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L’AVARE La Bohème Escenarios Educativos 2012-2013 1 L’Avare, ou l’Ecole du mensonge Molière Adaptation par André de Sá Moreira pour 3 acteurs/actrices. PERSONNAGES HARPAGON, père de Cléante et d'Elise. CLEANTE, fils d'Harpagon, amant de Marianne. ELISE, fille d'Harpagon, amante de Valère. VALERE, fils d'Anselme et amant d'Elise. MARIANNE, amante de Cléante et aimée d'Harpagon. FROSINE, femme d'intrigue. MAITRE JACQUES, cuisinier et cocher d'Harpagon. LA FLECHE, valet de Cléante. DAME CLAUDE, servante d'Harpagon. BRINDAVOINE, laquais d'Harpagon. LA MERLUCHE, laquais d'Harpagon.

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La Bohème Escenarios Educativos 2012-2013

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L’Avare, ou l’Ecole du mensonge

Molière Adaptation par André de Sá Moreira pour 3 acteurs/actrices.

PERSONNAGES HARPAGON, père de Cléante et d'Elise. CLEANTE, fils d'Harpagon, amant de Marianne. ELISE, fille d'Harpagon, amante de Valère. VALERE, fils d'Anselme et amant d'Elise. MARIANNE, amante de Cléante et aimée d'Harpagon. FROSINE, femme d'intrigue. MAITRE JACQUES, cuisinier et cocher d'Harpagon. LA FLECHE, valet de Cléante. DAME CLAUDE, servante d'Harpagon. BRINDAVOINE, laquais d'Harpagon. LA MERLUCHE, laquais d'Harpagon.

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La scène est à Paris. La scène est dans l'obscurité. On entend un ricanement. Harpagon rentre sur scène avec une lampe à pétrole qu'il tend devant lui, tenant une pelle et un petit coffre sous le bras. Il avance en ricanant d'un rire aigu. Il s’arrête, pose sa lampe et commence à creuser en ricanant de plus belle. La lumière s’éteint. La lumière revient de l'autre côté de la scène. On aperçoit un jeune garçon et une jeune fille qui parlent à voix basse.

CLEANTE, ELISE.

La scène entière est dite à voix basse. CLEANTE. - Ma sœur, je brûle de vous parler. ELISE. Elle le regarde effrayée. Vous brûlez mon frère ?

CLEANTE. - Je veux dire que je veux m'ouvrir à vous d'un secret. ELISE. Elle le regarde, effrayée. Vous ouvrir en deux mon frère ?

CLEANTE. - Mais non ! Bon, laissez tomber. Voici mon secret : J’aime. ELISE. - Vous m'aimez ? CLEANTE. - Mais pas vous ! Oui, j'aime une fille. Mais j’ai peur que notre père s’oppose à mon amour, qui est pauvre. ELISE. - Votre amour est pauvre... Vous n’êtes donc pas si amoureux. CLEANTE. - Mais non. La fille que j’aime est pauvre. Mon amour, lui, est riche. ELISE. - Riche ou pauvre ? CLEANTE. - Laissez tomber....Allez vous oui ou non me soutenir ? ELISE. - Mais bien sûr. Je ne suis pas votre père moi!

CLEANTE. - Non, vous êtes ma sœur; mais vous, vous ne connaissez pas l'amour, vous ignorez la douce violence qu'un tendre amour fait sur nos cœurs. J'ai peur de votre sagesse. ELISE. - Mon frère, je ne suis pas si sage que ça. Comment s’appelle celle que

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vous aimez ? CLEANTE. - Marianne... ELISE. - La manière dont vous prononcez son nom me suffit à comprendre que vous l’aimez vraiment. CLEANTE. Je l'aime terriblement. ELISE. - Mon frère, je partage votre peur car moi aussi, j’aime. CLEANTE. - Vous ? Vous aimez ? ELISE. - Oui CLEANTE. - Vous aimez Marianne ? ELISE. - Mais non, j’aime Valère. CLEANTE. – Valère l’intendant? Mais vous êtes folle ! ELISE. – J’en suis folle. Mais il est encore plus pauvre que votre Marianne. Je vous en prie, mon frère, promettez moi de soutenir mon amour et je soutiendrais le votre. CLEANTE. – C’est d’accord. A moi Marianne, à vous Valère ! Nous devons joindre nos forces contre le caractère de notre père ! Ils chantent tous les deux de manière très « cursi » ELISE. CLEANTE. Chantant « Mais qu’allons nous faire de tout cet amour… » CLEANTE. – Chut j'entends la voix de papa. Éloignons-nous ! HARPAGON

Il surgit dans le public. Il crie, agresse un professeur, monte un scandale…

HARPAGON. À une personne du public – Toi, petit filou, tu m’as volé ?! ¿¿Me has robado?? À une autre personne du public Ou c’est toi ?!

