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L’apprentissage autonome au gymnase
Office de l’enseignement secondaire du 2e degré
et de la formation professionnelle,
Direction de l’instruction publique du canton de Berne
Concepts théoriques et connaissances empiriques
Robert Hilbe et Walter Herzog
Impressum
L’apprentissage autonome au gymnaseConcepts théoriques et connaissances empiriquesBerne, le 1er mars 2011
Edition:Office de l’enseignement secondaire du 2e degré et de la formation professionnelle, Direction de l’instruction publique du canton de Berne
Auteurs:Robert Hilbe et Walter Herzog, Institut des sciences de l’éducation, Université de Berne
Mise en page et production:eigenart, Stefan Schaer, Berne, www.eigenartlayout.ch
Photo:Erich Sahli
Le présent rapport est disponible en téléchargement sur Internet (www.erz.be.ch/apprentissage-autonome) ou peut être commandé à l’adresse suivante:Office de l’enseignement secondaire du 2e degré et de la formation professionnelle, Kasernenstrasse 27, case postale, 3000 Berne 22Téléphone 031 633 87 79, [email protected]
Table des matières
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L’apprentissage autonome au gymnase
1 Contexte 4
1.1 L’objectif de formation du gymnase 4
1.2 Arguments en faveur de l’apprentissage autonome 5
2 Approches théoriques de l’apprentissage autonome 7
2.1 Définition de l’apprentissage autonome 7
2.2 Théories rattachées à l’apprentissage autonome 8
2.2.1 Points communs des approches théoriques 9
2.2.2 La conceptualisation en trois niveaux selon Boekaerts 9
2.2.3 Un modèle général d’apprentissage autonome 11
3 Connaissances empiriques sur l’efficacité
de l’apprentissage autonome 13
3.1 L’apprentissage autonome dans les études PISA 13
3.1.1 Emploi de stratégies d’apprentissage et performances en lecture 14
3.1.2 Connaissances relatives aux stratégies d’apprentissage,
emploi de stratégies et compétences en lecture 15
3.1.3 Apprentissage autorégulé et acquisition de compétences 15
3.1.4 Résumé 16
3.2 Deux études classiques réalisées par Zimmerman et Martinez-Pons 17
3.3 Apprentissage autonome et motivation 18
4 Pistes pour la mise en pratique 20
4.1 Les enjeux de l’apprentissage autonome pour les élèves 20
4.2 Les enjeux de l’apprentissage autonome pour le corps enseignant 22
4.3 De la conception d’environnements propices à l’apprentissage autonome 24
4.4 De l’évaluation des performances dans l’apprentissage autonome 27
5 Perspectives 29
6 Bibliographie 31
Table des matières
1 Contexte
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L’apprentissage autonome au gymnase
Le projet «Plus d’autonomie dans l’apprentissage» (PAA) lancé par la Direction de l’instruc-
tion publique du canton de Berne en juin 2010 a pour objectif de préparer encore mieux
les gymnasiennes et gymnasiens aux exigences de l’enseignement supérieur et à la com-
plexité de la société dans laquelle nous vivons. Tout au long de sa formation jusqu’à la
maturité, chaque gymnasienne et chaque gymnasien doit pouvoir apprendre à planifier,
contrôler et évaluer ses propres processus d’apprentissage. Les gymnases bernois ont
aujourd’hui déjà mis en place des programmes spécifiques visant à développer ces com-
pétences chez leurs élèves. Le projet proposé par la Direction de l’instruction publique
s’appuie sur ces projets d’enseignement menés dans les établissements et doit permettre,
sur la base du rapport 2009 sur les écoles moyennes, de renforcer la présence de l’ap-
prentissage autonome dans la culture d’enseignement des gymnases.
Le présent rapport expose sous forme synthétique les fondements scientifiques, les
concepts et modèles théoriques ainsi que les connaissances empiriques apportées par la
recherche psychopédagogique sur le thème de l’apprentissage autonome ou autodirigé.
Le rapport entend ainsi, d’une part, servir de base de discussion et clarifier la notion d’ap-
prentissage autonome ou autodirigé dans le cadre du projet et, d’autre part, fournir des
connaissances sur l’efficacité de l’apprentissage autonome ainsi que des conseils pra-
tiques aux élèves mais aussi aux membres du corps enseignant. Une version plus com-
plète de ce document, invitant les personnes intéressées à une réflexion approfondie, est
en cours d’élaboration (version allemande seulement).
Voici les principales questions auxquelles se propose de répondre le présent rapport:
• Quelles compétences et aptitudes les élèves doivent-ils posséder pour que l’apprentis-
sage autonome soit efficace?
• Quelles sont les effets de l’apprentissage autonome sur les performances et la motiva-
tion des élèves?
• Quels sont les situations et environnements d’apprentissage favorisant la mise en place
et le développement de l’apprentissage autonome?
• Quels changements l’apprentissage autonome induit-il dans le rôle de l’enseignante ou
de l’enseignant?
• Quels sont les facteurs qui peuvent entraver l’apprentissage autonome ou lui être préju-
diciables?
1.1 L’objectif de formation du gymnase
D’après le règlement suisse sur la reconnaissance des certificats de maturité gymnasiale
(RRM), l’objectif du gymnase est, «dans la perspective d’une formation permanente, d’of-
frir à [ses] élèves la possibilité d’acquérir de solides connaissances fondamentales [...] et
de développer leur ouverture d’esprit et leur capacité de jugement indépendant.» Grâce à
la formation dispensée, il leur confère «la maturité requise pour entreprendre des études
1 Contexte
1 Contexte
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L’apprentissage autonome au gymnase
supérieures et les prépare à assumer des responsabilités au sein de la société actuelle».
Pour ce faire, les élèves doivent être «capables d’acquérir un savoir nouveau, de dévelop-
per leur curiosité, leur imagination ainsi que leur faculté de communiquer et de travailler
seuls et en groupe» (Conseil fédéral suisse et CDIP, 1995, art. 5).
L’étude EVAMAR II1 a également mis en avant la nécessité de stimuler de façon plus
ciblée les compétences en lien avec l’apprentissage autonome sans toutefois affaiblir les
contenus de la formation (Eberle et al., 2008, p. 19). De la même manière, l’étude Hoch-
schulreife und Studierfähigkeit (maturité et aptitude à entreprendre des études), réalisée par
le groupe de travail zurichois HSGYM à propos de la transition entre gymnase et haute
école, est parvenue à la conclusion suivante:
«Les compétences transversales sont un gage d’autonomie et de réussite dans
l’apprentissage et les études. C’est pourquoi, pour préparer de façon optimale les
élèves des écoles moyennes aux études, il est essentiel de stimuler outre leurs
compétences disciplinaires également leurs compétences transversales
(qualifications clés).» (trad., Arbeitsgruppe HSGYM, 2008, p. 111)
Philipp Notter et Claudia Arnold (2006) ont quant à eux interrogé des étudiantes et étu-
diants de troisième semestre à propos des compétences acquises au gymnase et de leur
importance dans les études. Parmi les compétences transversales les plus importantes à
leurs yeux, les étudiantes et étudiants ont cité, toutes filières confondues: apprendre de
manière autonome, travailler de manière autonome, assumer la responsabilité de son pro-
pre apprentissage, organiser son temps, faire face aux exigences et savoir les gérer ou
encore résoudre des problèmes (ibid., p. 69). Le regard que posent ces étudiantes et
étudiants sur leur formation au gymnase est plutôt positif, laissant penser que les compé-
tences acquises au gymnase sont en adéquation avec les exigences de l’enseignement
supérieur. Ces compétences étant cependant jugées légèrement moins bonnes par les
étudiantes et étudiants qu’elles ne devraient l’être compte tenu de l’importance qu’ils leur
accordent, il existe donc encore un potentiel d’amélioration.
1.2 Arguments en faveur de l’apprentissage autonome
Dans les discussions actuelles, différents arguments sont avancés en faveur du renforce-
ment de l’apprentissage autonome au gymnase. Il faut distinguer d’une part les arguments
psychopédagogiques (effets favorables sur les aspects cognitifs et motivationnels du pro-
cessus d’apprentissage) et d’autre part, les arguments sociétaux (nécessité d’un appren-
tissage tout au long de la vie pour pouvoir s’adapter aux exigences en mutation). On as-
siste aussi à la percée d’un point de vue idéologique selon lequel l’apprentissage autonome
doit être considéré comme une valeur en soi (cf. Weinert, 1996, p. 35). De même, si l’on
se place dans la perspective de la psychologie du développement, l’apprentissage auto-
nome doit tout à la fois être envisagé comme une condition, un moyen et un objectif de
l’enseignement (cf. Weinert, 1982; Paris & Newman, 1990; Schunk & Zimmerman, 1994).
a) Point de vue psychopédagogique
D’un point de vue psychopédagogique, l’émergence d’un nouveau paradigme scienti-
fique en matière d’apprentissage, résultant de ce qu’on a appelé la révolution cognitive
1 Le projet EVAMAR (évaluation de la réforme de la maturité) a évalué la mise en œuvre de la réforme de la formationgymnasiale. Lors de la deuxième phase du projet qui s’est déroulée entre 2005 et 2008, l’accent a été mis sur le niveau de formation des élèves à la fin du gymnase, en particulier dans le but de déterminer leur capacité à entre-prendre des études (cf. Eberle et al., 2008).
1 Contexte
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L’apprentissage autonome au gymnase
des années 60 et 70, a nettement accru l’intérêt porté à l’apprentissage autonome ou
autodirigé. Alors que les modèles behavioristes d’apprentissage partaient du principe
que l’être humain est dirigé par des stimuli et est (ou doit être) amené à l’apprentissage
par le biais du «renforcement», les théories cognitivistes et constructivistes voient dans
l’apprentissage un processus actif dans lequel la réception d’informations, leur traite-
ment et leur mémorisation ainsi que les processus autorégulateurs jouent un rôle majeur
(cf. Seel, 2000, p. 18; Siebert, 2003). Dans cette perspective, l’apprentissage ne peut
s’effectuer autrement qu’en autodirection. Il s’agit d’un processus de construction
cognitif que chacun doit suivre pour soi-même et qui ne peut être considéré comme un
simple «produit» issu de «matières premières» didactiques.
b) Point de vue sociétal
D’un point de vue sociétal, c’est en particulier la réorganisation du monde du travail qui
confère une importance grandissante à l’apprentissage autonome. Le passage d’une
société industrielle à une société de l’information et du savoir s’accompagne d’un ac-
croissement des exigences posées à chacun en termes de disposition à l’apprentissage
et de flexibilité. Lorsque le savoir devient une force productive, une dynamique du savoir
s’instaure, réduisant toujours plus la durée de vie de ce dernier. C’est la raison pour la-
quelle on ne mise pas aujourd’hui sur le savoir mais sur les «compétences», comme on
peut le constater dans la politique de la formation menée par l’OCDE. Le programme
PISA conçoit quant à lui la formation comme une manière de rendre les enfants et les
jeunes capables de faire face aux exigences intellectuelles croissantes de la société,
c’est-à-dire de faire en sorte que le savoir qu’ils acquièrent à l’école soit non seulement
applicable mais qu’il puisse aussi être développé ultérieurement dans différentes situa-
tions de la vie. On leur demande de posséder les «aptitudes à la vie quotidienne» (life
skills) dont relève aussi la capacité d’apprentissage autonome.
