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Musée d’Art moderne de Troyes Collège 4 e -3e 1 LE PEINTRE ET SON UNIVERS Ce dossier pédagogique permet de mettre de mettre en éclairage trois artistes, Raoul Dufy, Albert Marquet et Bernard Buffet et trois de leurs œuvres achetées par les collectionneurs Denis et Pierre Lévy et donateurs de la quasi-totalité de la collection du Musée d’Art moderne de Troyes. Le point commun entre ces trois œuvres est qu’elles représentent toutes l’espace que chaque peintre a peint régulièrement tout au long de sa vie. Quel est ce cadre? Ce dossier comporte un ensemble de pistes et d’informations autour d’une proposition d’activité permettant l’analyse de ces trois tableaux que chaque enseignant doit adapter, modifier selon les objectifs et le niveau des élèves. SOMMAIRE Cliquez sur les mots ou les intitulés pour aller sur la page que vous souhaitez consulter Introduction Présentation du dossier Objectifs pédagogiques Démarche pour les enseignants Présentation des œuvres Albert Marquet Raoul Dufy Bernard Buffet Place dans les programmes de collège de 4 e et 3 e Arts plastiques Histoire Géographie Français Mathématiques Langues vivantes SVT Physique Musique EPS Education civique Socle de compétences Pistes pour la préparation et le prolongement de la visite Parcours pédagogique proposé Place dans l’Histoire des arts au collège Arts, techniques, expressions Arts, ruptures, continuité Arts, espace, temps Arts, créations, cultures

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Musée d’Art moderne de Troyes Collège 4e-3e

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LE PEINTRE ET SON UNIVERS

Ce dossier pédagogique permet de mettre de mettre en éclairage trois artistes, Raoul Dufy, Albert Marquet et Bernard Buffet et trois de leurs œuvres achetées par les collectionneurs Denis et Pierre Lévy et donateurs de la quasi-totalité de la collection du Musée d’Art moderne de Troyes. Le point commun entre ces trois œuvres est qu’elles représentent toutes l’espace que chaque peintre a peint régulièrement tout au long de sa vie. Quel est ce cadre? Ce dossier comporte un ensemble de pistes et d’informations autour d’une proposition d’activité permettant l’analyse de ces trois tableaux que chaque enseignant doit adapter, modifier selon les objectifs et le niveau des élèves.

SOMMAIRE

Cliquez sur les mots ou les intitulés pour aller sur la page que vous souhaitez consulter

Introduction

Présentation du dossier Objectifs pédagogiques

Démarche pour les enseignants

Présentation des œuvres

Albert Marquet Raoul Dufy

Bernard Buffet

Place dans les programmes de collège de 4e et 3e

Arts plastiques

Histoire

Géographie

Français

Mathématiques

Langues vivantes

SVT

Physique

Musique

EPS

Education civique

Socle de compétences

Pistes pour la préparation et le prolongement de la visite Parcours pédagogique proposé

Place dans l’Histoire des arts au collège

Arts, techniques, expressions

Arts, ruptures, continuité

Arts, espace, temps

Arts, créations, cultures

Musée d’Art moderne de Troyes Collège 4e-3e

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PRESENTATION DU DOSSIER

L’activité proposée s’adapte au niveau 4e et 3e cu collège Elle s’adresse principalement aux enseignants d’Arts plastiques, Français, Physique et Mathématiques. Cependant, les autres matières peuvent s’y intégrer. L’activité s’articule autour de la problématique suivante : Comment les peintres rendent-ils compte de leur espace familier ? Elle s’organise à partir de l’analyse de trois tableaux

La Seine vue du quai des Grands Augustins d’Albert Marquet (1875-1947) - huile sur toile, 65x81cm

L’atelier, Raoul Dufy- huile sur toile 120x150cm - peint entre 1935-1952

L’atelier, Bernard Buffet- huile sur toile- 162 cm x 131 cm ; 1956 L’étude de ces trois œuvres permet d’appréhender quelques évolutions dans l’Art moderne:

L’évolution du fauvisme avec Albert Marquet et Raoul Dufy

L’évolution de la peinture au XXe siècle en dehors du Cubisme et de l’abstraction avec Bernard Buffet

L’approche de ce thème peut être complétée par d’autres tableaux de la collection :

Femme triste dans un atelier, Bernard Buffet - Huile sur toile – 57 x 45 cm – 1948

Etude d’atelier, Maurice Marinot (1882-1960)– Huile sur toile-46 x 38 cm, 1904

Nu féminin, Jean Puy (1876-1960) – Huile sur toile – 111 x 70 cm

L’atelier, Jean Puy - Huile sur toile – 81.5 x 64 cm

Femme dans un atelier – Isabelle Damiler, André Derain - Huile sur toile – 47 x 51 cm

Le modèle, Pierre Laprade (1875-1931) – Huile sur carton – 47 x 34.5cm

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OBJECTIFS PEDAGOGIQUES

DU DOSSIER

L’activité proposée en fin de dossier vise à aider les élèves à comprendre que le peintre est un artiste qui écrit et que ses mots sont des images qui se composent de lignes et de couleurs. A travers un questionnement il doit permettre aux élèves de comprendre une œuvre mais aussi d’apprendre à l’apprécier. Venir travailler dans un musée permet d’autres approches que le travail en classe et encourage les élèves à acquérir de l’autonomie mais aussi l’envie de fréquenter les structures culturelles. L’activité proposée repose sur un travail en groupes qui oblige les élèves à prendre position, argumenter leurs choix, à justifier leur point de vue dans un autre cadre que celui de la classe. L’idée est qu’ils prennent conscience que toute réponse impose un « pourquoi ? ». L’enseignant n’est plus le juge et le détenteur absolu du vrai. Il est ici davantage un médiateur qui doit encourager l’élève à s’engager dans de nombreuses directions et à exposer ses opinions. Certaines questions laissent une liberté totale à l’élève. Il ne se sent pas pénalisé. De plus les élèves doivent pouvoir aller à leur propre rythme. L’objectif du dossier et du parcours est de favoriser la transdisciplinarité pour les enseignants et le transfert de compétences d’une matière à une autre pour les élèves. Elle vise à faire percevoir que les apprentissages dans les différents domaines ont des liens étroits.

