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09/11/2009 1 Cancer et pauvreté dans un contexte de mondialisation Dr Annie J. Sasco Directrice de l’Equipe d’Epidémiologie pour la Prévention du Cancer, Inserm U 897 Université Victor Segalen Bordeaux 2 Les opinions exprimées dans cette présentation représentent uniquement celles de la conférencière et ne sauraient être considérées comme des positions officielles de l’Inserm ou de l’Université Le cancer Maladie de « civilisation » , de vieillesse et de certaines classes sociales ? Non, cela n’est pas vrai et ne l’a jamais été ! Maladie universelle, touchant, à des degrés divers, tous les âges et toutes les populations (humaines et animales), y compris les pays et les groupes sociaux à revenus faibles ou intermédiaires Maladie plurifactorielle, à latence longue, dont le pronostic reste sombre mais qui peut en grande partie être évitée Comment agir sur le cancer ? Savoir fardeau quantifié au niveau mondial mortalité / morbidité facteurs de risque / prévention Agir programmes nationaux de lutte contre le cancer Plan de l’intervention Epidémiologie descriptive des cancers Epidémiologie géographique Epidémiologie temporelle Epidémiologie étiologique De l’identification des causes du cancer A une politique de prévention efficace Au niveau des populations et au sein des populations Epidémiologie descriptive l’état de santé Connaître des populations l’état de maladie Exemple : fréquence d’un cancer en fonction de : sexe âge pays niveau socio- économique Sources de données 1. Mortalité 2. Morbidité

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09/11/2009

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Cancer et pauvreté dans un contexte de mondialisation

Dr Annie J. SascoDirectrice de l’Equipe d’Epidémiologie pour la Prévention du

Cancer, Inserm U 897Université Victor Segalen Bordeaux 2

Les opinions exprimées dans cette présentation représentent uniquement celles de la conférencière et ne sauraient être considérées comme des

positions officielles de l’Inserm ou de l’Université

Le cancer• Maladie de « civilisation » , de vieillesse et de

certaines classes sociales ?

• Non, cela n’est pas vrai et ne l’a jamais été !

• Maladie universelle, touchant, à des degrés divers, tous les âges et toutes les populations (humaines et animales), y compris les pays et les groupes sociaux à revenus faibles ou intermédiaires

• Maladie plurifactorielle, à latence longue, dont le pronostic reste sombre mais qui peut en grande partie être évitée

Comment agir sur le cancer ?• Savoir

– fardeau quantifié au niveau mondial– mortalité / morbidité– facteurs de risque / prévention

• Agir– programmes nationaux de lutte contre le

cancer

Plan de l’intervention

• Epidémiologie descriptive des cancers– Epidémiologie géographique

– Epidémiologie temporelle

• Epidémiologie étiologique– De l’identification des causes du cancer

– A une politique de prévention efficace

Au niveau des populations et au sein des populations

Epidémiologie descriptive

l’état de santé

• Connaître des populations

l’état de maladie

Exemple : fréquence d’un cancer

en fonction de : sexe

âge

pays

niveau socio-économique

Sources de données

1. Mortalité

2. Morbidité

09/11/2009

2

Fardeau de la maladie

Données de mortalité• Ne sont pas disponibles partout

• Dépendent de :– Mode de certification des décès

• médecin• paramédical• autres

– Mode d’enregistrement des décès– Mode de codification des décès– Législation– Très rarement disponibles en fonction

du niveau socio-économique

Estimation de la mortalité par cancer dans le monde

• Pour certains pays : décompte réel

• Pour d’autres pays : estimation à partir :– de quelques études dans quelques lieux– des cerficats existants– d’ “autopsie verbale”– d’extrapolation d’une zone à une autre

• En utilisant les estimations de populations des Nations-Unies

• Disponibles sur la WHO mortality data basehttp://www.dep.iarc.fr/globocan/globocan.htm

Données d’incidence

• Vraies données d’incidence Registres du Cancer

• Estimation– de l’« educated guess »

au modèle mathématique sophistiqué

– Un point commun

le besoin de faire mieux dans le futur càd avoir plus de données

Estimation de l’incidence des cancers dans le monde

• Pour quelques rares pays : décompte réel

• Pour la majeure partie des pays : estimation à partir :