2 Approches théoriques de l’apprentissage autonome
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L’apprentissage autonome au gymnase
2.1 Définition de l’apprentissage autonome
Différents termes sont utilisés pour qualifier l’apprentissage autonome. On parle par exemple
d’apprentissage autodirigé, autorégulé, autodidactique, autoorganisé, autogéré ou encore
autodéfini. Les limites sémantiques entre ces termes sont mouvantes (cf. Friedrich & Mandl,
1997, p. 239). Ils sont en partie synonymes, mais reposent aussi en partie sur des
concepts théoriques différents ou mettent l’accent sur divers aspects d’un même concept.
Dans le présent rapport, nous emploierons principalement les termes d’apprentissage
autonome, autodirigé et autorégulé. Weinert décrit l’apprentissage comme autodirigé
lorsque «la personne agissante a une influence majeure sur les principales décisions rela-
tives à son apprentissage, c’est-à-dire si elle apprend, ce qu’elle apprend, quand, com-
ment et dans quel but elle le fait.» (trad., Weinert, 1982, p. 102 – italiques ajoutés). L’ap-
prenante ou l’apprenant autonome serait ainsi en mesure de prendre elle-même ou lui-
même les décisions concernant
1. l’identification de ses besoins d’apprentissage,
2. la définition de ses objectifs d’apprentissage,
3. le choix de la stratégie la mieux adaptée pour parvenir à ces objectifs,
4. le déroulement de l’action d’apprentissage (activer les acquis, employer les stratégies
cognitives de compréhension, de mémorisation et de transfert, entretenir sa motivation,
etc.),
5. la régulation du processus d’’apprentissage (stratégies de contrôle et d’intervention),
6. l’évaluation des résultats de l’action d’apprentissage (évaluer l’efficacité de l’apprentis-
sage).
Cette liste laisse apparaître qu’il est impossible, dans le contexte scolaire, de satisfaire
toutes les exigences propres à l’apprentissage autonome. D’une certaine manière, elle pré-
sente les caractéristiques qui font d’une apprenante ou d’un apprenant «une consomma-
trice ou un consommateur de formation majeur», qui sait non seulement ce qui lui fait dé-
faut mais aussi ce qu’elle ou il veut, se rendant ainsi capable d’utiliser de façon autonome
l’offre de formation. Cela pourrait être une bonne formulation de l’objectif des processus
scolaires de formation. Dans la pratique scolaire toutefois, l’ensemble de ces étapes sont
dictées par une combinaison d’actions autodirigées et hétérodirigées.
Petra Merziger (2007, p. 14) souligne trois aspects importants dans le contexte de l’ap-
prentissage autonome à l’école:
• Premièrement, il est nécessaire de définir le rôle de la régulation extérieure dans le ca-
dre de l’apprentissage autorégulé. Pour l’école, il est essentiel de discuter de la place et
de la fonction de la régulation extérieure (exercée par l’enseignante ou l’enseignant et
l’institution).
• Deuxièmement, la conception qu’ont les élèves de l’apprentissage influence leurs dis -
positions et leur capacité d’autorégulation. Leur interprétation du «fonctionnement» de
2 Approches théoriques del’apprentissage autonome
2 Approches théoriques de l’apprentissage autonome
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L’apprentissage autonome au gymnase
l’apprentissage (cf. Kaiser, 2003) et du rôle de l’enseignante ou de l’enseignant dans
l’apprentissage (cf. Boekaerts & Niemivitra, 2000) conditionne leur attitude face à l’ap-
prentissage. S’ils se voient eux-mêmes d’abord comme des «destinataires de l’informa-
tion» et considèrent les membres du corps enseignant comme des «transmetteurs de
savoir», l’apprentissage autonome est compromis.
• Troisièmement, il est important, dans le cadre de l’apprentissage autonome à l’école, de
respecter le principe de l’organisation de l’enseignement par disciplines. Dans un pre-
mier temps, les capacités d’autorégulation s’acquièrent en effet dans chacune des dis-
ciplines. Ce n’est pas parce qu’une ou un élève parvient à gérer elle-même ou lui-même
son apprentissage en mathématiques qu’elle ou il en sera également capable en alle-
mand. Par la suite, les stratégies ainsi acquises peuvent être transposées à d’autres dis-
ciplines et à d’autres objets d’apprentissage.
Ces premières réflexions permettent de mieux cerner la notion d’apprentissage autonome.
Voici donc la définition que nous adopterons dans le cadre du projet PAA à la fois en tant
que base de discussion mais aussi comme point de départ:
2.2 Théories rattachées à l’apprentissage autonome
Le champ de recherche de l’apprentissage autonome a gagné en importance depuis les
années 90 du fait du développement de la notion d’apprentissage tout au long de la vie et
de la conception constructiviste de l’apprentissage. Différentes théories relevant de diffé-
rents courants de pensée ont été élaborées sur ce thème. Helmut Friedrich et Heinz Mandl
(1997, p. 240) parlent même d’une «arène» dans laquelle les théories de l’action, de la mo-
tivation, des émotions, du traitement de l’information et du concept de soi se rencontrent
pour expliquer la notion d’apprentissage autonome. Monique Boekaerts (1999, p. 447) dé-
crit avec beaucoup de pertinence la spécificité de ce champ de recherche:
«Le problème avec un concept aussi complexe que celui de l’apprentissage auto -
régulé, c’est qu’il se trouve au carrefour d’un grand nombre de champs de recherche
qui ont chacun leur propre histoire. Cela implique que des chercheurs issus de
traditions diverses aient développé leur propre théorie, utilisant une terminologie et
des étiquettes différentes pour désigner les mêmes dimensions du concept.»
(trad. à partir de l’anglais)
Dans le cadre du projet PAA, le terme «apprentissage autonome» désigne des formes
d’apprentissage mises en place dans le contexte institutionnel du gymnase qui com-
portent une part d’autorégulation et une part d’hétérorégulation, la première étant tou-
tefois plus importante: les objectifs et les contenus de l’apprentissage sont certes dic-
tés par le plan d’études, mais les élèves gèrent eux-mêmes dans une large mesure
leur action d’apprentissage en définissant, exécutant, régulant et évaluant eux-mêmes
les différentes étapes de leur apprentissage. Dans cette tâche, ils ont recours à des
ressources matérielles, organisent leur temps de travail, se fixent des objectifs inter-
médiaires, choisissent les stratégies d’apprentissage adéquates et sollicitent un sou-
tien de leur entourage. L’enseignante ou l’enseignant a alors pour mission de créer
les conditions propices à la réussite du processus d’apprentissage, de transmettre
des stratégies d’apprentissage et de venir en aide aux élèves en cas de difficultés.
Encadré 1: Définition de travail dans le cadre du projet PAA
2 Approches théoriques de l’apprentissage autonome
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L’apprentissage autonome au gymnase
Si l’on étudie de plus près ces théories, on se rend compte qu’elles se différencient de par
les aspects du concept d’apprentissage autonome qu’elles abordent, et ce tant dans les
aspects eux-mêmes que dans leur nombre. Les conceptions générales, qui cherchent à
donner une image aussi globale que possible de l’apprentissage autonome, sont particu-
lièrement importantes dans ce contexte. Un modèle de ce type est présenté au point 2.2.3.
Attachons-nous d’abord aux points communs des différentes approches avant de présen-
ter les trois niveaux de conceptualisation de Boekaerts.
2.2.1 Points communs des approches théoriques
Krista Muis (2007, p. 175) a notamment relevé les points suivants communs aux différentes
théories rattachées à l’apprentissage autonome:
• Les individus créent activement du sens en apprenant; ils poursuivent des objectifs et
choisissent des stratégies adaptées sur la base d’informations reçues du monde qui les
entoure et de processus internes.
• Les apprenantes et apprenants suffisamment autonomes sont en mesure de contrôler
les processus cognitifs et motivationnels ainsi que leur attitude face à l’apprentissage et
d’influer sur leur environnement de façon à ce qu’il soit bénéfique pour leur apprentis-
sage.
• Les apprenantes et apprenants suffisamment autonomes se fixent des objectifs ou des
normes pour chaque aspect du processus d’apprentissage qui leur servent d’étalons
dans l’évaluation de leur processus d’apprentissage et de sa réussite. Ces objectifs ou
ces normes permettent aux apprenantes ou apprenants de décider si l’apprentissage
doit être poursuivi selon le même modèle ou si des adaptations sont nécessaires.
• Toutes les approches partent du principe que l’apprentissage autonome traverse diffé-
rentes phases et que dans chaque phase, différents aspects de l’apprentissage sont ré-
gulés. La plupart des théories distinguent trois phases: la phase de préparation, la phase
d’exécution et la phase d’évaluation. Les apprenantes et apprenants ne sont toutefois
pas contraints de parcourir strictement l’ensemble de ces trois phases. Ainsi, ils peuvent
par exemple revenir à la phase précédente ou entamer une tâche d’apprentissage sans
avoir planifié l’intégralité du processus. De même, il leur est possible de suivre plusieurs
phases en parallèle.
2.2.2 La conceptualisation en trois niveaux selon Boekaerts
Monique Boekaerts (1999) montre que les connaissances dont on dispose sur l’apprentis-
sage autonome résultent principalement de trois grandes traditions théoriques: la recher-
che sur les styles d’apprentissage, la recherche sur la métacognition et les théories du con-
cept de soi. Ces trois champs de recherche constituent les trois niveaux mis en évidence
par Boekaerts dans son modèle d’apprentissage autorégulé (cf. figure 1).
