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le fil | Paris | printemps 2013 l a c u lt u re sous toutes les coutures G ÉNÉRATION Y A quoi rêvons-nous ? La réponse en 3 dossiers C ULTURE Réveillez-vos sens L'ÉTHIQUE AU TRAVAIL Employés jeunes et exigeants MAIKA ELAN L'homosexualité a u Vietnam DISCO SOUPE La danse des économes à l'écran expos shopping web mode théâtre magazine

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Phuong NGUYEN TRAN

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Page 1: Le fil

le fil | Paris | printemps 2013

la culture sous toutes les coutures

Génération YA quoi rêvons-nous ?La réponse en 3 dossiers

CultureRéveillez-vos sens

L'éthique au travaiLEmployés jeunes et exigeants

Maika eLanL'homosexualité au Vietnam

Disco soupe La danse des économes

à l'écran

expos

shopping

webmode

théâtre

magazine

Page 2: Le fil

le fil | printemps 2013 | p. 2

sources

sections

à l’écran

a r t

shopping

en ligne

texte (extraits)

akuentic.comallocine.com

premiere.com

sortirapris.com104.fr

exponaute.fr

mylittleparis.com104.fr

takemeout.fr

gaze.imkonbini.com

artforbreakfast.com

texte

vice.com

Die Zeit(traduit par Courrier Int.)

lesinrocks.comsortirparis.net

canalplus-afrique.com

lemonde.fr

communiquaction.fr

closevent.combilletreduc.com

Graphisme : Phuong Nguyen Tran(réalisé sur InDesign)

articles

Maika Elan

GENERATION Y

Disco-Soupe

Café Coutume

Wara Chaussures

Mon poing sur ton i

©levidepoches.Fr

Page 3: Le fil

Table des matières Agenda culturel à l’écran •4 a r t •5 shopping •6 en ligne •7

Société Egalité : Maika Elan •8 Ethique : Génération Y •10 Solidarité : Disco Soupe •12

Nouveautés Café Coutume •14 Magazine •15 Mode •16 Théâtre •16

EDITO

p. 5 p. 6

p. 8

p. 12

le fil | printemps 2013 | p. 3

p. 15

Cher lecteur, chère lectrice,

Au cours de votre lecture, le fil, votre fidèle guide et serviteur, se fera un plaisir de vous guider à travers des rendez-vous culturels variés et des sujets sociétaux du moment. Curieux, le fil essaie de voyager dans autant de régions du monde que possible et d'ouvrir grand ses mailles.

le fil est issu de la génération Y, qu'il affectionne tout en la remettant en ques-tion. Comme ses semblables, il paresse avec délectation, est aussi dépensier qu'épicu-riste, mais n'oublie pas sa chance et ne néglige pas l'éthique.

Le fil ne va pas toujours très droit, change souvent de trajectoire, est un poil désorganisé mais finit toujours dénicher des bons plans, des débats constructifs, des alternatives tendances ainsi que des initiatives enthusiastes.

Joyeuse balade globale et à bientôt !

Page 4: Le fil

Agenda culturelrire, s’émerveiller, réfléchir

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l’odyssée de pi Après une enfance passée en Inde, au zoo de Pondichéry, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa fa-mille et beaucoup d’animaux pour rallier le Canada où l’attend une nouvelle vie. Le spectaculaire nau-frage du cargo va bouleverser son existence… Le jeune survivant se retrouve à bord d’un ca-not de sauvetage, perdu en plein océan en compa-gnie de Richard Parker, un tigre du Bengale. Décidés à survivre, les naufragés vont partager une odyssée hors du commun au cours de laquelle Pi développe-ra une ingéniosité et un courage insoupçonnés...

alice au pays des merveilles C’est un enchantement. Wheeldon fait de chaque échange entre Alice et Jack une exquise câlinerie chorégraphique. Sa mise en scène est à la fois naturelle et inventive. Le scénario, qui reprend les points de passage obligés des aventures d’Alice, est poétique, vivant et parlant. Dans le monde des merveilles, Jack le jardinier devient, bien sûr, le valet de cœur. La musique de Joby Talbot est très réussie et la danse sait être tour à tour guillerette, drôle, sentimentale ou virtuose. La-pin blanc, flamands-roses, bourreau, chat, duchesse, hérissons, effets spéciaux et humour à la pelle séduiront toute la famille ! Mention spéciale pour le corps de ballet galvanisé par l’exi-gence du chorégraphe qui compose la cour de la reine.

Ballet en trois actes, chorégraphie de Christopher Wheeldon, décors de Bob Crowley, scénario de Nicolas Wright. Retransmission live de Londres le 28 mars à 20h. TP/TR : 27,5€/11,5€Séance à l’Arlequin, r de Rennes, 6è. M° : Rennes

Film d’Ang Lee. Sortie en salles : 19.12.12. DVD : 24.03.13

à l’écran

Le film réalisé par Yolande Zauberman, avec « la complicité » de Sélim Nassib, sans gros moyens et à l’arraché, réussit à faire rire tout en révélant le fossé immense qui sépare les deux peuples. On réalise ici à quel point le « conflit » est dans les têtes. A voir à lire *** Les Inrocks *** Libération *** Télérama ***

08.01.13, 20h30 : séance et rencontre avec la réalisatrice et Selim Nassib, la co-scénariste du film, au Forum des images, Forum des Halles, 1er (5€). M° : Châtelet/Les Halles

Le chat de Cheshire et les Cartes.

Pi, qui comme Ulysse....

Q&A with Tel-Aviv.

would you...