– d’extrapolation à partir de registres de cancer locaux

– des données de mortalité (incidence comme fonction linéaire du logarithme de la mortalité)

– division des sites groupés sur la base d’études ou d’extrapolations

Fardeau du cancer dans le monde Estimations pour 2007 et 2050

• Estimations pour 2007:• 12,2 millions de nouveaux cas

- 5,4 millions dans les pays industrialisés- 6,8 millions dans les pays moins

industrialisés , soit 55,7 % 7,6 millions de décès

- 2,9 millions dans les pays industrialisés- 4,7 millions dans les pays moins

industrialisés , soit 61,8% Projections pour 2050:

- 27 millions de nouveaux cas - 17,5 millions de décès

09/11/2009

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• Nombre absolu de décès ou de nouveaux cas de cancer

cela ne suffit pas

• Besoin de comparer après prise en compte de la structure par âge : calcul de taux aprèsstandardisation sur la population mondiale

géographiques

permet des comparaisons

séculaires

Epidémiologie géographique

09/11/2009

4

09/11/2009

5

Copyright ©2005 American Cancer Society

Source: Parkin et al, 2005

Incidence du sarcome de Kaposi

Incidence du cancer du sein: TIS* (monde) (tous âges) Afrique

<16,0

<17,8

<22,6

<23,5

<33,5

Parkin et al, 2003 (Cancer in Africa)

*TIS : taux d’incidence standardisé pour l’âge (sur la population mondiale) exprimé en nombre de nouveaux cas pour 100 000 femmes et par an

09/11/2009

6

Comment expliquer les taux de cancers ?

Mode de vie

Génétique

Environnement

Comment avons-nous séparé ces influences ?

Etude des populations immigrées

- Chinois aux USA - tous les immigrés en Israël

- Italiens en Australie - etc...

Taux d’incidence par âge pour le cancer du sein dans différents groupes de population

d’après Waterhouse et al, 1982

Sasco, 1989

De la mondialisation des expositions à celle des cancers

L’épidémiologie géographique actuelle se partage en deux zones:

- cancers liés aux agents biologiques dans le Sud

- cancers liés au mode de vie et à l’environnement dans le Nord

Mais cela va changer dans les 25 ans qui viennent

La survie moyenne par cancer est entre 30 et 40%

0102030405060708090

Leukaemia Oesophagus Breast

CancersSource : WHO, 2003

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Epidémiologie temporelle

Incidence du cancer du sein en fonction de l’âge en Afrique et chez les femmes

noires des Etats-Unis d’Amérique

Algérie, Oran (1996-1998)Tunisie, Nord, Tunis(1994)

Ouganda, Kyadondo (1993-1997)

Zimbabwe, Harare Africaines (1990-1997)

Etats-Unis, SEER Noires (1993-1997)

Source: Parkin et al, 2003

Incidence du cancer du col de l’utérus en fonction de l’âge en Afrique

Algérie, Alger (1993-1997)

Source: Parkin et al, 2003

Guinée, Conakry (1996-1999)

Mali, Bamako (1988-1997)

Ouganda, Kyadondo (1993-1997)

Zimbabwe, Harare Africaines (1990-1997)

Fardeau du cancer dans le monde Evolution dans le temps

5,34,33,93,2

4,7

3,83,83,1

0

2

4

6

8

10

12

1980 1985 1990 2000

femmeshommes

basé sur les cancers 16 18 25 24

les plus fréquents

Parkin et al, 1988 1993 1999 2001

6,3

7,6 8,1

10,0

Millions

Estimation du nombre total de nouveaux cas

Amérique du Sud et Carraïbes1,447,400

666,900 810,500

Amerique du Nord2,047,600

1,109,800937,800

Afrique Sub-Saharienne807,600

384,300 423,300

Océanie169,800

92,500 77,300

Afrique du Nord et Asie de l’Ouest589,600

322,300 267,300

Europe du Nord483,700

251,200 232,500

Europe de l’Est1,174,000

637,700 536,300

Europe de l’Ouest1,042,100

592,800 449,300

Europe du Sud674,200

383,800 290,400

Asie de l’Est4,256,100

2,584,500 1,671,600

Asie centrale du Sud2,099,209

1,006,100 1,093,100

Asie du Sud-Est875,300

429,700 445,600

Nombre de nouveaux cas estimés chez les hommes et les femmes par région en 2020

Le nombre annuel de nouveaux cas passera de 10,1millions en 2000 à 15,7 millions en 2020 soit 50%

d’augmentation

Source : OMS, 2003

Tendances en termes de fardeau de la maladie

Nette augmentation de la plupart des cancers

dans plusieurs pays dûe à :