Ce modèle nous indique quels processus de régulation sont importants dans le cadre
de l’apprentissage autonome. Chacun de ces niveaux entre en interaction avec les deux
autres et c’est cette combinaison qui permet la réussite de l’apprentissage autorégulé.
a) Régulation du mode de traitement (choix de stratégies cognitives)
La connaissance des stratégies de traitement de l’information adéquates constitue, au
premier niveau du modèle, la condition sine qua non pour pourvoir organiser activement
son processus d’apprentissage. Dans l’idéal, l’apprenante ou l’apprenant dispose d’un
large répertoire de stratégies, dans lequel elle ou il choisit, en fonction de la situation,
2 Approches théoriques de l’apprentissage autonome
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L’apprentissage autonome au gymnase
celle qui lui permet d’atteindre de manière optimale les objectifs d’apprentissage et de
performances fixés. Ce choix peut résulter d’une action automatique dont l’apprenante
ou l’apprenant n’est pas nécessairement conscient. D’après Claire Weinstein et Richard
Mayer (1986), ces stratégies cognitives sont de trois ordres: les stratégies de répétition,
d’élaboration et d’organisation (cf. tableau 1). Les stratégies de répétition visent à ins-
crire le savoir dans la mémoire à long terme, tandis que les stratégies d’élaboration ont
pour but de relier les nouvelles informations au savoir déjà existant en créant des asso-
ciations. Les stratégies d’organisation servent quant à elles à organiser le nouveau sa-
voir au moyen de références et de classements. Il s’agit par exemple de créer, à partir
d’informations détaillées, des unités sémantiques globales, de présenter les idées d’un
texte sous forme d’arbre conceptuel ou de synthétiser en quelques mots les principaux
messages d’un discours.
b) Régulation du processus d’apprentissage (recours aux facultés métacognitives)
Le deuxième niveau du modèle fait appel à des stratégies d’ordre supérieur pour régu-
ler le processus d’apprentissage. La métacognition renvoie à la capacité d’un individu à
s’interroger sur ses propres processus de pensée et de travail et à les influencer. Entrent
dans ce champ la planification de l’objectif d’apprentissage et des moyens nécessaires
pour l’atteindre, le contrôle du degré d’avancement dans l’apprentissage, la régulation,
par exemple par le biais d’un ajustement de l’objectif ou des moyens déployés, l’évalua-
tion de la réalisation de l’objectif ainsi que la connaissance de ses forces et de ses fai-
blesses personnelles.
c) Régulation du soi (choix des objectifs et des ressources)
Une motivation suffisante est généralement la condition nécessaire pour pouvoir enta-
mer un processus d’apprentissage et le poursuivre avec une implication satisfaisante. Le
troisième niveau du modèle, le niveau supérieur, concerne par conséquent l’emploi des
ressources au regard des ambitions personnelles de l’apprenante ou de l’apprenant. En
effet, dans la mesure où la rentabilité de l’investissement est subjective, seuls des
apprenantes ou apprenants motivés emploieront de façon adaptée, en fonction de la
tâche qui se présente à eux, les stratégies de régulation rattachées aux niveaux infé-
rieurs. On comprend dès lors que la disposition et la faculté à se motiver et à se fixer
des objectifs, à transformer ces derniers en intentions concrètes et à protéger ses ac-
tions d’apprentissage d’autres actions concurrentes jouent un rôle majeur dans la régu-
lation du soi.
Régulation du processus d’apprentissage
Choix des objectifs et des ressources
Recours aux facultés et aux connaissances métacognitives
Figure 1: Conceptualisation en trois niveaux de l’apprentissage autorégulé
(Boekaerts, 1999, p. 449)
Régulation du soi
Régulation du mode de traitement
Apprentissage autoréguléChoix de stratégies cognitives
2 Approches théoriques de l’apprentissage autonome
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L’apprentissage autonome au gymnase
Sur la base des trois niveaux de conceptualisation mis en évidence par le modèle, on dis-
tingue les stratégies suivantes s’agissant de l’attitude concrète de l’apprenante ou de l’ap-
prenant face à l’apprentissage (cf. tableau 1)
Tableau 1: Classification des stratégies d’apprentissage
(d’après Wild, Hofer & Pekrun, 2001, p. 248)
2.2.3 Un modèle général d’apprentissage autonome
Dans leur modèle général d’apprentissage, Ulrich Schiefele et Reinhard Pekrun (1996) met-
tent en relation les différents éléments et processus qui interviennent dans le déroulement de
l’apprentissage autonome, prenant en compte à la fois des mécanismes internes et des mé-
canismes externes de contrôle (cf. figure 2). Ce modèle ne se veut en aucun cas exhaustif
mais tente d’expliquer les interactions entre les différents processus. Une distinction est
Stratégies primaires
Stratégies secondaires, fondées sur les ressources
Stratégies cognitives
Stratégies métacognitives(stratégies de contrôle)
Stratégies de motivation et d’action
Désignation
Stratégies de répétition
Stratégies d’élaboration
Stratégies d’organisation
Stratégies de planification
Stratégies decontrôle
Stratégies de régulation
Effort
Concentration
Gestion du temps
Organisation del’environnementd’apprentissage et de la place de travail
Recours à des sources d’information supplémentaires
Apprentissage coopératif
Exemple
«J’apprends par cœur des règles, destermes spécifiques ou des formules.»
«J’essaie de relier ce que j’apprends avecce que je sais déjà sur le même thème.»
«Je fais des tableaux, des diagrammes oudes graphiques pour présenter de façonplus structurée ce que je dois apprendre.»
«Avant de lire un texte, je réfléchis aux questions auxquelles ce texte doit répondre.»
«Pour identifier mes lacunes, je récapituleles principaux points de mon cours sansregarder mes notes.»
«Lorsque je rencontre des difficultés à la lecture d’un texte alors que je ne m’y attendais pas, je fais une pause et jereprends l’ensemble depuis le début.»
«Je travaille aussi longtemps qu’il le faut pour être sûr que je réussirai monexamen.»
«Quand j’apprends, je ne me laisse pas facilement distraire.»
«Avant chaque phase d’apprentissage, je détermine le temps que je vais luiconsacrer.»
«Mon bureau est organisé de façon à ce que je retrouve tout facilement.»
«J’ai recours à des documents et livressupplémentaires lorsque mes notes sontincomplètes.»
«Pour m’assurer que j’ai bien compris moncours, je l’explique à un autre élève.»
2 Approches théoriques de l’apprentissage autonome
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L’apprentissage autonome au gymnase
opérée entre les préalables stables chez l’apprenante ou l’apprenant (relevant de l’habi-
tude), les processus d’apprentissage et les produits de l’apprentissage. Le processus d’ap-
prentissage est lui-même divisé en trois phases: la planification, l’exécution et l’évaluation.
Chaque phase de l’action d’apprentissage peut être influencée de façon interne par l’ap-
prenante elle-même ou l’apprenant lui-même ou de façon externe par l’entourage (p. ex.
l’enseignante ou l’enseignant), ces influences pouvant s’exercer à des degrés divers selon
les phases. Ainsi par exemple, l’enseignante ou l’enseignant pourra jouer un rôle plus im-
portant lors de la planification et de l’évaluation tandis que le choix de la méthode de trai-
tement est laissé à l’élève durant la phase d’exécution.
Figure 2: Modèle général d’apprentissage autorégulé de Schiefele et Pekrun
(1996, in: Wild, Hofer & Pekrun, 2001, p. 212)
Variables propres
à l’apprenant
Com
posantes émotione
lles
(humeur générale)
Com
posantes
motivationn
elles
(intérêt, motivation, cognitions
ayant une influence sur la
motivation)
Com
posantes cog
nitives
(répertoire de techniques de
travail et d’apprentissage,
connaissances métacogni-
tives, acquis sur le sujet)
Produits
de l’apprentissage
(savoir déclaratif/procédural,
représentations cognitives)
Environnement
•école/entreprise
•famille
•pairs
•médias
Emotions
proac
tives
(p. ex. joie)
Motivation/vo
lition
(p. ex. développe-
ment de l’intention
d’apprentissage)
Métac
ognitio
n(planification de
l’apprentissage)
Emotions
actue
lles
(p. ex. ennui)
Motivation/vo
lition
(p. ex. préservation
de l’intention
d’apprentissage)
Métac
ognitio
n (régulation de
l’apprentissage)
Cog
nitio
n (p. ex. élaboration)
Emotions
rétroac
ti-ves et prosp
ectives
(p. ex. colère,
confiance)
Motivation/vo
lition
(p. ex. accroisse-
ment de la motiva-
tion à en faire plus)
Métac
ognitio
n (évaluation)
Processus d’apprentissage:
planification
exécution
évaluation
Caractéristiques variables et persistantes, m
atérielles et personnelles
de la situation et de l’environnement d’apprentissage
(p. ex. caractéristiques de la tâche et de la discipline/du sujet d’étude,
instructions, caractéristiques de la relation entre enseignant et
apprenant, cadre institutionnel et juridique)
Régulation externe de l’apprentissage
Régulation interne de l’apprentissage
3 Connaissances empiriques sur l’efficacité de l’apprentissage autonome
Page 13
L’apprentissage autonome au gymnase
Quels sont les effets de l’apprentissage autonome sur les performances et la motivation
des apprenantes et apprenants? D’un point de vue théorique, il faut s’attendre à ce que les
personnes disposant d’un plus grand répertoire de stratégies d’apprentissage et pratiquant
plus intensément des activités autorégulatrices obtiennent de meilleurs résultats en termes
d’apprentissage et soient plus motivées. Il est toutefois nécessaire de prouver cette corré-
lation dans la pratique, car c’est là la seule façon de légitimer le recours à l’apprentissage
autonome en vue d’améliorer l’efficacité de l’apprentissage.
Un nombre considérable d’études (comme celles de Pintrich en 1989, de Pintrich et
Schrauben en 1992 ou de Pokay et Blumenfeld en 1990) montrent qu’ «il existe en général
des corrélations significatives moyennement marquées entre les différentes composantes
de l’apprentissage autonome et les résultats d’examens ou les notes obtenues dans l’an-
née» (trad., Schiefele & Pekrun, 1996, p. 269). Les stratégies métacognitives comme les
stratégies de répétition et d’organisation, la planification du temps et la gestion de l’effort
en particulier ont des répercussions positives sur les performances tandis que les straté-
gies d’élaboration, l’aménagement du lieu d’apprentissage ou le recours à des tiers pour
obtenir un soutien tendent à montrer une efficacité moindre (cf. Pintrich & De Groot, 1990).
En étudiant la question de plus près, il apparaît que l’intensité de la corrélation dépend
de la manière dont l’emploi des stratégies et la réussite de l’apprentissage sont mesurés:
les études incluant un relevé des stratégies d’apprentissage en fonction des processus et
des actions mettent en évidence des corrélations plus fortes entre l’utilisation des straté-
gies et la réussite de l’apprentissage que celles qui interrogent les apprenantes et appre-
nants sur leur emploi habituel, hors contexte, des stratégies d’apprentissage (cf. Mandl &
Friedrich, 2006, p. 12s.). De même, lorsque la réussite de l’apprentissage est mesurée par
rapport à l’acquisition de savoir factuel, la corrélation est moins forte que lorsque l’on se
fonde sur les performances de compréhension (ibid.).
Les paragraphes qui suivent présentent une sélection de résultats empiriques sur l’ap-
prentissage autonome obtenus par différentes méthodes. Le point 3.1 résume les conclu-
sions des études PISA à propos de l’apprentissage autonome. Le point 3.2 fait référence
à deux études classiques réalisées par Barry Zimmerman et Manuel Martinez-Pons à par-
tir d’interviews. Enfin, le point 3.3 expose l’état des connaissances sur la relation entre mo-
tivation et apprentissage autonome.
3.1 L’apprentissage autonome dans les études PISA
Les études PISA mesurent les compétences disciplinaires des élèves en lecture, en calcul
et en sciences mais aussi leurs compétences transversales, évaluant également dans cer-
tains pays, à titre d’option, leurs prédispositions à l’apprentissage autorégulé. Du point de
vue théorique, ces études se rapprochent du modèle de conceptualisation en trois niveaux
de Boekaerts présenté au point 2.2.2.