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DEMARCHE CONSEILS

CONSIGNES

Durée de l’activité pédagogique : 1h à 1H30 Organisation de l’activité et suggestions pour la mise en œuvre du parcours pédagogique proposé en fin de dossier:

Le dossier se compose de deux fiches et une fiche de synthèse.

Les élèves peuvent étudier les trois œuvres dans n’importe quel ordre. L’important est qu’ensuite un ordre chronologique des peintures observées soit restitué.

Prévoir un maximum de 17-20 élèves pour l’étude de ces trois tableaux. Diviser votre groupe en 3 petits groupes autonomes de façon à ce que les élèves ne travaillent pas en même temps sur la même œuvre.

Si la classe comprend environ une trentaine d’élèves, ou plus, il faut

envisager de diviser la classe en deux groupes, l’un faisant cette activité mais sur une heure seulement ; l’autre groupe travaille ailleurs dans le musée, soit sur la même activité mais autour d’autres œuvres (voir liste page 2), soit il suit un petite visite guidée sur un thème avec conférencière (mais payant) ou encore il travaille sur une fiche d’analyse d’œuvre. Au bout d’une heure les deux groupes permutent.

Il est possible de mener cette activité de différentes façons : Soit en une seule visite et toute la reprise est faite en classe selon les matières qui y participent. Soit en deux visites successives :

Lors de la première visite les élèves sont en totale autonomie avec le questionnaire proposé par l’enseignant Lors de la seconde visite vous pouvez :

Soit envisager vous-même la reprise du parcours ou soit envisager une reprise par chaque groupe sous la forme d’exposé.

Soit faire une visite avec conférencière (payante) qui reprend ce que les élèves ont vu et noté sur leur dossier et apporte un complément artistique et plastique

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PLACE DANS LES PROGRAMMES DE COLLEGE1

EN ART PLASTIQUES Le programme de 4e et 3e est particulièrement adapté à cette activité.

L’objectif pour les élèves ait d’acquérir une culture artistique prenant appui pour partie sur l’histoire des arts, afin qu’il soit capable de : - Expérimenter de façon sensible l’espace des œuvres; - Connaître des termes spécifiques aux arts plastiques; - Connaître des œuvres, des artistes, des courants emblématiques de la relation espace et spectateur ; - Appréhender les créations artistiques.

Ils doivent acquérir un comportement autonome et responsable qui leur permet de : - Faire preuve de curiosité et d’esprit critique envers l’art sous toutes ses formes; - Travailler en équipe, animer un groupe ; - Analyser, argumenter, critiquer, participer à la verbalisation, écouter et accepter les avis divers et contradictoires, en rendre compte. Ces compétences rejoignent celles des autres matières et celles du socle de compétences.

Le programme de la classe quatrième Le programme en troisième

Il est organisé autour des notions Images, œuvre et réalité. Il vise à l’approfondissement des relations que les élèves entretiennent entre les images et la réalité. L’étude du thème du dossier leur permet : De situer les images au regard de repères culturels communs. D’approfondir l’étude des images et leur diversité D’approfondir l’étude des codes de représentation, des valeurs expressives, des composantes matérielles et plastiques des images, de la lumière et de la couleur. De se saisir de la singularité des images d’artistes et les différencier des images de communication et de documentation De développer un point de vue analytique et critique à travers l’étude de plusieurs tableaux.

Il est centré autour de l’espace, l’œuvre et le spectateur. Les trois tableaux recoupent les préoccupations à développer sur l’année autour de : La prise en compte et la compréhension de l’espace de l’œuvre : il s’agit, pour en comprendre la portée artistique, d’affiner la perception des dimensions de l’espace et du temps comme éléments constitutifs de l’œuvre. L’expérience sensible de l’espace permet d’interroger les rapports entre l’espace perçu et l’espace représenté, la question du point de vue (fixe et mobile), les différents rapports entre le corps de l’auteur et l’œuvre (geste, posture, performance), entre le corps du spectateur et l’œuvre (être devant, dedans). L’espace, l’œuvre et le spectateur dans la culture artistique amène l’élève à aborder l'œuvre dans ses dimensions culturelles, sociales et politiques) et sa réception par le spectateur.

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1 Voir tableau détaillé en ANNEXE 1 présentant les programmes par rapport au dossier et Bulletin officiel spécial n° 6 du

28 août 2008

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EN FRANCAIS Le programme de 4e et 3e est particulièrement adapté à cette activité.

Pour les deux niveaux le programme de français s’adapte à la démarche des enseignements puisqu’il met en œuvre plusieurs capacités au travers de l’étude de la langue et d’un vocabulaire spécifique, du développement et de l’enrichissement des notions lexicales, de l’expression orale.

L’écriture En classe de 4e En classe de 3e

Le professeur initie l'élève à la rédaction du résumé d’un récit ou d’une scène de théâtre, ainsi qu’à la rédaction de paragraphes.

Les activités d’écriture permettent à l’élève d’affiner l’expression de soi, de développer et d’affirmer son point de vue dans l’argumentation, de mettre l’accent sur l'implication et l'engagement (opinion, conviction, émotion), ou au contraire, la mise à distance et le détachement (objectivité, distance critique, humour). Dans toutes les activités du cours de français, l'élève doit se montrer capable de rédiger une synthèse, à partir d'une trace écrite au tableau ou de recherches personnelles. Il s’initie à la prise de notes.

L’oral : La pratique du dialogue entre les élèves est enrichie et approfondie : dialogue explicatif ou argumentatif, dans lequel chacun présente son point de vue, accepte et comprend celui d’autrui et le prend en compte.

En Troisième, l’apprentissage de l’oral poursuit les objectifs définis pour les classes antérieures. Le professeur veille à ce que les élèves approfondissent l’entraînement au dialogue, notamment dans sa forme plus complexe que constitue le débat

La lecture: Le programme est surtout centré sur le XIXe siècle. Ainsi le paysage peint de Paris par Albert Marquet renvoie à certaines descriptions des auteurs cités par les programmes. La Poésie centrés sur le lyrisme peut offrir une autre entrée, notamment autour des deux œuvres très personnelles de Dufy et Buffet. Le la poésie du XXe siècle autour de la liste proposée peut permettre de faire un lien avec les œuvres proposées

Le programme est centré sur le XXe siècle et s’adapte ainsi à l’étude des trois tableaux. La thématique elle aussi correspond davantage à ce qui est vu à ce niveau.