– augmentation de la population

– veillissement de la population

– augmentation réelle de la maladie

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Tendances des taux de mortalité par cancer

• Une certaine amélioration dans les pays industrialisés

–meilleur traitement

–détection précoce

–dépistage

• Aucun changement ou dégradation dans le reste du monde

–disponibilité réduite de traitement

–détection précoce limitée

–absence de dépistage

–augmentation de l’incidence et de la mortalité

Tendances des taux d’incidence du cancer

• Quelques diminutions presque universelles (cancer de l’estomac, cancer du col utérin)

• Diminutions pour quelques cancers dans les pays ayant précédemment des taux élevés (cancer du poumon masculin, cancers ORL dans les pays industrialisés)

• Augmentations pour la plupart des cancers dans beaucoup de pays , en particulier dans ceux à ressources limitées (problème de qualité des données)

Comment expliquer ces réelles augmentations des taux d’incidence?

Epidémiologie étiologique

La recherche des facteurs de risque ou de

prévention

Facteurs de risque du cancer• Facteurs génétiques

- vrais gènes de prédisposition (BRCA 1, BRCA 2, …)

- rôle des polymorphismes génétiques

• Mode de vie- tabac, alcool, alimentation, vie reproductive et sexuelle,

exposition au soleil, utilisation de médicaments, ….

• Environnement- présence dans l’environnement professionnel et

général de cancérogènes physiques (radiations

ionisantes ou non), chimiques, biologiques ou sociaux

43% des décès par cancer sont dûs autabac, alimentation et infections

6 6

25

63

tabac alimentation infections autre

22

21

6

51

Afrique sub-Saharienne

Total: 37%37%

Europe (Nord, Sud et Ouest)

Total: 49%49%

Source : OMS, 2003

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tempstemps

% % fumeursfumeurs HSEH BSEH HSEF

BSEF

Haut niveau SE, hommes

Bas niveau SE, hommes

Haut niveau SE, femmes

Bas niveau SE, femmes

Comment en sommes-nous arrivé/e/s là?Evolution de la consommation tabagique dans une

population: Une courbe épidémique bien codifiée au niveau des pays et

des personnes

(Sasco, 1999)

Poumon

Voies urinairesVessie

Vol. 38 - 1986

Cavité orale

PharynxLarynx

Oesophage(Epidermoïde)

Pancréas

Estomac

Rein(Cellules rénales)

Vol. 83 - 2004

Cavités nasalesSinus

Oesophage(Adénocarcinome)

Foie

Col de l’utérus

Leucémie myéloïde

Tabac et cancersVolume 38 RR

Poumon 20-30

Vessie 5-6

Cavité orale 4-5

Oesophage (Epider.) 4-5

Pancréas 3-5

Volume 83 RR

Rein 2-3

Estomac 1.5-2

Foie 2-3

Oesophage (Adéno.) 2-3

Leucémie myéloïde 2

Epidémiologie étiologique

Quelle spécificité pour les pays

du Sud?

Tabagisme et cancer du poumon à Casablanca,

Maroc

A.J. Sasco, R.M. Merril, I. Dari, V. Benhaïm-Luzon, F. Carriot, C. I. Cann, M. Bartal.

Cancer Causes and Control, 2002, Vol 13 : 609-616

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Résultats - Régression logistique appariée