3 Connaissances empiriquessur l’efficacité de l’apprentissage autonome
3 Connaissances empiriques sur l’efficacité de l’apprentissage autonome
Page 14
L’apprentissage autonome au gymnase
3.1.1 Emploi de stratégies d’apprentissage et performances en lecture
Les résultats de PISA 2000 montrent que, dans quasiment tous les pays, un recours plus
fréquent aux stratégies d’élaboration et de contrôle se répercute positivement sur les per-
formances en lecture. La figure 3 compare les compétences en lecture des élèves em-
ployant le plus rarement des stratégies de contrôle à celles des élèves en employant le plus
souvent2.
Les nettes différences apparaissant dans la plupart des pays entre ces deux groupes
montrent qu’il existe un rapport étroit entre emploi de stratégies de contrôle et perfor-
mances au test de lecture. S’agissant des stratégies de répétition en revanche, aucun lien
n’a pu être clairement établi. D’une manière générale, une forte corrélation existe toutefois
entre emploi de stratégies d’apprentissage et performances. On ne peut pas pour autant
affirmer que le seul recours à des stratégies d’apprentissage est un gage de bonnes per-
formances. Les performances en lecture dépendent en effet de nombreux facteurs et l’em-
ploi de stratégies d’apprentissage n’est qu’un facteur parmi les autres, dont les bénéfices
varient par ailleurs d’un pays à l’autre (cf. Artelt, Demmrich & Baumert, 2001, p. 280).
Dans la plupart des pays, garçons et filles se distinguent nettement dans leurs habitudes
d’emploi de stratégies d’apprentissage et la Suisse ne fait pas exception: les filles ont plus
souvent recours à des stratégies de répétition et de contrôle que les garçons. Ce constat
suggère que, dans leur processus d’apprentissage, les filles se placent probablement dans
une perspective d’autoévaluation plus forte que les garçons (cf. ibid., p. 277s.).
Figure 3: Compétences en lecture en fonction du recours à des stratégies de contrôle
(Artelt, Demmrich & Baumert, 2001, p. 278)
2 Le quartile inférieur et le quartile supérieur ont été comparés, c’est-à-dire les 25% d’élèves utilisant le plus rarementles stratégies de contrôle et les 25% les utilisant le plus souvent.
Alle
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600
550
500
450
400
350
Valeur moyenne mesurant les compétences en lecture des élèves qui utilisent le moinsles stratégies de contrôle (quartile inférieur)
Valeur moyenne mesurant les compétences en lecture des élèves qui utilisent le plus les stratégies de contrôle (quartile supérieur)
com
péte
nces
en
lect
ure
3 Connaissances empiriques sur l’efficacité de l’apprentissage autonome
Page 15
L’apprentissage autonome au gymnase
3.1.2 Connaissances relatives aux stratégies d’apprentissage,emploi de stratégies et compétences en lecture
Pour compléter le relevé effectué sur l’emploi de stratégies d’apprentissage, un test a été
mené auprès des élèves allemands afin de vérifier leurs connaissances en matière de stra-
tégies d’apprentissage. Six scénarios d’apprentissage et différentes manières de procéder
leur ont ainsi été soumis. Les élèves devaient décider quelle démarche était la mieux adap-
tée pour atteindre l’objectif d’apprentissage donné. Le classement réalisé par les élèves a
été comparé avec celui réalisé par des experts et une valeur a été calculée pour détermi-
ner la concordance entre les deux classements. Par ailleurs, quatre groupes d’élèves ont
été constitués afin d’étudier l’importance des connaissances en matière de stratégies d’ap-
prentissage dans l’emploi effectif de ces stratégies. Ces groupes se distinguent par leurs
connaissances relatives aux stratégies d’apprentissage (vastes ou faibles) et la fréquence
avec laquelle ils recourent à des stratégies d’apprentissage (souvent ou rarement) (cf. ibid.,
p. 287s.)
Des différences significatives ont été mises en évidence (cf. figure 4): les élèves qui dis-
posent de vastes connaissances en matière de stratégies d’apprentissage et emploient
souvent des stratégies d’élaboration sont aussi ceux qui obtiennent en moyenne les meil-
leurs résultats au test de lecture. Viennent ensuite les élèves qui disposent de vastes
connaissances en matière de stratégies d’apprentissage mais ont rarement recours à ces
stratégies, suivis de ceux qui disposent de faibles connaissances en matière de stratégies
d’apprentissage mais ont souvent recours à des stratégies d’élaboration. Comme on pou-
vait s’y attendre, ce sont les élèves qui disposent de faibles connaissances en matière de
stratégies d’apprentissage et ont rarement recours à ces stratégies qui ferment la marche
(cf. ibid., p. 288s.).
Figure 4: Performances moyennes au test de lecture en fonction des connaissances
relatives aux stratégies d’apprentissage et de l’emploi de stratégies d’élaboration
(ibid., p. 289)
3.1.3 Apprentissage autorégulé et acquisition de compétences
En rassemblant en un seul et même modèle les différents facteurs influant sur les compé-
tences en lecture, qui avaient jusqu’à présent été étudiés séparément (cf. figure 5), on
perçoit mieux l’influence relative de chacun de ces facteurs permettant d’expliquer les
différences constatées. Ce modèle part du postulat que les connaissances relatives aux
0
20
40
60
80
100
120
140
Faiblesconnaissances
en matièrede stratégies
d’apprentissageet emploi restreint
Faiblesconnaissances
en matièrede stratégies
d’apprentissageet emploi fréquent
Vastesconnaissances
en matièrede stratégies
d’apprentissageet emploi restreint
Vastesconnaissances
en matièrede stratégies
d’apprentissageet emploi fréquent
Intérêt pour la lecture
Emploi habituel de stratégies
Retirer des informations du texte
Interpréter des donnéesdu texte
Réfléchir et évaluer
Stratégiesd’élaboration
Stratégies de contrôle
.15 Compétences en lecture
Sentiment de compétence en lecture
Connaissances relatives auxstratégies d’apprentissage
.48
.21
.29.21
.19
.10
.20 .05
.63.68
.18
.94
.99
.98.36
.21
3 Connaissances empiriques sur l’efficacité de l’apprentissage autonome
Page 16
L’apprentissage autonome au gymnase
stratégies d’apprentissage, l’intérêt pour la lecture et le concept de soi3 en tant que lecteur
ou lectrice exercent un impact direct sur les compétences en lecture (flèches directement
orientées sur les compétences en lecture). De même, on admet que ces variables ont une
influence positive sur la fréquence d’emploi de stratégies d’apprentissage, laquelle se
répercute à son tour positivement sur les compétences en lecture.
Le schéma ci-dessus permet globalement d’expliquer 36% des différences relevées au
niveau des compétences en lecture. Parmi l’ensemble des facteurs, ce sont les connais-
sances relatives aux stratégies d’apprentissage qui jouent le rôle le plus important, même
si l’intérêt pour la lecture et le concept de soi ont un impact indéniable sur les compétences
en lecture. La fréquence d’emploi de stratégies d’apprentissage est fonction des connais-
sances relatives aux stratégies d’apprentissage, de l’intérêt pour la lecture et du concept
de soi. Malgré tout, l’influence directe de la fréquence d’emploi de stratégies d’apprentis-
sage sur les compétences en lecture est minime en comparaison des autres facteurs (.05).
En revanche, on constate que le niveau de connaissances relatives aux stratégies
d’apprentissage présage, dans l’ensemble, fortement le niveau des compétences en lec-
ture (.48).
3.1.4 Résumé
Les résultats des études PISA sur l’apprentissage autonome en lecture permettent de
déduire d’une manière générale que des connaissances approfondies en matière de stra-
tégies d’apprentissage constituent un préalable important à la réussite de l’apprentissage
autonome. Ces connaissances ne sont toutefois pas suffisantes car elles n’induisent pas
Figure 5: L’apprentissage autorégulé en tant que préalable aux compétences
en lecture (ibid., p. 294)
3 Le concept de soi correspond à l’image que les élèves ont de leurs propres capacités dans une discipline. Cette«image de soi» a une influence sur les objectifs et la motivation et donc sur la réussite ou l’échec de l’apprentissage.
3 Connaissances empiriques sur l’efficacité de l’apprentissage autonome
Page 17
L’apprentissage autonome au gymnase
forcément l’emploi des stratégies elles-mêmes. Les facteurs motivationnels jouent un rôle
tout aussi décisif dans l’emploi effectif des stratégies d’apprentissage: une apprenante ou
un apprenant ne recourra effectivement aux stratégies d’apprentissage que si leur emploi
contribue à la réalisation d’objectifs qui lui tiennent à cœur. L’intérêt porté au thème traité
et la motivation instrumentale sont donc très importants.
Ouvrage de référence: Artelt, C.; Demmrich, A.; Baumert, J. (2001). Selbstreguliertes
Lernen. In: Deutsches PISA-Konsortium (Ed.), PISA 2000. Basiskompetenzen von Schüle-
rinnen und Schülern im internationalen Vergleich (p. 271–299). Opladen: Leske + Budrich.
3.2 Deux études classiques réalisées par Zimmerman et Martinez-Pons
Pour leurs études, Barry Zimmerman et Manuel Martinez-Pons ont employé une autre mé-
thodologie que celle de PISA. Les élèves ont en effet été directement interrogés sur leur
comportement face à des situations d’apprentissage données et non, sous forme de ques-
tionnaire, à propos de leurs stratégies d’apprentissage, comme c’était le cas dans le cadre
de PISA.
Dans la première étude (cf. Zimmerman & Martinez-Pons, 1986), les deux chercheurs
ont mis au point un modèle structuré d’interview à partir duquel ils ont questionné 40 élèves
âgés de 14 à 16 ans, ayant pour les uns de bons résultats et pour les autres de faibles
résultats, sur les stratégies qu’ils adoptent lorsqu’ils sont confrontés, à l’école ou à la
maison, à des situations d’apprentissage types. Une question a par exemple porté sur les
devoirs à la maison:
«Souvent, les élèves ont des difficultés à faire leurs devoirs parce qu’ils sont tentés
par d’autres activités qu’ils trouvent plus intéressantes comme regarder la télé -
vision, rêvasser ou discuter avec des amis. As-tu une méthode particulière pour
te motiver à faire tes devoirs lorsque tu es dans cette situation?» (trad. à partir
de l’anglais, ibid., p. 285)
Les réponses ont été analysées de manière à voir si les élèves citaient d’eux-mêmes diffé-
rentes formes d’autorégulation dans l’apprentissage (comme se fixer des objectifs, planifier
son apprentissage, se récompenser lorsque des objectifs intermédiaires ont été atteints,
solliciter l’aide d’autres personnes, évaluer ses propres performances et, si nécessaire,
répéter l’apprentissage, etc.). Les chercheurs ont ensuite examiné si un lien existait entre
la fréquence d’emploi des stratégies d’apprentissage citées lors de l’interview et l’apparte-
nance des élèves à leur groupe de niveau.