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Agenda culturel

par nature Venus de Suisse, du Portugal, d’Egypte, d’Inde, de Chine et aussi de France, les artistes livrent une in-terprétation contemporaine de cette quête sans cesse renouvelée du désir de nature. Chacune de ces installations aborde celle-ci sous l’angle mythologique, poétique, politique, social; toutes, organiques et conceptuelles, invitent le visiteur à une expérience physique et intellectuelle inédite.

french touch En 1994, Eric Morand, fondateur, avec le DJ Laurent Garnier, du label de musique techno F Communications, déclare : « We give a french touch to house music ». « French Touch » qualifie un mouvement de mu-sique électronique français représenté par des groupes comme Air, Daft Punk, Cassius… Ce mouvement s’est il-lustré sur la scène internationale et s’est étendu à tous les créateurs visuels qui accompagnent cette musique. Ainsi, des années 1990 aux années 2000, jamais en France, gra-phisme et musique n’ont été aussi proches.

22.09.12 > 17.03.13 au 104, 5 r Curial, 19è. M° : Riquet

10.10.21 > 31.03.13, au Musée des Arts Décoratifs, 107 r de Ri-voli, 1er. Gratuit : -26 ans. M°: Tuileries

pavillon des arts et du design En moins de 20 ans, le Pavillon des Arts et du Design a conquis New York, Londres et Paris : d’une réunion de galeristes à un rendez-vous avec les plus grandes galeries ! Cette année, le PAD accorde un espace plus im-portant aux Arts Premiers, en proposant un parcours ex-ceptionnel du Beau, une résonance stimulante entre les oeuvres mais également entre les spécialités et les person-nalités des marchands. Un véritable Salon où l’oeil est sans cesse en alerte, les esprits toujours éveillés, le lieu où se révèle et se construit le goût contemporain pour les Arts Décoratifs des 20ème et 21ème siècles. Enfin, le Pavillon des Arts et du Design sera l’occa-sion de présenter le lauréat du Prix PAD 2013. Bref, une édition qui prouve l’ambition du PAD d’être une foire éclectique, curieuse et visionnaire.27 > 31.03.13, au Jardin des Tuileries, 1er. M° : TuileriesInstallation Fly Light de Studio Drift

Les prochains Daft Punk ?

French do it better!

pour briller au comptoir...

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©philodughetto.com

Page 6: Le fil

Agenda culturel comment être à découvert avec classe ?

le fil | printemps 2013 | p. 6

l’appartement d’emmaüs Eve Gasparin et la Tribu Déco Défi s’installent au cœur du bric à brac Emmaüs, dans un décor d’appar-tement où l’on se sent chez soi. D’une pièce à l’autre, meubles, fripe et bibelots font le bonheur des chineurs. Une cuisine, un salon, une chambre... la mise en scène de Frank Fellemann ne laisse rien au hasard. On y trouve pêle-mêle des objets très utiles à des prix imbattables, mais aussi des tas de choses pour chiner et se faire plaisir. Aidez Emmaüs Défi dans son combat pour la réinsertion des personnes en difficulté.Au 104, 5 r Curial, 19è. M° : Riquet. Mer : 15h30-19h, Jeu-Ven : 15h-19h, Sam : 12h-19h

shopping

La prochaine édition qui célébrera l’arrivée de l’été aura lieu les 8 et 9 juin 2013.Venez découvrir une nouvelle sé-lection de jeunes talents de la mode, artistes & musiciens ainsi que des ateliers créatifs pour les petits et pour les grands.A la Bellevilloise, 19-21 r Boyer, 20è. 12h-22h. Entrée : 3€. M° : Gambetta

take me out

merci Dans ce loft majestueux inondé de lumière, on se balade de pièce en pièce comme dans une mai-son, débusquant dans une malle une petite robe de créateur, achetant quelques roses chez les fleuriste, puis s’abandonnant dans un canapé du café bouqui-niste pour choisir sa prochaine lecture autour d’une limonade. Les bénéfices réalisés sur vos achats sont reversés à des œuvres caritatives. Autour des créateurs de ce magasin à voca-tion philanthropique se sont réunis de grands noms comme Annick Gout, Stella Mc Cartney et YSLdont vous pourrez acheter les créations à -30%, pour votre plaisir et… celui des autres.

Du lundi au samedi de 10h à 20h . Tél : 01 42 77 00 33. 11 Bd Beaumarchais, 3è Paris. M°: St-Sébatien Froissart La maison selon Merci.

Vos dons sont les bienvenus

Idéal pour (se) trouver des cadeaux originaux.

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Agenda culturel

la femme Après un nouvel EP sorti au début de l’année, La Femme se devait de confirmer son rang nouveau dans la musique française. Autour de Marlon et Sacha viennent s’articuler des femmes différentes, comme ils aiment tant le scander dans leurs interviews. Psycho Tropical Berlin débute avec le titre le plus agressif de cet album, “Antitaxi”. L’album conti-nue avec les bien connus “Amour dans le Motu” et “La Femme”, qui ne cesseront de plaire à vos oreilles.

artforbreakfast.com

Pour la 1ère fois un Palace parisien offre à ses clients et à tous les amateurs d’art une sélection exclusive de l’actualité culturelle et artistique pari-sienne : expositions, vernissages, spectacles vivants, concerts, performances... Chaque semaine l’art concierge du Royal Mon-ceau vous propose un parcours dans les rues de la capitale.

A découvrir sur Deezer.com

Disponible en français et en anglais.Available in borth English and French.

en ligne

Peur du vide ?

L’idéal féminin

Food for thought

I believe I can fly Accrochez vos cein-tures, relevez vos tablettes, car le documentaire “I Believe I Can Fly (Flight of the Frenchies)” de Sébastien Montaz-Rosset fait décoller, à la fois visuellement. Le film relate une exploration entre funambulisme, escalade, et base jump dans des lieux su-perbes, et émotionnellement.

Tags: base jump, docu, escalade, fu-nambules

A visionner sur sebmontaz.com (45’ minutes). Cotisation de 7$ (5€).

le monde est sur la toile

©yatzer.com

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blogcocoin.blogspot.com

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Sociétéles idées gagnent du terrain

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...et ils se cachent de moins en moins.

Par Elektra Kotsoni

Il y a trois mois, une centaine d’homosexuel(le)s a traversé Hanoi à vélo, créant une sorte de gay pride vietnamienne, la première que la capitale ait connu. Personne n’a été très étonné, du moins chez nous, depuis notre petit cocon occidental.