- Formes du récit aux XX° et XXI° siècles - La poésie dans le monde et dans le siècle - Théâtre : continuité et renouvellement

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EN MATHEMATIQUES 4e et 3e

Le programme de 4e et 3e est particulièrement adapté à cette activité. Les œuvres permettent d’analyser les principes de la perspective et d’utiliser les éléments de l’enseignement de la géométrie (Configurations dans l’espace, agrandissement et Réduction : proportionnalité, perspective). Les trois tableaux présentent différentes façons de représenter l’espace.

EN PHYSIQUE Le programme de 4e est particulièrement adapté à cette activité.

En classe de 4e En classe de 3e La 3ième partie du programme de Quatrième invite à étudier La lumière : couleurs, images, vitesse en prolongement du programme de cinquième. La physique-chimie est fortement corrélée au collège aux autres disciplines du pôle des sciences ainsi qu’aux autres disciplines du collège. Cette thématique est abordée à deux rubriques C1 - Lumières colorées et couleur des objets C2 - Que se passe-t-il quand la lumière traverse une lentille ?

En Troisième le programme ne présente pas les mêmes liens qu’en quatrième. Le travail peut néanmoins s’appuyer sur les acquis des classes précédentes.

→ EN HISTOIRE L’histoire des arts est au cœur des programmes et invitent les enseignants à travailler les capacités suivantes sur tous les niveaux. En cela le travail autour de trois œuvres permet d’y répondre : - identifier la nature de l’œuvre. - situer l’œuvre dans le temps et dans son contexte et en expliquer l’intérêt historique. - décrire l’œuvre et en expliquer le sens. - distinguer les dimensions artistiques et historiques de l’œuvre d’art.

Classe de 4e Classe de 3e Thème transversal au programme d’histoire : Les arts, témoins de l’histoire des XVIIIe et XIXe siècles

Thème transversal au programme d’histoire : Les arts, témoins de l’histoire du monde contemporain

Ce parcours peut s’inclure dans le thème 1 - L’ÂGE INDUSTRIEL de la partie III du programme - Le XIXe SIÈCLE. Ainsi le tableau d’Albert Marquet montre un Paris de la fin du XIXe siècle, début XXe.

LE MONDE DEPUIS 1914 Le parcours peut s’insérer dans le thème 2 : GUERRES MONDIALES ET REGIMES TOTALITAIRES (1914-1945) avec le tableau de Bernard Buffet qui se place dans cet immédiat après Deuxième Guerre mondiale et auquel il fait écho à plusieurs niveaux.

→ EN GEOGRAPHIE En classe de 3e

L’étude de cas sur l’agglomération parisienne peut trouver un écho dans la présentation de la ville au début du XIXe siècle avec le tableau d’Albert Marquet.

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→ LES LANGUES VIVANTES

Elles sont également partie prenante dans les arts : les contenus culturels donnent sens à la langue sans constituer pour autant une fin en soi. Ils ne font pas l'objet d'un enseignement spécifique : on y fait appel en toute modestie, en tenant compte des situations de communication dans les différentes activités langagières.

→ En EPS et EDUCATION CIVIQUE Les enseignants peuvent y trouver l’occasion de développer les compétences comportementales de groupe, de respect.

→ SVT : Les « arts du visuel » permettent d’étudier les multiples formes de la représentation du corps humain et de la nature mais aussi d’introduire quelques grands repères dans l’histoire des sciences, des techniques et des arts. Les trois tableaux peuvent là aussi être un écho aux programmes, notamment en 3e où est étudié « diversité et unité des êtres humains »

→ EN MUSIQUE

Cet enseignement vise à poser des repères esthétiques et à développer la sensibilité aux différentes expressions artistiques musicales. Il est possible de lier les repères esthétiques caractéristiques d’une époque, d’un espace (ici la France) d’une fonction de la musique, d’un style en lien avec les trois tableaux. L’ensemble du dossier permet donc de travailler le socle de compétences au collège. La maitrise de la langue française La pratique d’une langue vivante étrangère Les principaux éléments de mathématiques La culture scientifique et technologique La maitrise des techniques usuelles de l’information et de la communication La culture humaniste Les compétences sociales et civiques l’autonomie et l’initiative

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PLACE DES ŒUVRES ET DU DOSSIER

DANS L’HISTOIRE DES ARTS EN COLLEGE

DOMAINE ARTISTIQUE CONCERNE Arts visuels

Arts, techniques, expressions Cette thématique permet d’aborder les œuvres d’art comme support de connaissance, d’invention, d’expression en relation avec le monde technique. Ainsi l’œuvre d’art est aussi le reflet de l’influence des techniques Depuis le milieu du XIXe siècle L’invention de la photographie permet de comprendre pourquoi les peintres cherchent à s’affranchir de la reproduction du modèle exact de ce qu’ils voient. Cette innovation majeure les amènent à s’éloigner encore davantage des codes picturaux classiques afin d’innover.

A partir du milieu du XIXe les peintres sortent de leur atelier, peignent à l’extérieur et saisissent ce qu’ils voient, ce qu’ils ressentent. Pourtant ici les peintres restent dans leur atelier ou leur univers. C’est également au cours du XIXe siècle qu’apparaissent les premières couleurs industrielles pour la peinture à l’huile ; Le procédé traditionnel de superposition des couleurs par touche nécessitant un temps de séchage est remplacé par la peinture en une seule séance et sans séchage entre les couches. Ici les trois peintres ont chacun leur propre technique.

Arts, ruptures, continuité Cette thématique permet d’aborder les effets de ruptures entre les différentes périodes artistiques, entre les arts et dans les œuvres d’art. L’art moderne constitue un changement profond dans l’histoire de l’art.

Ainsi le dossier, au-delà de l’analyse d’une époque s’intéresse à L’œuvre d’art et sa composition (construction, structure, hiérarchisation...) ; effets de composition / décomposition (variations, répétitions, séries, ruptures, etc.) ; la remise en cause des conventions. Ici les trois tableaux permettent de comparer trois visions de la composition.