En comparaison avec les élèves du groupe de niveau inférieur, les élèves appartenant au
groupe le plus fort employaient plus souvent l’ensemble des stratégies citées hormis l’au-
toévaluation. Il a été possible de prédire avec succès dans 93% des cas à quel groupe de
niveau appartenaient les élèves seulement à partir de la fréquence avec laquelle ils ont cité
des stratégies d’apprentissage. On remarque de façon intéressante que les élèves du
groupe le plus faible ont donné plus souvent des réponses laissant penser qu’ils n’utilisaient
aucune stratégie d’apprentissage comme «Quand j’ai des difficultés à me motiver, je fais
simplement un peu plus d’efforts.». Ces élèves se distinguent aussi de manière significative
par le fait qu’ils sollicitent moins l’aide de tiers dans leur apprentissage. Ainsi, si 50% des
élèves les plus forts ont dit demander de l’aide à leurs camarades, ils sont seulement 23%
dans ce cas parmi les élèves les plus faibles. Cela montre que les composantes sociales
sont également importantes dans le cadre de l’apprentissage autonome.
3 Connaissances empiriques sur l’efficacité de l’apprentissage autonome
Page 18
L’apprentissage autonome au gymnase
Outre l’affectation à un groupe de niveau fondée sur les résultats des tests d’admission,
la moyenne des notes avant le passage à la classe supérieure et les appréciations des en-
seignantes et enseignants, des tests standards ont été utilisés pour voir de quelle manière
l’emploi de stratégies d’apprentissage pouvait prédire les performances directement
mesurées. Ainsi, l’emploi de stratégies d’apprentissage a expliqué environ 31% des diffé-
rences de performances au test d’anglais et 30% au test de mathématiques. Il s’agit donc
d’un facteur explicatif plus important même que le sexe ou le statut socio-économique
mesuré à partir du niveau de formation des parents.
En conclusion, cette étude a confirmé le rapport évident entre capacité à nommer des
stratégies d’apprentissage et les bonnes performances scolaires chez les élèves interrogés.
Dans une seconde étude réalisée en 1988, Barry Zimmerman et Manuel Martinez-Pons
ont recueilli, outre les témoignages des élèves sur leur propre expérience, les appréciations
des enseignantes et enseignants sur l’emploi de stratégies d’apprentissage par leurs
80 élèves. Ces appréciations ont été mises en parallèle avec les réponses données par les
élèves mesurant leur capacité à citer des stratégies d’apprentissage (semblables à celles
recueillies durant la première étude) et avec les résultats obtenus au test de langue stan-
dard et au test de mathématiques. Le coefficient de corrélation entre les appréciations des
élèves et celles des enseignantes et enseignants sur l’emploi de stratégies d’apprentissage
a été de 0,7, ce qui peut être considéré comme un bon résultat.
Les appréciations des enseignantes et enseignants ainsi que les performances des
élèves aux tests de langue et de mathématiques ont été étudiées au moyen d’une analyse
factorielle4. Un facteur lié aux stratégies d’apprentissage a permis d’expliquer 65% des dif-
férences entre ces variables. Deux autres facteurs ont également pu être mis en évidence,
l’un lié aux compétences verbales des élèves et l’autre à leurs performances aux tests stan-
dards. Le fait que des facteurs séparés concernant l’emploi de stratégies d’apprentissage
et les compétences verbales aient pu être dégagés laisse supposer que l’apprentissage au-
tonome, au même titre que les compétences verbales, influe à part entière sur les perfor-
mances scolaires.
Ouvrages de référence: Zimmerman, B. J.; Martinez Pons, M. (1986). Development of
a structured interview for assessing student use of self-regulated learning strategies. In:
American Educational Research Journal, 23(4), 614–628.
Zimmerman, B. J.; Martinez-Pons, M. (1988). Construct validation of a strategy model of
student self-regulated learning. In: Journal of Educational Psychology, 80(3), 284–290.
3.3 Apprentissage autonome et motivation
Les résultats des études PISA et des études menées par Zimmerman et Martinez-Pons
présentés ci-avant mettent principalement en lumière le lien entre apprentissage autonome
et performances. Outre l’aspect des performances, les connaissances concernant les ef-
fets positifs de la motivation des élèves sont également importantes, une motivation initiale
suffisante constituant un préalable essentiel à l’emploi par l’apprenante ou l’apprenant des
stratégies d’apprentissage nécessaires. La cognition, la métacognition, la motivation et
l’émotion se trouvent au centre d’une même dynamique dans l’apprentissage.
Dans le domaine de l’apprentissage autonome, c’est avant tout le degré d’autodéter -
mination, c’est-à-dire le degré de liberté dont bénéficient les élèves dans leurs actions
4 L’analyse factorielle est une procédure statistique qui permet d’étudier si des variables distinctes (dans ce cas, les différents aspects de l’évaluation réalisée par les enseignants et les résultats obtenus par les élèves) peuvent se combiner en composantes plus grandes.
3 Connaissances empiriques sur l’efficacité de l’apprentissage autonome
Page 19
L’apprentissage autonome au gymnase
d’apprentissage, qui est important. Dans leur théorie de l’autodétermination de la motiva-
tion, Edward Deci et Richard Ryan (1993) postulent que les êtres humains s’efforcent par
principe de satisfaire trois besoins psychologiques fondamentaux: le besoin d’autonomie
ou d’autodétermination, le besoin de compétence ou d’efficacité et le besoin d’apparte-
nance sociale. Le fait que l’apprentissage soit motivant dépend par conséquent du fait qu’il
permette ou non de satisfaire ces trois besoins. Deci et Ryan partent du principe que le
feedback des enseignantes et enseignants stimule la motivation intrinsèque5 de l’appre-
nante ou de l’apprenant lorsque les besoins de compétence et d’autonomie sont pris en
compte. Ainsi, proposer différentes options ou exprimer sa reconnaissance envers l’appre-
nante ou l’apprenant concourent à accroître sa motivation intrinsèque alors que les me-
sures visant le contrôle, telles que les récompenses matérielles, les menaces de sanction,
la pression sur les délais ou des objectifs imposés, ont l’effet inverse (ibid., p. 230). Une
motivation qui était initialement extrinsèque peut même se transformer en motivation intrin-
sèque si le feedback répond aux besoins d’autonomie, de compétence ou d’appartenance
sociale.
Dans une étude, Wendy Grolnick et Richard Ryan (1987) ont comparé entre elles trois
formes de soutien de l’enseignante ou de l’enseignant. Dans un premier groupe, on a de-
mandé aux élèves de lire un texte et de dire dans quelle mesure ils le trouvaient intéressant.
Dans un deuxième groupe, les enseignantes et enseignants ont encouragé l’autonomie
chez leurs élèves et se sont montrés intéressés par leur réussite. Dans un troisième groupe,
on a indiqué aux élèves que leurs connaissances à propos du texte seraient évaluées et
notées. Après cela, tous les groupes ont été soumis à un test de compréhension du texte.
Les élèves du troisième groupe ayant reçu la consigne visant à les contrôler ont de loin ob-
tenu les résultats les plus faibles quant à la compréhension conceptuelle du texte. Les
élèves du deuxième groupe, dont l’autonomie a été encouragée, ont quant à eux réalisé les
meilleures performances tant du point de vue de la compréhension conceptuelle du texte
que de la mémoire à long terme.
Cette étude et d’autres confirment qu’il y a effectivement une différence en termes de
réussite selon le style d’enseignement ou d’éducation (visant plutôt le contrôle ou plutôt
l’encouragement et l’information) pratiqué en contexte pédagogique. Un enseignement qui
promeut l’autonomie accroît à la fois la motivation intrinsèque des apprenantes et appre-
nants, leur curiosité et leur intérêt pour le défi intellectuel. Les résultats des études mon-
trent que «les élèves scolarisés dans des classes où l’autonomie est encouragée, c’est-à-
dire où l’enseignante ou l’enseignant aborde par exemple des thèmes en lien avec la vie
quotidienne et les intérêts des élèves, sont plus curieux, tentent de résoudre les problèmes
de façon plus autonome et ont une meilleure image d’eux-mêmes que les élèves scolari-
sés dans des classes privilégiant le contrôle.» (trad., Deci & Ryan, 1993, p. 232).
Ouvrage de référence: Deci, E. L.; Ryan, R. M. (1993). Die Selbstbestimmungstheorie
der Motivation und ihre Bedeutung für die Pädagogik. In: Zeitschrift für Pädagogik, 39(2),
223–238.
5 Une personne possède une motivation intrinsèque lorsqu’elle apprend pour satisfaire son propre intérêt ou parcequ’elle a du plaisir à étudier un sujet donné. Elle n’a besoin d’aucune incitation extérieure. Une personne possède a contrario une motivation extrinsèque lorsqu’elle accomplit une action dans une intention instrumentale.
4 Pistes pour la mise en pratique
Page 20
L’apprentissage autonome au gymnase
4.1 Les enjeux de l’apprentissage autonome pour les élèves
Quelles compétences les élèves doivent-ils avoir pour pouvoir réguler eux-mêmes leur ap-
prentissage? Dans l’idéal, les élèves autonomes sont capables d’influer sur plusieurs
dimensions des processus d’autorégulation en se posant les questions «pourquoi?», «com-
ment?», «quand?», «quoi?», «où» et «avec qui?» (cf. tableau 2).
Tableau 2: Dimensions de l’autorégulation en contexte d’apprentissage
(en référence à Zimmerman 1998, p. 75)
• En ce qui concerne le «pourquoi», les élèves sont en mesure de se motiver eux-mêmes
en se fixant des objectifs et en développant leurs propres intérêts. Les objectifs et les
aptitudes requises sont néanmoins toujours prédéfinis dans le contexte scolaire. Dans
l’idéal, les élèves ont une latitude suffisante et la possibilité de faire des choix leur per-
mettant de décider en partie eux-mêmes de la démarche d’apprentissage qu’ils souhai-
tent adopter et des thèmes qu’ils souhaitent traiter. Toute une série de convictions jouent
un rôle clé dans cette forme de motivation intrinsèque. Ainsi, les chances de réussite
sont plus élevées chez les élèves qui estiment pouvoir réaliser les objectifs fixés. Ils sont
dotés d’un sentiment positif d’efficacité personnelle (cf. notamment Bandura & Schunk,
1981; Zimmerman & Martinez-Pons, 1988). Il est aussi plus motivant pour apprendre
4 Pistes pour la mise en pratique
Question
pourquoi?
comment?
quand?
quoi?
où?
avec qui?
