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L’ATELIER DU CHEMIN DE FER DE MOULIN NEUF: « Ses 30 glorieuses » L’atelier de Moulin Neuf en vue aérienne (collection privée) CONFÉRENCE faite au Cercle Généalogique des Cheminots 1 bis rue d'Athènes, 75009 PARIS le 04 décembre 1999 PAR S. LECOEUR

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  • L’ATELIER DU CHEMIN DE FERDE MOULIN NEUF:

    « Ses 30 glorieuses »

    L’atelier de Moulin Neuf en vue aérienne (collection privée)

    CONFÉRENCE

    faite au Cercle Généalogique des Cheminots 1 bis rue d'Athènes, 75009 PARISle 04 décembre 1999

    PAR

    S. LECOEUR

  • L’ATELIER DU CHEMIN DE FER DE MOULIN NEUF : SES 30 GLORIEURSES Par S. LECOEUR Le : 04/12/1999

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    SOMMAIRE I - Le chemin de fer : 2

    A: La naissance du chemin de fer : 2B: Le développement du chemin de fer : 3

    II- 1848-1914: Le développement industriel et populaire 4A: L’arrivée du Chemin de Fer à CHAMBLY 4B: Le chemin de fer: Un outil de la révolution industrielle 5C: Les industries de CHAMBLY au début du XX ème siècle 6

    III- 1914 Le premier conflit mondial et le chemin de fer: 8A: Le réseau dévasté: 8B: La réparation temporaire du réseau: 9

    IV- 1918 La naissance de l'atelier de Moulin Neuf: 10A: 1918 recherche d'un atelier magasin unique: 10B: Les installations associées : 12

    V- 1920-1933 La montée en puissance: 15

    VI- 1934-1938 L'essor: 17

    VII- 1938: création de la S.N.C.F.: 17A: La standardisation du matériel 17B: Le rôle de l'atelier magasin de Moulin Neuf 18

    VIII- 1939: 2ème conflit mondial: 19A: La bataille du rail 19B: Les bombardements 20

    IX- Moulin Neuf aujourd’hui : 22

    X- Quid des archives ? 23

    XI- Une généalogie complète de cheminots à Moulin Neuf 24

    XII- Sources et remerciements 25

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    I - Le chemin de fer :

    A: La naissance du chemin de fer :

    C’est sous Louis Philippe 1er roi des Français, le 11 juin 1842 qu’est votée la loi relative à laconstruction des lignes de chemin de fer. Cette loi très connue porte sur la création de 9 grandes lignesjoignant PARIS aux frontières et au littoral de la Manche de la Méditerranée et de l’Océan. Elle fixeégalement la répartition des dépenses liées à la construction entre l’état et ses différents partenaires.Dès ce moment nous allons commencer à trouver des actes d’état civil concernant des employés dechemin de fer travaillant pour telle ou telle compagnie ou entreprise.Pour plus de détails, je vous invite à consulter « Les origines des chemins de fer en France » parBernard CARCEL (Vice-président du Cercle Généalogique des Cheminots) ou encore d’autresouvrages se rapportant à la création des chemins de fer.

    Des cheminots posants devant une 030 « Buddicom » de la Compagnie du Havre (La vie du Rail)

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    B: Le développement du chemin de fer :

    La première esquisse du Paris Creil est tracée (voir annexe A), cette ligne passe par Pontoise etBeaumont (actuellement Persan-Beaumont). Quatre ans plus tard, le 14 juin 1846, alors que l’oncompte plus de trente compagnies de chemin de fer en France, la ligne Paris / Creil est inaugurée.Cette ligne concurrence fortement les diligences qui avaient jusqu’alors le monopole sur le transport devoyageurs dans la région. Beaumont est sur la trajectoire des diligences qui vont de Beauvais à Paris.Le train, plus rapide et plus fiable que les diligences, est très apprécié. Il y a plus de départs, mais ilfaut se rendre à pieds à la gare.

    Deux ans après l’ouverture de la ligne, la révolution de 1848 éclate. Le 26 février, les stations de laligne sont pillées et incendiées. Après quelques jours de travaux, le trafic reprendra progressivement.