Arts, espace, temps Les trois tableaux ne présentent pas les mêmes relations avec les notions de temps et d’espace. Dufy apparait comme une mise à distance du réel, l’espace est presque celui du rêve de l’imaginaire. Marquet présente une vue sur le Paris qu’il voit de sa fenêtre.

Buffet lui inscrit sa peinture dans un contexte historique caractéristique : celui de l’immédiat après guerre Chacun joue cependant à sa façon avec le regard du spectateur, son point de vue.

Arts, créations, cultures Cette thématique qui permet d’aborder les œuvres d’art à travers les cultures, les sociétés, les civilisations dont elles construisent l’identité et la diversité. On peut inclure ces trois analyses dans un cadre plus vaste qui est celui de toute l’évolution picturale de l’Art moderne.

La notion d’atelier permet également d’aborder le lieu de vie et de travail du peintre. Ce n’est pas seulement le lieu de création mais aussi un espace où le peintre reçoit, où il réunit ses amis, peintres, sculptuers, écrivains, amateurs d’art, clients, personnalités politiques, mécènes.

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PISTES POUR LA PREPARATION ET

LE PROLONGEMENT DE LA VISITE EN CLASSE

En Mathématiques Tout un travail peut être mené à partir de ces trois œuvres sur les notions de géométrie : - Le tableau de Buffet permet de montrer une construction très classique et travailler les notions de construction suivant la perspective centrale. - En revanche celui de Raoul Dufy permet de relativiser pour les élèves les notions qui pourraient sembler maladroite au premier abord. Ainsi on constate que le tableau a été rigoureusement dessiné par des traits soigneusement rectilignes. Si les traits de pinceaux semblent dessiner au petit bonheur Dufy a dissocier formes et couleurs. - Albert Marquet permet de montrer comment les techniques de construction de la perspective ne sont pas respectées.

En Arts plastiques Quelque soit la classe les pistes sont très nombreuses

L’exploitation de la visite peut être prolongée en classe de différentes façons : - Revoir les notions d’évolutions picturales et relier les tableaux étudiés aux grandes œuvres artistiques majeures. - Reprendre l’analyse plastique d’une ou plusieurs œuvres (voir ci-dessus en mathématiques) Pour la classe de 4e : - Utiliser les œuvres rencontrées au musée pour la réalisation de productions en liaison avec les programmes officiels (ce ne sont que des propositions et la liste est loin d’être exhaustive) :

Modifier le statut d’une œuvre et construire une image en exploitant les stratégies de communication ; publicité, propagande (à partir de photographie d’œuvres par exemple)

Expérimenter les aspects artistiques liés aux techniques de reproduction ; Pour la classe de 3e : - Expérimenter et de réaliser des productions en rapport avec l’espace - Modifier des espaces pour en travailler le sens - Transformer la perception d'un espace par modification de la lumière, des couleurs, et intrusion d’effets visuels ou d’objets.

En Musique A partir du dossier il est possible de faire un lien avec les révolutions musicales de la même période ; par exemple à partir de Claude Debussy qui est un précurseur de la musique moderne. Le dossier peut également être la base tout un questionnaire autour de la mise en relation d’œuvres musicales et de tableaux ou inversement. Ainsi L’atelier de Raoul Dufy peut renvoyer à la passion de l’artiste pour la musique qui en fit un de ses principaux thèmes d'inspiration, qu'il peigne ou dessine des hommages à Bach, Mozart ou Debussy, des instruments, des instrumentistes et des orchestres.

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En Français Plusieurs pistes sont envisageables :

- Travail d’écriture autour d’une des trois œuvres étudiées (poésie, texte argumentatif) - Exposé oral

Pour la classe de 4e : La littérature de la fin du XIXe siècle présentant la ville de Paris peut être exploitée dans le cadre du programme en Quatrième. De même la poésie du XXe siècle peut venir compléter ou préparer le regard posé sur les œuvres d’art de la même période et des thèmes abordés par les peintres. Travail autour des domaines et notions lexicaux en lien avec les œuvres : vocabulaire des sentiments, du jugement, des genres et registres littéraires; Notions lexicales autour des pistes suivantes : misère et bonheur ; la peur et l’étrange ; l’expression du moi. Pour la classe de 3e : Formes du récit aux XX° et XXI° siècles Le professeur fait lire au moins deux oeuvres, en lecture intégrale ou par extraits, choisies dans les deux entrées suivantes. La poésie dans le monde et dans le siècle : - La poésie engagée autour de Paul Eluard, Louis Aragon, Federico Garcia Lorca, Jacques Prévert,Robert Desnos, Pablo Neruda, René Char, Yannis Ritsos, Aimé Césaire. - Nouveaux regards sur le monde dans la poésie contemporaine :Paul Claudel, Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Francis Ponge, Henri Michaux, Edouard Glissant. Il peut étendre le corpus à la chanson à texte et le mettre en relation avec la musique. Travail autour des domaines et notions lexicaux en lien avec les œuvres autour des domaines lexicaux vocabulaire des genres et registres littéraires (l’écriture de soi, le tragique), l’argumentation, du raisonnement (conséquence, opposition et concession). Les notions lexicales : dénotation et connotation ; modalisation, notion d’implicite, termes évaluatifs (péjoratifs et mélioratifs). Il peut, par exemple, privilégier les pistes suivantes : temps et souvenir, la violence des sentiments, l’engagement, réflexion et questionnement ; l’homme et la société.

En Langues vivantes Le vocabulaire spécifique à la compréhension d’une œuvre dans une langue étrangère, dans la lecture d’un cartel dans un musée étranger peut être repris en classe. Une prolongation peut être envisagée sous la forme d’une recherche d’œuvres de la même période, du même courant ou de la même thématique dans le pays de la langue étudiée. Cela peut être l’occasion d’établir des comparaisons et peut s’inscrire dans la préparation ou le prolongement de la visite. Ainsi le tableau de Bernard Buffet peut amener à des comparaisons avec des tableaux allemands de la même période.

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ALBERT MARQUET (1875-1947), La Seine vue du quai des Grands Augustins, huile sur toile, 65x81cm

Le peintre

Né à Bordeaux, il s’installe en 1890 à Paris à l’aide de sa mère qui ouvre un petit commerce de broderie rue Monge. Albert Marquet suit des cours à l’école nationale des arts décoratifs.