OR IC à 95%

Gros fumeur actuel 26,07 6,58 - 103,27

Petit fumeur actuel 18,52 4,03 - 83,54

Ancien gros fumeur 8,12 2,00 - 33,06

Ancien petit fumeur 1,79 0,47 - 6,79

Consommation autres produits du tabac 1,05 0,28 - 3,85

Consommation cannabis 1,93 0,57 - 6,58

Consommation cannabis et autres produits 6,67 1,65 - 26,90

Tabagisme passif 1,36 0,71 - 2,62

Exposition sur lieux de travail

à différents produits 1,75 0,84 - 3,63

Eclairage bougies 1,44 0,42 - 5,01

Chauffage au charbon 0,74 0,17 - 3,14

Mauvaise ventilation de la cuisine 1,22 0,57 - 2,58

Antécédents de bronchite chronique 4,16 1,76 - 9,85

Sasco, Merrill, Dari, Benhaïm-Luzon, Carriot, Cann, Bartal, 2002

Tabac et cancer du poumon au Maghreb

Principaux résultats de la meta-analyse faite en collaboration avec l’Institut Salah Azaiz et l’Association Tunisienne de lutte Contre le Cancer, l’Hôpital Ibn Rochd et l’Association Marocaine pour la Prévention et l’Education à la Santé, le Registre du Cancer et l’Université de la Wilaya de Setif et le CIRC (Berthiller et al., J Thor Surg 2008)

Exposition: Tabac RC* IC à 95 %

N’a jamais fumé 1 (réf) -Ancien fumeur 7,9 4,5 - 13,8Fumeur actuel

durée (années)moins de 25 10,0 4,8 - 20,825 à 35 16,8 8,9 - 31,7plus de 35 27,7 15,5 – 49,4

* Analyse logistique ajustée pour l’âge

CannabisComposants de la fumée de haschisch

Nitrosaminesirritantes + cancérogènes

COhypoxie sang

+ muscle

Cadmiumcancérogène

Benzopyrènegoudron cancérogène

THCeffets sur cerveau

addiction

Dioxinescancérogènes

Acroléineirritant

Cannabis et cancer du poumon au Maghreb

Principaux résultats de la méta-analyse

Exposition: Cannabis fumé RC IC à 95% N’a jamais fumé de cannabis 1 (réf) -A déjà fumé du cannabis

ajusté pour âge 3,4 2,3 - 5,2

ajusté pour âge, pays,expositions professionnelles à des cancérogènes pulmonaireset tabac 2,4 1,6 – 3,8

(Berthiller et al, J Thor Surg 2008)

Pollution atmosphérique intérieure et cancer du poumon à Guangzhou,

République populaire de Chine

Q. Liu, A.J. Sasco, E. Riboli, M.X. Hu

American Journal of Epidemiology, 1993, Vol 137 : 145-154

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Résultats - Régression logistique appariée

OR IC à 95%Tabagisme Hommes

Jamais 1,01-19 cig/jour 1,2 0,43 - 3,520-29 cig/jour 7,1 2,6 - 19,5 30 cig/jour 21,4 7,1 - 64,0

Tabagisme femmesJamais 1,01-9 cig/jour 1,8 0,57 - 5,910-19 cig/jour 3,5 1,2 - 9,8 20 cig/jour 17,9 4,0 - 80,6

Tabagisme passif des femmes non fumeusesNon exposé 1,01-19 cig/jour 0,7 0,23 - 2,2 20 cig/jour 2,9 1,2 - 7,3

Tailles des ouvertures de ventilation dans les pièces à vivre (m2 par personne)

0,14*0,24*0,30*

0,39

1,0

0,02*0,14*

0,250,36

1,0

0

0,5

1

1,5

0.0-0.4 (Ref) 0.5-0.9 1.0-1.9 2.0-3.9 >=4.0

Hommes Femmes

Q. Liu, A.J. Sasco, E. Riboli, M.X. HuAmerican Journal of Epidemiology, 1993, Vol 137 : 145-154

Autres produits du tabac

• Tabac sans fumée:- tabac à usage oral:

tabac à chiquertabac à prisersnustabac dentifricetabac en poudretabac liquide

- tabac à usage nasaltabac à prisertabac à inhaler

Spécificité alcool dans les pays du sud

• Rôle du contexte culturel et religieux

• Alcool souvent du mauvaise qualité avec de nombreux contaminants

• Parfois consommé à haute température

(maté)

Alimentation et exercice physique

• Rôle néfaste d’une alimentation trop riche (calories, graisses animales, viande, sucres raffinés) et pauvre en fruits et légumes