    Quelques signaux proposés par l’humoriste Cham (Journal L’illustration de 1846)

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    II- 1848-1914: Le développement industriel et populaire

    A: L’arrivée du Chemin de Fer à CHAMBLY

    Sous Louis Napoléon BONAPARTE (Napoléon III), le chemin de fer entre peu à peu dans les mœurs.Au début le l’année 1869 une société privée décide de construire une ligne d’intérêt locale deCHAMBLY à MERU. Le 7 juin la municipalité de CHAMBLY vote lors du conseil municipal uneallocation d’aide à la construction de 20 000 Francs.La construction acceptée de tous ne peut alors qu'être un succès.

    Puis vient la guerre de 1870. L’invasion Prussienne fait interrompre le trafic du chemin de fer et stoppela construction de la ligne entre CHAMBLY et MERU. La population (qui compte alors peu decheminots), se mobilise avec la garde nationale pour repousser l’ennemi qui campe non loin de là dansles champs du Mesnil-en-Thelle, en vain. L’armée prussienne est mieux organisée et mieux armée.La ligne d’intérêt local sera finalement inaugurée le premier juillet 1875, et un tronçon jusqu'àBEAUVAIS le 15 avril 1876 (voir annexe A). Les diligences qui ont jusque là survécues, ne résistentpas à l’arrivée du Chemin de Fer à Beauvais.

    La gare de Méru (Collection personnelle)

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    B: Le chemin de fer: Un outil de la révolution industrielle

    A CHAMBLY, le Chemin de Fer apporte des changements importants dans le quartier de la gare. Uneplace se substitue aux débris d’un incendie datant de 1741 (soit 130 ans auparavant!).Le 10 mars 1876, le conseil municipal vote une ouverture de voie entre la rue de PONTOISE et la ruede la gare (cette voie se nomme aujourd’hui la rue du chemin de fer) pour faciliter la venue desvoyageurs et des marchandises.Le trafic s’accentuant, une gare de marchandise est créée en 1891, puis une voie de garage pour destrains entiers.

    Place de l'Hôtel-de-Ville (Collection personnelle)

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    C: Les industries de CHAMBLY au début du XX ème siècle

    CHAMBLY peut alors s’enorgueillir d’une industrie florissante grâce au chemin de fer:

    En 1890 les industries camblisiennes comptent:• Une draperie (depuis le XVIIe siècle)• 2 tuileries à Amblaincourt• Une passementerie (depuis 1537)• 7 moulins sur l'Esches• 2 foires (qui cessèrent en 1910 et 1920)• 3 marchés (dont 2 subsistèrent après 1945)

    Sur les 7 moulins il y avait:

    • Le moulin de Mesnil St Martin• Le moulin de Mesnil• Le moulin de Mainnecourt, qui fut rejoint par une filature de coton en 1825,

    transformée en une fabrique de couteaux en 1831, qui finira par devenir... une filature• Le moulin St Aubin• Le moulin à Draps• Le moulin Neuf (qui donnera son nom à un lieu-dit, qui lui-même donnera son nom

    à un atelier de chemin de fer). C'est en fait le plus ancien, mais détruit, il futreconstruit en 1785.

    Le moulin St Aubin (Collection personnelle)

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    Dès 1900, avec l'attrait du chemin de fer et des facilités s'y rapportant, l'industrie prolifère par lacréation de:

    • 2 briqueteries• 2 mégisseries• 4 meuniers (dont 1 fabrique subsiste encore aujourd'hui)• 1 brosserie

    (Collection personnelle)

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    III- 1914 Le premier conflit mondial et le chemin de fer:

    A: Le réseau dévasté: En 1914, le premier conflit mondial prend naissance en Europe. L’armée réquisitionne le chemin de ferconformément à la loi du 05 juillet 1877, par l’intermédiaire d’une commission du réseau. Le chef d’Escadron DUMONT officier du Chemin de Fer (qui deviendra Lieutenant-Colonel puisColonel pendant ce même conflit) est nommé commissaire militaire, il est assisté d’un commissairetechnique monsieur Albert SARTIAUX alors ingénieur en chef de l’Exploitation. Très vite, le Nord de la France est dévasté, et le chemin de fer n'est pas épargné. Sur 3840 km de voie:

    • 2340 soit plus de 60 % furent occupés,• Sur ces 2340 km, 2163 km furent détruits, soit 56% du réseau total.