En 1894 il rencontre Matisse qui devient son ami intime et son compagnon de lutte au cours de ces premières années difficiles. Ils entrent en 1897 à l’Ecole des Beaux-Arts, dans l’atelier de Gustave Moreau.

En 1900, ils font ensemble les décorations du Grand Palais dans le cadre de l’Exposition universelle de Paris. Il expose en 1901 au Salon des Indépendants crée en 1884 à Paris par des artistes souhaitant pouvoir exposer librement leurs œuvres et se libérer de l'influence de tout jury. Albert Marquet est considéré comme l’un des cofondateurs du fauvisme.

En 1905, il participe au Salon d’Automne avec Matisse, Derain et Vlaminck où sont exposées des oeuvres qui font scandale par une vision brutale des formes et des couleurs. Les premières toiles du peintre datant de cette époque correspondent totalement au goût des Fauves avec leurs couleurs violentes et décoratives.

Même s’il abandonne ce courant, il conservera, de sa période fauve, le sens de la couleur et de la lumière. Il peint Paris et ses environs, les ponts de la Seine, les rues illuminées la nuit, Paris sous la neige ou sous un soleil de plomb. Un de ses sujets favoris est la représentation de la Seine et des quais, tout comme les ports d'Afrique du Nord (Alger, Bougie, Oran, Tunis, La Goulette).

L’œuvre Amoureux de la capitale et de son fleuve, Paris reste un thème de prédilection pour sa peinture. il y fait son apprentissage d'artiste dans l'effervescence de l'époque, entouré de ses amis peintres, Matisse, Sur ce tableau le peintre y reproduit ce qu’il aime tant peindre : Paris. Entre 1905 et 1906, il crée une série de tableaux sur le thème du quai des Grands-Augustins, qu'il voit depuis la fenêtre de son atelier au numéro 25, acheté par ses parents en 1905. Il est situé sur la rive droite de la Seine entre le pont Saint Michel et le pont Neuf. Ainsi on peut observer Ses œuvres révèlent son goût et sa fascination pour les ambiances, les atmosphères qu’il cherche à reproduire. On a donc ici un de ses sujets favoris qu’il peint en toute saison et pendant toute l’année, par tous les temps, selon un angle plus ou moins rapproché mais toujours de la fenêtre avec une vue en plongeante sur la Seine et les quais qui la bordent. La composition du tableau est originale. Le peintre s’est installé en hauteur, représentant la rive gauche de Paris, vu de dessous, avec à l’horizon des bâtiments dont les formes sont floues et les couleurs plus claires. Albert Marquet construit donc son tableau moins sur des lignes que sur des rapports de valeurs. Les règles de la perspective sont faussées. On le constate car pour représenter les éléments de l’autre côté de la Seine, le peintre a du déplacer son regard, le relever vers la droite. De ce fait il utilise deux points de fuite sur des lignes d’horizon décalées. Pour la rive gauche, on peut analyser la perspective. La Seine devient une grande diagonale qui organise la composition.

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Allez sur Google Map ou Google Earth pour visualiser le paysage :

Pour peindre ce paysage il aurait fallu qu’Albert Marquet soit sur une grue au dessus de la rue…

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Louvre

L’île de la Cité

La Seine

Quai des Grands Augustins

Les toits du Louvre

Atelier du peintre

Le Pont Neuf

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Dans ce tableau la palette du peintre est très économe avec beaucoup de gris avec juste une touche de couleur rouge. Peut être peut-on expliquer cette caractéristique dans ce que dit Matisse à propos d’Albert Marquet au temps de leur début difficile : " Marquet n'avait pas de quoi s'acheter des couleurs, surtout des cadmiums qui étaient d'un prix élevé. Aussi peignait-il gris, et peut-être cette condition de la vie matérielle favorisa-t-elle sa manière. "2. Cependant une autre explication tient à ce qu’Albert Marquet a une préférence pour les atmosphères pluvieuses ou nébuleuses sous le ciel gris, comme ici. La brume efface les détails pour ne rendre que les lignes des quais, le contour des monuments. Il est davantage soucieux de reproduire les reflets à la surface de l’eau et de peindre la sérénité Ce n'est donc pas la fulgurance de la couleur telle qu'on la rencontre dans l'œuvre de Matisse ou Derain qui fait de Marquet un peintre fauve mais cette simplification de la forme traitée par grands aplats de couleurs sourdes, en demi-teintes. BIBLIOGRAPHIE http://data.over-blog-kiwi.com/0/44/01/30/201301/ob_8ec391_sur-les-traces-d-abert-marquet.pdf http://collections.musees-haute-normandie.fr/collections/artitem/07200002026 http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=07200002026 Marquet : Vues de Paris et d’Île-de-France, cat. exp., Paris, Musée Carnavalet, 20 octobre 2004-23 janvier 2005, Paris, Éd. Paris-Musées, 2004. Albert Marquet, peintures et dessins : Collection du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, cat. exp., Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, 26 septembre 2002-6 janvier 2003

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2 http://collections.musees-haute-normandie.fr/collections/artitem/07200002026

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Raoul Dufy, L’atelier, vers 1940 - Huile sur toile

Le peintre

C’est en 1891, tout en travaillant comme comptable chez un importateur de café du Havre, que Raoul Dufy prend ses premiers cours de peinture à l’Ecole des Beaux Arts du Havreen compagnie d’Othon Friez et de Georges Braque. Il y acquiert toute la rigueur, la discipline et la pratique du dessin. En 1900, Raoul Dufy rejoint son ami Othon Friez aux Beaux Arts de Paris où il perfectionne sa technique. En 1905, Il est ébloui par l’exposition des « Fauves ». Pourtant Dufy se distingue vite du fauvisme et crée son propre style.

L’œuvre

Il s’agit certainement de la série peinte dite « L'Atelier de L'Impasse de Guelma ». Son atelier principal, depuis 1911 jusqu’à sa mort, reste celui du 5, impasse Guelma, au pied de la butte Montmartre. Même s’il s’installe et séjourne de plus en plus dans le sud et notamment à Perpignan du fait des douleurs grandissantes de sa maladie articulaire3 qui le rendent de plus en plus invalide, il garde cet atelier dont il fait plusieurs représentations. Elles sont caractérisées par le bleu soutenu dont Dufy avait peint ses murs et par l’immense verrière par laquelle la lumière et la ville envahissent l’atelier. « Un atelier aux murs bleus, l’odeur de térébenthine, le canapé rouge, des chevalets, des tables chargées de couleurs en pâte, des toiles vierges ou terminées au pied des cloisons » 4.

