui entreprennent des actions nouvelles ou
expérimentales, en particulier dans les arts et la culture. Cette pratique s'inspire des idées de la Révolution française et
comme elle, n'exclut pas que s'en réclament des personnages installés au cœur du pouvoir politique et hostiles à la
société civile.
L'avant-garde se veut l'opposé exact de l'académisme.
En art, quelques artistes avant-gardistes refusent toutes affiliations avec leurs prédécesseurs et se placent donc en
porte à faux en refusant tout art antérieur. Le terme est souvent utilisé en art à propos d'artistes qui « seraient » en
avance sur leur époque.
Selon l'avant-garde, la valeur d'une œuvre se confond avec son caractère inouï, en avance sur son temps. Il n'y a pas un
modèle éternel du Beau, l'artiste se doit de concentrer dans sa production l'essence de la modernité, encore en
gestation, de rompre avec les conceptions artisanales de l'art, avec le culte de la nature et le réalisme de l'art figuratif.
Sous une forme moins directement liée à l'idée d'une mission historique de l'artiste, l'avant-gardisme renvoie à une
conception individualiste de la création. Tout peut devenir art, si l'artiste le décide, l'artiste étant libéré de tout stéréotype
social ou esthétique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Avant-garde_(art)
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Les protagonistes
Les premiers surréalistes
Louis Aragon
André Breton
Paul Éluard
Philippe Soupault
Pierre Reverdy
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le choix d’un mot
" En hommage à Guillaume Apollinaire, qui venait de mourir et qui, à
plusieurs reprises, nous paraissait avoir obéi à un enchaînement de ce
genre, sans toutefois y avoir sacrifié de médiocres moyens littéraires,
Soupault et moi, nous désignâmes par le nom de SURREALISME le
nouveau mode d'expression pure que nous tenions à notre disposition
[...] Je crois qu'il n'y a plus aujourd'hui à revenir sur ce mot et que
l'acception dans laquelle nous l'avons pris a prévalu généralement sur
son acception apollinarienne. " ( Manifeste du surréalisme, p. 36)
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Guillaume Apollinaire
Le premier à utiliser ce terme, comme sous-titre de sa pièce, Apollinaire
affirme:
" Pour concrétiser mon drame, je me suis servi d'un néologisme qu'on me pardonnera car cela m'arrive
rarement et j'ai forgé l'adjectif surréaliste qui ne signifie pas du tout symbolique [. .] mais définit assez bien
une tendance de l'art qui, si elle n'est pas plus nouvelle que tout ce qui se trouve sous le soleil, n'a du moins
jamais servi à formuler aucun credo, aucune affirmation artistique et littéraire. [...] J'ai pensé qu'il fallait revenir
à la nature même, mais sans l'imiter à la manière des photographes.
Quand l'homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue, qui ne ressemble pas à une jambe. Il a
fait ainsi du surréalisme sans le savoir. ( comprenons que ce qui relève de l'invention humaine est surréaliste par
rapport à ce qui est naturellement ) [...] Au demeurant, le théâtre n'est pas plus la vie qu'il interprète que la
roue n'est une jambe. [...] Je ne prétends nullement fonder une école, mais avant tout protester contre ce
théâtre en trompe-l'œil, qui forme le plus clair de l'art théâtral d'aujourd'hui." ( Préface des Mamelles de Tirésias,
1917)
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Le refus d’un sens
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Le mot « surréalisme » a été choisi en hommage à Apollinaire. Celui-ci venait en effet de mourir (1918) et
avait signé peu auparavant avec Les Mamelles de Tirésias un « drame surréaliste ». C'est dans son
premier Manifeste que Breton en propose la définition : Surréalisme, n. m. Automatisme psychique pur par
lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le
fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison,
en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
En fait, le surréalisme dépasse très largement cette définition de l'écriture automatique, Breton ayant pris
grand soin de le distinguer d'une école littéraire.
C'est dans la vie que le surréalisme devait trouver son territoire en promouvant un nouveau regard sur les
objets et sur les mots, qu'il a débarrassés de leur utilitarisme.
Veillant à ne laisser échapper aucune association mentale digne de contribuer à la libération de l'esprit, il
a fourni aussi le modèle durable d'une insurrection générale contre tous les mots d'ordre de la société
bourgeoise. Profondément marqué enfin par la personnalité d'André Breton, le surréalisme est
indissociable d'une morale dont les impératifs catégoriques - la poésie, l'amour, la liberté - ont été haut
tenus, malgré les vicissitudes du groupe et les tentatives de réduction.