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À une autre personne Tu espionnes dans mes affaires, traître ? !!Traidor!! À une autre personne Tu fais courir le bruit que j'ai de l'argent caché chez moi? À une autre personne Et toi ! Tu n’as rien à moi? Viens là, que je voie. Montre-moi tes mains. Et les autres. Déshabille-toi pour voir si tu ne m’as rien volé !

HARPAGON monte sur scène.

HARPAGON. No es fácil guardar una gran suma de dinero en casa . Para mí, las cajas fuertes son sospechosas, siempre son lo primero don de buscar. Sin embargo, ahora no sé si hice bien de enterrar diez mil escudos de oro en mi jardín. (Descubre a los jóvenes en el otro lado de la escena) ¡Oh Dios mío! Me han descubierto... ¿Quién anda ahí?

CLEANTE. ELISE. HARPAGON

CLEANTE. ELISE. S'approchant – C’est nous, père. HARPAGON. - Y a-t-il longtemps que vous êtes là ? ELISE. - Nous venons d'arriver. HARPAGON. - Vous avez entendu... CLEANTE. - Quoi, mon père ? HARPAGON. - Ce que je viens de dire. ELISE. - Non. HARPAGON. – Si. Je vois bien que vous en avez entendu. C'est que je raisonnais seul à voix haute de la difficulté à trouver de l'argent aujourd'hui, avec la crise, et je disais que je serais heureux d’avoir dix mille écus.

CLEANTE. - Nous n’avons rien entendu. HARPAGON. - Je dis cela, mais n'allez pas vous imaginer que j‘ai dix mille écus. ELISE. - Nous n'entrons pas dans vos affaires. HARPAGON. Regardant au ciel – Ah si je pouvais avoir dix mille écus !

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CLEANTE. – Mais père, vous êtes déjà bien assez riche.

HARPAGON. – Riche, moi ? Mais c'est faux ! Ceux qui disent cela ont menti. Menteur ! ELISE. – Calmez-vous Père. HARPAGON. - Menteuse ! Je suis pauvre ! Et à cause de vous ! CLEANTE. - Comment ? HARPAGON. - Oui. Les dépenses que vous faites seront la cause de ma mort. CLEANTE. - Mais de quelles dépenses parlez vous? HARPAGON. – Celle que vous ne savez pas encore mais que vous allez faire ! ELISE. – Père, calmez-vous. Mon frère et moi avons quelque chose à vous dire. HARPAGON. –Ah ah, je le savais ! Qu'avez vous dépensé !? CLEANTE. C'est de mariage, mon père, que nous désirons vous parler. HARPAGON. Se calmant – Ah bon ?! Tiens moi aussi je veux vous parler de mariage. ELISE. CLEANTE.- Ah ! Mon père ! HARPAGON. - N'ayez pas peur. Je sais ce qu'il vous faut à tous les deux. Pour commencer avez-vous entendu parler d’une jeune femme appelée Marianne qui vit près d’ici? CLEANTE. - Marianne...Oui, mon père. HARPAGON, à Elise. - Et vous ?

ELISE. - Oui, mon père. HARPAGON. - Comment trouvez-vous cette fille, mon fils? CLEANTE. - Une fort charmante personne. HARPAGON. - Physiquement ?

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CLEANTE. – Elle est très jolie. HARPAGON. - Son caractère ? CLEANTE. - Admirable. HARPAGON. – Pensez-vous qu'elle ferait une bonne épouse ? CLEANTE. - Oh oui, mon père ! HARPAGON. – C’est un parti souhaitable ? CLEANTE. - Très souhaitable. HARPAGON. – N’est elle pas trop pauvre?

CLEANTE. - Ah ! Mon père, l’amour est le plus important. HARPAGON. – Vous avez raison. Et j’ai décidé de l’épouser ! CLEANTE. Comment ? HARPAGON. – Je vais épouser Marianne. ELISE. – Qui ? Vous ? CLEANTE. – Je vais vomir. HARPAGON. - Oui, moi! Mais qu’est ce qu’il vous prend ? CLEANTE sort en courant vomir.

ELISE, HARPAGON. HARPAGON. – Qu’est-ce qu’il a mangé ce matin ? ELISE. C’est l’émotion.

HARPAGON. Et vous, ma fille, vous épouserez le seigneur Anselme. ELISE. – Le seigneur Anselme ? Il n’est pas déjà mort ce vieillard? HARPAGON. – Mais que dites-vous ?! Il n'a pas plus de quatre-vingts ans, c’est un

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homme mûr et sage, et qui est riche à crever. Vous l'épouserez dès ce soir. ELISE - Dès ce soir ? Je sens que je vais vomir. Excusez-moi mon père…

Elle sort en courant.