Dimension
motif
méthode
temps
comportement
environnement physique
environnement social
Conditions
vouloir participer
choisir des méthodesappropriées
planifier son temps
réaliser les actions d’apprentissage appropriées et lescontrôler régulièrement
choisir un lieu d’appren-tissage approprié
s’allier à d’autres, faireappel à l’aide d’un tuteur ou d’un membredu corps enseignant
Attributs d’autorégulation
motivation intrinsèque
travail systématique ou routinier
ponctualité et efficacité
réflexion sur soi etcontrôle de soi
gestion des ressources environnementales
gestion des ressources sociales
Processus d’autorégulation
objectifs personnels,auto-efficacité, intérêts
stratégies d’apprentissage, autodidaxie
gestion du temps
auto-observation,auto-évaluation, conséquences sur soi
structuration de l’environnement
recours à l’aide d’autrui
4 Pistes pour la mise en pratique
Page 21
L’apprentissage autonome au gymnase
d’imputer ses échecs à des facteurs externes (comme la difficulté de l’exercice) ou aléa-
toires (comme une mauvaise journée ou des efforts insuffisants). L’importance donnée à
l’acquisition de connaissances joue également un rôle dans la motivation d’apprentis-
sage: plus l’apprenante ou l’apprenant accordera d’importance à la matière étudiée,
plus cette personne sera motivée pour apprendre (théorie de l’attente-valeur). L’école
doit donc mettre en évidence la pertinence des contenus d’apprentissage afin de per-
mettre aux élèves d’expérimenter le sentiment valorisant d’efficacité personnelle.
• En ce qui concerne le «comment» de l’apprentissage, les élèves qui apprennent de ma-
nière autodirigée se distinguent par le fait qu’ils ont recours aux stratégies d’apprentis-
sage les plus adaptées. Pour y parvenir, ils doivent disposer d’une part de tout un réper-
toire de stratégies d’apprentissage (stratégies de répétition et d’organisation p. ex.) et
connaître d’autre part les différents types d’exercices et leurs exigences, chaque type
d’exercice appelant une stratégie différente. Les bons élèves sont en mesure de choisir,
dans le répertoire à leur disposition, la stratégie adaptée à une situation donnée.
• La troisième dimension («quand») se rapporte à la gestion du temps en situation d’ap-
prentissage. Zimmerman, Greenberg et Weinstein (1994) ont démontré que les bons
élèves utilisent de manière plus efficace le temps à leur disposition que les élèves plus
faibles.
• La question «quoi?» se réfère au comportement de l’élève en situation d’apprentissage.
Pour pouvoir réguler son apprentissage, l’élève doit être en mesure de choisir et de mo-
difier son comportement en fonction du feedback qu’il reçoit. Les bons élèves qui ap-
prennent de manière autonome sont conscients de leur efficacité en situation d’appren-
tissage et ajustent continuellement leur comportement au contexte et aux exigences. Ils
y parviennent en ayant recours à l’auto-observation et à l’auto-évaluation et en tradui-
sant en actions les changements qui en découlent. Par conséquent, les élèves auto-
nomes sont plus à même de porter un jugement réaliste sur leurs performances (en ce
qui concerne la compréhension d’un texte par exemple).
• Le «où» se rapporte au lieu d’apprentissage et à l’aménagement physique de l’environ-
nement d’apprentissage. Les élèves qui s’autorégulent sont conscients des avantages
que peut présenter un lieu d’apprentissage choisi avec soin et décident par exemple de
se retirer à la bibliothèque pour apprendre, parce qu’ils apprécient le calme de cet en-
droit.
• La dernière question «avec qui» se réfère à la dimension sociale de l’apprentissage. Les
élèves qui arrivent à réguler eux-mêmes cette dimension mettent à profit l’environne-
ment social dans lequel ils évoluent à des fins d’apprentissage, par exemple en appre-
nant avec d’autres ou en se laissant guider ou conseiller par l’enseignante ou l’ensei-
gnant. A l’inverse, les élèves incapables de s’autoréguler évitent de recourir à l’aide d’au-
trui par manque d’assurance et par peur de se faire remarquer (cf. Newman, 1994).
Les six dimensions de l’apprentissage autorégulé ne correspondent pas à des traits de per-
sonnalité qui seraient stables dans toutes les situations. La capacité d’une ou d’un élève à
apprendre de manière autonome dans une situation d’apprentissage particulière dépend
aussi de la matière à apprendre et des connaissances préalables de l’élève. L’autorégula-
tion appelle une interaction subtile entre compétences individuelles et exigences contex-
tuelles.
Ouvrage de référence: Zimmerman, B. J. (1998). Academic studying and the deve -
lopment of personal skill: A self-regulatory perspective. In: Educational Psychologist, 33,
73–86.
4 Pistes pour la mise en pratique
Page 22
L’apprentissage autonome au gymnase
4.2 Les enjeux de l’apprentissage autonome pour le corps enseignant
Le développement de l’apprentissage autonome réclame une redéfinition du rôle des en-
seignantes et des enseignants. Avant de faire office de transmetteurs de savoir («instruc-
teurs»), ils doivent remplir le rôle d’assistants des élèves en situation d’apprentissage (cf.
Projektgruppe SOL, 2009, p. 27; Konrad & Traub, 1999, p. 44s.; Faulstich et al., 2002; We-
ber, 2004; Leutwyler, 2007). Il ne faut plus les considérer comme les chefs d’orchestre d’un
ensemble bien accordé, mais comme les arrangeurs de situations d’apprentissage variées.
Ils restent des acteurs incontournables de l’apprentissage, leur rôle s’en trouve même
peut-être renforcé. Néanmoins, ce ne sont plus eux qui occupent le devant de la scène, ils
deviennent les arrangeurs discrets des processus d’apprentissage, sur lesquels ils agissent
de manière plus indirecte que directe. Cela signifie aussi que le travail d’enseignement
s’oriente davantage vers la préparation du cours, phase durant laquelle ils vont réfléchir à
la manière dont ils pourront être les initiateurs de processus d’apprentissage autonome,
ainsi qu’aux formes et aux outils d’apprentissage qui seront susceptibles d’assister les
élèves dans leur autonomie. Ils doivent faire preuve ici de qualités diagnostiques et didac-
tiques élevées, car ils doivent savoir rester en retrait et intervenir au moment opportun pour
aider les élèves.
Cependant, l’apprentissage autonome ne signifie pas que la personne en situation
d’apprentissage doit être livrée à elle-même. Karin Bräu (cf. 2002, p. 278ss) estime
qu’un accompagnement professionnel au gymnase doit procéder d’une démarche se
fondant sur les différentes composantes du processus d’apprentissage chez l’élève. Selon
elle, l’enseignante ou l’enseignant peut par exemple assister l’élève dans les domaines sui-
vants:
Activités de préparation:
• créer un environnement de travail favorable;
• mettre à disposition des instruments de travail appropriés;
• déterminer le temps devant être consacré à un travail;
• clarifier le contexte, les intérêts et les objectifs relatifs à une thématique à traiter (afin
d’éviter les malentendus et les conflits en dynamique de groupe);
• choisir des thèmes ou des énoncés permettant un travail ciblé;
• le cas échéant, préciser les contours de la thématique à traiter pour qu’elle puisse l’être
dans le cadre convenu;
• initier à la manière de se documenter (catalogues des bibliothèques, sources Internet,
archives, etc.);
• faire appel à des spécialistes et à des locaux spécifiques.
Travail de fond:
• communiquer clairement le cadre réglementaire scolaire (plan d’études, système d’éva-
luation du travail des élèves, etc.) aux élèves afin de leur faire prendre conscience de la
latitude dont ils disposent pour l’apprentissage autonome;
• permettre la mise en place d’examens qui comprennent des éléments pouvant être trai-
tés de différentes manières;
• apprendre avec les élèves afin de combler d’éventuelles lacunes personnelles (faire ap-
pel à des spécialistes le cas échéant);
• suivre et saisir les processus d’apprentissage des élèves afin de pouvoir intervenir dans
les situations où ils sont bloqués ou ne peuvent pas s’en sortir seuls;
• donner des conseils méthodologiques ou proposer des techniques de travail (p. ex. pour
l’analyse et l’interprétation de textes littéraires, d’œuvres d’art et de sources historiques,
4 Pistes pour la mise en pratique
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L’apprentissage autonome au gymnase
pour l’exploitation de données statistiques, de diagrammes ou de courbes, pour la réa-
lisation d’une démonstration mathématique ou d’une expérience scientifique);
• définir les conditions et la fonction de formes envisageables pour la présentation des
résultats d’un travail;
• travailler sur la confiance en soi et répéter les techniques de présentation.
Dimension sociale:
• choisir la forme de travail appropriée pour l’exercice, le travail coopératif n’étant pas
adapté dans tous les cas;
• aider les élèves à faire le tri entre les étapes de travail appelant un travail individuel et
celles appelant un travail collectif;
• aider les élèves à mettre à nu les divergences d’opinions lorsqu’ils travaillent en groupe
afin d’élargir leur horizon par des processus d’apprentissage reposant sur le dialogue;
• se faire l’avocat du diable ou adopter les arguments de la partie adverse;
• établir une communication sur l’avancée du travail («atelier de recherche») pour les tra-
vaux individuels: la planification des étapes, les résultats provisoires et les questions en
suspens peuvent être soumis aux autres élèves afin de dissiper les zones d’ombre, de
conforter l’élève dans son travail ou d’établir un échange de vues.
Processus réflexifs:
• conseiller l’élève sur son projet en l’incitant à rédiger une ébauche de projet. Ce genre
d’exercice fournit de bons résultats; il permet de dissiper les malentendus et de discu-
ter par la suite des réorientations ou des adaptations nécessaires;
• présenter des exemples de produits finis servant de base à la discussion de critères de
qualité et donnant à l’élève la possibilité de faire le point sur son travail tout en définis-
sant les tâches qu’il doit encore accomplir pour atteindre son but;
• documenter le travail effectué sous forme de journaux d’apprentissage ou de comptes
rendus;
• instituer des groupes d’apprentissage ayant recours au feedback réciproque et à la cri-
tique constructive;
• exercer la capacité de réfléchir à sa propre démarche de travail en s’interrompant lors
de brèves «mises au point» (Frey & Schäfer, 2007) ritualisées ou spontanées consistant
à échanger ses vues sur l’état d’avancement du travail, sur les difficultés ou les obsta-
cles rencontrés et à trouver des solutions;
• consigner les conclusions intermédiaires ou les questions en suspens dans un journal
mural ou en utilisant les instruments disponibles sur Internet (forums de discussions,
wikis, etc.);
• présenter le fruit du travail et ses conclusions, appréciation du travail du groupe;
• évaluer le travail effectué lors d’un entretien individuel ou d’un entretien de groupe en se
basant éventuellement sur des évaluations écrites des élèves (cf. Winter, 1991);
• évaluer oralement non seulement le produit fini, mais aussi le processus d’apprentissage
de manière aussi circonstanciée que possible afin d’entretenir et de promouvoir une cul-
ture de l’apprentissage qui autorise les détours et les erreurs;
• réfléchir en commun aux forces et aux faiblesses du processus de travail dans le cadre
de l’évaluation.
Ces aspects ne constituent pas une liste exhaustive des formes de soutien susceptibles
d’être utilisées par les membres du corps enseignant en matière d’apprentissage auto-
nome. Ils se proposent néanmoins de montrer que le rôle élargi de l’enseignante ou de l’en-
seignant est complexe et qu’il ne peut se limiter à exiger des élèves qu’ils se procurent eux-
mêmes le soutien nécessaire.