• Rôle protecteur d’un exercice physique régulier

• Rôle néfaste de la consommation d’alcool, en particulier chez la femme

• Pour la plupart des cancers et surtout ceux hormono-dépendants

0

50

100

150

200

250

300

Obesity (BMIObesity (BMI30.0) 30.0) Body Mass Index Body Mass Index kg/mkg/m22

Developing countries

Developed countries

Global

Economies in transition

Least developed countries

WHO, 2003

09/11/2009

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Alimentation et cancer

• Déséquilibre du bilan énergétique : excès d’apport calorique

cancer du sein

cancer de l’endomètre

cancer de la prostate

cancer du côlon

• Excès des lipides alimentaires totaux :

rôle controversé - lié au précédent cancer colorectal

cancer de la prostate

cancer du sein

• Aliments spécifiques : cancer du nasopharynx et poisson séché cantonais

cancer de l’oesophage et maté

Alimentation et cancer• Protection des légumes et des fruits

cancer du poumon cancer des VADS cancer de l’estomac cancer du côlon et rectum cancer du sein cancer de la prostate

• Rôle des vitamines

• Rôle des fibres cancer colorectal

• Rôle des moisissures

• Rôle des contaminants

Spécifité alimentation pays du sud

• Alimentation traditionnelle (si suffisante) souvent moins néfaste en termes de risque de cancer que l’alimentation occidentale

• Danger de la disparition des cultures vivrières aux dépends des cultures d’exportation, y compris pour agrocarburants

• Equilibre apports-dépenses était plus favorable

Quelques problèmes avec l’alimentation traditionnelle

• Conditions de conservation: contamination par des aflatoxines et

cancer du foiealiments conservés par salaison et

nitrates/nitrites (cancer de l’estomac, autres)• Alimentation traditionnelle de l’enfant

(cancer du nasopharynx)• Pharmacopée traditionnelle, certaines

plantes (aristochelis, euphorbiacées)

Vie reproductive

• Cancers concernés:

Essentiellement cancers hormono-dépendants

féminins

sein

endomètre

ovaire

Vie reproductive et cancer du sein

RR FA

puberté précoce + faiblenulliparité + faible

âge tardif à la première naissance + faible

infertilité + faible

absence d’allaitement + faible

ménopause tardive + intermédiaire

Sasco et al, 2003

09/11/2009

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Vie reproductive dans les pays du sud

• De façon traditionnelle nombreuses grossesses et enfants à un âge précoce: effet protecteur pour le cancer du sein

• Contraception: utilisation plus fréquente d’implants hormonaux relativement peu évalués en termes de risques à long terme

Vie sexuelle• Chez la femme

Cancer du col de l’utérus

Cancers liés au VIH

• Chez l’homme

Cancer de la prostate (risque lié au

nombre de partenaires mais réduction

du risque lié à la fréquence des

rapports)

Cancers liés au VIH

Spécificité vie sexuelle dans les pays du sud

• Dépendante du contexte culturel et religieux

• Femmes en contexte difficile

• Faible utilisation du préservatif

• Contribue au risque de cancer du col utérin et à la transmission du VIH

Facteurs professionnels

• Facteurs professionnels souvent associés à des risques élevés mais populations exposées réduites

• Rôle sous-estimé dans les pays du nord et très peu étudié pour les femmes

• Totalement ignorés dans les pays du sud: absence de connaissances, de surveillance, de protection

• Rôle néfaste de la globalisation

Facteurs environnementaux

• Rôle en terme de risque relatif souvent faible mais populations exposées extrêmement vastes

• Rôle sous-estimé dans les pays du nord

• Totalement ignoré dans les pays du sud

Des exportations à risque

• Un mode de vie occidental néfastetabac, alcool, malbouffe, sédentarité, stress

• Des produits dangereuxpesticides, produits chimiques, amiante, médicaments périmés ou non autorisés,produits à tester, ….