Comme on le voit sur le tableau présenté, R.Dufy dissocie la couleur et le dessin. Il contribue à créer puis développer la peinture d’avant-garde puisqu’il est le premier à dissocier le contour de la tâche colorée, procédé sur lequel il fonde la traduction du mouvement.

Raoul Dufy admire particulièrement la simplicité, de l’épuration du sujet et le goût des couleurs éclatantes qu’il a découvert lors de sa rencontre avec les peintres du fauvisme. Cette caractéristique devient la sienne tout au long de sa vie. Il attache désormais l’essentiel de ses recherches picturales au dessin et à la couleur. Il a expliqué que ce serait en regardant une petite fille courir sur un quai qu’il comprend que l'esprit enregistre plus vite la couleur que le contour. Il va alors dissocier les couleurs et le dessin car il se rend compte que, pour l’œil les couleurs ne se réfèrent pas à une chose en particulier. Le réalisme et de la perspective ne l’intéressent pas.

" Il faut se rappeler qu'un trait décrit davantage un mouvement qu'une forme. Une silhouette est un mouvement, non une forme » 5

Le dessin joue évidemment un rôle essentiel dans la préparation des œuvres peintes mais Raoul Dufy va à l’essentiel et son tracé, stylisé, à traits rapides, charpente toutes ses compositions. Il donne sens aux formes grâce à des tracés au crayon ou parfois à l'encre de Chine, ainsi qu’au pinceau fin. On peut y trouver une impression de naïveté mais tout est en fait le fruit d’une intense recherche pour obtenir lumière et couleur.

« Raoul Dufy autrefois se sentant trop habile de sa main droite s’était mis à dessiner et à peindre de la main gauche. Il lui arrivait même de travailler des deux mains à la fois »6.

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3 Il souffre d’une forme de polyarthrite

4 Témoignage de son filleul Jacques Robert in Valaison MC. Raoul Dufy et le Midi. Catalogue des expositions de Perpignan

et de Sète. Spadem 1990. 5 Phrase de Raoul Dufy d’après le site http://www.raoul-dufy.com/

6 Pierre Lévy, Des artistes et un collectionneur, Evreux, Flammarion, 1976.

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Pour Jean Cocteau qui écrit un livre sur le peintre en 1948 : « Tout dessin de Raoul Dufy est en quelque sorte sa signature et ce qu'on est convenu d'appeler signature inimitable. (...) Car rien ne tombe de plus haut ni ne forme des entrelacs plus rapides qu'un fil de miel si ce n'est l'arabesque dont notre peintre couvre sa feuille. D'un bout à l'autre elle tombe de lui vertigineusement. Et n'allez pas croire qu'il n'a qu'à se pencher et à tendre la main pour que l'arabesque s'écoule. Il la médite et la projette avec la science infaillible de la dentellière et de l'araignée. »

A la fin des années Trente il commence à ressentir les premiers signes de la polyarthrite rhumatoïde. Il est de plus en plus handicapé par cette maladie qui déforme et raidit les articulations, en particulier celles des doigts. Il en viendra a se faire attacher les pinceaux sur les doigts pour pouvoir continuer à peindre.

7

La lumière est essentielle à peindre pour l’artiste. A partir de 1919, installé à Vence, la palette de Raoul Dufy devient encore plus éclatante.

« Vous me parlez de ma lutte pour la couleur, oui c’est ma vie, mais je voudrais être bien compris et, pour être tout à fait satisfait, je voudrais qu’on dise ma lutte pour la lumière qui est l’âme de la couleur. Sans la lumière la couleur est sans vie (…) Sans la lumière, les formes ne vivent pas car leur couleur ne les désigne pas suffisamment »8

« J'avais découvert mon système dont voici la théorie : à suivre la lumière solaire on perd son temps. La lumière de la peinture, c'est tout autre chose : c'est une lumière de répartition de composition, une lumière-couleur. (...) Ne croyez pas que je confonde la couleur avec la peinture. Mais comme je fais de la couleur l'élément créateur de la lumière, ce qu'il ne faut jamais oublier, la couleur par elle-même n'étant rien à mes yeux que génératrice de lumière, on voit qu'elle est dans ce rôle, avec le dessin, le grand bâtisseur de la peinture, le grand élément."

De ce fait pour l’artiste, la couleur obéit davantage à des raisons expressives ou picturales plus qu’à des raisons objectives. Elle est étalée tantôt en larges à-plats, tantôt par petites touches. Elle entoure la forme en arrière plan, débordant largement pour créer une ambiance colorée faite de tons purs et rayonnants. Elle est là pour apporter la lumière comme pour la période fauve.

Raoul Dufy, parlant de la couleur et du dessin explique ceci :

"Manier des couleurs et des lignes, n'est-ce pas une vraie diplomatie, car la vraie difficulté c'est justement d'accorder tout cela."9

« Je pense que la peinture a pour but, en empruntant à l’apparence et à la réalité, de traduire les choses de l’imagination ; elle tend naturellement à la poésie, la ligne est la pensée et la couleur son verbe. J’aime mieux la peinture quand elle vous mène dans le monde des lignes et des couleurs que quand elle prétend nous décrire ce qui est immédiatement sous nos sens...Peindre, c’est faire apparaître une image qui n’est pas celle de l’apparence des choses, mais qui a la force de leur réalité»10

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7 http://www.raoul-dufy.com/pages/biograf04.html

8 Raoul Dufy en 1943, relevé dans Lassaigne J.: Dufy . Etude biographique et critique. Skira, Genève 1954. 9 DIEHL Gaston. Les Problèmes de la peinture, sous la direc on de...