    Pont sur l’Oise, à Laversine après sa destruction (collection personnelle)

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    B: La réparation temporaire du réseau:

    En 1916, le génie militaire Français prend la décision de créer un parc de stockage de matériel de voieet de montage d'éléments de la voie, destiné à réparer les voies stratégiques de l'arrière front. Dès cemoment, l'atelier ne cessera de grandir. La main d'œuvre est rare du fait des événements, et ce sont lesprisonniers allemands qui feront les manutentions.

    Dès 1917, la compagnie du Nord créera un embryon d'atelier pour la préparation des appareils de voienécessaires pour la ligne stratégique "Feuquières-Broquiers à Ponthoile"(voir annexe B), et les réparationsaprès bombardement. Chaque jour 100 wagons de matériel sortent de l'atelier.

    Carte du réseau avec en grisé la zone occupée en 1914 (collection personnelle)

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    IV- 1918 La naissance de l'atelier de Moulin Neuf:

    A: 1918 recherche d'un atelier magasin unique:

    En 1918, le réseau ferré de la compagnie des chemins de fer du Nord est aux ¾ détruit. A ce moment, M. Raoul DAUTRY, Ingénieur Adjoint aux ateliers de la voie d'Ermont, devient chef duservice "voies et bâtiments" de la compagnie du Nord. La compagnie récupère tout le chantier deMoulin Neuf après l'Armistice. Le site possède plusieurs intérêts. Notamment un intérêt géographique, le lieu-dit "le Moulin Neuf" est situé à 40 km au nord de Paris, et25 km de Creil; Deux Nœuds ferroviaires importants, et Creil est situé au cœur du réseau Nord. Le site est également en bordure de la ligne Paris Beauvais, qui est déjà reconnu comme une porte versle nord du pays. L'étendue relativement faible du réseau et sa forme concentrée, étaient par ailleurs desfacteurs favorables à un atelier magasin unique. En effet, tout le matériel neuf destiné à l'entretien transiterait dans cet atelier magasin pour y êtredistribué en temps voulu aux utilisateurs, qui pourraient y renvoyer leurs "vieilles matières" en vrac.L'atelier serait puissamment doté de moyens de manutention mécaniques, et posséderait toutes lesinstallations adéquates pour trier et réparer le matériel de façon industrielle. La décision fut alors prise de créer cet atelier magasin sur le site de Moulin Neuf à Chambly.

    Situation géographique de l'ensemble

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    Insigne de l'Etablissement de Moulin Neuf en 1933 (collection personnelle)

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    B: Les installations associées :

    Toutefois, il subsiste deux problèmes de taille pour le site de Chambly: Premièrement, aucun terrain n’appartient encore officiellement à la compagnie. Jusqu’alors, le siterural était réquisitionné par l’armée. Ce problème a été très vite résolu par les achats des terrainsconcernés, et des expropriations de toutes sortes pour les « propriétaires récalcitrants ». Secundo, peu de logements sont habitables sur les communes rurales environnantes, ce qui est peupratique pour apporter une main d’œuvre importante. Ce n'est que grâce aux demandes de remboursements adressées à l'Allemagne et l'aide apportée auréseau Nord, que le 15 Janvier 1919, la compagnie présente une première demande de 2100 maisons de3 à 4 pièces pour le réseau. Le ministère des régions libérées ne peut fournir que des logements de 2pièces et quelques-uns de 3 et 4 pièces en bois, mais uniquement dans le Jura et les Landes (du fait dela proximité du bois). La compagnie s'adresse alors au ministère des travaux publics. Un projet futprésenté le 05 mars 1919 et le 09 mai (soit seulement deux mois plus tard) une autorisation fut donnéepour construire 2000 maisons démontables en bois. Ce qui fut le début d'une longue série qui représente 60000 personnes logées en 30 mois dans environ6000 maisons en bois et autant en "dur". Il n'est pas étonnant de trouver des déménagements decheminots à cette époque, pour des regroupements en citées cheminotes. Ces maisons furent construites sur 400 à 500 m² de terrain voir 1000 ou 1500 m² comme à Chambly.La raison en est simple, le terrain est abondant et vierge, ce qui est idéal pour avoir des jardins, trèsprisés par les cheminots. (Voir document "les cités et oeuvres sociales" annexe C et "L'atelier magasin de Moulin Neuf" annexe D)

    Type des maisons rencontrées dans les cités

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    Pour Chambly:

    Dès 1919 les premiers terrains ont été achetés à Chambly et au Mesnil en Thelle (anciennement leMesnil-St-Denis), soit à des cultivateurs, des bourgeois ou des nobles, français ou étrangers. Toutes lesclasses sociales étaient touchées par la "réquisition" et les diverses expropriations éventuelles. Dès 1920 les premières maisons ont été habitées à Moulin Neuf, dans la cité-jardin. Il faut dire que lespremiers cheminots de l'atelier étaient en fait des employés de l'atelier d'Ermont, qui passaitprogressivement le relais au site de Chambly. Au fur et à mesure de la reprise des activités des autresateliers de la voie détruits (scierie et fabrication des traverses de Villers-cotterêt, mécanique générale,…) les cheminots mutés devaient être relogés avec leurs familles. La cité prenait de l'ampleur en mêmetemps que l'atelier. Toutefois la compagnie fit appel également à la population des environs, le trainformidable moyen de transport en commun, permettait d'avoir une main d'œuvre importante. En ce temps là déjà la délocalisation (très prisée à notre époque) existait. Pour information, 124 logements ont été construits en 1920:

    ! F3 : 55! F4 : 25! F5 : 42! F6 : 6

    Ce qui laisse présager des couples de cheminots avec au moins un à deux enfants. Les logements ontété tous avec garage (qui servait de remise).

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    Chambly, la citée (collection personnelle)

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    V- 1920-1933 La montée en puissance:

    Le chantier a nécessité 12 ans de construction pour arriver à être l'un des plus important d'Europe. Pourinformation il est situé sur 65 hectares (dont seulement 3 sont couverts), il est composé de 40 km devoies et environ 250 appareils de voie (aiguillages).

    Les installations de scierie et d'imprégnation des traverses de Villers-cotterêt, détruites par lesbombardements, furent reconstruites à Moulin Neuf. L’atelier fut par ailleurs doté de moyens deproduction très puissants. L'un des plus importants portiques de manutention, le n°30, fut construit en1929 pour trier les traverses revenant de la voie. Les magasins d'arrondissement furent supprimés etregroupés à Moulin Neuf. Beaucoup d’employés de l’équipement travaillant dans les installationsreconstruites à Moulin Neuf, furent mutés géographiquement ou furent obligés de changer de métier àcette époque. Très rapidement le parc de matériaux de la voie fut complété par du matériel designalisation et un chantier de montage à blanc des appareils de voie. Enfin, en 1930, l'atelier de ferrures d'appareils de voie et de matériel de signalisation d'Ermont, trop àl'étroit dans des installations vétustes et enclavées, vint s'intégrer à son tour dans ce que l'on pouvaitdésormais appeler un complexe industriel. La mutation s'est faite progressivement, avec déplacementde certaines installations, achat de nouveau matériel, transfert d'activités, et encore une fois transfert depersonnel. Il ne faut pas oublier de rappeler que dès 1920 une partie de cet atelier fut déjà intégrée à Moulin Neuf.

    L'installation de créosote (collection personnelle)

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    En 1933 le nouvel atelier magasin remplissait intégralement et aisément son rôle d'atelier magasinunique avec des installations fixes importantes de par leur modernité et la stratégie liée au réseau:

    ! 1 chantier de rails de voie courante (pour rail neuf et de réemploi),! 1 chantier d'appareils de voie avec un atelier d'usinage des ferrures,! 1 chantier de traverses avec scierie et usinage (entaillage perçage),! 1 atelier de mécanique générale,! 1 magasin qui distribue les fabrications des ateliers et le matériel neuf fournit par

    l'industrie privée,! Des services annexes et un équipement social important, dont 300 logements pour le

    personnel.! Une force unique de 850 employés (cadres et ouvriers) qui représentent une

    production de 100 wagons, soit 200 000 tonnes de matériel par mois.

    Cet atelier de chemin de fer est une aubaine pour Chambly et les communes environnantes, en effetpeu de grosses industries sont présentes, on dénombre:

    ! Une brasserie,! Une briqueterie,! Une brosserie,! Une usine de construction mécanique,! 16 cafés …! 2 meuniers,! Et l'atelier du chemin de fer.

    L'Etablissement de Moulin Neuf vers 1933 (collection personnelle)

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    VI- 1934-1938 L'essor:

    De 1934 à 1938, l'atelier connaît un essor important par sa charge de travail, qui verra son potentielhumain augmenter à plus de 1000 agents.