HARPAGON. – Ah cette jeunesse ! Ils ne supportent pas les émotions. Allons préparer le dîner pour recevoir Marianne et le seigneur Anselme ! FROSINE ! FROSINE, HARPAGON. FROSINE. - Monsieur... HARPAGON. - Attendez un moment. Je reviens. (Au public.) Je dois rendre visite à mon argent pour voir si il se porte bien. FROSINE. Parlant au public - Yo soy Frosine, la criada a su disposición, soy servicial y educada, pero me aprovecho de mis virtu des. (se recoloca los pechos). En este mundo lleno de problemas debemos v ivir de… En fin, soy una experta en el arte de traicionar a los hombres. Mi ternura es la llave para abrir sus corazones y hacerles cosquillas para que me den su dinero. Desciende hacia el público y se acerca a un maestro al que trata de seducir y sobornarlo por dinero. FROSINE. Parlant à une personne du public - Vous voulez toucher mes seins Monsieur ? C'est 10 euros !

HARPAGON, FROSINE. HARPAGON rentre sur scène. Mais qu’est-ce que tu fais, Frosine ?

FROSINE. - Ah ! Mon Dieu ! Voilà le patron ! Elle remonte sur scène. Rien ! C’est ce monsieur qui voulait me parler, et me toucher les seins ! HARPAGON. À la personne du public. – Coquin! à Frosine. - Frosine, comment me trouvez-vous pour mon âge ? FROSINE. - Oh Monsieur, jamais je ne vous ai vu si frais et si gaillard.

HARPAGON. – C’est vrai ?

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FROSINE. - Vous n'avez jamais été aussi jeune, elle désigne le public. Et je vois ces gens plus vieux que vous. HARPAGON. - Cependant Frosine, j'en ai soixante bien comptés. FROSINE. - Hé bien ! C'est la fleur de l'âge! HARPAGON. –Vingt ans de moins ne me feraient pas de mal, je crois. FROSINE. - Vous n'avez pas besoin de cela, vous êtes en pleine forme. Vous allez vivre jusqu’ à cent ans. HARPAGON. – Tu crois ? FROSINE. - Assurément. Vous en avez toutes les marques. Regardez celle-là, entre vos deux yeux, un signe de longue vie ! Et votre main. Ah ! Mon Dieu ! Quelle ligne de vie ! Elle ne s’arrête pas. Elle tire sur son bras et lui fait prendre une posture ridicule.

HARPAGON. - Ma ligne de vie? FROSINE. - Je disais cent ans, mais vous passerez les cent vingt ans. Regardez moi ce dos ! Elle le met à quatre pattes.

HARPAGON. – Mon dos ? FROSINE. – Oui ! Marchez un peu pour voir! Il marche à quatre pattes. Mais vous allez vivre plus longtemps que les enfants des enfants de vos enfants. Une vraie santé de cheval ! Elle lui monte dessus !

HARPAGON. – Aïe… Doucement! FROSINE. - Allez hue ! Bel étalon ! HARPAGON. D’accord, d’accord…Se relevant péniblement. Frosine, Comment va notre affaire ?

FROSINE. - J'ai dit à la mère de Marianne que vous vouliez la marier. HARPAGON. – Et sa réponse... FROSINE. - Elle a reçu la proposition avec joie ; et, quand je lui ai dit que vous souhaitiez inviter sa fille ce soir à dîner pour signer le contrat de mariage, elle a accepté sans peine.

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HARPAGON. - C'est que je suis obligé d’inviter le seigneur Anselme, le futur mari de ma fille, et tant qu'à faire un dîner, autant en faire un pour deux, cela me coûtera moins cher.

FROSINE. - Vous avez raison. HARPAGON. - As-tu expliqué à la mère qu’on n'épouse pas une fille sans qu'elle apporte une dot ? FROSINE. – Elle est trop pauvre pour la dot mais c'est une fille qui vous apportera beaucoup d’économies. HARPAGON. – Des économies ? FROSINE. – Oui ! Premièrement, c'est une fille accoutumée à vivre de salade, elle ne consomme presque rien. En plus, elle a des goûts simples, elle n'aime pas les superbes habits, ni les riches bijoux, ni les meubles somptueux. Enfin, elle n’use pas de téléphone portable, d’ipod, imac etc… HARPAGON. - Oui, cela n'est pas mal… Mais Frosine, il y a encore une chose qui m'inquiète. La fille est jeune, et les jeunes gens d'ordinaire n'aiment que leurs semblables. J'ai peur qu'un homme de mon âge ne soit pas de son goût… FROSINE. - Ah ! Que vous la connaissez mal ! Elle a une aversion épouvantable pour tous les jeunes gens et n'a de l'amour que pour les vieillards. HARPAGON. – Quoi? Tu me traites de vieillard ?

FROSINE. - Heu...Non. C’est une façon de parler ! Je lui ai fait un portrait de vous, et je n'ai pas manqué de lui vanter votre jeunesse d’esprit et la chance d'avoir un mari comme vous. HARPAGON. - Tu as bien fait, et je t'en remercie. FROSINE. - J'aurais, Monsieur, une petite demande à vous faire. J'ai besoin d’un peu d'argent…(Il prend un air sévère.) Marianne aura beaucoup de plaisir à vous voir. (Il prend un air gai.) Un peu d’argent (Il reprend son visage sévère.) Vous auriez du voir sa tête souriante quand je lui ai parlé de vous. (Il reprend un air gai.) La joie éclatait dans ses yeux au récit de vos qualités. S'il vous plaît...