10 Raoul Dufy, Carnet n° 23, feuillet 13, cité par Dora Perez-Tibi, in Raoul Dufy, Du motif à la couleur, Paris, Somogy,2003,

p. 27

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D’où sa recherche de couleurs pures. Jean Cassou, Conservateur du Musée d’Art moderne de PARIS11 parle de Raoul Dufy comme d’un « coloriste unique, l'un des plus merveilleux de tous les temps, il sait de ses étonnants bleus, verts, jaunes et violets, emplir une toile, la saturer, en faire une explosion d'intensité. »12. Dufy disait lui-même :

« Prenez un bleu à ses diverses nuances, de la plus foncée à la plus claire, ce sera toujours du bleu, alors que le jaune noircit dans les ombres et s’éteint dans les clairs, que le rouge foncé devient brun et que, dilué dans le blanc, ce n’est plus du rouge, mais une autre couleur : le rose, » 13

Raoul Dufy n’est pas que peintre, Il apparait comme un décorateur de talent ; il se lance à partir de 1910 grâce à sa rencontre avec le couturier Paul Poiret dans la création et l’impression de tissu : le peintre y dessine les motifs, grave les bois servant à l’impression, étudie les techniques chimiques nécessaires et va parfois jusqu’à imprimer lui-même. « Nous rêvions de rideaux éclatants et de robes décorées dans le goût de Botticelli. Sans mesurer mon sacrifice, je donnais à Dufy, qui alors débutait dans la vie, les moyens de réaliser quelques-uns de ses rêves »14. A partir de 1912, il signe un contrat avec la firme de soieries lyonnaise Bianchini-Férier, Il y développe la stylisation ornementale de ses sujets : fleurs, animaux, personnages, et son penchant pour la couleur. Il réalise aussi des décors et costumes de théâtre pour la Comédie française ainsi que deux cents pièces uniques entre 1924 et 1939 avec le maître céramiste catalan Llorens Artigas15.

Références bibliographiques 16:

Raoul Dufy. Du motif à la couleur, cat. exp., Le Havre, Musée André-Malraux, 8 mars-1er juin 2003; Céret, Musée d’Art moderne, 21 juin-14 septembre 2003; Roubaix, Musée d’Art et d’Industrie-La Piscine, 26 septembre-7 décembre 2003; Paris, Somogy, 2003.

Raoul Dufy, cat. exp., Christian Briend (dir.), Lyon, Musée des Beaux-Arts, 28 janvier-18 avril 1999; Barcelone, Museu Picasso, 29 avril-11 juillet 1999; Paris, RMN, 1999

Raoul Dufy, les peintures de la collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, cat. exp., Didier Sculmann (dir.), Nancy, Musée des Beaux-Arts, 19 janvier-1er avril 2002; Paris, Éd. du Centre Pompidou/ RMN, 2002

Dora Perez-Tibi, Dufy, Paris, Flammarion, 1989; rééd. rev. et corr. en 1997

Raoul Dufy, un autre regard, cat. exp., Paris, Fondation Dina Vierny-Musée Maillol, 5 mars-16 juin 2003

Maurice Laffaille, Raoul Dufy. Catalogue raisonné de l’œuvre peint, IV vol., Genève, Éd. Motte, 1972-1977. [cat. rais.]

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11

De 1945 à 1965. 12

CASSOU (Jean), Raoul DUFY, Poète et artisan , Paris, Albert Skira, 1948. Coll. Les Trésors de la Peinture française . 13

cité dans Paul Eluard, Anthologie des écrits sur l’art (Paris : Editions du Cercle d’Art, 1972), 183 et dans Charlet, Bleu, 48. 14

Paul Poiret site http://www.raoul-dufy.com 15

Voir l’exposition au Musée d’Art moderne de troyes, la céramique des peintres, http://www.observatoire.fr/expos/expos/1_files/dp_ce0301ramique-des-peintres_light.pdf 16

De Didier Schulmann, Centre Pompidou, http://www.cnac-gp.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-3a69ffacf63a1bdd7c2407a188f0de&param.idSource=FR_O-51bf9834ba85183b471d797454ae22 Sur le site http://www.cnac-gp.fr/

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Comme dans le tableau dit "L'Atelier de l'impasse de Guelma" (1935)17, « on y retrouve les couleurs préférées de Dufy, rose, bleu et orange, des accents de vert et de rouge unis » 18 . Mais le tableau est moins pâle et la touche de blanc très lumineux se limite au nuage. On y retrouve le tracé de ligne noire, omniprésente. Alors que la fenêtre y est ouverte faisant écho à un chevalet, ici elle est fermée (et ne semble pas pouvoir s’ouvrir). A travers les vitres transparentes, « l'intérieur et l'extérieur se confondent ; Dufy incorpore l'architecture de la rue à celle de l'atelier, le monde concret entre dans la toile »19

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Centre Pompidou. Pour voir ce tableau : http://www.cnac-gp.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-906027dbb813c09a3b9691c4a782956a&param.idSource=FR_O-14c18f381c1214a7913867cf586b2f 18

Extrait du catalogue de l'exposition au musée du Luxembourg (Paris), "la Collection Phillips à Paris" (2005). 19

Extrait du catalogue de l'exposition au musée du Luxembourg (Paris), "la Collection Phillips à Paris" (2005).

On aperçoit des tableaux de bateaux sur une fenêtre ? On retrouve ici la représentation de ces objets souvent peints. On peut supposer que c’est la salle à manger avec la table dont la couleur ressort en rouge

On voit le sol avec un tapis au dessin très stylisé, là aussi caractéristique de ce que peint R.Dufy. La séparation entre les deux parties du tableau se fait par ce rose avec des motifs végétaux

La perspective apparait nettement grâce à la représentation des immeubles parisiens. On les aperçoit grâce à ces fenêtres qui ouvre sur l’extérieur (il y avait dans cet atelier une immense baie vitrée).

L’artiste s’est peint en train de regarder des dessins. Il y a ici à la fois un trait qui semble rapide et une profusion de détail (les chaises, la reproduction d’un de ses tableaux (on reconnait son trait ( un tableau dans un tableau). Grande variation de

nuances de bleu. Son atelier était peint en bleu mais ici tout est bleu, même ses cheveux. L’utilisation des couleurs est donc arbitraire. Ici l’espace est ouvert.