    L'Etablissement de Moulin Neuf (collection personnelle)

    VII- 1938: création de la S.N.C.F.:

    A: La standardisation du matériel La création de la S.N.C.F. a amené quelques changements dans l'organisation de l'entreprise. Toutd'abord, par la création de la Direction des Installations Fixes (D.I.F.). Sa première mission fut de standardiser le matériel des différentes compagnies, comme par exemple lerail à double champignon principalement utilisé dans l'Est fût progressivement supprimé (mais on entrouve encore aujourd'hui). Ces études touchent directement les missions des ateliers magasinsrégionaux. Une subdivision de la D.I.F., "Fournitures de la voie et des ateliers", qui établit des programmes defabrication intéressant le matériel dit "unifié", et contrôle leur exécution. Ce qui permet de rechercherla meilleure utilisation sur le plan national des ateliers régionaux. La fabrication du matériel unifié et l'ouverture des régions, a permis d'orienter et de spécialiser lafabrication des matériels dans les ateliers magasin, pour améliorer leur productivité. Les regroupements ont fait l'objet d'études basées sur la situation géographique, la superficie,l'outillage, les moyens de manutention, et les rendements des établissements. A noter que cette politique et cette organisation existent toujours actuellement.

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    B: Le rôle de l'atelier magasin de Moulin Neuf

    Le créosotage est un traitement du bois à l'aide d'un liquide à base de goudron pour qu'il ne vieillissepas. Il fut principalement confié à des chantiers placés sur les itinéraires d'acheminement des traverses.Toutefois une installation composée d'une ancienne chaudière de locomotive vapeur, de 2m50 dediamètre et 8 m de longueur fut préservée pour imprégner les longrines et le bois de charpente, produitspar la scierie de Moulin Neuf. Pour la petite histoire, cette installation ferme le 01/01/2000, et la scierie a une espérance de vie limitéeà 2003 au profit de l’industrie privée. Pour l'usinage et la confection des appareils de voie, Moulin Neuf était bien placé et équipé de moyensperformants destinés à l'origine à la fabrication des appareils standards étudiés par les anciens réseauxet adoptés en 1927 par le Nord et l'Ouest. La reconversion de l'atelier pour la confection des appareils 46 et 50 kg (poids moyen au mètre desrails utilisés), était aisée. Ainsi, il put réaliser le tiers des besoins de l'ensemble de la S.N.C.F.. De nombreuses autres activités furent centralisées à Moulin Neuf, comme la confection des "barreslongues" de rails, fabrication de ferrures d'appareils, châssis de dilatation, …

    Moulin neuf devint ainsi l'un des principaux sinon le principal atelier de la S.N.C.F. pour la confectiondu matériel de voie. A ce moment il demeure purement "Nord" pour la quasi-totalité des activités magasin et l'entretien dematériel régional. Le Sud-Ouest étant principalement fournit par l’atelier de Chamiers (Périgueux),l’Est par St Dizier, le Sud-Est par Saulon-la-Chapelle, et l’Ouest par l’atelier du Mans.

    L'Etablissement de Moulin Neuf (collection personnelle)

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    VIII- 1939: 2ème conflit mondial:

    A: La bataille du rail

    Très vite, l'intérêt stratégique du chemin de fer (qui a fait ses preuves lors de la première guerremondiale avec la voie sacrée), fait que les ateliers sont à la fois, protégés des bombardements, etoccupés par l'ennemi. Ceux-ci veulent garder en état les installations qui pourraient être capables de modifier ou d'entretenirles réseaux ferrés, tant en matériel de voie pure, que les ouvrages d'art (ponts), qui souffrenténormément pendant les conflits. De plus, l'aérodrome de PERSAN BEAUMONT à quelqueskilomètres de l'atelier, et la zone portuaire (fluvial bien sûr) de PERSAN, fait de la région une zonestratégique et fortement occupée par les Allemands. L'aspect rural de la région permet une intendanceabondante pour la garnison. La présence de blockhaus et des trappes des abris antiaériens, nousrappelle au quotidien cette époque. La consistance de l'atelier magasin intact, en fait un instrument d'une puissance inconsidérée aux mainsde l'envahisseur. Dès le début des années 1940, beaucoup de cheminots furent licenciés "en raison des événements".Ceci n'empêchera pas l'atelier de travailler au ralenti, et les cheminots d'être très actifs dans les réseauxde résistance (lire: "La résistance dans le Val d'Oise"). Il y a eut par exemple, des actions dedistributions de tracts dans les trains, beaucoup de recherche de renseignements par des cheminotsd’origines polonaises auprès de la garnison allemande d’origine polonaise elle aussi, des sabotages…