HARPAGON. - Merci, Frosine, au revoir. FROSINE. – Elle lui attrape le bras. Je vous en prie, Monsieur, donnez-moi une

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pièce!

HARPAGON. - Adieu, je dois partir donner des ordres. FROSINE. – Elle se jette sur lui. Monsieur, je vous supplie de m’aider comme je vous ai aidé.

HARPAGON. – Essayant de se dégager. On m’appelle.

FROSINE. - Vous ne sauriez croire, Monsieur, le plaisir que... HARPAGON. – Lâche-moi ! Il sort

FROSINE, seule. – !Será rastrero! !Al diablo con él! Resistió a todos mis ataques. Pero la negociación aún no acabó, tengo a los niños con los que puedo sacar una buena recompensa. .

Obscurité. Lumière. Harpagon est au milieu de la scène et secoue une cloche. HARPAGON. LA MERLUCHE. DAME CLAUDE. BRINDAVOINE HARPAGON. (Criant) - Allons, venez tous là, que je vous donne mes ordres pour ce soir. Dame Claude, Maître Jacques, Valère, Brindavoine, la Merluche !

Entre la Merluche (acteur avec une perruque)

LA MERLUCHE (timidement) – Pouvez-vous m'acheter un autre pantalon, j'ai une grosse tâche sur le devant....

HARPAGON. (Criant) - Non La Merluche!

La Merluche sort. Entre Dame Claude.

HARPAGON. Approchez, Dame Claude. Vous allez nettoyer partout, mais surtout prenez garde de ne pas frotter les meubles trop fort, de peur de les user. C'est compris ?

DAME CLAUDE. - Oui Monsieur.

Dame Claude sort. La Merluche revient sur scène.

LA MERLUCHE (timidement) – J'ai une grosse tâche sur le devant de mon

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pantalon et je me demandais si....

HARPAGON. (Criant) - Non La Merluche! La Merluche sort. Entre Brindavoine.

HARPAGON. - Brindavoine, Venez…venez plus près. Brindavoine s’approche timidement. Harpagon le frappe. BRINDAVOINE – Mais qu’est ce que j’ai fait ?

HARPAGON. Je ne sais pas, mais c’est au cas où. Brindavoine, vous servirez à boire, mais seulement lorsque l'on aura soif. Attendez qu'on vous en demande plus d'une fois, et apportez toujours beaucoup d'eau. C'est compris ?

BRINDAVOINE - Oui Monsieur.

Brindavoine sort. Entre La Merluche.

LA MERLUCHE (timidement) – Et pour la tâche...

HARPAGON. (Hurlant) – Foutez-moi le camp !

La Merluche sort. Cléante rentre sur scène.

HARPAGON. CLEANTE

HARPAGON. - J'ai dit dehors !!! Ah c'est vous mon fils... Alors ça va mieux ? À ma future femme, je compte sur vous pour ne pas lui faire mauvais visage. CLEANTE. - Mauvais visage ? Et pourquoi ? HARPAGON. - Mon Dieu, parce que les enfants dont les pères se remarient regardent d’un sale œil leur belle-mère. C’est bien connu ! Je vous ordonne de bien accueillir Marianne. CLEANTE. – Mon père, je vous promets de vous obéir. HARPAGON. – Je compte sur vous. CLEANTE. - Vous n'aurez pas à vous plaindre. Cléante sort de scène. Frosine rentre sur scène (le même acteur)

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HARPAGON, MARIANNE, FROSINE.

FROSINE. Monsieur, Monsieur ! HARPAGON. – Qu'est-ce qu'il y a ? FROSINE. Voilà Madame Marianne. HARPAGON. – Ah vite ! Coiffez-moi ! Frosine le coiffe et laisse Harpagon avec une coiffure ridicule.

MARIANNE. – Bonsoir Monsieur. HARPAGON. – Bonsoir ma belle ! MARIANNE, au public. – Oh qu’il est laid!

HARPAGON. - Que dites-vous ? FROSINE. - Qu'elle vous trouve admirable. HARPAGON. - C'est trop d'honneur que vous me faites, mignonne. MARIANNE, au public. - Oh qu’il est vieux!

HARPAGON. - Que dites-vous ? FROSINE. - Qu'elle vous trouve amusant. HARPAGON. – Bon, merci Frosine ! Laissez-nous seuls !

Frosine sort. Harpagon s’approche de Marianne.

MARIANNE, au public. – Au secours.

Rentre sur scène Cléante.

HARPAGON , MARIANNE, CLEANTE

HARPAGON. - Ah ! Voici mon fils qui vient vous saluer. MARIANNE, au public. - Ah ! Mais c’est lui!