Le rose et les figures stylisées mais espace fermé

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Bernard Buffet, L’atelier - huile sur toile- 162 cm x 131 cm ; 1956

Le peintre

C’est un peintre précoce. Il remporte le concours d’entrée de l'École nationale supérieure des beaux-arts en décembre 1943 à quinze ans. En 1945, il part travailler seul dans la chambre de bonne de l’appartement familial. En 1946, il expose son premier tableau, un autoportrait, au Salon des moins de trente ans à la Galerie des beaux-arts. La même année sa mère décède. Bernard Buffet représentatif de la nouvelle peinture figurative d’après-guerre impose d’une grande expressivité à l’époque où domine dans l’art pour une large part l’abstraction. Il est également connu pour ses aquarelles, ses illustrations de livres avec, entre autres,

" La voix humaine " de Jean Cocteau et ses décors dont ceux réalisés pour les ballets de

Serge Lifar à l'Opéra-Garnier. Enfin, Bernard BUFFET est réputé pour ses talents de

lithographe.

L’œuvre

Ce tableau représente l’atelier qui semble être comme celui des peintres du XIX, installés dans les mansardes, au dernier étage des maisons parisiennes, les classes riches logeant au premier étage.

Ce tableau comme l’ensemble de ses œuvres fait apparaitre une grande maîtrise du graphisme: peinture et dessin se mêlent étroitement. On relève le réseau de lignes géométriques noires, qui forme l’architecture de l’espace représenté, cerne les objets et la figure. Son graphisme est anguleux, comme écrit à coups d’épée dominé par les lignes droites qui semblent crispées et brossées à grands gestes

« La peinture, on n'en parle pas, on ne l'analyse pas, on la sent. Un centième de seconde suffit pour juger un tableau. »20

La composition du tableau est classique. La perspective est respectée. Le point de fuite est situé sur la gauche dans l’enfilade des portes. Cependant il accroit l’impression de profondeur. Les lignes horizontales des plans perpendiculaires au plan de représentation (les murs latéraux, le sol et le plafond) convergent vers le point de fuite. La construction de la perspective est accentuée par le fait que les lignes horizontales des plans perpendiculaires c'est-à-dire les murs, le sol et le plafond, converge vers le point de fuite. Partout apparait l’importance de la verticalité grâce au dessin où prédominent la ligne droite et l’angle aigu. Les lignes verticales restent bien verticales mais diminuent au fur et à mesure de la distance. La perspective est donc formée par le couloir qui débouche sur porte. Cette construction renforce le sentiment de malaise et d’angoisse ; le spectateur a l’impression d’être totalement enfermé. Les ouvertures sont limitées aux verrières du plafond. Il n’y a aps de fenêtre et donc pas de regard vers l’extérieur.

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20

Lors de sa dernière venue en mai 1996, au musée Buffet au Japon, seul musée qui lui soit consacré dans le monde il a écrit ces mots.

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Un certain désespoir habite les œuvres du peintre, aucun de ses personnages à la maigreur extrême ne sourient, B. Buffet utilise ce noir profond, témoin de son mal de vivre, sous la forme de traits striant ainsi ses toiles figuratives à l’univers si singulier. Elles traduisent aussi la mélancolie de l’artiste, de ses traumatismes d’enfance et de l’occupation sous la Seconde Guerre Mondiale, la perte de sa mère.

Voilà ce que dit sa femme, en 2000, Annabel Buffet, qu’il épouse en 1958 : « Chacune de tes toiles a probablement son histoire, mais tu n'aimais pas les grandes phrases. Tu affirmais qu'un tableau se suffit à lui-même. Et pourtant la mer, la plage sont pleines de nostalgie; sans doute est-elle due aux regrets des vacances en Bretagne avec une mère tant aimée »21 Cette impression est renforcée par la femme, nue qui est au centre. Le modèle filiforme est réduit à un corps squelettique dans un espace perspectif, raidis par le trait, étiré en longueur. Le décor est très dépouillé et la femme semble totalement solitaire, seule ; cet univers désenchanté, froid et inquiétant apparait comme marquée par la pauvreté, l’isolement, la solitude,. Cela renvoie aux angoisses, à la tristesse de l’artiste. Pour Maurice GARNIER22, marchand d’Art et admirateur de l’artiste L'oeuvre de Bernard BUFFET constitue la représentation humaine du drame existentiel " L’absence de couleurs vives ne signifie pas absence de couleurs : on a ici un dégradé de noir caractéristique mais aussi des tâches jaunes pour la porte ; rose pour le sol et bleu pour la chaise. En fait ce qui est important a des couleurs. Cependant la palette utilisée se limite à des ocres et des gris de cendre, des noirs souillés de dominantes froides, des verts et des jaunes virant aux bleus et au mauve, modulés dans une lumière décomposée. La pauvreté engendre une mélancolie chez ses personnages isolés dans le huis clos d’une pièce vide, prostrés dans leur vérité recluse.

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21

http://www.museebernardbuffet.com/lettre.html 22

Maurice GARNIER, seul détenteur des droits de diffusion des œuvres

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PROPOSITION DE PARCOURS PEDAGOGIQUE

Peindre depuis son univers à la manière d’Albert Marquet…

Noter le titre de l’œuvre :

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L’atelier du peintre est représenté par un cercle.

Indiquez sur le plan la direction ans laquelle il

regardait.

Compléter les lieux représentés par le peintre.

Qu’aurait-il peint s’il s’était retourné ?

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Où le peintre s’est-il installé pour peindre et représenter tout ce qui est sur le tableau ?

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Où se situe le spectateur par rapport à ce tableau ?

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Quelles couleurs dominent ?

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Qu’est-ce qui justifie que ce tableau a été peint au début du XXe siècle ?

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A quelle saison a été peint ce tableau ? …..……………………………………………………..

Justifiez la réponse…..………………………………………………………………………………

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Que représente principale touche de couleur de ce tableau?

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Comment le peintre a t-il réussi à suggérer la profondeur?

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Quelles différences y a t-il entre ce tableau et le monde réel ?

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Peindre son univers… à la manière de Raoul Dufy et Bernard

Buffet

Retrouvez ces deux tableaux et notez les références sur la feuille suivante.

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Titre

Artiste

Description

Façon de

dessiner

Personnage

présent

Couleurs

dominantes

Perspective

Ressemblances

Différences

Chaque peintre a pu vouloir transmettre des impressions et des sensations. Notez côté de chacun des dessins représentant les deux tableaux ce qu’ont pu vouloir exprimer ou nous faire ressentir les deux artistes. Lequel des trois tableaux préférez-vous ? Pourquoi ? Justifiez.

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