Ce qui a fait sensation, c’est qu’un jour après la parade, des rumeurs ont commencé à circuler : le gouvernement vietnamien serait en train de considérer la possibilité de légaliser le mariage gay. Considérant que le Vietnam est sous un régime communiste, c’est une information qui mérite de faire la Une.

C’est pourquoi j’ai pris contact avec la photographe Maika Elan, qui a passé un an à prendre des clichés dans l’intimité de couples gay vietnamiens, qu’elle a assemblés en une série intitulée The Pink Choice. Le jour de l’interview, elle m’a posé un lapin, mais je ne lui en ai pas tenu rigueur parce que c’est la Vietnamienne la plus cool que j’aie jamais rencontrée, et en plus elle a une coupe au bol.

Salut Maika, pourquoi tu m’as posé un lapin ?

Salut ! Je suis vraiment désolée. Ce matin, je devais aller à l’ambassade de Grande-Bretagne pour mon visa – j’y vais dans quelques jours pour une expo – et au final, j’y ai passé la journée. Je m’y attendais, mais bon...

Je déteste la bureaucratie, donc je te pardonne. Tu peux me parler de ton projet ?

Au Vietnam, il y a un débat sur la légalisation du mariage gay. Si ça arrivait, le Vietnam serait le premier pays asiatique à franchir le pas ; mais je ne pense pas que ça arrive de sitôt. Les gens aiment se dire ouverts d’esprit, mais dans les faits, on constate le contraire. Quand on voit des reportages à la télé, soit les visages sont floutés, soit ils sont filmés de dos.

C’est la même chose lorsque le sujet abordé est la drogue, le sida ou un quelconque scandale sexuel. Dans les films, les homosexuels sont soit idéalisés, soit présentés comme des pervers déviants. On ne voit jamais

comment sont les gens, en vrai.

T’as déjà été témoin de remarques ou de gestes homophobes envers tes amis ou les sujets que tu prends en photo ?

Rien de très agressif, mais ça reste impossible pour un couple gay – encore plus lorsque que ce sont des hommes – de livrer le moindre témoignage d’affection en public sans qu’un passant ne se mette à les montrer du doigt. C’est vraiment gênant.

Par exemple, je suis

allée au marché aux fleurs avec un couple que je voulais photographier. Ils se tenaient la main et les gens sont devenus cinglés. Une foule s’est formée autour de nous et nous montrait du doigt en criant

Les gays vietnamiens sont toujours amoureux...

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le fil | printemps 2013 | p. 9

Société

: « Non ! Vous ne pouvez pas faire ça ici ! »

Pas de gays au marché aux fleurs ? Chelou. Comment tu déniche tes sujets ?

À l’époque, j’étais en contact avec ICS (depuis, leur site a été suspendu pour une raison inconnue), la seule association qui se bat pour les droits de la communauté LGBT au Vietnam. Grâce à eux, j’ai entendu parler d’un hôtel pour homos et lesbiennes à Hong Kong. J’y suis allée.

Au début, je faisais très attention à ne prendre que des photos banales de l’hôtel, parce que je n’étais pas sûre que le patron soit très ouvert d’esprit. Mais au final, tout le monde s’est montré bienveillant : certains me demandaient même de venir dans leur chambre pour prendre des photos de couple.

De retour au Vietnam, j’ai fait des recherches et j’ai repris contact avec ICS pour leur expliquer mon projet et les convaincre de me mettre en contact avec des gens.

J’ai rencontré des couples qui m’ont présentée à d’autres couples, et ainsi de suite. On prenait un café et je les accompagnais toute une journée, parfois même deux jours ou une semaine. Quelques couples sont venus d’eux-mêmes vers moi : pour eux, cette rencontre était l’opportunité de faire leur coming-out familial.

Tes photos sont très intimes. Comment tu réussis à mettre tes sujets à l’aise ?

J’étais moi-même à l’aise. C’est sûrement la meilleure méthode. Mais je remarquais quand même que du seul fait de ma présence, l’énergie que dégageait le couple s’amenuisait. C’était très frustrant pour moi. J’ai dû beaucoup travailler pour pouvoir saisir ces petits instants de laisser-aller, lorsqu’ils oubliaient accidentellement ma présence.

Je prenais quelques clichés, puis je m’asseyais dans un coin en faisant semblant d’être absorbée par ma propre activité, afin qu’ils se détendent. C’est là que je pouvais vraiment les prendre en photo.

C’est malin. Est-ce que tu as un couple préféré ?

Un couple d’hommes mariés avec enfants. Ils sont séropositifs. Leur apparence est une chose que j’apprécie tout particulièrement chez eux. Elle contraste fortement avec leur esthétique générale. Ils sont tous les deux baraqués, couverts de tatouages, de beaux hommes.

À côté de ça, leur maison est très romantique, un vrai nid d’amour plein de motifs floraux et de plantes. Ils ont tous deux un passé obscur et ce sont des drogués, mais aussi les personnes les plus aimantes que j’aie jamais rencontrées.

Le simple fait de se passer la seringue s’est transformé, sous mes yeux, en geste amoureux. C’est pas très politiquement correct de dire un truc pareil, j’en suis consciente, mais à ce

moment-là, j’ai été obligée de dissocier l’acte de ses connotations négatives, et de comprendre que c’était leur façon de se donner de l’amour.

Tu penses que le Vietnam va bientôt autoriser le mariage gay ?

Comme je te le disais, ce n’est pas l’impression que j’ai. Le problème est qu’il n’y a qu’une seule association qui se préoccupe des droits de la communauté LGBT, et c’est ICS. Ils ont un travail monstre Ils organisent des événements pour éveiller l’opinion publique et font preuve des meilleures intentions, mais les choses n’en sont encore qu’à leur tout début.

Il y a quelque temps, ils ont organisé

une demande en mariage publique, dans une école, puis ont mis en scène le mariage lui-même. Lorsque j’ai pris contact avec le couple, j’ai appris que ce couple n’en était pas un : c’était juste un coup de pub.