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CLEANTE. En lui baisant les mains - Madame, je ne m'attendais pas à vous voir ici, et encore moins en future belle-mère. MARIANNE. - Ce n'est pas encore fait...Voilà une rencontre imprévue qui me surprend autant que vous. CLEANTE. - Il est vrai que mon père, Madame, ne peut pas faire un plus beau choix, je suis heureux de vous voir, mais pas en belle-mère. HARPAGON. – Voilà un compliment bien impertinent ! MARIANNE. - Moi aussi je suis heureux de vous voir. HARPAGON. Je vous demande pardon, ma belle, de l'impertinence de mon fils ; c'est un jeune sot qui ne sait pas ce qu'il dit. MARIANNE. - Ce qu'il m'a dit ne m'a pas du tout offensée ; au contraire, j’aime les gens qui expriment leurs véritables sentiments.

HARPAGON. - C'est vraiment gentil à vous d’excuser ses fautes. Vous verrez qu'il changera de sentiments avec le temps. CLEANTE. - Non, mon père, je ne changerai rien; et je prie instamment Madame de le croire. HARPAGON. - Mais voyez quelle extravagance ! Il continue encore plus fort. Voulez-vous changer de discours !? CLEANTE. – Laissez-moi me mettre à la place de mon père, Madame, pour vous avouer que je n'ai rien vu dans le monde de si charmant que vous, et qu’il n y a rien d'égal au bonheur de vous plaire...

HARPAGON. - Doucement, mon fils.... CLEANTE. - C'est un compliment que je fais pour vous à Madame. HARPAGON. - Mon Dieu, j'ai une langue pour m'expliquer moi! (changeant de sujet) Je vous prie de m'excuser, ma belle, je n'ai pas songé à vous donner quelque chose à boire.

CLEANTE. - J'y ai pensé pour vous, mon père, et j'ai envoyé Valère de votre part acheter des bouteilles de champagne et de grands vins.

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MARIANNE. - C'est une chose qui n'était pas nécessaire. HARPAGON, criant – Valère, STOP, n’achetez plus rien!

Cléante s’empare de la main d’Harpagon et la montre à Marianne. CLEANTE. - Avez-vous déjà vu, Madame, un diamant aussi brillant que celui que mon père porte au doigt ?

MARIANNE. – C’est vrai qu'il brille beaucoup. CLEANTE, l'ôtant du doigt de son père et le donnant à Marianne. – Prenez-le dans vos mains pour le voir de plus près.

MARIANNE. - Il est fort beau, sans doute, et étincelant. CLEANTE, se mettant au-devant de Marianne, qui veut le rendre. Madame, c'est un présent que mon père vous fait. HARPAGON. - Quoi ? CLEANTE. - N'est-il pas vrai mon père, que vous voulez que Madame le garde par amour pour vous ? HARPAGON, bas à son fils. - NON!

CLEANTE. - Mon père serait ravi que vous acceptiez ce cadeau.

HARPAGON, à part. - J'enrage !

MARIANNE. –Je ne peux pas accepter HARPAGON, à part. – Elle ne peut pas !

CLEANTE. - Le voilà qui se scandalise de votre refus. HARPAGON, bas, à son fils. - Ah ! Traître !

CLEANTE. - Vous le ferez tomber malade. De grâce, Madame, ne résistez pas davantage. MARIANNE. - Bon, j’accepte, mais c’est pour ne pas le mettre en colère. HARPAGON. – Je vais vomir. Veuillez m’excuser.

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Harpagon sort de scène

MARIANNE, CLEANTE .

CLEANTE. - Belle Marianne, mais que faites-vous ici? MARIANNE. - Hélas ! On a convaincu ma mère de me marier avec votre père. CLEANTE. - Vous allez accepter cette horrible chose?

MARIANNE. - Que puis-je faire, Cléante. J’ai de la considération pour ma mère. Mon Dieu, aidez-moi! CLEANTE. Je vais allez voir votre mère moi-même et lui expliquer ce que je ressens pour vous. HARPAGON, à part. - Mi hijo besa la mano de su madrastra y su presunta madrastra supuestamente no se queja. ¿Me estan toma ndo el pelo?

MARIANNE. - Attention, votre père qui revient! Marianne sort de scène en courant.

HARPAGON, CLEANTE. HARPAGON. – Alors, comment la trouves-tu ? CLEANTE. - Franchement, elle me semble coquette, sa beauté très médiocre, et son esprit des plus communs. HARPAGON. - Tu lui disais des choses pourtant peu communes... CLEANTE. - Je lui ai dit quelques douceurs en votre nom, mais c'était pour vous plaire. HARPAGON. - Donc elle ne t’intéresse pas ? CLEANTE. - Moi ? Pas du tout. HARPAGON. - J'en suis fâché, car en réfléchissant bien j'ai pensé que j’étais peut-être trop vieux pour elle et, comme je l'ai faite venir ici et que je ne peux revenir en arrière, je te l'aurais donnée, à toi.