    CHAMBLY: La mairie (collection personnelle)

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    B: Les bombardements

    En avril 1944, 23 cheminots ou employés d’une entreprise sous traitante ont été arrêtés. Le chantier était cerné par les troupes allemandes, mitrailleuses à l’appui. Les personnes invitées à serendre aux bureaux furent appelées unes par unes … Certains de ces noms sont encore présents sur lespanneaux indicateurs des noms des rues de la cité: Comme Jean LANTREMANGE, MarcelDECLEMY, …et certains de leurs fils toujours fidèles au poste à Moulin Neuf. Des témoignagesmontrent que les personnes arrêtées ont été déportées en Allemagne, et malheureusement ils ne sontpas tous revenus, … ces arrestations avaient certainement un lien avec les bombardements quisuivirent.

    Le 20 avril vers 19 heures, 3 bombes furent lâchées par un bombardier anglais. Puis vers 23h15, 36 bombes tombent à l’Ouest de chantier et coupent les voies principales près duPN26. La maison du chef du chantier monsieur FORESTIER, ne sera pas épargnée. Toutefois aucunevictime n’est à déplorer.

    Monsieur FORESTIER (collection personnelle)

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    Le 24 avril, 25 bombes font peu de dégâts. Le 2 mai 1944, vers 0h20, ce fut « le grand bombardement », comme disent les anciens (Voir plan enannexe). Quelques minutes après la mise en place d’un jalonnement lumineux, 900 bombes de 250 et500 kg accompagnées de bombes incendiaires sont lâchées. Le vent d’Ouest éloigne des fuséeséclairantes et permet d’épargner la cité cheminote au détriment de la commune de PERSAN. Lesbombes font pour la première fois 5 victimes pour lesquelles un monument devrait être érigéprochainement. Les dégâts sur l’atelier ont été très importants. Tous les bâtiments sont endommagés, 3incendies se sont déclarés, les stockages sont totalement détruits. Tout le chantier n’est qu’un champ delaboure (voir photos en annexe). Bien au courant que la libération est proche, les cheminots mettent ducœur à l’ouvrage pour remettre en état leur outil de production juste dans les temps. Selon lestémoignages, dix jours plus tard, les expéditions d’appareils de voie reprennent. Le 02 août 1944, vers 17h00, 9 bombes firent 2 victimes parmi les cheminots. Le 31 août, l’atelier était libéré !

    Le blason de la ville de Chambly

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    IX- Moulin Neuf aujourd’hui : Effectifs : 450 cheminots et 50 agents d’entreprise. Quatre unités de production : « Mécanique » : Mécanique générale, sous-traitance d’assemblage, joints collés, rails forgés. « Rail » : Rails courts, longs rails soudés (jusqu’à 288 mètres). « Appareils de voie » : Usinage (l’installation la plus moderne d’Europe), assemblage et montage d’appareils. « Bois » : Tous produits dérivés du bois. La cité : 400 logements « Sablière » et S.N.C.F. Les installations sociales : Jusqu’au début des années 1980 :

    ! Centre d’hygiène sociale *! Salle des fêtes *! Jardin d’enfants! Bain douches! Bibliothèque *! Terrains de sports *! Piscine très renommée

    * Ces installations sont encore en activité aujourd’hui. La musique :

    ! 1848 : Création de l’harmonie de Chambly! 1929 : Deux harmonies (Chambly et Moulin Neuf)! 1950 : Après la fusion des 2 harmonies, la nouvelle harmonie remporte tous les

    premiers prix sous la direction de Pierre VAILLANT.

    Moulin Neuf: la piscine(Collection personnelle)

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    X- Quid des archives ?

    Du fait d’un passé récent, la direction de l’établissement se retranche derrière le PS17A pour ne pas laisserl’accès aux archives.

    Tous les dossiers sur les cheminots existent et sont stockés de façon précaire dans un local hors normesincendies.Par contre, toutes les archives de l’occupation ont été brûlées, il y a peu de temps …

    Toutefois, grâce à M. YHUEL, responsable d’une unité de production j’ai pu apprendre beaucoup de chosessur l’établissement. Par exemple, à Moulin Neuf on y travail de père en fils.