Pourquoi ils n’ont pas demandé à un vrai couple de le faire ?

Peut-être que les vrais couples ont pris peur devant une mise en scène aussi publique. Pourtant, nombreux sont ceux qui ont tenu à ce que je les photographie. Va savoir.

Maika Elan a remporté le premier prix dans la caté-gorie « Contemporary Issues Stories » pour sa série «The Pink Choice» (dont les pho-tos ci-dessous) au concours World Press Photo 2013.

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Un bon job, du temps libre, mais aussi un enga-gement éthique : les 20 ans pourraient changer nos vies professionnelles.

On pourrait parfaite-

ment qualifier la généra-tion des trentenaires qui explorent actuellement avec assurance le marché du travail allemand de “gé-nération Fifi”. Car ils ai-ment que “la vie vire-vire-volte” autour d’eux [comme dans la chanson]. C’est comme si Fifi avait grandi et était entrée dans la vie professionnelle : les nouveaux actifs veulent s’amuser, progresser ra-pidement, passer moins de temps au boulot et en-core… sauver le monde.

Prenez Ingo Kucz, 32 ans. Sa fille, 4 ans, dort avec un coussin de noyaux de cerise et son grand amour s’appelle Simon. Tout cela est très important pour Ingo. Il n’est pourtant ni instit de maternelle, ni

prof, ni médecin. Il tra-vaille à la stratégie de la Deutsche Bahn. Du lundi au vendredi, il planche sur les grandes questions de demain.

Le samedi, il construit

des jeux en plein air. Le matin, avant de se rendre au travail, Kucz emmène sa fille à l’école et son fils chez la nounou. Sa femme est déjà au travail. Kucz rentre à la maison à 17 heures : il peut encore pas-ser deux heures avec ses enfants. Ce n’est que dans la soirée qu’il se remet au boulot. Ingo Kucz travaille à plein temps, dans les quarante heures par se-maine, parfois plus.

“Si je ne pouvais pas avoir une organisation aussi flexible à la Deutsche Bahn, je me chercherais un autre boulot”, confie-t-il. Si ses enfants sont ma-lades, il travaille de chez lui. Ce n’est pas qu’il n’ait pas envie d’une carrière, il est même en train de faire des études de sociologie.

Ce jeune père de fa-mille fait partie d’une nou-velle génération d’actifs, une génération qui veut autre chose : travailler au-trement, vivre autrement, être autrement. Pour les historiens américains Neil Howe et William Strauss, c’est la “prochaine grande génération”. Si tout se passe comme le pensent les chercheurs, les per-sonnes nées entre 1980 et 2000 vont peut-être amé-liorer le monde.

Pour le chercheur berlinois Klaus Hurrel-mann, il s’agit de la troi-sième génération depuis 1945 qui fait changer l’Al-lemagne. Il y a d’abord eu les sceptiques des an-nées d’après-guerre, des hommes sérieux, marqués par les traumatismes et les privations, qui ont re-construit l’Allemagne. Puis est arrivée la généra-tion Golf, en pleine pros-

périté. Ses représentants sont combatifs, consom-mateurs et busy. Et voilà maintenant la génération Y. Elle sait que tout est possible – et que tout est toujours en mouvement. Le problème de ces jeunes, ce ne sont pas les limites mais l’absence de limites. Ils veulent tout et tout en même temps : une famille plus du temps libre, un emploi plus des amis plus du sens. Et ils ne sont pas prêts à faire de compromis.

La génération Y at-tend de l’entreprise qu’elle change de mentalité et tienne compte de ses dé-sirs. Ces jeunes entendent organiser eux-mêmes leur travail – et de façon souple, constate le cabinet d’audit PwC. Ils remettent en cause les autorités, sauf si le chef les impressionne.

Collégialité et dé-veloppement personnel constituent leurs priorités. Statut social et prestige figurent au dernier rang d’une liste de 19 points, se-lon une étude de l’institut berlinois Trendence.

Ses membres ont été habitués à avoir constam-ment le choix. Dès leur naissance, ils ont été soute-nus par la génération X et étaient sûrs d’avoir toute l’attention de leurs “pa-rents-hélicoptères” [qui tournoient sans cesse au-tour de leur progéniture]. Tout bambins, ils avaient

Sociétéles idées se mettent en place

le fil | printemps 2013 | p. 10

éthique

Génération Y • La génération du mieux-travailler

©RD, courrierinternational.com

Pas intéressés par le statut social et le prestige

Ne pas sacrifier sa vie à son boulot

Page 11: Le fil

voix au chapitre sur la des-tination des vacances ou sur la voiture qu’on allait acheter.

On les a incités à s’épanouir et à réaliser leurs rêves. Et tout ce qu’ils ont connu dans leur enfance, ils l’attendent dé-sormais de leur employeur : attention, assistance, droit à la parole, retour permanent.

Il est possible qu’ils l’obtiennent. Car cette génération possède un pouvoir que leurs pa-rents et grands-parents n’avaient pas : le pouvoir de la démographie, c’est-à-dire de la rareté dans un pays hautement éduqué et économiquement flo-rissant. Nombre de sec-teurs manquent de main-d’œuvre spécialisée.

Gerhard Rübling, directeur du personnel chez Trumpf, un construc-teur de machines, ajoute : “Tant qu’on satisfait leurs exigences, les nouveaux employés sont loyaux à 150 %. Si l’employeur ne remplit plus leurs condi-tions, ils partent sans hési-tation.”

Les jeunes ne restent plus que dix-huit mois en moyenne, d’après les chiffres de l’Institut für Arbeitsmarkt- und Berufs-forschung (IAB) : si la du-rée d’activité moyenne des moins de 30 ans était de 814 jours dans les années 1980, elle est passée à 536 jours en deux décennies.

Ingo Kucz ne voulait pas faire de compromis

non plus. Avant d’aller à la Deutsche Bahn, il travail-lait pour un grand groupe industriel. Les perspec-tives étaient bonnes, le sa-laire aussi, mais le style de management ne lui conve-nait pas. Il a démissionné.