Le but du surréalismeLibérer les esprits en expérimentant de nouveaux modes d'exploration du réel et de nouveaux
modes d'expression:
L'écriture automatique
Les sommeils provoqués
Les jeux verbaux ( les " cadavres exquis")
Les dessins spontanés
Les collages
Donner libre cours à la vie psychique : explorer les rêves, l'inconscient et le
subconscient.
Accorder au désir une toute puissance
Redonner ses droits à l'imagination.
Réhabiliter le merveilleux.
Se débarrasser du rationalisme, de la logique, de la morale, des interdits sociaux,
du bon gout.
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Changer la vie et " écrire une nouvelle déclaration des droits de l'homme"
Non pas transcender le réel mais l'approfondir, c'est-à-dire " prendre une conscience toujours
plus nette en même temps que toujours plus passionnée du monde sensible " ( Breton)
Trouver la beauté hors des cadres esthétiques stéréotypés et communément admis.
L'inspiration vient des profondeurs de l'être, de l'inconnu :" [...] j'assiste à l'éclosion de ma
pensée : je la regarde, je l'écoute" ( Breton, Les Pas perdus)
L'activité surréaliste nécessite une rupture totale avec le monde tel qu'il nous est donné ; elle
préconise la révolte absolue, l'insoumission totale, le sabotage en règle."
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L'« automatisme psychique pur »
Le surréalisme a d'abord entrepris la libération des mots, refusant de les cantonner à
l'utilitarisme étroit auquel on les condamne. Par ce biais, il a devancé les recherches des
linguistes contemporains, attentifs à distinguer le pouvoir du signifiant de la chose signifiée.
Oublieux du sens étroit indiqué par les dictionnaires, les surréalistes ont considéré les mots en
soi et examiné leurs réactions les uns sur les autres. « Ce n'est qu'à ce prix, note Breton, qu'on
pouvait espérer rendre au langage sa destination pleine, ce qui, pour quelques-uns dont j'étais, devait
faire faire un grand pas à la connaissance, exalter d'autant la vie.» (Les Pas perdus).
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André Breton (1896-1966)
Manifeste du surréalisme (1924)
Aux écoutes d'une « voix intérieure » qui leur dicte Les Champs magnétiques
(1919), Breton et Soupault élaborent une poétique radicalement nouvelle, bâtie
sur le caractère impérieux et gratuit d'un automatisme verbo-auditif. Revenant,
dans son premier Manifeste, sur l'expérience, Breton ne doute pas d'avoir
trouvé là la matière première de l'inspiration poétique et il assignera pour tâche
au surréalisme l'exploration de l'inconscient, terreau de ce matériau inouï.
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Des « spécialistes de la révolte »
Le surréalisme s'est constamment situé au cœur des événements. Mais
sa position ne pouvait se satisfaire de l'appareil des partis, y compris de
celui du Parti communiste, dont il a voulu un temps se sentir proche.
C'est qu'aux impératifs de la Révolution sociale, les surréalistes ont
toujours subordonné l'urgence majeure qui devait être la libération des
modes de pensée : «”Transformer le monde" a dit Marx ; "changer la vie" a dit
Rimbaud : ces deux mots d'ordre pour nous n'en font qu'un », affirme Breton
(Position politique du surréalisme).
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L’exaltation de la modernité
Une « mythologie moderne »
Baudelaire le notait déjà : « La vie parisienne est féconde en sujets poétiques et merveilleux :
le merveilleux nous enveloppe et nous abreuve comme l'atmosphère ». Les surréalistes furent
attentifs à la vie secrète de la grande ville, dont les rues fourmillent de « hasards objectifs » :
ceux des rencontres dans le « vent de l'éventuel », comme le dit Breton (voyez nos pages sur
Nadja), mais aussi ceux des associations fortuites permises par le spectacle des vitrines ou
des affiches publicitaires. Dégagées de leur visée commerciale, celles-ci fournissent au
promeneur égaré une imagerie entièrement inédite qui est à la source de la modernité.
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La femme
« La femme est l'être qui projette la plus grande ombre ou la plus grande lumière dans nos
rêves » écrivait Baudelaire. A la lueur de cette étoile, les surréalistes ont magnifié la relation
amoureuse, méritant ce qu' Albert Camus écrivait de Breton : « Dans la chiennerie de son
temps, et ceci ne peut s'oublier, il est le seul à avoir parlé profondément de l'amour. L'amour
est la morale en transes qui a servi de patrie à cet exilé. » (L'Homme révolté).
L'amour est aussi pour les surréalistes cette révolution privée où s'autorisent toutes les
transgressions.