    C’est vrai que lors de mon embauche en 1996, la première question que les anciens m’ont posée, c’est : « tu esle fils de qui ici … ? »

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    XI- Une généalogie complète de cheminots à Moulin Neuf

    M . YHUEL fait partie d’une famille qui a eut 3 générations présentes sur l’atelier, et ce de 1920 à nos jours.Tous les cheminots cités ci-dessous ont fait carrière à Moulin Neuf sauf M. Hervé DESBULEUX et M. GillesYHUEL qui n'ont fait qu'y démarrer leur métier de cheminot.

    Sous les noms figurent les dates de présence sur le site.

    C H ATELAING eorges

    D e 1920 à1940

    C H ATELAINM arce l

    D e 1932 à1933

    C H ATELAINR ené

    D e 1934 à1977

    C H ATELAIND enise

    D ESBU LEU X

    R aymond

    D e 1943 à1972

    C H ATELAINS imone

    YH U EL

    D aniel

    D e 1947 à1982

    D ESBU LEU X

    H ervé

    A débuté à M N

    YH U EL

    Jean P ierre

    D epu is 1964

    YH U EL

    G illes

    D e 1974 à1985

    Tuteur de M. YHUEL Daniel dans l'entreprise: M. DESBULEUX Raymond (son oncle)Tuteur de M. DESBULEUX Hervé dans l'entreprise: M. YHUEL Daniel (son oncle)

  • CHRONOLOGIE DE LA PRESENCE DE LA FAMILLE DE M. YHUEL A MOULIN NEUF

    1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990

    CHATELAINGeorges

    CHATELAINMarcel

    CHATELAINRené

    DESBULEUXRaymond

    YHUELDaniel

    YHUELJean-Pierre

    YHUELGilles

    Soit 2 générations de cheminots en même temps sur le même siteEt 3 générations sur un même site et ce, depuis sa création!

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    XII- Sources et remerciementsIl faut rendre à César ce qui appartient à César!

    Sources :

    Témoignages documents et collections personnels.Documents S.N.C.F.Les Archives Nationales.Le CD-ROM : « Le bois Hourdy » fait par le SEGPA du collège Henry de Monterlant deNeuilly-en-Thelle 60530 NEUILLY-EN-THELLE.

    Remerciements :

    Je tiens à remercier MM. BERLINGUE Raymond (Responsable unité bois MN), CAPPEThierry (agent de l’unité bois MN), CARCEL Bernard (vice-président du CGC),DESBULEUX Hervé (cadre SNCF), GAMA Laurent (resp. communication établissement deMoulin Neuf), MONY Bernard (responsable photos de MN), STEMPIN Casimir (agent de lareprographie MN), YHUEL Jean-Pierre (Cadre Unité Mécanique MN), sans qui je n’aurai pudévelopper ce petit historique du chemin de fer de l’établissement, pendant ses trente annéesde montée en puissance.

    Sébastien LECOEUR

    Moulin NeufSommaire

    I-Le chemin de ferA-La naissanceB-Le développement

    II- 1848-1914A-Arrivée à ChamblyB-Un outil industrielC-Début du XX° siècle

    III-1914A-Le réseau dévastéB-Réparation temporaire

    IV-1918 Naissance de l'AtelierA-Recherche d'un siteB-Les installations

    V-1920-1933 Montée en puissanceVI-1934-1938 L'essorVII-1938 La SNCFA-Standardisation du matérielB-Rôle de l'ateleir

    VIII-1939 : 2° guerre mondialeA-La bataille du railB-Les bombardements

    IX-Aujourd'huiX-Quid des archivesXI-Une généalogie d'iciXII-Sources et remerciementsIllustrationsUne Buddicom 030Quelque signaux 1846La gare de MéruLe pont sur l'OiseLe réseau du Nord occupéM. FORESTIER

    La ville de CHAMBLYBlason de ChamblyChambly Place de l'Hôtel de villeChambly l'Hôtel de VilleUn cordial salutGracieux sourireLa piscineLe moulin St AubinUsine des brosses

    Les ateliersVue aérienneLes ateleiers Le contrôle du Moulin NeufUn bâtiment du Moulin NeufInstallation de créosoteInsigne de l'atelier 1933La cité, Rue de SenlisLes maisons de la cité