Tous les patrons ne se montrent pas forcément compréhensifs face à ces nouveaux arrivants qui se renseignent dès l’entre-tien d’embauche sur les possibilités de congé sab-batique, de congé paren-tal, de temps partiel et de congés. Ils les considèrent souvent comme des en-fants gâtés qui se soucient plus de leurs avantages que de mettre la main à la pâte.

Les enquêtes ne montrent cependant pas que la génération Y en fasse moins. Les bache-liers sont plus nombreux que jamais, les jeunes font des études plus courtes, plus ciblées et plus effi-caces qu’avant. Le par-cours des jeunes actifs est truffé de stages, de cours, de séjours à l’étranger et d’engagements sociaux. Les jeunes de la génération Y ne sont pas seulement exigeants vis-à-vis de leur employeur mais vis-à-vis d’eux-mêmes.

La génération Y est manifestement suspecte pour Wilfried Porth. Ils ne sont plus vraiment mobiles, estime-t-il, ils refusent souvent une mutation parce que leur conjoint ne souhaite pas bouger ou parce qu’ils ne sont pas vraiment inté-ressés par la progression et le pouvoir. Les jeunes

Chinois et les jeunes In-diens qu’il rencontre sont très différents,“bien plus ambitieux !”

Chez McKinsey, un cabinet de consultants en entreprise très convoi-té, on a toujours mis en avant la journée de travail de seize heures mais les mentalités commencent à changer. “Les candidats veulent souvent savoir : qu’est-ce que ça va m’ap-porter personnellement ?” explique Thomas Fritz, le directeur du recrutement responsable des nouveaux arrivants.

Puis viennent des questions comme : est-ce que je pourrai avoir un vélo au lieu d’une voiture de fonction ? est-ce que je peux prendre le train au lieu de l’avion ? Pour retenir les meilleurs, des salaires d’entrée attrayants ne suffisent pas ; McKinsey offre donc du temps : la so-ciété propose un break de trois mois à ses salariés. Un consultant sur six a profité de l’offre l’année dernière.

Parlons-nous seule-ment de diplômés de l’en-seignement supérieur, de boursiers et d’héritiers, bref d’une élite qui s’est d’abord fait dorloter par ses parents pour se faire maintenant chouchou-ter par l’entreprise ? Non. Bien sûr, un cinquième de la génération Y ne possède aucun diplôme et a, selon Hurrelmann, de très mau-vaises perspectives profes-sionnelles.

Ces perdants comptent un nombre no-table de jeunes hommes. Avant, ils auraient trouvé un emploi de travailleur non qualifié, aujourd’hui ils restent plantés devant la

télévision ou l’ordinateur parce que plus personne n’a besoin d’employés sans qualification. Cela posera un jour un problème à la société. En revanche, tous les autres veulent travail-ler – mais autrement.

La génération Y ar-rache à l’entreprise des gages pour sa qualité de vie, notamment parce que les employeurs ne peuvent et ne veulent plus pro-mettre un emploi à vie. La génération Y n’attend plus de promesses parce qu’elle sait que l’économie mondialisée est précaire. Elle ne veut pas perdre au change. Et elle a raison.

Les entreprises doivent se transformer. Chez Trumpf, par exemple, les salariés peuvent redé-finir leur durée de travail hebdomadaire tous les deux ans, en fonction des besoins personnels et en-vies.

Les jeunes ont des choses à offrir pour ré-sister aux Indiens et aux Chinois. Pour eux, l’égalité des sexes est une évidence. Les membres de la géné-ration Y se comportent parfois comme des gosses qui ne veulent pas grandir mais ils sont ouverts sur le monde, engagés et créatifs.

Dans une écono-mie mondiale où les idées comptent souvent plus que les produits et où la nou-veauté naît de plus en plus sur les réseaux sociaux, ce ne sont pas de mauvaises choses.

le fil | printemps 2013 | p. 11

Société

Qu’est-ce que ça va m’apporter person-nellement ?

La qualité de vie comme priorité

La génération Y est aussi exigeante en-vers eux-mêmes

Page 12: Le fil

Sociétéles idées se partagent

le fil | printemps 2013 | p. 12

Nées en Allemagne et re-prises en France, les “dis-co-soupes” visent à sensi-biliser contre le gaspillage alimentaire à coups de soupes géantes et de mu-sique. Récit.

Par Anastasia Lévy

Cet après-midi, à la Marktalle 9 à Kreuzberg, à Berlin, près de 600 per-sonnes se sont réunies autour d’un acte de “résis-tance culinaire”, une Sch-nippeldisko, qu’on pourrait traduire par “émincé-dis-cothèque”, et réinventée en France sous le nom de Disco-soupe.

C’est 750 kilos de lé-gumes invendus, parce que trop gros, trop pe-tits, trop moches, ou trop étranges qui sont épluchés, découpés, et émincés par ces bénévoles pour faire une soupe géante, redis-tribuée gratuitement hier lors de la manifestation “Wir haben es satt” (“Nous

en avons assez”) contre le gaspillage alimentaire.

Un rapport de la FAO de 2012 estime à plus d’un tiers, soit 1,3 milliards de tonnes, le nombre d’ali-ments produits et non consommés, qu’ils soient jetés par les produc-teurs, les distributeurs ou les consommateurs, tandis que 850 millions d’hommes et de femmes sont mal-nourris dans le monde.

C’est contre ce gaspil-lage monumental que se battent les Schnippeldis-ko, portés par l’association Slow food en France et en Allemagne : “L’an dernier, lors de la dernière mani-f e s t a t i o n ‘Wir haben es satt’ les o r g a n i s a -teurs nous ont appelé pour coordonner la récupéra-tion et la redistribution de près d’une tonne et de-mie de rebuts de produc-teurs”, explique Hendrik, membre de Slow food en

Allemagne. “On s’est dit qu’on devait en faire un événement qui attirerait les jeunes, où on ne se contenterait pas d’émincer des légumes. On a invité des DJs, et la Schnippeldis-ko est née”.