Ce discours amoureux, dont les fragments épars chez des auteurs pourtant divisés se
répondent en échos harmonieux, est sans doute ce que le surréalisme aura laissé de plus
vibrant pour attester de son énergie.
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Manifeste du surréalisme
André Breton
1924
(…) Nous vivons encore sous le règne de la logique, voilà, bien entendu, à quoi je voulais en venir. Mais les procédés logiques, de
nos jours, ne s’appliquent plus qu’à la résolution de problèmes d’intérêt secondaire. Le rationalisme absolu qui reste de mode ne
permet de considérer que des faits relevant étroitement de notre expérience. Les fins logiques, par contre, nous échappent. Inutile
d’ajouter que l’expérience même s’est vu assigner des limites. Elle tourne dans une cage d’où il est de plus en plus difficile de la
faire sortir. Elle s’appuie, elle aussi, sur l’utilité immédiate, et elle est gardée par le bon sens. Sous couleur de civilisation, sous
prétexte de progrès, on est parvenu à bannir de l’esprit tout ce qui se peut taxer à tort ou à raison de superstition, de chimère, à
proscrire tout mode de recherche de la vérité qui n’est pas conforme à l’usage. C’est par le plus grand hasard, en apparence, qu’a
été récemment rendue à la lumière une partie du monde intellectuel, et à mon sens de beaucoup la plus importante, dont on
affectait de ne plus se soucier. Il faut en rendre grâce aux découvertes de Freud.
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Sur la foi de ces découvertes, un courant d’opinion se dessine enfin, à la faveur duquel l’explorateur humain pourra pousser
plus loin ses investigations, autorisé qu’il sera à ne plus seulement tenir compte des réalités sommaires. L’imagination est peut-être
sur le point de reprendre ses droits. Si les profondeurs de notre esprit recèlent d’étranges forces capables d’augmenter celles de la
surface, ou de lutter victorieusement contre elles, il y a tout intérêt à les capter, à les capter d’abord, pour les soumettre ensuite, s’il
y a lieu, au contrôle de notre raison. Les analystes eux-mêmes n’ont qu’à y gagner. Mais il importe d’observer qu’aucun moyen
n’est désigné a priori pour la conduite de cette entreprise, que jusqu’à nouvel ordre elle peut passer pour être aussi bien du ressort
des poètes que des savants et que son succès ne dépend pas des voies plus ou moins capricieuses qui seront suivies.
C’est à très juste titre que Freud a fait porter sa critique sur le rêve. Il est inadmissible, en effet, que cette part considérable de
l’activité psychique (puisque, au moins de la naissance de l’homme à sa mort, la pensée ne présente aucune solution de continuité,
la somme des moments de rêve, au point de vue temps, à ne considérer même que le rêve pur, celui du sommeil, n’est pas
inférieure à la somme des moments de réalité, bornons-nous à dire : des moments de veille) ait encore si peu retenu l’attention.
L’extrême différence d’importance, de gravité, que présentent pour l’observateur ordinaire les événements de la veille et ceux du
sommeil, a toujours été pour m’étonner.
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C’est que l’homme, quand il cesse de dormir, est avant tout le jouet de sa mémoire, et qu’à l’état normal celle-ci se plaît à lui
retracer faiblement les circonstances du rêve, à priver ce dernier de toute conséquence actuelle, et à faire partir le seul déterminant
du point où il croit, quelques heures plus tôt, l’avoir laissé : cet espoir ferme, ce souci. Il a l’illusion de continuer quelque chose qui
en vaut la peine.
En hommage à Guillaume Apollinaire, qui venait de mourir et qui, à plusieurs reprises, nous paraissait avoir obéi à un
entraînement de ce genre, sans toutefois y avoir sacrifié de médiocres moyens littéraires, Soupault et moi nous désignâmes sous le
nom de SURRÉALISME le nouveau mode d’expression pure que nous tenions à notre disposition et dont il nous tardait de faire
bénéficier nos amis. Je crois qu’il n’y a plus aujourd’hui à revenir sur ce mot et que l’acception dans laquelle nous l’avons pris a
prévalu généralement sur son acception apollinarienne. À phis juste titre encore, sans doute aurions-nous pu nous emparer du mot
SUPERNATURALISME, employé par Gérard de Nerval dans la dédicace des Filles du feu[11].
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SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit,
soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé
par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
ENCYCL. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées
jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres
mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. Ont fait acte de
SURRÉALISME ABSOLU MM. Aragon, Baron, Boiffard, Breton, Carrive, Crevel, Delteil, Desnos, Éluard, Gérard,
Limbour, Malkine, Morise, Naville, Noll, Péret, Picon, Soupault, Vitrac. (…)
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