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CLEANTE. - À moi ? HARPAGON. - À toi. CLEANTE. - En mariage ? HARPAGON. - En mariage. CLEANTE. - Ecoutez ; il est vrai qu'elle n'est pas de mon goût ; mais pour vous faire plaisir, mon père, je me résoudrai à l'épouser. HARPAGON. – Oh. Je ne veux pas te forcer. Je suis un père raisonnable. CLEANTE. - Je ferai cet effort pour vous. HARPAGON. - Non, si tu avais senti quelque chose pour elle, à la bonne heure, je te l'aurais fait épouser à ma place, mais comme ce n’est pas le cas je l'épouserai moi-même. CLEANTE. – Assez mon père ! Je dois vous révéler un secret. La vérité est que je l'aime depuis le premier jour où je l’ai vue. HARPAGON. – Vous l’avez vue avant moi ? CLEANTE. - Oui, mon père. HARPAGON. - Vous vous êtes déclaré à elle ? CLEANTE. – Oui mon père. HARPAGON. - Et la fille répond à vos avances ?

CLEANTE. - Si j'en dois croire les apparences, oui, mon père, j’ose croire qu’elle m’aime aussi. HARPAGON, bas, à part. - Voilà le secret ! Et bien mon fils, il va falloir oublier vos désirs, car c’est moi son futur mari !

CLEANTE. – Mais !? HARPAGON. – Tu renonceras à Marianne et tu te marieras avec qui je dirai ! CLEANTE. – Pas question. C’est Marianne que j’aime !

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HARPAGON. – Je suis ton père et tu me dois le respect ! CLEANTE. - L'amour est plus fort que le respect. HARPAGON. - Je te donnerai des bons coups de bâton. CLEANTE. - Toutes vos menaces ne feront rien. HARPAGON. Criant – Qu’on m’apporte un bâton !

MAITRE JACQUES , HARPAGON, CLEANTE. MAITRE JACQUES. - Eh! Messieurs, qu'est-ce qui se passe ? HARPAGON. – Mon fils va recevoir ! CLEANTE. - Je m’en moque. MAITRE JACQUES, à Cléante. - Ah ! Monsieur, doucement.

HARPAGON. – Tu vas voir mon bâton de près! MAITRE JACQUES, à Harpagon. - Ah ! Monsieur, de grâce. HARPAGON. - Maître Jacques, soyez juge de cette affaire, pour montrer comme j'ai raison. MAITRE JACQUES. – D’accord. Ils s’éloignent.

HARPAGON. - Me gusta una chica con la que quiero casarme, y mi hijo tiene la insolencia de amarla también a pesar de mi prohi bición. ¿Cómo puede un hijo querer competir con su padre? ¿Acaso no me tie ne respeto? MAITRE JACQUES. –Il a tort. Vous avez raison. Laissez-moi lui parler. Il vient trouver Cléante à l'autre bout de la scène.

CLEANTE. - Je suis amoureux d'une jeune fille qui répond à mes vœux et reçoit tendrement les offres de mon amour, et mon père s'avise de la prendre pour femme. N'a-t-il pas honte de songer à se marier avec elle, à son âge?

MAITRE JACQUES. - Il a tort. Vous avez raison. Laissez-moi lui dire deux mots. (Il revient à Harpagon.) Eh bien votre fils est d’accord, il dit qu'il ne peut pas vous manquer de respect. Seulement il aimerait lui aussi se marier.

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HARPAGON. - Ah ! Dis-lui, maître Jacques, qu’en dehors de Marianne, je lui laisse la liberté de choisir celle qu'il voudra. MAITRE JACQUES. - Laissez-moi faire. (Il va vers le fils.) Eh bien, votre père reconnaît qu’il s’est mis en colère, mais seulement à cause de votre mauvais caractère. Il est disposé à vous accorder ce que vous souhaitez.

CLEANTE. - Ah ! Maître Jacques, tu peux lui peux assurer que, s'il m'accorde Marianne, il me verra toujours le plus soumis des hommes.

MAITRE JACQUES, à Harpagon. – Il est d’accord. HARPAGON. – Bravo! MAITRE JACQUES, à Cléante. . – Il est d’accord.

CLEANTE. - Le ciel en soit loué ! MAITRE JACQUES. - Messieurs, Vous n'avez qu'à parler ensemble. Vous voilà réconciliés. Je vous laisse.

CLEANTE. - Merci maître Jacques, je te serai obligé toute ma vie. HARPAGON. – Cela mérite une récompense, maître Jacques. (Il tire son mouchoir de sa poche, ce qui fait croire à maître Jacques qu'il va lui donner quelque chose. Mais il ne lui donne rien)

MAITRE JACQUES. – C’était trop beau pour le croire. Adieu. Maître Jacques sort de scène CLEANTE, HARPAGON. CLEANTE. - Je vous demande pardon, mon père, de mon emportement. HARPAGON. - Cela n'est rien. CLEANTE. - Je le regrette profondément. HARPAGON. – C’est oublié ! CLEANTE. – Vous ne gardez aucun ressentiment de toutes mes extravagances ?