• Des industries à risquetravail de l’amiante, industrie chimiquelourde, décontamination ou destruction,stockage de déchets, …

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Agents biologiques• Virus

VPHVIHHépatites B et CVEBVHH 8

• Bactérieshelicobacter pylori

• Parasitesschistosomes, opistorchis viverrini

Facteurs biologiques, caractéristiques des pays du sud• Le sud est de très loin la zone la plus

touchée par les agents biologiques

• Très peu de moyens de lutte (vaccinations, traitements efficaces, connaissances)

Virus du Papillome Humain

• Essentiellement responsable du cancer du col utérin

• 128 types: fréquence des types variable selon la zone géographique

• Groupe 1:16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 52, 56, 58, 59, 66; groupe 2B: 6, 11, beta

• Difficulté d’assurer une vaccination efficace dans ces conditions

• De toute façon, problèmes de coût• Jouent aussi un rôle dans d’autres cancers

Virus des hépatites

• Rôle majeur dans le cancer du foie en Afrique et en Asie

• Hépatites B et C

• Rôle majeur des hépatites chroniques

• Vaccination existante pour VHB mais problème de coût

Virus d’Epstein Barr

• Rôle majeur dans le lymphome de Burkitt, surtout chez l’enfant en fonction de la géographie et interaction avec le paludisme

• Rôle dans les cancers du nasopharynx avec des spécificités géographiques

• Rôle de l’âge à la primo-infection et des co-expositions virales ou autres, avec effet immunitaire

Autres virus

• Human Herpes Virus 8

• Human T cell leukemia virus

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VIH et cancerou

le VIH comme entrée dans le problème cancer dans les pays du sud

Que peut faire l’Afrique?

VIH et cancer – revue de la littérature

• A démarré comme un travail d’étudiant/e/s sous ma direction en 2007, puis a été repris par une interne de santé publique et finalement été utilisé comme document de départ pour le projet IedEA

• Fait en collaboration entre épidémiologistes cancer et VIH, avec des cliniciens cancer et maladies tropicales dont le VIH

• Actuellement sous presse

Méthodologie

• Recherche sur plusieurs bases bibliographiques (Medline, Scopus, Cochrane library, Web of science, Francis et Pascal)

• Mots clefs: HIV, neoplasia, Africa (using MesH terms)

• Focus sur les études épidémiologiques• Mise en perspective avec les pays du

nord

Résultats

• cancers classant Sida:- sarcome de Kaposi- lymphomes non Hodgkiniens- cancer du col

• cancers non classant Sida:- cancer de la peau et de la conjonctive- maladie de Hodgkin - cancer- cancer du poumon- autres cancers

Kaposi's Sarcoma

0 100 200 300 400

OR (95% CI)

Stein et al, 2008.South Africa [21]

Sitas et al. 2000,South Africa [19]

Newton et al. 1995,Rwanda [20]

Newton et al. 2001,Uganda (Children) [23]

Association entre le sarcome de Kaposi et le VIH en Afrique sub-Saharienne

Non Hodgkin Disease

0 10 20 30 40 50 60

OR (95% CI)

Stein et al, 2008. SouthAfrica [21]

Sitas et al. 2000, SouthAfrica [19]

Newton et al, 2001.Uganda [23]

Newton et al. 2001,Uganda (Children) [23]

Parkin et al, 2000.Uganda [38]

Newton et al. 1995,Rwanda [20]

Association entre lymphomes non-hodgkiniens et VIH en Afrique sub-saharienne

09/11/2009

16

0 5 10 15 20

OR (95% CI)

Newton et al, 2001. Uganda[23]

Sekirime et al, 2007. Uganda[52]

Stein et al, 2008. SouthAfrica [21]

Sitas et al. 2000, SouthAfrica [19]

Moodley et al, 2006. SouthAfrica [50]

SIL* Leroy et al, 1999.Rwanda [41 ]

LSIL† Moodley et al, 2006.South Africa [51]

HSIL‡ Moodley et al, 2006.South Africa [51]

HSIL Temmerman et al,1999. Kenya [52]

LSIL Laruche et al, 1998.Côte d'Ivoire [58]

HSIL Laruche et al, 1998.Côte d'Ivoire [58]

Association entre les anomalies cervicales, le cancerinvasif du col et le VIH en Afrique sub-saharienne

* squamous intraepithelial lesions † low-grade SIL ‡ high-grade SIL

Discussion

• Le rôle de l’immunosuppression dans la survenue du cancer est particulièrement marquée pour les cancers classant Sida, avec du plus au moins : sarcome de Kaposi, lymphomes non-hodgkiniens et cancer du col. L’HAART diminue ces risques. Les effets du VIH semblent plus réduits dans les pays du sud, peut-être en lien avec des taux de base beaucoup plus élevés de ces pathologies ou un rôle potentiel de dilution de l’effet lié à des erreurs de diagnostic ou à des différences génétiques ou des causes de mortalité compétitive