4 Pistes pour la mise en pratique
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L’apprentissage autonome au gymnase
Les membres du corps enseignant doivent par ailleurs tenir compte du fait que les
élèves ne sont pas «naturellement» préparés à l’apprentissage autonome. Ceux-ci doivent
d’abord apprendre à apprendre de manière autonome, ce qui exige des enseignantes et
des enseignants de passer d’une didactique «instructiviste» à une didactique «constructi-
viste». C’est là qu’intervient souvent la notion de compagnonnage cognitif (notamment
Randi & Corno 2000, p. 654ss; Mandl & Friedrich, 2006; Leutwyler, 2007), notion sur la-
quelle nous allons revenir en détail dans le chapitre suivant (cf. encadré 3).
Ouvrage de référence: Reusser, K. (1994). Die Rolle von Lehrerinnen und Lehrern neu
denken. In: Beiträge zur Lehrerbildung, 12(1), 19–37.
4.3 De la conception d’environnements propices à l’apprentissage autonome
Il existe deux stratégies permettant de développer l’apprentissage autonome à l’école (cf.
Friedrich & Mandl, 1997, p. 253ss). La première stratégie procède d’une démarche axée
sur les élèves et visant à leur transmettre les prérequis cognitifs, métacognitifs et motiva-
tionnels en leur inculquant directement les stratégies d’apprentissage adaptées. La se-
conde stratégie est indirecte et consiste à organiser des environnements d’apprentissage
et des exercices permettant à l’élève d’apprendre de manière autonome ou facilitant cette
démarche. Ces deux approches sont complémentaires car d’une part, les stratégies
acquises s’étiolent lorsqu’elles ne peuvent pas être mises en pratique et d’autre part, un
problème, qui par définition laisse une grande latitude à l’élève, ne peut pas être résolu si
l’élève applique la mauvaise stratégie d’apprentissage.
La deuxième approche (organisation d’environnements d’apprentissage), une concep-
tion cognitivo-constructiviste de l’apprentissage soulignant l’action personnelle de l’ap -
prenante ou de l’apprenant, est propice à l’apprentissage autodirigé. Cette conception
débouche sur des environnements d’apprentissage qui
• posent des problèmes authentiques, complexes et réalistes;
• nécessitent la mise en place d’une démarche pluridimensionnelle et une souplesse cog-
nitive dans la gestion du savoir;
• soutiennent l’interaction entre le savoir et l’action;
• activent la coopération entre les élèves;
• permettent le transfert de l’acquis et
• ont recours aux médias à titre d’outils cognitifs pour le traitement de problèmes com-
plexes (ibid., p. 259).
L’encadré 2 comporte des exemples de démarches didactiques propices à l’apprentissage
autonome.
Exemples de formes didactiques d’apprentissage autonome
• Apprentissage par problèmes («problem based learning») (p. ex. Weber, 2004)
L’apprentissage par problèmes est une forme d’apprentissage en groupe dont
l’approche pédagogique consiste à résoudre un problème (généralement une
étude de cas). Les élèves sont appelés à trouver, en grande partie de manière
autonome, une solution au problème en clarifiant les notions inconnues, en préci-
sant le problème, en établissant et vérifiant des hypothèses lors de brainstormings,
en faisant une recherche documentaire et en présentant les résultats.
4 Pistes pour la mise en pratique
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L’apprentissage autonome au gymnase
• Enseignement réciproque («reciprocal teaching») (p. ex. Palincsar & Brown, 1984)
L’enseignement réciproque est une forme d’enseignement basée sur le dialogue
en groupe. Il consiste à explorer activement le contenu d’un texte afin d’en amé-
liorer la compréhension. Chaque élève est chargé, tour à tour, d’assumer le rôle de
l’enseignante ou de l’enseignant en animant la discussion, les autres élèves sont
invités à intervenir. Des questions sont posées sur un paragraphe qui vient d’être
lu, ce paragraphe est résumé, les passages qui posent problème sont identifiés et
des hypothèses sont formulées quant à la suite du texte.
• Contrat d’apprentissage (p. ex. Weingartz, 1991)
Dans un contrat d’apprentissage, les différentes facettes d’une planification indivi-
duelle de l’apprentissage (objectifs, moyens, étapes, gestion du temps, etc.) sont
consignées par écrit entre l’enseignante ou l’enseignant et l’élève. Le membre du
corps enseignant assume le rôle de «tuteur»; il contrôle la progression de l’élève,
lui vient en aide et lui donne des repères.
• Journal ou livre de bord (p. ex. Gläser-Zikuda & Hascher, 2007)
Un journal sert à documenter le processus d’apprentissage d’une ou d’un élève et
à y réfléchir. Les stratégies métacognitives sont activées par des questions telles
que «où en suis-je?», «quels sont mes objectifs?», «quelles sont les prochaines
étapes?», etc., ce qui améliore le processus d’apprentissage. Le journal est avant
tout utilisé par l’élève, mais il peut, à l’instar du contrat d’apprentissage, être utilisé
par l’enseignante ou l’enseignant dans une démarche de tutorat.
• Architectures d’auto-apprentissage
(p. ex. Forneck 2006; Maier Reinhard & Wrana, 2008)
Les architectures d’auto-apprentissage sont des dispositifs didactiques qui propo-
sent des activités d’apprentissage dans un environnement en ligne, soutiennent de
manière individuelle les processus d’apprentissage et offrent à l’élève un accom-
pagnement didactique. Elles visent à mettre en place des pratiques d’appren -
tissage en association avec le contenu d’apprentissage, le développement de la
réflexivité et la coordination du savoir.
Encadré 2: Formes didactiques d’apprentissage autonome
Ce n’est pas parce que l’on dispose d’un grand nombre de moyens d’autorégulation
que l’autorégulation est optimale dans les faits. Le recours aux environnements d’appren-
tissage ouverts, qui constituent l’un des moyens en question, dépend en grande partie de
la volonté et des capacités de l’apprenante ou de l’apprenant. C’est précisément pour cela
que l’apprentissage autonome requiert des compétences diagnostiques de la part des
enseignantes et enseignants, c’est-à-dire la capacité d’observer attentivement l’attitude
de l’élève en situation d’apprentissage et de l’analyser correctement. Les apprenantes et
apprenants qui sont peu aptes à s’autoréguler ont plutôt du mal à gérer les dispositifs
d’apprentissage ouverts et sont plus réceptifs aux dispositifs plus directifs. Les élèves
ne sont pas en mesure d’assurer du jour au lendemain l’entière responsabilité de leur
apprentissage car les compétences pour y parvenir s’acquièrent et s’exercent progressive-
ment.
Le compagnonnage cognitif («cognitive apprenticeship») est prometteur dans la mesure
où l’enseignante ou l’enseignant s’efface progressivement du processus d’apprentissage
jusqu’à ce que l’apprenante ou l’apprenant soit capable de prendre en main son appren-
tissage (cf. encadré 3). Cette approche didactique combine les deux stratégies évoquées
en début de chapitre: transmission et organisation de stratégies d’apprentissage. En voici
quelques exemples:
4 Pistes pour la mise en pratique
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L’apprentissage autonome au gymnase
Le modèle du compagnonnage cognitif
La théorie du compagnonnage cognitif développée par Allan Collins, John Brown et
Susan Newman (1989) repose sur les thèses de Vygotski en matière d’apprentissage
et de développement: elle transpose le rapport entre le maître et l’apprenti au sens
de l’apprentissage manuel ou technique au domaine scolaire. Cette approche pro-
cède de l’idée que les élèves peuvent acquérir des stratégies cognitives lorsque des
experts verbalisent des instructions dans un contexte social et qu’il existe dans ce
processus différents niveaux d’instruction extérieure. Au départ fortement aidé par
l’enseignante ou l’enseignant, l’élève gagne en autonomie jusqu’à ce qu’il soit en me-
sure de résoudre seul le problème posé. Mandl et Friedrich (2006) ont présenté des
exemples concrets de mise en œuvre à l’école. Ils établissent une distinction entre les
phases suivantes:
• Modélisation ou élaboration d’un modèle mental («modeling»)
L’enseignante ou l’enseignant est une personne experte qui explique la manière
dont elle s’attaque à un problème en formulant à haute voix ses réflexions et ses
décisions. Elle joue ainsi le rôle de modèle pour l’apprenante ou l’apprenant.
• Tutorat («coaching»)
L’élève essaye de résoudre lui-même le problème. L’enseignante ou l’enseignant
assume la fonction de tutrice ou tuteur (coach) en lui donnant son avis (feedback),
en attirant son attention sur les aspects négligés et en lui apprenant à aborder le
problème sous un autre angle.
• Etayage et effacement progressif («scaffolding and fading»)
L’enseignante ou l’enseignant propose à l’élève un «échafaudage» (scaffold) cons -
titué de stratégies d’apprentissage adaptées qui lui permettront de résoudre des
problèmes qu’il ne pouvait pas résoudre seul. Elle ou il s’efface au fur et à mesure
que l’élève gagne en assurance (fading).
• Articulation et réflexion («articulation and reflection»)
Apprendre à apprendre (de manière autonome) procédant d’une démarche intrin-
sèque non visible de l’extérieur, l’élève doit, dans une perspective de contrôle des
résultats, être amené à décrire les processus d’apprentissage achevés et à réflé-
chir sur les stratégies d’apprentissage utilisées.
• Exploration («exploration»)
La dernière étape consiste à utiliser les compétences acquises en situation nou-
velle. Si l’élève s’est par exemple exercé à lire un texte, il sera appelé en phase ex-
ploratoire à étudier un texte encore inconnu afin d’appliquer de manière productive
les stratégies acquises.
Encadré 3: Le modèle du compagnonnage cognitif
Ouvrages de référence: Herold, M.; Landherr, B. (2005). SOL – Selbst organisiertes
Lernen Praxisband 2. Deutsch – Englisch – Mathematik – Volks- und Betriebswirtschafts-
lehre – Wirtschaft und Recht. Baltmannsweiler: Schneider Verlag Hohengehren.
Herold, M.; Landherr, B. (2005). SOL – Selbst organisiertes Lernen Praxisband 1. Biologie
– Chemie – Ernährungslehre. Baltmannsweiler: Schneider Verlag Hohengehren.
4 Pistes pour la mise en pratique
Page 27
L’apprentissage autonome au gymnase
4.4 De l’évaluation des performances dans l’apprentissage autonome
Contrairement à l’apprentissage traditionnel, l’apprentissage autonome soulève la question
suivante: comment tenir compte davantage, en plus du produit de l’apprentissage qu’est
le savoir spécialisé, du déroulement de l’apprentissage, caractérisé par les compétences
méthodologiques et stratégiques acquises, par le travail coopératif en groupe et par la
capacité de s’autoréguler comme aspects de la production de résultats. Thorsten Bohl
(cf. 2006, p. 58ss) propose les solutions suivantes dans sa conception de l’appréciation
dans l’enseignement ouvert:
• Participation des élèves
Les prestations attendues et les éléments évalués sont clairement définis dans un pro-
cessus de «validation communicative» avec les élèves (ibid., p. 81). En pratique, on peut
imaginer que les élèves soient préalablement associés à l’élaboration des critères d’éva-
luation. Dans la phase de mise en œuvre, ils peuvent être amenés à participer à la
notation d’un exposé présenté par des camarades de classe. Dans la phase de bilan
enfin, ils peuvent participer à l’analyse du processus d’apprentissage individuel et col-
lectif ainsi qu’à la réflexion sur celui-ci (cf. ibid., p. 82).