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HARPAGON. – Tu as retrouvé la raison et respecte ma personne. Je te pardonne !

Ils se serrent dans les bras en pleurant de joie

CLEANTE. (en pleurant de joie) - Je vous promets, mon père, de vous respecter jusqu’à votre mort. HARPAGON. (en pleurant de joie) - Et moi, je te promets que tu obtiendras tout ce que tu voudras de moi. CLEANTE. (en pleurant de joie) - Ah ! Mon père, je ne vous demande plus rien, c'est assez de m'avoir donné Marianne. HARPAGON. (en pleurant de joie) - Comment ? CLEANTE. (en pleurant de joie) - Je dis, mon père, que je vous remercie de m'accorder Marianne. HARPAGON. (en pleurant de joie) - Qui est-ce qui parle de Marianne ? CLEANTE. (en pleurant de joie) - Vous, mon père. HARPAGON. (il arrête tout d’un coup de pleurer) - Moi ? CLEANTE. (il arrête tout d’un coup de pleurer) - Oui. HARPAGON. - Tu n’as pas renoncé à elle ? CLEANTE. – Non. HARPAGON. - Traître. CLEANTE. – C’est vous le traitre ! HARPAGON. - Je te renonce pour mon fils. CLEANTE. – Ça m’est égal ! HARPAGON. Criant en sortant de scène - Je te déshérite.

CLEANTE. – Je n’ai que faire de votre argent ! Cléante s’assoie sur scène tristement. Il tâtonne le sol et découvre par hasard le coffre enterré par son père.

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Obscurité. Lumière HARPAGON.

HARPAGON. - (Il crie en entrant sur scène) !Al Ladron! !Al Asesino! !!Socorro!! Estoy perdido , estoy muerto… ahh… me corto la garganta!! !Me han robado todo el dinero! ¿Dónde está? ¿Dónde se esconde? ¿Dónde buscar? ¿Y tú quien eres? ¡Quieto! (Se coge el brazo.) Dame mi dinero, ¡te pillé! ... ¡Ah! Soy yo. Mi ment e está turbada, me estoy volviendo loco! ¡Al ladrón!

Rentrent Frosine et Cléante Señoras y señores, necesitamos una mano inocente pa ra buscar al ladrón y hacer justicia.

Frosine et Cléante vont chercher le commissaire dans le public.

HARPAGON. – Monsieur le commissaire ! On m’a volé dix mille écus ! Il fait répéter au commissaire « dix mille écus »

LE COMMISSAIRE (quelqu’un du public) - Dix mille écus HARPAGON. - Le vol est considérable. Il fait répéter au commissaire LE COMMISSAIRE. - Le vol est con-si-dé-ra-ble. HARPAGON. – Je soupçonne tout le monde. Il fait répéter au commissaire.

LE COMMISSAIRE. – Tout le mon-de HARPAGON. Tend un bâton au commissaire. Tenez. Frappez les voleurs ! Il le fait descendre dans le public et l’incite à frapper les spectateurs !

HARPAGON. Voleurs ! Voleurs ! Frappez-le! Et lui !

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HARPAGON. MAITRE JACQUES .

MAITRE JACQUES. – Monsieur, je sais qui est le voleur. Harpagon remonte sur scène. Maitre Jacques lui souffle dans l’oreille.

HARPAGON. à voix haute – Un professeur de Français ?

MAITRE JACQUES. – Mais non!

Maître Jacques lui souffle à nouveau dans l’oreille.

HARPAGON. à voix haute – Valère mon intendant ? MAITRE JACQUES. – Oui, Il a trouvé votre cassette ! HARPAGON. – Où ca? MAITRE JACQUES. Dans la maison! HARPAGON. – Je l’avais enterrée dans le jardin. MAITRE JACQUES. - Euh...justement...dans la maison… qui est dans le jardin. HARPAGON. - Comment elle est faite cette cassette ? MAITRE JACQUES. - Elle est faite... elle est faite comme une cassette. HARPAGON. – Je m’en doute abruti! Mais comment est elle ? MAITRE JACQUES. – Heu…C'est une grande cassette. HARPAGON. - Celle qu'on m'a volée est petite. MAITRE JACQUES. – Heu… oui ! Elle est petite mais je l'appelle grande pour ce qu'elle contient. HARPAGON. - Et de quelle couleur est-elle ? MAITRE JACQUES. - De quelle couleur ? HARPAGON. - Oui. De quelle couleur ? MAITRE JACQUES. - Elle est…

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HARPAGON. – Rouge ? MAITRE JACQUES. – C’est cela ! Rouge HARPAGON. – La mienne est grise! MAITRE JACQUES. – Heu… oui...Elle est rouge grise. Un gris rouge ; c'est ce que je voulais dire. HARPAGON. - Il n'y a pas de doute. C'est ma cassette ! Va me chercher Valère ! Je vais le tuer !!!