Pour cette deu-xième édition, les volon-taires se pressent au cœur du Markthalle 9, un mar-ché couvert de Kreuzberg. Timo s’active au dessus d’un des dix grands bassins installés dans un coin, et brosse les légumes qui lui sont tendus: “Je travaille pour une association qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Même si les gens sont de plus en plus sensibles à la cause, ça reste

compliqué de travailler avec les su-permarchés,

qui pour des raisons d’or-ganisation préfèrent sou-vent jeter leurs invendus“.

A côté des brosseurs, des dizaines de tables se remplissent doucement de

leurs volontaires, armés de couteaux et d’économes.

Dorothée, 55 ans, assiste à sa première Sch-nippeldisko : “Je suis ve-nue de Düsseldorf avec des amis pour la manifes-tation de demain, quand on a entendu parler de ça, on s’est motivés pour ve-nir la veille”. Elle voit le froid glaçant du marché comme une préparation à ce qui les attend demain dans la rue. Une voix nous interrompt, c’est Nadja, la co-organisatrice qui an-nonce le début de cette deuxième Schnippeldisko : carottes, oignons, navets, pommes de terre et choux déferlent sur les tables. Un groupe pèle, l’autre émince, le tout sur fond d’électro, une bière sur la table pour se réchauffer pendant les pauses.

Parmi eux, Bastien Beaufort, membre fon-dateur de disco-soupe en France, est venu voir la version allemande de son événement. Lancée après

solidarité

Disco-soupes :

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is.fr

750 kilos de légumes invendus

la lutte contre le gaspillage alimentaire s’organise

Le partage est dans l'ère du temps.

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Afin de valoriser la fraîcheur et la qualité des pro-duits vendus sur les marchés 71 marchés découverts et 11 marchés couverts, la Ville organise chaque année des animations conviviales et festives.

Chaque année, 30% des légumes produits en France finissent à la poubelle. La disco-soupe, c’est une grande fête solidaire : on s’arme d’économes pour sauver des fruits et légumes de la benne à ordure, avec un DJ pour chauffer l’ambiance. On lève les bras bien haut, on épluche, on se déhanche et pour finir, on déguste !

Les ingrédients :Fruits et légumes invendus, moches, biscornusDe la bonne musique et de la bonne humeurDes éplucheurs volontaires : vous !

Informations pratiques :Vendredi 31 mai à partir de 18h sur le Marché Bourse, 2è

Dimanche 2 juin à partir de 11h sur le marché Richard Le-noir (Place de la Bastille, 11è). Gratuit

le fil | printemps 2013 | p. 13

Société

que sa co-fondatrice, Ca-roline Delboy a assisté à la Schnippeldisko en janvier 2012, la version française a très vite trouvé son public, et un rythme beaucoup plus soutenu puisqu’il y a déjà eu dix événements depuis mars.

“On veut avant tout sensibiliser au gâchis”, explique le jeune homme de 28 ans, thésard en géographie. “Mais de manière conviviale : on investit la place publique, on a des fanfares, des DJs, des groupes de folk, et les gens viennent nous voir”.

Le tout est redistri-bué à prix libre ou gra-tuitement dans les événe-ments, différents à chaque fois, qu’ils investissent avec leurs 30 à 60 volon-taires. Eux vont se fournir à Rungis, le plus grand marché d’Europe avec la “Polo d’une copine” les moyens à bord étant jusqu’ici limités. “Mais on vient de lever 5000 euros

sur Kiss Kiss Bank Bank. Ça va nous

permettre de nous déve-lopper dans 13 villes de France, et peut-être d’un peu mieux s’équiper”.

En France, les su-permarchés et grossistes versent presque systéma-tiquement des produits chimiques sur leurs in-vendus pour que ceux-ci ne soient pas récupérés, car ils pourraient être re-connus responsables d’une éventuelle intoxication. “Sous couvert de protéger les gens, on les empêche de bouffer”, s’indigne Bastien. Mais les choses changent, doucement. Le ministère de l’Agricul-ture a lancé en octobre une campagne contre le gaspillage alimentaire, et devrait rendre un rapport, avec des producteurs, dis-tributeurs, mais aussi ces cuisiniers volontaires en juin prochain.

Et 2014 sera l’année européenne de la lutte contre le gaspillage ali-mentaire. De quoi faire prendre conscience que chaque année, près de 500 euros de nourriture vont directement de notre frigo à notre poubelle.

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Les Marchés en fête invitent à la Disco Soupe

La version française a obtenu un joli succès

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Les chiffres font peur.

On estime à 100 mil-liards d’euros le coût an-nuel lié au gaspillage ali-mentaire. Dans un monde où un milliard d’êtres hu-mains souffrent de la faim, il semblerait urgent de faire prendre conscience à la population que ce phéno-mène peut être stoppé.

Dans un documentaire évènement, Olivier Le-maire met en image cet immense scandale du gas-pillage alimentaire. Aux cô-tés de Tristram Stuart, his-torien britannique et auteur de l’ouvrage de référence « Waste », ils nous font voyager au Costa Rica, au Pakistan en passant par l’Europe et les Etats-Unis.

Consommer les restes de repas concoctés la veille, consommer des fruits de saison, com-prendre la signification exacte de l’étiquetage et des dates de péremption… Des gestes simples pour nous faire comprendre que la solution se trouve peut-être dans nos assiettes.

Global gachis

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repère d'afficionados / bestkeptsecret

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Nouveautés

Par Emmanuel Tresmontant

Dans les dernières années de sa vie, Marcel Proust se nourrissait pour l’essentiel de café au lait. Provenant des deux meil-leurs torréfacteurs de Pa-ris, son café était assemblé au gramme près, moulu fraîchement et extrait goutte à goutte selon un rituel immuable. Parfois, le verdict tombait, impi-toyable : «Céleste, com-ment avez-vous fait ? Ce café est proprement infect. Est-ce qu’il n’est pas trop vieux ?» (Monsieur Proust, par Céleste Albaret, éd. Robert Laffont, 2001.)