• Démarche orientée sur les processus
La prise en compte d’aspects du processus d’apprentissage dans l’évaluation présup-
pose leur documentation. Celle-ci peut avoir lieu sous forme d’observations (l’ensei-
gnante ou l’enseignant observe p. ex. l’attitude face à l’apprentissage pendant les
phases de travail libre), ou les élèves analysent leur processus d’apprentissage dans un
document écrit, par exemple sous forme de journal d’apprentissage (cf. encadré 2).
• Démarche orientée sur les critères
L’évaluation doit se fonder sur des critères vérifiables et compréhensibles. Les compor-
tements correspondants doivent être identifiables. Par conséquent, il convient de ne pas
formuler les critères de manière trop abstraite (p. ex. «sait travailler de manière auto-
nome») ni trop concrète (p. ex. «est capable de ne pas déborder sur la marge»), mais de
trouver un juste milieu dans la formulation (cf. ibid., p. 96).
• Différenciation des normes de référence
L’évaluation sous forme de notation repose essentiellement sur une norme de référence
objective fondée sur un objectif d’apprentissage relatif à la matière enseignée. Lors de
l’accompagnement d’une ou d’un élève en situation d’apprentissage autonome, les
retours de l’enseignante ou l’enseignant qui se rapportent à des normes de référence
individuelles ou sociales sont également profitables car ils permettent à l’élève de pren-
dre conscience des progrès qu’il fait ou de se situer par rapport aux autres élèves de la
classe.
• Démarche d’encouragement («Förderorientierung»)
On entend par démarche d’encouragement le fait de donner à l’élève la possibilité
d’orienter son apprentissage sur les critères d’évaluation. L’évaluation ne porte que sur
les contenus qui peuvent être mis en œuvre et appris dans le cadre du dispositif de for-
mation. Les élèves ont les idées claires sur l’objet d’évaluation.
• Diversité des formes d’évaluation
Même dans un cours reposant sur l’apprentissage autonome, l’évaluation du travail des
élèves n’échappe par à la notation, mais celle-ci doit être commentée. Il est déterminant
que les élèves donnent aux notes et à leur justification une valeur d’information et non
une valeur de contrôle et qu’ils soient en mesure de les associer à leur processus d’ap-
prentissage. Les formes d’évaluation combinant les notes, les explications orales et les
conseils d’amélioration peuvent par conséquent être profitables.
4 Pistes pour la mise en pratique
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L’apprentissage autonome au gymnase
Il existe de multiples instruments d’évaluation: évaluations orales, fiches d’évaluation repo-
sant sur une échelle d’appréciations commentées, évaluations de journaux d’apprentis-
sage. Une forme d’évaluation spécifique ne peut néanmoins couvrir que certains aspects
de l’apprentissage autonome, ce qui plaide en faveur d’une combinaison de différentes
formes d’évaluation choisies en fonction du contexte d’apprentissage (cf. Projektgruppe
SOL, 2009, p. 30). Par ailleurs, le portfolio est un instrument souvent cité pour servir de
support à une évaluation réalisée en situation d’apprentissage autonome (cf. encadré 4).
D’autres formes d’évaluation sont également décrites par Bohl (2006, chapitres 8–10),
Lissmann (2007), Winter (2007a, 2007b, 2008) ainsi que Kyburz-Graber et Pangrazzi
(2005).
Portfolio
Un portfolio sert à faire la preuve des apprentissages réalisés par une ou un élève. Il
est alimenté par l’élève et regroupe les travaux et attestations (p. ex. évaluations des
enseignantes et enseignants) qui documentent de manière systématique et ciblée ses
efforts individuels, ses progrès et ses performances. Il peut être utilisé dans le proces-
sus de notation. En combinaison avec un journal d’apprentissage, il peut aussi aider
l’élève à documenter et à mener une réflexion sur ses expériences d’apprentissage.
Encadré 4: Le portfolio comme instrument d’aide à l’évaluation des performances
Cette forme spécifique d’évaluation exige de l’enseignante ou de l’enseignant des compé-
tences diagnostiques élevées et soulève la question de son applicabilité dans le quotidien
scolaire. La redéfinition des rôles est inhabituelle tant pour les membres du corps ensei-
gnant que pour les élèves, il faut du temps pour s’y adapter (cf. Winter 2007b). Les
séquences d’enseignement orientées davantage sur une démarche d’autonomie dans
l’apprentissage ne doivent cependant pas être considérées comme des «situations excep-
tionnelles» qu’il n’est pas possible ou souhaitable de noter.
Ouvrage de référence: Winter, F. (2007). Neue Lernformen brauchen eine veränderte
Leistungsbewertung! In: Heinrich, M.; Prexl-Krausz, U. (Edit.), Eigene Lernwege – Quo
vadis? Eine Spurensuche nach «neuen Lernformen» in Schulpraxis und LehrerInnenbildung
(p. 35–56). Wien, Berlin: LIT.
5 Perspectives
Page 29
L’apprentissage autonome au gymnase
D’aucuns verront sans doute dans l’apprentissage autonome la toute dernière mode en
matière de pédagogie qui, comme bien d’autres avant elle, tombera d’ici peu dans l’oubli.
D’autres s’attarderont sur le fait qu’un nouveau chantier est lancé dans un paysage de la
formation déjà fortement agité par les multiples réformes, alors qu’un retour à l’essentiel
serait plus indiqué. A ces deux objections, nous répondons que l’apprentissage autonome
repose sur une logique de réforme purement gymnasiale, c’est-à-dire sur une logique qui
s’articule autour des idées fondatrices du gymnase. A la différence de beaucoup d’autres
interventions découlant d’une volonté politique qui sont actuellement menées à l’école, le
projet PAA emprunte en effet une voie qui s’inscrit dans la ligne des objectifs traditionnels
du gymnase.
Historiquement, les principaux tenants du discours néo-humaniste sur la formation se
sont nettement opposés à un rétrécissement utilitariste et technocratique de la notion de
formation scolaire. Le concept de formation générale renvoie de fait, encore aujourd’hui,
aux objectifs premiers du gymnase qui sont d’abord, de permettre aux jeunes générations
d’affermir leur personnalité et, dans un second temps seulement, de les initier à leur utilité
sociale. Même si la notion de formation a connu un destin mouvementé au cours des XIXe
et XXe siècles, elle n’a jamais perdu son essence: la formation ne peut être produite par des
tiers, elle découle toujours d’un travail personnel de l’individu. Contrairement aux notions
d’éducation et d’enseignement qui sont depuis toujours chargées de fantasmes de toute-
puissance, donnant à penser que tout est réalisable dans ce domaine, la notion de for -
mation respecte l’autonomie et l’action personnelle de l’individu. De même, lorsque l’on
se penche sur les termes d’hétérorégulation et d’autorégulation, on attribue le premier à
l’éducation et le second à la formation – en tous les cas, à chaque fois que l’on remet
ces concepts pédagogiques dans le contexte historique de leur création (cf. Schäfer 2005,
p. 152ss).
Le caractère individualiste qui ressort de la notion de formation ne doit toutefois pas être
compris dans le sens égoïste de «réalisation de soi», ni faussement interprété comme un
repli «escapiste» sur son intériorité psychique. La formation ne peut en effet se révéler qu’en
interaction avec un objet ou une personne. C’est pourquoi les notions d’éducation, d’en-
seignement et de formation ne doivent pas être traitées de façon dichotomique malgré leur
différence sémantique. Comme le dit Horkheimer (1985), ce qui forme, ce n’est pas ce que
l’on fait ressortir de soi-même, mais uniquement ce que l’on acquiert en se vouant entière-
ment à la matière, par le travail intellectuel et par la pratique réfléchie et consciente (ibid.,
p. 415). La formation ne peut donc pas être assimilée à une notion culturelle étroite qui
relèverait de l’esthétique et de la littérature. Pragmatique, elle trouve partout un support à
sa diffusion, dans toutes les disciplines enseignées au gymnase.
Renforcer les compétences d’apprentissage autonome s’apparente par conséquent à
tout sauf à une lubie; il s’agit en effet de renouveler l’idéal de la formation gymnasiale d’un
point de vue méthodologique. C’est en ce sens que le projet PAA pourrait contribuer au re-
centrage d’un discours de réforme auquel les gymnases ont été de plus en plus largement
5 Perspectives
5 Perspectives
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L’apprentissage autonome au gymnase
associés ces derniers temps, mais souvent à leur détriment. C’est justement parce que le
projet PAA se raccroche à un aspect central de la conception classique de la formation qu’il
ne faut pas perdre de vue le fait que la formation, comme le formule Hegel (1970, p. 345),
est un «travail difficile» en soi, qui doit être réalisé en premier lieu par ceux et celles qui
se forment, ceux et celles mêmes qui sont au centre du mandat du gymnase. La mise en
œuvre du projet PAA ne sera donc pas une «promenade de santé pédagogique», certaine-
ment pas pour les élèves, mais pas non plus pour les enseignantes et enseignants. En
aucun cas, on ne doit s’imaginer qu’à l’ère de l’apprentissage autonome, l’enseignement
et l’apprentissage seront facilités comme par enchantement.
D’une manière générale, la recherche sur l’apprentissage autonome montre que sans un
effort particulier des enseignantes et des enseignants, il ne faut pas s’attendre à ce que les
élèves apprennent mieux et davantage du simple fait qu’ils disposent d’une plus grande
capacité d’autodétermination et assument une responsabilité plus forte à l’égard de leur
apprentissage. Il y a là un certain dilemme (comme dans bien d’autres domaines de la fonc-
tion d’enseignante ou d’enseignant): d’une part, il s’agit de créer des environnements d’ap-
prentissage propres à stimuler l’initiative et la capacité d’autorégulation chez les appre-
nantes et apprenants mais, dans le même temps, il ne faut pas sous-estimer, lorsque les
compétences d’autorégulation de l’apprentissage ne sont pas suffisamment développées,
le risque de surmenage et de rupture des processus d’autorégulation que présentent les
environnements d’apprentissage qui supposent une grande part d’action et de travail per-
sonnels des apprenantes et apprenants. Il est donc extrêmement important que les ensei-
gnantes et enseignants assument la responsabilité qui leur est confiée dans le cadre du
projet PAA, une responsabilité qui consiste notamment à évaluer précisément dans quelle
mesure leurs élèves disposent collectivement, mais aussi individuellement, des compé-
tences nécessaires pour apprendre de façon autonome et à leur offrir, en permanence, le
soutien dont ils ont besoin pour acquérir ces compétences. Cette nouveauté pédagogique
est de nature à conférer une dimension novatrice à un objectif classique du gymnase et par
conséquent, à redonner à cette institution, dans un paysage suisse de la formation toujours
plus hétérogène, le profil affirmé qu’elle avait perdu.
6 Bibliographie
Page 31
L’apprentissage autonome au gymnase
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