Maître Jacques sort du coté droit de la scène.

MAITRE JACQUES. En sortant, au public – L’intendant va être renvoyé et je prendrai sa place !! Eh eh eh!

Valère rentre sur scène du côté gauche de la scène (c’est le même acteur).

VALERE, HARPAGON HARPAGON. - Valère! Approche. Viens confesser l'attentat le plus horrible du monde.

VALERE. - Que voulez-vous, monsieur ? HARPAGON. - Comment, traître, tu ne rougis pas de ton crime ?

VALERE. - De quel crime voulez-vous donc parler ? HARPAGON. - Infâme ! Comme si tu ne savais pas ce que je veux dire ! L’affaire est découverte, allez, avoue!

VALERE. - Monsieur, puisque vous le savez je ne vais pas plus longtemps vous cacher la chose. Je voulais vous en parler, mais j’attendais le bon moment. HARPAGON. - Parle, voleur infâme !

VALERE. - De grâce, le mal n'est pas si grand que ça. Et j’ai une bonne excuse: l'Amour. HARPAGON. - L'Amour ?

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VALERE. - Oui. L’Amour. HARPAGON. - L'amour de mes louis d'or !?

VALERE. - Non, monsieur, ce ne sont pas vos richesses qui m'ont tenté.

HARPAGON. - Ah non? Un trésor comme celui-là ! VALERE. - C'est un trésor, c’est vrai, et le plus précieux que vous ayez; mais ce ne sera pas le perdre que de me le donner.

HARPAGON. - Ou l’as tu enlevée ? VALERE. - Moi ? Mais je ne l'ai pas enlevée, elle est encore chez vous. HARPAGON, à part. - O ma chère cassette ! Chez moi ! (Haut.) Elle n'est pas sortie de ma maison ? Tu n'y as pas touché ? VALERE. - Moi, y toucher ! Oh monsieur! Comment pouvez vous penser une chose pareille, elle est si pure. HARPAGON, à part. - Ma cassette est pure!?

VALERE. - J'aimerais mieux mourir que d’avoir une mauvaise pensée pour elle, elle est si honnête. HARPAGON, à part. - Ma cassette est honnête!?

VALERE. - Elle a de si beaux yeux. HARPAGON, à part. - Ma cassette a de beaux yeux !?

VALERE. - Oui, je suis amoureux d’elle.

HARPAGON, à part. – Amoureux de ma cassette!? Mais il est complètement fou.

VALERE. – Oui. J’aime votre fille Elise.

HARPAGON. - Mais qu’est ce que tu racontes avec ma fille ?

VALERE. - Nous avons signé une promesse de mariage votre fille et moi. HARPAGON. – Elise t'a signé une promesse de mariage ?

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VALERE. - Oui, Monsieur, et je lui en ai signé une.

HARPAGON. Se lamentant au ciel - Ah ! Fille scélérate, fille indigne d'un père comme moi ! Tu te laisses prendre d'amour pour un voleur infâme. Tu iras au couvent ! (à Valère) et toi, à la potence !

Cléante rentre sur scène.

HARPAGON, VALERE, CLEANTE

CLEANTE. - Ne vous tourmentez pas, mon père, et n'accusez pas Valère ni personne. Si vous voulez vous résoudre à me laisser épouser Marianne, votre argent vous sera rendu. HARPAGON. - Où est-il ? CLEANTE. - Ne vous inquiétez pas, nous l’avons retrouvé par hasard et il est en lieu sûr. Tout dépend de vous maintenant, vous pouvez choisir : me donner Marianne ou perdre votre cassette. HARPAGON. – Est-elle pleine ? CLEANTE. – Qui ? Marianne ? HARPAGON. – Ma cassette ! Abruti ! CLEANTE. – Il n’y manque rien.

HARPAGON. - Il faut, pour me donner conseil, que je voie ma cassette. Cléante et Valère parle ensemble à voix basse.

CLEANTE. - Vous la verrez saine et entière si vous me laissez épouser Marianne. VALERE. – Et si vous me laissez épouser votre fille. HARPAGON. – Et si je n'ai pas d'argent pour payer les frais de ces mariages. CLEANTE. - Hé bien, C’est le public qui payera le mien!

HARPAGON. – Et si je n'ai pas d'argent pour payer les frais du votre non plus.

VALERE. – Le public m’aidera également ! Au public. - N’est ce pas cher public?

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HARPAGON. Au public. - Vous payerez les frais de ces deux mariages ?

LE PUBLIC : OUI ! NON ! HARPAGON. Oui ou non ?! LE PUBLIC : OUI !

HARPAGON. – Alors dans ce cas, c’est d’accord ! CLEANTE. VALERE. Merci !!! Allons voir nos futures femmes !

HARPAGON. - Et moi, allons voir ma chère cassette !

FIN