Marcel avait raison ! Le café ne se bonifie pas avec le temps et doit être

consommé très vite, dans l’année qui suit sa récolte (exactement comme une huile d’olive) et dans les trois semaines après sa tor-réfaction. Passés ces délais, le café moisit et perd ses arômes...

Pour Antoine Ne-tien, fondateur du Café Coutume, rue de Baby-lone à Paris,»ce sont des évidences qui autrefois faisaient partie du bagage culturel normal. Jusqu’au début des années 1980, il y avait encore en France une tradition de la torréfaction artisanale. Les torréfac-teurs vendaient leur café aux brasseries et aux bou-langeries de quartier, les plus célèbres allant jusqu’à fournir l’Elysée et le Sénat.

Avant que 95 % des ca-fés ne fussent vendus déjà moulus dans les grandes surfaces, les grands-mères possédaient encore un moulin, car elles savaient que le café perd ses arômes et s’oxyde cinq minutes après avoir été moulu»...

Si le café est détestable en France et si les Français ne savent plus le préparer, la responsabilité, pour An-toine Netien, en revient aux grands groupes indus-triels (Richard, Illy, Ma-longo, Lavazza, Segafre-do et Nespresso), dont l’emprise sur le monde de

la restauration est deve-nue totale. «Appliquant des méthodes de dealers inspirées de la mafia ita-lienne – on vous donne les machines et les tasses, en échange, vous vous en-gagez à acheter notre café ad vitam aeternam –, ces marques ont fini par impo-ser au public une certaine idée du café.»

Eric Beaumard,

vice-meilleur somme-lier du monde et direc-teur du George-V, à Paris, confirme cette analyse, reconnaissant qu’il lui faut chaque mois dire «non» à des lobbies de plus en plus influents et avides de faire du plus célèbre des palaces parisiens leur vitrine de prestige. «En France, la

saveurs

La revanche du petit noir

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13.fr

LES FRANÇAIS NE SAVENT PLUS LE PRÉPARER

Un café au charme épuré

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le fil | printemps 2013 | p. 15

Nouveautés

plupart des grands hôtels et des restaurants gastro-nomiques ont cédé à ces groupes et n’ont aucun scrupule à proposer du café en capsule. Au George V, c’est la passion qui nous guide. Le café mérite au-tant d’égards que le vin ou le thé. Jamais une capsule bourrée d’additifs n’égale-ra un grand café de terroir fraîchement moulu et tor-réfié !

Sans compter qu’en payant une capsule 39 centimes d’euro les 5 grammes, le kilo de café finit par atteindre 78 euros : le prix d’un café d’excep-tion !

Après s’être long-temps fourni chez Verlet (la plus ancienne brûlerie de Paris), Eric Beaumard fait aujourd’hui confiance à Hippolyte Courty, fon-dateur de L’Arbre à café, dont la boutique vient d’ailleurs tout juste d’ou-vrir ses portes rue du Nil, dans le Sentier. Pour cet intégriste du «mono-va-riétal», le café ne peut être qu’issu d’une seule varié-té, d’un seul terroir, d’une seule plantation et d’une seule récolte...

Qu’il s’agisse de Ten Belles, à deux pas du canal Saint-Martin, de Téles-cope, près du Palais-Royal, de Black Market, à Mont-martre, du Café Lomi ou du Café Coutume, ces nou-velles adresses fascinent par leur ambiance cosmo-polite, la beauté de leurs machines Marzocco (fa-

briquées à Florence) et le professionnalisme de leurs baristas, souvent tatoués et musclés comme dans un film de Quentin Taranti-no... Le barista est à la fois un barman et un somme-lier du café, capable de sé-lectionner une plantation, de torréfier les grains et d’entretenir sa machine. Il maîtrise toutes les tech-niques du café (filtre, es-presso, cappuccino, piston et siphon) et sait dessiner des arbres ou des fleurs dans la mousse de lait des cappuccinos (le «latte art» est la signature des vrais baristas).

Chez Coutume ou chez Lomi, les baristas sont des deux sexes, mais étrangers pour la plupart : Australiens, Américains, Norvégiens, Hollandais, Sibériens, Polonais, Ja-ponais... Un vrai métier d’avenir. Pour 2 euros la tasse seulement, ces ex-perts vous serviront des cafés de rêve provenant des meilleures plantations du monde : Aida Battle au Salvador, Carmo Estate au Brésil, la Esmeralda à Pa-nama ou encore Tekangu Karagoto au Kenya...

Pour Aleaume Pa-turle, fondateur du Café Lomi, mettre la main sur un café d’exception ne suf-fit pas, «encore faut-il sa-voir le torréfier sans le gril-ler, afin d’en développer les arômes et les saveurs qui vont du fleuri à l’épicé, en passant par le beurre et le bois». En Italie, estime-t-il, les cafés sont torréfiés

à l’excès, ce qui permet de dissimuler les défauts des grains.» Brûlé, le café de-vient amer et c’est pour ça que les Italiens le sucrent.» En France, le problème est différent. «L’espresso est préparé à partir d’une dose de café trop faible, avec un temps d’extraction trop court, le tout servi dans un trop grand volume d’eau : ce que l’on appelle un jus de chaussette !» Chez Lomi, en tout cas, les cafés sont torréfiés et extraits à la perfection. Onctueux, ronds et intenses, sans amertume, ils sont ser-vis dans de jolies tasses en porcelaine blanche de chez Bauscher.

Pour conclure cette enquête, un recul histo-rique s’impose. Quand le café est apparu en France en 1669, ce fut, à en croire

Jules Michelet (1798-1874), un grand moment de civilisation. Détrônant «l’ignoble cabaret où se roulait la jeunesse entre les tonneaux et les filles de joie, le règne du café fut, nous dit-il, celui de la tem-pérance et de la causerie». Spiritualisant l’énergie et la sensualité, «il augmen-ta la netteté et la lucidi-té, fit jaillir l’étincelle et l’éclair de la vérité : jamais la France ne causa plus et mieux». Et si cette renais-sance du café à laquelle nous assistons aujourd’hui n’était que le symptôme d’une quête vers le vrai et le simple ?