• Les données sont bien moindres sur les cancers non classant Sida pour lesquels il faut davantage de meilleures études

Autres agents biologiques

• Bactéries

Helicobacter pylori: cancer de l’estomac mais aussi autres sites digestifs hauts

• Parasites

opistorchis viverrini : cancer des voies biliaires (surtout Asie du sud-est mais ailleurs aussi Maghreb, Amérique du sud?)

schistosoma haematobium : cancer de la vessie (surtout Moyen-Orient)

Lien infections-cancer

• Rôle de l’inflammation chronique

• Co-facteurs locaux endogènes ou exogènes

• Un domaine de recherche à développer

Prévention des cancers

Eviter les facteurs de risque

• Identification des facteurs de risquebesoin d’études larges et précises pour apporter des éléments de réponse sur les facteurs environnementaux

• Deux niveaux de contrôleindividuel

collectif

09/11/2009

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Objectifs de santé des populations

• Aider les individus à mettre en oeuvre les comportements les plus adéquats pour leur santé

• Apporter les informations nécessaires à la prise de décision des gouvernements pour la protection des populations, y compris des individus les plus vulnérables

Action au niveau du gène

Modification desmécanismes de cancérogénèse

Gène

Environnement

Cancer

Suppression des facteurs de risque

Trois modalités de prévention primaire du cancer

Sasco, 1995

Tabac

Médecine

Santé Publique

Education

AgricultureEconomie

Politique

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Actions pour la lutte contre le tabagisme

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09/11/2009

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De la nécessité de repenser les règles de l’Organisation Mondiale

du Commerce

• Uniformiser les réglementations nationales sur

les produits (nocivité, ….)

• Reconnaissance du principe de précaution

Cigarettes tunisiennes en 2003

Qu’en est-il des expositions qui ne sont pas soumises au contrôle de l’individu ?

• Expositions environnementales: - Pollution de l’air - Utilisation de promoteurs de croissance dans la

production animale (viande aux hormones)- Résidus de pesticides, OGM dans la nourriture

• Du principe de précaution à la loi avec un objectiftriple :

- protéger tout le monde- protéger les plus susceptibles- justice sociale

Exportations à favoriser• Savoir, savoir faire et expertise

Former des scientifiques locaux à l’épidémiologie sur leur terrain, mais aussi à l’action de santé publique, au contact avec les gouvernements et les médias, à l’action judiciaire internationale, aux négociations avec l’OMC et autres

• Pour celles et ceux du NordContribuer par leur expertise (quand elle/il/sl’ont)Eviter d’être néfastes

De façon pragmatique• Utiliser là où elles peuvent être utiles

les vaccinations susceptibles d’entraîner une réduction de risque de certains cancersHépatite B et cancer du foieVirus du papillome humain et cancer du col

• Se doter des moyens- pour éviter le cancer - reconnaître le cancer- traiter le cancer

Que faire?

• Informer et éduquer les populations

• Eduquer tous les personnels de santé

• Informer et éduquer les politiques

• Faire pression sur les gouvernements et sur les multinationales

• Savoir se projetter dans le futur: C’est aujourd’hui que se règlent les problèmes

de demain!

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Que faire?• Un cancérogène est un cancérogène quel que soit le pays

où il est utilisé comme un toxique est un toxique

• Un produit interdit au Nord ne doit pas être exporté au Sud

• Les industries dangereuses ne doivent pas être délocalisées

• Les règlements doivent être identiques partout

• Les dates de péremption doivent être les mêmes partout, en particulier pour les médicaments

• Un pays doit avoir le droit de refuser l’entrée de produits qu’il considère comme dangereux sans être accusé d’entrave à la libre circulation des marchandises

• Le Sud n’est pas la poubelle du Nord, ni un terrain d’expérimentation pour des médicaments et des vaccins qui resteront hors de sa portée

La prévention de millions de cas de cancer et de décès dans le monde est possible dans les 25 ans à venir, sur la base des données dont nous disposons aujourd’hui. Ce n’est pas seulement une question scientifique, mais une question d’organisation de l’action de prévention, de volonté politique et de mobilisation de la population.