Café Coutume 47, rue de Babylone, 7è. Tél : 01 45 51 50 47M° : Sèvres-Babylone.De 8h (10h sam-dim) à 19h. Fermé le lundi.

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13.fr

leblog

deka

t.com

INTÉGRISTE DU «MONO-VARIÉ-TAL»

LES BARISTAS SONT DES DEUX SEXES

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au coeur de la création

le fil | printemps 2013 | p. 16

Nouveautés

Par Déborah Zitt

En avril,un nouveau magazine va voir le jour à Strasbourg. A l’origine de ce projet, trois jeunes trentenaires – Maxime Pintadu, Marlène Astrié et Marie Secher – com-muniquants de formation qui ont toujours voulu travailler dans l’édition. Ensemble, ils ont créé l’as-sociation « Cercle » pour pouvoir éditer leur propre magazine, projet de base de leur futur studio d’édi-tion « Cercle Studio ».

Baptisé très simple-ment « Cercle Magazine », il s’adresse aux lecteurs curieux et créatifs et abor-dera des thèmes très dif-férents dont le but est de mettre en avant la création artistique contemporaine.

Au menu de ce pre-mier numéro, un focus sur la forêt à travers un portfolio central regrou-pant dix artistes et leurs oeuvres respectives ainsi que six conversations en lien avec le thème. Mais « Cercle Magazine », c’est aussi des rubriques mode, design et cinéma.

Vendu au prix de 18 euros, il sera distribué dans les librairies spécialisées de plusieurs grandes villes d’Europe. A Strasbourg, on sait déjà qu’il sera dis-ponible à la librairie du musée d’Art Moderne et Contemporain.

Afin de boucler le pro-jet, le collectif a récolté 4 332 € en 60 jours (soit 14 % de plus que prévu) sur KissKiss-BankBank, site de finance-ment collaboratif.

Magazine et autres goo-dies disponibles en ligne ou dans une sélection de li-brairies en France et dans le monde (18€).

=> cerclemagazine.com <=

Cercle : un nouveau magazine à Strasbourg

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Prévu pour fin avril, le premier nu-méro du magazine "Cercle" est consa-cré à la forêt.

média

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Mariage, trahisons, prise d'otage et meurtre ! C'est sûr : le champagne coulera autant que le sang !

bILLETREdUc.com : 81 cRITIqUES PoUR UNE

moyENNE dE 4,5/5

Freddy et Charlie rentrent du mariage de Rémi et Sophie. Charlie est en furie contre Freddy et en plus Twinnie, leur sou-ris, enfin celle de la mère de Charlie. s’est enfuie

Bref, comme Sophie a appris quelque chose de terrible sur Rémi juste après lui avoir dit oui, elle

débarque chez Charlie (qui est son meilleur ami).

Et c’est parti pour une soirée de folie où tous les coups sont permis une fois qu’on comprend mieux qui a menti à qui.

T'as compris ou tu veux mon poing sur ton "i"?

WARA, c’st une nou-velle marque de chaus-sures, pour les femmes résolument modernes et inventives, à la recherche de créations originales qui pourront sublimer leurs tenues de tous les jours au moyen de pièces uniques, ou en séries limitées.

L’esprit WARA, c’est la rencontre de sa-voirs-faire traditionnels venus d’Afrique, et de mo-dèles qui se démarquent assurément par leur ligne contemporaine et fémi-nine.

De cette alliance, sont nées des créations hautes en couleurs, chamarrées et audacieuses, tout en étant élégantes, qui feront la dif-férence au quotidien.

Acheter des chaus-sures de la marque WARA, c’est également s’inscrire dans une démarche soli-daire. En effet, toutes nos créations sont fait-main par des artisans de Dakar au Sénégal, générant de l’emploi au niveau local.

L’objectif de la marque étant, non seule-ment de célébrer la beau-té des femmes, mais aussi de promouvoir la diversité des savoirs-faire issus de France et d’Afrique.

Toutes nos chaussures sont habillées de tissus en provenance du Sénégal, fabriqués selon des tech-niques communément répandues dans les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, pour le Wax, le Batik, le Bazin

et pour faire honneur à ses origines, le pagne tissé Mandjack.

Les cuirs utilisés sont

d’origine française et de première qualité.

Créations disponibles à l'Ate-lier Boutique Créateur Bô Côsa, marque éponyme dé-veloppée par la crréatrice de mode Ludovina Oliveira Fernandes, 26 rue Marechal Fayolle, Marseille.

le fil | printemps 2013 | p. 17

Nouveautés

mode

L'artisanat et le savoir-faire africains remis au goût du jour.

théâtre"Mon poing sur ton i" : à mourir de rire !

La thérapie du rire !

L'avis du public

- 10/10 -On y rit du début à la fin.

- 9/10 - Pièce drôlissime du début jusqu'à la fin, jeu d'acteurs

grandiose !

- immanquable ! - Pièce déjantée et hila-rante, à voir de toute ur-

gence !!

- 9/10 -Allez y pour y passer un bon moment de rigolade!

Ecrit par Erwan TérénéMise en scène : A. Fenwick

Comédiens : E. Téréné ou V. EscureA. Jolivet ou V. Niclasse

S. Auer ou A. LaligueS. Oldani ou R. Henry

Au théâtre des 3 Bornes, Pa-ris 11è. M° : Parmentier.

Mer-Sam, à 20h15. 8/16€.

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on poing sur ton i

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Exposition à la galerie French Touche, 1 Rue Jacquemont, Paris 17èM° : La FourcheJusqu'au 25 maiTirages photo petit format disponibles à la vente et tirage grand format sur demande.photos : ©L'écume des jours illustrée